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M1.5 Comment planifier une irrigation correcte ? Le modèle Aquacrop. 


Interview Prof. Dirk Raes (par Joost Wellens) 
Je me retrouve ici avec Dirk Raes. Il est professeur émérite à la KULeuven et il a consacré, et il consacre 
toujours, sa vie professionnelle à l'irrigation : plus spécifiquement les outils d’aide à la décision. Certains 
d'entre vous connaissent peut-être les petits outils : ET0 pour le calcul de l’évapotranspiration ou 
Rainbow pour les calculs de probabilités de pluviométrie. Mais aujourd'hui on est là surtout pour vous 
introduire AquaCrop dont Dirk Raes est le co-développeur et le coconcepteur. AquaCrop est également 
le fil rouge durant ce MOOC. Le logiciel AquaCrop, dont on va parler plus en détail tout à l'heure, est 
distribué gratuitement à travers la FAO et partout dans le monde. 

Alors qu'est-ce que Prof. Raes a fait que la FAO a investi dans un projet tellement grand ? 

En effet c'était un grand projet parce qu'on a commencé, la FAO a commencé, avec des consultations 
des experts, même des modélisateurs. Et après, ça a pris quand même trois ans pour développer le 
logiciel. Une première version est mise sur le web, je pense, en 2007. Et même maintenant, on continue 
à développer, à améliorer AquaCrop, ajouter des autres aspects. Mais la raison pourquoi AquaCrop. 
FAO a investi dans ce projet dans le cadre de la pénurie en eau. Donc il faut avoir un outil avec lequel 
on peut calculer et estimer le rendement de l'eau. Donc combien de ou quand il y a une pénurie en eau, 
comment on peut améliorer la production avec une quantité de l'eau limitée. Mais ça peut être avec … 
changer la gestion de l'irrigation, gestion du champ, date de semis, autre type de culture ou la même 
variété ou la meilleure variété avec un cycle plus long ou plus court. Quels sont les impacts justement sur 
le rendement et surtout sur le rendement de l’eau de la culture. 

Pouvez-vous nous décrire un petit peu les grands concepts de base d’AquaCrop et pourquoi on a 
AquaCrop aujourd'hui ? 

Il existe pas mal de modèles. Mais tous ces modèles sont des modèles de chercheurs. Des modèles qu'on 
trouve à l'université qui sont développés par des chercheurs, qui sont très performants. Mais il faut être 
un expert, un spécialiste pour utiliser ces outils. Aussi les données sont très lourdes. Donc FAO a essayé 
de développer un modèle beaucoup plus simple. Simple ça veut dire pour l'utilisateur; donc pour 
l'utilisation; donc il faut avoir une bonne interface entre l'utilisateur et le logiciel. Simple pour 
l’encodage des données. Ça veut dire que Aquacrop peut tourner avec peu de données. Et aussi faciles 
à trouver et simple à comprendre. Donc la structure d’AquaCrop, le processus de simulation, doit être 
transparent, simple à comprendre. Comme vous savez, AquaCrop simule le rendement en quatre 
étapes. Donc première étape, on simule le développement de la végétation, la couverture végétale. 
Donc une fois qu'on connait la couverture végétale, on connait aussi le coefficient de transpiration ; à ce 
moment on calcule le transpiration. Une fois qu'on a la transpiration, on sait la quantité d'eau qui 
échappe dans l'atmosphère et ça correspond avec la quantité de CO2, le gaz atmosphérique CO2, 
que la plante peut capter pour, justement par photosynthèse, produire de la biomasse. C’est l'étape 3. 
Et la quatrième étape est, une fois qu'on connait la biomasse, on connait aussi le rendement. Parce que 
le rendement n'est qu'une fraction de la biomasse. La fraction qui est donnée par l’indice de récole. 
Donc ça doit être simple, simple à utiliser, simple à comprendre. Mais bien sûr à l'intérieur d’AquaCrop, 
c'est très complexe. Mais ça l'utilisateur ne voit pas. Ce sont des processus de physiologie de la culture, 
 
de physique du sol qui sont très complexes et bien décrits. C'est obligatoire pour avoir une bonne 
précision de la simulation. 

L'outil est développé pour un certain public ou les utilisateurs actuels et potentiels peuvent venir de tous les 
domaines ? Quand même liés à l'eau et l'agriculture. 

AquaCrop s'adresse aux praticiens, mais qui travaillent dans des structures, dans des organismes 
gouvernementaux, comme le ministère de l'eau, le ministère de l'agriculture. Ou dans des services de 
vulgarisation ou des associations des agriculteurs ou des ONG. Donc surtout des praticiens qui utilisent 
cet outil pour prendre des décisions concernant la gestion, la gestion de l'eau, la gestion du terrain, 
pour améliorer justement la productivité et le rendement de l'eau. Parce que l'outil est simple à utiliser 
et aussi la simulation est transparente, je pense que c'est aussi un outil éducatif. Et on voit en effet 
qu’AquaCrop est utilisé dans les écoles supérieures, dans les universités où on forme justement les 
praticiens, les ingénieurs. 

Et AquaCrop convient à tous les types d’irrigation ? 

AquaCrop est un modèle général qui n'est pas développé pour une culture spécifique ou un 
environnement spécifique ou une irrigation spécifique. Mais malgré ça, je pense quand même que les 
processus sont bien décrits en AquaCrop. Les mouvements de l'eau et le stockage de l'eau etc. Il arrive 
à faire la distinction des effets de l'irrigation goutte à goutte ou de l’irrigation de surface. Par 
exemple, AquaCrop prend en compte la surface mouillée par l’irrigation. Donc pour goutte à goutte, la 
surface mouillée est très limitée. Ca veut dire aussi que les pertes de l'eau par évaporation directe du 
sol, ce qui est une consommation de l'eau non productive, sont beaucoup plus faibles que par exemple 
avec aspersion. Donc AquaCrop prend compte de cet effet. Aussi le développement des racines dans 
un sol humide. Les racines vont se développer, mais dans un sol sec les racines ne peuvent pas se 
développer. Donc quand on se trouve dans un environnement aride, le sous-sol reste sec si on irrigue 
avec goutte-à-goutte, parce qu'on donne que des faibles doses, qui mettent de l'eau simplement dans 
la partie supérieure du sol. Donc à ce moment-là, AquaCrop ne peut pas simuler le développement des 
racines plus profondes. Parce que là le sol est sec et dans un sol sec, AquaCrop ne simule pas les 
racines rentrant dans ce sol. 

J’imagine que vous avez vu déjà beaucoup d'applications d’AquaCrop sur le terrain. Est-ce que vous 
pouvez partager avec nous quelques cas qui vous ont marqué ? 

On a utilisé AquaCrop un peu partout dans le monde et pour différentes cultures. Pour les grandes 
cultures comme le blé, le maïs, le riz. Pour, en cas de pénurie en eau, améliorer le rendement de l'eau. 
Mais aussi pour des cultures moins communes, comme le teff en Ethiopie ou le quinoa en Bolivie. Donc 
dans ces deux cas on est arrivé à montrer, avec bien sûr aussi des essais sur le terrain, qu’on peut 
pratiquement doubler la production avec plus ou moins la même quantité de l'eau. Ces derniers temps il 
y a beaucoup d’applications beaucoup plus régionales. Donc on regarde plutôt l'effet du changement 
climatique sur le rendement, sur la production dans un certain pays plutôt. Donc pour ça on se concentre 
sur les cultures stratégiques dans la région qui sont importantes ; d'abord il faut valider AquaCrop et 
calibrer AquaCrop pour cette culture. Donc il faut bien simuler le rendement dans une année sèche, une 
année humide et une année normale. Une fois que c'est bien calibré, à ce moment-là on simule avec 
 
AquaCrop quel sera le rendement dans le futur. En entrant bien sûr les données climatiques du future et 
aussi en ajustant le niveau de CO2 selon certains scénarios. Et à ce moment-là on peut calculer quels 
seront les rendements dans le futur; dans 20, 30, 40 ans. 

   
 
Comment installer Aquacrop 
AquaCrop est un modèle de la productivité de l'eau des cultures élaboré par la Division des terres et 
des eaux de la FAO pour répondre aux problèmes de sécurité alimentaire et évaluer l'effet de 
l'environnement et de la gestion sur la production agricole. AquaCrop simule la réponse du rendement 
à l'eau des cultures herbacées et est particulièrement bien adapté aux conditions dans lesquelles l'eau 
est un facteur clé limité dans la production agricole. AquaCrop équilibre la précision, la simplicité et la 
robustesse. Pour assurer sa grande applicabilité, il utilise uniquement un petit nombre de paramètres 
explicites et des données d'entrée principalement intuitives qui peuvent être déterminées à l'aide de 
méthodes simples. 

Téléchargez sur le site web de la FAO le programme windows standard d'Aquacrop. 

Copiez le programme AquaCrop sur un PC 64 bits. 

1. Copiez le fichier zippé 'AquaCrop64bitV61Nr02052018.zip' sur le PC ; 


2. Extrayez ; 
3. Copiez le contenu complet du fichier décompressé (fichiers et 5 répertoires avec plus de fichiers) ; 
4. Collez le contenu complet dans un répertoire du PC (par exemple C:\FAO\AquaCrop). 

Une fois installé 

Si AquaCrop est correctement installé, le dossier AquaCrop doit contenir : 

(i) le fichier AquaCrop.EXE (le fichier exécutable pour lancer le programme) ; 


(ii) et cinq sous-répertoires : 

- DATA (sous-répertoire par défaut pour les fichiers d'entrée) ; 


- IMPORT (sous-répertoire par défaut pour les fichiers texte contenant des données climatiques) ; 
- OBS (sous-répertoire par défaut pour les fichiers d'observations sur le terrain) ; 
- OUTP (sous-répertoire par défaut pour les fichiers de sortie) ; 
- SIMUL (sous-répertoire à des fins de simulation, contenant entre autres fichiers le fichier 

MaunaLoa.CO2, les fichiers avec les paramètres par défaut du projet (*.PAR), et SOILS.DIR (un fichier 
avec les valeurs par défaut des caractéristiques du sol). 

Attention​: Aquacrop n'est pas disponible sur Mac. Veuillez déployer un desktop parallèle avec 
Windows installé dessus si vous travaillez sur Mac. 

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