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b. Le modèle de la poubelle
Le modèle dit de la poubelle, développé en 1972 par M. Cohen, J. March et J. Olsen, est un
exemple de modélisation du processus de décision. La prise de décision est comparée à une
poubelle dans laquelle les participants jettent des problèmes et des solutions possibles.
Les composantes du modèle sont
— les opportunités de choix qui sont les occasions de décision en entreprise
— les problèmes, qui ne se limitent pas aux problèmes de gestion
— Les solutions, il s'agit de réponses toutes prêtes qui ne répondent pas à un problème
spécifique,
— Les participants, ce sont les acteurs amenés à choisir.
Une décision est alors considérée comme le résultat de la rencontre fortuite entre des problèmes,
des solutions et des décideurs lors d'une opportunité de choix. Cette rencontre dépend de la
circulation des flux dans l'organisation. L'intérêt de cette modélisation est de souligner la part de
hasard et de nécessité qui accompagne la prise de décision dans les entreprises. Ce modèle
s'inscrit dans le cadre de la rationalité limitée.
Il existe de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi la rationalité est limitée et certaines sont
liées aux caractéristiques du décideur :
— Ses limites physiques et intellectuelles (incapacité de l'esprit humain à traiter une
information trop complexe et abondante),
— l'information est imparfaite (futur incertain et imprévisible)
— Les individus simplifient la réalité (heuristiques cognitives) et introduisent ainsi des biais et
sont influencés par leur environnement social (mécanismes d'influence, normes sociales, «
bruits ».
Illustration
Comment surmonter le « bruit » qui parasite les prises de décision
Au sein de nombreuses organisations, les dossiers à traiter sont attribués de manière arbitraire —
aux experts dans les agences de notation, aux médecins urgentistes, aux assureurs, etc. Leurs
employeurs attendent de ces professionnels de la constance : à cas identiques, traitements
similaires, sinon identiques. L'ennui, c'est que les êtres humains ne sont pas toujours fiables dans
leurs prises de décision. Leurs jugements sont fortement influencés par des facteurs hors de
propos tels que leur humeur du jour, le temps qui les sépare de leur dernier repas ou la météo. On
appelle bruit cette variabilité d'appréciation. C'est une taxe invisible qui coûte cher à beaucoup
d'entreprises.
Certains métiers sont dépourvus de bruit. Dans les agences bancaires et les bureaux de poste, les
salariés réalisent des tâches complexes, mais ils doivent suivre des règles strictes qui limitent les
jugements subjectifs et garantissent, par essence, que les cas identiques soient traités de manière
identique. À l'inverse, les professionnels de santé, les gestionnaires de prêt, les chefs de projet, les
juges et les dirigeants d'entreprise prennent tous des décisions guidées par l'expérience informelle
et par des principes généraux plutôt que basées sur des règles strictes. Et on accepte qu'ils ne
parviennent pas toujours à la même conclusion que n'importe qui d'autre à leur place.
Diverses études ont déjà démontré la fréquence du bruit. Les chercheurs ont confirmé à plusieurs
reprises que les professionnels contredisent souvent leurs propres jugements antérieurs quand on
leur soumet les mêmes données à des moments différents... La conclusion qui s'impose est qu'un
professionnel prend souvent des décisions qui diffèrent grandement de celles de ses pairs, de ses
propres choix passés et des règles qu'il affirme pourtant suivre. Le bruit est souvent insidieux : il
fait perdre à des entreprises même prospères des sommes colossales sans qu'elles s'en
aperçoivent.
On sait depuis longtemps que les prédictions et les décisions générées par de simples algorithmes
statistiques sont souvent plus justes que celles des experts, même si ces derniers ont accès à
davantage d'informations que les calculs en utilisent. On sait moins, en revanche, que l'avantage
majeur des algorithmes est qu'ils sont garantis « sans bruit ». Contrairement à un être humain, une
formule mathématique donnera toujours le même résultat pour une même donnée de départ.
Cette plus grande constance rend l'algorithme, même basique et imparfait, plus précis qu'un
professionnel (bien sûr, le recours aux algorithmes peut être impossible pour des raisons pratiques
ou politiques).
Source : Extraits de Harvard Business Review, France. Article de T. Blaser, L. Gandhi, D. Kahneman, A. Rosenfield,
le 16/03/2017
Pour s'assurer de la mise en œuvre des décisions, il convient tout d'abord de développer des outils
de suivi. Le système d'information, via notamment des tableaux de bord (voir le chapitre suivant),
peut éventuellement être modifié pour répondre à cet objectif spécifique (collecte de nouvelles
données).
Par exemple si une entreprise décide d'augmenter la diversité de sa main-d'œuvre et met en place
un plan d'action, elle définira des critères de diversité et collectera des informations pour
connaître l'évolution de la féminisation, de la présence de minorités ou d'handicapés.
Le contrôle de la décision vise à s'assurer de la mise en place effective de celle-ci, mais aussi à
mesurer ses effets afin d'éclairer les décisions à prendre dans le futur. Une décision qui ne produit
des effets qu'à long terme ou des effets très importants nécessite un contrôle encore plus
rigoureux pour s'assurer de sa réelle application.
En matière de management de la diversité par exemple, les effets des politiques sont attendus à
moyen terme et l'entreprise pourra s'assurer de la réalisation de cet objectif par le contrôle
régulier des indicateurs définis.
La question du suivi et du contrôle des décisions met à jour l'importance de l'adhésion des acteurs
aux objectifs poursuivis et des moyens à définir pour s'assurer de leur coopération. La gestion du
changement (introduit par les décisions) est souvent complexe et plus difficile dans les entreprises
dites bureaucratiques.