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Chômage 

: l’embellie qui ne cache pas l’échec


Editorial. Pour la première fois depuis 2008, le nombre de demandeurs d’emploi de
catégorie A a reculé durant trois mois consécutifs.

LE MONDE | 27.12.2016 à 11h23 • Mis à jour le 27.12.2016 à 11h29

Editorial du « Monde ». L’Histoire a l’ironie mordante. C’est au moment où François


Hollande a décidé de ne pas se représenter à l’élection présidentielle qu’il peut enfin
commencer à tenir l’engagement auquel il avait conditionné, il y a plus de quatre ans,
une candidature à sa propre succession : l’inversion de la courbe du chômage.
En effet, les chiffres des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en novembre,
rendus publics lundi 26 décembre, confirment la tendance qui se dessinait depuis le
printemps et qui s’est affirmée plus nettement cet automne. En novembre, le nombre de
demandeurs de catégorie A, ceux qui n’ont aucune activité, s’est établi à 3 447 000 pour
la France métropolitaine, soit une baisse de 31 800 en un mois, de près de 110 000 sur
les trois derniers mois et de quelque 133 000 depuis le début de l’année.

Lire aussi :   Nouvelle baisse du chômage en novembre


Bonnes nouvelles trop rares
C’est la première fois depuis 2008, avant même la crise financière mondiale, que la
décrue du chômage se confirme durant trois mois consécutifs. Le reflux est
particulièrement marqué (- 9,2 %) pour les jeunes de moins de 25 ans. En outre, il est
encourageant que cette dynamique positive soit confirmée par les sorties de Pôle emploi
pour cause de reprise d’emploi : elles ont atteint leur plus haut niveau depuis huit ans,
selon le ministère du travail. Enfin, le nombre des créations nettes d’emplois en France a
augmenté de 240 000 depuis dix-huit mois.
LE CANCER DE CE CHÔMAGE MASSIF RESTE LA CAUSE PREMIÈRE DU DISCRÉDIT DES
GOUVERNANTS ET DU PESSIMISME DES FRANÇAIS
Lors d’un déplacement à Taverny, dans le Val-d’Oise, lundi, le président de la
République a tenu à exprimer sa « satisfaction » devant ces résultats. On le comprend :
en matière d’emploi, les bonnes nouvelles sont trop rares depuis 2012 pour qu’il ne
marque pas le coup. C’est en septembre de cette année-là, trois mois après son élection,
qu’il avait annoncé l’inversion de la courbe du chômage avant la fin 2013. Cette
promesse tardant à se réaliser, il avait lié son sort à cette trop fameuse courbe, en
avril 2014 : « Si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017, je n’ai aucune raison d’être
candidat, ou aucune chance d’être réélu. » On sait ce qu’il en a été jusqu’à ces derniers
mois : une crue sans fin, des records à la hausse battus chaque mois ou presque et le
crédit de la parole présidentielle en berne, quelle que soit sa détermination.

Lire aussi :   Hollande et la reprise : le rendez-vous raté

Un pays malade
Echaudé par tant d’attentes déçues, le chef de l’Etat s’est d’ailleurs montré prudent. S’il a
salué l’effort « engagé », il a précisé que le travail n’est pas encore « accompli »,
car « rien n’est joué ». Et pour cause. Si la décrue des chômeurs de catégorie A est
significative, leur nombre cumulé avec celui des catégories B et C (les personnes en
activité réduite tenues de rechercher un emploi) a continué à progresser légèrement : il
s’établit à 5 475 000, en hausse de 0,5 % en un an pour la France métropolitaine et à
6 238 000 pour la France entière. En outre, le vaste plan de formation mis en œuvre
pour les demandeurs d’emploi depuis le début de l’année a effectivement contribué à
dégonfler le nombre des chômeurs de catégories A, B et C.
Enfin, et surtout, l’amélioration actuelle ne saurait faire oublier qu’un pays dont près de
10 % de la population active est sans emploi, et ce depuis une huitaine d’années, est un
pays malade. Le cancer de ce chômage massif reste la cause première du discrédit des
gouvernants et du pessimisme des Français. Quoi qu’il en dise, c’est aussi pour cette
raison que François Hollande a renoncé à se représenter : l’embellie de ces derniers mois
n’aurait pas effacé, en ce domaine, l’échec du quinquennat.

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