Agadir
Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales. Agadir
DLF. Semestre 2
2020-2021
Introduction:
Le droit international comprend tous les principes et règles juridiques qui régissent et encadrent les relations
entre les personnes possédant une personnalité juridique internationale. Qui sont les détenteurs de la
personnalité juridique internationale? En premier lieu, les États, en tant que détenteurs exclusifs de la
souveraineté, et qui possèdent la personnalité juridique internationale originelle et, pendant presque 80 ans,
les organisations internationales, et en premier lieu l’Organisation des Nations Unies1 , possèdent également
la personnalité juridique internationale dérivée.
Au cours de la période récente, le droit international a considérablement évolué dans le sens de la
reconnaissance de l’individu - la personne physique - en tant que détenteur de la personnalité juridique
internationale, compte tenu de l’impact crucial de la révolution des droits de l’Homme sur le processus
d’évolution et de développement du droit international contemporain.
1 La liste des États membres de l'Organisation des Nations unies recense les 193 États membres
La souveraineté n’empêche pas les États de nouer des relations qui peuvent être coopératives ou
conflictuelles. Par conséquent, le droit international est le cadre normatif qui réglemente la conduite des
États dans le cadre de leurs relations réciproques. Au fur et à mesure que la « société internationale »
s’élargit et avec l’accroissement du nombre des États, l’évolution des conflits ou de l’expansion de la
coopération entre les États, le droit international se forme non seulement à travers la coopération, mais aussi
dans le cadre des actions de résolution des différends et la prévention des situations qui menacent la paix et
la sécurité internationale.
En général, le droit international existe et évolue parce que les États considèrent que c’est dans leur intérêt de
réunir leurs volontés respectives en vue de la production de normes juridiques internationales régissant leurs
relations. Ces normes internationales reposent sur un socle de principes clés, dont notamment: l’égalité
juridique dans la souveraineté nationale, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures et le
principe de réciprocité, etc…
La « société internationale » qui constitue le cadre dans lequel opère et évolue le droit international, est
dépourvue de pouvoirs centraux qui jouissent d’une suprématie sur l’autorité des États. Par conséquent, la
question que nous nous posons est la suivante: Les États respectent-ils les normes du droit international? La
réponse est que les violations à l’encontre du droit international n’empêchent pas que ce dernier soit
appliquée et respectée dans la plupart des situations. Or, le problème émane du faite que ce sont les États
eux-mêmes qui sont chargés de l’appliquer. Le droit national n’est pas plus respecté que le droit international
(p. ex., Code pénal, le Code de la route…)
La doctrine du jus cogens est consacrée dans le droit international coutumier, mais également dans le texte
du Traité de Vienne sur le droit des traités de 1969. Selon l’article 53 de la dite convention de Vienne "Est
nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme impérative du droit
international général. Aux fins de la présente Convention, une norme impérative du droit
international général est une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des États
dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n'est permise et qui ne peut être
modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère »
Distinction entre les règles de droit international et les règles d’éthique internationale et les règles de
courtoisie internationale
Les règles du droit international sont distinctes des règles de l’éthique internationale (par exemple, la
fourniture d’aide et d’assistance aux États qui ont subi des catastrophes naturelles) et des règles de la
courtoisie internationale (par exemple, l’exonération fiscale pour les ambassadeurs et Agents diplomatiques,
les protocoles de réception des chefs d’Etats et de Gouvernements, et des diplomates). Les règles d’éthique
internationale et les règles de courtoisie internationale ne sont pas contraignantes et ne donnent pas lieu à la
responsabilité juridique internationale et à la prise de contre-mesures ou de représailles.
En réponse à l’argument selon lequel il n’existe aucun élément de sanction dans le droit international,
la doctrine internationale soutient tout d’abord que la sanction n’est pas un élément nécessaire pour
caractériser une norme juridique et lui octroyer une force obligatoire. Et comme le rappelle le célèbre juriste
autrichien Hans Kelsen, la nature de la sanction en droit international est différente de celle en droit interne,
puisqu’elle comprend les contre-mesures, les sanctions diplomatiques et économiques, et même la possibilité
de recours à la force dans le cadre du droit de la légitime défense -conformément à l’article 51 de la Charte
des Nations Unies, ou dans le cadre des attributions exécutives du Conseil de sécurité des Nations Unies en
vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies lorsqu’une violation du droit international est
susceptible de constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales.
Compte tenu de l’évolution du droit international contemporain, ce débat est devenu caduc et largement
dépassé. La nature contraignante de la norme juridique internationale obligatoire ne fait plus aucun doute et
n’est plus un objet de controverse. Cependant, il y a une divergence en ce qui concerne le fondement
théorique ou doctrinal du caractère obligatoire du droit international.
En conséquence, le droit international contient des règles émanant de l’autorité morale du droit naturel,
notamment:
- Respect des engagements internationaux
- Responsabilité juridique internationale
- Non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats
- Indemnisation suite aux dommages causés à un Etat tiers
Ces principes et autres ont constitué les fondements de l’établissement de la Paix de Westphalie (Traité de
Paix de Westphalie) en 1648, qui a mis fin à des décennies de guerres religieuses en Europe. Comme nous
l’avons déjà mentionné, ce traité a annoncé la création de l’État-Nation moderne et la naissance du droit
international public dans son acception actuellement reconnue.
La théorie du droit naturel a évolué au XXe siècle avec l’apport d’un nombre important de juristes. Parmi
eux, on peut citer le juriste Alfred Verdross (1890-1980) qui a estimé que les relations entre les Etats sont
régies par des principes universellement reconnus, qui garantissent l’existence d’une société internationale
- Positivisme normativiste
Le juriste autrichien de l’école de Vienne Hans Kelsen a introduit un ajout qualitatif et remarquable à la
théorie du droit qui a eu un impact important sur la doctrine internationale tout au long du XXe siècle.
Kelsen a développé la théorie de la hiérarchie des normes, selon laquelle chaque règle de droit tire sa
légitimité et sa nature contraignante de la règle qui lui est supérieur, et au sommet de la pyramide se trouve la
norme fondamentale Basic Norm (Grundnorm).
Le Positivisme normativiste initié et défendu par Hans Kelsen, s’est construit sur la théorie pure du droit,
en vue de donner au Droit son indépendance en tant que science en dehors des considérations de causalité
sociale ou de tout autre variable morale. Cette théorie repose sur l’existence d’un principe supérieur sous-
jacent à la loi positive, à savoir cette règle fondamentale. En ce qui concerne le droit international, son
caractère contraignant est fondé sur le principe de l’obligation de respecter les traités qui constitue pour
Kelsen la norme fondamentale originelle. Hans Kelsen est allé jusqu’à reconnaitre aux traités internationaux
ratifiés une valeur juridique supérieur à la Constitution.
Par la pure théorie du droit, Kelsen voulait débarrasser ce dernier de sa dépendance vis-à-vis de tout
fondement moral, mais il ne pouvait pas le séparer de la norme fondamentale (ou de référence) qui est
d’essence extra-juridique (Pacta Sont Servanda).
- Théorie de l’auto-limitation
Selon cette théorie, un État est lié par le droit international de sa propre volonté sans être soumis à aucune
coercition ou contrainte, quelle que soit son origine ou sa forme.
Les juristes allemands ont revendiqué la théorie de l’auto-limitation, notamment le professeur Georges
Jellinek, qui considérait le droit international comme étant un droit interne destiné à s’appliquer aux relations
extérieures et dont le but est de coordonner les relations entre des Etats égaux en souveraineté.
Cette école présente plusieurs faiblesses, dont notamment :
L’auto-limitation ne permet pas de construire un système juridique international stable et sûr;
La seule volonté unilatérale comme fondement de la force obligatoire du droit international constitue, au
contraire, une brèche à son efficacité;
Cette théorie va à l’encontre de la fonction du droit en tant que déterminant des volontés, et du fait qu’il ne
pourrait être le produit d’une volonté auto-limitée.
- Positivisme volontariste
Le Positivisme volontariste est fondé sur l’adhésion absolue au concept de souveraineté, et sur la croyance
selon laquelle la volonté de l’État souverain constitue le pilier fondamental de la valeur juridique de la norme
internationale, ainsi que du système juridique international.
Au début du vingtième siècle, l’école italienne, avec les juristes Enzilotti3 (1867 – 1950) et Cavalieri, ont
défendu le positivisme mais en le subordonnant à la volonté des Etats, puisque l’essence de la norme
juridique réside dans ce que les États ont consenti d’appliquer dans leurs relations réciproques. Le fondement
doctrinal et juridique de la volonté commune contraignante des États se situe dans le principe du respect des
engagements pris « Pacta Sont Sevanda ».
Selon cette école, la validité de la règle de droit est soumise à des procédures strictes au niveau de la forme et
les arguments ne sont pas acceptés en dehors d’un fondement exclusivement juridique. Il en résulte que le
Positivisme volontariste s’attache à une conception solide et rigide du droit international, centrée sur le
consentement de l’État et la non prise en considération des arguments moraux ou extra-juridiques.
Dans l’ensemble, les théories volontaristes et objectivistes ont présenté leurs arguments pour affirmer la
force obligatoire du droit international, et s’il est difficile de trancher définitivement ce débat, c’est en raison
de la complémentarité nécessaire entre les différentes théories, qui reflète la spécificité et le dynamisme du
droit international.
L’attachement à l’une ou l’autre des théories (volontaristes et objectivistes) a une conséquence sur le
choix constitutionnel pour chaque Etat au niveau de la détermination de la relation entre le droit
international et le droit interne. En effet, les Etats qui ont une préférence pour les théories
volontaristes optent pour l’école dualiste (dualisme) en ce qui concerne l’incorporation des normes
internationales dans le système juridique interne. À l’opposé, les Etats qui préfèrent les théories
objectivistes optent pour l’école moniste (Monisme).
Le dualisme se fonde sur l’idée que les système juridiques interne et international constituent deux
systèmes juridiques séparés et indépendants l’un par rapport à l’autre. Cela implique que les
engagements internationaux ne sont pas directement et instantanément intégrés dans l’ordre juridique
national, et qu’il est nécessaire d’opérer la transformation et l’harmonisation. Pour ce qui est du
Monisme, il estime que les deux systèmes forment un seul système juridique et que les normes
juridiques internationales acceptées et ratifiées (traités) devraient faire partie intégrante du système
juridique interne.