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JEAN-LOUIS VIEILLARD-BARON
À méditer :
« Une réalité en soi ne peut exister que pour soi et non pour un autre. Elle est cette
intimité à soi qui constitue précisément un esprit. La métaphysique, si elle est la
science de l’être, ne peut être que la science de l’esprit ». (IS p.58)
LA PRÉSENCE
La philosophie de Louis Lavelle est ontologique. Le réel, c’est
l’être. Il y a corrélation entre l’apparition de la diversité des choses à
la conscience et la manifestation de l’universelle présence : c’est que
« la présence pure précède et soutient toutes les présences
particulières » (PT, p.159).
La présence, c’est l’équivalent de ce que Heidegger appelle
Dasein, à savoir l’existence comme être-là.
Le contenu de la présence peut bien être modifié ; la présence
reste. « C’est l’identité de la présence dans laquelle il pénètre qui
donne à chaque objet son caractère concret et lui assigne une place
dans le même univers ».
Nécessité de la totalité : le Tout exprime l’indivisibilité toujours
présente de l’acte par lequel l’Être peut être posé. Être, Acte et Tout
sont indissociables.
PRÉSENT ET PRÉSENCE :
La présence totale est liée au présent, qui est valorisé par Lavelle
à la suite de saint Augustin. « Si c’est dans le présent que le sujet
perçoit ce qui l’entoure, c’est aussi dans le présent qu’il remémore son
passé et qu’il anticipe son avenir » (PT p.165). En fait les choses
doivent s’inscrire dans l’être absolu, « mais elles le font par
l’intermédiaire de la conscience individuelle » (ibidem).
Il y a lieu d’opposer le réel et l’imaginaire. C’est à voir. Quel est
le statut de l’imaginaire chez Lavelle ? Il n’y a pas de théorie de
l’imagination, mais une compréhension de l’art comme réconciliation
du sensible et de l’intelligible (Les Puissances du moi, p. 207 sqq). Le
monde dans lequel nous vivons est un monde de choses ; l’art nous
montre que ces choses sont des apparences dont il révèle la
signification. L’apparence a un sens positif en ce qu’elle témoigne et
manifeste d’une réalité. Dans l’art, c’est la chose représentée qui
montre sa richesse intérieure, son affinité avec nos désirs, sa présence
qui nous comble. L’art substitue à la réalité pesante une apparence
dématérialisée dont la seule présence produit en nous une émotion
spirituelle (p.208). C’est la « serpentine », invisible mais présente, qui
fait l’unité de la figure représentée ; Ravaisson y fait allusion à propos
de Léonard de Vinci. Gian Paolo Lomazzo, théoricien de la peinture
au seizième siècle, y verra tout le secret de la peinture (le premier des
arts pour Léonard) car elle donne à la peinture la plus grande grâce ;
Daniel Arasse écrit que « l’artiste qui veut donner grâce et vie à ses
figures doit adopter la forme serpentine, qui représente la “tortuosité
vivante d’un serpent en mouvement, ce qui est exactement la forme de
la flamme qui ondoie” et il ne doit pas la suivre seulement dans
l’ensemble de la figure mais dans chacune de ses parties » (Léonard
de Vinci, p. 419 ; Paris, Hazan, 2ème édition, 2003). Et Arasse
rapproche cela de la théorie du feu chez Aristote, « l’élément le plus
actif de tous, et la forme de sa flamme la plus apte au mouvement ».
Le réel fait couple avec le virtuel ; et en ce sens il rapproche de
l’actuel. Il n’y a pas chez Lavelle une thématique de la virtualité
analogue à celle de Bergson, qui oppose le possible (logique) et le
virtuel (vivant). Pour Lavelle, l’être total implique une infinité de
virtualités et ne réalise actuellement que l’une d’elle ou quelques-unes
d’entre elles (IS, pp. 125-128).
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mais comme dans une activité spirituelle qui la fait à chaque instant
être et ressusciter.
L’immortalité subjective n’a-t-elle de réalité que pour moi ? Et
dans le dialogue que je poursuis avec la personne disparue, ne fais-je
pas la question et la réponse ? En réalité, ceci vaut aussi bien pour
toutes les autres personnes que je côtoie : « la réalité et l’efficacité de
leur présence sont toujours proportionnelles à la valeur même de
l’idée que je me fais d’eux et qui constitue la réalité spirituelle qui
nous est commune » ; (p.118)
La société spirituelle accomplie suppose notre propre mort et pas
seulement celle des absents.
Abréviations :
IS = De l’intimité spirituelle
DA = De l’Acte
PT = La Présence totale
PM = Les Puissances du moi