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Introduction

1. Pourquoi les "géomatériaux" ?

La notion de "géomatériaux", terme générique regroupant les sols, les bétons et


les roches, est apparue au fil des ans comme un concept unificateur particulièrement
opératoire. En effet, même si les processus physiques qui président à la déformation
des géomatériaux au niveau de leur microstructure sont de nature différente, leur
comportement macroscopique présente de fortes caractéristiques communes : critère
de plasticité sensible à la pression moyenne, taux de dilatance élevé en cisaillement,
caractère non associé des déformations plastiques, rupture par localisation des
déformations, ... Les fluides interstitiels jouent également un rôle majeur dans le
comportement : sols non saturés, séchage du béton, écoulements en milieux rocheux
fissurés ou poreux, ... Les nouveaux géomatériaux sont généralement des
géocomposites : sols renforcés, bétons à fibres, bétons à haute performance, ...
Enfin, sur le plan de la modélisation numérique du comportement des structures et
ouvrages de Génie Civil, Pétrolier et Minier, les codes de calculs par la méthode des
éléments finis sont la plupart du temps de caractéristiques très voisines.

2. Qu'est-ce que le GRECO ?

Le Groupement de Recherches Coordonnées (GRECO) Géomatériaux est un


"laboratoire hors les murs" du CNRS, créé par son Département des sciences pour
l'ingénieur puis également soutenu par les programmes interdisciplinaires de
recherche sur les matériaux (PIRMAT) et sur la ville (PIRVILLES) et, depuis 1990,
par le Département des sciences de l'univers. Par ailleurs, le G R E C O est une
composante, soutenue par le Fonds de la recherche et de la technologie (F.R.T.), du
Programme de recherches pour le génie civil (PROGEC 86-92) action incitative
conjointe des ministères en charge respectivement de la recherche et du génie civil.
Le GRECO a été aidé à partir de 1990 par le secteur des sciences de l'ingénieur de
la Direction de la recherche et des études doctorales du ministère de l'Education
nationale et de la Culture.
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18 Les géomatériaux : avancées récentes en calcul d'ouvrages

Universités et écoles d'ingénieurs


• Centre universitaire scientifique et technique de Clermont-Ferrand
• Ecole centrale de Lille
• Ecole centrale de Lyon
• Ecole centrale Nantes
• Ecole centrale de Paris
• Ecole nationale des ponts et chaussées (ENPC)
• Ecole nationale supérieure de géologie (Nancy, ENSG)
• Ecole nationale supérieure des mines de Douai
• Ecole nationale supérieure des mines de Nancy
• Ecole centrale supérieure des mines de Paris
• Ecole nationale des travaux publics de l'Etat (ENTPE)
• Ecole nationale supérieure de Paris
• Institut de mécanique de Grenoble (IMG-Laboratoire Sols, Solides, Structures)
• Institut national des sciences appliquées de Lyon
• Institut national des sciences appliquées de Toulouse
• Institut de recherches interdisciplinaires de géologie et mécanique
(Grenoble, IRIGM)
• Laboratoire de génie civil de Bordeaux
• Laboratoire de génie civil de l'université de Montpellier II
• Laboratoire de mécanique et d'acoustique de Marseille (CNRS)
• Laboratoire de mécanique et géomécanique de l'université de Nantes
• Laboratoire de mécanique de Lille
• Laboratoire de physique des matériaux désordonnés de l'université de Rennes 1
• Laboratoire de mécanique des matériaux de l'université de Lyon 1
• Laboratoire de mécanique des solides (Palaiseau, Ecole polytechnique,
Ecole des ponts et chaussées, Ecoles des mines, CNRS)
• Laboratoire de mécanique et technologie
(Cachan, Ecole Normale Supérieure, CNRS)

Etablissements et services publics


• Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)
• Centre national du machinisme agricole du génie rural des eaux
et forêts (CEMAGREF)
• Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)
• Commissariat à l'énergie atomique
• Délégation générale de l'armement (DGA)
• Institut de physique du globe de Paris
• Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC)

Etablissements parapublics et société privées


• Agence pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA)
• Coyne et Bellier
• Electricité de France
• Elf Aquitaine
• Forézienne
• Géodynamique et structures
• Institut français du pétrole

Tableau 1. Liste des organismes ayant contribué aux travaux du GRECO


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Introduction 19

PARIS
ENSG
Nancy

BRGM
Orleans
LCPC
Nantes

ECL
INSA
ENTPE I
CUST EDF/SEPTEN
Clermont-Ferrand Lyon

Bordeaux
LGCB

SNEA
LGCM
Toulouse Montpellier

Figure 1. Carte des principaux membres du GRECO


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20 Les géomatériaux : avancées récentes en calcul d'ouvrages

Le GRECO a été créé en 1986 et renouvelé pour quatre ans en 1990. Son objectif
général a été de structurer et coordonner la recherche amont en génie civil autour du
thème de la modélisation numérique des géomatériaux. Le GRECO a constitué le
pivot scientifique et technique autour duquel se sont développés de nouveaux
concepts théoriques et de nouveaux outils expérimentaux et numériques et se sont
organisés les échanges entre des équipes de statut très divers (grandes écoles
d'ingénieurs, écoles normales supérieures, instituts nationaux des sciences
appliquées, universités, centres techniques, grands organismes, bureaux d'études).
Le G R E C O s'est progressivement imposé comme pôle de référence, fournissant
chaque année un panorama de la recherche à travers son rapport annuel d'activités
(concernant plus de 30 centres) et sa réunion scientifique annuelle (regroupant près
de 250 chercheurs), qui se tenait la dernière semaine de novembre au Centre Paul
Langevin du C N R S à Aussois (Savoie), lieu de l'Ecole de rhéologie des
géomatériaux (novembre 1984), berceau du GRECO.

3. Structuration scientifique du GRECO

Ayant pour vocation de structurer la recherche amont en France dans le domaine


du Génie Civil, le GRECO a centré son programme scientifique autour du thème de
la modélisation numérique des géomatériaux et des structures et ouvrages construits
avec ou reposant sur des géomatériaux. Ce programme était articulé autour de cinq
axes, présentant chacun sa cohérence scientifique interne en mettant en œuvre tant
des concepts de nature fondamentale, que des expérimentations et des modélisations
numériques. Ces cinq axes correspondent par ailleurs à des enjeux scientifiques et
techniques bien identifiés. Cinq "groupes de travail" ont été mis en place autour
d'eux. Leur responsabilité a été confiée à des "animateurs". Le tableau 2 fournit la
liste des groupes et leurs animateurs.

• GROUPE 1 : "La Dynamique" Animateur : H. Modaressi (B.R.G.M.)

• GROUPE 2 : "Les Discontinuités" Animateur : D. Aubry (E.C.P.)

• GROUPE 3 : "Les Géocomposites" Animateur : J. Mazars (L.M.T.)

• GROUPE 4 : "Les Interactions" Animateurs : J.-J. Fry (E.D.F.)


et P. Acker (L.C.P.C.)

• GROUPE 5 : "La Validation" Animateurs : Y. Meimon (I.F.P.)


et B. Cambou (E.C.L.)

Tableau 2. Liste des cinq groupes de travail et leurs animateurs


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Introduction 21

Nous présentons ci-dessous en quelques lignes le contenu scientifique de ces


cinq thèmes. Le bilan des travaux du GRECO a lui-même été articulé autour de ces
cinq axes dans le cas de l'un des volumes constitutifs de ce bilan.

A l'intérieur de ces cinq groupes de travail et en relation avec le programme de


recherche comme indiqué ci-dessous, ont été mis en place 21 "projets de recherche",
dirigés par des "pilotes".

La liste de ces projets et de leurs pilotes est présentée dans le tableau 3.

GROUPE 1 : La dynamique des géomatériaux

L'objectif du groupe était de prendre en charge les besoins en modélisation qui


naissent en relation tant avec les constructions en zone sismique qu'avec les
constructions marines (plates-formes offshore) ou dont on veut apprécier la sécurité
par rapport à des chocs ou explosions accidentels. Le débouché des travaux de ce
groupe est ainsi constitué par l'analyse du comportement des structures et ouvrages
sous séismes, tempêtes ou explosions.

Ces travaux ont reposé sur l'étude des caractéristiques dynamiques des
géomatériaux en laboratoire et in situ : mise au point d'un nouvel appareil de mesure
de caractéristiques dynamiques in situ, essais triaxiaux cycliques en petites
déformations. Des modèles de comportement ont été validés, en particulier par mise
en œuvre d'une méthode de calcul inverse pour la détermination des paramètres
(projet 1.1, cf. tableau 3).

Sur ces bases, des codes de calcul par éléments finis ont été développés en
linéaire, en non linéaire mais également en biphasique. Ainsi, la rupture du barrage
de San Fernando (Etats-Unis) a-t-elle pu être simulée sous sollicitations sismiques
avec couplage hydromécanique et rhéologie élastoplastique (projet 1.1).

Les expériences, organisées au plan international, de Turkey Flat (Californie)


puis de Ashigara Valley (Japon) permettent de mieux comprendre les mécanismes
physiques à la base des "effets de site" et de comparer et valider les différents codes
de calculs français, dont les hypothèses de base sont de nature très variée depuis les
modèles analytiques visco-élastiques mono-dimensionnels j u s q u ' a u x modèles
numériques élastoplastiques tridimensionnels. C'est par de telles études que l'on
pourra prochainement intégrer dans une même démarche les approches visco-
élastiques des géophysiciens (plutôt valables en très petites déformations) et les
approches élastoplastiques de mécaniciens des sols (plutôt valables pour de plus
fortes déformations) (projet 1.2).
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22 Les géomatériaux : avancées récentes en calcul d'ouvrages

Groupe 1 : "La Dynamique"


Projet 1.1: Dynamique des sols
Pilote : J.-P. Touret (EDF)
Projet 1.2 : Effets de sites
Pilote : P.-Y. Bard (1RIGM-LCPC)
Projet 1.3 : Dynamique des roches et des bétons
Pilote : A. Gary (LMS) et P. Rossi (LCPC)
Groupe 2 : "Les Discontinuités"
Projet 2.1 : Approximations numériques des modes localisés
Pilote : G. Pijaudier-Cabot (LMT)
Projet 2.2 : Détection expérimentale de la localisation
Pilote : Y. Berthaud (LMT)
Projet 2.3 : Approches micro-macro et simulations
Pilote : S. Roux (CERAM)
Projet 2.4 : Interfaces. Essais et modélisations
Pilote : M. Boulon (3S-IMG) et P. Unterreiner (ENPC)
Projet 2.5 : Fatigue et endommagement des milieux stratifiés.
Modélisation et expérience
Pilote : H. Pi Benedetto (ENTPE)
Groupe 3 : "Les Géocomposites"
Projet 3.1 : Sols renforcés
Pilote : J.-P. Goure (IRIGM)
Projet 3.2 : Composites fibres ciments
Pilote : P. Hamelin (INSA Lyon)
Projet 3.3 : Comportement cyclique du béton armé
Pilote : A. Millard (CEA)
Projet 3.4 : Conception et analyse sismique des structures en béton armé (CASSBA)
Pilote : J. Mazars (LMT)
Groupe 4 : "Les Interactions"
Projet 4.1 : Couplage hydraulique et mécanique dans les sols non saturés
Pilote : J.-J. Fry (CNEH-EDF)
Projet 4.2 : Effets thermiques et hydriques dans les bétons
Pilote : P. Acker (LCPC)
Projet 4.3 : Comportement thermo-hydromécanique
Pilote : B. Felix (CEA)
Projet 4.4 : Algorithmes de couplage
Pilote : A. Modaressi (ECP)
Groupe 5 : "La Validation"
Projet 5.1 : Géomatériaux non cohérents. Comportement expérimental
et modélisation
Pilote : J. Lanier (3S-IMG)
Projet 5.2 : Comportement des géomatériaux cohérents
Pilotes : J.-P. Henry (LML) et X.F. Shao (LML)
Projet 5.3 : Erreurs de codes
Pilote : J.-L. Favre (ECP)
Projet 5.4 : Micro-macro mécanique des milieux granulaires
Pilote : B. Cambou (ECL)
Projet 5.5 : Validation des modèles
Pilote : I. Shahrour (LML)

Tableau 3. Liste des projets de recherche et de leurs pilotes


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Introduction 23

Enfin, l'influence de l'eau libre sur le comportement dynamique des bétons a été
quantifiée à travers plusieurs campagnes d'essais et peut maintenant être modélisée
(projet 1.3).

GROUPE 2 : Les Discontinuités

Les ruptures au sein des géomatériaux que l'on peut observer in situ et en
laboratoire montrent souvent une localisation des déformations le long de surfaces
privilégiées : bandes de cisaillement dans le cas des géomatériaux ductiles tels que
les sols et les roches sous fortes contraintes ou macro-fissurations dans le cas des
géomatériaux endommageables tels que les roches, les bétons et les argiles
surconsolidées sous faibles contraintes.
L'objectif de ce groupe était ainsi de parvenir à une description réaliste de la
rupture des géomatériaux en prenant en compte (c'est-à-dire en modélisant) la
rupture localisée sur la base des théories de bifurcation, interprétant le passage d'un
mode de déformations diffuses vers un mode strictement localisé comme un
processus de bifurcation.
Des études expérimentales fines menées en stéréophotogrammétrie, granularité
laser, par tomodensitométrie et par imagerie électromagnétique ont permis de
préciser ce processus de localisation en le décrivant de manière quantitative (projet
2.2).
Le concept de "désordre" est appliqué à la rupture fragile, permettant de passer
de façon continue d'un endommagement diffus à la rupture localisée en modélisant
le matériau par un réseau discret dont les propriétés locales peuvent être aléatoires
(projet 2.3).
Des lois décrivant le comportement à l'interface sol-structures mais également le
long d'une discontinuité de déformations localisées au sein d'un géomatériau, ont
été proposées. Elles permettent de modéliser aujourd'hui les propriétés mécaniques
majeures d'une interface en prenant en compte les phénomènes de contractance-
dilatance qui s'y développent (projet 2.4).
La fissuration des enrobés bitumineux a été étudiée expérimentalement par un
nouvel appareil (le fissuromètre) et modélisée à travers plusieurs approches
(méthode des discontinuités de déplacements, modèle d'endommagement, méthode
d'homogénéisation) (projet 2.5).
L'ensemble de ces outils est introduit dans des codes de calculs par la méthode
des éléments finis, où ils nécessitent des développements algorithmiques spécifiques
(maillages adaptatifs, hiérarchiques, mobiles ou superposition d'une bande
spectrale) (projet 2.1). La description, dans un même cadre, de la déformation
diffuse et de la rupture localisée au sein ou aux limites d'un ouvrage est un objectif
aujourd'hui très largement atteint.

GROUPE 3 : Les géocomposites

La plupart des nouveaux matériaux du Génie Civil sont des géocomposites : sols
renforcés à l'échelle macroscopique (armatures, géotextiles, ...) et microscopique
(TEXSOL,...) et nouveaux bétons (bétons hautes performances, bétons à fibres,...).
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24 Les géomatériaux : avancées récentes en calcul d'ouvrages

L'objectif de ce groupe était de développer l'expérimentation nécessaire pour


comprendre et quantifier l'amélioration des propriétés mécaniques induites par le
renforcement et d'introduire ces caractéristiques mécaniques dans des codes de
calculs par l'intermédiaire de modèles. Les difficultés spécifiques tiennent à la
nature hétérogène de ces matériaux, qui impose de considérer plusieurs échelles
d'analyse (micro, méso et macro).
Ainsi l'étude des sols renforcés a-t-elle débouché sur le calcul d'ouvrages (en
particulier, les soutènements) (projet 3.1), les travaux sur l'interaction fibre-ciment
sur le comportement anisotrope du composite (projet 3.2) et la modélisation du
comportement cyclique et dynamique du béton armé sur des calculs de structures
(projet 3.3), lesquels ont été validés sur des expériences en semi-vraie grandeur
développées sur la table vibrante AZALEE du CEA et le seront dans le futur sur le
mur de réaction implanté au Joint Research Centre Européen à ISPRA. Dans cette
dernière installation, un immeuble de huit étages à l'échelle 1/3 a été testé (projet
3.4).
A travers cet ensemble de développements, les grands codes de calcul français
en génie civil (CASTEM 2 000-CEA, CESAR-LCPC, GEFDYN-ECP,...) ont accru
leurs domaines spécifiques d'application et peuvent être utilisés comme outils d'aide
à la conception d'ouvrages innovants, au diagnostic d'ouvrages dégradés et à la
définition de règles normatives.

GROUPE 4 : Les interactions

On sait que, de manière générale, les couplages thermo-hydromécaniques jouent


un rôle majeur dans la résistance des ouvrages en sol et en béton. Par ailleurs,
l'extraction du pétrole est fondamentalement un problème d'écoulement de fluide
dans des milieux rocheux fissurés ou poreux, et l'un des problèmes majeurs du
stockage des déchets industriels ou radioactifs est constitué par l'impérieuse
nécessité de contrôler les écoulements de fluide vers les déchets et en provenance
des déchets.
L'objectif du groupe était ainsi de parvenir à des modélisations opérationnelles
de ces couplages thermo-hydromécaniques.
Dans ce cadre, le comportement des sols non saturés a fait l'objet d'une
investigation expérimentale approfondie, menée de manière complémentaire par les
différents laboratoires, et ayant abouti à un corpus de résultats unique au plan
international quant à ses caractères cohérent et exhaustif. Ces caractéristiques
mécaniques, introduites dans des modèles de comportement, ont permis de mener
les premiers calculs biphasiques couplés de barrages en terre (projet 4.1).
Le stockage des déchets radioactifs nécessite l'étude et la modélisation, outre du
couplage hydromécanique, de l'influence de la température sur les propriétés
mécaniques et hydriques des argiles et des granites. Dans ce champ relativement
vierge, les progrès réalisés ont permis le développement de plusieurs modèles,
originaux au plan international par le nombre de caractéristiques décrites (projet
4.3).
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Introduction 25

En ce qui concerne le béton, l'étude des effets thermiques et hydriques ont


permis de développer des logiciels qualifiés prenant en compte, dans les calculs de
structures en béton, les effets mécaniques dus à la chaleur dégagée par l'hydratation
du ciment (déformations apparentes, auto-contraintes et fissurations) et au séchage
naturel (projet 4.2).
La prise en compte numérique des couplages nécessite, bien entendu, le
développement d'algorithmes spécifiques, qui sont développés dans le cadre général
de l'élasto-plasticité, c'est-à-dire en situation de rhéologie non linéaire. Les premiers
codes de calculs par la méthode des éléments finis avec couplage complet sont ainsi
actuellement opératoires (projet 4.4).

GROUPE 5 : La validation

Les modèles de comportement et les codes de calcul par éléments finis qui les
incorporent se sont multipliés depuis la fin des années 70 y compris dans le champ
du génie civil. Il est ainsi important aujourd'hui de cerner les domaines de validité
des différents codes utilisés en France.
L'objectif de ce groupe était donc la qualification des codes par une procédure
de bancs d'essais ("benchmarks") sur des ouvrages-types, soigneusement
instrumentés.
La démarche du groupe repose sur une meilleure connaissance du comportement
mécanique des géomatériaux. Un sable, une argile et une roche de référence ont été
choisis et des campagnes d'essais complémentaires menées dans les laboratoires du
GRECO (projets 5.1 et 5.2). L'ensemble des résultats constitue aujourd'hui une base
de données expérimentales, unique au plan international au regard de cette
complémentarité. Ils sont en cours d'incorporation dans la banque de données
MODELISOL, dont l'objectif plus vaste englobe également des résultats d'essais
obtenus par les bureaux d'études qui en sont membres (projet 5.3).
A travers les ateliers de bancs d'essais internationaux, certains des modèles de
comportement développés au sein du GRECO connaissent des succès remarquables.
L'apport des méthodes probabilistes est pris en compte à travers une estimation
probabiliste des erreurs de code (projet 5.3). La démarche de validation des modèles
sur ouvrages-types a pu être entièrement menée dans le cas des fondations
superficielles, les essais-types ayant été réalisés sur la centrifugeuse de Nantes. Tous
les codes français importants ont pu être testés. Des dossiers de validation ont été
préparés dans le cas des tunnels et des barrages (projet 5.5).
Cependant, la démarche phénoménologique, adoptée pour construire la plupart
de ces modèles, aboutit à des formulations soit très incomplètes (élasticité, plasticité
parfaite), soit très lourdes à utiliser du fait du grand nombre de paramètres
constitutifs. Une approche rationnelle pour améliorer cet état de fait consiste à
fonder les modélisations sur une description fine de la microstructure locale. Des
progrès significatifs ont été réalisés dans cette perspective (projet 5.4) et ont, d'ores
et déjà, permis de retrouver certaines caractéristiques macroscopiques.
26 Les géomatériaux : avancées récentes en calcul d'ouvrages

4. Qu'est-ce que l'ALERT ?

En 1989, la Commission des communautés européennes retenait, dans le cadre


du programme SCIENCE, une action de jumelage intitulée "Modélisation
numérique des géomatériaux (sols, bétons, roches)" et qui regroupait six
organismes :
— le GRECO Géomatériaux (France),
— le laboratoire de géotechnique du Département de génie civil de l'université
technologique de Delft (Pays-Bas),
— le Département de génie des structures de l'Institut polytechnique de Milan
(Italie),
— Le Département de génie civil et l'Institut pour les méthodes numériques en
sciences de l'ingénieur de l'université de Swansea (Royaume-Uni),
— le Centre d'études et d'expérimentation en travaux publics de Madrid
(Espagne),
— le groupe de géotechnique du Département d'ingénierie de l'université de
Manchester (Royaume-Uni).

Cinq autres universités ont successivement rejoint ce noyau initial pour


constituer l'EURO-GRECO "Géomatériaux" :
— l'Institut du génie civil de l'université de Liège (Belgique),
— le Département de mécanique de l'Ecole polytechnique d'Athènes (Grèce),
— le Département de génie civil de l'université polytechnique de Catalogne à
Barcelone (Espagne),
— le Département de génie civil de l'école polytechnique fédérale de Lausanne
(Suisse),
— l'Institut des sciences et des techniques de construction de l'université de
Padoue (Italie).

Aujourd'hui, ces onze organismes ont structuré leur regroupement autour du


thème de la modélisation numérique des géomatériaux en une Alliance de
Laboratoires Européens pour la Recherche et la Technologie (ALERT), dont la
convention constitutive a été signée par le directeur général du CNRS et par les dix
universités membres en juin 1992 (voir figure 2 et tableau 4).

L ' A L E R T Geomaterials a été retenu par la C.C.E. en novembre 1993 comme


réseau de laboratoires européens, centre d'excellence pour le génie civil, et soutenu
dans le cadre du programme CAPITAL HUMAIN ET MOBILITE.

Le programme scientifique a été organisé autour des mêmes cinq axes que le
G R E C O : la dynamique des géomatériaux, les phénomènes de localisation, les
géomatériaux renforcés, les couplages thermo-hydromécaniques, la modélisation
constitutive et les benchmarcks.

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