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T.1 LES CONNAISSANCES ACTUELLES SUR LA FOUDRE ET LES PHENOMENES ORAGEUX GARY Claude Conseiller Scientifique Direction dee Etudes et Recherches Electricité de France cd =) = A titre dintroduction 8 ces deux journées d'études 1a foutre, ce texte présente les connaissances act que l'on peut considérer comme bien établies, sur les Phénoménes orageux. Dane cat exposé, on ze place du Point de vue de Vingénieur, plutat que du point de vue ‘du physicien, ee qui veut dite que l'on examine plus Particulitrement toe caractéristiques dee phénoménes ‘rageux qui sont nécessaires & connettre en vu de 1a Protection des installations au sol les plus diverses, ainsi que es objets volanta. ‘On examinera successivement 2 = Hospect statistique des orages (niveau kéraunique, sévérité orageuse «.) = lea phénoménes précurseurs (champ électrique sous ‘un nuage, effet couronne) = les différents types de coup de foudre et leur dérou- ement (coups ascendents, coups descendants, coups négetife, coups positifs ..) = les caractéristiques électriques des coupe de foudre Gatensité, forme, pente ~). Enfin, on traitera le prablime du mécanisme d'impact et on décrira le moddle électrogéométrique, sous forme classique, utilisé pour prévoir les points dimpact les plus probables. SUMMARY. CURRENT KNOWLEDGE OF LIGHTNING AND STORM PHENOMENA ‘As an Introduction to these two study days on lightning; this text presents the current knowledge, which can be considered as well established, on storm phenomena. In this report the weiter puts himself in the position of the engineer rather than that of the physicist, which meana that the characteristics of storm phenomena which must be known to protect a wide variety of ground installations, as well flying objects, will be ‘examinated in greater detail. The following will be examinated in succession + = the statistical aspect of storms (keraunic level, storm severity, «) Phenomena (electrical field under a = the different types of lightning strokes and their development (ascending lightning, descending tight~ jing, negative and positive thunderbolts ..) = the electrical properties of thunderbolts ~ intensity, shape slope inally the problem of the impact mechanism will be iscussed, and the electromagnetic model described in its present form used to predict the most. probable points of impact. Introduction On peut concevair étude de la foudre, soit du point de ue du physicien qui cherche & saisir’ les phénomanee Physiques fondamentaux qui se développont au cours de Ja formation d'un orage, puis du déclenchement des clairs, soit du point de vue de Vingénieur, dont lobjec- tif principal est I'établiesoment de moyens de protec- tion efficaces contre la foudre. Nous opterons pour le t de vue de Fingénieur, ce qui n'exclut évidernmer la nécessité danalyser les diverses caractéristiqur ‘du phénoméne auesi compldtement que possible. Dans cet esprit, nous examinerons successivement lee aspects suivants de la décharge atmosphérique ~ 19 distribution etatictique dea rages le nuage orageux et les phénemtnes précurseurs = les différents types de coups de foudre et leur déroulerment les paramétres électriques de la foudre = le mésanime dimpact et le modele diectrogéomé- triques 1. La distribution statistique des orages = Séverité orageuse LLL. Le niveau kéraunique Il est dlusage universel de carsctériser 1s sévérité ‘orageuse dune région par son niveau kéraunique On rappelle que celui-ci esty par définition, "le nombre de jours par an o¥ le tonnerre a été entendu”. La simplicité meme do cette définition a permis l'établi sement de statistiques, & partir de renseignement fournis par les services rnétéorologiques. En France, le niveau kéraunique moyen est de Tordre de 20. Tl eat eupérieur & 30 dans lee régions montagneuses des Alpes, du Massif Central, des Pyrénées et inférieur 315 dans les régions cOtidves de le Manche et de Patiantique. La figure 1 présente le carte des niveaux kérauniques fen France. Remarque : Cette présentation en secteurs centrés ‘SUF les stations diobservation a été proposée par Electricité de France ; elle est bien mieux adaptée au calcul du risque de foudsiement que la présentation habituelle cous forme de courbes jgokérauniques. Figure 1 - Carte dos niveaux kérauniques en France - Mayenne sur cing ene: Dars d'autres régions du globe, co niveau peut étre Considérablement plus élevé; li est par exemple de ordre de 100 jours d'orage par an en Floride aux Etats- Unis et dépasse 180 jours d'orage dans certaines régione d'Afrique du Sud, ou en Indonde Figure 2 - Fluctuations du niveau kéraunique en France ‘entre 1980 et 1985 10 - Liexpérience montre que le niveau kéraunique fluctue dune année & autre, mais les spécialistes s'accordent & dire que la moyenne des observations, étendue sur des pétiodes de Sang, eat assez bien reproductible- On Constate en effet une périadicité de 4 B Sans, avec des pointes diactivité oragouses marquées. La’ figure 2 illustse ce phénomene, par ailleurs mal exptiqué, pour In période s'étendant de 1960 & 1985. 1.2. Détini Il eat évident que [a notion de niveau kéraunique est trop rudimentalre pour pouvoir fournir une mesure Utilisable de le sévérité oregeuse, car elle ne donne ‘aucune indication, al aur le fréquence deo foudroi ments, ni sur Lexistence de zones localisées particulié rement foudroyées. Une définition bien plus rigoureuse de geuse peut étre atteinte par la sévérité du foudroie~ ment, par exemple la densité de coups de foudre su sol ‘exprimée en nombre de coups par Kilométre carré et par an. A partir des résultats fournis principalement par des ‘compteurs de foudre spéclaux, plusieurs chercheurs ont tanté d'éiaborer des formules reliant le niveau kéreu- nique Ni et la densité Ne de coupe de foudre au sol par km2 et par an. Une formule simple, qui semble donner satisfaction pour les conditions orageuses existant en France est : Ng = N/T La figure 3 montre comment cette relation linéaire se situe par rapport aux données expérimentales collectées au niveau mondial. Densité de coups ou £01 (My por tm’ et por an) ca oa G0 99 08 5 Niveau Kéraunique Mjbjours por on) (Données montiotes} Figure 3 - Corréletions entre nivwau kéraunique et densité de coups au sol sdbnnées mondial 1.3. Factors locaux influengant le foudroiement Il existe certainement dee zones localisées particuli®- rement foudroyées : an les appella communément des 3 orages". Liexistence de cos zones est souvent rapportée por la Population locale, par les Yon-dit", mais n'a jamais fait objet de statistiques sérieuses. Que faut-Il en penser, & la lumibre des connaissances actuelles ? On peut raison- rnablement eonger 8 3 facteurs locaux possibles. 1.3.1, Facteurs topologiques Des zones préférentielles peuvent exister du simple fait de conditions privilégiées de formation des nuages ora- geux, sous l'effet combiné de Mhumidité du sol et dun réchauffement local ; it y a alors formation puis ascen- sion dune masse dair chaud et humide. Comme lair transmet tr8s mal la chaleur, cette "bulle" chaude s'élBve, pratiquement jsolée thermiquement de l'sir enviconnant, et formera un nuage orageux aux altitudes 04 Ia condensation commencera. Clest forage de chaleur, souvent trie localiss. leurs, des mouvements d'air, canalisés par dos ‘et qui entrainent les _nusge forageux, favorisent existence ce couloire orageux. Ainsi par exemple, ce ne sont pas toujours les points les plus élevés qui sont les plus frappés par te foudre. En montagne, les versants des Valdes sont souvent plus fourtroyées que les sommets. 1.3.2. Fecteurs gfologiques On peut se demander s'il existe certains facteurs focaux qui auraient un pouvoir attractif sur Ie foudre : on a Parlé de failles, de nappes d'eau. Nous verrons plus loin que le point d'impact exact dun coup de foudre ne semble se déterminer gue dans la partie la plus inférieure de sa trajectoire ; la partie supérieure, digons au-deld de Ja centaine de métres au- dessus du ‘sol, se développe depuis le nuage de fagon totalement indépendante de la structure géométrique ou de Ja nature géologique de ce demier. Ce ne sont done que das facteurs tout & fait locaux qui peuvent avoir une action sur a décision de de impact. La présence de saillies, arbres, batiments, cheminées est Tun de ces facteurs, bien connu. Mais la conductivité des sole pourrait @tre un autre facteur important. Cette hypoth®se repose sur un certain nombre d'observations concernant Ie foudroiement des lignes & haute tension ainsi que sur les résultats de recherche de laboratoire. Cos résultats permettraient diallousr aux failles humides, aux nappes dleau, 2 des terrains marécageux, lune certaine attirance préférentielle pour la foudre ; eur zone d'action ne saurait toutefois excéder Ia cen= talne de mbtres au-del2 de leur contour. 1.3.3. Concentration ionique de Hair (conductivité de Tair La concentration en ions de I'sir (ou sa conductivité, cellc-ci étant la conséquence de celle-I8) a perfois 66 Invoquée pour expliquer un nid d'arege. Mais il n'existe , 2 Vheure actuelle, pratiquement pas de données expéri- mentales & partir d'observations sur le terrain. Les études de Inboratoire sur les mécanismes de décharge dans 'air n'ont pas mis en évidence, jusqu'a présent, un effet de cette conductivité, par exemple en favorisant. le trajet de la décharge ; les théories actuellement disponibles montrent ailleurs que le taux d'ions dans Vair devrait @tre considérablement plus élevé que ce ‘que l'on peut mesurer dans les conditions naturelles Pour quiun'effet sensible puisse se manifester. 12 2. Les phénoménes précurseurs 2.1. Le nuage orageux Un nuage orageux est généralement un curlo-nimbus. Un tel nuage peut s'étendre sur plusieurs kilometr: carrés ; 22 Dace se trouve B environ 2.8 3km au-dessus du 20] et i se développe en hauteur jusqu'a des altitudes de 10.8 15 km. Dans un nuage crageux typique, la partie supérieure, constituée de cristaux de glace, est chargée positive ‘ment, tandis’que la partie inférieure constituée de gouttelettes d'eau est chargée négativemant. Souvent, lun Mot de charges positives est enserré dans cette masse négative. Le nuage constitue donc un véritable dipdle. Cette séparation des charges, due & des phéno- menes méceniques de mouvement: d'air, crée des contraintes électriques entre les différentes couche Intérieures ; lorsque le gradient timite de cisquage dans Fair est atteint, il y a décharge électrique, soit entre deux zones du nuage (écleir), soit entre le nuage et le so] (foudre). A Vapproche d'un nuage orageux, le champ électrique ‘stmasphérique au sol qui est de l'ordre de la centaine de volts par métre par beau temps commence & sinversery puis croft dans de fortes proportions. Lorsqu'il atteint = 15 & - 20kV/m, on pout dire quune décharge au sol eet Imminente. Le signe négatif résulte de la conven- jon de sens choisie, pour le champ au sol : le champ est négatif lorsque les charges électriques atmosphériques ‘sont négatives. La figure 4 schématise un nuage orageux, les charg quill porte et le champ électrique quill erée au niveau u sol. Peaoch © 10 km Neo eS km. pe2Ck a akm Figure 4 - Schéma d'un nuage orsgeux et du chemp Alectrique quil erée au 6 2.2. Lieffet couronne au sol Les valeurs de champ électrique au sol indiquées ci dessus supposent un so! horizontal plat. Mais on sait que toute aspérité, par un effet de concentration des lignes de force et de tassement des aurfaces équipotentielles, peut considérablement augmenter le champ superficie! Tocal. On peut calculer qu'au sommet d'une demi-sphire posée cur un plan, le chemp est le triple du champ moyen. Losque la demi-sphére se déforme pour devenir ‘un demi-ellipsoide pointy, cet effet s'accentue encore + tinsi, pour un rapport entre grand axe et petit axe de ellipeoiée gai & 50, le champ est multiplié per un facteur 700 (figure 5). oe oe Figure 5 - Renforcement du champ électrique au sommet Faspérités diverses. Comme le seuit d'ionisation de l'sir atmosphérique est de lordre de 30 kV/em, on voit que, dans ces conditions particuliéres, il suffit dun champ ambiant de 4 8 5 kilovoits par mbtre pour provoquer un effet couronne su sommet de l'ellipsoide. Ce phénoméne a &é observé dés Tentiquité sur des extrémités de lances et autres objets pointus et était également connu des marins sous le hom de feu de St-Elme, alors qu'il se produisait au bout dee mats des batesux. il est aussi connu des alpinistes, ‘ui savent que ean apparition signifie danger immédiat, et quill convient alors de s'éloigner rapidement des ime Cet effet couronne engendre des ions (positifs dans le cas général du nuage chargé négetivement 2 2a base)» ions qui dérivent lentement vers le nuages sous Iin- fluence du champ électrique. Cette dérive diions con: titue un courant électrique ascendant, dont 1a tendance est effectivement, comme avait pressenti Franklin, de ‘décharger le nuage. Mois des mesures de laboratoire ont montré que le ‘courant issu d'une tige pointue restait extrémement faible + de ordre de 0,01 & 0,1 mA pour un champ de 10 2.15 kV/m. Cent pointes demanderaient alors une durée de ordre de 'heure pour décharger un nuage, temps bien supérieur & celui qui est nécessaire 8 1a formation des charges nuageusee ou & leur reconstitution aprés un coup de foudre. 12 En outrey le durée d'ascension des ions, compte tenu de leur vitesse de dérive, est estimée & 15 8 20 minutes. Il fest donc indéniable que le phénombne de décharge du nuage par effet de pointe existe, mais & une échelle inguffisante pour avoir une action pratique. 3. Classification et description de la foudre 3ele Classification de 1a foudre La premiére phase d'un coup de foudre est toujours une prédécharge peu lumineuse, ou traceur, qui progresse & travers T'ait neutre avec une viteate relativement faible. Cette prédécharge a son origine, soit dans. le ‘nuage et elle progresse alors en direction du sol, soit au niveau du gol, et progresse vers le nuage. Dans les deux ‘tout se’ passe comme si le canal. ainsi formé, ‘quoique faiblement ionisé, formait entre le sol et le ‘nuage un pont suffisamment conducteur pour préparer Ja voie & un courant intense, qui sera le coup te foudre proprement dit. (On classe dane tout d'abord les coups de foudre seten le ne de développement du traceur (ou leader, selon le rminglogie anglaise). - = les coups de foudre descendants (développement du traceur & partir du nuage), = les coups de foudre ascendants (développement du traceur & partir du sol). En pays plat, te coup de foudre normal, de loin le plus fréquent, est descendant. Pour qulun coup ascendant uisse se développer, Ia présence d'une proéminence importante, telle qu'une tour élevée est nécessain fest aussi le raison pour laquelle le coup ascendant se produit plus fréquemment en montagne. En second feu, on clesse les coups de foudre selon Je sens c'écoulement du courant principal. Conventionnel- Tement on définira : = es coups de foudre négatits, loraque 1a partie néq tive d'un nuage se décharge, Jes coupe de foudre posititsy lorsque la partie positive Généralement lot positif & la base du nuage) se décharge. Cee coups peuvent également provenir de la pertie supérieure du nuage- Dans nos régions & climat tempéré, 60 & 90% des coups de foudre sont négatis. La figure 6 résume cette K. Berger. classification, selon uaceur anda are en atour (eaten stake Figure 6 - Différents types de coups de foudre, selon la classification due @ K. Berger. Les configurations 1 (a et b) et 2 (a et b) qui représen- tent respectivement le coup négatif descendant et le ‘coup négatif ascendant, sont les plus fréquentes. La configuration 3 (a et b) correspond au caup de foudre Positif, ot se présente dane 10 & 20% des cas, comme indiqué ci-dessus ; enfin la configuration 4 (a et b), & traceur négatif ascendant, est extrémement rare. 3.2. Description d'un coup de foudre 8) Coup de foudre ascendant Les effluves dieffet couronne positives qui spparais- sent au sommet des aspérités, se développent diautant plus loin, et avec d'autent plus dintensité, ‘que les dimensions de la proéminence sont impor- tantes. A partir d'une certaine intensité deffiuves, le Phénoméne s¢ modifie brusquement et peut se déve- lopper suffisamment loin pour atteindre le nuag clest le coup de foudre ascendant. De tels coups ascendants sont fréquemment observés & partir de tours de télévision modernes, dont la hauteur dépasse 300 mdtres, et & partir de gratte-ciel comme l'ont montré des observations & I'Empire State Building. Il va sane dire que les reliefs du sol, notamment des montagnes isolées, favorisent la formation de coups ‘ascendants, lorsqulun pyléne ou une taur sont placés & leur sommet. Ainsi le laboratoire d'étude de la foudre ‘du Mont San Salvatore, en Suisse, au-dessus du lac de Lugano, a enregistré de trée nombreux coups ascen- ants. La chronologie des événements, tout au moins dane le cas le plus fréquent de la configuration 2 (a et b) e ‘lors 1a suivante + lobservation visuelle des filaments couronne montre que ceUx-ci ne sont pas indépen- dants, mais quils sont tous issus d'un tronc lonisé commun, trone qui n'est autre chose que Vemorce dun traceur positit. A partir d'une certaine valeur du champ électrique ambient, ce traceur 22 développe brusquement, et progress en direction du nuage 5 1a Vitesse de progression @ pu étre mesurée, et eat eatimée 8 0,2 8 1m/ws. AU cours de cette progre: jon, Je traceur se ramifie plusieurs fois, et on a 1 formation dune arborescence, dont Ia crol jusquiau nuage peut durer quelques dizaines de milli- andes. Au moment ol ces ramifications léchent a base du nuage, il 'éteblit une décharge, dont 1a durée peut atteindre Ie seconde, et qui écoule des courants ont Vintensité est de lordre du millier clampbres. 13 Figure 7 - Photographie d'un coup de foudre ascendant ‘au Mont fan Salvatore (Suisse). Dane certains cas; on observe des illurinations braves et intenses des branches de l'erborescence. A cee féilluminations correspondent des impulsions de courant, se superposant au courant persistant, amplitudes comprises entre 10 et 40kA, et dont les temps de montée sont trbe courts, inférieurs & la microseconde et souvent infériours 3 0,5jus- La figure 7 montre un coup ascendant photographié ‘au Mont San Salvatore. b) Coup de foudre descendant On considére ici Je traceur négatif, qui prend nais- sance dans une zone négative du nuage, selon un mécanisme qui n'est d'ailleurs pas encore entibrement élucidé. Ce traceur se développe en progressant par bonds successifs de quelques dizaines de métres (c'est le "stepped leader", suivant la terminologie anglaise). Entre les bonds, ‘on observe des temps dlarrét de Vordre de 40 2 100,ws. Des vitesses de progression mayennes comprises entre 0,15 et 1,5 mfes ont été mesurées, vitesses semblables & celles que nous evone signalées pour les traceurs positifs. Au fur et & mesure de la progres- sion du traceur, on assiste & des ramifications, et la luminosité du canal ioniaé s'accrott. Dbs que Ia pointe d'un traceur s'approche du sol, des prédécharges ascendantes se développent & partir de Celui-ci, généralement depuis un arbre, une saillie dans la direction du traceur. Nous détaillerons ce phénoméne au _chapitre "Mécanisme d'impact™, car c'est sur son analyse que reposent tous les moddles récente de protection contre Ia foudre. Digone ici que, lorsque l'une des décharges ascendantes ot le "traceur par bonds" se rejoignent, i s'établit un court-circuit entre le nuage et le sol, qui va permettre le passage d'un courant & forte intensité. Ce courant est en fait constitué par les charges superficielles du sol qui, en remontant le canal ionisé formé par le traceur, neutralisent tes charges de ce dernier ; on observe alors un trait fortement lumineux qui progresse depuis le 201 jus- ‘quiau nuage, avec une vitesse estimée au tiers de 1a Vitesse de la lumitre : clest I'arc en retour ou "return stroke". Figure 9 - Photographie d'un coup de foudre descendant, au-deesus du lac de Lugano (Suisse). Plusiours décharges successives pouvent sinsi avoir 1u, selon ce type de mécanisme. En général, un coup de foudre complet dure de 0,2 8 1's et comporte en moyenne 4 décharges partielles. Dang Vintervalle entre les décharges, qui sont impul- sionnelies, un faible courant, de lordre de Ia centaine ‘ou du millier d'ampéres, continue & s'écouler par le canal ionieé + lest le courant persistant, qui écoule ‘souvent [a plus grande partie de la charge totale d'un coup de foudre. La figure 8 2 montre Ia photographie d'un coup des- cendant telle quiobtenue & l'side dune caméra & film rotatif, qui "étale" le phénoméne dans le temps. La figure 8b schématise le phénoméne, conformément 8 analyse que nous venons den faire. La figure 9 donne un exemple de coup de foudre descendent, photographié ou-dessus du lac de Lugano. <0 — Figure 8-a) Photographie dun coup descendant avec une caméra & tambour tournant. b) Schéma montrant Je déroulement tempore! du coup descendant. Finalement, fa principale différence entre un coup de foudre ascendant et un coup descendant, outre bien tendu leur mode d'initistion, réside dans le fait que Te coup descendant commence toujours, vu du sol, par tune impulsion de courant de forte amplitude, alors que le coup ascendant commence par un long courant ant de faible valeur. Les décharges impulsion- subséquentes des coups descendants ont ensuite fait les mémes caractéristiques que celles des tout impulsions des coups ascendants (lorsque celles-ci exigtent), puisque leur formation obsit dans les deux cae au méme processus dert-leader + return stroke. 14 4, Paramdtres électriques des coups de foudre 4.1. Formes dee _composantes _impulsionneltes de ————EE———E— a) Forme des décharges négatives Les coups de foudre négatife offrent une trts grande variété de combinaizons de courants impulsionneis et de courante "continus", chacun dlentre eux ayant des amplitudes et des durées diverses. La durée de front de la premire décharge est de V'ordre de 5 & 15us ; la durée de queue est de Vordre de le centaine de ys Pour les décharges subséquentes le durée de front est tres courte, inférieure & [a microseconde, mais 1a queue dionde est bien plus réguli@re que dens la Premiare décharge. Les valeurs de créte des écharges subséquentes sont inférieures & celles de la premibre décharge partielle. b) Forme des décharges positives Le coup de foudre positif est constitué dine seule décharge durant de 0,1 8 0,2 s. La durée du front de Vonde est relativement longue, elle varie entre 20 et 50us, mais l'amplitude du courant peut atteindre de trbs fortes valeurs, supérieures & 100 kA. La figure 10 présente quelques formes de courants de foudre. Cea courants ont été enregistrés & Ia station d'stude de la foudre du Mont San Salvadore, en Suisse. a. Distribution des amplitudes Dans leur grande majorité, les mesures sur la foudre ont 6té effectiiées en enragistrant le courants de coups de foudre frappant des cheminées ou des tours de grande hauteur, entre 100 et 200 metres. En rassemblant les données mondiales obtenues, on 8 représenté sur ls figure 11 la distribution des amplitudes de courant pour: = les coups de foudre positifs > Jes premitres décharges des coups de foudre négatifs = les décharges subséquentes des coups de foudre négatife = la distribution globele pour les coups positifs et les premibrea décharges négative I convient diinsister sur le fait que ces distributions sont obtenues en captant les coups de foudre sur des objets de grande hauteur, et, ainsi que nous le verrons lore de l'étude du mécanisme d'impact, ne représentent probablement pas lee distributions des coups touchant le sol ov Jes structures de faible hauteur. Ces distributions obéissent & une loi de probabilité du type log-normale ; en effet, si l'on porte en abscisse te logarithme de Wintensité (en kA) du coup de foudre et en ordonnée le probabilité qu’s un coup de foudre de épasser une Intensité donnée (en échelle gaussienne), ‘on obtient sensiblement des droites. Pour exprimer ta probebilite'f quia un coup de foudre Ge dépatser Vintenalté 1, la formule simple sulvante tee proposee « 109 f, {Pes exprimée on My at Lest expriméen kA Les conséquences les plus importantes que l'on peut retenir de ces courbes de distribution sont = que l'amplitude des courants de foudre positifs peut atteindre de trés fortes valeurs, supérieures 8 150kA dane 10% dee cas, ‘que I'amplitude des courants de foudre négatifs est, en général, plus faible, a valeur & 10% étant de ordre de 50 kA, ‘que Ie valeur médiane de l'intensité (valeur 50% de ta distribution globale) se situe autour de 25 kA, ‘que la valour médiane de Wintensité des coups néga- tife seule oo situe vera 18 kA. Figure 11 - Distribution statistique des amplitudes de courants de foudre. Figure 19 aes eplsons 4.3. Di ideurs de front ibution des. Les courants de foudre négatifs, bien qvayant une amplitude en général plus faible que les courants ce foudre positife, présentent une raideur de front beaucoup plus grande. Pour 50% des coups de foudre, Ia yur de front est supérieure 8 20kAywe, alors que Pour es coups de foudre positifs Ia moyenne est de 2hAse Les raideurs de front tes plus importentes, lors des coups de foudre négatits, sont obtenues généralement Pour les décharges secondaires de plus faible amplitude : on @ mesuré exceptionnellement jusqu'a 100 kA pws. Quelle que soit la famille de décharges considérée (coups positifs, premitre impulsion dun coup négatif, impulsiona secondaires), il n'y a pas de corrélation nette entre la valeur de créte du courent et Ia raideur de front de l'onde. On peut simplement signsler que, plus Vamplitude du courant est grande, plus la probabilité our avoir des reideurs de front élevées est faible. 4. Autres grandeurs électriques caractérisant_a foudre Outre les grandeurs examinges el-dessus, il existe deux autres caractéristiques utiles & connaltre = la charge totale @ neutralisée au cours dun coup de foudre ; celle fen moyenne de ordre de le Jizaine de coulombs, peut dépasser pour une trés Tongue et trés violente décharge 300 coulombs, fe a. Crest Ia caractéristique qui doit @tre prise en compte Pour estimation des effets thermiques de la foudre, ar exemple pour le calcul de 1a section d'une descente du paratonnerre. 4.5. Tableau récapitulatit Pour terminer ce paragraphe relatif aux caractéris- tiques électriques de le foudre, on a rassemblé dans le tableau suivant les valeurs les plus eignificatives, pole- rités négative et positive réunies : = Vintéoral 7 Peobabitite | crate de paces | move Ox ae cnarse | Ponte dépessenent | courant totate | aécnarges P(t) 1 (ka) Qc) eau T (s) a se 2% u | a Jose | 09} 8 : © B w | m fus | oss} 5 ' 180 330 7 33 2,7 \ 12 6: Mise en ceuvre du modéle électrogéométeique La méthode de la sphere fictive 6.1. Brineipe de Ja méthode Selon le moddle électrogtoméerique, le point éimpact do Ia foudre se détermine par l'objet au sol fodvors, is premier, ® lo dlotance, Camorcage "dy traceur descendant, ‘meme si cet objet est le sol plat lul-meme. entourée d'une sphére fictive, de rayon d, centrée sur elle, et comme si cette sphére accompagnait rigi- dement Ie pointe eu cours de la trajectoire 2 priori aléatoire du traceur. A Vapproche du sol, le premier ‘Objet que touchera la sphtre déterminera Je point diimpact du caup de foudre. Diol Ie procédé + on imagine que la sphére fictive de Fayon dest roulée au sol, dans toutes ies directions, sans jamais perdre le contact soit avec le soly soit avec tun objet proéminent. = Si au cours de ce mouvernent, Ia sphére entra on contact avec lee diepositifs de protection( tige verti« tale, fil horizontal, nappe de fil, cage de Faraday) sans’ jamais pouvoir toucher l'un des objets & pro- téger, alors [a protection de ceux-ci est assurée. = Si au cours de ce mouvement, Ia sphtre entre en contact avec I'un dee objets & protéger le dispositif de protection devra étre remanié jusqu’a ce qu’aucun de ces contacts ne puisse plus se produire (Figure 12). 6-2. application. au paratonperre + finition de jg zone A titre dexemple; nous ellos appliquer la méthode de la sphare fictive ‘au fonctionnement du paratonnerre. Pour mieux mettre en évidence les propriétés des paratonnerres, nous assimilerons celui-ci & une tige verticale, de hauteur 4, placée sur un sol plans Soit alors un traceur portant des charges négative: soit Dl le rayon de la sphére fictive associée. et ‘Au cours de sa trajectoire de descente, la sphére pourra atteindre le eal suivant trois possibilités : = si la sphare entre en contact uniquement avec la tige verticale (cas A), clest celle-ci qui constituera le point dimpact du Coup de foudrey = i la sphdre entre en contact avec Io sol, sans toucher a pointe (ene B), le coup de foudre touchera le sol au point SB, = enfin, si la sphdre entre en contact slultanément avec Ja tige et avec Ie sol, le coup de foudre pourra toucher soit Mune, soit lutre, mais Mmpact ne pourra jamais se produire dans la zone hachurée de la figure, qui constitue la zone de protection de ta tige verticale. Notons que cette zone est odtenue avec la sphere de rayon Dl, at quielle est done relative & un courant de foudre diintensité de créte [1 est alors évident, comme le montre ta figure 12, que Ia zone de protection assurée par une tige verticale, telle par exemple un paratonnerre du type tige de Franklin; va dépendze du rayon D de la sphére, et par eoneéquent de Tintensité du courant de foudre qui va En particulier, si D1 est inférieur & H, hauteur de le tige, la figure 12 montre clairement que le contact avec celle-ci peut avoir lieu bien su-dessous de Ia pointe, c8 qui explique parfaitement des impacts & mi: hauteur de toure élevéee que I'on observe fréquemment. iy Figure 12 - Zone de protection dune tige verticale, selon la méthode de la ephare fictive “ S NV 0. Pras No se \, \ s-awe pny ; \ Heacemaaes \. ' \ ! i 1 Hy ' ' 1 \ 1 MAS St 2 / w Figure 23 - Définition de 1a zone de capture d'une tige verticale. Considérons alors ensemble des sphires qui touchent simultanément la tige et Jo sol: le liou des centres de ces ephbres délimitera Ia "zone dattraction de 1a tige™. Si Von examine Ia figure 13 on constate sans peine que, tant que D&H, le lieu est une droite issue du pied de la tige et inclinge & 45°. A linstant oW D atteint la valeur Hy et pour D>H, ce lieu devient une parabole P.M ‘tant un point de cette perabole, et X se projection & la aurface du sol, la distance OX ‘constituera la distance de protection de ls tige, relative A un coup de foudre lune intensité donnée. (On montre aisément que OX est donné par expression + ox = HV20mM- 1 Remarque : Définition de la eurface de capture En réalit6, les lignes tracées eur Ia figure 13 forment une surface de révolution autour de l'axe vertical portant la tige : on obtient alors le volume de capture de la tige, constitué par un cOne prolongé per un paraboloide de révolution. A tout point M de la parabole correspond un cercle inscrit dans le paraboloide ; ce cercle définit la surface de capture de la tige relative & une distance d'amorgage D et & un courant de foudre diintensité 1 donnés. Cette surface s'exprime per : 8 = 9H (@D/H - 1) Le tableau suivant, établi a titre dexemple pour une tige métallique de’ 30 métres de hauteur, donne son rayon de protection en fonction du courant de foudre résumé : ka) 3 7 1030850 dim) 21 364696185 Za x(m) 19 35 4370 6 Ce tableau appelle plusieurs commentaires + ‘On constate tout diabord que ta zone de protection est diautant plus grande que le coup de foudre préaumé sera intense. Ce comportement est, dans une certaine mesure, favorable & la propriété de protection que l'on ‘signe au paratonnerre. Mai pas fen ce qui concerne lea fortes intensités, il ne fout Gissimuler que la réalité mest pas aussi idéole odie. Dans Ia réalité, il existe un grand nombre de causes de dispersion, dont les principales résultent de 1a notion de distance 'amorgage. Celle-ci ne saurait wre la précision & laquolie laisse croire une expression anelytique. Il en résulte que lorsque Je traceur a 8 choisir entre la tige et le sol, 1a décision devient d'autant plus incer- taine que le rayon & protéger et que Ia distance diamorgage théorique de la décharge considérée croissent. En ce qui concerne tes coups de foudre de faible intensité, pour lesquels la distance d'smorgage est par conséquent petite, 1a zone de protection du paraton~ nerre devient également trés réduite. 18 De ce qui préctde, il semble done impossible d'espérer lune protection totale par un paratonnerre : dune p: la dispersion inhérente aux phénoménes en jeu limite Ie conditions d'application du modale électrogéométrique, qui deviennent incertaines vers les zones éloignées du Paratonnerre ; il existe disutre part certains cas de défaillonce (se produisant lors de coups de foudre de faible Intensité) qui peuvent etre directement prévus par dee considérations théoriques- 2. Conctusion Cepuis und trentaine d'années, les connaissances sur la foudre dont dispose 'ingénieur ont considérablement progressé, grace aux travaux de nombreux cherchours du monde entier. Les caractéristiques électriques de 1a foudre sont maintenant. assez bien connues, notamment en ce qui concerne les intensités des courants mises en Jeu, leurs durées et leurs formes Les efforts des chercheurs portent actuellement sur une ‘meilleure connaissance des distributions statistiques des forages et des coups de foudre. En particulier, il seri sovhaitable de remplacer la définition assez sommaire de la sévérité crageuse quiest le niveau isokéraunique Per une nouvelle définition plus précise et mieux Sveptée aux ‘betoine dos ingeniours, telle ue par exemple la densité de coups de foudre ou sol, exprimée fen nombre de coups par km? et par an. Das appareils de détection et de localisation ont été mie au point & cet effet, dont certains sont couramment utilisés dans le monde entier. Un deuxidme axe de recherches, dans lequel des efforts importants sont encore nécessalres, concore les méc nnismes d'impact de 1a foudre. Des modéles utilisables existent ds & présent mais les données scientifiques sur lesquelies ils s‘appuient sont encore fragiles. Il s'agit 18 essentiellement de recherches 8 caractére physique. Les connaissances acquises par eilleurs depuis quelques années dans le domaine de la physique des décharges devraient autoriser les plus grands espoirs, en permet- tant d'élaborer des madéles bien plus rigoureux. Un domaine de recherches qui n'a pas été évoqué dans cet exposé, et qui apparalt aujourd'hui essentiel, ausei bien pour la protection des syst8mes de téiécommuni- cation au sol que pour la protection des aéronefs, est celui relotif au rayonnement électromagnétique de la foudre. De nombreux travaux ayant pour objectif de Proposer des moddles de rayonnement sont en coursy modéles qui nécessitent 8 leur tour une meilleurs caractérisation du canal de foudre. Bibliographie Sommaire Paramatres des Coups de Foudre ELECTRA NO 4l, 1975, pp. 25-27. C. GARY, A. CIMADOR, R. FIEUX La Foudre + Pourquoi les Etudes sur le Foudre 8 E.D.F. ? RAG.E. N° 84, 1975. RAH. GOLDE "Lightning Volume 1 Physics of lightning Volume 2 Lightning Protection c. GARY kK. BERGER, R.B. ANDERSON, H. KRONINGER Etude du Phénoméne - Application & le Protection des Lignes de Transport. Introduetion t Academic Prese - 1977 {Les bases physiques quidant la protection des batiments contre la foudre RG.E- NO 5, 1980. M.A. UMAN, Lightning Dover Publications Inc, New York - 1983. G. LE ROY et al. Les propriétés diéiectriques de T'air et les trts hautes tensions EYROLLES - Collection de la Direction des Etudes et Recherches d'E.D.F., N° 51, 1984,

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