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CONDITIONS DE TRAVAIL

DES ÉTANCHEURS

COLLECTION
ÉTUDES
CONDITIONS DE TRAVAIL
DES ÉTANCHEURS
Étude menée en collaboration par :

– l’Organisme professionnel de prévention


du bâtiment et des travaux public (OPPBTP)

– la Chambre syndicale régionale des étancheurs


d’Ile-de-France

– l’Association paritaire de santé au travail


du bâtiment et des travaux publics de la région parisienne
(APST BTP RP)

Les auteurs :
Jean-François BERGAMINI
Responsable national des études « conditions de travail » à l’OPPBTP

Dominique LEUXE
Médecin du travail à l’APST BTP RP
SOMMAIRE

CONTEXTE DE L’ÉTUDE....................................................................... 5

ORIGINE DE LA DEMANDE............................................................................ 5

LES ENJEUX DE L’ÉTUDE


DES CONDITIONS DE TRAVAIL DANS LE BTP............................................. 5

LA MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE MÉTIER................................................... 6

LES MODALITÉS DE L’ÉTUDE....................................................................... 7

MISE EN ŒUVRE DE L’ÉTUDE............................................................. 10

PRÉPARATION ET LANCEMENT DE L’ÉTUDE.............................................. 10

PRINCIPAUX RÉSULTATS............................................................................... 10

PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS.................................................................... 13

ANALYSE CROISÉE DES FACTEURS............................................................ 17

VALIDATION ET RESTITUTION DES RÉSULTATS.......................................... 17

DE LA RÉFLEXION À L’ACTION........................................................... 18

PISTES D’AMÉLIORATION............................................................................. 18

MOBILISATION DE LA PROFESSION............................................................ 18

CONCLUSION........................................................................................ 19

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 3


CONTEXTE DE L’ÉTUDE

Origine de la demande Enjeux sectoriels de l’étude


des conditions de travail
La Chambre syndicale régionale des étancheurs d’Île-de-France
a souhaité réaliser une étude des conditions de travail sur les L’émergence de la prise en compte des conditions de travail et
de leur amélioration dans le monde de l’entreprise, sous l’impul-
chantiers d’étanchéité. L’objectif était de caractériser les pistes
sion des évolutions sociétales, a notamment conduit le légis-
d’action prioritaires pour améliorer les conditions réelles dans
lateur à créer les CHSCT et à préciser la mission de l’OPPBTP
lesquelles le travail est réalisé. Le domaine de l’étanchéité, qui
dans ce champ (décret n° 85-682 du 4 juillet 1985). Cette mission
met en jeu des techniques complexes, n’avait pas fait l’objet
était de constater les conditions réelles dans lesquelles le travail
d’études récentes de ce type1.
était effectué, afin de dégager des pistes d’amélioration.

Les grilles employées pour analyser les postes de travail dans


Les enjeux de l’étude l’industrie sont apparues inadaptées aux particularités du BTP,

des conditions de travail du fait de la diversité des tâches effectuées par les opérateurs,
de la variabilité et de l’évolution de l’activité lors du déroulement
dans le BTP
d’un chantier.
Problématiques de prévention D’autres constatations ont été faites sur les conditions de travail
liées à la taille des entreprises
dans le BTP : l’emploi de techniques variées et complexes, le
La plupart des entreprises du BTP appartiennent à la catégorie travail en petites équipes, la multiplicité et la juxtaposition des
des très petites entreprises (moins de 20 salariés), ce qui néces- corps de métiers des intervenants (coactivité), les délais tendus,
site une démarche de prévention adaptée. L’OPPBTP conçoit la variabilité des conditions d’intervention sur les chantiers.
des outils et aide les entreprises à leur mise en œuvre, tant pour Ainsi, des travaux ont été réalisés conjointement par l’OPPBTP
évaluer les risques que pour élaborer des politiques de préven- et le GERN (Groupement d’ergonomie de la région Nord), afin
tion. Une idée que soutient et développe également l’INRS2. d’étudier les conditions concrètes de travail sur un chantier

L’OPPBTP préconise, en particulier, des outils relevant d’une et d’en identifier les différentes composantes, ainsi que leurs

approche « métier », faciles à exploiter, et permettant d’améliorer liens avec le travail et la santé des travailleurs. Ces travaux

de façon concrète les conditions de travail. ont consisté en l’étude ergonomique de situations de travail
classiques dans les différents domaines du BTP (gros œuvre,
Les objectifs d’une telle démarche de prévention doivent être
différents corps d’état et travaux publics) et l’analyse de ques-
clairement énoncés et partagés avec tous les acteurs concernés tionnaires sur les conditions de travail, remplis par les opérateurs
au sein des entreprises. et la maîtrise.

Il est également recommandé de privilégier les approches Les informations réunies ont permis d’appréhender les facteurs
partenariales impliquant, aux côtés de l’entreprise, des acteurs déterminants influant sur la santé des travailleurs. La MAECT
de terrain tels que les « organisations ou associations profes- (méthode pour l’analyse et l’étude des conditions de travail)
sionnelles (…). Leur connaissance du métier est un gage de est issue de cette démarche (voir page 18). Elle se fonde sur
réussite dans la prise en compte du besoin et l’adaptation de la l’évaluation de facteurs spécifiques au BTP, « variables géné-
démarche aux spécificités de chaque métier ». rales, définies par un ou plusieurs indicateurs représentant

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 5


des variables opérationnelles, facilement mesurables ou reformulation de la demande et création de l’équipe projet
évaluables le plus objectivement possible ». chargée de réaliser l’étude.

Cette méthode standardise l’approche de l’analyse des condi- ■■ Information de tous les acteurs sur la démarche et ses
tions de travail dans le BTP. Elle a évolué au fil des années pour objectifs, choix des situations de travail à observer et des
prendre en compte : techniques utilisées.

■■ l’évolution des connaissances et de la réglementation ; ■■ Recueil des données au cours d’observations effectuées en
situation de travail, complétées par l’analyse de documents
■■ l’apport de l’information pour le traitement des données
(PPSPS, fiches de tâches, DUER…) et des entretiens avec
(mise au point d’outils spécifiques) ;
les représentants de l’entreprise, les équipes chantier et les
■■ l’utilisation plus facile de la métrologie ; médecins.

■■ une approche pluridisciplinaire impliquant les branches ■■ Analyse des données recueillies et évaluation des situa-
professionnelles et les services de santé. tions observées, fondées sur les facteurs de la MAECT, les
mesures et les informations complémentaires recueillies.

■■ Validation des résultats par les équipes observées ; cette


La méthodologie de l’étude métier
phase permet de moduler le poids des facteurs selon les
Une démarche collaborative spécificités du métier ou les conditions locales ; la prise en
compte du point de vue des équipes et de leur vécu permet
La Chambre syndicale régionale des étancheurs d’Ile-de-
de généraliser ou d’expliciter tel résultat obtenu ou telle
France ayant initié la démarche, trois entreprises franciliennes
observation ; cette étape permet également de recueillir leurs
du secteur se sont portées volontaires pour participer à l’étude.
idées pour améliorer leurs conditions de travail.
Un groupe Projet a été constitué, réunissant les dirigeants des
■■ Restitution des résultats à chaque entreprise.
trois entreprises, un représentant de la chambre syndicale régio-
nale de l’étanchéité et le binôme en charge de la réalisation de ■■ Restitution au groupe projet et partage du prédiagnostic

l’étude : un ingénieur prévention de l’OPPBTP et le médecin résultant de l’analyse.

conseil régional du service de santé au travail du BTP en Ile-de- ■■ Recherche de pistes d’amélioration des conditions de travail.
France, l’APST BTP RP.
■■ Accompagnement dans la mise en œuvre du dispositif
Sur la base de l’observation d’un nombre limité de chantiers, permettant d’apporter des solutions pour concrétiser ces
une méthode structurée a dû être imaginée et mise en œuvre pistes.
afin de permettre la généralisation des enseignements à l’échelle
du métier d’étancheur dans sa diversité et sa variabilité. Inspirée
La prise en compte du métier
de la MAECT, la méthode d’étude des conditions de travail du
métier d’étancheur met l’accent sur la participation de toutes Le premier enjeu d’une telle étude est de définir des situations
les parties prenantes dès la phase de l’étude. de travail caractéristiques d’un domaine du BTP, ici les travaux
d’étanchéité, afin de dresser un état des lieux représentatif des
conditions de travail du métier.
Les étapes de l’étude
Après examen des différents types de chantiers du domaine,
Le découpage en phases de l’étude métier reprend les étapes de leur organisation et de leur déroulement, le choix de l’équipe
nécessaires à la mise en œuvre de la MAECT. Les entreprises et projet se porte sur des chantiers de réfection, avec des feuilles
leurs salariés, qui sont des acteurs indispensables de l’étude, bitumineuses, les plus susceptibles de présenter des situations
sont impliqués. Voici ces différentes phases : révélatrices de l’activité d’étancheur. Un point intermédiaire a
■■ Demande d’un syndicat professionnel (ici, le syndicat été effectué par le groupe Projet pour valider l’hypothèse et
des étancheurs), recherche bibliographique sur le métier, vérifier que le nombre d’observations était suffisant.

6 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Plus précisément, un chantier type a été défini ; c’est une situa- Les 20 facteurs déterminants d’analyse
tion de référence ; elle correspond à des travaux de réfection et d’évaluation
effectués sur une toiture-terrasse en support béton, d’une L’observation des conditions de travail sur les chantiers est
surface comprise entre 600 et 1000 m². Réalisé par trois ou guidée par l’application de la MAECT, qui s’appuie sur l’éva-
quatre opérateurs pendant une durée d’environ un mois, un tel luation de 20 facteurs représentatifs des conditions de travail.
chantier se déroule selon les phases suivantes :
Ces facteurs sont définis à partir d’indicateurs opérationnels,
■■ l’installation et la mise en place d’une protection collective ; c’est-à-dire pour lesquels une action est possible. Ils sont

■■ la dépose de l’existant (gravillons, complexe isolant- répartis en quatre grandes catégories :

étanchéité) ; ■■ les facteurs d’organisation : conditions du marché, organi-


sation du chantier, organisation de la sécurité, installations
■■ l’approvisionnement des matériaux au poste de travail ;
d’hygiène, statut des travailleurs ;
■■ la pose du nouveau revêtement ;
■■ les facteurs d’environnement et de risques : ambiance
■■ les travaux de finition et le repli du chantier. sonore, éclairage artificiel, ambiance climatique, exposition

Le second enjeu consiste à choisir parmi ces phases des jours aux produits dangereux et risques physiques, salubrité de la

caractéristiques durant lesquels il sera possible d’observer la zone d’activité, risques d’accidents, encombrement ;

réalisation des tâches habituelles du métier d’étancheur. Pour ■■ les facteurs d’activité physique : port manuel des charges,
cette étude, trois journées ont été précisées : phase d’installation efforts physiques, postures, déplacements ;
et début d’arrachage, suite de l’arrachage de l’existant et pose
■■ les facteurs d’activités mentales et relations de travail :
du nouveau complexe, finition et repli.
activités de contrôle et incidents, communications, coacti-
Comme le prévoit la MAECT, le recueil des données s’effectue vité, autonomie (marges de manœuvre).
sur une période d’une journée représentative de l’activité et sur
une zone principale de travail, en intégrant les déplacements
L’évaluation des facteurs
depuis ou vers cette zone. L’observation porte sur une équipe
opérationnelle chargée d’exécuter une tâche déterminée, ce qui Chaque facteur fait l’objet d’une évaluation qui situe le para-

permet de prendre en compte la dimension collective et indivi- mètre observé dans l’une des trois zones notées comme suit :

duelle du travail. 1 : acceptable,

On fait l’hypothèse que le recueil des données dans ces condi- 2 : à améliorer si possible,
tions fournit une image précise de cette activité (réfection sur
3 : à améliorer en priorité.
élément porteur béton) parmi celles de l’étancheur.
De l’évaluation des 20 facteurs de la MAECT résulte un profil des
situations de travail observées. La démarche d’évaluation néces-
Les modalités de l’étude site d’apprécier l’impact des différents indicateurs et facteurs en
termes de santé et de respect de la réglementation séparément.
L’observation et l’écoute
Cela permet d’établir le profil « Conditions de travail » qui est
Pour chaque entreprise, les situations de travail retenues sont un prédiagnostic.
observées sur le même type de chantier par des observateurs
Si l’analyse de l’activité selon une grille de 20 facteurs est une
formés. Cette stabilité, ainsi que l’adoption d’une posture étape indispensable pour l’étude des conditions de travail, le
de neutralité et d’écoute, sont la garantie d’une relation de partage des données et leur validation, seule l’analyse des
confiance mais également de la qualité des résultats obtenus. influences croisées des facteurs entre eux permet de rendre
compte de la complexité de la réalité observée.

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 7


Les apports des mesures Ce profil fait apparaître le poids des différents facteurs, notam-
ment ceux pour lesquels une action semble nécessaire.
Différents types de mesures et d’investigations permettent de
mieux prendre en compte les gênes, les nuisances, les incon- La confrontation des profils obtenus selon les types de journées
forts et les risques ayant un impact sur les conditions de travail. sur les différents chantiers (en analysant les journées où l’activité
Elles sont déterminées par le groupe projet au début de l’étude est identique sur les trois chantiers, par exemple profils des jours
et sont fonction du métier et des situations étudiés. d’installation, profils des jours d’arrachage, etc.) met en évidence
les points communs et les différences.
Pour cette étude, ont été retenues :
Les résultats sont soumis à la validation de l’équipe chantier,
■■ l’évaluation de l’ambiance thermique, par la mesure de la
avant d’être présentés aux directions de chacune des entre-
température et de l’hygrométrie de l’air ;
prises puis au syndicat professionnel après avoir été rendus
■■ l’évaluation du risque chimique sur les chantiers étudiés à anonymes. L’implication des salariés dans l’étude des condi-
l’aide des logiciels Evarist et Lara et par l’analyse des fiches tions de travail est l’un des éléments clés de la réalisation des
de données de sécurité. Des prélèvements d’air, effectués études métier. Il en est de même pour le syndicat professionnel.
à l’aide de pompes individuelles, permettent d’étudier des
La participation de plusieurs entreprises et le partage des résul-
toxiques volatils ou des poussières, selon l’activité des
tats issus de différents chantiers rendus anonymes permettent
salariés ;
de rendre compte de l’activité à l’échelle de la profession.
■■ la mesure des niveaux de bruit auxquels les salariés sont
exposés, grâce à des sonométries et des dosimétries
individuelles ;

■■ l’observation des variations de la fréquence cardiaque, grâce


à la pose de cardiofréquencemètres sur les étancheurs ;

■■ la prise en compte des troubles musculo-squelettiques par


des questionnaires adaptés ;

■■ des prises de vue des situations de travail, de postures, etc.

De l’observation au prédiagnostic
Chaque journée de travail observée fait l’objet d’un profil MAECT
établi à partir des observations recueillies, enrichies par les infor-
mations complémentaires (résultats de mesures et interviews). Terrasse rénovée.

8 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Exemple d’un profil MAECT

COTATION
FACTEURS OBSERVATIONS
1 2 3

1 Conditions du marché

2 Organisation du chantier

ORGANISATION 3 Organisation de la sécurité

4 Installations d’hygiène

5 Statut des travailleurs et horaires

6 Ambiance sonore

7 Éclairage

8 Ambiances climatiques et thermiques


ENVIRONNEMENT
Exposition à des produits dangereux
et 9
et risques physiques
RISQUES
10 Salubrité de la zone d’activité

11 Risques d’accidents

12 Encombrement

13 Port manuel des charges

14 Efforts physiques
ACTIVITÉS
PHYSIQUES
15 Positions de travail

16 Déplacements avec ou sans charges

17 Activités de contrôle et incidents

ACTIVITÉS MENTALES 18 Communications


et
RELATIONS AU TRAVAIL 19 Coactivité

20 Autonomie – marges de manœuvre

zone 1 - acceptable ; zone 2 - à améliorer si possible ; zone 3 - à améliorer en priorité.

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 9


MISE EN ŒUVRE
DE L’ÉTUDE

Préparation et lancement Ces données concernent l’ensemble des actions effectuées par

de l’étude les équipes d’étancheurs pendant la journée, de la prise de


poste à la fin de poste. Elles ont été recueillies à l’aide d’outils
Participation de la profession de saisie et de traitement spécifiquement créés pour ce type

La première phase de l’étude métier a consisté à prendre en d’étude et améliorés par rapport à la méthode d’origine.
compte la demande émanant du syndicat professionnel des Parmi ces outils :
étancheurs. Des échanges ont permis de préciser les objectifs
■■ des grilles d’observation des actions de travail aboutissant
de cette demande, de sélectionner les entreprises représen-
tatives de la structure de la profession (en l’occurrence, une à des indicateurs d’observation ;

entreprise de moins de 10 salariés, une de moins de 20 sala- ■■ une grille de cotation des activités physiques liées à des
riés, une agence d’un groupe), de sélectionner les chantiers actions non décrites dans les outils de traitement des
correspondant à la situation-type et, enfin, de déterminer les données de la MAECT (posture d’arrachage, notamment) ;
dates d’observation. Dans chacune des entreprises, l’équipe
■■ des tableaux de traitement permettant d’agréger les données
des salariés étancheurs et l’encadrement du chantier ont été
issues de l’observation de plusieurs opérateurs pendant une
informés de l’étude et de leur rôle au cours d’une réunion de
préparation en présence du médecin du travail. journée.

Recherche bibliographique
La recherche bibliographique a permis de recenser les facteurs Principaux résultats
d’accidents du travail et les maladies professionnelles spéci-
L’évaluation des facteurs associés aux conditions de travail a
fiques à la branche de l’étanchéité ; elle a également été l’occa-
permis de dresser des profils, établis pour les phases d’instal-
sion de faire le point sur les techniques employées dans cette
lation de chantier puis de réfection de l’étanchéité (voir Profil 1,
profession et leurs évolutions. Cette recherche a notamment
page 11 et Profil 2, page 12).
révélé l’absence d’études de ce type durant les trente dernières
années3. Il ressort de ces résultats que les facteurs à améliorer en priorité
sont :
Les recherches bibliographiques sur le volet TMS ont eu pour
but de définir un outil adapté aux salariés travaillant sur un chan- ■■ l’organisation de la sécurité et de l’hygiène ;
tier4. Un questionnaire comportant une quinzaine de points,
■■ l’ambiance sonore ;
élaboré par l’APST et la CRAMIF lors d’études précédentes,
a été sélectionné et retenu après un test réalisé sur le premier ■■ l’exposition à des produits dangereux et risques physiques ;
chantier étudié5.
■■ la salubrité de la zone d’activité ;

■■ les risques d’accident ;


Recueil des données
■■ l’encombrement ;
Les observations sur le terrain ont été effectuées sur trois chan-
■■ le port manuel de charges ;
tiers représentatifs, et correspondant à la situation de référence,
proposés par les entreprises volontaires. ■■ les efforts physiques et les positions de travail.

10 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Profil relevé sur deux chantiers lors de la phase d’installation

Chantier 2 :
Chantier 1 :
MONTE-
PROFIL 1 FACTEURS TREUIL
MATÉRIAUX
1 2 3 1 2 3

1 Conditions du marché

2 Organisation du chantier

ORGANISATION 3 Organisation de la sécurité

4 Installations d’hygiène

5 Statut des travailleurs et horaires

6 Ambiance sonore

7 Éclairage

8 Ambiances climatiques et thermiques


ENVIRONNEMENT
Exposition à des produits dangereux
et 9
et risques physiques
RISQUES
10 Salubrité de la zone d’activité

11 Risques d’accidents

12 Encombrement

13 Port manuel des charges

14 Efforts physiques
ACTIVITÉS
PHYSIQUES
15 Positions de travail

16 Déplacements avec ou sans charges

17 Activités de contrôle et incidents

ACTIVITÉS MENTALES 18 Communications


et
RELATIONS AU TRAVAIL 19 Coactivité

20 Autonomie – marges de manœuvre

zone 1 - acceptable facteurs qui nécessitent une amélioration


zone 2 - à améliorer si possible
zone 3 - à améliorer en priorité écarts constatés liés à l’organisation des deux chantiers
facteurs à améliorer

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 11


Profil relevé sur trois chantiers lors de la phase de réfection de l’étanchéité

Chantier 1 Chantier 2 Chantier 3


PROFIL 2 FACTEURS

1 2 3 1 2 3 1 2 3

1 Conditions du marché
ORGANISATION

2 Organisation du chantier

3 Organisation de la sécurité

4 Installations d’hygiène

5 Statut des travailleurs et horaires

6 Ambiance sonore

7 Éclairage
ENVIRONNEMENT

8 Ambiances climatiques et thermiques


RISQUES

Exposition à des produits dangereux


9
et

et risques physiques

10 Salubrité de la zone d’activité

11 Risques d’accidents

12 Encombrement

13 Port manuel des charges


PHYSIQUES
ACTIVITÉS

14 Efforts physiques

15 Positions de travail

16 Déplacements avec ou sans charges


RELATIONS AU TRAVAIL
ACTIVITÉS MENTALES

17 Activités de contrôle et incidents

18 Communications
et

19 Coactivité

20 Autonomie – marges de manœuvre

zone 1 - acceptable facteurs qui nécessitent une amélioration


zone 2 - à améliorer si possible
zone 3 - à améliorer en priorité liens entre facteurs, notamment avec le facteur 2, mis en avant lors de la validation par les équipes.
facteurs à améliorer

12 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Principaux enseignements ■■ Les prélèvements d’atmosphère individuels effectués sur les
trois chantiers, afin de rechercher la présence de benzo(a)
Les données relatives aux facteurs présentés ci-après ont joué
pyrène lors des travaux de soudage des rouleaux, présentent
un rôle prépondérant dans la détermination de pistes de travail.
des concentrations très basses et très inférieures à la valeur
de 150 ng/m3 recommandée par la CNAM.
Ambiance sonore
Les niveaux de bruit relevés sur les chantiers sont tous supé-
rieurs au seuil de la valeur d’exposition inférieure déclenchant
l’action, soit 80 dB(A).
Les sources de bruit identifiées sont, en particulier :
– les moteurs des treuils de montage du matériel ;
– les chalumeaux utilisés pour le soudage des rouleaux bitu-
mineux ;
– les chocs divers.

Exposition à des produits dangereux


L’évaluation de ce facteur s’est notamment appuyée sur des ■■ Les prélèvements individuels visant à mesurer les niveaux
mesures. Les résultats obtenus sont les suivants : de concentration en « poussières sans effets spécifiques »
sont inférieurs à la valeur limite réglementaire. Néanmoins,
■■ Les vernis bitumineux, étiquetés « Nocif » par le fabricant,
des variations importantes ont été notées, en fonction de
présentent une concentration de solvant qui nécessite une
l’activité des étancheurs. Certains résultats montrent qu’il
protection adaptée et une recherche de solutions pour
est nécessaire de réfléchir à des actions d’amélioration, en
supprimer ou, au moins, diminuer la toxicité (les produits
particulier lors des phases de déblaiement de graviers, le
proposés par les fabricants répondant à ces critères
taux d’empoussièrement pouvant atteindre 76 % de la valeur
semblent présenter des temps de séchage trop importants
maximale d’exposition lors des phases de manutention des
pour ce type de travaux).
gravillons par temps sec et chaud.

Exemples de niveaux de bruit relevés

81,9 dB(A) 83,5 dB(A) 83,9 dB(A) 89,3 dB(A) 89,4 dB(A)
Chantier 1 - matin Chantier 2 Chantier 3 Chantier 3 Chantier 1
Arrachage : Installation : Installation : Arrachage : après-midi
coups de pioche, chocs métalliques, coups de pioche, coups de pioche, Arrachage :
massette/burin, massette/burin, massette/burin, massette/burin, treuil,
chocs de pelles treuil chocs de pelles, chocs de pelles, chalumeau,
tronçonneuse disqueuse, chalumeau chocs de pelles

80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 dBA

Valeur d’exposition Valeur d’exposition Valeur limite d’exposition Exposition moyenne :


inférieure déclenchant supérieure déclenchant Lex 8 h
l’action (PICB, info, etc.) l’action (mesures de réduction)

valeurs du Code du travail

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 13


Encombrement Le facteur encombrement est évalué par calcul :
■■ en comparant la surface des obstacles à la surface d’activité
pour la zone d’activité ;

L’espace de travail est un espace dynamique. Il peut être subdi-


visé comme suit :

■■ la zone d’activité, qui correspond à l’espace physique dans


lequel évolue l’équipe à un moment donné (demi-journée,
journée, semaine, etc.) ;

■■ les autres zones du chantier où l’équipe ne fait que passer


pour faire des tâches nécessaires à son travail. Celles-ci
peuvent constituer une zone d’activité pour une autre équipe,
■■ en comparant la somme des mètres linéaires occupés par
par exemple les zones de circulation, d’approvisionnement
des obstacles à la somme des distances représentées par
ou de préparation.
les zones de circulation pour les déplacements, également
Outre les risques qu’il génère en soi, l’encombrement de ces exprimées en mètres linéaires ;
zones gêne le travail et les déplacements des compagnons.
■■ le volume peut être pris en compte si nécessaire.
Ainsi, les ouvrages existants ou en cours d’édification, les équi-
pements, les déchets en attente d’évacuation, les stockages des
matériaux à mettre en œuvre ou encore ceux d’autres corps de
métier sont autant de causes d’encombrement qui évoluent au
cours du temps. L’observation de ces éléments in situ permet de
relever les compromis faits par l’équipe, notamment par rapport
à l’organisation des flux sur le chantier.

Les informations recueillies sont le fruit de l’observation de ces


zones durant une journée. L’entretien mené avec l’équipe et
les précisions relatives à la nature, au type et aux raisons de la
présence de ces éléments complètent ces données.

14 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Port manuel de charges Efforts physiques
Ce facteur est évalué grâce au relevé en continu des charges Les cotations attribuées lors des observations (L, légère, M,
transportées par les opérateurs observés. moyenne, I, intense, TI, très intense) ont permis d’évaluer les
efforts physiques (cf. tableau des extraits ci-après).
Durant la phase d’installation, ces charges correspondent
au matériel nécessaire à la réalisation du chantier (brouettes, L’analyse des cardiofréquencemétries a permis de préciser
éléments du monte-charge, outils, garde-corps) et au dégage- notamment les efforts produits.
ment de la protection lourde du revêtement (gravillons). L’interprétation de ces graphes ne peut être faite qu’en tenant
Durant la phase d’arrachage, les charges concernent le compte des tâches et des moments durant lesquels elles sont
complexe d’étanchéité à enlever et les éléments du nouveau effectuées.
complexe (isolant et rouleaux d’étanchéité).

Exemple de cumul des charges transportées selon les Exemple de cumul des efforts produits selon les heures
heures de la journée sur trois chantiers différents (extraits) de la journée sur trois chantiers différents (extraits)

Poids (en kg)


Nombre d’efforts
1 800
80
1 600 Léger
Température 70
1 400 Moyen
caniculaire 60 Intense
1 200
50 Très intense
1 000
800 40
600 540 30
400 20
180 201 200 140 10
200 100
0 0 0
0
8à9 9 à 10 10 à 11 11 à 12 13 à 14 14 à 15 15 à 16 16 à 17 8 à 9 9 à 10 10 à 11 11 à 12 13 à 14 14 à 15 15 à 16 17 à 18

Poids (en kg)


1 700 Nombre d’efforts
1 800
80
1 600 1 460 Léger
Ambiance climatique normale, 70
1 400 mais double complexe Moyen
60 Intense
1 200
50 Très intense
1 000
800 740 40
600 560 510 30
400 340 20
200 10
50 0
0 0
8à9 9 à 10 10 à 11 11 à 12 13 à 14 14 à 15 15 à 16 16 à 17 8 à 9 9 à 10 10 à 11 11 à 12 13 à 14 14 à 15 15 à 16 17 à 18

Poids (en kg)


1 800 Nombre d’efforts
80
1 600 Léger
1 390
Intempéries 70
1 400 Moyen
1 200 60 Intense
995 1 008 50 Très intense
1 000
800 40
600 30
400 20
200 10
0 0 0 0 0 0 0 0
0 0
8 à 9 9 à 10 10 à 11 11 à 12 13 à 14 14 à 15 15 à 16 17 à 18
à9

8
à1

à1

à1

à1

à1

à1

à1

à1

à1

à1
8
9

10

11

13

14

15

13

14

15

17

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 15


Il ressort que : Positions de travail
■■ des efforts très intenses sont produits lors des phases L’étude des postures de l’équipe au cours de la journée a
d’arrachage ; confirmé que la posture courbée est la plus adoptée par les
■■ des efforts classés moyens prédominent lors des phases de étancheurs, ce qui correspond aux réponses du questionnaire
TMS. Les étancheurs se tiennent dans des postures défavo-
soudage du nouveau complexe ;
rables pendant la moitié de la durée des observations effectuées.
■■ des efforts très intenses sont produits pour le montage du
Les questionnaires TMS ont également révélé que la majorité
treuil sur la terrasse, l’installation du monte-matériau et le des étancheurs souffrent de douleurs localisées dans le bas de la
déplacement des gravillons lors de l’installation de chantier. colonne vertébrale et dans les épaules ; ces douleurs sont asso-
ciées respectivement à la répétition des gestes et à la posture
d’arrachage.
Exemples de cotations des efforts retenus En outre, certains accidents du travail souvent bénins, mais
pour cette étude
nombreux, ont pu être expliqués par les chocs et les heurts dus à
la présence d’équipements techniques installés à demeure sur la
Intensité
Fréquence terrasse et nécessaires au fonctionnement du bâtiment.
de l’effort
Opérations Occasionnel,
Léger, Moyen, Courant Cumul, en pourcentages, des postures observées
Intense, (> 1 fois/ h) au cours d’une journée sur trois chantiers (extraits)
Très Intense

Démarrage moteur I O
Courbé
Poussée de brouette remplie
M C 60 %
de GC
Montée à l’échelle TI C 40 %

Poussée de brouette vide L O Bras levés Rotation


20 %

Manutention éléments treuil TI C 0%

Pose garde-corps (GC) et filets L C

Manutention des lests de treuil I C

Balayage L C Déséquilibre Accroupi


À genoux
Port de rouleau étanchéité M O
Courbé
Poussée de brouette pleine I C
60 %
Manutention de brouette
TI O
sur échelle 40 %

Déplacement d’un garde-corps Bras levés Rotation


I C 20 %
existant à plusieurs
0%

Efforts produits, en pourcentages, selon les tâches


effectuées, arrachage et pose (extraits)
Déséquilibre Accroupi
À genoux
L
60 % Courbé
60 %
40 %
40 %

20 %
Bras levés 20 % Rotation
TI 0% M
0%

Déséquilibre Accroupi
À genoux
I

16 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


Relevé de la zone d’activité
Zone Stockage Stockage et de l’espace d’évolution de
d’activité cailloux isolant et rouleaux neufs, cailloux l’équipe sur une journée.

On observe la nature des différents


5,5
éléments présents : ceux existant
sur l’ouvrage et ceux qui sont liés
11
à l’activité et à la circulation de
1,3

l’équipe.
Accès Sur cet exemple, la surface
d’encombrement de la zone
d’activité de l’équipe calculée est
d’environ 27 %, l’encombrement
des zones de circulation (évoluant
au cours de la journée) a atteint
environ 82 % avant évacuation des
23 déchets produits. Le volume de
l’encombrement a également été pris
6,5 4 8
2,5 en compte, notamment à cause de
1 Stockage Big-bag déchets
Big-bag déchets rouleaux la gêne due à la présence des gaines
de ventilation qui entravent les
Ouvrages existants Lanterneau Zones de déplacement sur la terrasse déplacements dans la zone d’activité.
Stockages Stockages Treuil

Gaines

Analyse croisée des facteurs Cette rencontre a été également l’occasion d’une information
sur les TMS (issue de la démarche ADAPT de l’OPPBTP).
Le travail de synthèse et d’analyse de l’influence des diffé-
Les échanges avec les équipes de chantier ont permis de vérifier
rents facteurs entre eux peut être illustré par le facteur
l’absence d’erreurs et de pondérer les différents facteurs en
« encombrement ».
tenant compte de l’expérience des professionnels.
En effet, les résultats obtenus sur les facteurs « manutention », Les discussions ont surtout mis en évidence les liens à établir
« positions de travail » et « autonomie » (marges de manœuvre de entre différents facteurs, qui n’apparaissaient pas de façon
l’équipe) se révèlent fortement dépendants du facteur « encom- évidente lors de l’observation des profils, par exemple, les liens
brement » de la zone d’activité. entre les facteurs « activités de contrôle » et « incidents », « orga-
nisation du chantier », « encombrement » et « efforts physiques ».
Ce facteur est conditionné par la géométrie des terrasses et des
Les poids manutentionnés, notamment celui des rouleaux d’étan-
équipements présents, mais aussi par la nécessité de déplacer
chéité, ont été évoqués car cette manutention concerne plusieurs
en permanence des matériaux neufs et anciens, des cailloux phases (les rouleaux sont bougés de nombreuses fois avant d’être
de protection, etc. L’espace étant circonscrit par la géomé- soudés en position définitive).
trie de l’ouvrage existant, les opérateurs sont contraints à de À l’issue de cette validation, les résultats (prédiagnostics) ont
nombreuses manutentions pour libérer les zones à rénover. été présentés au groupe projet lors d’une réunion de travail.

L’analyse met ainsi en évidence l’importance de l’organisation La description analytique des conditions de travail et son
du chantier. examen collectif permettent :
■■ de partager un constat fondé sur une approche rigoureuse ;
■■ d’assurer la représentativité de l’étude ;
Validation et restitution ■■ d’obtenir la validation des étancheurs sur les éléments à
des résultats transmettre aux employeurs.

Les différentes équipes chantier se sont réunies durant une Ce constat partagé a servi de base à une recherche en commun
journée interentreprises pour valider les résultats de l’étude. de pistes d’amélioration des conditions de travail.

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 17


DE LA RÉFLEXION
À L’ACTION

Pistes d’amélioration ■■ agir sur la conception des garde-corps définitifs


périphériques ;
L’étude a permis de dégager des pistes d’amélioration en y
■■ envisager le démontage et le dévoiement des installations
intégrant des indications fournies par les opérateurs. En voici
en toiture pendant les travaux ;
les principales thématiques avec les actions possibles :
■■ tenir compte des évolutions des normes thermiques pour
Agir sur les outils :
l’isolation.
■■ réduire le bruit émis par les treuils de levage en changeant
Agir pour la main-d’œuvre :
la source d’énergie et par les chalumeaux lors des phases
de soudage des feuilles d’étanchéité ; ■■ améliorer les conditions d’hygiène ;

■■ concevoir un outil standardisé et réglable selon la morpho- ■■ revoir la qualité des équipements de protection individuelle
logie de chacun des compagnons pour guider les rouleaux ; (EPI) et des vêtements proposés ;

■■ modifier les chalumeaux de manière à ce que leur longueur ■■ améliorer la formation de l’encadrement ;
soit facilement modulable, afin de diminuer les postures ■■ intégrer certains des résultats de cette étude dans la
contraignantes ; formation professionnelle des étancheurs (compagnons,
■■ proposer un outil facilitant la découpe et l’arrachage du encadrants...).
complexe existant, et facilement manipulable.

Agir sur les matériaux :


Mobilisation de la profession
■■ substituer le vernis d’imprégnation à froid solvanté par un
À l’issue de l’étude, la Chambre syndicale française de l’étan-
produit non nocif ;
chéité (CSFE) a créé une commission nationale de prévention
■■ diminuer le poids manutentionné par les équipes en agissant et des conditions de travail, réunissant les fabricants, les étan-
par exemple sur le poids des rouleaux ; cheurs, les représentants de l’OPPBTP et de l’APST, dans le but
■■ améliorer le conditionnement des isolants. d’approfondir les pistes d’amélioration des conditions de travail
issues de l’étude métier.
Agir sur la méthode de travail :

■■ mécaniser la manutention des gravillons chaque fois que Diverses propositions ont été ainsi mises à l’étude, parmi
lesquelles :
c’est possible ;
■■ une évolution des équipements de levage : mise au point
■■ mécaniser totalement ou partiellement l’arrachage des
d’un treuil électrique moins bruyant et aussi rapide que les
complexes existants ;
treuils thermiques ; mise au point d’un moteur électrique de
■■ approvisionner et replier les différents éléments néces-
montage ; amélioration de la structure du treuil et modulation
saires à la réalisation des travaux à l’aide d’une grue ou de
en éléments de 25 kg max. ;
monte-matériaux.
■■ une réflexion sur le conditionnement des rouleaux, afin de
Agir sur le milieu : ramener leur poids en dessous de 25 kg ;
■■ prendre en compte l’encombrement en amont du chantier dès ■■ un travail sur des chalumeaux moins lourds et moins
l’étude par exemple, demander des espaces de stockage ; bruyants, facilement modulables en longueur ;

18 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


■■ l’établissement d’un cahier des charges d’équipements de ■■ la formation de l’encadrement, qui permet de mieux intégrer
protection individuelle et de vêtements de travail adaptés au les conditions de travail dès la préparation des chantiers ;
métier d’étancheur (démarche de labellisation) ; ■■ la mise au point d’un nouveau chalumeau plus souple
■■ la mise au point d’une formation destinée à l’encadrement d’utilisation ;
des étancheurs (conducteurs de travaux), qui intègre certains ■■ l’établissement d’un cahier des charges et des tests sur
résultats de cette étude, en particulier sur l’organisation du les équipements de travail (EPI), vêtements et chaussures
travail ; notamment.
■■ une étude sur la manutention des gravillons par aspiration ;
Ces deux dernières mesures ont été adoptées dans le cadre
■■ l’amélioration des outils d’arrachage.
d’une démarche impliquant tous les acteurs de la profession,
Certaines de ces actions d’amélioration sont déjà appliquées sur notamment les compagnons par des tests in situ, les installa-
les chantiers, d’autres sont sur le point d’être mises en applica- teurs et les fabricants.
tion, par exemple :
Toutes ces actions et celles à venir vont améliorer les conditions
■■ la motorisation électrique des treuils ; de travail et contribuer à modifier le métier d’étancheur et son
■■ l’adoption de rouleaux de 25 kg, plus faciles à manipuler ; image.

CONCLUSION
Cette étude a atteint ses objectifs :
■■ faire un état des lieux ;
■■ avoir un constat partagé ;
■■ dégager des vraies pistes d’amélioration impliquant l’ensemble des intervenants du métier ;
■■ prioriser les facteurs de conditions de travail et leurs interactions.

Elle a institué une dynamique entre les acteurs de la branche, les entreprises, les fabricants, les préventeurs,
les médecins du travail, etc.

Les résultats obtenus ont surtout mis en évidence l’efficacité d’une telle collaboration : bilans, réflexions en
commun, développement d’actions concrètes sur le terrain.

La visibilité des actions va apparaître progressivement dans les cinq ans à venir.

Enfin, la méthodologie développée ouvre la voie aux professionnels pour étendre l’étude des conditions de
travail à d’autres métiers.

ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS   OPPBTP ∤ 19


NOTES
BIBLIOGRAPHIQUES
1. Jean-François Bergamini, Gérard Larpent, « Étancheurs : une démarche modèle »,
Prévention BTP n° 139, mars 2011.

2. Patrick Laine, « Construire une démarche de prévention adaptée ».


INRS – Hygiène et sécurité du travail n° 234, mars 2014.

3. A. Artaud, B. Salengro, J. Catoir, « Évaluation de la charge de travail en étanchéité multi-


couche par l’étude de la fréquence cardiaque ». Revue de médecine du travail, tome 7,
n° 3, 1979, pages 153 à 176.

4. « Méthode de prévention des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur et


outils simples ». INRS - Dossier médico-technique, n° 83, 3e trimestre 2000, pages 187
à 223.

5. A. Descatha, Y. Roquelaure, A. Aublet-Cuvelier, A. Touranchet, A. Leclerc, « Le question-


naire de type “nordique”. Intérêt dans la surveillance des pathologies d’hypersollicitation
du membre supérieur ». INRS - Dossier médico-technique, n° 112, 4e trimestre 2007,
pages 509 à 517.

La MAECT est une méthode pour l’analyse et l’étude des conditions de travail
développée par l’OPPBTP. Elle constitue un outil de travail de l’Organisme pour mener
à bien ses études métier sur les conditions de travail.

20 ∤ OPPBTP   ÉTUDE DES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ÉTANCHEURS


L’OPPBTP est l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics. Sa
mission est de conseiller, former et informer les entreprises de ce secteur à la prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles, et à l’amélioration des conditions de travail.
Grâce à son réseau de 340 collaborateurs repartis dans 18 agences en France, l’OPPBTP
accompagne les entreprises dans l’analyse des risques de leur métier, dans la réalisation du
document unique, dans la mise en œuvre de leur plan de formation.
L’OPPBTP propose aux entreprises des services et des formations personnalisés répondant
à leurs besoins. Il met à disposition sur son site www.preventionbtp.fr diverses publications,
outils pratiques, fiches conseils pour aider les entreprises dans leur gestion de la prévention.

La Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) regroupe les fabricants de matériaux


et les entreprises chargées de la réalisation des ouvrages d’étanchéité des bâtiments. Outre
l’étanchéité des toits-terrasses, leurs travaux assurent également des fonctions complémentaires
telles qu’isolation thermique, végétalisation, accessibilité aux piétons ou véhicules, photovol-
taïque. Ses adhérents représentent environ 75 % de cette activité. La CSFE est un des syndicats
de métier de la FFB.

L’Association paritaire de santé au travail du bâtiment et des travaux publics, service de santé
interentreprises BTP en Ile-de-France, se compose d’une équipe de 185 salariés, dont 50 méde-
cins du travail, repartis dans 21 centres fixes et 24 centres médicaux mobiles. Elle assure les
prestations suivantes :
– surveillance de la santé et de l’aptitude de 163 000 salariés appartenant à 15 800 entreprises
ou organismes du BTP de la région Ile-de-France (visites médicales d’embauche, visites pério-
diques, visites de reprise du travail, surveillance médicale renforcée des salariés exposés à des
risques spéciaux) ;
– action en milieu de travail en vue d’une meilleure adaptation des tâches et de l’environnement
de travail aux capacités des salariés.

Conception et réalisation : Soft Office


Crédits photos : © OPPBTP
Réf : F1 G 05 16

ISBN : 978-2-7354-0465-0
Edition : juillet 2016

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