Cette porosité lui permet de stocker l’eau, exactement comme une éponge ou un lange de bébé peut
stocker du fluide. C’est ce qu’on appelle la rétention. Cette porosité du sol va jouer un rôle dans
l’irrigation car elle va permettre de stocker l’eau entre deux tours d’eau. Naturellement, la rétention
d‘un sol n’est pas infinie et dépend de sa porosité totale, soit le rapport entre le volume de vide et le
volume apparent de sol. Un sol argileux par exemple aura une porosité totale plus élevée qu’un sol
limoneux ou qu’un sol sableux. De plus, la force avec laquelle l’eau est retenue dans un sol sera
fonction de son humidité: plus un sol est sec, plus l’eau restante sera difficile à l’y déloger. A l’inverse,
dans un sol très humide ou même saturé (c’est-à-dire lorsque tous les pores sont remplis d’eau), l’eau
des pores les plus larges est extrêmement mobile. Cette relation entre humidité et force de rétention
est résumée dans une courbe caractéristique appelée courbe de rétention, courbe theta-h ou courbe
pF. Toute courbe de rétention donne la relation entre l’humidité volumique (en volume d’eau par volume
de sol apparent) -en ordonnée - et l’énergie avec laquelle l’eau est retenue, appelée succion et
exprimée en cm de colonne d’eau (en négatif)- en abscisse-. Notez qu’on dessine d’habitude le
logarithme en base 10 de cette succion en valeur absolue exprimée en cm : c’est ce qu’on appelle le
pF. Je vous dessine une courbe de rétention quelconque: on démarre d’une teneur en eau maximale
appelée teneur en eau à saturation et lorsqu’on se déplace vers des valeurs de pF
grandes-correspondant à des succions de plus en plus négatives-, l’humidité du sol diminue. Cette
courbe est différente pour chaque sol. Par exemple, je vous dessine un sol argileux et un sol sableux.
Pour l’irrigation, en général seulement certains points caractéristiques de ces courbes sont utilisés : la
capacité au champ et le point de flétrissement. La capacité au champ est d’habitude définie comme
l’humidité correspondant à pF2,5 et le point de flétrissement est celui correspondant à pF4,2 (soit -15
bar ou -150 m de succion). Ces deux points sont censés représenter les limites de succions à l’intérieur
desquelles l’eau est aisément disponible à la plante tout en étant relativement peu mobile. On parle de
stock d’eau disponible ou d’eau utile pour la plante comme l’intégrale de la courbe de rétention entre
ces deux points multipliée par la profondeur racinaire.
On peut se représenter le sol comme un réservoir dont la capacité augmentera avec la profondeur
racinaire (plus la racine va en profondeur, plus grand est l’accès à l’eau de la plante), et avec la
différence entre la teneur en eau à la CC et au PF. Un sol qui a une grande différence entre capacité
au champ et point de flétrissement pourra “stocker” plus d’eau. J’attire tout de même votre attention sur
le fait que ces notions de capacité au champ et de point de flétrissement sont des simplifications
d’une réalité beaucoup plus complexe. En effet, d’une part la capacité au champ est une notion très
simpliste de l’eau mobile qui en fait dépende de la conductivité du sol et pas de sa rétention. Par
ailleurs, chaque variété de plante peut moduler la façon de gérer la fermeture stomatique, et ce,
même avant pF4,2.
La courbe de conductivité est une seconde propriété hydraulique importante des sols. Elle exprime la
facilité avec laquelle l’eau peut être transmise à travers un milieu poreux en fonction de son humidité.
Un point particulièrement caractéristique est la conductivité hydraulique à saturation, c’est-à-dire
lorsque le sol est saturé. Cette valeur correspond au flux maximum qu’un sol peut infiltrer à l'équilibre
et s’exprime en cm par heure ou en cm³ par cm² heure par exemple. Tout débit d’irrigation qui
dépasse cette valeur par unité de surface va générer une accumulation d’eau à la surface, et
éventuellement du ruissellement. On évitera donc toujours d’appliquer un flux supérieur à cette valeur.
Différentes techniques existent pour caractériser la capacité d'infiltration d’un sol (l’infiltromètre à
double anneau ou à charge constante) qui peuvent être réalisées sur le terrain et permettent d’avoir
une mesure de la conductivité à saturation.