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la population. C’est ce que soulignait avec inquiétude Pas besoin, pour cela, d’être « de gauche », il
l’ancien directeur général de la santé William Dab,dès suffit d’être moins néolibéral qu’Emmanuel Macron.
octobre 2020, en évoquant notamment la question des Puisque ce dernier impose au pays un référendum
masques. « On est en train de créer un problème de sur son programme, la candidate RN peut userde la
nature politique et démocratique qui menace l’avenir même rhétorique binaire. C’est d’ailleurs ce qu’elle
du pays », affirmait-il alors. a fait en accusant Jean-Luc Mélenchon d’avoir « trahi
Emmanuel Macron s’est aussi enivré de son « bilan l’attente de protection » de ses électeurs et électrices,
économique » à coups de statistiques et d’études en appelant à ne pas voter pour elle.
trop élogieuses. Cette certitude l’a même conduit à Désormais, Marine Le Pen se présente ouvertement
répondre à l’habitante de Denain qu’elle n’était « comme un rempart contre la destruction du modèle
pas dans la vraie vie ». Mais il a oublié ce qui se social incarné par le président sortant, alors même
dissimulait derrière ces chiffres qui ne disent rien du qu’elle a durci son programme en la matière.
quotidien : la pression croissante sur le monde du L’exemple le plus criant est la retraite à 65 ans,
travail, le sentiment d’oppression, les inégalités de qui s’est imposée comme le sujet dominant de
plus en plus insupportables… Le rejet français du la campagne d’entre-deux-tours. Objectivement, la
néolibéralisme, que le président sortant pensait avoir candidate du RN a droitisé son projet en enterrant
vaincu, s’est en réalité renforcé tout au long de son l’idée du retour à l’âge légal de départ à 60 ans. Mais
quinquennat. comme Emmanuel Macron a radicalisé sa position,
Cette déconnexion explique l’absence complète de elle peut continuer de parler de « carnage social ».
prise en compte de ce rejet dans son programme Le positionnement de Marine Le Pen n’est pas
et sa campagne de réélection. C’est donc en toute social. C’est une illusion que renvoient en miroir
logique que le président sortant promet pour les le quinquennat et le projet d’Emmanuel Macron.
cinq prochaines années l’apogée de sa politique de Tel qu’il est en train de s’installer, le débat est
radicalisation néolibérale : l’achèvement de la seule enfermé au sein de la droite radicalisée. Et ce, sur
grande réforme qui manque à son arc, celle des tous les sujets. Mardi, lors d’un déplacement dans
retraites ; la marchandisation des services publics, le Grand Est, le président sortant s’est exprimé sur
notamment l’éducation ; et la déconstruction de l’État celui des institutions, en se disant «plutôt favorable
social avec sa réformedu revenu de solidarité active au septennat », comme la candidate RN avant lui.
(RSA), qu’il souhaite conditionner à une activité. Tous deux se rejoignent donc sur l’idée de prolonger
L’illusion sociale du RN le mandat présidentiel, mais à une différence près :
alors que Marine Le Pen prétend vouloir instaurer le
En refusant de modifier substantiellement cette « septennat non renouvelable », Emmanuel Macron
doctrine d’ici le 24 avril et en maintenant l’idée que estime que « le caractère renouvelable » doit être
toute voix en sa faveur validera son projet, Emmanuel laissé à l’appréciation du « peuple ».
Macron transforme le second tour de la présidentielle
en référendum pour ou contre ses politiques. Et, à De ce point de vue, ce second tour n’est donc
la différence de 2017, bon nombre de Françaises et pas une opposition entre un candidat « modéré »
de Français, épuisés par le quinquennat qui s’achève, et une candidate « extrémiste », mais plutôt entre
entendent le prendre au mot, sans même se soucier de deux radicalités qu’une majorité de Françaises et de
la catastrophe démocratique que constituerait l’arrivée Français rejettent : une radicalité néolibérale face à une
de l’extrême droite au pouvoir. radicalité néofasciste.
Dans un tel contexte, le positionnement relatif de Comme solution à cette impasse, Emmanuel Macron
Marine Le Pen apparaît, pour beaucoup, comme celui tente maladroitement un pas de deux sur la réforme
d’une « défense sociale » contre le projet présidentiel. des retraites. Le président sortant a ainsi proposé de
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ramener l’âge légal à 64 ans et non plus 65. « Je suis la veille, en renvoyant le sujet à de futures discussions
prêt à discuter », a-t-il dit, évoquant même l’idée d’un avec les partenaires sociaux. Après avoir méprisé
référendum sur le sujet. Mais ce frémissement est très les corps intermédiaires, les contre-pouvoirs et les
risqué : il menace de faire perdre au président sortant oppositions tout au long du quinquennat, Emmanuel
une partie de l’adhésion de la droite néolibérale tout en Macron assure aujourd’hui vouloir adopter une «
restant moins-disant par rapport à une Marine Le Pen nouvelle méthode ». Mais sur ce point encore, la
candidate du statu quo sur les retraites. confiance est rompue.
D’ailleurs, le ministre de l’économie Bruno Le Maire,
favorable au report de l’âge légal de départ à la retraite
à 65 ans, a immédiatement nuancé la « concession » de
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