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Journal d'agriculture tropicale et

de botanique appliquée

Notes concernant l'Homme et les Plantes utiles à Madagascar


Henri Perrier de la Bathie

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Perrier de la Bathie Henri. Notes concernant l'Homme et les Plantes utiles à Madagascar. In: Journal d'agriculture tropicale et
de botanique appliquée, vol. 2, n°5-6, Mai-juin 1955. pp. 298-322;

doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1955.2225

https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1955_num_2_5_2225

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NOTES CONCERNANT L'HOMME ET LES

PLANTES UTILES A MADAGASCAR

Par H. PERRIER DE LA BATHIE.


Correspondant de l'Institut.

HISTOIRE D'UNE COLONIE BANTOUE A MADAGASCAR

Des années et peut-être des siècles s'étaient écoulés avant


l'arrivée des Bantous à Madagascar. Les plaines que ces Bantous
devaient occuper plus tard étaient couvertes d'épaisses forêts.
Dans ces forêts habitaient alors quelques hommes peu nombreux,
très sauvages, qui vivaient de tubercules, de miel, de chasse et de
pêche, qui logeaient dans des grottes, connaissaient le fer et étaient
appelés Mikae et Beosy. Ces Mikae et ces Beosy sont bien plus ou
moins anciens, mais il en existe encore de vivants dans les massifs
calcaires de l'Ambongo et du Menabe.
Les Vazimba, plus grands, plus guerriers, mieux organisés, sont-
ils plus anciens que les Bantous? Faute de dates précises, il est
bien difficile de répondre à cette question. Les Vazimba ne
s'intéressent pas aux questions d'agriculture; leur mode de vie est très
différent; ce sont des chasseurs et ils vivent de leur gibier. Ce sont
probablement eux qui ont introduit les Zébus et les Potamochères
à Madagascar. En tous cas ces Vazimba sont bien originaires
d'Afrique, mais d'une région africaine plus humide et plus boisée
que celle où vivent les Bantous.
La colonie Bantoue s'étendait du Bassin inférieur de la Betsiboka
au Nord, au bassin du Mangoky au Sud. Nous ne l'avons vue que
plusieurs siècles après sa destruction. Ce n'est plus maintenant
qu'une vaste terre brûlée, un désert d'herbes en saison des pluies;
couverte de cendres en saison sèche, avec çà et là, dans les rocailles,
dans les sables ou dans les boues, dans les lieux que les flammes
ne peuvent atteindre, les plantes qui nous ont raconté l'histoire de
cette terre, histoire que résume la liste des plantes cultivées et des
animaux domestiqués que l'on trouvera ci-après.
A une date assez récente mais litigieuse, des Malaisiens
traversèrent la Grande Ile en suivant une rivière, la Sakalave, de là leur
nom. Ces Sakalava dès leur arrivée sur le versant occidental massa-
— 299 —

crèrent les Bantous et détruisirent leurs cultures, puis, au cours


d'une longue et sombre histoire, se répandirent sur le littoral
occidental, du Mangoky à Nosy-be et aux Comores.

Plantes africaines introduites a Madagascar


par les Bantous.
Elaeis guineensis Jacq. — Palmier à formes culturales nombreuses.
La forme introduite par les Bantous est très commune dans
le Menabe mais les Malgaches de cette région ne savent plus
aujourd'hui utiliser ces Palmiers.
Phoenix reclinata Jacq. — Sur les sables et jusqu'à 50 km du
littoral.
Oriza. — Ce Riz stolonifère et vivace existe encore inculte dans
les plaines de la Betsiboka et de la Tsiribina.
Sorghum verticilliflorum Stapf. — Grande graminée surtout
abondante dans les collines des plateaux calcaires, sur les bords des
forêts incendiées.
Strychnos spinosa L. — Arbuste surtout abondant sur les sols
sablonneux dénudés. Gros fruits très variables, toujours
comestibles à maturité et souvent excellents.
Ziziphns vulgaris L. (Z. mauritiana Lam.). — Arbuste ou petit
arbre, très abondant sur tout le versant occidental, sur les sables
dénudés. Fruits peu variables, recherchés par les Sakalaves, les
Lémuriens et les oiseaux.
Voandzeia subterranea. — La culture de cette plante est presque
abandonnée à Madagascar (1947).
Adansonia digitata L. — Espèce un peu variable (formes des
boutons floraux et des fruits).
Vangueria edulis Vahl. — Fruits variables.
Anona chrysophylla (Bojer) (A. senegalensis Pers.). — Petit arbre
à fruits variables, assez rare.
Scleriocarya caffra Sond. — Arbre des sols découverts, à fruits
variables, souvent acides, parfois (rarement) doux.
Mussaenda arcuata Poir. — Assez rare.
Vigna sinensis, Coleus rotundiflorus et Phaseolus autreus. — Herbes
qui ne sont plus cultivées à Madagascar.
Peut-être (dates incertaines) Bananiers et Bâtâtes.
Raphia Ruffia (R. vinifera). — Espèce variable.
Borassus flabelliformis (B. madagascariensis) . — Espèce variable.

Les Animaux.
Potamochoerus larvatus Cuvier. — La présence à Madagascar
d'un Potamochoerus n'est d'ailleurs pas une preuve d'une régres-
— 300 —

sion quaternaire. Il a certainement été introduit à Madagascar par


l'homme. Il manque en effet dans les dépôts à subfossils (Epiornis:
hippopotame) les plus récents. Il est domestiqué en Afrique et
pourrait l'être à Madagascar, où il ne paraît pas adapté à la forêt
tropicale. Enfin comme toutes les plantes cultivées et largement
répandues, cet animal est très variable et présente de nombreuses
formes aussi bien sur la Grande Ile qu'en Afrique.
Pintade. — Cette Pintade est identique à la variété de l'Afrique
orientale mais elle n'est pas complètement sauvage à Madagascar
en ce sens qu'on ne l'observe sur la Grande Ile qu'au voisinage
des lieux habités et des rizières. Elle n'existe pas ou est rare dans
les forêts denses du versant oriental de Madagascar.
Zébus. — On peut distinguer deux formes dans les Zébus qui
ont été introduits dans l'Ile. L'une, relativement plus récente, plus
grande, à fourrure maculée de blanc ou d'autres couleurs, à bosse
du garot très saillante sur les femelles, très probablement
introduite par les Arabes, surtout répandue dans le centre et sur le
versant oriental, appelée Ombi par les Mérina. L'autre, plus petite,
plus ancienne à Madagascar, à fourrure brune, jamais maculée, à
bosse du garot toujours presque nulle, effacée sur les femelles,
souvent retournée à l'état sauvage, appelée Baraia par les Sakalaves,
Aolo ou Attoy par les Mahafaly et les Masikoro; elle fut introduite
par les Caffres ou les Bantous et est retournée à l'état sauvage après
le massacre de ces derniers.
Tiques des Zébus. — Ces Tiques (Fever-Tick) vivent sur les
Zébus et aussi sur les Sakalaves. Leur piqûre détermine une maladie
grave, qui vaccine d'ailleurs contre tout retour de cette maladie,
mais qui, néanmoins, a causé de graves dégâts dans les troupeaux
des deux rives du canal de Mozambique.
Chèvre. — La Chèvre a été introduite souvent par les navigateurs
du canal de Mozambique mais sans succès.
Felis ocreata cafra. — Chat domestique retourné à l'état sauvage,
assez commun sur le versant occidental. Nom bantou : Impaka.
Nom sakalave : Ampaka. Nom malgache : Piso (1).

PLANTES UTILES DE MADAGASCAR :


Podocarpus, Dracaena et Palmiers.

Introduction.
Le but de ce travail est simplement de permettre à tous ceux
qui, sans être botanistes, s'intéressent aux arbres de la Grande Ile,

(1) Voir G. Petit in Bull. Ac. Sciences, 27 nov. 1933.


— 301 —

de trouver rapidement le nom scientifique des principales plantes


utiles qui y croissent spontanément ou qui y sont naturalisées.
Les noms malgaches employés jusqu'ici pour désigner ces plantes
sont souvent fallacieux et peu sûrs. Ils changent parfois, pour une
même plante, de peuplade à peuplade, de vallée à vallée, de village
à village et même quelquefois suivant la fantaisie de l'indigène
interrogé. L'emploi de ces noms vernaculaires dans les arrêtés
officiels réglementant les forêts de la Colonie n'a pas été sans
introduire en la matière quelques obscurités, source de chicanes
et de confusions, qu'il vaudrait peut-être mieux éviter. Si ce petit
travail peut aider à faire disparaître ces inconvénients, s'il permet
d'employer des termes plus précis, il n'aura pas été inutile et c'est
à ce titre surtout qu'il nous a paru présenter quelque intérêt.
Pour rendre cette étude accessible à tous, nous avons évité,
autant que possible, de nous servir de mots sortant du langage
courant. Quelquefois néanmoins il nous a bien fallu employer
des termes un peu spéciaux, mais, dans ce cas, nous en indiquons
le sens, au moment même de leur emploi, soit entre parenthèses,
soit par une note infrapaginale. L'usage de nos clefs dichotomiques
n'offrira, croyons-nous, pas de difficultés, mais une condition est
nécessaire pour leur emploi : il faut avoir devant soi un rameau
fleuri (et souvent quelques fruits) de l'espèce que l'on désire
déterminer. Ces clefs conduiront alors rapidement au nom du genre,
puis à celui de l'espèce, qui est accompagné des noms indigènes et
d'un résumé des propriétés et des usages de la plante, notions qui,
dans une certaine mesure, peuvent aider à confirmer sa
détermination.

Clef des Classes.

Semences nues, non entourées d'un fruit (Plante à port de


palmier ou arbres à rameaux verticillés et à feuilles
étroites, épaisses et rapprochées) I. Gymnospermes.
Semences entourées d'un fruit 2

Un seul cotylédon dans la graine; feuilles à nervures


parallèles; écorce non ou peu distincte du bois; pas de
couches concentriques de croissance sur la coupe du
tronc II. Monocotylédones.

Deux cotylédons dans la graine; feuilles à nervures


ramifiées, les plus fines formant un réseau; coupe du tronc
présentant des couches concentriques de croissance ....
III. Dicotylédones.
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I. Gymnospermes.

Cette classe n'est représentée à Madagascar que par les genres


Cycas et Podocarpus, qui ne se ressemblent en rien, puisque le
premier est une plante à port de petit palmier, à feuilles pennées, et
les autres des arbres à rameaux verticillés et à feuilles simples.

Gycas
(Faho)
Ce genre (fam. des Cycadacées) n'est représenté à Madagascar
que par une seule espèce, le Cycas Thouarsii (Faho des Betsimisa-
raka), localisé sur la côte orientale, mais planté dans beaucoup
de jardins de l'Ile. Son tronc est inutilisable, mais cette plante est
très ornementale et ses fruits sont comestibles. C'est à ces titres
qu'elle figure ici.
Podocarpus
(Hetatra)
Ce genre, qui représente seul les Conifères (Taxacées) à
Madagascar, comprend 3 espèces malgaches, que l'on peut distinguer
ainsi :
Feuilles lancéolées, à plus grande largeur vers le milieu
et un peu atténuées aux 2 bouts P. madagascariensis.
Feuilles linéaires ou aciculaires, à bords parallèles ou
presque parallèles 2
Feuilles de 5 à 7 cm de long; montagnes de l'Ouest du
Betsileo; espèce presque éteinte P. betsileensis.
Feuilles aciculaires, de 1 à 3 cm de long; Mt Tsaratanana,
massif d'Andringitra et forêt d'Andasibe sur l'Onivé..
P. rostratus.

Le seul de ces arbres qui soit assez répandu est le P.


madagascariensis, que l'on observe çà et là, dans les forêts des montagnes,
de la Montagne d'Ambre à Midongy du Sud. On a rattaché à cette
espèce, à titre de variété, deux Podocarpus du Tsaratanana
incomplètement connus, bien distincts pourtant par leurs feuilles. L'une
a les feuilles moitié plus petites que celles de YHetatra commun et
les graines arrondies (var. rotundus) ; l'autre (var. microphyllus)
des feuilles très petites (15 mm au plus) et relativement beaucoup
plus larges. Les Hetatra sont de beaux arbres, donnant de bons
bois de construction. Il est à souhaiter qu'ils soient multipliés.
— 303 —

Le P. rostratus est beaucoup plus rare. C'est un très bel arbre,


à port de Pin Pignon, qui n'a été observé jusqu'à présent que sur
la cime du Tsaratanana et dans la forêt d'Andasibe, sur l'Onivé.

II. Monocotylédones.

1 cotylédon; écorce non distincte du bois; pas de zones


concentriques de croissance; feuilles ou segments des feuilles à nervures
parallèles.
Clef des genres.
Feuilles larges (semblables à des feuilles de bananier),
longuement pétiolées, disposées en éventail au sommet du
tronc; fleurs irrégulières Ravenala.
Feuilles étroites ou divisées en segments étroits, fleurs
régulières ou sans périanthe 2

Feuilles simples, à limbe entier 3


Feuilles divisées en nombreux segments, disposés en penne
ou en éventail (Palmiers) 4

Feuilles plus ou moins épineuses sur les bords; plante


dioïque; fleurs sans périanthe; fruit constitué par un
grand nombre de petits fruits soudés ensemble (Syn-
carpe) Pandanus (Pandanacées).
Feuilles non épineuses sur les. bords; périanthe net, à
6 divisions; fleurs complètes; baie Dracaena (Liliacées).
Feuilles palmées (en forme d'éventail) 5
Feuilles pennées (en forme de plume) 6
Tronc presque toujours renflé en fuseau vers le milieu;
pétiole bordé de petits aiguillons; feuilles à rachis (axe
des segments) subnul; fruit subsphérique ayant plus de
15 cm de diamètre; albumen égal Borassus.
Tronc cylindrique, droit; pétiole presque lisse sur les
bords; rachis long de 15-30 cm; fruit ovoïde, de moins
de 5 cm de haut; albumen ruminé Medemia.
Troncs presque toujours obliques, groupés souvent par
2-4, émettant des rejets à la base (contrairement aux
deux précédents) et de taille bien plus réduite; rachis
allongé (50-60 cm) ; pétiole bordé de fortes épines; fruit
ne dépassant pas 8 cm de haut, plus large en général au
sommet qu'à la base; albumen égal Hyphaene.
Segments de la base des feuilles raides, durs, étroits,
constituant comme de longs aiguillons 7
Segments de la base des feuilles à limbe développé, ne
constituant pas de longs, aiguillons raides 8
— 304 —

/ Stipe nu, dépouillé de gaines jusqu'au bouquet terminal


de feuilles; spadice (inflorescence) dépassant les gaines
des feuilles, en grappe lâche Phoenix.
Stipe presque toujours couvert par les bases persistantes
des gaines; spadice court et dense, ne dépassant pas
les gaines des feuilles Elaeis.

Stipe couvert par les bases persistantes des gaines;


palmier monocarpique, à spadice terminal; spadice presque
aussi grand que le palmier lui-même; fruit couvert
" \ d'écaillés; albumen ruminé Raphia.
,

' Stipe nu; fruit non écailleux; spadice latéral; palmiers


\ fructifiant chaque année 9

Spathe externe du spadice close, ne se fendant pas sur le


côté, se détachant par la base à la floraison, très dure
9 | et très ligneuse Beccariophoenix.
Spathe externe du spadice se fendant sur toute sa longueur
à la floraison 10

Albumen ruminé (c'est-à-dire graine présentant sur la


\ coupe d'étroites expansions des téguments pénétrant
< dans l'albumen) 11
f Albumen non ruminé 12

f Stipe ramifié; spathe externe du spadice très longue, très


i étroite; bases des feuilles, entremêlées de fibres très
i abondantes (piassava) et très visibles; anthères sagit-
11 y tées Vonitra.
f Stipe simple; pas de paquets de fibres entre les bases des
\ feuilles; anthères à sacs parallèles Neodypsis.

^ Fleurs groupées par 3, sur l'axe des épis Chrysalidocarpus


( Fleurs éparses, non groupées par 3 sur l'axe des épis 13

' Spadice pendant, dépassant les gaines; fruit à une seule


X graine Ravenea,
I Spadice court et dense ne dépassant pas les gaines; fruit
( ordinairement à 3 graines Louvelia.

1. Ravenala.

Ce genre, qui appartient à la famille des Musacées, ne comprend


qu'une espèce, le Ravenala madagascariensis, plus connu sous le
nom d'arbre du voyageur ou les noms indigènes : Ravinala, Ravi-
mafy, Ontsy et Fontsy. Le Ravenala est surtout commun entre la
côte et 800 m. d'altitude, sur le versant oriental de l'Ile et dans
le Sambirano. Il manque dans le reste de la Colonie, sauf dans
l'Ambongo et le Boina où il est d'ailleurs peu abondant. Rare et
— 305 —

sporadique dans la forêt primitive, où son stipe atteint 10-15 m.


de haut, il abonde au contraire sur les immenses superficies où
cette forêt a été détruite. Sur ces sols anciennement dénudés, qu'il
recouvre souvent de peuplements denses, sa taille est beaucoup
plus réduite et son tronc (stipe) y atteint rarement 4-5 m. de hauL
C'est une essence secondaire régénératrice, en ce sens que la futaie
ancienne pourrait à la longue se reconstituer sous son couvert si
les graines des arbres qui croissaient jadis sur ces sols n'avaient
pas été détruites totalement par les flammes au moment de la mise
en culture temporaire (tavy) de la forêt.
Le Ravenala est surtout connu, classiquement pourrait-on dire,
comme fournissant une eau limpide au voyageur altéré. Ce cliché
légendaire manque un peu de véracité. Ses gaines retiennent bien
l'eau des pluies, mais cette eau devient vite putride et n'est
réellement potable que lorsqu'il pleut abondamment. Au surplus le
Ravenala croît le plus souvent dans des lieux où l'eau surabonde
et quand, par exception, il croît dans un pays sec, ses gaines alors
n'en contiennent pas du tout. Mais cette plante a d'autres utilités
plus substantielles. Son tronc et ses feuilles sont très employés
dans la construction des cases indigènes, dont la toiture est
souvent faite en feuilles de Ravenala. Le stipe, vidé de ses parties
internes molles, peut servir de conduite d'eau, ou, aplati, à faire
des planchers ou des cloisons (rapaka). Les pétioles et les rachis
donnent une fibre de qualité assez médiocre, pouvant être utilisée
comme crin végétal. Les graines amylacées sont entourées d'une
sorte d'arille d'un bleu vif, qui contient une matière grasse. Mais
c'est surtout comme matière première pouvant servir à la
fabrication du papier que cette plante peut acquérir un grand intérêt
industriel et les réserves très importantes de cellulose que
constituent les peuplements de l'Est seront certainement exploitées un
jour à cet effet.
2. Pandanus
(Vacoa, Vacoana, Fandrana)
Le genre Pandanus (famille des Pandanacées) possède à
Madagascar de nombreuses espèces, mais peu atteignent les dimensions
d'un arbre. Les plus grandes espèces croissent dans les marais. Ces
plantes ont peu d'utilité et peu d'intérêt, sauf au point de vue
ornemental. Quelques-unes d'entre elles ont en effet un port vraiment
magnifique. On se sert parfois néanmoins des feuilles du Pandanus
utilis, espèce de petite taille fréquente sur la côte Est, pour faire
des sacs ou des paniers grossiers qui sont de moins en moins
employés.
— 306 —

3. Dracaena
(Hazina)
Le genre Dracaena (famille des Liliacées) comporte aussi de
nombreuses espèces malgaches, mais ce sont en général des
arbustes. Une seule espèce atteint la taille d'un très grand arbre,
Dracaena xiphophylla Baker. Malheureusement cette espèce est
rare, confinée dans les forêts du rebord oriental des hauts plateaux.
Parmi les espèces de petite taille, le Dracaena reflexa, commun
dans l'Est, est parfois planté comme tuteur de vanille ou comme
clôture (bois chandelle des Créoles de la Réunion). Les Dracaena
produisent une sorte de gomme-résine, le Sang-dragon, recherchée
jadis, mais sans valeur actuellement.

4. Borassus
{Dimaka, Befelatanana)
Ce genre de Palmier est représenté dans l'Ile par deux espèces
très voisines que l'on peut distinguer ainsi :

Pétiole vert; fruit plus large que haut B. madagascariensis.


Pétiole jaune; fruit plus haut que large . . B. sambiranensis (1).

La première est commune dans l'Ambrongo et le Boina et est


plantée parfois par les indigène de la côte orientale aux abords des
villages. La seconde est spéciale au Sambirano, où il n'en subsiste
que quelques pieds. Tous deux d'ailleurs ont le même port et les
mêmes utilités. Ce sont de très grands Palmiers, les plus grands
de tous ceux qui croissent dans l'Ile. Ils ressemblent un peu à de
très grands Medemia, mais leurs feuilles bien plus grandes et
leur stype renflé en fuseau et en cigare permet de les distinguer
au premier coup d'œil, même quand ils ne portent pas de fruits.
Débarrassés de leurs parties internes, qui produisent en abondance
un bon sagou, les stipes sont employés par les indigènes à des
usages divers, cuve, conduite d'eau, planchers ou parois de case.
Les parties externes seules offrent quelque consistance, le reste
étant constitué par un tissu mou, gorgé d'eau et d'amidon. Nous
n'avons jamais vu les Malgaches extraire du vin de palme et du
sucre de ces Palmiers, comme on le fait ailleurs sur les autres
espèces du genre. Le bourgeon terminal (cœur) est néanmoins un
bon légume.

(1) Ces deux palmiers sont peut-être des formes peu différentes du Borassus
africain. B. madagascariensis est d'ailleurs assez variable. On observe même,
sur la rive de la Betsiboka en amont d'Ambato, dans un même peuplement,
des spécimens dont la spirale foliaire s'élève vers la droite et d'autres
spécimens en sens contraire, vers la gauche.
— 307 —

5. Medemia
{Satra, Satrabe)

Une seule espèce représente ce genre, le Medemia nobilis. Ce


Palmier est très abondant dans toutes les plaines et plateaux de
l'Ouest. Il sert à peu près aux mêmes usages que le précédent,
mais son stipe est beaucoup plus dur et résistant et la farine
alimentaire que l'on peut retirer de ces parties molles moins
abondante. Ses feuilles et ses gaines peuvent fournir une bonne pâte
à papier et des essais d'exploitation dans ce but sont actuellement
en cours à Majunga.
6. Hyphaene
(Satramira, Satrakely, Satraviehy)
Ce genre n'est également représenté à Madagascar que par une
seule espèce, l'Hyphaene Schatan, qui est très abondant dans tout
l'Ouest. Ce Palmier se distingue facilement des deux précédents
par sa taille plus réduite, ses stipes rarement droits, groupés en
touffe par 2-5, ses pétioles fortement aiguillonnés et ses fruits en
forme de « clous de girofle » très épais. Les stipes très durs servent
à faire des parcs à bœufs très durables et ses feuilles à couvrir les
cases et à fabriquer des nattes et des paniers.

7. Phoenix

Le genre Phoenix (Dattier) est représenté par deux espèces,


l'une indigène, le P. reclinata, l'autre introduite et presque
naturalisée, le P. dactylifera, Palmier qui produit les dattes que tout
le monde connaît. On peut distinguer ces deux espèces ainsi :

Stipes dépassant rarement 3 m. de hauteur, toujours


groupés en touffe; feuilles atteignant rarement 2 m.
de long P. reclinata.
Stipe adulte solitaire, beaucoup plus grand (10-15 m.);
feuille de 3-4 m. de long F. dactylifera.

Phoenix reclinata (Dara, Taratra, Taratsy). — Le Dara a une


distribution assez singulière. On l'observe çà et là sur toutes les
côtes de l'île, mais il devient très abondant d'une part sur le
littoral Sud-Est, d'autre part, jusqu'à plus de 100 km de la mer, dans
le Menabe et le Sud-Ouest. Ses feuilles sont employées parfois
pour la fabrication de nattes ou de chapeaux et on les a exportées
en assez grandes quantités, il y a quelques années, comme objets
d'ornementation. Le « cœur » peu volumineux est comestible.
—- 308 -^

Phoenix dactylifera. — Le Dattier s'est naturalisé autour de


Diego-Suarez, de Majunga et de Tulear. Dans le Nord et le N.-O.
les dattes n'arrivent à maturité que lorsque l'on a pris la
précaution d'abriter les régimes contre la pluie. Dans le Sud-Ouest au
contraire le Dattier mûrit ses fruits sans aucune intervention»
même sans fécondation artificielle.

8. Elaeis
(Tsingilo)
L'Elaeis guineensis, le Palmier qui produit l'huile de palme, est
très répandu dans le Menabe, c'est-à-dire entre le Cap Saint-André
et le Mangoky et s'y comporte comme une plante indigène. Nous
pensons néanmoins qu'il y a été introduit, il y a très longtemps»
par des Noirs d'origine africaine. Il est aujourd'hui naturalisé en
grand dans cette partie de l'Ile. Des variétés du même Palmier ont
été introduites tout récemment par le Service d'Agriculture et
plantées comme arbres d'ornement autour des villes de la côte.

9. Raphia

Le Raphia Ruffia, seul représentant à Madagascar de ce genre


africain, se distingue de tous les autres Palmiers de l'Ile par un
caractère biologique de haute valeur. C'est le seul en effet qui soit
monocarpique c'est-à-dire qui ne fleurit et ne fructifie qu'une fois,
et qui meurt après la fructification. Le Raphia est spontané et
très abondant dans la moitié Nord de l'Ile, aussi bien sur le versant
oriental que sur l'occidental. Ailleurs il a été semé par les indigènes
et s'y est plus ou moins naturalisé. Les utilisations du Raphia étant
bien connues, nous nous contenterons de les énumérer ici par
ordre d'importance : fibre, rachis (construction de cases), segments
(vannerie et sparterie) ; cire, beurre, vin de palme.

10. Beccariophoenix
(Manarana )

Ce genre monotype et endémique a été constitué pour un grand


Palmier à port de Raphia, le B. madagascariensis, jadis abondant,
mais qu'une exploitation intensive a presque fait disparaître. La
partie utile de ce Palmier n'était pourtant que les segments des
feuilles que l'on aurait pu très facilement récolter sans
compromettre la vie de la plante, mais les malgaches, pour s'éviter un
peu de peine, préféraient couper le stipe et détruire le palmier.
Actuellement le Manarana est une espèce en voie d'extinction. Les
— 309 —

segments servaient à faire ces beaux chapeaux de Manarana, que


bien peu d'Européens ont connus.

11. Vonitra
{Vonitra)
Ce genre endémique comprend quatre espèces, mais l'une d'elles,
le V. loucoubensis, incomplètement connue et spéciale à l'île de
Nossibe, ne produit pas de piassava et par suite nous ne nous en
occuperons pas ici. Les trois autres se distinguent ainsi :

/' Palmier de 3-6 m. de haut; feuilles nouvelles rougeâtres


\) V. Thouarsiana*
[ Palmiers plus grands (10-12 m.) ; feuilles nouvelles vertes .... 2

\ Epis de 50 cm. environ de longueur V. crinita


( Epis longuement pendants, de plus d'un m. de long .... V. utilis.

Le Vonitra Thouarsiana, très commun dans tout ce qui reste de


la forêt orientale, entre 50 et 800 m. d'altitude, est reconnaissable
de loin à sa petite taille, ses stipes très ramifiés et la couleur rouge
de ses feuilles nouvelles; il croît d'ordinaire sur les collines et sur
les pentes, assez rarement au contraire dans les bas-fonds. Le V.
utilis habite à peu près la même zone, mais il est beaucoup plus
rare et plus localisé, dans les endroits humides ou près des
ruisseaux, des basses montagnes de l'intérieur. Quant au V. crinita il
est spécial à la presqu'île d'Ampasimena, dans le domaine du
Sambirano, et n'y est nullement abondant. En fait tout le piassava
exporté de Madagascar est produit par V. Thouarsiana. Celui des
deux autres espèces est tout aussi bon, mais elles sont trop rares
pour être exploitées. La récolte du piassava est très aisée : il suffit
en effet de recueillir à la main les gros paquets de fibre qui
entourent les bases des feuilles.

12. Neodypsis

Ce genre comprend une dizaine d'espèces assez disparates, très


difficiles à distinguer des Chrysalidocarpus et n'en différant que
par un caractère, la rumification de l'albumen, caractère facile à
voir, toutefois à une condition : avoir quelques graines mûres du
Palmier que l'on veut déterminer. Ce sont des espèces peu utiles.
Leurs stipes peuvent néanmoins être utilisés comme ceux des
autres Palmiers ou du Ravenala. Leurs « cœurs » sont souvent
amers, nauséeux et même vénéneux. Par contre ces palmiers sont
souvent très grands ou très beaux, dignes en tous points d'être
cultivés pour l'ornementation.
— 310 —

On peut les distinguer ainsi (2) :

^ Segments groupés 2
( Segments équidistants 5

Rachis, au milieu de la feuille, creusé en large gouttière


en dessus; segments très nombreux, très densément
disposés dans chaque groupe; fruit de 2 cm. de diam.;
rumination de l'albumen dépassant la "moitié de la
graine; palmier très robuste, isolé; nom malg.: Lopaka;
cœur amer ou même vénéneux; Sambirano. ... N. canaliculatus.
Rachis caréné vers le milieu de la feuille; fruit de moins
de 2 cm. de large, plus long que large; segments groupés
par 7, 8 ou plus 3

f Carène du rachis triangulaire, atténuée au sommet; gaines


i et rachis sans squamules; nom malg. : Madiovozona;
\ forêt orientale, sur le Matitana; bourgeon terminal excel-
^ lent N. basilongus.
f Garêne plate ou un peu creusée en gouttière au sommet;
V squamules rouges sur les gaines et les rachis 4

Palmier assez grêle, à rejets, croissant en touffe de 3-


6 stipes; ruminations de l'albumen peu profondes; nom
malg.: Kindro; cœur comestible; massif du Tsaratanana,
sur les crêtes N. tsaratananemis
Palmier robuste, croissant isolé; ruminations de l'albumen
plus profondes, jusqu'au tiers environ de son épaisseur;
noms malg. : Houaka, Hovatra, Lavaboka; Forêt à
mousses, de 1800 à 2000 m. d'altitude, sur le massif du
Tsaratanana; cœur un peu amer N. lobatus.

/ Toison rouge, épaisse et dense sur les faces externes des


gaines et des spates; carène du rachis foliaire un peu
V élargie et excavée au sommet; nom malg.: Menavozona;
} cœur réputé vénéneux; commun dans le Nord-Ouest et
(le Nord-Est, sur les deux versants de l'Ile N. LastelUana.
Pas de toison rouge épaisse et dense sur les gaines et les
spathes; carène des rachis amincie au sommet 6

(Fruit arrondi de plus de 15 mm de large; albumen très


profondément ruminé; palmier à rejets, croissant en
touffe; feuilles des rejets peu lobées et à long pétiole
grêle; nom malg.: Kindro; cœur légèrement amer;
^ crêtes du massif du Tsaratanana N. heteromorphus.
f Fruit plus long que large, moins profondément ruminé;
stipe sans rejets ou à rejets à feuilles semblables à celles
\ des pieds adultes 7

(2) D'après M. H. Jumelle, Ann. Mus. Col. Marseille, 4e s«rie, II, 1924.
— 311 —

Palmiers assez grêles croissant en touffe ou isolés;


albumen très superficiellement ruminé 8
Palmiers robustes, croissant isolés; albumen à ruminations
plus profondes 9

Carène du rachis, au milieu de la feuille, aiguë; segments


du milieu de la feuille de 30 à 40 cm de long; gaines
échancrées en angle aigu en face du pétiole, sans ligule
(languette) opposée au pétiole; nom malg.: Farihazo;
cœur excellent; commun dans les forêts à l'Est de l'Ime-
rina et cultivé comme plante ornementale à Tananarive;
souvent en touffe N. Baronii.
Carène du rachis obtuse au sommet du milieu de la feuille
atteignant 1 m 20 de long; gaines pourvues en face du
pétiole d'une ligule bilobée; palmier croissant isolé;
nom malg.: Kindro; cœur comestible; Sambirano. . N. ligulatus.

Face inférieure des segments portant de grandes squa-


mules rouges et d'autres plus petites et plus nombreuses;
segments faibles, recourbés et pendants; cœur
comestible; noms malg. : Lafo, Matitana; forêt orientale, dans
le bassin du Matitana N. tanalensis.
Pas ou peu de squamules sur la face inférieure des
segments; raides; cœur amer; nom malg. : Rahoma; forêt
orientale, bassin du Mananjary N. nauseosus.

13. Chrysalidocarpus

Ce genre, également endémique, comprend aussi de nombreuses


espèces. Ces Palmiers ont en général le port des Neodypsis, dont
ils diffèrent par leurs fruits, qui ont l'albumen égal, non pénétré
par des ruminations. En outre, les Chrysalidocarpus n'ont jamais
leur bourgeon terminal (oœur) amer ou vénéneux, sauf C. piluli-
fera. La clef suivante permettra de distinguer les principales
espèces du genre.

t Feuilles, à segments régulièrement espacés (équidistants) 2


f Feuilles à segments groupés 8

/ Pétiole nul (rachis portant des segments jusque près de la


2 ; gaine) 3
( Pétiole net, de 4-7 cm au moins ft

Stipe n'atteignant pas 10 m. de haut et ne dépassant pas


10 cm de diamètre; segments du milieu de la feuille de
80 cm de long au plus; rachis foliaire d'environ 2 m.
de long; inflorescence 2 fois ramifiée; Sambirano. C. canescens.
Stipe plus long et plus épais; rachis et segments du milieu
de la feuille plus longs; inflorescence 3 fois ramifiée 4
— 312 —

Segments les plus inférieurs de la feuille prolongés par un


filament (nervure marginale) et longuement pendants;
fruits globuleux ou très légèrement plus larges, que
longs; cœur excellent; nom malg,. : Hozatanana; forêt
d'Analamazoatra C. paucifolius.
Segments les plus inférieurs de la feuille courts, non
prolongés par une nervure; fruits ovoïdes, plus longs que
larges; cœur comestible; fibres des gaines et des rachis
très résistantes, employées comme lignes à pêche; nom
malg. : Lafika, Lafa, Lakatra; forêt orientale dans le
bassin inférieur du Mangoro C. fibrosus.

Palmier croissant isolé, de petite taille (6 m. de haut et


8 cm. de diamètre); segments de 30 cm de long au plus;
fruits ovoïdes; massif de Manongarivo, vers 2.000 m.
C. acuminum.
Palmiers croissant en touffe de 3-6 stipes 6

Palmier de petite taille, ne dépassant pas 3 m. de haut;


segments inférieurs de la feuille plus courts que les
médians; rocailles de l'Isalo; spathe externe de 10-
12 cm C. onilahensis.
Palmiers de 5-10 m.; segments inférieurs de la feuille
plus longs que les médians; spathe externe d'au moins
40 cm 7

Rameaux secondaires de l'inflorescence 5-7 fois plus courts


que les épis; axe des épis épais (4 mm diamètre environ;
nom malg.: Hirihiry; Côte orientale C. arenarum.
Rameaux secondaires de l'inflorescence 4-6 fois plus longs
que les épis; épis grêles, à axe de moins de 2 mm de
diamètre; noms malg.: Rehazo, Lafahazo; très commun
sur le littoral oriental C. lutescens.

Stipe épais, renflé en fuseau vers le milieu; pétiole de 20-


25 cm; segments foliaires les. plus longs de 70-75 cm,
larges au plus de 35 mm; fruits globuleux; noms malg.:
Madiovozona, Hovitra, Betefaka; Imerina et Betsileo
C. decipiens.
Stipe cylindrique; palmiers n'ayant pas à la fois tous les
caractères précédents 9

l Pétiole nul ou subnul (3 cm au plus) 10


9 ( Pétiole de 10 cm au moins de long 11

Pétiole nul; segments du milieu de la feuille de 60 à 70 mm


de large; fruit globuleux; Boina et Sambirano .... C. rivularis.
10 Pétiole très court, au plus de 3 cm; segments foliaires de
20 mm de large au plus; fruit?; cœur comestible;
Ankaizinana C. ankaizinensis.
— 313 —

Inflorescence 2 fois ramifiée; pétiole de 40 cm. de long;


fruits subglobuleux, parfois même plus larges que hauts;
segments du milieu de la feuille de 1 m. 20 de long et
de 20 mm. de large; cœur amer; nom malg. : Madiovo-
zona; Sambirano et Mgne. d'Ambre C. pilulifera.
Inflorescence 3 fois ramifiée à la base; fruits allongés,
beaucoup plus hauts que larges 12

Pétiole de 10-12 cm; segments du milieu de la feuille de


1 m 20 de long et de 30 mm de large; gaines portant
des écailles apprimées de 10 mm. et plus de long;
palmier croissant isolé; cœur un peu amer, mais
comestible; nom malg.: Lafa; forêt orientale, bassin du Manan-
jary C. mananjarensis.
12 Pétiole de 25-30 cm; segments foliaires les plus longs de
80 cm de longueur sur 20 à 28 mm de large; gaines ne
portant, lorsqu'elles sont jeunes, qu'un duvet brunâtre;
palmier croissant souvent en touffe; cœur excellent;
noms malg. : Madiouozona, Herihery, Kizahazo, Fari-
hazo; très commun dans le Menabe, l'Ambongo, le Boina
et le Sambirano C. mctdagascariensis
(inclus C. oleraceus).

14. Ravenea

Ce genre comprend 5 espèces, qui se divisent nettement en


•deux groupes, les uns étant de très grands Palmiers, à troncs épais,
souvent renflés vers le milieu, mous, les parties externes seules
étant résistantes et fibreuses; les autres des Palmiers plus petits,
à troncs cylindriques ne dépassant pas 25 cm de diamètre, à bois
dur et pouvant être employé à divers usages. Les uns et les autres
ont des feuilles à segments équidistants et des bourgeons terminaux
amers, n'étant généralement pas utilisés par les Indigènes. La clef
suivante permettra de distinguer ces espèces :

Grands palmiers à tronc épais, souvent renflé vers le


milieu, à bois mou 2
( Palmiers plus petits, à tronc cylindrique, à bois dur 3

Spathes des spadices mâles étroites; drupes petites,


globuleuses, rouges; Ouest; nom malg. : Cora, Akeraka. . R. rivularis.
Spathes des spadices mâles, larges; drupes oblongues plus
grosses; nom malg. : Loharanga; Analamazoatra . . R. robustior.

Spadices mâles fascicules par 5-6; nom malg. : Anivo;


Est et Centre R. madagascariensis.
Spadices mâles isolés ou fascicules par 2-3 4
— 314 --

Feuilles vertes; fleurs femelles à segments externes soudés


sur les 2/3, à 3 dents courtes; pétales triangulaires-
acuminés; nom malg. : Anivo; Sambirano . . R. sambiranensis*
4 '
/ Feuilles glauques; fleurs femelles à segments externes
' soudés seulement à la base; pétales allongés-aigus;
massif d'Andringitra R. glauca.

15. Louvelia

Ce genre endémique ne comporte qu'une espèce, le Louvelia


madagascariensis, que les Indigènes appellent Lakamarefo. C'est
un Palmier robuste, mais trapu, qui vit sur les cimes de la forêt
d'Analamazoatra. Nous ne lui connaissons pas d'utilité, mais c'est
une très belle plante d'ornement, digne d'être cultivée (3).

RÔLE BIOLOGIQUE DES MONOCOTYLÉDONES DANS LA FORÊT MALGACHE.

Les Monocotylédones dont il est question ci-dessus font toutes


partie de la futaie ou de l'étage intermédiaire. Une seule d'entre
elles, en outre, joue le rôle d'espèce régénératrice. On appelle de
ce nom certaines plantes qui, dans l'état de nature, aident la forêt
à se reconstituer. Lorsque, par exemple, un arbre trop vieux s'abat,
ou lorsqu'un vide, pour une raison ou une autre (ouragan, cyclone,
etc.), se fait dans la futaie, on voit l'emplacement accidentellement
découvert se couvrir d'abord d'une végétation épaisse, herbacée ou
arbustive (lrc phase). Quelques années après s'élèvent au-dessus de
ces herbes et de ces arbustes des essences secondaires qui les font
disparaître et les transforment en humus (2e phase). Ces essences
secondaires croissent, grandissent, puis disparaissent à leur tour,,
lorsque la futaie primitive, qui s'est reformée lentement sous leur
ombre, arrive à les dominer (3e phase). Ces phases successives de

(3) Les forêts de l'Est, surtout le massif de Masoala, possèdent encore un


certain nombre de grands Palmiers incomplètement connus, dont l'étude
botanique n'a pu être faite, faute d'échantillons complets. Ces grandes espèces mal
connues, et la multitude des petits Palmiers nains, Dupsis, Phloga, Neophloga,
qui sont une des caractéristiques des forêts de l'Est, ne sont pas compris
dans les clefs précédentes. Toutes ces plantes ont bien de l'intérêt au point,
de vue ornemental, mais leur petite taille, ou l'insuffisance de nos
connaissances, ne nous permettent pas de nous en occuper ici. Pour leur détermination
il faudra nécessairement recourir aux spécialistes ou aux publications dont
ces palmiers ont été l'objet (Bbccari, Palmes de Madagascar, Florence, 1912;
H. Jumelle et H. Perkier de la Bathie, Palmiers de Madagascar, Challemel,.
Paris, 1913; H. Jumelle, Ann. Musée Col. Marseille, 1922, fascicule 3 (Chrysali-
docarpus); id., loc. cit., 1924, fasc. 2 (Neodypsis); id., loc. cit., 1928, fasc. 2
(Antongilia) et fasc. 3 (Neophloga); id., Bull. Académie Malgache, 1922-1923,,
VI (Dypsis).
— 315 —

végétation sont ce qu'on appelle des successions végétales. Leur


durée totale doit être évaluée à Madagascar à plus de 60 ans, laps
de temps nécessaire pour que la futaie soit reconstituée.
Les espèces régénératrices, celles dont le rôle est de reconstituer
l'humus et d'assurer l'ombrage nécessaire à la régénération de la
futaie, sont celles des deux premières successions. Ces plantes,
au point de vue biologique, offrent quelques particularités tout à
fait singulières. Leurs graines abondantes, souvent amylacées,
perdent généralement assez vite, à l'air libre, leurs propriétés germi-
natives, tandis qu'elles se conservent au contraire presque
indéfiniment, par des moyens qui restent un mystère, dans l'humus
très ombragé. Cela est si vrai que pour les voir apparaître en foule,
dans une forêt où elles n'existent pas, il suffit d'abattre un lambeau
de futaie : immédiatement ces espèces régénératrices germent et
recouvrent en masse l'espace ainsi dénudé.
Les successions dont nous parlons ici ne se produisent
évidemment que lorsque la forêt a conservé, absolument intacte,
sa couverture d'humus bourré de graines. Lorsque cette couche
d'humus et les graines qu'elle contient ont été détruites par la
culture ou le feu, comme cela se produit au cours des cultures
extensives de riz de montagne (Tavy) que les Indigènes pratiquent
un peu partout dans l'Ile, la futaie naturellement ne peut plus se
reconstituer. Sur les sols dénudés ainsi, la lre et la 2e succession se
constituent bien plus ou moins à l'aide de plantes quelconques,
dont les semences sont surtout apportées par le vent, mais ces
plantes ne sont souvent pas de vraies espèces régénératrices et le
peu d'humus qu'elles reforment ne contient aucune des graines
qui seraient nécessaires pour la reconstitution de la futaie. Aussi,
comme on peut le voir sur d'immenses surfaces dans l'Est de l'Ile,,
les lieux dénudés par les tavy, ne font-ils jamais retour à la forêt.
Néanmoins, en intervenant habilement au moment où les essences
secondaires (2e phase) ont reconstitué assez d'humus dans les
savoka, en semant dans cet humus les graines nécessaires, un
forestier avisé pourrait arriver à reconstituer la forêt sur les
parties les plus fertiles des lieux où elle a été anciennement
détruite, à une condition toutefois, de pouvoir protéger les parcelles
ainsi aménagées contre tout retour offensif des Indigènes et du feu.
C'est dans cette éventualité, d'ailleurs peu probable, que nous
avons cru utile d'ajouter, après chacune des classes de végétaux
qui seront étudiées dans cette étude, quelques mots sur les espèces
régénératrices que ces classes comprennent.
Parmi les Monocotylédones dont il a été question plus haut,,
une seule, le Ravenala, peut servir d'espèce régénératrice, mais
plusieurs autres végétaux de cette classe, herbacés ou ligneux,
ont un rôle assez important en ce sens pour que nous les
signalions ici.
— 316 —

Dans le 1" stade, les monocotylédones susceptibles de jouer ce


rôle, sont surtout le Longoza (Aframomum Daniellii) et le Volo
ou Volozatsy (Ochlandra capitata), tous deux très abondants dans
les Savoka de l'Est et du Sambirano. Le Longoza est un très bon
producteur d'humus, résiste parfaitement aux feux de brousse, se
multiplie abondamment de rhizomes et de graines et sa durée de
végétation (une dizaine d'années sur le même emplacement) est
assez courte, ce qui est un avantage. Le Volo ou bambou au
contraire forme peu d'humus et sa durée est bien plus longue, car
il ne disparaît qu'après sa floraison, qui semble ne se produire
qu'après une période d'une trentaine d'années. Pendant cette
longue période, ces bambous ne laissent croître à leur ombre
aucune autre plante et forment des fourrés épais qui, par temps de
sécheresse peuvent facilement flamber, accident banal qui fait
rétrograder la succession en cours et interdit tout espoir de voir
un jour la forêt se reconstituer sur ces lieux.
Dans la 2e succession (stade des essences secondaires), nous
n'avons, en tant que monocotylédones, à signaler que le Ravenala.
Cette espèce régénératrice a de graves défauts. Elle croît souvent
en peuplement très dense, constituant un ombrage trop épais pour
que de jeunes arbres puissent se développer sous ce couvert. Elle
forme peu d'humus et ses grandes feuilles coriaces, lentes à se
décomposer, par temps de sécheresse et dans les lieux peu humides,
peuvent aussi flamber. Le Ravenala lui-même souffre peu de ces
incendies, mais les jeunes arbres qu'il pourrait abriter n'y
résisteront naturellement pas. Nous pensons néanmoins que, dans les
lieux humides, cette essence peut servir à la reconstitution d'une
forêt, mais il faudra alors attendre pour effectuer les semis
nécessaires, que les fûts des Ravenala aient atteint une certaine hauteur,
4 ou 5 m. environ.

LES PLANTES ENDEMIQUES UTILES OU INTERESSANTES


A TITRES DIVERS
DES FORMATIONS FORESTIERES PRIMITIVES DE MADAGASCAR

Le but de cette note est simplement de donner la liste de ces


plantes en les groupant d'après les formations forestières
primitives dans lesquelles elles vivent, d'indiquer leurs particularités,
leurs usages et les caractères qui permettent de les reconnaître.
En conséquence nous les avons groupés en sept grands groupes
tels que pourrait les rencontrer un voyageur allant de l'Est à
l'Ouest, du littoral oriental au littoral occidental.
— 317 —

1. Littoral oriental forêt à feuilles persistantes.


2. Forêt orientale à feuilles persistantes au-dessous de 1.000 m.
d'altitude.
3. Forêt du Centre au-dessus de 1.000 m. d'altitude à feuilles
persistantes.
4. Forêt du Sambirano à feuilles persistantes.
5. Forêt du versant occidental au-dessous de 1.000 m. d'altitude,
tropophylle et à feuilles caduques avec quelques buissons à xéro-
phytes.
6. Buissons xérophiles du Sud-Ouest.
7. Littoral occidental et Mangrove.

I. Littoral oriental.
Le littoral oriental presque sans marées, sans estuaires et par
suite sans mangrove, est constitué par un cordon de dunes,
abritant des lagunes d'eau douce et des petites plaines sablonneuses.
Les dunes, les rives des lagunes et les petites plaines
environnantes furent jadis couvertes d'une haute futaie, mais cette forêt
a été détruite presque partout par incendie et culture (tavy), ou
plus récemment par exploitation abusive. Les arbres de cette forêt
étaient tous de bons bois de construction. Comme arbres utiles du
littoral oriental nous ne pouvons citer que :
Trachylobium verrucosum (Légumineuse). — Mandrorofo, bel
arbre à feuilles composées qui produit du copal.
Casuarina equisetifolia (Casuarinacée). — Filao, à feuillage de
pin.
Diospyros calophylla (Ebenacée). — Hazomainty, arbre à très
grandes feuilles simples qui produit de l'ébène.
Baringtonia butonica (Lecythidacée). — Fotobe, grand arbre à
larges feuilles et très gros fruit quadrangulaire (bonnet d'évêque)
dont la graine vermifuge empoisonne les poissons.
Calophyllum inophyllum (Guttifère). — Vintamina, grand arbre,
bois de construction et gomme résine jaune à usage médical.

II. Forêt orientale.


Cette forêt qui couvrait jadis tout le versant oriental entre 100
et 1.000 mètres d'altitude, a bien été détruite comme la précédente
mais il en reste des exemplaires plus nombreux et plus étendus.
Elle est beaucoup plus riche en espèces que les forêts littorales et.
par suite, en espèces utiles ou pouvant le devenir.
Parmi ces dernières nous ne citerons pas les lianes ou arbustes
produisant du caoutchouc, qui n'ont aucune valeur si on les
compare à celle de l'hévéa.
Journal d'Agriculture tropicale 21
— 318 —

Ces arbres utiles sont : des arbres produisant de l'ébène (Ebéna-


eées) : Diospyros toxicaria, hazomainty, rares par excès
d'exploitation, se distinguent par leurs grandes feuilles (8 à 19 cm) glabres
ainsi que les tiges.
Diospyros rubro-lanata, feuilles ovales (5,5 à 10 cm).
D. Hazomainty, feuilles ovales acuminées (5,5 à 9,5 cm).
Tous de grands arbres devenus rares par suite de l'exploitation.
Les Bronchoneura (Myristicacées) ont quatre espèces qui se
distinguent de tous les autres arbres de la forêt orientale par leurs
fruits parfumés. Ce sont :
Bronchoneura Chapalieri, mauloutchiandrongo, parties jeunes
tomenteuses, feuilles très grandes (16 à 23 cm).
B. acuminata, vory, feuilles plus petites (4 à 11 cm).
B. Rarabe, rarabe, feuilles (6 à 13 cm) prolongées par un acumen
aigu.
B. Dardainei, moltraorango, feuilles non acuminées.
Les Malgaches emploient les fruits de toutes ces espèces pour en
tirer une huile très parfumée qu'ils emploient comme parfum et
comme remède.
La famille des Guttifères est représentée par de nombreuses
espèces du genre Symphonia, arbres faciles à distinguer par leur
résine jaune ou rouge et leurs gros fruits à graines oléagineuses.
Parmi ces Symphonia on distingue :
Symphonia fasciculata, hazina, fruit très gros, 0,800 à 1 kg. 200,
à 25 graines.
S. Louveli, kiza, feuilles de 3 à 6 cm, fruit nettement conique,
10 à 16 côtes, 3 à 5 graines.
S. macrocarpa, kimba, fruit verru queux très gros (17 à 20 cm X
8 à 10), graines très nombreuses.
S. verrucosa, voisin de S. macrocarpa, mêmes caractères.
Tous ces Symphonia ont des graines oléagineuses.
Une espèce : Ravensara aromatica est facile à distinguer des
nombreuses espèces de ce genre, par son écorce à saveur et à odeur
d'anis, son bois jaunâtre et assez léger, son fruit mûr à 6 cloisons
parfois incomplètes au sommet. Dans la même famille : Ocotea
cymosa bien distinct par son tronc pourvu de contreforts, ses
anthères à 4 logettes et son bois dur, jaune grisâtre de très bonne
qualité, aromatique dans toutes ses parties (nom indigène : arongy
mainty). Ces deux espèces appartiennent à la famille des Lauracées.
Une Apocynée : Orchipeda Thouarsi, voacangy, arbre à latex
utilisé comme glu et à fruit vénéneux, se rencontre parfois aussi sur
le versant Ouest.
Toddalia asiatica (Rutacée), kasimba, est une liane ou arbuste
sarmenteux plus ou moins épineux à aiguillons crochus; toute la
plante est employée en sorcellerie et en pharmacopée indigène. Le
— 319 —

seul effet bien constaté de cette plante est celui de I'oléo-résine


qu'elle contient et qui tue les embryons d'une femelle gravide sans
nuire à la mère.
Dilobeia Thouarsi (Protacée), vivaona, grand arbre à graines
oléagineuses.
Cnestis polyphylla Lamk. (Connaracée), voasefaka, liane à
feuilles composées très fortement vénéneuse dans toutes ses parties.
Imbricaria coriaeca (Sapotacée), voaranta, arbre à latex, graine
oléagineuse.

III. Forêts du Centre


au-dessus de 1.000 mètres d'altitude.

Les forêts des montagnes n'ont subsisté que sur les cimes
exposées aux vents froids et humides du Sud et du Sud-Est. De ces
forêts on ne peut citer comme essences intéressantes que Uapaca
clusioides Bak. (Euphorbiacée), tapia, arbre surtout utile pour
l'élevage du Borocera madagascariensis, mais les fruits de cet arbre
sont en outre comestibles et parfois même très bons. Une variété
très recherchée des Merina : Agauria polyphylla (Ericacée), Anga-
vodiana, est un arbre très commun, très vénéneux, employé pour
guérir la gale. Leptolaena Bojeriana (Chlénacée), Antsikana, est
un petit arbre dont la racine est utilisée pour aromatiser le rhum;
elle est toxique à une certaine dose. Weinmannia Bojeriana et
W. eriocarpa (Cunoniacée), lalona, sont des grands arbres à
croissance rapide, à écorce riche en tannin, précieux pour le reboisement
des argiles latéritiques.

IV. Forêts du Sambirano.

Les petites forêts du Sambirano sont relativement assez riches


en essences utiles. On y a notamment observé un Adansonia (A.
alba), peu différent des autres Baobabs, mais très incomplètement
connu; deux arbustes : Phylloctenium Humblotianum H. Perr. et
P. Bernieri Baill., faciles à reconnaître par leurs feuilles composées
et leurs fruits en forme de gousse de vanille, parfumés, sucrés,
excellents au goût; trois grands arbustes à feuilles entières : Dio-
spytos ticellata Bak., D. haplostylis Boivin et D. Mapingo H. Perr.,
produisant de l'ébène, mais aujourd'hui devenus rares par suite
de l'exploitation abusive; et enfin un petit arbre : Grangeria
madagascariensis Hoff. (Rosacée), le maroeira des Sakalaves, à fruits
excellents.
— 320 —

V. Forêts du versant occidental


au-dessous de 1.000 mètres d'altitude.

Les forêts primitives de ce versant sont réduites à quelques


lambeaux recouvrant des sables ou des rocailles calcaires. Les arbres
les plus remarquables de ces forêts sont surtout les Baobabs
gigantesques et ventrus dont les Adansonia suarezensis et A. Grandidieri,
ont des graines riches en beurre, et dont les autres ne produisent
que de l'huile. Les autres espèces intéressantes de ce groupe sont :
une liane à grandes fleurs roses, le lombiro, Cryptostegia madagas-
cariensis, vénéneuse, caoutchoutifère et variable; une autre liane
à caoutchouc : Plectaneia elastica, non étudiée; une liane sans
latex : Anosocycla Grandidieri Baill., à usage médicinal; Sumabera
madagascariensis A. Juss., Fatraina, à écorce amère, fébrifuge et
astringente, non étudiée; des arbres à feuilles simples : Diospyros
Humbertiana H. Perr., employé dans la pharmacopée malgache,
non étudiée; Erytrophleum Coumingo Baill., très vénéneux, très
employé par les sorciers Sakalaves ; des arbres à bois d'ébénisterie :
Kayea madagascariensis, Albizzia boinensis, Dalbergia greveana,
D. tricolor Drake, Stereos per mum euphorioides Engl., Fangalitra;
un arbre à feuilles simples ou lobées digitées : Hernandia Voyronii
Jum., à graines oléagineuses et à bois odorant; Moringa HUde-
brandtii Engl., à fruits comestibles et à graines oléagineuses; Anti-
desma madagascariense Lamk., (Varana), Treculia Perrieri {To-
bory), Cinnamosma fragrans Baill., tous plus ou moins à saveur
de Canelle ou de Poivre, non encore étudiés ; un petit arbuste
à tubercules plus ou moins vénéneux : Menabea venenata Baill.,
(Kisompa), non encore étudié; un arbre vénéneux bien connu :
Tanghinia venenifera Poir.; et enfin un arbre à résine odorante :
Santalina madagascariensis Baill.

VI. Buissons à xérophytes.

Le domaine du Sud-Ouest présente deux types de végétation,


tous deux bien adaptés à la sécheresse de cette région : l'un à
réservoir d'eau à tige ou racine renflée et à feuilles caduques; l'autre
à tige très ramifiée et à feuilles petites et semie-persistantes. Dans
le premier de ces groupes on peut citer comme plantes utiles :
Moringa Drouhardi Jum., à très grandes feuilles lobées et à tronc
renflé qui produit en abondance de grosses graines comestibles et
oléagineuses; Jatropha mahafalensis Jum., arbuste à racines
charnues et allongées, comestibles ; Lemuropisum edule H. Perr., arbuste
à petites feuilles et à grosses graines, très bonnes à manger crues ;
Harpagophytum Grandidieri Baill., Pédaliacée, et trois autres
— 321 —

espèces, arbustes à tronc renflé et à épines crochues, non étudiés


à Madagascar, mais une espèce du genre croît en Afrique du Sud
et a été indiquée comme précieuse pour le traitement de certaines
maladies : Hydnora esculenta Jum. et Perr., Balanophoracée {uoan-
tano), plante xérophile et hypogée, à rhizome épais, sans feuilles,
venant fleurir à la surface du sol, à fruit souterrain, comestible et
excellent, contrairement aux autres espèces du genre dont les fruits
sont dits nauséabonds.

VII. Forêts du littoral occidental.


Les forêts du littoral occidental se réduisent à la Mangrove qui
recouvre les estuaires de la Sofia, Mahazambo, Betsiboka et de la
Tsiribihina. Sur ces estuaires, entre la mer et la terre ferme, on
voit successivement d'abord une futaie dense de Rhizophora mucro-
nata, honkolahy et de Ceriops Boviniana tous deux bien reconnais-
sablés par leurs racines adventives disposées en cône, et quelques
Bruguiera gymnorrhiza, tous les trois producteurs de tanin et
exploités comme tels; puis une futaie dense de Avicenna officinalis
facile à reconnaître par ses racines adventices dressées, à
géotropisme négatif et ses petites feuilles; puis sur les terres salées que
n'atteint plus la marée, une liane : Derris uliginosa dont on extrait
un insecticide réputé.
De ces plantes utiles, peu ont été étudiées dans les laboratoires
pouvant en faire une étude sérieuse. Les autres n'ont pu l'être faute
de matériel recueilli sur la Grande Ile.
Les seules sur lesquelles nous connaissons des recherches
complètes ont été effectuées par les Laboratoires du Musée Colonial
de Marseille.

BIBLIOGRAPHIE
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