Alors qu'est-ce que Prof. Raes a fait que la FAO a investi dans un projet tellement grand ?
En effet c'était un grand projet parce qu'on a commencé, la FAO a commencé, avec des consultations
des experts, même des modélisateurs. Et après, ça a pris quand même trois ans pour développer le
logiciel. Une première version est mise sur le web, je pense, en 2007. Et même maintenant, on continue
à développer, à améliorer AquaCrop, ajouter des autres aspects. Mais la raison pourquoi AquaCrop.
FAO a investi dans ce projet dans le cadre de la pénurie en eau. Donc il faut avoir un outil avec lequel
on peut calculer et estimer le rendement de l'eau. Donc combien de ou quand il y a une pénurie en eau,
comment on peut améliorer la production avec une quantité de l'eau limitée. Mais ça peut être avec …
changer la gestion de l'irrigation, gestion du champ, date de semis, autre type de culture ou la même
variété ou la meilleure variété avec un cycle plus long ou plus court. Quels sont les impacts justement sur
le rendement et surtout sur le rendement de l’eau de la culture.
Pouvez-vous nous décrire un petit peu les grands concepts de base d’AquaCrop et pourquoi on a
AquaCrop aujourd'hui ?
Il existe pas mal de modèles. Mais tous ces modèles sont des modèles de chercheurs. Des modèles qu'on
trouve à l'université qui sont développés par des chercheurs, qui sont très performants. Mais il faut être
un expert, un spécialiste pour utiliser ces outils. Aussi les données sont très lourdes. Donc FAO a essayé
de développer un modèle beaucoup plus simple. Simple ça veut dire pour l'utilisateur; donc pour
l'utilisation; donc il faut avoir une bonne interface entre l'utilisateur et le logiciel. Simple pour
l’encodage des données. Ça veut dire que Aquacrop peut tourner avec peu de données. Et aussi faciles
à trouver et simple à comprendre. Donc la structure d’AquaCrop, le processus de simulation, doit être
transparent, simple à comprendre. Comme vous savez, AquaCrop simule le rendement en quatre
étapes. Donc première étape, on simule le développement de la végétation, la couverture végétale.
Donc une fois qu'on connait la couverture végétale, on connait aussi le coefficient de transpiration ; à ce
moment on calcule le transpiration. Une fois qu'on a la transpiration, on sait la quantité d'eau qui
échappe dans l'atmosphère et ça correspond avec la quantité de CO2, le gaz atmosphérique CO2,
que la plante peut capter pour, justement par photosynthèse, produire de la biomasse. C’est l'étape 3.
Et la quatrième étape est, une fois qu'on connait la biomasse, on connait aussi le rendement. Parce que
le rendement n'est qu'une fraction de la biomasse. La fraction qui est donnée par l’indice de récole.
Donc ça doit être simple, simple à utiliser, simple à comprendre. Mais bien sûr à l'intérieur d’AquaCrop,
c'est très complexe. Mais ça l'utilisateur ne voit pas. Ce sont des processus de physiologie de la culture,
de physique du sol qui sont très complexes et bien décrits. C'est obligatoire pour avoir une bonne
précision de la simulation.
L'outil est développé pour un certain public ou les utilisateurs actuels et potentiels peuvent venir de tous les
domaines ? Quand même liés à l'eau et l'agriculture.
AquaCrop s'adresse aux praticiens, mais qui travaillent dans des structures, dans des organismes
gouvernementaux, comme le ministère de l'eau, le ministère de l'agriculture. Ou dans des services de
vulgarisation ou des associations des agriculteurs ou des ONG. Donc surtout des praticiens qui utilisent
cet outil pour prendre des décisions concernant la gestion, la gestion de l'eau, la gestion du terrain,
pour améliorer justement la productivité et le rendement de l'eau. Parce que l'outil est simple à utiliser
et aussi la simulation est transparente, je pense que c'est aussi un outil éducatif. Et on voit en effet
qu’AquaCrop est utilisé dans les écoles supérieures, dans les universités où on forme justement les
praticiens, les ingénieurs.
AquaCrop est un modèle général qui n'est pas développé pour une culture spécifique ou un
environnement spécifique ou une irrigation spécifique. Mais malgré ça, je pense quand même que les
processus sont bien décrits en AquaCrop. Les mouvements de l'eau et le stockage de l'eau etc. Il arrive
à faire la distinction des effets de l'irrigation goutte à goutte ou de l’irrigation de surface. Par
exemple, AquaCrop prend en compte la surface mouillée par l’irrigation. Donc pour goutte à goutte, la
surface mouillée est très limitée. Ca veut dire aussi que les pertes de l'eau par évaporation directe du
sol, ce qui est une consommation de l'eau non productive, sont beaucoup plus faibles que par exemple
avec aspersion. Donc AquaCrop prend compte de cet effet. Aussi le développement des racines dans
un sol humide. Les racines vont se développer, mais dans un sol sec les racines ne peuvent pas se
développer. Donc quand on se trouve dans un environnement aride, le sous-sol reste sec si on irrigue
avec goutte-à-goutte, parce qu'on donne que des faibles doses, qui mettent de l'eau simplement dans
la partie supérieure du sol. Donc à ce moment-là, AquaCrop ne peut pas simuler le développement des
racines plus profondes. Parce que là le sol est sec et dans un sol sec, AquaCrop ne simule pas les
racines rentrant dans ce sol.
J’imagine que vous avez vu déjà beaucoup d'applications d’AquaCrop sur le terrain. Est-ce que vous
pouvez partager avec nous quelques cas qui vous ont marqué ?
On a utilisé AquaCrop un peu partout dans le monde et pour différentes cultures. Pour les grandes
cultures comme le blé, le maïs, le riz. Pour, en cas de pénurie en eau, améliorer le rendement de l'eau.
Mais aussi pour des cultures moins communes, comme le teff en Ethiopie ou le quinoa en Bolivie. Donc
dans ces deux cas on est arrivé à montrer, avec bien sûr aussi des essais sur le terrain, qu’on peut
pratiquement doubler la production avec plus ou moins la même quantité de l'eau. Ces derniers temps il
y a beaucoup d’applications beaucoup plus régionales. Donc on regarde plutôt l'effet du changement
climatique sur le rendement, sur la production dans un certain pays plutôt. Donc pour ça on se concentre
sur les cultures stratégiques dans la région qui sont importantes ; d'abord il faut valider AquaCrop et
calibrer AquaCrop pour cette culture. Donc il faut bien simuler le rendement dans une année sèche, une
année humide et une année normale. Une fois que c'est bien calibré, à ce moment-là on simule avec
AquaCrop quel sera le rendement dans le futur. En entrant bien sûr les données climatiques du future et
aussi en ajustant le niveau de CO2 selon certains scénarios. Et à ce moment-là on peut calculer quels
seront les rendements dans le futur; dans 20, 30, 40 ans.
Comment installer Aquacrop
AquaCrop est un modèle de la productivité de l'eau des cultures élaboré par la Division des terres et
des eaux de la FAO pour répondre aux problèmes de sécurité alimentaire et évaluer l'effet de
l'environnement et de la gestion sur la production agricole. AquaCrop simule la réponse du rendement
à l'eau des cultures herbacées et est particulièrement bien adapté aux conditions dans lesquelles l'eau
est un facteur clé limité dans la production agricole. AquaCrop équilibre la précision, la simplicité et la
robustesse. Pour assurer sa grande applicabilité, il utilise uniquement un petit nombre de paramètres
explicites et des données d'entrée principalement intuitives qui peuvent être déterminées à l'aide de
méthodes simples.
MaunaLoa.CO2, les fichiers avec les paramètres par défaut du projet (*.PAR), et SOILS.DIR (un fichier
avec les valeurs par défaut des caractéristiques du sol).
Attention: Aquacrop n'est pas disponible sur Mac. Veuillez déployer un desktop parallèle avec
Windows installé dessus si vous travaillez sur Mac.