CYCLE DE PHILOSOPHIE
MYSTERE DU SALUT
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
I- PRELIMINAIRES
A- Révélation et mystère du salut
1- La révélation, premier pas du mystère du salut
2- La création comme révélation de l’identitaire trinitaire de Dieu
3- L’histoire et sa compréhension dans l’économie du salut
B- Approche conceptuelle des termes mystère et salut
1- Le salut
a) Le salut une aspiration universelle avec des accents divers
b) La notion de salut
c) La notion de salut dans la révélation biblique
2- La notion de Mystère
a) Sens profane
b) Sens biblique
II- HISTOIRE DU SALUT OU ECONOMIE DU SALUT
A- L’initiative personnelle de Dieu : les étapes
1- Les promesses divines
2- La vocation d’Abraham
3- L’élection d’Israël
B- Les institutions médiatrices du salut en Israël
1- La royauté
a) L’institution royale en Israël
b) La fonction du roi
2- Le sacerdoce
a) Le parcours du sacerdoce en Israël
b) La fonction du Prêtre en Israël
3- Le prophétisme
a) Le temps du prophétisme
b) Le prophète
4- La Vision messianique
a) L’espérance messianique et les attentes salvifiques d’Israël
b) Le messie
III- JESUS LE CHRIST: MEDIATEUR ET PLENITUDE DU MYSTERE DU
SALUT.
A- L’incarnation comme plénitude du mystère du salut
1- La question du salut comme point de départ de la question de Dieu.
2- L’horizon antico-testamentaire, patrimoine historico-religieux de Jésus
a) Jésus dans l’un et l’autre testament
b) La perspective messianico-salvifique
B- le cheminement messianique de Jésus
1- Le ministère du règne ou l’annonce du royaume
a) La proclamation du règne imminent et déjà là
b) Les caractères du règne de Dieu
IV- LE MYSTERE DE L’EGLISE
1- Le temps de l’Eglise
2- l’Eglise sacrement de salut
3- La mission de l’Eglise
CONCLUSION
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INTRODUCTION
I- PRELIMINAIRES
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L’expérience biblique de Dieu, soit dans l’AT que Dans le NT nous montre des différents visages de Dieu: Dieu
invisible Gn1,18 qui habite une lumière inaccessible 1Tm6,16 vient lui-même dans la visibilité de créature sans
aucun intermédiaire. Celui qui n’a pas de forme a pris forme dans le monde et dans l’histoire et peut être
rencontré dans un mode totalement Humain.
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Benoit XVI vêpres Pentecôte 2006.
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A- Révélation et mystère du salut
1- La révélation premier pas du mystère du salut
Toute l’histoire de la foi chrétienne voire du mystère du salut repose sur un fait
unique: Dieu s’est révélé. La révélation est donc le fondement de tout le discours sur l’homme
et sur la proposition de salut à lui offerte par Dieu. Ainsi, sans révélation il n’y a pas de salut.
C’est le pas fondateur du dessein de Dieu en faveur de l’homme. Dans le christianisme, tout
commence par la révélation Divine. Pour St Paul, L’évangile qu’il annonce en prêchant Jésus
Christ est la révélation d’un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels mais
aujourd’hui et qui doit être ‘‘porté à la connaissance de tous les peuples païens…pour les
conduire à l’obéissance de la foi’’. L’Apôtre Jean témoin de cette révélation insiste pour
indiquer que: «Nous vous annonçons la Vie Eternelle qui était (en la personne du verbe)
auprès du Père et qui nous est apparu. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous
l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec
le Père et avec son Fils Jésus-Christ».
La révélation, c’est le préalable dont on parle et sans lequel toutes les vérités dont
traite la théologie s’écroulent. La révélation au-delà de tout reste un évènement supra-
catégorial et une catégorie transcendantale. Ainsi, elle est présupposée à toutes les données
théologiques en même temps elles le contiennent. En effet lorsqu’il est question de
connaissance, de rencontre ou d’expérience de Dieu, cela signifie du point de vue du
christianisme, que l’homme connait Dieu parce que et dans la mesure où Dieu s’est donné et
se donne à connaitre. En d’autres termes, l’homme rencontre Dieu et fait l’expérience de Dieu
parce que Dieu s’est révélé à l’homme. La révélation marque le début de l’histoire de Dieu
avec l’homme.
Ainsi, nous comprenons combien il est important d’étudier cette complexe expérience
de cette rencontre de l’homme avec Dieu, rencontre qui constitue proprement la ‘‘révélation
chrétienne’’. L’étude de la révélation comprend un vaste champ dont le contenu essentiel soit
dans le fait que Dieu est intervenu dans l’histoire de l’homme, se manifestant lui-même et son
dessein de salut. Nous comprenons alors pourquoi la révélation se déroule, à travers un
cheminement historique, finalisé à un accomplissement, qui comporte des moments, dans
lesquels la révélation se pose comme une ‘‘économie’’ ou ‘‘histoire du salut’’.
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de la création est en lien avec la transcendance de Dieu et de son immanence. Le
panenthéisme dans le concept trinitaire de la création intègre les éléments vrais du
monothéisme et du panthéisme. Il précise que Dieu qui a créé le monde habite en même temps
le monde. Ce monde créé par Dieu ne peut se penser que sous forme trinitaire.
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Le quatrième sens peut être appliqué à la révélation elle-même puisque les faits sont
révélateurs et porteurs d’un message. En effet, les interventions de Dieu dans l’histoire
contiennent en eux, une vérité, une manifestation de salut. Bien souvent, les actions divines
possèdent une capacité révélatrice semblable à celle de la parole. Par, dans la libération de son
peuple d’Egypte, Dieu envoie les plaies pour manifester et faire voir sa puissance au pharaon
et le pousser ou l’obliger à laisser partir son peuple.
Le miracle lui-même comme signe est une manifestation authentique de l’intervention
et de la présence de Dieu, plus loin, à être une confirmation de la parole révélée. Donc les
faits portent avec eux et révèlent le plan salvifique de Dieu et sa concrète réalisation: cela est
leur réalité profonde et leur sens.
B- Approche conceptuelle des termes mystère et salut
1- Le salut
a) Le salut une aspiration universelle avec des accents divers
Salut vient du terme hebreu ‘‘Yasha’’ qui signifie ‘‘être spacieux, large vaste’’ par
opposition donc à ‘‘être opprimé, être à l’étroit’’. Dans le langage commun le mot ‘‘salut’’
sert à indiquer le fait de sortir indemne d’undanger, d’être un rescapé. La voie de sortie de
n'importe quelle difficulté dans laquelle il n'était pas certain d’y arriver avec ses propres
forces. Ici nous retrouvons Le salut peut concerner une personne, des biens. Il concerne aussi
bien la personne qui sauve. Cet usage évoque un sens de la providence inattendue.
Dans le langage religieux, le salut concerne l'homme dans tout son aspect. Pour
obtenir le salut, la religion lui propose des règles et comportements déterminés. Dans tous les
deux langages, le salut est présenté comme un affranchissement du mal, de la souffrance. Le
salut est donc en rapport avec tout l’homme. L’homme vu comme individu et collectivité.
Cependant différentes seront les conceptions du salut.
Selon les auteurs sur le thème du salut, quelques-uns considèrent que le salut vient de
Dieu dans une situation spatiale qui a pour base l’initiative de Dieu. C’est un salut guidé par
Dieu. D’autres par contre pensent à son origine humaine. Sur les bases de la recherche sur le
bonheur, le salut semble être pour quelques-uns une destinée, fruit de l'engagement humain.
Selon le lieu, quelques-uns la pensent être dans tel endroit et autres au-delà en des lieux non
précis. Ici intervient la réalité cosmogonique (cas des traditions africaines). D’autres encore
pensent que le salut est cosmologique ou personnel.
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des points culminants et fondateurs de l’histoire du peuple juif. Ex15,1-18; Dt5,15; 6,23;
Amos 9,7; Os13,4. Cet acte libérateur est resté gravé dans la mémoire collective, est au cœur
de sa culture et de son culte et perpétué de génération en génération dans vie Ps66,6; Dt6,20-
23; 26,5 et est au cœur de tout le discours d’Israël sur Yahvé. De ces expériences il est
possible de comprendre comment Israël a acquis naturellement l’idée qu’en Dieu il y a
l’origine de chaque réalité. Mais l’explicitation théologique de cela est déterminée par
l’expérience du salut. En effet, c’est à travers ces évènements ponctuels, historiques qu’Israël
prend conscience que Dieu le sauve.
Nous saisissons en définitive qu’en Israël le salut présente deux dimensions:
temporelle et religieuse. L’expérience de vie d’Israël a toujours présenté la prédominance de
l’aspect temporel dans la mesure où celui-ci attendait les interventions divines, un succès
humain et politique. Le désir d’être libéré de l’oppression, de l’esclavage. En effet, du temps
des patriarches jusqu’aux sage d’Israël, le salut n’avait pas de connotation spirituelle. Il
consistait à la seule expérience historique, il était immédiat, expérimental, nationaliste et
matérialiste. Etre sauvé par Dieu c’est avoir une terre, une nombreuse postérité et une longue
vie sur la terre. C’est aussi être délivré d’un danger précis. Progressivement, Israël par le
concours des prophètes redécouvre un autre aspect du salut qui n’est plus basé sur l’aspect
matériel : libération-prospérité ; mais plutôt sur l’exigence de la fidélité à l’alliance avec Dieu
qui ouvre sur une transformation extérieure.
En effet, avec Job et Qohélet nous remarquons un changement de perspective : le sage
découvre que tout ce qui est humain et terrestre est voué au shéol, tout n’est que vanité sur la
terre, d’où la contemplation du Seigneur après les dures épreuves de la vie (Jb19,16) vers le
retour de l’exil, dans le Ps51,14. Ic i, la dimension personnelle du salut; une notion du salut
plus intériorisée, relative au pardon des péchés, prend de la propension, sans pour autant
négliger la réalité communautaire. On parlera alors des justes, les Anoïm, le petit reste
Am5,15 ; 9,8-10 ; Is4,2-3 ; 6,13. Enfin, avec les livres de Daniel et des Maccabées, cette
espérance en une vie future après la mort devient explicite Dn12,2 ; 2Mc7,9. Le salut atteint
alors une dimension eschatologique. La réalité de la vie éternelle est désormais concrète.
L’expérience de l’exil va encore donner une autre valence à la perception du salut en Israël
Za1,3; 13,8-9. Israël parviendra en définitive à comprendre que c’est le messie qui constituera
le gage nouveau pour lui. Is6,13; Jr23,5-6.
L’expérience historique d’Israël du salut liée à l’expérience religieuse des peuples
nous montre comment l’action voire son agir dépasse non seulement les attentes des hommes
mais surtout l’entendement de l’homme historique: ‘‘Vos pensées ne sont pas mes pensées, et
mes voies ne sont pas vos voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont
élevées mes voies au-dessus de vos voies’’ Is55,8-9. C’est donc un mystère. Ce mystère dont
le Christ est la charnière des différentes étapes, Dieu a voulu le révéler à l’homme.
Pour le Nouveau Testament, le salut est le Christ-Jésus. Le salut est lié à la personne
de Jésus et a une connotation spirituelle orientée sur le pardon des péchés et la libération de
l’emprise du diable. Tout est compris et interprété en fonction du Christ. Ainsi, les actes et les
paroles de Jésus illustrent l’avènement définitif du salut. Par la personne de Jésus, le salut se
personnalise et s’humanise. Il devient un nouveau don de vie et constitue l’entrée dans le
royaume de Dieu pour devenir enfant de Dieu, à la vie de Dieu, à la vie trinitaire, à la vie
divine. Il reste évident que cette offre du salut en la personne de Jésus ouverte à tous sans
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aucune exception et discrimination requiert une acceptation, une adhésion de l’homme par
l’intermédiaire de la foi. Tout appel de Dieu à l’homme exige une réponse dans la liberté
totale de celui-ci. Le NT explicite le sens plénier du salut en le présentant comme
l’accomplissement total et définitif de l’homme en Dieu. Il embrasse toute l’existence de
l’homme et trouve son aboutissement dans la plénitude de Dieu en Jésus-Christ. Donc, en
Jésus Christ, Dieu le Père a décrété de récapituler toutes les choses. La nouvelle économie du
salut est, donc essentiellement chrétienne, en ce sens qu’elle viendra aux hommes uniquement
par Christ et en Christ.
Il y a donc une dimension cosmique et eschatologique
2- La notion de mystère
a) Sens profane
Le terme mystère dans la réalité quotidienne porte une connotation assez hybride et
Produit un sentiment de peur et de curiosité. Le mystère est quelque chose
d’incompréhensible, d’inconnaissable et plonge l’homme dans l’inconnu. Il met l’homme en
face d’un dilemme. En effet, il suscite un sentiment de renoncement du fait de son aspect
mystérieux ou un désir de recherche et d’observation. Pour les profanes, le mystère est une
vérité qu’il faut accepter d’emblée sans chercher à la comprendre car elle dépasse les
capacités naturelles de notre raison et de notre intelligence humaine
b) Sens biblique
Le mot mystère vient du grec ‘‘mysterion’’et du latin ‘‘mysterium’’. Quant au sens
biblique de Mysterium, il signifie le plan salvifique de Dieu, son intention c'est-à-dire le salut
de l'homme. En effet, le plan divin du salut se révèle et se réalise pleinement en Christ
incarné, crucifié et ressuscité. En Lui, dans sa personne, nous avons, en compendium, la
révélation et la réalisation de l’éternel plan salvifique de Dieu.
Ancien testament
Les écrits de l'AT, qui remontent à la période hellénistique utilisent "mysterion" plus
dans le sens philosophique et profane que dans le sens cultuel. Sg2,22 ‘‘Les méchants ne
connaissent pas les secrets de Dieu.’’ Évidemment, Jahvé s'entend comme celui qui se révèle
supérieur à la destinée et qui reste inconnaissable aux adorateurs des idoles (Sg14,15;23). Les
mystères de Dieu sont dévoilés aux connaisseurs, savants et disciples de la sagesse (Sg6,22).
Pour Dn2, 28ss, mysterion est une réalité eschatologique ‘‘Ce qui arrivera à la fin des jours’’
Dans l'Ancien Testament, le mot mysterion est employée d'une façon générale, pour
indiquer ce qui est mystérieux, arcane, secret, ignoré par les autres, plus particulièrement ce
qui est occulte, secret, mystérieux en Dieu, et méconnu par les hommes, à cause de sa haute
transcendance, mais qui peut leur être révélé. Enfin, il signifie dans un mode encore plus
spécifique, le plan salvifique de Dieu, quand arrivera la plénitude des temps.
Nouveau Testament
Les synoptiques
Les Synoptiques parlent du mystère et des mystères du Royaume de Dieu. Le mystère
du Royaume de Dieu semble ne pas être autre que le même avènement du Royaume
messianique en Christ. Il est révélé aux seuls disciples auxquels il est donné de le connaître.
La révélation du mystère comporte une relation d'intimité entre celui qui révèle et ceux à qui
il est dévoilé. La révélation du mystère implique une communion réelle ou participation du
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sujet au mystère révélé. Révéler, de la part de Dieu, est toujours communiquer, donner, rendre
l'homme participant à la réalité révélée. Il est ainsi révélé le mystère du salut à l'homme, c’est
faire cette participation au salut même. La parole de Dieu enfin est toujours efficace, elle est
sacramentelle3
Les lettres pauliniennes
En premier lieu, Paolo adoptera le vocable mysterion pour désigner le plan divin du
salut. Ce mystère resté caché de toute éternité, est maintenant manifeste par l'Esprit. Le plan
divin du salut se révèle et se réalise en Christ incarné, crucifié et ressuscité, le Christ lui-
même est appelé par Paul mystère. Le Christ est le mystère personnel, le grand mystère ou
sacrement4. En Christ véritablement ont été manifestés et devenu puissantes la grâce
salvifique universelle et l'amour du Père pour les hommes.
Les Pères de l’Eglise
Les théologiens du IIe sec se sont vus contraints de réfléchir sur le mystère du Christ
et sur sa communication dans l'annonce, dans la doctrine de foi et dans le culte, devant le défi
gnostique. Cependant, les Pères contre cette hérésie renvoient à Jésus le Christ qui avec un
amour actif pour tous, se soumît à la souffrance, de telle manière fut révélé comme sagesse de
la part de Dieu. Ils font valoir les événements vetero et néo-testamentaires comme mystère
dans leur lien intime et dans leur orientation au futur (avenir) définitif. Aussi, ils mettent en
relief le sens salvateur de la communion dans la communauté universelle et la dignité que
Dieu a donné à chaque réalité matérielle et corporelle. Ce sens chrétien de la praxi-éthique
dans la liberté, de l'histoire, de la communion et de la corporéité pousse les premiers Pères à
une utilisation polémique du vocabulaire mystique.
Le nom de mysterium est attribué aux événements témoignés par la Bible comme
réalisation historique du plan salvifique divin, du mysterium simplement; surtout les moments
de la vie de Jésus. Mais aussi des événements et institutions de l'ancienne Alliance, qui
peuvent être des anticipations typologiques de la Nouvelle, Justin, Dial 24; 40; 44; PG 6,258s;
561-564; 569-572).
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hommes est une histoire qu’on peut localiser, qu’on peut dater. Elle a donc un début et une
fin. Elle commence formellement par la promesse faite à Abraham et culmine dans l’alliance
avec Israël, le peuple de Dieu.
b) La promesse à David
Une autre promesse de Dieu qui va donner toute une orientation décisive au futur
d’Israël est celle faite à David : « J’élèverai ta descendance après toi. Celle-ci sera issue de
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toi-même et j’établirai fermement sa royauté : c’est elle qui bâtira une maison pour mon nom,
et j’établirai à jamais son trône royal »2Sm7,12-16.
Cette promesse répétée à plusieurs reprises à cause de son impact sur la destinée
d’Israël 2R8,19 ; 2Chr1,9 ; Ps132,11-32. Dans les moments de détresses, cette promesse faite
à David nourrira la foi du Peuple. Le peuple croit que Dieu lui donnera un nouveau David, un
descendant de David : Is11,1; 23,5; Ez34,24; 37,24-25.
c) Quelques observations
La particularité de la promesse faite par Yahvé à Abraham est qu’elle est destinée
uniquement à la postérité de celui-ci. Cette promesse est donc exclusive car elle n’implique
aucun autre peuple, aucune autre nation païenne. C’est donc un peu plus tard selon la tradition
yahviste que la promesse faite à Abraham concernera les peuples de la terre. Ceci sera rendu
possible car pour la tradition yahviste, Yahvé n’est pas seulement le Dieu d’Israël, mais le
Seigneur de toute la terre. On découvre alors le caractère d’universalité de la promesse du
salut. Gn12,2-3; 17,6-16.
Cette promesse de salut de la part de Dieu est une proposition, une offre. Ainsi, Dieu
propose et l’homme doit accepter. Cet accord devient foi. Tout doit se faire librement et
l’homme qui entend la proposition de Dieu, doit croire que ce Dieu s’est déjà engagé vers lui
et qu’il doit répondre à son appel.
On remarque aussi une certaine progression voire une pédagogie de Dieu dans la
compréhension des promesses divines. En effet, les promesses de Dieu furent longtemps
terrestres c’est-à-dire une valeur matérielle. Pour Israël on c’était : une terre, un roi, une
descendance. Progressivement cette réalité prend une autre valeur. Les promesses divines
vont plus loin que les désirs humains. Abraham en fait l’expérience. En effet, à la place d’un
fils Dieu lui donne une descendance. La parole de Dieu ainsi ne s’arrête pas au stade de la
promesse mais déclenche un évènement ; elle est source d’histoire mais surtout une histoire
qui se réalise car la promesse pour Dieu s’est déjà réalisée Nb23,19. Cet accomplissement de
la promesse dépend uniquement de Dieu et des efforts de l’homme. Rm4,16.
Yahvé : Dieu d’Israël et le Dieu de l’alliance
Toute la vie d’Israël est orientée et guidée par son attachement à Yahvé. Ainsi, Yahvé est
son Dieu. Le nom Yahvé exprime et veut exprimer la présence effective de Dieu dans son
peuple. Ex6,29; Ex3. Cette présence de Dieu est vivante et efficace et se manifeste surtout
dans la libération et dans l’alliance. Par ces deux moments de l’histoire, Yahvé se présente et
apparait-être le sauveur de l’histoire et le sauveur du peuple. Il installe le peuple dans un
cheminement vers l’accomplissement de l’alliance établie. L’histoire du salut devient alors un
dialogue entre Dieu et les hommes. Ex19,1-8; Ex24,1-9. Il est cependant important de relever
que bien qu’étant bilatérale, l’alliance sinaïtique est de l’initiative de Dieu, c’est une initiative
gratuite. Cela présente deux aspects importants de la personnalité de Dieu: l’amour fidèle et
stable Ex34,6 et la sainteté et la jalousie Ex34,6.
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Moïse est le personnage qui assume alternativement et synthétiquement la figure du
conducteur, du médiateur, du libérateur et du législateur. Il est aussi prophète et l’homme que
Dieu choisi pour éduquer le peuple. Ex4,1-6. Il incarne l’homme de l’alliance.
Avec Moïse comme guide, la loi se présente comme le don de Dieu et la réponse
du peuple. En effet, c’est grâce à la torah qu’Israël réalise concrètement l’alliance dans tous
les secteurs de sa vie. L’alliance contractée entre Dieu et Israël établie une relation et un culte.
Toute la vie d’Israël est considérée comme une liturgie, un service à Yahvé. Sa liturgie
devient alors l’expression de son appartenance à Dieu et la ritualisation de sa foi.
2- L’élection d’Israël
L’élection d’Israël reste en n’en point douter une des réflexions qui a toujours préoccupée
bon nombres de critiques. Pourquoi Israël? Mais en vérité ce choix du seul pouvoir
discrétionnaire de Dieu. Tout choix historique ouvre toujours une valeur interrogative. Le
choix d’Israël s’inscrit dans l’objectivité même de Dieu. Il est fait par pure grâce et gratuité
comme le salut. L’élection d’Israël est essentiellement en vue d’un service. En effet, la
révélation s’opère en Israël, mais elle est en vue d’une extension. Du particulier on aboutit à
l’universalisme. L’irruption de Dieu dans l’histoire des hommes se fait donc par la porte
d’Israël. Il entre dans l’histoire humaine en faisant alliance avec un groupe d’hommes et lui
révèle quelque chose de son mystère. Les élus de Dieu, comme Abraham ou Moïse, ou même
le peuple dans son ensemble, ont un rôle à jouer envers l’humanité tout entière. Cette élection
est une alliance et non une élévation de statut. Dieu n’élit pas des êtres hors du commun. De
plus, chaque partenaire a des devoirs envers l’autre.
Nous comprenons en définitive que le choix d’Israël comme le pacte qui l’unit à Dieu sont
des moyens et des fins, le peuple élu n’est pas le but de l’histoire, il n’a pas à confisquer les
biens que Dieu lui a confiés en vue du salut du monde. L’élection, et déjà la vocation
d’Abraham Gn12,13, nous en avertit concerne ‘‘toutes les familles de la terre’’ et l’alliance,
comme Ex19 nous le rappelle, implique la consécration d’Israël au maitre de la terre entière.
Il s’agit pour Israël de servir Dieu devant le monde, le culte qu’il rend à Yahvé concourt au
bien de tous les peuples.
Le choix d’Israël par Dieu fait de lui le ‘‘médiateur’’, le moyen par lequel Dieu réalise sa
promesse de salut pour tous les peuples. En d’autres termes le salut de l’homme est rendu
possible par la participation d’autres hommes. Ainsi, Dieu se sert de l’homme et de diverses
médiations pour sauver ceux pour qui il est entré dans notre humanité. C’est toujours une
parole humaine aussi ambiguë qu’elle soit qui éclaire la pensée de Dieu. Dieu se dit en
langage humain par des humains choisis et établis par lui.
Dans l’AT, il existe trois(3) de types de personnages qui exercent la médiation entre la
communauté des croyants et Dieu. Ce sont les prêtres, les prophètes et les rois. L’étude de ces
trois médiations nous fera aboutir à la médiation du Fils de Marie: Jésus Christ.
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1- Le sacerdoce
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lui-même l’animal (Lv 1,5; 3, 2.8). Par ailleurs, c’est le prêtre qui déposait le sang de l’animal
sacrifié sur l’autel (Lv 1,5-9) et qui présentait la part qui revenait à Dieu. Le prêtre de
l’Ancien Testament est essentiellement l’homme du temple, du sanctuaire, le gardien de
l’arche et le gardien de la liberté du Dieu qu’aucune décision humaine ne saurait contraindre.
À Ces trois fonctions : interprète de Dieu, enseignant et serviteur de l’autel justifient
le titre de « médiateur » entre Dieu et les hommes qu’on a attribué au prêtre de l’Ancien
Testament. Plus tard, le Nouveau Testament le réservera exclusivement au Christ.
Apres l’exil, le prêtre commence à jouer un rôle plus important dans la vie des juifs. Il
a, à la fois, un pouvoir religieux et politique.
2- La royauté en Israël
a) L’institution royale en Israël
En Israël, parmi les personnages que Dieu a mis à part pour être ses représentants et les
médiateurs de ses dons, le personnage du roi occupe une place primordiale et prépondérante.
Il est à constater que l’institution de la royauté représente dans l’histoire du peuple de Dieu
une étape décisive. Il est néanmoins important de souligner que la royauté comme cela
subsistait dans les grands empires de l’ancien-orient n’existait pas en Israël. En effet, pour
Israël la royauté est vue comme une tentation au cours de son histoire Jg9,8-15. En effet,
jamais le titre de roi n’avait été donné à un homme. C’est donc avec Saul et David que sera
introduite la royauté en Israël mais celle-ci sera dépouillée de sa dimension mythico-
cosmique.
La constante en Israël était la priorité accordée à l’alliance. Ainsi, en vertu de
l’alliance contractée Adonaï seul régnait en Israël non pas en dictateur, mais en tant que celui
qui libère les êtres asservis. Face au danger des philistins et sur l’insistance du peuple, Dieu
accorde un roi à Israël à la manière des autres nations 1Sam9,16. Ainsi de façon formelle
Samuel consacrera religieusement l’institution royale en conférant l’onction à Saül 1Sam9,16-
17. Après Saül, David prendra les rêne de la royauté d’abord en Juda 2Sam2,1-4 puis en Israël
2Sam5,1-5. La prophétie de Nathan fait de la royauté davidique, une institution permanente,
faisant de la descendance davidique une dynastie royale à jamais dans le peuple d’Israël
dépositaire des promesses divines 2Sam7,5-16.
b) La fonction du roi
Contrairement aux peuples environnants, le cas de l’Egypte où le roi est considéré
comme dieu, en Israël le roi n’appartient pas à la sphère divine. Il est cependant un
personnage sacré dont il faut respecter l’onction 1Sam24,11. Autrement, le roi est soumis en
tant que homme aux exigences de l’alliance et de la loi 1Sam13,13-14 car, le vrai souverain
d’Israël c’est Yahvé lui-même . Le roi n’est que le gérant du droit de Yahvé. Le roi est le
canal des bénédictions divines6, c’est lui qui assure réellement la vie du peuple devant Dieu.
Le roi est chargé de faire appliquer la justice dans le royaume Ps72,1-4 ; 16,12 ;
Jr23,5. On constate souvent des rois qui accomplissent des actions sacerdotales. Ils offrent des
sacrifices 1Sam13,1-10 ; 1R3,4-5. Le roi est le lieutenant de Dieu 1Chr28,5.
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Jacob E., Théologie de l’Ancien Testament, Delacheau, 1968, 190.
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D’une façon générale, l’exercice de la royauté n’a pas été toujours aisé pour les rois.
En effet, presque tous les rois ont fait du mal aux yeux de Dieu et n’ont pas répondu à
l’attente de Dieu. L’expérience de la royauté prit fin avec l’épreuve de l’exil à partir de 587
avant J.C et à mesure que s’allonge cette épreuve, les yeux se tournèrent davantage vers le
Roi ‘‘des derniers temps’’, grâce aux activités des prêtres et aux oracles prophétiques.
3- Le prophétisme en Israël
a) Le temps du prophétisme
Le prophète c’est celui qui parle à la place de… En Israël le prophétisme biblique a
commencé à la fin de l’époque des juges 1Sam19,20-54. A l’origine dans la bible il a le sens
de voyant ou visionnaire, l’homme de Dieu Amos7,12-14 et le sens de devin Is3,2. Le
prophète à une étroite relation avec Dieu et avec la communauté tout comme avec les
instances. Le prophète est en réalité un don de Dieu à son peuple, on le devient par appel de
Dieu.
Le prophète en hébreu Nabi, est celui qui annonce quelque chose devant les gens. Le
prophétisme n’était pas seulement une fonction ou une réalité exclusive d’Israël. Il se présente
sous plusieurs formes en Israël. A côté des vrais prophètes de Yahvé se trouvent ceux de Baal
1R18,22, et les prophètes de métier 1R22,5.
Le prophète n’est pas un devin un diseur de bonne aventure ou quelqu’un qui sait
d’avance le cours des évènements pour les prédire. En effet, le prophète s’intéresse d’abord et
avant tout au présent. Il n’est pas un futurologue, mais un homme du présent. Ce qui
l’intéresse, ce n’est donc pas de deviner le futur, mais bien de changer le présent. 7Il s’emploie
à déchiffrer le présent et refuse une lecture déterministe de l’histoire, car il est convaincu que
l’avenir se conjugue avec l’initiative de Dieu et la réponse de la liberté humaine.
b) Le prophète : le Nabi
Le prophète et Yahvé
‘‘Nabi’’ : appelé, est l’homme de Dieu 1R13,11 ; 17,18. Il est appelé par Dieu et pour
mission de transmettre le message de Dieu au peuple. Il a le devoir de transmettre fidèlement
et textuellement ce que Dieu lui a dit et rien d’autre de lui-même 1R22,14 ; Dt18,18. Le
prophète a la pleine conscience qu’il est revêtu de l’autorité divine quand il exerce son
charisme qui consiste à révéler à l’homme à la communauté des croyants ce que Dieu veut lui
dire. Le prophète est l’homme de l’esprit de Dieu car Dieu lui concède une connaissance
particulière de lui. En Israël, la fonction de prophète ne se transmet pas de père en fils
Le prophète et la communauté
Le prophète est choisi par Dieu pour être envoyé vers le peuple. Le message de Dieu est
de divers ordres. En effet, cette parole de Dieu est tantôt un message de conversion tantôt un
message de salut qui préconise l’acte futur de Dieu. Le mode de transmission ici aussi est
varié : chant, oracle, des actions symboliques Jr19,1-15 ; Os13. La parole de Dieu est
conservée et mise en valeur par tous les moyens.
Le prophète d’alliance et le culte
7
Prevost J.P., Pour lire les prophètes, Novalis, Cerf, Paris 1995, 14-15.
15
L’enseignement du prophète se résume surement dans l’exaltation du décalogue aussi
tout ce qui porte atteinte à cette prescription, tombe sous la censure des prophètes. Le temple,
lieu privilégié du culte est aussi le lieu de la prédication du prophète Amos7,10-15.
Le prophète et la cours royale
Le prophète accompagne l’histoire de la royauté en Israël depuis le début jusqu’à la fin. Les
prophètes sont rattachés à la cour royale et reçoivent d’elle leur substance 1R22 ; Jr28 ; Ne
6,12. Sous la monarchie, on constate un prophétisme qu’on pourrait appeler institutionnel ou
officiel.
Par la bouche des prophètes, le Dieu unique intervient dans l’histoire. Le prophète a
donc pour mission d’annoncer tout le message de Dieu qui concerne le salut, lequel salut
s’accomplira en Jésus.
4- La vision messianique
a) L’espérance messianique et les attentes salvifiques
Nous évaluerons quelques moments particulièrement significatifs pour l'expérience
historique et religieuse d’Israël qui ont représenté l'ossature de la foi hébraïque, héritage
consigné à l'époque de Jésus. Surtout ce peuple fait:
L’expérience d’un Dieu historique qui libère
En effet dans le petit credo historique (Dt26,5-9) sont recueillis les éléments essentiels
d'une expérience qui a été comprise dans la perspective de l'histoire de la libération dont Dieu
est l'auteur. Le thème central de la confession de foi deutéronomiste est la libération de
l'Egypte, l'exode vers la terre promise. À travers ces expériences, Israël découvre un Dieu qui
a l'initiative, il se fait rencontre avec l'homme, il est un ami et proche, il dialogue, secoure,
libère et il soutient. Ce peuple va fonder son attente de salut sur ces expériences antiques,
lesquelles promesses attendront toujours un nouvel accomplissement.
L’expérience d’un Dieu… qui viendra
Cela advient après la sédentarisation des 12 tribus qui au début avaient une unité de
type cultuel et voulaient s’organiser dans un royaume, surtout après l'expérience heureuse de
la monarchie. En outre, la relation difficile entre les souverains et le peuple l’amena à une
attente toujours plus lucide d'un roi idéal. À cette expérience est liée l'espérance que Dieu
accomplit les promesses faites à David. ‘‘Je rendrai ton royaume stable’’. Il naît ainsi le
messianisme royal dans lequel on espère un royaume stable que Dieu seul sera capable d'offrir
dans l'avenir.
L’expérience d’un Dieu époux fidèle qui ravive la foi
L'autre expérience est celle du Dieu époux fidèle qui ravive l'espoir qui arrive après la
déchirure ou division du royaume, la déportation. Dieu malgré l'infidélité d’Israël ne
l'abandonne pas mais il lui envoie des prophètes. L'amour de Dieu est toujours pour cela il n'y
a pas de place pour le désespoir. Il faut toujours attendre qu'il intervienne.
L’expérience douloureuse d’un Dieu caché.
Dieu n'est pas seulement proche mais il est aussi lointain, mystérieux, il se fait voir et
il se cache. Cette expérience d’Israël se concentre dans un événement spécial comme celui de
Job, le juste souffrant qu'il fait l'expérience d'un Dieu qui maintient la foi aux promesses mais
il le fait en se cachant. YHWH est le Dieu du désert et le Dieu de la consolation.
L’expérience du Dieu des origines et de l’avenir de l’humanité
16
Finalement, après l'exil Israël fît l'expérience du Dieu des origines et de l'avenir de
l'humanité, un Dieu proto-logique8 et eschatologique. L'expression effective de cette
perspective se trouve là où se raconte la création cosmique de la part de Dieu(genèse), et là où
on parle de l'avenir comme réalisation définitive et universelle de la seigneurie de Dieu
confiée au fils de l'homme dont le royaume est tel qu'il ne sera pas détruit(Daniel). Le langage
de la création et le langage apocalyptique.
Pour conclure, nous pouvons dire qu'à travers une série d'alliances successives (selon
la perspective l'historique) et l'unique engagement de Dieu qui va de la création à la fin de
l’histoire (selon la perspective proctologico-eschatologique), il y a comme un processus de
contraction, qu'il pousse à voir dans la personne du messie le signe de l'expansion du salut.
Les autres médiateurs humains dans l'histoire d’Israël n'épuisent pas en eux-mêmes
l'action salvatrice de Dieu. Ils renvoient toujours à une nouvelle attente d'une intervention
ultime et définitive. On comprend alors pourquoi la figure messianique de Moïse annoncera
un prophète pareil à lui sinon supérieur (Dt18,18). Le temps de Jésus vit justement cette
tension ouverte et soutenue par l'espoir en ce Dieu historique qui a libéré. Roi qui viendra.
Epoux fidèle qui ravive l'espoir. Caché, cependant qui n'abandonne pas dans la douleur; du
début à la fin enlace tous les hommes.
b) Le messie
Le messie roi (pendant l’exil)
Selon les prescriptions on pensait que le messie viendrait de la tribu de David car le roi était
adopté comme fils de Dieu le jour de son intronisation. Le messie aura tantôt le visage d’un
messie pacifique Za l9,9 tantôt le visage d’un personnage gigantesque Za12. Mais dans tous
les cas Elie le prophète viendra pour préparer la venue de ce messie roi Mal3,23.
Le messie prophète
La grande déportation qu’a connu Israël a provoqué une situation inédite : il n’y a plus de
roi, plus de temple, plus de Jérusalem. Il fallait donc des personnes pour représenter Dieu. Ils
seront le recours du peuple. La mission du prophète qui est rempli de l’Esprit de Dieu sera
une mission envers Israël et envers les nations. Ce messie sera le serviteur souffrant Is42,2ss.
Il agit sans bruit, il est bafoué, méprisé ; c’est en réalité un messie qui n’a rien de politique car
par ses humiliations, il sauve les frères de leurs péchés.
Le messie prêtre (après l’exil)
Après l’exil, de retour, la préoccupation est d’organiser la nouvelle communauté. Deux
classes se mettent en œuvre : l’une sacerdotale et l’autre royale. Dans cette situation la classe
sacerdotale devient la plus importante dans le gouvernement des affaires parce que pendant
l’exil cette classe a été une référence. Il y a donc une valorisation de ce pontificat qui devient
l’origine de ce messianisme Jr33,14-22 ; Za6,9-14. Par ailleurs Ben Sirac exalte le sacerdoce
par rapport à la royauté Si45,25.
A Qumran, nous avons l’attente de deux messies : un messie prêtre lévitique et un
messie roi davidique.
Le messie céleste
8
On entend par proctologie, ce qui traite des origines, du commencement, mais non dans le sens
chronologique, mais plutôt dynamique. La proctologie traite du commencement, que par nature est tension
vers son accomplissement.
17
Le visage du messie céleste s’exprime en des termes ‘‘le Fils de l’homme’’ de Dn7,9-14;
Ez2,1. Le titre ‘‘Fils de l’homme’’ en Dn est le symbole²² du peuple saint. Il devient aussi
sous l’influence de Dn7,13 un titre messianique 9. Le ‘‘Fils de l’homme’’ est finalement en
Daniel, le nom du roi céleste à venir, car le contexte historique de ce livre excluait tout espoir
sur le règne du roi-messie. Il sera donc victorieux des grandes puissances Dn7,18; 22. Ce
visage sera encore présent dans l’Apocalypse mais ici, le ‘‘Fils de l’homme’’ devient un être
céleste et transcendant désigné comme messie. Il a mission de juger et de sauver les hommes.
9
Joachim J., Du N.T; Lectio-Divina76, Cerf, Paris 1980, 324-325.
18
mode parfaitement accessible à l’homme que consent la connaissance de la vérité et l’accès à
la communion de vie avec Dieu. Chaque vraie connaissance du vrai Dieu comme chaque
authentique et intégral salut viennent de lui. Enfin Christ, est la parfaite réponse de l’homme à
la parole et à l’auto-communication de Dieu.
10
W.KASPER, Le Dieu des chrétiens, Cerf, Paris 1996 , 242.
19
b) La perspective messianico-salvifique
Il s'agit ici de savoir comme Jésus se lit voire se comprend même comme
l'accomplissement des promesses faites à son peuple en revenant à la manière avec laquelle
Jésus a rapporté à lui les Écritures d’Israël. Surtout:
Jésus Fils de David: Jésus se présente comme fils ou Seigneur de Davide. En effet,
Quand Jésus demande aux scribes pourquoi le Messie est fils de David (cf. Mc 12,35 -37).
Jésus confirme aussi par la suite sa relation avec Davide montrant que cette relation a un sens
à découvrir bien différent que celui retenu.
Jésus serviteur de Dieu: Jésus se présente comme serviteur de JHWH. En effet,
quand il cite le texte d'Isaïe et qu’il ajoute qu'en lui s'accomplit cette prophétie, Jésus se
présente comme serviteur de Dieu avec un ministère messianique.(cf. Lc4,21).
Jésus Fils de l’Homme: Jésus se présente comme fils de l'homme. Les évangiles en
effet rapportent 82 fois ce titre que Jésus s’attribue sur le fond de Daniel cahpitre7. Ce terme
enrichi est lié à quelques actions propres à Dieu(le pardonne des péchés...) Jésus se présente
comme la sagesse (cf. Mt11). Grace à ces brèves ébauches qui y montrent que Jésus s'est
référé aux écritures.
20
ligne droite le pardon des péchés. Pour cela aussi, l'avenir annoncé n'est pas une réintégration
du statut originaire de l'homme mais une anticipation de la perfection eschatologique.
La relation avec Dieu :
Dans la relation orante avec Dieu/Abba, on voit Jésus qui utilise un surnom qui n’apparaît
pas dans la précédente littérature juive. En outre, Il se présente comme le Fils qui s'adresse à
son Père avec affection et soumission. Autre traits caractéristique de sa prière, émerge le
‘‘Notre Père’’ qui est une prière type demandée par les apôtres: le regard tourné vers la haut
(qui est dans les cieux), regard porté en avant (vienne ton règne); dimension eschatologique,
éloge (louange) et supplication. Il apparait clairement que Jésus prie un Dieu Père et
Omnipotent et il exprime son intimité avec lui (Cf. la prière de Gethsémani).
En termes plus précis, nous pouvons dire que l'expérience religieuse de Jésus a mûrie à
l’intérieur de celle de son peuple. Cependant malgré le partage, il accomplit.
21
est continuellement menacée, la liberté oppressée et perdue, la justice piétinée. Le royaume
annoncé représente une libération des pouvoirs.
22
Dieu. Ainsi, Le royaume apparaît comme une réalité dynamique, selon tout ce qu’attestent les
paraboles de Jésus et les signes qui l'accompagnent.
En définitive, Jésus ne définit pas le royaume mais il en prophétise la venue dans son
activité exorciste. Ses mots et ses gestes inaugurent le temps eschatologique. Trois sont les
caractéristiques de ce royaume de ce qui émerge des écritures.
23
La valence sotériologique du royaume est précisément son contenu, cela veut dire
l'action salvatrice divine dont Jésus est le nom propre, Jeshua = Jahveh sauve. Le
comportement de Jésus exprime pleinement sa prédication: il approche les petits(cf. Mc 9,52;
Mt 10,42; 18,10.14); les simples, (cf. Mt 11,25), les publicains et les pécheurs, (cf. Mc 2,16;
Mt 11,19 par; Lc 15,1); les publicains et les prostituées,(cf. Mt 21,32); les pécheurs en
général, (cf. Mc 2,17; Lc 7,37-39; 15,2; 19,7). À tous, il manifeste la douceur paternelle et
miséricordieuse qui est rémission des péchés et joie du pardon. Les béatitudes synthétisent
admirablement le tableau de l'action de Dieu qu'en Jésus est à l'œuvre de manière privilégiée
vers les fins dernières (cf. Mt 5,3-12 / Lc 6,12 -23), ne préfigurant pas simplement ce qui
arrivera, mais déclarant l'anticipation que déjà advient dans le ministère de Jésus.
Le caractère eschatologique du règne
L’espérance biblique sur l'arrivée du royaume (règne) de Dieu n'est pas un désir
simple ou une utopie. Cette espérance ne surgit pas non plus de l'observation des normes de
comportement du monde et de l'histoire et non plus des propensions et de tendances du
développement. La base unique de cette espérance constitue l'expérience concrète historique
d'Israël. L’espérance eschatologique ne représente pas de reportages anticipatoires des
événements futurs. Les expressions eschatologiques et apocalyptiques sont la transposition de
l'expérience et de l'espérance salvifiques actuelles comme passées dans la manière de
l'accomplissement. Il s'agit de la certitude de la foi, de ce que Dieu à la fin se montrera
l’absolu. Jésus annonce que l'espérance eschatologique s'accomplit maintenant.
Le caractère eschatologique du royaume s’instruit de l'espérance qui traverse non
seulement la foi ancienne d’Israël mais la prière même que Jésus enseigne aux disciples:
‘‘Que Ton règne vienne’’(Mt 6,20; Lc 11,2). Le royaume est parmi nous pourtant il doit
encore venir, car le royaume de Dieu est ‘‘mystère’’(Mc 4,11), qui attend de grandir, mûrir et
se dévoiler complètement, comme le grain de moutarde qui devient un grand arbre, (cf. Mc
4,30-32). Cependant, tel progrès arrive lentement et ce à travers des obstacles, comme il
arrive à la graine qui trouve difficulté à s'enraciner dans la bonne terre et fructifier, (cf. Mc
4,1-9). Et ceci, pour la raison fondamentale que le royaume de Dieu est un événement qui
atteint le cœur de l'homme, demande la liberté de sa réponse exige sa fidélité dans l'accueille,
par conséquence provoque la décision dans la suite de Jésus.
Cela signifie que le règne de Dieu a son début dans l'histoire, piégé par la croissance
de la zizanie à côté du grain, (cf. Mt 13,24 -30. 36-43), dont le résultat positif transcendant est
assuré, (cf. Mc 4,26 -29).
De tout ce que nous avons esquissé il est venu en lumière le caractère messianique du
ministère de Jésus, prophète et messie du règne de Dieu. Maintenant il s'agit de mentionner
les conséquences qu’une telle prétention a comportées, c'est-à-dire: d'une part, la convocation
de la communauté des disciples.
24
Jésus, en vérité, pourrait être assimilé, par l'autorité avec laquelle il exerce, à la vocation que
Yahvé adresse aux prophètes de l'ancien Testament.
Les disciples de Jésus sont appelés à rester et demeurer avec lui pour partager son chemin
messianique et le ministère du royaume. Ceux-ci représentent le fruit premier que l'annonce
du royaume produit. En effet, ils sont appelés à abandonner tout en vue du royaume:
‘‘Chercher d'abord son royaume et sa justice et toutes choses vous seront données en surplus’’
(Mt 6,33; cf. Mc 10,28 -30).
La communauté qui est formée à la suite de l'unique Maître est faite de frères et a
seulement un Père qui est Dieu, (cf. Mt 23,8-12; Jn13,13). Le style de rapports est orienté à la
réciprocité du service, sans priorité d'honneur,(cf. Mc10,42-44; Mt20,20-28; Lc22,25 -27), où
les femmes trouvent aussi une place inédite, non seulement pour la présence à côté de Jésus,
(cf. Lc 8,1 -3,) dans son enseignement, (cf. Mt 5,27-28; 19,3 -9), dans ses gestes, (cf. Jn 4;
8,3-11; Lc 7,36 -50), mais surtout dans le moment crucial de la mort, (cf. Mt27,55; Jn19,25),
et à l'aube de la résurrection, (cf. Jn20,11 -18).
À l'intérieur de ce groupe, Jésus opère librement un choix particulier de ‘‘douze’’
hommes, de différentes extractions sociales et religieuses, (cf. Mc3,13-19; Mt10,1-4; Lc6,12-
16) ‘‘pour qu'ils restent avec lui et pour les envoyer à prêcher. Ils eurent le pouvoir de chasser
les démons’’ (Mc3,14 -15). La figure singulière est celle de Simone Fils de Jean à qui Il
donne le nom de Pierre (Kéfa) qui ensemble avec les autres partagent la responsabilité de
représenter le nouvel Israël, des douze tribus.
Les évangiles nous montrent l'entrelacement continu des relations que Jésus établit
avec les disciples, les gens communs, les autorités religieuses et politiques de son temps.
C’est vraiment au long de son chemin messianique que se mûrissent les adhésions et
apparaissent les difficultés entre autre la véritable crise de Césarée de Philippe, (cf. Mc 8,27-
33; Mt 16,13-20; Lc 9,18 -21) qui marque un virage dans la phase Galilélique du ministère.
Après s’être tourné à Israël, en vue de joindre tous les gens, Jésus dédie une attention plus
directe aux douze et cherche de les préparer à la phase finale de son ministère, qui se réalisera
de manière douloureuse à Jérusalem. Son contraste avec les autorités religieuses hébraïques
tend à s'envenimer, jusqu'à se consumer dramatiquement à l’approche de pâque juive.
11
B. SESBOÜE, Croire, Paris, Droguet & Ardant, 1999, p. 242.
25
La vie que Jésus a menée n’a rien de celle d’un magicien ou d’un thaumaturge. Les
actes miraculeux de Jésus sont de l’ordre de la discrétion, dans le sens du bien orientent le
regard vers le haut, vers Dieu. La problématique des miracles de Jésus n’est pas une question
scientifique, mais religieuse et théologique: il s’agit de la foi et de la glorification de Dieu. En
Les miracles de Jésus ne sont pas d'abord un argument apologétique, même si l'Eglise
primitive les a aussi employés dans ce sens (comme encore de nos jours, d'ailleurs). Le
miracle chrétien (c’est-à-dire du Christ, ancien ou moderne) laisse toujours à l'homme sa
liberté de décision pour Jésus-Christ ou non; personne n'est convaincu par les miracles du
Christ s'il n'accepte de le recevoir dans sa vie.
Marc rapporte les premiers miracles, juste après le résumé du message annonçant la
venue du Royaume (Mc 1, 21). Ce sont donc des signes de l’avènement de ce Règne. Par les
miracles il faut comprendre que le salut n’est pas seulement une grandeur spirituelle, mais
qu’il concerne l’homme tout entier et l’atteint aussi dans sa dimension corporelle. En clair,
par les miracles, il convient de s’assurer que, le salut par le Règne de Dieu a déjà commencé,
dans la double dimension corporelle et temporelle du Royaume de Dieu. Ils ont une grandeur
eschatologique qui annonce l’avenir. Ils sont un gage de l’espérance de l’homme pour lui-
même et pour son univers en la libération de l’esclavage et de la corruption (Rm 8, 21). C’est
l’insertion de toute la réalité de l’univers dans l’économie historique de Dieu. Les miracles de
Jésus sont avant tout des indices de la présence du salut, permettant de déceler que le Règne
de Dieu vient et qu'il est déjà là. C'est une fonction des miracles que de renvoyer à autre chose
de plus grand et de plus intérieur et spirituel. C’est seulement dans ce contexte que les
miracles sont «intelligibles» et qu’ils ont un sens.
Par les miracles, Jésus fait comprendre son autorité eschatologique en se plaçant sous
la volonté de Dieu; c’est un acte d’obéissance du Fils, ce qui le différencie de la magie et des
miracles thaumaturgiques de l’hellénisme. Ainsi, libèrent-ils l’homme pour qu’il se mette à la
suite du Christ. La suite du Christ signifie en même temps la mission. C’est pourquoi à ses
disciples, Jésus ne donne pas seulement le pouvoir de la parole, mais aussi celle de l’action,
c’est-à-dire celui de faire des miracles (Mc 6, 7; Mt 10, 1; Lc 9, 1). Ils doivent conduire à la
foi et amener l’homme à la question suivante: «Qui est celui-là» (Mc 1, 27; 4, 41; Mt 12, 23)?
Cette foi n’est pas des phénomènes extraordinaires quelconques mais Dieu lui-même.
Le sens ultime des miracles de Jésus est donc qu’en lui Dieu est en lice, et que Dieu a
agi en lui pour le salut de l’homme et du monde.
26
l’Eglise comme sacrement universel de salut ». L’Eglise du Christ est à la fois le signe et le
moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tous les hommes.LG1
L’Eglise se présente comme le nouveau peuple de Dieu fondé sur les apôtres qui prend
le nom de ‘‘Ecclésia’’. Le rôle essentiel de l’Eglise est d’être témoin de la révélation apportée
par le Christ : « Car il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le
salut séparément, hors de tout le lien mutuel ; il a voulu au contraire, en faire un peuple qui le
connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » LG9.
1- Le temps de l’Eglise
La succession des interventions divines qui se produisent à des moments précis choisis
par Dieu (Kaïros) constituent l’économie du salut. Cette économie s’accomplit
progressivement dans le temps (Kronos), dans l’histoire des hommes. Pour les juifs (A.T)
l’évènement décisif marquant la fin ou le sommet de l’histoire du salut est a venue du Messie.
Pour les chrétiens (Jésus N.T), le grand évènement de l’histoire du salut est déjà arrivé, son
centre est constitué par un fait historique déjà accompli dans le passé : la vie et l’œuvre de
Jésus surtout l’évènement pascal. Entre Pâques et la parousie se déroule le temps de l’Eglise.
Le centre de l’histoire du salut est déjà atteint, mais la fin est encore attendue. Le salut
est déjà venu mais pourtant nous l’attendons encore. Nous sommes déjà sauvés et nous avons
encore à nous sauver. L’économie du salut dans le temps de l’Eglise se déroule sous une
certaine ambiguïté. Mystère.
27
envoyée par le Christ pour être instrument de salut dans une continuation subordonnée et
participée de cette mission dans laquelle le Père a envoyé le Christ, ce Rédempteur universel.
Elle est sacrement, parce qu'elle est Corps de Christ. L'Église vraiment est sacrement du
Christ, en tant qu’elle est son Corps mystique.
La définition de l'Église, en effet, met en relief les deux réalités essentielles de chaque
sacrement; la visible et l'invisible ou spirituelle. En disant que l'Église est un corps, nous
entendons directement ce qu’un tel mot signifie dans son sens évident, cela revient à dire,
quelque chose de visible, saisissable par la sensibilité externe cognitive, l'aspect corporel de
l'Église. Cette réalité physique, corporelle, visible a été toujours défendue vigoureusement par
le Magistère contre les mouvements spiritualistes.
En second lieu, en ajoutant l'adjectif mystique au Corps de Christ, on entend souligner, sans
mettre en question sa visibilité, la dimension spirituelle et invisible de l'Église; indiquer que
sous la forme d'une communauté humaine, se cache une réalité divine, non saisissable par
l'expérience sensible, mais seulement par la foi qui, outre à avoir, comme chaque autre forme
d'association humaine, un but et des intérêts communs à tous les membres, l'Église est, de
plus, animée par la Grâce divine, qui, par le vouloir de Dieu, s'est revêtit d'éléments sensibles
dans une communauté de croyants, les rendant, par elle, accessible à l'expérience des
hommes. Cela est le sens de l'épithète mystique, selon les théologiens médiévales, qui pour la
première fois l'ont attribué à l'Église du Christ. En ce qui concerne le rapport entre les
éléments intérieurs, spirituels et mystiques et ceux extérieurs de l'Église qui ont une réalité
sacramentelle, ils doivent être considérés comme totalement inséparables.
14
SC. 7, cf. Mt18,20.
28
promis par les prophètes n'est plus lointain, mais présent dans le désir incarné en Christ et
dans son Corps mystique, qu’est l'Église.
3- La mission de l’Eglise
Le concile définit l’activité missionnaire comme toute initiative spéciale par laquelle
tout prédicateur de l’Evangile, envoyé par l’Eglise et allant dans le monde, s’acquitte de sa
charge de prêcher l’Evangile et d’implanter l’Eglise parmi les peuples ou groupes humains
qui ne croient pas encore au Christ (A.A6).
15
LG 21 § 1.
16
Mc 16, 15.
17
Cf. PO 4.
29
Parole de Dieu, et d’inviter tous les hommes avec insistance à la conversion et à la
sainteté »18.
Ainsi donc, pour que le message qu’ils annoncent soit efficace, il est nécessaire de
l’appliquer aux circonstances concrètes de la vie de ceux à qui il est adressé. Par leur vécu, ils
devront être les témoins pour le peuple de Dieu.
Si les ministres ont avant tout l’obligation de la Parole, leur action sacerdotale trouve
son sommet dans le ministère de la sanctification. Leur tâche sacrée est donc d’unir les dons
du peuple de Dieu au sacrifice du Christ dans la célébration eucharistique. La sainte liturgie
est le moyen le plus éminent par lequel l’Église accomplit sa fonction sanctificatrice 19. En
second lieu interviennent aussi les prières et les œuvres de pénitence et de charité20.
a- Activité missionnaire des laïcs
Existant pour la gloire de Dieu, l’Église comprend que sa nature est essentiellement
missionnaire21. Tirant son origine de la Trinité, elle vit pour annoncer le Christ et Lui rendre
témoignage. Le Christ, envoyé pour témoigner de l’amour du Père pour l’humanité, lui a
manifesté sa sollicitude en envoyant d’auprès du Père l’Esprit qui travaille au cœur de tout
homme22. Et l’Église, à son tour, se doit de traduire cet amour divin au monde entier
jusqu’aux extrémités de la terre23.
Cependant, cette mission n’est pas une charge réduite à la seule hiérarchie. Elle est une
tâche commune dans laquelle les laïcs ont grâce et sens de la foi pour témoigner dans la vie
temporelle, de la vérité évangélique 24. «L’apostolat des laïcs est une participation à la mission
salvatrice de l’Église elle-même. Cet apostat, tous y sont députés par le Seigneur lui-même en
vertu du baptême et de la confirmation.»25 Le concile Vatican II reconnaît cela en ajoutant que
«tout laïc, en vertu des dons qu’il a reçus, est le témoin et, en même temps, l’instrument
vivant de la mission de l’Église elle-même, " selon la mesure du don du Christ " (Ep 4, 7)»26.
L’activité missionnaire des laïcs n’est donc pas seulement une subordination à celle du
prêtre mais une participation à la mission du Christ autant que le prêtre accomplit sa tâche en
rapport avec l’œuvre salvifique du Christ. Il est donc évident que les laïcs ont un rôle
prépondérant dans le témoignage à rendre au Christ. Ce témoignage consiste aussi bien dans
l’agit que dans la parole (1P 3, 15). En somme, les laïcs ont à propager, à faire connaître et à
aimer le Christ dans tous les milieux d’action. « Éclairés par la lumière de l’Évangile,
conduits par l’esprit de l’Église, entraînés par la charité chrétienne» 27, «il leur appartient de
rendre l’Église présente et agissante en des lieux où ils ont eux-mêmes la seule forme de
présence possible de l’Évangile »28. C’est pourquoi, «appartenant à la société dont ils
prouveront qu’ils en sont véritablement le ferment, il leur incombe dans le domaine de la
18
PO 4 § 1.
19
Cf. CIC 834.
20
Cf. CIC 839.
21
Cf. AG 2 § 1.
22
Cf. Rm 5, 5.
23
Cf. Ac 1, 8.
24
Cf. LG 35.
25
LG 33 § 1.
26
Ibidem.
27
AA 7 § 5.
28
Joseph THOMAS, Le concile Vatican II, Cerf, Paris 1989, 66.
30
politique, de l’économie, de la culture, des us et coutumes, d’évangéliser et de sanctifier les
hommes par leur action caritative, sceau de l’apostolat chrétien»29.
Au terme de ce chapitre retenons que la mission évangélisatrice que le Christ a confiée
à toute son Église la concerne en toutes ses composantes (le Peuple de Dieu) : ministres et
laïcs. De ce fait, appartenant au Corps Mystique du Christ, ils sont tous appelés à une vocation
universelle. A cela, ils ont à œuvrer conjointement, malgré leur diversité de charismes, pour
parvenir tous à la sainteté. C’est ensemble qu’ils participent à la mission du Christ et à la vie
de l’Église. Le document post-synodal Christifideleslaici a consacré la place, le rôle et la
mission du laïc dans l’Église et dans le monde, sa dignité, sa participation au ministère
sacerdotal, prophétique et royal du Christ30. Il a même abordé des thèmes contenus dans les
actes conciliaires tels Lumen gentium, Gaudium et speset Apostolicamactuositatem. Entre autres
thèmes, il y a la dignité de baptisé, la vocation à la sainteté, la participation à l’édification de
la communauté chrétienne et à la mission de l’Église, à son appartenance, le témoignage dans
tous les milieux sociaux puis l’engagement au service de la personne en vue de la croissance
intégrale et pour le bien commun de la société.
A cet effet, comment se découvre et se vit le sacerdoce et la mission du peuple de Dieu
dans ce monde déchiré par les conflits et les guerres, la famine et la misère, les contestations
sociales et les coups d’État, le chômage et l’insécurité?31
CONCLUSION
Au terme de notre parcours théologique qui nous a amené à souligner les faits saillants
de la rencontre salvifique de l’homme avec Dieu, émerge une compréhension claire de la
Révélation et de l’histoire du salut. Mais au-delà des expressions inadéquates et limitées reste
cependant le fait fondamental et unique qui constitue le vrai sens de l’être et du vécu chrétien:
il ne s’agit pas d’une théorie à apprendre seul avec l’intelligence ni seulement d’une
obligation étique ou d’une manière de se poser. La réalité chrétienne consiste essentiellement
à une manière d’être que pose l’homme devant Dieu dans la disponibilité totale à accueillir sa
parole de salut. Tout ce comportement de l’homme est rendu possible grâce à Dieu qui s’est
fait proche et lui manifeste le mystère de son être, un mystère d’infini communication
d’amour et de donation vers les créatures jusqu’à partager avec eux sa propre existence et la
richesse de son être. Tout ceci s’est déroulé et se déroule encore dans le temps histoire de
l’homme. On parle alors d’économie du salut qui atteint son point culminant dans l’auto-
communication de Dieu lui-même en son Fils. C’est cela que nous avons essayé de faire
ressortir tout au long de ce parcours.
29
AA 6-8.
30
Cf. CL 1-2.
31
Cf. Benoît XVI, Exhortation apostolique post-synodale, Aficaemunus, Edition commentée par Mathieu
NDOMBA et Paul BERE, Paulines, Abidjan 2011, 9.
31