L’enseignement fondé sur ce modèle est moins chronophage que nul autre. Il demande peu de moyens. Sa préparation est aussi économe : l’enseignant n’a pas à se soucier d’une situation didactique, à effectuer des hypothèses d’apprentissage sur ses élèves, ni à envisager leur zone de proche développe- ment. La seule condition est de rédiger les propos du cours. Il est conforme si les apprenants sont motivés et attentifs (cours universitaire par exemple). Cette forme d’apprentissage est longtemps apparue dans les ouvrages scolaires, on y trouve encore quelques traces. Il s’agissait de découvrir une règle grammaticale ou mathématique à partir d’un texte ou problème exemplaire. Puis de lire la règle canonique afférente juste d’avant d’enchaîner des exercices d’application. ➤ Limites du modèle transmissif : L’enseignant travaille « en aveugle », sans certitude d’une réception satisfaisante de son cours ni relevé des écueils rencontrés chez les apprenants : si une conception initiale inadéquate existe, le danger est qu’elle ne soit pas remise en cause, et interfère avec la nouvelle connaissance. Ce qui est dit par l’enseignant n’est pas toujours entendu de la même façon par tous les élèves. Les erreurs des élèves ne font pas l’objet d’une analyse ni d’un plan d’adaptation à ce que les élèves peuvent effectuer et assimiler. ➤ Avantages du modèle comportementaliste : L’enseignant est attentif aux possibilités et à l’évolution individuelle de l’élève. Il peut lui proposer des activités bien adaptées avec des tâches très structurées, délimitées, progressives. L’élève peut progresser à son rythme. Du coup, l’apprenant est le plus souvent en situation de réussite. Les objectifs étant définis précisément, l’évaluation est facilitée. Les résultats obtenus sont clairs et précis. ➤ Limites du modèle comportementaliste : Les tâches découpées cachent la vision d’ensemble : l’élève peut réussir chacune des étapes du chemin balisé, mais être incapable, par manque de vision d’ensemble, de parcourir ce même chemin en l’absence de balises. Les aspects synthétiques et globaux d’un apprentissage peuvent manquer, la motivation comme l’apprentissage peuvent être partiels. Prenons l’exemple des fichiers d’apprentissage mathématique de l’école. On y trouve un programme d’exercices balisé où l’élève pris en main ne tâtonne plus. Il finit par ne plus savoir poser des opérations sinon selon la manière donnée dans le fichier. Les conceptions initiales n’étant pas prises en compte, elles sont susceptibles de ressurgir lorsque l’élève se trouvera devant un problème plus complexe. Le transfert des connaissances dans d’autres situations n’est pas explicite. Risque d’assimilations figées. Les étapes intermédiaires, à partir d’états initiaux pas forcément évalués, sont standardisées. Elles ne correspondent qu’à un élève lambda standard qui n’est pas l’apprenant du formateur in situ. De surcroît, la conception ne peut prévoir tous les incidents ou conflits cognitifs qui peuvent jaillir. Il n’y a pas de travail de réflexion, la priorité est donnée à l’automatisation, il s’agit d’automatiser des connaissances. Pensons au BLED et aux tonnes d’exercices pour automatiser des règles orthographiques, qui risquent de tourner à vide pour l’apprenant. ➤ Avantages du modèle constructiviste : L’apprenant est confronté à un problème à résoudre, permettant d’emblée de mettre du sens à son apprentissage et de motiver. Les conceptions initiales inadéquates ayant été détruites ou réorganisées, elles ne risquent plus de refaire surface et le nouvel état d’équilibre s’installe dans la durée. ➤ Limites du modèle constructiviste : L’enseignement fondé sur ce modèle est très coûteux en temps. Il nécessite un haut niveau de compétence de l’enseignant, autant pour la conception de la situation didactique que pour la gestion des relations et de la communication. Un solide bagage didactique est appelé. Il est parfois difficile de trouver des situations problèmes adéquates et suffisamment résistantes afin que l’apprenant mobilise de nouvelles compétences attendues (objet d’apprentissage) et observe que ses capacités en la matière sont obsolètes et demandent d’être corrigées, restructurées. La phase de déstabilisation est délicate chez certains (en particulier ceux en grande difficulté). C’est une phrase transitoire où l’apprenant doit maintenir son adhésion à la tâche.