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L3 ES

Méthodologie de la Recherche
Synopsis du cours (8h +1CC 1h)

Préambule
Objectif : 1) Obtenir les ressources nécessaires à l’élaboration de connaissances (recherche
documentaires) ; 2) connaitre les méthodes afin de mener des recherches dans le domaine des
SS. Quel type de recherche peut être mené en sciences sociales ? Quels questionnements ?
Quels sont les éléments qui peuvent être pertinent d’un point de vue social pour l’entrainement ?
Technique d’entrainement : phyio/ amélioration performance : Physio et Psycho ?

En quoi les Sciences sociales peut permettre d’améliorer les performances ?


L’encadrement de groupe n’est-il pas une composante sur laquelle on peut jouer ? Qu’est ce
que le groupe ? Qui le compose ? Quelle est sa cohésion ? plusieurs éléments peuvent
certainement être abordés :
1) Les rapports de force qui existent dans le groupe. La place que chacun occupe, le rapport
entre les sportifs, mais aussi entre sportif et entraineur, mais aussi la structure sportive
en elle-même,
2) Comment : Analyse systémique (voir cours sur les organisations)
3) Mais aussi qui sont les acteurs eux-mêmes ? Qui sont les acteurs qui composent mon
groupe. Quelle est leur histoire ? Comment les éléments personnels peuvent produire
un élément de performance ? Comment les étudier ?
4) Autre éléments, Les structures elles-mêmes ? Leurs fonctionnements ? Les enjeux sous-
jaccents ?
La question est au final, comment les SS peuvent aider à être plus performant ? Le peuvent-
elles d’ailleurs ? Et si oui comment ? L’art de poser de bonnes questions.

Comment trouver des recherches qui nourrissent mon propos ? Comment mener mes propres
recherches ?

Organisation d’un travail de recherche

Les travaux de recherche en sciences sociales peuvent se structurer de deux manières


principales d’un point de vue épistémologique :

1
- Hypothético-déductive
- Inductive

Dans le premier cas, la démarche hypothético-déductive implique d’avoir des


connaissances préalables sur le sujet de manière à pouvoir émettre une hypothèse. Le travail se
structure à partir d’une question de départ, suite à un constat, qui permet de faire un état de l’art,
ou une revue de littérature. L’objectif est ici d’utiliser l’ensemble des données théoriques afin
d’éclairer la thématique. L’objectif est de faire un état des lieux des connaissances théoriques
afin de proposer une synthèse problématique. Le contexte, les connaissances spécifiques mais
aussi l’orientation épistémologique permettent suite à la problématisation de proposer une
Hypothèse (un pari) qu’il faudra tester. Une méthode de recueil de données est alors proposée
pour tester l’hypothèse. On ne « vérifie » pas l’hypothèse car cela supposerait qu’on la croit
vrai alors qu’il faut la démontrer. Souvent celle-ci est partiellement vérifiée, et donc
partiellement fausse. Ce n’est pas grave, elle a permis de développer de nouvelles
connaissances.

Les méthodes de recueil de données peuvent prendre plusieurs aspects dans cette orientation
méthodologique.

Echantillon de population

Tout d’abord, il faut déterminer l’échantillon de la population qui peut être interrogé et
pourquoi. L’échantillon peut être représentatif de la population générale, en prenant en compte
les caractéristiques représentatives de notre population cibles ; ou bien l’échantillon peut être
diversifié. Dans ce cas, les résultats ne vaudront que pour le groupe étudié et ne pourront être
généralisés. Mais cet échantillon permet de voir différents cas de figures, même si ceux-ci ne
sont pas nombreux. Cet échantillon permet ainsi d’aborder des cas limites.

Questionnaires

Le travail peut être quantitatif. Dans ce cas, ce qui compte c’est de travailler sur un grand
nombre de données. Une méthode adaptée est le questionnaire. Ce dernier organise l’ensemble
des questions (ouvertes, fermées, à choix simple, multiple, ou encore des échèle de valeurs…)

2
à partir d’hypothèses. Ainsi le questionnaire ne peut être utilisé que dans des approches
Hypothético-déductive et quantitative et supposent un grand nombre d’individus de manière à
en permettre le traitement statistique. Chaque question suppose une connaissance préalable sur
laquelle s’appuie la question. Par exemple la question sur le sexe (garçon ou fille) est liée à
l’hypothèse suivant laquelle les comportements des garçons et des filles sont différents et ne
sont pas dus au hasard. Chaque question trouve donc une hypothèse qui la soutient ou que l’on
entend tester. Les questionnaires supposent donc en premier lieu un corpus d’hypothèses que
l’enquêteur teste à travers les questions, élaborées à partir d’indicateurs et d’indices. La
démarche est donc très directive, mais elle offre l’avantage de pouvoir vérifier précisément des
hypothèses. En outre les questionnaires ont un avantage conséquent puisqu’ils permettent « de
donner à l’enquête une extension plus grande et de vérifier statistiquement jusqu’à quel point
sont généralisables les informations et hypothèses préalablement constituées » (Combassie
J.C., 2001 : 33), et peuvent revêtir une forme qualitative ou quantitative (Ghiglione R. &
Matalon B. : 19781). Le questionnaire, s’il « pose à tous les mêmes questions formulées
exactement dans les mêmes termes et présentées dans le même ordre » (Combassie J.C., 2001 :
33) permet une comparaison systématique et une mise en perspective graphique souvent
pertinente dans la compréhension des phénomènes étudiés. « la construction du questionnaire
et la formulation des questions constituent donc une phase cruciale du déroulement de
l’enquête. On ne peut laisser certains points dans le vague, en se disant qu’on précisera plus
tard, au vu des réponses. Toute erreur, toute maladresse, toute ambiguïté, se répercuteront sur
l’ensemble des opérations ultérieures, jusqu’aux conclusions finales » (1978 : 962). En tout état
de cause, le questionnaire fait l’objet d’un test préliminaire auprès d’un échantillon permettant
ainsi de mesurer son indice de compréhension mais aussi de modifier quelques libellés de
question et de rajouter des items de réponse manquants.
Le traitement des données se fait par une analyse statistique à partie de tris à plats, de tris
croisés, avec la vérification du Khi 2 (qui permet de constater que les différences ne sont pas
dues au hasard) d’analyse factorielle en composante principale ou multiples, des arbres de
régressions….

Les données d’archives

1
Ghiglione R. & Matalon B. (1978), Les Enquêtes sociologiques, théories et pratique, op. cit.
2
Ibid, p. 96.

3
Il peut, même dans le domaine quantitatif, être complété par des données textuelles issues
d’archives ou de tout autre documents (iconographique, textes, témoignages) récent ou moins
récents mais permettant de connaitre l’histoire, le contexte… A note qu’il faut distinguer les
archives officielles, et les archives non officielles, souvent personnelles. Les archives officielles
sont souvent euphémisées, la parole contrôlée, tandis que les archives non officielles sont
souvent plus libres et laissent court aux opinions des acteurs. Les deux sont donc très
intéressantes. Le premier travail mené dans une perspective de compréhension socio-historique
est le recueil d’archives, de données textuelles ou encore de photographies d’époque. « La
collecte d’archives documentaires peut être tenue pour un point essentiel de beaucoup de
recherches sociologiques et une méthode à mettre en œuvre dès le début, avant même le séjour
sur le terrain » (Combessie, J.C., 2001 : 133)

Le travail peut être qualitatif, même dans une orientation hypothético-déductive. Le


recueil de données va donc utiliser d’autres outils. Si les approches quantitatives cherchent à
comprendre les agissements d’un grand nombre d’individus, sans les qualifier, (combien
d’hommes jouent au football en France comparativement aux femmes par exemple), les
approches qualitatives cherchent à qualifier les actes, à les comprendre (pour quelles raisons
les hommes font du foot ?). L’approche qualitatives se basent alors sur un groupe d’individus
réduits car les méthodes d’investigations sont plus lourdes en termes de mises en œuvre et de
temps.
Une des méthodes adaptées à ce type d’enquêtes sont les entretiens : directif, non
directifs, et semi-directifs, qui peuvent s’utiliser à différentes étapes. Les entretiens semi-
directif sont les plus utilisés puisqu’ils laissent cours à la parole de l’interviewé, tout en
accompagnant le discours (à la différence du l’entretien non directif). Un guide d’entretien est
élaboré avec une consigne de départ et les thèmes que l’on voudrait voir abordés. Les entretiens
semi-directifs apparaissent comme un des outils les plus appropriés pour saisir ce que pensent
les sujets. En effet, leur caractère discursif permet au sein de la discussion semi-dirigée, d’aller
à la rencontre des représentations sociales des individus, siège des valeurs auxquelles ces
derniers adhèrent (Ghiglione R & Matalon B. : 19784). Ils sont destinés à la connaissance
d’événements et d’activités qui ne sont pas directement observables (Griaude M. : 1957,

3
Combessie J.C. (2001), La Méthode en sociologie, 3ème éd. Paris, La découverte, Repère 194, (1ère éd. 1996), p.
13.
4
Ghiglione R. & Matalon B. (1978), Les Enquêtes sociologiques, théories et pratique, Paris, Armand Colin,
collection U.

4
Blanchet A. & Al : 1985, Lapassade G. : 1991)5 en renseignant de manière discursive sur les
contenus conscients, et parfois inconscients, vécus par les individus. Le choix se porte souvent
sur l’entretien semi-directif de recherche plutôt que sur d’autres formes d’entretiens (directif,
non-directif, récit de vie), car il permet une approche en profondeur des valeurs appartenant
aux interviewés, sans toutefois biaiser leur contenu par une démarche par trop directe dans
laquelle la volonté de l’interviewer domine l’échange. De la même manière ce procédé favorise
la comparaison, lors de l’analyse des données, des différents discours sans qu’ils aient été
formés à partir d’une méthodologie trop directrice. De plus, l’utilisation, répétée avec succès,
dans les sciences sociales, des entretiens semi-directifs, et de la mise en évidence grâce aux
matériaux recueillis de nouveaux aspects du social, nous font préférer cette démarche. De cette
méthode, dont nous devons les premières applications à Rogers6 C. dès 1945, nous retiendrons
particulièrement son objectif de connaissance. Ainsi, « le modèle classique de l’entretien non
directif de recherche,[et du semi-directif] c’est l’acquisition d’une connaissance sur autrui, par
soi, pour soi, et pour d’autres » (Revault d’Allonnes C., 1985 : 1857). Il est un outil pour la
recherche du sens qu’impulsent les acteurs dans leurs actions quotidiennes comprises dans des
situations collectives génératrices des attitudes et comportements. C’est pour cela que
l’entretien nous paraît primordial et dans le même temps insuffisant. Il doit être replacé dans un
contexte, dans celui des acteurs, un contexte construit dans le temps et dans le devenir et c’est
pour cette raison que nous pouvons l’associer aux observations et aux données d’archives.
Ainsi, l’entretien, dans son association à l’observation des comportements observables plus
généraux, au recueil de documents du passé nous offrant leur éclairage, est un outil de recueil
de données apte à nous faire saisir les actions des acteurs.
Pour mener à bien un entretien semi-directif, il y a, selon A. Gotman (1985)8, un art
d’interviewer. L’interviewer doit faire preuve d’une attention toute particulière, empreinte
d’empathie et de neutralité. Une attitude spécifique est requise et les lieux ou moments dans
lesquels se tiennent les interviews doivent faire l’objet d’une réflexion (Combessie J.C. :
2001)9. Dans l’entretien semi-directif, « l’enquêteur connaît tous les thèmes sur lesquels il doit

5
- Griaude M. (1957), Méthode de l’ethnographie, Paris, PUF.
- Blanchet A. & Al. (1985), L’Entretien dans les sciences sociales, op. cit.
- Lapassade G. (1991), L’Ethnosociologie. Les sources anglo-saxonnes,op. cit.
6
Rogers C. (1945), The non directive method as a technique for social research, American Journal of Sociology,
50-4, pp. 279-283.
7
Revault d’Allonnes C. (1985), E.N.D.R./Entretien clinique. Des présupposés aux effets de l’entretien. In Blanchet
A. & Al. (1985), L’Entretien dans les sciences sociales, op. cit., pp. 183-190.
8
Gotman A. (1985), La neutralité vue sous l’angle de l’E.N.D.R.. In Blanchet & AL. (1985), L’Entretien dans les
sciences sociales, op. cit., pp. 149-182.
9
Combessie J.C. (2001), La Méthode en sociologie, op. cit.

5
obtenir les réactions de l’enquêté, mais l’ordre et la manière dont il les introduira sont laissés
à son jugement, la consigne de départ étant seule fixée » (Ghiglione R. & Matalon B., 1978 :
58)10. La conduite à tenir implique donc, outre un positionnement de l’interviewer, comme dans
le cadre des observations, une procédure organisée. L’entretien semi-directif débute par une
consigne de départ qui doit être la même pour chaque sujet. Ensuite, en fonction du
déroulement, si des thèmes contenus dans la procédure n’ont pas été abordés, des relances, les
plus neutres possibles, sont effectuées. Plusieurs interviews avec le même sujet, le cas échéant
pourront se succéder si la totalité des thèmes n’ont pas été visités ou si l’interviewé en suggère
la nécessité. A partir des premiers entretiens, le mémento peut évoluer de manière à affiner la
procédure. De même, l’interview doit être le lieu, dans une méthode comme la nôtre dans
laquelle l’échantillon n’a pas été établi a priori, de l’établissement de nouveaux contacts par
l’intermédiaire du sujet.
Le matériel indispensable dans ce type de méthode reste le dictaphone. Il permet, en
plus de l’écoute attentive proposée par le chercheur, une fidélité aux propos recueillis. Le sujet
doit être, pour des raisons déontologiques, averti de son enregistrement et son anonymat lui est
garanti. Cependant, dans des situations particulières, lors d’enquêtes plus discrètes, pour des
recherches portant sur des groupes sensibles comme dans les milieux clandestins,
l’enregistrement peut, le cas échéant, être masqué. L’on considère par la suite que le recueil de
données à travers cette méthode est terminé lorsque, d’une part, les interviewés propose de
rencontrer des individus que nous avons déjà visités, et d’autre part, lorsque les thèmes abordés
deviennent sur plusieurs interviews très redondants. Ainsi, nous procédons à partir d’un critère
de saturation des informations.

L’observation
C’est en partie à la manière des fieldworkers de l’ethnologie que procède l’observation.
(Benson D. & Hughes G.A. : 1983)11. L’observation, sous quelque forme que ce soit, si elle
peut être considérée comme la principale méthode en ethnologie, peut être utilisé dans un travail
hypothético-déductif à la fois comme préliminaire à la recherche, permettant d’établir un guide
d’entretien approprié, mais aussi comme complément de ces mêmes interviews. Ainsi, pour
comprendre une société et les symbolismes partagés par ses acteurs, l’observation se révèle un
des outils les plus adaptés (Lapassade G. : 199112). Plusieurs formes d’observation sont

10
Ghiglione R. & Matalon B. (1978), Les Enquêtes sociologiques, théories et pratique, op. cit. p. 58.
11
Benson D & Hughes J.A. (1983), The Perspective of ethnomethodology,London, Longman.
12
Lapassade G. (1991), L’Ethnosociologie. Les sources anglo-saxonnes,op. cit.

6
possibles : Observation directe ou observation participante. L’observation directe sans
participation, a comme but la collecte systématique de données visuelles voire auditives
(Bogdan R. & Taylor S.J. : 1975, Lapassade G. : 1991, Peretz H. : 1998)13. L’outil
indispensable à ce type de recueil de données est constitué par le carnet de bord dans lequel les
éléments contextualisés sont systématiquement relevés. La mémoire humaine étant un fabuleux
outil de sélection, les observations doivent être, lorsque les situations le permettent, notées in
situ, de manière à ne négliger aucun point (Peretz H. : 199814). Dans les cas où les situations ne
rendent pas possible ce type d’organisation, il faut prendre soin, dès la fin de nos observations
de noter le plus rapidement et le plus justement possible le contenu de nos constatations. Pour
compléter cet outil, la photographie ou la vidéo peut, elle aussi, servi de témoignage. Elles
permettent de porter un regard hic et nunc sur la réalité présente en témoignant des situations
vécues, mais aussi des vêtements, des types de pratiques, des groupes, donnant l’occasion de
parfaire l’analyse à partir d’un regard qui n’est plus pris sur le vif, mais au contraire porté avec
du recul.
Ainsi, l’observation constitue un véritable outil permettant de se fondre et de
comprendre, sans participation, la situation des acteurs en présence. Il est évident que notre
simple présence est en elle-même une participation qui influençait les observés, cependant, la
perturbation engendrée par l’observateur, « loin d’être considérée comme un obstacle
épistémologique qu’il conviendrait de neutraliser est une source infiniment féconde de
connaissance » (Laplantine F., 1996 : 2415). Le choix pour une observation non participante se
justifie par plusieurs points. En premier lieu, la diversité des pratiques ou des acteurs ne
favorisent pas une observation participante longue, continue et pointilleuse dans chacun des
espaces. Les activités physiques et/ou sportives, par exemple, ne se pratiquent pas dans un seul
lieu ni dans un même temps. Nous pouvons préférer une observation directe qui, si elle n’est
pas aussi riche que la participation, laissant l’observateur le plus souvent à la périphérie de
l’action qui s’engage, permet de repérer dans les différents lieux et les différents temps, les
événements et attitudes redondantes. De plus l’observation sert principalement à la
connaissance in vivo du milieu étudié. Le second point qui a obligé à cette distance dans
l’observation se justifie par la population en présence. La langue, le sexe peuvent être des

13
- Bogdan R. & Taylor S.J. (1975), Introduction to quantitative research methods: A phenomenological
approach to the social sciences, New York, J. Wiley.
- Lapassade G. (1991), L’Ethnosociologie. Les sources anglo-saxonnes,op. cit.
- Peretz H. (1998), Les Méthodes en sociologie : l’observation, op. cit.
14
Ibid.
15
Laplantine F. (1996), La Description ethnographique, op. cit., p. 24.

7
limites à l’observation participante. Ainsi, cette démarche vise l’exploration du terrain d’étude.
Dans cette situation, « un état d’esprit particulier est requis ainsi qu’une vigilance méthodique :
le chercheur est aux aguets. Plus qu’à tout autre moment de la recherche, il doit avoir cette
attention double qui est, d’une part, attention à la nouveauté, à l’inconnu (…) et, d’autre part,
attention à soi en tant qu’étranger dans cette nouveauté (…) conscient de sa différence et du
traitement dont il est l’objet » (Combessie J.C., 2001 : 1516). L’observation participante, elle
met en jeu la participation du chercheur qui devient un acteur parmis les autres. Sa présence
modifie peut être le dispositif mais il le comprend de l’intérieur avec une grande richesse. Les
observation suppose un temps d’immersion long pour au final disparaitre ou, pour ainsi dire,
devenir l’autre. Les observations, et ses temps d’immersion, permettent également d’obtenir
des discours informels qui peuvent s’avérer très riches, complétés ensuite par des entretiens
formels.

La démarche inductive est initialement issue de l’ethnologie. C’est une orientation


uniquement qualitative qui suppose une méconnaissance du sujet, ou la volonté de porter un
regard neuf libéré des connaissances déjà produites. Dans cette approche il n’y a pas
d’hypothèse puisque vous ne voulez pas orienter votre travail par des réflexions théoriques
préconstruites. Il s’agit donc tout d’abord de s’immerger dans le terrain d’enquête. La méthode
privilégiée est donc l’observation participante. On cherche à comprendre de l’intérieur les
agissements du groupe auquel on s’intéresse. La procédure d’observation est la même
qu’expliquée précédemment. Ces observations peuvent également être complétées par des
entretiens et des données d’archives, mais jamais par des questionnaires. D’une part car il s’agit
toujours d’une enquête qualitative sur un nombre restreint d’individus, et d’autre part parce que
les questionnaires supposent un corpus d’hypothèses.

Analyse de données

Les analyses statistiques

Le traitement des questionnaires relève, au moins dans les premiers temps, d’une
méthodologie mécanique. En cela, l’intervention du chercheur apparaît beaucoup plus limitée,

16
Combessie J.C. (2001), La Méthode en sociologie, op. cit., p. 15.

8
au moins dans les premiers instants. L’analyse se fait par l’usage d’un logiciel d’analyse
statistique. L’intérêt premier d’un traitement informatique réside dans la capacité du logiciel de
procéder à un traitement d’un grand nombre de variables et de les comparer systématiquement
entre elles (Combessie J.C. : 200117). Plusieurs opérations sont bien sûr nécessaires à
l’exploitation des données. En premier lieu, il faut établir un questionnaire informatique puis
saisir les données dans l’ordinateur. Suite à cette tâche quelque peu fastidieuse mais inéluctable,
commence à proprement parler le traitement informatique des données. Ce dernier procède par
différents niveaux qui vont permettre d’affiner l’analyse.
Tris à plat et tris croisés
En premier lieu, le traitement se réalise par des tris à plats. Ces derniers permettent une
mise en évidence des réponses le plus souvent exprimées pour chaque question en offrant une
première orientation et une élimination des modalités qui ne sont pas citées ou très peu. De
même cette opération renseigne sur la composition générale de la population.
Cette première opération est ensuite complétée par des tris croisés. Cette nouvelle étape
permet la mise en évidence de corrélations entre les différentes variables et aide à la
détermination des questions qui vont être utilisées pour les traitements suivants. Les tris croisés
sont faits pour l’ensemble des questions. Seul les degrés de significativité inférieurs ou égaux
à 0.05 sont conservés. Cette seconde opération permet de déterminer les liens existant entre
deux variables. Par exemple le sexe de l’interviewé avec le type de pratique. Pour s’assurer que
ces liaisons ne sont pas dues au hasard, un test du khi deux est effectué systématiquement.
Cette première étape permet de mettre en évidence les premières liaisons statistiques
entre les différentes modalités de réponse, et de sélectionner en fonction des hypothèses et de
la significativité des croisements, les questions à retenir dans les opérations suivantes.

Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM)

Si les tris croisés donnent une vision synoptique des résultats en utilisant un procédé un peu
long, mais riche quant aux informations qui peuvent être obtenues, l’AFCM généralise à
l’ensemble des questions et des variables le croisement statistique. L’analyse factorielle
« évalue les liaisons entre toutes les variables pour les hiérarchiser ou/et proposer une
représentation de la configuration d’ensemble de ces liaisons » (Combessie J.C., 1998 : 10218).
De plus, elle permet la réduction d’un grand nombre de variables nominales en un petit nombre

17
Combessie J.C. (2001), La Méthode en sociologie, op. cit.
18
Ibid, p. 102.

9
de facteurs indépendants. Cependant, si le traitement statistique favorise une mise en
perspective des données en renforçant la scientificité de la démarche et en réduisant l’action de
chercheur, des limites existent tout de même. Ainsi, « suivant le choix opéré, la configuration
d’ensemble et donc la « forme du nuage » se trouveront modifiées » (Combessie J.C, 2001 :
10519). De plus si effectivement « la présentation finale donne à voir les résultats d’une analyse
d’ensemble très complexe et non sa mise en œuvre » (Ibid. : 105), l’analyse des données peut
être comparée à une « boite noire » dont l’obscurité doit être

Les analyses de contenu (entretiens, observation et archives)

Plusieurs méthodes d’analyse peuvent se mettre en place. J’ai choisi ici de présenter une analyse
de contenu. Il faut savoir que de nombreuses méthodes existes : thématique, Analyse des
relations par opposition, recherche des co-occurrences, arborescence, utilisation des logiciels
d’analyse de contenu…. Nous présenterons ici une méthode classique d’analyse thématique.
Plusieurs étapes sont nécessaires au traitement des entretiens semi-directifs permettant
d’aboutir à une analyse de contenu thématique. En premier lieu, l’ensemble des interviews et
des discussions informelles, doivent faire l’objet d’une retranscription. Le corpus de textes
ainsi constitué subi ensuite divers traitements pour en permettre l’analyse.
L’objectif d’une analyse de contenu consiste en « l’identification de l’univers de
référence des acteurs sociaux, c’est-à-dire la mise à jour de l’organisation de données
concrètes et des valeurs qui lui sont attachées » (Léger J.M & Florand M.F., 1985 : 23820). Au
regard des hypothèses, nous pouvons choisir de réaliser un type d’analyse thématique, c’est-à-
dire qui comprend le repérage d’indices permettant de classer les textes en établissant entre eux
des différences ou des similitudes (Ghiglione R. & Matalon B. : 197821).
La première étape, la préanalyse, est la phase d’organisation proprement dite. Elle est
composée en premier lieu d’une lecture flottante permettant une prise de contact avec les
documents d’analyse. La lecture flottante de chaque entretien est effectuée de manière à repérer
des thèmes récurrents en relation avec les hypothèses. A partir de l’émergence de catégories
thématiques, une grille d’analyse est élaborée. La démarche repose sur des allers et retours
incessants entre les données textuelles, les hypothèses et la composition de la grille d’analyse.

19
Ibid, p. 105.
20
Léger J.M & Florand M.F. (1985), L’analyse de contenu : deux méthodes, deux résultats ? In Blanchet A. & Al.
(1985), L’Entretien dans les sciences sociales, op. cit., 237-273, p. 238.
21
Ghiglione R. & Matalon B. (1978), Les Enquêtes sociologiques, théories et pratique, op. cit.

10
Des tests sont d’abord effectués et dans le long processus de composition, l’outil d’analyse se
voit peu à peu affiné. L’objectif d’une telle procédure est d’isoler les unités thématiques en
distinguant thèmes et sous-thèmes (Combessie J.C. : 200122). Les discours en eux-mêmes sont
porteurs d’un sens qu’il convient de faire surgir et l’analyse de contenu en constitue le moyen
(Mucchielli R. : 1980)23. Cependant, si l’analyse de contenu est une méthode largement utilisée
en sciences humaines, elle est par ailleurs très critiquée. Son organisation, tant méthodologique,
conceptuelle que technique (Ghiglione R., Beauvois J.L., Chabrol C. & Trognon A. : 198024)
apparaît souvent loin de la scientificité des traitements statistiques, laissant une large place à
l’interprétation du chercheur. Cependant, elle demeure malgré tout une technique
incontournable permettant d’accéder au sens propre du discours et d’établir ainsi des
comparaisons entre les divers interviews. Il faut cependant garder en mémoire les critiques qui
ont cours à son encontre pour tenter de réduire les biais méthodologiques et leurs influences.
Après avoir relevé les thèmes et sous-thèmes correspondant aux hypothèses, en tâchant de
conserver le plus possible les termes utilisés par les acteurs, il faut les catégorisés en ensembles
thématiques. Le choix entrepris de se référer à une analyse thématique, tient au fait que « le
thème est utilisé généralement comme unité d’enregistrement pour des études de motivations,
d’opinions, de croyance... » (Bardin L., 1985 : 13725). Une grille d’analyse est ainsi été
constituée. Elle a comme objectif de tester les hypothèse éventuelle, ou dans le cas d’une
approche inductive d’organiser les données en les catégorisant.
Chaque catégorie est ensuite décomposée en sous-thèmes constitués à partir de
regroupements récurrents qui apparaissent dans les discours des individus. Ces sous-thèmes
peuvent exprimer en eux-mêmes le contenu des unités d’enregistrement relevé dans les
interviews. Le discours est ensuite traité à travers cette grille. Des unités d’enregistrement,
segments significatifs du discours que sont les thèmes, représentés le plus souvent par une
phrase ou un morceau de phrase, sont relevés et introduits dans les cases correspondantes. Le
cas échéant, un titre peut être donné à un sous-ensemble au sein des sous-thèmes pour exprimer
leur contenu. Une fois l’ensemble de l’opération réalisée, une synthèse peut être élaborée pour
rendre compte de l’attitude de positionnement des sujets
Analyse des Relation par oppositions

22
Combessie J.C. (2001), La Méthode en sociologie, op. cit.
23
Mucchielli R. (1980), L’Analyse de contenu, Paris. PUF, 2ème édition.
24
Ghiglione R., Beauvois J.L., Chabrol C. & Trognon A. (1980), Manuel d’analyse de contenu, Paris, Armand
Colin.
25
Bardin L. (1985), L’Analyse de contenu, op. cit., p. 137.

11
Cette étape du traitement consiste en une seconde lecture du discours mais qui suppose
de nouveaux objectifs. Ainsi, de manière schématique, les systèmes d’opposition redondants
sont relevés permettant de faire apparaître les représentations sociales des individus,
fonctionnant à partir de couples symboliques antithétiques. Cette seconde lecture ne s’établit
pas au même niveau, mais recherche dans l’ensemble du discours les notions que les sujets
opposent et qui complètent notre traitement préalable. Par exemple l’opposition peut exister
entre les pratiques actives et celles passives et le réseau d’associations de comportements qui y
sont agrégés. Le choix de cette technique s’inspire de l’analyse des relations par oppositions
(A.R.O.) élaborée par Haumont et Raymont (196626). Cette démarche considère que l’individu
fonctionne à partir d’un réseau de relations par opposition à partir duquel peut être mis en
évidence son univers de référence. De même, cette démarche peut aller plus loin en analysant
les entretiens, suivant une approche permettant de faire apparaître, dans le discours, des aspects
masqués relatifs aux comportements des individus.

Au final, la structuration d’un travail (ou d’un mémoire) de recherche s’établit


différemment dans les approches hypothético-déductive et inductive. Les outils ne sont pas
toujours les mêmes et les démarches intellectuelles différentes. Les deux méthodes apportent
des connaissances particulières.
Schématiquement l’approche hypothético-déductivese structurera plutôt comme suit :
- Constat de terrain
- Question de terrain
- Définition des termes clefs et état de l’art (afin de construire son objet à partir de
connaissances théoriques reconnues)
- Synthèse problématique
- Hypothèse(s)
- Méthode de recueil des données
- Analyse des données
- Présentation des résultats
- Interprétation et Discussion des résultats (et comparaison à la littérature existante)
- Conclusion
Inductive :

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Haumont, N., & Raymont, H. (1966), Les Pavillonnaires, Paris, C.R.U.

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- Immersion et recueil de données sur le terrain d’enquête (observation, archives,
discussion informelles, entretiens)
- Organisation et catégorisation des données afin de les faire parler à partir d’une analyse
qualitative.
- Interprétation et discussion des résultats par comparaison avec la littérature existante
- Conclusion

Ceci ne constitue qu’un ensemble possible d’organisation.

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