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Université de Douala

Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Douala


Année académique 2021-2022 Semestre 6
Cours de MECANIQUE DES FLUIDES

La mécanique des fluides est une partie de la mécanique et de la mécanique des milieux continus qui sont
des disciplines majeures dans la formation d’ingénieurs. Ce cours est une introduction à la mécanique des
fluides, il est enseigné dans le cadre de la formation générale des élèves ingénieurs. Nous insisterons
beaucoup sur la constitution des équations fondamentales des écoulements en utilisant évidemment les
principes de la mécanique et de la physique complétés par des hypothèses d’origines physiques sur la
nature des fluides et des écoulements. Nous mettrons l’accent sur la signification physique des équations
et nous verrons comment les utiliser dans des cas concrets.
Les applications de la mécanique des fluides sont nombreuses dans l’automobile, l’aéronautique, le génie
civil, le génie chimique, l’hydraulique, l’aménagement du territoire, la médecine… Pour cette première
approche de la mécanique des fluides nous allons limiter le cours aux fluides incompressibles en
écoulement permanent ou non. Les fluides seront considérés comme des milieux continus.

Programme du cours
Chapitre 1 : Introduction et Généralité

Chapitre 2 : Statique des fluides (hydrostatique,…)

Chapitre 3 : Cinématique des fluides

Chapitre 4 : Dynamique des fluides parfaits incompressibles et méthodes de

mesure des vitesses et pression

Chapitre 4 : Dynamique des fluides réels incompressibles

Chapitre 5 : Pertes de charges ; pompes et réseaux

Chapitre 6 : Théorème de Transport, équation Bilan et application

Documentations
1. Mécanique des fluides appliquée, 2003 PIERRE-LOUIS VIOLLET
2. Mécanique des fluides appliquée - cours et exercices (French) Paperback_1998 R. Ouziaux (Author)
3. Problèmes de mécanique des fluides, Hubert Lumbroso

Méca fluides Intro_1 | P a g e


Chapitre 1 : Introduction et Généralité
I. Introduction
La distinction semble naturelle entre solide et fluide... Elle définit différents états de la matière, de
l’organisation régulière et stable des atomes (qui caractérise les solides), à l’agitation libre des molécules
(qui caractérise les gaz). Pour le mécanicien, un solide a une forme propre. Il peut être considéré comme
indéformable (c’est l’hypothèse de base du cours de mécanique générale).
Les fluides sont des substances capables de s’écouler et de prendre la forme du récipient qui les contient
: ils continuent à se déformer, même sous sollicitations constantes.

1. Définition
Un fluide est une substance ou un milieu continu qui se déforme d'une façon continue quand on lui
applique une force de cisaillement (contrainte caractérisée par l'exercice de forces de directions
opposées). On peut aussi définir un fluide comme une substance qui, dû à sa faible cohésion moléculaire,
est amorphe et adopte la forme du récipient qui le contient.
Le mouvement des gaz et des liquides peut s'étudier en utilisant les équations de la mécanique des fluides
si on fait l’hypothèse de milieu continu.
Pour le physicien versé vers la thermodynamique, un fluide est un corps simple, composé d’une
assemblée d’atomes ou molécules identiques, en phase liquide ou gazeuse.
Le mécanicien donnerait une définition plus empirique : un fluide, c’est quelque chose qui coule.
Mais la mécanique des fluides ne s'intéresse pas seulement aux gaz et aux liquides, il y a d'autres cas où
les équations sont aussi valables. Par exemple, le sable, ou les amas globulaires (ensemble de milliers
d'étoiles confinés dans une "petite" région).
Pour illustrer le comportement particulier des milieux granulaires, considérons l’exemple simple de l’équilibre
statique d’un silo : si on mesure la pression exercée sur le fond du silo en remplissant celui-ci de plus en
plus, on constate que cette pression n’augmente plus au-delà d’une certaine hauteur de remplissage,
proportionnelle au diamètre du silo. Ce comportement, tout à fait différent de celui d’un liquide, est dû au
frottement solide sur les parois latérales du silo qui supporte partiellement le poids de l’empilement de
grains.

2. Différence liquide – gaz.


La principale différence entre un gaz et un liquide est que les particules constituant un liquide sont jointives
alors que dans le cas d’un gaz ces particules sont beaucoup plus espacées les unes des autres.
Cette différence a les deux conséquences suivantes :
 Il est possible de réduire le volume qu’occupe un gaz en le comprimant ce qui est impossible pour
le liquide
 Un gaz va occuper tout le volume qui lui est offert alors qu’un liquide va épouser la forme du
récipient qui le contient en laissant une surface libre.
On appelle la branche de Mécanique, ou Mathématiques appliquées qui traite les lois du mouvement des
fluides la Mécanique des Fluides. Dans le cas où le “fluide” signifie “liquide” (il s’agit en générale de l’eau), la
Mécanique des Fluides devient la Mécanique des liquides, ou l’hydromécanique; en dynamique il s’agit

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alors de l’hydrodynamique. Lorsque “fluide” veut dire “gaz”, on appel la Mécanique des Fluides
l’Aéromécanique; en dynamique on parle alors de l’Aérodynamique.

II. Quelques Propriétés physique des fluides


1. La masse volumique
m
La masse volumique est définie comme le coefficient entre la masse et le volume.  
V
Il n'y a pas d'unités spécifiques pour exprimer la masse volumique, on utilise donc le coefficient Kg3
m
Exemple :

Fluide   kg.m 3 
Eau (à température ordinaire) 1000
Eau de mer 1020-1030
Mercure 13600

La densité d’un corps est le rapport de la masse volumique de ce corps à la masse volumique de l’eau. Il
s’agit donc d’une grandeur sans dimension.
 fluide
d fluide 
eau
Ces deux grandeurs fondamentales sont nécessaires à l’étude de la statique des fluides (fluides au repos)
Le poids spécifique est défini comme le produit de la masse volumique par l’accélération de la pesanteur :
  g  N .m  3

2. Masse Volumique, Volume Spécifique, Compressibilité.


Soit D un domaine occupé par un milieu fluide et P  D un point quelconque du milieu; soit δM la
masse d’un élément infinitésimal du volume δV centré en P et enfermé par la surface δS. Alors, il existe à
chaque instant t une fonction scalaire   P, t  continûment dérivable :
M
 P, t     P, t   lim
M 0 V
,  kg.m 
3

 V 0

appelée la masse volumique du milieu. Dans le cas de deux fluides non-miscibles (dit immiscibles), bien
que ρ soit discontinue à la surface de séparation de deux fluides (qui est une surface de discontinuité), elle
est continûment dérivable sur chaque côté d’une telle surface.
On définit de la même manière le volume spécifique v :
V
 P, t     P, t   lim ,  m 3.kg 
M 0  M
 V 0

La compressibilité d’un fluide est définie par :

Méca fluides Intro_3 | P a g e


1  v  1   
       m2 N
v  p T   p T
La compressibilité d’un corps représente la variation de volume du corps en réponse à une variation de
pression où T et p sont respectivement la température (K) et la pression thermodynamique (Nm -2)
Conformément à cette définition, on dit que l’écoulement est incompressible si la masse volumique de
chaque particule fluide reste (presque) constante et qu’il est compressible dans le cas contraire.

Démonstration
Le module d’élasticité définit la variation de pression en fonction de la variation du volume et est défini par
 P 
E  lim    : où V est le volume et P la pression. Le signe (-) vient du fait que lorsque la pression
 V 0
 V V 
augmente, le volume diminue. La conservation de la masse indique que :
V 
dm  0  d  V   0  
V 
 P  dP
D’où E  lim    
 0
    d
Pour les liquides, E est généralement très grand (le volume ne varie pas beaucoup avec la pression) et
pour les gaz, on définit plutôt la compressibilité dont l’expression est la suivante :
1   
Dans le cas isotherme, l’équation devient T 
  p T
Exemple 1:
Un récipient rigide en acier est rempli d’un liquide à 15atm. Le volume du liquide est de 1,232 litre. A une
pression de 30 atm, le volume du liquide est de 1,231 litre.
Trouver le module d’élasticité du liquide pour la gamme de pressions données dans le cas isotherme ?
Quel est alors le coefficient de compressibilité ?

Exemple 2 : Masse volumique du liquide dans un réservoir de forme


conique.
Trouver la hauteur de la surface libre si 0,02 m3 d’eau sont remplies dans
un réservoir de forme conique (voir la figure ci-contre) de hauteur h = 0,5
m et de rayon à la base de r = 0,25 m.
Quelle quantité d’eau supplémentaire est nécessaire pour remplir
entièrement le réservoir ?
Si ce réservoir contient 30,5 kg d’huile, quelle est la masse
volumique de cette huile ?

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Le fluide incompressible est un milieu dont tout coefficient de compressibilité est nul
La condition d’incompressibilité pour un écoulement stationnaire

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3. Viscosité
La viscosité se définit comme la résistance opposée par le fluide à sa mise en mouvement.

Expérience (Couette en écoulement plan): Soit un volume de fluide


contenu entre une paroi fixe horizontale et une paroi mobile parallèle, de
surface A, soumise à une force F qui l’entraine à vitesse constante v. h
note la distance entre les parois. Plus le fluide est visqueux, plus il
s’oppose à sa mise en mouvement. En étudiant le rapport entre F/A
(homogène à une contrainte) et U/h (homogène au gradient de la
vitesse), on met en évidence plusieurs types de comportement : fluide parfait, fluide newtonien, fluide
épaississant, fluide plastique.
la viscosité dynamique (ou absolue) se définit comme le rapport du cisaillement dans le plan (x,y) au
gradient de la vitesse. µ s’exprime en Pa.s (ou Poiseuille).
 xy

 dv 
 dy 
 
F F U
avec  xy  ; Ainsi 
A A h

Pour un fluide parfait, on a : µ = 0 ; Pour un fluide newtonien, µ = constante.


La viscosité cinématique est le rapport entre le coefficient de viscosité absolue µ et la masse volumique du

fluide ρ :  

Lorsque le comportement est insensible au facteur temps, on peut observer diverses lois liant la contrainte
dU
de cisaillement  xy a la composante du gradient de vitesse applique (voir figure ci-dessous).
dy

Méca fluides Intro_6 | P a g e


La viscosité d'un fluide diminue beaucoup lorsque la température augmente.

Un des facteurs les plus évidents qui puisse avoir un effet sur le comportement rhéologique d'un matériau
est sa température. Certains matériaux sont relativement sensibles à la température, dont une variation
assez faible peut alors provoquer un changement significatif de viscosité. D'autres, par contre, sont
relativement insensibles. Prendre en compte l'effet de la température sur la viscosité est essentiel dans
l'évaluation d'un matériau qui sera soumis à des variations de température lors de son utilisation ou de sa
fabrication, comme l'huile de moteur, les graisses et les colles thermofusibles.
La viscosité varie également avec la température et avec la pression. Il n'existe pas de relations
rigoureuses reliant µ à T, mais pour beaucoup de liquides, on pourra retenir la relation empirique de
B
Guzman-Andrade, où :   Ae ; A et B étant des constantes dépendant de la nature du liquide et T la
T

température absolue
Concernant les gaz, il est courant d'utiliser la loi de Sutherland définie de la façon suivante :

Méca fluides Intro_7 | P a g e


Le Tableau ci-dessous donne quelques valeurs de viscosité pour différents matériaux.

Exemple 3 : contrainte dans une huile


On suppose que de l’huile ayant une viscosité µ=0.29Pa.s s’écoule entre les deux plaques dont l’une est
soumise à la force F. Calculer la contrainte visqueuse τ dans l’huile si la vitesse de la plaque supérieure est
de U=3m.s-1 et que la distance entre plaque est de h=2cm.

Exemple 4

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4. Pression de vapeur saturante - Tension de vapeur
Chaque liquide tend à être en équilibre avec le gaz avec lequel il est en contact. Il tend en
effet à toujours être surmonté par sa pression de vapeur saturante ou tension de vapeur p. La valeur de
cette tension de vapeur dépend bien sur de la nature du liquide mais surtout de la température du liquide.
Ces équilibres liquide-vapeur indiquent aussi la température à laquelle, pour une pression donnée,
on observera un changement d'état (vaporisation ou condensation).
Ce phénomène est d'autant plus important en mécanique des fluides, où une chute de pression peut
provoquer une vaporisation partielle du liquide pouvant entraîner ainsi un phénomène de cavitation qui
perturbera fortement l'écoulement du liquide.
La pression de vapeur saturante est la pression à laquelle la phase gazeuse d'une substance est en
équilibre avec sa phase liquide ou solide à une température donnée dans un système fermé. L'expression
tension de vapeur est parfois utilisée pour désigner la pression de vapeur saturante.

III. Généralités
Un fluide est dit parfait ou idéal s’il ne présente aucune caractéristique de viscosité. Du point de vu
microscopique on peut dire que la distance interatomique est infinie d’où l’absence de force de liaison
inter- atomique. Un fluide parfait n’existe pas dans la réalité, il n’est utilisé qu’en modèle d’étude.

On soumet deux fluides (eau et huile) à la même contrainte de déformation (champ de pesanteur), l’eau va
couler plus vite que l’huile donc les frottements dans l’eau sont plus faibles que ceux dans l’huile. On dit
alors que l’huile est plus visqueuse que l’eau. L’huile s’écoule plus vite si la plaque est chaude. Donc la
viscosité est fonction de la température.

1. La pression
La pression est une magnitude qui se définit comme le quotient de la force perpendiculaire à la surface sur
laquelle elle s'applique, sur l'aire de cette surface.
F
p
S
L'unité internationale de pression est le Pascal, qui est la pression résultante d'appliquer un Newton sur
une surface d'un mètre carré. Pa = N/m². On utilise aussi d'autres unités pour mesurer la pression. Les
plus importantes sont le Bar (bar) et l'atmosphère (atm). Les relations entre elles sont les suivantes:
1bar = 105Pa = 0.987 atm

 La pression absolue est définie par rapport à la pression dans le vide qui correspond à la pression
nulle. On en déduit donc que la pression minimale possible est zéro.
 La pression relative se définie par rapport à une pression de référence que l’on choisit le plus
souvent égale à la pression atmosphérique.

2. Le débit
Le débit de masse se définit comme le quotient de la masse sur le temps. On le symbolise avec la lettre
q :
m
qm 
t

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Il n'y a pas des unités spécifiques pour le débit, mais si on veut garder les unités internationales de masse
et de volume il s'exprime en Kgs−1. Le débit de masse s'utilise pour mesurer le débit des canalisations.
Dans le cas d'un écoulement stationnaire, il peut être calculé aussi comme le produit de la vitesse de
l'écoulement, la section perpendiculaire à cette vitesse, et la densité:
qm   vS
Parfois on utilise aussi le débit en volume (qv) .Il est définit comme le quotient d'un volume sur un temps. La
relation avec le débit de masse est la suivante : qm   qv
Relation entre débit et vitesse
Lorsqu’un fluide s’écoule, les particules qui le composent sont animées d’une certaine vitesse. Exemple de
l’écoulement d’un fluide au sein d’une conduite, en supposant au temps t = 0 elles sont animées d’une
vitesse moyenne umoy. Après un intervalle de temps t, ces particules vont se retrouver dans une section
distante d’une longueur l de la section initiale. l  umoy .t
La surface de la section de passage étant S, on peut alors calculer le volume V de fluide qui est passé à
travers la section de passage pendant l’intervalle de temps t.
V  l.S  umoy tS
Qv  umoy S
V u tS Qm   umoy S
Qv   moy  umoy S
t t

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