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LICENCE DE PSYCHOLOGIE
2ème Année
Chrystel BESCHE
Psychologie Cognitive
Chrystel Besche
C.Besche – URCA 2
Psychologie Cognitive L2 UE32 EC1
Ce cours de psychologie cognitive – 2ème année de Licence est intégralement centré sur
l’étude de la mémoire humaine. Nous avons choisi, afin d’étayer la séance de
regroupement, de l’élaborer sous forme de diapositives accompagnées, lorsque cela était
nécessaires, de commentaires explicatifs. Ce cours se lit donc comme un cours normal.
Le devoir qui est proposé s’appuie sur la démarche expérimentale qui est en filigrane
dans le texte : il s’agit de lire un article et d’en faire la synthèse.
Bonne lecture.
C.Besche – URCA 3
Psychologie Cognitive L2 UE32 EC1
Plan du cours
VIII- DEVOIR
C.Besche – URCA 4
Psychologie Cognitive L2 UE32 EC1
BIBLIOGRAPHIE
Squire, L.R., & E.R. Kandel (2002). La mémoire. De l’esprit aux molécules. Bruxelles :
de Boeck.
C.Besche – URCA 5
–
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
L2 – Psychologie cognitive
La mémoire
Chrystel Besche
– URCA
1
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Quelques définitions
Selon le Trésor de la Langue Française :
« Faculté comparable à un champ mental dans
lequel les souvenirs, proches ou lointains, sont
enregistrés, conservés et restitués »
La mémoire participe à la construction de
l’identité personnelle, familiale et sociale.
Elle est une des clés à l’intersubjectivité
– URCA
2
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Quelques définitions
La mémoire est le domaine cognitif qui a
probablement le plus de correspondance avec
d’autres domaines de la psychologie ou des
disciplines connexes:
Psychologie sociale (mémoire collective)
Psychopathologie, neurologie (troubles de la mémoire)
Neurobiologie, neuroimagerie (bases neurales de la
mémoire)
Philosophie, psychanalyse (inconscient= forme de
mémoire ?)
– URCA 3
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Questions actuelles
Quels sont les processus cognitifs qui permettent la
mise en mémoire et la récupération des
informations ?
Les phénomènes de mémoire sont-ils tous
nécessairement conscients ?
Quels sont les facteurs (environnementaux,
émotionnels, pathologiques, pharmacologiques) qui
favorisent / défavorisent la mise en mémoire et la
récupération des informations ?
Quels sont les substrats cérébraux de la mémoire ?
– URCA 4
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive de
la mémoire
Quelques systèmes et quelques
modèles théoriques
– URCA 5
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
Architecture globale
Filtre
attentionnel Oubli Oubli
– URCA 6
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
La mémoire à long terme
▪ Acquisition d’habiletés
▪ Amorçage Mémoire Mémoire
▪ Conditionnement sémantique épisodique
– URCA 7
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
La mémoire à long terme
Mémoire épisodique
Mémoire de travail
Mémoire sémantique
Système de représentation
perceptive
Mémoire procédurale
– URCA 8
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
Une mémoire sensorielle: sorte d’interface
entre le monde extérieur et le cerveau
Mémoire visuelle: On distingue la mémoire
iconique, la mémoire visuelle à court terme de
la mémoire visuelle à long terme
Mémoire auditive: On distingue la mémoire
échoïque, la mémoire auditive à court terme de
la mémoire auditive à long terme
– URCA 9
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
Dans les 2 modalités, les résultats obtenus
permettent d’envisager qu’il y a deux phases lors de
l’encodage et du stockage sensoriels:
Une 1ère phase qui dure moins d’une seconde et qui
correspond à ce que les sujets expérimentent comme le
prolongement de la sensation
Une 2ème phase pouvant durer quelques secondes et qui
est ressentie comme une trace précise du stimulus. Cette
2nde phase correspond à la rétention d’un stimulus qui a
été l’objet d’un traitement automatique sous la forme de
l’extraction de traits ou caractéristiques sensoriels
– URCA 10
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
La mémoire à court terme:
Limitée en taille et en durée: Empan mnésique
(7±2 items)
En étroite relation avec les capacités
attentionnelles du sujet
Définie par la faculté de garder en mémoire
pendant un laps de temps très court (moins
d’une minute environ) une information et de
pouvoir la restituer pendant ce délai
Système passif de stockage
– URCA 11
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
La mémoire de travail:
L’information n’est pas seulement stockée comme dans
le système à court terme, elle fait aussi l’objet d’un
traitement cognitif actif
C’est un système de stockage temporaire qui permet
d’effectuer des traitements cognitifs complexes sur les
éléments du stockage
Mémoire tampon qui maintient l’information permettant
le déroulement de l’action en cours
Exemples:
Numéro de téléphone
Traduction simultanée d’un interprète
– URCA 12
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Architecture cognitive
Mémoire à long terme:
Mémoire explicite
Mémoire sémantique
Mémoire épisodique
Mémoire implicite
Mémoire procédurale
Système des représentations perceptives
– URCA 13
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Architecture cognitive
Mémoire épisodique: regroupe les événements
vécus personnellement situés dans leur contexte
spatial et temporel
Mémoire sémantique: mémoire de nos
connaissances générales sur le monde
Système de représentations perceptives
responsable des effets d’amorçage perceptif:
mémoire du percept avant même qu’il ait une
signification
– URCA 14
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– URCA 15
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Opérations de traitement
de l’information
Codage/Encodage : enregistrement de
l’information. Ce n’est pas le stimulus lui-
même qui est enregistré mais une
représentation de celui-ci et du contexte dans
lequel les informations apparaissent
L’encodage fait appel à des processus conscients
et inconscients
De la profondeur de l’encodage dépendra
l’efficacité de la récupération. Les données
encodées font l’objet d’une organisation
mnésique
– URCA 16
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Opérations de traitement
de l’information
– URCA 17
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– URCA 18
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Voici un beau passage d’un texte de Marcel Proust nous montrant comment le
narrateur, sans en avoir initialement l’intention, retrouve toute une série de
souvenirs anciens à partir du goût de la madeleine trempé dans du thé. Cette
survenue involontaire de souvenirs invite ensuite le narrateur à chercher
activement, explicitement en mémoire d’autres souvenirs associés.
– URCA 19
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– URCA 20
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– URCA 21
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– URCA 22
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I- Perspectives historiques
de l’étude de la mémoire
– URCA 23
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
FREUD
Jusqu’en 1905, l’œuvre de Freud est
essentiellement basée sur le rôle important qu’il
fait jouer à la mémoire : c’est une mémoire de
l’oubli, les événements essentiels qu’elle
enregistre sont oubliés, enfouis, refoulés par le
sujet et réapparaissent dans des circonstances
particulières (cure psychanalytique) ou dans des
contenus spécifiques (lapsus, actes manqués,
symptômes) (cf. cours de Psychologie clinique
de L1)
– URCA 24
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 25
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 26
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 27
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– URCA 28
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– URCA 29
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– URCA 30
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– URCA 31
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– URCA 32
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 33
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– URCA 34
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– URCA 35
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 36
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– URCA 37
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– URCA 38
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– URCA 39
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– URCA 40
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– URCA 41
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– URCA 42
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
La méthodologie:
Matériel simple non sémantique: 2300 unités
faciles à verbaliser (heim, beis, dush) ordonnées
en série et apprises par lectures successives
Lecture de chaque syllabe à voix haute au
rythme de 150 à la minute – Pause de 15
secondes – 2nde lecture jusqu’à ce qu’il soit
capable de réciter la série complète
correctement
Mesure de l’économie réalisée en durée
d’apprentissage ou en nombre d’essais
– URCA 43
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Les résultats:
Influence de la longueur des séries sur le nombre
d’essais nécessaires à la rétention
Après une seule lecture: 7 items rappelés (empan mnésique)
Au-delà de 7 syllabes, le nombre de répétitions nécessaires
augmente rapidement (55 lectures successives pour le rappel de
36 syllabes)
Effet du nombre de répétitions
Liste de 16 syllabes répétées 8, 16, 24, 32, 53 ou 64 fois –
Rappel après 24h : le rappel est facilité par l’augmentation du
nombre de lectures à l’apprentissage
– URCA 44
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– URCA 45
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 46
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– URCA 47
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
L’importance véritable des recherches d’Ebbinghaus n’est pas tant dans ses
découvertes que dans sa démonstration de la validité de la méthode
expérimentale pour l’étude de phénomènes aussi compliqués que la mémoire
et l’apprentissage humains. Depuis cette date, l’idée selon laquelle des
fonctions mentales complexes peuvent être explorées dans des conditions
fortement simplifiées et contrôlées a largement dominé la recherche dans ce
domaine.
– URCA 48
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
I- Perspectives historiques de
l’étude de la mémoire
b- Tradition expérimentale
La méthode comparative : BINET
Elle s’inscrit dans une tradition de psychologie
différentielle
Contexte de l’époque : détection des enfants présentant
des difficultés mnésiques et mise au point de techniques
efficaces de mémorisation
Binet a une vision structuraliste de la mémoire: il
suppose l’existence de formes indépendantes de la
mémoire
Il souligne l’intérêt de la méthode pathologique
développée par Ribot mais qu’il va appliquer à des
mémoires extraordinaires
– URCA 49
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
I- Perspectives historiques de
l’étude de la mémoire
b- Tradition expérimentale
1894 : Publication de « Psychologie des grands
calculateurs et joueurs d’échecs »
Importance de la mémoire dans le calcul et le jeu
d’échecs
Etude de deux « calculateurs mentaux » :
Jacques Inaudi
Périclès Diamandi
Points communs aux 2 cas : ils sont capables d’effectuer
des opérations mathématiques complexes sur la base
d’une mémoire remarquable des chiffres, d’une
excellente mémoire visuelle et auditive
– URCA 50
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– URCA 51
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– URCA 52
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Implications méthodologiques :
Abandon des situations de rappel libre et de
reconnaissance au profit du rappel sériel ou par couples
car ces situations sont plus facilement interprétables en
termes de Stimulus-Réponse
Ce choix permet aussi de respecter la théorie
associationniste dominante à l’époque : l’association
formée entre un stimulus et une réponse est considérée
comme le mécanisme fondamental des processus de
récupération en mémoire
– URCA 53
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– URCA 54
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– URCA 55
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– URCA 56
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– URCA 57
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– URCA 58
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Scoville et Milner en 1957 ont décrit les 1er cas de patients ayant développé un
important syndrome amnésique survenu suite à une lobectomie temporale
bilatérale dans le but d’éliminer une épilepsie grave et incurables par d’autres
moyens thérapeutiques de l’époque. Un de leurs patients a été très
soigneusement étudié et connu maintenant par ses initiales: HM. Ce patient
possédait un empan mnésique normal contrastant avec un oubli massif des
épisodes survenus depuis son opération. Ce fait suggère que la MLT est
perturbée alors que la MCT est intacte. Ce type de résultat constitue un
argument important en faveur d’une distinction entre une MCT et une MLT.
Cette distinction est aussi renforcée par l’observation des effets de primauté et
de récence classiquement observée lors de tâches de rappel: l’effet de
récence correspond au fait que les derniers mots d’une liste d’étude ont
tendance à être les mieux évoqués. L’effet de primauté correspond au fait que
les 1er mots de la liste d’étude sont mieux rappelés que ceux du milieu de la
liste. Il apparaît qu’après un court intervalle de temps occupé à une activité
quelconque, l’effet de récence disparaît alors que l’effet de primauté n’est pas
affecté. L’interprétation générale pour rendre compte de ces résultats a été de
supposer que les derniers items sont stockés dans une MCT alors que les
autres sont stockés dans une MLT.
– URCA 59
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 60
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 61
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 62
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 63
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 64
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 65
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 66
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 67
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 68
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 69
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 70
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 71
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 72
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 73
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
La mémoire épisodique :
Tâche de rappel libre
Tâche de rappel indicé
% de rappel (mots présentés à
l’encodage)
Tâche de reconnaissance
% de bonnes reconnaissances (BR)
% de fausses reconnaissances (FR)
– URCA 74
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 75
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 76
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 77
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 78
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Le fonctionnement de la mémoire
épisodique suppose la mise en œuvre de
très nombreux processus.
D’autres tâches pourraient être utilisées
afin d’explorer des processus plus
spécifiques : les tâches de source
monitoring
– URCA 79
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Durant l’apprentissage, le sujet voit les mots présentés dans une grille. Au
cours de l’encodage, le sujet va normalement associé un mot et un
emplacement.
– URCA 80
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Dans une 1ère phase de test, l’expérimentateur présente au sujet des mots
pour lesquels il doit indiquer s’il les a vus antérieurement ou pas,
indépendamment de la localisation lors de l’encodage.
– URCA 81
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Phase de test 2 :
Tâche de
reconnaissance des
localisation seules
S’agit-il d’un
emplacement
précédemment
occupé?
Dans une 2nde phase, on présente au sujet la grille dont certaines cases sont
noircies (les cases ici en noir sont celles vraiment occupées au moment de
l’encodage; en bleu figurent les distracteurs, cases qui seraient présentées
noircies au sujet). On demande au sujet d’indiquer si ces emplacements
contenaient un mot au moment de l’encodage.
– URCA 82
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Enfin, dans un 3ème temps, des mots sont représentés dans la grille, le sujet
doit indiquer si le mot en question a été présenté lors de l’encodage à cet
endroit (association entre item-cible et sa localisation-source).
– URCA 83
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
La définition même de ce système mnésique indique qu’il est illusoire de vouloir déterminer
quels sont les tests de mémoire sémantique les plus adaptés. En effet, si comme avec Tulving
(1995), on définit la mémoire sémantique comme un système de connaissance générale sur le
monde, on voit mal déterminer tous les aspects de cette capacité au moyen d’un petit nombre
d’épreuves.
Les tâches de vocabulaire consistent:
-à définir une série de mots (tâche de vocabulaire de la WAIS-III)
-à trouver un synonyme à un mot-cible (test de vocabulaire de Binois et Pichot).
Les tâches de fluence verbale consistent à produire, dans un temps imparti, le plus de mots :
-commençant par une lettre donnée (fluence phonémique)
-appartenant à une catégorie sémantique particulière (« animaux »)
Une autre manière d’évaluer la mémoire sémantique consiste à explorer les effets
d’amorçage conceptuel et sémantique. Les sujets examinent dans un 1er temps
(encodage) des items-cibles puis doivent, dans la phase de tests les produire en réponse à
des indices. Les indices spécifient des propriétés sémantiques ou conceptuelles telles que
dans la tâche de production catégorielle présentée ci-dessus.
Lors de la phase de production, on comptabilise le nombre de mots anciens que le sujet a
produits auquel on soustrait une condition contrôle correspondant au nombre de mots produits
en dehors d’une situation d’encodage préalable mais dont la production relève d’une
production dite de « base ».
– URCA 84
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Les systèmes de représentation perceptive (SRP) peuvent être évalués au moyen de test d’amorçage perceptif. Dans ce
type de test, les sujets sont d’abord exposés à une série d’items-cibles et ensuite leur capacité à identifier ces items-cibles
est évaluée à partir d’indices appauvris ou réduits qui fournissent des informations sur les propriétés physiques ou
perceptives des cibles. L’amorçage est mis en évidence lorsque la probabilité d’identifier les items étudiés est plus grande
que pour des items non présentés dans la 1ère phase de l’expérience. Les effets d’amorçage perceptif peuvent être explorés
au moyen de procédures diverses comme, par exemple, les épreuves d’identification perceptive dans lesquelles il s’agit
d’identifier un mot à partir d’une brève exposition, le test de complètement de mots dans lequel on demande aux sujets de
compléter des débuts de mots avec le 1er mot qui leur vient à l’esprit, ou encore le test des images fragmentées où le sujet
est amené à identifier des images lacunaires.
Un test de complètement de mots se déroule en deux temps:
-Dans la phase d’étude, on présente au sujet une liste de mots qu’on lui demande d’examiner et, par exemple, de juger selon
leur caractère plaisant ou déplaisant;
-Un peu plus tard, on lui présente des triplets de lettres dont certaines correspondent aux trois 1ères lettres de mots qu’il a
examinés précédemment. On l’invite à compléter ces triplets en formant le 1er mot qui lui vient à l’esprit.
L’effet d’amorçage se manifeste par le fait que les sujets complètent davantage les triplets avec des mots présentés
antérieurement qu’avec des mots non présentés.
Dans le test d’identification perceptive, la phase d’étude consiste à présenter au sujet des items qui sont généralement des
mots ou des images. Lors de la phase de test, il est demandé aux sujets d’identifier des items présentés brièvement ou de
façon dégradée; ces items sont composés pour moitié de ceux qui avaient été vus dans la phase d’étude et pour l’autre
moitié d’items non présentés antérieurement.
Dans cette tâche, l’effet d’amorçage est observé lorsque les seuils d’identification (vitesse et qualité de la réponse) pour les
items étudiés sont plus bas que les seuils d’identification pour les nouveaux items.
Dans le test des images fragmentées la phase d’étude consiste à présenter au sujet des dessins qu’il doit dénommer. Dans
la phase de test, on lui montre ces mêmes dessins ainsi que des items nouveaux, mais de manière fragmentée. On diminue
progressivement le degré de fragmentation jusqu’à ce que le sujet puisse dénommer le dessin.
L’effet d’amorçage est ici mis en évidence par le fait que le sujet est capable d’identifier des items comportant davantage de
lacunes pour les images qu’il avait vues auparavant que pour celles qui ne lui avaient pas été présentées.
– URCA 85
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 86
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 87
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Mémoire procédurale :
Tâches perceptivo-motrices :
– URCA 88
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Tâches cognitives
Tour de Hanoï
Dans cette épreuve, le sujet dispose d’un support sur lequel sont fixées trois
tiges de longueur égale. Sur la tige de gauche sont placés 5 disques de tailles
différentes, le plus grand en-dessous et le plus petit au-dessus. La tâche
consiste à placer ces disques sur la tige de droite en effectuant le minimum de
déplacements sachant qu’on ne peut déplacer qu’un disque à la fois et qu’on
ne peut pas mettre un disque plus grand au-dessus d’un disque plus petit.
Plusieurs essais sont administrés et on s’attend à observer une amélioration
des performances d’un essai à l’autre.
– URCA 89
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 90
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 91
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Le terme de mémoire de travail est apparu dans les années 1960. Le modèle
multi-composantes de mémoire de travail proposé initialement par Baddeley et
Hitch (1974) est le modèle le plus ancien et auquel il est fait le plus
classiquement référence en psychologie cognitive. C’est également celui qui a
suscité et qui continue de susciter le plus de validations empiriques. Son
succès tient à sa capacité à rendre compte d’une multitude de faits relatifs au
fonctionnement cognitif normal ou pathologique de la mémoire de travail. Ce
modèle est né des insuffisances du modèle d’Atkinson et Shiffrin à rendre
compte d’un certain nombre de faits.
– URCA 92
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 93
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
ADMINISTRATEUR CENTRAL
Système de contrôle attentionnel
CALEPIN VISUO-SPATIAL
BOUCLE PHONOLOGIQUE
Modalité visuo-spatiale ou
Modalité auditivo-verbale
imagée
– URCA 94
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 95
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Entrée auditive: bla, bla, bla Entrée visuelle
Stock phonologique
à court terme
– URCA 96
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Les caractéristiques du stock phonologique à
court terme :
Il permet le maintien temporaire d’une quantité
limitée d’information
Il a une capacité de stockage limitée : 7 + / – 2
éléments (empan mnésique : quantité
d’information qui peut être conservée en mémoire
à court terme après une seule présentation)
Durée de maintien limitée (environ 2 secondes)
– URCA 97
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Boucle articulatoire :
Système de répétition subvocale ayant 2 fonctions:
Maintenir actives les informations dans le stock
– URCA 98
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Ainsi conçu, le modèle rend compte des phénomènes
suivants :
Effet de similarité phonologique (phonological
similarity effect)
Effet d’écoute inattentive (unattented speech effect)
Effet de longueur des mots (word-length effect)
Effet de la suppression articulatoire (articulatory
suppression)
– URCA 99
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Qu’est-ce que l’effet de similarité
phonologique ?
Essayez de répéter dans l’ordre la séquence
de mots suivante
roi - choix- pois - bois- foie - soie - croix- joie – voix
trois
– URCA 100
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
On observe une diminution du rappel
immédiat lorsque les items à mémoriser
présentent une forte proximité
phonologique car le matériel verbal est
stocké sous une forme phonologique et leur
forme phonologique proche les rend
difficilement discriminables pour un rappel
ultérieur
– URCA 101
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Qu’est-ce que l’effet d’écoute inattentive ?
On observe une détérioration du rappel
immédiat lorsque les items à mémoriser sont
présentés dans un environnement sonore
constitué d’informations de nature phonologique
Par exemple, le rappel de nombre est perturbé si
on lit en même temps au sujet des textes,
même écrits dans une langue qui lui est
inconnue
– URCA 102
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Qu’est-ce que l’effet de longueur des
mots?
Essayez de répéter dans l’ordre la séquence de
mots suivante
Liste A: voile - ours - route - grève - champ - clou -
fleur - mare - plume - fille
Maintenant, essayez de répéter dans l’ordre la
liste de mots suivante:
Liste B: voiture – potiron - radiateur - éléphant –
médicament – anniversaire – parapluie – étagère –
arrosoir – réverbère
– URCA 103
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Le nombre d’items rappelés dépend de
leur durée de prononciation: la
probabilité de rappel est plus élevée
pour les mots monosyllabiques (liste A)
que pour des mots polysyllabiques (liste
B)
– URCA 104
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-1- La boucle
phonologique
Qu’est-ce que l’effet de suppression
articulatoire :
Procédure dans laquelle on demande au sujet
d’articuler de manière automatique
(« blablabla ») pendant la présentation des
items à répéter
– URCA 105
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 106
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 107
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-3- L’administrateur
central
D’après Baddeley (1996), l’administrateur central
se caractérise selon 3 fonctions principales :
Coordonner la performance en situation de double
tâche (exemple: se souvenir d’un numéro de téléphone
en conduisant)
Assurer la flexibilité mentale (mécanisme de shifting)
qui permet de passer d’une stratégie de récupération à
une autre
La mise en place des processus d’inhibition et
d’attention sélective: faire attention de manière
sélective à un stimulus et inhiber l’effet distracteur de
stimuli non pertinents.
– URCA 108
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Conclusion
Ce modèle se différencie des
précédents car Baddeley ne postule pas
un trajet obligé entre MCT et MLT
Il propose plutôt un fonctionnement en
paralèlle
– URCA 109
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
III-4- Applications
pratiques du modèle
L’exemple de la compréhension de
l’écrit
– URCA 110
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Les travaux ont d’abord porté sur l’adulte normo-lecteur pour les raisons
mentionnées ci-dessus.
– URCA 111
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 112
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 113
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 114
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 115
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 116
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 117
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 118
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
COMP: il s’agit d’un test de lecture silencieuse mise au point par l’INETOP en
1981 et qui constitue une mesure générale de la compréhension de l’écrit. Il
s’agit de textes courts suivis de 5 à 6 questions qui portent sur différents
aspects de la compréhension. Sa durée est limitée à 45 minutes, les notes
vont de 0 à 53.
VOC: il s’agit de l’adaptation française de la batterie California-Test constituant
un test d’identification des synonymes. A partir d’une liste de mots auxquels
chacun est associé à 5 mots appartenant à la même structure grammaticale
que le mot-cible, le sujet doit identifier le mot qui signifie la même chose ou
presque la même chose. Cette épreuve dure 15 minutes, le nombre de
bonnes réponses s’étale de 0 à 25.
LECT: c’est l’épreuve « Jeannot et Georges » composée de deux textes
courts contenant des difficultés de décodage phonologique (juxtaposition de
mots phonologiquement proches). Le sujet doit lire à haute voix chaque texte
et en faire un petit résumé. La lecture est chronométrée et enregistrée afin
d’analyser les erreurs de lecture avec 1/ le temps total de lecture pour les 2
textes 2/ nombre total d’erreurs.
– URCA 119
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Note possible: Nombre total de mots rappelés dans l’ordre (Note de 0 à 42)
– URCA 120
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 121
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
1- 4 3 9
2- 2 7 1
Rappel: 9, 1
A la fin d’une série, l’enfant doit rappeler dans l’ordre les derniers chiffres de
chaque groupe. La note totale varie de 0 à 42.
– URCA 122
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
1- 42 23 17
2- 53 19 67
Rappel: 42, 67
– URCA 123
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– URCA 124
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Il s’agit des moyennes calculées à partir des résultats des 48 enfants sur les
différentes variables spécifiques des épreuves. La Standard Deviation (sd)
correspond à l’écart-type pour chaque variable.
– URCA 125
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 126
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Il s’agit ici d’un tableau présentant les corrélations entre les différentes
variables avec:
-en rouge, les corrélations significatives et positives;
-en bleu, les corrélations significatives et négatives;
-en noir, les corrélations non significatives.
Les * indiquent la force de la significativité de la corrélation.
Un résultat important concerne la présence de corrélations significatives et
positives des différentes épreuves de mémoire de travail entre elles indiquant,
probablement, que les différentes épreuves impliquent bien une fonction
commune: la mémoire de travail.
Seuls les résultats obtenus à l’épreuve de MT-li ne corrèlent pas
significativement avec les résultats sur les épreuves évaluant la
compréhension de l’écrit, le vocabulaire et la qualité/rapidité de lecture.
– URCA 127
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Interprétations :
Toutes les épreuves de mémoire de travail
corrèlent entre elles de façon significative
La compréhension de l’écrit corrèle de façon forte
et significative avec le vocabulaire et l’efficience de
la lecture
La compréhension de l’écrit corrèle avec toutes les
épreuves de mémoire de travail sauf l’épreuve
spatiale (MT-li)
– URCA 128
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Interprétations:
Chez l’enfant de 10 ans, la compréhension de textes
mesurée par une épreuve très générale est liée à la
capacité de mémoire de travail qui est source de larges
différences individuelles
Il n’y a pas de statut causal aux relations observées
La compréhension de l’écrit dépendrait, en partie, du bon
fonctionnement de deux composantes particulières de la
mémoire de travail: une composante phonologique
présente dans les épreuves linguistiques et numériques et
certains mécanismes d’inhibition appliqués sur l’information
verbale.
– URCA 129
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 130
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 131
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 132
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 133
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 134
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
85
80
75
70
65
60
55
50
graphique sémant ique
– URCA 135
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Lors de son travail publié en 1983, Jacoby utilise 3 types d’encodage (du
moins au plus profond) avant de mesurer la qualité de la récupération lors de
2 tâches: une tâche de reconnaissance et une tâche d’identification visuelle.
Les résultats mettent clairement en évidence un effet positif de la profondeur
de l’encodage lors d’une tâche de reconnaissance (explicite) et l’absence
d’effet significatif de cette même variable lors d’une tâche implicite de mémoire
de type identification perceptive.
– URCA 136
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 137
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 138
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 139
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Vous8888devez888lire88888ce88888888888888888texte
Les mots-cible du texte qui n’est pas à lire bénéficie donc d’un encodage
implicite et peu profond. L’encodage réalisé sur les mots du texte à lire (du fait
de la difficulté à la lecture) est un encodage susceptible d’être profond et
explicite. Les auteurs vont aussi influer sur la profondeur de l’encodage avec
la consigne donnée au sujet au moment de la lecture.
– URCA 140
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– URCA 141
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– URCA 142
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 143
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
fragments de mots:
50
40 Cond. D
Cond. M
Proportion de mots
30
20
complétés pour PL est 10
– URCA 144
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– URCA 145
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 146
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 147
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– URCA 148
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
rétention lors 50
d’une tâche de Immédiat
40 1h
rappel libre 24h
30 7 jours
20
10
0
% de rappel
– URCA 149
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Performances 18
en fonction de 16
l’intervalle de 14
rétention lors 12
Immédiat
d’une tâche de 1h
10
complètement 24h
8 7 jours
de fragments
de mots 6
0
Effet d'amorçage
– URCA 150
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances:
Origines
Les 1er travaux ont été réalisés dans les
années 1960 selon lesquels l’organisation du
matériel facilite l’apprentissage. Dans ces
différents travaux, on trouve 3 principales
hypothèses:
Face à des données non organisées, les sujets
tentent spontanément de les organiser
Un matériel organisé est plus facile à apprendre
Les consignes d’organisation facilitent
l’apprentissage
– URCA 151
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Un total de 5 expériences
– URCA 152
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Le but de l’expérience 1 est de :
Comparer les effets de l’organisation des
connaissances sur les performances de production
catégorielle (implicite), le rappel libre et le rappel
indicé
Deux conditions d’encodage:
Une condition « Organisée »: les exemplaires
catégoriels sont présentés dans un ordre défini, les
items appartenant à une même catégorie surviennent
successivement
Une condition « Non organisée » : présentation
randomisée (pas d’items successifs qui appartiennent à
la même catégorie)
– URCA 153
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
12 catégories de mots sont utilisées : sports, fruits,
vêtements, ustensiles de cuisine, oiseaux, couleurs,
animaux à 4 pattes, meubles, arbres, instruments
de musique, parties du corps humain, légumes
6 de ces 12 catégories sont présentées à
l’encodage
3 épreuves de restitution sont utilisées:
Une épreuve implicite de production catégorielle
Une tâche explicite de rappel libre
Une tâche explicite de rappel indicé
– URCA 154
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Lors de la restitution en production
catégorielle : les 12 catégories sont
présentées, le sujet doit, pour chacune
d’elles, produire les 8 premiers mots lui
venant à l’esprit
On mesure l’effet d’amorçage (c’est-à-dire
la différence de production selon la nature
des catégories « apprises » ou « non
apprises »)
– URCA 155
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
– URCA 156
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Résultats :
a : p < .008 Encodage
b : p < .009 Organisé Non organisé
c : p < .01
Effet 23 10a
d’amorçage
Rappel libre 41 29b
Rappel indicé 39 27c
Les auteurs ont comparé les performances des sujets à l’aide d’analyses de la
variance (test statistique F de Snedecor). Seuls, les seuils de probabilité sont
ici rapportés, ils sont tous inférieurs à p .05, ce qui indique que les différences
entre le taux de production ou de rappel entre les conditions « Organisée » et
« Non organisée » sont statistiquement significatives en faveur d’une meilleure
récupération de l’information après un encodage de type organisé.
Il apparaît, au vu de ces résultats, que l’organisation des connaissances à
l’encodage produit le même effet sur les performances implicites (tâche de
production catégorielle) et explicites (tâches de rappel libre et de rappel indicé)
de mémoire.
– URCA 157
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Interprétation:
L’organisation des connaissances et l’utilisation de la
catégorisation à l’encodage ne produisent pas de
dissociation dans les performances implicites et
explicites lorsque les tâches utilisées sont des tâches
de production catégorielle, de rappel libre ou de
rappel indicé.
Il s’agit d’un résultat surprenant: les auteurs
supposaient, en effet, l’existence d’un effet de
l’organisation des connaissances à l’encodage pour
les tâches explicites contrairement aux tâches
implicites.
– URCA 158
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
– URCA 159
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Expérience 3:
Comme dans l’expérience précédente, les sujets
voient des exemplaires catégoriels à l’encodage, le
nom des catégories leur est aussi présenté
Deux conditions d’encodage:
Condition « Organisation des données »: les sujets sont
invités à regrouper les exemplaires catégoriels
Condition « Non organisation des données »: les sujets
sont juste invités à mémoriser les informations en vu d’un
test futur
Deux tâches de restitution:
Une tâche implicite de production catégorielle
Une tâche explicite de rappel libre
– URCA 160
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Résultats :
a : p < .009 « Organisation « Non
des données » organisation
b : p < .01 des données »
Effet 25 16a
d’amorçage
– URCA 161
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Interprétations:
Même résultats que dans expérience 1
L’effet d’organisation des connaissances et la
mise en place de stratégies de catégorisation ne
dépendent pas seulement de la structure du
matériel à encoder
Ces résultats indiquent, comme ceux de
l’expérience 1, que les tâches de production
catégorielle et les tâches explicites sont
sensibles à l’organisation des connaissances et à
la mise en place de stratégies de catégorisation
– URCA 162
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
– URCA 163
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Résultats expérience 5 :
a : p < .006 Encodage
b : ns
Organisé Non organisé
– URCA 164
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Interprétations:
On observe un effet « Organisation des
connaissances » sur les performances de
production catégorielle : réplication des
résultats de l’expérience 1
Il n’y a pas d’effet « Organisation des
connaissances » sur les performances
d’identification de mots
On observe donc une dissociation de l’effet en
fonction de la nature de la tâche implicite
– URCA 165
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
IV-3 La catégorisation et
l’organisation des connaissances
Interprétations:
Les deux tâches implicites solliciteraient des processus
cognitifs différents
Les tâches implicites de production catégorielle
solliciteraient des processus cognitifs élaborés, appelés
les processus conceptuels, sensibles à la profondeur de
traitement et à la compatibilité des processus déployés
à l’encodage et au test
Les tâches d’identification de mots n’utiliseraient pas ce
type de processus et ne seraient donc pas sensibles à
l’effet de l’organisation des connaissances.
– URCA 166
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 167
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 168
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 169
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 170
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 171
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 172
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 173
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 174
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Objectifs :
Mieux connaître l’effet de la distinctivité
perceptive des informations sur les
performances implicites et explicites de
mémoire
Les images bizarres sont généralement perçues
comme plus distinctives que les images
normales
– URCA 175
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 176
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Quelle que soit la tâche implicite utilisée, les performances ne sont pas
différentes entre les images bizarres et les images normales.
– URCA 177
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
8,5
6,5
Rappel
Par contre, dans la tâche de rappel indicé, il existe une différence significative
entre la proportion d’images normales et d’images bizarres rappelées, et ceci
en faveur des images bizarres.
– URCA 178
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 179
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Implications générales
L’étude de l’ensemble des variables
contribue à la distinction entre une forme
implicite et une forme explicite de mémoire
– URCA 180
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Applications cliniques
Applications dans le but d’améliorer les
performances de personnes ou patients qui
présentent principalement des difficultés de
mémorisation explicite :
Amnésiques
Alzheimer
Sujets âgés
Schizophrènes
Déprimés
– URCA 181
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
L’âge
Les pathologies
Amnésies
Démence de type Alzheimer
Pathologies psychiatriques
La prise de psychotropes
– URCA 182
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
1- L’âge
Classiquement, les personnes âgées se
plaignent du fonctionnement de leur mémoire :
cette plainte correspond t-elle à une réalité ?
Généralement, les performances implicites de
mémoire sont préservées chez les sujets âgés
Les performances explicites de mémoire sont
généralement altérées
– URCA 183
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 184
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 185
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 186
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Résultats :
Effets de l’âge sur les performances de :
Empan – chiffres
Mémoire épisodique : rappel
Mémoire sémantique : fluence sémantique,
phonémique
Mémoire procédurale : ralentissement des temps
d’apprentissage
– URCA 187
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 188
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Syndromes amnésiques
Définition : ensemble clinique, de cause organique, centré
sur un déficit de la mémoire global et disproportionné par
rapport à d’éventuels autres troubles cognitifs également
présents
Un tel syndrome associe généralement la perte plus ou
moins étendue de souvenirs antérieurs à l’événement
pathologique, une incapacité plus ou moins sévère
d’acquérir et/ou de conserver et/ou d’évoquer des
informations nouvelles
– URCA 189
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 190
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 191
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 192
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 193
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 194
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 195
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 196
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 197
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
http://faculty.washington.edu/chudler/alz.html
– URCA 198
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 199
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 200
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 201
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 202
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
patients DTA
– URCA 203
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 204
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Depuis une trentaine d’années, les travaux cognitifs sur les troubles
schizophréniques sont de plus en plus nombreux et s’intéressent aux
différents domaines cognitifs (perception, attention, mémoire, etc.). Les
troubles de la mémoire ont été particulièrement investigués depuis 20 ans. Au
départ se posait la question de savoir si les troubles de la mémoire observés
chez ces patients constituaient une réelle caractéristique de leur pathologie ou
pouvaient simplement refléter un effet délétère de la prise de psychotropes
prescrits, les neuroleptiques, dans ce type de troubles. Deux faits essentiels
permettent d’étayer l’hypothèse selon laquelle les troubles de la mémoire dans
la schizophrénie constituent une caractéristique de la maladie et non pas
seulement une conséquence négative des neuroleptiques:
-les auteurs qui ont, avant l’apparition des neuroleptiques, travaillé sur cette
pathologie mentionnaient, dans leur description clinique, la présence de
troubles de la mémoire;
-les études récentes réalisées sur le fonctionnement de la mémoire chez des
patients traités par neuroleptiques montrent que les performances de
mémorisation s’améliorent chez des patients schizophrènes dont l’état clinique
s’améliore également.
– URCA 205
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 206
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Les 1er résultats publiés dans les années 1970 vont dans le sens d’une
altération de la mémoire explicite chez les schizophrènes avec, notons-le déjà,
une différence potentielle entre les performances en rappel et en
reconnaissance. De plus, comme chez des sujets sains, les performances
explicites des patients schizophrènes sont sensibles à la profondeur du
traitement mis en place à l’encodage. Ces résultats vont conduire, dans les
années 1990, à une série de nouvelles études s’appuyant sur les modèles de
mémoire implicite et explicite.
– URCA 207
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 208
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 209
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 210
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 211
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 212
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Perceptifs Conceptuels
– URCA 213
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 214
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 215
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Population:
16 patients SZ recrutés selon les critères du
DSM-IIIR
16 sujets sains appariés
Procédure:
Au cours des différentes expériences, l’encodage
est identique: lire à haute voix les mots
présentés
– URCA 216
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Résultats expé 1:
Les SZ présentent des performances normales
indépendamment de la nature des processus à
l’œuvre dans les tâches
Ces résultats suggèrent que les SZ n’ont pas de
difficultés fondamentales dans l’utilisation des
traitements de nature conceptuelle mais, selon
les auteurs, dans l’utilisation explicite de ceux-ci.
– URCA 217
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Résultats expé 2:
Les performances des SZ se différencient de celles des
sujets sains lors de la tâche explicite contrairement à la
tâche implicite, et ceci bien qu’elle implique des
processus conceptuels
Ces données suggèrent, comme l’avaient supposé les
auteurs, la difficulté des SZ à engager un traitement
conceptuel lors de la récupération explicite du matériel
acquis précédemment
Pour vérifier cette hypothèse, il faut tester la mémoire
explicite perceptive
– URCA 218
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Résultats expé 3 :
24 sujets SZ recrutés selon les mêmes critères
24 sujets témoins
Les performances des SZ sont amoindries dans
la tâche explicite perceptive contrairement à la
tâche implicite
– URCA 219
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
En résumé :
Les SZ, dans cette étude, ont des performances
semblables à celles des sujets sains dans des
tâches implicites de mémoire alors qu’ils ont
des performances inférieures à celles des sujets
sains lors de tâches explicites et ceci
indépendamment des processus cognitifs
(conceptuels ou perceptifs) mobilisés dans les
tâches
– URCA 220
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 221
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 222
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Utilisation du paradigme de
reconnaissance R/K
30 patients SZ recrutés à partir des
critères diagnostiques du DSM-IIIR
30 sujets sains appariés
– URCA 223
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 224
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 225
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 226
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 227
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 228
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 229
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 230
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
25
20
15
10
0
T âche im plicite perceptive T âche im plicite
conceptuelle
– URCA 231
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 232
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
Il faut souligner, pour relativiser la portée des résultats, qu’il existe, à l’heure
actuelle, encore peu d’études dans ce domaine. Il manque à ces travaux
d’avoir utiliser un plan expérimental permettant de distinguer la mémoire
explicite perceptive et conceptuelle.
Dans le champ de l’exploration cognitive des troubles de l’humeur, beaucoup
d’études ont été conduites non pas chez des sujets cliniquement déprimés
mais chez des sujets sains chez on a induit à partir de méthodes
expérimentales, un état émotionnel que les auteurs considèrent comme une
modification significative de l’humeur.
Dans ces études, il n’est généralement pas tenu compte de l’anxiété souvent
associée à un épisode dépressif.
– URCA 233
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
La prise de psychotropes
– URCA 234
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 235
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 236
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 237
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 238
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 239
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 240
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 241
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Les débuts avec 3 cas cliniques:
HM
NA
RB
Pris ensemble, ils mettent en évidence l’importance des
structures diencéphaliques de la ligne médiane et des
structures du lobe temporal médian, l’hippocampe
notamment, dans l’acquisition et la fixation de nouvelles
connaissances en mémoire épisodique
Ces patients démontrent également qu’il y a un substrat
neuroanatomique distinct pour l’amnésie antérograde et
l’amnésie rétrograde (mémoire des faits anciens
préservés)
– URCA 242
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
HM: à l’âge de 27 ans, il subit une intervention
chirurgicale pour remédier à une épilepsie de plus en
plus handicapante. Résection bilatérale du lobe
temporal médian avec exérèse de l’amygdale, du gyrus
hippocampique et des 2/3 antérieurs de l’hippocampe
Après l’opération, le patient présente une grave
amnésie antérograde et d’un déficit rétrograde limité
aux 2 ans qui précèdent l’intervention
Il présente, par contre, des performances normales
dans des tâches testant les aptitudes à apprendre des
habilités nouvelles (mémoire procédurale)
Il présente également une préservation des souvenirs
anciens
– URCA 243
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
NA: Après un accident, ce patient présente
des lésions étendues du thalamus et du
lobe temporal médian, notamment à droite,
et des corps mamillaires
Il présente les mêmes troubles de la
mémoire que le patient HM, mais de façon
un peu moins marquée
– URCA 244
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
RB: Il présente des lésions bilatérales de
l’hippocampe; l’amygdale, le thalamus ainsi
que les corps mamillaires étaient normaux
Ce patient laisse penser que seules les
lésions de l’hippocampe peuvent provoquer
une profonde amnésie antérograde
affectant la mémoire déclarative
– URCA 245
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Mémoire épisodique
Mémoire sémantique
Mémoire perceptive
Mémoire procédurale
Mémoire épisodique, sémantique
et de travail
Diverses régions du cerveau semblent mises en jeu dans les différents types
de mémoire. La mémoire épisodique est sous-tendue en grande partie par
l’hippocampe, impliqué autant dans l’acquisition que dans la remémoration
des souvenirs épisodiques. En outre, le cortex préfrontal gauche serait plus
particulièrement utilisé pour l’acquisition et le droit pour la remémoration. Le
cortex pariétal remplirait une fonction de contrôle des souvenirs (l’exploration
dans leur dimension spatiale notamment).
La mémoire sémantique met en jeu surtout les lobes frontaux et temporaux
gauches. Les mémoire perceptives reposent en grande partie sur les aires
sensorielles primaires, par exemple le cortex visuel et le cortex auditif.
L’administrateur central de la mémoire de travail est généralement associé à
une activité du lobe frontal, tandis que la mémoire procédurale met en œuvre
certaines zones du thalamus, du cervelet et du noyau caudé.
– URCA 246
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Les données de neuro-imagerie fonctionnelle
(IRMf et PET-scan):
La récupération des souvenirs déclaratifs sont
stockées dans des aires spécialisées corticales:
lobe temporal médian ainsi que certaines régions
du cortex frontal
Les aires du cortex frontal notamment
dorsolatérales et antérolatérales sont activées
lorsque les sujets essaient de récupérer des
informations déclaratives en mémoire à long terme
– URCA 247
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Les études en tomographie par émission de
positons (TEP):
Squire et al. (1992): comparaison des
activations entre une tâche explicite et une
tâche implicite
Activation du cortex préfrontal droit et de la région
hippocampique droite lors du rappel
Activation, moins importante, de la région
hippocampique droite et du cortex occipital droit lors
de la tâche implicite
– URCA 248
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
L’activation du cortex préfrontal droit dans
la tâche de rappel a été interprétée comme
le reflet de l’utilisation de stratégies
L’activation de l’hippocampe dans la tâche
de rappel était attendue. Par contre, elle
l’était moins dans la tâche implicite, mais
qui peut s’expliquer par une intervention de
processus explicites dans la tâche implicite
– URCA 249
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Schacter et al. (1996), en cherchant à
minimiser l’intervention de la mémoire
explicite dans une épreuve implicite,
montrent une moindre activation dans le
cortex occipital de façon bilatérale et cette
fois sans activation hippocampique
– URCA 250
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Les résultats suggèrent donc que la mémoire
explicite et la mémoire implicite dépendent
de structures distinctes:
Hippocampe et cortex frontal pour la mémoire
explicite
Cortex occipital pour la mémoire implicite
– URCA 251
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Le cortex frontal, principalement la partie
ventrolatérale gauche semble plus
généralement impliquée dans les
mécanismes de sélection qui peuvent
être utiles mais pas nécessaires pour la
récupération sémantique
Aucune autre région corticale n’est
activée systématiquement dans toutes
les tâches de récupération sémantique
Au contraire, les études suggèrent l’existence d’un large réseau distribué des
représentations sémantiques. Ces réseaux incluent des régions étendues des
cortex temporaux ventral (connaissances sur les couleurs et les formes) et
latéral (connaissances sur les déplacements), le cortex pariétal (connaissance
sur les tailles) et le cortex prémoteur (connaissance sur les manipulations
d’objets). D’autres régions, comme certaines parties plus antérieures du cortex
temporal, semblent impliquées dans les représentations de connaissances
conceptuelles et non perceptives, autrement dit verbales.
– URCA 252
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
L’apprentissage d’une tâche motrice
entraîne l’activation du cortex sensori-
moteur et des structures sous-corticales
telles que les noyaux caudés et le putamen
– URCA 253
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Boucle phonologique: gyrus supramarginal,
gyrus frontal inférieur, cortex prémoteur,
aire motrice supplémentaire
Calepin visuo-spatial: gyrus pariétal
supérieur et gyrus supramarginal, gyri
frontaux supérieur et inférieur
– URCA 254
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VI- Neuro-imagerie de la
mémoire
Les cortex frontaux dorso- et ventro-
latéraux jouent un rôle en mémoire
épisodique, en mémoire sémantique et
en mémoire de travail
Ces activations frontales soulignent que
certains processus sont communs à
différents tests de la mémoire de
travail, de la mémoire épisodique et de
la mémoire sémantique
Au 1er abord, ces résultats semblent difficiles à concilier avec l’idée d’une
mémoire multi-systèmes. En fait, les différents systèmes de mémoire sont de
plus en plus considérés comme opérant en termes de processus, certains de
ces derniers pouvant être communs à plusieurs systèmes et d’autres
spécifiques à un seul système.
– URCA 255
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 256
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 257
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Le modèle de Squire (1987)
Mémoire déclarative
Mémoire procédurale ou non déclarative
Cette opposition recouvre la distinction entre
« savoir » et « savoir faire »
Ici, la mémoire épisodique et la mémoire
sémantique peuvent être réunies en une
mémoire déclarative
– URCA 258
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Les connaissances déclaratives ou
propositionnelles s’actualisent dans le
langage naturel ou sous forme d’images
mentales
Elles sont accessibles à la conscience
Les connaissances procédurales
s’expriment au cours des activités
perceptivo-motrices et cognitives
– URCA 259
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Squire a assimilé la mémoire déclarative à
la mémoire explicite et la mémoire non-
déclarative à la mémoire implicite
– URCA 260
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La méthode pour mettre en évidence ces
différentes formes de mémoire:
La méthode des dissociations:
Dissociations fonctionnelles (manipulation de
variables expérimentales)
Dissociations statistiques
Dissociations neuropsychologiques
Les études de neuro-imagerie fonctionnelle
– URCA 261
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La dissociation statistique ou stochastique:
Elle n’est pas fondée sur la comparaison des
performances moyennes entre 2 types de tests
de mémoire, mais se base sur la relation
prédictive entre la performance à un item
particulier lors d’un 1er test avec celle de ce
même item lors d’un 2nd test
Si aucune relation: les tests sont supposés être
indépendants
– URCA 262
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La technique la plus utilisée :
Faire étudier à des sujets une liste d’items et de
tester 2 fois le même matériel en utilisant
d’abord une 1ère tâche de mémoire suivie
d’une 2nde tâche
Chaque combinaison item-sujet est alors
enregistrée dans une table de contingence
selon l’échec ou le succès à la tâche 1 et à la
tâche 2
– URCA 263
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
L’indépendance stochastique entre les mesures
implicites et explicites de mémoire fournit un bon
argument pour démontrer l’existence de systèmes
mnésiques indépendants
De nombreux résultats vont dans ce sens mais:
On évalue 2 fois le même sujet en utilisant le même
matériel
On a déjà trouvé une indépendance stochastique entre
des tests censés capter le même système de mémoire
– URCA 264
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Critiques des modèles structuraux:
Les preuves expérimentales ne sont pas
suffisamment solides
La multiplication des systèmes de mémoire
semblent conduire à une impasse: le
nombre de systèmes mnésiques ne cesse
d’augmenter
– URCA 265
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 266
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
– URCA 267
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Les modèles de l’activation:
La mémoire est considérée comme un réseau
contenant un grand nombre d’unités
élémentaires de représentations interconnectées
qui portent différents noms selon les modèles:
Nœuds
Logogènes (Morton, 1969)
Codes
– URCA 268
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Activation / propagation de cette activation
Jaune
Vole
Canari
Oiseau Animal
– URCA 269
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La théorie de l’activation postule que les
effets d’amorçage sont attribuables à
l’activation temporaire de ces
représentations préexistantes en mémoire
et à la diffusion de l’activation aux
représentations associées
– URCA 270
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Le modèle de Morton est donc susceptible
de pouvoir rendre compte des résultats sur
l’effet d’amorçage
La théorie de Mandler (1980) a été conçue
pour expliquer les rapports entre les
performances implicites et explicites de
mémoire
– URCA 271
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Mandler suppose que la présentation d’une
information déclenche l’activation automatique des
unités de connaissances ou des représentations en
mémoire
L’activation provoque un renforcement de
l’organisation interne de la représentation c’est-à-
dire un accroissement de l’intégration de l’unité
mentale qui devient plus « compacte »
Ce processus d’intégration a pour effet de rendre
temporairement plus disponible la représentation
mentale pour un usage ultérieur
– URCA 272
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La portée explicative des théories de
l’activation est limitée car elle permet
simplement d’expliquer les effets
d’amorçage donc une partie des
performances en mémoire implicite
– URCA 273
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La théorie de la concordance des
traitements (TCT):
Théorie qui cherche à comprendre les
différences qui existent entre tests implicites et
explicites en étudiant la nature des relations
entre les processus d’encodage et de
récupération
Insiste sur la nature des opérations mentales
ainsi que sur leurs conditions d’exécution lors
de la réalisation de tâches
– URCA 274
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Jacoby (1983), Roediger, Weldon et Challis (1989)
élaborent quatre principes
Les performances aux tests de mémoire sont d’autant
plus élevées que les opérations mentales requises lors
du test correspondent à celles mises en place à
l’encodage
Les tests implicites et explicites de mémoire requièrent
des formes distinctes d’opérations mentales
Perceptifs / implicite
Conceptuels / explicite
– URCA 275
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
La TCT rend particulièrement compte des cas de
dissociations expérimentales lors de la
manipulation de diverses variables indépendantes
Pour une tâche perceptive, les performances ne sont
pas affectées par les variables d’encodage qui
favorisent l’élaboration de l’information mais par la
manipulation de l’information de « surface »
(changement de modalité ou de format)
Les tâches conceptuelles ne sont, par contre, pas
affectées par les changements perceptifs alors qu’elles
sont influencées par la profondeur du traitement
– URCA 276
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Néanmoins, il n’existe pas de
correspondance stricte entre les tests
explicites et les traitements conceptuels ou
entre les tests implicites et les traitements
perceptifs
Ces modèles procéduraux rendent compte
d’une grande partie des résultats du sujet
normal mais pas des données de la
pathologie sauf ceux des patients déprimés
– URCA 277
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
L’augmentation des performances en
reconnaissance coïncide avec
l’augmentation de l’utilisation des
traitements conceptuels
L’augmentation des performances en
identification perceptive coïncide avec
l’augmentation de l’utilisation perceptifs
– URCA 278
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
L’augmentation des performances en
reconnaissance coïncide avec
l’augmentation de l’utilisation des
traitements conceptuels
L’augmentation des performances en
identification perceptive coïncide avec
l’augmentation de l’utilisation perceptifs
– URCA 279
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
Au vu des résultats actuels, ni les modèles
structuralistes, ni les modèles fonctionnels
ne peuvent rendre compte de la totalité
des résultats sur les différences entre
mémoire implicite et mémoire explicite.
– URCA 280
Psychologie cognitive L2 UE32 EC1
VII-Les modèles
théoriques de la mémoire
– URCA 281
Psychologie Cognitive L2 UE32 EC1
DEVOIR
A travers ce texte, vous allez trouver des compléments à certains résultats présentés
dans le cours.
C.Besche – URCA 6
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
Article original
Capacité de mémoire de travail et traitement
du pronom chez l’enfant
Working memory capacity and pronoun
processing in children
A. Seigneuric a,∗ , H. Megherbi b
a CESG, UMR-CNRS 5170, université de Bourgogne, 15, rue Hugues-Picardet,
21000 Dijon, France
b UTRPP-EA 3413, université Paris-13, avenue J.-B. Clément,
Résumé
L’objectif de cette étude est d’explorer les relations entre la capacité de la mémoire de travail (MT) et
la compréhension de l’écrit chez l’enfant en s’intéressant à une opération particulière : le traitement des
pronoms et en utilisant des variables on-line et off-line. Deux groupes d’enfants de neuf à dix ans à capacité
faible ou élevée de MT ont réalisé une épreuve de traitement des pronoms. Dans cette tâche, l’identification
du pronom était rendue plus ou moins difficile en fonction de la charge en MT, manipulée au moyen de
deux facteurs : la disponibilité d’un indice de genre et la distance séparant le pronom de l’antécédent. Les
résultats montrent que comparés aux enfants à capacité élevée de MT, les enfants à capacité faible de MT
sont moins performants en termes d’exactitude et de vitesse des réponses. Le facteur indice de genre affecte
différemment le temps de lecture de la phrase contenant le pronom chez les deux groupes : les enfants à
capacité élevée ralentissent leur lecture lorsque l’indice de genre n’est pas disponible, tandis que les enfants
à capacité faible ne ralentissent pas et tendent à reporter la résolution du pronom au moment de leur réponse.
Le facteur distance affecte différemment la vitesse de réponse des deux groupes : seuls les enfants à capacité
faible prennent plus de temps pour identifier l’antécédent lorsque la distance pronom–antécédent augmente.
Ces interactions confirment l’hypothèse selon laquelle le traitement des pronoms est contraint par la capacité
de MT des enfants.
© 2008 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : alix.seigneuric@u-bourgogne.fr (A. Seigneuric).
0033-2984/$ – see front matter © 2008 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.psfr.2008.02.005
282 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
Abstract
The aim of this study was to explore the relationship between working memory capacity (WMC) and
reading comprehension in children by testing the processing of pronouns. Two groups of nine- to ten-year-
old children classified as high span and low span were administered a pronoun processing task. In this task,
the computation of the antecedent referent for pronouns was varied by manipulating the distance between the
pronoun and its antecedent and the availability of a gender cue. The results showed that compared to high-
span children, low-span children experienced more difficulties in computing a pronoun’s referent. High-span
children spent longer reading sentences containing anaphoric pronouns when pronouns could not be resolved
on the basis of the gender alone, suggesting that the pronouns were resolved as they were read. Low-span
children tended to delay resolution until it was required by the task. In the question-answering times, low-
span children were more adversely affected by distance than high-span children. Altogether these findings
support the view that working memory capacity constrains resolution of anaphoric pronouns in children.
© 2008 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Capacité de mémoire de travail ; Traitement des pronoms ; Anaphore ; Compréhension de l’écrit ; Enfants
Keywords: Working memory capacity; Processing of pronoun; Anaphora; Reading comprehension; Children
1. Introduction
Telle qu’elle est aujourd’hui définie par un grand nombre de chercheurs, la capacité de la
mémoire de travail (MT) correspond à l’ensemble des ressources disponibles permettant d’assurer
simultanément le traitement et le stockage des informations nécessaires à la réalisation d’activités
cognitives complexes (Baddeley, 1986 ; Miyake et Shah, 1999 ; et voir la synthèse de Gaonac’h
et Larigauderie, 2000). Ces ressources étant limitées, les performances dans ces activités vont se
trouver liées, voire contraintes par la capacité de la MT. C’est en adoptant cette perspective que
plusieurs auteurs ont été amenés à étudier les relations entre la capacité de la MT et la compré-
hension de l’écrit, considérée comme une activité hautement complexe. La compréhension d’un
texte écrit est étroitement dépendante de la lecture des mots qui le composent et de l’accès à leur
signification. Elle met aussi en jeu des processus de haut niveau tels que l’analyse syntaxico-
sémantique des phrases et le traitement de la cohésion locale et globale du texte, dans le but de
construire une représentation mentale cohérente du contenu du texte (Ehrlich, 1994 ; Gernsbacher
et Foertsch, 1999 ; Kintsch, 1998 ; Perfetti, 1994). Pour certains auteurs, la réalisation de ces pro-
cessus qui s’appuie sur une coordination complexe de traitements et de stockages d’informations
est contrainte par l’architecture du système cognitif et notamment par les capacités limitées de
la MT (Caplan et Waters, 1999 ; Carpenter et al., 1994 ; Carpenter et al., 2000 ; Gathercole et
Baddeley, 1993 ; Just et Carpenter, 1992 ; Kintsch, 1988 ; Kintsch et van Dijk, 1978).
phrases et de mémoriser le dernier mot de chaque phrase en vue d’un rappel à la fin de chaque série
de phrases. Plus le nombre de mots à maintenir en mémoire est important, plus la charge en MT
est supposée augmenter. Selon Daneman et Carpenter, cet indicateur est une mesure directe de la
capacité fonctionnelle disponible pour effectuer les opérations nécessaires à la compréhension du
langage tout en gardant temporairement en mémoire les mots et les phrases pour permettre leur
traitement. Du côté de la compréhension, plusieurs variables ont été prises en compte : un score
global obtenu à partir d’une épreuve standard de compréhension de textes ainsi que deux variables
ciblant des processus de compréhension plus spécifiques tels que le rappel de faits (par exemple la
localisation de l’action) et l’identification de l’antécédent de pronoms « il » ou « elle » apparaissant
dans les textes. Les résultats de cette étude font apparaître une corrélation forte et significative
entre l’empan de lecture et le score global de compréhension et des corrélations encore plus élevées
entre l’empan de lecture et les variables de compréhension plus spécifiques (elle atteint 0,90 avec
la variable concernant le traitement du pronom). Cette première étude a donné lieu à de nombreux
développements qui ont permis de conforter ces résultats (voir la méta-analyse de Daneman et
Merikle, 1996). À la suite de ces études, le rôle de la MT dans la compréhension de l’écrit a
été exploré chez l’enfant. Oakhill et al. se sont intéressés aux enfants présentant des difficultés
spécifiques de compréhension de l’écrit. Ces enfants ont des performances caractérisées par des
scores faibles dans les variables de compréhension, mais des scores normaux dans des variables
de lecture (décodage) et de vocabulaire. La comparaison de ces enfants faibles compreneurs à
un groupe d’enfants bons compreneurs de même âge (appariés sur l’efficience du décodage et le
vocabulaire) a permis de montrer que les enfants faibles compreneurs avaient en moyenne une
capacité faible de MT (Cain et al., 2004 ; Yuill et al., 1989). Ce résultat a été obtenu à l’aide
d’épreuves adaptées de l’empan de lecture. Il est à noter que, en revanche, aucune différence
n’a été observée entre les deux groupes lorsqu’un empan simple de mémoire à court terme (par
exemple empan de chiffres) était utilisé. Des études récentes ont avancé l’hypothèse selon laquelle
les faibles empans obtenus par les enfants faibles compreneurs s’expliqueraient notamment par
un déficit des mécanismes d’inhibition des informations non pertinentes, ce qui conduirait à une
mauvaise régulation des informations contenues dans la MT. En d’autres termes, la liaison entre
capacité de MT et compréhension de l’écrit pourrait révéler le fait que les tâches de MT s’appuient
sur l’efficience de mécanismes d’inhibition, eux-mêmes engagés lors de la compréhension des
textes (Cain, 2006 ; Carretti et al., 2005 ; De Beni et Palladino, 2000).
L’étude des enfants faibles compreneurs a également permis d’identifier les opérations de
compréhension de l’écrit qui les mettaient en difficulté. Ces opérations sont notamment celles qui
sont mises en jeu dans l’établissement de la cohérence et qui s’appuient sur une coordination de
traitement et de stockage : le traitement des reprises anaphoriques, la résolution des incongruités
et la production d’inférences (Cain et Oakhill, 1999 ; Cain et al., 2004 ; Cain et al., 2001 ; Oakhill
et Yuill, 1996 ; Yuill et al., 1989). De tels résultats ont conduit ces auteurs à proposer l’hypothèse
selon laquelle les difficultés de compréhension de certains enfants pouvaient s’expliquer par une
capacité réduite de MT.
D’autres recherches adoptant une approche corrélationnelle chez des enfants tout-venant ont
également mis en évidence le rôle de la capacité de la MT dans l’explication des différences de
compréhension. En particulier, l’objectif était d’évaluer le caractère spécifique et le poids relatif
de la capacité de la MT comparé à d’autres variables liées à la compréhension en lecture, telles que
l’efficience du décodage et le vocabulaire (Leather et Henry, 1994). En français, Seigneuric et al.
(2000) ont montré auprès d’enfants âgés de neuf à dix ans, que la capacité de la MT expliquait une
part de variance significative de la compréhension de l’écrit (mesurée par un score global), alors
que l’efficience du décodage et les connaissances en vocabulaire étaient maintenues constantes.
284 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
L’anaphore, marque linguistique de cohésion, assure la continuité référentielle entre les phrases
dont le traitement est central dans la formation d’une représentation mentale cohérente. Les
langues offrent une diversité d’expressions anaphoriques : les pronoms définis, réflexifs et indé-
finis, les syntagmes nominaux définis et démonstratifs, les formes verbales elliptiques, etc. Par
exemple, dans la suite de phrases : « Arnaud a vendu sa guitare à Julie. Il avait décidé d’apprendre
le piano », le pronom « il » est un pronom anaphorique, dont l’antécédent est le nom propre
« Arnaud ». Le recours à une forme particulière d’anaphore est dépendant de la saillance ou de
l’accessibilité de l’antécédent en mémoire. Les pronoms personnels de la troisième personne
signalent un antécédent hautement accessible, ce qui leur confère une spécificité fonctionnelle
de maintien de la continuité référentielle (Ariel, 1990 ; Kleiber, 1994). En français, les pronoms
forment un système complexe. Ils portent des marques morphologiques de genre « il »/« elle » qui
s’appliquent non seulement aux individus, mais aussi aux animaux et aux objets. Ils portent aussi
des marques de nombre « il »/« ils », qui cependant, ne sont pas toujours audibles à l’oral. Enfin,
ils contiennent des marques de cas (« il(s) »/« elle(s) » versus « le »/« la »/« les »/« lui »/« leur »)
qui sont centrales pour le traitement de l’information, mais sources de difficultés liées à leur res-
semblance formelle avec les déterminants définis. En outre, une particularité du français est que
tous les pronoms clitiques précèdent le verbe « elle le lui a donné », ce qui contribue à alourdir la
charge cognitive (Charolles, 2002).
De nombreuses études, conduites chez l’adulte, ont permis de préciser les différents types
d’informations qui contribuent au traitement des pronoms (voir la synthèse de Garnham, 2001) :
les marques morphologiques (notamment le genre), la relation entre le rôle grammatical du
pronom et celui de l’antécédent, la position et la focalisation des antécédents potentiels, la
distance entre le pronom et l’antécédent. L’interprétation du pronom est aussi dépendante des
inférences pragmatiques faites à partir des actions ou des évènements décrits dans les phrases.
Ces différents facteurs interagissent pour aboutir à l’intégration des phrases successives. Pour
Marslen-Wilson et al. (1993), le genre du pronom constituerait un indice plus fiable que les infé-
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 285
rences pragmatiques, le caractère focalisé de l’antécédent étant un indice plus faible. En français,
le genre du pronom est exploité par le sujet comme un indice efficace, aussi bien lorsque les
antécédents potentiels sont des objets que lorsqu’ils sont des êtres humains (Garnham et al.,
1995).
Concernant l’effet de la distance pronom–antécédent, quelques études ont montré qu’un lecteur
prend plus de temps pour traiter le pronom et donne moins de réponses correctes lorsque la distance
entre le pronom et son antécédent augmente (Clark et Sengul, 1979 ; Frederiksen, 1981 ; Garnham
et al., 1995 ; Sanford et Garrod, 1981).
Chez l’enfant, les recherches centrées sur les expressions anaphoriques s’inscrivent princi-
palement dans deux courants théoriques et mettent en jeu diverses situations de compréhension
et de production, ces dernières étant largement majoritaires (Hickmann, 1995, 2000, 2003). Un
premier courant, directement inspiré par la théorie formelle, innéiste et universaliste de Chomsky
(1981), adopte une approche syntaxique. Les enfants maîtriseraient certains pronoms réfléchis
dès trois ans (par exemple, le pronom se) et, plus tard, les pronoms non réfléchis « il »/« elle » et
les pronoms zéro (pour le français, Jakubowicz, 1994 ; Jakubowicz et Rigaut, 1997). Un second
courant s’inscrit dans une approche fonctionnelle où la prise en compte des relations entre les
formes et les fonctions est cruciale, accordant un rôle majeur aux facteurs sémantiques et pragma-
tiques et s’attachant à décrire la variabilité interlangues. La recherche de Hickmann et Hendriks
(1999), centrée sur la production de récits et réalisée avec des enfants de quatre langues différentes
(anglais, français, allemand et chinois mandarin), montre que si les jeunes enfants de quatre à
cinq ans sont sensibles à la continuité référentielle, l’acquisition se poursuit jusqu’à dix à onze
ans.
Peu d’études se sont intéressées aux situations de compréhension. D’après Sheldon (1974) pour
l’anglais, et Kail pour le français (Kail, 1976 ; Kail et Léveillé, 1977), qui ont étudié à l’aide de
méthodes off-line1 , les stratégies mises en œuvre par les enfants dans le traitement des pronoms,
il faut attendre l’âge de dix ans pour que l’enfant exploite de manière systématique les marques
morphologiques de genre et de nombre. Cependant, dans plusieurs expériences de Tyler (1983)
utilisant des phrases orales et une méthode on-line1 de détections d’erreurs de prononciation,
et réalisées avec des enfants néerlandais de cinq, sept et dix ans, c’est dès sept ans que les
enfants sont capables d’exploiter de manière efficiente le genre du pronom, même s’il leur faut
plus de temps qu’aux enfants de dix ans. Plus récemment, Arnold et al. (2001) ont utilisé un
paradigme intermodal de regard préférentiel avec enregistrement des mouvements oculaires chez
des enfants âgés de cinq ans. Ils montrent que dès 400 ms après l’écoute du pronom, les enfants
fixent l’antécédent qui est de même genre que le pronom. Ils seraient donc capables d’utiliser très
rapidement cet indice.
Les études précédentes ne prennent pas en compte les différences individuelles. En revanche,
celles-ci sont au cœur des recherches exposées dans l’ouvrage de Yuill et Oakhill (1991) dont
l’objectif est de caractériser les difficultés des enfants âgés de sept à huit ans qui sont de faibles
compreneurs de textes écrits (sans difficultés de décodage). Trois expériences concernent le trai-
tement des pronoms. Dans l’une d’entre elles, les enfants sont invités à lire des phrases du type
‘Peter lent his coat to Sue because she was cold’ (Pierre a prêté son manteau à Suzanne parce
qu’elle avait froid). Les phrases sont suivies d’une question : ‘Who was cold?’ : ‘Peter’ or ‘Sue’ ?
(Qui avait froid ? : « Pierre » ou « Suzanne »). Les auteurs font varier le genre des antécédents
1 Parmi les indicateurs de traitement, on distingue les variables off-line et les variables on-line. Les variables off-line
sont mesurées après la réalisation de l’activité. Les variables on-line ou « en temps reel » sont recueillies au cours du
déroulement de l’activité.
286 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
potentiels (genre différent ou même genre), de telle sorte que la résolution du pronom peut être
effectuée à partir du genre qui est un indice fiable ou nécessite la mise en jeu d’inférences prag-
matiques. Ils manipulent également le mode de présentation : les enfants peuvent voir les deux
propositions ensemble ou séparément. Les trois facteurs ont des effets significatifs, mais aucune
interaction n’est observée. Les faibles compreneurs font plus d’erreurs que les bons compreneurs.
La non disponibilité du genre comme indice, la présentation non simultanée des deux proposi-
tions rendent le traitement plus difficile, mais ces deux variables ont des effets similaires dans
les deux groupes (Yuill et Oakhill, 1991). Les deux autres expériences (rapportées également
par Oakhill et Yuill, 1986 ; Yuill et Oakhill, 1988), dans lesquelles sont étudiées la complexité
des inférences pragmatiques et la distance pronom–antécédent confirment les médiocres per-
formances des faibles compreneurs. Les auteurs supposent que la capacité de la mémoire de
travail est l’un des facteurs capables de rendre compte des différences observées entre les bons
et les faibles compreneurs. Avec une tâche off-line d’identification de l’antécédent, Ehrlich et
Rémond (1997) ont mis en évidence, chez des enfants de langue française âgés de neuf ans en
CE2, des interactions qui traduisent les difficultés particulières des faibles compreneurs dans
le traitement des pronoms, lorsqu’il s’agit de lire et comprendre un texte assez long (envi-
ron 700 mots). Ces difficultés sont plus marquées lorsque l’antécédent est éloigné du pronom
(une phrase ou plusieurs phrases intermédiaires), c’est-à-dire lorsque la charge en mémoire est
importante.
L’étude plus récente de Megherbi et Ehrlich (2005) indique que les difficultés des enfants faibles
compreneurs ne sont pas spécifiques à l’écrit mais se manifestent également à l’oral. Adoptant
le paradigme on-line intermodal de Marslen-Wilson et al. (1993), ces auteurs étudient chez deux
groupes d’enfants âgés de sept ans (CE1), bons et faibles compreneurs de l’écrit, l’influence
de deux indices qui sont en situation de convergence ou de conflit : le genre du pronom et les
inférences pragmatiques. Les bons compreneurs exploitent la convergence des indices ; en cas de
conflit entre les indices, ils accordent une priorité au genre du pronom, comme le font les adultes
observés par Marslen-Wilson et al. (1993). Les faibles compreneurs ont des difficultés à traiter
le genre du pronom et n’exploitent pas systématiquement la convergence des indices. En cas de
conflit, ces enfants n’accordent pas la priorité au genre du pronom.
Les recherches qui viennent d’être brièvement résumées témoignent de la pluralité des fac-
teurs impliqués dans le traitement des pronoms. Certains de ces facteurs sont plus efficaces que
d’autres pour conduire à l’identification de l’antécédent. Ils peuvent conjuguer leurs effets pour
rendre la résolution plus facile. En conséquence, la charge en MT est variable d’une situation
à l’autre et nous pouvons faire l’hypothèse que la résolution du pronom est dépendante de la
capacité de la MT. Comme nous l’avons évoqué plus haut, la question de la relation entre capa-
cité de MT et traitement des pronoms a été étudiée dès la première recherche conduite chez
l’adulte par Daneman et Carpenter (1980). Ces auteurs ont pu l’évaluer quantitativement par une
étude corrélationnelle, mais également plus qualitativement en étudiant deux groupes de sujets,
à empan faible et empan élevé de MT. La tâche proposée consistait à identifier l’antécédent d’un
pronom à des niveaux plus ou moins élevés de charge en mémoire. Celle-ci était opérationna-
lisée en terme de distance séparant l’antécédent et le pronom, qui pouvait varier entre deux et
cinq phrases. Les résultats font apparaître que les sujets à empan faible sont très sensibles à
la distance, ce qui se traduit par une forte diminution du nombre d’identifications correctes de
l’antécédent lorsque la distance est élevée. En revanche, les sujets à empan élevé conservent
un niveau de précision élevé quelle que soit la distance qui sépare l’antécédent du pronom.
L’observation de cette baisse progressive observée chez les sujets à empan faible laisse suppo-
ser que les deux groupes ne se distinguent pas au niveau de l’habileté générale à sélectionner
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 287
l’antécédent correct, mais par une résistance différente à l’oubli de l’antécédent, en fonction de la
distance.
Notre expérience a pour objectif d’explorer, à l’aide de plusieurs variables on-line et off-
line, comment la capacité de la MT contraint la compréhension lors du traitement des pronoms
chez l’enfant. Nous avons comparé deux groupes d’enfants, à empan faible ou élevé de MT,
à qui nous avons proposé une tâche de résolution des pronoms. L’âge que nous avons retenu
est neuf ans et demi car à cet âge, la capacité de la MT est un prédicteur significatif de la
compréhension de l’écrit (Seigneuric et al., 2000). De plus, les enfants de cet âge disposent
d’une compétence déjà avancée dans le traitement des pronoms et savent exploiter les informa-
tions pertinentes, notamment la marque de genre portée par le pronom (Megherbi et Ehrlich,
2005).
Le matériel de notre étude est similaire à celui utilisé par Yuill et Oakhill (1991) et la méthode
est adaptée de l’expérience de Garnham et al. (1995) réalisée auprès d’adultes sur du matériel de
langue française. Des petits textes de deux phrases ont été construits : la première phrase décrit une
action faisant intervenir deux personnages. La deuxième commence par un pronom qui renvoie à
l’un des deux personnages. À l’issue de la lecture de chaque texte, une question est posée portant
sur l’antécédent du pronom. Dans cette tâche, nous avons fait varier la charge en MT au moyen de
deux facteurs : la présence d’un indice de genre permettant d’identifier le pronom et la distance
entre le pronom et son antécédent. En référence aux recherches que nous venons de rappeler,
nous faisons l’hypothèse que le traitement du pronom sera plus difficile quand la prise en compte
du genre du pronom n’est pas suffisante pour identifier l’antécédent correct et quand la distance
entre l’antécédent et le pronom est plus grande.
L’hypothèse d’un lien entre capacité de MT et traitement du pronom conduit à prédire que les
enfants à capacité réduite de MT seront moins performants dans la résolution du pronom et verront
leurs performances plus affectées par une charge élevée en MT (conditions absence d’un indice
de genre pour identifier le pronom et distance élevée entre pronom et antécédent) en comparaison
des enfants à capacité élevée de MT.
Ces hypothèses seront testées sur les deux variables mesurant l’accès à l’antécédent du pronom :
le temps de réponse et le pourcentage de réponses correctes. La tâche utilisée permet également
l’enregistrement des temps de lecture des différentes portions du texte. Nous nous intéresserons
plus particulièrement au temps de lecture de la phrase contenant le pronom afin d’étudier comment
les deux groupes d’enfants régulent leur vitesse de lecture en fonction de la difficulté de résolution
du pronom.
2. Méthode
Deux groupes d’enfants de neuf à dix ans ont participé à l’étude : 16 enfants à capacité
élevée de MT et 16 enfants à capacité faible de MT. Ces groupes ont été sélectionnés à par-
tir d’un échantillon de 48 enfants (27 garçons et 21 filles) regroupant les élèves de deux
classes de quatrième année scolaire (CM1). La moyenne d’âge était de neuf ans neuf mois
et l’écart-type de cinq mois. Les enfants fréquentaient une école publique située dans une
banlieue parisienne au niveau socioéconomique relativement élevé (Versailles). Les enfants
288 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
retenus étaient de langue maternelle française à l’exception de trois d’entre eux mais qui,
ayant appris à lire en français et parlant français dans leur famille, ont été inclus dans
l’échantillon.
2.2. Matériel
Pour mesurer la capacité de MT des enfants, nous avons utilisé une adaptation du Liste-
ning Span test de Siegel et Ryan (1989). Cette épreuve, la (mémoire de travail verbale pour
enfants [MTVE], Seigneuric et al., 2008) a été utilisée dans plusieurs études (Seigneuric et al.,
2000 ; Seigneuric et Ehrlich, 2005). L’enfant est placé dans une situation de double tâche : il
doit trouver le dernier mot de phrases incomplètes lues par l’expérimentateur et maintenir en
mémoire ces mots afin de les rappeler à la fin d’une série de phrases. Les phrases sont présen-
tées en séries de longueur croissante, de deux à cinq phrases avec trois essais par niveau. Les
phrases ont été construites de sorte à ce que l’évocation des mots ne pose pas de difficulté aux
enfants.
Les phrases sont lues à haute voix par l’expérimentateur et l’enfant peut suivre des yeux la
lecture. À la fin de chaque phrase, l’enfant doit produire oralement le dernier mot. Dès que le
mot est produit, l’expérimentateur passe à la phrase suivante. À la fin d’une série, l’enfant doit
rappeler dans l’ordre tous les mots produits dans cette série. Toutes les séries de phrases sont
présentées.
Exemple de l’essai 1 de la série de deux phrases :
On mange de la soupe avec une
Sur mon gâteau d’anniversaire, j’ai soufflé les
rappel : cuillère, bougies
Dans ce type d’épreuve, plusieurs scores peuvent être calculés (voir pour une discussion des
scores, Seigneuric et al., 2008). Pour cette étude, le score utilisé est celui proposé par Siegel et
Ryan (1989). Il correspond au nombre total d’essais pour lesquels le rappel correct est parfait
(tous les mots sont rappelés, dans le bon ordre). Le score est ainsi obtenu en accordant un point
par essai correct et en faisant la somme de ces points. Le score maximum correspond au nombre
total d’essais dans l’épreuve, c’est-à-dire 12. Les deux groupes d’enfants à capacité élevée et à
capacité faible ont été constitués en retenant le tiers supérieur et le tiers inférieur de la distribution
des scores.
Nous avons également administré aux enfants un test de compréhension en lecture (test de
lecture silencieuse, INETOP 1981 ; Aubret et Blanchard, 1991), un test de vocabulaire (test
d’identification de synonymes issu de l’adaptation française de la batterie ‘California’ ; Claes
et al., 1967) ainsi qu’une épreuve de décodage (basée sur la lecture de textes ; test ‘Jeannot et
Georges’, Hermabessière et Sax, 1972). Afin de caractériser plus précisément les deux groupes
d’enfants, nous présentons dans le Tableau 1 les scores moyens obtenus par les deux groupes sur
l’ensemble des variables.
Par construction, les deux groupes sont très fortement différenciés au niveau du score obtenu
à la MTVE. Les enfants à empan élevé ont des scores moyens deux fois plus élevés (6,4) que les
enfants à empan faible (3,06), t(30) = 8,2, p < 0,001).
Les deux groupes se différencient également sur les autres variables. Les enfants à capacité éle-
vée ont des scores de compréhension plus élevés (t(30) = 3,8, p < 0,001), des scores de vocabulaire
plus élevés (t(30) = 3,4, p < 0,01) et ils font moins d’erreurs de décodage (t(30) = −2,7, p < 0,05).
Ils ont une tendance à lire plus vite, mais cette différence n’est pas significative (t(30) = 0,9, n.s.).
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 289
Tableau 1
Moyennes et écarts-types observés aux épreuves de mémoire de travail (MTVE), de compréhension en lecture, de voca-
bulaire, et d’efficience du décodage (erreurs et temps) pour chacun des deux groupes à empan faible et à empan élevé de
MT
Groupes MTVE Compréhension Vocabulaire Er. décodage Tps décodage (s)
max = 12 max = 53 max = 25
Empan faible (n = 16) M 3,06 34,6 15,9 13,7 95,9
E-T 0,44 7,8 3,6 4,6 (14,4)
Empan élevé (n = 16) M 6,4 43,4 20,2 9,2 90,6
E-T 1,6 4,7 3,6 4,5 (17,0)
Épreuve de traitement des pronoms : 32 textes ont été construits sur le même modèle que le
matériel utilisé dans l’étude de Garnham et al. (1995). Ces textes comprennent deux phrases.
La première débute par un segment introductif qui donne une information de nature spatiale ou
temporelle à propos de l’action principale. Cette action est décrite dans la suite de la phrase qui
constitue le segment suivant. Elle fait intervenir deux personnages différents. La seconde phrase
évoque la cause ou la conséquence de cette action. Elle commence par le pronom personnel
« il » ou « elle », qui renvoie à l’un des deux personnages de la première phrase. Une question
est posée à la fin de chaque texte. Elle reprend l’énoncé de la deuxième phrase à la forme
interrogative en pointant sur l’antécédent du pronom ; elle est de la forme « Qui fait quoi ? ».
Les deux personnages sont proposés comme les deux possibilités entre lesquelles l’enfant doit
choisir la bonne réponse.
La construction des 32 textes a été déterminée en suivant plusieurs critères visant à contrôler
leur variabilité (Garnham et al., 1995). Afin de rendre l’épreuve moins monotone, nous avons
introduit un facteur « type de textes » de sorte à faire varier les personnages de l’histoire :
dans la moitié des textes, les personnages sont identifiés par un prénom (Isabelle, Vincent)
et dans l’autre moitié, les personnages sont définis par leur profession (la reine, le bou-
langer). Pour la moitié des textes de chaque sorte, l’antécédent du pronom est sujet de la
première phrase et pour l’autre moitié l’antécédent est objet. Cette manipulation a été intro-
Tableau 2
Exemple des quatre versions d’un texte selon les facteurs distance et indice de genre
Indice de genre disponible Indice de genre non disponible
Distance courte Au début des vacances, Isabelle a prêté sa Au début des vacances, Eric a prêté sa raquette
raquette à Vincent. à Vincent.
Il voulait apprendre à jouer au tennis. Il voulait apprendre à jouer au tennis.
Distance longue Au début des vacances, Isabelle a prêté sa Au début des vacances, Eric a prêté sa raquette
raquette à Vincent pour toute la durée de à Vincent pour toute la durée de l’été.
l’été.
Il voulait apprendre à jouer au tennis. Il voulait apprendre à jouer au tennis.
290 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
duite afin que l’antécédent ne puisse pas être prédit à partir de sa fonction syntaxique. Les
verbes utilisés dans la première phrase ont été contrôlés pour donner une certaine homogénéité
aux actions. Ces actions décrivent le transfert d’un objet, d’une personne à une autre personne.
Il s’agit des verbes : « donner, envoyer, prêter, vendre ». Enfin sur l’ensemble des textes, le genre
du pronom « il » ou « elle » a été contrebalancé.
Pour chacun des 32 textes, quatre versions différentes ont été construites. Elles résultent du
croisement de deux facteurs intramatériel qui visent à faire varier la charge en mémoire de travail
(voir exemple Tableau 2).
Le premier facteur concerne la disponibilité d’un indice de genre pour la résolution du pronom.
Dans une version, un indice de genre est disponible car les personnages sont de sexe différent (la
seule prise en compte du genre du pronom permet d’identifier son antécédent). Dans une autre
version, l’indice de genre n’est pas disponible car les personnages sont de même sexe (le genre
du pronom ne permet pas d’identifier l’antécédent) et le recours aux inférences pragmatiques est
indispensable.
Le second facteur est la distance qui sépare le pronom de son antécédent. Dans une version,
la distance entre le pronom et son antécédent est courte : la seconde phrase suit immédiatement
la première phrase de sorte que le pronom apparaît à la suite de la proposition qui contient son
antécédent. Dans une autre version, la distance entre le pronom et son antécédent est plus grande.
La première phrase se termine par un groupe de mots complément, de sorte que le pronom débutant
la seconde phrase est séparé de la proposition contenant son antécédent par ce segment intercalé.
Celui-ci contient en moyenne six mots. Sa valeur informative est neutre par rapport à l’action
principale. Un prétest a permis de vérifier que la compréhension de cette action n’était pas facilitée
dans cette condition.
Deux prétests ont été réalisés afin de vérifier la construction du matériel. Un premier prétest
effectué auprès de 71 adultes a permis d’estimer la plausibilité des textes et de tester l’identification
de l’antécédent. La plausibilité était évaluée pour chaque texte par une échelle en quatre points
(allant de 1 : très peu plausible à 4 : très plausible). De plus, pour la moitié des textes présentés
sans indice de genre pour la résolution du pronom, les sujets devaient porter un jugement sur
l’identité de l’antécédent du pronom. Ce jugement était donné sur une échelle en cinq points
proposant les deux personnages de la première phrase comme antécédents possibles (par ex :
1. Certainement « Isabelle », 2. Probablement « Isabelle », 3. Je ne sais pas, 4. Probablement
« Vincent », 5. Certainement « Vincent »). La moyenne des scores de plausibilité s’élevait à 3,14
sur l’ensemble des textes avec une moyenne de 3,18 pour les textes prénoms et 3,10 pour les
textes professions.
Le deuxième prétest a été proposé à dix enfants de quatrième année (CM1) ne participant pas
à l’étude. L’objectif était de nous assurer que le vocabulaire utilisé dans les textes était connu des
enfants et que la lecture de ces textes ne posait pas de difficultés particulières. Les enfants avaient
pour consigne de lire à haute voix l’ensemble des textes (présentés en version longue). Après la
lecture, l’expérimentateur posait quelques questions pour savoir si l’enfant comprenait le sens des
mots et des phrases composant les textes.
Afin que chaque enfant ne voie qu’une seule forme d’une même histoire, quatre listes ont
été constituées. Chaque liste contient 32 textes. Au sein de chaque liste, il y a huit textes pour
chacune des quatre modalités définies à partir des deux facteurs intramatériel, disponibilité de
l’indice de genre et distance. Ces huit textes proviennent du croisement des facteurs type de textes,
sexe de l’antécédent et fonction syntaxique de l’antécédent. Ces huit textes définissent des blocs.
À l’intérieur de ces blocs, le facteur verbe a été contrebalancé selon un plan en carré latin. Les
enfants sont affectés au hasard à l’une des quatre listes.
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 291
2.3. Procédure
Les textes sont découpés en trois ou quatre segments, chaque segment apparaissant sur une
ligne d’écran : l’introduction, la proposition principale de la première phrase, le segment intercalé
en condition distance longue et la seconde phrase. Une procédure d’autoprésentation est utilisée.
L’enfant dispose d’un boîtier réponse à trois boutons. Un des boutons permet de faire défiler les
textes, segment par segment. À chaque appui, le segment qui a été lu disparaît et est remplacé par
le segment suivant. Ainsi, l’enfant n’a jamais sous les yeux plus d’un segment à la fois et c’est
lui-même qui régule la vitesse de défilement. Les 32 textes de chaque liste sont présentés dans un
ordre aléatoire qui est différent pour chaque enfant.
Chaque texte débute par le signal « ATTENTION » qui apparaît au centre de l’écran. Quand
l’enfant est prêt, il appuie une première fois pour faire apparaître l’introduction de la première
phrase. Les appuis successifs permettent de faire apparaître les segments suivants jusqu’à la
question. Lorsque celle-ci apparaît, elle est accompagnée des deux réponses possibles cor-
respondant aux deux personnages de la première phrase, écrites l’une en dessous de l’autre.
L’enfant utilise deux boutons, disposés l’un en dessous de l’autre pour indiquer sa réponse.
La position de la bonne réponse, en haut ou en bas, est contrebalancée sur l’ensemble des
textes.
L’enfant a pour consigne de lire attentivement les textes pour bien les comprendre et répondre
à la question posée après chaque texte. L’enfant est averti que ses temps de lecture et de réponse
sont mesurés et donc qu’il doit aller aussi vite que possible tout en privilégiant la compréhension.
L’ordinateur enregistre donc le temps de lecture de chaque segment (délai entre l’affichage du
segment et l’appui par l’enfant pour l’apparition du segment suivant), le temps de réponse (délai
entre l’apparition de la question et l’appui sur un bouton réponse) et l’exactitude de la réponse.
L’épreuve débute par un entraînement avec quatre textes. Lors de l’entraînement, l’enfant
lit les textes à haute voix afin que l’expérimentateur puisse juger si l’enfant est à même de
décoder et s’il n’a pas de difficultés perceptives ou d’autre nature qui pourraient gêner sa
lecture. L’enfant est informé de l’exactitude de ses réponses lors de l’entraînement. Lors de
l’entraînement, l’expérimentateur invite systématiquement l’enfant à discuter sur son choix.
Dans son argumentation, l’enfant doit montrer que sa réponse s’est appuyée sur l’action décrite
dans le texte et sur le rôle de chacun des personnages, c’est-à-dire que l’antécédent du pronom a
bien été inféré et non deviné. Lorsque l’enfant démontre qu’il a bien compris ce qu’il doit faire, la
phase test commence. Les enfants lisent les textes silencieusement. Aucun feedback n’est donné
sur l’exactitude des réponses. Pendant le signal « ATTENTION », les enfants peuvent faire des
pauses s’ils le souhaitent.
3. Résultats
Le plan d’analyse le plus complet comprend un facteur inter-sujets (facteur groupe d’enfants)
et cinq facteurs intra-sujets (facteurs indice de genre, distance pronom–antécédent, type de textes,
fonction syntaxique de l’antécédent et genre de l’antécédent). Les facteurs type de textes, fonction
syntaxique de l’antécédent et genre de l’antécédent ne font pas l’objet d’hypothèses en lien avec
notre étude. Toutefois, le facteur type de textes a retenu plus particulièrement notre attention, dans
la mesure où il introduit une variation au niveau de l’identification des personnages et a donc été
inclus dans le plan d’analyse. Dans un cas, les personnages sont identifiés par des prénoms qui
sont interchangeables au-delà de la fonction qui leur est assignée dans le texte. Dans l’autre cas,
les deux personnages sont identifiés par leur profession et peuvent être distingués par leur signifié.
292 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
Tableau 3
Temps moyen de lecture (en ms) de la première phrase et du segment d’allongement pour les deux groupes d’enfants
(écart-type entre parenthèses)
Groupe à empan faible (n = 16) Groupe à empan élevé (n = 16)
Le plan d’analyse qui a été utilisé inclut donc un facteur inter-sujets et trois facteurs intra-sujet
avec quatre observations par cellule.
Le paradigme permet de recueillir plusieurs variables dépendantes : quatre variables correspon-
dant au temps de lecture de chaque segment (une variable par segment), une variable correspondant
au temps des réponses correctes et une variable correspondant au pourcentage de réponses cor-
rectes. Nos hypothèses nous amènent à nous centrer sur trois variables : le temps de lecture de la
phrase contenant le pronom et les deux variables concernant les réponses (temps et pourcentages).
Toutefois, nous avons jugé utile d’étudier les temps consacrés aux segments de la première phrase
(temps de lecture du segment contenant l’antécédent et temps de lecture du segment intercalé en
condition distance longue) afin de détecter d’éventuelles différences entre les deux groupes dans
la gestion de la tâche. Nous rapportons donc pour commencer quelques éléments issus de cette
analyse.
Il n’y a pas de différence significative entre les groupes au niveau des temps de lecture de
la proposition principale de la première phrase qui contient l’antécédent (F < 1), et du segment
complément qui conduit à allonger la distance entre le pronom et l’antécédent (F (1,30) = 1,60,
n.s.). Les deux groupes examinent pendant des durées comparables ces deux lignes de textes
(Tableau 3).
Il est particulièrement important de remarquer que les deux groupes consacrent la même durée
à la lecture du segment d’allongement (en moyenne 2200 ms). Ce segment a donc bien fait l’objet
d’un certain traitement, d’une durée globalement équivalente pour les deux groupes.
Le Tableau 4 présente les temps moyens ainsi que les écart-types dans les conditions rete-
nues.
Tableau 4
Temps moyens (en ms) de lecture de la phrase contenant le pronom (et écarts-types) en fonction de la distance entre le
pronom et son antécédent, de la disponibilité de l’indice de genre (IG), du type de textes (prénoms versus professions)
pour les deux groupes d’enfants (empan faible et empan élevé)
Groupe à empan faible (n = 16) Groupe à empan élevé (n = 16)
Distance courte 2430 (545) 2220 (514) 3020 (971) 2910 (689) 2210 (788) 2460 (881) 2700 (1104) 2860 (975)
Distance longue 2180 (639) 2130 (594) 2920 (835) 2780 (923) 2090 (583) 2280 (886) 2550 (822) 2540 (784)
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 293
Fig. 1. Temps de lecture de la phrase contenant le pronom (en ms) en fonction des facteurs groupe d’enfants et indice de
genre.
Le temps de lecture de la phrase contenant le pronom ne différencie pas les deux groupes
(F < 1). En moyenne, les enfants à empan élevé lui consacrent une durée comparable à celle des
enfants à empan faible (2460 ms versus 2575 ms). Concernant les facteurs faisant varier la charge
en MT, l’effet du facteur indice de genre n’est pas significatif (F < 1), mais comme le montre la
Fig. 1, ce facteur interagit avec le facteur groupe (F(1,30) = 7,5, p < 0,05).
Cette interaction suggère deux comportements différents de la part des enfants des deux
groupes. Les enfants à capacité élevée manifestent le même profil de performance que les
adultes dans ce type de tâche : ils consacrent plus de temps (150 ms en moyenne) à traiter la
phrase contenant le pronom en l’absence d’un indice de genre, c’est-à-dire lorsque plusieurs
antécédents sont lexicalement corrects (F(1, 30) = 4,47, p < 0,05). En revanche, les enfants à
empan faible tendent à consacrer moins de temps à la lecture de la phrase dans la condition la
plus difficile, c’est-à-dire lorsque aucun indice de genre n’est disponible (baisse moyenne de
120 ms). Toutefois, cette différence n’est pas significative (F(1,30) = 3,07, p = 0,09).
L’effet du facteur distance est significatif (F(1, 30) = 10,1, p < 0,01) : les temps sont plus courts
lorsqu’un segment est intercalé entre le pronom et l’antécédent (2433 ms) que lorsque le pronom
suit la proposition qui contient l’antécédent (2601 ms). Mais l’effet de ce facteur est inverse à
celui attendu, puisque nous faisions l’hypothèse qu’intercaler un segment entre le pronom et son
antécédent imposerait une charge en MT et rendrait donc plus difficile l’accès à son antécédent.
Une interprétation de cet effet en lien avec les caractéristiques du paradigme utilisé sera proposée
en discussion.
Le facteur distance n’interagit pas avec le groupe d’enfants ce qui suggère qu’un comportement
comparable a été adopté par les deux groupes. De plus, il n’y a pas d’interaction entre les facteurs
indice de genre et distance, ni entre les trois facteurs groupe, indice de genre et distance (Fs < 1).
L’analyse fait apparaître deux autres effets significatifs faisant intervenir le facteur type de
textes. L’effet global de ce facteur est significatif (F(1,30) = 75,7, p < 0,001). Les temps de lecture
sont plus longs pour les textes professions (2785 ms) que pour les textes prénoms (2250 ms).
De plus, comme le montre la Fig. 2, le facteur type de textes interagit avec le facteur groupe
(F(1,30) = 4,7, p < 0,05), suggérant que les enfants à empan élevé sont moins affectés par le type
de textes que les enfants à empan faible. Cependant, dans les deux groupes, le temps de lecture
est plus long pour les textes professions : l’allongement est de 400 ms pour les enfants à empan
294 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
Fig. 2. Temps de lecture de la phrase contenant le pronom (en ms) en fonction des facteurs groupe d’enfants et type de
textes.
élevé (F(1,30) = 21,3, p < 0,001), et de 730 ms pour les enfants à empan faible (F(1,30) = 59,1,
p < 0,001).
Le Tableau 5 présente les temps moyens de réponses correctes, ainsi que les écart-types dans
les conditions retenues.
En moyenne, les enfants à empan élevé répondent plus rapidement (2900 ms) que les enfants
à empan faible (3580 ms), le facteur groupe est significatif (F(1, 30) = 5,4, p < 0,05). Les deux
facteurs faisant varier la charge en mémoire sont significatifs. Ils ont les effets attendus sur
la variable temps de réponses correctes. Concernant le facteur indice de genre, les réponses
sont ralenties lorsque la seule prise en compte du genre du pronom ne permet pas d’identifier
l’antécédent (3400 ms) comparé à la condition dans laquelle un indice de genre est disponible
(3085 ms), (F(1,30) = 16,3, p < 0,001). Concernant l’effet du facteur distance, les réponses sont
plus lentes lorsqu’un segment est intercalé entre la proposition contenant l’antécédent et celle
contenant le pronom (3340 ms) que lorsque le pronom est présenté à la suite de l’antécédent
(3150 ms), (F(1,30) = 8,6, p < 0,01). L’interaction entre les facteurs indice de genre et groupe
n’est pas significative (F < 1), ce qui suggère que les deux groupes ont une sensibilité comparable
Tableau 5
Temps moyens (en ms) des réponses correctes (et écarts-types) en fonction de la distance entre le pronom et son antécédent,
de la présence d’un indice de genre (IG), du type de textes (prénoms versus professions) pour les deux groupes d’enfants
(empan faible et empan élevé)
Groupe à empan faible (n = 16) Groupe à empan élevé (n = 16)
Distance 2970 (702) 3300 (888) 3580 (899) 3800 (863) 2570 (1022) 2970 (1003) 2980 (1067) 3010 (971)
courte
Distance 3020 (840) 3960 (947) 4130 (981) 3890 (944) 2530 (961) 3260 (1029) 2900 (1164) 3020 (879)
longue
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Fig. 3. Temps moyens de réponses correctes (en ms) en fonction des facteurs groupe d’enfants et distance.
à ce facteur. En revanche, l’interaction entre distance et groupe est significative (F(1,30) = 5,1,
p < 0,05).
Comme le montre la Fig. 3, les enfants à empan élevé conservent presque la même vitesse de
réponse quelle que soit la distance. La différence de moins de 50 ms entre les deux conditions
n’est pas significative (F < 1). Les enfants à empan faible sont sensibles à la distance puisque
leur réponse est particulièrement ralentie lorsqu’un segment est intercalé entre le pronom et
son antécédent. Le coût de l’allongement correspond à une augmentation de 340 ms qui est
significative (F(1,30) = 13,46, p < 0,001).
L’interaction double entre les facteurs groupe, indice de genre et distance n’est pas significative
(F < 1).
Les analyses font apparaître également des effets liés au type de textes. Les temps sont
plus longs avec les textes professions (3400 ms) qu’avec les textes prénoms (3070 ms), (F(1,
30) = 42,6, p < 0,001). Comme l’indique la Fig. 4, le facteur type de textes interagit avec le
facteur groupe (F(1,30) = 14,0, p < 0,001).
Cette interaction indique que le ralentissement des réponses aux textes professions comparé
aux textes prénoms est plus faible chez les enfants à empan élevé (augmentation de 150 ms,
Fig. 4. Temps moyens de réponses correctes (en ms) en fonction des facteurs groupe d’enfants et type de textes.
296 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
F (1,30) = 3,8, p = 0,06) que chez les enfants à empan faible (augmentation de 540 ms,
F (1,30) = 52,8, p < 0,001).
En outre, on observe une interaction entre le facteur type de textes et le facteur indice de
genre, (F(1,30) = 18,9, p < 0,001) ainsi qu’une interaction double entre les facteurs type de textes,
indice de genre et distance (F(1,30) = 4,6, p < 0,05).
Pour les textes prénoms, on observe une interaction entre les facteurs indice de genre et
distance (F(1,30) = 6,18, p < 0,01). Lorsque l’indice de genre est disponible, il annule l’effet
du facteur distance en permettant des réponses très rapides. Lorsque cet indice n’est pas
disponible, les temps de réponse sont plus longs et cet allongement est accru en condition
distance longue (test Scheffé, p < 0,05). Pour les textes professions, l’interaction entre les fac-
teurs indice de genre et distance n’est pas significative (F(1,30) = 1,06, n.s.). On remarque
que les effets de ces deux facteurs sont faibles. La vitesse de réponse est beaucoup moins
sensible à la présence d’un indice de genre et à la distance qui sépare le pronom de son antécé-
dent.
Le Tableau 6 présente les pourcentages moyens de réponses correctes, ainsi que les écart-types
dans les différentes conditions.
En moyenne, le pourcentage de réponses correctes est plus élevé pour les enfants à empan élevé
(88 %) que pour les enfants à empan faible (80 %), le facteur groupe est significatif (F(1,30) = 8,14,
p < 0,01). De plus, les deux facteurs faisant varier la charge en mémoire sont significatifs avec des
effets conformes aux prédictions. Concernant l’indice de genre, l’identification de l’antécédent
du pronom est plus facile lorsqu’un indice de genre est disponible (92 %) que lorsque le genre
du pronom ne permet pas d’identifier l’antécédent (76 %), (F(1,30) = 50,7, p < 0,001). Concer-
nant l’effet du facteur distance, les réponses correctes sont plus fréquentes lorsque le pronom
n’est pas séparé de l’antécédent (86%) que lorsqu’un segment est intercalé (82 %) (F(1,30) = 5,2,
p < 0,05). Aucune interaction entre les facteurs groupe, distance et indice de genre n’est signifi-
cative. En outre, ni le facteur le facteur type de textes, ni l’interaction entre les facteurs groupe
et type de textes ne sont significatifs. On observe seulement une interaction entre type de textes
et distance (F(1,30) = 4,2, p < 0,05). L’effet de la distance n’est marqué qu’au niveau des textes
prénoms. Lorsque l’antécédent et le pronom sont séparés par un segment intercalé, le pourcen-
tage de bonnes réponses diminue pour les textes prénoms (test Scheffé, p < 0,05) alors qu’il
reste constant pour les textes professions. Cette interaction est observée chez les deux groupes
d’enfants.
4. Discussion
Distance courte 92 % (0,15) 73 % (0,17) 86 % (0,20) 75 % (0,27) 100 % (0,00) 86 % (0,18) 98 % (0,06) 80 % (0,14)
Distance longue 87 % (0,16) 61 % (0,34) 89 % (0,18) 75 % (0,18) 92 % (0,12) 77 % (0,21) 91 % (0,15) 83 % (0,15)
297
298 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
(temps de réponses correctes et pourcentages de réponses correctes) chez les enfants à capa-
cité faible comparés aux enfants à capacité élevée. De plus, l’étude des temps de lecture de
la phrase contenant le pronom nous a apporté des informations précieuses sur la façon dont
les deux groupes régulaient leur vitesse de lecture en fonction de la difficulté de résolution du
pronom.
Nos résultats font apparaître des performances différentes chez les deux groupes d’enfants.
Tout d’abord, conformément à nos attentes, nous avons observé des différences au niveau des
performances globales entre les deux groupes. Pour identifier l’antécédent d’un pronom, les
enfants à empan élevé sont plus performants (en termes d’exactitude et de vitesse) que les
enfants à empan faible. De plus, nos résultats ont mis en évidence des différences de sensi-
bilité entre les deux groupes d’enfants à l’égard des facteurs faisant varier la charge en MT.
Toutefois ces effets différentiels n’ont pas été observés pour chacune des variables dépen-
dantes considérées. L’effet de la marque de genre n’interagit avec le groupe d’enfants qu’au
niveau du temps de lecture de la phrase contenant le pronom et l’effet de la distance n’interagit
avec le groupe d’enfants qu’au niveau des temps de réponse. Dans la suite de cette par-
tie, nous discutons ces effets et proposons une interprétation dans le cadre de la conception
de la MT développée récemment par Unsworth et Engle (2006, 2007). Nous nous interroge-
rons également sur les effets qui n’ont pas été observés (notamment au niveau de la variable
pourcentages de réponses correctes) et sur les effets non attendus, liés au facteur type de
textes.
L’effet de la présence (ou de l’absence) d’un indice de genre affecte différemment les deux
groupes lors de la lecture de la phrase contenant le pronom. Dans la condition sans indice de
genre, les enfants à capacité élevée de MT ralentissent leur lecture. Cet effet est caractéristique
des performances du lecteur adulte (Garnham et al., 1995). Les enfants à capacité faible de MT
ne présentent pas ce même ralentissement, ce qui suggère que la résolution du pronom n’est
pas réalisée de la même façon par ces enfants. Ces résultats nous amènent à considérer que les
conséquences d’une capacité réduite de MT se manifestent par une incapacité à moduler en temps
réel la vitesse de lecture pour s’adapter à des conditions de traitement plus difficiles. Pourtant,
les enfants à capacité faible de MT, comme ceux à capacité élevée, savent exploiter l’indice de
genre puisqu’ils répondent plus rapidement et avec une plus grande exactitude lorsqu’un indice
de genre est disponible. Ils se différencient donc des enfants à empan élevé par une absence
d’ajustement de la vitesse de lecture lorsque plusieurs antécédents sont grammaticalement com-
patibles avec le genre du pronom. L’interprétation classique donnée à l’augmentation des temps
de lecture que manifestent des lecteurs adultes dans cette situation est qu’elle traduirait la mise
en œuvre des inférences permettant de résoudre le pronom (Garnham et al., 1995). Cette inter-
prétation suppose que la résolution s’effectue en temps réel, au cours de la lecture. Selon cette
interprétation, l’interaction que nous observons traduirait le fait que les enfants à empan élevé
seraient capables d’engager la résolution du pronom lors de la lecture du pronom alors que les
enfants à capacité faible auraient tendance à la reporter au moment de la question. Toutefois,
nous n’observons pas d’interaction entre l’empan et la marque de genre au niveau des temps de
réponses. Il faudrait alors faire l’hypothèse, en restant dans la ligne de cette interprétation, que
chez les enfants à empan élevé, le traitement du pronom se poursuivrait ou serait vérifié (comme
réalisé une seconde fois) lors de la question. Nous pourrions proposer une autre hypothèse pour
expliquer l’interaction observée au niveau du temps de lecture. Elle consiste à considérer cet
effet non pas comme la mise en œuvre d’inférences, mais comme traduisant le rafraîchissement
de la trace en mémoire de la phrase contenant les deux antécédents. Ce processus permettrait
d’assurer une distinctivité suffisante entre les deux antécédents potentiels présentant un risque
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 299
d’interférence entre eux. En d’autres termes, l’absence d’une marque de genre déclencherait
une procédure de consolidation de la trace pour une récupération ultérieure, procédure qui ne
serait mise en place que chez les enfants à empan élevé. À nouveau, il faut tenir compte du fait
que cette procédure ne semble pas avoir eu d’impact au niveau des temps de réponse puisque
cette interaction ne se répercute pas sur les temps de réponse. Les caractéristiques de notre
paradigme peuvent ici être en cause. Les textes utilisés étaient courts et la deuxième phrase
mise à la forme interrogative était fournie aux enfants lors de la réponse. Ces informations ont
pu être utilisées comme indice de récupération par les deux groupes, limitant ainsi l’avantage
des enfants à empan élevé dans l’encodage plus précis de la phrase en l’absence d’une marque
de genre.
Concernant le facteur distance, nos résultats font apparaître une sensibilité différente entre les
deux groupes pour une seule des variables analysées : le temps des réponses correctes. Pour cette
variable, les résultats obtenus sont conformes à nos attentes. Les enfants à capacité élevée de MT
sont peu sensibles à la distance qui sépare le pronom de son antécédent. Le fait d’intercaler un
segment n’augmente pas significativement leur temps de réponse. En comparaison, les enfants à
capacité faible de MT répondent plus lentement lorsque le pronom est éloigné de son antécédent,
en d’autres termes ils ne parviennent pas à accéder à l’antécédent avec la même vitesse lorsque
celui-ci est éloigné du pronom. En liaison avec nos hypothèses, cet effet suggère que les enfants
à capacité faible de MT ne peuvent maintenir l’antécédent du pronom actif et disponible en MT
lorsqu’une distance a été introduite. Pour ces enfants, une recherche plus approfondie, impliquant
une récupération des éléments pertinents est nécessaire, au prix d’une augmentation des temps
de réponse.
La manipulation conjointe de deux facteurs supposés cibler des composantes différentes de la
MT (la marque de genre liée à la composante computationnelle et la distance liée à la composante
stockage) a permis de mettre en évidence des effets différents sur les performances. Nos résultats
suggèrent que les contraintes que la capacité de la MT exerce sur la résolution des pronoms se
manifestent de deux façons différentes : en influant sur la régulation et le contrôle on-line durant le
traitement (facteur marque de genre) et en limitant la quantité d’informations maintenues actives
(facteur distance). Ces résultats sont compatibles avec les modèles récents de MT qui lui attribuent
différentes fonctions et envisagent différentes sources de différences individuelles associées à ces
fonctions. C’est notamment la position défendue par Unsworth et Engle (2006, 2007). Ces auteurs
décrivent un modèle de MT à deux composantes, une composante attentionnelle permettant de
maintenir un ensemble d’informations activées (en mémoire primaire) et une composante de
récupération des informations pertinentes (en mémoire secondaire) grâce à l’utilisation d’indices
« temporo-contextuels ». Dans le cadre de ce modèle, les conséquences d’une capacité réduite de
MT se manifesteraient à ces deux niveaux : par une limitation de la capacité de maintien actif
des informations en mémoire primaire et par l’utilisation d’indices imprécis limitant les capacités
de récupération. Les indices de récupération utilisés par les sujets à empan faible conduiraient à
l’activation d’informations non pertinentes et à une faible discrimination des informations lors
de la récupération. En revanche, une capacité élevée de MT permettrait de maintenir actif un
plus grand nombre d’informations et de bénéficier d’une récupération en mémoire secondaire des
informations pertinentes grâce à des indices mieux spécifiés. À notre connaissance, ce modèle
n’a pas encore été utilisé pour expliquer des traitements langagiers. Mais il nous semble qu’il
pourrait ici offrir un cadre d’interprétation pertinent. Ainsi, les deux effets que nous avons consta-
tés au niveau des deux facteurs manipulés pourraient correspondre aux deux fonctions postulées
dans le modèle. L’effet du facteur marque de genre au niveau des temps de lecture serait la
trace de l’établissement d’indices de récupération plus précis en vue d’une éventuelle récupé-
300 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
ration en mémoire secondaire. Cette procédure serait permise grâce à une capacité élevée de
MT. L’effet du facteur distance révélerait des capacités différentes de maintien actif des informa-
tions. Les enfants à empan élevé auraient ainsi la capacité de maintenir toutes les informations
actives, y compris en condition distance longue ce qui leur permettrait de répondre à vitesse
constante.
À côté de ces effets d’interaction compatibles avec nos hypothèses, nos résultats soulèvent
plusieurs questions car certains effets prédits n’ont pas été observés et par ailleurs, certains effets
non attendus ont été constatés. Ainsi, l’effet du facteur distance n’a pas permis de différencier
les deux groupes au niveau du temps de lecture de la phrase contenant le pronom. Concernant
ce facteur, nous avons observé un effet contraire à nos hypothèses, à savoir un temps de lec-
ture plus long en condition distance courte qu’en condition distance longue. L’interprétation que
nous proposons est que cet effet résulterait d’une adaptation stratégique à la tâche. En effet, la
question posée a toujours la même forme et apparaît toujours au même moment dans le texte :
elle cible l’antécédent du pronom en reprenant les termes de la seconde phrase et elle est posée
immédiatement après la seconde phrase. Notre hypothèse est que les enfants auraient eu ten-
dance à différer le traitement du pronom et à reporter l’identification de son antécédent lors de
l’apparition de la question. Il est à noter que cet effet de la distance n’interagit pas avec le fac-
teur groupe d’enfants, ce qui semble indiquer que tous les enfants, quel que soit leur empan,
ont adopté cette gestion de la tâche. L’hypothèse de l’influence de stratégies dans la résolution
des pronoms a été soulignée dans plusieurs études antérieures (Garnham et al., 1992 ; Garnham
et al., 1995). Afin de limiter leur impact, il aurait été intéressant d’introduire des textes et des
questions fillers (Garnham et al., 1992 ; Greene et al., 1992). Mais, soulignons que l’objectif de
notre étude n’est pas de conclure sur le mode de résolution des pronoms chez les enfants de
dix ans, mais de comparer les performances de deux groupes d’enfants qui se distinguent par
des capacités différentes de mémoire de travail. Dans ces conditions, il est tout à fait important
pour la validation du paradigme d’avoir pu vérifier que les effets des deux facteurs principaux
(distance et indice de genre) apparaissaient nettement (et dans le sens attendu) au niveau des
réponses.
Parmi les effets prédits non confirmés, aucun effet d’interaction impliquant le facteur groupe
n’a pu être mis en évidence sur la variable pourcentages de réponses correctes. Notre hypothèse
est que cette variable ne présente pas la sensibilité suffisante pour faire émerger ces interac-
tions. Notamment en ce qui concerne la distance, il faut souligner que les deux modalités du
facteur ne sont séparées que par un segment de quelques mots. Dans les études ayant mon-
tré des interactions entre distance et groupe de sujets sur cette variable, la condition distance
longue correspondait à plusieurs phrases (Daneman et Carpenter, 1980 ; Ehrlich et Rémond,
1997). Dans notre étude, nous avons opté pour des textes courts permettant un contrôle rigoureux
mais réduisant l’amplitude du facteur distance et ainsi limitant la variabilité des performances.
Nous pouvons évoquer ici l’étude de Oakhill et Yuill (1986) réalisée avec des textes ayant une
structure comparable aux nôtres. Dans cette étude, les auteurs n’ont pu montrer aucun effet
d’interaction entre groupes d’enfants, indice de genre et charge en mémoire sur la variable
nombre de réponses correctes. Comme dans notre étude, seuls les effets globaux des facteurs
étaient significatifs.
Plusieurs effets liés au facteur type de textes ont été observés. Ces effets invitent à s’interroger
sur ce facteur, d’une part parce qu’il interagit avec le groupe d’enfants sur deux variables (temps
de lecture et temps de réponses correctes) et d’autre part, parce qu’interagissant avec les facteurs
distance et indice de genre, il peut permettre d’expliquer pourquoi les interactions groupe × dis-
tance et groupe × indice de genre n’ont été observées que pour certaines des variables considérées.
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 301
Nos résultats ont montré des temps de lecture et des temps de réponse plus longs pour les textes
professions. Ces effets peuvent, en partie au moins, s’expliquer par des différences de matériel
car les textes sont différents dans les deux modalités. De plus, nous avons observé que le facteur
type de textes interagissait avec le groupe d’enfants au niveau de la lecture de la phrase contenant
le pronom. L’allongement du temps pour les textes professions est plus marqué pour les enfants
à empan faible. L’hypothèse que nous pouvons avancer à propos des textes professions est que
l’élaboration de leur représentation nécessite un traitement plus approfondi, conduisant à ralentir
plus fortement la lecture chez les enfants à empan faible. Rappelons toutefois que les deux types de
textes ont conduit au même taux de bonnes réponses. Ces textes mettant en scène les personnages
d’une histoire sont peut-être plus attrayants et ont suscité un plus grand intérêt, mobilisant une
plus grande attention. Tous les enfants leur consacrent plus de temps de traitement et de réponse
mais cet effet est encore plus marqué pour les enfants à empan faible. En d’autres termes, le
traitement des textes professions apparaît avoir été plus coûteux pour les enfants à capacité faible
de MT que pour les enfants à capacité élevée. Ces effets semblent se répercuter au niveau des
temps de réponse puisque les enfants se différencient à nouveau de manière plus marquée pour
les textes professions. Ainsi, les enfants à capacité élevée de MT tendent à conserver la même
vitesse de réponse que pour les textes prénoms. Les enfants à capacité faible de MT, malgré un
temps important consacré à la lecture de ces textes, présentent une forte élévation de leur temps
de réponse.
L’étude des effets liés au facteur type de textes peut nous permettre d’avancer quelques hypo-
thèses sur les différences de traitement des textes prénoms et des textes professions. Nos résultats
ont mis en évidence une interaction double entre les facteurs type de textes, indice de genre et
distance. Cette interaction s’explique par une interaction entre indice de genre et distance pré-
sente pour les textes prénoms mais pas pour les textes professions ; ces derniers apparaissent peu
sensibles aux facteurs manipulant la charge en mémoire. Dans les textes prénoms, on constate un
net effet de la marque de genre qui annule l’effet de la distance. Il semble donc que la marque
de genre soit plus fortement utilisée avec des textes prénoms qu’avec des textes professions.
Cette différence n’est pas évidente à interpréter. Notamment, nous ne pouvons pas invoquer une
différence d’ordre sémantique, ce qui aurait pu l’être si la comparaison impliquait des person-
nages sexués et des objets inanimés (Karmiloff-Smith, 1979). Dans notre étude, il s’agit dans les
deux cas de référents sexués dont le genre grammatical rejoint le genre naturel. Le marquage du
genre n’est pas le même sur les prénoms et sur les noms de professions. Le prénom lui-même
indique s’il s’agit d’une femme ou d’un homme (Isabelle, Vincent) tandis que pour les noms
de professions, une marque morphologique et un déterminant indiquent le genre (le boulanger,
la boulangère). Pour expliquer nos résultats, nous pourrions faire l’hypothèse que l’indice de
genre sur les prénoms est plus facilement exploitable grâce à cette particularité du marquage du
genre, mais également parce que dans ce cas, aucune autre information distinctive et spécifique
n’est activée par le prénom de personnes inconnues. Dans le cas des référents professions, le
traitement du genre nécessite un traitement de la marque morphologique et du déterminant, mais
nous pouvons également souligner que la représentation associée à ces termes est plus riche,
puisque les personnages sont identifiés par leur fonction professionnelle. L’activation lexicale
induite dans ces situations pourrait ainsi affaiblir la saillance du genre. L’hypothèse d’une repré-
sentation plus riche et plus stable dans le cas des textes professions pourrait également expliquer
la meilleure résistance de ces textes à l’augmentation de la distance entre le pronom et son
antécédent.
Si la capacité de la MT est le facteur explicatif principal que nous retenons, cela ne signi-
fie pas qu’il est le seul à se manifester à travers ces effets. Comme nous l’avons souligné, la
302 A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306
compréhension de l’écrit est une activité hautement complexe et l’origine des différences indivi-
duelles et des difficultés qui peuvent apparaître est multiple. Cette question de la nature composite
de la compréhension se pose avec d’autant plus d’évidence que la recherche s’adresse à des
enfants pour qui le décodage n’est pas encore complètement automatisé. Ainsi, une interprétation
alternative de nos résultats pourrait être proposée en termes de différences de décodage ou de
connaissances sémantiques. À l’appui de cette interprétation, nous avons observé que les deux
groupes d’enfants contrastés au niveau de la capacité de la MT se trouvaient également différen-
ciés par des variables liées au décodage et au vocabulaire. Ce résultat était attendu compte tenu
des corrélations qui sont classiquement observées entre ces variables (Leather et Henry, 1994 ;
Seigneuric et al., 2000). Ce fut précisément l’objectif des études corrélationnelles multivariées
que de montrer le poids spécifique de la capacité de la MT dans l’explication des différences de
compréhension, au-delà de la variance pouvant être expliquée par des variables liées au décodage
et au vocabulaire (Seigneuric et al., 2000 ; Seigneuric et Ehrlich, 2005). Dans la présente étude,
nous avons réalisé des analyses complémentaires afin de vérifier l’hypothèse selon laquelle les
différences de performances observées dans le traitement des pronoms n’étaient pas réductibles à
des différences de vitesse ou de précision du décodage ni aux connaissances en vocabulaire (voir
annexe 1). Ces analyses ont consisté à effectuer des analyses de régression multiple et à calculer
les corrélations partielles entre d’une part, les variables issues de l’épreuve de traitement des
pronoms (temps et bonnes réponses) et d’autre part, les scores de MT en maintenant constantes
l’efficience du décodage et les connaissances en vocabulaire. Les résultats montrant que la capa-
cité de la MT explique une part de variance significative du traitement des pronoms en contrôlant
ces variables permettent de conforter l’hypothèse d’un rôle spécifique de la capacité de la MT
dans ce traitement.
Comme nous l’avons présenté en introduction, le traitement des pronoms anaphoriques nous
est apparu une opération particulièrement intéressante pour étudier le rôle de la capacité de la MT.
L’une de ces raisons, au plan expérimental, est qu’elle permet de faire varier et de contrôler les
conditions de résolution en lien avec la charge en mémoire. Dans notre étude, nous nous sommes
centrées sur deux facteurs, la disponibilité d’un indice de genre et la distance antécédent–pronom,
que nous avons sélectionnés sur la base des études antérieures. Nous ne prétendons pas pour
autant avoir placé l’enfant dans des conditions parfaitement naturelles de lecture et plusieurs
critiques pourraient être adressées. Notamment, et comme c’est souvent le cas, le contrôle rigou-
reux du matériel s’est fait au détriment d’une plus grande diversité des structures utilisées. Les
textes sont plus courts que les textes que lisent habituellement les enfants. De plus, la forme
des textes et des questions posées est constante tout au long de l’épreuve. Cette régularité a pu
favoriser la mise en place de stratégies spécifiques à la tâche comme nous l’avons évoqué plus
haut.
En conclusion, notre étude a permis de montrer comment la capacité de la mémoire de travail
contraignait une opération particulière d’intégration textuelle, qui est le traitement des pronoms
en prenant en compte des variables on-line et off-line. Par la manipulation de deux facteurs
différents, nous avons mis en évidence deux niveaux de contraintes que semblait exercer la
capacité de la MT sur ce traitement : en influant sur la régulation et le contrôle on-line durant
le traitement (facteur marque de genre) et en limitant la quantité d’informations maintenues
actives (facteur distance). Il nous semble que ces données ouvrent de nouvelles perspectives
pour la compréhension des opérations psycholinguistiques très directement liées à la capacité
de la MT. Elles invitent dans les études consacrées à l’enfant à l’utilisation de paradigmes
permettant le recueil de plusieurs variables, notamment temporelles afin de mieux comprendre
la gestion complexe des ressources limitées en MT. Les conceptions actuelles de la MT insistent
A. Seigneuric, H. Megherbi / Psychologie française 53 (2008) 281–306 303
sur les différentes fonctions assurées par ce système (Baddeley, 2006 ; Unsworth et Engle, 2006,
2007). Il sera important dans les recherches futures de tenter d’identifier l’origine des différences
individuelles de capacité de MT observées dans la compréhension de l’écrit en précisant
comment s’effectue la régulation du contenu de la MT en lien avec les ressources attentionnelles
disponibles.
Remerciements
Nous remercions l’inspecteur de l’académie, le directeur, les enseignants ainsi que les enfants
de l’école J.J Tharaud à Versailles. Nous adressons également nos plus vifs remerciements à Jane
Oakhill et à Marie-France Ehrlich pour leur aide précieuse.
Annexe 1
Tableau A1
Matrice de corrélations entre les différentes mesures sur l’échantillon total
1 2 3 4 5 6
Note : BR : variable nombre de bonnes réponses, T moy. : temps moyen de résolution des pronoms, comp : compréhension
de l’écrit, n = 48, * p < 0,05 ; ** p < 0,01.
Tableau A2
Résultats de la régression multiple, avec la variable critère nombre de réponses correctes au traitement des pronoms et les
variables capacité de MT, vocabulaire et efficience du décodage comme prédicteurs
R2 Prédicteurs Part de variance expliquée (%) Corrélations partielles p
Tableau A3
Résultats de la régression multiple, avec la variable critère temps moyen de réponses correctes au traitement des pronoms
et les variables capacité de MT, vocabulaire, efficience du décodage comme prédicteurs
R2 Prédicteurs Part de variance expliquée (%) Corrélations Partielles p
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