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Recherche= C urisme> Actes du Colloque de Foix organisé par Association francaise des IUP Tourisme, Hotellerie, Loisirs et le Centre d'Etudes du Tourisme et des Industries de Accueil de l'Université de Toulouse - Le Mirail woe Ld CT] La Recherche en Tourisme Textes réunis par Jean-Pierre Poulain et Michel Teychenné Actes du colloque de Foix nisé le 2 et 3 mai 2000 au centre universitaire de I’ Ari’ge par L’Association francaise des IUP Tourisme, Hétellerie, Loisirs et le Centre d’Etudes du Tourisme et des Industries de I’Accueil de l'Université de Toulouse Le Mirail Fin de siecle : Phi ippe VIOLIER la géographie du tourisme a la croisée des chemins Le tourisme, en tant qu’objet scientifique, a été tardi- ‘vement abordé par les géographes. Les géographes, se sont d'abord, ds la fin du XIX* sidcle, fait guides avertis emmenant les voyageurs sur les chemins de la découverte des régions, en méme temps qu’ils cempruntaient ceux de la vulgarisation, Ainsi dans la lignée d’A. Joanne, plusieurs géographes éminents sfessaient & ce genre litérare, II ne s'en suit pas une approche scientifique du tourisme. Car la diversifica- tion de objet scientifique de Ia géographie se heurte alors aux rigidités de Torthodoxie disciplinaire, Les gardiens du temple délimitent strictement ce qui rele vede la géographite (la géomorphologie, la géoeraphie régionale et les paysages ruraux) et ce qui en est exclu ‘Aux pores fondateurs et aux maitres de la géographie classique, habitués a traiter des permanences de espace et habiles & repérer les liens étroits entre les facteurs naturels et occupation humaine, un phéno- inne social fondé sur la mobilité et créateur de ville, done de ruptures, n'entre pas dans leur conception de ta discipline. Aussi faudra-til attendre les années cin- uante pour que quelques géographes s'essaient & intégrer I'approche du tourisme dans leurs travaux aux ambitions plus vastes* : M. Capot-Rey au sein de ta ‘géographie de la circulation et G. Chabot & propos de la géographie urbaine. Cote incursion discrete s'épa- rnouira dans les années soixante. C'est sous la di tion du méme G, Chabot qu’Y. Barbaza et F. Cribier préparent leur these. Tandis que la premigre Sintéres- se au tourisme par le truchement d'une étude de géo- graphie régionale plus classique (1966), F. Cribier centre sa recherche sur le tourisme « comme un phe: noméne de masse et comme un phiénoméne de géo~ ‘graphie urbaine » (1969). Ainsi le pas de la géogra- hie du tourisme était-il franchi, La construction «d'une géographie du tourisme en France a abouti ainsi ‘la rédaction de traités de synthese (Lozato-Giotart J P,1985,1993,Cazes G., 1992 ; Dewailly JM. et Fla- ment E., 1993, 2000, Duhamel P., Sacareau L., 1998) et 8 sa reconnaissance au sein des composantes de la discipline. Ce rapide exposé des origines introduit un panorama des débats qui agitent le cercle des géagra- pphes et des géographies du tourisme d’aujourd"bui, cesquissant par Ia méme les remises en causes pour Ia venir. Ona regroupé les principales discussions autour dde quatre themes : le premier a trait & la definition méme du tourisme et aux concepts de base ; le second, non moins fondamental pour la discipline pose la question de I"émergence du tourisme en cer lains licux ; le woisigme se focalise sur la question des effets du tourisme pour environnement et pour la socigté d'accueil Le pren ier débat porte sur le concept méme du tou- risme, S'il est admis dans les institutions que le tou- risme est une mobilité qui implique une nuitée hors de la résidence habituelle, ce qui est la base de la din tion élaborée par 'OMT, les incertitudes et les discus- sions s"engagent ds qu'il s‘agit de délimiter prévisé ment l'objet de la géographie du tourisme. D'aucuns {jugent ce questionnement sans intérét et sans issue. Le tourisme serait un concept flou (Dewailly J.M. et Pla- ment E., 2000). Nous pensons au contraire que le role d'un chercheur, en sciences sociales en occurrence, est de contribuer & une meilleure compréhension de Ia ‘ce qui suppose au minimum cet effort de cla- tification, Certains auteurs déclinent aussi différentes ‘motivations comme autant de variantes du touristne En général on se réfere aux « motifs » énoneés par OMT, a savoir Magrément, ls affaires et une catégo- ‘oclite incluant notamment les activités sporti- ves, les pelerinages... Si_ cette énuméation parait ‘commode, n’excluant& vrai dire personne ou presque, et présente Favantage d’étre admise, notamment par les milieux professionnels, et d'etre a la base de la constitution de apparel statistique, est-elle réelle ‘ment opératoire quant a l'analyse des lieu. ? D’autres gcographes enfin regrettent tout d’abord que la defini tion en extension prenne le pas sur celle en compre: hhension et soulignent que Maccent sur Ia. diversité (apparente ?) tnd & masquer Messence de objet ét- dig. Amalgamer tourisme et polerinage n'est ce pas & la fois confondre tourisme et déplacement et couper la réalité sociale du contexte de son émergenc "Tous le tourisme era une entrée plus dserte ds les anes trente dans quelques travaux. On ever en pticulier es thises de Jean Mige sur Ia Savoie, 1933, de Raoul Blanchard sue les Alpes Frangaises, 1937-1947, de Lois Papy sur le itr slantiqoe, 1941, Ww in de idle: 1a geographic du touriome ila crise des chemins révolution industrielle ? Ces demiers suggerent done de limiter le tourisme & un déplacement inscrit dans le temps libre et qui se réalise hors de l'espace et du temps quotidien (Knafou, 1997, Duhamel P. et Saca reau L., 1998). Cette position inscrit le tourisme dans In société industrielle puisqu’il ne saurait y avoir de temps libre dans une société agraire et théocratique. Les géographes déclinent plutt le tourisme selon les ccatégories spatiales classiques de la discipline tourisme est alors littoral, de montagne, urbain ou rural (Ginier, 1968 ; Clary, 1993 ; Baron-Yelles, 1999). Cette catégorisation géne ceux-ta méme qui y recourent puisqu’il est 6vident que des recoupements inévitables se produisent de Grenoble & Nice en pas- sant par Nantes et Bordeaux, sans évoquer les basses ‘et moyennes montagnes qui Seraient ruralesI'été seu- lement (Béville, 1995). Pour éviter le pidge, certains Gerivent que le Tourisme urbain est essentiellement culturel alors que la pratique dominante est la prome- rade dans les rues commergantes, ce qui n’est pas nécessairement a-culturel, mais pas non plus systéma- ‘iquement culturel. Qu’importe ! Cette typologie est largement utilisée. Or au sujet de la dichotomie entre le rural et urbain, les travaux géographiques et les productions des sciences sociales en général souli- ‘znent plutot le rOle structurant des villes et I’éialement Urbain que la stabilté d'une bipolarisation, Sans d&ve~ lopper, on peut déja regretter que ce débat qui traver~ se les Sciences sociales n’est pas abordé & propos du tourisme, phénoméne urbain, Ou lorsqu’il est abordé, par Daniel Clary par exemple, cela n'a pas dinciden- ce sur les catégories établies sans que les auteurs ne s'en expliquent. Au-deli, quel sens donner aux notions de tourisme rural et de tourisme urbain ? L’analyse des pratiques. souligne d'abord que scules quelques eampagnes sont cffectivement parcourues par des touristes, il s'agit pour les régions plutot de la Vallée de la Loire, du érigord ou de la Bretagne des enclos. Au sujet des villes, a rareté des travaux en ce domaine incite & la prudence et on ne saurait prétendre dresser une liste ‘un tant soit peu sérieuse des villes oi la fonction tou- ristique est significative. Dans la plupart des campa- ‘anes et des villes, les mobilités relevent en effet soit de déplacements inscrits dans une échelle régionale, soit de mouvements alternants entre les résidences principales et les résidences secondaires, ou les rési- dences de parents et amis. De méme, dans la plupart des villes, les rythmes des établissements hoteliers sont davantage liés aux mouvements des voyages d'affaires, Les pointes «activité se placent en cours de semaine et pendant les saisons intermédiaires. Les fins de semaine et les pétiodes de congés scolaires correspondent au contraire & des fléchissements sérieux. On s*étonne das lors que les tenants de la ‘

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