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Anosmie liée au Covid: place à la rééducation

Par Sylvie Coito le 05-11-2021

Le congrès annuel de la Société française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou


organisé sous forme mixte (présentielle et virtuelle) les 2 et 3 octobre 2021 a balayé de
nombreuses thématiques avec notamment cette année, une attention particulière portée
aux virus. Le Sars-CoV-2 avec ses conséquences sur l’odorat y a tenu une bonne place. Une
table ronde a réuni des experts pour discuter des différentes prises en charge de
l'anosmie, caractéristique de l'infection par le Sars-CoV2. Ce trouble spontanément
résolutif dans la majorité des cas nécessite une rééducation en cas de symptômes
persistants d’autant plus que le budésonide, corticoïde local, n’a pas montré d’efficacité.

Le Sars-CoV2 a dévoilé un trouble jusqu’ici assez méconnu du grand public, l'anosmie.


Régulièrement associé aux infections virales, ce signe clinique a interpellé par sa fréquence en
début de pandémie. Cette perte de l'odorat a été un signe quasi pathognomonique de l'infection
Covid-19. L'incidence de ces troubles est difficile à estimer, il serait de l'ordre de 15 à 30%. Très
présent avec le virus initial, il a cependant quasiment disparu depuis la prédominance du virus
Delta.

Dans la grande majorité des cas - estimée à 98 % -, les troubles de l'odorat disparaissent dans le
premier mois après l'infection. Ils peuvent cependant parfois persister entraînant l'inquiétude des
patients.

Le mécanisme physiopathologique commence à être mieux connu, caractérisé par une atteinte
des cellules de soutien des neurones riches en récepteurs ACE2 et un œdème des fentes
olfactives.

Le diagnostic se fait par des tests olfactométriques qui permettent de détecter à partir de
concentrations différentes d'odeurs des niveaux d'hyposmie. Ces tests sont chronophages et ne
sont pas forcément réalisés chez tous les praticiens. Une IRM cérébrale en cas d'absence de
récupération après 2 à 3 mois à la recherche d'une autre étiologie comme une tumeur ou une
polypose est justifiée.

Etre rassurant en cas d'anosmie prolongée et rééduquer

La récupération peut être longue : les médecins présents s'accordent pour être optimistes et
rassurer leurs patients. Pas de traitement miracle en vue, des lavages de nez, plus ou
moins associés à des corticoïdes locaux pour certains, sont une aide précieuse. Mais il faut
surtout réapprendre au cerveau à reconnaître les odeurs. La rééducation en pleine conscience est
préférée à la technique en aveugle, où les odeurs doivent être reconnues sans indications. A
l’inverse, la technique en pleine conscience rééduque le cerveau à...
associer une odeur à un souvenir, une image. Cette rééducation doit se faire au moins 2 fois par
jour pendant au minimum 3 mois. Elle associe en général des odeurs plaisantes de concentrations
différentes. Les patients peuvent choisir les odeurs qui leur sont agréables ou qui sont associées à
des émotions comme la peau de leurs enfants.

Pas de place pour le budésonide en cas d’anosmie

Une étude a, par ailleurs, montré l’absence d’efficacité du budésonide par rapport à une
rééducation olfactive. L’essai randomisé controlé bi-centrique (fondation Rothchild et hôpital
Lariboisière, Paris) a inclus 62 patients dans le groupe expérimental et 61 témoins avec
persistance d’une hyposmie 30 jours après le début des symptômes. Le budésonide en lavage
nasal en parallèle d’une rééducation olfactive n’a pas montré de supériorité par rapport à des
lavages de nez au sérum physiologique associés à une rééducation olfactive. Mary Daval l’auteur
de cette étude rappelle que la place des corticoïdes n’est pas claire (traitement per os ? local ?) et
s’interroge sur le bénéfice à traiter plus précocement les anosmies post covid.

Sources :
Congrès annuel de la Société française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou organisé sous
forme mixte (présentielle et virtuelle) les 2 et 3 octobre 2021. D'après une table ronde avec
Thomas Radulesco (Marseille), Emilie Béquignon (Créteil), Hakim Benkhatar (Versailles), Marc
Durand (Le Puy en Velay), Guillaume de Bonnecaze, (Toulouse), Charlotte Hauteford (Paris) et
une communication orale de Mary Laval (Paris).

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