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Considéré comme le modèle universel et la forme la plus achevée d’

organisation du pouvoir politique dans les sociétés humaines , l’ Etat se définit à partir
d’ un certain nombre de critères dits traditionnels qui sont aujourd’hui en mutation .
« Qu’est ce que l’Etat » comme présent sujet, est une illustration. Il se rapporte aux
critères de définition de l’Etat.

L’Etat est généralement perçu comme une entité souveraine ayant la


personnalité morale et constituée d’ un territoire , d’ une population et d’ un pouvoir
organisé. Si ces critères ont longtemps permis d’ identifier aisément l’ Etat et de le
distinguer ainsi d’ autres entités qui, sont en son sein ou à côté de lui , et qui peuvent
revendiquer les mêmes caractéristiques, ils semblent ne pas correspondre à la réalité
que traduit l’ Etat moderne .

Ce sujet est très intéressant en ce qu’il permettra de définir traditionnellement


l’Etat et de montrer que ces critères sont en profondes mutations.

Face à une telle mutation il se pose la question de savoir si les critères


traditionnels permettent encore de caractériser l’Etat.

Pour répondre à cette question, il faut noter que la définition complète de l’Etat est
celle qui prend en compte ces critères sociologiques et juridiques. Ainsi, l’Etat est un
rassemblement d’une population sur un territoire soumis à un pouvoir organisé, doté de la
personnalité morale et de la souveraineté. Ces critères dits traditionnels de l’Etat
s’effacent de nos jours : les frontières territoriales tombent, la composition de la
population est fragilisée par la mobilité et la libre circulation des personnes , le constat
de la crise de l’ Etat - Nation . La souveraineté, est elle aussi remise en cause

Sur le plan historique, l’Etat est un phénomène nouveau puisqu’il n’est pas depuis
la nuit des temps. Son apparition remonte au 15e siècle en Europe avec la fin de la
féodalité et l’institutionnalisation du pouvoir politique.

Ceci dit, il convient tout d’ abord de revenir sur les critères traditionnels de
définition de l’Etat(I) avant de montrer ensuite que ces critères sont en mutation (II)

I/ L’ETAT PAR DES CRITERES TRADITIONELS :

La première démarche va consister à définir l’Etat du point de vue ses éléments


sociologiques (A), mais et surtout juridiques (B).

A/ Les critères sociologiques de définition de l’Etat

Du point de vue sociologique , l’ Etat se compose d’ un territoriale , d’ une


population et d’ un gouvernement.

Le territoire de l’Etat recouvre trois réalités. Il est d’ abord terrestre, ensuite


maritime pour le pays ayant une ouverture sur la mer, et enfin aérien , c’est à dire la
couche atmosphérique surplombant le territoire aérien et maritime. C’est le seul
élément de l’ Etat qui permette de délimiter dans l’ espace la sphère ou un Etat peut
exercer ses compétence. Il est délimité par des frontières. C’ est cette importance
capitale du territoires qui explique par exemple le fait que même les gouvernements
en exil ont toujours une projection sur un territoire déterminé.

Le territoire ne suffit toutefois pas à définir l’Etat. Il faut en Effet que réside à
l’intérieur des frontières du territoire étatique une population sédentaire, stabilisée. Si
l’on ne peut concevoir d’Etat sans territoire, on ne saurait non plus l’imaginer sans
population. La population de l’Etat désigne toutes les personnes physiques rattachées
à l’Etat par le lien de Nationalité. C’est ce lien juridique qui confère à ces personnes des
droits et corrélativement des devoirs.

A ces deux éléments , il faut ajouter le gouvernement qui est aussi nécessaire
à l’ existence de l’ Etat, d’autant plus qu’ il est impensable qu’un Etat puisse exister
sans un pouvoir stable.

En effet, le gouvernement constitue l’appareil politique de l’Etat, personne


juridique, l’Etat a besoin d’Organes pour le représenter et exprimer sa volonté. De
même, les compétences de l’Etat sont exercées par ses organes seulement, les autorités
exécutives, mais l’ensemble de ses « pouvoirs publics ».

Population, territoire et gouvernement sont trois éléments que l’ on rencontre


assurément dans tout Etat , mais ils ne suffissent pas à définir , du moins du points de
vue strictement juridique , c’ est à dire en à dégager les traits vraiment spécifiques . Les
recours aux critères juridiques de la souveraineté s’imposent alors.

B/Les critères juridiques de l’Etat

Sur le plan juridique, l’Etat est doté de la personnalité morale et la souveraineté.

L’Etat est une personne morale, c'est-à-dire un être fictif auquel sont attribués des
droits et des obligations semblables à ceux qu’assument les personnes publiques. Gaston
JEZE, disciple du Doyen Léon DUGUT, disait dans une boutade devenue célèbre « je n’ai
jamais déjeuné avec l’Etat ». La personnalité morale confère à l’Etat la capacité de vouloir
et d’agir sur le plan juridique.

La souveraineté est l’élément qui n’appartient qu’à l’état seul. Elle est la
caractéristique qui distingue l’état des autres collectivités territoriales comme la région, la
préfecture ou la commune. Une collectivité souveraine est celle qui ne tient son pouvoir
que d’elle – même et n’est soumise à aucune autorité qui lui soit extérieure. Il s’agit
comme le dit LAFERRIERE » d’un pouvoir » originaire »

D’une façon générale, la souveraineté présente une face interne et une face externe.
Sur le plan interne, dire que l’Etat est souverain, c’est affirmer qu’il possède un
pouvoir absolu de décider en dernier ressort. Il est maître de son organisation et de ses
décisions. Sur le plan externe, la souveraineté de l’Etat réside dans son indépendance à
l’égard de toute autre autorité. La souveraineté externe de l’Etat est en effet limitée par
l’obligation de respecter la souveraineté des autres Etats.

Cependant, ces critères traditionnels s’effacent. Dès lors, ils convient de revenir
sur ce phénomène afin de cerner son ampleur par apport à la définition que l’on a
toujours que de l’ Etat , tant du point de vue sociologique que juridique.

II/L’ETAT PAR DES CRITERE EN MUTATION :

La mutation des critères de définition de l’ Etat se traduit d’ un côté par la crise


de l’ Etat – nation (A) et de l’autre par le constat de la remise en cause de la souveraineté
(B)

A/la crise apparente de l’Etat - nation :

Les éléments traditionnels qui permettent d’ identifier l’ Etat – nation à savoir le


territoire , le peuple et un gouvernement tendent de nos jours à s’effacer. pris
individuellement , tous les trois critères traditionnels ne semblent plus être
suffisamment consistants pour permettre de définir aujourd’hui l’ Etat.

D’ une part, lorsqu’ on examine le territoire de l’Etat, on remarque que cette


composante indispensable de l’ Etat connait d’ importantes mutations. Le territoire de
l’Etat a cédé place à une réalité bien plus grande qui est « l’espace ».

Les causes de la crise du territoire comme élément d’identification de l’Etat –


nation sont donc à rechercher essentiellement dans le développement du phénomène de
l’ intégration. Que ce soit en Europe, En Amérique, en Asie ou blocs régionaux qui
consacrent les principes de la suppression des barrières douanières, symboles des
frontières étatiques.

Quand les frontières tombent , ce sont les peuples qui s’ imbriques c’ est leurs
identité qui est remise en question disait Dominique ROUSSEAU. Avec la libre circulation
des personnes en vigueur partout la composition de la population d’un territoire est
aussi fragilisée. En ce qui concerne les gouvernements, prennent aussi moins de
décisions qui seraient valables pour le territoire et pour le peuple. Cela entraine,
comme conséquence pour les Etats, la perte du monopole de la fonction de légiférer et,
par ricochet de celle de la conduite des affaires à l’ intérieur du territoire national.

Mais la crise n’épargne pas le critère juridique de l’Etat.

B/La remise en cause de la souveraineté :


Tout comme pour les éléments sociologiques de l’Etat, la souveraineté est aussi
remise en cause. La remise en cause de la souveraineté de l’ Etat se manifeste à l’
intérieur et à l’ extérieur des frontières étatiques, c’ est – à dire à la fois par le bas avec
le développement du phénomène de la décentralisation et de la régionalisation, et par
le haut avec l’ émergence du phénomène de l’ intégration, auquel il faut ajouter la
mondialisation .

En ce qui concerne le premier cas, c’est – à dire la remise en cause de la


souveraineté par le bas , il y a lieu de remarquer que les entités territoriales sont de
plus en plus autonomes et se voient reconnaitre le pouvoir de s’ administrer librement
et disposer, tout comme l’ Etat, d’ un certain nombre de prérogatives qui ne manquent
pas de ressembler à des compétences souveraines.

Pour ce qui est de la remise en cause des souverainetés par le haut, celle – ci se
manifeste essentiellement par un Transfert des compétences de l’ Etat aux structures d’
intégration , surtout en Europe , et devant les exigences de la modernisation.

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