Vous êtes sur la page 1sur 5

LA RESPONSABILITÉ CIVILE DÉLICTUELLE

I- Les conditions de la mise en œuvre de responsabilité civile délictuelle


Pour que la responsabilité civile délictuelle soit mise en œuvre, il faut la réunion des trois
mêmes éléments que pour la responsabilité civile contractuelle :
• Une faute ;
• Un dommage ;
• Un lien de causalité entre la faute et le dommage.
a- La faute
- L’article 77 du D.O.C concerne les fautes volontaires ou délits, et l’article 78 les fautes
involontaires ou quasi-délits.
- Tout d’abord, le délit comporte l’intention de nuire, c’est-à-dire le dol et à ce titre, est
nécessairement constitutif de faute, sur le plan juridique comme sur le plan moral
- Ensuite, le quasi-délit, oblige de la même manière que le délit à la réparation du dommage, mais
cette fois ci causé par la négligence ou l’imprudence.
b- Le dommage
Sans dommage, pas droit à réparation. Mais il ne suffit pas de constater un dommage, celui-ci
doit être réparable. Autrement dit, doit être certain, direct et licite (légitime).

 Le dommage doit être certain :

- Le dommage futur c’est-à-dire qu’il est certain peut parfaitement être futur ou actuel, ce qui
importe c’est qu’on soit sûr que ce dommage futur advienne, si tel est le cas, il mériterait
responsable.

- La perte d’une chance


 Le dommage doit être direct : Cette disposition se confond souvent avec l’exigence d’un lien de
causalité, dire que le dommage doit être direct se serait dire qu’il doit être la suite directe du fait
générateur.
 Le dommage doit être légitime : La victime doit pouvoir se plaindre de la violation d’un droit
subjectif, ça renvoie au droit juridiquement protégé.
Les types de dommage :
 Le dommage matériel : Quand un accident survient, il peut entraîner des pertes, des destructions,
la destruction d’un bien est un dommage matériel.
 Les dommages corporels : un préjudice qui résulte de la privation des joies de l’existence. C’est
donc un préjudice subjectif de caractère personnel résultant des troubles ressenties dans les
conditions d’existences.
 Le dommage moral : la tristesse.

c- Un lien de causalité
=>THEORIE DE L’ÉQUIVALENCE DES CONDITIONS : tout événements qui participe à la
chaîne causale doit être considéré comme une cause du dommage, c’est une conception large
de la causalité.

=>THEORIE DE LA CAUSALITÉ ADÉQUATE : celle selon laquelle est réputée causale


l’événement qui selon la nature des choses était de nature à provoquer le dommage c’est-à-dire
celui qui devrait à nouveau le causer dans les mêmes conditions. C’est une conception plus
étroite de la causalité.

Pour qu’il y ait un responsable il faut un lien de causalité entre le fait générateur et le
dommage.

Le fait générateur peut prendre différente formes, ce peut être la forme ou le fait personnel, ou
le fait d’une chose ou le fait d’autrui, mais quel que soit l’hypothèse il faut toujours un lien de
causalité entre le fait générateur et le dommage.

Cette exigence d’un lien de causalité ne signifie pas que les règles de preuve du lien de
causalité soient toujours les mêmes. Parfois c’est la victime qui doit prouver parfois ce lien de
causalité est présumé. Il reste que dans tous les cas le lien de causalité doit exister.

II- La mise en œuvre de la RCD


1- La responsabilité du fait personnel
- La faute par commission est prévue par l’article 77 du DOC et l’article 1382 du Code Civil
français.
Il s’agit d’une faute qui résulte d’un acte ou d’un comportement positif, que la loi ou les usages
commandent de ne pas commettre et dont l’accomplissement cause un dommage à autrui. Il en
est ainsi par exemple le cas d’un automobiliste qui provoque un accident mortel à cause de sa
conduite en état d’ivresse.
- La faute par omission est prévue par l’article 78 du DOC et l’article 1383 du Code Civil
français.
Il s’agit d’une faute qui résulte d’un comportement négatif, là où la loi ou les usages de la
société exige d’adopter une attitude positive afin d’éviter le dommage à autrui.
- La faute constitue toujours un acte illicite en ce sens qu'elle est la « méconnaissance d'un
devoir ou d'une obligation imposée par l'ordre juridique » « un manquement à une obligation
préexistante ».
L’imputabilité du comportement :
Selon les articles 96 et 97 du DOC : « les mineurs, infirmes et sourds-muets ne répondent des
dommages résultant de leur fait ou de leur faute, que s’ils possèdent le degré de discernement
nécessaire pour apprécier les conséquences de leurs actes ».
Cette règle est donc applicable en doit marocain à toute personne dépourvue de discernement :
 Elle s’applique donc au mineur dépourvu de discernement, c’est-à-dire celui qui n’a pas
encore atteint l’âge de 12 ans, conformément aux dispositions de l’article 96 du DOC.
 Elle est aussi applicable, à l’insensé, tant qu’il n’est pas prouvé, que l’acte préjudiciable
qu’il a commis, l’a été dans une période de lucidité. Ici il faudrait distinguer 2 cas de figure :
 Quant aux sourds-muets et infirmes, ils répondent en principe des dommages résultant de
leur fait, de leur faute.
- L'exercice d'un droit peut causer un préjudice à autrui sans, pour autant, constituer une faute.
Exemple chouchou le commerçant qui s'installe à proximité d'un concurrent lui cause un préjudice
en lui prenant une partie de sa clientèle, mais il n'y a pas faute, c'est une conséquence du principe
de libre concurrence. En revanche, si c'était ce commerçant qui avait vendu le fonds a son
concurrent et qu'il avait souscrit une obligation de non-concurrence, il commettrait une faute
contractuelle en se réinstallant à côté de lui.
Exemple knizou : Concernant la liberté d'expression, citons un arrêt intervenu à propos de
l’émission Les Guignols de l'info. Cette affaire concernait les sociétés Peugeot et Citroën qui
demandaient réparation du préjudice que leur auraient causé les propos de la marionnette de leur
directeur général dénigrant la marque.
Les types de faute :
- Il faut distinguer, parmi les fautes génératrices de dommages, celles qui sont les plus graves, la
faute intentionnelle mais aussi la faute inexcusable et la faute lourde qui sont plus ou moins
assimilées les unes aux autres, et celles qui sont les moins graves, les fautes d’imprudence et de
négligence, voire les maladresses.
2- RC du fait d’autrui
Elle trouve son fondement dans les articles 85 du D.O.C et 1384.1 du code civil français.
A- La responsabilité des père et mère du fait de leurs enfants mineurs
- Le législateur marocain, en prévoyant dans l’article 85.2 du D.O.C. que le père, et la mère après
le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs, habitant avec
eux, a limité cette responsabilité uniquement aux père et mère et,
- Par conséquent il exclu le tuteur, les ascendants, et autres parents tels que les oncles, les tantes...
Ces derniers ne sont donc pas responsables du dommage causé par le mineur, même s’il habitait
avec eux.
- Cependant, si le tuteur, allié, (autre que le père et la mère), avec lequel vit, habite, ce mineur, ne
peut être responsable sur le fondement de l'article 85 du D.O.C. il pourrait être actionné sur le
fondement de la responsabilité du fait personnel (Article 77, 78 D.O.C) si le fait dommageable
commis par le mineur était né de la faute de ce tuteur, ou de celle de ce parent allié, sous le toit
duquel vit le mineur ; à condition bien évidemment, de prouver la faute du responsable,
conformément aux principes de la responsabilité du fait personnel.
- Le père et la mère sont indiscutablement frappés d'une présomption de responsabilité. Autrement
dit, les parents peuvent s'exonérer de leur responsabilité en prouvant qu'ils n'ont commis aucune
faute, ni dans l'éducation, ni dans la surveillance.
- Pour que la responsabilité de plein droit des père et mère exerçant l’autorité parentale sur un
mineur habitant avec eux puisse être recherchée, il suffit que le dommage invoqué par la victime
ait été directement causé par le fait, même non fautif, du mineur. Seule la force majeure ou la
faute de la victime peut exonérer les père et mère de cette responsabilité.
B- La responsabilité des commettants du fait leurs préposés

- L’article 85 prévoit que : « Les maîtres et les commettants, sont responsable du dommage causé
par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ».
- Les commettants sont ceux qui ont une autorité sur un subordonné, et il est matériel que lorsque
le subordonné commet un dommage dans l’exercice de ses fonctions, celui qui a autorité sur lui
soit responsable.
- Le préposé est celui qui est lié au commettant par un lien de préposition.
1ère condition : le lien de préposition
C’est un lien de faite situation dans laquelle une personne quelconque se trouve à voir autorité sur
une autre personne (l’autorité étant acceptée). Il faut que le commettant ait un pouvoir de direction
et de contrôle sur le préposé.
2ème condition : le préposé doit avoir commis une faute
Le commettant ne peut pas se décharger de sa responsabilité en faisant la preuve qu’il n’a commis
aucune faute, il ne peut s’exonérer qu’on démontrant que le dommage est dû à une cause
étrangère au fait du préposé.
La victime peut d’ailleurs toujours poursuivre le préposé lui-même puisque par l’hypothèse elle
est responsable du dommage dans les termes du droit commun.
3ème condition : le préposé doit avoir causé le dommage dans l’exercice de ses fonctions.

C- La responsabilité des instituteurs

Elle est prévue par l’article 83 bis du D.O.C.


Les conditions
La victime peut être un tiers ou un élève, elle doit prouver que :
- le dommage résulte du fait de l’élève
-l’élève était sous la surveillance de l’enseignant
-l’enseignant a commis une faute
 Le fait de l’élève : c’est un acte objectivement illicite puisque l’instituteur ne sera pas responsable du
dommage causé par l’élève s’il n’a pas pu prouver un mouvement brusque ou un acte soudain de
celui-ci causant un accident dont a été victime un tiers.
Exemple : Il a été jugé que le fait pour un élève de s'être blessé avec un couteau entraîne la
responsabilité de l'instituteur qui l’a laissé sortir du cours de cuisine avec l'objet dangereux.
 Pendant le temps de surveillance : Au terme de l’art 85 bis que ce soit pendant la scolarité ou en
dehors de la scolarité dans un but d’éducation morale ou physique non interdit par les règlements. En
d’autres termes, le dommage doit survenir lorsque les élèves sont sous la surveillance de l'enseignant
(cours, intercours, récréations) ou à l'occasion d'une activité d'enseignement (activités scolaires ou
périscolaires), ou dans le cadre d'activités éducatives qui ont été autorisées par l'autorité hiérarchique
hors du temps scolaire (sorties, voyages).
 Défaut de surveillance : L’enseignant doit exercer une surveillance active : pèse également sur lui
une obligation de prévoyance (précautions à prendre pour assurer une surveillance efficace).
Exemple : Un automobiliste condamné à réparer le dommage causé à un élève peut rechercher la
responsabilité de l'enseignant, dans la mesure où l'élève a pu quitter l'établissement en échappant à la
surveillance, insuffisante, de celui-ci.
De ce fait la faute de l’instituteur doit avoir été la cause du dommage exclusive ou partagé avec une
faute de la victime. Elle consiste parfois à ne point avoir surveillé les élèves ou plus souvent aux
avoirs surveillé insuffisamment.

Causes exonératoires
L'enseignant pourra voir sa responsabilité dégagée totalement ou partiellement en :
 Cas de force majeure (quand l'accident présente un caractère extérieur, imprévisible et irrésistible) ;
 En présence d'une faute de la victime (pratique d'une activité par l'élève sans autorisation ou non-
respect du règlement) ;
Exemple : un élève de 14 ans s'étant rendu dans une cour réservée aux grands élèves et ayant reçu
un coup en jouant au ballon avec eux.
 Du fait d'un tiers (faute d'un tiers qui a concouru à la réalisation du dommage : visite d'un zoo avec
partage de responsabilité ente directeur du zoo et enseignant pour l'élève ayant échappé à
surveillance de l'enseignant en escaladant barrières de protection avec hauteur et distance de
sécurité insuffisantes).
Exemple : Accident survenu à un écolier, lors de la visite d'un zoo, qui entraîna un partage de
responsabilité entre le directeur du zoo (3/4) qui n'avait pas installé les protections nécessaires, et
l'État (1/4) pour défaut de surveillance.

3- La responsabilité du fait des choses


A- La responsabilité générale du fait des choses

Vous aimerez peut-être aussi