Mémoire :
Les effets de l’utilisation de référentiels sur
l’expression des besoins de formation
Tatiana Poiret
Sous la direction de Madame Béatrice Savarieau
Septembre 2012
Sommaire
Introduction :........................................................................................................... 4
a) Un environnement : ..................................................................................... 7
b) Définitions : ............................................................................................... 22
e) Inconvénients : .......................................................................................... 31
2) Compétence : ............................................................................................... 34
1
III) La recherche : ................................................................................................. 52
c) Limites : ..................................................................................................... 62
2) Préconisations : ............................................................................................ 95
Conclusion :.......................................................................................................... 96
Bibliographie :....................................................................................................... 98
2
Remerciements :
3
Introduction :
1
Hosdey H., Rogister J., « Formation en entreprise. Les clés de la réussite », Liège, Edipro, 2009, p9.
2 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p10.
3
Ibid, p19.
4
Carré P., L’apprenance. Vers un nouveau rapport au savoir, Paris, Dunod, 2005.
4
vue de l’organisation et de son prescripteur, en oubliant les projets et les
motivations des individus »5.
« Troisième âge : le développement des compétences ». Nous entrons à la
fin du XXème siècle et au début du XXIème siècle dans une époque
marquée par « le modèle de la compétence ». Désormais, les entreprises,
toujours dans un esprit de développement et de compétitivité se centrent
sur le management par les compétences qui « a pour objet majeur de
stimuler l’engagement individuel dans le travail et, partant, de centrer
l’attention des salariés sur le développement permanent de leurs
capacités »6.
5
Masingue B., « Pilotage des politiques de formation », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des sciences
et des techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 18, p389.
6
Carré P., L’apprenance. Vers un nouveau rapport au savoir, Paris, Dunod, 2005.
7
Bapst C., Caspar P., « L’Europe de la formation », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des sciences et
techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 8, p167.
8
Ibid., p185.
9 e
Dubar C., La formation professionnelle continue, Paris, La Découverte, 2004, 4 éd, p53.
5
reprendre les bases d’un travail déjà engagé et donc de ne pas me trouver dans
une position « déstabilisante ». Cependant continuer sur cette lancée ne m’aurait
pas permis d’élargir mes compétences. C’est donc lors du choix de mon stage
professionnel, qui ne correspondait pas à la question de la motivation, que je me
suis intéressée à de nouveaux aspects de la formation professionnelle continue. A
l’occasion de ma mission de stage, qui sera développée un peu plus loin, j’ai eu
l’occasion de travailler sur des référentiels ; et c’est en travaillant sur cet outil
essentiel que mes premiers questionnements ont orienté le choix de mon sujet de
mémoire. En effet, je me suis demandée, à partir de cet intérêt et de différents
constats, quels étaient les avantages, les intérêts de construire et d’utiliser de tels
outils ? Au fil de mes lectures et de l’avancée de mon stage j’ai pu constater que
ces outils d’identification des compétences représentaient différents intérêts mais
mon choix s’est plus particulièrement orienté sur le lien entre outils d’identification
des compétences et besoins de formation : est-ce que ces outils peuvent jouer un
rôle dans la phase importante d’analyse des besoins de formation ? C’est donc
cette interrogation qui donne un fil conducteur à mon mémoire et qui a pour
objectif d’approfondir l’intérêt de créer, de maîtriser et d’utiliser ces outils.
6
I) Le contexte de la recherche :
a) Un environnement :
10
Ardouin T., Démarche de l’ingénierie de la formation : cours, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
11
Lacaille S., Analyse du travail, des emplois et des compétences : cours, Université de Rouen, Master I.C.F.,
2011.
12
Savarieau B., Conduite de projet et démarche qualité: cours, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
13
www.simdeveloppement.com, consulté le 25 février 2011.
14
CREFOR Haute-Normandie, Portraits de territoires hauts-normands, Zone d’emploi de la Vallée de la
Bresle, 2010.
15
OPCALIA Haute-Normandie, CPER Etat/Région 2007/2013, Filière territoriale de la Vallée de la Bresle.
16
Conseil économique et social de Haute-Normandie, Avis sur l’industrie verrière dans la Vallée de la Bresle :
situation, difficulté, avenir, 2005.
7
ces entreprises mais aussi les difficultés rencontrées notamment sur la dimension
des ressources humaines.
b) Une mission :
Pour réaliser ce projet, les principaux objectifs qui ont été fixés étaient :
Se familiariser avec l’environnement verrier ;
Mettre en place une communication sur ce projet ;
Mettre en place une méthodologie d’enquête auprès des différents acteurs
concernés par le projet ;
Bâtir des modules de formation ou certificat de compétences
professionnelles à l’aide d’une méthodologie d’ingénierie de formation.
A travers cette mission de stage, qui avait pour objectif final la création
d’une action de formation pour des salariés de la sous-traitance verrière à l’aide
d’une démarche d’ingénierie de formation, nous avons dû nous appuyer sur des
8
concepts théoriques que nous détaillerons tout au long de ce mémoire. Il a donc
été question dans cette mission de créer des référentiels emplois et des
référentiels de compétences à l’aide de deux étapes essentielles : l’analyse et la
conception, constituant la première phase de l’ingénierie de formation appelée
investigation17. Nous pouvons résumer notre approche à l’aide d’un schéma :
Analyse :
Demande, contexte, situations de travail,
besoins.
Analyse documentaire
Visites d’entreprises
« Journal de bord »
Conception
Référentiels emploi
Validation
Validation
Référentiels compétences
17 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p35.
9
c) Une posture professionnelle :
Dans le cadre de cette mission de stage, pour travailler sur ce projet, j’ai
donc intégré le cabinet SIM Développement comme stagiaire en tant que chargée
de mission. Cette double posture « étudiante-chargée de mission » n’a pas été
simple à gérer.
Cependant il faut avouer que cette double posture n’a pas présenté que
des inconvénients puisque lors de certaines étapes du projet, j’ai pu constater que
préciser ma situation d’étudiante avait permis de faciliter la communication, lors
par exemple d’entretiens.
18 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p35.
19
Poiret T., Rapport de mission entreprise, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
10
l’évaluation réelle des compétences de collaborateurs, afin de décrire des
fonctions, puis de mettre en œuvre l’amélioration continue des ces
compétences »20. Cependant nous avons pu constater que, dans les entreprises
concernées par le projet, très peu de travaux, d’outils ont été réalisés autour de la
gestion des compétences (référentiels, entretiens professionnels,…), ce qui par
ailleurs a rendu l’analyse des emplois et des compétences plus difficile. Des
questions de départ sont donc venues s’imposer : comment les entreprises
réussissent-elles à gérer leur capital compétence ? Comment peuvent-elles aider
leurs salariés à accéder à la formation et à maintenir employabilité ? Pourquoi
n’ont-elles pas engagée des travaux autour de la gestion des compétences ? Et
surtout comment aider les entreprises à comprendre et à s’engager dans une telle
démarche ? C’est avec ces premières préoccupations que notre recherche a
débuté. Ces questionnements se sont ensuite affinés au fil des lectures et de
l’approfondissement conceptuel que nous avons effectué.
20
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003 ,p3.
21
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008.
11
Historiquement, l’évolution de la gestion des ressources humaines peut être
repérée à l’aide d’étapes clés22 :
Emergence de la fonction 1850-1944 : Cette période est marquée par le
taylorisme et le fordisme et donc par une organisation scientifique du travail
et le travail à la chaîne. « Il est impossible de parler d’organisation du travail
sans se référer au taylorisme qui marque encore de nombreuses
entreprises »23. La gestion du personnel correspond à une gestion par les
postes. « Dans une organisation taylorienne, il est inutile de parler de
compétences »24. André Guittet (1998)25 nous explique que le taylorisme
est caractérisé par le découpage des tâches, la séparation de ceux qui sont
à la conception et ceux qui sont à la réalisation. Les individus sont réduits à
des tâches simples ce qui les rend « interchangeables » et ne leur donne
pas l’occasion d’évoluer, de développer leurs compétences. Cependant on
peut noter dans cette période un développement de la taille des
entreprises, un syndicalisme croissant et le développement d’une
réglementation sociale.
Les trente glorieuses (1945-1974) : Cette période est caractérisée par une
période de croissance forte avec l’accroissement de la population active,
cependant « la fin des années soixante est caractérisé par des
préoccupations surtout quantitatives »26. L’idée de l’homme au travail
commence tout de même à évoluer « les préoccupations sont orientées sur
la nécessité de développer un management à visage humain, et la
prévision s’est alors centrée sur la gestion de carrière »27. Les politiques de
relations humaines changent, la fonction ressource humaine se développe.
En 1947 est créée l’Association Nationale des Directeurs et Chefs du
Personnel ; 73% des services du personnel ont été créés en Europe après
1945.
1975-1985 : Cette période représente une rupture avec la précédente, c’est
la fin des trente glorieuses ; les chocs pétroliers ébranlent l’ensemble du
22
Legay H., Gestion des ressources humaines : cours, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
23
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p18.
24
Bellier S., « La compétence est-elle un concept nouveau ? », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des
sciences et techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 8, p236.
25
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p18.
26
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p86.
27
Ibid., p87.
12
système économique. « Le premier choc pétrolier de 1973 va porter un
coup d’arrêt aux démarches prévisionnelles. Les approches de gestion
prévisionnelle réapparaîtront au milieu des années 1990 »28. Les
entreprises doivent se restructurer il y a alors un développement
conséquent des suppressions d’emplois et des plans de licenciements, le
modèle fordien ne peut plus subsister. « Le concept de compétences
apparaît dans ce contexte de crise »29, se présente donc une réelle
opportunité de développer les ressources humaines, « la gestion des
ressources humaines (GRH) émerge de cette prise de conscience »30.
Progressivement, on observe des changements organisationnels autour de
trois axes : l’implication de l’ensemble des salariés, la décentralisation des
décisions et le développement des compétences managériales.
1985-1996 : Cette période se caractérise par une croissance précaire et la
nécessité de s’adapter en permanence à un contexte économique
mouvant ; la nécessité d’assurer le maintien de la compétitivité des
entreprises ; l’émergence de la flexibilité. « Au début des années quatre-
vingt-dix, la mise en place de dispositifs de gestion des compétences
s’intensifie et s’institutionnalise »31. Ces mêmes auteurs32 nous expliquent
que la gestion des emplois passe à une gestion des compétences vraiment
au début des années 1990, « la gestion des compétences s’ancre
désormais, au cœur de la GRH, dans le système de qualification ».
De nos jours : La gestion des ressources humaines devient un facteur
essentiel de la compétitivité des entreprises.
28
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p87.
29
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008.
30
Ibid., p23.
31
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p14.
32
Ibid., p15.
33
Legay H., Gestion des ressources humaines : cours, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
34 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p56.
13
« la gestion prévisionnelle des effectifs » ;
« la gestion prévisionnelle des compétences » ;
« la gestion prévisionnelle des emplois et des métiers » ;
« la gestion prévisionnelle des carrières ».
35 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p55.
36
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p15.
37 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p53.
14
Jacques Soyer (2007)38 expliquent que la formation est un outil de gestion des
ressources humaines : « Elle est alors l’un des éléments stratégiques de
l’entreprise ; cette conception est la plus répandue, du moins au niveau des
intentions. Dans la réalité, si la gestion utilise correctement la formation comme
outil à court terme, il n’en est souvent rien à moyen et long termes ».
Administration
Relations du Formation et
personnel management
externes
des
compétences
Conseil à
GRH Information et
la
hiérarchie communication
Relations Développement
sociales et humain et social
dialogue
Source : d’après Legay H., Gestion des ressources humaines : cours, Université de Rouen, Master
I.C.F., 2011.
38 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p6.
15
3) Ingénierie de formation :
Le terme ingénierie n’est pas un terme récent, il existe depuis la nuit des
temps. Ce terme vient du vieux français « engin » qui représentait les machines
de guerres au temps des croisades. Les ingénieurs étaient des personnes
capables de construire, déplacer, maintenir et utiliser les « engins ». Au XVIIème
et XVIIIème siècles, les corps d’ingénieurs s’organisent (polytechnique, ponts et
chaussées, etc.). Au XIXème siècle, avec le développement de la mécanisation et
de l’industrialisation, le terme « engineering » anglo-saxon fait son apparition.
C’est en 1965 que le terme actuel « ingénierie » remplacera le terme
« engineering ». On peut donc noter que ce terme est ancien et qu’il a différentes
origines. Pour Thierry Ardouin « le terme ingénierie est au confluent de trois
origines » : le génie militaire (vieux français), l’art de l’ingénieur (anglo-saxon) et
l’ingenium (philosophes italiens).
C’est dans les années 1985 que ce terme est introduit dans le domaine de
la gestion des ressources humaines et de la formation. L’ingénierie est donc un
concept qui a été introduit dans la formation professionnelle continue, qui vient de
la pratique et qui a été progressivement conceptualisé. « On voit que l’ingénierie
de la formation s’est peu à peu imposée comme une nécessité dès lors que la
formation est devenue une préoccupation pour les entreprises, dans la mesure où
elle est apparue comme un facteur de développement de leur compétitivité »40. En
39
Ardouin T., Démarche de l’ingénierie de la formation : cours, Université de Rouen, Master I.C.F., 2011.
40 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p19.
16
effet, depuis, que le développement des compétences est devenu un enjeu
stratégique pour l’entreprise car elle lui permet de se développer et de rester
compétitive, l’ingénierie de la formation s’est développée pour permettre à
l’entreprise de favoriser et de perfectionner leur système de formation. La finalité
de l’ingénierie de la formation est par conséquent la production de compétences et
de savoirs en lien avec les situations professionnelles ou sociales.
Pour Sylvie Faisandier et Jacques Soyer (2007)41, l’ingénierie de la
formation permet d’acquérir des compétences et des comportements utiles, « elle
fait référence aux objectifs de la formation. Une bonne ingénierie pédagogique a
pu déclencher de nouvelles capacités chez les formés ». Ces auteurs42 ajoutent
que l’ingénieur de formation « sait proposer les bons moyens de développement
de la compétence. C’est le responsable formation ou l’un de ses collaborateurs qui
développent ce type d’ingénierie. On peut l’appeler aussi ingénierie du
développement des compétences ». Cette définition nous renvoie donc bien à la
finalité de l’ingénierie de la formation qui est la production, le développement des
compétences dans un contexte donné, à travers différents acteurs. Cependant on
peut constater que cette définition introduit la notion d’ingénierie pédagogique. En
effet quand on entre dans le monde de l’ingénierie en formation, on découvre qu’il
existe plusieurs types d’ingénierie. Nous pouvons résumer l’ingénierie en
formation à l’aide d’un schéma :
41 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd.
42
Ibid.
17
Thierry Ardouin (2006) définit « l’ingénierie de la formation comme une
démarche socioprofessionnelle où l’ingénieur-formation a, par des méthodologies
appropriées, à analyser, concevoir, réaliser et évaluer des actions, dispositifs et/ou
systèmes de formation en tenant compte de l’environnement et des acteurs
professionnels. Ces actions, dispositifs ou systèmes sont mis en œuvre de
manière optimale en vue du développement de l’organisation et des
personnes »43. On peut constater que l’ingénierie de la formation doit prendre en
compte trois acteurs essentiels : l’entreprise, l’organisme de formation et les
individus, pour réussir une « optimisation de l’investissement » formation. Cet
auteur nous détaille la démarche d’ingénierie de formation en précisant que
l’ingénieur de la formation doit « coordonner et piloter quatre étapes principales
dans la démarche d’ingénierie dans deux grandes phases, en vue de mener une
action, un dispositif ou un système de formation de manière optimale »44. La
phase « Investigations » comprend les étapes : Analyser et Concevoir, et la phase
« Mise en œuvre » comprend les étapes Réaliser et Evaluer (A.C.R.E) :
Analyser : cette étape est essentielle qui ne doit pas être « bâclée ». Il
s’agit d’analyser une demande qui est faite ainsi que le contexte en prenant
en compte différents aspects tels que : les besoins de formation, la politique
de formation, l’offre de formation, le diagnostic formation. C’est dans cette
étape que les besoins sont analysés cependant nous verrons au cours de
notre développement théorique que les besoins n’existent pas en tant que
tels et qu’ils doivent être analysés et exprimés par une demande claire et
formalisée.
Concevoir : une fois la demande formalisée, il s’agit de concevoir des
dispositifs de formations en lien avec les résultats obtenus grâce à l’étape
précédente et par conséquent avec les besoins des individus et des
entreprises. Cette étape se fait à l’aide de la création ou de l’actualisation
de divers référentiels et de cahiers des charges.
Réaliser : une fois le dispositif conçu, il s’agit de réaliser le dispositif
imaginé aux travers de trois grandes étapes : « l’animation, le pilotage et la
43 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p23.
44
Ibid., p35.
18
communication »45. Cette étape se concrétise à l’aide du plan de formation,
de tableaux de bord et de la veille documentaire.
Evaluer : l’évaluation peut et doit être réalisée tout au long de la démarche
d’ingénierie. Elle peut avoir pour objet les individus, les groupes, les
objectifs et le dispositif. C’est cette évaluation qui permettra de vérifier que
tous les objectifs et les enjeux ont été respectés. Elle permet également
d’apprécier la formation en comparant les résultats attendus et les résultats
obtenus.
45 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p39.
46
Cf. 1) Contexte professionnel.
19
II) Approfondissement conceptuel :
a) La notion de référentiel :
20
de référentiel n’est pas récente et qu’elle devient une pratique à la « mode »,
influencée par les pratiques et la législation.
La référentialisation en formation
Champ professionnel
Champ éducatif
e
Source : D’après Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd.
51 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p102.
52
Ibid., p100.
53
Ibid., p100.
21
b) Définitions :
54 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p262.
55
Le Boterf G., Développer la compétence des professionnels, Editions d’organisation, 2002, p251.
56
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p34.
57
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p111.
22
différents acteurs de disposer d’outils servant au mieux leurs intérêts. Malgré leur
caractère fortement contingent, les référentiels de compétences présentent des
caractéristiques proches », ils « doivent être relativement brefs pour être utilisés
facilement ».
D’Après Anne Dietrich (2008)58, « le référentiel n’est pas une fin en soi. Il
est d’abord le fruit d’un accord entre des acteurs amenés à coopérer malgré des
intérêts souvent divergents. Il doit ensuite pouvoir être utilisé efficacement et doit
donc être aisément appropriable par les acteurs ».
58
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p79.
59
Mayen P., Metral J.-F., Tourmen C., « Les situations de travail. Références pour les référentiels »,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p32.
60 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p101.
23
c) Différents types de référentiels :
61
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p108.
62 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p106.
63
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p109.
64
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p62.
65 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p271.
24
Le référentiel de compétences :
66
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p3.
67
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998,p 62.
68
Jacquet S., Manager les compétences : approches, enjeux et développements, 2010, http://www.creg.ac-
versailles.fr/spip.php?auteur41, consulté le 8 mars 2011.
69 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p249.
70 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p269.
71
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p76.
25
de : renouveler la description du travail ; évaluer le rapport entre le requis et
l’acquis ; construire un parcours de progression et d’inscrire le salarié dans une
dynamique de professionnalisation. « Il fait du couple activités/compétences une
référence qui se substitue à celle de poste/qualification pour évaluer un salarié ».
Pour conclure sur ce document essentiel de la gestion des ressources humaines
ainsi que pour la démarche d’ingénierie de formation nous reprendrons la
définition de Thierry Ardouin (2006)72 qui définit le référentiel de compétences en y
ajoutant les conditions de son élaboration : « Il décline l’ensemble des
connaissances et attitudes professionnelles mises en œuvre pour occuper un
emploi. C’est donc une transcription du premier référentiel en éléments
observables et déclinables en lien avec la méthode d’observation et d’analyse
utilisée », il est le produit de « l’articulation étroite de la compétence et de l’activité.
La compétence est en effet inséparable de l’action et elle ne peut être
véritablement appréhendée qu’au travers des activités par lesquelles elle
s’exprime et dont elle permet la mise en forme »73.
Le référentiel de formation :
72 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p109.
73
Ibid., p110.
74
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
75
Ibid.
76 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p272.
77
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p112.
26
On peut distinguer un autre type de référentiel, moins exposé dans les
publications concernant les référentiels : le référentiel de validation (aussi appelé
certification). Ce document met en relation les compétences et la formation ; il
« est également une déclinaison de compétences et apporte des informations
quant à la manière d’évaluer les acquis et donc donne un cadre pour confirmer ou
infirmer l’atteinte des compétences visées »78.
De plus lors de la mission de stage professionnel, et de notre recherche, la
constitution seule de référentiels emploi et compétences ne nous a pas paru
suffisante, nous avons donc décidé de créer un guide de lecture référentiel emploi
et un guide de lecture référentiel de compétences afin de compléter, d’enrichir
notre travail et pour aider les usagers de ces référentiels à comprendre leur
utilisation et les concepts associés aux rubriques établies dans ces référentiels.
Nous détaillerons également de manière plus approfondie ces deux guides de
lecture lorsque nous parviendrons à la partie méthodologie.
78
Postiaux N., Bouillard P., Romainville M, « Référentiels de compétences à l’université. Usages, rôles et
limites », Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64,
INRP, 2010, p19.
79
Mayen P., Metral J.-F., Tourmen C., « Les situations de travail. Références pour les référentiels »,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p34.
80
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
81
Ibid.
27
« Analyser les différentes tâches et fonctions pour comprendre les
compétences requises »83 ;
« Renouveler la description, voire la prescription du travail en définissant
ses exigences »84 ;
Permettre « la formalisation et la capitalisation d’expériences »85.
82
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p112.
83
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p69.
84
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p77.
85 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
86 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p251.
87
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p43.
88
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p11.
89 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p211-268, p264.
90
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p3.
91
Ibid., p43.
92
Ibid., p63.
93
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p1-138.
28
Créer « des grilles d’évaluation des pratiques »94 ;
« Mesurer la progression des compétences »95 ;
« Evaluer le travail »96 ;
« Mesurer les niveaux dans les divers domaines de compétences » 97;
« Evaluer objectivement le niveau réel des compétences de chacun dans
l’organisation »98 ;
Permettre « le positionnement et l’évolution des salariés »99
« Faciliter l’évaluation des compétences »100 ;
« Evaluer le rapport entre le requis et l’acquis »101.
94 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
95 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p264.
96
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p110.
97
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p57.
98
Ibid., p63.
99 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
100
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p63.
101
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p77.
102
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p4.
103
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p34.
104
Ibid., p118.
105
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
106
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p44.
107 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p211-268.
108 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
109
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p43.
29
Permettre « la construction d’outils et méthodes pédagogiques »110
« Elaborer un cahier des charges pour une formation adaptée, dans un
domaine de compétence donné, en concertation entre le chef de service et
l’agent dont les compétences sont mesurées grâce au référentiel »111 ;
Fixer « des paliers de progression objectifs et concrets »112 ;
« Mesurer des écarts et de les réduire par des actions appropriées »113 ;
« Servir à la conception d’outils pédagogiques utilisés en séance de
formation »114 ;
« Etayer la construction de situations évaluatives se référant aux situations
de travail »115 ;
« Définir un parcours de formation réaliste »116 ;
« Construire un parcours de progression au sein d’une activité »117 ;
« Inscrire le salarié dans une dynamique de professionnalisation »118.
Nous pouvons donc voir que ces référentiels sont aujourd’hui des éléments
incontournables de la gestion des ressources humaines. Pour Alain Labruffe
(2003)119 ils doivent faciliter les procédures liées à la gestion des ressources
humaines tel que l’embauche, l’accueil, la formation, la reconversion, etc. En effet,
ils servent de « repère pour un groupe social susceptible par la suite de prendre
des décisions et de faire des choix »120. Nous pouvons par conséquent observer
que ces référentiels jouent un rôle important dans la description des emplois ; ce
sont alors des outils objectifs d’identification des compétences qui permettent une
analyse fine et objective de compétences requises pour un emploi donné. De plus,
ces référentiels entrent en compte dans l’évaluation des compétences des salariés
et dans le développement d’une démarche d’ingénierie de la formation. En effet,
une fois l’individu évalué, un écart entre les compétences requises et acquis est
110 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
111
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p57.
112
Ibid., p62.
113
Ibid., p118.
114
Mayen P., Metral J.-F., Tourmen C., « Les situations de travail. Références pour les référentiels »,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p42.
115
Ibid., p42.
116
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p66.
117
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p77.
118
Ibid., p77.
119
Labruffe A., Management des Compétences. Construire votre référentiel, AFNOR, 2003, p62.
120
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p107.
30
formulé. Une fois cette évaluation réalisée, les besoins identifiés, l’individu et sa
hiérarchie doivent se concerter et convenir d’une solution pour réduire cet écart,
comme par exemple le développement d’une action de formation. Dans ce cas les
besoins identifiés deviennent des besoins de formation.
e) Inconvénients :
Les référentiels peuvent être utilisés à plus d’un titre dans une organisation,
ils sont un élément important de la démarche d’ingénierie de la formation. De par
leurs objectifs, nous avons pu constater que ces outils en tant qu’outils
d’indentification des emplois et des compétences représentent de nombreux
avantages. Cependant certains auteurs affirment ces avantages ou au contraire
les nuances.
121 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p260.
122
Ibid., p261.
123 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p118.
31
une méthode, et comme tout outil ou méthode, ce qui pose question est plus
l’utilisation de ceux-ci que leur existence en tant que telle. Il convient donc d’être
dans la mise en œuvre de référentiels d’être vigilant dans leur élaboration et
surtout dans leurs conditions d’utilisation » et Jacques Aubret, Patrick Calbert,
Frédérique Pigeyre (2005)124 : « Le risque est de passer beaucoup de temps à
analyser et à évaluer pour finalement disposer d’une information non directement
exploitable, car ne comportant que des données d’ensemble qui ne permettent
pas d’élaborer directement des solutions de formations ».
Nous pouvons donc dire qu’il existe des inconvénients quant à l’utilisation
de ces référentiels. Deux inconvénients majeurs semblent se dégager de plusieurs
publications au sujet de : leur utilisation et de leur contenu.
124
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p123.
125 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p117.
126
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
127
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
128
Mayen P., Metral J.-F., Tourmen C., « Les situations de travail. Références pour les référentiels »,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p43.
129
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998.
32
(2002)130 que les référentiels reposent sur « une approche mécaniste et illusoire »
puisque effectivement il semble illusoire de figer les emplois et les compétences
dans des documents lorsqu’on demande aux entreprises et aux salariés
adaptation, flexibilité, innovation et compétitivité. « Les référentiels […] ne peuvent
donc être que provisoire »131 et ils doivent faire l’objet d’une actualisation continue.
130
Le Boterf G., Développer la compétence des professionnels, Editions d’organisation, 2002, p216.
131
Ibid., p217.
132
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p67.
133
Ibid., p67.
134
Cros F. et Raisky C., « Autour des mots de la formation. Référentiel », dans Chauvigné C. et Lenoir Y.,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p.108.
33
2) Compétence :
135
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p59.
136
Hosdey H., Rogister J., « Formation en entreprise. Les clés de la réussite », Liège, Edipro, 2009, p21.
137
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p9.
34
véritable mot d’ordre organisationnel, synonyme de changement »138. Ce concept
de compétence apparaît donc dans un contexte de crise et de changements
profonds.
138
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p12.
139
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p15.
140
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p30.
141
Bellier S., « La compétence est-elle un concept nouveau ? », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des
sciences et techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 8, p241.
35
mais bien un apporteur de connaissances, de savoir-faire, d’expérience ».
Cependant la qualification est très liée à la notion diplôme même si son aspiration
de départ était assez proche du concept de compétence. Cependant nous
pouvons constater deux différences importantes à l’aide de Sandra Bellier
(2004)142 : « d’une part les qualifications sont indépendantes du contexte (on les
possède une fois pour toutes), et d’autres part, elles ont été un objet de
négociation collective permanent puisque c’est à partir d’elles que vont se bâtir les
conventions collectives. Les compétences au contraire sont conceptualisées et
beaucoup plus objet d’évaluation individuelle que de négociation ». Qualification et
compétence ne peuvent donc pas être associées, la première ne peut pas être
remplacée par la deuxième. De plus, nous pouvons dire que posséder des
compétences ne donne pas lieu forcément à une qualification. Pour terminer nous
pouvons signaler grâce à Sandra Bellier (2004)143 un risque qu’engendre
l’utilisation de la compétence : « en marginalisant la qualification et en tombant
dans l’impérialisme de la compétence, on laisse le salarié beaucoup plus isolé
qu’avant et on lui enlève surtout les moyen de se protéger ».
142
Bellier S., « La compétence est-elle un concept nouveau ? », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des
sciences et techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 8, p241.
143
Ibid., p251.
144
Hosdey H., Rogister J., « Formation en entreprise. Les clés de la réussite », Liège, Edipro, 2009, p21.
145
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p25.
146
Ibid., p37.
36
est compétent celui qui est jugé conforme à ce qui est attendu. C’est l’objectif du
référentiel de compétences que de définir les compétences attendues ». Nous
pouvons voir ici que la compétence doit être contextualisée, c’est un élément
important lorsque l’on cherche à définir la compétence. Elle ne peut être sortie de
son contexte. De plus, nous revenons sur l’idée d’évaluation liée au référentiel qui
défini les compétences requises d’un emploi et sert de cadre lors de l’évaluation
des individus. Cet auteur précise dans sa définition de la compétence qu’il y a
« un consensus pour reconnaître dans la compétence un savoir agir en situation
défini comme une combinatoire de ressources »147.
147
Dietrich A., Le management des compétences, Paris, Vuibert, 2008, p26.
148 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p287.
149
Guerrero S., Les outils des RH, Paris, Dunod, 2009, p28.
37
Sylvie Faisandier et Jacques Soyer (2007)150 conviennent « de la définition
suivante : dans le jargon des formateurs, une compétence est une faculté à
combiner, dans une situation donnée de production, diverses capacités
élémentaires (des savoirs, des savoir-faire et des savoir être) en vue d’atteindre
les objectifs fixés ». Dans cette définition la compétence n’est plus une
combinaison mais une capacité à combiner, et son but est l’atteinte d’objectif.
Pour eux les savoirs sont des connaissances utiles, les savoir-faire sont des
pratiques maîtrisées requises et les savoir être des attitudes favorables. Philippe
Robinet (2008)151 donne des précisions sur ce triptyque :
Le savoir « regroupe les connaissances et savoirs académiques et
procéduraux, permettant de maîtriser pour comprendre et déclencher
l’action » ;
Le savoir-faire « est la mise en œuvre simultanée d’un savoir et d’une
habileté pratique maîtrisée dans la réalisation spécifique » ;
Le savoir être « décrit les comportements permettant aux salariés d’agir de
manière efficace, c’est-à-dire en conformité avec les normes dominantes
sociales, et le système de pouvoir ».
Sandra Bellier (2004)152 confirme l’idée de ce triptyque. Pour elle la
compétence est constituée de « un peu de savoir, beaucoup de savoir-faire et
souvent - mais pas toujours - du savoir-être ».
150 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p42.
151
Robinet P., « Le besoin de formation : approche socio-psychologique », Le recueil des besoins de
formation, outil clé de l’hôpital de demain. Quelle approche en ingénierie ?, Mémoire, Université de Rouen,
2008, p36.
152
Bellier S., « La compétence est-elle un concept nouveau ? », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des
sciences et techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 8, p237.
153
Postiaux N., Bouillard P., Romainville M, « Référentiels de compétences à l’université. Usages, rôles et
limites », Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64,
INRP, 2010, p. 17.
38
« Une compétence est un système, avec cinq dimensions professionnelles
en interactions (aucune n’est indépendante des autres) : savoir, savoir-
faire, savoir être et vouloir faire, qui, s’il est opérant produit un résultat »154 ;
« La compétence est la formalisation d’une dynamique complexe d’un
ensemble structuré de savoirs (savoirs, savoir-faire, savoir être) mobilisés
de manière finalisée et opératoire dans un contexte particulier. La
compétence est la résultante reconnue de l’interaction entre l’individu et
l’environnement »155.
154
Hosdey H., Rogister J., « Formation en entreprise. Les clés de la réussite », Liège, Edipro, 2009, p21.
155 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p102.
39
c) L’analyse de la compétence :
156
CNFPT, Référentiels d’emploi-activités-compétences. Guide méthodologique, 2001,
http://www.cnfpt.fr/fichiers_pdfs/guide_methodo_reac1.pdf , p11.
157
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p13.
158 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p42.
159
Guerrero S., Les outils des RH, Paris, Dunod, 2009, p30.
40
évidemment sans la participation des salariés, acteurs essentiels. En effet, qui
mieux que la personne qui exerce quotidiennement ces activités peut aider à
l’analyse des compétences requises dans son emploi ? Cette analyse doit donc
consister « à mener une enquête concrète avec les intéressés (les titulaires de
l’emploi, le responsable de l’équipe, les clients de la fonction) »160.
3) Besoins de formation :
160
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p51.
161
Ibid., p72.
162 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p264.
163 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p229.
41
requises va permettre d’examiner les besoins réels de formation »164. Mais
qu’entend-on par besoins de formation, qui d’après Philippe Robinet (2008)165 est
un concept central sur lequel repose la démarche d’ingénierie de la formation?
164
Guittet A., Développer les compétences : par une ingénierie de la formation, ESF, Paris, 1994, p72.
165
Robinet P., « Le besoin de formation : approche socio-psychologique », Le recueil des besoins de
formation, outil clé de l’hôpital de demain. Quelle approche en ingénierie ?, Mémoire, Université de Rouen,
2008, p26.
166
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/besoin, consulté en mars 2012.
167
Ibid.
168 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p73.
169
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8e éd, p115.
170
Ibid., p115.
171 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p74.
42
pour réduire cet écart (ce manque), par exemple par une action de formation.
Dans ce cas les besoins identifiés deviennent des besoins de formation. Le
référentiel, outil d’identification des compétences permet alors de constater ce
manque, cet écart.
172 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p115.
173
Roegiers X., Wouters p. et Gérard F.-M., « Formation et Technologies », Revue européenne des
professionnels de la formation, Vol. 1, n° 2-3, Bief, 1992, p3.
174 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p229.
43
est un moyen à disposition, une réponse à un problème rencontré »175 et ajoutent
par conséquent que « le recueil des besoins de formation devrait plutôt s’appeler
le recueil des objectifs à atteindre avec l’aide de la formation. Ou encore, le recueil
des problèmes à résoudre par la formation » 176.
175
Ibid., p229.
176 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p229.
177
Robinet P., « Le besoin de formation : approche socio-psychologique », Le recueil des besoins de
formation, outil clé de l’hôpital de demain. Quelle approche en ingénierie ?, Mémoire, Université de Rouen,
2008, p36.
178
Poiret T., Les motifs d’engagement en formation des salariés, Mémoire, Université de Rouen, 2010.
179
Carré P., « Motivation et rapport à la formation », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des sciences et
e
des techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, 2 éd, p283.
180
Masingue B., « Pilotage des politiques de formation », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des
sciences et des techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, chap. 18, p388.
181 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p430.
44
Le département : les besoins opérationnels et fonctionnels définis par les
directeurs de branches. Ils concernent les besoins collectifs de leur
département et les besoins individuels de leurs managers »182 ;
«Le service : les besoins opérationnels et techniques identifiés par les
manager selon les capacités de résolutions de problème, de créativité et
d’innovation de son unité ;
La personne : « les besoins individuels dépendant des besoins des salariés
pour tenir leur emploi et de leurs attentes d’évolution »183.
On peut donc également constater qu’il existe différents types de besoins,
comme des besoins collectifs, individuels. Nous reviendrons sur ce point un peu
plus loin dans cette partie.
André Guittet (1998)184 nous explique que « un besoin de formation
demande une réponse ajustée qui ne sera pas forcément un stage de formation ».
En effet, un besoin de compétences ne se traduira pas forcément par l’inscription
à une formation, d’autres solutions peuvent être envisagées. « Former ne veut pas
toujours dire stage »185. « Il faut donc explorer toutes les ressources de
l’entreprise et de l’environnement technique et humain pour adapter une réponse
spécifique en fonction des délais, des problèmes à traiter, des coûts de
l’opération, des motivations de l’interlocuteur, de la politique de formation de
l’entreprise »186.
182
Ibid., p431.
183 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p432.
184
Guittet A., Développer les compétences par une ingénierie de la formation, Paris, ESF éditeurs, 1998, p73.
185
Ibid., p74.
186
Ibid., p73.
187 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p.117-118.
45
« Dans la deuxième catégorie : seront les projets qui traduisent la stratégie
de l’entreprise » ;
« La troisième catégorie est l’expression des attentes des individus (ou des
groupes), en fonction de l’image qu’ils se font de leur parcours
professionnel (ou personnel) ».
Ces catégories de facteurs confirment ce que nous avons pu observer
précédemment, à savoir qu’il existe différents types de besoins, comme par
exemple des besoins collectifs, individuels, liés à l’entreprise ou à l’individu.
En effet, pour Thierry Ardouin (2006)188, il faut distinguer deux types deux
besoins bien spécifiques :
Les besoins de l’entreprise : ces besoins correspondent le plus souvent à
des qualifications, des postes et/ou des compétences. Le contexte
organisationnel et politique de l’entreprise doit être pris en compte. Selon
les entreprises, les besoins peuvent être différents, il est donc important de
prendre en compte et de comprendre « les enjeux de l’organisation ».
Les besoins du salarié : qui cherche à évoluer, à s’adapter, à se maintenir
dans l’emploi. Ces besoins peuvent être liés au contexte professionnel mais
ils peuvent également être personnels. Selon les salariés, les besoins
peuvent être différents, il est donc important de prendre en compte et de
comprendre « leurs enjeux et leurs dynamiques identitaires ».
Les besoins de formation peuvent donc correspondre à des besoins de
l’entreprise ou des besoins des individus et donc à des formations à l’initiative de
l’entreprise ou du salarié. Dans le cas d’une formation à l’initiative du salarié « la
formation a été identifiée, par le salarié, comme le moyen d’atteindre un objectif
qui lui est personnel. Cet objectif présente une relation plus ou moins directe avec
l’entreprise ou avec le poste occupé »189. Dans le cas d’une formation à l’initiative
de l’entreprise « les actions de formation […] correspondent aux actions figurant
au plan de formation par décision des managers, auxquelles s’ajoutent celle qui,
partant d’un salarié (dont les actions DIF) sont acceptés par l’entreprise »190. Il faut
donc distinguer ce qui correspond aux besoins de l’entreprise et aux besoins du
salarié.
188 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p75.
189 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p233.
190
Ibid., p234.
46
Thierry Ardouin (2006) 191 ajoute pour approfondir cette idée qu’il existe trois
niveaux à repérer dans les besoins de formations :
« Niveau macro » : ce niveau correspond à l’entreprise dans sa globalité
avec son environnement. Ces besoins sont en lien avec toute l’entreprise ;
« Niveau méso » : Ces besoins sont en rapport avec les objectifs d’un
service, d’un département ou d’une unité ;
« Niveau micro »: Dans ce niveau, il y a deux parties :
« Le niveau individuel » : Ces besoins sont en lien avec l’emploi ou
le poste de travail et l’évolution qui lui est afférente ;
« Le niveau personnel »: Ces besoins sont en rapport avec les
souhaits d’évolution d’une personne en dehors d’un rapport direct
avec l’emploi ou de l’unité de service.
Nous pouvons constater qu’il existe des besoins liés à l’entreprise ou aux
salariés. Ces besoins peuvent donc être collectifs (correspondant aux problèmes
et objectifs concernant des groupes, ils sont souvent à l’initiative de l’entreprise),
individuels (correspondant à un seul individu dans le cadre de son emploi, ils sont
souvent à l’initiative de l’entreprise) ou personnels (correspondant à un seul
individu sans relation directe avec son emploi, ils sont souvent à l’initiative du
salarié mais dans certains cas peuvent être à l’initiative de l’entreprise, dans ce
cas ils deviennent des besoins individuels de formation).
c) Différentes réalités :
191 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p78.
192 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p75-76.
47
situation souhaitée. Le besoin est donc la résultante de l’analyse, ou
confrontation, entre un état initial et un état souhaité, souhaitable ou
nécessaire ». Ce manque va donc amener l’individu, le collectif ou
l’organisation à ressentir un besoin de formation. Il peut correspondre à
l’évolution du poste, du système de travail ou de la politique de l’entreprise.
Un dysfonctionnement (ou un écart): les besoins ressentis peuvent provenir
d’un dysfonctionnement. Ils correspondent à un écart entre les
compétences acquises d’un individu et les compétences requises par
l’emploi, exprimés en termes d’objectifs.
Une attente : ces attentes « renvoient à des souhaits individuels ou
collectifs ». Les souhaits, les objectifs des individus doivent êtres pris en
compte pour qu’ils puissent élaborer leurs projets professionnels,
cependant ces objectifs doivent correspondre aux besoins de l’entreprise,
au regard de sa politique de formation et de son organisation.
Une demande : à la différence de l’attente, les demandes sont « exprimées
de manière explicite, voire rédigées en vue d’effectuer une ou des
formations en lien avec une situation-problème à résoudre ». Elles peuvent
également être individuelles ou collectives.
Nous pouvons donc remarquer que les besoins de formation peuvent être
de différents types mais également correspondre à différentes réalités. Nous
avons également pu observer que pour recueillir, analyser un besoin, il est
nécessaire de passer par les individus et leurs représentations. Xavier Roegiers,
Pascale Wouters et François-Marie Gérard (1992)193 vont également plus loin en
proposant le besoin comme « une construction mentale » qui est articulée autour
de trois pôles :
« Le pôle de la représentation de la situation actuelle » : le besoin peut y
être exprimé comme un problème, un dysfonctionnement, une exigence,
une nécessité, un défaut ;
« Le pôle de la représentation de la situation attendue » : le besoin peut y
être exprimé comme un désir, un souhait, aspiration, une motivation ;
« Le pôle de la représentation des perspectives d’actions » : le besoin y est
exprimé comme action à mener.
193
Roegiers X., Wouters p. et Gérard F.-M., « Formation et Technologies », Revue européenne des
professionnels de la formation, Vol. 1, n° 2-3, Bief, 1992, p3.
48
Il existe donc de multiples besoins de formation et plusieurs manières de les
exprimer cependant Alain Meignant (2009)194 il ne faut confondre besoin et envie.
Le besoin doit avoir fait l’objet d’une analyse et doit être ressenti par le
demandeur.
Pour Thierry Ardouin (2006), l’analyse est donc une étape très importante
qui doit prendre en compte la politique de formation et le diagnostic de formation,
mais il ajoute également l’analyse des besoins et l’analyse de l’offre de formation.
194 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p.163.
195 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p23.
196 e
Faisandier S., Soyer J., Fonction formation, Paris, Eyrolles, 2007, 4 éd, p229.
197
Ibid., p229.
49
Cette étape analyse doit permettre d’établir le plan de formation dans une
« logique proactive », à l’aide d’une double démarche198 :
198 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p60-62.
199 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p62.
200
Igalens J., « Gestion des Ressources Humaines », dans Carré P. et Caspar P. (s.d.), Traité des sciences
et des techniques de la formation, Paris, Dunod, 2004, p93.
201
Roegiers X., Wouters p. et Gérard F.-M., « Formation et Technologies », Revue européenne des
professionnels de la formation, Vol. 1, n° 2-3, Bief, 1992, p4.
202
Ibid., p1.
50
indispensables. Pour favoriser l’analyse des besoins, par exemple lors d’entretiens
individuels, il est possible d’utiliser des outils, tel que les référentiels, outils
d’indentification des compétences pour un emploi donné. Pour Bertrand Périn
(2006)203, il semble particulièrement important d’utiliser « des outils d’aide à
l’analyse des besoins en formation ». En effet, « un décalage très net entre la
demande des entreprises, les besoins réels des travailleurs et cycles de formation
proposés »204 peut apparaitre en « l’absence de moyens opérationnels pour
détecter les besoins […] empêchant l’institut de formation d’assurer l’adéquation
élémentaire entre l’offre et la demande »205.
Ces référentiels, selon les buts poursuivis, peuvent avoir plusieurs utilités,
mais dans le cadre de notre recherche, c’est le référentiel outil de dialogue, de
concertation et d’analyse qui nous intéresse car « l’analyse de l’activité et des
compétences requises va permettre d’examiner les besoins réels de
formation »206.
203
Périn B., « Un nouvel outil pour la GPEC », L’entretien professionnel, enjeux, outils et méthodes, Actualité
de la formation permanente, n°201, Centre Info, 2006, p.22-24.
204
Roegiers X., Wouters p. et Gérard F.-M., « Formation et Technologies », Revue européenne des
professionnels de la formation, Vol. 1, n° 2-3, Bief, 1992, p6.
205
Ibid., p6.
206
Guittet A., Développer les compétences : par une ingénierie de la formation, ESF, Paris, 1994, p72.
51
III) La recherche :
a) Une problématique :
b) Deux hypothèses :
207
Chauvigné C., « Les référentiels en formation. Des normes en confrontation », dans Chauvigné C. et
Lenoir Y., Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64,
INRP, 2010, p87.
208 e
Chaminade B., Guide pratique : RH et compétences, AFNOR, 2008, 2 éd, p264.
209
Jacquet S., Manager les compétences : approches, enjeux et développements, 2010, http://www.creg.ac-
versailles.fr/spip.php?auteur41, consulté le 8 mars 2011.
53
un référentiel minutieusement élaboré peut « servir de support à des
entretiens »210.
De plus, pour terminer, nous pouvons voir à l’aide des propos d’André
Guittet que « si l’activité à été clairement définie, si l’on a repéré les compétences
essentielles dans un référentiel, un responsable pourra certainement plus
facilement faire le point sur la maîtrise de l’emploi, du poste »211.
En effet, nous pouvons penser qu’il est possible, par exemple, qu’un
référentiel de compétences risque « de bloquer les personnes dans une vision
figée et restrictive du métier »212. Grâce aux propos de divers auteurs et à notre
approfondissement conceptuel, nous avons pu constater qu’il existe certaines
limites quant à l’utilisation de ces référentiels et aux référentiels eux-mêmes.
« L’un des objectifs du travail d’élaboration d’un référentiel de situations est alors
de mettre au jour les éléments invariants de la classe de situations et les variables
les plus essentielles »213. De plus, « ils ne peuvent épuiser l’ensemble des
activités et des situations professionnelles d’un métier ou d’un emploi »214. Par
conséquent, « quels que soient leur forme et leur contenu, les référentiels restent
lacunaires en ce qui concerne le réel du travail et l’activité professionnelle
visée »215. On peut donc constater qu’il existe un écart entre ce qu’un référentiel
peut proposer et la réalité. Il y a une perte d’informations.
210
Aubret J., Calbert P., Pigeyre F., Management des Compétences. Réalisations-Concepts-Analyses, Paris,
Dunod, 2005, p1-138.
211
Guittet A., Développer les compétences : par une ingénierie de la formation, ESF, Paris, 1994, p69.
212
Guittet A., Développer les compétences : par une ingénierie de la formation, ESF, Paris, 1994, p67.
213
Mayen P., Metral J.-F., Tourmen C., « Les situations de travail. Références pour les référentiels »,
Recherche et Formation, Les référentiels en formation : enjeux, légitimité, contenu et usage, n°64, INRP,
2010, p34.
214
Ibid., p43.
215
Ibid., p43.
54
Nous pouvons également constater que « la société est mouvante et
évolutive, et il est demandé aux organisations adaptation et réactivité. Dans ce
contexte, les référentiels peuvent apparaître comme figés, voire
anachroniques »216 ; « entre emploi et réalité, il existe toujours au cours des mois,
des décalages, des initiatives, des activités nouvelles, des dérives qui doivent être
analysés »217, ce qui vient confirmer ce que nous avons dit précédemment.
Pour terminer, nous pouvons voir, à l’aide des propos de Thierry Ardouin
(2006) que « le référentiel, et ses utilisations, ne laisse pas indifférent et peut-être
porteur d’angoisse, d’agacement ou de dédain pour les différents acteurs, que ce
soit l’individu en tant que salarié, les hiérarchiques ou le dirigeant »218 ; ce qui
nous permet de renforcer notre propos.
216 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p99.
217
Guittet A., Développer les compétences : par une ingénierie de la formation, ESF, Paris, 1994, p69.
218 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p99.
55
analyse de discours. L’avantage de l’entretien semi-directif, c’est qu’il nous permet
d’accéder à une certaine liberté de parole car il ne demande pas de
questionnements précis mais seulement des thèmes à aborder et une consigne de
départ. Durant l’entretien, nous pouvons constater qu’il y a des moments non-
directifs et des moments directifs. Il n’y a pas de questions standardisées
préparées avant l’entretien, les moments directifs sont donc réalisés à partir des
propos des interviewés, qui servent de points d’appui pour réorienter ou relancer
le discours, en limitant le risque d’influencer ce même discours. Pour mettre en
place cette technique, il faut respecter certaines modalités :
L’anonymat : pour réaliser les entretiens, nous avons expliqué aux
interviewés que leur anonymat serait respecté. En effet, aucun nom et
aucun lieu ne sont cités pour leur garantir cet anonymat.
L’enregistrement : les entretiens ont été enregistrés pour permettre une
plus grande fiabilité dans les propos recueillis et retranscrits. Tout les
entretiens ont été enregistrés sauf un. Pour cet entretien les propos de
l’interviewés ont été repris à l’aide des notes prises à l’aide du guide
d’entretien, il n’y a donc pas de retranscription de cet entretien mais bien
une grille d’analyse. Pour les entretiens enregistrés l’accord des interviewés
à été donné.
Le guide d’entretien : un guide d’entretien nous a permis d’améliorer
l’efficacité des entretiens ainsi que la prise de note. Un guide est composé
d’une série de thèmes et de sous-thèmes que l’on souhaite aborder et
d’une question de départ. Dans le cadre de cette recherche, les thèmes
que nous souhaitions abordés étaient les mêmes pour tous les entretiens
(nous les aborderons lorsque nous parlerons de la grille d’analyse),
cependant la consigne de départ a été légèrement modifiée selon l’emploi
des interviewés mais nous avons fait attention à ce que cette consigne soit
assez ouverte pour que les interviewés puissent parler librement. Nous
avions donc deux consignes pour aborder ces entretiens : « Pour
commencer, j’aimerais que vous me parliez de votre emploi de maçon
V.R.D. » (pour les maçons voirie et réseaux divers) et « Pour commencer,
j’aimerais que vous me parliez de votre emploi d’opératrice sérigraphie »
(pour les décoratrices sur verre).
56
Durant ces entretiens il y a donc eu deux consignes différentes mais nous
pouvons également préciser qu’une autre variation a été introduite dans les
entretiens : les référentiels. En effet, nous avons réalisé six entretiens sans
l’introduction de référentiels et six entretiens avec l’introduction de référentiels.
Avec ces nuances (consignes et référentiels) nous arrivons donc à quatre types
d’entretiens : trois entretiens d’opératrice sérigraphie sans référentiels ; trois
entretiens d’opératrice sérigraphie avec référentiels ; trois entretiens de maçon
V.R.D. sans référentiels et trois entretiens de maçon V.R.D. avec référentiels.
Nous présenterons ces référentiels lors de la partie suivante.
Pour conclure sur cette technique de l’entretien semi-directif, nous pouvons
voir qu’elle présente l’avantage de recueillir les propos de l’interviewé en lui
laissant une certaine liberté de parole tout en abordant les thèmes importants pour
la recherche. Cependant il ne faut pas oublier de noter que notre présence, celle
du dictaphone et celle des thèmes à aborder ont pu faire perdre un certain
« naturel » aux propos des interviewés.
57
Item 2.e : Problèmes (Manques)
Item 2.f : Difficultés (Dysfonctionnements)
Cette catégorie nous permet de mieux appréhender la situation actuelle de
l’interviewé. Elle nous sert également à voir si l’interviewé sait analyser, exprimer
et comprendre ce qu’il est amené à faire dans son emploi. C’est également dans
cette partie et à l’aide des théories développées dans notre approche conceptuelle
que nous commençons à appréhender les besoins de formation (manque,
dysfonctionnement).
Catégorie 3 : Le pôle de la représentation de la situation attendue.
Item 3.a : Projet professionnel (Attentes)
Item 3.b : Projet personnel (Attentes)
Item 3.c : Raisons
Dans cette catégorie et toujours d’après les théories développées nous pouvons
appréhender d’autres besoins de formation, à travers les projets des individus
(attentes), ainsi que les raisons de leur choix afin de mieux analyser ces besoins.
Catégorie 4 : Le pôle de la représentation des perspectives d’actions.
Item 4.a : Choix d’action (Demandes)
Item 4.b : Raisons
Comme dans la catégorie précédente, nous pouvons ici cerner d’autres besoins
de formation (demande) ainsi que les raisons de ces choix.
Ces catégories et ces items sont donc présentés sous la forme d’une grille
d’analyse :
58
Catégories Items Propos Remarques
Formation initiale
Formation continue
Le contexte
Emplois exercés
Entretiens
professionnels
Statut
Emploi(s) actuel(s)
Le pôle de la
représentation Activités
de la situation Compétences
actuelle
Problèmes (Manques)
Difficultés
(Dysfonctionnements)
Projet professionnel
Le pôle de la (Attentes)
représentation
de la situation
Projet personnel
attendue
(Attentes)
Raisons
Le pôle de la
représentation Choix d’action
des (Demandes)
perspectives
d’actions Raisons
59
Pour terminer, le public. L’échantillon que nous avons constitué pour cette
recherche regroupe douze personnes. Ce sont des personnes qui exercent
l’emploi de maçon V.R.D (voirie et réseaux divers) et d’opérateur sérigraphie. Pour
définir notre échantillon nous pouvons dire : qu’il s’agit de sept hommes et de cinq
femmes. Ce sont des individus d’âges et de parcours différents mais qui ont pour
point commun leur statut professionnel : intérimaire. Nous avons fait le choix de ne
pas varier les statuts de notre échantillon afin de pouvoir maîtriser cette variable.
De plus, le dispositif de formation professionnelle continue concerne toute
personne déjà impliquée dans la vie active, qui peut en fonction de son statut
s’engager dans une formation, les intérimaires sont donc concernés par ce
dispositif219, par l’intermédiaire du FAF.TT (Fonds d’Assurance Formation du
Travail Temporaire)220.
Lors de notre recherche, pendant les entretiens, nous avons utilisé des
référentiels. Ils nous semblent donc important de parler de ces référentiels et
d’exposer leur méthodologie de construction.
219
FAF.TT, Les effets de la formation sur l’insertion professionnelle des intérimaires, 2011,
http://www.faftt.fr/delib/a1517/etudes/etudesduFAFTT/les-effets-de-la-formation-sur-linsertion-des-
interimaires-2010.
220
http://www.faftt.fr/, consulté en mai 2011.
221 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p35.
222
Cf. : Schéma, Méthodologie de construction de référentiels, p9.
60
des documents, des rendez-vous d’entretiens et également des visites
d’entreprises. Nous avons ensuite réalisé les entretiens avec les salariés
concernés, représentatifs des emplois ciblés. Pour conduire et suivre ces
entretiens un tableau de bord des entretiens a également été conçu. Pour
l’observation sur poste de travail, qui a pu être réalisée avant l’entretien avec le
salarié ou à la suite, et si cela était possible selon les entreprises, une grille
d’observation a également été conçue. Un autre outil, créé et utilisé par le cabinet
SIM Développement dans d’autres projets, a été modifié et proposé aux salariés à
la suite des entretiens. Cet outil est intitulé « Journal de bord ». Il permet aux
interviewés de s’exprimer par écrit en dehors du contexte de l’entretien et de
décrire leur emploi, ce qui a permis bien souvent de compléter les informations
recueillies, en cas d’oublis lors des entretiens. Des comptes rendus d’entretiens
ont été rédigés afin de rendre compte et d’analyser tous les éléments significatifs
appréhendés et de passer à la conception des référentiels.
223
Cf. : Livret annexe (annexe I).
224
Cf. : Livret annexe (annexe II).
225
Cf. : Livret annexe (annexe III).
226
Cf. : Livret annexe (annexe IV).
227
Cf. : Livret annexe (annexe V).
228
Cf. : Livret annexe (annexe VI).
61
moitié des interviewés des référentiels. Cependant lors de la construction
méthodologique de la recherche, il nous a semblé judicieux de faire intervenir un
deuxième emploi afin de limiter les interrogations sur les résultats liés à cet
emploi. Nous avons donc fait le choix de retenir un métier totalement différent de
celui d’opérateur sérigraphie, emploi du secteur verrier : le métier de maçon voirie
et réseaux divers. Ce choix s’explique par les possibilités d’accès aux individus.
En effet, nous pouvons remarquer que notre public est caractérisé par le statut
d’intérimaire, afin de limiter les variables nous souhaitions donc choisir un emploi
où nous pourrions avoir accès à une population de personnes intérimaires, le
choix retenu a donc été l’emploi de maçon voirie et réseaux divers. Une fois ce
choix effectué, nous avons décidé de construire le référentiel emploi et le
référentiel de compétence. Nous avons donc fait des recherches sur cet emploi à
l’aide de documents tel que : titre professionnel de constructeur professionnel en
voirie et réseaux229, référentiel de certification230, arrêtés231, description de
tâches232, codes233 ROME234. Une fois, les recherches effectuées, nous avons bâti
le référentiel emploi et le référentiel de compétences. Ces référentiels ont ensuite
été validés par les maçons voirie et réseaux divers.
c) Limites :
229
http://www.rncp.cncp.gouv.fr/grand-public/visualisationFiche?format=fr&fiche=391, consulté en mai 2011.
230
https://www.banque.di.afpa.fr/Commun/GetFile.aspx?i=%7B904991EC-5DDE-4B45-8E8D-
724429C8F44E%7D, consulté en mai 2011.
231
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=C9DA0E2604450830836166030576115E.tpdjo02v_
2?cidTexte=JORFTEXT000019078743&dateTexte=20080628, consulté en mai 2011.
232
http://www.metiers-btp.fr/reperes/metiers-et-parcours/constructeur-voirie/Pages/constructeur-voirie-
taches.aspx?filiereemploi=3271, consulté en mai 2011.
233
http://www2.pole-emploi.fr/rome/pdf/FEM_F1705.pdf, consulté en mai 2011.
234
http://www2.pole-emploi.fr/rome/pdf/FEM_F1702.pdf, consulté en mai 2011.
62
besoin appréhendé. Lors de nos entretiens nous pouvons voir que nous n’avons
appréhendé que les besoins des individus et non pas les besoins de l’entreprise
ou les besoins collectifs. En effet, lors de nos recherches théoriques, nous avons
pu voir qu’il existait différents types de besoins de formation. Si nous reprenons,
chez Alain Meignant (2009)235, les catégories de facteurs qui entraînent les
besoins de formation, nous pouvons constater que nous sommes dans la
troisième catégorie qui correspond à l’expression des attentes des individus. Si
nous reprenons, chez Thierry Ardouin (2006)236, les deux principaux types de
besoins, nous pouvons voir que les besoins que nous avons appréhendés
correspondent aux besoins du salarié et non de l’entreprise. D’après le même
auteur, nous pouvons également ajouter que nous nous trouvons au niveau micro
qui correspond aux besoins individuels et aux besoins personnels. Le deuxième
inconvénient de cette démarche correspond à la difficulté de mettre en place ce
type d’entretien et à la difficulté d’analyse des données obtenues lors de ces
entretiens. En effet, en nous appuyant sur les propos d’Alain Meignant (2009) 237,
nous pouvons dire que cette méthode, qui consiste à réaliser des entretiens semi-
directifs (organisés autour d’un guide d’entretien construit à l’avance), vise à
faciliter l’expression des individus en se plaçant dans une attitude d’écoute, en
laissant parler l’interviewé et en l’aidant grâce à des reformulations. Nous sommes
donc partis d’une consigne générale et nous avons progressivement poussé
l’interviewé à s’exprimer sur les thèmes à aborder durant l’entretien. Une fois les
entretiens réalisés, il appartient à l’analyste de déduire, par recoupements, des
dominantes de problèmes dont certains pourraient être résolus par la formation.
Le problème est que cette méthode conduit spontanément les personnes à
s’exprimer davantage sur ce qui est pour eux insatisfaisant que sur ce qui leur
paraît satisfaisant, « si le décideur s’attend à une liste de stages toute prête à être
inscrite au catalogue, il risque un choc »238. Cette méthode est donc
« relativement lourde et coûteuse puisqu’elle requiert un important travail de
conduite et d’analyse d’entretiens. Un entretien durant habituellement une heure
235 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p117-118.
236 e
Thierry A., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p75.
237 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p144.
238
Ibid., p146.
63
et demi, un enquêteur bien entraîné pourra conduire quatre à cinq entretiens par
jour, le temps d’analyse étant du même ordre »239.
239 e
Meignant A., Manager la formation, Liaisons, 2009, 8 éd, p146.
64
3) Résultats de la recherche :
Nous allons maintenant présenter les résultats de notre recherche. Tous les
propos qui se trouvent entre guillemets sont tirés des grilles d’entretiens qui ont
été regroupées dans le Livret annexe240. Ce livret comprend : la grille d’analyse
vierge, les guides de lecture de référentiels, les référentiels utilisés, la
retranscription des entretiens et les grilles d’analyse de chaque entretien.
Nous avons effectué douze entretiens. Nous pouvons définir ces entretiens
à l’aide de caractéristiques qui sont : l’emploi de l’interviewé, l’utilisation ou non de
référentiels et le sexe de l’interviewé.
Entretien 1 : Maçon VRD/Sans référentiels/Homme ;
Entretien 2 : Maçon VRD/Sans référentiels/Homme ;
Entretien 3 : Maçon VRD/Avec référentiels/Homme ;
Entretien 4 : Opérateur sérigraphie/Sans référentiels/Femme ;
Entretien 5 : Opérateur sérigraphie/ Sans référentiels/Homme ;
Entretien 6 : Opérateur sérigraphie/Avec référentiels/Femme ;
Entretien 7 : Maçon VRD/Avec référentiels/Homme ;
Entretien 8 : Opérateur sérigraphie/Avec référentiels/Femme ;
Entretien 9 : Maçon VRD/Sans référentiel/Homme ;
Entretien 10 : Opérateur sérigraphie/Avec référentiels/Femme ;
Entretien 11 : Maçon VRD/Avec référentiels/Homme ;
Entretien12 : Opérateur sérigraphie/Sans référentiel/Femme.
240
Cf. : Livret annexe (annexe VIII).
65
Pour présenter nos résultats, nous pouvons regrouper ces entretiens sous
quatre catégories :
Emploi
Maçon VRD Opérateur sérigraphie
Référentiel
Entretien n°1 Entretien n°4
Entretien n°2 Entretien n°5
Sans
référentiel Entretien n°9 Entretien n°12
Catégorie 1 Catégorie 2
66
Nous pouvons donc constater, à l’aide des grilles d’analyse 241, que les
interviewés ont tous le statut professionnel d’intérimaire. Ce sont donc des
individus qui sont amenés à réaliser des missions différentes et qui ont donc
souvent été amenés à exercer d’autres emplois par le biais de ces missions ou
avant de chercher du travail en tant qu’intérimaire (« chef d’équipe euh… dans
l’industrie », « comme manœuvre », « j’ai fait un mois aussi en usine », maçon
dans le bâtiment).
241
Cf. : Livret annexe (annexe VIII).
67
C.A.P. maçon », « en alternance avec une entreprise, donc dans un C.F.A.
quoi ».). Dans le cadre de la formation continue, cette personne a réalisé une
formation de conducteurs d’engins, une formation de trieur sur verre, une
formation de sauveteur secouriste du travail et a passé plusieurs C.A.C.E.S (« Là
j’ai fait une formation il y a six mois, formation de conducteur d’engins », « j’ai
obtenu bein les quatre C.A.C.E.S », « une formation dans l’tri », « oui j’ai passé
aussi le truc de S.S.T. »). Cette personne a donc réalisé plusieurs formations
cependant son avis sur la formation professionnelle continue est mitigé.
L’interviewé 2 a également exercé des emplois de « maçon » et « j’ai fait un mois
aussi en usine ». Cet individu est devenu intérimaire à la suite d’un licenciement
économique. Tout comme l’interviewé 1, l’interviewé 2 n’a jamais eu d’entretiens
professionnels et n’a jamais entendu parler du FFA.TT (« Non »). L’interviewé 9,
a réalisé en formation initiale un C.A.P E.2.I. (« j’ai fait un C.A.P. E.2.I. c’est
exploitation, implantation industrielle, j’ai fait une formation par alternance). Tout
comme l’individu précédent, la formation initiale de l’interviewé 9 ne correspond
pas à son emploi de maçon V.R.D. Cependant, dans le cadre de sa formation
continue, l’interviewé 9 a réalisé « une formation V.R.D. », il a donc réalisé une
formation dans le domaine de la voirie et des réseaux divers, mais après avoir
commencé en tant que maçon V.R.D. Il a également passé un C.A.P. de maçon
dans le bâtiment et différents C.A.C.E.S. (« Ouais deux C.A.P. différents », « j’ai
passé mon C.A.P. maçon », « C’était maçon bâtiment », « Bein là j’ai fait mes
C.A.C.E.S. »). Même s’il a réalisé plusieurs formations, son avis sur la formation
est plutôt négatif : « Bein déjà les formations t’es… pff… t’es enfermé, tu fais d’la
théorie, t’es toujours enfermé dans une salle », « Oui t’apprends mieux en
pratique directe que à faire de la théorie euh… ». L’interviewé 9 comme les autres
a exercé un autre emploi : maçon bâtiment, avant de devenir maçon V.R.D., en
tant qu’intérimaire il est amené à réaliser des missions différentes, au moment de
l’entretien il travaille dans une industrie qui fabrique de l’engrais agricole. Il n’a pas
eu d’entretiens professionnels (« Non »). Nous pouvons donc constater que ces
trois individus, maçons V.R.D., ayant le statut d’intérimaire, ont des formations et
des expériences différentes. Cependant, ils n’ont pas eu d’entretiens
professionnels et n’ont pas connaissance du FAF.TT. Certains ont eu des
formations liées au domaine de la maçonnerie voirie et réseaux divers et d’autres
non.
68
Dans la partie Le pôle de la représentation de la situation actuelle, nous
avons cherché à appréhender les besoins de formation des individus
correspondant au manque et au dysfonctionnement, que nous avons défini dans
la partie conceptuelle de la recherche. Pour cela nous avons d’abord laissé les
interviewés s’exprimer sur les activités et compétences liées à leur emploi de
maçon V.R.D. afin d’atteindre plus facilement par la suite les besoins de formation
des individus. Concernant les activités et les compétences décrites par les
interviewés, nous pouvons remarquer qu’il leur est difficile de décrire leur emploi.
En effet, dans leur propos nous retrouvons essentiellement les activités
concernant « poses de bordures euh, poses de regards euh, parpaings euh… »,
« c’est terrasser euh, implanter », « tirer les enrobés », « étaler le bêton pour
poser les bordures », « poser du drainage ». Pour les compétences, les
descriptions sont plus minces mais nous retrouvons la notion de calcul : « des
pourcentages de pentes à respecter », « Oui des calculs », « savoir faire ces
angles », « les mettre bien d’niveau ». Les descriptions en termes d’activités et de
compétences sont donc semblables et courtes cependant l’interviewé 1 a fait une
remarque intéressante pour notre recherche : « C’est pareil on aurait peut-être
une feuille avec les compétences en plus on verrait peut-être mieux ce qu’on
pourrait faire », cette personne a exprimé l’idée qu’il serait plus simple de décrire
son emploi et ses compétences s’il pouvait s’appuyer sur un document listant les
compétences attendues dans l’emploi de maçon V.R.D.
242
Roegiers X., Wouters p. et Gérard F.-M., « Formation et Technologies », Revue européenne des
professionnels de la formation, Vol. 1, n° 2-3, Bief, 1992, p3.
243 e
Ardouin T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod, 2006, 2 éd, p75-76.
69
Pour résumer ces résultats nous pouvons utiliser un tableau :
Entretiens
Entretien 1 Entretien 2 Entretien 9
Besoins
Manques
Dysfonctionnements
Attentes
professionnelles
Attentes
personnelles
Demandes
Grâce à ce tableau, nous pouvons constater que les interviewés n’ont pas
formulé d’attentes personnelles, par attentes personnelles nous entendons des
attentes concernant des projets n’ayant pas de liens directs avec leur vie
professionnelle. Cependant ils ont tous formulé des demandes de formation. En
ce qui concerne les besoins intitulés Manques nous pouvons constater que
l’interviewé 1 a exprimé un manque. Ce besoin de formation est dû à un écart
entre une situation actuelle et une situation souhaitée, l’interviewé ressent des
problèmes, de l’insatisfaction concernant la sécurité dans son travail : « y’a
toujours des trucs un petit peu difficiles, respecter la sécurité euh… on respecte
pas beaucoup la sécurité euh… ». Cette situation est liée à un problème
d’organisation du travail : « C’est toujours le temps, le manque de temps
ouais », « c’est plutôt les chefs euh… comme eux ils ont à peu près le temps à
respecter alors après c’est une perte de temps euh… ». En ce qui concerne, les
besoins intitulés Dysfonctionnements nous pouvons observer que seul l’interviewé
9 a exprimé un dysfonctionnement. Ce besoin de formation correspond à un écart
entre les compétences acquises par l’individu et les compétences requises par
l’emploi, exprimé en termes d’objectifs. Cet écart concerne ici le calcul, les
mesures et les appareils de mesure : « c’est plus sur calculer quoi. Savoir euh…
70
savoir gérer les… les découpes tout ça quoi, enfin les angles tout ça », « c’est un
peu difficile de retrouver la hauteur finie », « comment on appelle ça euh…
l’appareil de mesure qu’on a […] mais j’arriverais pas à l’refaire ». Concernant les
besoins intitulés Attentes (professionnelles), nous pouvons remarquer que les
interviewés 1 et 2 ont exprimé ce besoin. Ce besoin correspond à un souhait, un
projet de l’individu au niveau professionnel mais qui ne correspond pas forcément
aux besoins de leur entreprise, il n’est pas exprimé de façon claire en termes
d’actions. Pour l’interviewé 1 cette attente est tournée vers le développement de
compétences afin de répondre à un projet d’évolution et/ou de reconversion. En
effet, cette personne souhaite (projet à court terme) pouvoir évoluer dans le cadre
de son emploi en tant que chef d’équipe mais pense également (projet à long
terme) à une reconversion professionnelle en tant que chauffeur poids lourd afin
de préparer l’avenir : « Oui évoluer », « Pour aboutir comme chef d’équipe »,
« Plutôt pour changer de métier plus tard euh… comme je l’disais parce que dans
la maçonnerie ça parait pas mais c’est un p’tit peu dur euh… arrivé à un certain
âge qu’on peut plus continuer les bordures euh… », « Bein peut-être conduire des
camions ou bien euh… », « Euh pour évoluer euh un p’tit peu plus dans le travail
peut-être euh », « il y a toujours des plus à apprendre euh… pour toujours plus
évoluer pis apprendre ce qu’il y a en plus ». Pour l’interviewé 2 cette attente est
tournée vers la possibilité de s’orienter plus vers un emploi de conducteur
(d’engins ou poids lourds) : « J’aimerais bien poursuivre dans le… dans la
conduite quoi », « Ouais j’aimerais bien être conducteur d’engins », « ça serait
routier », « ça resterait… ouais dans l’transport ça me déplairait pas quoi ». En ce
qui concerne les besoins intitulés Demandes nous pouvons voir que les trois
interviewés ont formulé des demandes. Ces demandes ont souvent un lien avec
les attentes formulées. Ces demandes sont des attentes exprimées par les
individus de manière explicite, en termes d’actions. Pour l’interviewé 1, il s’agit de
« passer le permis poids lourd », « pour dire avoir un petit encore en plus… ».
L’interviewé 2 souhaite « passer mon permis poids lourd » par l’intermédiaire par
exemple d’un « C.A.P. de routier » ainsi que passer le « C.A.C.E.S. huit », « pour
l’embauche déjà sûr et certain déjà », « m’donner des chances de faire chauffeur
poids lourd ». Pour l’interviewé 9, il s’agit de « repasser des C.A.C.E.S., j’aimerais
bein faire celui du Clark », « j’me sers pas du Clark j’ai pas l’droit », « le Clark il
sert à tout ».
71
Catégorie 2 : Entretiens réalisés auprès d’opérateurs sérigraphie, sans
référentiel.
Cette catégorie correspond donc aux entretiens (n°4, 5 et 12) réalisés avec
deux femmes et un homme, opérateurs sérigraphie. Lors de ces entretiens aucun
référentiel n’a été transmis et nous avons demandé aux interviewés de nous
décrire leur emploi : « J’aimerais que vous me parliez de votre emploi d’opérateur
sérigraphie », afin d’analyser d’après leur discours l’expression de leurs besoins
de formation.
Nous pouvons donc constater toujours à l’aide des grilles d’analyse 244, que
les interviewés ont également tous le statut professionnel d’intérimaire. Comme
nous l’avons remarqué précédemment, ce sont donc des individus qui réalisent
des missions et emplois différents.
244
Cf. : Livret annexe (annexe VIII).
72
concernant son emploi d’opérateur sérigraphie, « Bein aucune formation »,
« c’était sur le tas directement ». Cet individu a réalisé plusieurs emplois, que ce
soit en tant qu’intérimaire ou non : « j’ai fait trois mois de maçonnerie », « j’ai fait
de l’emballage », « j’ai trié un peu », « j’fais d’la manutention pis après j’ai eu
d’autres métiers », « j’avais été régleur ». On peut donc voir qu’il a exercé
plusieurs emplois cependant on peut remarquer qu’il a eu plusieurs emplois dans
le domaine de la sous-traitance verrière ; l’emploi de régleur consistant entre autre
à s’occuper des machines de sérigraphie. Cette personne n’a pas eu d’entretiens
professionnels dans le cadre de son emploi (« Euh non »). L’interviewé 12 a
également dans le cadre de la formation initiale réalisé « une formation dans la
vente ». Tout comme les interviewés précédents de cette catégorie, l’interviewé 12
n’a pas réalisé de formation concernant son emploi d’opérateur sérigraphie
(« J’suis arrivée là-bas et j’ai travaillé, j’ai appris comme ça », « Oui on apprend
sur le tas c’est comme ça en général »). Cette personne a également exercé
différents emplois dans la vente et dans le domaine verrier (« J’ai travaillé dans la
vente dans un commerce », « J’suis rentrée comme emballeuse », « Et aussi au
tri des fois », « Je fais du décor aussi »). L’interviewé 12 n’a pas eu d’entretiens
professionnels dans le cadre de son emploi. Nous pouvons donc constater que
ces trois personnes, opérateurs sérigraphie, ayant le statut d’intérimaire, ont des
formations différentes de leur emploi ainsi que des expériences diverses. Aucun
d’entre eux n’a déclaré avoir eu un entretien professionnel.
73
ça va pas… ça va pas être exactement pareil au même endroit », « on nous
demande pas toujours pareil »).
Nous avons ensuite, à l’aide des parties : Le pôle de la représentation de la
situation actuelle, Le pôle de la représentation de la situation attendue et Le pôle
de la représentation des perspectives d’actions, essayé d’appréhender les besoins
de formation des interviewés. Comme pour la catégorie précédente, nous pouvons
résumer ces résultats par un tableau :
Entretien
Entretien 4 Entretien 5 Entretien 12
Besoins
Manques
Dysfonctionnements
Attentes
professionnelles
Attentes
personnelles
Demandes
Grâce à ce tableau, nous pouvons constater que les interviewés n’ont pas
formulé, ici aussi d’attentes personnelles. Nous rappelons que par attentes
personnelles nous entendons des attentes concernant des projets n’ayant pas de
liens directs avec leur vie professionnelle. Cependant ils ont tous formulé des
manques, des dysfonctionnements et des attentes professionnelles. En ce qui
concerne les besoins intitulés Manques nous pouvons observer que les trois
interviewés en ont exprimés. Ce besoin, rappelons-le est dû à un écart entre une
situation actuelle et une situation souhaitée, il peut correspondre à l’évolution du
poste, du système de travail ou même à la politique de l’entreprise. Pour
l’interviewé 4, il s’agit d’un sentiment de difficulté concernant la possibilité de
réaliser ce qu’on lui demande en terme de chiffre (production journalière) mais qui
ne dépend pas que de lui : « ça arrivait au four bein… pis moi j’arrivais une heure
74
et demie après donc… donc on a l’temps d’en faire (rires) avant de s’en
apercevoir », « parce que si y’a un problème sur la machine euh… bien sûr on
perd du temps qui viennent euh changer la pièce ou euh régler euh… j’veux dire
euh on perd du temps donc euh bien sûr on fait pas », « ça dépend des… des
flacons qu’on faisait, des références ; y’en avait euh c’était impossible de faire,
y’en avait pis on l’savait ». On peut donc constater que l’interviewé ressent des
difficultés qui sont plutôt liées à l’organisation du travail (chiffre de production,
répartition des tâches, contrôle). L’interviewé 5 ressent les mêmes difficultés que
l’interviewé précédent, il s’agit de difficultés concernant les mêmes points de
l’organisation du travail (chiffre de production, répartition des tâches) : « ils avaient
un quota quand même assez élevé, c’est-à-dire que c’était le… pratiquement le
même quota pour tous les flacons, sachant que selon le flacon on va pas
l’manipuler pareil ou alors euh », « c’est pareil quand on a des soucis sur la
machine et bein la machine elle est arrêtée mais bon euh… ça nous soustrait
pas… ça se soustrait pas au quota à la rigueur, faut toujours même le faire…
même faire le même quota à peu près quoi », « parce que bein on s’dépêche mais
bon en s’dépêchant des fois on place mal le flacon donc ça fait que ça perce
l’écran bon bein si on perce deux, trois écrans dans une journée euh… ». Cela
entraine : « des moments ça crée quelques tensions aussi entre régleurs et les
décorateurs pis c’est pas forcément bon non plus… pour nous dans notre travail ».
Nous pouvons constater que pour l’interviewé 12 c’est le même sentiment :
« Quand on a un problème avec la machine, c’est sûr qu’on ne fera pas le
chiffre », « Le chiffre des fois, on sait que ça sera pas possible ». Nous pouvons
donc observer que les trois interviewés ressentent un manque et que les causes
sont similaires chez ces trois personnes. En ce qui concerne les besoins intitulés
Dysfonctionnements nous pouvons observer que les trois interviewés se sont
exprimés sur ces besoins qui correspondent à un écart entre les compétences
acquises par l’individu et les compétences requises par l’emploi. Pour l’interviewé
4 cet écart se situe au niveau des dosages des produits et de la connaissance des
défauts : « c’était beaucoup le dosage moi que j’aimais pas trop faire », « nous on
a l’impression que ça va et pis la contrôleuse elle arrive et elle dit : si ça part, un
p’tit peu ; enfin nous, pour nous ça va », « nous on sait pas d’trop ». De plus
l’interviewé ajoute : « faudrait avoir un minimum de toutes les formations (rires), un
minimum de décoratrice, un minimum de régleur et pis de contrôle qualité, ouais.
75
Au moins on serait au top euh j’crois (rires) ». Pour l’interviewé 5, l’écart se situe
également au niveau des dosages de produits (encre, diluants, etc.) : « parfois on
est surpris », « en sortie du tunnel bein être mat ou pas correspondre euh… à la
couleur qu’ils attendent », « logiquement euh ça doit pas arriver si ça arrive c’est
que l’encre parce qu’elle a été mal préparée ». Pour l’interviewé 12 nous pouvons
observer que l’écart se situe au même niveau : « « Des fois, j’ai des problèmes
avec l’encre », « Faut faire les dosages », « Si l’encre elle est pas bonne le décor
est pas bon et ça revient ». Nous pouvons donc observer que les trois interviewés
ont exprimé des dysfonctionnements et que ces derniers ont la même origine.
Concernant les besoins intitulés Attentes (professionnelles), nous pouvons voir
que là aussi les trois interviewés se sont exprimés. Ce besoin correspond, comme
nous l’avons dit, à un souhait, un projet de l’individu au niveau professionnel mais
qui ne correspond pas forcément aux besoins de l’entreprise, il est exprimé en
termes d’actions. Pour l’interviewé 4, cette attente est tournée vers un projet
d’évolution. Ce projet consiste à passer de l’emploi d’opérateur sérigraphie à
contrôleur qualité ou régleur : « j’ferais bien une formation euh… enfin même
euh… c’est contrôleuse d’toute façon parce que pour voir… c’qui passe et c’qui
passe pas », « Bah là faire euh… qualité euh… contrôle qualité », « sur la qualité
tout ça, contrôleuse voire régleuse enfin si… pour régler certaines machines
euh… ». Pour l’interviewé 5, il s’agit d’atteindre le même objectif que l’interviewé
précédent. Effectivement, cet individu a un projet qui est tourné vers l’évolution, il
souhaite également passer de l’emploi d’opérateur sérigraphie à contrôleur qualité
ou régleur : « mes projets ça serait d’évoluer euh… monter des échelons tout »,
« contrôleur », « l’idéal ça serait que j’arrive à redevenir régleur mais bon
j’aurais… bon pour c’qui est X. ça va j’me souviens comment on fait tout ça mais
j’aurais beaucoup d’choses à revoir quand même ». Pour l’interviewé 12, il s’agit
du même projet, évoluer en tant que contrôleur : « Evoluer », « Faire comme la
contrôleuse », « oui c’est au-dessus de décoratrice », « Oui ça me plairait de faire
des missions comme contrôleuse ». Les trois interviewés ont donc le même projet.
76
emploi stable, un contrat », « enrichir », « pour valider mes connaissances ». Ces
demandes ont un lien avec les attentes formulées précédemment.
Cette catégorie correspond aux entretiens (n°3, 7 et 11) réalisés avec trois
hommes, maçons V.R.D. Lors de ces entretiens, un référentiel emploi et un
référentiel de compétences concernant l’emploi de maçon V.R.D. ont été transmis
aux interviewés. Nous avons demandé aux interviewés, comme pour les
précédents, de nous décrire leur emploi : « J’aimerais que vous me parliez de
votre emploi de maçon V.R.D. », afin d’analyser d’après leur discours l’expression
de leur besoins de formation.
Nous pouvons constater, de nouveau à l’aide des grilles d’analyse 245, que
les interviewés ont tous le statut professionnel d’intérimaire. Comme les
interviewés précédents, ce sont des individus qui sont amenés à réaliser
différentes missions et qui ont souvent exercé différents emplois (« boulanger
pâtissier », « cariste », etc.).
245
Cf. : Livret annexe (annexe VIII).
77
(« j’ai pris peinture aussitôt alors euh… »). Lors de sa formation continue cet
interviewé a réalisé un stage afin d’obtenir ses C.A.C.E.S., cependant concernant
l’emploi de maçon V.R.D. « Non, non. On apprend tout sur l’tas », « Tout sur le tas
oui ». Cette personne n’a donc pas réalisé de formation concernant l’emploi de
maçon V.R.D. L’interviewé a exercé l’emploi de peintre en bâtiment et n’a jamais
eu d’entretiens professionnels mais a déjà pu discuter de formation : « On a
discuté avec le chef de tout ça ». L’interviewé 11 lors de sa formation initiale a
réalisé « un BAC pro de maintenance industrielle ». Lors de sa formation
professionnelle continue, cet individu a « fait une formation V.R.D. », cette
formation était « un titre professionnel euh… constructeur professionnel en voirie
et réseaux ». Cependant il a l’impression que « là-bas j’apprends un peu sur l’tas
quoi mais bon c’est pas trop difficile ». L’interviewé 11 a obtenu des C.A.C.E.S.
lors de sa formation. Il a également réalisé une formation « initiation de défauts
verre c’était interne euh… c’est contrôleur en fait euh sur les tapis ». Nous
pouvons donc voir que contrairement aux deux interviewés précédents cet individu
a réalisé une formation concernant l’emploi de maçon V.R.D. De plus, cet
interviewé a réalisé plusieurs emplois : « avant j’travaillais euh en verrerie »,
« Bein j’ai fait euh… dans la distri j’ai fait euh… d’la maintenance, d’la soudure »,
« J’ai fait cariste aussi, j’fais un peu tout (rires) », « cariste, en production », « j’ai
fait conducteur de machine, formation interne et aussi changeur de moule ». Cette
personne a donc eu de nombreuses expériences différentes. L’interviewé 11 n’a
pas eu d’entretiens professionnels. Nous pouvons donc remarquer ici que les
individus interrogés, maçons V.R.D., ayant le statut d’intérimaire, ont eu des
expériences différentes mais que deux d’entre eux n’ont pas eu de formation liée
au domaine de la maçonnerie voirie et réseaux divers.
78
retrouvons des descriptions plus précisent comme : « poser des bordures, des
caniveaux, pavés autobloquants et dalles en bêton ; construire des ouvrages de
petite maçonnerie », « pose de canalisations », « terrassement de bassins »,
« pose d’éléments euh des gros éléments de plusieurs tonnes », « pose de
bordures », « enrobé à froid, enrobé à chaud » « branchements d’eau potable,
« renouvellement des tuyaux, des conduites d’eau », « assainissement,
terrassement, implantation », etc. Parmi les compétences nous retrouvons par
exemple : « Être capable de lire un plan », « les termes techniques », « les
techniques d’application des enrobés », « la température des enrobés », etc.
Entretien
Entretien 3 Entretien 7 Entretien 11
Besoins
Manques
Dysfonctionnements
Attentes
professionnelles
Attentes
personnelles
Demandes
79
effet, l’interviewé 7 ressent des problèmes, de l’insatisfaction concernant la
réalisation de son travail : « Bein ça peut arriver en faisant l’assainissement que
bon on tombe sur des problèmes, des conduites d’eau qui sont déjà installées
ou… pis que c’est pas signalé sur les plans (rires) », « alors en terrassant on peut
arracher un mètre ou deux mètres de tuyaux sans faire exprès quoi ». Ces
problèmes sont liés à un manque d’informations sur les plans fournis aux
employés. L’interviewé 11 a également exprimé un manque. Cet individu ressent
la même insatisfaction que l’interviewé précédent concernant la réalisation et la
sécurité dans son travail : « parce que si y’a des tuyaux, des câbles de gaz ou…
de l’électricité ou les P.T.T. qui passent au même endroit… », « ils sont peut-être
pas tous à jours les plans », « il a coupé le câble électrique et il a été projeté du
trou ». Ces problèmes sont également liés à un manque d’informations.
Concernant les besoins intitulés Dysfonctionnements, nous pouvons observer que
les interviewés 3 et 11 ont exprimé un dysfonctionnement. Comme nous l’avons
dit ce besoin correspond à un écart de compétences, pour l’interviewé 3 cet écart
concerne l’utilisation des appareils de mesure topographique et l’utilisation d’engin
de terrassement mécanisé : « Se servir des outils mécaniques euh faudrait une
formation quand même quoi parce que bon c’est pas évident », « il manque un
peu d’formation là-dessus quoi », « On va dire couci-couça parce que j’le fais
mais bon j’le fais tous les jours … Mais c’est limite quoi (appareils de mesure) ».
Pour l’interviewé 11, cet écart concerne les techniques de traçage et aussi
l’utilisation des appareils de mesure topographique : « Bein technique de traçage
ouais », « Voilà c’est ça ouais (appareils de mesure topographique) ». Concernant
le besoin intitulé Attentes (professionnelles), nous pouvons observer que les trois
interviewés se sont exprimés sur ce point. Pour l’interviewé 3, cette attente est
tournée vers l’obtention de C.A.C.E.S. ainsi que le développement de
compétences concernant les appareils de mesure topographique. Pour cette
personne, ces objectifs lui apporteraient plusieurs avantages comme : « j’aurais
les C.A.C.E.S. à mon avis j’y serais régulièrement », « Bein j’trouverais du boulot
quoi (rires) », « une stabilité dans le travail déjà », « on cherche des mecs avec
des C.A.C.E.S. quoi ». Pour l’interviewé 7, cette attente est tournée vers le
développement de compétence dans le domaine de la conduite d’engin ainsi que
dans la maçonnerie. Le développement de ces compétences lui permettrait
de : « Bein d’élargir encore les possibilités », « pour avoir … un peu d’avenir ».
80
Pour l’interviewé 11, cette attente concerne un projet de reconversion en tant que
chauffeur poids lourd ou un projet d’évolution en tant que chef d’équipe (« enfin
permis poids lourd c’est encore autre chose », « pour faire chef d’équipe par
exemple »). De plus, cette personne ajoute que « Mon objectif bein c’est d’faire
des formations pour trouver quelque chose de stable, rester plus longtemps
déjà ». On peut donc constater que pour cet individu, l’objectif premier est de
trouver un emploi qui lui permettrait de sortir de sa situation d’intérimaire.
Cette catégorie correspond donc aux entretiens (n°6, 8 et 10), réalisés avec
trois femmes, opérateurs sérigraphie. Lors de ces entretiens un référentiel emploi
et un référentiel de compétences concernant l’emploi d’opérateur sérigraphie ont
été transmis aux interviewés. Nous avons demandé aux interviewés de nous
décrire leur emploi : « J’aimerais que vous me parliez de votre emploi d’opérateur
sérigraphie », afin d’analyser d’après leur discours l’expression de leurs besoins
de formation.
Nous pouvons donc constater, tout comme pour les catégories précédentes
que les interviewés ont le statut professionnel d’intérimaire. Comme nous l’avons
81
remarqué précédemment, ce sont donc des individus qui réalisent des missions et
des emplois différents.
82
(magasin outillage) », « De l’emballage », « dépolissage ». Cette personne a donc
exercé différents emplois dont plusieurs de la sous-traitance verrière et n’a pas eu
d’entretiens professionnels (« Non, rien du tout. C’est vrai qu’on sait rien du
tout »). Nous pouvons donc constater que ces trois personnes, opérateurs
sérigraphie, ayant le statut d’intérimaire, ont des formations différentes ainsi que
des expériences diverses.
83
Répartition des besoins de formation en fonction des entretiens n°6, 8 et 10.
Entretien
Entretien 6 Entretien 8 Entretien 10
Besoins
Manques
Dysfonctionnements
Attentes
professionnelles
Attentes
personnelles
Demandes
84
exprimé. Pour cet interviewé, l’écart de compétences (acquises/requises)
concerne le calage d’un écran, la réalisation d’un mélange en respectant un
dosage précis : « Oui, oui, oui, pour savoir déjà changer un écran, comment faire
pour l’positionner tout ça euh… c’est vrai que… », « Si vous avez trop dilué ça va
pas, il faut… faut tout gérer oui », « Ouais, ouais, dosage, écrans voilà c’est ça ».
Concernant les besoins intitulés Attentes (professionnels), nous pouvons observer
que les trois interviewés se sont exprimés sur ce point. Pour l’interviewé 6, cette
attente est tournée vers un projet d’évolution : « oui ça m’intéresserait d’évoluer
aussi quoi », « bein j’espère évoluer un p’tit peu oui, j’sais pas pourquoi pas faire
du contrôle euh, aller aux écrans aussi », « plus ou moins les défauts aussi »,
« après au niveau des fiches tout ça euh parce que certains clients a ses fiches
euh ». Cet individu souhaite donc dans le cadre d’un projet d’évolution développer
des compétences afin de pouvoir devenir par exemple contrôleur qualité. Pour
l’interviewé 8, cette attente est tournée vers l’anticipation d’évolutions et vers un
projet d’évolution. En effet, l’interviewé 8 voit de plus en plus de machines
informatisées et pourrait être amené à travailler avec elles, il souhaite
donc : « apprendre euh… l’informatique tout ça euh enfin m’servir des machines ».
Son projet d’évolution serait comme pour les autres interviewés tourné vers
l’emploi de contrôleur qualité ou la confection d’écran : « Hum, j’aimerais même
aller plus loin que décor », « j’ai envie d’voir bein euh… c’que c’est que le
contrôle », « Contrôleuse qualité faudrait que j’fasse du tri parce que… quand on
fait du tri euh… on connait plus les défauts verre ». Pour l’interviewé 10, cette
attente est tournée vers le développement de compétences concernant différentes
activités et emploi dans le domaine verrier : « là-bas ils font d’la chromo, tampo,
c’est pareil j’ai aucune connaissance là-dedans non plus, rien du tout », « Peut-
être l’emballage après, je sais pas », ce qui lui permettrait « Bein oui on ne sait
jamais c’est vrai que… », « moi j’pourrais pas l’faire jusqu’à la retraite parce que
j’ai eu ma clavicule cassée ». Les interviewés ne se sont pas exprimés sur les
besoins intitulés Attentes (personnelles) et Demandes.
85
b) Comparaison des résultats entre catégories :
Pour parler des résultats obtenus pour les besoins de formation, nous
pouvons reprendre les résultats obtenus à l’aide des tableaux de la catégorie 1246
et de la catégorie 3247. Grâce à ces tableaux nous pouvons constater que les deux
catégories ont exprimé des besoins, cependant dans ces mêmes catégories
aucune attente (personnelle) n’a été exprimée. Pour la catégorie 1 : un interviewé
246
Tableau : Répartition des besoins de formation en fonction des entretiens n°1, 2 et 9, p70.
247
Tableau : Répartition des besoins de formation en fonction des entretiens n°3, 7 et 11, p79.
86
a exprimé un manque, un interviewé a exprimé un dysfonctionnement, deux
interviewés ont exprimé des attentes (professionnelles), personne n’a formulé
d’attentes (personnelles) et les trois interviewés ont formulé une demande. Pour la
catégorie 3 : deux interviewés ont exprimé un manque, deux interviewés ont
exprimé un dysfonctionnement, trois interviewés ont formulé des attentes
(professionnelles) et deux interviewés ont formulé une demande. Nous pouvons
donc détecter une différence entre ces deux catégories. En effet, dans la catégorie
3 les interviewés se sont exprimés a de plus grandes reprises sur leurs besoins
que les interviewés de la catégorie 1 mais il faut noter que ces besoins sont
souvent les mêmes que ce soit pour la catégorie 1 ou la catégorie 3.
248
Tableau : Répartition des besoins de formation en fonction des entretiens n°4, 5 et 12, p74.
87
et de la catégorie 4249. Grâce à ces tableaux nous pouvons constater que les deux
catégories ont exprimé des besoins, cependant dans ces mêmes catégories
aucune attente (personnelle) n’a été exprimée. Pour la catégorie 2 : trois
interviewés ont exprimé un manque, trois interviewés ont exprimé un
dysfonctionnement, trois interviewés ont exprimé des attentes (professionnelles),
personne n’a formulé d’attentes (personnelles) et deux interviewés ont formulé
une demande. Pour la catégorie 4 : deux interviewés ont exprimé un manque, un
interviewé a exprimé un dysfonctionnement, les trois interviewés ont formulés des
attentes (professionnelles), personne n’a formulé d’attentes (personnelles) et
aucun interviewé n’a formulé de demandes. Nous pouvons donc détecter une
différence entre ces deux catégories. En effet, dans la catégorie 2, les interviewés
se sont exprimés a de plus grandes reprises sur leurs besoins de formation que
les interviewés de la catégorie 4. Nous sommes donc dans le cas inverse par
rapport à la première comparaison, mais il faut ici aussi noter que ces besoins
sont souvent les mêmes quelque soit l’individu.
249
Tableau : Répartition des besoins de formation en fonction des entretiens n°6, 8 et 10, p84.
88
IV) Synthèse de la recherche :
Nous avons réalisé cette recherche dans le but de comprendre si les outils
d’identifications des compétences, les référentiels, pouvaient jouer un rôle dans la
phase importante d’analyse des besoins de formation. De plus, durant le stage au
sein d’un cabinet conseil en ressources humaines, nous avons pu constater que
de nombreuses entreprises n’avaient pas réalisés de travaux ni d’outils
concernant la gestion des compétences. De nouvelles questions sont donc
venues s’imposer à nous : comment les entreprises réussissent-elles à gérer leur
capitale compétence ? Comment peuvent-elles aider leurs salariés à accéder à la
formation et à maintenir leur employabilité ? Comment aider les entreprises à
comprendre et à s’engager dans une telle démarche ? Avec cet objectif et ces
questionnements en tête, nous avons donc effectué des recherches
documentaires afin de développer notre réflexion théorique. Ces recherches nous
ont permis de réaliser les premières parties de ce mémoire. A l’issue de ces
recherches théoriques nous avons formulé notre problématique : La mise en place
et la maîtrise d’outils d’identification des compétences favorisent-elles l’expression
des besoins de formation ? Nous avons ensuite posé nos deux hypothèses :
89
une appréhension des besoins de formation optimale, ne peut être que
partiellement validée.
Tout d’abord, nous avions pu constater que le référentiel, outil d’analyse et
de gestion des emplois, outil de dialogue et outil d’évaluation, devait favoriser «
l’expression par chaque catégorie d’acteurs de ces attentes, des valeurs et des
normes liées à l’activité ». Par référentiel nous entendions, la définition suivante :
le référentiel est un inventaire, système de référence et outil hautement
stratégique, qui permet de donner une vision claire des emplois, de leur
environnement, des activités, des compétences (requises), et de mettre en place
des démarches de gestion des ressources humaines et des compétences. Cet
outil doit être le fruit d’un accord entre différents acteurs et pensé comme un
moyen, et non une fin, dans une démarche d’analyse et d’anticipation des
évolutions de l’organisation. Par conséquent il fait l’objet d’une actualisation
régulière. Nous avions pu observer également que le référentiel, en tant qu’outil
objectif d’identification des compétences, pouvait permettre une analyse fine et
objective des compétences requises pour un emploi. Par conséquent qu’il pouvait
donc également servir comme outil d’évaluation permettant de situer l’écart entre
les compétences acquises (ce que l’on sait) et les compétences requises (ce que
l’on doit savoir) ce qui permet d’identifier des besoins de formation. En effet
« connaissant sa place au sein de la structure, sachant se placer par rapport à ses
collègues, ayant discuté avec sa hiérarchie de son niveau de compétence et
connaissant les compétences nécessaires à l’exécution de son métier, le salarié
peut ainsi être en mesure de connaître les points sur lesquels il doit évoluer,
s’adapter, s’améliorer ». Nous avions donc formulé notre première hypothèse.
Lors de notre recherche nous avons effectué une série d’entretiens afin de
recueillir les besoins de formation de douze individus. En effet, nous avons pu
constater que pour recueillir, analyser un besoin, il est nécessaire de passer par le
discours des individus et leurs représentations, tout comme pour l’analyse des
compétences nécessaires à l’exécution d’activités d’un emploi donné.
C’est à l’aide des entretiens réalisés et des résultats de notre recherche
que nous pouvons constater que notre première affirmation n’est pas si évidente.
En effet, en reprenant nos résultats, nous pouvons constater qu’il y a deux
possibilités. Si nous nous penchons sur les résultats obtenus avec les maçons
V.R.D., nous avons pu observer que les interviewés ayant reçu les référentiels
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(emploi et compétences) concernant leur emploi se sont exprimés a de plus
grandes reprises sur leurs besoins de formation que ceux qui n’ont pas reçu de
référentiels lors de l’entretien. Ce résultat tend à valider notre première hypothèse.
Cependant, si nous nous penchons cette fois sur les résultats obtenus avec les
opérateurs sérigraphie, nous avons pu remarquer que les interviewés n’ayant pas
reçu de référentiels se sont exprimés a de plus grandes reprises sur leurs besoins
de formation que les interviewés ayant reçu les référentiels lors de l’entretien. Ce
résultat tend donc à invalider notre première hypothèse. Nous pouvons donc
constater que selon l’emploi le résultat est différent.
Après cette constatation, nous pouvons nous demander pourquoi les
résultats sont si contradictoires. Pour répondre à cette question nous pouvons
avancer deux éléments qui pourraient expliquer cette différence : la formation des
individus et leurs projets. En effet, nous pouvons constater pour l’emploi de maçon
V.R.D. la catégorie qui a exprimé le moins de besoins (1) et également celle qui a
le plus grand nombre d’individus ayant réalisé une formation dans ce domaine.
Pour l’emploi d’opérateur sérigraphie nous pouvons faire la même observation, la
catégorie qui a exprimé le moins de besoins (4) et également celle qui a le plus
grand nombre d’individus ayant réalisé une formation d’opérateur sérigraphie. Il
existerait donc un lien entre la formation des interviewés et les besoins de
formation qu’ils expriment. Ce lien semble cohérent puisque la formation a pu
permettre aux interviewés de développer des compétences qui ont fait disparaître
les besoins de formation que peuvent ressentir les autres interviewés. De plus,
nous pouvons dire que la formation, en tant que moyen d’atteindre un objectif qui
est le plus souvent le développement de compétences, s’inscrit dans un projet
plus large que le fait même de s’inscrire à une formation. En effet, la formation
peut s’inscrire dans un projet qui peut être défini par un but à atteindre. Selon les
interviewés, nous retrouvons parmi ces projets (buts) l’amélioration de la situation
professionnelle, la reconversion professionnelle et l’évolution professionnelle. Ces
interviewés souhaitent s’inscrire dans une formation dans le but d’acquérir des
compétences qui leur permettront de réaliser ces projets. Nous avons pu constater
lors de l’analyse des résultats de notre recherche que bien souvent les demandes
exprimées par les individus correspondent aux attentes professionnelles (projets)
énoncées par ces mêmes interviewés, ce qui vient confirmer ce que nous venons
de dire. Par conséquent, les interviewés qui ont des projets vont donc formuler
91
plus de besoins que les personnes n’ayant pas développé de projets. Nous
pouvons donc voir que la formation des individus et leurs projets ont joué un rôle
dans l’expression de leurs besoins et que notre hypothèse n’est donc validée que
pour une seule catégorie.
Cependant, il nous semble important de préciser que l’utilisation de ces
référentiels lors des entretiens a permis de favoriser l’expression et la
compréhension des individus en ce qui concerne la description de leur emploi. En
effet nous avons pu remarquer que quelque soit l’emploi, les individus ayant reçu
les référentiels ont réussi à décrire leur emploi plus longuement et de façon plus
précise. De plus, l’un des individus interrogé sans référentiel a ajouté que selon lui
il serait plus simple de décrire son emploi et ses compétences s’il pouvait
s’appuyer sur un document listant les compétences attendues dans son emploi.
Pour conclure, nous pouvons donc dire que notre première hypothèse ne
peut être que partiellement validée. En effet, dans un premier temps, nous ne
pouvons pas affirmer que dans tous les cas, l’utilisation d’outils d’identification des
compétences, tels que les référentiels, permet une appréhension des besoins de
formation de façon optimale. Cependant, dans un deuxième temps nous pouvons
dire d’après notre recherche que l’utilisation d’outils d’identification des
compétences, tels que les référentiels, améliore l’expression et la compréhension
des individus en ce qui concerne leur emploi (activités, compétences, etc.) et que
par conséquent si elle permet aux individus de se situer par rapports aux
exigences de son emploi elle peut selon la situation des individus (formation,
projet, etc.) favoriser l’expression de ces besoins de formations.
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De plus, nous ne pouvons pas assurer d’après nos résultats que cette
utilisation enferme les personnes dans une représentation réductrice de leur
emploi. En effet, si nous reprenons les résultats de notre recherche, nous pouvons
constater, pour les maçons V.R.D. que les besoins exprimés par les individus
interrogés lors des entretiens, que ce soit sans référentiel ou avec référentiels,
sont bien souvent les mêmes. Nous constatons le même phénomène dans les
entretiens liés à l’emploi d’opérateur sérigraphie. Nous pouvons donc constater,
que sans les référentiels, les individus n’ont pas exprimé de besoins réellement
différents de ceux qui ont eu les référentiels pendant l’entretien. Les référentiels
n’ont donc pas bloqué les individus par rapport à ceux qui n’ont pas eu les
référentiels entre les mains.
De plus, pour infirmer cette hypothèse, nous pouvons constater que l’un
des interviewés opérateur sérigraphie, dans la catégorie des entretiens avec
référentiels, s’est exprimé au sujet de l’évolution de son emploi. En effet, cet
interviewé a émis l’idée que son emploi pouvait fortement évoluer avec l’apparition
progressive de machines de plus en plus informatisées. C’est donc dans un
entretien qui a fait intervenir les référentiels qu’un des interviewés est sorti de la
description de son emploi afin de décrire des évolutions qu’il pourrait anticiper à
l’aide de la formation. Le référentiel n’a donc pas obligé l’individu à rester dans
une vision figée de la réalité. Nous pouvons également ajouter que de très
nombreux interviewés se sont exprimés sur les différences qu’il existait entre les
différentes entreprises. Ils ont donc réussi, même avec la présence de référentiels,
à sortir de la description de leur emploi en apportant des nuances sur les activités
qu’ils pouvaient exercer selon leurs missions.
93
activités et compétences mais au contraire dans une recherche active. Nous
pouvons faire la supposition que si les référentiels avaient été introduits dès le
début de l’entretien le résultat aurait peut-être été différent.
Pour conclure nous pouvons donc dire, avec ces constats, que l’hypothèse
2 ne peut pas être validée. En effet, rien ne nous permet d’affirmer à l’aide des
résultats de notre recherche que l’utilisation d’outils d’identification des
compétences peut « enfermer » les personnes dans une représentation figée,
voire même réductrice, de l’activité professionnelle ciblée.
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2) Préconisations :
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Conclusion :
C’est avec cet objectif que ce mémoire s’est organisé : comprendre le rôle
que peuvent jouer les référentiels dans l’analyse des besoins de formation. Pour
tenter de répondre à cet objectif, dans un deuxième temps, nous avons souhaité
décrire le contexte dans lequel s’est inscrite cette recherche afin de mieux
comprendre les éléments qui ont permis de la développer.
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approfondissement conceptuel à l’aide de trois points clés : référentiel,
compétence et besoins de formation.
C’est avec cette problématique et ces hypothèses en tête que nous avons
pu, dans un quatrième temps, réaliser des entretiens semi-directifs auprès de
douze personnes que nous avons ensuite analysés, ce qui nous a permis de
proposer une réponse en croisant différents discours concernant l’expression des
besoins de formation. A l’aide des résultats obtenus, nous avons pu valider
partiellement la première hypothèse et nous avons invalidé la seconde hypothèse.
En effet, nous n’avons pas pu affirmer que l’utilisation de référentiels permettait
une appréhension des besoins de formation optimale, cependant nous avons pu
constater que ces mêmes référentiels pouvaient jouer un rôle dans l’expression et
la compréhension des individus concernant leur emploi, leurs activités et leurs
compétences. De plus, nous n’avons pas pu confirmer que ces référentiels
pouvaient avoir un effet négatif sur l’expression des besoins de formation des
individus.
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