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RONDEAU
Les jeunes femmes, dont la situation nancière est souvent précaire, sont
appâtées par des promesses de rémunération allant jusqu’à 2 000 euros.
« Pascal OP » omet de préciser qu’en réalité son tarif est xé autour de
250 euros pour une seule scène. Mais pour l’instant, face à Imane, il
affiche un visage avenant. Il lui fait tourner une vidéo où elle dit être
consentante et n’avoir consommé ni alcool ni stupé ants. La voici
bientôt dans un appartement parisien face à un premier partenaire. Puis
elle tourne d’autres scènes, avec deux hommes. Une sodomie, qu’elle
refuse avant de céder. « Comparé à la suite, c’était propre », dira-t-elle aux
enquêteurs.
Le piétinement du consentement
« Je conteste tous les faits, elle a été payée, elle a signé tous les contrats,
rétorque « Pascal OP » devant la juge d’instruction. Pour moi, sur la vidéo,
si je me rappelle, elle avait le sourire, ça s’est bien passé. » Ce sera peu ou
prou sa réponse face aux récits très similaires des 52 autres victimes.
Réalisés dans des locations saisonnières, des squats, des hôtels, des forêts
ou des camping-cars, les tournages sont ultra-low cost. Plusieurs femmes
ont la même expression : le sentiment d’avoir été réduites à des
« morceaux de viande ».
Cette violence se voit à l’image. Dans les vidéos de French Bukkake, les
larmes et la douleur alimentent le script de l’ingénue qui subit la
domination masculine. Le piétinement du consentement des femmes,
celle scénaristique de « Pascal OP », se retrouve dans son obsession
pour la pénétration anale imposée, même hors caméra, comme le relate
Jeanne : « Il m’a fait comprendre que je n’avais pas le choix. J’ai laissé faire
parce que j’étais épuisée. » Les jeunes femmes ne sont pas non plus
protégées contre les MST. « Ils m’ont tous pénétrée sans préservatif », se
souvient Cécile. « Pascal OP » l’enjoint de sourire malgré la douleur.
Devant les juges, ce dernier a contesté tout comportement sexuel
répréhensible et tenté de minimiser la « visibilité moyenne » de son site.
Pourtant, interrogé en 2017 par Charlie Hebdo, il revendiquait èrement
200 000 visiteurs par mois.
Plus récent que « Pascal OP » dans le métier, Mat Hadix travaille pour les
pontes du porno français, notamment pour Dorcel Vision, la plate-forme
de vidéos à la demande du producteur français Marc Dorcel, sur laquelle
ont été publiées nombre de vidéos de victimes. Ces dernières se
retrouvent aussi dans le magazine Union. Mat Hadix est, par ailleurs, l’un
des producteurs les plus actifs pour Jacquie et Michel, le principal site de
porno dit « amateur » français, sur lequel « Pascal OP » a également été
di usé.
L’ENQUÊTE
TENTACULAIRE QUI
FAIT TREMBLER LE
PORNO FRANÇAIS
Le Monde consacre une enquête en quatre volets à l'a aire de
violences sexuelles dans le milieu du porno français. Avec une
soixantaine de victimes identi ées, huit producteurs et acteurs
mis en examen pour des soupçons de viols en réunion, de traite
d'êtres humains et de proxénétisme, ce dossier judiciaire, qui porte
sur des vidéos vues par un très large public, secoue l'industrie du X.
À À
PA R A Î T R E PA R A Î T R E
LE LE
VENDREDI SAMEDI
ÉPISODE 1 ÉPISODE 2 É P I S O1 D
7E 3 É P I S O1 D
8E 4
DÉCEMBRE DÉCEMBRE
Le réseau, le recruteur et les La mécanique des larmes et Les supplices de Les réactions en chaîne d’un
proies de la violence l’internationale du porno #metoo du porno
Nicolas Chapuis
Lorraine de Foucher
Samuel Laurent
« C’était des viols déguisés en Violences au meeting d’Eric La manifestation des magistrats
vidéo » : le réseau, le recruteur et les Zemmour : deux hommes mis en impose la question des moyens pour
proies examen l’avenir de la justice