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Chapitre I : Coagulation – floculation


La coagulation et la floculation sont des processus qui permettent l’élimination des colloïdes. La
coagulation consiste à les déstabiliser en neutralisant leurs charges électrostatiques de répulsion
pour permettre leur rencontre. La floculation rend compte de leur agglomération en agrégats
éliminés par décantation et/ou filtration.
1) Les colloïdes
Les matières existant dans l’eau peuvent se présenter sous les trois états suivants :
- état de suspension qui regroupe les plus grosses particules
- état colloïdal
- état dissous des sels minéraux et des molécules organiques.
Cette classification résulte de la taille des particules. Les colloïdes présentent un diamètre compris
entre 1m et 1nm. Leur rapport surface / volume leur confère des propriétés d’adsorption des ions
présents dans l’eau. Ce phénomène explique en partie l’existence de charges électriques à leur
surface. Ces charges, souvent négatives, engendrent des forces de répulsion intercolloïdales. Celles-
ci permettent d’expliquer la grande stabilité de ces particules mises en solution. Leur densité qui
peut atteindre 2,5 ne modifie pas la valeur de leur vitesse de décantation.
L’origine des colloïdes est très diverse. On peut citer l’érosion des sols, la dissolution des
substances minérales, la décomposition des matières organiques, le déversement des eaux
résiduaires urbaines et industrielles ainsi que les déchets agricoles.
Les colloïdes de nature hydrophile (macromolécules organiques) sont responsables de la coloration
des eaux, tandis que ceux de nature hydrophobe qui sont en général d’origine minérale sont en
partie responsables de la turbidité.
2) Structure des colloïdes

- CHAPMAN

Figure 1 : Distribution ionique autour d’un colloïde

La couche de STERN indissociable du colloïde possède une charge inférieure à celle de la particule et est composée
exclusivement de cations. La couche de GOUY-CHAPMAN présente un nombre décroissant d’anions et croissant de
cations au fur et à mesure de l’éloignement de la surface du colloïde.

La couche liée est définie entre la surface de la particule et la distance d 1. Le potentiel


électrostatique décroit linéairement car les cations constitutifs sont empilés uniformément. La

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couche diffuse s’inscrit entre les points d1 et d2. Sa répartition ionique n’étant pas figée car issue
d’un mélange aléatoire de cations et d’anions, le potentiel électrostatique décroit d’une manière non
linéaire.
La limite entre la couche de Stern et celle de Gouy- Chapman, définit le plan de cisaillement a,
localisé à la distance d1 de la surface du colloïde. Il caractérise le plan entre la partie de la solution
solidaire du colloïde (couche liée) et celle se déplaçant indépendamment ou avec un certain retard.
La valeur du potentiel électrostatique au niveau de a est le potentiel zêta . Il caractérise le signe de
la charge primaire. Les colloïdes étant chargés négativement, ce potentiel est négatif. Les particules
de potentiel zêta négatif se repoussent très fortement inhibant toute agglomération. Elles peuvent
rester très longtemps en suspension quelque soit leur densité. La valeur de  est de – 30 à – 35 mV
dans les eaux naturelles.

3) Phénomène de la coagulation
L’élimination des colloïdes oblige l’annulation du potentiel . En effet la neutralisation des charges
primaires permet l’annulation des forces de répulsion.
On considère deux particules colloïdales A et B distantes d’une valeur d. Entre ces particules il
existe des forces de répulsion électrostatiques ER et des forces d’attraction intermoléculaires de Van
der Valls EA. L’énergie potentielle totale ou énergie globale interparticulaire est noté E.

E = EA + ER

Si E > 0
ER est prépondérante

Si E < 0
EA permet l’adhésion
des deux particules
Figure 2 : Energie potentielle d’interaction

L’énergie cinétique des particules est représentée par l’asymptote horizontale et est notée E c (voir
figure 3). A une distance supérieure à 3 fois le diamètre des particules, il n’existe aucune interaction
interparticulaire.

Figure 3 : Représentation des différentes énergies de deux colloïdes en fonction de leur éloignement.

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On imagine que l’on essaye de rapprocher deux particules de l’infini jusqu’à leur contact. Les
différentes possibilités sont listées dans le tableau suivant :

Distance interparticulaire Interprétation


distance > d3 aucune interaction
d3 < distance < d2 attraction faible
d2 < distance < d1 répulsion
distance < d1 attraction forte, adhésion

Tableau 1 : Interprétation des interactions interparticulaires

Pour permettre l’adhésion des particules, il faut vaincre la barrière énergétique de répulsion. Deux
stratégies sont théoriquement possibles :
- augmenter l’énergie cinétique des particules pour avoir E c supérieure à E
- abaisser cette barrière en réduisant ou en annulant les forces de répulsion électrostatiques
Dans le premier cas, il faut augmenter l’agitation des particules et donc le mouvement brownien par
élévation de température. Cette méthode est inadaptée pour les volumes d’eau à traiter. Il suffit
d’imaginer les calories nécessaires à la coagulation du volume d’eau journalier consommé par une
ville.
La réduction des forces de répulsion se conçoit avec l’annulation du potentiel zêta à l’origine de
l’énergie de répulsion. Il faut annuler la charge primaire superficielle de chaque colloïde. Ce
procédé consiste en une coagulation chimique due à l’action d’ions de charge inverse de celle des
particules.

3) – 1 – Stratégies théoriques possibles


- Ajustement du pH pour atteindre le point isoélectrique des groupements fonctionnels portés par les
colloïdes
- Augmentation de la salinité pour obtenir une compression de la couche diffuse
- Neutralisation chimique de la charge primaire par des cations polyvalents ou polymères
- Piégeage dans des précipités de type Al(OH)3 ou Fe(OH)3 (Sweep coagulation)
- Adsorption et pontage par des polymères chargés à longue chaîne
Les deux premières possibilités ne sont pas applicables au niveau industriel. On n’ose imaginer les
flots d’acide ou de base, les montagnes de sels nécessaires au traitement de millions de mètres
cubes d’eau. Néanmoins, la limpidité de l’eau de mer est due à sa forte salinité permettant la
déstabilisation et la décantation des colloïdes.
L’action des coagulants est interprétée par la neutralisation de la charge primaire suivie par le
piégeage dans des précipités.

3) – 2 – Réactifs utilisés
L’efficacité des coagulants est directement liée à la valence des cations utilisés. Les ions
monovalents sont moins efficaces que les bi ou trivalents (règle de Schulze Hardy). Les cations
Na+, Ca2+ d’une part et les ions trivalents Al3+ et Fe3+ d’autre part, présentent respectivement une
efficacité 7 à 200 et 500 à 10000 fois plus importante.
En conséquence, les coagulants utilisés sont des sels cationiques trivalents, car en plus de leur
efficacité relative élevée, les doses à mettre en œuvre sont beaucoup moins importantes que dans le
cas des mono et bivalents.
La mise en solution d’un coagulant se déroule en deux étapes. Le cas du sulfate d’aluminium est
très significatif :
Al2(SO4)3  Alx(OH)y(SO4)z  Al(OH)3
étape 1 intermédiaires étape 2 Précipité
Polychargés

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L’étape 1 dépend de la température et nécessite un pH compatible pour donner dans un laps de


temps de 0,1s des intermédiaires polychargés de la forme Al IV, V et VII. Il s’agit de la forme
coagulante qui déstabilise les particules chargées négativement.
L’étape 2 permet la formation du précipité Al(OH)3. Cette réaction dépend de l’agitation du milieu.
Ce précipité est l’élément qui assure le pontage et la coalescence entre les colloïdes déstabilisés :
c’est la forme floculante. Tout coagulant présente successivement les deux formes actives
coagulante et floculante. Le maintien de cette dernière dépend du pH du milieu. Cette notion de pH
permet de définir les zones optimales de coagulation-floculation.
L’utilisation du sulfate d’aluminium est conditionnée par l’obtention et la persistance de la forme
précipitée Al(OH)3, il s’agit de la gamme optimale de pH : 5,8 – 7,2. Entre ces deux valeurs, le
précipité est prédominant. En plus, la forme dissoute Al3+ est inexistante. Toute fuite de cet ion au
niveau d’une filière de traitement est problématique. La concentration limite est de 0,2 mg.L-1. En
cas de fuite chronique après vérification du pH, Il est recommandé d’ajouter un adjuvant de
floculation pour obtenir un floc cohérent.
Le chlorure ferrique possède une fourchette plus large comprise entre 5,5 et 8,3. Toute fuite de Fe3+
peut entrainer une coloration rouge de l’eau et une corrosion sur le réseau de distribution du fait de
l’existence des ferrobactéries et des phénomènes d’oxydoréduction.
Tout coagulant mis en solution consomme de l’alcalinité. Cette perte de TAC est fonction de la
nature et de la concentration du composé mis en jeu. L’équation d’hydrolyse du sulfate
d’aluminium permet d’expliquer ce phénomène :
Al2(SO4)3,18H2O + 3Ca(HCO3)2  18H2O + 3CaSO4 + 2Al(OH)3 + 6CO2
Cette perte d’alcalinité est traduite par une chute de pH, donc par une acidification de l’eau, sauf si
en même temps, on a un dégazage du CO2.
L’acidification de l’eau qui en déroule peut perturber la réaction d’hydrolyse du coagulant. Il est
quelque fois nécessaire de corriger le pH par addition de soude, de chaux ou de calcaire dans le cas
des eaux acides et par de l’acide sulfurique ou du CO2 dans le cas des eaux incrustantes. L’acidité
est à vérifier avant et après coagulation. Il s’agit de l’équilibre calco-carbonique.

Nom commercial Perte d’alcalinité en g de CaO Perte de TAC en °F Production de CO2 en g


Sulfate d’aluminium 25 4,5 40
WAC 5,4 1 8,6
Aqualenc 5 9 8
Chlorure ferrique 21,1 3,8 33,3
Clairtan 20,1 3,6 31,6

Tableau 2 : Pertes d’alcalinité et production de CO2 de quelques coagulants


Valeurs données pour 100 g du produit commercial.

Les formes polymérisées de type WAC ont une formule identique aux intermédiaires polychargés,
ce qui permet de s’affranchir à la première étape d’hydrolyse. Leur perte d’alcalinité étant plus
faible en comparaison avec d’autres, elles sont recommandées dans le cas des eaux faiblement
tamponnées (TAC < 5 °F).

4) Phénomène de la floculation
Après déstabilisation des particules par le coagulant, ces dernières s’agglomèrent lorsqu’elles
entrent en contact. C’est la floculation, le floc ainsi formé peut décanter, flotter ou être filtré
(coagulation sur filtre), suivant le procédé de rétention le plus adapté choisi.
La formule de Smoluchowski permet de comprendre ce phénomène :

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𝑁 4
𝐿𝑛 = − 𝛼𝐺𝑡
𝑁0 𝜋

N et N0 sont les nombres de particules colloïdales libres à l’instant t et t 0.


 : représente le facteur de fréquence de collision efficace
 : est le volume de particules par volume de suspension
G : est le gradient de vitesse
t : est le temps de contact
Si  =1, un choc interparticulaire donne lieu à une agglomération et donc une floculation
 est un élément constant, sauf intervention extérieure, car il n’y a ni création ni disparition de
matière
G est une valeur moyenne des vitesses spécifiques des particules dans la solution
𝑁
Plus le rapport 𝐿𝑛 𝑁 est petit, plus on obtient une floculation de qualité. Dans ce cas, N est
0
inferieure à N0, il y a donc moins de particules libres au temps t qu’au temps t 0.
Pour obtenir une bonne floculation, il faut augmenter les facteur suivants :
- le temps de contact t
- le volume de particules  (injection de microsable ou traversée de lit de boue)
- le gradient de vitesse G (importance de l’agitation)
On peut distinguer deux sortes de floculation :
- Floculation péricinétique due à l’agitation désordonnée des particules
- Floculation orthocinétique provoquée par les mouvements de l’eau

4) – 1 – Nature des floculants


Les floculants sont des composés agissant par pontage. Ce sont des polymères de haut poids
moléculaires présentant des groupes réactionnels de charge inverse de celle de la suspension à
traiter. On distingue des floculants synthétiques et naturels :
- Floculants synthétiques :
Ils sont répertoriés en polyanions, polycations, non ioniques et amphotères. Ce sont des polymères
de type polyacrylamide ou polyacrylate. Ces molécules sont caractérisées par un poids moléculaire
(PM) élevé caractéristique d’une longue chaîne polymérique. Les polymères chargés ou
polyeléctrolytes se définissent également par leur forte densité de charge (DC).
- Floculants naturels :
On distingue ceux de nature organiques comme l’alginate ou aqualgine extraits des algues et
l’amidon G60 issu de la pomme de terre ou de tapioca et ceux de nature minérale telle que la silice
activée, l’alumine et la bentonite.
On peut regrouper les floculants synthétiques en trois grandes catégories :
- Polymères anioniques (polymérisation d’un acrylamide ou d’un acide acrylique):

CH2CH CH2CHCH2CHCH2CH
   
CO CO CO CO
   
NH2 ONa+ NH2 ONa+

- Polymères neutres qui regroupent essentiellement des polyacrylamides:

CH2CH CH2CHCH2CHCH2
  
CO CO CO
  
NH2 NH2 NH2

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- Polymères cationiques ou copolymères d’acrylamide avec monomères cationiques:

CH2CH CH2CHCH2CHCH2
  
CO CO CO
  
NH2 O NH2

(CH2)2N(CH3 )+
3

Ils ont un poids moléculaire compris entre 105 et 20.106 g.mol-1 et une longueur maximale de leur
chaine polymérisée de 40 m. Leur forme peut être linéaire, spiralée en zigzag ou branchée. Ces
polymères peuvent être préparés sur mesure, ceci veut dire que toutes les valeurs de poids
moléculaire et de densité de charge sont possibles. Les produits agréés pour l’utilisation en eau
potable doivent contenir moins de 500 ppm d’acrylamide libre.

4) – 2 – Processus de la floculation
Les floculants polyanioniques agissent par pontage en association avec les cations Ca 2+ et Mg2+.
Dans ce cas, le titre hydrotimétrique TH de l’eau est essentiel. On ne l’ajoute qu’en fin de
floculation lorsque les microflocs sont formés.
Les polycationiques agissent directement par leurs charges positives. Elles neutralisent les charges
primaires des colloïdes qui ont échappé au coagulant. Il faut les ajouter juste après la phase
d’agitation rapide (coagulation).
Lorsque au moins 50% de la surface du colloïde est adsorbée par 70 % de la longueur des molécules
de floculant, on considère donc que l’adsorption est solide. Les 30% restants forment des boucles et
des queues réalisant ainsi le pontage intercolloïdes.
Pour respecter cette condition, la chaîne de polymère doit avoir un poids moléculaire PM élevé et
une densité de charge DC faible. Dans le cas contraire, les molécules de floculants sont trop courtes
et très riches en charges, ce qui entraine à 100% une adsorption à plat du polymère sans boucles ni
queues. Le pontage intercolloïdes est dans ce cas impossible.

5) Technologies de la coagulation-floculation
5) – 1 – Stratégie
Les conditions de mise en œuvre de la coagulation sont différentes de celles de la floculation. On
distingue les deux phases suivantes :
- Première phase : mélange rapide et vigoureux pour disperser les additifs dans la totalité de l’eau
à traiter. L’injection se fait dans une zone de turbulence.
- Deuxième phase : mélange lent qui favorise les contacts entre particules de floc sans les léser.
La technique de la floculation lestée avec du microsable (procédé hangrois Cyclofloc, Figure 4)
permet d’augmenter le facteur  (Smoluchowski). Le microsable de 20 à 140 m de diamètre joue
le rôle d’amorce de floculation et leste les MES et colloïdes. La décantation est améliorée car la
densité du sable est élevée, elle est de l’ordre de 1,65. Cette technique a été reprise dans d’autres
ouvrages tels que les décanteurs Actiflo d’OTV et Fluorapid de Degrémont.

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1 – Amenée d’eau à traiter 2 – Diffuseur 3 – Zone de réaction 4 – Zone de décantation


5 – Goulotte de reprise 6 – Départ d’eau traitée 7 – Racleur de boues 8 – Fosse d’extraction
9 – Pompe de recyclage 10 – Hydrocyclones de régénération du microsable
11 – Evacuation des boues

Figure 4 : Schéma de fonctionnement d’un CYCLOFLOC

On peut résumer les étapes de l’agrégation des particules dans le tableau suivant :

Stade Phénomène Terminologie


Réaction avec l’eau :
AJOUT DU COAGULANT HYDROLYSE
ionisation, hydrolyse, polymérisation
Compression de la double couche
Adsorption spécifique d’ions du coagulant à la
surface de la particule
Liaison spécifique d’ions ou d’espèces à la
DESTABILISATION surface de la particule COAGULATION
Inclusion du colloïde dans un précipité
d’hydroxyde
Liaison interparticulaire par des espèces
polymériques du coagulant
FLOCULATION
Mouvement brownien
PERICINETIQUE
TRANSPORT
FLOCULATION
Energie dissipée (gradient de vitesse)
ORTHOCINETIQUE

Tableau 3 : Les étapes de l’agrégation


5) – 2 – Choix du coagulant
Les critères de choix d’un coagulant sont nombreux, on peut citer :
- L’efficacité à réduire la couleur, la turbidité et la matière organique d’une eau
- Ne pas négliger le prix et les effets secondaires comme les fuites en Fe3+ et Al3+
- Le traitement d’eau chargée en matières organiques exige du chlorure ferrique. Ce coagulant
contient environ 0,057 % de manganèse Mn2+
- Les coagulants à base de sels d’aluminium permettent d’obtenir une eau traitée très faible en
turbidité.
5) – 3 – Détermination des conditions optimales de coagulation-floculation « Jar-Test »
Les bases théoriques de la coagulation-floculation, ne permettent à elles seules de préciser les
conditions optimales de coagulation-floculation d’une eau donnée. Toutefois, une bonne

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connaissance des bases théoriques limitera souvent le nombre d’essais, donc le temps passé à
réaliser ces essais.
L’appareillage permettant de réaliser les essais en laboratoire ou la méthode dite du « Jar Test » est
généralement constitué d’un agitateur à hélices à 6 postes, muni d’un variateur de vitesse. A chaque
poste est disposé un bécher d’un volume d’un litre, marqué d’au moins d’une graduation (à 1litre
par exemple). Les figures 5 et 6 représentent un appareillage en fonctionnement. Chaque bécher est
alors rempli du même volume d’eau brute, puis les trois principales opérations (1), (2) et (3)
suivantes sont réalisées, auxquelles sont ajoutées parfois deux étapes supplémentaires (1’) et (4) :
(1) : Introduction du coagulant sous agitation (100 à 200 tours / min), maintien de l’agitation
pendant 2 à 3 minutes (ce temps peut être parfois plus long) et ajustement éventuel du pH (qui peut
se faire avant l’introduction du coagulant). C’est la phase de coagulation.
(1’) : Introduction d’un réactif floculant (ou encore d’un charbon actif en poudre) à la fin de la
phase de coagulation, sous agitation rapide.
(2) : Agitation lente (20 à 40 tours / min) pendant 5 à 10 minutes. C’est la phase de grossissement
des flocs ou floculation.
(4) : Filtration sur sable ou sur membrane après la décantation, lorsqu’il est nécessaire de mesurer
l’effet de la coagulation-floculation sur la qualité de l’eau filtrée (cas de l’analyse de la matière
organique, du fer ou de l’aluminium restant).

Figure 5 : Schéma de la méthode dite du Jar-Test

Figure 6 : Schématisation de la séquence des opérations de l’expérience de « Jar-Test »

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Les objectifs de l’expérimentation sont de deux ordres : (1) déterminer la dose optimale de
coagulant (voire de floculant) et (2) déterminer la zone optimale de pH de coagulation.
En général, il est souhaitable de commencer par un essai à différents pH (entre pH 5,5 et 7,5 pour le
sel d’aluminium et pH 4,5 et 8 pour le sel de fer) à dose constante de coagulant (1mg Al / mg COD
et 2 mg Fe / mg COD pour les eaux contenant des matières organiques). Après cet essai, il faut
recommencer l’expérience à pH (optimal) constant et à dose variable. Pour les eaux fortement
minéralisées (TAC > 20 à 25 °F), un seul essai de dose réalisé sans correction du pH, est parfois
suffisant, surtout lorsqu’une acidification n’est pas techniquement envisageable sur l’usine.

On peut citer dans le tableau 4, les caractéristiques de quelques coagulants et floculants :

Masse Formes Caractéristiques Solubilité Point de


Nom commercial Emploi Densité Remarques
molaire disponibles à 20°C cristallisation
Sulfate 666 Coagulation Noisette 17 à 18% Al2O3 1 660 g.l-1 Produit acide mais
d’aluminium Grain de riz peu dangereux
Al2(SO4)3,18H2O Poudre
Liquide 7,5 à 8% Al2O3 1,45 +3°C
(630 à 650 g.l-1en
Al2(SO4)318H2O)
Hydroxy Coagulation Liquide Al2O3 10% en Produit acide
chlorosulfate poids Nombreux produits
d’aluminium disponibles sur le
Cl(m)SO4(n) marché
Al(OH)3-(m+2n)
Polychlorosulfate - Coagulation liquide 8 à10 % Al2O3 1,2 Réactif acide
basique dénommé WAC
d’aluminium
Aln(OH)m
(SO42-)kCl3n-m-2k
Chlorure
ferrique
- FeCl36H2O 270 Coagulation Cristallisé 60% FeCl3 1026 g.l-1 Produit acide
solide Sublimé 99% FeCl3 corrosif
- FeCl3 (35%) en 162 liquide 41% FeCl3 1,45 -  10 °C Fond à +34 °C
solution (600 g.l-1)
Sulfate ferreux 278 Coagulation Poudre 20% de Fe
FeSO4,7H2O
Chlorosulfate 187 Coagulation Solution 14% de Fe 1,5 -  8 °C Produit acide
ferrique Brun rouge (200 g.l-1) (cristallisation
FeClSO4 solution à
160 g.l-1:  30°C)
Nom commercial :
CLAIRTAN
Silicate de 122 Floculation Liquide 24-26 % SiO2 1,35 0 °C Solution visqueuse
sodium (préparation 26-28 % SiO2 1,38
nSiO2,Na2O de la silice 27-28 % SiO2 1,4
activée)
Aluminate de - Floculation Cristallisé 20 à 40% Al2O3 1 1000 g.l-1
sodium désiliciage 35% Na2O
nNa2O, Al203H2O Liquide 21% Al2O3 1,48  20 °C
(310 g.l-1)
18% Na2O
60% H2O
*Les densités des solides sont des densités apparentes.

Tableau 4 : Caractéristiques de quelques coagulants et floculants

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