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Faculté des sciences juridique, économique et sociale -Salé-

Professeur EL ANEBRI Hasna

Cours Droit commercial/ Droit des sociétés

Introduction

Présentation du droit commercial

Le droit commercial est une branche du droit privé qui, par dérogation au droit civil,
réglemente de manière spécifique certaines activités de production, de distribution et de
services. Le droit commercial est une discipline autonome, indépendante du droit civil dont il
s’est détaché. Le droit commercial régit les rapports juridiques qui naissent à l’occasion de
l’exercice de l’acte commercial.

Le droit commercial est l’ensemble des règles applicables aux actes de commerce et aux
commerçants.

A ce titre, il y a lieu de signaler l’existence de deux conceptions en matière de qualification du


droit commercial, l’une objective et l’autre subjective.

 La conception objective considère que le droit commercial constitue le droit applicable


aux actes de commerce beaucoup plus qu’un droit des personnes. Cette conception permet
de distinguer les actes de commerce des actes civils. Elle entraîne deux conséquences :
- Tous les actes de commerce relèvent du droit commercial qu’ils soient réalisés par un
commerçant ou non.
- Tous les autres actes relèvent du droit civil qu’ils soient effectués par un commerçant
ou non.

 La conception subjective considère que le droit commercial est le droit applicable aux
commerçants. Cette conception entraîne deux conséquences :
- Tous les actes accomplis par un commerçant relèvent du droit commercial ;
- Tous les actes accomplis par un non commerçant relèvent du droit civil.

En ce qui concerne le droit marocain, il a adopté une position intermédiaire. En effet, l’article
premier du code de commerce dispose que « la présente loi régie les actes de commerce et
les commerçants ».

L’article 6 dispose en outre, que la qualité de commerçant s’acquière par l’exercice habituel
ou professionnel de certaines activités (qui sont énumérées par le code).

Droit commercial et sciences économiques

La relation entre le droit commercial et la science économique se pose à ce niveau. En effet,


l’on est en droit de se demander de la finalité pour des économistes d’étudier le droit
notamment le droit commercial.

1
Force est de constater que la relation entre le droit et l’économie n’a cessé de se développer
notamment avec l’apparition d’un droit dit économique. Cette notion de droit économique a
pour objectif de faire apparaître certaines interactions importantes entre les normes
juridiques et le domaine économique.

Il semble qu’une interdépendance existe entre le droit de manière générale et la science


économique de manière particulière. Cette interdépendance est beaucoup plus accrue en ce
qui concerne le droit commercial qui fait partie du droit de l’entreprise, du droit économique.

Dans cet esprit, les économistes considèrent l’entreprise comme le noyau dur de la création
de richesse. De ce fait, ils s’intéressent à tous les aspects qui touchent à l’entreprise aussi bien
d’un point de vue purement financier mais aussi dans un aspect normatif, celui des normes
qui l’encadrent et qui la réglementent. De ce fait, la connaissance du droit commercial qui
régit l’entreprise (entendu en tant que personne physique et personne morale) est un élément
fondamental de la formation en sciences économiques.

Champ d’application du droit commercial :

Il englobe à la fois le commerce au sens courant du terme, à savoir, des activités d’échange et
d’industrie donc des activités économiques.

Pour des raisons socio-historiques, les agriculteurs et les membres des professions libérales
demeurent soumis au droit civil.

Le droit commercial a pour acteurs les commerçants, personnes physiques mais aussi les
commerçants personnes morales, à savoir, les sociétés notamment celles qui sont
commerciales par leur forme.

Au Maroc, le droit commercial est régi par la loi n°15-95 formant code de commerce qui a été
promulguée par le Dahir n° 1-96-83 du 3 octobre 1996. Le texte est constitué de 736 articles
répartis sur 5 livres se présentant comme suit :

- Le commerçant ;
- Le fonds de commerce ;
- Les effets de commerce ;
- Les contrats commerciaux ;
- Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l'entreprise.

Le code de commerce détermine dans son article premier le champ d’application de la loi. Il
dispose, en effet, que la présente loi régit les actes de commerce et les commerçants.

Définition des actes de commerce : Un acte de commerce est un acte juridique soumis aux
dispositions du droit commercial du fait de sa nature, de sa forme, mais aussi des personnes
qui le réalisent.

L’acte de commerce s’oppose à l’acte civil. Il existe trois types d’actes de commerce, l’acte de
commerce par nature, l’acte de commerce par la forme et l’acte de commerce par accessoire.

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Définition du commerçant : Le commerçant est défini par le code de commerce à travers les
activités qu’il accomplit. Ainsi, la qualité de commerçant s'acquiert par l'exercice habituel ou
professionnel des activités qui sont énumérées par les articles 6 à 11 du code. Ainsi, il y a les
commerçants personnes physiques qui sont identifiés par rapport à la nature de leur activité.
Et les commerçants, personnes morales, à savoir les sociétés qui sont commerciales par leur
forme et quel que soit leur objet.

A noter que les sociétés sont soumises en ce qui concerne les dispositions juridiques à la loi n°
17-95 relative aux sociétés anonymes et à la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la
société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à
responsabilité limitée et la société en participation.

Il y a lieu de signaler que le code de commerce depuis son adoption a connu certaines
modifications. Avec un total de 9 modifications pour une durée de 24 ans, le code s’inscrit
dans une dynamique constante d’évolution. Il s’agit, en effet, d’une moyenne assez
importante parallèlement aux normes législatives. La fréquence desdites modifications se
justifie par le domaine du droit commercial en rapport direct avec le monde des affaires. Ce
dernier en constante mutation exige une législation en conformité avec ses besoins.

La différence entre le droit commercial et le droit des affaires

Définition du droit des affaires : c’est une branche du droit privé qui comporte un ensemble
de droits relatifs aux affaires des entreprises. Il règlemente l’activité des commerçants,
industriels et prestataires de service dans l’exercice de leur activité professionnelle.

L’on peut considérer que le droit des affaires est un droit très large et recouvre différents
domaines :

 Droit des assurances : code des assurances ;


 Droit de la bourse : loi relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux
conseillers en investissement financier ;
 Droit commercial : code de commerce ;
 Droit de la concurrence : loi sur la liberté des prix et de la concurrence ;
 Droit de la consommation : loi édictant des mesures de protection du consommateur ;
 Droit financier : loi relative à l’appel public à l’épargne et aux informations exigées des
personnes morales et organismes faisant appel public à l’épargne.

Le droit des affaires est un droit plus large que le droit commercial. Ce dernier est par
conséquent une branche du droit des affaires. Le cours portant sur le droit commercial se
concentre uniquement sur l’acte de commerce et le commerçant.

D’un point de vue de la terminologie, l’appellation droit des affaires permet de traiter de
plusieurs matières diversifiées car en marge du droit commercial, se sont développées des
disciplines nouvelles qui ont atteint une autonomie certaine (droit de la concurrence, droit
des entreprises en difficultés, droit de la bourse…etc.)

Ainsi, le droit commercial est un sous-ensemble du droit des affaires et se résume aux seules
règles applicables aux commerçants et aux actes de commerce.

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Le droit des affaires représente une appellation générique qui regroupe toutes les matières
de droit privé applicable aux entreprises, au monde des affaires. Le droit des affaires
réglemente tous ce qui est en rapport avec le monde de l’entreprise.

Les spécificités du droit commercial :

Le but du commerce est de faire du profit, la recherche du gain, la spéculation et la quête


des richesses. En droit commercial, on estime que le commerçant spécule sur ses biens. Il
ne va pas se contenter de gérer son patrimoine. Il achète et vend ses biens pour faire du
profit. Ce caractère de droit des échanges explique que le droit commercial refuse le
gratuit, le bénévole et le sentimental n’y trouve pas de place.

En matière de gestion des affaires et de droit économique, un besoin de rapidité se fait


sentir. L’esprit d’entreprise du droit commercial trouve sa trace dans la rapidité ; le temps
commercial est plus court que le temps civil. De ce fait, le commerçant n’a pas le temps
de respecter les règles du droit civil ou d’appliquer un formalisme lourd en termes de
temps et de procédure. Il faut simplifier les règles pour le commerçant.

Ainsi, la simplification des procédures exigée par ce besoin de rapidité se manifeste


notamment à travers la preuve qui est libre en matière commerciale. Dans ce sens, l’article
334 du code de commerce dispose qu’en matière commerciale la preuve est libre.
Toutefois, elle doit être rapportée par écrit quand la loi ou la convention l'exigent.

La prescription est également ramenée à 5 ans. En effet, l’article 5 du code de commerce


dispose que les obligations nées, à l'occasion de leur commerce, entre commerçants, ou
entre commerçants et non commerçants, se prescrivent par cinq ans, sauf dispositions
spéciales contraires.

Le législateur, par le biais de la spécificité du droit commercial, va simplifier le crédit. Le


droit commercial facilite le crédit et les moyens de paiement en mettant à disposition des
commerçants des techniques propres, à titre d’exemple la lettre de change, le billet à
ordre… etc.

Les sources du droit commercial :

Ce sont les mécanismes par lesquels la règle de droit est créée. Les sources du droit
commercial sont les mêmes que celles du droit civil (loi, jurisprudence, coutume, contrat).
La différence entre elles se situe au niveau de leurs places respectives.

Et c’est le code de commerce qui détermine dans son article 2 la hiérarchie des normes.
Ainsi, il stipule qu’il est statué en matière commerciale conformément aux lois, coutumes
et usages du commerce, ou au droit civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes
fondamentaux du droit commercial.

De ce fait, il ressort des dispositions dudit article la subsistance de l’application du droit


civil -qui est le droit commun des contrats- dans la mesure où il n’y a pas de stipulations
contradictoires du droit commercial.

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On distinguera les sources nationales des sources internationales.

Les sources nationales : la loi et les usages

 La loi :

C’est l’expression de la volonté du législateur qui a mis en place un code ou sont regroupés
toutes les dispositions régissant le domaine commercial sur le territoire national (cf.
histoire du droit commercial pour connaitre l’évolution de la législation commerciale au
Maroc.). En tant que pays de droit civil et contrairement aux pays de la Comman Law ou
l’écrit n’est pas exigé; le Royaume a adopté un texte écrit à l’image des autres textes
législatifs.

Sur cette base, c’est principalement la loi n°15-95 qui régit tout le domaine commercial
conformément au champ d’application qui est déterminé par le texte lui-même.

Cependant, le droit civil demeure applicable en matière commerciale conformément à


l’article 2 susvisé. Ce principe énoncé par la loi est subordonné au fait que cette application
ne contredise en rien les principes fondamentaux du droit commercial.

Le droit commercial est un droit d’exception, à savoir que son application est
limitativement définie par le législateur. Par exemple, le contrat de vente est régi par le
droit civil (droit commun). En effet, s’il y a absence de dispositions particulières dans le
code de commerce concernant une situation particulière et si dans les usages et les
coutumes il n’ y a pas d’orientations ou de solutions spécifiques ; le recours au droit civil
se fait en tant que droit commun susceptible d’avoir une solution de principe à toutes les
relations humaines qui naissent dans le cadre civil ou commercial.

On peut donc se trouver devant deux situations :


 il n’existe aucune règle ni coutume commerciale particulières, on applique le droit
civil ;
 il existe un conflit entre le droit civil et le droit commercial, on applique le droit
commercial.

 Les usages :

Il y a lieu de signaler que certains auteurs assimilent les usages et les coutumes. Pour eux,
usages commerciaux et coutumes commerciales ne font qu’une seule et même chose.
Néanmoins, il y a une autre conception qui réserve le terme de coutume à une catégorie
d’usages commerciaux dotés d’une force juridique particulière. Force est de constater que le
code de commerce dans sa hiérarchisation des normes applicables en matière commerciale
réunis entre les coutumes et usages du commerce les plaçant ainsi au même plan (essayant
ainsi de dépasser toutes les conceptions doctrinales).
Au-delà de ce débat doctrinal, les usages ne découlent pas de la volonté étatique, ils se créent
au fur et à mesure de l’évolution du commerce et du négoce. Ils se distinguent par le fait qu’ils

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n’ont pas un caractère impératif et peuvent par conséquent, être écartés par les
commerçants.
Les usages sont des comportements professionnels constants, notoires et généralement
anciens. Ce sont des pratiques professionnelles répétées et généralisées. Qui dit usage, dit
habitude et profession. La pratique est créatrice de règles.
Les usages sont destinés aux commerçants entre eux et à l’exercice de leur activités ; par
conséquent, les tiers ne sont pas amenés à connaitre l’usage, à l’appliquer, ou encore qu’il
leur soit imposable.
Enfin, reste à signaler que face à la loi, les usages ont une portée réduite, car ils ne peuvent
déroger à une règle de droit à caractère impératif.

Les sources internationales : les conventions et les traités internationaux

Il y a lieu de signaler que la constitution de 2011 accorde aux conventions internationales


dûment ratifiées par le pays, la primauté sur le droit interne du pays. Il s’agit d’une disposition
nouvelle et innovante qui donne aux conventions internationales, la primauté par rapport à la
législation nationale.
Les traités internationaux ou les conventions internationales constituent des accords conclus
entre Etats souverains et par lesquels sont fixées des règles obligatoires pour des situations
juridiques ou économiques qui se posent dans les rapports internationaux1.
La conclusion de ces conventions donne naissance à une réglementation internationale pour
les Etats signataires. Elles sont nombreuses et on peut les classer en deux sortes :

 convention bilatérale entre deux Etats ;


 convention multilatérale concernant un nombre important d’Etat et visant à établir
une uniformisation de la réglementation commerciale entre les Etats signataires.

La convention peut définir tout le régime applicable à une opération juridique donnée. Il en
est ainsi des conventions qui fixent les règles applicables aux transports internationaux par
mer (Convention de Bruxelles de 1924), par air (convention de Varsovie de 1929) ou par route
(convention de Genève de 1956).

La convention peut aussi poser des règles uniformes applicables dans les rapports
internationaux, le cas le plus connu est celui de la convention de Genève de 1930 portant loi
uniforme sur les lettres de change et billets à ordre.

En outre, la convention peut mettre en place des organes permanents qui, à leur tour, créent
des règles de droit international ou préparent de futures conventions internationales. A titre

1
Un traité est un accord écrit entre sujets du droit international et destiné à produire des effets de droit. Il
manifeste un accord de volonté qui crée un engagement, lequel doit être respecté par les Etats, sous peine de
voir engagé leur responsabilité internationale.
On distingue les traités selon le nombre des parties ; ainsi les traités bilatéraux sont conclus entre deux Etats,
tandis que les traités multilatéraux réunissent plusieurs Etats.
Sont également appelés, accord, convention, charte, pacte… etc.

6
d’exemple, la convention de Stockholm qui a créé l’Organisation Mondiale de la Propriété
Intellectuelle (OMPI).
Dans ce sens, il y a lieu de signaler que les Nations Unies ont créé en 19662, la conférence des
Nations Unies pour le Droit Commercial International (CNUDCI) pour encourager, harmonier
et moderniser progressivement le droit commercial international.
La CNUCDI élabore des règles modernes et harmonisées sur les opérations commerciales. Ses
travaux prennent la forme de :
-de conventions, de lois types et de règles acceptables dans le monde entier.
- de guides et de recommandations juridiques et législatifs ;
- d’informations actualisées sur la jurisprudence et l’adoption de législations commerciales
uniformes ;
-d’une assistance technique dans le cadre de projets de réforme du droit ;
- de séminaires régionaux et nationaux sur le droit commercial uniforme.
Enfin, il est important avant de clore cette partie relative aux sources du droit commercial de
parler de la Lex Mercatoria qui demeure une source importante du droit commercial
international.
Définition de la Lex Mercatoria : il s’agit d’un corps de règles d’origines et contenus différents,
créées par la communauté marchande pour répondre aux besoins du commerce international.
La Lex Mercatoria est composée des usages, de principes généraux du droit, de contrats types,
de sentences arbitrales qui contribuent à donner des solutions à des problèmes qui se posent
en matière de commerce international. Reste à signaler qu’il s’agit d’une source non étatique
puisqu’elle a été créée au fur et à mesure de l’évolution du commerce international.

Historique

Le droit commercial est un droit très ancien, aussi ancien que les premières opérations de
commerce et de négoce conclus.
L'histoire du droit est souvent compliquée, pour le droit commercial, il faut remonter à
plusieurs millénaires en arrière. Comme la plupart des droits en rapport avec l’activité
économique, le droit commercial aurait pour origine le Code d’Hammourabi. Ce dernier, qui
date de 1750 avant J.C. et provient de Babylone, est un des codes juridiques les plus anciens
et il comportait déjà une partie dédiée au commerce. Ensuite le droit commercial va prendre
de l’importance durant la Rome Antique.

Le Moyen-Âge va être aussi une période où des règles sur les activités commerçantes seront
mise en place, car il y a à cette époque un fort développement des foires (comme les Foires

2
Résolution n° 2205 de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

7
de Champagne). Le commerce va aussi être réglementé par l’Église elle-même, car après s’y
être opposée, elle va autoriser les paiements pour le change.

Pour voir l’apparition de règles plus moderne qui régissent l’activité commerciale il faut
attendre la Révolution Française et plus précisément 1791.

Evolution du droit commercial au Maroc / grandes étapes :

Au Maroc, la codification s’est faite au début du siècle dernier. Il est entendu par codification,
un texte écrit et unique qui regroupe l’ensemble des dispositions concernant une matière
déterminée.

Le code de commerce de 1913 : c’est sous le protectorat français que le Royaume s’est doté
d’une première législation écrite réglementant la matière commerciale. Actuellement
abrogée par le code de commerce de 1996, le code de 1913 s’est appliqué pendant 83 ans au
monde des affaires marocain.

Le code de commerce 1913 était la transposition quasi exacte du code de commerce français.
Ce dernier avait pour référence le code civil napoléonien. Le fait de calquer cette situation
pour le droit marocain rendait le travail difficile pour le juriste. En effet, la résultante était que
le code de commerce de 1913 était en dysharmonie avec le DOC avec lequel il devait être en
principe complémentaire.

En effet, les défauts du code français furent transposés au code marocain qui à la veille des
années 90 et avec une volonté affirmée de revoir la législation économique de manière
générale (droit des sociétés, comptabilité des commerçants, droit de la concurrence droit de
la consommation, droit de la propriété industrielle et la création des juridictions de commerce
etc) ; fût abrogé par une législation nouvelle et ambitieuse.

L’adoption du code de 1996 doit être située dans un contexte général visant à mettre les
normes nationales en conformité avec les standards internationaux. Il ne s’agit pas, en effet,
d’une réforme isolée ou limitée dans le temps dans la mesure où cette décennie a
principalement vu la mise à niveau générale du droit des affaires marocain.

La présentation de l’historique du droit commercial, de ses spécificités et de ses sources a


démontré qu’il s’agit d’un droit souple, d’un droit qui a su s’adapter aux différentes mutations
auxquelles il a été confronté.

Force est de constater que le droit commercial est une construction de l’histoire, c’est un droit
destiné aux professionnels du commerce, il exclut de son champ d’application les actes
accomplis à des fins personnels, dans un but bénévole et à l’exclusion de tous profits.

Il s’enrichit notamment par ses sources nationales et internationales. Il connait actuellement


tellement de changement que certaines théories parlent de son remplacement par une notion
beaucoup plus large, à savoir le droit des affaires. Voire même d’un possible déclin du droit
commercial au détriment du droit des affaires.

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Nonobstant ses controverses doctrinales, le propos de ce cours va s’articuler de la manière
suivante :

Présentation du plan :

I- L’acte de commerce
II- Le commerçant
III- Le fonds de commerce
IV- Les effets de commerce
V- Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise

9
Première partie : L’acte de commerce
Acte de commerce ou activité commerciale :

La première question qui se pose en la matière est celle de savoir s’il s’agit d’acte de commerce
ou d’activité commerciale ?

Quelle est la différence entre acte de commerce et activité commerciale ?

Il ressort des dispositions du code de commerce, que lorsqu’il s’agit d’une opération
déterminée par son contenu tel que distribution d’eau, recherche et exploitation des mines
et carrières, le terme activité est utilisé. Le code se réfère ainsi à la notion de profession.

Par contre, le terme acte est notamment utilisé lorsqu’il s’agit d’acte de commerce par la
forme à savoir lettre de change et billet à ordre, ou tout autre acte accomplit par un
commerçant à l’occasion de l’exercice de son commerce sans qu’il soit qualifié expressément
par le code de commerce.

De ce fait, et au-delà des controverses doctrinales, il y a lieu de préciser que la loi a retenu une
conception qui tourne autour des opérations effectuées et non autour des personnes qui
effectuent ces opérations.

Définition de l’acte de commerce :

Le code de commerce ne donne pas une définition de l’acte de commerce. Il se contente


d’énumérer certaines activités qui confèrent la qualité de commerçant à celui qui les exerce
de manière habituelle ou professionnelle (acte de commerce par nature). Tout en qualifiant
certains actes de commerciaux par leur forme, il s’agit de la lettre de change et du billet à
ordre signé même par un non commerçant lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale
(acte de commerce par la forme).

En sus, le code de commerce qualifie d’actes de commerce, les actes accomplis par le
commerçant à l’occasion de l’exercice de son commerce, ce sont les actes de commerce par
accessoire (acte de commerce par accessoire).

Force est de constater que les actes ou les activités énumérées par le code ne deviennent
commerciales que si elles sont répétées, renouvelées et coordonnées entre elles. En effet, ce
n’est pas à raison de leur nature considérée en elle-même, isolément, que ces activités sont
soumises au droit commercial, mais en raison de leur insertion dans une activité d’ensemble,
une activité globale, une activité lucrative qui génère du profit et du gain.

A ce titre, il y a lieu de se demander si l’énumération donnée par le code dans ses articles 6 et
7 a un caractère limitatif ou non. Autrement dit, est-il possible de considérer actes de
commerce certaines activités qui ne sont pas citées par les articles susvisés.

En premier lieu, la formulation des articles ne donne pas un caractère limitatif des listes
données. En outre, il semble que la réponse soit donnée par l’article 8 du code qui dispose

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dans une formulation générale que la qualité de commerçant s’acquiert également par
l’exercice habituel ou professionnel de toutes activités pouvant être assimilées aux activités
énumérées aux articles 6 et 7.

Ainsi, un effort d’interprétation peut être fait pour qualifier d’acte de commerce, certaines
opérations qui ne sont pas listées par le code et déboucher ainsi sur des actes de commerce
par assimilation3.

Il existe trois types d’actes de commerce :

 Les actes de commerce par nature ;


 Les actes de commerce par la forme ;
 Et les actes de commerce par accessoire.

1- Les actes de commerce par nature

Les actes de commerce par nature sont énumérés par l’article 6 et 7 du code de commerce
(l’article 8 vient compléter cette liste en précisant que tous les actes pouvant être assimilés
aux activités susvisées confèrent la qualité de commerçant à celui qui les exerce).

L’article 6 énumère de manière non limitative certaines activités que l’article 7 vient
compéter. Il reste entendu que pour être qualifié d’actes de commerce, lesdites activités
doivent être exercées dans un cadre professionnel et habituel, à savoir dans le but de la
recherche de profit et de gain.

L’on peut regrouper les activités énumérées par les articles susvisés en activité de distribution,
activités de production et activités financières.

Les activités de distribution :

Les actes de distribution tels qu’ils sont énumérés par le code se présentent comme suit :

 L'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature


soit après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;
 La location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;
 L'achat d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation.

Définition des meubles corporels/ incorporels :

Les meubles corporels sont ceux qui peuvent être transportés d’un lieu à un autre (ex. un livre,
un matériel).

Les meubles incorporels sont des droits portant sur des choses mobilières (ex. brevets
d’invention, une créance, la clientèle pour le fonds de commerce).

3
Il semble clair que cet effort d’interprétation ne peut être fait que par le juge pour accorder la qualification
d’acte de commerce.

11
C’est principalement par rapport au concept d’achat pour revendre que l’activité de
distribution est qualifiée.

Le commerçant qui achète pour revendre est un intermédiaire. En amont, il se procure des
biens et, en aval, il les revend. La forme de l’achat est sans influence sur la commercialité de
l’opération, l’essentiel est que l’intéressé se procure les biens en dehors de son entreprise.

En outre, seule l’obtention d’un bien en vue de le revendre est l’indice d’une activité
commerciale. Celui qui achète dans le but de collectionner sans intention de retour sur le
marché n’accomplit pas un acte de commerce, car il ne concourt pas à la circulation des
richesses. Il en va de même de celui qui consomme le bien acheté.

Enfin, cette activité d’achat pour revendre doit être réalisée dans un but de spéculation, de
réaliser du profit. Ce dernier devra être égal à la différence entre le coût des achats et le
produit des reventes. Ainsi, l’achat non suivi de revente ou suivi d’une revente occasionnelle
n’est pas le fait d’un commerçant, ne dégage le plus souvent pas de bénéfice et par
conséquent conserve un caractère civil.

Les activités de production :

Il s’agit de l’industriel qui utilise des matières premières - achetées ou extraites du sol- procède
à leur transformation partielle ou totale (des produits finis ou semis finis) et procède par la
suite à leur revente.

Les opérations de production énumérées par le code se présentent comme suit :

 L’exploitation des mines et carrières ;


 L'activité industrielle ou artisanale ;
 L'imprimerie et l'édition quels qu'en soient la forme et le support ;
 Le bâtiment et les travaux publics.

1-L’exploitation des mines et carrières

L’exploitation des mines et carrières s’inscrit dans le cadre d’une activité commerciale en
raison du fait qu’elle est confiée à des sociétés anonymes qui sont commerciales à raison de
leur forme et quel que soit leur objet. Il semble donc logique de qualifier l’acte en lui-même
de commercial. En effet, au-delà de l’entité qui le réalise, il s’inscrit dans le cadre de la
réalisation d’investissements, importants en rapport avec l’exploration minière, les travaux
miniers et la recherche minière.

D’après le règlement minier, les travaux miniers sont les travaux réalisés en vue de l’extraction
et l’exploitation de produits de mines et comportant notamment ceux relatifs aux tranchées,
aux accès, aux galeries, aux puits et aux ouvrages miniers souterrains ou en surface.

L’exploitation minière est l’étude et travaux concernant l’extraction des produits de mines,
leur traitement, leur valorisation et leur commercialisation.

2-L'activité industrielle ou artisanale

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Il y a lieu de distinguer entre les activités industrielles et artisanales du fait notamment des
moyens utilisés. En effet, dans la mesure où une activité industrielle nécessite des moyens
importants et partant des investissements conséquents, l’activité artisanale se caractérise par
un besoin en investissement relativement moins important.

L’activité artisanale peut être définie comme une activité indépendante de production, de
transformation ou de réparation de biens.

Pour sa part, l’activité industrielle peut être définie comme la production de biens grâce à la
transformation des matières premières et de l’exploitation des sources d’énergie. Elle se
caractérise par deux éléments importants, d’abord, l’utilisation de machines et une division
du travail contrairement à l’activité artisanale ou la même personne assure en théorie
l’ensemble du processus de production.

3- L'imprimerie et l'édition

Il s’agit d’une production qui s’applique à des œuvres de l’esprit. La publication de livres, de
journaux et de revues représentent des activités commerciales. Ainsi, les éditeurs sont des
commerçants, ils achètent le manuscrit d’un auteur pour le transformer en une série
d’exemplaires imprimés.

Tous les éditeurs sont des commerçants, qu’ils éditent des livres, de la musique ou des
disques.

4- Le bâtiment et les travaux publics

Il s’agit des entreprises de construction immobilière. Leur objet porte sur la construction
d’édifices, de ponts, de routes, de ports, d’aéroports qui constituent une activité commerciale
au sens du paragraphe 12 de l’article 6 du code de commerce.

Il y a lieu de signaler que la domiciliation a été ajoutée parmi les activités commerciales par la
loi n° 89-17 modifiant et complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce en date du 20
juin 2019.

Définition de la domiciliation :

Définition de la domiciliation : la domiciliation consiste dans le fait d’attribuer à une entreprise


une adresse postale autre que celle où elle se situe réellement, dans le but d’instaurer une
image plus professionnelle et parfois même plus prestigieuse. C’est également l’opportunité
de recevoir les clients dans un lieu plus adapté que les locaux de l’entreprise.

Les activités financières ou de finance :

- La banque, le crédit et les transactions financières


- Les opérations d'assurances à primes fixes ;
- Le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise ;

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1-La banque le crédit et les transactions financières

L’activité de banque a toujours été considérée comme une activité commerciale en raison
notamment de son objet portant principalement sur la location de la monnaie et la fourniture
de services financiers. Les activités de banque exercées par les établissements de crédit sont
spécifiquement délimitées par le texte juridique les concernant.

La loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés dispose dans son
article premier relatif à son champ d’application que sont considérés comme établissements
de crédit les personnes morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu
de leur siège social, la nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou
celle de leurs dirigeants et qui exercent, à titre de profession habituelle une ou plusieurs des
activités suivantes :

 La réception de fonds du public ;


 Les opérations de crédit ;
 La mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou de leur
gestion.

Les opérations de crédit sont définis par le même texte comme étant tout acte à titre onéreux,
par lequel une personne :

- met ou s’oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour celle-
ci de les rembourser ;

- ou prend, dans l’intérêt d’une autre personne, un engagement par signature sous forme
d’aval, de cautionnement ou de toute autre garantie ;

Sont également assimilées à des opérations de crédit :

 Les opérations de crédit-bail et de location avec option d’achat et assimilées ;


 Les opérations d’affacturage.

Il y a lieu de préciser que le banquier a toujours été considéré comme un commerçant. Dans
le cadre du champ d’application de la loi relative aux établissements de crédit ; trois activités
sont exercées à titre principal par le banquier : le crédit, la réception de fonds du public et les
opérations de crédit-bail.

 Le crédit : c’est l’âme de l’économie, il représente la confiance qu’une personne


accorde à une autre. Le crédit se caractérise également par un élément temporel,
à savoir qu’une personne fournit immédiatement à une autre un service, à charge
pour cette dernière de le rendre plus tard. Il existe donc un décalage temporel
entre l’exécution des deux obligations.
 Les opérations de crédit-bail : une location avec promesse de vente (c’est en même
temps une technique et un contrat).

Les caractéristiques principales des opérations de banque se présentent comme suit :

14
 Il s’agit d’un service financier ;
 Doit disposer d’un agrément spécialement accordé par Bank AL Maghrib pour pouvoir
exercer ;
 Création d’une société anonyme ;
 Exercice à titre habituel et professionnel (recherche de profit) ;
 Ne doit pas outrepasser les activités énumérées par la loi bancaire.

La conséquence de l’exercice des opérations de banque sous forme de sociétés anonymes est
l’application en plus du code de commerce, de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes
qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet.

Les transactions financières telles qu’elles sont prévues par le code de commerce renvoient
aux opérations de bourse sur valeurs mobilières.

La bourse des valeurs mobilières est un marché réglementé sur lequel sont négociés
publiquement les instruments financiers.

2- Les opérations d'assurances à primes fixes

La commercialité s’étend à tous les actes et à toutes les polices d’assurances. Les activités
d’assurance sont obligatoirement réalisées sous forme de société anonyme.

L’assurance peut être définie comme un contrat en vertu duquel, une partie, l’assureur
s’engage moyennant une rémunération à payer une prestation à une autre partie (l’assuré)
ou le bénéficiaire en cas d’une réalisation d’un risque déterminé (le sinistre).

3- Le courtage la commission et toutes autres opérations d’entremise

Ce sont des activités qui sont qualifiées d’intermédiaires. Et cette activité ne suppose ni vente
ni production de nouvelles matières, son rôle principal est de faciliter à d’autres commerçants
ou aux particuliers l’exercice de leur activité sans leur fournir aucun objet matériel. Il constitue
l’agent de liaison indispensable à la circulation des richesses.

Il s’agit de courtier, de commissionnaire d’agent d’affaires :

Le courtier rapproche les parties en vue de la conclusion d’un contrat. C’est un professionnel
du commerce qui pratique l’activité du courtage et dont la mission est de mettre en relation
deux ou plusieurs personnes cherchant à réaliser des opérations telles que l’achat ou la vente
de marchandises, la conclusion d’un contrat d’assurance.

Le commissionnaire, est également un professionnel qui s’entremet dans la formation des


contrats. Mais, à la différence du courtier, il intervient dans cette formation pour le compte
de l’une des parties que l’on nomme le commettant. Il se distingue néanmoins d’un
mandataire ordinaire en e qu’il traite en son propre nom sans révéler aux tiers l’identité du
commettant.

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L’agent d’affaires est un commerçant qui a pour profession habituelle de gérer les affaires
d’autrui litigieuses ou non, de conseiller et de renseigner le public ou d’intervenir en son nom,
moyennant rémunération.

B- Les actes de commerce par la forme

En ce qui concerne les actes de commerce par la forme, le fond de l’acte n’a aucune
importance et c’est la forme de l’acte qui prime. C’est la forme de l’acte qui confère à celui-ci
le caractère de commercialité.

La différence avec les actes de commerce par nature est que le caractère d’habitude et de
professionnalisme n’est pas exigé. En effet, les actes de commerce par la forme acquièrent le
caractère de commercialité du seul fait de leur exécution et nonobstant le caractère de
répétition et de professionnalisme exigé pour les actes de commerce par nature. En outre, ils
n’accordent pas la qualité de commerçant à la personne qui les exerce.

Les principaux actes de commerce par la forme sont la lettre de change et certaines catégories
de sociétés qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet.

1-La lettre de change

La lettre de change également appelée traite est un effet de commerce réglementé par le livre
troisième du code de commerce (articles 159 à 231).

Définition de la lettre de change

Cet effet de commerce n’est pas défini par le code, mais il peut être considéré comme un titre
de paiement et de crédit par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre à l’un de ses
débiteurs (le tiré) de verser à un tiers (le porteur) une certaine somme d’argent déterminée
dans l’effet à une date déterminée.

La signature d’une lettre de change représente un acte commercial même si les signataires ne
sont pas des commerçants. La compétence des tribunaux de commerce est ainsi de mise.

Enfin, reste à signaler que l’article 9 du code commerce dispose que le billet à ordre signé
même par un non-commerçant est qualifié d’acte de commerce. De ce fait, sa commercialité
résulte de la nature commerciale de la transaction qu’il a pour effet de régler.

2- Les sociétés commerciales par la forme

Les sociétés commerciales représentent l’archétype de l’acte de commerce par la forme. En


effet, leur commercialité relève du seul fait de leur constitution sous une forme
spécifiquement qualifiée par la loi de commerciale.

L’article Premier de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes dispose que la société
anonyme est une société commerciale à raison de sa forme et quel que soit son objet.

16
La loi n° 5-96 dispose dans son article 2 que sont commerciales à raison de leur forme et quel
que soit leur objet :

-La société en nom collectif ;

-La société en commandite qui comprend la société en commandite simple et la société en


commandite par actions ;

-La société à responsabilité limitée (SARL).

Ainsi, les sociétés en question sont commerciales même si leur objet est civil. A titre
d’exemple, une société anonyme dont l’objet est l’activité agricole - qui est une activité non
commerciale- demeure une société commerciale.

Il en découle l’application de toutes les dispositions relatives aux commerçants et notamment


les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise telles qu’elles sont
prévues par le livre V du code de commerce.

C- Les actes de commerce par accessoire

L’article 10 du code de commerce dispose que sont également réputés actes de commerce,
les faits et actes accomplis par le commerçant à l’occasion de son commerce, sauf preuve
contraire.

Il s’agit d’activités qui ne sont pas commerciales par leur nature, qui ne sont pas commerciales
par leur forme, elles acquièrent le caractère de commercialité du seul fait de leur dépendance
à des actes commerciaux principalement exercés par le commerçant pour les besoins de son
commerce.

17
Deuxième partie : Le commerçant

Pour assimiler le droit commercial, il est important de savoir qui sont les commerçants
auxquels ce droit est destiné.

Le code de commerce dispose que la qualité de commerçant s'acquiert par l'exercice habituel
ou professionnel des activités qui sont énumérées dans l’article 6 et 7 dudit code.

Le premier critère d’octroi de la qualité de commerçant est selon le code de commerce


l'exercice habituel ou professionnel.

Ainsi le critère de l’habitude suppose que l’exercice n’est ni occasionnel, ni seulement


l’accessoire d’une activité civile principale.

En outre, le critère du professionnalisme renvoie au profit et au gain qui sous-tend toute


activité commerciale. Il a été signalé en introduction que le commerce exclut les actions à titre
bénévole. Toute activité pour être qualifiée de commerciale, doit s’inscrire dans ce but de
recherche de profit et de réalisation de recettes.

Sur un autre plan, il y a lieu de distinguer entre les commerçants personnes physiques et les
commerçants personnes morales. Les commerçants personnes physiques sont identifiées par
rapport à la nature de leur activité. Les commerçants personnes morales, à savoir, les sociétés
sont identifiées par leur forme.

Ainsi, cette partie réservée aux commerçants sera répartie comme suit : le commerçant
personne physique et le commerçant personne morale.

Première section : Le commerçant personne physique


De prime abord, il y a lieu de signaler que la notion de commerçant n’est pas définie par le
code de commerce. Le commerçant est uniquement qualifié par rapport aux activités qu’il
exerce à titre habituel et professionnel.

Ainsi, la qualification de la qualité de commerçant est réelle lorsque les deux critères
d’habitude et de professionnalisme sont effectifs. Et inversement cette qualification pourrait
être retirée si l'un des critères venait à faire défaut.

Etant à signaler que l’acquisition de la qualité de commerçant a été longuement développée


en première partie consacrée aux actes de commerce ; cette section sera principalement
réservée aux obligations du commerçant. Mais auparavant, il y a lieu d’étudier les conditions
d’accès à la profession de commerçant.

En effet, si les actes de commerce par nature accordent automatiquement la qualité de


commerçant à la personne qui les exerce, les actes de commerce par la forme n’octroient pas
la qualité de commerçant s’ils sont effectués par un non-commerçant.

18
A- Les conditions d’accès à la profession de commerçant
Le principe de liberté d’exercice du commerce connait certaines limites qu’il y a lieu d’étudier.

a - La liberté d’exercer le commerce

L’article 35 de la constitution dispose que l’Etat garantit la liberté d’entreprendre. Cette liberté
recouvre la liberté d’exercer le commerce, l’industrie et de manière générale toute activité
économique ayant un but lucratif.

En ce qui concerne le principe, l’exercice du commerce est soumis au principe de la liberté


d’exercice. En effet, toute personne se trouvant sur le territoire national pourrait
éventuellement exercer une activité économique.

La loi marocaine n’exige pas de qualifications ou de compétences particulières pour l’exercice


du commerce. En effet et contrairement aux professions libérales pour qui des diplômes
spécifiques sont exigés et des autorisations particulières ; l’exercice de la profession de
commerçant ne demande pas de prescriptions particulières.

Et dans le même sens, tout changement dans l’exercice de l’activité commerciale, ou arrêt ou
transfert est soumis au même principe de liberté. En règle générale, la qualité de commerçant
peut se perdre aussi aisément qu’elle a été acquise.

b- Les limites à la liberté d’exercice du commerce

Cependant, il y a lieu de signaler que ce principe connait des limites inhérentes d’abord à la
personne même du commerçant et d’autres qui relèvent de l’intérêt général.

1-Les limites concernant la personne qui exerce le commerce :

Les limites au principe d’exercice du commerce sont principalement constituées par la


capacité commerciale. En effet, l’article 12 du code de commerce dispose que la capacité pour
exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel. Ainsi, il est renvoyé à la capacité
légale, pour la fixation de la capacité commerciale. Et selon le code du statut personnel, l’âge
de la majorité légale est fixé à 18 ans révolus.

2-Les limites visant à protéger l’intérêt général :

Cependant et outre la capacité à exercer le commerce, il y a lieu de signaler qu’il existe


d’autres limites à la liberté d’exercice du commerce. Elles sont fondées soit sur l’idée de
protection du commerçant, soit sur l’idée de protection de l’intérêt général. Sur la base de ce
raisonnement, les limites suivantes seront étudiées :

 Les limites administratives ;


 Les incapacités ;
 Et les incompatibilités.

19
- Les limites administratives

L’exercice d’une activité commerciale est subordonné à l’octroi d’une autorisation


administrative. En effet, plusieurs exploitations doivent disposer d’une autorisation
préalablement à l’ouverture et au commencement de l’activité. Lesdites autorisations se
distinguent selon la nature de l’activité et l’importance du secteur concerné. Ainsi, les activités
bancaires et d’assurances sont soumises à des autorisations particulières dites agréments. En
outre, le secteur des mines et carrières exige de par sa particularité des autorisations
spéciales.

Sur un autre plan, il y a lieu de signaler que l’exercice de l’activité commerciale peut déboucher
sur des situations de monopole qui sont interdit par la loi sur la liberté des prix et de la
concurrence. Cette interdiction s’explique par l’incidence des situations de monopole sur les
prix et partant la nécessité de contrôle et d’éviter toute éventualité de concentration pouvant
conduire à une situation de monopole.

Il en découle que les limites administratives ont notamment pour objectif de protéger l’intérêt
général.

- Les incapacités

Elles concernent principalement les mineurs qui ne disposent pas de la capacité légale telle
qu’elle est fixée par le code du statut personnel.

- Les incompatibilités

L’exercice d’un certain nombre de professions est incompatible avec l’exercice de l’activité
commerciale. Ainsi, ne peuvent exercer une activité privée à but lucratif, les fonctionnaires
conformément au statut de la fonction publique.

L’incompatibilité s’applique également aux personnes exerçant des professions libérales


comme les avocats, les notaires, médecins … etc.

B- Les obligations du commerçant


L’acquisition de la qualité de commerçant entraine automatiquement un certain nombre
d’obligations à la charge de la personne qui acquière la qualité de commerçant. Dans ce sens,
les commerçants sont soumis à une obligation de respecter la politique des prix, de payer
certains impôts, voire même appliquer certaines dispositions du droit du travail lorsqu’ils ont
des employés. A ce titre, il y a lieu de préciser qu’il s’agit d’obligations qui sont communes
entre les commerçants personne physique et les commerçants personne morale. Seulement,
les commerçants personnes morales sont soumis en plus des obligations susmentionnées, à
l’impôt sur les sociétés auquel ne sont pas soumis les commerçants personne physique.

On va étudier les principales obligations auxquelles sont soumis les commerçants, à savoir :

 L’immatriculation au registre du commerce

20
 Les obligations comptables du commerçant.

1- L’immatriculation au registre du commerce

On va d’abord étudier la nature juridique du registre du commerce et après on va étudier


toutes les inscriptions qui peuvent être effectuées au niveau du registre du commerce.

a- Le registre du commerce

Le registre du commerce est un document qui centralise un certain nombre d’informations


légales et qui permet de mettre à la disposition du public une documentation précise sur les
caractéristiques des commerçants et des entreprises commerciales.

Il y a lieu de signaler que le code de commerce a subi plusieurs modifications portant sur le
support du registre du commerce. En effet, au départ il s’agissait d’un simple document
administratif tenu au siège du tribunal compétent. Mais la réforme la plus récente a modifié
l’institution même du registre du commerce et a accordé à l’immatriculation au registre des
conséquences juridiques importantes. En effet, le registre du commerce assure aujourd’hui
une certaine centralisation de la publicité commerciale.

Le registre du commerce constitue une base de données regroupant toutes les personnes
physiques ou morales exerçant une activité commerciale sur le territoire national. En effet, il
est destiné à centraliser un certain nombre d’informations légales et de mettre à la disposition
du public une documentation précise sur les caractéristiques des commerçants et des
entreprises commerciales. A ce titre, il y a lieu de signaler que le registre central du commerce
est public et peut éventuellement être consulté par toute personne intéressée.

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux et un registre central (article
27 du code de commerce). Il y a lieu de signaler que la réforme du code de commerce en date
du 9 janvier 2019 (loi n° 89-17) a créé un registre électronique du commerce. En effet, la forme
électronique devient le principal outil du registre du commerce. Aussi bien le registre central
que les registres locaux, prennent la forme électronique. La seule différence entre les deux
registres est leur tenue. En effet, chacun est tenu par une entité différente.

 Le registre local du commerce : Le registre local est tenu par le secrétariat-greffe


du tribunal compétent. Toute inscription au registre du commerce d’un nom de
commerçant ou d’une dénomination commerciale doit être requise par voie
électronique à travers la fenêtre dédiée dans la plateforme électronique relative à
la création et à l’accompagnement d’entreprises par voie électronique (loi n° 88-17
relative à la création et à l’accompagnement d’entreprises par voie électronique) au
secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de l’établissement principal du
commerçant ou du siège de la société.
 Le registre central du commerce : Le registre central du commerce est tenu par
l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale. Le registre central
est public, il peut être consulté à travers la plateforme électronique de création et
d’accompagnement d’entreprises par voie électronique.

Le registre central est destiné à :


21
- Centraliser, pour l’ensemble du Royaume les renseignements mentionnés dans
les divers registres locaux ;
- Délivrer les certificats relatifs aux inscriptions des noms de commerçants,
dénominations commerciales et enseignes ainsi que les certificats et copies relatifs
aux autres inscriptions qui y sont portées ;
- Publier au début de chaque année, un recueil donnant tous renseignements sur
les noms de commerçants, les dénominations commerciales et les enseignes qui
lui sont transmis.

b- Les inscriptions au registre du commerce

Sont tenues à une obligation de se faire immatriculer au registre du commerce toutes les
personnes physiques et morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité
commerciale sur le territoire du Royaume.

En outre, cette règle générale est complétée par d’autres mesures, à savoir l’immatriculation
s’impose également aux organismes suivants :

- à toute succursale ou agence d’entreprise marocaine ou étrangère ;


- à toute représentation commerciale ou agence commerciale des Etats, collectivité ou
Etablissements Publics étrangers ;
- aux établissements publics marocains à caractère industriel ou commercial qui sont
soumis par leurs lois à l’immatriculation au registre du commerce ;
- et à tout groupement d’intérêt économique.

Les inscriptions au registre du commerce comprennent les immatriculations, les inscriptions


modificatives et les radiations (article 36 du code de commerce).

 Les immatriculations : L’immatriculation est constituée par l’acte d’inscription


initial qui doit être effectué par tout commerçant préalablement au
commencement de son activité.

Effet de l’immatriculation : l’immatriculation au registre du commerce suppose l’acquisition


de la qualité de commerçant. En effet, l’article 58 dispose que toute personne physique ou
morale immatriculée au registre du commerce est présumée, sauf preuve contraire, avoir la
qualité de commerçant avec toutes les conséquences qui en découlent.

 Les inscriptions modificatives : Elles concernent tout changement ou modification


se rapportant aux faits dont l’inscription sur le registre du commerce est prescrite
par les articles 42 à 48 doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative.

Les articles mentionnés renvoient notamment au nom et prénom et l’adresse personnel du


commerçant, le numéro de sa carte d’identité nationale, la date et le lieu de sa naissance, le
régime matrimonial du commerçant étranger, l’activité effectivement exercée, le lieu où est
situé le siège de son entreprise, les indications sur l’origine du fonds de commerce … etc.

22
Il en découle que toute modification portant sur les informations qui sont exigées initialement
pour l’immatriculation au registre du commerce, doit être rapportée par une mention
modificative sur le même registre.

 Les radiations : quand un commerçant cesse d’exercer son commerce ou vient à


décéder sans qu’il y ait cession de commerce ou quand une société est dissoute, il
y a lieu de procéder à la radiation de l’immatriculation. Ainsi, le nom du
commerçant ou la dénomination sociale de la société est retiré du registre du
commerce et perd toute existence juridique.

2- Les obligations comptables du commerçant

La tenue d’une comptabilité régulière est une obligation ancienne, majeure et caractéristique
du statut de commerçant. Indispensable à une bonne gestion, elle a principalement pour
objectifs de donner une image fidèle sur les comptes du commerçant (personne physique et
morale).

Le commerçant tient une comptabilité conformément aux dispositions de la loi n° 9-88 relative
aux obligations comptables des commerçants (article 19 du code de commerce).

Toute personne physique ou morale ayant la qualité de commerçant au sens du code de


commerce est tenue de tenir une comptabilité dans les formes prescrites par la loi.

Le commerçant est tenu d’établir deux sortes de documents :

 Les livres comptables ;


 Et les états de synthèses.

a- Les livres comptables : ils sont au nombre de 3, le livre journal, le grand livre et le livre
d’inventaire. Il s’agit de livres dont la tenue est obligatoire par tout commerçant.

Le livre journal enregistre les mouvements qui affectent le patrimoine du commerçant,


opération par opération et jour après jour. Tout enregistrement comptable précise l'origine,
le contenu et l'imputation du mouvement ainsi que les références de la pièce justificative qui
l'appui. Ces mouvements sont enregistrés chronologiquement, opération par opération et
jour par jour.
Le grand livre reprend les enregistrements du livre journal selon le plan de comptes du
commerçant. Le plan de comptes doit comprendre des classes de comptes de situation, des
classes de comptes de gestion et des classes de comptes spéciaux.
Enfin, le livre d’inventaire transcrit le bilan et le compte de produits et charges de chaque
exercice.
Le livre-journal et le livre d'inventaire sont cotés et paraphés par le greffier du tribunal de
première instance du siège de l'entreprise. Chaque livre reçoit un numéro répertorié par le
greffier sur un registre spécial.

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b- Les états de synthèses : ont un caractère annuel, sont établis à la clôture de chaque
exercice sur le fondement des enregistrements comptables et de l'inventaire retracés dans le
livre-journal, le grand-livre et le livre d'inventaire.

Ces états de synthèse comprennent le bilan, le compte de produits et charges, l'état des soldes
de gestion, le tableau de financement et l'état des informations complémentaires. Ils forment
un tout indissociable.
Enfin, reste à signaler que l’intérêt de tenir une comptabilité qui soit régulière et conforme
aux prescriptions légales est celui de faire preuve entre commerçants.

24
Deuxième section : Le commerçant personne morale
Les commerçants personnes morales, à savoir, les sociétés sont identifiées par leur forme. En
effet, il existe des sociétés qui sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet.

Il s’agit respectivement des sociétés anonymes, de la société en nom collectif ; de la société


en commandite simple ; de la société en commandite par actions et de la société à
responsabilité limitée (SARL).

Définition de la société : il y a lieu de signaler que le dahir formant code des obligations et des
contrats définit la société comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent
en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois en vue de partager le bénéfice
qui pourra en résulter.
Cependant, il y a lieu de signaler que la définition susvisée est incomplète, elle ne prend pas
en considération toute les caractéristiques de la société. A ce titre, il y a lieu de signaler que
la société peut aussi être considérée comme un groupement de personnes doté de la
personnalité morale qui lui permet d’avoir un patrimoine distinct de celui de ses membres.
Il découle de la définition de la société, deux critères importants indispensable pour
l’acquisition de la qualité de société : le critère de la personne morale et le critère du profit.
En effet, la personne morale renvoie à l’idée d’une personnalité juridique distincte de la
personnalité des membres qui composent la société. En outre, la réalisation du profit dans la
vie de la société est la finalité même de sa création.
Il y a lieu de signaler les multiples avantages que procure la formation d’une entreprise sous
forme sociétaire. En effet, la société en tant que forme juridique procure une organisation des
moyens et du travail selon des dispositions qui sont fixées par la loi.
En outre, la vie de la société est indépendante de la vie de ses fondateurs, membres,
actionnaires et dirigeants (la personne morale).
Enfin, la possibilité de recourir à l’épargne publique en ce qui concerne les sociétés de
capitaux.
Cette section relative aux sociétés commerciales par leur forme sera répartie comme suit :
- Constitution de la société anonyme ;
- Organisation et fonctionnement de la société anonyme ;
- Contrôle des sociétés anonymes.

A- Constitution de la société anonyme


La société anonyme est la forme de société la plus élaborée qui a atteint un degré de
perfectionnement et d’efficacité inégale. C’est ce qui explique l’intérêt qu’elle suscite au
niveau de la recherche.
La société anonyme est constituée par l'accomplissement des quatre actes ci-après :
25
 La signature des statuts par tous les actionnaires ; à défaut, la réception par le ou
les fondateurs du dernier bulletin de souscription ;
 La libération de chaque action de numéraire d'au moins le quart de sa valeur
nominale, conformément à l'article 21 ;
 Le transfert à la société en formation des apports en nature après leur évaluation
conformément aux articles 24 et suivants ;
 L'accomplissement des formalités de publicité prévues à l'article 31.

1- Les statuts
Les statuts de l’entreprise constituent un contrat entre les actionnaires. Ils déterminent les
règles de fonctionnement de la société, les relations des actionnaires entre eux ainsi que les
rapports à l’égard de la société d’une part et des tiers d’autre part.
Les statuts de la société doivent être établis par écrit (article 11 de la loi relative aux sociétés
anonymes) en autant d’exemplaires que nécessaire. Ils sont signés obligatoirement par tous
les actionnaires.
Les statuts doivent contenir principalement les mentions suivantes :
- La forme,
- La durée qui ne peut excéder 99 ans,
- La dénomination,
- Le siège,
- L'objet,
- Le montant du capital

D’autres mentions doivent également figurer dans les statuts, à savoir :

- Le nombre d'actions émises et leur valeur nominale, en distinguant, le cas échéant, les
différentes catégories d'actions créées et les droits afférents à chacune de ces
catégories.
- La forme, soit exclusivement nominative, soit nominative ou au porteur, des actions ;
- En cas de restriction à la libre négociation ou cession des actions, les conditions
particulières auxquelles est soumis l'agrément des cessionnaires ;
- L'identité des apporteurs en nature, l'évaluation de l'apport effectué par chacun d'eux
et le nombre d'actions remises en contrepartie de l'apport ;
- L'identité des bénéficiaires d'avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- Les clauses relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes
de la société
- Les dispositions relatives à la répartition des bénéfices, à la constitution de réserves et
à la répartition du boni de liquidation.

26
2- Le capital
Le capital social d’une entreprise correspond au montant total des apports de biens et
d’argent réalisés par les associés ou les actionnaires en contrepartie de droits sociaux. Le
capital est divisé en actions dont la valeur nominale est de 50 dirhams au minimum.

- Montant du capital :

Le capital d’une société anonyme doit être égal ou supérieur à 300 000 dirhams. Lorsque la
société fait appel public à l’épargne, le capital doit être égal ou supérieur à 3 millions de
dirhams.

Il y a certaines exceptions en matière du montant du capital. En effet, pour des entreprises


particulières, la loi exige des montants précis plus important que ceux prévus par l’article 6 de
la loi relative à la société anonyme.

Il s’agit des organismes suivants :

- Les établissements de crédit agrées en tant que banque : le capital doit être de
100 000 000 dirhams, et lorsque l’établissement de crédit fait appel public à l’épargne
le capital doit être de 200 000 000 dirhams ;
- Les sociétés de financement agrées pour effectuer des opérations de crédit à la
consommation : le capital doit être de 20 000 000 de dirhams.
- Les sociétés d’assurance : le capital doit être de 50 000 000 dirhams.

Lesdites exceptions se justifient par l’objet particulier dans lequel opèrent les établissements
susmentionnés. En effet, domaine financier par excellence, il a une répercussion directe sur
l’équilibre de l’économie. Dans ce sens, la constitution d’un capital plus important que pour
les autres sociétés anonymes se justifie pleinement.

- Nature du capital

Le capital de la société anonyme est divisé en actions négociables représentatives d'apports


en numéraire ou en nature à l'exclusion de tout apport en industrie. Ce dernier ne permet pas
d’octroyer la qualité d’actionnaire, il ne peut déboucher que sur la conclusion d’un contrat de
prestations de services ou d’un contrat de travail par exemple. Il en découle que l’apport en
industrie est interdit en droit marocain, puisqu’il n’ouvre pas droit à l’octroi d’actions.

L’apport en numéraire est le versement d’argent en contrepartie de l’acquisition de la qualité


d’actionnaire de la société. Ce versement peut être fait par n’importe quel moyen légal de
paiement (virement, chèque dûment signé).

A ce titre, il y a lieu de distinguer entre la souscription et la libération de l’apport. En effet,


dans la mesure où la souscription correspond beaucoup plus à une promesse de s’acquitter
de l’apport, la libération correspond au paiement effectif et dans les sociétés anonymes, la loi
exige la libération du quart au moins de la valeur nominale des actions.

27
La libération du reste doit intervenir en une ou sur plusieurs étapes dans un délai qui ne peut
excéder 5 ans.

La souscription est la promesse faite par les futurs actionnaires


pour effectuer l’apport.
L’apport en nature n’est pas défini par la loi relative aux sociétés anonymes. Il peut cependant
être considéré comme tout apport qui porte à l’exclusion de tout apport en argent, sur un
bien matériel ou immatériel.

Les apports en nature constituent une alternative idéale pour ceux qui veulent souscrire au
capital d’une société, mais ne disposent pas des liquidités nécessaires pour le faire. Ils
peuvent, de ce fait, apporter des biens, du matériel, des locaux, des fonds de commerce, des
brevets d’invention … etc.

Les actions représentatives d'apports en nature sont libérées intégralement lors de leur
émission. Les statuts contiennent la description et l'évaluation des apports en nature.

Une procédure de vérification est mise en place pour l’évaluation de ses apports en nature.
En effet, l’article 25 de la loi relative aux sociétés anonymes dispose qu’un commissaire aux
apports est nommé parmi les personnes habilitées à exercer les fonctions de commissaires
aux comptes.

Il a principalement pour mission de vérifier que la valeur des apports correspond au moins à
la valeur nominale des actions à émettre.

3- L’accomplissement des formalités de publicité


A l’instar du commerçant personne physique, toutes les sociétés sont obligés de respecter un
certain nombre de formalités en ce qui concerne leur publicité. En ce qui concerne, la société
anonyme, cette formalité est davantage renforcée.

En effet, a peine d'irrecevabilité de la demande d'immatriculation de la société au registre du


commerce, les fondateurs et les premiers membres des organes d'administration, du
directoire et du conseil de surveillance sont tenus de déposer au greffe (Cf. article 31 de la loi
relative aux sociétés anonymes):

 L'original ou une expédition des statuts ;


 Une expédition du certificat de souscription et de versement des fonds indiquant les
souscriptions au capital social ainsi que la part des actions libérée par chaque actionnaire ;
 La liste légalisée des souscripteurs indiquant, outre leur prénom, nom, adresse, nationalité,
qualité et profession, le nombre des actions souscrites et le montant des versements effectués
par chacun d'eux
 Le rapport du commissaire aux apports, le cas échéant ;

28
 Une copie du document de désignation des premiers membres des organes d'administration,
de gestion ou de direction et des premiers commissaires aux comptes, lorsque ladite
désignation intervient par acte séparé.

Après la mise en place des formalités de publicité susvisées, la société peut être immatriculée
au registre du commerce, conformément à la législation relative audit registre.

B- Organisation et fonctionnement de la société anonyme


La société anonyme est une société qui ne peut être gérée selon le bon vouloir des
actionnaires. En effet, la loi réglemente de manière précise et verrouillée l’ensemble des
étapes de constitution, d’organisation et de fonctionnement, mais aussi du contrôle de la
société anonyme.

Ainsi, il sera successivement question d’étudier les organes suivants :

- Les assemblées générales ;


- Le conseil d’administration ;
- Le conseil de surveillance et le directoire dans la formule dualiste de gestion de la
société anonyme.

La société anonyme est la seule forme de société qui admet deux formules de gestion
différentes. En effet, on peut être en présence de société anonyme à conseil d’administration
et la société anonyme à directoire et conseil de surveillance.

29
1- Les assemblées générales

L’assemblée générale est l’organe le plus élevé dans la structure hiérarchique de la société
anonyme. Il dispose d’attributions propres qui ne peuvent être exercées par d’autres organes
de la société. Il s’agit d’un organe démocratique de la société, puisque les décisions sont prises
par voie de vote après délibération.

Les assemblées générales sont ordinaires ou extraordinaires. Elles représentent l’ensemble


des actionnaires (article 108 de la loi relative aux sociétés anonymes).

- L’assemblée générale ordinaire : Elles sont amenées à prendre toutes les décisions qui
n’entrainent pas la modification des statuts. Elles ont une compétence d’ordre
générale, à savoir qu’elles peuvent prendre toutes les décisions qui ne relèvent pas
d’autres organes. L’assemblée doit obligatoirement se réunir une fois par an dans les
6 mois qui suivent la clôture de l’exercice.
- L’assemblée générale extraordinaire : Lorsque l’assemblée générale ordinaire se
réunie de manière extraordinaire. L'assemblée générale extraordinaire est seule
habilitée à modifier les statuts dans toutes leurs dispositions et à autoriser la ou les
cessions de plus de 50% des actifs de la société.

Les assemblées d’actionnaires qui se tiennent au cours de la vie sociale sont générales ou
spéciales.

Les assemblées spéciales : ne réunissent que les titulaires d’une même catégorie d’action
pour veiller à la préservation de leurs intérêts. Ils ont, en effet, des intérêts différents des
titulaires d’autres catégories d’actions.

2- Le conseil d’administration

C’est la gestion classique de la société anonyme avec un conseil d’administration et un


directeur ou un directeur général. Elle repose principalement sur la distinction entre les
fonctions du conseil d’administration qui est chargée de prendre les décisions importantes
pour le fonctionnement de la société et le directeur qui est chargé de la gestion de celle-ci.

Le conseil d’administration est un organe collégial qui est composé d’administrateurs nommés
par l’assemblée générale de la société (les actionnaires de la société). La principale
caractéristique de l’existence du conseil d’administration est le besoin de créer un équilibre
de pouvoir au sein de la société de sorte que les décisions ne soient pas prises à titre individuel
par le directeur et qu’elles soient prises à titre collectif au niveau du conseil d’administration.

- Le conseil d’administration est composé de 3 membres au moins et de 12 membres au


plus. A ce titre, il est important que le nombre des membres du conseil soit contrôlé
en raison du bon fonctionnement du conseil et de la rapidité dans la prise de décision.

Ce nombre peut être dépassé dans les situations suivantes :

30
 Les sociétés cotées en bourse : le nombre des membres du conseil
d’administration peut être porté à 15 administrateurs (article 39 de la loi relative
aux sociétés anonymes) ;
 La fusion entre deux ou plusieurs sociétés : le nombre des administrateurs qui
étaient en fonction depuis six mois, sans que ce nombre puisse dépasser 24 si
aucune des sociétés n’est cotée à la bourse, 27 si l’une d’elle est cotée et 30 si les
deux sont cotées à la bourse.

L’administrateur indépendant : est une personne qui n’entretient aucune relation n’a aucun
lien avec la société ou sa direction qui pourrait éventuellement compromettre son
indépendance. En outre, il ne doit pas être salarié dans l’entreprise ou exercer une fonction
dans la direction de la société. Au fait, il ne doit avoir aucun lien supposé ou réel avec la société
de manière directe comme susvisé ou indirecte (à travers un fournisseur, un client,
actionnaire, banquier … etc).

C’est la réforme la plus récente de la loi relative à la société anonyme (6 juin 2019, loi n° 20-
19) qui prévoit la nomination d’un ou plusieurs administrateurs indépendants dans les
sociétés anonymes faisant appel public à l’épargne.

L'administrateur indépendant doit satisfaire aux conditions suivantes (article 41 bis de la loi relative à la société anonyme) :
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) années précédant sa nomination, salarié ou membre des organes d'administration, de
surveillance ou de direction de la société ;
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) dernières années, représentant permanent, salarié ou membre de l'organe
d'administration, de surveillance ou de direction d'un actionnaire ou d'une société que ce dernier consolide ;
- ne pas avoir été, au cours des trois (3) dernières années, membre de l'organe d'administration ou de surveillance ou de direction,
d'une société dans laquelle la société détient une participation quel que soit son pourcentage ;
- ne pas être, membre de l'organe d'administration, de surveillance ou de direction d'une société dans laquelle la société dispose
d'un mandat au sein de l'organe d'administration ou de surveillance, ou dans laquelle un membre des organes d'administration
ou de surveillance ou de direction de la société, en exercice ou l'ayant été depuis moins de trois (3) ans, détient un mandat au
sein de son organe d'administration, de surveillance ou de direction ;
- ne pas avoir été ou avoir représenté, durant les trois (3) dernières années, un partenaire commercial ou financier ou exerçant
une mission de conseil auprès de la société ;
- ne pas avoir un lien de parenté jusqu'au deuxième degré avec un actionnaire ou un membre du conseil d'administration de la
société ou son conjoint;
- ne pas avoir été commissaire aux comptes de la société au cours des six (6) années précédant sa nomination.

3- Le directoire et le conseil de surveillance

La société anonyme à directoire et conseil de surveillance est inspirée d’une technique du


droit allemand qui répartit les pouvoirs au sein de la société entre le directoire et le conseil de
surveillance.

- Le directoire : est composé de deux à cinq membres, sauf pour les sociétés cotées ou
ce nombre peut être porté à 7. Ce principe de collégialité n’est pas obligatoire, puisque
la loi permet aux sociétés dont le capital est inférieur à 1 500 OOO dirhams, d’avoir
une seule personne à la place du directoire avec le titre de directeur général unique
(article 78 et 79 de la loi relative aux sociétés anonymes).

Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au
nom de la société. Cependant les pouvoirs du directoire doivent être exercés dans la limite de
l’objet social tel qu’il est fixé par les statuts de la société.

31
- Le conseil de surveillance : est composé de 3 membres au moins et de 12 membres au
plus. ce nombre peut être porté à 15 lorsque les actions de la société sont inscrites à
la bourse des valeurs. et en cas de fusion, ce nombre peut être porté à 24, 27 ou même
30.

Le conseil de surveillance a pour fonction de contrôler le directoire au nom et pour le


compte des actionnaires.

Reste à signaler que chaque membre du conseil de surveillance doit être propriétaire d’un
nombre d’actions de la société déterminé par les statuts.

C- Le contrôle de sociétés anonymes

Le contrôle effectif des sociétés anonymes est exercé par les commissaires aux comptes
conformément aux dispositions de la loi relative aux sociétés anonymes (article 159 à 181).

Le commissaire aux comptes est un organe légal de la société anonyme, autrement dit,
toute société anonyme doit désigner au moins un commissaire aux comptes.

Le commissaire aux comptes doit obligatoirement être inscrit à l’ordre des experts
comptables. En effet l’article 160 de la loi relative aux sociétés anonyme dispose que nul
ne peut exercer les fonctions de commissaire aux comptes s'il n'est inscrit au tableau de
l'ordre des experts comptables.

Chaque société anonyme est obligée de désigner un ou plusieurs commissaires aux


comptes. Le commissaire aux comptes est chargé d'une mission de contrôle et du suivi des
comptes sociaux.

Le commissaire aux comptes est investi d’une mission générale de contrôle des comptes.
En effet l’article 166 de la loi relative aux sociétés anonymes dispose que le ou les
commissaires aux comptes ont pour mission permanente, de vérifier, les valeurs et les
livres, les documents comptables de la société et de vérifier la conformité de sa
comptabilité, aux règles en vigueur.

Ils vérifient également la sincérité et la concordance, avec les états de synthèse, des
informations données dans le rapport de gestion du conseil d'administration ou du
directoire et dans les documents adressés aux actionnaires sur le patrimoine de la société,
sa situation financière et ses résultats.

Dans le cadre de leurs attributions, il est interdit aux commissaires aux comptes toute
immixtion dans la gestion de la société.

Enfin, le commissaire aux comptes dispose d’un droit d’information très étendu. En effet,
pour remplir ses missions dans les meilleures conditions, il devra de toute l’information
nécessaire en rapport avec la vie de la société et pas uniquement l’information comptable.

Ainsi, le commissaire aux comptes assiste aux réunions du conseil d’administration et du


directoire. En plus de l’obligation d’être convoqué à toutes les assemblées d’actionnaires.

32
A toute époque de l'année, le ou les commissaires aux comptes peuvent se faire communiquer sur place
toutes les pièces qu'ils estiment utiles à l'exercice de leur mission et notamment tous contrats, livres,
documents comptables et registres de procès-verbaux (article 167).

33
Troisième Partie : Le fonds de commerce
Cette troisième partie consacrée au fonds de commerce sera successivement
réservée à étudier la définition du fonds de commerce, ses principaux
éléments constitutifs et enfin, les opérations pouvant porter sur ledit fonds.

I- Définition du fonds de commerce :

Le fonds de commerce fait l’objet du livre deuxième du code de commerce


(articles 79 à 158). Le code de commerce définit le fonds de commerce
comme un bien meuble incorporel constitué par l’ensemble de biens
mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de plusieurs activités commerciales.

Le fonds de commerce comprend obligatoirement, la clientèle et


l’achalandage. Il comprend aussi, tous les autres biens nécessaires à
l’exploitation du fonds tels que le nom commercial, l’enseigne, le droit au bail,
le mobilier commercial, les marchandises, le matériel et l’outillage, les
brevets d’invention, les licences, les marques de fabrique, de commerce et
de service, les dessins et modèles industriels et, généralement tous droits de
propriété industrielle, littéraires ou artistiques qui y sont attachés.

De ce fait, si le fonds de commerce est considéré comme une notion


juridique, il représente également une valeur économique puisqu’il constitue
le dénominateur commun entre le concept d’entreprise et de société.

II- Les éléments constitutifs du fonds de commerce

Ainsi, le fonds de commerce peut être considéré comme un ensemble


d’éléments. On verra successivement, la clientèle et l’achalandage et les
éléments corporels et incorporels qui constituent le fonds de commerce.

A- La clientèle et l’achalandage
Il semble évident de préciser que la clientèle et l’achalandage font partie des
éléments incorporels du fonds de commerce. La clientèle renvoie aux
personnes qui sont attirées par les qualités personnelles du commerçant.
Tandis que l'achalandage renvoie quant à lui aux personnes qui sont attirées
par l’implantation de l’établissement commercial, de sa situation
géographique et de ses propositions. Il s’agit de la clientèle offerte par la
situation géographique d’un lieu (capacité attractive des clients en raison de
l’emplacement d’un commerce). Reste à signaler que l’achalandage désigne
la clientèle occasionnelle ou de passage.
34
La clientèle représente l’âme du fonds de commerce, sans laquelle il n’a pas
d’existence réelle. En effet, la disparition de la clientèle entraine la disparition
du fonds de commerce. De même, une session d’un fonds de commerce
entraine automatiquement, le renoncement du commerçant vendeur, à la
clientèle qui est attachée audit fonds.

Ainsi, elle représente l’ensemble des personnes qui ont avec la maison de
commerce (entendue dans le sens de commerçant pour ses qualités
personnelles et les caractéristiques professionnelles de l’entreprise
commerciale).

B- Les éléments corporels


Les éléments corporels qui composent le fonds de commerce sont constitués
principalement par le matériel et les marchandises.

1- Le matériel : l’outillage du fonds, le mobilier, les machines, voitures,


équipements informatiques … etc qui servent et sont utilisés dans
l’exploitation du fonds de commerce. Il s’agit d’un élément qui est supposé
avoir plus d’importance dans l’industrie que dans l’activité commerciale en
raison de la nature de l’activité industrielle dans la production et la création
de nouveaux produits.

A ce titre, il y a lieu de préciser que dans la mesure ou le commerçant est


seulement locataire dudit matériel (dans le cas de leasing ou crédit-bail), le
matériel ne fait pas partie du fonds de commerce, il n’en constitue pas un
élément constitutif).

2- Les marchandises : qui peuvent être considérés comme l’ensemble des


biens destinés à la vente représentent la deuxième catégorie des éléments
corporels qui constituent le fonds de commerce. Elles constituent le stock qui
est destiné à être vendu dans le cadre du commerce entrepris par le
commerçant. Elles sont appelées en sciences économiques d’actifs circulants.

C- Les éléments incorporels


Il y a lieu de signaler que certains auteurs considèrent la clientèle et
l’achalandage parmi les éléments incorporels du fonds.

A notre sens, la clientèle et l’achalandage constituent à la fois des éléments


corporels et incorporels.

35
En ce qui concerne les éléments incorporels, ils sont constitués
principalement par le droit au bail et les droits intellectuels.

1-Le droit au bail : constitue un élément très important parmi tous les
éléments composant le fonds de commerce. Il s’agit d’une composante
immatérielle du fonds de commerce. Ainsi, lorsque le commerçant veut
exploiter un fonds de commerce, il a besoin de locaux pour y élire son
exploitation. Dans la majorité des cas, le commerçant conclue un contrat de
bail avec le propriétaire des locaux. Le commerçant devient donc un simple
locataire et le contrat de bail qui le lie au propriétaire fait partie intégrante
des éléments constituant le fonds de commerce.

2-Les droits intellectuels : il s’agit des droits immatériels pouvant porter sur
la propriété industrielle et commerciale.

Ainsi, l’immatriculation au registre du commerce permet d’inscrire


l’enseigne commerciale et le nom commercial afin d’éviter toute possibilité
d’imitation ou de doublage. Dans ce sens, le nom à inscrire sur le registre du
commerce doit ne pas avoir été utilisé auparavant par une autre enseigne
commerciale. Il en découle, la constitution de cette propriété commerciale
qui est constitutive des éléments incorporels du fonds de commerce.

En ce qui concerne la propriété industrielle, elle constitue un axe majeur de


la propriété intellectuelle, elle-même qualifiée d’éléments incorporel,
immatériel.

La propriété industrielle comprend principalement, les brevets d’invention,


les dessins et modèles, les marques de fabrique, de commerce et de service.

Selon l’office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC)4,


la propriété industrielle est une composante de la Propriété Intellectuelle qui
désigne les œuvres de l’esprit. Elle permet la protection et la valorisation des
inventions, des innovations et des créations.

4
Cf.ompic.org.ma.

36
Elle peut être définie comme l’appellation générique des monopoles
reconnus aux inventeurs et aux créateurs pour l’exploitation, sous toutes les
formes, des produits de leur imagination, de leur art, de leur expertise
technique ou de leur recherche scientifique. Après son enregistrement en
bonne et due forme, la propriété industrielle devient constitutive d’un
monopole d’exploitation au profit de la personne au nom duquel elle a été
enregistrée.Le brevet d’invention : il a pour objet de protéger l’invention
découverte par l’inventeur. il s’agit d’un titre de propriété industrielle
protégeant une invention pour une durée de 20 ans5.

 Les dessins et modèles : ils peuvent être protégés par une procédure
d’inscription au registre des dessins et modèles industriels tenu par
l’OMPIC. l’enregistrement d’un dessin ou modèle industriel donne
lieu à l’établissement d’un titre de propriété industrielle se présentant
comme suit : « certificat d’enregistrement de dessin ou modèle
industriel ».

III- Les opérations pouvant être conclues sur le fonds de commerce

Plusieurs opérations de nature juridique peuvent éventuellement affecter la


vie du fonds de commerce. En effet, ledit fonds peut être vendu, il peut faire
l’objet d’un apport en nature dans le cadre de la constitution d’une société
et enfin, il peut être affecté d’un nantissement.

- La vente du fonds de commerce ;


- L’apport en société du fonds de commerce ;
- Et le nantissement du fonds de commerce.

A-La vente du fonds de commerce


Elle est régie par les articles 81 à 103 du fonds de commerce. L’acte de vente
du fonds de commerce est constaté par la forme authentique ou sous seing
privé. L’article 81 du code de commerce énumère les mentions obligatoires
que cet acte de vente doit contenir. Il s’agit notamment de :

- Le nom du vendeur, la date et la nature de son acte d’acquisition, le prix


de cette acquisition en spécifiant distinctement les prix des éléments
incorporels, des marchandises et du matériel ;
- L’état des inscriptions des privilèges et nantissements pris sur le fonds ;
- S’il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer actuel, le nom et
l’adresse du bailleur ;
- L’origine de la propriété du fonds de commerce.
37
Il y a lieu de signaler que la vente du fonds de commerce est un acte important.
Le fonds de commerce constituant dans la majorité des cas, le bien le plus
important du commerçant. En effet, il en découle que si l’acte est soumis à la
liberté de commerce, le législateur a dans le cadre des dispositions du code de
commerce encadré les formalités et les mesures juridiques qui entourent ledit
acte de vente. Il en découle les spécifications dans le contrat de vente
susmentionnées. Mais, également l’obligation que la partie du prix qui est
payable au comptant soit déposée auprès d’une instance habilitée à conserver
des dépôts.

L’acte de vente du fonds de commerce est soumis aux formalités de publicité


prévues par l’article 83 du code de commerce qui dispose qu’après
enregistrement, une expédition de l’acte notarié ou un exemplaire de l’acte sous
seing privé doit être, dans les 15 jours de sa date déposé au secrétariat-greffe du
tribunal dans le ressort duquel est exploité le fonds ou le principal établissement
du fonds si la vente comprend des succursales.

Un extrait de cet acte est inscrit au registre du commerce. L’extrait inscrit au


registre du commerce est publié en entier et sans délai par le secrétaire-greffier
aux frais des parties au Bulletin Officiel et dans un journal d’annonces légales.

B- L’apport en société du fonds de commerce

En tant que valeur juridique, le fonds de commerce peut être apporté dans le
cadre de la constitution de la société.

Ainsi, l’apport en société du fonds de commerce donne lieu à une contrepartie


dont va disposer l’apporteur du fonds de commerce, à savoir, le nombre
d’actions équivalentes à sa participation au capital.

Ainsi, les dispositions du droit des sociétés sont applicables, notamment en


matière d’évaluation des apports, de la nomination d’un commissaire aux
apports qui sera chargé d’évaluer ledit apport, notamment dans le sens que le
fonds de commerce est considéré comme un apport en nature.

Enfin, et en raison de l’importance accordé par le législateur à toutes les


opérations portant sur le fonds de commerce, il y a lieu de mentionner les
différentes mesures de publicité exigées pour l’apport en société du fonds de
commerce. En effet, les articles 104 et 105 du code de commerce exigent les
mêmes formalités de publicité qui sont prévus pour la vente du fonds de
commerce (article 83 du code de commerce).

38
C- Le nantissement du fonds de commerce
Le fonds de commerce peut faire l’objet d’un nantissement conformément aux
articles 106 et suivants du code de commerce.

Le nantissement peut être défini comme une garantie, une sûreté réelle
mobilière portant sur un bien incorporel. Il s’agit d’une garantie pour le créancier
qui obtient un droit sur un bien de son débiteur.

En ce qui concerne le nantissement du fonds de commerce, il confère au


banquier prêteur de l’argent, un privilège sur le fonds. Le nantissement permet
au commerçant d’obtenir plus facilement des crédits de la part des fournisseurs
et/ou des banquiers et pour ces derniers un garantie de protection de leur
créances par la sureté qui leur est consentie.

Le commerçant qui est propriétaire du fonds de commerce devient débiteur du


fait de cette opération. Il garde, cependant la main mise sur l’exploitation et la
gestion. En effet, le créancier n’est pas habilité à s’ingérer dans cette exploitation
ou cette gestion qui ne relèvent pas de ses attributions. Il garde un droit de
préférence et un droit de suite du fait du nantissement dont il dispose.

39
Quatrième partie : Les effets de commerce
Les effets de commerce font l’objet du livre troisième du code de commerce
(articles 159 à 238). Cependant, ledit code ne donne aucune définition des effets
de commerce.

Dans ce sens, les effets de commerce peuvent être considérés comme un titre
négociable qui constate l’existence au profit du porteur d’une créance à court
terme et sert à son paiement.

Il y a lieu de signaler que le code de commerce considère le chèque comme un


effet de commerce, cependant le chèque n’est qu’un titre de paiement, un
instrument monétaire qui a comme fonction essentielle le paiement.

Compte tenu de ce qui précède, il sera question successivement de la lettre de


change et du billet à ordre.

I- La lettre de change
Cet effet de commerce n’est pas défini par le code, mais il peut être considéré
comme un titre de paiement et de crédit par lequel une personne (le tireur)
donne l’ordre à l’un de ses débiteurs (le tiré) de verser à un tiers (le porteur) une
certaine somme d’argent déterminée dans l’effet à une date déterminée.

La lettre de change est émise ou transmise pour que son paiement à l’échéance
par le tiré au dernier porteur éteigne un rapport juridique préexistant à la
création de la lettre.

Seront successivement étudiés les principaux éléments suivants :

- La forme de la lettre de change ;


- Les mentions à insérer dans la lettre de change ;
- La provision ;
- L’endossement ;
- L’acceptation ;
- L’aval ;
- Et l’échéance de la lettre de change.

1- La forme de la lettre de change et les mentions obligatoires à y insérer :

La lettre de change est un document, un titre qui doit obligatoirement être écrit.

40
En outre, la lettre de change doit contenir les mentions suivantes :

 la dénomination de la lettre de change insérée dans le texte même du titre


et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
 Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
 Le nom de celui qui doit payer (le tiré) ;
 L’indication de l’échéance ;
 Celle du lieu où le paiement doit s’effectuer ;
 Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait ;
 L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
 Le nom et la signature de celui qui émet la lettre (tireur).

2- La provision (article 166 du code de commerce) :

Il y a provision si, à l’échéance de la lettre de change, celui sur qui elle est fournie
est redevable au tireur, ou à celui pour le compte de qui elle est tirée, d’une
somme au moins égale au montant de la lettre de change.

La créance du tireur sur le tiré doit à l’échéance de la lettre de change, être


certaine, liquide et exigible.

3- L’endossement :

C’est la modalité juridique de transmission de la lettre de change. En effet, toute


lettre de change, même non expressément tirée à ordre, est transmissible par la
voie de l’endossement.

L’endossement doit être total, l’article 167 du code de commerce interdit


l’endossement partiel (l’endossement partiel est nul). L’endossement doit être
pur et simple. Toute condition à laquelle il est subordonné est réputée non
écrite.

L’endossement a pour conséquence de transmettre tous les droits résultants de


la lettre de change.

4- L’acceptation :

La lettre de change peut être jusqu’à l’échéance, présentée à l’acceptation du


tiré au lieu de son domicile, par le porteur ou même par un simple détenteur.

41
L’acceptation est écrite sur la lettre de change. Elle est exprimée par le mot
« accepté » ou tout autre mot équivalent. L’acceptation est signée du tiré, donc
la simple signature du tiré apposée au recto de la lettre vaut acceptation.
L’acceptation produit l’effet que le tiré s’oblige à payer la lettre de change à
l’échéance.

5- L’aval :

Il s’agit d’une garantie de paiement de la lettre de change. En effet, selon l’article


180 du code de commerce, le paiement d’une lettre de change peut être garanti
pour tout ou partie de son montant par un aval. Cette garantie peut être fournie
par un tiers ou même par un signataire de la lettre.

6- L’échéance :

La lettre de change peut être tirée :

- A vue ;
- A un certain délai de vue ;
- A un certain délai de date ;
- A jour fixe.

Si la lettre de change porte mention d’autres échéances, ou à des échéances


successives, elle est considérée nulle conformément à l’article 181 du code de
commerce.

- La lettre de change à vue est payable à sa présentation. Elle doit être


présentée au paiement dans le délai d’un an à partir de sa date.
- La lettre de change tirée à un certain délai de vue est déterminée, soit par
la date de l’acceptation, soit par celle du protêt6.
- La lettre de change tirée à un ou plusieurs mois de date ou de vue a lieu à
la date correspondante du mois où le paiement doit être effectué. A
défaut, de date correspondante, l’échéance a lieu le dernier jour de ce
mois.
- Enfin, quand une lettre de change est payable à jour fixe dans un lieu où
le calendrier est différent de celui du lieu de l’émission, la date de
l’échéance est considérée comme fixée d’après le calendrier du lieu de
paiement.

42
7- Le paiement :

Le porteur d'une lettre de change payable à jour fixe ou à un certain délai de


date ou de vue doit présenter la lettre de change au paiement soit le jour où elle
est payable, soit l'un des cinq jours ouvrables qui suivent (article 184 du code de
commerce).

II- Le billet à ordre


Le billet à ordre est l’engagement pris par une personne de payer une somme
déterminée à l’ordre d’une autre, à une échéance précise. Celui qui s’engage
est dit le « souscripteur » ; l’autre est appelé « bénéficiaire » ou « preneur »
(article 232 et suivants du code de commerce).

Sans qu’il soit précisé, il semble évident que le billet à ordre doit être un
document écrit, à l’instar de la lettre de change et du chèque.

A la différence de la lettre de change, qui est un acte de commerce par nature,


le billet à ordre ne peut être qualifié d’acte de commerce que lorsqu’il est
signé par un non commerçant, seulement il doit résulter d’une transaction
commerciale. En effet, et selon l’article 9 du code de commerce, le billet à
ordre ne peut être un acte de commerce que si son objet est commercial.

Les principales dénominations que doit contenir le billet à ordre se présentent


comme suit :

- La clause à ordre ou la dénomination du titre insérée dans le texte même


et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
- La promesse pure et simple de payer une somme déterminée ;
- L’indication de l’échéance ;
- Celle du lieu où le paiement doit s’effectuer ;
- Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait ;
- L’indication de la date et du lieu où le billet est souscrit ;
- Le nom et la signature de celui qui émet le titre (souscripteur).

Le billet à ordre met en relation deux personnes (à la différence de la lettre de


change qui met en présence trois parties). En effet, les deux parties en présence
sont le souscripteur et le bénéficiaire).

Enfin, reste à signaler qu’il existe des billets à ordre qui peuvent être qualifiés de
de particuliers. Il s’agit notamment :

43
- Les warrants, qui sont des billets à ordre garantis par un dépôt de
marchandises ;
- Les billets de fonds qui sont créés pour représenter la créance du prix lors
de la vente d’un fonds de commerce ;
- Et enfin, les bons de caisse qui sont souscrits en représentation d’un
emprunt notamment par une banque et qui stipulent des intérêts. Lesdits
bons peuvent être souscrits au profit d’un porteur anonyme.

44
Cinquième partie : Les contrats commerciaux
Le contrat est une convention, un accord de volontés ayant pour but d’engendrer
une obligation d’une ou de plusieurs personnes envers une ou plusieurs autres
personnes. Il s’agit d’un acte qui produit des effets de droit.

Le contrat peut revêtir plusieurs natures, la principale est la nature civile du


contrat comme c’est prévu par le dahir sur les obligations et contrats. Mais, le
contrat peut aussi être commercial, il peut en outre être mixte à savoir, civil pour
une partie et commercial pour une autre.

En ce qui concerne le contrat commercial, il s’agit d’un contrat qui est qualifié de
tel lorsqu’il est établi pour régler un acte de commerce et/ou lorsqu’il est
accompli par un commerçant pour les besoins de son activité. Quand le contrat
est commercial, il en découle automatiquement l’application du droit
commercial avec les conséquences qui y sont attachées à savoir, les critères de
souplesse et de rapidité ; critères qui sont spécifiques et exclusif au droit
commercial.

Reste à signaler que le contrat commercial peut avoir un caractère national,


comme il peut revêtir un caractère international.

Enfin, la qualification d’un contrat de commercial entraine les conséquences


suivantes :

- La compétence en matière de litiges nés de ses contrats relève des


juridictions commerciales ;
- L’éventualité de recourir à l’arbitrage est de mise dans lesdits contrats ;
- La preuve est libre en matière desdits contrats ;
- Enfin, la prescription est de 5ans.

45
A ce titre, il y a lieu de signaler que les contrats commerciaux sont
spécifiquement énumérés par le code de commerce. Ils font l’objet du livre
quatrième du code de commerce (article 334 à 544-11). Il s’agit de huit contrats
se présentant comme suit :

1- Le nantissement ;
2- L’agence commerciale ;
3- Le courtage ;
4- La commission ;
5- Le crédit-bail ;
6- Le transport ;
7- Les contrats bancaires ;
8- La domiciliation.

Le tableau suivant fait état des différents contrats susvisés :

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Les contrats Références juridiques Définitions
commerciaux
Le nantissement Titre n° I du livre n4 du code de Il y a deux sortes de nantissement : le gage qui
commerce. articles 336 à article suppose la dépossession du débiteur et le
392. nantissement sans dépossession.
L’agence Titre n° II du livre n° 4 du code de Le contrat d’agence commerciale est un mandat
commerciale commerce. Articles 393 à 404. par lequel une personne, sans être liée par un
contrat de travail, s’engage à négocier ou à
conclure d’une façon habituelle des achats, des
ventes ou, d’une manière générale, toutes
autres opération commerciales au nom et pour
le compte d’un commerçant, d’un producteur ou
d’un autre agent commercial, lequel s’engage,
de son coté à la rémunérer.
Le courtage Titre n° III du livre n°4 du code de Le courtage est la convention par laquelle le
commerce. Articles 405 à 421. courtier est chargé par une personne de
rechercher une autre personne pour les mettre
en relation en vue de la conclusion d’un contrat.
La commission La commission est le contrat par lequel le
commissionnaire reçoit pouvoir pour agir en son
propre nom pour le compte du commettant.

Le contrat de commission est régi par les


dispositions relatives au mandat.
Le crédit-bail Titre n° V du livre n°4 du code de Constitue un contrat de crédit-bail
commerce. Articles 431 à 442. conformément aux dispositions de l’article 8 du
dahir relatif à l’exercice de l’activité des
établissements de crédit et de leur contrôle :

-toute opération de location de biens


d’équipements, de matériel ou d’outillage qui
quelle que soit sa qualification, donne au
locataire la possibilité d’acquérir, à une date
fixée avec le propriétaire, tout ou partie des
biens loués, moyennant un prix convenu tenant
compte, au moins pour partie, des versements
effectués à titre de loyers ;

-toute opération de location de biens


immobiliers à usage professionnel, achetés par
le propriétaire ou construits pour son compte,
qui, quelle que soit sa qualification, permet au
locataire de devenir propriétaire de tout ou
partie des biens loués au plus tard à l’expiration
du bail (crédit-bail immobilier).

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Le transport Titre n° VI du livre n°4 du code de Le contrat de transport est la convention par
commerce. Articles 443 à 486. laquelle le transporteur s’engage moyennant un
prix à faire lui-même parvenir une personne ou
une chose en un lieu déterminé.

Le contrat de transport peut porter sur le


transport des choses et le transport des
personnes.
Les contrats Titre n° VII du livre n°4 du code de -Le compte à vue est un contrat par lequel la
bancaires commerce. Articles 487 à 544. banque convient avec son client d’inscrire sur un
relevé unique leurs créances réciproques sous
forme d’articles de crédit et de débit, dont la
fusion permet de dégager à tout instant un solde
provisoire en faveur de l’une des parties.

-Le contrat de dépôt de fonds est le contrat par


lequel une personne dépose des fonds auprès
d’un établissement bancaire quel que soit le
procédé de dépôt et lui confère le droit d’en
disposer pour son propre compte à charge de les
restituer dans les conditions prévues au contrat.

-Le dépôt de titres a pour objet les valeurs


mobilières et les autres titres négociables.

-Le virement est l’opération bancaire par


laquelle le compte d’un déposant est, sur l’ordre
écrit de celui-ci, débité pour un montant destiné
à être porté au crédit d’un autre compte.

-L’ouverture de crédit est l’engagement de la


banque de mettre des moyens de paiement à la
disposition du bénéficiaire de tiers, désigné par
lui, à concurrence d’un certaine somme
d’argent.
La domiciliation Titre n° VIII du livre n°4 du code de La domiciliation de l’entreprise est le contrat par
commerce. Articles 544-1 à 544- lequel une personne physique ou morale,
11. dénommée domiciliataire, met le siège de son
entreprise ou son siège social à la disposition
d’une autre personne physique ou morale,
dénommée domiciliée pour y établir le siège de
son entreprise ou son siège social, selon le cas.

La domiciliation est un contrat commercial à durée déterminée, qui peut éventuellement être
renouvelé. il devra en outre être établi suivant un modèle fixé par voie réglementaire.

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Sixième partie

Les mesures de prévention et de traitement des difficultés


de l’entreprise

Les mesures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise ont


connu une évolution certaine, à tel point qu’elles sont en train d’être érigées en
rubrique à part indépendante. Il s’agit de dispositions et de normes qui ont
tellement acquis de l’importance dans le monde économique, le monde des
affaires, l’environnement de l’entreprise qu’elles sont en train d’être séparées
du droit commercial et du droit de sociétés. En effet, de manière générale, on
parle de droit des entreprises en difficultés, du droit des procédures collectives.

Il y a lieu de signaler que le droit marocain des entreprises en difficultés a connu


plusieurs réformes dont le principal objectif est de limiter le risque de cessation
d’activité définitive et de disparition de l’entreprise.

A ce titre, il y a lieu de signaler que le droit des difficultés de l’entreprise a connu


au Maroc trois étapes importantes. Elles peuvent être présentées comme suit :

- La première étape dite « système des faillites » qui a été marquée par un
aspect répressif et purgatoire.
- La deuxième étape est marquée par l’installation d’un régime alternatif
basé sur la prévention et le traitement des difficultés de l’entreprise. il a
prévu un certain nombre de procédures applicables en fonction de la
nature et le degré de gravité de ces difficultés.
- La troisième étape a mis en place des mesures de bonne gouvernance et
de diagnostic précoce des difficultés.

En outre, le droit marocain des entreprises en difficultés revêt deux objectifs


principaux :

 Un rôle préventif ;
 Un rôle curatif.

Le rôle préventif a pour finalité de sauver l’entreprise. Il précède la phase de


cessation de paiement.

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Les principales mesures qui ont un caractère préventif dans le code de
commerce sont principalement la prévention interne, la prévention externe et
la procédure de sauvegarde.

En ce qui concerne le rôle curatif, il intervient lorsque toutes les mesures


susmentionnées ne sont pas arrivées à sauver l’entreprise et elle est à un stade
jugé irrémédiable, qualifié de cessation de paiement.

La cessation de paiement est lorsqu’une entreprise en difficulté se trouve dans


une situation où elle est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec
son actif disponible.

Les principales procédures qui ont un caractère curatif sont principalement le


redressement judiciaire et la liquidation judiciaire.

Faisant l’objet du livre cinquième du code de commerce, les mesures de


prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise s’appliquent et
concernent aussi bien les commerçants personnes physiques que les
commerçants personnes morales.

Le tableau ci-dessous fait état de toutes les procédures prévues par le code de
commerce marocain. Elles concernent aussi bien la prévention que le traitement
des difficultés de l’entreprise.

Procédures Définition Modalités pratiques


d’application
La prévention interne La procédure de prévention - Envoi d’une lettre recommandée avec
(les articles 547 et 548 interne est enclenchée accusé de réception dans un délai de 8
du code de commerce) lorsqu’il y a découverte de jours au chef de l’entreprise l’invitant à
faits ou de difficultés de redresser la situation.
nature juridique,
économique, financière ou - Faute d’exécution par le chef
sociale et qui sont en mesure d’entreprise dans un délai de 15 jours de
de compromettre la la réception ,il est tenu de faire délibérer
continuité de l’exploitation. dans un délai de 15 jours, l’assemblée
générale pour y statuer.
Cet acte relève normalement
ou doit être effectué par les - Si malgré les mesures susvisées, la
personnes suivantes : continuité de l’exploitation demeure
compromise, le président du tribunal est
 le chef de l’entreprise informé par le commissaire aux comptes,
de son propre chef ; par le chef d’entreprise ou par un associé.
 le commissaire aux
comptes ;

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 tout autre associé de
la société.

La prévention externe La procédure de prévention - Convocation du chef de l’entreprise par


(les articles 549 à 559 externe est ouverte devant le le président du tribunal en urgence pour
du code de commerce) président du tribunal indiquer sur la nature des difficultés
lorsqu’une entreprise sans susceptibles de compromettre la
être en cessation de continuité de l’exploitation ainsi que les
paiement, connait des moyens d’y faire face. cette convocation
difficultés juridiques, a pour objet également de recueillir les
économiques, financières ou explications du chef d’entreprise et
sociales ou des besoins ne également pour que soient envisagées
pouvant pas être couverts par les mesures propres à redresser la
un financement adapté aux situation de celle-ci.
possibilités de l’entreprise. - Désignation par le président du tribunal
sur proposition du chef de l’entreprise
soit d’un mandataire spécial soit d’un
conciliateur.
* le mandataire spécial a pour mission
d’intervenir pour réduire les oppositions
auxquelles fait face l’entreprise ;
* Le conciliateur est chargé de
rechercher la conclusion d’un accord
avec les créanciers.
- Il s’agit d’une procédure qui doit être
tenue secrète.
La procédure de La procédure de sauvegarde a - Le chef d’entreprise dépose sa demande
sauvegarde (les articles pour objet de permettre à au secrétariat greffe du tribunal
560 à 574 du code de l’entreprise de surmonter ses compétent.
commerce) difficultés afin de garantir la
poursuite de son activité, le - La demande mentionne la nature des
maintien de l’emploi et difficultés susceptibles de compromettre
l’apurement du passif. la continuité de l’exploitation de
l’entreprise.

- La demande susvisée doit être


accompagnée d’un projet de plan de
sauvegarde de l’entreprise.

- Le syndic avec le concours du chef de


l’entreprise doit dresser dans un rapport
détaillé le bilan financier, économique et
social de l’entreprise.

- Au vu de ce bilan, le syndic propose au


tribunal soit l’approbation du projet de
plan de sauvegarde ou sa modification,
soit le redressement de l’entreprise, ou la
liquidation judiciaire.
Procédure de La procédure de - Le chef de l’entreprise doit demander
redressement redressement judiciaire l’ouverture d’une procédure de

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judiciaire (les articles s’applique à l’entreprise redressement judiciaire au plus tard dans
575 à 650) lorsqu’elle est en cessation de les 30 jours qui suivent la date de
paiement. cessation de paiement de l’entreprise.

La cessation de paiement est - Le chef de l’entreprise dépose sa


établie dès lors que demande au greffe du tribunal. Sa
l’entreprise est dans demande énonce les causes de la
l’impossibilité de faire face au cessation de paiement.
passif exigible avec son actif
disponible. - Le redressement judiciaire est prononcé
s’il apparait que la situation de
l’entreprise n’est pas irrémédiablement
compromise. A défaut, la liquidation
judiciaire est prononcée.
Procédure de La liquidation judiciaire est La procédure applicable est la même que
liquidation judiciaire prononcée par le tribunal celle qui est appliquée dans le cadre du
(les articles 651 à 669 d’office ou à la demande du redressement judiciaire.
du code de commerce) chef de l’entreprise, d’un
créancier ou du ministère
public, lorsqu’il lui apparait
que la situation de
l’entreprise est
irrémédiablement
compromise.

Les organes de la procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire et de


liquidation judiciaire se présentent comme suit :

- Le juge commissaire ;
- Le syndic ;
- Les contrôleurs.

 Le juge commissaire est désigné par le tribunal qui désigne également un


suppléant du juge – commissaire investi des mêmes missions en cas
d’empêchement de ce dernier.
Le juge commissaire est chargé de veiller au déroulement rapide de la
procédure et à la protection des intérêts en présence.
Le juge commissaire statue par ordonnance sur les demandes,
contestations et revendications relevant de sa compétence. Les
ordonnances du juge commissaire sont immédiatement déposées au
greffe.

 Le syndic est désigné par le tribunal. il est chargé de contrôler l’exécution


du plan de sauvegarde et de mener les opérations de redressement et de

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liquidation judiciaire à partir du jugement d’ouverture jusqu’à la clôture
de la procédure.
Il surveille l’exécution du plan de continuation ou de cession et procède à
la vérification des créances sous le contrôle du juge commissaire. Le syndic
tient informé le juge commissaire du déroulement de la procédure et
prends toute mesure pour informer et consulter les créanciers.

 Les contrôleurs sont nommés par le juge commissaire. De un à trois, ils


sont nommés parmi les créanciers qui en font la demande. Ils peuvent être
des personnes physiques ou des personnes morales.
Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge
commissaire dans sa mission de surveillance de l’administration de
l’entreprise. Ils peuvent prendre connaissance de tous les documents
transmis au syndic.
Ils rendent compte aux autres créanciers de l’accomplissement de leur
mission à chaque étape de la procédure.

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