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Master 2 Agrégation, Mathématiques, Université de Nice Sophia-Antipolis,

UE3 - 8 - Théorème de Cauchy-Lipschitz.

Dénition d'une solution


Soit K = R ou C. Soient Ω un ouvert de R × K et f : Ω → K . On s'intéresse à l'équation
diérentielle
N N

y 0 = f (t, y), (t, y) ∈ Ω, t ∈ R, y ∈ KN . (E)


La variable t est appelée la variable de temps et la variable y la variable d'état.
Dénition 1, Solution : Une solution de (E) est un couple (I, y) où I est un intervalle I de R et
y une fonction dérivable y : I → K telle que
i) pour tout t ∈ I , (t, y(t)) ∈ Ω,
N

ii) pour tout t ∈ I , y (t) = f (t, y(t)).


0

Lemme, Formulation intégrale : Soient Ω un ouvert de R × K et f : Ω → K continue. Soit N N

(t , y ) ∈ Ω. Une fonction y : I → K est une solution de (E) telle que y(t ) = y si et seulement
si
N
0 0 0 0

i) y est continue,
ii) pour tout t ∈ I , (t, y(t)) ∈ Ω,
iii) pour tout t ∈ I ,
t
(1)
Z
y(t) = y + f (s, y(s)) ds.
0
t0

Dénition 2, Prolongement : Soient y : I → K et y : I → K deux solutions de (E). On dit


que y est un prolongement de y si I ⊂ I et si la restriction de y à I est y .
N N
1 1 2 2
2 1 1 2 2 1 1

Dénition 3, Prolongement strict : Soient y : I → K et y : I → K deux solutions de (E).


On dit y est un prolongement strict de y si y est un prolongement de y avec I 6= I .
N N
1 1 2 2

Dénition 4, Solution maximale : On dit que y est une solution maximale si elle n'admet pas de
2 1 2 1 1 2

prolongements stricts (c'est-à-dire pas d'autres prolongements qu'elle-même).


Exercice 1 (Exemples et contre-exemples de solutions)
Étudier les équations diérentielles y 0
et y 0
(s'intéresser en particulier à
l'intervalle maximal d'existence).
= 2 y 3/2 = 3y 2/3

Exercice 2 (Régularité des solutions)


Montrer que si f : Ω → R est de classe C , alors toute solution de (E) est de classe C .
N k k+1


Les théorèmes d'existence
Dénition 5, Localement lipschitzien par rapport à la seconde variable : Soit Ω un ouvert de
× KN. Une fonction f : Ω → K est dite localement lipschitzienne par rapport à la variable
N

d'état (notée y ici) si pour tout (t̃, ỹ) ∈ Ω, il existe C = [t̃ − T, t̃ + T ] × B(ỹ, r) ⊂ Ω avec T, r > 0
R

et k ≥ 0 tels que pour tous (t, y ), (t, y ) ∈ C ,


1 2 0
0

kf (t, y1 ) − f (t, y2 )k ≤ kky1 − y2 k.

Théorème de Cauchy-Lipschitz : Soient Ω un ouvert de R × K et f : Ω → K continue (dans


toutes les variables) et localement lipschitzienne par rapport à la variable d'état. Soit (t , y ) ∈ Ω.
N N

Alors il existe une solution maximale et une seule y : I → K de (E) telle que y(t ) = y . De plus,
0 0

l'intervalle I est ouvert.


N
0 0

Théorème de Cauchy-Péano-Arzela : Soient Ω un ouvert de R × K et f : Ω → K continue. Soit N N

(t , y ) ∈ Ω. Alors il existe une solution maximale y : I → K de (E) telle que y(t ) = y . De plus,
l'intervalle I est ouvert.
N
0 0 0 0
Exercice 3 (Cauchy-Lipschitz dans la cas globalement lipschitzien)
On se place dans le cas de f : R × R N
→ RN une application continue telle que
kf (t, x) − f (t, y)k ≤ kkx − yk, ∀x, y ∈ RN , t ∈ R

où k ∈ R.
1) Soit y 0 ∈ RN . Notons E l'espace C ([0, T ], R ) muni de la norme
0 N

kykE = sup ky(t)k.


t∈[0,T ]

Montrer que l'application Φ qui à tout élément y de E associe la fonction Φ(y) de [0, T ] dans R
dénie par
N

Z t
Φ(y)(t) = y0 + f (s, y(s)) ds

est une application continue de E dans lui-même.


0

2) Soient y, ỹ ∈ E. Démontrez l'inégalité


tp
kΦp (y)(t) − Φp (ỹ)(t)k ≤ k p ky − ỹkE , ∀t ∈ [0, T ].
p!

3) En déduire que le problème (E ) avec la condition y(0) = y admet une unique solution sur
[0, T ]. 0

Exercice 4 (Cauchy-Lipschitz linéaire)


Nous allons montrer dans cet exercice le théorème :
Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire : Soient I un intervalle de R, A ∈ C(I, M (K)), B ∈
C(I, K ). Soit (t , y ) ∈ I × K . Alors il existe une solution et une seule y : I → K de (L) telle
N

que y(t ) = y .
N N N
0 0
0 0

1) Noter les diérences avec le cas non linéaire.


2) Montrer l'équivalence avec la formulation intégrale
Z t
Y (t) = y0 + (A(s)Y (s) + B(s)) ds.
t0

3) On dénit sur I les fonctions Y (t) = y et pour n ≥ 0,


0 0

Z t
Yn+1 (t) = y0 + (A(s)Yn (s) + B(s)) ds.
t0

a) Si I est un intervalle compact, montrer que l'on a une majoration du type


αn−1 |t − t0 |n
kYn (t) − Yn−1 (t)k ≤ C .
n!
En déduire l'existence sur I dans ce cas.
b) Montrer l'unicité.
c) Passer au cas non compact.
Exercice 5 (Cylindres de sécurité et Cauchy-Lipschitz local)
Soient Ω un ouvert de R × R et f : Ω → R continue.
N N

Dénition 6, Cylindre de sécurité : Soient Ω un ouvert de R × K , f : Ω → K continue et N N

y ∈ K . On dit que C = [t − α , t + α ] × B(y , r ) ⊂ Ω, avec α , r > 0, est un cylindre de


0
N
0 1 0 1 0 1 1 1
sécurité pour (E) si pour toute fonction y ∈ Ẽ = C([t , la fonction Φ(y)
à valeurs dans K dénie sur [t − α , t + α ] par 0 − α1 , t0 + α1 ], B(y0 , r1 ))
n
0 1 0 1
Z t
Φ(y)(t) = y0 + f (s, y(s)) ds
t0

est dans Ẽ.


1) Soient T , r > 0. Montrer que pour tout (t , y ) ∈ Ω et pour tout cylindre C = [t − T , t +
T ] × B(y , r ) ⊂ Ω, il existe un cylindre de sécurité C = [t − α, t + α] × B(y , r ) ⊂ C .
0 0 0 0 0 0 0 0

2) On suppose que f est localement lipschitzienne par rapport à la seconde variable. Soit (t , y ) ∈
0 0 0 0 0 0 0 0

Ω. Obtenir α > 0 et r > 0 an que pour tout y Z∈ E = C ([t − α, t + α], B(y , r )), Φ(y) de
0 0
0
0 0 0 0 0

[t − α, t + α] dans R dénie par Φ(y)(t) = y + f (s, y(s)) ds est dans E .


t
n
0 0 0

3) S'inspirer de la preuve de l'exercice précédent pour conclure à l'existence d'une solution sur
0

[t − α, t + α].
0 0

Exercice 6 (Prolongement pour obtenir le théorème global)


1) Sous les hypothèses du théorème de Cauchy-Lipschitz, montrer que si y et ỹ sont deux
solutions de (E) de I dans R qui coïncident en un point de I alors elles coïncident sur tout I .
N

2) Toujours sous les hypothèses du théorème de Cauchy-Lipschitz, on pose


F = {I intervalle ; t ∈ I et (E) a une solution sur I qui vaut y en t }.
0 0 0

Pourquoi F est non vide? Construire une solution maximale et conclure au théorème de Cauchy-
Lipschitz.
Références : Berthelin

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