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LES MYCORHIZES

1. INTRODUCTION :
Du fait de leur mode de vie hétérotrophe, les champignons peuvent vivre en

saprophytes, parasites ou symbiotiques. La symbiose est une relation de type

« gagnant/gagnant » entre deux organismes.

Les champignons peuvent établir des relations symbiotiques avec les algues :

c’est les lichens ou avec les racines des plantes : c’est les mycorhizes.

Mycos du grec : champignon Rhize : racine


2. DEFINITION :
Les mycorhizes sont des symbioses bénéfiques qui s’instaurent entre les racines
de plantes et certains champignons du sol. Elles concernent plus de 95% des
plantes terrestres dont la plupart sont des plantes agricoles et horticoles.

Le champignon à travers son mycélium, fonctionne à la manière d’une pompe en


transférant du sol, vers les racines, un riche cocktail d ’eau et de minéraux du
sol (phosphore, azote) qu’il puise à son environnement immédiat. Il reçoit en
échange les sucres et métabolites carbonés synthétisés par la plante hôte
grâce à la photosynthèse.
Une même souche mycorhizogène peut s’associer à différentes plantes d’une
même espèce ou d’espèces différentes, permettant ainsi des échanges de
molécules entre ces plantes. On parle alors de réseau mycorhizien. Le système
racinaire d’un seul arbre abrite généralement plusieurs espèces de champignons
mycorhiziens.

Remarque :
Certains végétaux comme les brassicacées (choux, radis, navet, roquette,…) et
les chénopodiacées (amarante, betterave) ne mycorhizent pas.
3. Les différents types de mycorhizes :

Il existe sept formes d’associations mycorhiziennes, nous nous


intéresserons à trois d’entre elles : l’ectomycorhize, l’endomycorhize (ou
mycorhize arbusculaire) et l’ectendomycorhize. Ce sont les plus
communes et les plus étudiées, notamment pour leurs rôles en
agriculture et en foresterie, ainsi que pour la production de
macromycètes, si recherchés par les mycologues.
3. 1. L’ectomycorhize :

les champignons se développent essentiellement autour de la racine, en formant


un manchon mycélien (le manteau) à partir duquel se développent des hyphes qui
s’insèrent entre les cellules corticales de la racine (réseau de Hartig), les
cellules mycéliennes ne pénètrent jamais à l’intérieur des cellules végétales.
Ce type d’association est principalement représenté chez les arbres forestièrs des régions

tempérées, méditerranéennes et boréales, mais il a été également décrit chez quelques espèces

tropicales de la famille des Dipterocarpaceae, Euphorbiaceae, Cesalpiniaceae, Myrtaceae et

Fagaceae). Les partenaires fongiques appartiennent aux Basidiomycètes (Boletus, Russula,

Laccaria…), mais aussi aux Ascomycètes (Tuber, Elaphomyces…) et plus rarement aux

Gloméromycètes.
Fungal Details from the lifted humus layer
Rhizomorphs
Involved in
transport of
nutrients

Mycorrhizal External mycorrhizal


roots mycelium involved
nutrient uptake
3. 2. L’endomycorhize :
sont caractérisées par l’absence de manchon mycélien externe et par la
pénétration des hyphes fongiques dans les cellules corticales. Ces hyphes
intracellulaires se ramifient intensément à l’intérieur des cellules du cortex
racinaire pour former des structures appelées arbuscules. Ces hyphes peuvent
former des vésicules
Cette symbiose est rencontrée chez près de 80% des plantes dont la
majorité des plantes de cultures (arbres fruitiers et d'ornement, céréales,
plantes ornementales et maraichères, plantes aromatiques).
mycélium
3. 3. L’ectendomycorhize :

Caractérisées à la fois par la présence du manteau mycélien et le

développement d’hyphes inter et intracellulaires. Elles se rencontrent chez les

Arbutacées, les Monotropacées et sont formées par des Basidiomycètes

(Cortinarius, Boletus…)

Remarque :
Bien que les hyphes s’insèrent à l’intérieur ou autour des cellules, elles se
limitent au cortex de la racine et n’atteignent jamais le système vasculaire de
la plante contrairement à certains champignons parasites pathogènes qui
peuvent atteindre les parties aériennes du végétal.
4. Comment s’établit la symbiose ?

Le mycélium « explore » le sol par ses hyphes, quand la plante qui lui convient se trouve à sa
proximité, il la détecte grâce aux signaux chimique qu’elle produit et qu’elle sécrète par ses
racines. Ces molécules représentent des hormones végétales appartenant à la famille des
strigolactones. Il se développe ainsi un réseau très ramifié de filaments en direction de la
racine et en colonise la surface. Il va lui aussi émettre des signaux « amis » de type
saccharides reconnus et acceptés par la plante. Dès lors, la porte est ouverte et le
champignon commence son installation dans le cortex racinaire.

Les plantes peuvent développer des mycorhizes avec plusieurs espèces de champignons, soit
de façon séquentielle, soit de façon simultanée. Certains végétaux ne forment de
mycorhizes qu’avec certains groupes de champignons bien précis, raison pour laquelle on dit
qu’on trouve tel champignon préférentiellement au pied de tel arbre.
Grâce au développement d’un réseau de filaments, ces associations

symbiotiques permettent à la plante de multiplier sa surface de contact avec

le sol (par 1 000) permettant une plus grande prospection du sol. Ce réseau

peut atteindre jusqu’à 1 km pour 1 m de système racinaire (en longueur

cumulée). Les éléments minéraux sont transmis du champignon à la plante en

échange d’un transfert de carbone de la plante au champignon.


5. Bénéfices des partenaires symbiotiques :
5. 1. pour la plante :
• Amélioration de l’accès des plantes à l’eau

• Amélioration de l’accès des plantes aux éléments nutritifs du sol, principalement


phosphore, azote et oligoéléments

• Protection contre les agents pathogènes du sol (nématodes, champignons/bactéries


pathogènes)

• Résistance aux stress environnementaux : carence, sécheresse, salinité…

• Stimulation des défenses naturelles des plantes

• Stabilité de la structure du sol (sécrétion d’une glycoprotéine, la glomaline qui permet de


retenir l’eau et les éléments minéraux du sol)

• Augmentation des ramifications racinaires


5. 2. Avantages pour le champignon :

• le champignon bénéficie de la photosynthèse : la plante fournit au

champignon jusqu’à 20% des sucres (carbone) qu’elle produit. Ces sucres

sont essentiels au développement et à la survie du champignon.

• En s’installant dans le cortex, il est à l’abri des agressions extérieures :

fluctuations des températures, intempéries, prédateurs, pathogènes …….

• La plante apporte au champignon les éléments vitaux nécessaires à sa

survie : acides aminés, vitamines : B1.


6. Effet « Mycorhizosphère »:
Le développement de la symbiose mycorhizienne et plus particulièrement celui du mycélium
extramatriciel, influencerait significativement la stabilité structurale des sols en matérialisant
de nouveaux compartiments biologiques dans la rhizosphère. En modifiant la physiologie de la
plante et en conséquence la qualité et quantité des exsudats racinaires, l’établissement de la
symbiose mycorhizienne induit des modifications significatives dans la structure des
communautés bactériennes au voisinage de ces racines mycorhizes. Le terme «
mycorhizosphère » a été proposé pour caractériser ce volume de sol sous influence des
mycorhizes

Outre leur rôle dans le prélèvement des nutriments, les hyphes favorisent la formation
d’agrégats dans le sol, notamment par leur exsudation. De par leurs activités physiologiques, ces
hyphes vont conditionner l’apparition d’un compartiment microbien présentant des
caractéristiques spécifiques (diversité génétique et fonctionnelle, abondance).
7. La symbiose mycorhizienne en agriculture
L’exploitation des mycorhizes est une technologie biologique permettant de doter les plantes d’un
système racinaire plus performant et d'augmenter leurs défenses naturelles : de ce fait, les
mycorhizes sont des bio-fertilisants, des bio-protecteurs et des bio-régulateurs du développement
des plantes. Les techniques agricoles utilisées depuis ces dernières décennies (utilisation de grandes
quantité d'engrais et de pesticides, tassement des sols...) ont provoqué une raréfaction, voire une
absence des champignons mycorhizogènes de la plupart des substrats de culture utilisés en
horticulture et des sols soumis à des traitements intenses en intrants chimiques. La réintroduction
de ces champignons va permettre d’améliorer la croissance des plantes par des moyens biologiques,
tout en réduisant considérablement l’apport d’engrais chimiques de synthèse et de pesticides.
L'exploitation de ces nouveaux outils biologiques ouvre des perspectives d'innovation et
d'amélioration des systèmes de culture conduisant à minimiser les risques de pollution de
l’environnement (sol, eau et air) et de contamination des aliments.
8. Conclusion :

Toutes les pratiques agricoles ont été conçues et sont appliquées comme si les mycorhizes
n’existaient pas. Pourtant elles sont omniprésentes et jouent des rôles fondamentaux dans tous
les aspects de la vie des plantes.

Si l’on considère toute l’importance que revêtent les champignons mycorhiziens, la diminution
de ces organismes est un phénomène à prendre au sérieux. Il est donc essentiel de sauvegarder
la flore fongique et sa diversité. Cet impératif s’impose tant sous l’aspect de la protection de la
nature qu’au point de vue forestier, agrigulture et horticulture. Une protection adéquate de la
flore fongique se justifie donc largement.

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