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Économie monétaire et financière (2)

Introduction générale

Les notions d’intermédiation et de désintermédiation correspondent à deux modes de


financement de l’économie. L’intermédiation (ou la finance intermédiée) concerne le
financement des entreprises et des ménages par le crédit bancaire alors que la
désintermédiation (ou la finance désintermédiée) consiste à lever des fonds par le Trésor
et les entreprises privées et publiques en faisant appel au marché financier.
Ces notes présenteront l’économie monétaire et financière (2) par référence aux
fondements théoriques et empiriques de l’analyse monétaro- financière.
Dans cette introduction l’accent sera mis sur le champ sémantique des principaux
concepts et notions de base.

1].. La finance directe et la finance indirecte.


« La finance directe désigne les configurations où l'endettement contracté par les
emprunteurs ultimes l'est directement auprès des prêteurs ultimes. En d'autres termes, il y
a finance directe quand un agent à capacité de financement acquiert directement une
obligation ou un billet de trésorerie émis par une entreprise ayant un besoin de
financement. »
« On parle au contraire de finance indirecte quand l'ajustement entre l'offre et la demande
de financement nécessite l'intervention d'un intermédiaire financier. »
« Cette distinction ne recouvre pas le clivage entre financement par émission de titres et
financement par crédit bancaire. En effet, la finance aujourd'hui se caractérise par une
montée en puissance considérable du financement de marché, qui s'effectue par émission
de titres, alors même que la finance directe demeure marginale. »

« La finance reste donc toujours très largement intermédiée mais c'est la forme de
l'intermédiation qui a connu une mutation considérable. La finance bancaire
traditionnelle, c'est-à-dire centrée sur la collecte des dépôts et l'octroi de crédits, tend à
décliner alors que l'intermédiation de marché, qui s'articule sur la mise en commun de
l'épargne et une gestion active et diversifiée de portefeuille, se développe fortement. Or les
investisseurs institutionnels qui regroupent les organismes de placement collectif, les
compagnies d'assurance et les fonds de pension sont les intermédiaires financiers qui
développent le plus activement la gestion collective de portefeuille… »

2].. L’intermédiation financière

« L’activité d’intermédiation financière consiste à acheminer des fonds entre des tierces
parties dont l’une dispose de moyens excédentaires et l’autre est à la recherche de fonds.
1 L’intermédiaire financier n’est pas uniquement un agent agissant pour le compte de ces
unités institutionnelles, il supporte lui-même un risque en acquérant des actifs financiers
et en contractant des engagements pour son propre compte (par exemple, les banques, les
sociétés d'assurance et les fonds d'investissement).»

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3]..L’intermédiation bancaire ou le financement par le crédit bancaire

La banque exerce aussi des activités de marché au profit de ses clients et pour son propre
compte (les activités d’investissements financiers, la titrisation, les produits dérivés, etc.)
les intermédiaires financiers : Les banques, les courtiers (en ligne ou non) et les entreprises
d’investissement..

4].. La désintermédiation financière

"Par définition, l’intermédiation financière s’oppose aux méthodes de levée de fonds


directes. Dans ces cas-là, l’entreprise s’adresse directement aux investisseurs et ce, par
appel public à l’épargne en émettant des titres financiers(les actions et les obligations).

« La désintermédiation est la conséquence d'une modification des comportements et des


circuits de financement, visant à privilégier l'accès au marché monétaire et financier pour
financer les besoins de l'économie ou pour placer des capitaux. Les agents économiques
(entreprises, particuliers,…) ne passent plus obligatoirement par le canal des banques. La
rémunération des banques consiste alors en une commission qui se substitue à la marge
habituelle sur les taux entre les capitaux prêtés et ceux collectés. »
Le financement de l’investissement des entreprises par les marchés financiers. Or les
banques sont présentes en tant qu’intermédiaires financiers en vue d’assurer les
transactions, sur lesquelles ces dernières vont se rémunérer.

5].. Les fonctions et formes actuelles de la monnaie

« La monnaie est un équivalent général, c’est-à-dire une marchandise qui exprime la


valeur d’échange de toutes les autres marchandises. On lui reconnaît traditionnellement
trois fonctions : étalon des valeurs, intermédiaire dans les échanges et réserve de valeur.

« La monnaie est donc un instrument de mesure de la valeur des marchandises. Elle


simplifie le système des prix. En simplifiant le système des prix, elle facilite l’échange
marchand, et, par la même occasion, la mesure des grandeurs économiques. Il est en effet,
beaucoup plus simple d’évaluer (c’est-à-dire de mesurer la valeur) d’un ensemble de biens
et services hétérogènes à l’aide d’un étalon unique. Imaginez la complexité du calcul de la
demande finale sans l’utilisation de la monnaie …

6].. La monnaie, actif de patrimoine, et ses substituts

« Si la monnaie est d’abord un moyen de paiement, elle est également un instrument de


réserve de valeur, une des formes que peut prendre la richesse. Elle offre l’avantage, par
rapport à d’autres actifs de patrimoine — tels que les valeurs mobilières et les immeubles —
2 , d’être l’actif le plus liquide, c’est-à-dire d’être immédiatement disponible et sans risque,
sauf en cas d’inflation. En contrepartie, la monnaie a l’inconvénient d’être faiblement ou
non rémunérée. Cependant, les innovations financières ont multiplié les produits de
placement aisément convertibles en moyens de paiement et qui procurent un revenu
financier sans grand risque : les « actifs financiers liquides ». Les agents sont donc incités à
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substituer dans leur patrimoine ces actifs « quasi monétaires » à la monnaie elle-même,
sans que cela affecte leur capacité de dépense. Cette évolution rend de plus en plus floue la
frontière entre les moyens de paiement et les actifs financiers liquides, ce qui gêne la
délimitation des « agrégats monétaires », indicateurs destinés à mesurer la masse
monétaire et à éclairer les autorités monétaires sur les capacités de dépense des agents
économiques. De même, on constate une augmentation de l’importance, dans les
patrimoines, des placements financiers correspondant à une volonté d’épargne et pouvant
à tout moment se transformer en moyens de paiement. »

« Chaque agent économique détient un patrimoine qui se décompose en deux éléments :


ses actifs et ses dettes. Les actifs prennent trois formes principales : les actifs réels, les
actifs financiers et les avoirs monétaires. »

7].. Le modèle du diviseur de crédit s'oppose dans la théorie à celui du


multiplicateur de crédit.

Dans le cadre du modèle du multiplicateur de crédit, on suppose que les banques ont
besoin de détenir au préalable une certaine quantité de réserves pour prêter. Au
contraire dans le modèle du diviseur de crédit, les banques prêtent d'abord, puis se
refinancent ensuite. Ainsi elles créent la quantité de monnaie correspondante à la demande
de crédit qui leur est adressée, et la quantité de réserves (et donc la base monétaire)
s'ajuste en conséquent. Ce modèle s'inscrit dans un schéma où la monnaie est endogène,
c'est-à-dire que ce sont les agents économiques eux-mêmes qui déterminent la quantité de
monnaie en circulation et non la banque centrale comme le modèle du multiplicateur le
suppose implicitement.

7-1].. La monnaie exogène et le mécanisme du multiplicateur de crédit (de


monnaie)

Le mécanisme du multiplicateur fait de la masse monétaire une quantité déterminée par


des réserves préalables détenues par les banques auprès de la banque centrale,
autrement dit, une quantité que la banque centrale peut fixer. Dans ce schéma, la
monnaie est donc une quantité exogène fixée par la banque centrale. La création
monétaire s’inscrit dans ce cas dans un schéma de « monnaie exogène ».

Un tel schéma apparaît toutefois peu réaliste. Le mécanisme du multiplicateur de monnaie


ignore la possibilité qu’ont les banques d’emprunter la monnaie centrale dont elles ont
besoin. Ainsi, les banques n’ont pas besoin de détenir au préalable un excédent de
monnaie centrale pour prêter. Elles prêtent puis se refinancent. Dans ce cas, les banques
créent la quantité de monnaie qu’elles souhaitent en répondant à la demande de crédit de
leurs clients, et la base monétaire s’ajuste en conséquence.

3 Après avoir créé une quantité supplémentaire ∆M de monnaie en accordant des crédits
(par exemple), les banques devront se procurer une fraction ∆H de monnaie centrale
(billets et dépôts auprès de la banque centrale) pour se refinancer. La base monétaire
devient une division de la quantité de monnaie mise en circulation par les banques: ∆H =
∆M / k, où k désigne le « diviseur de crédit». C’est le mécanisme du diviseur de crédit.
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Dans ce schéma, la monnaie est «endogène» car elle résulte d’une demande propre au
système économique, celle exprimée par les particuliers qui demandent des crédits auprès
des banques ou émettent des titres que celles-ci achètent, et non pas de la volonté d’une
institution extérieure telle que la Banque centrale.
Le lien entre monnaie exogène, multiplicateur et théories quantitative et monétariste de la
monnaie Ce modèle du multiplicateur de crédit a comme avantage de mettre en évidence la
fonction régulatrice de la banque centrale : les banques de second rang créent de la
monnaie, mais leur activité est subordonnée au contrôle de la banque centrale. Ce modèle
est cohérent avec la théorie quantitative de la monnaie et avec la conception monétariste
de la politique monétaire : la monnaie centrale est qualifiée de base monétaire, c’est une «
monnaie à haute puissance » qui conditionne la création de monnaie par les banques de
second rang. »

7-2]..La monnaie endogène et l’approche en termes de diviseur de crédit

« Les conceptions de la monnaie endogène considèrent que ce qui est premier est le crédit
accordé par les banques aux entreprises qui souhaitent financer leur production.
Dans ses travaux postérieurs à la Théorie générale, Keynes intègre cet aspect à travers le «
motif de finance » dans l'analyse de la demande de monnaie. C'est grâce à l'impulsion que
constitue la création de monnaie que les entreprises vont pouvoir produire et distribuer
des revenus, qui vont alimenter une demande adressée à l'économie (débouchés pour la
production). Au total, les entreprises, à partir des produits de la vente, vont pouvoir
rembourser le crédit initial. Il s'agit d'une analyse en termes de flux : la monnaie est
considérée comme une dette et la dynamique de l'économie est assurée par la succession
des opérations de création et de destruction de monnaie.

« De plus, on considère que les banques commencent par accorder des crédits et se
préoccupent ensuite d’assurer leur liquidité en se procurant la monnaie centrale nécessaire
aux règlements interbancaires. La création de monnaie doit être pensée en termes de
diviseur de crédit. La conception endogène de la monnaie est défendue par les post-
keynésiens (N. Kaldor, J. Robinson, M. Lavoie, H. Minsky, etc.), les « circuitistes » français
(A. Parguez, F. Poulon, etc.), les régulationnistes (M. Aglietta, R. Boyer, etc.) et les
conventionnalistes (A. Orélan, etc.).

« Cette approche met au contraire l’accent sur le fait que les banques commencent par
créer de la monnaie à partir d’une logique commerciale et qu’elles recherchent ensuite à se
procurer la monnaie banque centrale qui leur est nécessaire pour faire face aux fuites. Par
exemple les banques de second rang créent 10 000 unités monétaires en monnaie
scripturale et elles se retournent ensuite vers d’autres banques ou vers la banque centrale
pour se procurer les liquidités qui leur sont nécessaires (1000 dans le cas d’un coefficient
de réserve de 10 %). On voit que, du point de vue quantitatif, les deux théories aboutissent
à la même conclusion, mais elles décrivent différemment le mécanisme de cette création
monétaire. En particulier l’approche en termes de diviseur souligne que la création
4 monétaire est bien réalisée « à partir de rien » et que la banque centrale est placée devant
le fait accompli : la monnaie ayant été créée par les banques de second rang la Banque
centrale ne peut leur refuser systématiquement de répondre à leurs besoins de liquidités au
risque de provoquer une crise financière.

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