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N° d’ordre 2007-ISAL-0063 Année 2007

Thèse

Régénération urbaine et renouvellement des


pratiques d’urbanisation en Roumanie :
Le cas du centre historique de Bucarest

Volume 1

présentée devant
L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

pour obtenir
le grade de docteur

Ecole doctorale :
Sciences des Sociétés, de l’Environnement et du Droit
Formation doctorale :
Géographie, Aménagement, Urbanisme

par
Ileana HAPENCIUC BLUM
(architecte)
Soutenue 10 Octobre 2007 devant la Commission d’examen

Jury

EFTENIE Mariana Professeure (UAUIM de Bucarest)


Rapporteur MACHEDON Florin Professeur (UAUIM de Bucarest)
REY Violette Professeure (ENS – LSH de Lyon)
Rapporteur ROZENBLAT Céline Professeure ( Université de Laussanne)
Directeur SANDU Alexandru Professeur (UAUIM de Bucarest)
Directeur ZIMMERMANN Monique Professeure (INSA de Lyon)

Cette thèse a été preparé dans le cadre du laboratoire de récherche :


EVS EDU- Environnements Dispositifs Urbains – UMR 5600 « Environnement Ville
Société »

1
À Sanda Voiculescu
Remerciements

Je souhaite remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué à la reussite de ce


projet de thèse et plus spécielement :
Madame Monique Zimmermann, ma directrice de thèse, pour m’avoir accueilli dans
son équipe de recherche, pour ses conseils avisés sur la conduite de la recherche, pour ses
précieuses remarques sur mon travail et pour toute l’assistance qu’elle m’a consacrée.
Monsieur Sandu Alexandru, mon directeur de thèse, pour son soutien et l’attention
qu’il m’a consacré.
Madame Céline Rozenblat et Monsieur Florin Machedon pour l’intérêt qu’ils ont bien
voulu porter à mon travail et pour avoir accepté de le rapporter.
Madame Violette Rey et Madame Mariana Eftenie pour avoir accepté de participer au
jury de cette thèse.
L’Equipe EDU pour avoir assuré le quotidien de la recherche.
Je remercie également tous ceux qui ont bien voulu partager leur expérience avec moi
au cours des entretiens et qui, en me consacrant une partie de leur temps, ont rendu mon
travail possible.

2
SOMMAIRE :

RESUME p. 6

REZUMAT p. 7

ABSTRACT p. 8

LISTE DES SIGLES p. 9

INTRODUCTION p.10

1. Le sujet de la recherche et son contexte - p. 10


2. Les objectifs de la recherche - p. 13
3. L’importance du sujet de la recherche pour la Roumanie- p. 14
4. La structure de la thèse – p. 17

PARTIE I. BUCAREST VILLE EUROPEENNE p.19

1. Etapes historiques de la ville capitale – p. 20

2. Le développement urbain actuel de Bucarest– p. 25


2.1. La ville à travers les projets urbains : une ville qui se développe – p.25
2.1.1. Les tendances du marché immobilier à Bucarest : le Nord est préféré par les investisseurs privés - p. 26
2.1.2. Le marché des investissements présente des concentrations inégales sur le territoire de la ville – p. 26
2.1.3. Le centre ville présente des opportunités mais les investisseurs privés restent frileux – p. 27
2.2. La ville souhaité par les politiques – image de la ville et action publique à Bucarest – p. 29

3. De l'internationalisation des problèmes de l'urbain vers une recherche commune des


démarches d'action, en Europe - p. 32
3.1. Les villes de l'Europe et l'internationalisation des problèmes de l'urbain – p. 32
3.2. Nouveaux paradigmes et pratiques – planification stratégique, gouvernance, projet urbain régénération
urbaine – p. 33
3.2.1. Planification stratégique - changement de la planification traditionnelle – p. 33
3.2.2. Le projet urbain – transition de la logique du plan vers une logique de processus – p. 34
3.2.3. La gouvernance urbaine – changement des modes de l’action publique – p. 35
3.2.4. La régénération urbaine – un mouvement naturel de la ville ou une intervention contrôlée ? - p. 36
3.2.5. Le développement durable, un concept – parapluie pour les nouvelles pratiques d’urbanisation- p.37
3.3. Le poids de l'Union Européenne dans l'émergence d'un nouveau mode de penser et agir sur l'urbain p. 38
3.3.1. Le rôle de l'UE dans la promotion du développement durable – p. 38
3.3.2. La régénération urbaine, une politique européenne pour un développement durable – p. 40
3.3.3. Le rôle de l’UE dans la transmission des « bonnes pratiques » - les réseaux des villes européennes - p. 49
3.3.4. Le développement durable, un paradigme consensuel au sein de l’Europe ? – p. 52

4. Harmonisation législative entre la Roumanie et l'Union Européenne p. 54


4.1. La dimension normative du processus d’adhésion à l’UE, - p. 54
4.2. Le fonds communautaires de préadhésion, - p. 58
4.3. Harmonisation législative, européanisation et transmission des normes et des pratiques de l’UE vers la
Roumanie, - p.59

5. Problématique et hypothèse de recherche p.61


5.1. La question de recherche – p.61
5.2. Précisions théoriques sur les notions utilisées – p.61
5.2.1. Le discours sur l’urbain – un point de départ pour l’analyse. – p.61

3
5.2.2. La règle et le modèle sont-ils encore les piliers du discours sur l’urbain ? – p.62
5.2.3. Utilisation des théories d’urbanisme et des modèles dans l’action publique. - p.63
5.2.4. Les acteurs dans les politiques publiques.- p. 65
5.3. Hypothèse de recherche - p.70

6. Méthode et terrain de recherche p. 73


6.1. Argument pour une méthode basée sur la confrontation du discours et des pratiques des acteurs urbains.
p.73
6.2. Construction de la méthode d’analyse. – p. 75
6.2.1. Rappel des objectifs de la recherche – p.75
6.2.2. Le terrain d’étude. – p.76
6.2.3. Les récits produits sur la régénération urbaine du centre historique de Bucarest. –p.88
6.2.4. La méthode confrontée au terrain d’étude. – p. 92

PARTIE II. REGENERATION URBAINE DU CENTRE HISTORIQUE DE BUCAREST


CONTEXTE DE LA PLANIFICATION URBAINE, CONFIGURATION DES ACTEURS p. 99

1. Le contexte actuel de la planification urbaine en Roumanie. Politiques publiques, cadre


législatif et institutionnel – p. 101
1.1. Etapes historiques dans la formation du cadre actuel. – p. 101
1.2. Le cadre législatif et institutionnel actuel, tableaux synthétiques. – p.105
1.3. Le rôle des documents d’urbanisme, les plans. – p.109
1.4. Conclusion partielle concernant le cadre de la planification urbaine. – p.113

2. Configuration des acteurs urbains dans la réhabilitation du centre historique à Bucarest


2.1. Les étapes de la définition du projet. – p. 114
2.1.1. Les années 90 – A la recherche des fonds et des savoirs pour revitaliser la zone de Lipscani. – p.114
2.1.2. Après l’année 2000 – vers l’élaboration d’un projet de réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à
Bucarest. – p. 121
2.2. Les étapes de la mise en œuvre du projet. – p. 138
2.2.1. Interdiction de la circulation automobile dans le centre historique. – p.138
2.2.2. L’évacuation des locataires sans bail – p. 145
2.3. Organisation et rôles des acteurs urbains dans le cadre du projet. – p.150
2.3.1. Le centre historique de Bucarest et les projets qui le concernent. – p. 150
2.3.2. Configuration et rôle des acteurs. – p. 153

3. Conclusion partielle concernant les rôles des acteurs du projet de réhabilitation du


centre historique de Bucarest, p.166

PARTIE III. REGENERATION URBAINE DU CENTRE HISTORIQUE DE BUCAREST


REPRESENTATIONS ET PRATIQUES DES ACTEURS DU PROJET p. 168

1. Les mots clés des politiques publiques roumaines : développement durable, valeurs
européennes, Bucarest - capitale européenne, p. 170
1.1. La régénération urbaine et le Programme de développement proposé par la Mairie de Bucarest. – p. 170
1.2. Le Programme du Gouvernement de la Roumanie pour la période 2005 – 2008. – p. 180
1.3. Le POR et le PDR Bucarest-Ilfov pour la période 2007 – 2013. – p. 182
1.4. Aspects de la construction du discours – l’expérience des acteurs participants à l’élaboration des
programmes d’action. – p. 190

2. La réhabilitation urbaine du centre historique de Bucarest dans les récits des acteurs
interviewés. – p. 197
2.1. L’analyse thématique. – p. 197
2.1.1. Analyse des thèmes - L’univers symbolique. – p. 199
2.1.2. Analyse des thèmes - L’univers des pratiques. – p. 200
2.2. L’analyse des relations signifiant/ signifié. – p. 205

4
2.2.1. Développement durable. – p. 206
2.2.2. La régénération urbaine. – p. 207
2.2.3. Les modèles. – p. 216
2.2.4. Les rôles et les relations des acteurs, dans le cadre du projet. La communication comme liant. – p. 223

3. Analyse des articles parus dans la presse. p. 239


3.1. Le choix des articles de la presse et leur exploitation. - p. 239
3.2. La presse - interface de la communication dans le cadre du projet de régénération urbaine du centre
historique à Bucarest. – p. 241
3.3. Bucarest- ville européenne, un sujet de débat. – p. 247

4. Conclusion de l’étude de cas – p. 251

CONCLUSION ET PERSPECTIVES p. 254

1. Les problèmes apparus dans cadre du projet de régénération urbaine du centre historique de
Bucarest et leurs causes. p.255

2. Utilisation des modèles européens de la régénération urbaine, à Bucarest. Retour sur les objectifs
et sur l’hypothèse de recherche. p.258

3. Perspectives pour une nouvelle organisation des acteurs participants à la régénération du centre
historique de Bucarest. p. 273
3.1. La question du référentiel commun des actions. Les acteurs peuvent-ils parvenir à un consensus sans
partir d’idées initiales claires ? – p.273
3.2. La question équipe pluridisciplinaire : Mettre en place un projet organisationnel. – p.274
3.3. L’importance de la communication et de la confiance entre les acteurs, dans un jeu dont les règles sont
en construction. – p.275

4. Perspectives de recherche concernant la régénération urbaine à Bucarest. p. 278


4.1. Continuer la réflexion concernant le changement des pratiques et la structuration du pouvoir au sein
d’un groupe d’action qui est le groupe de pilotage d’un projet de régénération urbaine. – p.278
4.2. Approfondir la réflexion sur la régénération urbaine à Bucarest et le modèle européen de la ville
compacte. – p.278

BIBLIOGRAPHIE p. 280

ANNEXES - Volume 2

5
RESUME

La chute du communisme en 1989 et l’adhésion à l’Union européenne en janvier 2007


circonscrivent une période de transformations systémiques pour la Roumanie. Durant cet
intervalle, Bucarest – la capitale du pays, a oeuvré à la construction d’un nouveau statut - la
ville européenne. Dans le contexte des changements engendrés par la transition vers une
économie de marché, la ville se confronte à des nombreux problèmes liés à l’ancienneté du
bâti, à la détérioration du cadre social et à l’instabilité du cadre économique et politique. Dans
ce contexte, des sujets comme la régénération urbaine, le développement urbain durable et les
projets urbains intégrés, font actuellement le débat parmi les professionnels de l’urbanisme, en
Roumanie.

Dans les pays de l’Union européenne l’intérêt manifesté par les acteurs urbains pour la
régénération urbaine se traduit par la volonté politique de répondre à la crise d’un morceau de
la ville qui ne fonctionne plus. Appuyés par les politiques communautaire, les actions en
faveur de la régénération urbaine et du développement durable de la ville émergent dans ces
pays d’un cadre politique, opérationnel et théorique qui, quoi que souvent remis en cause,
encadre les réponses à ces problèmes de l’urbain.

Dans un premièr temps, cette thèse se propose de clarifier les notions de developpement
durable et de régénération urbaine, tels comme definies par les politiques de l’Union
européennes. Sont analysées les canaux de transmission de ces notions et leur impact en
tant que modèle et norme sur les politiques publiques dans le domaine de l’urbain, en
Roumanie, dans la période de préadhèsion du 2000 au 2006.

Ensuite, nous avons choisi le projet de régénération du centre historique de


Bucarest(actuellement en cours) pour l’étude de cas. Nous avons analysé les écarts entre
le discours et les pratiques de la régénération urbaine. Pour ceci, nous avons fait une
confrontation entre les representations que les acteurs urbains du projet se font de ce qui
est la régénération urbaine et le projet urbain intégré (définis par les politiques
nationales en accord avec les politiques communautaires) et leur pratique effective. Les
notions de régénération urbaine et projet intégré sont intérogés sur leur usage en tant
que modéles par les acteurs urbains locaux, dans le contexte du processus d’adhésion de
la Roumanie à l’UE.

mots clés :

régénération urbaine, développement durable, Union européenne, modèles, normes, acteurs


urbains, projet urbain intégré, Bucarest, représentations, pratiques

6
REZUMAT

Căderea comunismului în 1989 şi aderarea la Uniunea Europeana în ianuarie 2007 definesc o


perioadă de profunde transformări pentru România. De-a lungul acestei perioade, Bucureşti -
capitala ţării, a început să lucreze la construirea unui nou statut- cel de oraş european. Pe
fondul schimbărilor provocate de tranziţia către economia de piaţă, oraşul continuă să se
confrunte cu numeroase probleme legate de vechimea cadrului construit, de deteriorarea
cadrului social, precum şi de instabilitatea cadrului economic şi politic. In acest context, în
domeniul urbanismului, specialiştii din România au început să dezbată subiecte ca
regenerarea urbană şi dezvoltarea durabilă.

In tarile Uniunii Europene, interesul pentru regenerarea urbană, se traduce prin manifestarea
unei voinţe politice ca răspuns la problemele unei zone a oraşului care cumulează
disfuncţionalităţi. Încurajate şi de către politicile Uniunii Europene, acţiunile în favoarea
regenerării urbane si a dezvoltării urbane durabile sînt rezultatul existenţei unui cadru politic,
operaţional si teoretic. Acest cadru, chiar daca este repus in discuţie periodic, trasează
principiile si regulile de intervenţie asupra oraşului .

Mai întîi, această cercetare îşi propune să clarifice noţiunile de dezvoltare durabilă şi
regenerare urbană, aşa cum au fost definite în cadrul politicilor Uniunii Europene. De
asemenea, sînt analizate canalele de trasmitere a acestor noţiuni şi impactul lor asupra
politicilor publice in domeniul urbanismului, în Romania, în perioada de pre-aderare
dintre anii 2000 si 2006.

In continuare, studiul de caz – proiectul de regenerare urbana al centrului istoric al


Bucureştiului, a fost ales pentru analiza diferenţelor între discursul şi practica
regenerării urbane la nivel local. Pentru aceasta, am procedat la o confruntare între
reprezentările pe care actorii urbani implicati în proiect le au despre ce este regenerarea
urbana si proiectul urban integrat (definite şi în politicile nationale, în acord cu politicle
europene) şi practica lor efectivă. Aceste notiuni sînt analizate din perspectiva utilizării
lor ca modele de către actorii urbani locali, în contextul aderării Romaniei la Uniunea
Europeană.

cuvinte cheie :

regenerare urbană, dezvoltare durabilă, Uniunea Europeana, modele, norme, actori urbani,
proiect urban integrat, Bucureşti, reprezentări, practici

7
ABSTRACT

The time between the fall of the communist regime in 1989 and the accession to the EU
in January 2007 was a period of profound transformations in Romania. During this
period, Bucharest – the capital of the country – strived to achieve a new status as a
European city. In the context of changes generated by the transition to a market
economy, Bucharest is facing several problems related to the decay of the inner urban
space and the deterioration of the city’s social, economic, political and finance fabric. In
this context, issues like urban regeneration, sustainable development and integrated
urban projects have become subjects of debate among urban planners in Romania.

In European countries, the urban actors' interest in urban regeneration is converted into
political willingness to react to urban areas in crisis. Supported by the EU policies, these
actions towards urban regeneration and sustainable development emerge from a theoretical,
operational and political framework which (although often challenged) is designed to cope
with the urban issues.

Firstly, this research aims to clarify notions as sustainable development and urban
regeneration as defined by the EU policies. It also aims to identify the transmission
channels of these notions and their impact as model and standard on the urban public
policies in Romania, during the pre-accession period, from 2000 to 2006.

Secondly, we chose as our case-study the ongoing urban regeneration project of the
historical core of Bucharest. We analyzed the distance between the political positions
and the practices of urban regeneration. We thus confronted urban actors’
representation of urban regeneration and integrated project (as defined by the national
policies in agreement with EU policies) with their real-life application. We questioned
the use of notions like urban regeneration and integrated project as models for local
urban players, in the context of Romania’s accession to EU.

key words

urban regeneration, sustainable development, European Union, models, standards, urban


actors, integrated urban project, Bucharest, representations, practices

8
LISTE DE SIGLES

ADRBI Agenţia de dezvoltare regioanală Bucuresti Ilfov / Agence pour développement régional Bucarest
Ilfov
AICI Asociaţia Investitorilor din Centrul Istoric / l’Association des Investisseurs dans le Centre
Historique
ANR Agenţia Naţională pentru Romi / Agence Nationale pour les Roms
BERD European Bank for Reconstruction and Development
BNR Banca Naţională a României / Banque Nationale de la Roumanie
CCIR Camera de Comerţ şi Industrie a României / Chambre de Commerce et d’Industrie de la Roumanie
CCCIB Consiliul de Coordonare - Centrul Istoric Bucureşti / Conseil de coordination – Centre historique
de Bucarest
CEE Communauté (économique) européenne
CEMAT Conference Européenne des Ministres responsables de l’Aménagement du territoire
CPLRE Conférence Permanente des Pouvoirs Locaux et Régionaux de l'Europe
CPUMB Centrul de proiectare urbană şi metropolitană Bucureşti / Le Centre pour la Planification Urbaine
et Métropolitaine de Bucarest
DIV Délégation interministérielle à la Ville
FEDER Fonds européen de développement régional
GPU Grand projet urbain
ICRAL Intreprinderea de construcţii, reparaţii şi administraţie locativă / Entreprise de constructions,
réparations et administration du fond locatif
ICOMOS Conseil International des Monuments et des Sites
IHS Institute for Housing an Urban Development Studies Romania
Romania
MIE Ministerul Integrarii Europene / Ministère de l'Intégration Européenne
M. Of. Monitorul Oficial
NATO North Atlantic Treaty Organisation
NUTS Nomenclateur des Unités Territoriaux Statistiques
OAR Ordinul Arhitecţilor din România / Ordre des Architectes Roumains
PATJ Plan de amenajare a teritoriului judeţean / Plan d’aménagement du territoire departamental
PATN Plan de amenajare a teritoriului naţional / Plan d’aménagement du territoire national
PECO Pays d’Europe Centrale et Orientale
POR Program operaţional regional / Programme Opérationnel Régional
PDR Program de dezvoltare regională / Programme de Développement Régional
PDR Programme de développement de la région Bucarest Ilfov
Bucarest
Ilfov
PMB Primăria Municipiului Bucureşti/ La Mairie de Bucarest
PUCA Plan Urbanisme Construction Architecture
PUD Plan Urbanistic de Detaliu / Plan d’urbanisme de détail
PUG Plan Urbanistic General / Plan Général d’Urbanisme
PUZ Plan Urbanistic Zonal / Pan d’urbanisme zonal
SDEC Schéma de Développement de l'Espace Communautaire
SAPI Serviciu de administrare a patrimoniului imobiliar / Service d'administration du patrimoine
immobilier
UAR Uniunea Arhitecţilor din Romania / Union des architectes roumains
UAUIM Universitatea de Arhitectură şi Urbanism « Ion Mincu » (Bucureşti) / Université d’Architecture et
Urbanisme « Ion Mincu » (Bucarest)
UE Union européenne
UIPPilote Unitatea de implementare a proiectului pilot / Groupe pour la mise en œuvre du projet pilote
UNDP Programme des Nations Unies pour le développement
UNESCO Organisation des Nations Unies pour la science, l’éducation et la culture

9
INTRODUCTION

10
1. Le sujet de recherche et son contexte

Les notions
Régénération urbaine est une expression utilisée de plus en plus dans les discours actuels en
Roumanie. Utilisée tantôt par les politiciens tantôt par les journalistes ou par les spécialistes à
l’occasion des publications et des colloques dédiés à ce thème, la régénération urbaine semble
la bonne chose à faire dans le contexte urbain actuel. Dans les villes roumaines, les zones en
difficulté sont très visibles, qu’il s’agisse de centres historiques ou de quartiers d’habitat
collectif. Les problèmes qu’on perçoit tout de suite sont l’ancienneté du cadre bâti, la
déstructuration du tissu urbain, l’absence d’activités attractives et parfois, la présence d’une
population en difficulté.
Dans ce contexte, tout un vocabulaire (plus précisément, une nébuleuse de termes
commençant par re-) est utilisé pour exprimer le besoin de récupérer la ville : rénovation des
bâtiments, restauration du patrimoine architectural, réhabilitation de la ville, reconstruction
d’une image et d’une identité urbaine. Ces termes ne renvoient pas à des politiques urbaines
précises mais à des actions à faire afin d’entamer le retissage des débris urbains et le
changement d’image de la ville. Utilisant ces termes, le discours sur la ville concerne souvent
la forme urbaine ou architecturale et la relance des activités économiques.
Cependant, depuis quelques années, la notion de régénération de la ville va de pair
avec les notions de développement durable et de projet urbain intégré, dans les discours : si le
développement durable est évoqué en tant qu’objectif stratégique, la régénération urbaine est
le moyen par lequel on peut le mettre en œuvre dans le domaine de l’urbanisme, et ceci est
possible par une approche intégrée du projet. Ces nouveaux termes ont mis en évidence
d’autres dimensions à prendre en compte par les urbanistes – le développement social et la
protection de l’environnement, qui doivent être considérés en même temps que la
régénération de la forme urbaine ou architecturale, et la relance des activités économiques.
Ce nouveau mode de pensée et les discours associés ont commencé à devenir de plus
en plus visibles au niveau des autorités publiques centrales et locales en Roumanie, depuis
2000. Néanmoins, les projets accomplis de régénération urbaine sont très peu nombreux dans
cette période, il s’agit des projets qui ont eu lieu dans les villes de Oradea, Baia Mare et Sibiu1.
A part ces projets pionniers, la régénération urbaine et la démarche intégrée du projet urbain,
sont présents plutôt au niveau des discours politique et technique.

Délimitation dans le temps et l’espace de la recherche


Cette thèse concerne la régénération urbaine à Bucarest, où plusieurs projets nommés de
rénovation, régénération, réhabilitation urbaine se sont succédé depuis les années 90. J’ai
choisi le cas de Bucarest non seulement parce que ma pratique en tant qu’architecte urbaniste
et la connaissance du terrain m’ont permis de suivre l’évolution de ces projets, mais aussi
parce que Bucarest bénéficie d’une visibilité spéciale en tant que capitale de pays. Ce statut de
capitale ainsi que sa taille et son développement économique - c’est la ville la plus grande et la
plus développée du pays, m’ont permis d’observer les jeux des acteurs urbains dans le contexte

1
Oradea – financement PHARE, Baia Mare - financement Banque Mondiale, Sibiu – financement du Ministère
de la Culture roumain.

11
des vives transformations qui ont eu lieu dans le pays après la chute du communisme. Si ce
contexte fut le même pour toutes les villes du pays, ce qui transforme Bucarest en cas spécial
est lié à la visibilité qu’elle présente parmi les autres villes roumaines et à son rôle de
représentation. Lieu où demeure et s'exerce le pouvoir de l'Etat mais en même temps le nœud
le plus important de flux économiques du pays, Bucarest se rend visible en tant que ville de
représentation et est recherchée pour les échanges économiques et culturels. Ainsi, après la
chute du communisme, les enjeux de son développement ont commencé à être liés à la
construction d’une image de marque et à sa capacité à s’intégrer dans un réseau de métropoles
européennes. De ce point de vue, la régénération de la ville pourrait être considérée comme
un instrument qui permettrait la conquête d’une image et d’un statut européen pour la
capitale du pays. Par conséquent, depuis l'année 2000, la Mairie a exprimé dans son
programme d’action, la volonté de transformer Bucarest en une capitale européenne, et a
énoncé parmi les priorités d'action qu'elle s'est donnée jusqu'au 2008 : « la réhabilitation,
reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest ». Cette priorité s'inscrit dans l’objectif
stratégique de la Mairie, énoncé ainsi : faire le développement urbain durable2 et s’est
concrétisée sur le terrain par le projet de régénération intégrée du centre historique à Bucarest,
projet démarré en 2002.
Dans le cadre plus large des transformations survenues après 1989, la chute du
communisme a permis l’ouverture du pays vers l’extérieur et par conséquent, à des processus
tels que la mondialisation et la globalisation de l’économie. Ces processus ont eu une
incidence importante sur la transformation globale du pays. A partir de l’année 1995, un autre
processus ayant une incidence sur les reformes dans plusieurs secteurs de la politique
publique a été déclenché par la décision de la Roumanie d’adhérer à l’Union européenne3, il
s’agit de l’adoption de l’acquis4 européen.

Pour un bref rappel, 1989 a été l'année de la chute du communisme en Roumanie. Après
cinquante ans d'isolation dus à un régime politique devenu totalitaire, le pays se cherche une
place dans l'actuel contexte géopolitique. Dans une Europe partagée autrefois par le rideau de
fer, ce repositionnement se fait dans le contexte à la fois pratique et symbolique de l’adhésion
de la Roumanie ex-communiste, à l'Union européenne.
Le retour à l’Europe a pour la Roumanie des ressorts de nature symbolique et
identitaire, car il est perçu comme un rattrapage d’une modernisation dont l’Europe est le
référentiel. Dès lors, le contexte pratique se définit dans le respect des critères de Copenhague5
(cf. Décision du Conseil du 30 mars 1998 concernant les principes, priorités, objectifs
intermédiaires et conditions du partenariat pour l'adhésion de la Roumanie). Pour ce qui est
du contexte symbolique, il relève de la question d'appartenance de la Roumanie à l'Europe.
Cette appartenance, n'étant pas sous-entendue (pour des considérations géographiques par

2
Cf. Programme de développement de Bucarest. 2000-2008.
3
La Roumanie a déposé sa candidature pour l’adhésion a l’UE le 22 juin 1995.Les négociations ont commencés le
15 février 2000.
4
Chaque pays candidat à l’adhésion doit négocier avec l'Union européenne un nombre de 31 chapitres, chaque
chapitre correspondant à un domaine existant dans la législation européenne (par ex. agriculture, recherche,
concurrence, etc.). Ces chapitres constituent l'acquis communautaire.
5
Institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l'homme, le respect des
minorités et leur protection, l'existence d'une économie de marché viable ainsi que la capacité à faire face à la
pression concurrentielle et aux forces du marché à l'intérieur de l'Union Européenne, capacité d'en assumer les
obligations, et notamment de souscrire aux objectifs de l'Union politique, économique et monétaire

12
exemple), elle devrait être conquise par des moyens politiques. C'est un processus qui a
commencé avec le choix que l'Etat roumain a fait après la chute du communisme, et qui a
engendré le processus nommé de « transition » vers l'Etat de droit et vers une économie de
marché viable.
La difficulté de prévoir le résultat de ce processus de transition vient de l’incertitude
liée au fait que même si on connaît le point de départ - le système économique et politique
hérité du socialisme, ainsi que le référentiel - l’économie de marché et l’état de droit européen,
le point d’arrivée reste pourtant inconnu. Bien que l’intégration de l’Europe soit conditionnée
pour la Roumanie par des normes de l’acquis, les transformations internes au pays ne
correspondent pas exactement à celui ci. Plus précisément, des reformes ont été entamées en
Roumanie après la chute du communisme, en même temps avec le processus d’adhésion à
l’Union européenne, mais il se peut que les voies nationales de la transformation du pays et la
préparation à l’intégration européenne n’aient pas forcement les mêmes logiques [Forest M. et
Mink G. 2004, pp. 81-82]. Cependant, des interdépendances existent entre ceux-ci, et parce
que ces deux processus ont dans leur cœur un effort d’apprentissage des nouvelles règles
conduit en même temps que leur application.
Cette recherche propose une approche centrée sur les acteurs et de ce fait, interroge
l’usage que les acteurs font du contexte de l’adhésion européenne en termes de contraintes et
opportunités6, dans un domaine des politiques publiques - les politiques de régénération
urbaine émergentes en Roumanie. De ce fait, cette recherche se situe au croisement du champ
de l’urbanisme avec celui de la sociologie des organisations et des sciences politiques.

2. Les objectifs de la recherche


Cette recherche s’intéresse à la définition des notions de développement durable et de
régénération urbaine et à leur utilisation par les acteurs urbains locaux. L’objectif est de
comprendre comment les acteurs urbains à Bucarest s’approprient les définitions théoriques
de ces notions, et aussi l’usage qu’ils en font. Plus précisément, il s’agit de comprendre
l’incidence de ces notions en tant que nouveau mode de pensée et de normes qui en découlent,
sur la construction des politiques de régénération urbaine et sur le renouvellement des
pratiques d’urbanisation. Les objectifs de la recherche pourraient être résumés ainsi :

a. Clarifier les notions de développement durable et régénération urbaine.


Clarifier les définitions des notions précitées tels qu’elles sont formulées au niveau des
institutions communautaires et présenter, par une démarche comparative, les définitions
formulées par les institutions roumaines, afin de bien cerner leurs multiples dimensions.

6
« Une analyse des reformes des politiques publiques et des cadres institutionnels peut ainsi se donner pour
objectif de montrer dans quelle mesure la pression à l’adaptation exercée par la CEE constitua une contrainte
pour les acteurs institutionnels des pays candidats, et comment ceux-ci tentèrent d’en faire une ressource pour la
conduite des reformes internes ». [Forest M. et Mink G. 2004, p. 81]

13
b. Comprendre ce sont les bonnes pratiques européennes de la régénération urbaine
ainsi que leur rapport avec les pratiques des acteurs urbains en Roumanie.
Comprendre ce qui est défini au niveau européen en tant que bonnes pratiques et les
programmes qui encouragent ces bonnes pratiques. Comprendre les rapports entre les
politiques et programmes au niveau communautaire et au niveau national, en interrogeant les
canaux de transmission entre l’Europe et la Roumanie. Qu’est ce qui est transmis comme
norme et qu’est ce qui est transmis par échange professionnel et apprentissage ?

c. Comprendre l’impact de l’adhésion à l’Union européenne sur la définition des


priorités et du contenu des politiques urbaines en Roumanie.
Cet objectif découle du précèdent et il s’agit de comprendre comment et pourquoi les acteurs
publics en Roumanie ont fait monter dans les priorités de leur agenda politique, des sujets
comme la régénération urbaine et le développement durable. Certes, ces politiques ainsi
formulées correspondent aux problèmes soulevés par les zones urbaines en déshérence en
Roumanie, mais elles sont interrogées aussi sur leur rapport avec les reformes imposées par
l’adhésion à l’Europe. Comment se fait-il que c’est juste après l’année 2000 que des politiques
et programmes ont été formulés afin de relancer les zones urbaines en difficulté, et que ceux-ci
ont comme objectif stratégique le développement durable et parmi les priorités des
programmes se retrouve la régénération urbaine ?

d. Comprendre l’appropriation des notions théoriques et des normes du développement


durable et de la régénération urbaine par les acteurs urbains en Roumanie, et
notamment à Bucarest, intervenant dans des projets qui portent le label régénération
urbaine.
Cette recherche tâche de comprendre comment les acteurs urbains locaux à Bucarest
transposent la politique et les programmes de régénération urbaine dans la pratique.
Comprendre dans quelle mesure les acteurs urbains institutionnels sont mobilisés par des
principes issus de la définition du développement durable et de la régénération urbaine en
Europe, et quel est l’usage qu’ils en font, sachant qu’ils déploient leurs jeux afin de satisfaire les
objectifs définis par les politiques publiques, ainsi que leurs propres intérêts.
Comprendre les transformations survenues dans les pratiques des acteurs urbains
locaux. Quel rapport entre les discours et les politiques de régénération urbaine européennes
et le renouvellement des pratiques des acteurs urbains locaux ?

3. L’importance du sujet de la recherche pour la


Roumanie
Dans le domaine de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, la chute du communisme
a sonné le glas de la planification urbaine centralisée, dans laquelle l’Etat octroyait les
ressources et décidait le développement urbain par des plans quinquennaux prédéfinis. Une
fois que le système de l’Etat - Providence communiste a été reconnu comme obsolète
officiellement, la décentralisation fut entamée. L’Etat s’est retiré progressivement d’une
multitude de domaines sur lesquels il exerçait le contrôle complet, dont l’aménagement du
territoire et l’urbanisme. Ainsi, ce qui autrefois était décidé et financé par l’Etat, est revenu
progressivement aux autorités locales pour trouver des solutions et des moyens.

14
Dans le contexte du changement systémique post-communiste, marqué par l’incertitude, la
planification urbaine rigide, qui prévoyait les directions de développement futures est devenue
impossible à poursuivre. Les autorités locales ont monté en importance dans la prise de
décision, et la recherche des fonds et des investisseurs est devenue un levier important du
développement local. Dans ce contexte, les fonds communautaires destinés aux pays en cours
d’adhésion sont devenus une source de financement pour les projets locaux. Les programmes
communautaires par lesquels les fonds précités ont été accessibles, ont nécessité un
changement de vision et de pratiques des acteurs urbains au niveau local. Tous ces
changements ont accompagné la transformation de la planification rigide dans un processus
défini surtout par des ajustements successifs, dans lequel les acteurs ont saisi les opportunités
qui répondaient au mieux aux problèmes du moment. Pour tracer un parallèle, tout comme le
trajet du système communiste vers l’économie du marché reste ouvert, le trajet de la
planification rigide vers la planification stratégique n’est pas encore facile à prévoir.
La Roumanie a fait l’exercice de l’accession des fonds de préadhésion, et depuis 2007
elle devrait être capable d’utiliser les fonds structurels qui lui seront octroyés en tant que pays
membre. Dans le domaine de l’aménagement du territoire et l’urbanisme, les autorités locales
roumaines devraient être capables de formuler des projets qui s’encadrent dans les priorités
financés par les fonds structuraux, dont l’une a été intitulée régénération urbaine.
Par les objectifs de recherche proposés, ce travail pourrait contribuer au renforcement
de la capacité des acteurs urbains locaux à construire des projets qui répondent à ces
programmes de financement, non seulement pour les aider à la compréhension des aspects
théoriques – les notions utilisées, mais dans leur mise en pratique – l’approche intégrée du
projet urbain. En essayant d’éclairer les notions de développement durable et de la
régénération urbaine ainsi que les pratiques qui en découlent, cette recherche tâche aussi de
répondre aux desideratas formulés au niveau de l’Etat roumain, de mettre les fondements du
concept d’aménagement du territoire et de l’urbanisme en Roumanie en accord avec les
normes communautaires, concernant le développement spatial durable [Gouvernement de la
Roumanie, avril 2005].

Contribution scientifique
En Roumanie, les spécialistes cherchent à construire les nouveaux fondements du domaine de
l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, sur des concepts et expériences capitalisés dans
les pays occidentaux.
La redéfinition de la profession d’urbaniste ainsi que son statut se produisent en même
temps avec les changements systémiques engendrés par la chute du communisme, l’ouverture
à la globalisation, et les efforts d’harmonisation avec les pays membres de l’Union européenne.
La confrontation avec les concepts de développement durable, régénération urbaine ou
projet urbain intégré, s’est produite en Roumanie dans un délai bref, dans lequel
l’apprentissage et la pratique se superposent encore. Ainsi, si les nouvelles notions sont
rentrées dans les discours, des comportements appris antérieurement se font encore ressentir
dans les pratiques d’urbanisation.
Dans ce point de passage de la logique du plan, appartenant à la planification socialiste
en Roumanie et la logique de processus promue par la planification stratégique depuis les
années 80 dans les pays occidentaux, cette recherche se propose d’aider les acteurs locaux dans
le processus d’apprentissage des nouvelles notions théoriques ainsi que des pratiques du projet
urbain. Pour appuyer les acteurs urbains dans leurs efforts d’opérationnaliser ces notions,
cette recherche se propose d’éclairer en quoi la régénération urbaine est plus que la création

15
d’une image urbaine, et encore, en quoi la démarche de projet de régénération urbaine
intégrée est plus qu’une somme de sous projets correspondant à des nombreuses couches
(diverses activités économiques et institutionnelles) qui peuvent être identifiées sur un
territoire urbain.
Au niveau des acteurs urbains réunis dans un projet de régénération urbaine intégrée,
cette recherche se propose de cerner les facteurs de réussite ainsi que ceux de blocage, en
prolongeant l’analyse au delà de la solution de design urbain, pour comprendre les pratiques
des acteurs institutionnels du projet – ceux qui participent à la prise de décision. Il s’agit aussi
de trouver une clé pour comprendre pourquoi tant de projets et études faits depuis des années
sur le même sujet de la régénération du centre ville à Bucarest, n’ont pas encore abouti.
Cette recherche peut ainsi contribuer à éclairer le processus de construction du projet
urbain et montrer l’utilité de prendre en compte ses multiples dimensions. Elle se propose de
déplacer l’attention qui tarde encore sur le design urbain, vers les mécanismes de l’action des
acteurs urbains. Au projet concernant la forme urbaine, il faudrait rajouter un projet
institutionnel – organisation d’une équipe qui va mettre le projet en œuvre, ainsi qu’un projet
politique capable d’assurer la continuité à long terme du projet urbain. Ainsi, cette recherche
pourra aider les acteurs institutionnels à mieux définir et organiser le cadre d’un tel projet et le
management de l’équipe d’acteurs responsables. La construction et la gestion d’un projet de
régénération urbaine intégrée sont une démarche pionnière en Roumanie actuellement.
Dans la perspective des études concernant l’élargissement de l’Union européenne et
des processus à l’œuvre dans les pays candidats, cette recherche interroge le lien entre les
transformations locales et la préparation à l’adhésion, et mon positionnement de chercheur
est attaché aux démarches qui considèrent l’adhésion à l’Union européenne comme une
ressource et une contrainte pour la conduite des reformes structurelles7 dans le pays. Ainsi,
cette recherche fait une grande place aux acteurs qui, en tant qu’individus ou organisation,
font leurs jeux en sélectionnant du passé des éléments qui peuvent être réactivés, mais qui
sont dotés avec une capacité d’anticiper et saisir des opportunités dans le mode de
gouvernance communautaire. Cette recherche contribuera à éclairer le mécanisme de l’impact
de l’adhésion européenne dans le cas des acteurs urbains locaux, dans le domaine de
l’urbanisme et des politiques urbaines. Tenant compte de la difficulté inhérente à une analyse
de l’histoire récente, cette recherche essaye de cerner l’effet que l’adhésion européenne a sur le
renouvellement des pratiques des acteurs urbains institutionnels.

7
Il s’agit des travaux sur le rôle joué par la CEE / UE en tant que acteur externe, dans les changements des
structures politiques des pays associés / candidat. Selon les coordinateurs, Forest M. et Mink G., 2004, les travaux
qui ont tenté de systématiser l’impact de la préadhésion sur ces reformes ont été peux nombreuses. « L’analyse
de ces transformations doit inclure d’emblée le rapprochement avec les structures communautaires comme
partie intégrante des trajectoires nationales, en examinant le transfert de ressources tirées du système politique
communautaire, vers les ordres politiques internes des pays candidats. […] La préparation à l’adhésion est alors
considérée comme une source de légitimité et de pression à la reforme, c’est à dire un élément cognitif normatif
impliquant la définition de nouvelles normes, règles et identité s collectives, à laquelle peuvent s’opposer certains
acteurs mobilisant d’autres ressources. L’objet de la recherche consiste donc à mettre en évidence les évolutions
intervenues dans les interactions des acteurs institutionnels, qui firent de la préparation à l’adhésion une
ressource et une contrainte pour la conduite des reformes structurelles. » pp. 68 -69

16
4. La structure de la thèse
Pour répondre aux objectifs de recherche formulés, la thèse a été structurée ainsi :

I. La première partie est dédiée à la transformation de Bucarest en tant que ville


européenne, après la chute du communisme.
− Le premier chapitre présente le développement actuel de la ville, comme les
projets à l’œuvre le montrent et comme les politiciens le souhaitent. Les
problèmes du centre ville, sujet de la régénération urbaine, sont présentés
dans ce contexte.
− Le deuxième chapitre, présente les problèmes des villes européennes, ainsi
que les réponses formulées par les politiques et programmes européens. Le
rôle de l’Union européenne dans l’émergence d’un nouveau mode de
penser et agir sur l’urbain est analysé. Sont présentées les définitions des
notions de développement durable et régénération urbaine comme elles
apparaissent dans les documents communautaires et leurs canaux de
transmissions vers les pays membres sont analysés. L’internationalisation
des problèmes de l’urbain et la transmission des bonnes pratiques sous la
baguette des politiques européennes sont interrogées en tant que processus
générateurs de nouveaux modèles de pensée et d’action.
− Le troisième chapitre met en face à face les transformations à l’œuvre en
Roumanie et les réformes issues du processus d’intégration européenne,
dans le domaine du développement régional. Il interroge l’harmonisation
législative et les échanges d’expériences entre spécialistes en tant que
canaux de transmission des modèles européens en Roumanie.
− Le quatrième chapitre argumente du point de vue théorique le rôle central
des acteurs dans la compréhension de ces transformations et réformes, en
les considérant comme des individus rationnels qui, selon leurs capacités
cognitives, utilisent les aspects normatifs du cadre (transformations
nationales et alignement aux normes européennes) comme ressources pour
conduire leurs actions. Dans cette perspective ont été formulées les
hypothèses de recherche, concernant le rôle du jeu des acteurs urbains dans
la définition du rapport entre réformes locales et intégration européenne.
La méthode de recherche répond à cette approche en confrontant
l’observation du projet avec les discours produits par les acteurs urbains
dans les documents officiaux ou lors des entretiens effectués avec les
responsables du projet.

II. La deuxième partie est dédiée à l’analyse du contexte actuel de la planification urbaine
en Roumanie, considéré comme le cadre dans lequel a lieu le projet de régénération
intégrée du centre historique de Bucarest. A partir de cette étude de cas du centre
historique de Bucarest, ont été analysées les pratiques des acteurs urbains impliqués dans
le projet de réhabilitation du centre historique (pour le moment le seul projet ainsi
nommé de régénération urbaine) ; projet qui arrive dans une phase opérationnelle à
Bucarest :

17
− Dans le premier chapitre, les politiques publiques émergentes, le cadre
législatif et institutionnel construit après 1990 sont analysés afin de cerner
dans un premier temps l’impact des normes européennes sur le cadre de la
planification urbaine en Roumanie et ensuite, les réglementations imposées
par ce cadre sur la définition et l’organisation du projet de régénération
urbaine.
− Le deuxième chapitre montre ce que chacun des acteurs urbains entend
sous le terme projet du centre historique. A cet effet, sont présentés les
différents projets qui se superposent dans le centre historique à Bucarest
ainsi que les acteurs urbains institutionnels que chacun de ces projets
mobilisent. Ensuite a été présentée l’organisation officielle des acteurs ainsi
que leurs rôles.
− Une conclusion est formulée concernant les pratiques des acteurs urbains
du projet de régénération du centre historique de Bucarest, confrontés aux
règlements imposés par le cadre de la planification urbaine en Roumanie.

III. La troisième partie est dédiée à l’analyse des représentations des acteurs du projet de
régénération du centre historique de Bucarest. Cette analyse est menée afin de
confronter le discours produit par les acteurs urbains avec leurs pratiques mais aussi
avec le contenu des politiques publiques, programmes et lois qui définissent le cadre
de la planification urbaine en Roumanie.
− Le premier chapitre analyse le discours politique au niveau national,
régional et local.
− Le deuxième chapitre analyse le discours produit par les acteurs du projet
de régénération urbaine du centre historique à Bucarest, lors des entretiens.
− Le troisième chapitre fait l’analyse du discours produit par la presse et les
actions reflétées par la presse.
− Une conclusion est formulée concernant les pratiques issues du vécu du
projet, ainsi que les blocages qui sont apparus dans le déroulement du
projet mis en oeuvre.

IV. La conclusion a été construite à partir des problèmes qui sont à l’origine des blocages
identifiés dans l’étude de cas, pour revenir ensuite sur l’hypothèse de départ, afin de la
reformuler. Une reformulation de l’hypothèse de départ est présentée ainsi qu’une
problématique de l’action publique à Bucarest, dans le cas des projets de régénération
urbaine, afin d’offrir des orientations :
− aux professionnels qui cherchent à renouveler leurs pratiques
− mais aussi aux chercheurs qui souhaiteront poursuivre l’étude des
impacts des programmes européens en Roumanie et notamment, sur
des projets de régénération urbaine.

18
PREMIERE PARTIE

BUCAREST, VILLE EUROPEENNE

19
La ville peut être vue comme un palimpseste, selon
une expression déjà consacrée par André Corboz
[Corboz, 2001] - plusieurs strates se superposent,
plusieurs images de la ville coexistent. Toute
description, aussi neutre qu'elle se propose de l'être,
ne serait qu'une interprétation incomplète de la ville,
le reflet d'une de ses multiples images. Par
conséquent, décrire la ville n’est pas un geste neutre,
car il s'agit de reconstruire une réalité. Toute
description de la ville restera ainsi partielle, car elle
est en fonction de notre point de vue.
Ainsi, s'il faut opérer un découpage, il a été fait
dans le but de décrire le développement urbain actuel
de Bucarest en tant que processus d'urbanisation
dans une ville capitale. Comprendre pourquoi
certains problèmes sont devenus prioritaires dans le
développement actuel de cette ville et encore,
comment et avec quels énoncés sont-ils arrivés sur
l'agenda de la Mairie ? Ce sont des questions qui
ouvrent cette partie et positionnent l’analyse.

20
1. Etapes historiques de la ville – capitale

La ville médiévale
Attesté par des documents datant de 1459, Bucarest est devenu capitale de Valachie en 1659,
et en 1859 capitale des Principautés Réunies de la Valachie et de la Moldavie. Les principautés
réunies deviendront le Royaume de Roumanie en 1866 (Carol I de Hohenzollern est couronné
roi de la Roumanie). Après la défaite des grands empires de l’Europe centrale et de l’est, suite à
la première guerre mondiale, les provinces de Transylvanie, Bessarabie et la Bucovine du Nord
se sont réunis avec le Royaume de Roumanie, en 1918. Bucarest est devenu alors la capitale de
la Grande Roumanie.
La ville de Bucarest n'est pas apparue en tant que capitale de pays. Son développement
historique a été favorisé par son emplacement au carrefour de vieilles routes commerciales
transcontinentales et à la confluence de différentes régions culturelles. Ainsi, la ville a
commencé comme un agencement de quelques petites communautés existantes dans la zone
et dans l’absence des murs d’enceinte, elle a continué son extension par rattachement des
autres, en gardant jusqu’au tard, dans le XIXème siècle cette structure caractérisée par une
articulation des unités territoriales correspondantes aux communautés, reliés par des espaces
verts ou vagues [Vol.2. Annexe Ière partie].

La ville moderne
L’état roumain moderne a été créé suite à l’union des principautés de Moldavie et de Valachie
en 1959. Après la conquête de l'indépendance en 1877, pour marquer la fin de plus de trois
cents ans d'influence ottomane, la modernisation du pays a commencé suite à l'ouverture vers
l'occident. A cette époque, le modèle français a eu une influence majeure car il appuyait la
construction d'une société roumaine située à l'antipode d'Istanbul. L'historien roumain Neagu
Djuvara affirmait « depuis le début du XIXème siècle et jusqu'à la première guerre mondiale, les
roumains ont été colonisés par la France, sans que la présence du colonisateur soit nécessaire.
C'est la plus belle conquête culturelle qui ait été enregistrée dans l'histoire moderne ». La ville
est devenue un nœud de l’expansion économique vers l’est des Etats occidentaux, un centre
commercial et bancaire, cosmopolite, attirant les hommes d’affaires, commerçants et artisans
d’Autriche, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Russie, de Grèce et de Turquie.
L’essor économique de la capitale a lancé la construction des nouveaux bâtiments, qu’il
s’agissait des bâtiments publics ou des belles demeures privées. Cependant, le premier plan de
systématisation – qui a posé pour la première fois le problème d’un développement global de
la ville - est devenu opérationnel qu’en 1921 [Lascu, 1997].

20
Source de l’image : ancienne carte postale

L’absence des grands projets d’aménagement de la ville dans le XIXème siècle n’a pas empêché
que la ville se modernise, mais cela a eu lieu selon un processus qui tenait plutôt de
l’adaptation lente1 de la structure urbaine aux nouvelles nécessité de la société. Ainsi, la
structure urbaine reste presque inchangé, dans le sens que le réseau des voiries et le parcellaire
rendent visible la configuration du XVIIIème telle comme elle était représentée dans le premier
plan de la ville2. Dans cette structure médiévale, les caravansérails ont été remplacés par les
bâtiments représentatifs pour l’Etat du XIXème - des sièges des institutions construites par des
architectes français ou roumains diplômés de l’école des Beaux Arts de Paris.
Apres 1918, suite à la Grande Union, la Roumanie s’est engagée dans un processus
rapide d’industrialisation qui a eu comme résultat, en seulement douze ans, le doublement à
Bucarest du nombre des entreprises de production, des sociétés commerciales, de transport et
des établissements financiers – bancaires. En même temps, le nombre des habitants et de
logements a doublé3. L’évolution de la ville a été faite sur des principes d’urbanisme moderne
à l’époque, entraînant le développement du territoire urbain par la création des nouveaux
quartiers, des nouvelles zones industrielles, par l’aménagement des parcs et des lacs du nord

1
La transformation de l’ancienne ville médiévale a été le résultat de l’intervention de l’administration publique à
travers deux modalités. Premièrement, la mairie a initié des opérations urbaines publiques, d’une ampleur
relative, qui ont modifié partiellement la configuration de la structure urbaine - l’ouverture des nouveaux
boulevards. Deuxièmement, la gestion et le control l’initiative privée en matière de constructions a été faite par
l’intermède de la législation urbaine qui a eu des effets continus et diffus sur la forme physique de la ville. Ces
deux aspects ont représenté des facettes complémentaires de la politique urbaine de l’administration publique à
Bucarest. [Lascu, 1997]
2
Dans son ouvrage « Bucarest, une ville entre orient et occident », l’architecte Dana Harhoiu [Harhoiu, 1997]
présente la thèse de l’ouverture de type haussmannien des nouveaux axes à Bucarest, vers la fin du XIXème.
L’ouvrage contienne une fine analyse de la transformation du tissu urbain médiéval, resté lisible après les
modernisations produites sous influence française, au XIXème siècle. Voir aussi des cartes extraites de son
ouvrage, en Annexe Ière partie.
3
Population : 1860- 122 000 habitants, 1899 - 282 000 habitants, 1912 - 341 000 habitants, 1930 - 768 725
habitants (dans vingt ans, la population a doublé), 1948 - 1 128 713 habitants, 1991 – 2 064 474 habitants, 2004 -
1 927 559 habitants.

21
de la ville, par l’ouverture de nouvelles artères de circulation et surtout par les nouveaux
bâtiments du centre, d’une architecture moderne considérée de meilleure qualité.

La ville fermée (1948 – 1989)

Démolitions en vue de la construction du Maison du Peuple


Source de l’image : CD - Bucarest 2000

Après 1948, en Roumanie s’est installé le régime communiste, devenu en court temps un
régime totalitaire. Entre 1948-1950 l’Etat a confisqué les propriétés privées (la nationalisation
des biens privés), et à partir de l’année 1974 a mené une politique restrictive de l’étalement
urbain4. La densification des villes sur elles mêmes a été accompagnée par des démolitions des
anciens quartiers et la construction des immeubles d’habitat collectif. Au départ, les centres
historiques des villes ont été épargnés. Néanmoins, à partir des années 70, la politique de l’Etat
a changé. Plusieurs facteurs économiques et politiques ont menés aux démolitions massives
dans les localités du pays, en vue de la « systématisation urbaine et rurale » (cf. à la Loi pour la
systématisation rurale et urbaine 1974). Bucarest, en tant que capitale du pays et lieu de
représentation du pouvoir politique, a été la scène ouverte de la politique des bulldozers, sur
centaines d’hectares situés dans la zone centrale.
Ainsi, à partir des années 70, la restructuration urbaine du centre ville de Bucarest est
devenue une priorité de la politique publique du régime communiste. Cette restructuration
urbaine a eu comme résultat l'implantation d'un centre civique gigantesque, sur cinq cents
hectares, où on a fait en préalable la table rase. L'édifice qui domine cet ensemble urbain
s'appelait à l'époque la Maison du Peuple et devrait abriter toutes les institutions de l'Etat.
Cette coupure opérée dans le tissu urbain est la plus grande, mais pas la seule à Bucarest.
D'autres quartiers et lieux symboliques d'une époque considérée « réactionnaire » ont été
effacés par démolitions.

Image actuelle – La Maison du Peuple

4
Cf. « Loi pour la systématisation rurale et urbaine » 1974 : Les aires construites ont été réduites à un minimum
nécessaire pour une utilisation optimale du terrain, qui est considéré comme une valeur nationale. La réduction
des territoires agricoles sera interdite (art. 1 et 3). Des périmètres ont été tracés pour chaque localité et approuvés
par la loi. Voir aussi Vol.2. Annexe Ière partie.

22
Par conséquent, à la fin des années 80, Bucarest offrait l'image d'une scène sur laquelle un
pouvoir totalitaire a fait ses jeux : une zone centrale coupée en deux par le centre civique, et
présentant dans le reste de son territoire de nombreux creux suite aux démolitions, entourée
d'une couronne de quartiers d'habitat collectif, des quartiers dortoirs destinés à abriter une
population urbaine croissante, et aussi la main d'œuvre dans les nouvelles usines. Pour ce qui
est de la population, toute différence de classe étant effacé par le régime communiste, 80% des
bucarestois logeaient dans les immeubles collectifs, dans une mixité sociale obtenue par une
égalisation vers le bas des moyens et des conditions de vie.
Apres la chute du communisme, cette ville s'est retrouvée confrontée à l'économie de
marché, et cela pendant que tout était remis en cause : du système politique et économique,
aux mentalités. Rien n'étant pré-établi, le chemin devrait se faire en marchant.

Le sens de la modernisation
Apres les années 90, il a été de nouveau
question de changement, de modernisation,
et de retrouver une place pour la Roumanie
du coté des pays occidentaux. Le processus
de l’intégration de l’Union européenne a un
rôle majeur dans la définition du contenu
de la modernité. En même temps, se pose la
question de la compétitivité de la ville de
Bucarest confronté aux autres villes
d’Europe de l’Est, engagées dans un
processus de métropolisation et ainsi, de
quête de place dans un système de
métropoles régionales, attractives pour les
investisseurs. De ce fait, la modernisation
actuelle de Bucarest, a aussi le sens d’un
rattrapage.
La chute du communisme et
l'ouverture du pays vers l’extérieur a laissé la
voie libre à des processus tels comme la
mondialisation et la globalisation de
l'économie fassent sentir leurs effets, et
l'urbain a été le principal support de ces
changements. Ces changements sont liés à l'ouverture des économies nationales aux firmes
étrangères, et à leur participation aux marchés globaux.
Les processus économiques transnationaux ont existé depuis toujours, mais ils ont eu
lieu jusqu'aux années 80 dans un système d'état nation. A partir des années 80 un
affaiblissement de l’état nation s'est produit sur le fond d'amplification de la mondialisation.
Les centres métropolitains de l’Europe occidentale fonctionnent comme nœuds dans un
réseau5 de l’économie globale. Dans les métropoles appartenant au réseau de l'économie

5
A partir des années 90, le « réseau » est en train de devenir le support d'un nouveau paradigme de l'urbain.
Nous faisons référence à l'ouvrage de Gabriel Dupuy « L'urbanisme des réseaux » [Dupuy, 1991] et ensuite les

23
globale, des nouvelles formes de temps et d’espace6 produisent des transformations, dont le
plus visibles dans la forme urbaine sont les centres des affaires comme localisation du moteur
économique d'une métropole. Le centre d’affaires est un nœud d’infrastructures de
télécommunications, de services urbains et de flux de capitaux auxquelles peuvent être
attachés des services touristiques et culturels. Ce centre d’affaires est basé sur la présence
d’une élite technocratique - managériale et politique, qui crée des espaces exclusifs exprimant
son statut d’appartenance à un mode de vie international. C’est le développement de cette
« ville informationnelle » qui assure la connectivité de la métropole au niveau national et
international. Ce réseau ne se réduit aux grandes métropoles car le fonctionnement global
s’appuie aussi sur d’autres centres régionaux émergents.
Vu sa taille et son poids dans l'économie du pays, la ville de Bucarest se cherche une
position dans ce réseau des centres régionaux, dans la zone centrale et est européenne. Pour
s'accrocher au réseau, elle essaie de développer des nœuds qui concentrent infrastructures,
services urbains et flux de capitaux – le moteur économique qui doit assurer la connectivité.
Le signe le plus visible de la transition vers la « ville informationnelle » est l’apparition du
centre d’affaire dans le Nord de la ville. Le décalage signalé par Castells [Castells, 2000] entre
le développement des activités assurant la connexion de la ville aux réseaux internationaux et
les activités qui assurent la permanence de la culture locale, peut être saisi aujourd'hui à
Bucarest. De ce fait, la ville offre aussi les signes d'apparition des grands contrastes dans les
niveaux de vie de ses habitants, car à part ces zones qui fonctionnent comme des échangeurs
des flux économiques, il y a des territoires de la ville qui n'arrivent pas à sortir par eux-mêmes
de la spirale de la dégradation. Ces contrastes interrogent depuis une dizaine d'années
l'administration publique centrale et locale, sans recevoir de solutions viables, et sans faire
l'objet d'aucune politique urbaine.
Au-delà de sa fonction économique, la ville de Bucarest a une forte fonction de
représentation, en tant que capitale du pays. Le rôle attribué à Bucarest dans le programme
d’action de la Mairie Bucarest à partir de l’année 2000, est de devenir « le principal moteur de
l'intégration dans l'Union Européenne » [Programme de développement de la ville de
Bucarest, 2000-2008].
Par la suite, seront présentées la ville telle comme elle se fait à travers les projets
d’urbanisme qui suivent les lois du marché et la ville telle comme l'administration publique la
souhaite.

ouvrages de Manuel Castells sur l'age informationnelle et la société en réseau [Castells 1993, 2000]. Ce courrant
de pensée descend cependant plus loin, vers les années 60 avec F.L. Wright et sa « Broadacre city ».
6
Manuel Castells [Castells, 2000] propose deux nouvelles formes du temps et de l’espace, le « temps comprimé»
(timeless time) et «l'espace des flux » (space of flows)qui coexistent avec les anciennes formes d’espace et du
temps. Le temps est comprimé grâce aux infrastructures de communications. L’espace des flux se réfère
notamment à l’actuelle possibilité technologique d’organiser simultanément des pratiques sociales en dehors de
la contiguïté géographique. Dans cette perspective, il met en évidence les dynamiques des relations existantes
entre les nœuds du réseau et il considère l’espace comme support géographique de ces nœuds. L’espace des flux
est un espace changeant, tissée à travers les connections entre les centres socio-spatiaux de production et
consommation.

24
2. Le développement actuel de Bucarest

2.1. La ville à travers les projets urbains : une ville qui se développe

Avec une population de presque deux millions d'habitants, Bucarest occupe de loin la
première place dans la hiérarchie des villes roumaines7. Ici sont réunies et concentrées les
forces politiques, administratives et économiques, ce qui assure à cette ville une place
dominante dans l'espace économique et politique roumain.
Apres la chute du communisme, la ville figée dans son périmètre par la « Loi pour la
systématisation rurale et urbaine » de 1974 a explosé au delà de ses limites, des terrains
réservés autrefois strictement à l'agriculture ont été qualifiés comme intra-urbain, ce qui a
permis toute une floraison de petits ou grands lotissements8 dans les périphéries. Pendant que
sur les terrains situés en périphéries les investissements se poursuivent rapidement, pour ce
qui est des terrains situés en centre ville, et il s’agit des dizaines des hectares résultés des
démolitions des années 80, prêtes à être construites de point de vue technique, les
investisseurs s'y intéressent beaucoup moins. En effet, ces terrains, suite à la nationalisation
des biens privés (1948), appartiennent à l'Etat et l'Etat a tardé de clarifier leur statut juridique
et les droits des anciens propriétaires.
Dans ce cas de figure, et dans l'absence de tout plan général d'urbanisme (PUG)9
valable après 1990, la Mairie a permis le développement dans les périphéries des nouvelles
formes urbaines qui n'ont eu d'autre souci que de répondre aux principes d'efficience
économique, et qui, néanmoins, sont venus à la rencontre des besoins d'une population qui
voulait sortir d'une ville trop dense. Les nouveaux lotissements dans les périphéries ont été
souvent le résultat de l’initiative privée, pendant que l'Etat, faute de moyens, s’est retiré.
Dans la zone centrale, à part des insertions isolées des nouveaux bâtiments, aucune
opération d'ampleur n'a pas été destinée aux terrains en friche - qui restent des terrains
abandonnés ou qui ont commencé a être occupés par des nouvelles constructions. De ce fait, à
part des interventions modernes isolées et peux soucieuses du contexte, des zones centrales
parmi lesquels des zones déclarées protégées pour le patrimoine urbain et architectural
existant, se dégradent à vu d'œil.

7
1 927 559 habitants, sur une superficie de ~ 238 kilomètres carrés. Selon le nombre des habitants, Iasi, avec
317 812 habitants est la deuxième ville de la Roumanie [INSEE 2005] . Jusqu'au 2003, la région de la capitale a
attirée 54% des investissions étrangers en Roumanie [Gouvernement de la Roumanie, avril 2006].
8
Ces lotissements, opérés sur du terrain privé ont donné dans certains cas des communautés closes : l'accès dans
un tel lotissement est contrôlé par un gardian, et les rues intérieures sont privées; la gestion des services à
l'intérieur du lotissement est privé. Le phénomène mérite une plus grande attention mais, nous nous contentons
ici de le passer en revue.
9
le PUG (Plan Général d'Urbanisme) actuel date de l’année 2000

25
2.1.1. Les tendances du marché immobilier à Bucarest : le nord de la ville est préféré par
les investisseurs privés
Le nord de la ville accumule l’aéroport international, des quartiers dont la qualité de l’espace
est appréciée comme convenable pour les besoins des activités et de l'habitation de la nouvelle
élite managériale, économique et politique. La revalorisation des bâtiments situés dans le
secteur nord du centre ville, la densification des quartiers existants et la construction des
nouveaux quartiers dans la périphérie du nord, dans la proximité des éléments naturels
comme les lacs et forêts, sont les effets visibles des nouvelles transformations urbaines de cette
partie de la ville.
Un des indicateurs des activités économiques, la construction des bureaux, montre une
concentration des bâtiments de ce type sur l'axe centre ville – nord (voir plan p. 27). Selon les
rapports de marché [Colliers 2002,2003 ; DTZ 2004] la place Victoria tend à devenir le CBD
(Commercial Business District) de la ville. La majorité des transactions effectuées ces trois
dernières années, pour des bureaux de classe A et B, ont eu lieu entre la place Victoria et
Baneasa. Les investisseurs sont des compagnies autrichiennes, israéliennes, françaises ou
grecques, et depuis les dernières années, des compagnies roumaines se sont retrouvées parmi
elles. Ces investisseurs implantés dans le nord de la capitale, préfèrent une densité moins
faible que dans le reste de la ville, et le fait que les terrains disponibles ont moins de voisinage
donc moins de contraintes. Le trafic auto est moins encombré qu'en centre ville, l'accessibilité
bonne, et la proximité des quartiers résidentiels de standing. Tout cela fait du nord de la ville
une location recherché pour les bureaux, malgré le prix du loyer qui varie10 entre 16-20 euro /
mettre carré face au 13-17 euro / mettre carré en centre ville. Le terrain est cher car disputé
entre les promoteurs des bureaux et ceux des logements. De ce fait, les grandes surfaces
commerciales ne trouvent pas d'opportunité pour s'installer dans cette zone. Un autre point
faible : les investisseurs cherchent de plus en plus des terrains qui permettent la réalisation
d’immeubles de bureaux avec des surfaces de plus de 2000 mètre carrés utiles, et surfaces
d'environ 1000 mètres carrés / niveau, ce qui n'est pas facile vu les caractéristiques
morphologiques du tissu urbain constitué et les réglementations d'occupation du sol.

2.1.2. Le marché des investissements présente des concentrations inégales sur le


territoire de la ville
Selon les études de marché cités auparavant, le nord de la vile concentre les revenus les plus
élevés, les bureaux et les quartiers résidentiels de standing, mais les centres commerciaux
modernes manquent. Les centres commerciaux ont tendance à se développer dans la partie
sud, ouest et est. Ici sont concentrés aussi des quartiers de logements collectifs, donc de
grande densité [Anchete11 2002] : il s'agit de densité de 9 000 – 12 724 habitants / km carré,
dont les plus élevés sont dans l'est et l’ouest de la ville, contre des densités de 3 446 habitants /
km carré dans le nord. Les hypermarchés, représentés par « Carrefour » et « Cora », sont situés
dans les parties est et l'ouest de la ville, dans la proximité des grandes artères de circulations.

Le commerce de gros, représenté par « Selgros », « Praktiker », « Bricostore » ou


« Mobexpert », est implanté en périphérie de la ville, en proximité de la chaussée de

10
Les chiffres correspondent aux rapports précités, donc à l'année 2003
11
Article « Bucureşti, cea mai nocivă capitală europeană » (Bucarest, la plus nocive capitale Européenne), dans
Anchete. ro, 12 août 2002.

26
contournement, ainsi que les sites d'implantation des activités industrielles. Par contre, une
faible implantation de ces équipements, dans le Sud de la ville, est signalée par les études de
marché précités.

2.1.3. Le centre ville présente des opportunités, mais les investisseurs privés restent
frileux

La zone de l'ancien centre civique, offrait des dizaines d’hectares de terrain libre, résultat de la
table rase des années 80. Cependant, le fait que l'Etat est le propriétaire, mais dans des
conditions juridiques incertains (car les terrains pouvaient être revendiqués), a été perçu
comme un frein à l'accès des investisseurs [Colliers, 2002].
En fait, cette zone et ses terrains vagues ont fait l'objet d'un concours international en
1996. A l'époque, l'objectif était de trouver une solution pour la régénération urbaine de ce
vaste territoire, par l'implantation ici du CBD de la ville. La zone a été nommée à l'occasion du
concours – « Bucarest 2000 »12. L'analyse du marché des bureaux, des hôtels, du commerce et

12
Présentation plus détaillée du concours Bucarest 2000 en Vol.2. Annexe Ière partie.

27
des logements, faite à l'époque par IHS Romania [Taralunga N., Racoviceanu S, 2000]13, a
montré que faute des programmes urbains spécifiques et dans la condition d’un trafique auto
déjà très chargé en centre ville, la zone Bucarest 2000 ne pourrait pas satisfaire les préférences
des investisseurs et que l’implantation du CBD là, n'était pas une entreprise faisable. De plus,
l’étude a montré que la demande des espaces de bureaux était satisfaite dans d'autres zones de
la ville, considérées attractives par les investisseurs privés et mettait en garde sur la viabilité du
projet Bucarest 2000, dans les conditions de l'immobilisme de l'administration publique et
d'un marché qui règle selon ses lois le développement urbain.
Dans la proximité de la zone Bucarest 2000, se trouve le centre historique de la
capitale, déclaré réservation d'architecture et d’urbanisme, confronté à un état avancé de
dégradation. Le centre historique est habité par une population pauvre qui occupe les
bâtiments dans l’illégalité, dans une proportion de 80%, selon la déclaration de la Mairie. Il
faut rajouter que les causes de cette situation sont à chercher à l’époque d’avant 1989, quand
on a laissé s’installer dans le quartier, une population pauvre (dont beaucoup de roms)14. Cette
situation est d’autant plus complexe que des anciens propriétaires des immeubles dans la zone
ont revendiqués leurs propriétés15. Le marché de l’immobilier fonctionne difficilement quand
le statut de la propriété est incertain et quand l’administration publique ne montre pas la
volonté politique pour clarifier cette incertitude. De ce fait, les investisseurs privés n’ont pas
confiance pour le moment à investir dans cette zone.

L'objectif de cette présentation a été de mettre en évidence que la ville ne stagne pas, la mise en
circuit des terrains et des capitaux se produit à des échelles plus ou moins importantes.
Cependant, le déséquilibre constaté dans le développement de la ville, accentué après 1990,
montre que seules les lois du marché ne suffissent pas pour relancer les quartiers en difficulté.
Ceci nécessite l’intervention publique afin d’équilibrer les zones de développement de la ville.

13
IHS România est un bureau d'étude dont la Mairie a délègue par contractualisation l'étude de marketing
urbain.
14
Une étude récente montre une situation complexe – des familles de locataires avec des contrats de location
valables ainsi que des familles avec les contrats de location expirés actuellement, ou bien sans contrat et même
sans papiers d’identité. [ANR (Agence Nationale pour les Roms), 2006].
15
Cf. la Loi 10/2001Concernant le régime juridique des immeubles confisqués abusivement durant la période de
6 mars 1945 au 22 décembre 1989. Avant cette version de 2001, une autre loi a produit ses effets - la loi 112/1995
« La loi pour la réglementation de la situation juridique des immeubles de logements, passées dans la propriété de
l'Etat ». Elle a donné le droit aux anciens propriétaires de récupérer leurs propriétés mais aussi aux locataires
d'acheter le logement q’ils occupaient, dans des maisons nationalisées, dans le cas où l'immeuble n'était pas
restitué à son ancien propriétaire. Une étude sur les populations des zones centrales à Bucarest [Chelcea, 2000]
montre les particularités de circulation des terrains, sous l’effet de ces lois. L'Etat a joué un rôle clé : en mettant
sur le marché des propriétés évaluées en dessous du prix réel du marché (le prix de vente représentait 10% du
prix du marché), il a permis aux détenteurs d'un petit capital d'acheter. Ainsi, la circulation des propriétés
immobilières s'est produite sous le contrôle de l'Etat, plutôt qu'à la suite des échanges sur un marché
concurrentiel des propriétés privés. Elle s’est effectuée en l’absence du capital et des titres clairs de propriété. Une
fois la propriété récupéré ou acheté, elle a été souvent remise en état et louée aux prix réels du marché.

28
2.2. La ville souhaitée par les politiques. Construction d’une image de la
ville - discours et action publique à Bucarest.

Apres la chute du communisme, la ville a été gouvernée par des lois et des arrêts qui ont
donné aux problèmes urbains des réponses à court terme. Le fait que cette législation produite
depuis 1990 ait été souvent contradictoire n'est pas inhabituel, il fait partie d'un processus
d'apprentissage que l'administration publique et les élus ont eux mêmes parcouru. Ainsi les
nouveaux modes de production de la ville (dont les initiateurs ont été souvent les investisseurs
privés) ont été possibles dans un contexte législatif et de réglementations urbaines
permissives, dans lequel des interventions ont été opérées sans être dirigées par une vision
globale pour le développement de la ville. Dans l'absence de toute politique urbaine ainsi que
d'un plan directeur - support pour une vision d'ensemble de la ville, les interventions sur
l'urbain ont été réglées par des plans d'urbanisme zonaux (PUZ) qui sont des documents
techniques, réglementant l'occupation des sols.
Initiés par des organisations et associations professionnelles, quelques concours
d’urbanisme ont eu lieu pour des lieux stratégique de la ville : reconfiguration des places ou
des zones déstructurées, comme la zone de l'ancien centre civique. Dans le contexte
d'instabilité politique et économique qui a caractérisé cette période de transition, ces
évènements n'ont pas connu des poursuites notables, même si un concours comme Bucarest
2000 a réuni pour une très courte période de temps, l'intérêt des acteurs urbains publics et
privés autour de la problématique de la régénération urbaine de la ville. Quelques
financements à travers des programmes internationaux ont eu comme effet des interventions
ponctuelles dans le centre historique aussi. La Mairie de Bucarest en partenariat avec les
représentants de PNUD16 Romania a réalisé dans la période 2000-2002 le projet « Beautiful
Bucarest » – changement des pavages des rues et le ravalement des façades de quelques
bâtiments.
L'année 2000 semble marquer un tournant dans les intentions de la Mairie de Bucarest.
Les problèmes de l'urbain sont posés dans le discours officiel, et deviennent sujet du
programme d'action que la Mairie a formulé pour la période 2000 -2008. Non seulement des
notions comme projet urbain intégré, régénération urbaine ou développement durable se
retrouvent dans le vocabulaire des élus et des fonctionnaires publics, mais le développement
durable est présent dans l'objectif stratégique de la Mairie de Bucarest. « La politique de la
municipalité a comme objectif de satisfaire les demandes des citoyens dans les conditions du
développement durable, en valorisant les ressources existantes et en contribuant à
l'accroissement du bien-être des citoyens à travers un système cohésif de relations
économiques, sociales et culturelles. »17 [Programme de développement de la ville de Bucarest.
2000-2008].

16
Programme des Nations Unies pour le développement
17
En roumain en original : « Politica stabilita de municipalitate este focalizata pe indeplinirea cerintelor
cetatenilor in conditiile dezvoltarii durabile, valorificind resursele existente si contribuind la cresterea bunastarii
prin crearea unui sistem coeziv de relatii economice, sociale si culturale » (capitolul Primaria Municipiului
Bucuresti, Obiectiv strategic, p. 11)

29
Ainsi, à partir de 2000, le Programme de la Mairie projette pour la ville de Bucarest le rôle de
« le moteur principal de l’intégration dans l’Union européenne ». Parmi les projets et
programmes d'action énumérés18 nous retenons :
1. L'amélioration des utilités publiques (eau, énergie thermique, éclairage public, propreté)
2. Le transport urbain
3. La protection de l’environnement (pollution de l'air, traitement des eaux usées, la qualité
de l'eau, les espaces verts, le traitement des déchets, la pollution sonore)
4. Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest, ce programme mettant
en exergue la :
–réhabilitation du centre historique
–réhabilitation des zones déstructurées
–réhabilitation des quartiers d'habitat collectif
Revenant à l’énoncé du Programme, en plus de sa fonction de moteur dans l'intégration
européenne, l'image projetée par la Mairie, pour Bucarest est celle d'une « ville capitale
européenne » [Programme de développement de la ville de Bucarest. 2000-2008, p. 7]
La question de l'image19 de ville mérite de s'y attarder. L'image de la ville projetée par la
Mairie est à considérer comme une construction, un terme médian entre l'espace concret et
un espace – projet (qui appartient à la réflexion), situé entre la décodification du réel et la
recodification de celui-ci. Ainsi vue, l'image de la ville se situerait tantôt dans l'anticipation,
tantôt dans la médiation du projet20. Par conséquent, l'image que la Mairie projette pour la
ville est à comprendre dans l'action : le rôle qu'elle a dans la fabrication de l'urbain et des
pratiques d'urbanisation. Considérée ainsi, « ville capitale européenne » médiatise un projet
pour la ville à travers un discours – le discours de l'administration publique, qui est un
discours politique. Cette image promue par les politiques locales récentes, est le résultat d'une
réflexion volontariste de l'administration publique à Bucarest, et fait partie d'un discours qui
construit un sens pour la ville. Ce discours représente une prise de position des politiciens,
dans le but de penser l’avenir et d’agir pour changer la ville, car pour eux, la parole est action :
« dire c'est faire » [Bourdieu, 1981, p. 239].
Pourtant, est-ce que l'action des acteurs urbains est déterminée par des imagés
auxquelles ils font référence dans leurs discours ? Cette question est l'expression du conflit
classique entre les idées et l'intérêt : « Ces sont les intérêts, matériels tout autant comme
idéaux, qui dominent directement l'action des hommes et non les idées. Cependant, les images
du monde qui sont les produits des idées ont souvent servi de canaux pour déterminer les
voies dans lesquelles la dynamique des intérêts donne l'impulsion de l'action » [Weber -
Bouretz, 1996, p.110].
Néanmoins, les représentations que les acteurs urbains se font des problèmes de la
ville, orientent la formulation des problèmes auxquelles la société urbaine est confrontée, et
par conséquent, les solutions qu'il convient de leur donner – les actions adaptées pour les

18
dans le chapitre « Sfera de aplicabilitate a proiectelor si programelor » [Programme de développement de la
ville de Bucarest. 2000-2008, p. 22 - 146].
19
Le dictionnaire Petit Robert [Rey, 2000] envoie à l'image comme représentation d’un être, d'une chose, par une
reproduction exacte ou imitation, mais aussi comme métaphore ou comme symbole qui évoque une réalité en
raison d'une similitude. Pour ce qui est de la représentation de la ville, elle n’est jamais neutre, car sa description
est « active » [Corboz, 2001].
20
Le projet vu comme image d'une situation, d'un état qu'on pense atteindre, la représentation mentale d'un sens
dans lequel on souhaite d'agir pour modifier le monde [Petit Robert, 2000].

30
mettre en œuvre. Le discours constitué autour d'une image de la ville et destinée au grand
public, contribue à la constitution d'une légitimité de l'action et aussi à une construction
sociale de la réalité [Mondada, 2005, p. 197].
Dans cette perspective nous reprenons la question posée au départ :

Comment se fait-il que l'administration publique ait formulé cette image ainsi : Bucarest doit
devenir une capitale européenne et doit poursuivre un développement urbain durable,
précisément à cette époque ?

Pour comprendre le rôle que Bucarest cherche à se donner dans les réseaux de villes
européennes, nous proposons un déplacement du regard : du local vers le contexte
international qui l'englobe, et surtout vers les villes d'Europe. L'analyse de l'origine l'image de
ville durable, de ses dimensions scientifiques, idéologiques, utopiques, politiques, permettrait
de comprendre l'usage que les acteurs urbains font de cette image à travers l'Europe. Elle
pourrait enrichir la compréhension des priorités des politiques urbaines émergentes à
Bucarest.

31
3. De l'internationalisation des problèmes de
l'urbain vers une recherche commune des
démarches d'action, en Europe

3.1. Les villes de l'Europe et l'internationalisation des problèmes de l'urbain

Avant de parler des villes de l'Europe, il faut clarifier ce que se trouve derrière ce syntagme.
Pour un regard provenant du dehors des pays appartenant à l’Europe des 15, les villes
d'Europe semblent appartenir à un tout homogène, contenant prospérité, démocratie, culture,
science et le respect des droits de l'homme. En les regardant de l'intérieur, ces villes montrent
des particularités et des spécificités locales. Cependant, la « ville européenne » n'est pas
l'invention d'un regard lointain, on en parle autant à l'intérieur de l'Europe, dans des discours
politiques que dans des discours des professionnels ou des chercheurs, à l'occasion de congrès,
de réunions de travail ou de publications.
L'image de la « ville européenne » a été construite en valorisant notamment l'idée de
ville – comme entité clairement distincte de la campagne, dans laquelle une grande
importance est accordée aux espaces publics, à la proximité - au vivre ensemble, au
patrimoine architectural et urbain, une image idéale d'une ville cohérente d'avant une époque
industrielle qui a tout bouleversé. C'est du moins l'image construite à travers une littérature
dont les représentants de marque sont Camillo Sitte [1889], Aldo Rossi [1966], Léon Krier
[1980]. Nous pourrions parler d'un modèle de ville européenne qui s'est ainsi constitué. C'est
un modèle qui a été mis souvent en opposition avec le modèle nord américain, caractérisé par
un étalement dans les périphéries et une ségrégation des classes sociales.
Mais cette image de la ville européenne décrite auparavant est devenue de plus en plus
obsolète. Le terme même de ville est remis en cause depuis longtemps par l’évolution de
l’urbain21. Ainsi, divers termes ont été proposées – déjà en 1867, l'ingénieur catalan Ildefonso
Cerda proposait le terme « urbanisation », car le terme de ville ne correspondait plus, selon
son opinion, à la réalité de la ville industrielle ; en 1915 Patrick Geddes proposait
« conurbation » ; ensuite la « mégalopole » de Jean Gotman en 1961 ; la « ville diffuse » de
Bernardo Sechi ; « l'urbain » d'Henri Lefebvre, le « post urbain » de Françoise Choay,
« l’hyperville » par analogie avec le hypertexte d'André Corboz.
Depuis l'époque industrielle, les évolutions urbaines sont allées dans le sens de
croissance de la motorisation, de l'étalement urbain. Ensuite, l'urbanisme fonctionnaliste
promu par la Charte d'Athènes [Corbusier 1933/1941] a donné naissance à des formes
urbaines qui séparent le travail et le loisir, les logements des commerces. Des quartiers de
grandes ensembles ou de grands centres commerciaux font partie de ces formes urbaines.
Après une période de croissance économique et urbaine jusqu'aux années 70, la récession

21
le terme d’ « urbain » (croissance urbaine, urbanisation) est utilisé dans le sens affirmé par Françoise Choay
[1994] : « La ville est morte, règne l’urbain ».

32
économique a créée du chômage et des phénomènes d'exclusion sociale ainsi que de la
ségrégation urbaine – des quartiers de grands ensembles qui s'appauvrissent et qui perdent les
classes moyennes qui les ont habité jusqu'à là. Simultanément, la globalisation de l'économie a
entraîné des mutations importantes dans le paysage urbain : face à la montée des services, les
industries ont perdu en importance, et soit elles ont disparu, soit elles se sont délocalisées dans
des pays où la main d'œuvre est moins coûteuse. Par conséquent, les industries ont abandonné
leurs terrains situés souvent dans la proximité des zones centrales des villes - qui sont devenus
des friches industrielles.
Les métropoles actuelles sont plus proches du modèle de ville éclatée (caractérisée par
la discontinuité du territoire urbanisé structuré autour des réseaux viaires ou des trains à
grande vitesse), ce qui pose des problèmes de ségrégation sociale et spatiale, de dégradation de
l'environnement et du cadre urbain. La ville de la proximité et de la mixité reste une image
idéalisée, invoquée tantôt pour critiquer l'état actuel de l'urbain – par les adeptes de la ville
dense, tantôt pour dénoncer l'obsolescence de la paradigme dans laquelle on pense et on agit
sur l'urbain – par les adeptes de la ville éclatée. Les professionnels ou les acteurs de la ville
évoquent souvent dans leurs débats à cette dualité [CERTU, 2000]. Il est à noter le fait que
dans les discours, ils ont tendance à ranger dans ce schéma bipolaire les représentations qu’ils
se font des problèmes des villes européennes contemporaines.
En effet, à part ce modèle remis en cause de « ville européenne », ce qui rassemble (au
delà des différences) les villes de l'Europe, est l'attitude que leurs décideurs ont adopté face aux
problèmes de l'urbain : le changement s'est opère graduellement, d’une rationalisation et un
contrôle de l'aménagement urbain à une acceptation de l'idée de l'indéterminé et du hasard.
Selon l'expression d'Yves Chalas [2000], il s'agit d'un passage de la « pensée forte » vers une
« pensée faible » : « aucune certitude, aucun modèle, aucune utopie, aucune vision du futur ne
s'imposent aujourd'hui avec l'évidence et donc la force, qui fut celle d'hier. […] c'est que les
temps ont changé, qu'ils sont devenus incertains et que les horizons se troublent » [idem,
p.155].
Dans un contexte de critique de la planification urbaine de l'époque de croissance, des
nouveaux modes d'intervention et une nouvelle façon de penser la ville, se sont avérés
nécessaires. Jusqu’à maintenant, quelques étapes importantes ont jalonné la construction des
nouveaux modes de production des villes en Europe. De plus, une convergence vers des
démarches communes dans les pratiques d'urbanisation s’est définie avec le temps ainsi que
avec l’appui des politiques communautaires. Par la suite, seront présentées les principales
étapes des transformations des modes de production des villes en Europe.

3.2. Nouveaux paradigmes et pratiques - planification stratégique,


gouvernance, projet urbain, régénération urbaine

3.2.1. Planification stratégique - changement de la planification traditionnelle


Apres les années 80, dans le contexte de décentralisation des compétences dans le domaine de
l'urbanisme dans les pays européens, le rôle du secteur public a changé. Les états centraux
continuent a occuper une place significative dans les systèmes d'action des projets urbains
mais leur rôle est maintenant de faciliter l’aménagement (plutôt que de produire l’espace
urbain comme auparavant). Leur fonction principale est celle de créateurs de conditions -

33
d'agir dans un contexte généralisé de compétition22, de créer les conditions du développement
économique et social au niveau d'une agglomération urbaine. Dans le contexte du recul de
l'état - providence au profit de l'état - organisateur, dans la production de l'urbain s'est produit
le passage du modèle hiérarchique au modèle négocié.
Une étude de PUCA23 [1997] met en évidence ce changement de modèle de l'action et
les nouveaux mécanismes de production urbaine qui se définissent. Un modèle flexible et
stratégique de planification se substitue à un autre, linéaire, nommé modèle hiérarchique. Le
modèle négocié (correspondant à une planification flexible et stratégique) est caractérisé par
une capacité d'ajustement des objectifs par rapport aux moyens) tandis que le modèle
hiérarchique (correspondant à la planification hiérarchique) était caractérisé par le rigorisme
d'une démarche rationnelle (souvent l'apanage de l'Etat) qui viserait la recherche d'une
meilleure solution. Ce changement de modèle d'action a sonné le glas de la planification
urbaine traditionnelle. Définie par Yves Grafmeyer comme « ensemble des démarches que les
collectivités publiques mettent en œuvre pour exercer un contrôle sur la configuration des
espaces urbains, sur leurs usages et plus largement sur le devenir des villes » la planification
urbaine traditionnelle, met l'accent sur le contrôle et est caractéristique d’une planification
urbaine hiérarchique. Dès le début des années 80 elle a été remise en question par
l'introduction de la démarche de planification stratégique élargie à l'échelle de l'agglomération.
La démarche stratégique appliquée à l'action publique est apparue dans les années 80
dans les pays anglo-saxons. Les problématiques stratégiques se proposent d'installer dans la
gestion des villes de nouvelles catégories de penser et d'agir. Les villes, assimilés à des entités
actives, possèdent des volontés. La planification urbaine consiste alors à augmenter les
capacités stratégique de l'acteur - ville et à les déployer consciemment. Il y a un déplacement
dans le cadre de la planification urbaine, du contrôle vers l'incitation de l'initiative locale.

3.2.2. Le projet urbain – transition de la logique du plan vers une logique de processus
La notion de plan, largement employée autrefois par les acteurs urbains, commence a être
supplantée par la notion de « projet urbain » dès la fin des années 70 [Ingallina, 2001, p.6 -
10]. La réflexion sur la notion de projet urbain est encore en cours et a été abordée par de
nombreux ouvrages [Mangin, Panerai, 1999 ; Ingallina, 2001; Toussaint, Zimmermann, 1998].
Nous faisons référence au projet urbain de manière à pouvoir dégager ses articulations avec
les autres notions apparus à la suite des changements produits dans les modes de conception

22
La mobilité des capitaux, due à la mondialisation de l'économie et aux nouvelles stratégies d'investissement
d'opérateurs internationaux, provoque une concurrence accrue entre villes, pays et régions européennes. La
création des règles et de systèmes de financement supranationaux ( Union Européenne) détermine aussi d'autres
références pour la définition des actions urbaines, homogénéisant des pratiques nationales divergentes. Sur ce
registre des modalités de financement de l'aménagement urbain, il faut souligner que tous les Etats occidentaux
sont confrontés à une réduction drastique des finances publiques, privilégiant des options néolibérales pour
l'aménagement des villes.
23
Il s’agit d’un ouvrage collectif qui rapporte le contenu d’un des quatre séminaires européens de prospective
organisé à Paris, en mars 1996. Il en présente les analyses effectuées sur sept projets européens dans cinq pays,
estimés exemplaires par des chercheurs représentant diverses disciplines : géographes, sociologues, urbanistes,
économistes, architectes. Le plan urbanisme construction architecture (PUCA) a été créé par arrêté
interministériel du 23 avril 1999. Il reprend pour l'essentiel les missions et les moyens du Plan Construction et
Architecture créé en 1971 et du Plan urbain créé en 1984. Le plan est le cadre de mise en œuvre d'actions
interministérielles d'incitation à la recherche, à l'expérimentation et à l'innovation, dans le champ de l'urbanisme
et de la gestion urbaine, de l'architecture et de la construction.

34
et de production de la ville. Le projet urbain est un concept mais aussi une manière d'agir qui
marque la transition entre la manière traditionnelle de penser l'urbanisme et une nouvelle
approche, plus ouverte aux transformations et au débat. Il relève d'une vision de la
construction urbaine qui répond à une logique de processus, associant continuité et
changement. Le projet urbain peut être aussi bien une action concrète qu'une démarche
méthodologique. Il essaye d'articuler plusieurs échelles d’intervention : locale et
d'agglomération, et aussi plusieurs secteurs : économique, social et spatial [Ingalina, 2001]. Le
projet urbain est ainsi un projet collectif qui intègre projet politique, projet économique et
projet social. Il intègre les jeux d'une multiplicité d’acteurs, et la négociation produite à
l'intérieur de ce jeu permet au projet urbain d'être modelé au fur et à mesure pour s'adapter
aux demandes sociales.

3.2.3. La gouvernance urbaine – changement des modes de l’action publique


Les modalités de conduite du projet urbain sont le point d’articulation de la problématique du
projet urbain avec celle de la gouvernance.
La gouvernance24 peut être définie comme un ensemble de configurations de décisions
au cours desquelles les individus tentent de définir leurs intérêts en tenant compte de ceux
d'autres. Les accords entre les acteurs, le consensus qui les unit, ne découlent pas d'un système
de valeurs préexistant mais sont le fruit de la définition progressive, au cours d'une suite
d'interactions, d'objectifs perçus comme faisables.
La réflexion sur la gouvernance, lorsqu'elle intègre la question de la formation des
demandes sociales, conduit en fin de compte à une réflexion, à caractère presque opérationnel
sur les modalités de conduite des projets, sur les dispositifs organisationnels qu'il convient de
mettre en place, voire sur les techniques de négociation et de communication à utiliser.
Selon Georges Cavallier [Holec, Brunet-Jolivald, 1999] : « La gouvernance urbaine est
la capacité et la co - responsabilité de projet, la possibilité d'établir un cadre collectif d'action
solidaire, de réflexion stratégique reliant les principaux acteurs autour du niveau de décision
politique. […] A chaque niveau, le partenariat doit pouvoir se concrétiser autour d'une
stratégie commune, d'un cadre collectif d'intervention donnant du sens à l'action urbaine,
d'un projet suffisamment mobilisateur pour motiver toutes les parties concernées ».
Planification stratégique, projet urbain, gouvernance urbaine pourraient être
considérés comme des dispositifs qui permettent des nouveaux modes de production de la
ville et qui réunissent les acteurs urbains des pays européens dans une démarche commune
qui intègre préoccupations sociales, économiques, environnementales et spatiales.
Un autre point commun des nouveaux modes de production de la ville en Europe, est
constitué par les lieux d'intervention. Si pendant l'époque de la croissance économique et de
l'état providence le processus d’urbanisation consistait en une importante extension de la ville
par la construction des bâtiments et d'infrastructures dans des zones non bâtis, aujourd'hui le

24
Le terme de gouvernance est apparu à la fin des années 80 dans le vocabulaire de la Banque Mondiale, à
l'occasion de bilans sur la politique d'ajustement structurel menée depuis 1980. Confrontés aux échecs répétés
des programmes économiques d'inspiration néo-libérale mis en place par les institutions financières
internationales dans un ensemble de pays en voie de développement, les experts incriminent le cadre politico
institutionnel défaillant de ces pays et recommandent d'agir en amont sur leur mode de gouvernement. Selon les
experts, ce sont ces distorsions d'ordre politique qui sont à l'origine de la plupart des problèmes économiques
rencontrés en Afrique, en Amérique Latine, en Europe orientale ou encore dans les pays de l'Est. [Holec N,
Brunet-Jolivald G., 1999]

35
développement des villes a tendance de se faire, dans la majorité des cas, « sur elles-mêmes »,
c'est à dire dans un cadre déjà construit. Cette reprise de la ville sur elle-même est le résultat
des politiques spécifiques dans chaque pays européen. Ces politiques pourraient être réunies
sous le nom générique de « régénération urbaine ».

3.2.4. La régénération urbaine - un mouvement naturel de la ville, ou une intervention


contrôlée ?
Des politiques publiques répondant aux problèmes des zones urbaines en déclin ont été mises
en œuvre dans la plus part des pays européens, à partir des année 70 - 80. A la « regeneracion
urbana » des villes espagnoles répondent les nombreuses entreprises d’« urban regeneration »
du monde anglo-saxon, ou les GPU (grand projet urbain) dans le cadre de la «Politique de la
ville » en France, avec un même objectif [Chaline, 1999] : faire renaître les villes qui
actuellement tendent à se dissoudre dans des périphéries et pour ce faire, de concentrer la
majorité des constructions dans des zones déjà urbanisées. La présence de tout un vocabulaire
dans lequel le préfixe « re » suggérant en fait des actions a entreprendre sur une matière
urbaine déjà existante (rénovation, renaissance, renouvellement, régénération,
restructuration, réhabilitation, réintégration, retissage) interroge sur le rôle de l’action
publique, car la ville est en mouvement depuis toujours, et ces transformation sont par
définition partie intégrante de sa nature.
En effet, les politiques publiques dites de régénération urbaine visent des morceaux de
ville qui ne se renouvellent plus, ou très difficilement, par eux-mêmes. De plus, certains
secteurs semblent en proie à des blocages importants alors même que les pouvoirs publics ont
développé depuis plusieurs décennies, des politiques et des actions localisées. Le point que
nous voulons souligner est que les politiques de régénération urbaine visent des territoires
urbains qui nécessitent l'intervention publique pour sortir de la spirale de la dégradation (un
cumul de multiples degrés de dysfonctionnement d’un territoire, conduisant à la déshérence).
Dans son ouvrage sur la régénération urbaine, Chaline [1999] marque une différence
entre les actions de réhabilitation, requalification qui correspondaient à la « Politique de la
ville » qui s'applique, en France, précisément à des quartiers caractérisés par une population
en difficulté25, et les actions dites de régénération urbaine qui s'appliquent dans différents pays
européennes aux opérations de réaffectation d'édifices abandonnés, ainsi que aux opérations
de reconquête des territoires urbains en friche26. Au départ, le recyclage et la réutilisation des
friches s’inscrivaient dans une stratégie de reconversion économique tandis que la
revitalisation des quartiers en crise (en banlieue ou dans les centres historiques) essayaient de
contrer l’affaiblissement des liens sociaux et l’accentuation des processus de ségrégation et
exclusion sociale.
Les friches - lieux et territoires devenus sans usages ont été considérés par des
municipalités comme des opportunités pour entreprendre des opérations urbaines destinées à
ressusciter la vitalité économique de leurs villes, tout en les associant avec des actions

25
Il s’agit d’une douzaine de GPU (Grand projet urbain) mises en chantier à partir de 1994, dans le cadre de la
« Politique de la ville » en France, pour régénérer des territoires en difficulté. Parmi ceux-ci, quelques uns (GPU
de Seine- Saint -Denis et de l’agglomération lilloise) inscrivent dans leurs priorités la reconquête des friches
urbaines. [Chaline, 1999, p.41]
26
Il s’agit de friches urbaines, industrielles, religieuses, militaires, portuaires, ferroviaires, terrains délaissées –
« dents creuses » – il s'agit des territoires urbains « entrés dans les spirales régressives conduisant aux multiples
degrés de disfonctionnement, de la déshérence et de l'inutilité. » [idem, p.5]

36
urbanistiques génératrices d'images alimentant le marketing urbain. Il s'agit de rendre attractif
le centre historique, de créer des espaces publics associés à des activités ludiques et culturelles,
de réintroduire des continuités dans le tissu urbain par la réurbanisation des vides. Si ces
objectifs visaient jusqu'aux années 90 la reconstruction d'un marché local d'emploi et celle des
fiscalités locales, après 90, le thème du développement durable va interférer avec ces
préoccupations, et la régénération urbaine des territoires en difficulté, quoi qu’il s’agit des
quartiers en crise ou des terrains en friche, va enrichir ses objectifs intégrant développement
économique, solidarité sociale et protection d e l’environnement.
En effet, freiner l'étalement urbain et favoriser le retour au centre, utiliser tous les
espaces vacants existants, dans le cadre d'une reprise de la « ville sur la ville » – tous ces
thèmes sont au cœur du discours sur le développement durable qui a conforté depuis les
actions de régénération urbaine, et les a accentué les dimensions sociale et environnementale.

3.2.5. Développement durable, un concept parapluie pour les nouvelles pratiques


d’urbanisation
Dans un contexte marqué par l’incertitude et par une interrogation critique de la croissance
économique et urbaine, est apparue, à la fin des années 80, la notion du développement
durable. Depuis, cette notion a été largement utilisée aussi bien en théorie que dans la
pratique. Elle se retrouve dans les textes des politiques publiques du monde entier, aussi bien
en Europe qu'aux Etats unis ou en Chine. Les contenus de ces politiques sont variés et les
résultats le sont encore plus [Emelianoff, 2004]. Les multiples usages du concept ont altéré sa
lisibilité. Il est devenu une sorte de « mot-valise » dans laquelle tout ou rien sont mêlés.
Cependant, cela n'a pas empêché son investissement par des organismes internationaux tels
comme le Conseil de l'Europe, l'ONU, et par les administrations publiques nationales et
locales, ainsi que par les entreprises privées.
La problématique du développement durable, vue comme « une éthique du
changement, un concept intégrateur et un principe d'action qui ont pour ambition de
promouvoir un projet collectif visant à rendre compatibles, à long terme, les exigences de
l'environnement et du développement économique et social » [Da Cunha, Knoepfel, Leresche,
2005, p.15] s’est articulé aux notions de planification stratégique, bonne gouvernance, et
projet urbain. Cette articulation se fait autour des principes d'action communs – innovation et
adéquation, maîtrise des risques, coopération et partenariat, et des enjeux communs – intégrer
les approches sociales, économiques, environnementales et spatiales, pour un développement
équilibré.
Au départ, le développement durable est issu de la réflexion sur l'environnement. Le
concept de « développement durable » a été ainsi défini par la commission Brundtland en
1987 [United Nations, 1987] et repris par les Nations Unies à l'occasion de conférence de Rio,
en juin 1992. De façon synthétique, « le développement durable tend à permettre aux
générations présentes de satisfaire leurs besoins de développement sans compromettre ceux
des générations futures. La protection de l'environnement doit constituer une partie
intégrante du processus de développement »27. Pour ce qui est de l'urbain, l'articulation entre
le développement durable et les problèmes des villes a été élaborée au fur et a mesure, en

27
Principes 1, 3 et 4 de la Déclaration sur l'environnement et le développement, de Rio, juin 1992 [United
Nations, 1992]

37
passant d'une réflexion sur l'environnement vers une réflexion sur l'environnement urbain,
dans une Europe dans laquelle 80% de la population vit dans des villes.
Depuis la conférence de Rio, les divers secteurs des politiques publiques des pays
européens essayent de rendre la notion de développement durable opérationnelle. Ainsi, les
180 pays participants à la conférence se sont engagés à mener des « Agendas 21 » au niveau
local. Un « Agenda 21 » consiste en une démarche composée d'un ensemble d'actions
cohérentes, conduites au sein d'un plan d'action revu et complété périodiquement. L'Agenda
vise à « modifier l'espace local et les activités qui s'y déroulent dans la perspective de la
poursuite d'un objectif normatif qui postule une exploitation économiquement,
écologiquement et socialement durable des ressources matérielles ou immatérielles, naturelles
ou construites, renouvelables ou non renouvelables situées dans le territoire communal ou
pouvant être influencées à partir de celui-ci » [Da Cunha, Knoepfel, Leresche, 2005, p.333].
Apres Rio, à l’occasion du sommet Habitat II d'Istanbul, en 1996, a été formulé
clairement le problème du développement durable appliqué aux villes. Parmi les stratégies de
mise en œuvre du Plan d'action mondial e été énoncé « Le développement durable des
établissements humains dans un monde de plus en plus urbanisé ».
En parallèle, au sein de l'Union Européenne, tout une réflexion développée à partir des
années 80 autour des politiques urbaines, s'est articulée à la problématique du développement
durable. L'évolution de la pensée communautaire sur l'environnement a été marquée par une
évolution des concepts - de l'environnement urbain au développement urbain durable
[Aucordier, 2002]. Les institutions communautaires ont associé de façon régulière les analyses
dédiées au milieu bâti au concept de développement durable. De plus, à travers les politiques
et les programmes communautaires l’Union européenne a eu un rôle important dans la
convergence de la problématique du développement urbain durable au sein des pays
membres.
La Commission européenne a cerné au fur et à mesure une dimension urbaine
importante dans ses préoccupations environnementales. Par la suite, nous allons présenter
l’évolution des préoccupations communautaires concernant l’environnement jusqu’à la
formulation des principes pour une politique urbaine durable ainsi que les pratiques
engendrés en Europe par les politiques et programmes communautaires dans le domaine de
l’urbanisme.

3.3. Le poids de l’Union européenne dans l’émergence d’un nouveau mode


de penser et agir sur l’urbain

3.3.1. Le rôle de l'Union européenne dans la promotion du développement durable

Du développement durable au développement urbain durable


Déjà au début des années 80, l'Union Européenne commence à accorder une attention
spéciale aux problèmes des villes. Entre 1980 et 1982, le Conseil de l'Europe a organisé une
campagne européenne pour la « renaissance de la cité ». Cette campagne, par une
sensibilisation à l'échelle de l'Europe des pouvoirs publics et de la population, attirait déjà
l'attention sur les approches susceptibles d'améliorer la vie dans les villes et mettait l'accent sur
quatre grands thèmes : l'amélioration de l'environnement, la réhabilitation des logements
existants, la création d'initiatives sociales et culturelles dans les villes, la participation.

38
Le Conseil de l'Europe a prolongé cette campagne par un programme sur les politiques
urbaines élaboré de 1982 à 1986 par une commission intergouvernementale (composée de
représentant(e)s des ministères nationaux chargé(e)s de l'aménagement urbain) . En 1986, ce
programme a été confié à la Conférence Permanente des Pouvoirs Locaux et Régionaux de
l'Europe (CPLRE), selon la logique actuellement à l’oeuvre dans les pays membres : les
décisions touchant la vie des communautés urbaines sont prises principalement par les
dirigeant(e)s locaux (locales) et selon la logique de ce qui se produisait à l'échelle nationale en
raison des mesures de décentralisation qui conféraient des compétences accrues aux
dirigeant(e)s locaux (locales) pour les décisions intéressant leurs collectivités.
Depuis, dans le cadre de ce programme ont eu lieu un grand nombre de conférences et
colloques, suivis de la préparation des rapports et de Résolutions fondées sur ces rapports,
adressés aux municipalités d'Europe, traitant de divers aspects du développement urbain (la
santé, la régénération des villes industrielles, les politiques de lutte contre l'insécurité et de
prévention de la criminalité et de la toxicomanie, le développement architectural et les cités
historiques, etc.).
En1990 la Commission européenne publie le « Livre vert sur l'environnement urbain ».
La notion d'environnement urbain renvoie à la ville, pensée comme un système complexe
mais cohérent, dont tous les domaines sont liés : les dégradations économiques et sociales
entraînent une détérioration environnementale et réciproquement.
La notion de développement durable s'est ainsi articulée à une préoccupation existante
au sein de l'Union Européenne. La « durabilité » a été introduite dans le lexique
communautaire dès février 1993, lors de l’adoption du programme communautaire de
politique et d’action pour l’environnement et le développement durable28.

La Charte d’Aalborg : vers une politique communautaire pour un développement durable des
villes.
En 1993 a été lancé le projet « Villes durables », avec le but de déterminer la manière de mettre
en œuvre le principe de développement durable dans les villes. Les liens entre durabilité et
politique urbaine sont abordés et seront confirmés par l'adoption, sous auspices
communautaires de la Charte d'Aalborg, le 27 mai 1994. Cette charte a été signée par 80
autorités locales européennes et 253 représentants d'organisations internationales, mais
également par des gouvernements nationaux et des institutions scientifiques.
La Charte en question dessine les contours de la notion de développement durable en
soulignant qu'il s'agit de construire une justice sociale, des économies durables et un
environnement viable; ces trois composantes étant liées. La vision de la ville durable présentée
par la Charte d'Alborg renverse les principes fondamentaux de la Charte d’Athènes. Les cinq
piliers de la charte d'Alborg sont reformulés ainsi :
− A la décontextualisation de l'architecture moderne, l'architecture durable répond avec
le souci d'adaptation au milieu et de mise en valeur des potentiels locaux. L'insertion
du bâti dans la ville doit se faire selon des critères écologiques, paysagers et culturels.
− Contre le principe de la table rase, valorisation des patrimoines

28
Résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des Etats membres du 1er février 1993,
reproduite dans « Commission européenne, Vers un développement soutenable : Programme communautaire et
d’action pour l’environnement pour le développement durable et respectueux de l’environnement » [CE, 1993]

39
− Contre le zonage, la recherche de la mixité fonctionnelle et sociale, pour endiguer la
ségrégation socio-spatiale et les besoins croissants de mobilité
− Contre l'extension des limites de la ville préconisée par Corbusier et le mouvement
hygiéniste, le souci de contenir l'urbanisation, afin de freiner la consommation
croissante d'espaces, d'infrastructures et d'énergie.
− Contre la suprématie des techniciens, une construction partenariale et participative de
la ville. Les formes de concertation mises en place par les Agendas 21 locaux en Europe
même insuffisantes, méritent d'être rappelées.

3.3.2. La régénération urbaine – une politique européenne pour un développement


durable.
Dans ce point, il est nécessaire de préciser les compétences de l'Union européenne en matière
des politiques urbaines. L'Union européenne n'intervient pas au titre d'une politique urbaine
européenne, pour régler les questions urbaines des Etats membres. Tout en respectant le
principe de subsidiarité, l'intervention de l'Union européenne en matière de développement
urbain est faite dans le cadre de la politique régionale et par l'intermède des fonds structurels.
Le principe de subsidiarité exige que l'action publique soit entreprise au niveau
d'administration le plus pertinent, et en ce qui concerne les politiques urbaines, qu'elles soient
élaborées par les autorités nationales, voir locales29. Toutefois, subsidiarité ne signifie pas le
désengagement des problèmes urbains. Nous allons présenter les principes de cette politique
et nous allons mettre en lumière ses relations avec la régénération urbaine. Quelques étapes
pourraient être ainsi mise en évidence :

(a) La Commission identifie les problèmes des villes européennes et crée un « Group
d’experts sur l’environnement urbain »
Le regain d’attention pour les questions urbaines au niveau européen a commencé avec la
publication du « Livre vert sur l’environnement urbain » en 1990. Cet ouvrage est considéré
comme un jalon dans la réflexion sur le milieu urbain, principalement parce qu'il préconise
une conception holistique des problèmes et une méthode intégrée pour les résoudre30. Déjà,
dans ce Livre vert, est notamment soulignée la nécessité de promouvoir l'arrêt de l'extension

29
« L’intention n’est pas de développer des politiques urbaines à l’échelle de l’Europe dans des domaines qui
peuvent être mieux traités à l’échelle locale ou régionale. Toutefois, puisque les villes au sein de l’Union sont
confrontées à une série de problèmes identiques, il existe également des possibilités de trouver des solutions et de
faciliter leur application à l’échelle européenne. » [CE, 1997b]
30
Le Livre vert analyse la fonction essentielle des villes en tant qu'habitat d'une proportion croissante de la
population européenne, entités organisatrices du système urbain et foyers de la vie économique, sociale,
culturelle et politique. Il examine les problèmes multiples et variés du milieu urbain et les causes fondamentales
de sa dégradation, qu'il attribue aux restructurations économiques, aux mouvements démographiques et à
l'évolution des modèles de communication, de transport et de consommation. Il traite aussi des questions
d'activité économique, de la santé des citadins et de la qualité de la vie, qui est considérée comme un attribut
essentiel de la cité européenne diversifiée et multifonctionnelle. L'amélioration du cadre urbain contribue à la
fois à la qualité de l'existence et à la croissance de l'économie urbaine. Le Livre vert a également suscité plusieurs
débats dont le plus animé fut peut-être celui qui avait trait à sa vision de la morphologie urbaine et de
l'occupation des sols urbanisés. Tout en reconnaissant l'importance indéniable de la configuration des espaces
bâtis et naturels des villes, ce rapport cherche à étendre la réflexion aux modes de gestion de la société urbaine.
[CE, 1996, p.19]

40
urbaine en revoyant totalement les principes ayant inspiré les pratiques de l'urbanisme
fonctionnaliste et en encourageant la mixité fonctionnelle ainsi qu’un développement plus
dense. La Commission appuie le besoin de réaménagement des friches urbaines afin de limiter
l'expansion urbaine, mais aussi la revitalisation des quartiers de logements existants, qu'il
s'agisse de quartiers centres ou périphériques. La diversification dans l'affectation des sols et
des activités doit guider toutes ces opérations.

(b)Le Groupe d’experts propose un cadre afin d’orienter les interventions locales et
définit un ensemble de principes pour la durabilité dans les zones urbaines
Le Livre vert a été suivi par la création du « Groupe d’experts sur l’environnement urbain » de
la Commission européenne en 1991, par la mise en chantier du projet « Villes européennes
durables » en 1993 et par le lancement de la campagne des villes durables européennes en
1994. La reconnaissance de l’importance des villes pour la qualité de la vie des citoyens
européens a augmenté progressivement et s’est finalement traduite par la mise en œuvre de
l’initiative communautaire URBAN. Sans intervenir directement sur les politiques urbaines,
l'Union européenne poursuit les objectifs du développement urbain durable dans le cadre de
la politique régionale (dédiée à la réduction des disparités régionales et au financement des
politiques nationales) a travers des programmes thématique, parmi lesquelles : les projets
pilotes urbains PPU31 et les programmes URBAN32.

Le groupe d’experts sur l’environnement urbain a publié en 1996 le rapport « Villes


durable » dans le but de « fournir un cadre destiné à orienter les interventions locales et définit
un ensemble de principes applicables au choix des cibles ainsi qu'à l'évaluation et à la
surveillance de la progression de la durabilité dans les zones urbaines » [CE 1996, p.6]. Les
liens entre la durabilité et la politique urbaine, abordés auparavant par la Charte d'Aalborg
[1994] sont reprises.
Ce qui est intéressant pour notre analyse est le fait que le groupe d'experts s'est appuyé
sur l'activité des divers groupes de travail, crées pour étudier certains thèmes particuliers, dont
un groupe de « régénération urbaine ». Par la thématique de recherche, un lien peut être établi
entre développement durable et régénération urbaine.
(c)Le Groupe d’experts identifient les zones urbaines d’intervention
Un autre aspect important est la « territorialisation » des zones d'interventions dans le cadre
de l'urbain (jusqu'à là, avec l'exception du Livre vert de 1990 qui posait le problème des
friches, dans la Charte d'Aalborg, l'urbain était cité au niveau général, sans cibler des zones,).
Le projet « Villes durables » mentionné dans le rapport, s'intéresse non seulement aux villes,
mais aussi aux établissements de toutes tailles : centres villes33, banlieues et petites et

31
Parmi les thèmes principaux : développement économique dans les zones à problèmes sociaux, revitalisation
des centres historiques et des centres anciens. (les PPU 1ere phase 1990 à 1993, 2eme phase de 1994-1999)
32
Les programmes URBAN sont intervenus majoritairement dans les quartiers au cœur des agglomérations
(43%), mais aussi dans les centres anciens (20%), et dans les zones périphériques comme les cités de logement ou
les friches industrielles (37%). Le financement de ces programmes est assuré par les fonds structurels FEDER.
Plus de détails en Annexe Ière partie.
33
La préoccupation pour les centres villes était présente dans la Charte urbaine de 1992 [CPLRE, 1992], adoptée
lors de la Conférence des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil d'Europe : « Les centres des villes doivent
être sauvegardées en tant que symboles du patrimoine européen culturel et historique » (dans le cadre du thème :
la forme physique de la ville). Il faut rajouter aussi que, au niveau des pays européennes, la problématique des

41
moyennes localités. Il traite également de la question de la durabilité des régions urbaines et
de tout le système urbain.

(d)Le Groupe d’experts soulignent l’importance des collectivités locales dans la


promotion du développement durable
Un autre point est constitué par le lien établi entre le développement durable et le
fonctionnement de l'administration publique, dont le rôle serait d'instaurer la durabilité [CE,
1996, p. 9]34. L'application de la durabilité en zone urbaine devrait avoir ainsi une forte
dimension institutionnelle, et elle ne serait pas possible sans « un regard neuf sur les politiques
et les mécanismes actuels et un ensemble cohérent de principes capables d'étayer des mesures
écologiquement rationnelles ».

Deux aspects sont à retenir de cette évolution des compétences communautaires dans le
domaine de l’urbain, exprimés dans le rapport « Villes durable » de 1996 [CE, 1996] :

i. Les principes de la durabilité définis au niveau communautaire orientent les


nouveaux modes de production de la ville

Le rapport cible les zones urbaines en difficulté, souligne le rôle de l'administration publique
locale et l'importance de la sauvegarde de l'environnement, en dégage des principes pour
l'application de la durabilité. De ce fait, le contenu du rapport « Villes durables » de 1996 laisse
apparaître comment, sans que l'Union ait des compétences directement liés aux politiques
urbaines, une fois qu'elle mettrait au point un ensemble de règles et d'outils de gestion
écologiques, socio-économique et organisationnels, il pourrait être appliqué à divers
« implantations urbaines européennes ». Le rapport du Groupe d'experts explore ainsi les
moyens qui permettrait d’opérationnaliser (« actualiser » dans le texte du rapport) la
durabilité en définissant « une série de mécanismes qui concourent à une approche plus
stratégique, plus intégrée et plus participative de la gestion de l'environnement urbain » [idem,
p.10]. L’articulation entre l’opérationnalisation du développement durable et les nouveaux
modes de production de la ville est à noter.
La régénération urbaine s’est préfigurée comme une démarche capable d’intégrer les
principes du développement durable car elle prône la réutilisation des ressources rares, le sol,
ainsi que l’inclusion économique et sociale des quartiers en crise. Dans le texte du rapport de

centres historiques n'était pas une nouveauté, le 8eme CIAM de 1951 prônait déjà la préservation du « cœur de la
ville».
34
voir aussi, page 13 du rapport (Villes durables européennes) [CE, 1996] : « Il n'y a pas de formule politique
unique qui s'applique systématiquement à toutes les villes d'Europe (…) Malgré que le présent rapport n'aborde
pas explicitement ce sujet, il existe très vraisemblablement une corrélation entre la structure du pouvoir
municipal et les perspectives d'une gestion urbaine favorable à la durabilité. Quelles que soient leurs compétences
et leurs responsabilités, les collectivités locales de toute l'Europe sont aujourd'hui en bonne position pour
promouvoir les objectifs de la durabilité grâce aux fonctions multiples et variées qu'elles exercent. Étant
directement ou indirectement fournisseurs de services, instigateurs de règlements, modèles, informateurs,
avocats, conseillers et partenaires de la communauté, agents mobilisateurs des ressources communales et
organisateurs de dialogues et de débats, les pouvoirs locaux sont idéalement placés pour élaborer une stratégie
collective à plusieurs niveaux pour l'écogestion de l'environnement local. »

42
1996, elle est désignée déjà comme un des outils pour mettre en pratique le développement
urbain durable35.
L'Union européenne intervient pour le moment au titre des politiques de
l'environnement et régionale. Néanmoins, le groupe d'experts propose de créer dans ce
contexte un « cadre fondamental » - c'est à dire, les « conditions qui permettront aux
municipalités et aux pouvoirs locaux européens d'entreprendre des politiques et des mesures
novatrices de nature à faciliter, à terme, la naissance d'une Europe urbaine plus durable » [CE,
1996, p. 14].

ii. La régénération urbaine est désignée en tant que priorité de la politique régionale
communautaire

Un autre aspect que nous voulons mentionner est lié au vocabulaire utilisé dans ce rapport
autour de la régénération urbaine. Nous voulons par ceci préciser le sens générique de la
régénération urbaine, tel comme il est défini dans les documents communautaires. C’est une
entreprise nécessaire, vu que l’Union Européenne est composé par plusieurs pays, avec des
langues différentes et des politiques différentes, qui parfois ont porté des noms qui se
retrouvent dans les termes utilisés autour de la régénération urbaine (par ex. rénovation,
réhabilitation, renouvellement).
Dans les 240 pages du rapport en français, la fluctuation des termes est remarquable :
régénération (19 fois dans le texte), rénovation (73 fois), réhabilitation (19 fois), revitalisation
(5 fois), restructuration (15 fois) sont les termes les plus utilisés, et leur sens est toujours à
chercher dans le contexte respectif. Opérer des distinctions entre leurs sens respectives s'est
avéré une entreprise difficile. Une explication est offerte en début du rapport: « Le contenu du
présent rapport final représente les conclusions des délibérations collectives du groupe
d'experts indépendants; des efforts considérables ont été consentis pour concilier les différents
points de vue culturels et politiques ».
Le vocabulaire témoigne en effet, de cette difficile conciliation : Le chapitre 7 « La
planification spatiale durable », donne une définition de la rénovation urbaine (dans le sous
chapitre « La durabilité et la rénovation urbaine ») qui n'est pas de nature à simplifier la
compréhension des termes :

« L'intérêt de la rénovation urbaine est de plus en plus reconnu depuis les années soixante-dix. Cette
régénération peut consister dans une réhabilitation de l'infrastructure en place, un réaménagement des
immeubles et des sites existants, ou une simple réaffectation des sols urbains. Elle concerne
généralement des terrains à l'abandon ou contaminés. Le présent sous-chapitre l'explore de manière plus
approfondie en se concentrant plus particulièrement sur la réhabilitation et la rénovation du milieu
urbain et sur le traitement des friches et des sites souillés, ainsi que sur les différentes modalités de la
régénération dans la perspective de l'écodéveloppement. » [CE, 1996, p.175]

En fait, cette définition met à égalité rénovation et régénération. Parmi les actions destinées à
son accomplissement se retrouvent : réhabilitation de l'infrastructure, réaménagement des

35
« La régénération urbaine doit servir les fins du développement durable à travers la réutilisation de terrains
déjà mis en valeur et de bâtiments existants, la conservation de sites vierges et la protection de la campagne et de
la nature. Elle doit également poursuivre des objectifs de durabilité précis, dont la création de liens écologiques,
l'amélioration de l'accessibilité, l'efficacité énergétique et la participation de la collectivité. Commission
européenne – rapport des experts sur l'environnement urbain » [idem]

43
immeubles, etc. Ces actions concernent les terrains à l'abandon ou contaminés mais ce
découpage qui parait assez restrictif serait infirmé par une définition qui va suivre après
quelques paragraphes :

« La rénovation urbaine peut se définir comme étant : Le processus d'inversion du déclin économique,
social et physique de nos villes lorsque celui-ci atteint le stade où les forces du marché ne peuvent plus y
remédier à elles seules (Royal Institution of Chartered Surveyors, Royaume-Uni). Cette définition
implique qu'une approche holistique s'impose, que la responsabilité incombe à l'ensemble de la société,
et que l'intervention directe ou indirecte du secteur public est indispensable. » [CE, 1996, p.175]

Cette fois-ci, la définition est plus proche des objectifs des politiques de la régénération
urbaine à l'œuvre dans les Etats membres. En effet, le rapport cite aussi ces politiques
mentionnant « City Challenge » pour l'Angleterre et les « contrats de ville » en France. Ceci
constitue encore un témoignage du difficile calibrage des termes, car « City Challenge » est le
nom d'un programme lancé par le gouvernement Thatcher, visant la régénération des zones
urbaines en déclin, parmi lesquelles non seulement des terrains à l'abandon, mais aussi des
« quartiers en crise » – un exemple est la régénération du quartier Hulme à Manchester, réalisé
dans les années 90. La même observation est valable pour les « contrats de ville » en France, un
instrument de la « Politique de la ville » qui concernait les quartiers construits en périphérie
des villes en France, de 1955 à 1975, des quartiers d'habitat social, dont le quartier de Vaulx-en
-Velin est une figure emblématique, et sujet d’une opération de régénération urbaine [PUCA
1997].
Au delà de tous ces problèmes de vocabulaire, il est à retenir l'accent mis sur la
nécessité du développement urbain durable ou de l'écodéveloppement, qui ne serait pas
possible sans « une approche intégrée » des problèmes d'ordre social, économique, physique
des villes. Une intégration verticale et horizontale des politiques concernant l'urbain est
indispensable. Ainsi, la régénération, la rénovation, la réhabilitation, etc., seraient des moyens
pour développer les villes dans le sens de la durabilité. Les termes sont à comprendre dans ce
sens-là et non par association avec les politiques publiques homonymes, existantes dans les
pays européens.

(e) la Commission européenne définit et propage des modèles et « des bonnes


pratiques » pour les villes durables.
Une année plus tard, en 1997, la Commission a lancé une consultation « La question Urbaine :
orientation pour un débat européen » [CE, 1997b]. Dans le 3eme chapitre du document,
intitulé « Orientations pour l'avenir », la Commission énonce « la nécessité d'une perspective
urbaine dans les politiques de l'Union européenne », motivée par le fait que « l’Union
européenne est responsable de politiques dans des secteurs qui influencent directement le
développement et la qualité de vie dans les zones urbaines ». De ce fait, l'Union devrait jouer
un rôle complémentaire, dans le sens « d’une meilleure contribution au développement
urbain » [idem, p.14]. Les cibles de l'attention de la Commission européenne sont :
l'environnement urbain, l'amélioration des politiques sectorielles de l'UE du point de vue de la
durabilité, la qualité de vie dans les zones urbaines, le développement des réseaux
transeuropéens, la promotion du transport public des passagers, la nécessité de créer des
relations de confiance entre les acteurs intervenant à l’échelle locale, afin de renforcer le
pouvoir, la responsabilité et l’initiative au plan local [ibid.]. Ces objectifs sont traités aussi

44
dans le Schéma de Développement de l'Espace Communautaire36, appelée à développer une
stratégie du développement du territoire de l’Union européenne.
Le Groupe d'experts a répondu à cette consultation de la Commission [CE, 1998]. Ils
ont énoncé les « messages essentiels » [idem, p. 6 / Introduction] pour un développement
durable, et ceux-ci portent de nouveau sur l'écodéveloppement, l'intégration politique et la
maîtrise des ressources, ainsi que sur la gestion et la gouvernance. Le contenu du document
est intéressant pour notre analyse, car une dualité est présente dans le discours
communautaire sur l'urbanisation actuelle, sous entendue derrière le syntagme « urbanisation
désordonné » associé aux « problèmes environnementaux », et qui s'oppose à la « ville
durable », pour laquelle le groupe d'experts fournit deux grands modèles urbains, à savoir la
« ville compacte » et la « ville verte » [idem. p. 3 / Première partie]. Cette approche qui associe
la « ville compacte » ou « la ville verte » à la « ville durable » donc à la « bonne ville » rappelle
la dimension utopique du discours sur l’urbain, telle comme signalé par Fr. Choay lors de son
ouvrage sur la règle et le modèle [Choay, 1996]. Cette construction des modèles dans les
documents européens est à souligner, et nous revenons plus loin37, pour mettre en discussion
le rôle de ces modèles dans l’action publique.
Revenant au modèle de la ville compacte, tel qu’il est formulé par le Groupe d'experts,
il se fonde sur la réduction de l'expansion urbaine, et affirme une différenciation nette entre
les zones urbaines et rurales. « Ce modèle suppose une utilisation intensive des sols qui se
fonde sur la régénération urbaine et sur des systèmes de transports publics efficaces » [CE,
1998, p. 3 / Première partie]. Le point que nous tenons à souligner : ici, la régénération
urbaine est associé au modèle de la ville compacte.
L’autre modèle proposé par le Groupe d'experts, le modèle de la ville verte, est énoncé
comme une alternative pour la ville durable, fondé sur une conception écologique et sur la
création des communautés plus ou moins autonomes; les zones urbaines et rurales y sont
intégrés et l'augmentation de l'autonomie des communautés encouragerait une utilisation
réduite de la voiture. Cependant, le Groupe d'experts attire l'attention sur la disponibilité de
terrains nécessaire pour réaliser ce modèle, ce qui, dans le cas des pays densément peuplés,
peut poser un problème.
Tout en attirant l'attention, pour le long terme, sur un nécessaire changement dans les
attitudes, la société et le fonctionnement de l'économie, le Groupe d'experts affirme, pour le
court terme, sa confiance que « beaucoup peut être fait grâce à des petits pas concrets dans la
bonne direction » [CE, 1998, p.9 / Première partie]. Cette phrase boucle la première partie du
document – celle dédiée au Plan d'action que le Groupe d'experts envisage pour une ville
durable. La « bonne direction » sera explicitée dans la deuxième partie. Ainsi, la deuxième

36
Le SDEC est le résultat d'un processus de discussion intense. Les premières propositions portant sur le
développement spatial datent des années 1960-70, avec notamment le "Plan européen d'Aménagement du
Territoire" du Parlement européen. Le Conseil de Liège en 1993 est le point de départ de l'élaboration du Schéma
de Développement de l'Espace Communautaire proprement dit. Depuis, les présidences successives, assistées par
le Comité de développement Spatial composé de représentants de la Commission et de fonctionnaires nationaux,
ont élaboré plusieurs projets jusqu'à l'adoption finale du SDEC à Potsdam en mai 1999, lors du Conseil informel
des ministres responsables de l'aménagement du territoire [SDEC 1999].
37
dans le chapitre 5. Problématique, et hypothèse de recherche /5.2.2. La règle et le modèle, sont-ils encore les
deux piliers du discours sur l’urbain ?

45
partie fait des « recommandation pour la Commission européenne en tant que animatrice », et
s'articule autour de cinq rubriques :
− la réponse institutionnelle et organisationnelle de l’UE;
− l’élaboration d’une politique et de mesures communautaires;
− les priorités du financement communautaire;
− l’échange d’expérience, la sensibilisation et la formation;
− le programme de la recherche communautaire.
De cette partie, il est à retenir la réaffirmation de la nécessité d'une politique urbaine
européenne : « il convient d’élaborer un Livre blanc sur la politique urbaine qui s’appuie sur
un consensus concernant les aspects essentiels de la future politique urbaine définie au niveau
communautaire et national » [CE, 1998, p. 10/ Deuxième partie]. Dans les recommandations
sectoriels est de nouveau appuyé le modèle de la de la ville compacte : « la Commission doit
en outre étudier le rôle de la politique de planification urbaine, et spécialement le modèle de la
ville compacte, dans l’élaboration de toute politique et mesure en matière de transport »,
quant à l'échange d'expérience, la capitalisation d'expérience et le partage des « bonnes
pratiques » en matière de développement durable, ces actions devraient être aidés
techniquement et financièrement par al Commission. Les « bons pas dans la bonne direction»
sont ainsi clairement énoncés.
En ce qui concerne les priorités du financement communautaire, le Groupe d’experts
recommande la sélection des projets financés par les fonds structurels et de cohésion, pour
correspondre aux critères de la durabilité : « […] les priorités de financement doivent se
focaliser sur les aspects et les mesures qui promeuvent la durabilité. Une exigence générale de
contribution au développement durable doit figurer parmi les critères de sélection des
projets ». [idem, p.14/Deuxième partie].
En 1999 la Commission européenne publie le « Cadre d’action : pour un
développement durable dans l'Union européenne » [CE, 1999a], articulé autour de quatre
grandes thèmes : prospérité économique et emploi dans les villes, insertion sociale et
réhabilitation des zones urbaines, l'environnement urbain, gouvernance urbaine et capacité
locale d'agir.
Le régénération urbaine est mentionnée une seule fois dans ce document de 33 pages,
dans un résumé du contenu du chapitre : « Promouvoir l'égalité des chances, l'insertion sociale
et la réhabilitation des zones urbaines », et dans ce contexte, elle est utilisé comme synonyme
de la réhabilitation: « La Commission plaidera pour une approche spatiale de la régénération
des quartiers dégradés par l'intermédiaire des fonds structurels, de l'intégration économique,
sociale, culturelle, environnementale, ainsi que des transports et de la sécurité. Afin d'éviter la
ségrégation urbaine, il est aussi très important de traiter les quartiers en difficulté en relation
avec les stratégies économiques et sociales plus larges » [idem, Résumé].
Par la suite, le terme qui apparaît le plus fréquemment est « réhabilitation » (19 fois),
qu'il s'agisse de la réhabilitation des zones urbaines tout simple, ou de la réhabilitation
économique et sociale des « zones qui connaissent des difficultés structurelles, y compris les
zones urbaines », et du point de vue du contexte, surtout dans ce deuxième chapitre, les
termes régénération, réhabilitation, rénovation, tels comme ils sont apparus dans les
documents européennes, sont interchangeables. La Commission propose que les fonds
structurels, apportent leur aide à la « réhabilitation économique et sociale des zones qui
connaissent des difficultés structurelles » [idem, p.16] ; et que des orientation seraient à
adopter en matière de réhabilitation urbaine, à la lumière des initiatives communautaires
URBAN et INTEGRA et des projets pilotes du FEDER.

46
Pour rappel, les thèmes des projets pilotes (PPU) déroulés entre 1990-1993 étaient :
développement économique dans des zones à des problèmes sociaux, l'environnement,
exploitation des avantages technologiques des villes et revitalisation des centres historiques.
La description officielle d' URBAN (1994-1990) était « initiative communautaire concernant la
régénération économique des villes et des quartiers en crise en vue du promouvoir un
développement durable ».
Nous avons affirmé que les termes précités sont interchangeables car leur
caractéristiques sont construites autour des mêmes principes d’action : partenariat entre tous
les acteurs impliqués, intégration des dimensions économique, sociale et spatiale,
renforcement des capacités locales; et des mêmes terrains d'intervention - les zones (quartiers)
urbaines en difficulté. Dans le texte, la réhabilitation, tout comme la régénération urbaine fait
partie des actions intégrées du développement urbain, actions destinées à assurer la durabilité.
La réhabilitation des centres historique en est inclue :

« Les actions intégrées de développement urbain pourraient combiner des mesures contribuant à la
diversification et à la flexibilité de l’économie locale, à la valorisation des ressources humaines et à
l’emploi local, à l’amélioration de l’environnement urbain (qui passe notamment par des systèmes de
transport urbain garants d’une efficacité durable, par les énergies renouvelables et par la gestion
rationnelle de l’énergie), à la réhabilitation des centres historiques et au développement de
l’infrastructure urbaine et de la technologie. […]L’accent doit être mis sur la restauration et la
consolidation du tissu urbain existant et sur les utilisations des sols diversifiées, tout en veillant aux
complémentarités entre zones urbaines à l’intérieur des régions, d’une part, et entre zones urbaines et
zones rurales, d’autre part » [CE, 1999a, p. 10].

(f) Régénération urbaine – un nom générique pour un cadre d’action en vue d’un
développement urbain durable, promu par l’Union européenne
De l’analyse des documents européens résulte le fait que plusieurs notions sont utilisées pour
rappeler les mêmes principes. Le terme de « régénération urbaine » a été choisi et utilisé en
tant que terme générique durant cette analyse : c’est un terme utilisé dans les documents de
l'Union européenne38 et au sein des réseaux d'échanges européennes (voir chapitre suivant).
De plus, il convient comme terme générique à cause du fait que ni en France ni en Roumanie
il ne renvoie à un ensemble des procédures définies par la loi, mais à des principes et des
démarches d'intervention sur l'urbain, considérés communes dans les pays européennes.
La lecture qu’on a fait des documentes communautaires présentés jusque là, a eu
comme objectif d’identifier ces principes et démarches dans les textes des documents précités,
en dépit de la variation des termes utilisés pour les désigner. Quoi qu'il s'agit de régénération,
réhabilitation ou rénovation urbaine (le vocabulaire imprécis témoigne lui aussi de
l'émergence graduée d'une problématique urbaine au sein de la Commission européenne), il
s’agit d’une démarche construite à petits pas et par ajustements successifs, en essayant de
concilier les différentes expériences en matière de l'urbain, existantes au sein des états
membres. Cette conciliation a comme but la construction d'un cadre commun d'action en vue

38
Régénération urbaine n'est pas le seul terme utilisé dans les documents européens. Nous avons signalé l’emploi
des termes comme réhabilitation, revitalisation, etc. Comme il s'agit des documents élaborés dans le cadre de la
politique régionale qui n'ont pas une incidence normative, les termes seront à suivre et à comprendre selon le
contexte. Cette fluctuation des termes est facile à voir sur le site du portail EUKN , présenté dans le chapitre
suivant : l'entreprise de traduire les termes des langues différentes, même s’ils nomment des processus similaires,
est difficile, car les termes ne superposent pas tout à fait leurs sphères sémantiques. Les critères de leur
classification s'avèrent de ce fait pas évidentes.

47
de la durabilité, au sein des pays membres. Ce cadre commun ne se substitue pas aux
politiques respectives des pays membres, et il n'est pas non plus une politique urbaine au
niveau européen. Il se propose de faire la somme des expériences des pays membres , sa valeur
ajoutée étant la construction d’un cadre commun des règles et des principes destinés à
orienter les actions des pays membres vers un développement urbain durable. Les principes de
ce cadre commun d'action pourraient être esquissés ainsi :
–renforcer la prospérité économique et l'emploi dans les villes
–promouvoir l'égalité, l'insertion sociale et la régénération urbaine
–protéger et améliorer l'environnement urbain pour la durabilité locale et globale
–contribuer à une bonne gouvernance urbaine et au renforcement des capacités locales
Ce cadre d'action est construit ainsi sur les trois piliers interdépendants du développement
durable : économique, social et environnemental, le développement d'aucun d'entre ces trois
ne devrait empêcher le développement de l'autre. Par exemple, les actions visant à promouvoir
une croissance économique dans les villes doivent protéger et améliorer l'environnement
urbain mais aussi favoriser la cohésion sociale. Les actions destinées à améliorer la qualité de
l'environnement urbain doivent concourir à rendre les villes plus attractives et à accroître la
compétitivité des entreprises qui y sont implantées.
Dans ce cadre d'action, la régénération urbaine, en tant que moyen de parvenir à la
durabilité, renvoie non seulement à un type d'action mais aussi à un ensemble de principes qui
soutiennent cette action. La régénération urbaine peut designer une politique, mais aussi une
démarche opérationnelle, avec ses particularités d'application selon chaque pays. Néanmoins,
en tant que moyen de parvenir à la durabilité elle regroupe quelques principes qui
deviendraient communs aux pays européens :

La régénération urbaine vise les zones urbaines en difficulté, situés dans un cadre
urbain prédéfinit – ce sont des territoires de la ville qui n'arrivent pas à sortir d'eux
mêmes de la spirale de la dégradation - qu'il s'agit des quartiers d'habitat social, des
friches ou des centres historiques. Ces zones en difficulté nécessitent la relance
économique, la réinsertion sociale et économique de ses habitants, et l’amélioration de
la qualité de leur environnement urbain. Ces sont des zones précisément délimitées
dans le cadre de la ville.

La régénération urbaine nécessite une approche intégrée de ces multiples secteurs


d'intervention, approche nécessaire pour que les opérations urbaines respectives soient
faites dans le but d'un développement durable. Cette approche intégrée est possible
dans le cadre des démarches propres au projet urbain et à la planification stratégique,
présentés auparavant.

La régénération urbaine nécessite une bonne gouvernance locale, dans le sens de la


transparence des décisions politiques, le partenariat des acteurs publiques et privés, et
de la participation de la population visé par les projets de régénération urbaine. De ce
point de vue, la régénération urbaine demande de la part de l'administration publique
la capacité de renouvellement des pratiques. Cette administration publique, à travers
des techniciens et élus représentent des villes dans les réseaux d'échange européennes,
et constituent des acteurs importants dans le processus d'intégration horizontale des
« bonnes pratiques » européennes de développement urbain durable.

48
Vu la préoccupation au niveau de l'Union européenne pour la question urbaine, et les
interventions communautaires au titre des fonds structurels sur des zones urbaines, la
régénération urbaine suppose une intégration verticale des politiques européennes et
locales, concernant l'urbain.

3.3.3. Le rôle de l’UE dans la transmission des « bonnes pratiques » - les réseaux des
villes européennes
Un autre point qui mérite d'être souligné est l'apport des programmes d'échanges
européennes dans la recherche commune des démarches d'action, et nous évoquons le tire
d'un récent cahier du DSU [CR – DSU, 2005 ] : "Coopérations internationales entre villes : de
l'échange à la coproduction de savoir-faire". Lors d’un rencontre sur ce thème des échanges
européennes, Claude Jacquier39, a argumente l'utilité de ces échanges par le fait que les villes se
sont inscrites depuis toujours dans des flux de circulation d'idées, des biens et des services et
des capitaux. Ce qui fait la différence pour les villes actuelles est l'échelle à laquelle se
développe cette coopération dans le contexte de la décentralisation. Des jumelages entre villes
de l'Europe et du monde, développement des programmes internationales et surtout
européennes liés à la mise en œuvre des fonds structurels (FEDER), a donné une impulsion
aux collectivités territoriales qui, en relation avec des entreprises, des associations et des
organisation non gouvernementales ont inscrit leurs échanges dans un espace qui dépasse les
problèmes quotidiens du local. L'équilibrage difficile entre logique économique sociale et
environnementale est un des défis majeurs des villes d'aujourd'hui. Pour des représentants des
villes, participants aux réseaux d'échanges, l'enjeu de cette coopération internationale est « la
naissance d'une connaissance commune des problèmes urbaines ce qui pourrait apporter une
vision plus large et des solution différentes à adapter à son propre cas »40.
Issu du programme URBAN, le programme Urbact est un programme d'initiative
communautaire, qui a été approuvé par la Commission en décembre 2002. Il rassemble 216
villes européennes autour de l'échange d'expériences sur les projets intégrés de développement
social, urbain et économique des quartiers défavorisés. Il vise à développer des échanges
d'expériences entre l'ensemble des villes qui ont bénéficié des programmes URBAN I et II et
des PPU (Programmes Pilotes Urbains). Le dispositif est géré par la France et plus
précisément par la DIV (Délégation interministérielle à la Ville). Un secrétariat composé par
six personnes assure la gestion administrative et financière ainsi que la mise en œuvre du
programme. Trois experts européens lui sont rattachés. Les propositions du secrétariat sont
soumises au comité de suivi composé de deux représentants de chaque Etat membre. La
présidence du comité change chaque année. Le budget total du programme s'élève à 28,1
millions d'euros dont 18,1milions d'euros de contribution communautaire et 10,1 millions
d'euros de contreparties nationales41.

39
directeur de recherche au CNRS et responsable du département Ville, territoire et cohésion sociale au
laboratoire CERAT de l'Institut d'études politiques du Grenoble, intervenant dans le cadre du colloque "L'apport
des programmes d'échanges européennes " qui a eu lieu à Paris, le 28 septembre 2005, dans le cadre des
rencontres de la DIV (Délégation interministérielle à la Ville).
40
Bourgat Michel, adjoint au Maire de Marseille, délégué à la citoyenneté de la jeunesse, au contrat éducatif local
et à la prévention de la délinquance, , intervenant dans le cadre du colloque « L'apport des programmes
d'échanges européennes », Paris, 2005
41
cf. Programme Urbact, disponible sur :http://www.ville.gouv.fr/infos/dossiers/urbact.html#2 (consulté le
18.05.2005)

49
Le programme Urbact cherche à tirer les enseignements des ces expériences pour les diffuser
vers l'ensemble des villes européennes. Coproduire et mutualiser les connaissances au profit
de l'ensemble des pays européennes, dans le domaine des politiques publiques, a permis de
faire apparaître quelques tendances fortes parmi ces villes européennes en matière des
politiques urbaines : la nécessité d'allier l'économique au social, l'importance de la
régénération du tissu urbain et de faire participer les habitants.
En 2004, le programme Urbact a accueilli les villes des nouveaux états membre, soit 45
des villes membres (des 400 villes éligibles) qui n'avaient jusqu'alors aucune pratique de
projets intégrés de développement urbain. Selon Jean Loup Drubigny, directeur du secrétariat
du programme Urbact, ces villes sont très présentes dans programme et manifestent une réelle
volonté pour apprendre « comment font » les autres villes.
Le programme comprend plusieurs réseaux organisés autour des treize thèmes de
réflexion : activité économique et insertion, approche intégrée, exclusion sociale, formation,
gouvernance des projets, insertion des populations étrangères, jeunes : de l'exclusion à
l'insertion, partenariat public / privé, participation citoyenne, prévention et insécurité,
régénération du tissu urbain, société de l'information, transport et environnement. Cette
diversité a fait dire Jean-Loup Drubigny « on n'est pas à la recherche d'une pensée unique.
L'important est de donner de la matière pour aider à réfléchir, à décider ». Cela n'empêche pas
de comprendre que les réseaux essaient de définir les critères du succès parfois à travers de
guides [idem]. La direction de chaque réseau Urbact appartient à des villes qui ont eu des
projets exemplaires : la ville de Bastia dirige le réseau sur la régénération urbaine des centre
villes, Lille sur la régénération urbaine et les enjeux culturels. « Régénéra » est un réseau qui a
comme objectif le transfert des bonnes pratiques des projets intégrés de renouvellement
urbain, et dont le Grand Lyon est le chef de file. Il est constitué par douze villes qui travaillent
à partir des trois thèmes : régénération urbaine, intégration de la population issue de
l'immigration et la mixité sociale, et l'accessibilité de la banlieue vers le centre.
Dans les pays nouveaux membres, un processus d'apprentissage a été mis en place –
par exemple, en Hongrie, un projet d'apprentissage sur qu'est ce que la « régénération
urbaine ». Pourtant, la capitalisation des connaissances et leur dissémination s'avère une
entreprise difficile. Si ce n'est que des barrières de la langue pour le partage des savoirs faire,
ou la question de la représentation des villes dans les réseaux respectives, mais aussi la
capitalisation des savoirs pose des questions méthodologiques: quels savoirs sont transmis?
Quelle est leur pertinence par rapport à la réalité du terrain ? (Validité des informations),
comment arriver des cas particuliers vers une capitalisation des savoirs et formulation des
« bonnes pratiques » du développement urbain durable (création des connaissances). Mais ces
questions s'inscrivent plutôt dans le temps long de la recherche, tandis que les réseaux
internationales sont formés par des représentants des villes, des techniciens et des élus, qui
sont des acteurs urbains en action, donc dans une logique du court et moyen terme. Ils se
posent pas forcement les questions de méthode, mais cherchent plutôt des solutions dans les
« bonnes pratiques », sinon une légitimité pour leurs actions. C'est un aspect qui joue dans les
pratiques d'urbanisation, que nous considérons important à souligner surtout parce qu'il est
ressorti plusieurs fois lors du colloque « L'apport des programmes d'échanges européennes »
qui a eu lieu à Paris, le 28 septembre 2005, dans le cadre des rencontres de la DIV.
Le réseau « Eurocities » a été crée en 1996. Ses membres sont 120 villes de l'Union
européenne, Norvège, Islande, pays de l'Europe Centrale et Orientale (Bucarest est la seule
ville roumaine qui en fait partie), et Nouveaux Etats Indépendantes, dont l'objectif est
l'échange d'expérience sur toute les thématiques de l'urbain. Eurocities est ouvert à toutes les

50
administrations municipales élues démocratiquement ainsi qu'à leurs partenaires
économiques et scientifiques (chambres de commerce et universités), dans des villes de plus
de 250 000 habitants, qui ont une dimension internationale, qui sont d'importants centres
régionaux. Eurocities structure son travail selon trois volets d'activités complémentaires:
(1)« Mise en réseau - Partager et améliorer la connaissance »: L'échange de connaissances et
d'expertise contribue a renforcer la capacité de l'ensemble du réseau à élaborer des politiques
et à les influencer; (2) « Lobbying – Développer et influencer les politiques » : Eurocities est la
vois des villes dans l'Union Européenne, et contribue au développement et la mise en œuvre
des politiques européennes, de règlements et de programmes qui sont importantes pour les
villes. Le réseau est un partenaire important pour le dialogue avec la Commission
Européenne, à la fois sur plan technique que sur plan technique. Il maintien également des
contacts étroits avec le Comité des Régions, le Parlement européen et les Etats membres; (3)
« Campagnes – Sensibiliser le public »: Eurocities soutiens ses priorités politiques en
développant des campagnes européennes sur des thèmes comme la mobilité durable ou la
consommation responsable.
Les objectifs stratégiques d'Eurocities abordent des défis clés sur le long terme dans
cinq dimensions essentielles de la politique urbaine : (1) La dimension sociale – « La ville pour
tous », (2) La dimension économique – « La ville prospère », (3) La dimension
environnementale – « La ville durable », (4) La dimension culturelle – « La ville créative », (6)
La dimension de la gouvernance – « Participation et coopération ».
Dans le même objectif de capitalisation et dissémination des savoirs, lors d'un
partenariat entre quinze pays européennes , la Commission Européenne, Urbact et Eurocities,
a été crée récemment42 un portail des connaissances concernant les politiques urbaines en
Europe – EUKN (Européan Urban Knowledge Network). L'objectif de ce portail est d'offrir
aux utilisateurs des pays européens la possibilité de partager des solutions urbaines
innovantes, des informations sur des expériences locales. Par l'intermède de ce portail, les
utilisateurs pourront poser leurs questions à une équipe de chercheurs et praticiens qui
travaillent ensemble pour analyser des pratiques et construire des connaissances. Le portail
structure l'état actuel des connaissances mise à la disposition de l'utilisateur, selon six thèmes :
(1) intégration sociale, (2) logement, (3) transport et infrastructures, (4) environnement
urbain, (5) économie, (6) sécurité et prévention de la crime. Dans le thème (4)
"environnement urbain" se retrouvent les sous - thèmes : héritage culturel, protection de
l'environnement, urban renewal43 (regroupant les question du développement des friches, des
centres ville, de la restructuration urbaine44, le développement des zones situés en bord de
l'eau) et "land use" (traitant de la sub-urbanisation, urbanisation et le zoning). Le portail vient
d'être lancée, une évaluation de son effet n'est pas encore possible. Il s'affiche pour le moment
qu'en anglais – la langue des échanges internationaux. A part les problèmes posées par la
traduction des termes pas toujours équivalents d'un pays à l'autre et d'une organisation
d'informations qui pourrait s'améliorer au fur et à mesure, l'intention du portail est
importante: apporter une valeur ajoutée à la coopération européenne.

42
lancement le 27 octobre 2005 du portail www.eukn.org
43
Nous avons préféré le laisser en anglais comme dans l'original à cause de la complexité du terme qui se décline
dans diverses langues et pays
44
ici sont regroupés: urban regeneration, urban renovation, urban renaissance (en anglais en original)

51
Cette liste n'est pas exhaustive. Elle comprend des réseaux constitués autour des objectifs
communs autour du développement urbain et, ce qui est très important, avec l'appui de
l'Union européenne. Les échanges opérés entre ces villes se font dans l'objectif de rendre le
développement urbain durable, à travers une démarche commune qui vise à traduire dans
l'action l'articulation des trois secteurs : économique, social et environnemental.

3.3.4. Le développement durable, un paradigme consensuel au sein de l’Europe ?


Le concept de développement durable a reçu une notoriété et une validation internationale.
L'aménagement du territoire, du point de vue du développement durable, apparaît comme un
moyen d'harmoniser des objectifs sociaux et environnementaux. Il ne s'agit pas d'un nouvel
modèle de type Charte d'Athènes, ce n'est pas un schéma utopique figé d'avance, auxquelles
les acteurs urbains font référence, mais plutôt d'une démarche. La notion du développement
durable évoque d'une part une vision de l'avenir, un ensemble de valeurs et d'objectifs choisis
et d'un autre part une manière d'appréhender l'action publique, de concevoir le changement et
mettre en ouvre les décisions qui engagent le présent et l'avenir des villes [Da Cunha,
Knoepfel, Leresche, 2005, p. 27]. C'est dans ce sens là, que le traitement des problèmes de
l'urbain dans les villes Européennes - quoi que différentes dans leurs fonds d'un pays à l'autre,
convergent vers un démarche commun, chapeauté par la problématique du développement
durable. Depuis le milieu des années 90, les politiques nationaux sont relayés par l'Union
européenne qui a joué parfois un rôle d'initiateur avec le lancement du programme URBAN I
en 1994 et ensuite du programme URBAN II pour la période 2000-200645. L’Union
européenne a eu une contribution importante dans la formation autour du développement
durable, d'un référentiel des valeurs partagées à l'échelle européenne.
Nous voulons souligner un aspect qui nous semble important de ce consensus autour
du développement durable en Europe : L'Europe pourrait être soit l'Europe – espace
géographique, ou politique, soit l'Europe des villes et des réseaux d'échanges économiques et
culturels, soit l'Europe des peuples qui y vivent. Parmi toutes ces « Europes », le consensus
autour du développement durable peut être observé au niveau de l'Europe politique. Les
énoncées des documents communautaires, ou des programmes d'action nationales ou locales,
appartiennent à la politique. Dans les réseaux d'échanges entres villes qui ont été évoquées
auparavant, les échanges se passent entre les représentants des villes qui sont des élus ou des
techniciens. C'est rare que le débat et les échanges passe au delà des représentants élus ou des
techniciens, c'est à dire vers la population. Les réseaux universitaires contribuent aussi à la
réflexion autour de cette notion à travers des colloques et publications. Tout en reconnaissant
la contribution de la recherche scientifique à l'élaboration des rapports et des études qui
appuient la formulation des politiques publiques communautaires ou nationales, nous
soulignons le fait que le contour opérationnel de la notion du développement durable se
définit dans la pratique et est institutionnalisé à travers les politiques publiques. Les thèmes de
l'action parmi lesquels « capitalisation des connaissances du développement durable » ou « des
bonnes pratiques » ou des « solutions innovantes », les interrogations autour de « quels
modèles pour les villes européennes? », témoignent d'une construction quoi que difficile et par
des ajustements successives, du contour opérationnel du développement durable, dans
l'action.

45
Cf. Jacquier C., lors du colloque L'apport des programmes d'échanges européennes, 28septembre 2005, Paris

52
Les problèmes des villes européennes sont souvent similaires mais les conditions économiques
sociales, et surtout les échelles territoriales sont différentes. Ce que est à souligner est la
construction d'une démarche commune pour traiter les problèmes urbaines, par les acteurs
institutionnels des pays européennes. Ces démarches convergent vers une problématique du
développement urbain durable qui est appuyé par la Commission Européenne à travers la
mise en œuvre dans les pays membres, des politiques et de programmes qui relèvent de la
stratégie communautaire de la croissance durable.
La croissance durable est l’objectif d’une stratégie très large, définie au niveau
communautaire, lors des Conseils européens de Lisbonne [CE Lisbonne 2000] et de Göteborg
[CE Göteborg, 2001]. Lors du conseil européen de Lisbonne en 2000, les chefs d’Etats et de
gouvernement ont fixé l’objectif ambitieux de faire de l’Union européenne l’économie de la
connaissance la plus compétitive d’ici à 2010, l’idée était surtout de mettre l’accent sur les
technologies de l’information et l’innovation, afin de rattraper, entre autres, les Etats unis. Le
Conseil européen de Göteborg, en décembre 2001, a précisé que la croissance européenne
devait se faire dans un souci de développement durable, inscrivant la stratégie de Lisbonne
dans une perspective environnementale. L’Union européenne s’est ainsi dotée d’une stratégie
intégrée et volontariste, fondée sur trois piliers (économie, social, environnement), en faveur
de la compétitivité et de la croissance, dans une perspective de développement durable [CE
Göteborg, 2001]. Durant la période de programmation 2000-2006, les divers instruments de la
politique de cohésion - et en tout premier lieu les Fonds structurels – étaient prévues de
contribuer directement ou indirectement, à la stratégie de Lisbonne.
La Commission européenne a présenté le 2 février 2005 une stratégie révisée visant à
stimuler la croissance et la création d’emplois. Cette stratégie vise à « donner un nouveau
souffle à l’Agenda de Lisbonne »46, le programme de réforme économique de l’UE engagé en
2000. En d’autres termes, dans ce contexte, la politique de cohésion doit intégrer les objectifs
de Lisbonne et de Göteborg et devenir un vecteur essentiel de leur réalisation au moyen des
programmes de développement nationaux et régionaux. Ainsi, la Commission européenne a
adopté, le 14 juillet 2004, le cadre législatif pour la réforme de la politique de cohésion pour la
période 2007-201347– dans lequel l’objectif des programmes sera d'accroître la compétitivité et
la croissance de l'Union européenne élargie. La Commission se déclare déterminée à ce que
l'Union conserve une politique régionale continue et ambitieuse, qui s'adresse à l'ensemble de
nos régions et qui continue d'agir comme un « levier de croissance » à travers toute l'Union
élargie.
La stratégie de Lisbonne et Göteborg ainsi que leur récente reformulation sont à la base
des programmes de développement nationaux et régionaux des pays membres, parmi lesquels
la Roumanie fait partie depuis 2007. Les principaux aspects du processus d’harmonisation
législative de la Roumanie avec l’Union européenne ainsi que l’impact de la politique
communautaire sur les politiques nationales concernant l’urbanisme seront présentés dans le
chapitre suivant.

46
Cf. « Politique régionale et stratégie de Lisbonne» [en ligne] disponible sur
<http://ec.europa.eu/regional_policy/themes/lisbon/lisbon_fr.htm>, (consulte le 02.04. 2007)
47
Il s’agit de « Règlements pour les fonds structurels pour la période 2007 – 2013 », [en ligne] disponible sur
<http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docoffic/official/regulation/newregl0713_fr.htm >, (consulte le
02.04. 2007)

53
4. Harmonisation législative entre la Roumanie
et l’Union européenne

4.1. La dimension normative du processus d’adhésion à l’Union européenne


Dans le texte du programme du Gouvernement de la Roumanie pour la période 2005 – 200848,
se retrouvent les notions d'«harmonisation», d' «européanisation», de «convergence avec
la structure économique européenne», et nous considérons nécessaire d'interroger le sens des
processus qui sont derrière ces notions, en Roumanie, et leurs liens avec la norme. Plus
précisément, nous voulons comprendre dans quelle mesure la transposition des
réglementation européennes (l'acquis communautaire) a un rôle dans la construction des
nouvelles valeurs et normes au sein des politiques publiques en Roumanie, et surtout pour ce
qui est des politiques urbaines.
Nous précisons que non seulement des nouveaux objectifs ont été définis dans les
politiques locales sous incidence des normes européennes, mais aussi des nouveaux secteurs
des politiques publics. Ainsi, dans le domaine qui nous intéresse, l’aménagement du territoire
et l’urbanisme en Roumanie, la politique régionale est un secteur nouveau de la politique
publique, crée dans le cadre de l'harmonisation législative entre la Roumanie et l'Union
européenne.
Dans ce contexte, en Roumanie ont
été crée huit régions49 de développement
(Loi 151/1998, loi du développement
régional), entités territoriales sans statut
administratif ou personnalité juridique,
correspondant au niveau européen NUTS II
(en conformité avec le système européen du
Nomenclateur des Unités Territoriaux
Statistiques). La structure territoriale,
comparable aux NUTS, définie par les actes
normatifs roumains est la suivante: NUTS I
– La Roumanie, NUTS II – Les huit régions,
population moyenne de 2,8 habitants,
NUTSIII – 42 départements, reflétant la
structure administratif - territoriale du
pays, NUTS IV – sans contenu, manquant
des associations des unités territoriales à ce

48
3eme chapitre, « Intégration européenne » [Gouvernement de la Roumanie, février 2005]
49
En Roumanie, les régions n’ont pas de personnalité juridique car la régionalisation est perçue en opposition
avec l'idée de l'Etat national unitaire.

54
niveau, NUTS V – 256 municipalités et villes, 2686 communes et 13092 villages, reflétant aussi
la structure administratif - territoriale du pays. Depuis 1998, le cadre législatif et institutionnel
concernant le développement régional en Roumanie est en construction.
L'harmonisation de la législation nationale avec les réglementations communautaires
représente un objectif essentiel dans la stratégie d'adhésion à l'Union européenne, des pays
candidates et en même temps, une obligation juridique qui découle de « L'Accord Européen
d'association entre la Roumanie et l'Union européenne », ratifié par la loi (Loi no. 23/ 1993)50.
Ce fait montre le double aspect, stratégique et normatif, de ce processus d'harmonisation. Ce
processus d’harmonisation législative ouvre un des principaux canaux institutionnels de
transmission des normes et valeurs européennes vers la Roumanie, pays candidats à
l'adhésion.
Chaque pays candidat doit négocier avec l'Union européenne, un nombre de 31
chapitres, chaque chapitre correspondant à un domaine existant dans la législation
européenne (par ex. agriculture, recherche, concurrence, etc.). Ces 31 chapitres constituent
l' « acquis communautaire ». La Roumanie avait ouvert les négociations en vue de l'adhésion
en 200051. Pendant les négociations, le pays candidat (ou l'Union européenne), peut demander
« des périodes de transitions », c'est à dire, d'ajourner pour une certaine période l'application
de la réglementation communautaire dans le pays respectif. Un chapitre est « provisoirement
fermé » après un accord commun concernant les conditions d'adhésion du pays candidat à
l'Union européenne. Une fois tous les 31 chapitres fermés, on considère que le pays candidat a
adopté entièrement l'acquis communautaire et a les institutions nécessaires pour son
application. Cela est une condition nécessaire pour l'adhésion à l'Union européenne. Le
chapitre 21, dédié au développement régional de l'acquis communautaire a été ouvert en 2002
et considéré fermé en 2004.
Le suivi de ce processus est assuré autant par le gouvernement roumain que par
l'Union européenne. La Commission européenne publie des rapports annuels (« Regular
Reports », depuis 1997) dans lesquelles sont évalués les progrès faits par la Roumanie dans le
sens des critères de Copenhague. Le gouvernement roumain a crée, à partir 1999, « Le
Programme National d'Adhésion à l'Union européenne » document actualisé chaque année,
contenait une évaluation de la situation existante et des objectifs formulés en concordance
avec chaque chapitre de l'acquis. En 2001 a été crée le Ministère de l'intégration européenne52
qui est l'autorité qui coordonne depuis les instrumentes d'adhésion et les programmes
externes. A partir de 2004, MIE donne son avis pour les projets d'actes normatifs concernant
l'harmonisation de la législation nationale avec la législation communautaire.
Les initiateurs des projets d'actes normatifs ont l'obligation d'indiquer les réglementations
communautaires qui sont transposées dans la législation nationale. Le MIE donne son avis

50
Information disponible sur le site de Ministère de l'Intégration Européenne (MIE)
<http://www.mie.ro/_documente/dialog_Ro_UE/acord_european.htm>, (consulté le 08.05.2005)
51
En 1999 la Commission Européenne recommande l'ouverture des négociations avec la Lettonie, Lituanie,
Malta, Slovaquie et avec certains conditions, avec la Bulgarie et la Roumanie. Officiellement, les négociations
avec la Roumanie ont été lancées le 15 février 2000. En décembre 2002, le Conseil Européen considère fermés les
négociation avec 10 pays (Cipre, République Tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malta, Pologne,
Slovaquie et Slovénie). Pour la Roumanie et la Bulgarie ont été fixé des objectifs claires et de "feuilles de parcours"
dans laquelle ont été indiquées les étapes que chaque État devrait parcourir pour finaliser les préparatifs
d'adhésion, en 2007.
52
HG. nr. 1075/25.10.2001 (arrêté du Gouvernement)

55
avant que le projet d'acte normatif soit approuvé par le gouvernement, et cet avis est conforme
à une méthodologie qui concerne l'élaboration du contenu de ces projets d'actes normatifs.
Cette méthodologie comprend un « tableau de concordance » qui doive se retrouver dans
chaque projet d'acte normatif, et qui met explicitement en parallèle, 'acte normatif
communautaire, par article et paragraphe, et le projet d'acte normatif roumain, avec le même
dégrée du détail. Les différences sont mises en évidence dans le même tableau [MIE 2004].

L’acte normatif Projet d’acte normatif Différences L’Institution responsable (initiatrice) Calendrier
communautaire national
Art/ spécifications Art/ spécifications
Paragr/ Alin/
1 2 3 4 5 6 7

1. Seront mentionnés l’article/ paragraphe de l’acte communautaire qui sera transposé


2. Seront transcrites les spécifications de la loi communautaire contenus dans l’article/ paragraphe
mentionné dans la colonne no. 1
3. Seront mentionnés l’article/ alinéat du projet de l’acte normatif national qui transposent les
spécifications de la loi communautaire
4. Seront transcrites les spécifications de la loi nationale contenus dans l’article/ alinéat mentionné dans la
colonne 3
5. Seront mentionnées les différences entre les spécifications de la loi communautaire et celles du projet
de l’acte normatif (si les différences existent)
6. Sera mentionnée l’institution initiatrice ou les co-initiateurs du projet de l’acte normatif, ainsi que les
coordonnées du fonctionnaire responsable avec la coordination du projet
7. Sera mentionnée la date (année/trimestre/ mois) quand est prévue l’élaboration/ la finalisation d’un
nouveau projet d’acte normatif pour les spécifications de la loi communautaire qui n’ont pas été
transposés intégralement ou pour l’élimination des différences existantes.

Note : L’initiateur / les co-initiateurs de l’acte normatif vont remplir le tableau de concordance en même
temps avec l’élaboration du projet respectif. Il sera mis en annexe à la présentation des motifs et sera
transmis au Ministère de l’intégration européenne, en conformité avec art. 7 du HG no. 50/2005.
Le cas où il y aura des différences entre le projet d’acte normatif national et la législation
communautaire transposée, dans une note à part seront exposés les motifs pour lesquels les
spécifications communautaires n’ont pas été transposés en intégralité. [idem]

Des listes des actes normatifs qui découlent de la législation communautaire sont publiées
pour chaque année53.
Dans la liste datant du 2001 on retrouve les actes normatifs suivants : dans le cadre de la
transposition de l'acquis communautaire :
– Loi 226 (M. Of. nr. 229/04.05.2001) qui modifie la loi 151/1998 Loi du développement
régional; Cette loi a institué le découpage territorial des 8 régions correspondantes au
niveau européen NUTS II, ainsi que le cadre institutionnel, les objectifs, les compétences
et les instruments spécifiques de la politique de développement régional en Roumanie, en
conformité avec l’acquis communautaire.

Dans le cadre de l'amélioration de la capacité administrative :


– Loi 90 concernant l'organisation et le fonctionnement du Gouvernement roumain et des
Ministères (M. Of. nr. 164/02.04.2001),

53
Disponible sur <http://www.mie.ro/documente/armonizare/>, (consulté le 30.08.2006)

56
– Loi 215 concernant l'administration publique locale54 (M. Of. nr. 204/23.04.2001),
– Loi 350 concernant l'aménagement du territoire et l'urbanisme55. (M. Of. nr.
373/10.07.2001).
Pourtant, il y a des chapitres de l'acquis communautaires qui ne peuvent pas être
« transposés » directement – mais qui, tout en gardant les principes communautaires, doivent
être adaptés au contexte local. C'est le cas du chapitre 21 « La politique régionale et la
coordination des instruments structuraux » qui concerne le développement régional et
l'administration publique. Même si l'acquis du chapitre 21 ne nécessite pas la transposition
exacte de la législation communautaire dans la législation nationale, la Roumanie doit avoir
une législation « adéquate » dans ce secteur, permettant la transposition en action des
principes de la politique régionale européenne. De ces principes découlent des normes56 dans
le plan national – soit dans l'activité législative (les lois cités auparavant sont les lois qui
définissent le cadre de l’aménagement du territoire et l’urbanisme en Roumanie), soit comme
principes de référence dans les politiques du gouvernement roumain [Gouvernement de la
Roumanie, février 2005 ] « La réforme de l'administration publique » (fait l'objet du chapitre
11 du programme de gouvernance), « La politique du développement régional » (chapitre 15),
« La politique de l'aménagement du territoire » (chapitre 16). Les textes européennes sont très
présents dans les contenus de ces chapitres jusqu’au niveau des emprunts de vocabulaire).
Pour exemple :
(1) Dans le chapitre 15 – La politique du développement régional, parmi les objectifs énoncés
apparaît comme objectif le « développement territorial équilibré » qui serait atteint par:
a. une politique de développement urbain polycentrique, par l'identification des zones de
développement urbain polycentrique, et par la création des réseaux de développement
urbain polycentrique.
Cette exigence pour un développement urbain polycentrique reprend en fait une
recommandation du SDEC (Schéma de Développement de l'Espace Communautaire) [SDEC
1999]. Cette recommandation peut être résumée en ce que les territoires doivent s'organiser
en grappes de villes équilibrées plutôt que en plusieurs métropoles de grande taille.
b. des stratégies innovatrices de régénération économique et sociale des villes à petite et
moyenne taille, et aussi des quartiers, zones sous-urbaines et périurbaines en déclin, des
grandes villes.
Cette fois ci, il s'agit de l'Objectif 2 des Dispositions générales sur les Fonds structurels 57, qui
porte en effet sur toutes les zones qui nécessitent une restructuration économique et sociale, y
compris les quartiers urbains en difficulté.

54
La loi est disponible en vol. Annexes, en français
55
idem
56
Dans le sens de la création d'un cadre législatif qui permet l'application de la politique européenne,
l'organisation territoriale dans des régions correspondant aux NUTS, permettant l'utilisation des fonds
structurels, capacité du planification budgétaire, du développement, et d'évaluation de l'utilisation des fonds
structurels, capacité administrative et institutionnelle (voir pour plus de détails http://www.infoeuropa.ro )
57
Règlement (CE) n°1260/1999 du Conseil, du 21 juin 1999, portant dispositions générales sur les Fonds
structurels : « L' Objectif 2 contribue à soutenir la reconversion économique et sociale des zones en difficulté
structurelle autres que celles éligibles à l'Objectif 1. Globalement, l'Objectif 2 concerne les zones en mutations
économiques, les zones rurales en déclin, les zones en crise dépendantes de la pêche et les quartiers urbains en
difficulté. Au maximum, 18% de la population de l'Union sont couverts par cet objectif » [CE, 1999b]

57
c. l'échange d'informations et expérience, liés à la « régénération soutenable » et au
développement urbain.
Cet objectif répond au souci de capitalisation des savoirs et de la promotion des « bonnes
pratiques » au sein des réseaux européennes d’échanges.
(2) Le développement équilibré et polycentrique du système urbain se retrouve aussi dans le
chapitre 16 du programme du gouvernement - La politique de l'aménagement du territoire, en
tant qu'objectif majeur de cette politique qui doit contribuer à « la cohésion économique et
sociale des localités et des régions ».

4.2. Les fonds communautaires de préadhésion


Les fonds européens de préadhésion soutiennent les investissements liés à la reprise de l'acquis
communautaire et au développement.
Le programme PHARE accompagne la modernisation des PECO depuis plus de dix
ans. Il a été adapté en 1997 et 1999 pour mieux répondre aux exigences de l'adhésion et
faciliter la transition vers les Fonds structurels. Il finance déjà de nombreux projets, y compris
la coopération transfrontalière, qui couvre le champ d'action futur des Fonds structurels.
L'Instrument structurel de préadhésion ISPA intervient depuis le début de l'année 2000
dans l'ensemble des PECO en faveur des transports et de l'environnement, suivant le modèle
du Fonds de Cohésion destiné aux pays les moins prospères de l'Union. Il finance directement
les projets environnementaux permettant l'application des directives lourdes en
investissements, ainsi que les projets de transport directement liés aux dix corridors
paneuropéens identifiés dans ces pays.
Le Programme spécial d'adhésion pour l'agriculture et le développement rural
SAPARD est lui aussi opérationnel depuis l'année 2000 pour aider les pays candidats à se
préparer à la politique agricole commune, notamment aux normes de qualité alimentaire et de
protection des consommateurs et de l'environnement.
La feuille de route pour l’adhésion à l’UE de la Roumanie a été adoptée par le Conseil
européen de Copenhague en décembre 2002, et a prévu une augmentation annuelle de l’aide
de préadhésion de respectivement 20%, 30% et 40% pour les années 2004, 2005 et 2006. Au
cours de cette période, la Roumanie a bénéficié d’une aide européenne de 3 078 millions
d’euros, dont : PHARE (la moitié de l’aide), ISPA (un tiers de l’aide) et SAPARD (un sixième
de l’aide). Leur mise en oeuvre s’inscrit dans le Programme national pour l’adoption de
l’acquis communautaire et le Partenariat d’adhésion pour la Roumanie58.
A partir de 2007, en tant que pays membre, la Roumanie bénéficiera des fonds
structurels et des fonds de cohésion de l’UE, en conformité avec le cadre législatif pour la
réforme de la politique de cohésion pour la période 2007-201359. Dans la période de
préadhésion la loi du développement régional avait parmi se objectifs [Loi 151/199860, Art 2b.]
la préparation du cadre institutionnel approprié aux critères d'intégration dans les structures
de l'Union européenne et d'accès aux fonds structurels et au Fonds de cohésion de l'Union

58
Cf. http://europa.eu.int/comm/regional_policy/index_fr.htm, (consulté le 04.05.2007)
59
Il s’agit de « Règlements pour les fonds structurels pour la période 2007 – 2013 », disponible sur
<http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docoffic/official/regulation/newregl0713_fr.htm>, (consulte le
02.04. 2007)
60
La loi 151/1998 du développement régional a été modifiée par la loi 226/2001 (voir supra, actes normatifs qui
découlent de la législation communautaire). La loi en vigueur actuellement est la loi 315/2004 du développement
régional qui abroge les deux lois précitées.

58
européenne : art 2b) « la préparation du cadre institutionnel approprié aux critères
d'intégration dans les structures de l'Union européenne et d'accès aux fonds structurels et au
Fonds de cohésion de l'Union européenne ».
La construction des programmes opérationnels régionaux tels comme le POR
(Programme opérationnel régional) et les PDR (Programmes de développement régional)
pour chaque région font partie de ce processus de construction du cadre institutionnel
nécessaire pour l’accession aux fonds communautaires.
Le POR est un programme sectoriel61 qui, avec les autres programmes opérationnels
sectoriels doit contribuer à la réalisation d'un objectif général : la diminution des disparités
régionales, entre les régions de la Roumanie. Cet objectif vise à résoudre des problèmes de
développement des régions existantes en Roumanie et en même temps, il prévoit la
formulation des projets (parmi lesquels des projets de régénération urbaine) capables d'utiliser
les fonds structuraux européens – par une approche harmonisée avec les normes et les
pratiques communautaires. Les PDR des huit régions découlent du POR et déclinent les axes
du POR selon les problèmes de chaque région. La stratégie et les priorités établies par les PDR
se situent au carrefour des problèmes locaux et des politiques et stratégies établies au niveau
de l'UE, national et local. Une analyse détaillée de ces programmes est faite dans la troisième
partie, chapitre 1.3. Ici nous nous contentons de les passer en revue pour montrer la
construction institutionnelle qu’a été faite en Roumanie, afin d’intégrer l’UE et d’accéder aux
fonds communautaires.

4.3. Harmonisation législative, européanisation et transmission des normes


et des pratiques de l’Union européenne vers la Roumanie
Le programme d'action du Gouvernement de la Roumanie illustre la double dimension,
normative et cognitive du processus d’intégration européenne. Ainsi, l’harmonisation de la
législation roumaine avec les réglementations communautaires est considérée comme « l'étape
normative » de l'intégration de l'Union européenne, car il s'agit de l'introduction des
« réglementations de l'acquis communautaire » mais aussi, dans son engagement énoncé dans
ce programme, le Gouvernement fait référence aussi aux « valeurs européennes »62, dont
l’appropriation tiendrait d’un processus plutôt cognitif. L’étape suivante d’après l’intégration
de l'Union européenne, est appelée dans le programme du Gouvernement « l'étape
d'européanisation » et elle serait caractérisée par la « consolidation du système socio-
économique » ce qui représenterait une « deuxième modernisation de la Roumanie »
[Gouvernement de la Roumanie, février 2005, p.6].
Dans les sciences politiques, l'européanisation est un champ émergent au sein des
études européennes, qui s'intéresse à l'impact de l'Union européenne sur les politiques, la
politique et le politique, au niveau national. Ce terme fait référence aux processus de
construction, de diffusion et d'institutionnalisation de règles formelles et informelles, de
procédures, de paradigmes de politiques, de styles, de façons de faire, de croyances partagées
et des normes, qui sont dans un premier temps définis et consolidés au niveau européen, puis

61
Ce programme doit mettre en oeuvre la Stratégie de développement régional prévue par le Plan de
Développement National.
62
Dans le Chapitre 1. L'engagement : « Le Gouvernement de la Roumanie vise à assumer et à promouvoir la
démocratie, le capitalisme et les valeurs européennes dans le but du développement économique durable de la
Roumanie, de la croissance du bien-être des citoyens et de la reconquête de la dignité nationale. »
[Gouvernement de la Roumanie, février 2005, p.2]

59
incorporés dans la logique des discours, des identités, des structures politiques et des
politiques publiques au niveau national.
Les sciences politiques font cependant distinction entre l'européanisation, convergence
et harmonisation. Dans le cadre de cette dernière, est opéré une réduction de la diversité des
formes de régulation, en fournissant un terrain de jeu unique, tandis que l'européanisation
laisse le débat sur la diversité et la convergence ouvert. Elle présuppose q'un certain dégrée
d'intégration européenne a été déjà atteint, sans supposer q'une politique européenne doit
exister pour que les effets de l'européanisation se produisent. L'européanisation a sens même
au-delà des frontières des états membres, « l'UE opérant comme modèle politique et des
politiques publiques en Europe de l'Est, en Amérique latine » [Boussaguet, Jacquot, Ravinet,
2004, p. 192]. Et comme il y a modèle, il y a également une forme de pression pour s'y adapter.
L'étude de l'européanisation concerne l'impact des politiques de l'UE sur le politique et
la politique européennes. Pour comprendre comment l'européanisation peut aller au-delà des
seuls effets d’une politique sur une politique, et générer des dynamiques plus subtiles d’une
politique influençant la politique et le politique, il faut l'envisager comme un processus
interactif et non comme un simple processus de réaction unidirectionnelle top – down de
l'influence de l'Union européenne sur les systèmes nationaux. Les acteurs nationaux peuvent
utiliser l'Europe de plusieurs façons : ils peuvent créer de l'impact en mobilisant des cadrés de
références à travers des discours, ou ils peuvent utiliser l'Europe comme ressource, même dans
l'absence de l'impact. Ainsi, les recherches actuelles s'intéressent d'avantage aux « usages de
l'Europe » qu'à la notion de l'impact [idem pp. 193 -194].

En conclusion de ce chapitre nous retenons que :


Le processus d'harmonisation à l'œuvre en Roumanie, montre l'impact normatif de
l'acquis européen sur les politiques et le politique autochtones, correspondant à une
convergence imposée d’en haut en bas – nécessaire pour l'étape d'harmonisation. En même
temps, les processus horizontaux d'émulation et d'inspiration sont liés souvent à l'importation
de contenus et d'instruments, par des experts ou des élus nationaux qui ont une activité
transnationale, et renvoient à des processus non contraignants et plus cognitifs,
correspondant à une convergence volontaire, dans laquelle l'UE joue le rôle de contexte, de
plate-forme de diffusion ou d'agent de socialisation (le cas des échanges dans les réseaux
européennes, présenté auparavant).
La politique régionale nationale n'est pas le résultat d'une stricte transposition de la
législation communautaire, mais d'une traduction de celle-ci dans la politique nationale.
Néanmoins, les « cadres de référence » mobilisés par les acteurs publics dans leurs discours
seraient à chercher dans la politique régionale communautaire. Quelques première pistes pour
notre analyse pourraient être formulé ainsi : La production discursive de l'urbain au niveau
local (la « réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest », inscrite dans
l'objectif général- « développement durable ») et au niveau national (« régénération
économique et sociale » et « développement équilibré et polycentrique du système urbain »)
mobiliserait les cadres de référence de la politique régionale européenne, construits autour de
la notion de « développement durable », telle comme reconnue et promue au niveau
communautaire. Les processus d'harmonisation législative et européanisation, concernant la
Roumanie, pourraient être analysés comme processus fournissant de nouvelles opportunités
et contraintes pour le jeu des acteurs urbains.

60
5. Problématique et hypothèse de recherche

5.1. La question de recherche


Nous avons présenté les grandes lignes du développement urbain actuel de Bucarest, tel
comme il est déterminé par l’initiative privée ainsi que tel comme l'administration publique se
propose de le réglementer actuellement. Ces deux aspects du développement actuel de
Bucarest ont été placés dans le contexte à la fois théorique et pratique de la production de
l'urbain en Europe.
Le constat que nous pouvons faire est que les thèmes des politiques publiques en
Roumanie, résonnent non seulement avec des thèmes européennes du développement urbain
durable, mais aussi avec les problèmes locaux. Certes, les objectifs stratégiques et les priorités
énoncées par les programmes politiques émergents en Roumanie répondent aux priorités de
la politique communautaire (par ex. développement durable de la ville et régénération des
zones en difficulté) mais ils sont pertinents au niveau local, aussi. De plus, la reforme de
l’administration publique entamée par le processus de harmonisation législative pourrait
soutenir en plan local un nécessaire changement de paradigme de l'action publique.
Pour comprendre le rapport qui se construit entre les reformes locales et les normes
européennes, nous interrogeons la part qui revient aux théories et aux pratiques
d'urbanisation promues par l’Union européenne dans la formulation et surtout dans la
promotion sur l'agenda politique à l'échelle du local des problèmes de l'urbain à Bucarest. La
question de recherche pourrait être formulée ainsi :

Dans le contexte d'internationalisation des problèmes de l'urbain, qu’est ce que les théories et
les pratiques du développement durable et de la régénération urbaine définis au niveau
communautaire, peuvent apporter à la construction des priorités du programme d'action de la
Mairie de Bucarest ? Mais aussi aux pratiques d’urbanisation ?

5.2. Précisions théoriques sur les notions utilisées

5.2.1. Le discours sur l’urbain – un point de départ pour notre analyse.


Dans cette analyse, le terme de théorie de l'urbanisme est utilisé pour designer l'ensemble
organisé des connaissances qui constitue une production discursive de l'urbain (des idées, des
concepts, des représentations). De plus, ce qui nous intéresse est la production discursive de
l'urbain par les acteurs institutionnels – c'est à dire, la définition des problèmes de l'urbain par
les décideurs – les acteurs politico-administratifs.
Les théories de l'urbanisme auxquels nous faisons référence sont le résultat d'un choix
politique que les acteurs institutionnels font parmi la multitude des théories en débat
actuellement. Nous n'avons pas l'intention de réunir sous le terme de « théories » l’ensemble
de la production scientifique concernant l'urbanisme, c'est un sujet qui dépasse le cadre de

61
cette thèse. Les théories qui intéressent cette analyse sont celles mobilisées en action par les
décideurs. Ces théories institutionnalisées et les pratiques qui s'en dégagent, constituent le
point de départ de notre analyse. Ainsi, nous partons d’une interrogation du discours
communautaire sur le développement durable et la régénération urbaine, en tant que notions
qui sont au cœur des politiques et programmes européennes ayant incidence sur l’urbain.
Peut-on voir dans ce discours soutenu par des politiques et programmes
communautaires, une nouvelle manière de produire des règles et des modèles sous forme des
« principes » et des « bonnes pratiques européennes » du développement durable ? Quel est
l’impact sur les pratiques actuelles d’urbanisation en Roumanie, en tant que nouveau pays
membre ?

5.2.2. La règle et le modèle, sont-ils encore les deux piliers du discours sur l’urbain ?
« La Règle et le modèle » [Choay,1996], publié pour la première fois en 1980, et repris en 1996,
constitue un ouvrage de référence dans la construction de la problématique de la règle et du
modèle en tant que formes textuelles présentes dans l'énoncé de la théorie de l'urbanisme. En
plaçant les débuts de la de théorie de l'urbanisme dans les textes instaurateurs d'Alberti [1485,
« De re aedificatoria »] et de Thomas More [1516, « Voyage à l'île de l'Utopie »] Fr. Choay
démontrait que le discours sur l'urbain est construit sur deux piliers - le traité et l'utopie - qui
correspondent à deux types de procédures d'engendrement de l'espace édifié : la règle ( issu du
traité d'architecture, qui consiste dans l'application des procédures et des règles) et le modèle
(issu de l'utopie, qui consiste dans la reproduction des modèles).
La théorie de l'urbanisme, le terme en soi, est apparu dans en 1867, quand l'ingénieur
espagnol Ildefonso Cerda écrit sa « Teoria general de la urbanisacion ». Indiquant la nécessité
de l'apparition d'un nouveau terme pour décrire une nouvelle réalité, liée aux transformations
de la ville de l'époque industrielle, il n'hésite pas de revendiquer pour sa « teoria » un statut de
« véritable science ». Depuis, selon Fr. Choay, tous les auteurs des théories de l'urbanisme, se
réclament d'un discours scientifique. Néanmoins, l'argumentation construite par Fr. Choay
fait transparaître une « relation duelle, propre à l'utopie, entre une critique de la mauvaise ville
existante et un modèle de la bonne ville destinée à la remplacer » [Choay, 1996, p. 309] dans
les textes majeures du XIXème et jusqu’au XXème siècle, concernant l'urbanisme de Cerda, à
Corbusier ou à F. L. Wright63. L'analyse de Fr. Choay s'arrête aux ouvrages de la première
moitié du XXème siècle. Néanmoins, son dernier chapitre, « Ouverture : des mots aux choses »
met en garde sur la perpétuation jusqu'à nos jours de ces deux types de procédures dans la
production de l’urbain : la règle et le modèle. Son propos incite à l'action, surtout dans le sens
de la découverte d'une troisième voie : « entre ceux deux grandes voies, entre les procédures
permissives épousant le désir et servant le plaisir, mais qui conduisent à l'encombrement et au
chaos, et les procédures coercitives et médicalisantes qui promeuvent un ordre rigide et
totalitaire, elle (la lecture du livre, ma note) ouvre des chemins. […] ces humbles chemins
pourraient conduire vers d'autres méthodologies, ailleurs » [idem, p.344].
Néanmoins, cette nécessité même d'ouvrir d'autres chemins a conduit au changement
de paradigme dans l'élaboration des théories de l'urbain, dans la deuxième moitié du XXème

63
« on voit que quelque soit la tenue, la teneur et l'importance du discours scientifique effectivement émis par
l'auteur d'une théorie d'urbanisme, l'articulation de ce discours avec une figure utopique est toujours opérée par
l'emboîtement d'un énoncé de faits dans un jugement de valeur[...] Et c'est alors, chaque fois, l'opposition
irréductible de deux images antagoniques, enchaînées par la même relation qui, pour l'urbaniste exclut la
possibilité de solutions intermédiaires » [Choay, 1996, p.324].

62
siècle. Nous avons passé en revue les principales étapes dans le chapitre 3.2. « Nouveaux
paradigmes et pratiques […] ». Le moment du changement est difficile à établir – il pourrait
être localisée dans les années 7064. Depuis, le temps des théories globalisantes de l'urbain est
passé. Le statut de l'urbanisme comme science a été remis en cause. Les sciences de la nature et
les sciences de l'homme ont contribué à la problématisation des questions de l'urbain. Ce qui
caractérise l'évolution des théories de l'urbain depuis est l'ampleur, mais non pas des
certitudes acquises, mais des problématiques qui ouvrent, dans le processus d'élaboration de
l'espace, les dialectiques du technologique et du politique, de l'Etat et du secteur privé, de la
spécialisation et de la transversalité, du praticien et de l'habitant dont la participation active
réapparaît comme une nécessité65. Cette troisième voie, demandée par Fr. Choay semble se
constituer par la prise de conscience de l'indéterminée et du hasard, application de notions de
processus et système à l'urbain, l'emplacement selon l'expression d'Yves Chalas [2000] d'une
« pensée forte » avec une « pensée faible ».
Pourtant, la question que nous saisissons est si « aucune vision du futur ne s'imposent
aujourd'hui avec l'évidence et donc la force, qui fut celle d'hier », est-ce que « aucune certitude,
aucun modèle, aucune utopie » n'existe plus dans les discours sur l’urbain ? Il est vrai que
aujourd’hui, l'idée de modèle dans l'urbanisme, associé avec l'urbanisme progressiste est datée,
que l'utopie a perdu sa force dans une production de l'urbain qui se veut ancrée dans un
terrain précis et inscrite dans un processus de continus ajustements. De plus, la « la neutralité
axiologique » constitue une obligation de toute démarche scientifique66 depuis la prise en
compte de la sociologie de Max Weber. Cependant, peut-on affirmer que le temps des
modèles dans les productions de l'urbain est passé ? Cette question émerge de la dualité que
nous avons constatée dans les débats actuelles sur l'urbain (ville dense ou ville étalée ? modèle
européen ou modèle américain ?) ainsi que dans le discours communautaire sur la ville
durable67.

5.2.3. Utilisation des théories d’urbanisme et des modèles dans l’action publique – quelle
pertinence actuellement ?
Dans ce travail, nous traitons des modèles non comme d’un concept univoque, qui renvoie
seulement aux « procédures totalitaires » [Choay,1996] – tels les modèles urbaines de
l'urbanisme progressiste, historiquement datés, mais en observant ses multiples usages dans
les discours actuels. Dans les discours actuels sur l’urbain, le modèle est évoqué soit pour faire
appel à des normes, soit à des images de référence ou bien, simplement, pour parler de la
mode. De ce fait nous considérons comme nécessaire un repositionnement du rôle du modèle
(associé à la « pensée forte ») dans le contexte d'un urbanisme de la « pensée faible », c'est-à-
dire, d’un urbanisme pour lequel « aucune certitude, aucun modèle, aucune utopie, aucune

64
Dans les années 70 Christopher Alexander s'est attaqué le premier à la logique de la conception de l'urbain,
inchangée depuis des siècles et essaye de mettre les bases d'une épistémologie de l'urbanisme "Notes sur la
synthèse de la forme" 1964 / 1971 et « Une expérience d'urbanisme démocratique », 1975/ 1976. Selon Fr. Choay,
les textes de Ch. Alexander, malgré des précautions épistémologiques et de l'étendue des connaissances
scientifiques, succombe à la force d'attraction de la figure utopique. [Choay, 1996,pp. 321-325]
65
Encyclopaedia Universalis, corpus 18, p. 477
66
plutôt depuis quand les sciences sociales ont été associés dans la construction de la problématique de l'urbain.
En France, par exemple, la sociologie a été introduite dans les écoles vers la fin des années 60.
67
voir supra, chapitre 3.3.2. La régénération urbaine – une politique européenne pour un développement
durable.

63
vision du futur ne s'imposent aujourd'hui avec l'évidence et donc la force, qui fut celle d'hier »
[Chalas, 2000].
Nous avons montré le changement de paradigme qui s'est produit dans la planification
urbaine et son évolution vers une planification stratégique, dans le contexte du passage d'une
« pensée forte » vers une « pensée faible ». Les pratiques du projet urbain ont remis en cause
la question de reproduction des modèles dénoncés par Françoise Choay. Cependant, nous
avons signalé le fait que le discours qui met en opposition la ville existante et la ville souhaité –
pour préciser – la ville durable, était de nature à interroger la « disparition » d'une pensée et
des pratiques qui mobiliseraient toujours des modèles. Dans les textes communautaires et les
discours publics présentés dans le chapitre 3, une idée est du moins claire : les modèles ne sont
pas transposables d'un cas à l'autre.
Au niveau de l'Union européenne on recherche des « bonnes pratiques » et on se
propose d'aller dans la « bonne direction ». Mais cette fois-ci il ne s'agit pas d'un modèle
physique à reproduire, mais d'un démarche, le développement durable étant une éthique du
changement, un concept intégrateur et un principe d'action, dont la traduction opérationnelle
se fait par un paquet de principes dont l'application se voit flexible.
Il y a quand même une partie moins « flexible » dans la traduction du ce concept – les
normes qui assurent en même temps le consensus autour du ce concept, consensus qui est
souhaité et encouragé par l'Union européenne. Nous avons montré comment à travers des
processus normatifs comme l'harmonisation législative, les normes définis au niveau européen
pour le développement durable sont transposés de haut vers le bas, dans la législation
nationale de chaque pays, tandis que, par des processus horizontaux d'émulation et
d'inspiration, liés souvent à l'importation de contenus et d'instruments, par des experts ou des
élus nationaux qui ont une activité transnationale, ont lieu des processus non contraignants et
plus cognitifs, de convergence volontaire, dans laquelle l'UE joue le rôle de contexte, de plate-
forme de diffusion de valeurs – c'est le processus d'européanisation.
Dans ce contexte précis circonscrit en temps et espace de l'existence de l'Union
européenne et des états membres, notre recherche interroge le repositionnement des modèles
autour du développement durable. Vu ainsi, le concept de modèle envoie à une dimension
abstraite – en tant que système de relations abstraites et simplifiés, construit consciemment à
des fins de description, d'explication ou de prévision, mais aussi à une dimension pratique –
c'est l'usage que les acteurs urbains en font dans la pratique. C’est ainsi que nous
n’interrogeons pas la pertinence du modèle en soi, mais l'usage qu'en font les acteurs urbains :
Le modèle dans l'urbanisme actuel ne pourrait pas être traité en dehors de la problématique
du jeu des acteurs urbains, car c'est eux qui portent les modèles - en action.
Plus précisément notre analyse traite des jeux des acteurs urbains institutionnels, c'est-
à-dire ceux qui interviennent dans la construction des politiques publiques et programmes
d’action. Ce sont eux qui, parmi la multitude de problèmes existantes au sein d’une société,
opèrent un choix et décident les priorités. Par la suite nous allons définir la figure de l’acteur
ainsi que la figure de l’acteur dans un système d’action construit autour d’une politique
publique. Comment font-ils ces choix ? Comment formulent-ils ces priorités ? Qu’est ce que
les modèles de penser et d’action, existantes au sein d’une société, à une époque, apportent à
leur action ?

64
5.2.4. Les acteurs dans les politiques publiques
L'émergence et la promotion d'un problème sont inséparables de processus cognitifs et
normatifs de définition et de qualification (ou de problématisation). Derrière ces processus
cognitifs sont les acteurs, et ils agissent en fonction des connaissances ou bien des
représentations qu'ils ont de la société. En même temps, ces connaissances diffusées au sein de
la société contribuent en retour à modifier les pratiques respectives et le regard que la société a
sur ce problème.
Dans le cas de la définition et promotion d'une politique publique, les acteurs
décideurs institutionnalisent une certaine combinaison des idées et pratiques, selon le même
processus réflexif décrit auparavant. Le problème définit par la politique publique respective
est ainsi un construit social résultant d'un processus cognitif et normatif qui crée et
institutionnalise des valeurs, qui constituent le référentiel de la politique publique. En
déclinant pour le secteur de l'urbanisme la définition de ce référentiel, donnée par Pierre
Muller [2000], il serait constitué par « l'ensemble des normes ou images de référence,
concernant le processus d'urbanisation, en fonction desquelles sont définis les critères
d'intervention de l'Etat et de l'administration locale, ainsi que les objectifs de la politique
urbaine ». Selon Pierre Muller, le référentiel est composé par un ensemble d'images cognitives,
qui sont des représentations de la réalité sur laquelle on veut intervenir.
C'est en référence à ces images que les acteurs vont organiser leur perception du
système et vont définir leurs d'action. Et parce qu'il s'agit des acteurs qui agissent dans le cadre
des politiques publiques, il faut rappeler l'idée de consensus soutenue par Boltanski et
Thévenot [Cabin, Dortier, 2000, pp.305 – 307], selon laquelle, pour agir ensemble, les
individus – acteurs doivent partager des valeurs communes. Agir au nom des valeurs ou des
conventions communes n’exclut pas un autre mobile de l'action qui est l'intérêt. Les acteurs
peuvent agir dans un cadre commun, ayant des intérêts différents : La « rationalité limitée »
des acteurs, telle que définie par H. Simon [Crozier, Friedberg, 1992, p. 320] soutient cette
l'idée argumentant que dans leurs jeux, les acteurs ne cherchent pas le conflit mais le
consensus et c'est par rapport à cela que la rationalité de l'action est une rationalité « dans le
système ». C'est à dire, l'acteur répond à la fois aux valeurs largement répandues comme aux
conditions particulières des jeux dont il fait partie, et aux choix stratégique particuliers qu'il
fait suivant son intérêt.

L’acteur, un individu exerçant son autonomie à l’intérieur d’un système de contraintes


L'analyse des politiques publiques raisonne en termes « d'acteurs », des « stratégies », de
« ressources » de « décision » de « rationalité ». Une clarification de la notion d'acteur est
nécessaire car sa définition relève des approches différentes de l'individu rapporté aux
structures sociales et culturelles au sein desquelles il agit.
L'école de Pierre Bourdieu, héritant de la sociologie durkheimienne et l’approche
marxiste de la lutte des classes 68, prône l'autonomie illusoire du sujet, désignant par le nom de
« violence symbolique »69 cette opération qui fait que les agents dominés du champ social

68
la société est analysée à travers « le paradigme exclusif de la domination et subordonnent les pensées et les
conduites de l’individu et des formations sociales à des rapports de forces préalables, qui inévitablement les
structurent et les verrouille » [Baudoin, 1998 p. 23]
69
Selon P. Bourdieu, « les différentes classes et fractions des classes sont engagées dans une lute proprement
symbolique pour imposer la définition du monde social la plus conforme à leurs intérêts […] Elles peuvent
mener cette lutte soit directement, dans les conflits symboliques de la vie quotidienne, soit par procuration, au

65
croient s'orienter librement au sein de la société alors qu'ils ne font que s'ajuster sur les règles,
les croyances et les conduites « légitimées » au préalable par les groups dominants. Le principe
de non conscience promu par l'école sociologique de Bourdieu substitue au terme de
« l'acteur » celui « d'agent ».
Une autre approche, soutenue par la sociologie des organisations [Crozier, Friedberg,
1992] soutient les capacités de choix et de réaction des sujets, derrière l'ordre supposé des
systèmes ou des structures.
Ces deux approches relevant d'une sociologie déterministe – où les contraintes et les
structures sont prédominantes – et une sociologie individualiste qui prend en compte les
marges de liberté et les compétences de l'acteur, sont présentées souvent dans la littérature de
spécialité comme opposées. Dans notre analyse, nous avons choisi l'appui des démarches
sociologiques qui essayent de réconcilier ces deux. Ces approches, très diverses d'ailleurs,
nommées sociologies constructivistes [Cabin, Dortier 2000, p. 243], peuvent être réunies par
un point commun : elles appréhendent le fait social comme une construction, et non pas
comme une réalité « naturelle » ou déterminée par des forces extérieures. Ainsi, la société est
le résultat d'un processus continu qui procède de l'action des individus, de la dynamique de
leurs échanges, de la mobilisation de leurs représentations et leurs connaissances.70
En fait, le partage artificiel entre les sociologies déterministes et les sociologies
individualistes est combattu par les auteurs classés dans un champ ou un autre de ces deux:
Tout en accentuant l'importance de la notion d'acteur, Michel Crozier reconnaît que
« l'individu évolue dans un univers de contraintes, du fait de son milieu d'origine, des
ressources, etc., mais il dispose également des marges d'autonomie évidentes si l'on observe la

travers de la lutte que se livrent les spécialistes de la production symbolique et qui a pour enjeu le monopole de la
violence symbolique légitime(cf. Weber), c'est à dire du pouvoir d'imposer ( voir d'inculquer) des instruments de
connaissance et d'expression (taxinomies) arbitraires ( mais ignorés comme tels) de la réalité sociale » [Bourdieu
2001, p. 207]. Voir aussi Max Weber pour la notion de « violence physique légitime » en lien avec l'Etat, [Weber,
2004,p. 125]
70
Dans ce « point commun » se retrouvent : (a) Alain Touraine [1984] avec « le retour de l'acteur » qui donnait
l'image d'un individu stratège, mû par son intérêt et par sa rationalité – même s'il s'agit d'une « rationalité limité »
[H. Simon, 1958, dans Crozier, Friedberg,1992]. (b) Anthony Giddens [La Constitution de la société, éléments
d'une théorie de la structuration, 1984 / 1987 dans Cabin, Dortier 2000] qui mettait en évidence une « dualité
structurelle » du social : l'action et la structure sont les deux faces d'une même réalité sociale. Considérée comme
une caractéristique majeure des sociétés modernes, la notion de « réflexivité du savoir social » signifie que pour
les individus vivant dans une société qui n'est pas gouvernée exclusivement par des contraintes, chaque décision
prise relève de la connaissance qu’ils ont de la société – ils ajustent leurs actions en fonction de ces connaissances.
La connaissance de la société devient un facteur agissant sur la société elle-même et les représentations que les
acteurs ont de la société influent sur leur action. (c) Luc Boltanski et Laurent Thévenot abordent le problème des
formes de légitimité sur lesquelles s'appuient les acteurs pour accorder leurs actions ou pour justifier les critiques
qu'ils s'adressent. Les conventions qui permettent aux acteurs d'agir ou de vivre en commun s'organisent autour
des principes, de valeurs de référence auxquelles les acteurs sociaux font appel lorsqu'ils veulent manifester leurs
désaccords. C'est d'ailleurs souvent lors de conflits que se relèvent les valeurs et les normes tacites sur lesquelles
se règlent les conduites. Entretien avec Luc Boltanski, dans [Cabin, Dortier 2000, pp. 305 – 311].
Ce bref inventaire des approches différentes soutient en fait l'idée de l'homme pluriel de Bernard Lahire [2001]
qui, tout en faisant la critique d'une vision homogène de l'individu façonné par un ensemble cohérent de
principes (habitus, schèmes, normes, style de vie) mette en évidence l'artificialité de cette vision dès qu'elle est
confronté avec un cas réel – car un même individu pourrait se retrouver dans une multiplicité de rôles sociales,
parfois même contradictoires.

66
diversité des trajectoires, les phénomènes de mobilité sociale qui existent »71. Moins radical
que dans les classements abstraits, Raymond Boudon affirme lors d'un entretien « Je crois
effectivement que l'autonomie s'exerce à l'intérieur d'un système de contraintes absolument
évidentes »72.
Nous avons fait le choix pour la figure de « l'acteur » car notre analyse concerne les
acteurs qui participent à la création et à la mise en œuvre des politiques publiques. En même
temps, nous avons choisi d'appuyer notre analyse sur l'approche unificatrice des sociologies
constructivistes qui s'accordent sur la figure d'un acteur stratège, doté d'une « rationalité
limité », agissant à l'intérieur d'un système de contraintes. L'acteur est ainsi doté d'une marge
d'autonomie et d'une capacité de choix. Cette capacité de choix implique une aptitude à
raisonner (« réflexivité sociale »). Un autre aspect, qui résulte du fait de la rationalité de
l'acteur, est le sens qu'il donne à son action, dont les fondements seraient à chercher parmi des
intérêts et des valeurs.

La construction des problèmes et priorités des politiques publiques, un produit de


l’action volontaire des acteurs
Une définition minimale de la politique publique est citée par Pierre Muller [2000, p.23] :
« Une politique publique se présente sous la forme d'un programme d'action gouvernementale
dans un secteur de la société ou un espace géographique ». On peut définir ainsi la politique
urbaine comme « un programme d'action gouvernementale dans le secteur de l'urbain ».
Même si cette définition ne dit rien sur la genèse sociale des politiques publiques, elle
constitue le point de départ pour la définition du système d'action constitué autour d'une
politique publique en tant que système structuré, à l'intérieur duquel les acteurs agissent en
utilisant leurs marges de liberté.
Dans l'analyse des politiques publiques, l'acteur désigne celui qui agit, en tant que
acteur individuel ou collectif et qui a la capacité, en mobilisant de ressources, de participer à la
prise de décision. Pour être considéré acteur dans une politique publique, il doit contribuer au
processus politique et sa contribution doit avoir un impact ou une influence sur le résultat
[Boussaguet, Jacquot, Ravinet, 2004, p. 23]. De plus, la vision compréhensive des sociologies
constructivistes présume la capacité d'une politique publique à produire du sens et à gérer le
changement social. Les interprétations compréhensives insistent sur le fait que « à l'origine des
politiques publiques il y a, en principe, une combinaison inévitable d'idées et de pratiques »
[Baudoin, 1998, p. 292-293].
Vue sous cet angle, la notion de « mise à l'agenda » d’un problème public, désigne
l'étude et la mise en évidence de l'ensemble des processus qui conduisent des faits sociaux à
acquérir un statut de « problème public » ne relevant plus de la fatalité (naturelle ou sociale)
ou de la sphère privée, et faisant l'objet de débats et de controverses médiatiques et politiques.
L'émergence et la promotion d'un problème sont inséparables de processus cognitifs et
normatifs de définition et de qualification (ou de problématisation) qui donnent sens à ce
problème et conditionnent les termes des débats, du mode de traitement et des éventuelles

71
La notion d'acteur est essentielle mais le problème n'est pas d'opposer l'acteur au déterminisme", entretien avec
Michel Crozier, dans [Cabin, Dortier 2000, pp. 205 – 212]
72
« Je ne vois pas du tout l'opposition entre ces deux approches. Mais, il y a douze ou quinze ans, le déterminisme
était considéré comme un postulat essentiel des études sociologiques. Aujourd'hui, en revanche, il y a une
acceptation beaucoup plus large de la notion d'autonomie de l'acteur » dans Sciences Humaines, no. 29, juin
1993, [idem, pp. 173 – 179]

67
décisions. La manière dont un problème est construit conditionne pour partie les manières
pensables de le considérer et de le traiter. En ce sens, son étude conduit nécessairement à une
sociologie des perceptions et des représentations reposant sur le postulat qu'il n'y a pas de
« naturalité » des problèmes publics, mais que tout problème public est un construit social.
Quelle que soit la nature du problème, cette transformation est le produit de l'action
volontaire et organisée de nombreux acteurs (politiques, administratifs, professionnels,
médiatiques, opinion publique, etc.) en interaction et ayant tous un intérêt d'agir, même
différent d'un groupe à l'autre [Boussaguet, Jacquot, Ravinet, 2004, pp. 50-51].

Les acteurs des politiques publiques à Bucarest


Si nous avons pu opérer un choix pour tracer les grandes lignes de la figure de « l'acteur » qui
serait utilisée dans cette analyse, pour ce qui est de l'identification « des acteurs » qui
intervient dans les politiques publiques , une énumération générique a priori semble moins
fructueuse pour l'analyse. A la question : « qui agit dans les politiques publiques ? » la réponse
resterait floue dans ce point de l'analyse. Dans l'analyse classique des politiques publiques, les
acteurs sembleraient identifiables, surtout dans une vision « étatiste » : le processus de mise en
place d'une politique devrait concerner les élus et l'administration agissant pour « l'intérêt
général ». Dans la mesure où les systèmes de gouvernance actuels permettent un grand
nombre de formes de participation à la décision, l'identification a priori des acteurs est plus
difficile.
Pour ce qui est des politiques publiques locales à Bucarest, nous partons du constat
qu'elles concernent en grande mesure les administrations publiques et les élus, mais en même
temps, vu le processus de décentralisation et de reforme de l'administration publique même,
elles tendent à s'ouvrir à des nouveaux acteurs. Ainsi, pour commencer, l'analyse des acteurs
qui participent à la création des politiques publiques locales à Bucarest reviendra à analyser le
jeu des acteurs institutionnels impliqués: il s'agit des acteurs provenant des institutions
politico-administratifs au niveau local, régional, national et européen, les organisations
professionnelles, les entreprises privés, les associations. Cette énumération générique sera
précisée au cours de l'analyse, au fur et à mesure que les acteurs qui participent au processus
institutionnel d'urbanisation actuel à Bucarest seront identifiés. Les acteurs publics
appartenant à l'appareil politico-administratif de la Mairie de Bucarest sont à designer
immédiatement car ils se sont déjà exprimés à travers le programme d'action énoncé pour la
période 2000 - 2008, et aussi par une série d’action concrète. Ce sont les acteurs qui
participent au processus de mise à l'agenda de la « réhabilitation, reconstruction et
revitalisation urbaine à Bucarest ». Reste à voir, à coté de/s acteur/s représentant la Mairie,
dont une des attributions est la création et la mise en œuvre des politiques urbaines locales,
quel pourrait être la part des autres acteurs institutionnels dans ce processus.
Dans ce point de l'analyse, la configuration des acteurs – stratèges participant à l'action
n'est pas claire, elle reste à découvrir, car elle ne serait à déduire des lois universelles, mais de
l'analyse empirique. Cette démarche s'appuie sur l'analyse stratégique [Crozier, Friedberg,
1992] qui affirme l'existence du « système d'action concret » en tant que construit contingent
des acteurs, et pas comme une donnée naturelle. Par conséquent il n'est pas possible de
connaître d'avance ni sa configuration ni ses propriétés, qui sont, chaque fois, spécifiques et
contingentes. Selon l'approche de l'analyse stratégique, cette contingence ne serait que la
conséquence du caractère non asservi des systèmes humains et de la liberté d'action des
acteurs. Il s'agit ainsi de comprendre ce qui rend possible la coopération entre des acteurs
(individuels ou collectifs) et les processus par lesquels une situation d'interactions se stabilise.

68
En accordant une place prépondérante aux acteurs, cette démarche donne ainsi priorité aux
jeux des acteurs sur les structures. Ces dernières, qu’elles soient institutionnelles, sociales ou
cognitives, ne sont toutefois pas ignorées. Elles exercent une action contraignante sur les
acteurs, mais ceux-ci jouent avec elles, cherchant à conserver ou à accroître leur marge de
manœuvre [Boussaguet, Jacquot, Ravinet, 2004, pp. 67-68].
L'analyse stratégique décline les systèmes d'action concrète dans une multitude de cas
possibles qui varient selon le degré de structuration73, entre le système ou la régulation est
inconsciente et les cas où conscience et responsabilité sont formalisée autour des buts clairs.
Quant au degré de structuration, Crozier et Friedberg rappellent l'existence des situations
dans lesquelles les relations de pouvoir peuvent exister sans régulations. Ce cas là, ne modifie
pas le choix fait pour situer cette analyse qui vise le système d'action constitué autour de la
création d'une politique publique. Ceci est un système ayant une degré de structuration assez
forte (du moins pour ce qui est de la structure institutionnelle), existent des buts formulés et
une formalisation des jeux autour de ces buts, la conscience de participation à l'existence de
ces buts, et la responsabilité de certaines régulations est partiellement assumée, du moins par
les dirigeants. La recherche de « ce qui meut » l'acteur dans l'action (existence des objectifs et /
ou des intérêts) dans un système d'action concrète renvoie au problème de la rationalité de
l'action et implicitement, de la décision au sein de cette organisation – et nous revenons à ce
point à la problématique de la « rationalité limitée » de l'acteur.
Le « modèle de la rationalité limitée » d'Herbert Simon74 est centrée sur l'aspect
cognitif du problème. L'home serait incapable de suivre un modèle de rationalité absolue
parce qu'il ne peut pas appréhender tous les choix possibles, d'une part, et parce qu'il raisonne
séquentiellement et non pas synoptiquement, d'un autre part. Mais au lieu de mettre en
question la rationalité du décideur, H. Simon propose de bâtir un modèle à partir des données
empiriques que nous avons sur son comportement. Selon lui, le décideur ne cherche pas
l'optimum, la meilleure solution dans l'absolu75, qui est de toute façon hors de sa portée, mais
il cherche pourtant toujours une solution « rationnelle » - qui serait la première solution qui
répond aux critères de rationalité qui sont les siennes. Par conséquent, pour comprendre le
choix d'une décision, il ne faut pas chercher à établir la meilleure solution rationnelle, puis
essayer de comprendre les obstacles qui ont empêché le décideur de la découvrir ou de
l'appliquer. Il faut définir les options qui s'offraient à lui séquentiellement du fait de la
structuration du champ et analyser quels sont les critères qu'il utilisait consciemment ou
inconsciemment pour accepter ou refuser ces options.
Ces critères de satisfaction, en effet, ne sont pas des critères aléatoires personnels. Ils
procèdent d'un apprentissage plus que d'un choix arbitraire et répondent à la fois à de valeurs
culturelles largement répandues, aux conditions particulières des jeux que jouent des
décideurs au sein des systèmes d'action dont ils font partie et à des choix stratégiques
personnelles effectués par les individus en fonction du contexte.

73
« Le diagnostic de l'existence d'un système peut et doit se faire à partir de la constatation de relations de pouvoir
(entre les acteurs, n. n.). Le postulat implicite qui justifie notre raisonnement, c'est qu'il ne peut y avoir pouvoir
sans structuration et que structuration suppose régulation. » [Crozier, Friedberg, 1992, p. 249].
74
J.G. March et H. Simon, 1958, Organisations, dans [Crozier, Friedberg, 1992]
75
La « meilleure solution rationnelle en absolu » de Simon nous la considérons dans la même perspective que les
notions d’ utopie ou de modèle, mises en discussion auparavant ; voir supra, chapitres 5.2.1 et 5.2.2.

69
5.3. L'hypothèse de recherche.
Dans la perspective de l’utilisation du modèle de la ville durable et des bonnes pratiques de la
régénération urbaine promue par l’Union européenne, par les acteurs institutionnels des pays
membres, notre question de recherche pourrait être reformulé ainsi :

Qu’est ce que les principes et les bonnes pratiques du développement durable et de la


régénération urbaine définis au niveau communautaire, peuvent apporter à la construction
des priorités du programme d'action de la Mairie de Bucarest ? Mais aussi aux pratiques
d’urbanisation ?

Plusieurs questions sont contenus : la construction d'un problème et sa promotion dans le


cadre des politiques publiques, les motivations des acteurs qui participent et les effets de leurs
jeux, le rôle des modèles utilisés par les acteurs et leurs canaux de transmission.
Dans notre analyse, le choix que les acteurs urbains font parmi des normes ou images
de référence concernant la ville, à une époque, est analysé pour comprendre la construction
du référentiel des politiques urbaines à Bucarest. La construction de ce référentiel des
politiques locales en tant que « ensemble des normes ou images de référence » est considérée
comme un construit social- le résultat d’un processus cognitif et normatif, dans lequel les
acteurs urbains mobilisent des modèles de pensée et d’action dans le domaine de l’urbanisme.
Ces modèles ont néanmoins une dimension normative qui résulte dans la définition et
l’application des règles, ainsi que une dimension plus abstraite, cognitive, lié à une façon de
penser la ville, partagée et promue à une époque.

En ce qui concerne la dimension normative - les normes, elles seront considérés comme des
« règles communes d'application, de promotion ou de préservation des valeurs reconnues »76
dans le domaine de l'urbain. Le cheminement des normes entre les politiques et programmes
européens et politiques et programmes locales est a retracer analysant des processus de
l’harmonisation législative, de l’adoption de l’acquis communautaire en Roumanie, ou des
programmes financés par la Commission européenne.
Pour ce qui est de la dimension abstraite des modèles, son sens actuel semble être plus
proche de l'idéal type de Max Weber : « L'idéal type est un tableau de pensée. Il n'est pas la
réalité historique ni surtout la réalité authentique, il sert encore moins de schéma dans lequel
on pourrait ordonner la réalité à titre d'exemplaire. Il n'aura d’autre signification que celle
d'un concept limite, purement idéal, auquel on mesure la réalité pour clarifier le contenu
empirique de certains éléments importants et avec lequel on la compare ». Cette dimension
abstraite est plus diffuse et se retrouve dans l’ensemble des valeurs partagées par les acteurs
urbains suite à des processus cognitives, tels les échanges autour des recherches scientifiques
ou des pratiques d’urbanisation concernant des sujets qui font débat actuellement, que nous
avons décrit dans le chapitre dédié à l’internationalisation des problèmes de l’urbain en
Europe.

76
« […] les valeurs fournissent des repères stables de jugement pour une très grande variété d'objets et de
situations. Elles sont hiérarchisées entre elles et permettent de ce fait d'établir et de justifier des choix; autrement
dit, elles fonctionnent comme des critères relatifs de préférence lorsque se présentent plusieurs options.
Largement transversales aux groupes d'une même société, garantes de procédures de conformité, elle se
maintiennent inchangées sur de très longues périodes, assurant de ce fait la continuité de nombre d'institutions,
notamment politiques» [Falment, Rouquette, 2003, p. 18]

70
Dans la pratique, les techniciens, les élus surtout, actionnent dans le temps court et moyen,
pour eux, la capitalisation et la transmission des « bonnes pratiques » qui constituent des
leviers de l'action.
Des processus plutôt normatifs tels l’harmonisation législative, ou plutôt cognitifs tels
l'européanisation, soutenues et influencés par une production discursive de l'urbain
contribuent non à la reproduction des modèles rigides (dans le sens donné par Choay,1996)
mais à la dissémination des valeurs qui justifient les diverses utilisations des modèles au sein
du système représenté par l'Union européenne.

Dans cette perspective, la réponse à la question de recherche est l'hypothèse suivante, qui
constitue l'hypothèse de recherche :

L'internationalisation de la problématique du développement urbain durable au sein des


pays de l'Union européenne pourrait orienter la formulation des priorités du
développement urbain à Bucarest, à travers :

1. Les politiques européennes concernant le développement urbain durable, en


tant qu’encadrement (structurant contraintes et opportunités) pour le renouvellement
des pratiques d'urbanisation à Bucarest.
2. Les normes et les pratiques européennes de la régénération urbaine, qui
pourraient orienter en tant que modèles, la formation du référentiel théorique des
actions à Bucarest.

Nous pouvons la représenter au travers du schéma suivant :

DEVELOPPEMENT DURABLE

LES POLITIQUES EUROPEENNES DE


contraintes opportunités COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE modèles

Pour un renouvellement des Pour la formation d’un


pratiques d’urbanisation à référentiel des actions à
Bucarest Bucarest

LES PRIORITES DU DEVELOPPEMENT


URBAIN A BUCAREST

LES NOUVELLES POLITIQUES


PUBLIQUES

Tout en gardant la démarche de l'analyse stratégique présentée auparavant, nous précisons


que cette hypothèse constitue le point de départ de l'analyse des jeux d'acteurs participant à la
création et la promotion de la politique de régénération urbaine à Bucarest.

71
Cette hypothèse pourrait être infirmé dans le cas où la formulation des politiques urbaines à
Bucarest en tant que telle et sa mise sur l'agenda de la Mairie n’aurait rien en commun avec les
processus d'harmonisation et d'européanisation décrites auparavant. Cependant cette analyse
ne se limitera pas qu’à la compréhension des conditions d'émergence des politiques urbaines à
Bucarest, l'hypothèse concernant celle-ci étant juste le point de départ. Cette hypothèse sera
amenée à évoluer, car le but de l’analyse est de comprendre à travers le jeu des acteurs, le
fonctionnement du système d'action crée autour de ces politiques urbaines émergentes. Les
hypothèses vers lesquelles cette analyse évoluera, concerneront le fonctionnement de ce
système d'action composé par les acteurs urbains qui intervient à Bucarest dans la création et
la promotion des politiques de « Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine ».

72
6. Méthode et terrain de recherche

6.1. Argument pour une méthode basée sur la confrontation du discours et


des pratiques des acteurs urbains.
Les théories choisies et mobilisées en pratique par les décideurs sont officialisées à travers le
discours politique. Le discours politique est un discours producteur de sens - car il s'agit d'une
vision du monde qui est produite ainsi, destiné au grand public. Ces théories
institutionnalisées et les pratiques qui s'en dégagent, constituent l'objet de cette analyse qui se
propose d’éclairer l'émergence des politiques urbaines actuelles à Bucarest.
L'analyse des processus cognitifs qui sont à la base de la définition et de l'émergence
d'un problème, conduit donc nécessairement à une sociologie des perceptions et des
représentations des acteurs qui participent – appelons-les des entrepreneurs politiques ou des
acteurs médiateurs. Comment pouvons-nous dévoiler leurs perceptions et leurs
représentations du monde social dans lequel ils évoluent, ainsi que du secteur (l'urbain pour
cette analyse) dans lequel ils essayent de placer des couples problème - solution ? L'analyse des
récits des politiques publiques pourrait nous donner sinon la réponse, au moins un outil de
l'analyse des relations de pouvoir entre les acteurs.
Les récits des politiques publiques représentent une forme que revêtent les éléments
cognitifs attachés à une politique publique. Ils peuvent aussi donner de la substance, fournir
des normes de comportement, dramatiser un contexte ou créer une tension dramatique à
l'intérieur d'un référentiel. Radaelli [2000] illustre cette tension dramatique et montre
l’exemple d’Italie, durant la marche pour intégrer la zone euro (1992-1997), quand le récit
suscité par le processus de l’union économique et monétaire (l’UEM) a souligné le rôle de ce
processus en tant que contrainte externe. A de nombreuses occasions, les Premiers ministres
ont évoqué un « scénario catastrophe » invoquant la marginalisation de l'Italie en Europe,
l'instabilité totale du système politique et une économie partant en lambeaux. Ce type de récit
évoquant un « scénario catastrophe » est facilement reconnaissable dans le discours du
Programme de développement de la ville de Bucarest. 2000-2008 : l’état actuel du Bucarest est
en contradiction avec ce qui est une capitale Européenne et retarder sa modernisation
amènerait à la marginalisation de Bucarest par rapport aux villes capitales européennes96.
Les récits ont une dimension temporelle dans le sens qu'ils donnent une signification
au présent et suggèrent ce qui devrait être fait dans le futur. Dans cette perspective, les récits
sont une ressource cognitive utilisée par un acteur ou une coalition et un élément du contexte

96
« […] l'état général (de la Capitale) est loin de répondre aux exigences techniques, économiques, écologiques,
esthétiques, culturelles etc., imposées par la politique de développement de type européen » traduction du
roumain. Une analyse détaillée du récit du Programme est faite dans le chapitre dédié aux « Représentations et
pratiques du projet de réhabilitation urbaine à Bucarest » [Programme de développement de la ville de Bucarest.
2000-2008]

73
cognitif. En tant que tels, ils peuvent aider à faire le lien entre le jeu d'acteurs et la structure
« bridge between agency and structure » [Radaelli, 2000].
Les récits jouent un rôle dans le processus de décision quand les conditions
d'incertitude empêchent l'utilisation des modes de connaissance scientifique. L'explication est
un élément crucial dans les récits; la principale différence tient dans le fait que l'explication est
démontrée dans le monde de connaissance scientifique, alors qu'elle est seulement montrée
dans le monde des récits. L'incertitude scientifique est ainsi convertie en certitude politique
par le biais d'histoires causales devenus dominantes dans un sous-système de politique
publique97. Ainsi, une des fonctions déterminantes du récit serait de stabiliser des hypothèses
nécessaires à l'action dans un domaine dominé par une grande complexité et par l'incertitude.
Une objection raisonnable à l'idée de considérer les arguments, les idées, les
paradigmes des politiques publics et les récits comme des composantes d'une politique
publique serait que tous ceux-ci ne représentent que le haut de l'iceberg « politique publique ».
Ce qui détermine les idées ne serait les intérêts camouflés sous la partie submergée de
l’iceberg ?
Une réponse à cette objection serait que la prise en compte de ces variables (les
arguments, les idées, les paradigmes des politiques publics et les récits) constitue une méthode
pour l'étude empirique du pouvoir. Dans les conditions d'incertitude et de polarisation au sein
d'un système d'action, le conflit entre un récit et un autre est un conflit de pouvoir dans le
processus politique. Des récits dominants face à des récits moins populaires contribuent à
instituer et / ou signifient des relations de pouvoir asymétriques.
Pour aller plus loin, nous nous attachons à la démarche de l'épistémologie positiviste
qui requiert la partition du monde social entre deux régions, l'une qui serait immédiatement
accessible et par là même « suspecte », l'autre qui serait opaque et par là même riche de sens.
Gaston Bachelard a remarquablement résumé cette antinomie : « il n'y a de science que
cachée » et en incitant les chercheurs à observer attentivement à l'endroit des représentations
nécessairement superficielles du sens commun. Plus concrètement, la sociologie doit sans
cesse démêler les intentions publiquement affichées par les acteurs de la vie sociale et les buts
qu'ils poursuivent effectivement. […] dévoiler au-delà des discours apparemment les plus
nobles le travail opiniâtre des « intérêts », le déploiement indéfini des « stratégies »[…] passer
outre aux motifs invoqués par les individus y distinguant des « rationalisations » ou encore
des « légitimations » destinées à « dissimuler les vraies motivations » [Baudoin,1998, p. 25].
Par la suite, nous allons analyser ces deux dimensions : la rationalité de surface,
transmise par le discours institutionnalisé sur l'urbain, et le jeux d'acteurs – la partie qui reste
à dévoiler pour comprendre le processus de légitimation et de rationalisation du ce discours,
pour interroger ensuite le rapport entre le discours et l'action. Ceci pourrait être résumé dans
le schéma suivant :

97
"si les pays sont convaincus que le risque du scénario apocalyptique est réaliste (…) des actions doivent être
mis en œuvre maintenant" [Radaelli 2000]. Dans ce contexte, nous rappelons les scénarios apocalyptiques
concernant le développement durable (du type - soit on fait le développement durable soit on se dirige vers une
catastrophe écologique, inconscience par rapport à l'avenir de nos enfants, etc.), véhiculés à l'occasion des
congres ou des publications.

74
énonciation des valeurs, idées,
analyse du concernant l'urbain;
discours référentiel de l'action, modèles
univers symbolique
rationalité de surface

interroger les écarts


/
logique cachée (pas encore dévoilée) comprendre la relation

actions et effets produits


analyse du sur l'urbain;
contraintes et
jeu des acteurs opportunités de l'action
univers pratique

Cette structure ambivalente pourrait être analysée à travers les productions discursives de
l'urbain98. Nous avons présenté dans la première partie les discours sur le développement
durable et la régénération urbaine tels qu’ils sont institutionnalisés par l’Union européenne.
Ensuite, nous allons retracer le fil rouge des normes et les pratiques définis au niveau
européen autour de ces notions, dans les récits sur l’urbain produits en Roumanie : dans des
actes normatifs, des textes des politiques publiques au niveau national et local, textes des
études produits par les spécialistes, de l'administration publique, pour continuer ensuite avec
l'analyse des récits produits par les autres acteurs du système d’action formé par le projet
intégré de réhabilitation du centre historique à Bucarest.
Vu que les notions de développement durable et régénération urbaine se retrouvent
dans des récits produits au niveau national ainsi que au niveau local, nous allons interroger la
cohérence du discours local avec le discours national et aussi avec le discours communautaire
sur l’urbain. En fin, nous allons confronter les récits sur la régénération urbaine avec les
pratiques des acteurs impliqués dans un projet de régénération urbaine – qui concerne le
centre historique de Bucarest.

6.2. Construction de la méthode d'analyse.

6.2.1. Rappel des objectifs de la recherche :


a. Clarifier les notions de développement durable et régénération urbaine.
b. Comprendre les bonnes pratiques européennes de la régénération urbaine ainsi que leur
rapport avec les pratiques des acteurs urbains en Roumanie.
c. Comprendre l’impact de l’adhésion à l’Union européenne sur la définition des priorités et
du contenu des politiques urbaines en Roumanie.

98
Un court rappel historique éclairait cette prise de position : Françoise Choay [1996, p. 46] met en évidence
cette ambivalence dans l'œuvre de Haussmann, qu'elle considère comme « l'archétype de celle de l'administration
moderne ». Dans ses Mémoires (parus en 1890 et 1893, après la mort du Préfet. Republiés aux éditions du Seuil,
2000), le préfet de Paris justifie et rationalise toutes ses décisions: « La double appartenance des écrits
haussmanniens à une rationalité universelle de surface et à une logique occulte, qui est essentiellement celle d'une
économie, préfigure et éclaire la duplicité des textes administratifs actuels. Dans ceux-ci on lira à la fois un
discours rationnel, marqué au coin des théories urbanistiques que l'administration ne craint pas de citer, et
l'expression, que ce discours masque, soit des décisions politiques, soit du libre jeu d'institutions et de procès
sociaux non discursifs »

75
d. Comprendre l’appropriation des notions théoriques et des normes du développement
durable et de la régénération urbaine par les acteurs urbains en Roumanie, et notamment
à Bucarest, intervenant dans des projets qui portent le label régénération urbaine.

6.2.2. Choix du terrain d’étude.


Nous avons choisi comme terrain d’étude le projet de régénération du centre historique à
Bucarest. Comme nous l’avons mentionné dans l’Introduction de la thèse, en Roumanie il y a
très peu de projets de régénération urbaine réalisés. Il y a plus de matériel d’analyse du coté de
la production discursive sur la régénération urbaine que du coté des réalisations effectives.
Le cas de Bucarest est particulier, d’abord pour le statut de capitale que la ville a parmi
les autres villes du pays ce qui accentue les enjeux liés à la construction d’une image de
marque (« capitale européenne »), et ensuite pour le fait que le projet est le premier de ce type
à Bucarest, et il est en construction. De plus, il ne peut pas être associé avec une seule
opportunité de financement, un seul programme européen ou national. C’est un projet dont la
construction s’étale sur plus d’une décennie, et le récit produit autour de lui a accompagné les
transformations politiques, économiques et sociales qui ont influencé la transformation de la
ville après la chute du communisme. Plus précisément, nous pourrions dire que la
construction de ce projet99 a été d’une certaine façon le miroir des transformations produites
dans le domaine de l’urbanisme durant ces dernières années, ainsi que du processus
d’apprentissage des nouvelles règles et pratiques d’urbanisation, auxquels les acteurs urbains
ont été soumis.
Pour rappeler les idées principales, la Mairie de Bucarest a décidé d'intervenir sur les
parties de la ville qui se retrouvent difficilement parmi les demandes des investisseurs.
N'arrivant à sortir toutes seules de cette situation, ces parties : zones déstructurées, centre
historique, quartiers d'habitat collectif, nécessitent le support du pouvoir public [Programme
de développement de la ville de Bucarest. 2000-2008]. Ce qui fait la différence des initiatives
antérieures de revitalisation du centre historique, est que la Mairie a exprimé sa volonté d'agir
sur la ville et de plus, a énoncé parmi les priorités d'action qu'elle s'est donnée jusqu'au 2008 :
«la réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest». Cette priorité s'inscrit
dans un objectif général de la Mairie : faire le développement urbain durable. C'est-à-dire que
la Mairie ne se concentre pas seulement sur un territoire de la ville pour lequel est apparue
une opportunité d’intervention, mais sur une typologie de territoires qui sont confrontés à un
ensemble des problèmes qui commencent a être considérés des problèmes publics. Autrement
dit, la question de la déshérence des zones de la ville a monté sur l’agenda public. Le texte du
Programme de développement de la ville de Bucarest pour 2000-2008 illustre cette
préoccupation des autorités publiques pour une vision d’ensemble de l’intervention sur la
ville. Néanmoins, dans le texte du Programme, les problèmes ne sont des fois que
partiellement énoncés, ainsi que les actions à entreprendre pour les résoudre.
Les terrains d'intervention définis par la Mairie dans son Programme, sont les zones
protégées – parmi lesquels l’attention du pouvoir publique concerne pour le moment que le
centre historique, les zones déstructurés100 et les quartiers d'habitat collectif.

99
Nous faisons référence au discours sur les principes et les pratiques d’interventions pour régénérer le centre
historique de Bucarest, car depuis les années 90, tout qui a été produit autour du centre historique est resté au
niveau du discours politique ou technique. Aucun projet complexe n’a pas été mis en place jusqu’au là.
100
Plusieurs zones de ce type existent à Bucarest, et elles sont le résultat des démolitions des années 80. La plus
grande est la zone sur laquelle on a fait la table rase pour y installer le nouveau centre civique, resté inachevé à la
chute du communisme. Cette zone s’appelle actuellement Bucarest 2000, selon le concours international organisé

76
La réhabilitation des quartiers d'habitat collectif a sa problématique particulière et fait l'objet
d'une thèse en cours101. La régénération urbaine de la zone de l'ancien centre civique a fait
l'objet en 1996, du concours international Bucarest 2000, mais aucune poursuite notable n'a
été donnée à cette démarche qui à l'époque du concours a réussi à réunir des acteurs divers :
des spécialistes, la Mairie, le Gouvernement, des entreprises privés. Pour le moment, la Mairie
n'a pas encore formulé une stratégie d'intervention pour cette zone. Ce problème ne se trouve
pas encore sur l'agenda décisionnel de la Mairie.
Le centre historique est le seul à faire actuellement l'objet d'un projet complexe de
réhabilitation urbaine intégrée, initié par la Mairie. Ce projet est devenu visible car beaucoup
médiatisé dans la presse, à partir du 2003. Pour le moment, il est le seul projet qui, selon son
contenu, peut être encadré dans une démarche de projet européen de régénération urbaine, et
il est le seul projet de ce type qui est arrivé à Bucarest dans la phase opérationnelle.

Présentation du terrain d'étude - le périmètre d'intervention


Le terrain d'étude est constitué par le centre historique de Bucarest, territoire délimité par un
arrêté gouvernemental, OG 77/2001. Le territoire ainsi délimité ne circonscrit pas tout le tissu
urbain historiquement constitué, il est plutôt un découpage qui délimite un terrain
d'intervention, résulté d’une décision prise à un certain moment.
Le Programme de la Mairie et le projet de réhabilitation urbaine intégrée concerne
tout ce périmètre, délimité par OG 77/2001 (arrêté gouvernemental), mais actuellement un
projet de réhabilitation de l'infrastructure est en cours, localisé dans un périmètre plus
restreint, qui sera identifié par la suite comme la zone du Projet Pilote. La période de cette
étude est fixée entre 2001 et la fin de 2006. Une précision est à faire : des projets et des actions
visant le centre historique ont eu lieu avant 2001 aussi, le ce projet a été choisi comme terrain
d’étude car il a été défini comme « réhabilitation urbaine intégrée ». Cependant, ce projet ainsi
formulé, ne pourrait pas être compris sans être mis en lien avec les autres projets, actions et
études élaborées à partir des années 90, concernant le même territoire. Plus de précisions sur
ces projets seront apportées dans la deuxième partie de la thèse – dans l'analyse de l'étude de
cas.
Le terrain d'étude est localisé par rapport à la ville et à la zone centrale ainsi :

en 1996 pour trouver une solution de régénération urbaine de ce territoire. Le Programme de la Mairie ne cite
quand même pas d’autres zones à part Bucarest 2000, et les actions à entreprendre à fin de réhabiliter ce type de
zones, ainsi que les objectifs stratégiques sont formulés exclusivement par rapport à ce territoire et dans les
mêmes termes qu’en 1996, à l’occasion du concours.
101
Marin Vera, « Politiques de l’habitat et de planification urbaine - amélioration de la qualité de l’habitat
collectif à Bucarest ».

77
Localisation de la zone centrale, correspondant à la ville de XIXème, et du centre historique délimité par OG
77/2001, dans la ville de Bucarest

Détail de la localisation du Projet Pilote dans le centre historique dans la ville de Bucarest, délimité par OG
77/2001. Ce Projet Pilote est actuelement en cours – plus precisement, l'étape de la réhabilitation de
l'infrastructure.

78
Présentation du terrain d'étude – l’évolution historique de la zone.

La ville de Bucarest est apparue à l’entrecroisement des routes commerciales qui liait dans le
XIVème siècle les résidences princières situées au pied des Carpates et la Moldavie avec les cités
situés au bord du Danube. Dans le point de croissement de ces routes avec la rivière de
Dîmboviţa, une fortification existait à l’époque, sur la rive droite. Sur cette fortification qui a
brûlée dans le XVème siècle, Vlad Tepes a fait construire la première Cour, entre 1458 – 1459
[Lascu, Bratuleanu, Nistor, 2002, pp. 8-10]. La première attestation documentaire de la ville de
Bucarest date de 1459.

nou

Sf. Gheorghe
vechi

Ruines de l’Ancienne Cour (Curtea Veche)

Zone approximative occupée par l’Ancienne Cour dans le XVIIIème siècle (cf. Plan Ernst
1791 et Plan Purcel 1780-1791)

Les églises sont les seuls édifices en maçonnerie qui ont demeurée dans cette zone. Elles
représentent les points autour desquelles se sont agencée les quartiers – des unités paroissiales
à l’époque. Les églises de l’Ancienne Cour et celle de Sf. Gheorghe vechi (Saint Georges
l’ancien) datent depuis 1559 respectivement 1562. Vu leur ancienneté ainsi que les
découvertes archéologiques, les historiens de la ville les considèrent comme le lieu d’où la ville
a commencé son agencement [Harhoiu, 1997, p.31 ; Lascu, Bratuleanu, Nistor, 2002].
A partir du XVIème siècle les princes commencent à s’installer avec leur Cour à
Bucarest, et la construction de Vlad Tepes connaîtra des extensions. Dans la proximité de la
Cour les commerçants autochtones et étrangers s’installent avec leurs commerces et leurs

79
ateliers. Les rues vont prendre le nom des activités des artisans, qui sont gardées jusque
aujourd’hui : Cavafi (cordonniers), Blănari (fourreurs), Covaci (forgerons), Şelari (selliers),
Şepcari (casquettiers).
Un document datant de 1563 atteste une activité commerciale fleurissante dans le
voisinage de la Cour, et un autre, datant de 1589 mentionne pour la première fois, la rue de
Lipscani sous le nom de « Uliţa Mare » (La Grande Rue) [Lascu, Bratuleanu, Nistor, 2002, p.
10].
Durant le XVIIème siècle la Cour sera
agrandie par le prince Brâncoveanu (prince de la
Valachie durant1688 – 1714) telle qu’elle est
représentée dans les plans Ernst et Purcel (voir plan
page 79). Durant son règne, une période de paix a
permis le développement du commerce et
l’apparition d’une couche très riche et puissante de
commerçants. Ils achètent des terrains vendus par
les boyards et les monastères des terrains dans la
proximité de la Cour et y construisent des
caravansérails qui rivalisent en richesse avec les
auberges des monastères. Les caravansérails qui
existent encore dans la zone sont : Hanul cu Tei
(aujourd’hui des magasins des antiquaires), Hanul
lui Manuc (aujourd’hui hôtel), Hanul Gabroveni
(aujourd’hui en ruine).
En 1717 la Cour brûle dans un incendie et
elle est encore avariée par un tremblement de terre Hanul Manuc
en 1737. Apres ces événements la Cour a été
abandonnée, les princes se sont installés ailleurs,
dans la ville.
A milieu du XVIIIème siècle, la zone du
centre historique renforce son caractère
commercial et se mentiennent comme telle
jusqu’au XIXème siècle. La rue de Lipscani due son
nom à la présence des nombreux commerçants et
marchandises provenant de Leipzig, ou de l’ouest
de l’Europe. La zone a aussi un fort potentiel
immobilier à cause de sa position et de l’essor des
activités commerciales. En 1792 le terrain de
l’ancienne Cour est vendu et seulement une zone
restreinte est préservée – aujourd’hui c’est le Musée
de l’Ancienne Cour.
A partir du début du XVIIIème siècle la ville qui se
développait jusque là vers N-E, au long de la route
Calea Mosilor, et vers le Sud, au long de la
Rue Lipscani
Dimbovita, commence à orienter son
développement surtout vers le Nord. En ce qui concerne la zone du centre historique,
l’ouverture en 1692 de la rue nomée Podul Mogosoaiei qui deviendra plus tard Calea
Victoriei, va changer la balance de l’intérêt pour l’ancienne zone commerciale vers une autre,

80
plus moderne, situé au long de Calea Victoriei. A
partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, des
bâtiments représentatifs pour les institutions l’Etat
du XIXème - des sièges des institutions construites par
des architectes français ou roumains diplômés de
l’école des Beaux Arts de Paris seront construites au
long de Calea Victoriei. Les commerces et les hôtels
correspondant à la ville moderne qui est en train de
naître à l’époque sur les fondations byzantines,
déplacent l’intérêt du centre historique vers les
artères modernes qui sont embellies sinon tracées à
l’époque.
En ce qui concerne le centre historique, dans
ème
le XIX siècle ont lieu des événements destructifs –
en 1802 un tremblement de terre secoue la ville,
durant lequel la majorité des anciennes églises
s’effondrent ou au perdent les tours. En 1847 « le Calea Victoriei, photo ancienne
grand feu » brûle les maisons situés sur la rue de
Lipscani jusqu’au Saint Georges, ensuite en 1864 un
autre incendie fait ravages durant 24 heures.
Dans les années 40 du XXème siècle, le
boulevard I. C. Bratianu (faisant partie des boulevard
N-S) coupe le centre historique en deux, coupure qui
serait accentué durant les années 50 – 60 quand des
immeubles d’habitations ont été construits, et dont
l’hauteur et l’échelle (des barres R+7, R+8) ont
accentué la coupure du boulevard. Si durant les
années 60-70 une préoccupation pour la restauration
du patrimoine a existé et a eu comme résultat la
restauration des bâtiments monuments historiques
dans la zone, après la dissolution de la Direction
pour le Patrimoine National et Cultural (en 1977)
tous les chantiers de restaurations ont été arrêtés. Le
centre historique était destiné aux démolitions. La
chute du communisme survenue en 1989, a empêché
la poursuite de la table rase commencée dans le sud
du centre historique, sur 500 ha qui était déjà
devenus le nouveau Centre Civique.
Le centre historique, derrière les immeubles
d’habitat collectif du Boulevard I.C.

81
Vue de la rue Lipscani, depuis le boulevard I.C. Bratianu. Photo d’époque et photo actuelle.

82
La protection des monuments historiques dans la zone du centre historique.
Sur le territoire délimité par l’OG 77/2001, plusieurs zones protégées peuvent être identifiées.
Ces zones ont été circonscrites et réglementées dans le cadre du « PUZ zones construites
protégés » élaborée par CCPEC – UAUIM en 1999. Dix zones se retrouvent sur notre terrain
d’analyse et le couvrent en totalité : zone 01Mosilor (Calea Moşilor), zone 04 Bratianu
(Boulevard I.C. Bratianu), zone 05 Carol (Boulevard Carol), zone 06 Elisabeta (Boulevard
Regina Elisabeta), zone 08 Botev (Boulevard Hristo Botev), zone 16 Victoriei (Calea Victoriei),
zone 26 Lipscani, zone 27 Stavropoleos, zone 30 Colţei.
Sur le territoire du centre historique existent des bâtiments, lotissements et ensembles
protégés, en conformité avec la Liste des monuments historiques de 1992. En conformité avec
la Loi des monuments historiques 422/2001, existent deux catégories de protection – les
monuments d’architecture (cf. Liste de 1992) sont classée dans la catégorie A, et les bâtiments
avec une valeur culturelle ou architecturale locale, sont classés dans la catégorie B102. Les
élaborateurs du PUZ du centre historique montrent que en représentant des zones des
protections de 100 m autour des monuments historiques, ont constaté que la zone est
couverte par ces zones de protection. « Nous avons pu constater que la distribution des
bâtiments classés dans les catégories de protection couvre toute le territoire avec des zones de
protection, ce qui démontre encore une fois, l’importance de ce territoire du point de vue des
valeurs du patrimoine » [Lascu, Bratuleanu, Nistor, 2002, p.7]. Par conséquent, les
réglementations pour les interventions dans le centre historique ont été établies dans le
respect de la forme urbaine et architecturale existantes. Occupation du sol, hauteur des
bâtiments, matériaux utilisés, devront respecter et s’encadrer dans la typologie de l’existent.

Cependant, actuellement plusieurs bâtiments sont soit dans un état avancé de dégradation :

bâtiments, rue Lipscani

102
Cf. à loi 422/2001, chap. Monuments historiques, art7, dans la groupe A – sont classés les monuments qui ont
une valeur nationale et universelle, et dans la groupe B, les monuments représentatives pour le patrimoine
culturel local

83
…soit ont été gravement endommagés lors des incendies déclanchés ces dernières années :

Rue Smirdan Hanul Gabroveni

Les interventions opérées sont peu soucieuses de l’architecture de l’immeuble ou du contexte :

Rue Blănari

84
Boulevard I.C. Bratianu

Boulevard I.C. Bratianu Calea Moşilor

85
Calea Victoriei

Des anciennes caves qui ressortent sous des immeubles démolies sont devenues des lieux de la
récupération de la brique :

Ruines entre les Rues Lipscani-Gabroveni

86
Tandis que très peu a été restauré.

Rue Soarelui
Près de Curtea Veche Eglise Stavropoleos

Eglise Stavropoleos

87
Rue Stavropoleos, vue vers l’église. Rue Stavropoleos, vue vers le C.E.C.

6.2.3. Les récits produits sur la régénération urbaine du centre historique de Bucarest.
A. La méthode d’analyse.
Plusieurs récits ont été produits sur la régénération du centre historique à Bucarest :
− La presse quotidienne et spécialisée a traité du centre historique de Bucarest, chaque
fois que le sujet a fait surface – des concours, des projets politiques, des événements
culturels, ou simplement le constat de la dégradation progressive de la zone. Une
centaine d’articles parus dans les journaux ont été recensée pour la période 2005-2006.
− Nombreuses études initiées par la Mairie, par l’Université d’Architecture, par des
bureaux d’études ou bien par des ONG ont fait l’analyse et ont établi un diagnostique
des problèmes de la zone. Suivant l’époque, l’identification des problèmes et la
formulation des solutions ont connu des variations dans la terminologie utilisée mais
aussi dans la complexité des champs d’analyse.
− Plus récemment, après l’année 2000, la question de la régénération du centre
historique de Bucarest a commencé à faire le sujet des documents nationaux et locaux,
tels que des actes normatifs, des documents stratégiques, des textes des politiques et
programmes publics.
− A ces sources ont étés rajoutés les entretiens que j’ai effectué 103 auprès une vingtaine
des acteurs urbains participants dans le système d’action constitué par le projet actuel
de régénération du centre historique.

L'analyse de contenu [Quivy, Van Campenhoudt, 1995] a été l'instrument méthodologique


utilisé pour l'exploitation de ces récits sur l'urbain.
Pour les articles de presse et le programme d'action de la Mairie de Bucarest, une
analyse de contenu a été effectuée afin d'établir les thèmes principaux et secondaires du récit,
et plus précisément quels sont les thèmes qui apparent dans le discours et dans quelles

103
Les entretiens ont étés faites et exploités par moi-même.

88
relations se situent-ils. Par l’analyse de cette relation, ont été mis en évidence les objets
principaux du discours - appelés les référents noyaux – RN, [Ghiglione, Matalon, 1998, p.187],
des actions qui leurs sont associés, les destinataires des ces actions, les objectifs, et les valeurs
mobilisées dans l’argumentation. L’analyse détaillé fait partie du chapitre « Les mots clés des
politiques publiques roumaines : développement durable, valeurs européennes, Bucarest -
capitale européenne », dans la troisième partie de la thèse.

B. Les entretiens - motivation du choix méthodologique


La documentation étudiée dans les archives et les articles parus dans la presse, m’a indiqué les
premières pistes d’analyse du discours officiel des acteurs institutionnels, concernant leurs
intentions déclarées ainsi que le cadre de référence de leurs actions.
Pour analyser le rapport entre ces récits et les pratiques des acteurs, j’ai effectué des
enquêtes auprès des acteurs du projet de réhabilitation du centre historique à Bucarest. Ces
enquêtes ont été des entretiens, car l'entretien fait construire un discours - bien que construit
par un processus interlocutoire - le prolongement d'une expérience concrète ou imaginaire
[Blanchet, Gotman, 1992, p.40]. L'Entretien s'impose chaque fois quand on ignore le système
de référence, ou que l'on ne veut pas décider a priori du système de cohérence interne des
informations recherchées. L'entretien convient à l'étude de l'individu et des groupes restreints
[idem].

En tant que processus interlocutoire, l'entretien est un instrument d'investigation spécifique, qui aide
donc à mettre en évidence des faits particuliers. L'enquête par entretien est l'instrument privilégié de
l'exploration des faits dont la parole est le vecteur principal. Ces faits concernent les systèmes de
représentations (pensés construites) et les pratiques sociales (faits expériences).
L'enquête par entretien est ainsi particulièrement pertinente lorsque l'on veut analyser le sens que les
acteurs donnent à leurs pratiques, aux événements dont ils ont pu être témoins actifs; lorsque l'on veut
mettre en évidence les systèmes de valeurs et les repères normatifs à partir desquels ils s'orientent et se
déterminent. Elle aura pour spécificité de rapporter les idées à l'expérience du sujet. [idem, p.27]

Les entretiens ont été effectués en Roumanie et ils ont été formulés de manière à fournir de la
matière d’analyse pour répondre aux objectifs de recherche (résumés dans les pages 75 – 76).
Ainsi, j’ai effectué des entretiens auprès de trois catégories des acteurs urbains
institutionnels, c'est-à-dire des acteurs qui participent directement ou potentiellement à la
prise de décision dans le projet : groupe 1- les universitaires, groupe2 – les représentants de
l'administration publique centrale et locale, groupe 3 – les acteurs potentiels – ONG,
entreprises privées, autres.
Les entretiens ont interrogé les représentations et les pratiques des acteurs urbains.

Ces enquêtes, qui visent la connaissance d'un système pratique (les pratiques elles-mêmes et ce qui les
relie : idéologies, symboles, etc.), nécessitent la production de discours modaux et référentiels, obtenue à
partir d'entretiens centrés d'un part sur les conceptions des acteurs et d'autre part sur les descriptions
des pratiques.[idem, p.33]

Dans un premier temps, j’ai104 été intéressée à voir, à un niveau plus général, s'il y a relation(s)
entre les représentations du développement durable et les actions des acteurs urbains à
Bucarest. Ensuite, j’ai estimé que, en ce qui concerne les acteurs à Bucarest, il y aurait

104
Il s’agit de mon démarche en tant que chercheur et les hypothèses sur lesquels j’ai construit une méthode
d’analyse, ainsi que ses réajustements opérés en fonction des données du terrain et des situations auxquelles j’ai
du adapter la méthode envisagée au départ.

89
plusieurs degrés d'abstraction dans les représentations, d'où la variété du vocabulaire mobilisé
dans les discours officiels. Dans ces discours (techniques ou politiques), les universitaires
parlent de développement durable et de réhabilitation urbaine intégrée, la Mairie aussi, mais
encore de régénération urbaine, réhabilitation et revitalisation urbaine, ville européenne, de
normes européennes. Cette « ville européenne » que doit devenir la ville de Bucarest semblait
la notion la plus consensuelle. Elle se retrouve dans les articles de la presse, aussi que dans le
langage des fonctionnaires. C'est à dire, si le développement durable ou réhabilitation urbaine
intégrée restent des notions assez cryptées pour le grand public, la ville européenne semble un
lieu commun, car toute le monde s'y retrouve plus facilement, ou, du moins, semble avoir une
idée, une représentation de ce que c'est. Sans savoir ce que chacun se représente de cette « ville
européenne », peut-être pas forcement la même chose, cependant un question émergeait déjà :
Pourrait – elle (la ville européenne) être la préfiguration d'un référentiel commun ?

C. L'objectif des entretiens :


− Mettre en évidence les représentations que les acteurs se font de ce qui doit être la
réhabilitation du centre historique de Bucarest ainsi que leurs actions menés dans ce
sens.
− Mettre en évidence l'existence ou l'absence d'un référentiel commun pour les acteurs
urbains à Bucarest. Si ce référentiel ne serait pas tout à fait défini, autour de quoi
pourrait-il prendre forme, afin qu'il soit capable de mobiliser des acteurs avec des
intérêts, temporalités et échelles d'action différentes ? S'il y a un référentiel commun,
en quoi relève-t-il du développement durable ou d'autres notions/ prénotions105
(lesquelles) ? Et comment ce référentiel oriente les pratiques des acteurs urbains ? Cela
pourrait confirmer ou infirmer l'hypothèse. En fait, plusieurs aspects pourraient
émerger de ces entretiens :
1. S'il y a référentiel commun de l'action à Bucarest.
2. Si ce référentiel relève du développement durable ou bien d'autre chose.
3. Si il n'y a pas un référentiel commun d'action, de quoi relève les
représentations que chaque acteur se fait sur ce qui serait la réhabilitation du
centre historique ?
4. Avec ou sens référentiel commun, comment et pourquoi les acteurs font ce
qu'ils disent qu'ils font ? (Quelles pratiques ?)
C'est en fonction de ces réponses que l’hypothèse de départ106 pourrait évoluer.

D. Identification des acteurs et construction du guide de l’entretien.


Les acteurs qui interviennent dans le projet de régénération du centre historique ont été
identifiés et regroupés selon leurs rôles dans le cadre du projet :
Groupe 1 : Les acteurs qui ont élaboré la stratégie de développement de la zone : Les
universitaires107, les experts internationaux.
105
les concepts et les prénotions considérées par rapport à leur rôle dans l’action : Les sociologues se heurtent à
des prénotions qui s'inscrivent également dans des systèmes de croyances mais qui ont la particularité d'affecter
l'objet de leur analyse, d'intervenir parfois dans son fonctionnement, […] Formées « pour la pratique », les
prénotions doivent être traitées par la sociologie à la fois comme des erreurs et comme des objets de croyance sur
lesquels les agents sociaux « se règlent » pour agir. [Robert- Demontrond 2004]
106
Enoncée dans le Chapitre 5, Première partie de la thèse, p. 71
107
La Mairie de Bucarest a démarrée les études préliminaires pour l'élaboration du « PUZ– Centre historique
Bucarest ». L'appel d'offre a été gagné par une équipe des universitaires de UAUIM – CCPEC. Le chef du projet
est architecte, docteur en urbanisme, spécialiste en histoire de la ville de Bucarest.

90
Groupe 2 : Administration publique, avec les sous-groupes suivants :
(2a). Projet de réhabilitation intégrée du centre historique
(2b). Projet de réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique, dans le cadre duquel
le Projet Pilote est actuellement en cours.
Groupe 3 : Les acteurs intéressés par le projet, mais qui ne participent pas actuellement :
ONG (intéressés par la création d’une interface de communication entre le groupe de pilotage
et le reste des acteurs), AICI -l’association des investisseurs dans le centre historique
(intéressée par la poursuite du projet), la Chambre de Commerce et d’Industries de la
Roumanie – CCIR (la remise dans le circuit commercial de la zone), la Banque Nationale de la
Roumanie -BNR (a des locaux dans la zone).
Groupe 4 : Les acteurs « muets » : les habitants de la zone, une partie d’entre eux (80% selon
les déclarations de la Mairie) en situation illégale.
Un plan d'entretien a été formulé pour chaque groupe d'acteurs. En fait, les thèmes du guide
d'entretien ont été les mêmes, structurés en deux catégories : des thèmes qui relèvent de la
pratique et des thèmes qui relèvent des représentations. La consigne initiale a été différente.

D1. Entretiens avec les acteurs appartenant au groupe 1 :


L'entretien a essayé de dégager leur vision du développement de la zone, plus précisément,
leur référentiel en matière de réhabilitation des quartiers.

Consigne initiale : Vous avez été chargé par la Mairie de l'élaboration des études préliminaires
pour l'élaboration du « PUZ– Centre historique Bucarest », dans le cadre du projet de
réhabilitation et revitalisation du centre historique. Pouvez – vous me dire qu'est ce que la
revitalisation urbaine intégrée de cette zone représente pour vous ?

Cette consigne devait orienter la formulation du discours vers les représentations que l'interviewé se fait
sur le sujet. J’ai considéré qu'il est le groupe qui est le plus familiarisé avec les notions développées
autour du développement durable, protection du patrimoine.

Le guide d'entretien est présenté en annexe108.

D2. Entretiens avec les acteurs appartenant groupe 2 – les fonctionnaires de la Mairie et des
Ministères :
L'entretien a essayé de comprendre leurs rôles respectifs, et leurs actions. Pourquoi et
comment font-ils ce qu’ils font ? Quel est le rapport de ce qu'ils font avec ce qu'ils disent ? Au
sein de ce groupe existe-t-elle une vision commune de la réhabilitation de la zone ?

Consigne initiale pour les fonctionnaires du CPUMB – département coordonnateur du projet


(le groupe 2a) : La Mairie de Bucarest s'est donné comme objectif pour l'année 2008 la
réhabilitation et la revitalisation urbaine de Bucarest, notamment en ce qui concerne le centre
historique, les zones déstructurées et les quartiers de l'habitat collectif. Pouvez vous me dire
plus sur ces projets ?

108
Vol. 2. ANNEXE 2eme et 3eme PARTIE / chapitre 1. Les guides d’entretiens pour chaque groupe d’acteurs
interviewés, p. 47

91
Consigne initiale pour le Maire du 3eme et pour les représentants des Ministères :
Pouvez-vous me dire, en ce qui concerne le projet de réhabilitation et revitalisation du Centre
historique - qu'est ce que cela représente pour vous en tant que Maire du 3eme (en tant que
Ministre, ou représentant du tel ministère)?

Consigne initiale pour les participants au projet de réhabilitation de l'infrastructure, financé


par la BERD – Projet Pilote (le groupe 2b) :
Pouvez-vous me dire quel est le rôle du projet de réhabilitation de l'infrastructure dans le
cadre du programme de réhabilitation et revitalisation du centre historique de Bucarest ? Avec
la relance : Qu'est ce que représente pour vous la réhabilitation du centre historique de
Bucarest ?

Le guide d'entretien pour ces groupes est présenté en annexe109.

D3. Entretiens avec les acteurs appartenant au groupe 3 société civile :


L'entretien essayera d’établir les intérêts de chacun par rapport au projet et quel est le rôle
dans lequel chacun se projette ? Quelle est la vision de chacun du sens de la réhabilitation de la
zone ?

Consigne initiale : La Mairie a démarré le projet de réhabilitation du centre historique à


Bucarest – qu'est ce que cela représente pour vous ? Avec la relance : Comment voulez-vous
intervenir dans ce projet ?

Le guide d'entretien est présenté en annexe110.

6.2.4. La méthode confrontée au terrain d'étude


A. Contacter les acteurs : le rôle des réseaux
Les entretiens ont été effectués à Bucarest en 2006. J’avais effectué quelques entretiens
exploratoires en 2005, auprès des universitaires ainsi que des techniciens appartenant au
bureau d’étude de la Mairie qui a coordonné les études préliminaires. En parallèle, en 2005
j’avais consulté les études existants dans l’archive de la Mairie, élaborés en vue d’arrêter le
règlement d’urbanisme pour la zone et la stratégie d’action111. En 2005, le projet venait de
commencer, l’équipe de pilotage était en train de se construire. En 2006 le projet était plus
avancé du point de vue de l’organisation ce qui m’a permis d’identifier avec plus de précision
les acteurs.
J’ai commencé par contacter les personnes identifiées comme des responsables du
projet. J'ai aussi fait une lettre pour me présenter et pour présenter aussi l’objectif de
l’entretien. Je n'ai jamais utilisé cette lettre. J'ai obtenu tous les rendez-vous soit par téléphone,
soit à la suite de rencontres inattendus. La plus part des contacts que j'ai fait, c'était grâce à la

109
Vol. 2. ANNEXE 2eme et 3eme PARTIE / chapitre 1. Les guides d’entretiens pour chaque groupe d’acteurs
interviewés, p. 48
110
Idem, p. 48
111
Il s’agit des études préliminaires pour le PUZ centre historique de Bucarest (Pan d’urbanisme zonal) et PUD
pour les zones pilotes (Plan d’urbanisme de détail). Les zones pilotes sont des sous-zones du centre historique.
Elles ont été délimitées ainsi pour des raisons économiques et stratégiques d’implémentation du projet. A part le
PUZ et les PUD afférentes, ont été élaborés des stratégies et des plans d’action pour opérationnaliser le projet.

92
recommandation de quelqu'un : soit la personne appelait elle-même celui que je voulais
rencontrer, pour me présenter et demander un rendez-vous pour moi, soit moi-même j'ai
appelé de la part de quelqu'un.
En Roumanie les entretiens de recherche sont une pratique nouvelle. Ce genre de
rencontre – l'entretien enregistré n'est pas très populaire en Roumanie. La société roumaine
est sortie depuis 16 ans d'un système complètement fermé, et même aujourd'hui,
l'administration publique n'est pas du tout caractérisée par sa transparence. J'ai déjà constaté
lors de l'analyse faite il y a cinq ans112 que pour les fonctionnaires qui ne sont pas dans une
position de décision, n'est pas encore claire ce qu'est une information publique, ce qu'on a le
droit de dire ou non. La situation s'est améliorée, mais il reste encore beaucoup à faire.
Cependant, à cette confusion se rajoute une segmentation qui persiste entre les divers services
et institutions qui détiennent l'information et qui collaborent difficilement. L'information
n'est pas centralisé – une banque de donnés informatisée est en train d'être constituée depuis
quelques années, et ce n'est pas encore vers la fin. L’accès à l’information reste encore un
problème. Les études et la documentation d’urbanisme (PUZ, PUD), stratégies et plans
d’action liés au projet du centre historique se trouvent dans les archives du Centre pour la
planification urbaine et métropolitaine (CPUMB) le bureau d’étude de la Mairie, mais cette
archive n’est pas ouverte au public. On peut avoir accès après avoir déposé une demande et
avoir reçu l’approbation. Dans les archives on peut regarder les documents et prendre des
photos personnelles, mais il n’y a pas des moyens pour assurer une autre reproduction des
documents.
Revenant aux entretiens, les personnes que j’ai contacté ont accepté la rencontre,
parfois à plusieurs reprises, à cause de leur agenda chargé. Un fois établi le rendez-vous, il a
été respecté (avec une seule exception), les entretiens ont duré entre une demi-heure et trois
heures. A ma surprise, les personnes interviewées ont accepté le reportophone, sans que je
donne trop d’explications (cependant j'ai expliqué chaque fois que les témoignages enregistrés
seront anonymés). Cela ne veut dire qu'ils ont été complètement ouverts, mais
l’enregistrement ne leur a pas posé un problème, en général.
Il y a des cas ou je n’ai pas pu enregistré la conversation : des discussions téléphoniques
ou bien – parce que la situation n'a pas été celle d'un entretien - l'autre personne ne pensait
même pas s'engager dans une discussion, donc je n'ai pas insisté. J’ai récupéré la
documentation qu'ils m'ont donnée et j'ai noté dans mon cahier les quelques observations
qu'ils ont fait.
Je présente par la suite le tableau des acteurs que j'ai préparé au départ et le tableau des
acteurs rencontrés (voir page suivante). L’image que je me suis faite des acteurs après avoir
consulté les archives ne s’est pas superposée parfaitement sur la réalité, et ceci parce que le
contexte politique du projet a changé entre temps. A cause des relations conflictuelles entre les
élus locaux113, certains acteurs ont perdu les rôles établis initialement, tandis que des nouveaux
sont apparus. Ces étapes dans la définition des acteurs et des rôles font l’objet de la deuxième
partie, dédiée à l’étude de cas. Les groupes des acteurs interviewés, se sont constitués au fur et
à mesure des rencontres. Néanmoins, les groupes établis initialement sont restés inchangés,
mais le groupe 2 – administration publique s’est avéré plus complexe que ce que j’ai imaginé
au départ.

112
Il s’agit de mon expérience datant du 2001, lors des entretiens que j'ai effectué pour le DEA
113
Il s’agit des relations tendues entre le Maire général de la capitale et le conseil général de la Mairie. Ces
relations seront présentées dans la deuxième partie de la thèse.

93
Une observation que je tiens à faire toute de suite est que je n'ai pas fait des entretiens auprès
des élus. Le maire général surtout est redouté pour fuir les rendez-vous, son programme étant
trop chargé. Il existe dans les journaux des entretiens avec eux, que j'ai pu récupérer. Ainsi, les
personnes auprès desquelles j’ai effectué mes entretiens sont des techniciens ou des
fonctionnaires publics – c'est à dire des spécialistes dans leur domaine. Certains d'entre eux
ont le pouvoir de décision et participent à la prise de décision, surtout ceux qui travaillent
dans le cadre de la Mairie : directeur du Centre du projet urbain, le coordinateur du Projet
Pilote. Par rapport aux élus, ils sont plus stables dans leurs positions, c'est-à-dire, certains
d’entre eux ont été dans la position de suivre le projet depuis plus long temps que les élus qui
se sont succédés tous les quatre ans, et parfois plus vite. Les acteurs interviewés sont présentés
dans le tableau suivant :
personne tableau initial personne tableau réel (à la suite des entretiens)
no. no.
Groupe 1: Les universitaires , les experts Groupe 1: Les universitaires , les experts
internationaux internationaux
Chef projet 1 Architecte, chef projet PUZ Centre historique
1 Etudes préliminaires pour PUZ centre historique de Architecte bureau d'étude, sous - contractant dans le
2
Bucarest (phase I-II) cadre du PUZ centre historique de Bucarest
Chef projet Architecte, bureau d'étude collaborateur du CCPEC pour
2 Centre historique – PUD pour le projet pilote (phase 3 l'étude commandé par le Ministère des travaux publics
III)
3 Expert BERD associé aux universitaires
Groupe 2: les fonctionnaires publics et les élus Groupe 2 : les fonctionnaires publics et les élus
4 Maire général de Bucarest
Maire du 3eme secteur de Bucarest (d'ou fait partie le Fonctionnaire, bureau de presse du 3ème secteur de
4
5 centre historique) Bucarest
5 Architecte en chef, 3ème secteur de Bucarest
Directeur CPU (centre pour le projet urbain de la Directeur CPU (centre pour le projet urbain de la Mairie)
6
Mairie) coordinateur d'une phase du projet centre historique
coordinateur d'une phase du projet de réhabilitation Architecte, coordinateur du Projet Pilote,à la Mairie de
7
6 du centre historique de Bucarest Bucarest
8 Architecte, chef du Projet Phare « Curtea Veche »
Spécialiste trafic, CPUM, institution sous le contrôle de
9
la Mairie de Bucarest
7 Expert BERD associé au CPU
Représentant de la Direction du Patrimoine et
8
Cadastre
Directeur Direction de Circulation de la Mairie de
9
Bucarest
Manager exécutif dans le cadre de la Direction des
10
crédits externes de la Mairie de Bucarest
Ministre de la Culture Architecte, chef de projet PUD Projet Pilote dans le cadre
du projet de réhabilitation du centre historique,
10
fonctionnaire public dans le Ministère de la Culture et
11
des Cultes
Sociologue, fonctionnaire public dans le Ministère de la
11
Culture
Représentant du Ministère des travaux publics
12 Architecte, fonctionnaire public dans le Ministère des
12
travaux publics
13 Représentant du Ministère des finances
14 Représentant du Ministère de l'administration
publique
13 Sociologue ADR Centru
Economiste consultant étranger ADRBI, conseiller
14
préadhésion
15 Directeur ADRBI
Groupe 3 : les acteurs intéressés ou afféctés par le Groupe 3: : Les acteurs intéressés ou afféctés par le
projet projet
16 Vice – directeur ONG1
15 Directeur ONG1 17 Président ONG 2

94
Représentant ONG2 18 Vice - président ONG 2
16
19 directeur exécutif ONG 1
Investisseurs hollandais. Détenteurs de locaux dans la Architecte, association des investisseurs dans le centre
17 zone 20 historique

18 Représentant AICI Conseilleur Chambre de Commerce et d’Industrie de la


Représentant Chambre de Commerce et d’Industries 21 Roumanie
19
de la Roumanie
Représentant Banque Nationale Directeur, Centre d'information de la Commission
20 22 Européenne en Roumanie,

23 Promoteur étranger
Managing director dans le domaine du conseil en
24 immobilier de l'entreprise
Architecte, président de l’OAR (Ordre des architectes
25 roumains)

B. Le déroulement des entretiens


J'avais établi une consigne pour lancer les entretiens. L'entretien devrait commencer par une
interrogation sur le programme de réhabilitation reconstruction et rénovation urbaine à
Bucarest, annoncé par la Mairie en 2004. J'ai supposé que les universitaires – groupe 1,
auraient des choses à dire sur le sujet, en développant sur la partie théorique, les concepts. J'ai
supposé aussi que c'est un bon point de départ pour les autres catégories d'acteurs. J'ai utilisé
cette consigne dans la plupart des cas. Le déroulement des entretiens a contredit dans une
certaine mesure mes attentes, et j’ai du reformuler la consigne cas par cas.
Les acteurs du groupe 1 – ceux qui ont élaboré l'étude financée par la Mairie, le « PUZ
centre historique de Bucarest » n'étaient pas au courrant de ce programme. La discussion s’est
réorientée alors vers les aspects techniques de l'élaboration du projet. De toute façon, les
discussions entre les universitaires et la Mairie, durant l'élaboration du PUZ, n’ont concerné
que les aspects techniques du projet. De plus, un fois le PUZ achevé et rendu à la Mairie,
aucune consultation ne s'est produite ensuite. Je dois préciser que la Mairie a été représenté à
cette étape (2000-2005) par le CPUMB. Le PUZ a été achevé et avisé en 2004, tandis que
l'élaboration des PUD (plans de détail) pour des sous zones du PUZ (partagé en 4 sous-zones,
dont une est le projet pilote en déroulement actuellement – voir supra, la carte p. 78), a
continué jusqu'en 2005.
Les acteurs du groupe 2 – fonctionnaires de la Mairie – n'ont pas réagi non plus
comme je m'attendais à la consigne : soit le programme leurs était inconnu (pour le
coordinateur du projet pilote) soit, par exemple, un autre interviewé en avait connaissance
mais il a tenu à préciser : « ce n’est pas nous qui l'a écrit ». Mon impression, après les
entretiens est que le programme de la Mairie n'a pas une grande importance en tant que
document fédérateur, créant un cadre commun d'action parmi les acteurs institutionnels
locaux. Le problème se pose pour eux plus pragmatiquement : la Mairie a financé des études,
des équipes ont été chargé de ces études, alors chacun s'occupe de son segment, veillant que le
thème soit résolu, mais chacun dans son secteur respectif .
Les acteurs du groupe 3 – quant à eux, ils ne connaissent pas ce programme, ils ne
savent même pas qu'il existe.
Un autre acteur distinct a pris contour : les fonctionnaires de l'Agence de
développement régional. L'Agence a un statut bien spécial - elle est l’autorité qui manage des
fonds structurels en collaboration avec MIE (Ministère de l'Intégration Européenne) et le
Ministère de Finances. L'agence est par sa mission une institution de l'administration
publique, son rôle étant d'appliquer la politique régionale de l'Etat, mais, en même temps, par

95
son statut, l'Agence est une sorte de ONG (organisation non gouvernementale) cela à cause du
fait que en Roumanie les Régions n'ont pas un statut juridique. L'Agence Régioanle Bucarest
Ilfov (ADRBI) est apparu lors des entretiens comme un des acteurs potentiels. En bref,
l’Agence a un rôle dans l'élaboration des plans de développement régionaux tels POR
(Programme opérationnel régional) et PDR Bucarest Ilfov (Programme de développement de
la région Bucarest Ilfov), je reviendrai plus loin, dans le chapitre «Les mots clés des politiques
publiques roumaines : développement durable, valeurs européennes, Bucarest - capitale
européenne », dans la partie dédié à l’élaboration du Programme Opérationnel Régional
(POR) et le Programme de développement régional de la région Bucarest Ilfov (PDR –
Bucarest Ilfov) pour la période 2007 – 2013.
L’Agence pourrait avoir un rôle potentiel en tant que autorité de management des
fonds structuraux, après 2007 (après l’adhésion). Pour le moment elle est active dans la zone
de sensibilisation de l'opinion publique et des administration publique sur la problématique
du développement régional définie par l’UE. Plus précisément, ce qui intéresse cette recherche
est le rôle que l’ADRBI pourrait avoir dans la promotion des opportunités de financement
(par les fonds structurels) d'un projet de régénération urbaine du centre historique, défini
comme tel dans le PDR de la région Bucarest Ilfov.
Comme toute administration publique mais aussi comme tout ONG ils se confrontent
avec un manque de personnel en général et de personnel qualifié en particulier, le domaine
étant neuf, et le savoir-faire local inexistant. D'où le rôle des conseillers étrangers et des
échanges professionnels. Avec les fonctionnaires de l'ADRBI j'ai pu discuter sur la notion de
régénération urbaine. Ils sont parmi les peux pour lesquels la régénération urbaine est plus
qu'une définition, mais une notion derrière laquelle il y a des pratiques, des procédures, des
règles, des projets, des résultats.
Je dois préciser que les lois et les procédures ont changé ces dernières années au
rythme de la transition et de l'harmonisation législative à l'UE, par conséquent le récit produit
par les fonctionnaires publics sur le déroulement des évènements manque de précision –
volontaire ou involontaire.
Le fait que l'entretien enregistré a été possible facilement, a été une bonne surprise
pour moi. Les personnes interviewées ont été en général bienveillantes et l’expérience du
projet dont ils m’ont fait part a apporté beaucoup de détails sur le sujet. Chaque fois, le
discours m'a paru cohérent avec la personne même et avec le rôle et la position de l’interviewé.
L'entretien que j'ai eu avec la personne qui coordonne le projet du centre historique
s'est déroulé en deux fois, une trentaine de minute chaque fois. Chaque fois, j'ai été
chaleureusement reçue, encouragée dans mes recherches. Chaque fois, cette personne m'a
assuré de sa disponibilité pour autant que j'aurais besoin. Le déroulement du projet tel que
présenté par le coordonnateur, parait parfaitement cohérent, justifié du point de vue
technique, avec quelques minus (dans la communication avec les habitants, mais qui seront
bientôt rectifiés), avec des étapes claires et bien coordonnés. Le récit de cette personne était
rassurant, précis, sans hésitations, énoncé avec un sourire bienveillant. Selon lui, il n'y avait
pas des conflits ni entre la Mairie et les gens sans papiers qui « ont compris la situation est son
parti de bon gré », ni entre la Mairie et les investisseurs dont les affaires ont connu le déclin
après la fermeture de la circulation auto dans la zone. Cela était une attitude positive et
compréhensible pour un fonctionnaire public qui doit offrir une image forte de son
institution.
Au pôle opposé étaient les acteurs du groupe 3 et du groupe 1 – la personne qui a
élaboré l'étude financé par le Ministère de Travaux Publics. Avec ceux-ci l'entretien a pris une

96
tournure bien intéressante des fois, parce que nous avons changé des rôles : j'ai raconté à mon
tour. J'ai pris la position du conteur car ces personnes étaient avides d'information. Il faut dire
que au delà de l'attitude dégagée du coordinateur du projet, les discussions que j’ai eu avec les
autres personnes ont montré que le projet était mal connu, que la Mairie ne consulte pas les
habitants et les investisseurs du centre historique, non plus les ONG.
Pour ceux qui habitent ou ont des affaires dans la zone les choses « arrivent ».
L'association des investisseurs qui est apparue dans la zone, a créée plusieurs fois les prémisses
du dialogue avec les responsables de la Mairie (je reviendrai dans la deuxième partie de la
thèse). Pourtant, le dialogue ne s'est jamais produit, et les informations ont circulé par
l'intermède de la presse ainsi : les investisseurs font une déclaration dans la presse, la presse va
chercher l'opinion de la Mairie, va la publier et ainsi de suite. Dans les quelques tables rondes
organisées avec tous les acteurs, chacun a di son discours, mais le dialogue ne s'est jamais
produit. Ainsi, retournant à mon rôle de conteur : j'étais quelqu'un qui passait d'une personne
à l'autre, donc en principe, je devrais avoir une certaine image globale sur les informations
existante et les personnes qui participent au projet. Des fois j'ai raconté à mon tour pour
gagner la confiance de l'autre (c’est ainsi que j’ai eu un entretien de trois heures), des fois j'ai
raconté parce que l'autre personne me demandait – c'était un échange d'information que je ne
pouvait pas refuser, malgré l'impératif d'objectivité et de non intervention dans le récit.

C. Exploitation des récits produits lors des entretiens


Finalement, j’ai contacté 25 personnes parmi lesquelles, 20 ont accepté des entretiens que j’ai
enregistré. J’ai fait la transcription intégrale de ces entretiens ce qui a résulte dans 150 pages de
témoignages. J’ai utilisé ce matériel pour retracer les étapes du projet de régénération du
centre historique (dans la deuxième partie de la thèse) ainsi que pour faire une analyse du
contenu du discours produit lors de l’entretien (dans la troisième partie de la thèse).
Dans un premier temps, j’ai fait une analyse thématique pour mettre en évidence les
thèmes principaux du discours des acteurs impliqués directement dans le projet. Suite à cette
analyse, les thèmes principaux du discours ont été groupés dans deux catégories,
correspondant une à l’univers des pratiques des acteurs urbains et l’autre, à l’univers
symbolique de ceux-ci. L’univers symbolique concerne tout ce qui est lié aux théories et
représentations sur les notions qui nous intéressent – le développement durable, la
régénération urbaine et la réhabilitation du centre historique.
Une fois les thèmes principaux établis, j’ai analysé les relations qui se dégagent entre
celles-ci et la fréquence avec laquelle elles sont traitées dans les discours des acteurs
interviewés. Ensuite, j’ai utilisé la méthode ARO – Analyse des Relations par Opposition pour
mettre en évidence des couples signifiant/signifié, dans lesquels la place du signifiant est
occupé par les thèmes principales identifiés préalablement. L’objectif a été de cerner la
signification que les acteurs interviewés donnent aux notions utilisées.
La méthode ARO – Analyse des Relations par Opposition, repose sur une double
hypothèse: l'existence d'une correspondance (relation) entre les éléments d'un système
pratique et les éléments d'un système symbolique; la structuration de cette correspondance en
opposition, comme étant constitutive de la fonction symbolique. [Blanchet, Gotman, 1992,
p.109].
Cette méthode consiste à repérer des relations de signification entre les signifiants d'un
part (les objets dont on parle) et les signifiés d'autre part (ce que l'on dit à propos de ces
objets), tells que les signifiants et les signifiés s'opposent terme à terme.

97
L’exploitation détaillée des entretiens fait l’objet du chapitre « La réhabilitation urbaine du
centre historique dans les récits des acteurs du projet ».
L’exploitation des entretiens a été faite en roumain. Les tableaux résultant de
l’exploitation des entretiens, c'est-à-dire du regroupement des thèmes dans des catégories
d’analyse ont été traduits en français et mis en annexe (Vol. 2, Annexes). Par contre, j’ai
décidé de ne pas mettre la transcription des entretiens en roumain, pour plusieurs raisons.
D’abord, les acteurs qui participent au projet ne sont pas nombreux. Dans chaque
service de la mairie, la personne interviewée pourrait être identifiée rapidement, malgré
l’anonymat des entretiens, car il s’agit souvent d’une seule personne qui s’occupe du projet,
dans le service respectif. Cette situation est valable pour les autres groupes des acteurs. Il s’agit
d’une petite équipe, construite sur des personnes qui collaborent et non sur des groupes. Il y a
des personnes parmi ceux-ci qui ont traité le sujet en faisant des jugements sur les autres ou
des déclarations qui pourraient créer des tensions si elles étaient connues par les personnes
concernées. Ce genre de déclarations a été éclairant pour notre analyse mais elle pourrait créer
des tensions dans la vie publique et professionnelle des membres de l’équipe du projet. Le
travail de cette thèse n’est ni de trouver les coupables pour les blocages survenus dans le projet
ni de juger si certaines pratiques sont influencées par la corruption ou par l’incompétence.
C’est ainsi que j’ai gardé pour l’analyse seulement ce qui a été dit et de quelle position a été dit
– position de décidant ou d’exécutant.
De même, il est bien évident que l’exploitation des documents a été aussi faite en
roumain. Dans le corps du texte, afin de valider mes argumentaires, j’ai été amenée à citer des
extraits d’entretien et des textes, extraits que j’ai traduits en français.
Je suis consciente que cette traduction peut présenter un certain biais, malgré mon
souci constant de rester la plus fidèle possible aux propos des interviewés et aux documents
écrits.

98
DEUXIEME PARTIE

REGENERATION URBAINE DU CENTRE


HISTORIQUE DE BUCAREST

CONTEXTE DE LA PLANIFICATION URBAINE

CONFIGURATION DES ACTEURS

99
Dans cette deuxième partie sera présenté le contexte actuel de la planification urbaine en
Roumanie et ensuite, les acteurs du projet qui constitue l'étude de cas, leur organisation ainsi
que les actions qu’ils ont mené dans le cadre du projet.
Le premier chapitre sera dédié à la présentation du contexte actuel de la planification
urbaine en Roumanie. Vu la définition de l'acteur dans le chapitre dédié à la problématique, ce
contexte sera analysé en tant que structure-cadre qui définit les rôles officiels des acteurs
urbains à Bucarest, qui ajustent leurs actions en fonction de ce cadre. L'intérêt de ce chapitre
est de comprendre cette structure comme un échafaudage qui soutient le jeu des acteurs. C'est
un échafaudage qui a subi des multiples définitions et redéfinitions après la chute du
communisme. Actuellement, il est en train de se consolider. En même temps, il relève d'une
décision politique, exprimée à travers des politiques publiques et des lois. L'analyse de
l'organisation et de la mise en œuvre du projet de réhabilitation urbaine du centre historique
de Bucarest ne serait pas complète si nous ne la mettons pas dans la perspective de la décision
politique qui l'a engendrée. Plus précisément, nous rappelons que le projet de réhabilitation
du centre historique de Bucarest, selon le discours mobilisé, s'inscrit dans la ligne des
démarches européennes de régénération urbaine. Ce projet, défini ainsi, est promu par
l'administration publique locale de Bucarest, dans son Programme de développement 2000-
2008. L'objectif de ce Programme d'action et du projet de réhabilitation du centre historique
de Bucarest est de contribuer à un développement durable de la capitale.
En même temps, les individus qui incarnent les acteurs urbains vivent dans une société
qui n'est pas gouvernée exclusivement par des contraintes, chaque décision prise relève de la
connaissance qu'ils ont de la société et de cette structure qui règle leurs jeux. Ainsi, le
deuxième sous-chapitre va contenir une analyse des rôles officiels des acteurs dans le cadre du
projet, ainsi que les actions faites dans le cadre ainsi défini.
Ceci est pour répondre au premier point de l’hypothèse de recherche énoncé
auparavant : Les politiques européennes concernant le développement urbain durable
pourraient orienter le renouvellement des pratiques ainsi que les priorités de l’intervention sur
l’urbain à Bucarest, en tant qu’encadrement (structurant contraintes et opportunités).

100
1.Le contexte actuel de la planification urbaine en
Roumanie. Politiques publiques, cadre législatif et
institutionnel.

Le contexte actuel de la planification urbaine en Roumanie est le résultat des politiques


publiques, des stratégies et des programmes d'action dans le domaine de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme, élaborés après la chute du communisme. Telle comme nous
l’avons montré dans la première partie, des politiques publiques et des actes normatives ayant
incidence sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme, ont été élaborés dans le processus
d’harmonisation législative avec l’Union européenne. Les actes normatifs qui accompagnent
ces politiques constituent le cadre législatif qui sera analysé dans cette partie. Le cadre
institutionnel est composé par les institutions qui interviennent dans la planification spatiale
ainsi que par leurs attributions et compétences dans ce domaine. Ce cadre nous intéresse pour
son rôle dans la transmission des normes, du niveau européen au local. Le domaine de
l’aménagement du territoire et de l’urbanisme est vaste et nous allons opérer un découpage
dans l’emboîtement des politiques publiques pour poursuivre notre analyse de transmission
des normes, dans le secteur d’une priorité émergente - la régénération urbaine.
Cependant, il ne suffit pas que les actes normatifs existent, ils doivent être appliqués,
invoqués, c'est à dire utilisés par les acteurs urbains pour qu'ils deviennent des ressources dans
l’action. La prise de décision relève aussi du degré de connaissance que les acteurs urbains ont
des ces lois et la façon dont ils les utilisent pour légitimer leurs actions, ou bien pour organiser
l'action dans le contexte du projet urbain de réhabilitation du centre historique de Bucarest.

1.1. Etapes historiques dans la formation du cadre actuel

Ce cadre (juridique et institutionnel) se trouve depuis 1990 en continuelle transformation,


accompagnant la construction de l'Etat de droit en Roumanie, et que c'est toujours dans le
contexte politique, social et économique d'après 1990 que nous pouvons parler d'acteurs
urbains. Il s'agit donc d’acteurs urbains en construction dans un contexte juridique et
institutionnel lui aussi en construction. Et cette construction est soucieuse d'être en harmonie
avec la législation européenne1.
Après la chute du communisme2, survenue en décembre 1989, la loi 58 / 1974 de la
systématisation des localités urbaines et rurales a été abrogée. Dans les conditions du régime
politique communiste, existant en Roumanie à l'époque, cette loi a permis des démolitions
massives et changements dramatiques dans la structure urbaine des localités3. Une fois

1
Telle comme décrite dans la Ière partie, dans le chapitre « Harmonisation législative entre la Roumanie et
l'Union européenne »
2
Jusqu’en 1990, dans le domaine de l’aménagement du territoire de l’urbanisme, l’unique commanditaire était
l’Etat. Le financement, le maître d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage étaient confiés aux institutions subordonnées et
contrôlées par l’Etat.
3
Tels que présentés dans Vol. 2, Annexe Ière partie.

101
abrogée, le « vide législatif »4 installé dans le champ de l'urbanisme a durée jusqu'en 2001
quand la loi 350 concernant l'aménagement du territoire et l'urbanisme a été promulguée.
Durant cette période de onze ans, les activités dans le domaine de l'urbanisme et de
l'aménagement du territoire ont été réglementées par la loi 50 / 1991 concernant l'autorisation
des constructions et des mesures concernant les logements et l'arrêté 91 / 1991 concernant le
contenu des documentations d'aménagement du territoire et urbanisme [Pascariu, 2004,
p.70]. Une autre loi qui a fonctionné durant cette époque a été la loi 69/ 1991 de
l'administration publique locale qui réglementait les attributions des autorités publiques
locales dans le domaine de l'urbanisme. Cette loi, republiée en 1996, a fonctionné jusqu'en
2001 quand une nouvelle loi de l'administration publique locale, loi 215 / 2001 a été
promulguée.

La loi 50 / 1991 concernant l'autorisation des constructions et des mesures concernant les logements
réglemente : chapitre 1.Autorisation des travaux de construction (ici sont désignés les autorité de
l'administration publique qui ont les compétences en domaine), chapitre 2. Concession des terrains en
vue de la construction, chapitre 3. Responsabilités et sanctions. Cette loi a fonctionné durant une
époque dans laquelle l'élaboration d'une stratégie du développement du territoire n'était pas la priorité.
C'est la période durant laquelle la ville de Bucarest s'est développée sans aucun plan global, le Plan
Général d'Urbanisme (PUG) n’étant prêt qu'en 2000. Après des modifications successives, elle est
devenue Loi 401/2003 concernant l'autorisation des constructions.

La loi 69/1991 de l'administration publique locale désigne les autorités de l'administration publique
locale (le Maire et le Conseil Local) qui ont des compétences d'avis et d'approbation des documents
d'urbanisme. Cette loi postule dans son premier article le principe de l'autonomie locale et de la
décentralisation des services publiques. Ce-ci est une nouveauté par rapport à la loi qu'elle abroge, la loi
57/1968 concernant l'organisation et le fonctionnement des Conseils Populaires, qui prévoyait dans
l'article 2 : « dans la République Socialiste Roumaine, la force directrice de la société est le Parti
Communiste Roumain. Les Conseils Populaires mènent leurs activité sur la direction politique du Parti
Communiste » et art 5 « Les Conseils populaires sont organisés et mènent leur activité en conformité
avec le principe du centralisme démocratique, le principe fondamental de l'organisation de toute activité
de l'Etat, dans la République Socialiste Roumaine ».
C'est ainsi que, au moins dans le texte de la loi, le processus de décentralisation et de réorganisation de
l'administration publique a commencé. Toute fois, cette décentralisation ne pourrait pas être accomplie
sans l'attribution de moyens financières et sans la définition des procédures et instrumentes pour le faire
réellement.

L'existence d’une loi n’est pas une condition suffisante pour que son contenu devienne
opérationnel. Les lois produisent des effets qui correspondent à la volonté politique qui les
mobilise en action. Ainsi, si nous regardons le texte de la loi de l'administration publique de
1991 et aussi celle des conseils populaires de 1968, on s'aperçoit que dans les deux, la
participation de la population est prévue : art 3 de la loi 57/68 « [...] participation des citoyens
dans le débat sur plan local des problèmes de l'Etat et aussi à la prise de la décision »5 ainsi que
l'article 1 de la loi 69/1991 « L'administration publique [...] se fonde sur les principes de

4
Expression « vide législatif » utilisé par Pascariu [2004, p.3], pour désigner le fait que entre 1989 quand
l’ancienne loi a été abrogée et jusqu’au 2001 quand la nouvelle loi de l’aménagement du territoire et urbanisme a
été promulguée, les activités de l’aménagement du territoire et urbanisme ont été réglés par des lois concernant
des aspects techniques, tels comme l’autorisation des constructions et les compétences d'avis et d'approbation des
documents d'urbanisme. Autrement dit, dans l’absence de toute planification spatiale, politique publique et
législation capables d’instituer une vision d’ensemble dans le domaine, le développement urbain de cette période
est caractérisé par l’auteur comme «en grande partie chaotique et destructeur».
5
les traductions sont faite d'après le texte roumain de la loi – j'ai essayé de transmettre l'idée, la traduction n'est
pas fidèle.

102
l'autonomie locale, de la décentralisation des services publics, de l'éligibilité des autorités de
l'administration publique locale et de la consultation des citoyens dans les problèmes qui
présentent un intérêt particulier ». Dans les deux cas, la loi n'a eu aucun effet réel, la
participation - consultation de la population ayant un rôle formel : Avant 1990, dans le
contexte d'un Etat totalitaire et d'une surveillance accrue de la population, le débat était
inexistant et la participation de la population se limitait à des suffrages organisés pour
légitimer des décisions déjà prises. Après 1990, faute de moyens, des procédures claires et de
l'habitude de l'exercice civique de la part de la population, la consultation ne s'est pas produite
en dehors des scrutins électoraux.
Deux lois importantes ont été promulgué en 2001 : Loi 350 concernant l'aménagement
du territoire et l'urbanisme et loi 215 de l'administration publique locale qui a abrogé la loi
69/2001. Ces lois sont apparues dans un contexte d'harmonisation législative avec l'Union
européenne6, après l'année 2000 qui a marqué l'ouverture officielle des négociations du CE
avec la Roumanie, en vue d'adhésion à l'Union européenne.
Ces lois ont apporté non seulement des définitions des notions de base tels comme
l’aménagement du territoire et l’urbanisme soucieuses s’encadrer dans « les exigences
l'intégration dans l'espace européen », mais ont précisé des changements nécessaires dans
l’organisation de l’administration publique afin de la rendre efficace dans ce nouveau
contexte.
La loi 350 concernant l'aménagement du territoire et l'urbanisme (et ses modifications
ultérieures de 2006) a redéfinit les catégories de documentations d'urbanisme et les
compétences d'avis et approbation de l'administration publique. C'est la première loi après la
loi 58/1974, qui a redéfinit les termes de la loi (aménagement du territoire et urbanisme) et de
plus, elle a introduit des notions de développement durable et cohésion territoriale, qui sont
au cœur des politiques communautaires, dans le texte de la loi.
Par conséquent, l'alignement aux normes et valeurs européennes se fait sentir dans le
texte : Le développement durable est mentionné dès le premier article « Le territoire de la
Roumanie constitue l'espace nécessaire au processus de développement durable [...] ». Dans le
deuxième article est prévu que « la gestion spatiale du territoire du pays constitue une activité
obligatoire, continue et de perspective, déroulée dans l'intérêt des collectivités qui l'utilisent,
en concordance avec les valeurs et les aspirations de la société et les exigences de l'intégration
dans l'espace européen ». La cohésion territoriale est promue par la loi, dans une vision large
qui intègre plusieurs niveaux : « cohésion territoriale au niveau régional, national et
européen ». Dans l'article 14 est énonce le fait que « les activités principales d'aménagement du
territoire et d’urbanisme consistent dans la mise en œuvre au niveau de tout le territoire
national des stratégies, politiques et programmes du développement durable du point de vue
spatial, ainsi que dans le suivi de leur application en conformité avec les documentations de
spécialité légalement approuvées».
Les principes évoqués par cette lois sont : premièrement - le développement durable
(art1) et ensuite, les autres principes constituent de moyens pour atteindre un développement
durable - le droit d'une utilisation équitable et la responsabilité d'une utilisation efficiente du
territoire (art 2.2), le développement spatial équilibré , la protection du patrimoine naturel et
construit, et l'amélioration des conditions de vie (art.2.3), l'autonomie locale, le partenariat, la

6
Voir chapitre « Harmonisation législative entre la Roumanie et l'Union européenne », dans la Ière partie. Les lois
350 et 215 sont disponibles en français, dans le vol 2. Annexes.

103
transparence, la décentralisation des services publics, la participation de la population à la
prise des décisions (art 5) – ces dernières étant des principes de bonne gouvernance7.

La loi 215 concernant l'administration publique locale réglemente l'autonomie locale,


l'organisation et le fonctionnement de l'administration publique locale. Elle apporte des
précisions concernant l'autonomie locale, les relations entre les autorités de l'administration
publique locales – qui sont définies comme coopération et solidarité, sans rapports de
subordination. Autre point important pour une décentralisation réelle : la loi prévoie que « les
autorités de l'administration publique centrale ne peuvent ni établir ni imposer aucunes
responsabilités aux autorités de l'administration publique locale dans le processus de
décentralisation de certains services publics ou de création des nouveaux services publics, sans
assurer les moyens financières nécessaires [...] » (art 7.3)
Les autorités de l'administration publique locales sont : le Conseil local (pour les
communes, villes), le Maire, Le Conseil Départemental, le Préfet. Les Conseils locaux sont des
autorités délibératives et les Maires sont des autorités exécutives. Ils sont élus par suffrage
universel, pour un mandat de quatre ans, ainsi que les Conseils Départementaux. Le Préfet est
nommé par le Gouvernement dont il est son représentant sur le plan local. La municipalité de
Bucarest est organisée en six divisions administratives-territoriales, dénommées secteurs.
Chaque secteur de la municipalité de Bucarest a un maire et un vice maire et un conseil local
du secteur. La municipalité de Bucarest a un maire général et deux vices maires et un Conseil
local général. L'administration publique doit exercer ses attributions au niveau des autorités
situés « le plus proche du citoyen » (art. 7.1.).

D’autres lois ont des effets dans l'activité de planification urbaine. Ce sont :

– Les lois qui réglementent la participation du public à la prise de décision dans le processus
d'élaboration des actes normatifs et dans les problèmes concernant l'environnement. Ces
lois, même si elles ne font pas référence à la participation de la population dans le cadre de
l'élaboration des projets urbains, peuvent constituer ses prémisses, à condition que
l'administration publique ait la volonté politique d'enclencher ce processus. En conformité
avec les lois, l'administration publique doit être l'initiatrice et l'organisatrice. Pour le
moment, une procédure a été définie pour la consultation du public afin d'obtenir
l'autorisation concernant l'environnement (une des autorisations et avis nécessaires dans
tout projet d'urbanisme). Dernier temps en Roumanie, quelques expériences de
participation de la population à l'élaboration Plans d'urbanisme général (PUG) des
localités ont été mis en œuvre. Les lois importantes sont : loi 544 / 2001 concernant le libre
accès aux informations d'intérêt public, loi 52 /2003 concernant la transparence du
processus décisionnel de l'administration publique, loi 86/2000 qui ratifie la Convention
concernant l'accès à l'information, la participation du public à la prise de la décision et
l'accès à la justice dans les problèmes environnementaux signée à Aarhus en 1998. Il est
important de signaler que ces lois sont des lois qui découlent de la législation
communautaire.
– Loi 315 / 2004 loi du développent régional (première apparition en 1998, modifié ensuite
en 2001) – découle de la législation communautaire

7
Telle que présentée dans la Ière partie de la thèse, chapitre 3, « Nouveaux paradigmes et pratiques –
planification stratégique, gouvernance, projet urbain régénération urbaine »

104
– Loi 259/2006 loi des monuments historiques
– OUG 34 / 2006 concernant l'attribution des contrats d'acquisition publique, des contrats
de concession des travaux publics et des services – découle de la législation
communautaire

1.2. Le cadre législatif et institutionnel actuel, tableaux synthétiques.

L'objectif de ces tableaux est de présenter d'une manière synthétique les politiques publiques
qui ont une incidence dans le domaine de la planification spatiale (aménagement du territoire
et urbanisme), les lois, les autorités de l'administration publique locale et centrale qui
interviennent en conformité avec leur compétences respectives dans la planification urbaine,
et les instruments utilisés (les plans). Ces précisions sont nécessaires pour comprendre
l'incidence des politiques publiques et la place de chaque acteur dans le projet de
réhabilitation du centre historique qui sera présenté par la suite.
Pour une lecture plus facile, nous avons élaboré un tableau dans lequel sont présentées
les politiques au niveau central et local ainsi que les lois qui ont une incidence sur le projet de
réhabilitation urbaine du centre historique. Dans un deuxième tableau, seront présentés les
plans d'aménagement du territoire et urbanisme qui traduisent ces politiques et programmes
en procédures et normes du développement spatial. Chaque fois, seront indiqués les
institutions qui interviennent dans l'élaboration, l'avis et l'approbation de ces plans.
Ce tableau n'a pas la prétention d'être exhaustif. Sont présentées les politiques
considérées pertinentes pour l'analyse. L'énumération présentée dans la colonne gauche
correspond à des chapitres du programme du Gouvernement actuel. Les chapitres ne sont pas
tellement distincts les uns des autres. Par exemple, les objectifs du chapitre 3. Intégration
européenne8, se retrouvent dans les autres chapitres, déclinés selon le domaine traité dans le
chapitre respectif, car la plupart des lois qui ont été élaborées après l'année 2000, doivent leur
contenu à ce processus d'harmonisation législative et aux efforts faits en vue de l'intégration
européenne.

8
« accélérer l'introduction des réglementations européennes dans la législation interne [...] fonder les politiques
publics sur les principes et les orientations formulées dans les documents de l'UE[...] augmentation de la capacité
institutionnelle de l'administration publique, notamment pour ce qui concerne les procédures européennes dans
le domaine du déroulement des fonds de pré adhésion, de cohésion et des fonds structuraux. Renforcer la
collaboration avec la société civile dans le but de réduire les risques culturels dus au processus européanisation » .
Ces sont des objectifs du ce chapitre.

105
Programmes , Politiques publiques Actes normatifs
niveau national
Programme du Gouvernement 2004-2008
3ème chap.
Intégration OUG 34 / 2006 concernant l'attribution des contrats
européenne d'acquisition publique, des contrats de concession
des travaux publics et des services
4ème chap.
loi 199/1997 qui ratifie la Carte européenne de
Le milieu
l'autonomie, adoptée à Strasbourg, 1985
d'affaires
loi 188/1999 concernant le statut des fonctionnaires
11ème chap. réforme des services et des utilités publiques publics, modifiée par loi 251/2006
Réforme de loi 544 / 2001 concernant le libre accès aux
l'administration informations d'intérêt public
publique loi 215/2001 de l'administration publique locale,
consolidation du processus de décentralisation modifiée par la loi 286/2006
administrative et fiscale loi 316/2004 de la décentralisation
loi 108/2004 concernant les finances publiques
locales
loi 52 / 2003 concernant la transparence du
renforcement de la capacité institutionnelle processus décisionnel de l'administration publique

15ème chap. développement territorial équilibré par :


Politique de politique de développement urbain
développement polycentrique, stratégies de régénération
régional économique et sociale des villes, mais aussi
des quartiers, des zones suburbaines, et
loi 315/2004 du développement régional
périurbaines en déclin, dans les grandes
villes
cohésion sociale par politiques contre la
discrimination sur le marché du travail et pour
l'insertion sociale des minorités
identité locale et régionale par la
conservation des sites historiques situés dans
les centres urbains
16ème chap. développement équilibré et polycentrique du loi 350/2001 de l'aménagement du territoire et de
Politique de système urbain le partenariat entre les zones l'urbanisme, modifiée par la loi 289/2006
l'aménagement urbaines et rurales
du territoire développement d'un système intégré du
transport et communications, support du loi 422/ 2001 des monuments historiques modifiée
système urbain polycentrique par la loi 259/2006
conservation et développement de l'héritage
naturel et culturel loi 86/2000 qui ratifie la Convention concernant
18ème chap. l'accès à l'information, la participation du public à la
La politique prise de la décision et l'accès à la justice dans les
concernant la problèmes environnementaux signée à Aarhus en
protection de 1998
l'environnement
OG 77/2001 concernant la réhabilitation et la
revitalisation du centre historique de Bucarest; HG
Réhabilitation du centre historique de Bucarest, projet du 935/2002 concernant le Règlement pour
Gouvernement Roumain l'organisation et le fonctionnement du CCCIB et les
normes concernant le financement du projet de
réhabilitation et revitalisation du centre historique

1. Programmes, politiques et lois – niveau national

106
Au niveau local, le programme [Programme de développement de la ville de Bucarest. 2000-
2008] de la Mairie de Bucarest promeut la « réhabilitation, reconstruction et revitalisation
urbaine » qui concerne le centre historique de Bucarest (parmi d'autres zones urbaines). Il
s'inscrit dans la politique de développement régional et dans la politique de l'aménagement du
territoire promue par le Gouvernement, les deux pointant la nécessité de l'intervention sur les
quartiers en déclin et pour la conservation des centres historiques des villes (voir tableau -
niveau national).
Programmes, Politiques publiques Actes normatifs
niveau local
Programme de développement de Bucarest 2000-2008
Réhabilitation des zones historiques (zones construites DPG 405/2003 concernant l'Unité pour
reconstruction protégées) l'implémentation du Projet Multisecteur, modifiée
et revitalisation par DGP 998/2005
des zones déstructurées (Bucarest 2000)
urbaine en
Bucarest des quartiers d'habitat collectif
Transport urbain; DGP 766/2005 concernant l'interdiction de la
Utilités publiques circulation des véhicules dans la zone du centre
historique de Bucarest
Programme d'action de la Mairie 2005-2008
1èr chap. Infrastructure urbaine – Réhabilitation de DGP 811/2005 concernant le transfert de
Transport, voirie, l'infrastructure dans le centre historique de l'application du DGP 766/2005 dans la responsabilité
systématisation Bucarest de la Mairie du 3ème .
de la circulation
7ème chap. La réhabilitation du centre historique de Bucarest
stratégie dans le historique réhabilitation et restructuration des HCGMB 9/2005 concernant l'approbation de la
domaine de zones déstructurées (Bucarest 2000) "Stratégie de développement du centre historique du
l'urbanisme et de Bucarest" dans le cadre du plan d'urbanisme zonal- la
réhabilitation et rénovation des quartiers
l'aménagement zone du centre historique du Bucarest – IIème étape /
d'habitat collectif
du territoire Ière phase

2. Programmes, politiques et lois – niveau local

Une première observation pourrait être faite : Au niveau national, les lois ont essayé suite à
des modifications successives, de préciser les concepts sur lesquelles elles se fondent : c'est le
cas du développent durable pour la loi de l'aménagement du territoire et urbanisme et
l'autonomie locale pour la loi de l'administration publique locale. Les documents de
planification spatiale qui ont résulté – du plan d'aménagement du territoire national et
jusqu'au plans d'urbanisme, au niveau local, se donnent comme objectif de contribuer à un
développement durable du territoire national (à tous les niveaux de la planification spatiale)
en tant que partie du territoire européen, dont l'objectif de planification spatiale est le
développement durable. Dans le fonctionnement de l'administration publique, l'augmentation
de la capacité institutionnelle répond aux mêmes efforts d'harmonisation de procédures avec
celles des administrations publiques des pays européens. Le tableau suivant montrera les
divers niveaux de la planification spatiale en Roumanie, et les rôles des institutions qui ont des
compétences d'élaboration, d'avis et d'approbation des documents d'urbanisme9, en

9
Avis – la procédure d'analyse et expression du point de vue d'une commission technique faisant partie de la
structure des ministères, de l'administration publique locale ou d'autres organismes centraux ou territoriaux
intéressés, ayant comme objet l'analyse des solutions fonctionnelles, des indicateurs technico-économiques et
sociaux ou d'autres éléments présentés par les documentations d'aménagement du territoire et urbanisme. L'avis
sera concrétisé par un acte (avis favorable ou défavorable) à caractère technique et obligatoire.
Approbation – l'option du forum délibératif des autorités compétentes, approuvant les propositions comprises
dans les documentations présentées et soutenus par des avis techniques favorables, émis en préalable. Par l'acte

107
conformité avec la loi 350/2001 :

Catégories de documents Institutions et compétences

Plan d'aménagement du territoire assure l'élaboration avis approbation


1. NATIONAL - PATN Ministère des travaux Gouvernement Parlement
publics
2. ZONAL - PATZ Ministère des travaux Ministère des travaux Conseils
aménagement du territoire

Régional ou interdépartemental - publics publics10, organismes départementaux


PATR, PATIJ centraux et Conseils locaux
Interurbain ou intercommunal - territoriaux intéressés
PATIC
Frontalier
Métropolitain, périurbain des
principales municipalités et villes
3. DEPARTEMENTAL Conseil départemental Ministère des travaux Conseil
publics, organismes départemental,
centraux et Conseil général de la
territoriaux intéressés Municipalité de
Bucarest
Plan d'urbanisme général de Le Maire, Le Conseil Ministère des travaux Conseil général de la
Bucarest et règlement local afférent général de la Municipalité publics, organismes Municipalité de
- PUG de Bucarest. (Le PUG centraux et Bucarest. Le PUG a
actuel a été élaboré par un territoriaux intéressés été approuvé en 2000
collectif du CCPEC –
UAUIM)
Plan d'urbanisme zonal et Le Maire, Le Conseil Ministère des travaux Conseil général de la
règlement local afférent - PUZ général de la Municipalité publics, organismes Municipalité de
de Bucarest. Elaborés par centraux et Bucarest
Zone centrale de la municipalité de des spécialistes, inscrits territoriaux intéressés,
urbanisme

Bucarest, ainsi que d'autres zones dans le Registre des Conseil général de la
fonctionnelles d'intérêt spécial urbanistes Municipalité de
Bucarest
Zones protégées ou sur lesquelles a été Ministère de la
institué un type de restriction Culture
Plan d'urbanisme de détail - PUD, Le Maire, Le Conseil Ministère des travaux Conseil général de la
investissements relevant de la général de la Municipalité publics, organismes Municipalité de
compétence du Gouvernement, de Bucarest. Elaboré par centraux et Bucarest
d'autres organes de l'administration des spécialistes, inscrits territoriaux intéressés,
publique centrale et ceux qui dans le Registre des Conseil général de la
concernent les zones protégées ou urbanistes Municipalité de
d'intérêt spécial Bucarest

Documents d'aménagement du territoire et urbanisme, rôle


des institutions

d'approbation (loi, arrêté du Gouvernement, décision des conseils départementaux ou locaux, selon le cas) les
documentations sont revêtues de force d'application, se constituant de la sorte comme vertu juridique en vue de
la réalisation des programmes d'aménagement territoriaux et de développement urbanistique, ainsi que de
l'autorisation des travaux d'exécution des objectifs d'investissement. (cf. Loi 350 /2001)
10
Dans le texte de la thèse nous utilisons une dénomination générique « Ministère des travaux publics ». Notre
choix est motivé par le fait que la dénomination de ce ministère a changée souvent : jusqu’au 2000 MLPAT
(Ministère des travaux publics et de l’aménagement du territoire), du 2001 au 2003 MLPTL (Ministère des
travaux publics, des transports et du logement), du 2003 au 2007 MTCT ( Ministère du transport, des
constructions et du tourisme), depuis 2007 (après restructuration avec MIE – ministère de l’intégration
européenne) MDLPL ( Ministère du développement, des travaux publics et du logement). Ce ministère a un
département spécialisé en aménagement du territoire et urbanisme.

108
1.3. Le rôle des documents d'urbanisme, les plans.

La phase opérationnelle d'un projet d'urbanisme a à la base des documents11 d'urbanisme qui
réglemente l'intervention sur le terrain. Ceux-ci (des plans, des réglementations écrites) - une
fois approuvés par les autorités compétentes, se constitue comme valeur juridique en vue de la
réalisation des programmes de développement urbain. Ces plans et réglementations sont une
traduction en plan spatial des politiques présentés auparavant. Reste à voir si cet instrument
qui est la documentation d'urbanisme (le PUZ dans le cas du projet de réhabilitation du centre
historique) vu son expression graphique (le plan) et son caractère de réglementation, pourrait
aider à développer en pratique l'approche intégrée et les principes énoncés dans les politiques
présentées auparavant.
Autrement dit, nous allons voir dans quelle mesure l'élaboration et l'utilisation de ces
documents d'urbanisme, dans le cadre du projet de réhabilitation du centre historique, suivent
la logique du plan , correspondant à une planification traditionnelle, linéaire et hiérarchique,
ou bien s’inscrivent dans des démarches de planification flexible et stratégique12. Par la suite,
seront présentées les caractéristiques du PUZ pour la réhabilitation du centre historique de
Bucarest, et son encadrement dans les documentations d'urbanisme existantes. Dans le
deuxième chapitre, dédié aux acteurs, nous allons voir comment a été élaboré et utilisé ce
PUZ.
Dans le texte de la loi 350/2001 différence est faite entre le caractère directeur et le
caractère de réglementation des documents d'urbanisme : Le caractère directeur est la qualité
d'un document approuvé d'établir le cadre général d'aménagement du territoire et de
développement urbanistique des localités, par la coordination d’actions spécifiques. Le
caractère directeur est spécifique aux documents d'aménagement du territoire. Le caractère de
réglementation est la qualité d'un document approuvé d'imposer certains paramètres aux
solutions proposées. Le caractère de réglementation est spécifique aux documents
d'urbanisme.
Dans la pratique, cette délimitation n'est pas très nette. En principe, le PUZ, par son
caractère de réglementation, arrête les règles et les paramètres d’utilisation du sol. Selon
Pascariu [2004, pp. 11-12], c'est le cas d'un PUZ qui traite d'une zone restreinte dans la ville et
qui se traduit plutôt par un plan de design urbain. Selon le même auteur, quand le PUZ traite
d'une zone plus importante – la zone centrale par exemple d'une grande ville, le PUZ a aussi
un caractère directeur, car il définit des « directions et orientations générales de
développement ». Un schéma proposé par Pascariu facilite la compréhension de ces
caractéristiques et de l'emboîtement des divers niveaux de la planification spatiale. Nous
reprenons par la suite ce schéma générique de la planification spatiale en Roumanie, en y
indiquant la position du PUZ pour la réhabilitation du centre historique. Dans ce cas en effet
il s’agit d’un PUZ enrichi avec une dimension stratégique : une étude de marketing socio-
économique urbain a été élaborée dans une première phase, suivi ensuite d'une stratégie et un
plan d'action concernant la mise en œuvre du projet. Et ceci parce que le cahier des charges

11
Le terme utilisé dans la traduction en français de s lois roumaines (voir vol. 2 Annexes) est « documentation
d’urbanisme »
12
Le modèle négocié (correspondant à une planification flexible et stratégique) serait caractérisé par une capacité
d'ajustement des objectifs par rapport aux moyens) tandis que le modèle hiérarchique (correspondant à la
planification hiérarchique) était caractérisé par le rigorisme d'une démarche rationnelle (souvent l'apanage de
l'Etat) qui visait la recherche d'une meilleure solution. Voir Ière partie, chapitre 3 « De l'internalisation des
problèmes de l'urbain […] »

109
formulé par la Mairie avait sollicité : « une approche interdisciplinaire » dans « l'élaboration
d'une réglementation intégrée » afin de « orienter le développement urbanistique de la zone »
et « débloquer et préparer les investissements » [CPUMB - Cahier des charges PUZ].

Source de l'image : Pascariu, 2004, schéma p. 11

Les principes qui fondent la dimension stratégique du PUZ Centre historique, découlent des
objectifs stratégiques du PUG Bucarest, de ceux du PATJ Ilfov (le département), et du PATN.
En effet, un suivi des objectifs stratégiques définis à chaque niveau territorial pourrait se
décliner comme nous le présentons ci après :

1. Le PATN 13 est « le support du développement complexe et durable[...]du territoire national


et représente la contribution spécifique de notre pays au développement du territoire
européen, par un système de planification intégrateur, fondé sur la prémisse de l'intégration
de la dynamique spatiale et économique – sociale européenne ». Dans la IIIème partie – Zones
protégées, le centre historique de Bucarest figure dans la liste des ensembles urbains ayant une
valeur culturelle exceptionnelle, d'intérêt national, qui doivent être protégés et conservés.
Les objectifs stratégiques dans ce domaine sont :
- L'adoption des politiques d'aménagement du territoire en faveur de l'intégration
des biens de patrimoine dans la vie des communautés humaines, sans que cela
affecte l'intégrité du patrimoine.
- La création d'un cadre légal en faveur de l'application des mesures techniques et
administratives, les plus efficientes, pour la protection, la conservation et la mise en
valeur du patrimoine culturel immobile.

13
Parmi les documentes européennes qui ont orienté l'élaboration du PATN : « Les Principes directeurs pour le
développement territorial durable du Continent européen », CEMAT, Hanovre, 2000 (cf. « Expunere de
motive pentru proiectul de Lege privind aprobarea Planului de Amenajare a Teritoriului Naţional – Secţiunea I –
Reţele de transport / présentation du projet de loi concernant le PATN – Ière section – Reseaux de transports»)

110
- L'élaboration des études et la définition des mesures opérationnelles pour
augmenter la capacité de l'Etat de protéger le patrimoine cultural (Etudes pour la
délimitation des zones protégées, PUZ pur les zones protégées)
- La création au niveau national et départemental des organismes chargés avec la
protection, la conservation et la mise en valeur des biens du patrimoine cultural,
ainsi que la création des centres de formation dans ce domaine.

2. Ensuite, le PATJ Ilfov précise que la stratégie de développement dans le domaine de la


culture se fonde sur les principes de la Communauté Européenne et en accord avec les
orientations de PATN. Ainsi, le document souligne la nécessité des mesures urgentes pour la
protection du patrimoine, car celui-ci est « de plus en plus menacé », non pas seulement par
une dégradation naturelle, mais aussi à cause de « l'impact incontrôlé de la vie sociale et
économique ». Les objectifs stratégiques définis au niveau départemental reprennent ceux
définis au niveau national. Ainsi il faut :
- Continuer dans un rythme soutenu l'élaboration des études pour de délimiter les
zones de protection des monuments historiques institués par la « Liste des
monuments historiques ».
- Elaborer et approuver les documents d'urbanisme (PUZ) et les règlements afférents
qui comprendront les paramètres et les mesures nécessaires pour la protection et la
conservation du patrimoine.
- Définir les mesures adéquates pour assurer la protection et l'intégrité des
monuments. Ces mesures seront incluses dans les documents d'urbanisme
spécifiques.
- Réaliser des programmes de mise en valeur des monuments historiques, les
intégrer dans des circuits touristiques existants ou nouveaux.

3. Le PUG Bucarest reste dans la ligne de l'harmonisation entre les orientations nationales et
celles européennes. L'objectif du PUG est de créer les conditions pour que Bucarest rejoint en
2005 le niveau actuel de développement des capitales des pays européens actuelles, en
conformité avec le rôle défini au niveau national, pour Bucarest - de « locomotive » dans
l'application de la stratégie nationale de développement économique de la Roumanie, ainsi
que dans la compétition avec les capitales européennes (dans le contexte de l'intégration de
l'Union européenne et de NATO). Ainsi, le PUG prévoie que les priorités ne doivent pas être
formulées seulement d'une façon technique et pragmatique, en conformité avec les ressources
disponibles, mais qu’elles doivent être orientées également dans le sens de court-circuiter des
étapes déjà parcourues par les pays développés, évitant ainsi des expériences et des coûts
économiques et sociaux inutiles. Une vision de développement à long terme est formulée,
jusqu'en 2025, ayant cinq objectifs stratégiques généraux :
- Accentuer l'identité de Bucarest en accord avec son aspiration de devenir une
métropole européenne.
- Augmenter la vitalité et l'attractivité de Bucarest en accord avec son rôle de capitale
de la Roumanie.
- Développement de la capitale en tant qu'agglomération urbaine, ayant un rôle actif
et stimulateur au niveau régional et métropolitain.
- Amélioration de la vie des habitants
- La mise en valeur et la protection du potentiel naturel et architectural -
urbanistique.

111
4. Le PUZ Centre historique doit faire des plans et du règlement d'utilisation des sols (qui
constitue d'habitude son contenu), des instruments pour la mise en œuvre des orientations du
PUG. Vu les multiples dimensions que ce document doit intégrer, le cahier des charges a
sollicité qu'au contenu habituel du PUZ14 soit rajouté un autre type d'instrument que le plan:
la stratégie et le plan d'action. Cette stratégie pour la réhabilitation du centre historique,
élaborée par un bureau d'étude, IHS România15, a repris les cinq objectifs stratégiques du
PUG, pour formuler les principes de la stratégie de développement du centre historique. Ces
principes expriment le lien qui doit exister entre la valeur du centre historique et le
développement de la Capitale, ainsi que l'opportunité d'utiliser l'expérience internationale déjà
capitalisé dans ce domaine. Ils ont été formulés ainsi [IHS Romania, 2003]16:
- Préservation du caractère et de l'identité de la zone
- Revitalisation durable, orienté vers le marché. Ce processus doit être réalisé par
adaptation aux demandes du marché, par la réalisation des investissements en
partenariat public – privé.
En accord avec ces principes, la vision du développement du centre historique et les
objectifs stratégiques ont été formulés ainsi [idem, pp. 8 – 9] :

4a) La vision de développement pour le centre historique devra répondre aux besoins présents
et futurs de la communauté urbaine locale et en même temps, aider au repositionnement de
Bucarest parmi les autres capitales européennes. La construction de cette vision doit s'appuyer
sur un processus participatif, qui doit faire place à plusieurs facteurs de décision - les hommes
d'affaires, les associations professionnelles, les associations de la communauté locale - afin
d'obtenir le consensus en ce qui concerne le développement de la zone et les ressources qui
doivent être mobilisées pour ceci.

4b) Les objectifs stratégiques :


- Intégration du centre historique dans le développement économique de Bucarest.
La stratégie de développement sera inclue dans les patterns du le développement
socio-économique et culturels de la ville. Le plan de développement devra être en
accord avec les opportunités existantes dans la ville.
- Déléguer les responsabilités pour la revitalisation urbaine. Les actions d'utilisation
et de maintenance des sites historiques sollicitent une structure institutionnelle
complexe et efficace du point de vue de la protection du patrimoine et du
financement. L'intérêt politique à court terme, doit être équilibré avec des
structures professionnelles actives dans le domaine de la protection et de la

14
Le contenu du PUZ – les plans qui illustrent les paramètres de l'occupation des sols, les fonctions permises, le
régime de propriété des terrains, la circulation auto et des piétons et le règlement afférent – n'a pas changé
essentiellement. Ce qui a changé suite aux lois adoptées est la procédure d'élaboration et mise en œuvre du PUZ.
La participation de la population à l'élaboration et à la prise de décision dans le cas des documentations
d'urbanisme est une de ces nouvelles procédures prévues par les lois.
15
IHS Romania SRL est un bureau d’étude crée en 1994. Il représente en Roumanie « Institute for Housing and
Urban Development Studies » Rotterdam, Pays Bas. Le domaine d’activité d’IHS România est la formation, la
consultance et la recherche dans le domaine du management urbain. Le site officiel, http://www.ihs-romania.ro/.
IHS România est à retrouver souvent en tant qu’élaborateur des études concernant les stratégies de
développement des villes en Roumanie.
16
IHS România – PUZ Centre historique, Stratégie de développement, 2003, dans « PUZ Centre historique,
2ème Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité. »

112
réhabilitation des monuments. Un projet pour la définition d'un système
institutionnel durable du point de vue politique, professionnel et financier est
nécessaire.
- La valeur du lieu – une priorité du plan de développement. Le plan de
développement doit considérer le site du point de vue du « sens du lieu » plutôt
qu'une « juxtaposition de bâtiments ». Ainsi, les composantes opérationnelles du
plan de développement, au niveau des politiques, programmes et projets, vont
organiser en priorité, les ressources qui peuvent conduire à la création d'une plus
value pour la communauté locale de Bucarest.
La vision ainsi formulée et les objectifs stratégiques proposés pour l'atteindre constituent déjà
l'expression d'une volonté de dépasser la logique classique du plan. Ces plans qui constituent
l'expression graphique des réglementations, ne seraient plus le résultat d'une décision basée
exclusivement sur des arguments techniques, mais le résultat des négociations entre les
facteurs de décision, les hommes d'affaires, les associations professionnelles, les associations
de la communauté locale. Nous avons présenté la vision proposée par d’IHS Romania, ceux
qui ont élaboré la dimension stratégique du PUZ, reste à voir si ceux qui participent à la mise
en œuvre la partagent.

1.4. Conclusion partielle concernant le cadre de la planification urbaine en


Roumanie

Apres cette présentation du cadre de la planification urbaine en Roumanie, nous pouvons


affirmer déjà, que des changements dans l'organisation des acteurs urbains se sont produits
après la chute du communisme et à la suite de la décentralisation. Ces changements ont suivi
le rythme de la définition au fur et à mesure de l'autonomie locale et des nouvelles attributions
de l'administration publique centrale et locale. Le processus d'adhésion à l'Union européenne
a créé des nouvelles structures institutionnelles ou des départements spécialisés dans
l'intégration européenne, dans le cadre des institutions existantes. Ces nouvelles structures ont
été chargées de faire fonctionner le système institutionnel roumain en accord avec les
institutions et les normes européennes.
Reste à voir si les acteurs urbains qui appartiennent à ces institutions reconfigurées
sont parvenus à s'inscrire dans la démarche du projet de régénération urbaine (tel qu’il est
défini au niveau européen) à l'occasion de la mise en œuvre du projet de réhabilitation
urbaine à Bucarest. Nous partons de l'idée que le cadre institutionnel et législatif, leur en offre
les possibilités.
Pour cette question nous allons voir si pour la réhabilitation du centre historique de
Bucarest, nous pouvons observer aussi dans la pratique du projet, une approche intégrée de
plusieurs secteurs nécessitant l’intervention : la relance économique, l’insertion sociale de ses
habitants, l’amélioration de la qualité de l'environnement urbain, des bâtiments et des espaces
publics. En même temps, pour éviter des décisions trop technocratiques et éloignés des
besoins des citoyens, cette approche intégrée devrait être accompagnée d'une bonne
gouvernance locale dans le sens de la transparence dans la prise de décision, le partenariat des
acteurs publics et privés, la participation de la population concernée par le projet17. Peu-on
constater l’émergence d’une telle approche, analysant les jeux que les acteurs urbains
développent dans le cadre du projet de réhabilitation du centre historique de Bucarest ?

17
Voir Ière partie, chapitre 3. « De l'internationalisation des problèmes de l'urbain […] »

113
2. Configuration des acteurs urbains dans la
réhabilitation du centre historique à Bucarest

2.1. Les étapes de la définition du projet

L'histoire du projet qui sera présentée par la suite a été reconstituée en utilisant des
informations provenant de plusieurs sources dont le programme d’action de la mairie et une
vingtaine des entretiens avec les acteurs du projet. La description du projet de réhabilitation,
reconstruction et revitalisation urbaine du centre historique, énoncée dans le Programme de
développement de Bucarest 2000-2008 (élaboré par la Mairie) a été complétée par des
nombreux articles parus dans la presse, à partir du début de l'année 2003, quand le projet a été
rendu public. Les entretiens effectués auprès des acteurs impliqués ont rajouté des précisions
dans la reconstitution du déroulement du projet et ont également permis de préciser les
objectifs visés par chacun des acteurs interviewés.
Ainsi, le projet décrit dans le Programme de la Mairie a constitué le point de départ de
cette analyse. Ce projet, démarré par la Mairie en 2002, n'est ni le premier ni le seul qui a
concerné le centre historique de Bucarest, mais il est, pour le moment, juste le seul qui a été
formulé dans le cadre d'un Programme qui se donne comme objectif le développement
durable. J'ai cependant considéré nécessaire la présentation des autres projets ou études qui
ont concerné ce terrain, pour une perception plus nuancée du projet étudié.
Ces autres projets témoignent de l'intérêt que l'administration locale et des spécialistes
ont eu pour le centre historique, et montrent que la nécessité de l'intervention prend racine
bien avant l'année 2002. Ils aident aussi à reconstituer un fil rouge de ces préoccupations, pour
ce qui est des objectifs formulés mais aussi pour les pratiques des acteurs impliqués.

2.1.1. Les années ‘90 - A la recherche des fonds et des savoirs pour revitaliser la zone de
Lipscani

Apres la chute du communisme, l'administration publique centrale et locale a été confrontée à


des problèmes urgents, qui ont nécessité des décisions ponctuelles, immédiates. La gestion de
la ville, dans le contexte de la transition des années 90, n'a pas suivi les démarches d'une
planification stratégique18.
En ce qui concerne la ville de Bucarest, la chute du communisme a mis fin aux projets
de systématisation et aux démolitions massives commencés dans les années 80. En l'absence
d'une nouvelle stratégie de développement de la capitale, l'attention des acteurs urbains

18
Les problèmes à résoudre prioritairement à l'époque étaient liés à la pollution de l'environnement, au statut de
la propriété, au manque des infrastructures basiques dans les zones rurales (électricité, eau potable). [Pascariu,
2004, pp. 84-85]

114
émergents et de la mairie générale s'est orientée ponctuellement vers des zones de la ville ayant
un potentiel de développement. Epargnée par les démolitions, la zone historiquement
constituée autour de l'Ancienne Cour (Curtea Veche) et les rues commerçantes dont Lipscani
est considérée comme la plus représentative, a fait l'objet de leur l'intérêt.

L’émergence de la réflexion, le rôle de l’ l'Union des Architectes Roumains (UAR).


Des études concernant cette zone, élaborées
après 1990 [IHS 1995, URBED 1995]
montrent que l'Union des Architectes
Roumains (UAR) a été parmi les premiers
acteurs institutionnels à prendre l'initiative
d’une intervention sur ce secteur. Ainsi, dans
les années 1990 –1992, l'UAR s'est appuyée
dans ses démarches sur des compagnies
anglaises spécialisées dans la planification
urbaine comme URBED et Terry Farrell and
Partners (TFP), en tant que consultants.
L'initiative a été matérialisée par une visite des
représentants des compagnies anglaises et par
une étude rédigée par URBED, en 1995. Un
des objectifs de ces visites a été aussi la rédaction d'un rapport à l’intention de la Banque
Mondiale, pour obtenir des fonds. La réponse donné par la Banque Mondiale à l'époque
pourrait être résumé ainsi : « faites des efforts pour la propreté, ravalez les façades, et ensuite
on pourra discuter »19.

La Mairie commande un plan d’action pour le centre historique


En 1995, la Mairie de Bucarest a été initiatrice d'un plan d'action en vue de la revitalisation du
centre historique. IHS România a collaboré avec la Mairie pour l'élaboration du « Plan
d'action pour la revitalisation de la zone de Lipscani ». L'étude d'IHS a apporté sa contribution
dans quelques domaines pionniers en Roumanie : celui des politiques de « rénovation
urbaine » (sic), les aspects économiques de la rénovation urbaine, l'impact de l'utilisation des
terrains et des bâtiments sur la valeur de la propriété, la relocations des habitants et le
partenariat public - privé, ainsi que des aspects institutionnels du processus de rénovation
urbaine20.
L'étude a été financée par la « Fondation pour la reconstruction de la Capitale ». Cette
Fondation a été crée par la Banque Nationale (BNR) et la Mairie de Bucarest. Ainsi la BNR,
dont le siége est situé dans la zone concernée (rue Lipscani), a pu investir une partie de ses
fonds dans divers travaux faits par la Mairie, prioritairement dans le centre historique, pour
améliorer l'image de la zone et les services (la qualité du revêtement de la rue Lipscani,
l'éclairage publique, les parkings).

19
Cette affirmation a été citée par un des participants à un débat sur le centre historique. Le débat a eu lieu lors
d’une table ronde avec le thème « Le centre historique de la capitale, présent et perspectives » dans le cadre du
projet « Associations du quartier de l’Ancienne Cour » développé par ATU, en partenariat avec le UNDP et le
projet « Beautiful Bucharest. L’événement a eu lieu en novembre 2001 à la Mairie de Bucarest. La transcription
du débat a été faite par les membres de ATU (association pour la transition urbaine) et a constituée notre source.
20
Cf. http://www.ihs-romania.ro/consultanta/058, consulté le (04.12.2006)

115
L’agence de revitalisation du centre historique, les premières démarches.
En juin 1995, La Mairie, la BNR, IHS România et URBED ont organisé un séminaire
international « Aspectes de la rénovation urbaine de la zone historique de Lipscani». Ensuite,
une équipe roumaine (composée par des fonctionnaires de la Mairie) a fait un voyage d'étude
en Angleterre, afin de visiter des sites qui ont fait l'objet de projets de régénération urbaine21.
Le voyage a été financé par le programme britannique Know How Fund22. A la suite de ces
évènements, un groupe du projet a été désigné, sous la coordination de l'architecte en chef de
la capitale et du vice - Maire. Une structure mixte, de type société commerciale devrait être
créée par la suite, une Agence de revitalisation, sous l’autorité du Conseil de la mairie, qui
devait s’occuper exclusivement du projet de revitalisation de la zone Lipscani. La controverse
qui a surgi à l'époque (les années 1995 et ensuite en 1997-1998 selon les interviewés) autour de
la réalisation de cette Agence mérite s'y attarder car elle contient des dilemmes et des blocages
qui vont réapparaître plus tard, chaque fois que la question de l'organisation et du
fonctionnement d'une telle Agence va se reposer.
Une des études faites par IHS Romania [1995] montre que l'Agence n'a pas été créée, la
bureaucratie dans l'utilisation des financements étant une des sources des blocages. Les
entretiens effectués ont apporté de précisions sur ce point. Aucune poursuite n'a pas été
donnée par la Mairie, ou du moins, rien n'a pas été visible jusqu'aux 1998. A part les blocages
dus à la bureaucratie, la création de l'Agence s'est superposée aux deux changements de
mandats de maire : En 1996, après des élections locales, le maire change et le nouveau élu
n'arrive pas à la fin de son mandat, car en 1998, il est nommé premier ministre. Le nouveau
maire élu en 1998 a repris le projet et la mairie a obtenu des fonds européens PHARE, pour la
création d'une Agence de revitalisation de la zone de Lipscani. IHS România et IHS Pays Bas
ont été chargés de nouveau de l'élaboration du projet de management de cette agence.
Ainsi, en 1998, le financement et le projet pour une nouvelle agence existaient, mais au
moment de la création effective de celle-ci, des blocages sont de nouveau apparus. Les
entretiens m'ont laissé comprendre que les préoccupations des conseillers municipaux étaient
plutôt dans le registre des privilèges immédiats, liés à l'apparition d'une telle agence :

« en 1995, lors du séminaire, quand nous avons présenté ce qu'est une Agence, c'était l'étonnement
complet, ils ont commencé à demander qui serait le directeur de l'Agence et quel salaire va-t-il avoir »
[entretien Groupe 1- spécialistes].

De plus, le manque de l'expérience en ce qui concerne le rôle et le fonctionnement d'une telle


agence est ressorti des soucis formulés concernant un possible monopole étranger sur le
projet, à cause de la participation des spécialistes hollandais en régénération urbaine, dans
l'agence .

« Les conseillers ont cru que les hollandais vont profiter de la crème…comme quoi… le centre
historique était la poule aux œufs d'or […] alors ils ont refusé de signer, ils l'ont laissé tomber, rien ne
s'est passé ensuite » [entretien Groupe 2 – administration publique centrale].

21
Le voyage ainsi que l’organisation du séminaire ont été des étapes dans le cadre du même projet de «Aspects de
la rénovation urbaine de la zone de Lipscani », dans lesquels ont participé en partenariat IHS România (bureau
d’étude), CPUMB Centre pour le projet urbain (Mairie de Bucarest), URBED (bureau d’étude anglais). Le voyage
était mentionné parmi les étapes du projet de 1995, et il est rappelé dans les entretiens par des acteurs du Groupe
1 (spécialistes) et du Groupe 2 (administration publique centrale).
22
A partir de mai 1991, la Roumanie bénéficie d'une assistance avec des fonds du programme Know How Fund.
Cette initiative du gouvernement britannique encourage les transformations et la création d'une économie de
marché dans les pays de l’Europe centrale et orientale.

116
Une autre affirmations faite par un acteur du Groupe 1 – spécialistes, pourrait offrir une
explication pour cette attitude. Plus précisément, selon cet interviewé, en 1995-1998, l’époque
des premiers essais pour la création d’une agence qui coordonne le projet de revitalisation,
c'était « trop tôt » et il fallait laisser le temps passer pour que « les mentalités des politiciens
changent ». C'est ainsi que cette première tentative de création d'une agence de revitalisation a
échoué. Mais l'idée a été reprise plus tard.

Initiative législative du gouvernement pour la création des deux agences pour deux
zones d’intérêt national, situées en centre ville
Nous proposons par la suite un bref regard
sur un exercice similaire qui s'est passé en
parallèle. Apres 1996, suite au concours
Bucarest 200023, le Ministère des travaux
publics a initié un projet de loi concernant le
statut de zone d'intérêt national , qui devrait
être attribué à un territoire situé en centre
ville, englobant la zone de l'ancien centre
civique et le centre historique. En 1998 cette
initiative a été matérialisée par un arrêté du
gouvernement, OG 129/1998. Cet arrêté a
institué, pour la première fois, un statut
spécial pour cette zone qui incluait aussi le
centre historique : zone d'intérêt national (ce
qui pourrait conditionner toutes les tentatives
d’intervention dans cette zone, du fait de la priorité d’un projet global de régénération
urbaine, géré par l’administration publique locale et aussi par l’Etat). L'arrêté du
gouvernement instituait donc ce statut pour les deux zones voisines (le centre historique et le
centre civique – Bucarest 2000) et instituait aussi, la création de deux agences : « l'Agence de
Réhabilitation urbaine pour l'ensemble urbain constitué par le centre historique » et
« l'Agence de Développement urbain pour l'ensemble urbain constitué par le Centre Civique,
Bucarest 2000 ».
L’Agence Bucarest 2000 a été constituée en 1999 –2000 : dans la HGMB 105/1999
(arrêté de la Mairie de Bucarest) est énoncé le projet de l’acte constitutif et les attributions de
cette agence. La HGMB 105/1999 évoque l'OG129/1998 (qui concernait les deux zones

23
Durant les années 80, une intervention d'ampleur a eu lieu en centre ville de Bucarest, faisant la table rase sur
500 ha pour construire un ensemble urbain qui a été nommée le « Centre Civique » de la ville. En Roumanie,
cette opération de rénovation urbaine a été inscrite dans une logique idéologique particulière qui prônait la
démolition pour promouvoir les idées du pouvoir politique en place et rompre avec la structure traditionnelle de
la ville (politique soutenue par la loi la loi 58 / 1974 de la systématisation des localités urbaines et rurales). Le
résultat de cette politique a été l’apparition d’une rupture morphologique et sociale dans le tissu urbain. Après
1989, l’existence de cette fracture dans la zone centrale de la capitale a suscité l’intérêt des professionnels et aussi
du pouvoir politique, et en 1996 un concours international a été organisé (Le Concours Bucarest 2000). Le
concours a sollicité une réponse par rapport à la forme urbaine : une solution d’aménagement pour cette zone et
surtout pour les terrains non - bâtis. Le projet gagnant (Meinhardt von Gerkan and Partners) a proposé un
principe pour la régénération morphologique du tissu urbain. Le cadre institutionnel et les réglementations
urbanistiques pour la zone du concours, devraient être créées par la suite. [Hapenciuc Blum, 2002] Voir aussi
description en Vol2. Annexes, annexe de la première partie – Concours Bucarest 2000.

117
adjacentes). Cependant, la Mairie s'occupe en exclusivité de la zone du Centre Civique et de
l'Agence respective. La création en priorité de cette dernière pourrait être justifiée par l'intérêt
suscité par le concours Bucarest 2000 qui avait ouvert l'opportunité d'intervenir sur ce
territoire. Ainsi, l’Agence Bucarest 2000 a été créée comme société par actions24 : le Conseil
Général de la Mairie de Bucarest (C.G.M.B.) - 36%, Centrul Bucharest Consortium Ltd. (CBC
Ltd.) - 42%, Dress & Sommer Consult Invest S.R.L. - 18%, la Banque Commerciale Roumaine
(BCR)- 2%, La Banque Européenne de Reconstruction et Développement (BERD) - 2% des
actions. Les sociétés Bucharest Consortium Ltd. et Dress & Sommer Consult Invest S.R.L.
étaient des sociétés ayant de l’expérience dans les opérations de régénération urbaine en
Angleterre et Allemagne. Elles ont été choisies à la suite d’un appel d'offre.
Dans la HGMB 105/1999 sont énoncés aussi les objectifs de l’Agence Bucarest 2000 :
– L’élaboration du Plan de développement économique et urbain en accord avec le PUG et
le résultat du concours Bucarest 2000. Élaboration du PUZ Bucarest 2000 (art. 5.a.)
– La conception et la structure de la Stratégie du développement économique (art. 5.b.)
– La création des nouveaux lieux de travail (art. 5. c.)
– La régénération urbaine de la ville de Bucarest et l’amélioration des conditions de
l’ambiance dans la zone Bucarest 2000 (art. 5. d.)
– Le management du processus de développement de la zone en conformité avec le Plan de
développement urbain et économique. (art. 5. e.)
– L’agence va soutenir toute initiative législative liée a la consolidation du cadre juridique
légal nécessaire pour la réalisation du projet Bucarest 2000 et la constitution d’un fond de
compensation pour pallier les éventuels litiges foncières. (art. 5. f.)
– CBC Ltd. va rechercher des financements pour les études préliminaires. Pour le projet,
l’Agence devra attirer des investissements internationaux et nationaux, dans les conditions
de la loi. (art. 5. h.)
– La Mairie devra constituer, dans le cadre du Département chargé des certificats
d’urbanisme et des autorisations de constructions, un Groupe de travail spécial qui sera
chargé de traiter en priorité les projets de l’Agence. (art. 5. k.)

C'est ainsi qu'ont été définies les attributions de l'Agence Bucarest 2000, comme une société
mixte, par actions, chargée de l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan stratégique de
développement de la zone. Cette agence n'est pas arrivée à fonctionner. L’arrêté OG129/1998
a été contesté par le ministre des travaux publics dans une séance qui a eu lieu dans la
Chambre des députés le 6 février 2001. L’arrêté a été abrogé.
Le ministre des travaux publics, représentant le point de vue officiel du
Gouvernement, a contesté l'OG 129/1998, motivant que l'Agence de développement créée par
l'arrêté précité aurait le monopole sur le développement de la zone « la plus importante pour
les investissements immobiliers, existante actuellement en Roumanie ». La peur du monopole
reparaît ainsi de nouveau : le ministre évoque le poids du secteur publique à l’intérieur de
l'Agence et considère que le capital de l'Agence est trop petit par rapport à la taille de
l'opération, qui suppose des investissements, de « 2 milliards USD ».

Monsieur le président,
Je tiens à vous communiquer depuis le début, que la position du Ministère des travaux publics, des
transports et du logement est de proposer à al Chambre de rejeter ce projet de loi (projet de loi pour
l’approbation de l’OG 129/1998, ma note). Cet arrêté (OG 129/1998) qui a provoque des vif débats il y a

24
Cf. l’arrêté du Conseil général de la mairie, HCGMB 105/1999, art. 2

118
un an et demi, a au moins trois caractéristiques qui nous semblent inacceptables : deux qui résultent de
la loi et une de la mise en pratique de la loi ou de l’arrêté respectif, qui actuellement est suspendu […]. Il
crée un monopole sur le centre historique et le centre de Bucarest, c'est-à-dire, une seule société
commerciale aurait la possibilité de rédiger des projets et de faire les travaux d’exécution. Peut-être ceci
est la zone la plus importante pour les constructions actuellement, en Roumanie, et de plus, la loi
mélange le centre historique et le centre commercial de Bucarest et ceci nous détermine de rejeter
l’arrêté (OG 129/1998).
De plus, la mise en pratique de cet arrêté (OG 129/1998) a montré que pour une affaire dans laquelle
sont impliqués 2 milliards de dollars, on a créé un SRL qui a son capital social autour de 30 milles de
dollars, et dont le principal actionnaire est le représentant d’une société anglaise qui a comme capital
social 100 livres sterling ! [Allocution du ministre des travaux publics, dans la Chambre des députés, le 6
février 200125, traduit du roumain].

Ainsi, avec un cadre juridique contesté mais inachevé, auquel s'est rajoutée l'incapacité de
fonctionnement de l'Agence Bucarest 2000 même, la poursuite du concours et
l'enclenchement d'une opération urbaine d'envergure sur le territoire du Centre Civique n'ont
pas été possibles.
Suite à ces évènements, la zone du Centre Civique - zone Bucarest 2000, a perdu son
statut spécial. De toute façon, cette zone a été tellement bien défendue par le désengagement
de l'administration publique à l'époque et par un manque systématique de décision, que même
aujourd'hui, aucun investissement d'envergure ne la concerne. Pourtant, la zone adjacente,
celle du centre historique – va faire l'objet d'un autre arrêté gouvernemental, en 2001, qui va
instituer le rôle du gouvernement dans le projet actuellement en cours.

Première analyse des années 90


Quelques aspects sont à retenir de cette période de dix ans, malgré l'incapacité de
l'administration publique d'aboutir à un programme d'action concernant le centre historique
et de le mettre en place.
Si avant les années 90, dans le cadre fortement hiérarchisée et contrôlé par un Etat
puissant et totalitaire, il n'était pas possible d'identifier des acteurs, mais des exécutants, après
la chute du communisme, des nouveaux acteurs sont apparus et les anciens acteurs ont
redéfini au fur et à mesure leurs rôles. Dans les années 90 l’Etat était en plein processus de
restructuration et de construction politique, économique et institutionnelle, dans le sens des
critères de Copenhague26 pour un Etat de droit. Par conséquent, le contexte des années 90
pourrait être décrit brièvement ainsi :
− L’Etat n’avait plus le même rôle dans la prise décision qu’auparavant.
− L’Absence des politiques publiques, des stratégies et des moyens
− Au niveau local – la Mairie doit prendre l’initiative et trouver des fonds.
− Les Mairies sont confrontés avec une multitude de problèmes et doivent restructurer
leur fonctionnement même. Il n’y a plus de directives de l’Etat et plus de fonds.
− D’autres acteurs montent en importance et prennent l’initiative – l’UAR

25
Le sténogramme complet est disponible sur le site Internet de la Chambre des Députés, en ligne, sur <
http://www.cdep.ro/pls/steno/steno.stenograma?ids=5054&idl=1> (consulté le 03.03.2006)
26
Institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l'homme, le respect des
minorités et leur protection, l'existence d'une économie de marché viable ainsi que la capacité à faire face à la
pression concurrentielle et aux forces du marché à l'intérieur de l'Union Européenne, capacité d'en assumer les
obligations, et notamment de souscrire aux objectifs de l'Union politique, économique et monétaire

119
− Des nouveaux bureaux d’études apparaissent : soit étrangers (URBED), sollicités en
tant que experts par des professionnels locaux (UAR), soit locaux (IHS Romania) avec
une formation accomplie à l’étranger, et donc connectés à une réseau de savoir-faire
étrangère.
− La banque nationale – la BNR qui a crée en partenariat avec la Mairie de Bucarest, la
« Fondation pour la reconstruction de la capitale ».
− Les banques internationales (comme Banque Mondiale, la BERD) – source de
financement à travers des programmes (comme par exemple le programme PHARE)

La montée en puissance du local, sur le fond de la décentralisation est une caractéristique de


cette période. Cette décentralisation a obligé les administrations locales à chercher des leviers
de développement sur le plan local, ainsi que à identifier les ressources nécessaires. Des
bureaux d'études avec des spécialistes qui ont suivi des formations à l'étranger sont apparus et
ont pu apporter un regard nouveau sur les pratiques de la planification urbaine. Ceci s'est
traduit par des actions ponctuelles, exploitant souvent des ressources diverses : instruments
locaux, expériences et financements étrangers. La capacité de l'administration publique
d'utiliser ces ressources a eu comme résultat un enchaînements d'expérimentations qui ne
sont pas arrivées à répondre aux objectifs définis : la revitalisation de la zone de centre
historique.
En ce qui concerne les notions utilisées durant cette période, même si dans les études27
élaborées à l'époque il s'agit tantôt de régénération urbaine, tantôt de rénovation, tantôt de
revitalisation urbaine, le sens de ces termes ne doit pas être recherché strictement dans une
littérature spécialisée28, mais plutôt en relation avec la terminologie existante dans les pays qui,
à travers des échanges d'expérience et de formations, ont inspiré des modèles, à l'époque. Des
financements et des programmes étrangers ont facilité l'échange d'expériences entre les pays
de l'Europe et la Roumanie, tels comme celles entres les spécialistes anglais et hollandais et les
autorités publiques locales. Le voyage d’étude entrepris par une équipe de la Mairie de
Bucarest en Angleterre, sur des sites des projets de régénération urbaines, ainsi que le le
concours international Bucarest 2000, ont été des occasions pour que les acteurs urbains de
Bucarest rencontrent des spécialistes étrangers et que le débat soit lancée sur la régénération
urbaine dans les termes qu’il était fait dans les pays européens [Hapenciuc Blum 2002].
Ce qui est à retenir de ce processus d'expérimentation de nouveaux procédures, c’est
que depuis 1995 une idée a été formulée : la constitution d'une Agence de développement -
dédiée exclusivement à l'élaboration et à la mise en œuvre d'un projet urbain, dont les thèmes
sont formulés par la Mairie. Cette idée et les exercices qui ont été faits, même s'ils n'ont pas

27
URBED, FARRELL, 1992, Régénération du centre historique de Bucarest ; URBED, 1995, Régénération du
centre historique de Bucarest – plan stratégique ; UAR, Mairie de Bucarest, IHS Ro., 1995, «Aspects de la
rénovation urbaine de la zone de Lipscani », Mairie de Bucarest et autres, 1995, Centre historique de Bucarest –
PUZ et études préliminaires ; IHS Ro., 1995, Centre historique de Bucarest – analyse de marketing, Centre
historique de Bucarest – analyse de management ; IHS Pays Bas, URBED, 1996, Proposition de partenariat en
vue de la de création de l’agence de régénération urbaine du centre historique de Bucarest ; UAUIM, 1996,
Centre historique de Bucarest – relevées et fiches des immeubles.
28
Ce n'est pas le cas, par exemple, de comprendre par le terme de « rénovation urbaine » utilisé à Bucarest en
1995, les opérations de démolition en vue d'une construction nouvelle, réglementées en France en 1958. L'équipe
qui a rédigé l'étude en 1995, a achevé sa formation à IHS Rotterdam. Nous avons montré dans la première partie,
chapitre 3. De l’internationalisation […], que même dans les documents de l'Union Européenne existe une
grande variété des termes, due à la participation des spécialistes provenant des plusieurs pays européennes, qui
ont apporté leur savoir à travers un vocabulaire spécifique du chaque pays.

120
abouti, ont eu le mérite de familiariser l'administration publique avec une pratique nouvelle :
le partenariat public - privé et ont permis la prise de conscience des difficultés de la gestion
des multiples aspects d'un projet urbain.
De cette époque datent plusieurs études concernant le centre historique, élaborés par
URBED, UAUIM, IHS România, Ministère des travaux publics, autres bureaux d'études, et
aussi un PUZ (Plan d'urbanisme zonal, 1995). Ces études ont traité des aspects liés à la forme
urbaine et architecturale, à la protection du patrimoine architectural et urbain existent dans la
zone, à la circulation, à l'infrastructure édilitaire, mais aussi des thèmes nouveaux, liés à la
qualité de l'environnement et au management du projet [Machedon, Manea 2004]. Des
problèmes sociaux ont été formulés mais l'administration publique n'est pas arrivée à leur être
confrontée directement, vu que le projet n'est pas arrivé à une phase opérationnelle durant
cette période.

2.1.2. Après l'année 2000 – vers l'élaboration d'un projet de réhabilitation,


reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest

Le projet construit par l'administration publique


Le programme de réhabilitation, revitalisation et reconstruction urbaine à Bucarest, date du
mandat 2000-2004 du Maire de Bucarest, et s'inscrit dans les objectifs stratégiques définis dans
le PUG de Bucarest, approuvé en 1999-2000.
Pour comprendre ce qui s'est passé durant cette période, il faut revenir à l’arrêté
gouvernemental qui a été abrogé : OG 129/1998. De ce fait, les deux zones, celle du Centre
Civique et celle du Centre historique ont perdu leur statut de « zone d'intérêt national ». Suite
à une initiative difficile à localiser – au Ministère de la culture ou bien au Ministère des
travaux publics, la question de la revitalisation du centre historique a resurgi. Les entretiens
(avec le Groupe 2 – administration publique centrale) m'ont laissé entendre que l'initiative de
cette question a appartenu au Ministère de la culture, mais qu’ensuite elle a été portée par une
équipé du Ministère des travaux publics.

Le Ministère de la culture a été co-initiateur des arrêtés gouvernementaux de 1998 et 2001. [Groupe 2 –
administration publique centrale, fonctionnaire dans le Ministère de la culture]
Le Ministère de la culture a fait une première variante de cet arrêté [OG 77/2001]…mais c’était dans des
termes tellement vagues… […]
Le gouvernement a envoyé un truc… bon, je ne veux pas rentrer maintenant dans ces détails. Donc… en
bref, le ministère a initié ce projet de réglementations et par consultations avec X (d’IHS Romania), et
avec … bon, on est arrivé à cet arrêté qui réglementait le centre historique. […]
Après que l’arrêté gouvernemental a été instituée (OG 77/2001), dans le texte, il était prévu un délai :
dans sept mois de l’apparition dans le Moniteur officiel, le conseil devrait être crée. Et j’ai envoyé à
toutes ces institutions : Ministère de la culture, Mairie, Conseil général, Ministère des finances, et ainsi
de suite, et j’ai attendu un mois…deux mois…bon… ils n’ont pas réagi, alors j’ai renvoyé deux ou trois
fois …et au bout d’un moment, le miracle est finalement arrivé et ….on a pu programmer la première
réunion.
C’était vous qui étiez l’organisateur ? / Oui, je me suis occupé de tout cela […] pour moi c’est un sujet
très proche (la personne était familiarisé avec le projet depuis les années 90, ma note). (Groupe 2 –
administration publique centrale, fonctionnaire dans le Ministère des travaux publics)

Ce nouvel arrêté, l'OG 77/ 2001 a institué en 2001 le statut de territoire d'intérêt national pour
le centre historique, ignorant cette fois - ci la zone du Centre Civique. Dans le texte de l’arrêté,
il est mentionné que la réhabilitation et la revitalisation du centre historique constitue l'objet

121
d'un projet du Gouvernement de la Roumanie, pour la réalisation duquel sera constitué le
Conseil de Coordination – Centre Historique Bucarest (CCCIB). Le CCCIB sera forme par
des représentants du :
- Ministère des travaux publics
- Ministère des finances
- Ministère de la justice
- Ministère de la culture
- Ministère de l'administration publique
- Ministère des affaires internes
- Conseil général de la Mairie de Bucarest
L'objectif du CCCIB est la création d'un plan d'action qui doit définir : les cadres
institutionnel, financier, fiscal, commercial et urbanistique pour encourager les
investissements dans cette zone.
Les entretiens auprès du Groupe 2 – administration publique centrale, montrent que le
Ministère des travaux publics, par une équipe de son département d'urbanisme, s'est chargé de
l'organisation de ce Conseil de Coordination. Cette équipe a convoqué une première réunion
du Conseil, demandant à chaque ministère la présence d'un secrétaire d'Etat, c'est à dire d'un
représentant en mesure de prendre des décisions. Selon les entretiens, après des courriers
répétés, envoyés par l'équipe du Ministère des travaux publics, une réunion a été finalement
réalisée, mais les représentants envoyés par les ministères étaient des fonctionnaires « envoyés
par leur chef » et qui ont eu une attitude passive, sinon défensive. Une documentation
concernant le centre historique a été mise à leur disposition par l'équipe organisatrice, mais
l'activité de ce Conseil est restée là.

[…]Bon, alors on a créé cet arrêté (OG 77/2001, ma note) et ensuite il fallait créer le Conseil de
coordination du centre historique. Et c’était prévu qu’il fallait le faire dans un intervalle de 7 mois après
la publication de l’arrêté dans le Moniteur Officiel. Alors nous avons écrit à toutes les institutions : le
Ministère de la culture, à la Mairie, au Conseil général, au Ministère des finances, et ainsi de suite …et
nous avons attendu un mois, puis deux mois… et nous avons sollicité des représentants des ministères
au niveau du secrétaire d’Etat… La Mairie n’est pas venue, et j’ai encore renvoyé….
Il y avait un règlement d’organisation et fonctionnement, dans lequel le ministère était désigné
secrétaire. […] Nous les avons envoyé de la documentation…concernant l’organisation du conseil –
qui/comment, et on a proposé de remplir certaines fonctions par rotation pour que le Ministère de la
culture ne soit pas offensé. Rien de cela n’a pas suscité leur intérêt. […] j’ai renvoyé deux ou trois fois
…et au bout d’un moment, le miracle est finalement arrivé et ….on a pu programmé la première
réunion. Le Ministère des finances a envoyé une dame qui était chef de département et une fois arrivée,
elle nous a dit… c’est mon chef qui m’envoie, mais je ne connais rien, je ne peux prendre aucune
décision…
Ensuite on a eu encore trois tentatives… et ce fantastique Conseil n’a pas abouti à rien… à part les
lettres qu’on a envoyé et le fait qu’ils se sont systématiquement esquivés … qu’est ce que je peux dire de
plus ? [Groupe 2 – administration publique centrale, fonctionnaire dans le Ministère des travaux
publics, voir en Vol. 2. annexe, dans les tableaux de synthèse de l’analyse ARO, pour les thèmes
« communication » et « rôles et collaboration des acteurs »]

Un élément important a été l'absence du représentant de la Mairie dans cette réunion du


Conseil de coordination du centre historique. Cette absence est le résultat d'une tension
existante entre le Maire de Bucarest à l'époque et le Ministère des travaux publics. Les causes
de cette tension sont à chercher de nouveau dans l'arène politique : durant la période 2000-
2004, ces deux administrations avaient des couleurs politiques différentes, situés en

122
opposition29. De plus, son propre Conseil municipal appartenait à la formation politique qui
était au gouvernement30. Le contexte décrit par des fonctionnaires de l’administration
publique centrale et locale, lors de l'entretien, est tendu, car le Maire « était énervé » à cause
des multiples blocages que lui mettait le Conseil municipal31.

Oui, c’est vrai, l’arrêté gouvernemental instituait la création d’un Conseil de coordination pour le centre
historique, mais, à cause de la conjoncture politique, ce Conseil n’a pas fonctionné, même pas une
seconde. [Groupe 2 – administration publique locale, fonctionnaire CPUMB]

Tel qu’il était formulé le règlement du CCIB, c’était une usurpation des attributions de l’administration
publique locale par l’administration publique centrale. Dans le premier arrêté, le Conseil institué, s’il
aurait fonctionné, il devrait exercer de facto les attributions de la Mairie. La façon dont on a mis à
travailler ensemble ces institutions était erronée parce que on ne tenait pas compte de la contribution
réelle de chacune. La Mairie devrait être toujours l’actionnaire majoritaire dans ce type d’opérations, par
rapport aux acteurs provenant des ministères. [Groupe 2 – administration publique centrale,
fonctionnaire Ministère de la culture)

Donc…l’atmosphère était chargée de tension, parce que à la mairie était B, et au ministère était M. La
décentralisation des compétences vers les secteurs - Oui, beaucoup ont utilisé ce transfert de
compétences vers les secteurs. … En fin, c’était des choses faites à l’arrache, brutalement, d’un jour à
l’autre... il y avait tous ces nerfs, on a modifié la loi (la loi de la décentralisation, ma note)… Le maire (le
maire du 2000-2004, ma note) était énervé … on a eu même une réunion à la Mairie concernant le
centre historique …bon je te dis tous ça pour que tu aies une idée de l’atmosphère créée à l’époque. Ils
ont travaillé en parallèle, rien n’a vraiment fonctionné dans le Conseil. Il n’y avait aucune collaboration,
et en fait c’était impossible, parce que tout était en fonction de Conseillers et du Maire. [Groupe 2 –
administration publique centrale, fonctionnaire dans le Ministère des travaux publics]

La rivalité politique entre les administrations publiques centrales et locales ainsi que entre le
Maire de Bucarest et le Conseil général de la Mairie, a eu des implications sur le déroulement
du projet qui ont été confirmées aussi par la transcription des débats qui ont eu lieu à
l'occasion d'une table ronde sur le sujet du centre historique, en novembre 2001. Cette table
ronde a découlé de la fin d'un projet nommée « Beautiful Bucharest », déroulé par la Mairie de
Bucarest en partenariat avec UNDP (Programme des Nations Unies pour le Développement)
durant les années 2000-2002.
Ce projet a eu comme objectif le ravalement des quelques façades dans le centre
historique de Bucarest et d'assurer à des jeunes orphelins qui ont atteint l'age de 18 ans, un
premier lieu de travail sur ces chantiers. L'objectif de ce projet était d'une coté d'attirer
l'attention sur le patrimoine architectural du centre historique, et d'une autre coté il s’agissait
de l'insertion sociale des jeunes provenant des orphelinats, en leur assurant une formation. A
part ceci, le programme Beautiful Bucharest d'UNDP a eu un deuxième objectif social – la
création des associations locales dans le centre historique, qui pourraient devenir un

29
le Maire de Bucarest était du parti démocrate PD (de centre-droite, et en opposition) et au Ministère des
travaux publics, le Ministre était du parti social démocrate PSD (de gauche et au pouvoir à l’époque 2000-
2004).En 2001, la loi de la décentralisation a fait ainsi que des attributions qui appartenaient à la mairie générale
ont été transférées vers les secteurs. Les Maires des six secteurs de Bucarest appartenaient tous, à l’époque au
parti PSD. Le Maire général a perçu cette décentralisation comme un moyen par lequel le gouvernement
cherchait lui diminuer le pouvoir (il fait référence à ceci dans le Programme de développement de Bucarest 2000
– 2008, chapitre « La Mairie de Bucarest »).
30
Durant le mandat du 2000-2004 la majorité des membres du Conseil municipal appartenait au PSD
31
Il faut préciser que le Maire de Bucarest avait obtenu plusieurs crédits internationaux pour des projets dans la
Capitale, qui ont été bloqué par le Conseil Municipal. De la même époque date le crédit BERD de 8 millions
d'euro, obtenu pour la réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique.

123
partenaire de dialogue pour la Mairie de Bucarest. Pour répondre à cet objectif social, l’UNDP
a développé un projet complémentaire, nommé « Associations communautaires de la zone
Curtea Veche », en collaboration avec une ONG créée à l’époque, Association pour la
transition urbaine (ATU)32. ATU a été chargée de la construction des associations locales,
dans le quartier du centre historique. Les membres d’ATU ont accordé leur appui aux
habitants en les aidant à créer une association nommée CIVIC, ont organisé des événements
ayant le rôle de susciter la vie collective du quartier, et suite à des questionnaires faits auprès
des habitants et des commerçants de la zone, ils ont élaboré L'atlas du Centre historique qui
contenait un diagnostique de l’état de la zone. Ceci a été la première étude la plus proche du
terrain, qui insistait sur des aspects sociaux, économiques et juridiques et qui donnait une
image de la perception que les habitants et les commerçants avaient de leur quartier et de ses
problèmes33.
Revenant à cette table ronde qui a eu lieu à la Mairie, elle a réuni la plupart des acteurs
qu'on va retrouver plus tard autour du projet. Les organisateurs ont été l’UNDP, la Mairie de
Bucarest et ATU. A coté des représentants de l'administration publique centrale et locale, ont
participé aussi des spécialistes – universitaires et bureaux d'études, des associations
professionnelles comme l'Union des Architectes et le Corps des Architectes en chef des
municipalités, les représentants de la Chambre de Commerce et Industrie, intéressée du
développement des activités commerciales, des sociologues (CURS – Centre pour la
Sociologie Urbaine), des rédacteurs des revues de spécialité (urbanisme et architecture), des
représentants des régies autonomes de distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement, des
représentants des locataires, des propriétaires et des commerçants du centre historique. Tous
ces participants34 ont rendu ainsi possible une première rencontre des acteurs urbains, réunis
autour d'une problématique : « Le centre historique de la Capitale –présent et perspectives ».
Les acteurs de cette table ronde, ont évalué l'impact du projet Beautiful Bucharest, en
exprimant leur regret pour sa fin (causes internes à UNDP). Ils ont débattu aussi les
perspectives d'une poursuite de cette initiative. Leurs prises de position sont parlantes sur
l'état des savoirs des acteurs et sur leurs ressources à l'époque. Aussi, le conflit politique entre
le Maire et le Ministère des travaux publics est clairement exprimé : le Maire de Bucarest
considérait que la maintenance de l'équipe qui a géré le projet BB, était importante, et ses
préoccupation se dirigeaient vers la recherche de ressources financières pour continuer le
projet. En ce qui concerne le futur projet de réhabilitation urbaine, défini par l'OG 77/2001
qui visait aussi la zone du centre historique, il a souligné que l'OG 77 tel qu’il a été formulé,

32
ATU a été créé en 2001 par un groupe de la première promotion du master DUI (développement urbain
intégré) organisé par UAUIM Bucarest et INSA de Lyon. ATU s’implique dans des programmes de
développement intégré en tant qu’interface entre les acteurs urbains – administration publique, investisseurs et
société civile. Site officiel - http://www.atu.org.ro/
33
Les études faites avant 2000, que nous avons cité auparavant se sont concentrés plutôt sur des aspectes
culturelles et physiques, tels comme l’histoire de la zone, l’architecture, l’urbanisme, les réseaux édilitaires, la
circulation des voitures, et économiques tels comme ressources financiers et humaines, management et
marketing de la rénovation de la zone.
34
Voir en annexe une des lettres d’invitation à la table ronde, élaborée par ATU. El contient les organisateurs, les
participants (par groupes des acteurs) et le objectifs de la réunion. Une liste de participants élaborés également
par ATU, est disponible en annexe, ainsi que le programme de la réunion. Ces documents, en roumain en
original, ont été traduits en français par moi-même. Trois membres d’ATU ont pris de notes lors de cette table
ronde que j’ai utilisé pour reconstituer les sujets du débat. Ceci sont des notes subjectives, chacun avait noté ce
qu’il a jugé d’important. En confrontant toutes ces trois variantes, j’ai pu reconstituer les thèmes principales,
ainsi que, dans une certaine mesure, l’atmosphère du débat. Je cite par la suite de ces notes pour soutenir les
affirmations concernant cette table ronde.

124
« élimine » le Maire du Conseil de Coordination du projet, auquel participent que les
représentants du Conseil Municipal et des Ministères. En conséquence, le Maire a montré
explicitement sa volonté de chercher ailleurs des ressources financières pour le centre
historique, en parallèle avec le projet gouvernemental. Il a mentionné lors de son intervention,
de possibles partenariats avec les municipalités de Paris et Vienne. Le Maire a évoqué aussi la
possibilité d'obtenir en 2002 un crédit BERD pour l'infrastructure (rues et réseaux édilitaires).

En conformité avec l’OG 77, le Maire est éliminée du projet de réhabilitation du centre historique – car
seulement le Conseil général et le Ministère des travaux publics sont prévus par cet arrêté [prise de
parole du Maire, notes de la table ronde, transcription par membre ATU].
PMB se trouve dans une certaine impasse à cause du désengagement d’UNDP et du transfert du projet
vers Ministère des travaux publics, ceci pose un problème lié à la continuité. La Mairie considère que
le projet Beautiful Bucharest est devenu un catalyseur pour la zone, et elle a l’intention de continuer les
travaux de ravalement des façades pour encore quatre bâtiments, de préparer d’autres travaux ainsi que
maintenir la structure qui coordonne ces activités. Pour ceci, PMB (la Mairie de Bucarest) accorde
200.000 $. De plus, PMB considère la possibilité de constituer une structure par laquelle elle pourrait
continuer le financement avec une participation internationale : les Mairies de Paris, Vienne, Montréal.
PMB a propose aussi à la BERD un programme de réhabilitation de l’infrastructure et des réseaux
édilitaires souterraines dans la zone du centre historique. La réponse de la BERD est attendue pour le
mois de mai [prise de parole du Maire, notes de la table ronde, transcription par un autre membre de
l’ATU].
Dans l’avenir, le Maire est écarté du programme concernant la zone du centre historique, il en est
impliqué que le Conseil général de la Mairie. La Mairie se retire, c’est une décision politique; le projet a
été transféré au Ministère des travaux publics. « La responsabilité pour la ville nous appartient ». On va
continuer avec une structure indépendante la bonne partie du projet Beautiful Bucharest. On essaiera de
trouver des financements européens (les Mairies de Paris, Vienne). La ville de Montréal a montré sa
disponibilité d’appuyer nos démarches. [prise de parole du Maire, notes de la table ronde, transcription
par un autre membre de l’ATU].

Les représentants des ministères (Ministère des travaux publics, Ministère de la culture et le
Ministère de l'intégration européenne), ont apprécié comme positif le projet Beautiful
Bucharest et ont souligné l'importance d'un cadre institutionnel construit en partenariat avec
le Gouvernement, pour assurer la construction d'une vision à long terme du développement
de la zone. Ils ont souligné aussi la complexité des problèmes de la zone, et la nécessité d'agir
dans un cadre institutionnel qui réunit plusieurs institutions de l'administration publique
centrale et locale. Le Ministère des travaux publics a annoncé l'allocation d'un budget pour des
études concernant le centre historique, en conformité avec l'OG 77/2001.

On (le Ministère des travaux publics, ma note) a attribué des financements pour – PUZ centre
historique (le Maire souligne qu’il y a déjà un PUZ, pourquoi alors faire un autre ?) et pour constituer
une banque de données. [prise de parole du fonctionnaire du Ministère des travaux publics, notes table
ronde, transcription par un membre de l’ATU]

Le coordonnateur du projet Beautiful Bucarest, de la part d'UNDP, a souligné à son tour la


nécessité d'une collaboration entre la Mairie et le Ministère des travaux publics pour
construire un cadre institutionnel solide nécessaire pour le déroulement du projet et pour
obtenir des financements internationaux.

Cette rencontre est une bonne occasion pour un dialogue qui pourrait mener vers un partenariat PMB –
Ministère des travaux publics, pour la création d’une base unique pour toutes les institutions
impliquées, capable d’attirer les ressources financières nécessaires au projet. Ainsi, il faudrait :
− élaborer une structure

125
− élaborer un projet,
− élaborer un budget commun (roumain + international),
Après ceci, on peut démarrer les applications pour un financement international consistant. [prise de
parole du directeur du projet Beautiful Bucharest, notes table ronde, transcription par un membre de
l’ATU]

Les spécialistes – les membres de l'UAR, des bureaux d'étude de l'Université d'Architecture et
Urbanisme, d'IHS Romania, de l'ATU, ont montré eux aussi l'importance de donner une
poursuite au projet, de réaliser un cadre institutionnel solide, une structure qui gère le projet –
l'idée de l'agence a resurgi à cette occasion, et aussi la nécessité d'un dialogue réel entre la
Mairie et la société civile, et en particulier – les habitants de la zone.

Beautiful Bucharest n’assure pas sa continuité. Il faut créer une institution sous le contrôle de la Mairie.
Il faut créer une agence (partenariat public - privé), ainsi que le management de l’opération de
revitalisation urbaine– plan d’action – avec la collaboration des acteurs roumains. Si nous n’avons pas ce
plan d’action, nous ne recevrons pas le financement étranger. [prise de parole d’un représentant d’IHS
România, notes table ronde, transcription par membre de l’ATU ]
OG 77 – prévoie un groupe d’action, incluant le projet BB [prise de parole du fonctionnaire du
Ministère des travaux publics, notes table ronde, transcription par membre de l’ATU ]
IHS România: est intéressé de participer à la création d’une organisation basé sur un partenariat public -
privé, qui actionne sous le contrôle de la Mairie (PMB) et qui donnerait de la crédibilité aux opérations.
CCIR : affirme sa disponibilité pour collaborer. Elle pourrait contacter les meilleures entreprises et
pourrait participer aussi dans le partenariat public - privé. [Prise de parole représentant de IHS
Romania, respectivement de Chambre de commerce, notes table ronde, transcription par membre de
l’ATU]

L’étude d’ATU nous dit qu’il y a 36 % propriétaires, dont 51% sont disposés à contribuer35 – ces sont des
donnes dont nous devrions tenir compte et les développer. (Prise de parole représentant de IHS
Romania, notes table ronde, transcription par membre ATU no.3)
Il faut commencer par les locataires qui louent chez quelqu'un qui est propriétaire et par tous ceux qui
sont disposés d’investir maintenant. [prise de parole IHS Romania, notes table ronde, transcription par
membre de l’ATU]
Il faut dialoguer avec les associations de locataires [prise de parole représentant de la Mairie de Bucarest,
département des investissements, notes table ronde, transcription par membre de l’ATU]
Réparer, réhabiliter et maintenir les bâtiments est dans la charge des propriétaires, mais…qui sont les
propriétaires ? Quel est le statut juridique de la propriété ? [représentant de la fédération des
associations des propriétaires de Roumanie, notes table ronde, transcription par membre de l’ATU]

Cette réunion a donc été une occasion pour les acteurs urbains de se rencontrer et de se
positionner par rapport au sujet du centre historique. Déjà, on voit que l'objet de
l'intervention dans le centre historique avait plusieurs contours physiques :
– Un arrêt gouvernemental, l'OG 77/2001, qui venait d'instituer un périmètre
d'intervention. Sur ce périmètre d'intérêt national, un « projet du Gouvernement» serait à
organiser et mettre en place. On voit ici le début d'un processus avec des objectifs et des
actions à long terme. Le Ministère des travaux publics déclarait son intention de s'engager
et financer des études préliminaires. Ceci était le contour établi par la loi.

35
L’étude de ATU n’a pas concerné tout la surface du centre historique, mais une zone plus restreinte, nous
reviendrons sur cet étude plus loin. Nous voulons préciser que les chiffres ne représentent une statistique
officielle des nombres des propriétaires dans l’ensemble du centre historique, néanmoins, nous n’avons pas
trouvé une telle statistique durant nos recherches. Voir aussi Vol. 2, Annexe de la IIème partie, chap. 1. Extraits de
L'atlas du Centre historique de Bucarest élaboré par ATU, p.30

126
– Un projet en cours, Beautiful Bucharest, géré par la Mairie en partenariat avec l’UNDP
(qui était en train de se retirer), dont l'objet était le ravalement des façades des quelques
bâtiments dans la zone (bâtiments qui avait un statut juridique clair), et l'amélioration des
revêtements du sol sur quelques rues, sans consolidation. C'était un projet qui répondait
aux conseils faits dans les années 90 : embellir les bâtiments pour rendre la zone
attractive36. Le succès du projet sur le plan local – la relance du petit commerce local,
l'identifie comme une action nécessaire à court – terme, et surtout comme une action à ne
pas abandonner à ce stade-là. Le Maire voulait trouver des ressources pour continuer ces
actions concrètes. De plus, comme il se considérait exclu par l'administration publique
centrale, il a mobilisé les leviers qu'il pouvait utiliser comme Maire, cherchant de l’appui
plutôt en extérieur (la BERD, les villes de Paris et Vienne) qu’au niveau de l'Etat. Les
quelques bâtiments repeints et les quelques rues repavées formaient le contour de ces
interventions concrètes.

Selon les opinions exprimées lors de la table ronde, l'idée sur laquelle tous les acteurs étaient
d'accord fut celle de donner une poursuite au projet Beautiful Bucharest.
Une autre idée, exprimée par la plupart des acteurs à l'exception du Maire de Bucarest,
fut celle du partenariat entre les autorités publiques centrale et locales pour définir une vision
et une stratégie du développement du centre historique, ainsi que le cadre institutionnel
nécessaire à sa mise en œuvre. A partir de là, les deux administrations publiques : centrale et
locale ont œuvré en parallèle :
En 2002, a été promulguée la HG 935/2002 (arrêté du Gouvernement) concernant le
Règlement pour l'organisation et le fonctionnement du Conseil de coordination pour le centre
historique de Bucarest (CCCIB) et les « normes concernant le financement du projet de
réhabilitation et revitalisation du centre historique ». Le CCCIB devait élaborer « le plan
d'action et le cadre institutionnel, financier, fiscal, commercial et urbanistique » pour
enclencher l'essor de la zone. Vu les dissensions entre les deux administrations publiques –
centrale et locale, mais aussi le faible intérêt et implication des représentants des ces
institutions dans le Conseil, celui-ci n'a jamais fonctionné. Le plan d'action et la stratégie
prévues par l’arrêté du Gouvernement ont été élaborés, le premier à la demande du Ministère
des travaux publics et la seconde, en parallèle, à la demande de la Mairie.
Ainsi, en 2002, le Ministère des travaux publics a financé une étude intitulée « Stratégie
et plan d'action pour la réhabilitation et la revitalisation du centre historique de Bucarest »
[Machedon, Manea 2004], pour jeter les bases du projet prévu par l'OG 77/2001. Cette étude a
été élaborée par une équipe d'architectes, et le contracte a été signé entre le Ministère des
travaux publics et le CCPEC (Centre de recherche, projet, expertise et conseil) – un bureau
d'études de l'Université d'Architecture et Urbanisme Ion Mincu de Bucarest.
La même année 2002, la Mairie, à sont tour, a démarré les études préliminaires pour
l'élaboration du "PUZ– Centre historique Bucarest" [Lascu, Bratuleanu, Nistor et all.].

36
Voir la réponse de la Banque Mondiale, rappelée lors de la table ronde : « on a fait de visites du terrain avec
une équipe britannique (début des années 90) – ils ont fait un rapport pour la Banque mondiale- les conclusions
ont été - faites des efforts pour la propreté, ravalez les façades, et ensuite on pourra discuter. […] Les anglais
avaient raison quand ils ont dit que nous devrons montrer les belles bâtiments pour obtenir de l’argent pour les
restaurer effectivement » cf. supra, note no. 19, p.115

127
Le PUZ comprend deux étapes :
1.1ère Etape – 2002, Analyse et diagnostic
2.2ème Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité.
Cette étape comprend trois phases :
- 1 ère phase : Stratégie pour un développement intégré du centre historique et des
zones adjacentes
- 2ème phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUZ
- 3ème phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUD37 pour une Zone Pilote.

Après l’appel d’offre, la Mairie, représentée par « Le Centre pour la Planification Urbaine et
Métropolitaine de Bucarest» (CPUMB)38 en tant que coordonnateur principal du projet, a
choisi une équipe faisant partie du même CCPEC de l’Université d’Architecture et Urbanisme
Ion Mincu de Bucarest, pour élaborer les études préliminaires pour le PUZ [[Lascu,
Bratuleanu, Nistor et all.]. L’équipe du CCPEC a sous contractualisé l’élaboration des études
spécialisées : pour la situation juridique des terrains, les études topo, environnement,
marketing, etc., sur lesquels CCPEC s’est appuyé ensuite pour l’élaboration du PUZ. IHS
România réapparaît en tant que partenaire du CCPEC, et élaborateur du plan d'action et de la
stratégie, dans le cadre du PUZ (Plan Zonal d'Urbanisme) - Centre Historique, étape II/2003,
Réglementation, Plan d'actions, Etude de pré faisabilité.

Les deux études commandées en parallèle se sont rencontrées ainsi au niveau des spécialistes
de CCPEC : deux équipes de CCEPEC, chacune avec son chef du projet, ont élaboré les deux
études et entre eux a existé une collaboration étroite (selon les témoignages des interviewés)
car ce sont des collègues qui ont fait en sorte que les études soient complémentaires et qu'ils
présentent des conclusions convergentes.

Le comble du comble a été que ces deux (études) ont été sorties en même temps, devant la même
commission (commission technique d’urbanisme de la mairie, ma note), et finalement elles ont été
avisées ensemble : la stratégie du Ministère et le PUZ de la Mairie ! […] eh oui, l’idée est que les études
étaient complémentaires et quelqu’un (de la commission technique, ma note) a dit… « alors on apprend
que le ministère fait (l’étude)…pourquoi a-t-il fait cela ? C’est pour suggérer quelque chose à la
Mairie ? » ...Pourquoi a-t-on fait cela ? Parce que nous avons eu un budget pour faire des études (au
ministère, ma note) et on a fait ces études en collaboration….Bref, si au niveau politique on n’a pas
collaboré, on a essayé de collaborer au niveau technique. Nous avons essayé de faire quelque chose de
concret… on a fait des propositions d’organisation, une synthèse des études déjà faites, un plan d’action,
on a identifié les acteurs, on a fait un plan d’investissements. […] qu’est ce que je peux te dire de
plus…on l’a fait ! Et après la réunion de la commission on a donné des exemplaires à tout le monde, à la
Mairie aussi … [Groupe 2- administration publique centrale, fonctionnaire dans le Ministère des
travaux publics]

A l’époque j’ai discuté avec X (chef des études pour le PUZ – Mairie, ma note) pour coordonner nos
travaux… pour ne pas arriver à transmettre des messages différents, mais pour être compatibles,
complémentaires… et aussi pour qu’on répète pas ce qui a déjà fait l’autre. C’est pourquoi il n’y a pas
des études de type PUZ (dans l’étude fait pour le Ministère, ma note), seulement dans la partie dédié à la
circulation. […] Moi, j’ai essayé de promouvoir une problématique qui me parait oubliée jusqu’à
maintenant, et elle n’était présente non plus dans le PUZ (il s’agit, entre autre des risques aux séismes,
ma note)… et durant l’élaboration des études j’ai discuté périodiquement avec X(chef des études pour le

37
Plan d’urbanisme et réglementations pour des sous zones du CI, qui feront l'objet des Projets Pilotes.
38
Le CPUMB est un bureau d'étude qui fonctionne sous l’autorité du Conseil Général de la Mairie de Bucarest
(CGMB).

128
PUZ - Mairie), et j’ai demandé : dans ton étude, tu traite de telle chose ? Non… alors moi j’ai traité ce
problème, et si c’était lui qui le traitait, je ne le traitai plus…c’était comme ça qu’on a fait…[…]Bon,
finalement….on a avisé les deux – les études faites à la demande de la Mairie et les études faites à la
demande du Ministère, dans le même jour. […] Je savais que ça va se passer ainsi… Je savais que j’allais
faire une étude qui sera avisée, avec ou sans observations, mais elle sera avisée et ensuite elle serait
oubliée sur une étagère…c’est ainsi que ça se passe d’habitude. [Groupe 1 – spécialistes, élaborateur de
l’étude pour le Ministère des travaux publics]

En 2004, ces deux études ont été présentées le même jour devant la même commission
technique et ont été toutes les deux approuvées. Le PUZ [Lascu, Brătuleanu, Nistor]
commandé et financé par la Mairie est devenu la base du projet de réhabilitation du centre
historique, car il a valeur de règlement d'urbanisme. L'étude financée par le Ministère des
travaux publics [Machedon, Manea, 2004] est tombée à l'oubli tout de suite, et ceci parce que
l'année 2004 fut une année électorale et que le parti qui était au gouvernement depuis 2000, a
perdu les élections. De plus, l'équipe qui soutenait le projet, dans le cadre du Ministère des
Travaux Publiques, a changé.
A son tour, le Maire a réussi à contracter un crédit de la BERD39. Par conséquent, le 24
avril 2003, la Mairie de Bucarest démarre le « Programme multisecteur » cofinancé par la
BERD. Ce projet a trois volets, dont un concerne l'infrastructure du centre historique :
- la réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique
- l'amélioration du trafic et du transport en commun dans l’ensemble de la ville
- réhabilitation du système du chauffage collectif dans l’ensemble de la ville
Le financement, assuré par plusieurs : la BERD - un prêt à long terme, la Municipalité et le
gouvernement Suisse – fonds non remboursables, est distribué ainsi 40:

Objectifs montant qui finance ? Date état actuel


Le projet total BERD Municipalité Gouv. Suisse limite
et autres
Le 78,5 51,5 19,3 7,7 MEURO 2005 en cours
Programme MEURO MEURO MEURO
Multisecteur la réhabilitation de 9,5 8 MEURO 1,5 MEURO
l'infrastructure dans MEURO
le centre historique
l'amélioration du 20,6 17 MEURO 3,3 MEURO 0,3 MEURO
trafic et du transport MEURO
en commun

réhabilitation du 48,1 26,5 14,5 7,1 MEURO


système du MEURO MEURO MEURO
chauffage collectif

Le programme multisecteur concerne un territoire vaste, à l'échelle de la ville – il concerne le


transport en commun et le système de chauffage collectif, hérité de l'époque socialiste. La
réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique est une des dimensions de ce projet,
et en fait, il s’agit d’une opportunité de financement, qui concerne seulement l'infrastructure
vétuste existante dans la zone : les rues et les réseaux édilitaires, rien de plus. Une fois ce projet
d’infrastructure lancé, il va devenir source de malentendu : le financement de 8 millions euro,
fourni par la BERD, a été cité régulièrement par les différents acteurs, sans que tous aient

39
Le projet cofinancé par la BERD date d’avant le 24 avril 2004. Sur le site de la BERD
(http://www.ebrd.com/projects/psd/psd2002/26313.htm) il s’agit d’un emprunt de 51,5 MEURO dont le
bénéficiaire est le conseil général de la mairie de Bucarest, dans un document qui date de 8 mai 2002.
40
Source : www.pmb.ro, « Les projets financées avec des crédits externes et internes remboursables »

129
clairement précisé qu'il était dédié exclusivement à la réhabilitation de l'infrastructure. (Nous
revenons en détail dans le chapitre suivant, « Le projet communiqué par l’administration
publique »)

J’ai l’impression que dans la presse on fait une confusion entre la réhabilitation du centre historique
entier et le projet de réhabilitation des réseaux édilitaires… Bien sur, on a créé un folklore qui nuit à la
cause…En dépit des nombreuses conférence de presse et prise de parole en publique que nous avons eu,
une confusion plane depuis toujours … entre ce que qui constitue les activités concrètes qui sont à
l’ordre du jour, et ce qui constitue les objectifs de la municipalité. [Groupe 2 – administration publique
locale, acteurs du l’UIPPilote, le groupe du projet de réhabilitation de l’infrastructure].

L’année électorale 2004 a apporté des changements dans la configuration des élus. Ceci est
important pour le projet car une nouvelle relation s'est établie entre les autorités centrales et
locales, du fait de l'appartenance à la même formation politique, arrivé au pouvoir. Avec le
slogan électoral « Je me débrouille bien tout seul, mais avec un Conseil à mes cotés, je peux
tout faire! », le Maire de Bucarest a été réélu et la majorité des conseillers élus dans le Conseil
Municipal a été changée à sa faveur – appartenant à la même formation politique que le
Maire. En ce qui concerne le projet de réhabilitation du centre historique, les études
préliminaires sont prêtes, et le Maire peut finalement débloquer le crédit BERD obtenu. Aussi,
en 2004 il fait public (sur le site Internet de la Mairie) le Programme de développement de
Bucarest 2000-2008.
Dans le chapitre dédié à la « Réhabilitation, reconstruction et revitalisation du centre
historique », le Programme reprend des parties des études préliminaires pour le PUZ, et aussi
la stratégie et le plan d'action élaboré par IHS România dans le cadre du PUZ. Nous tenons à
souligner que le programme de réhabilitation urbaine, surtout en ce qui concerne le centre
historique s'est cristallisé durant le premier mandat du maire, suite aux évènements décrits
auparavant. Le contenu du programme de développement de Bucarest 2000-2008 date en fait
du 2004.
Ainsi, en 2004 tout parait favorable au projet : conflits politiques au sein de la Mairie
écartés, le financement de la BERD obtenu, le PUZ approuvé, alors que le maire quitte son
fauteuil. A la fin de 2004, suite aux élections générales, le Maire est élu président de la
Roumanie. En printemps 2005 un nouveau maire a été élu par suffrage universel. Il appartient
à la même formation politique que l'ancien maire et son programme se situe dans la
continuation du mandat de son prédécesseur.
Aujourd'hui, le tableau politique est le suivant: le Maire de Bucarest, la majorité de son
Conseil municipal, le Président du pays et les ministres appartiennent tous à la même
formation politique41. Un des blocages le plus importants, provenant des différences
politiques, a été écarté. Cependant, le Conseil de Coordination du Centre Historique, CCCIB,
prévu dans l'OG 77/ 2001 n'a pas été remis en discussion et personne ne s'est occupé de le
ressusciter pour constituer une équipe basée sur un partenariat entre les autorité publiques
centrales et locales. Dans ce cas de figure, les autorités locales ont continué leur propre projet.
Le nouveau Maire, déclarant qu'il va continuer et matérialiser les projets de son
prédécesseur, a constitué au sein de la Mairie un groupe de coordination du projet de
réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique, et y a nommé un chef. Il s'agit du

41
Il s’agit de l’alliance politique DA (Dreptate si Adevar - Justice et vérité) entre le parti PD (parti démocrate) et
PNL (parti national libéral). Cette alliance s’est présentée aux élections locales, législatives et présidentielles en
2004 en Roumanie et était encore valable au moment de notre étude.

130
Groupe pour la mise en oeuvre du Projet Pilote42 (UIPPilote), un acteur important, sur lequel
nous reviendrons plus loin, en détail. Ce projet pilote est le projet d'infrastructure, financé par
les 8 millions euro de la BERD et les 1,5 millions euro de la Mairie, et constitue un sous projet
du Programme Multisecteur. Il est le projet actuellement en cours et représente juste le
premier pas dans le processus à long terme qui est la « réhabilitation, reconstruction et
revitalisation urbaine du centre historique » tel qu’énoncé dans le Programme de
développement de Bucarest 2000-2008.

Le projet communiqué par l'administration publique et la participation du public


La Mairie devait organiser la participation du public à la prise de décision dans le cadre du
projet. La stratégie et le plan d’action élaborés dans le cadre du PUZ et approuvés par la
Mairie, prévoyaient une communication directe avec les habitants et les commerçants de la
zone, ainsi qu'une communication permanente sur les investissements publics et privés dans
la zone.
La loi 350/2001 sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme prévoie dans le chapitre
IV, 6eme section, les modalités de réalisation de la participation de la population aux activités
d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Ainsi, cf. art 57, la participation de la
population est à réaliser par (a) information et (b) consultation de la population . Les autorités
de l’administration publique centrales et locales assurent l’organisation et le déroulement du
processus de participation de la population (art. 58). De plus, il est précisé que le Ministère des
travaux publics établi les procédures, car la participation de la population se déroule de
manière différenciée, en fonction de l’ampleur et de l’importance du projet (art 61.).
Néanmoins, nulle part dans cette loi, il n’est pas précisé que la participation de la population
soit obligatoire.
Selon la stratégie et le programme d'actions pour la réhabilitation du centre historique,
élaborés par IHS România, un point d’information devait ouvrir ses portes dans la zone, afin
d'informer et consulter les citoyens. La consultation du public devait être réalisée avant
l'approbation du PUZ et de la stratégie, dans des réunions organisées avec tous les groupes
intéressés - les locataires, les commerçants, les fournisseurs d'utilités et les associations des
professionnels, ainsi qu'après l'approbation du PUZ, durant le processus de mise en œuvre de
la stratégie. Pour ceci, une équipe de communicateurs devait être formée dans le cadre de la
Mairie. Cette équipe devait être opérationnelle au plus tard en mai 2005. Aucune équipe de
communicateurs n'a été pourtant créée, et aucun bureau d'information n’a pas été installé,
non plus.
Ainsi, en printemps 2005 le PUZ Centre historique était déjà approuvé43 et de plus, la
Mairie avait déjà pris une des premières mesures concrètes – en mars 2005 la circulation des
voitures dans toute la zone du Projet Pilote a été interdite. Cette mesure volontariste prise par
l'administration publique, sans consulter la population, a déclenché des vives protestations de
la part des commerçants et locataires. Suite à ces événements, une association s'est crée à
l'époque, en avril 2005, l’Association des Investisseurs du centre Historique (AICI).
La consultation de la population dans les projets d’urbanisme est une pratique
nouvelle, et la loi 350/2001 la prévoie en tant que procédure, sans préciser si elle est obligatoire

42
Pour la délimitation de la zone du Projet Pilote voir supra, Ière partie, chapitre 6.2. Construction de la méthode
d’analyse, carte p. 78.
43
Le 20.12.2004. HCGMB 252/2004 arrête le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement
d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité », et le 11.01.2005. HCGMB 9/2005 arête la « Stratégie pour
un développement intégré du centre historique » et le « Plan d’actions » élaboré par IHS România.

131
ou non, et sans détailler les responsabilités de l’administration publique dans l’organisation de
cette procédure. Les projets d’urbanisme de type PUZ se déroulent à Bucarest sans que
l’administration publique organise la participation de la population. Néanmoins, quand les
décisions de l’administration publique touchent la population de la zone concernée, des
réactions se produisent. Dans le cas du projet du centre historique, bien qu’elle n’a pas été
consultée avant, la population a réagi après la prise de décision.
Dans les archives du CPUMB existe une lettre enregistrée avec le no. 674 du
16.08.2004, intitulée « Propositions de la part des propriétaires, concernant le centre
historique de la Capitale ». Cette lettre est très intéressante car elle conforte la décision de
l'interdiction de la circulation prise par la Mairie. Les signataires de la lettre énumèrent leurs
propositions qui sont une anticipation des mesures prises par la Mairie. Ils demandent, à part
l'interdiction de la circulation auto, l'interdiction de construction de tout logement dans la
zone, mais, par contre, l'aménagement des bureaux et des magasins de luxe. Ils demandent
aussi l'aménagement sur un terrain libre, d'un parking sur plusieurs étages. Autrement dit, à la
lecture de cette lettre on pourrait comprendre que les propriétaires signataires demandaient la
gentrification de la zone. Les signataires sont en fait en nombre de trois, et leurs profiles
propriétaire sont particulières. En regardant le plan du régime juridique élaboré dans le cadre
du PUZ, nous avons constaté qu’à l'époque, aucun des trois n'était vraiment propriétaire : un
des immeubles mentionné comme adresse des signataires était dans la propriété de l'Etat et le
signataire avait déposé la demande pour acheter l'espace commercial, les deux autres étaient
des propriétés revendiqués en conformité avec la loi 10/2001, et constituaient des dossiers en
cours d'être solutionnés. Cette initiative des trois propriétaires qui appuie la décision de la
Mairie reste isolée parmi les autres actions initiées par les commerçants de la zone, réunis
dans l’association AICI, afin de défendre leurs activités dans la zone.
L’AICI, en collaboration avec les locataires, a déposé à la Mairie une pétition contre
cette mesure, ainsi qu’une liste des problèmes et des solutions concernant le centre historique.
Cependant, la décision de la Mairie est demeurée inchangée, et les commerçants ont ressenti
vite ses effets : après un mois d'isolement, l'association AICI annonce dans une conférence de
presse [30 mars 2005, à Amsterdam Café, dans le centre historique], que les ventes ont baissé
avec 50% par rapport à l'année précédent. Les commerçants affirment leur intérêt pour la
réhabilitation du centre historique mais protestent contre les pratiques de la Mairie : mettre en
application des décisions sans consulter les usagers, et sans se donner un temps pour négocier,
afin de trouver une solution convenable pour tous. De plus, déclarent-ils, la hâte avec laquelle
la Mairie a mis en œuvre sa décision, ne serait pas justifiée, car plusieurs aspects concernant la
zone sont incertains et ne permettent pas le commencement imminent du projet de
réhabilitation : un des plus importants est le régime de propriété - plusieurs bâtiments sont en
cours de rétrocession en conformité avec la loi 10/200144 et en ce qui concerne le relogement
des gens, aucune statistique (recensement) des populations n'a été effectuée. L’AICI constate
aussi qu'un mois après l'interdiction de la circulation automobile, aucun travail de nettoyage
n'a pas été effectué – même pas autour des bâtiments - propriété de l'administration publique.
Dans son discours, (lors de la conférence de presse organisé par l’AICI intitulée « DA
revitalizare - NU izolare » (OUI à la revitalisation - NON à l’isolement), qui a eu lieu le 30
mars 2005 à Amsterdam Café) AICI affirme, faisant appel aux « modèles européens », que
« aucun centre historique n'a pas été annihilé en première, pour être développé

44
Loi 10 du 8 février 2001, concernant le régime juridique des immeubles confisqués abusivement durant la
période 6mars 1945 – 22 décembre 1999.

132
artificiellement ensuite, mais (sa réhabilitation, ma note) s'est engendré avec l'appui des petits
commerces et du partenariat public – privé »45.
L'affiche «OUI à la revitalisation du centre historique / NON à l'isolement» fait par
AICI, apparaît depuis dans les vitrines des quelques petits commerces, de la zone. Depuis, le
sujet a été plusieurs fois repris par les représentants de AICI46 :
− 29 juin 2005 – séminaire dédié à la revitalisation du centre historique47,
− 15 juillet 2005 visite du commissaire européen pour les politiques régionales, Danuta
Hubner et du chef de la délégation de la CE à Bucarest, Johnatan Scheele48,
− 14 septembre 2005 – conférence de presse
organisée par AICI après six mois d'isolement,
15 décembre 2005 – séminaire Think Tank
Romania dédié à la problématique du
développement urbain,
− 28 février 2006 – conférence de presse
organisée par AICI « après un an d'isolement »,
− 16 juin 2006 – séminaire organisé à Amsterdam
Café par AICI avec la collaboration de
l'Ambassade d'Hollande en Roumanie et de
l'Ordre des architectes.
Selon les déclarations des acteurs du Groupe3-société
civile (surtout les ONG et AICI), le dialogue ne s'est
jamais produit, la Mairie n'est pas revenue sur sa
décision, et de plus, l'administration publique n'a pas
encore démarré le projet d'infrastructure. Bloqué dans
des procédures du choix du maître d’oeuvre, l'administration publique a reporté chaque fois
plus loin la date de commencement des travaux.

La Mairie n’a pas compris qu’elle doit discuter avec les gens qui ont fait des investissements dans la
zone. La Mairie est toujours sur cette position : nous savons mieux ce que nous avons à faire.
La Mairie voit dans la communication juste un instrument pour construire une image. Nous avons
essayé un dialogue direct avec l’administration, mais nous n’avons pas réussi. C’est juste une relation
formelle dans laquelle l’administration simule la communication. [entretiens Groupe 3 – société civile,
membre AICI]

Ceci est le début des relations entre les citoyens du quartier et l'administration publique. Avec
un certain retard par rapport à ce qui était prévu dans les études de IHS România, la Mairie a
initié elle même une communication du projet. En juin 2005, elle a organisé un séminaire,
avec CPUMB qui a coordonné la phase PUZ du projet, et en collaboration avec
ProPatrimonio, une ONG active dans le domaine du patrimoine culturel, et l'Ordre des
Architectes Roumains (OAR). L'évènement a permis d’accueillir un public restreint, formé des

45
Document disponible en ligne sur < www.aicibucuresti.ro>, (consulté le 15.08.2006)
46
Cf www.aicibucuresti.ro
47
organisé par : Fondation ProPatrimonio, Ordre des Arhitectes de Roumanie, CPUMB. Ont été présents le
Maire Général et le Maire du 3eme ainsi que des spécialistes élaborateurs des études, associations, representants
de la société civile.
48
A cette occasion, la Mairie de Bucarest, par le chef de CPUMB et l'Agence de développement régional Bucarest
–Ilfov a présente un plan de mesures pour l'élaboration d'un Master Plan en vue de la revitalisation urbaine de la
zone. A cette réunion ont participé les ONG – ProPatrimonio et ATU.

133
institutions impliquées dans l'élaboration ou intéressées par le projet. De nouveau, les acteurs
institutionnels directement impliqué ou affectés, ont été présents : Le Maire, les représentants
des équipes qui ont élaboré le PUZ – CPUMB et les architectes de CCPEC d'UAUIM, IHS
România, le coordonnateur du projet de réhabilitation des réseaux dans la zone du Projet
Pilote, les représentants d'AICI, les représentants des NGO comme ProPatrimonio et ATU, le
Ministre de la culture, des représentants de l'Agence de développement régional. Chaque
intervenant a apporté son discours : les spécialistes de UAUIM et la Mairie – ont présenté le
PUZ, la stratégie de développement et le plan d'actions, les représentants de AICI – la chute de
l'activité commerciale due à l'interdiction des voitures, ProPatrimonio et les représentants de
l'agence de développement régional ont présenté le cadre général de l'utilisation des fonds
européennes dans les projets de revitalisation urbaine. Selon les témoignages des participants,
exprimés dans les entretiens effectués, les prises de la parole se sont succédées sans que cela
provoque un débat autour de la problématique du projet. Nous reviendrons en détail sur le
contenu du séminaire dans la troisième partie de la thèse, dédiés aux représentations et
pratiques des acteurs.

Séminaire juin 2005 – l’objectif de ce séminaire n’a pas été bien défini, donc le séminaire n’a pas suivi un
certain objectif, et à la fin il n’y avait pas de conclusions … chacun a présenté quelque chose et ce fut
tout. Ensuite, chacun s’est occupé des ses affaires ; …le séminaire n’a pas créé des relations entre les
acteurs… telle coordination, tel résultat [...] nous nous sommes plus au courrant avec ce qui se passe
…il y a d’autres qui savent plus [...] la transparence n’existe pas [Groupe 1 – spécialistes, membre IHS
România, bureau d’étude]
[...] nous, en tant qu’institution, nous avons achevé notre rôle et nous avons organisé un séminaire, où
nous avons invité et réuni tous les acteurs qui devraient collaborer. A cette occasion, nous avons essayé
de transmettre un message public, c'est-à-dire, annoncer qu’une étape a été bouclé et que une autre va
commencer. Le séminaire a eu l’effet d’un point mis …à la fin de la phrase que nous avons formulé
jusque là. Je ne sais pas beaucoup plus de ce qui s’est passé ensuite… [Groupe 2 – administration
publique locale, représentant CPUMB (position de décision)]
Ils (les organisateurs du séminaire, ma note) faisaient ce qu’on appelle l’information de la population
sur les projets urbaines […] ils ne savent pas communiquer ; moi-même je ne comprenais rien des plans
affichés, je ne crois pas qu’un habitant de la zone pourrait comprendre quoi que ce soit – c’était trop
technique, une écriture minuscule, illisible. […] Le responsable du projet (de réhabilitation de
l’infrastructure, ma note) était là, il a dit son discours, et e il est parti ensuite. Il n’était pas intéressé de
répondre à des questions ou de discuter avec quelqu'un […] ils voulait promouvoir leur…ils voulait
montrer qu’ils commencent à faire quelque chose… […] le Maire du 3ème a dit qu’il a l’intention
d’évacuer les gens […] Le Maire général a donné une conférence de presse. [Groupe 3- société civile,
représentant ONG participant]
L’initiative a appartenu au CPUMB qui a dit ok, traitons les thèmes suivants … et on a fait un
partenariat avec CPUMB qui était intéressé par le projet de la société civile, de lancer le débat autour du
centre historique. Et comme d’habitude ce fut… à la hâte…chacun est venu, a dit son discours et est
partit aussitôt… non, on n’a pas eu de débats, même si la modératrice a essayé, après les
présentations…elle a essayé de provoquer le débat…ce n’était pas possible car, une fois un discours
prononcé, la présentation suivante était sans lien, […] et celui qui avait présenté était déjà parti. Ainsi,
cet échange d’expertise qu’on souhaitait, n’est pas arrivé à se produire … et voilà tout…c’est exactement
dans le style de ne pas avoir le dialogue… alors on a eu effectivement juste une caisse cochée. Le rapport
du séminaire est plein de discours…indépendants, sans que quelque un de ces qui les ont prononcés se
soit engagé, et sans particulariser dans le sens d’exemplifier – on pourrait faire ci, ou ça ….ceci aurait
aidé le débat se produire. [Groupe 3- société civile, représentant ProPatrimonio, ONG organisateur]49

49
Les fragments sont à retrouver en Vol. 2, Annexe 2eme et 3eme partie. Exploitation des entretiens, dans les
tableaux de synthèse de l’analyse ARO, pour le thème « communication »

134
La Mairie n’a pas une publication par laquelle elle présenterait son point de vue officiel
contenant des informations accompagnant les diverses étapes du projet, destinées au grand
public. Ainsi, la presse50 a été le communicateur le plus actif du projet. Mais les articles parus
ont exprimé largement la confusion que nous avons signalée auparavant51 entre les étapes du
projet, les financements respectifs, les objectifs à court et à long terme. La confusion qui s'est
installée est liée principalement à la réhabilitation des réseaux – cofinancée par la BERD ,
opération à court terme – qui est devenue souvent dans le journaux, la réhabilitation du centre
historique entier, les bâtiments inclus. L'information recueilli à partir des sites Internet de
chaque institution impliquée, des communiqués de presse provenant de la part de la Mairie ou
de l'association AICI, des interviews prises avec les responsables et les intéressés du projet, ont
constitué le fond et la matière des articles.
Ainsi, l'information communiquée au public est éparse et souvent contradictoire. Ceci
a créé un environnement propice à la diffusion des rumeurs et de la méfiance, plutôt que à la
diffusion des informations d'intérêt public. Par la suite seront présentés les informations
officielles mises à la disposition du public. Les informations citées ont été publiées sur le site
Internet des institutions respectives (moyen accessible juste à une partie des intéressés) ou
dans les déclarations faites par les autorités publiques pour la presse. Nous présentons les
principales déclarations ci-après :

La BERD – il s'agit d'un projet de réhabilitation des réseaux. Sur le site Internet de la BERD52,
dans un article intitulé Romania's « Little Paris » to sparkle again (Pour que le petit Paris de la
Roumanie rayonne de nouveau), on parle des efforts du Maire de Bucarest pour le
renouvellement urbain (urban renewal) du centre historique. Dans cette optique, la
réhabilitation de l'infrastructure est vue comme un premier pas qui, conjugué à d'autres
initiatives, devrait encourager le secteur privé à investir dans cette zone.
Dans un avis général de passation de marché ( procurement notice), la BERD indique
comme personne de contact pour le projet de réhabilitation d'infrastructure, le manager
exécutif dans le cadre de la Direction des crédits externes de la Municipalité de Bucarest. (La
date d’émission du document est le 1er juin 2004 et la date limite est 1 juin 2005).

La Mairie de Bucarest – le projet de réhabilitation des réseaux et projet complexe de


réhabilitation urbaine ne sont pas bien délimités sur le site officiel de la Mairie.
Le projet de réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique, qui est le projet
en cours actuellement, tel qu’il est présenté sur le site Internet officiel de la Mairie, pourrait
être autant une étape du projet de « Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à
Bucarest » qu’un sous - projet du programme Multisecteur.
La description du projet qui apparaît sur le site officiel de la Mairie – nous le
rappelons, est le résumé du diagnostic, de la stratégie et du plan d’action élaboré par l’équipe
d'IHS România sous-contractante du CCPEC de UAUIM. Cette description, en accord avec
les études élaborées par le CCPEC de UAUIM, concerne toute la zone du centre historique
telle comme définie par l'OG 77/2001 et envisage une revitalisation intégrée, comprise dans
toutes ses dimensions : forme urbaine, structure sociale, situation juridique, économique, état

50
Nous avons pu recenser une centaine d’article sur le sujet dans la presse quotidienne ou spécialisée, entre 2005
et 2006. Une analyse des ces articles est faite dans la troisième partie de la thèse, dans le chapitre dédié à l’analyse
du discours de la presse.
51
Cf. supra, p. 130
52
www.ebrd.com, date de l’article 25 juillet 2003, (consulté le 16.08.2005)

135
des infrastructures, etc. Vu ainsi, le projet de réhabilitation de l'infrastructure pourrait s'y
inscrire comme une étape. Cependant, à la fin de cette présentation du projet, en quelques
lignes, la Mairie annonce que « Tous ces objectifs (énoncés dans la descriptions du projet
intégré, n. n.) ont déterminé le déclenchement du projet de réhabilitation de la zone
historique de Bucarest, qui nécessite un
(Réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique. investissement de 9,5 millions euro
Source Programme de developpement de Bucarest 2000 – 2008) assuré par un crédit BERD de 8 millions
euro et 1,5 millions euro du budget local
de la Mairie. »
Déjà une confusion peut
apparaître dans la présentation même de
la Mairie : Le crédit de la BERD
concerne seulement l’infrastructure et
en aucun cas les interventions sur les
bâtiments ou toute autre intervention
qu’un tel projet complexe suppose. De
plus, le crédit de la BERD et la
réhabilitation de l'infrastructure
concerne un territoire plus restreint, qui
fait l'objet du Projet Pilote de
réhabilitation de l'infrastructure, qui est
une composante du programme
Multisecteur présenté auparavant. Le
Programme de développement de
Bucarest 2000 -2008 [p.29] présente ces
deux images des bâtiments, présentés ci-
joint – celle d’en haut en mauvaise état
(nommé « état actuel » - Situatia
Existenta en roumain) et celle d’en bas en bon état (nommé « proposition » – Situatia Propusa
en roumain) pour illustrer l'effet avant/ après de cette intervention qui concerne seulement
l'infrastructure, donc tout ce qui se trouve en souterrain.
De plus, la présentation avant/après faite à travers ces deux images n’a pas de sens car
les deux images présentent des états actuels des bâtiments situés dans le centre historique . Ces
sont deux bâtiments distincts qui existent actuellement dans la zone.
Une autre confusion pourrait venir du fait que la Mairie n’a pas affirmé explicitement
que le financement de 9.5 million euro est réservé pour l’infrastructure.
Ensuite, la presse a embrouillé les pistes : systématiquement, dans les articles, le
montant de 9.5 million euro est cité comme financement pour le projet de réhabilitation du
centre historique, ce qui est faux. La seule exception est faite par un article intitulé : « Le
Centre historique – l’épopée d’un projet mal commencé » [Jurnalul National, 03.03.05] qui a
apporté des précisions dans cet imbroglio, dans le souci de bien déceler les étapes du projet et
les financements afférents.
Sur le site officiel de la Mairie de Bucarest peut être téléchargé aussi le « Programme de
développement de la ville de Bucarest 2005-2008 » qui est en fait le programme du nouveau
Maire ayant gagné les élections en 2005. Ce programme est cohérent avec le programme
2000-2008, dont il est une reprise plus détaillée. Ici, le projet de réhabilitation intégrée du
centre historique est classé sans équivoque dans le chapitre « Transport, voirie,

136
systématisation de la circulation », sous-chapitre « Infrastructure urbaine » et est intitulé
« Réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique », qui est exactement le titre de
l'opération cofinancée par le crédit de la BERD, sous projet du Programme Multisecteur.
Cela n'a pas empêché quand même le maintien dans la presse de la confusion
concernant le montant et la durée du projet complexe de réhabilitation du centre historique.
Plusieurs articles parlent d'un centre historique réhabilité avec lequel Bucarest rejoindra
l'Union européenne en 200753.

La Mairie du 3ème secteur. Du point de vue administratif, le territoire du centre historique est
dans la gestion de la Mairie du 3eme secteur. Sur le site Internet de la Mairie du 3eme54 est à
retrouver une présentation du projet de « Réhabilitation du centre historique », mais la
version présentée là est assez différente de celle du site de la Mairie générale.
Le Maire du 3ème signe un document d’une page, intitulé « Réhabilitation du centre
historique », dans lequel sont énoncés :
− les objectifs : la protection du patrimoine national, la réhabilitation des bâtiments et la
mise en valeur des monuments historiques.
− le Programme de réhabilitation du CI : ici sont énumérés ensemble le crédit de 9,5
millions euro qui est attribué seulement au BERD, et qui servirait, selon ce document, à la
réhabilitation des monuments et au développement des objectifs touristiques, à la
modernisation des infrastructures et au développement des parc de stationnement, à la
réduction des infractions et à la propreté de la zone.
− La première étape de réhabilitation du centre historique : l’interdiction de toute
circulation automobile ou stationnement des véhicules dans toute la zone du centre
historique.
− Des réglementations pour les véhicules
− Les parc de stationnement disponibles
− Les Institutions impliquées :
Mairie du 3eme et la Police du 3eme
La Police routière de la ville de Bucarest
La Gendarmerie Roumaine
Néanmoins, dans une interview accordée à l’hebdomadaire Revista 22 55, la déclaration du
Maire du 3ème est différente, mais elle manque toujours de précision, ou du moins, ce qui est
paru dans le hebdomadaire manque de précision:

L’objectif principal de l’administration du 3ème secteur est la protection réelle du patrimoine d’intérêt
national, la réhabilitation des bâtiments et la mise en valeur des monuments historiques, qui constituent
la substance de qui e resté du centre historique. Ainsi, il est connu que la Municipalité a contracté un
crédit de la BERD, dont le montant est de 8 millions euro, la contribution de la Municipalité étant de
1,5milions euro. Le crédit de la BERD est destiné à la réhabilitation de l’infrastructure, à la création
d’une stratégie de réhabilitation des monuments historiques, pour que cette zone devienne un repère
culturel important de la Roumanie […] Selon l’information que j’ai en ce moment, je crois que le projet
de réhabilitation du centre historique sera réalisé jusqu’à la fin de année 2007. Le projet de réhabilitation
du centre historique doit commencer avec la réhabilitation des réseaux édilitaires et nous avons décidé

53
« Centrul istoric al Bucureştiului va fi renovat » Southeast European Times – 17.02.05/ l’entretien avec le Maire
du 3ème publié dans la revue 22 du 29avril -06 mai 2005/ "Micul Paris intirzie sa apara pe harta Europei",
Evenimentul Zilei, 16.12.05/ « Bucuresti in secolul XXI » , Revista 22, 29 03.2006 – 04.04.2006
54
http://www.sector3primarie.ro/ rubrique – « centrul istoric»
55
Revista 22, Année XIV ( 790) 29 avril – 06 mai 2005

137
d’interdire la circulation automobile pour permettre ces travaux. […]J’espère que ceux qui ont le
domicile dans le centre historique comprendront que si nous tardons à prendre des mesures pour
réhabiliter l’infrastructure et les bâtiments, il nous reste aucune chance de sauvegarder notre patrimoine
national. […] Je souhaiterai qu’au moment de l’adhésion de l’UE, le centre historique soit déjà une île de
culture, modernité et identité culturelle, au cœur de Bucarest. [Maire du 3ème, Revista 22, 29 03.2006 –
04.04.2006]

L'image construite dans cet article est celle d'un Maire du 3ème volontaire, qui a un rôle
important dans le projet, et il parait d’être même à l'origine de quelques décisions
importantes : l'arrêt de la circulation et l'évacuation des habitants qui logent sans contrat dans
le centre historique.
A la confusion concernant les étapes et les objectifs du projet de réhabilitation du
centre historique, due dans une première phase à une communication défectueuse du projet,
se sont rajoutées des rumeurs sur ces deux actions envisagées par l'administration publique,
actions qui, cette fois ci, touchaient directement la population de la zone, sans que
l'administration publique ait pris des mesures pour consulter les habitants et les utilisateurs de
la zone avant de prendre ces décisions.
Ces deux actions sont les seules entreprises effectivement, sur le terrain et en même
temps, elles font l'objet de controverses : Qui a pris ces mesures en réalité, le rapport entre les
attributions des Mairies (Générale et du 3eme) et la façon dont les acteurs interviewés,
(acteurs qui font partie de l’administration publique) se sont emparés de leur rôle dans ces
situations sera présentée par la suite.

2.2. Les étapes de la mise en œuvre du projet


2.2.1. Interdiction de la circulation des véhicules dans le centre historique
L’interdiction de la circulation des voitures dans le centre historique a été approuvée par la
Commission de Circulation de la Municipalité, et accomplie en mars 2005.
Ce fait constitue un point clé dans le déroulement du projet, car il a rendu visible le
centre historique. Depuis, les articles dans la presse ont fait du centre historique un sujet56. En
même temps, pour la société civile, et le public, il a été annoncé à cette occasion qu'un grand
projet est destiné à métamorphoser l'image du centre historique, et que l'interdiction de la
circulation des véhicules était une mesure prise pour éliminer la pollution et les vibrations qui
auraient pu endommager les bâtiments anciens, mais aussi pour contrôler mieux la sécurité de
la zone (la présence des voitures dans l’agglomération étant un obstacle pour une intervention
efficace des forces d'ordre). Ce fait a été de nature à créer des attentes. La circulation des
véhicules a été interdite en avril 2005 mais une année après, aucun projet n'avait toujours pas
commencé dans le centre historique. Cet événement, regardé en détail, montre des actions de
nature à nous aider à comprendre les pratiques du projet :
Les spécialistes du CCPEC, choisis par la Mairie ont élaboré le PUZ. Dans une
première phase, dans le PUZ étaient prévus des trajets piétonniers et des trajets pour les
véhicules. Un plan représentant cette solution pour une circulation mixte des automobiles et
des piétons a été publié dans le Programme de développement de Bucarest 2000-2008, p.27, il
date du mai 2004.

56
Nous avons répertorié autour des 25 articles parus sur le sujet de l’interdiction de la circulation automobile,
d’un total de 100 articles répertoriés sur le sujet de la réhabilitation du centre historique, dans l’intervalle 2005-
2006

138
Sur ce plan, reproduit ci-joint en haut, sont
représentées en jaune les rues piétonnières,
en violet et rouge, les rues et artères
carrossables.
Cependant, dans la variante finale de ce
plan (présenté ci – joint en bas), qui a été
élaboré par des spécialistes du CPUMB,
toutes les rues situées à l'intérieur de la zone
du Projet Pilote, sont piétonnières (en beige
sur le plan sont représentées les rues
piétonnières, en violet les rues et artères
carrossables).
Selon les témoignages des interviewés, le
nouveau plan a été ainsi élaboré à la suite
Plan de circulation élaboré par CCPEC, mai 2004, variante des demandes des commissions de la Mairie
intermédiaire. Source : Programme d'action de la Mairie
2000-2008
: « la conversion de toutes les rues du Projet
Pilote en rues piétonnières s'est imposé
suite à des séances de présentations du
projet (dans le cadre de la Mairie, ma note),
ces sont les conditions qui ont été imposés
par les commissions respectives » [Groupe2
– administration publique locale, membre
CPUMB].
Selon un des interviewés du Groupe 1
– spécialistes, l'initiative de l'interdiction de
la circulation automobile a appartenu au
Maire du 3ème. Elle a été adoptée finalement
par la Mairie générale. L'interviewé
explique que le PUZ prévoyait la
Plan de circulation élaboré par CPUMB, 2005, variante
finale. Source : service Circulation, Infrastructure Municipale conversion des certains rues en rues
et Métropolitaine, CPUMB, Bucarest piétonniers, mais, que les auteurs
(spécialistes CCPEC) n'ont jamais pensé
que ce-ci va générer un tel effet et surtout, que cette recommandation serait mise en pratique
de cette manière.
En effet, ceci pourrait être expliqué par le fait que la décision a été prise au niveau des
maires, sans tenir compte des professionnels. Ainsi, en février 2005, le Maire du 3ème envoie au
Conseil général de Bucarest et au Maire de la capitale un document intitulé « Les motifs pour
lesquels on doit convertir en zone piétonnière, le vieux centre de Bucarest ». Les motifs
énumérés sont - l'état avancé de dégradation des immeubles, l'accès difficile des véhicules de
propreté (qui n’accèdent que pendant la nuit) à cause des nombreuses automobiles garées
partout durant la journée, la délinquance – la surveillance de la zone étant difficile. A la fin, le
document envoyé par le Maire du 3ème prend un ton impératif « la réalité nous oblige à
prendre des mesures urgentes, avant qu'il ne soit pas trop tard ». En Mars 2005 la Maire,
s'appuyant sur l'avis de la Commission de Circulation de la Municipalité et sur un nouveau
plan de circulation du PUZ (élaboré par CPUMB et présenté dans la figure ci-dessus), décide
l'arrêt de la circulation des voitures. Une Décision du Maire général [DPG 766 du 25/02/2005]

139
institue cette interdiction. Ensuite, la Mairie générale a transféré à la Mairie du 3ème les
responsabilités liées à l'arrêt de la circulation automobile [DGP 811 du 04/03/2005].
Ainsi, la Mairie du 3eme a été chargée de la mise en pratique de cette décision. La mesure a été
instituée en une semaine : des bornes ont été placées au bouts de rues d'accès dans la zone,
ainsi que des agents pour surveiller le respect de ce nouvel ordre.
Cette mesure a été aussitôt contestée par les spécialistes, qui ne s’attendaient pas que ce
plan que la Mairie a obtenu des spécialistes du CPUMB, soit mis en pratique ainsi.

Apres avoir rendu le PUZ, ave-vous gardé le contacte avec la mairie, avez-vous eu depuis des
consultations ? Bon, c’était la réaction de la mairie du 3ème, que tu connais, l’interdiction d’un jour à
l’autre des voitures : la Mairie du 3ème a annoncé brusquement, tout a été mis en place dans une
semaine, que les voitures sont interdites dans toute la zone. Bien sur que ceci a provoqué un scandale
immense … j’avoue que personne n’a pas demandé mon opinion, ou l’opinion de quelqu'un d’autre de
ceux qui font partie de l’équipe du projet… on ne peut pas faire une chose pareille à l’arrache, d’un jour
à l’autre, sans prévenir les locataires ou les gens qui ont des affaires là-bas…car il seront bouleversés, en
fin. …Ca alors …on n’a pas été sollicité…ça a été une conséquence du PUZ qu’on a rendu si on pourrait
dire ainsi… mais …bon, ça n’a pas été vraiment une interprétation tendancieuse du PUZ mais ils ont
mal compris des choses prévues dans le PUZ. Il est vrai que dans le mémoire on n’a pas précisé que ceci
doit être fait dans une étape ultérieure, parce que nous n’avons pas imaginé qu’ils la feront aussi vite que
ça. [groupe1 – spécialistes, membre du CCPEC]

En même temps, la Mairie, a suivi le cours qu'elle voulait donner au projet, et toujours par
l'intermède du CPUMB, a organisé un appel d'offre pour choisir l'équipe qui sera le consultant
pour le projet d'infrastructure, dans la zone du Projet Pilote. L'équipe choisie a été un
consortium réalisé par deux entreprises internationales HOK et Pell Frischmann. Selon les
déclarations des personnes appartenant au groupe 2 – administration publique locale, HOK &
Pell Frischmann a repris des solutions de circulation mixte, proposées par les spécialistes
roumains dans les étapes de l'élaboration du PUZ, antérieures à l'élaboration du plan de
circulation qui interdisait la circulation automobile. Ainsi, la solution proposée par les
spécialistes étrangers est aussi une conversion partielle des rues carrossables en rues
piétonnières. De plus, dans leur mémoire, les spécialistes étrangers ont souligné le fait que
l'arrêt complet de la circulation auto est « contre-productive et peut nuire aux schémas des
investissements privés ».

Dans le périmètre du projet pilote, dans le projet roumain, toutes les rues étaient piétonnières, et dans le
projet HOK &Pell Frischmann il y a avait rues piétonnières, mais pas toutes. […] Mais eux, ils n’ont pas
passé par aucune procédure d’approbation…alors ils soutiennent encore cette idée… qui a été aussi
notre idée au départ. En fait ils ont repris nos idées, qu’ils ont trouvés dans les versions du projet avec
lesquelles on est passé par le processus d’autorisation, et qui ont été rejetées. En fait, la solution avec
toutes les rues piétonnières que nous avons eue…dans le périmètre du projet pilote, est résultée des
séances d’autorisation, ceux-ci ont été les conditions imposées par les commissions respectives. [Groupe
2 – administration publique locale, fonctionnaire CPUMB]

Dans l'introduction de leur mémoire, HOK & Pell Frischmann, annoncent que l'objectif de
leur étude est la définition des aspects considérés « vitales, dans toute action de régénération
urbaine ». Ils soulignent le fait que la Mairie doit être d'accord avec ces aspects, pour une
collaboration « bien coordonnée » entre le consultant et l'administration publique. Parmi les
aspects énoncés : « la Municipalité va réglementer une structure mixte des trajets pour les
autos et pour les rues et le voisinage de la Zone Pilote ». Le consortium HOK & Pell
Frischmann a proposé une stratégie pour la régénération urbaine de la Zone Pilote, à
implémenter suivant quelques étapes, correspondant aux interventions sur quatre noyaux

140
identifiés comme opportunités d'intervention dans la zone. Il est important de noter
qu’aucune des quatre variantes proposées ne prévoit l'interdiction complète de la circulation
automobile : dans les images suivantes, les taches de couleur indiquent les quatre noyaux
d'intervention, les flèches rouges et oranges indiquent les sens de la circulation auto, et les
hachures en lignes obliques - les rues piétonnières.

Variantes de 1à 4, Stratégie HOK et Pell Frischmann, source de l'image : photographies prises dans les archives du CPUMB

Le projet HOK & Pell Frischmann, finalisé en avril 2005 a engendré des discussions au sein
des spécialistes de la Mairie. Selon le témoignage d'une personne du Groupe 2 –
administration publique locale (CPUMB), vu que les propositions des consultants étrangers et
du PUZ n'étaient pas les mêmes en ce qui concerne la circulation auto, une solution possible
était celle de la réalisation de revêtements des sols qui puissent supporter le trafic auto, le cas
où les rues deviendront un jour, carrossables.

Avec les anglais on a eu un séminaire interne en décembre 2004… ils sont venu avec leurs variantes et
nous, avec les nôtres […]…et moi, pour les aider…j’ai proposé…donc la seule différence de fond, qui
finalement, n’était même pas une différence de fond, c’était l’usage de la rue : piétonnière ou carrossable.
C’était tout. […] Ils ont repris les indicateurs du projet roumain, et alors, parce qu’il y avait les
différences… mais moi, je les avais soutenu … alors j’ai proposé de … ceci a été ma contribution… de
créer pour toutes les artères une infrastructure identique, parce que finalement l’usage en tant que
carrossable ou je ne sais pas quoi, puisse être modifié avec des indicateurs … pour ne pas bloquer le
projet avec des débats inutiles. Et alors, l’idée était que l’usage de la rue – piétonnière ou carrossable doit
être flexible, avec la possibilité de la modifier au long de la journée, pourquoi pas ? ... il était important
que la voiture la plus lourde puisse passer – la voiture des pompiers … n’est ce pas ? Et alors ce fut la
solution … [Groupe 2 – administration publique locale, fonctionnaire CPUMB]

141
Le problème de la circulation automobile a été solutionné du point de vue technique, mais
l’interdiction est restée inchangée. Nous avons pu constater que les études faites et les mesures
prises sont contradictoires, ou du moins, les déclarations. Ainsi, l’équipe de la Mairie
reconnaît l'étude de HOK & Pell Frischmann, même s'il prévoie d'autres choses que le PUZ en
matière de circulation auto. Malgré ces différences, cette étude et la stratégie proposées par le
consultant étranger sont devenu la base sur laquelle s'appuie dans ses actions, l'Unité
d'implémentation du Projet Pilote (UIPPilote). Néanmoins, la réalité du terrain montre que
l’étude HOK n’est pas suivi « pas à pas », et que il y a des points de désaccord dans la façon
d’appliquer les propositions de cette étude, au moins en ce qui concerne l’arrêt de la
circulation automobile.

Les experts étrangers ont joué et jouent encore un rôle important dans l’implémentation de ce projet.
Apres un appel d’offre qui a eu lieu en 2003, les entreprises HOK de Canada et Pell Frischmann
d’Angleterre, ont formé ensemble un consortium qui a élaboré, en tant que consultant, ils ont très bien
travaillé, et il y a un an, un an et demi, ils ont élaboré le projet technique pour la réhabilitation de
l’infrastructure dans la zone du projet pilote. Cette collaboration a très bien fonctionné et ils sont les
bienvenus pour nous aider, car on a besoin…et nous, nous suivons pas à pas cette stratégie qu’ils ont
élaborée pour le centre historique. [Groupe 2 – administration publique locale, fonctionnaire UIPPilote,
position décideur]

Cette UIPPilote a été crée en avril 2005 [DGP 998 du 19/04/2005], comme unité dans le cadre
du projet Multisecteur, et le chef de cette unité a été nommé par le Maire Général. A partir de
ce moment, la responsabilité et la coordination du projet sont passés du CPUMB (bureau
d’étude sous l'autorité du Conseil Général de la Municipalité de Bucarest) à l'UIPPilote, dans
le cadre de la Direction d'urbanisme et aménagement du territoire de la Mairie de Bucarest57.
Le chef de l'UIPPilote évoque l'étude et la stratégie de HOK & Pell Frischmann,
comme la base des actions concernant le Projet Pilote. Selon lui, l’interdiction de la circulation
auto, est une décision temporaire, de nature à protéger les bâtiments dégradés du centre
historique et de diminuer la délinquance dans la zone. Dans l’avenir, dit-il, une fois la zone
réhabilitée, la circulation des véhicules sera rouverte, mais c'était une mesure « prise par la
Mairie du 3ème, forcée par la conjoncture ».

Ceci est une mesure préventive…une mesure qui a été prise … on était obligé par… une mesure prise
par la Mairie du 3ème, qui était forcée par la conjoncture, par la réalité… si on n’avait pas pris cette
mesure, peut-être que à cause des vibrations, de la pollution, des effets nocifs que la circulation
automobile a, à coté bien sur, des effets positifs…on n’aurait plus de support…d’objet de travail. / Alors
vous allez rouvrir… (mon intervention)/ Bien sur, sans doute ! On va faire une circulation mixte –
automobile et piétonnière. Bien sur ! Mais nous devons préserver la zone, d’une façon ou d’une autre, si
on veut avoir encore sur quoi travailler. De plus, la délinquance est en baisse, la pollution aussi, et de
plus, maintenant les choses sont sous contrôle du point de vue de l’administration publique et
de…aaa… des autres composantes de la vie sociale. Ca a été une mesure assez…dure, avec un caractère
dur, mais absolument nécessaire. Et de toute façon, cette mesure a été nuancée en novembre par un
arrêté du Maire général qui a permis l’accès des taxis sur deux trajets, et qui a permis l’organisation des
trois arrêts de taxis sur le périmètre de la zone pilote, d’un parc de stationnement dans la rue Franceza,
ainsi que d’un parc de stationnement payant et surveillé…aaa… Les choses ont été nuancées pour

57
Dans l'organigramme qui constitue l'annexe du DGP 998 du 19/04/2005, dans le UIPPilote correspondant au
Projet Pilote du centre historique, le directeur du CPUMB est marqué comme membre de cette UIPP. Pourtant,
ce que ses déclarations m’ont laissé entendre, est qu'il s'agit plutôt d'un transfert du projet du CPUMB vers la
UIPP. Ces aspects seront repris dans la troisième partie de la thèse, chap.2. La réhabilitation urbaine du centre
historique de Bucarest dans les récits des acteurs interviewés.

142
simplifier la vie des gens qui sont dans la zone, mais
il y a un prix qui doit être payé, on n’a pas le choix
[groupe 2 – administration publique locale,
fonctionnaire UIPPilote, position décideur]

En ce qui concerne les concordances entre


les études des spécialistes et les étapes de
projet envisagées par l’UIPPilote, nous
pourrions noter que celles-ci existent mais,
les temps prévus ne correspondent. Plus
précisément, les temporalités du projet mis
en pratique et leurs effets sur le terrain
sont en contretemps avec les étapes des
études.
Ainsi, tout le monde semble s’accorder sur
Zone de l'étude ATU, avec la représentation graphique
le fait que l’interdiction de la circulation
de la localisation des locataires et des commerçants qui
ont répondu à l'enquête. automobile est une mesure dure. Les effets
de cette mesure sont perçus différemment
par les acteurs : spécialistes, administration publique et société civile. L'interdiction de la
circulation a été contestée autant par les spécialistes que par les usagers de la zone.

Les autorités invoquent comme argument que « c’est ainsi en Europe », toutes les villes européennes ont
une zone piétonnière dans le centre historique… / Ceci est vrai, il y a partout en Europe des zones
piétonnières, mais il faut expliquer le contexte. Chez nous, la seule zone qui a une tradition en tant que
zone piétonnière est la rue de Lipscani, et elle fonctionne ainsi parce que les gens la connaissent depuis
longtemps et la « reconnaissent » ainsi. Cependant, toute zone piétonnière doit avoir des artères
qui « l’alimentent », doit avoir des parcs de stationnement, des voies d’accès, etc. ; Le processus de
« piétonisation » dure quelques années, partout dans le monde, parce qu’il doit être assimilé par la
culture de la ville, par les usagers. La zone va se définir par elle –même et dans le temps et non par un
décret donné d’un jour à l’autre, qui établit qu’elle sera piétonnière et qui part de la prémisse qu’on
devrait accepter cette décision. [Entretien avec le représentant de l’AICI, Dilema veche, no. 80, 29.07-
4.08. 2005,]

En même temps, cette décision parait répondre à des attentes des bucarestois (ceux qui
n’habitent pas dans la zone). Afin de préciser cette affirmation, nous allons continuer par
présenter quelques conclusions de l'étude de l’ATU, élaboré pour UNDP en 2002, et des
commentaires que nous avons recueilli sur les forums des journaux qui sont disponible en
ligne sur Internet.
« L'atlas du Centre historique » est le titre de l'étude élaboré par ATU. Il représente la
synthèse des résultats des enquêtes effectuées par les membres de l'association, en 2001-2002,
dans une zone (en rouge) qui se superpose partiellement au Projet Pilote actuel (en gris
foncé)58.
Ce n'est pas une étude exhaustive concernant la zone étudiée, mais elle a le mérite
d'avoir énoncé les problèmes tels qu’ils résultent de l'observation directe et des enquêtes. Deux
groupes ont répondu à l'enquête : les commerçants et les habitants59.
Parmi les désavantages identifiés dans la zone par les commerçants sont (dans l'ordre
de décroissance de l'importance accordée) : (1) la présence de la population rome, (2) le

58
Voir Vol 2. Annexes 2ème partie, carte page 30.
59
Idem pour voir les extraits de l’étude de l’ATU

143
manque des places de stationnement pour les voitures, (3) le manque de la propreté et la
vétusté des réseaux édilitaires. Selon les commerçants, la Municipalité doit intervenir dans la
zone pour solutionner les problèmes suivants : (1)la réhabilitation de la zone (restauration et
réaménagement), (2) la propreté, (3) l'évacuation des locataires illégaux (sans bail) et de la
population rome, (4) élimination de la circulation auto, amélioration de la circulation auto et
les places de stationnement, clarification du régime juridiques et des contrats (entre les
commerçants et la Mairie), (5) amélioration de l'infrastructure édilitaire et des revêtements
des sols, (6) amélioration des espaces publics.
Les habitants ont identifié comme désavantages de la zone : (1) le manque des
équipements et services ( manque des places de stationnement, service de propreté inefficient,
manque des espaces verts et des aires de jeux pour les enfants, des écoles, crèches), (2)
l’insécurité (délinquance), (3) la dégradation physique et sociale, (4) les infrastructures
vétustes. Selon les habitants, les causes de l'état actuel de la zone sont principalement le
désintérêt (de l'administration publique locale et des gens) et la présence de la population
rome. Selon les habitants, la Municipalité doit intervenir dans la zone pour résoudre les
problèmes suivants : (1) la réhabilitation de la zone (restauration et réaménagement), (2)
création des partenariats (PPP) ou allocation des aides pour la restauration des bâtiments, (3),
amélioration de la circulation auto et les places de parking, (4) les logements sociaux, (5) la
propreté.
En ce qui concerne l'interdiction de la circulation automobile, l'étude de l’ATU montre
que le problème de trafic est réel, qu'il y a un manque de places de stationnement, et que, dans
une certaine mesure, la transformation de la zone en une zone piétonnière est souhaitée sans
que cela occupe les premières places dans le classement des problèmes de la zone. Interdire la
circulation auto semble une solution trop simpliste, par l'élimination de ce qui paraîtrait la
cause de l'inconfort : la voiture.
A part ces faits concrets, la réaction « des gens » qui seront présentée par la suite n'est
pas sans intérêt. Ces « gens » sont ceux qui laissent des commentaires en ligne lors des
apparitions des articles dans les des journaux, sur Internet. A la fin de chaque article, dans un
forum (modéré) lié au sujet, les lecteurs peuvent soumettre leurs opinions. Par la suite, sera
présenté un recueil de ces opinions. Ce ne sont pas des opinions représentatives pour les
roumains, ou pour les bucarestois. Pour notre travail, ces opinions présentent un intérêt en
tant que extrait de l'imagerie60 construite par les gens (ceux qui soumettent leurs
commentaires en ligne sont des lecteurs de Bucarest, du pays, ou bien des roumains vivant à
l'étranger) autour de ce qui devrait être un centre historique. Surtout pour ceux qui ont eu
l'occasion de visiter des centres historique des pays européens, l'image toute - prête d'une zone
piétonnière avec des commerces et cafés s'impose de soi, comme bon modèle : « Le Maire du
3ème fait le premier pas concret dans l'action de réhabilitation du centre historique, action que
la Municipalité va démarrer durant le printemps de cette année. Le vieux centre deviendra
bientôt une zone piétonnière » [Ziua, 24.02.05]. Le ton de l'article est approbatif à la volonté
décisionnaire du Maire du 3ème et à l'objet de sa décision. Les réactions publiés sur les forums
gardent le même ton : « Ça serait extraordinaire que le Maire du 3ème puisse réussir son projet

60
Dans le sens défini par Yves Chalas [Chalas, 2000, p.10-11] – « L'imagerie est l'ensemble des préjugés, des idées
toutes faites, des lieux communs et des clichées qui sont dans l'air du temps et qui ne manquent jamais de
resurgir en tout premier lieu dans une conversation et, à fortiori, dans un entretien [...]. L'imagerie est le prêt à
penser du moment que délivre immédiatement toute personne[...]cela même que tout le monde peut entendre
dans les discussions du café du commerce, ou lire dans les articles de presse écrits à la hâte, constitue
concrètement l'imagerie que l'enquête doit s'efforcer à dépasser »

144
ambitieux. Ça serait une preuve que l'Alliance61 respecte ses promesses. C'était le temps pour
que quelqu'un reconnaît et légifère le fait que le statut d'une ville européenne n'est pas donné
par le nombre des voitures par mètre carré. Les voitures garées pêle-mêle partout à Bucarest
ne rappellent en aucun cas l'Europe, mais le chaos d'une ville du Moyen Orient (Istanbul par
exemple). Ni Londres ni les autres capitales Européenne n'ont pas été conçu pour y garer les
voitures. Nombreux parmi ceux qui sont sur ce forum savent que dans les capitales
européennes, à Londres par exemple, personne ne gare sa voiture à coté de Buckingham
Palace, or en Trafalgar Square. Et il s'agit des gros poteaux qui découragent toute attitude non
civique ». Ce-ci est une opinion exprimée juste après l'annonce de l'interdiction de la
circulation. Après un mois, les articles ont changé leur ton, dénonçant le manque
d'interventions de l'administration publique et le maintien d'une décision qui a affecté les
commerces. Les commentaires parus en ligne sur les forums ont été partagés entre ceux qui
défendaient les centres historiques piétonniers « comme en Europe » et louaient l'attitude
décisionnelle de la Mairie du 3ème, et ceux qui défendaient des problèmes concrets, liés aux
effets négatifs de cette décision. Entre l'image générique d'un centre historique piétonnier, et
la décision prise et mise en oeuvre par la Mairie, il ne devrait pas avoir des contradictions. Le
problème réside dans le façon de faire de l'administration publique : prendre une décision
sans consulter la population du quartier. Cependant, cette décision prise par la Mairie
correspondait dans une certaine mesure aux attentes de la population, une mesure qui suit
plutôt les enjeux électoraux que les demandes des utilisateurs.
Une autre décision viendra s'inscrire dans la même ligne : l’évacuation des locataires sans bail.

2.2.2. L’évacuation des locataires sans bail


En septembre 2005 la Mairie a déclaré avoir évacué 900 personnes du centre historique, c'est
du moins ce qui est apparu dans les articles de presse et le communiqué transmis par
Mediafax (agence de presse roumaine). Deux milles d’autres personnes ont été averties de
quitter les logements occupés « abusivement», jusqu'à la fin de l'année (2005). Cette action a
été motivée par le fait que ces personnes ont squatté les immeubles du centre historique et
logent sans bail. Toutefois, la Mairie, faute de logements propriété publique disponibles, n'a
pas la possibilité de reloger ces gens. Dans la presse, tantôt il s'agissait de relocations, tantôt
d'expulsion vers les localités d'origine des locataires sans bail.

L’édile (maire du 3ème, ma note) a annoncé que les gens qui ont squatté les immeubles, et il s’agit de plus
de la moitié d’immeubles de la zone qui sont dans cette situation, devront être évacuées, en conformité
avec la loi. Ceux qui n’ont pas le domicile légal dans cette zone, devront quitter les maisons, et ceux qui
ont des dossiers enregistrés au service locatif de la mairie, seront inscrits sur une liste de priorités pour
les attribuer un logement. Jusqu’au ce que l’administration locale aura des logements, ceux qui ont le
domicile dans le 3ème bénéficieront d’un aide pour payer le loyer ailleurs. Le Maire du 3ème a dit qu’il va
bientôt démarrer un ample programme de construction de logements dans un partenariat public - privé.
Le Maire général intérimaire affirme que 80% de locataires dans le centre historique habitent
illégalement, ceux-ci n’étant pas de Bucarest, et une fois que les immeubles seront restitués, ils devront
partir. [« Résurrection de Lipscani », Ziua, 24.02.2005]

61
Alliance D.A., forme par des partis politiques, actuellement au gouvernement.

145
Quelques précisions sont à faire : les statistiques que les autorités locales cités par la presse62,
montrent que parmi les 4000 familles qui habitent dans le centre historique, seulement 162
habitent légalement et seulement 9 sont propriétaires, le reste étant des locataires soit dans des
immeubles propriété publique, soit dans des immeubles propriété privée – il s'agit donc d'une
majorité de locataires sans bail. Deuxième précision, cette situation date d’au moins seize ans,
et elle n'est pas sans lien avec la situation de l'incertitude du statut juridique des terrains et des
immeubles, un des problèmes perpétués par toutes les administrations post-communistes.
La loi donne aux propriétaires le droit de revendiquer les immeubles nationalisés
durant le régime communiste, en conformité avec la loi 10/ 2001. Ce processus a été maintes
fois retardé durant les dernières seize années, et actuellement la situation n'a pas été encore
complètement clarifiée : des immeubles ont été rétrocédés mais d'autres constituent encore
l'objet des dossiers toujours en délibération.

R.M. (maire intérimaire à l’époque, ensuite vice maire, ma note) nous a déclaré que les membres de la
Commission municipale concernant la loi 10, ont décidé la restitution en priorité des immeubles situés
dans le centre historique, car c’est une « zone très sensible de la capitale ». [« Résurrection de Lipscani »,
Ziua, 24.02.05]

Les dossiers par lesquels les anciens propriétaires demandes leurs maisons, disparaissent à la Mairie de
Bucarest. Les gens doivent refaire les dossiers. Les vices maires reconnaissent que à la Mairie c’est la
jungle, et ils savent que les juristes traînent, mais ils ne prennent aucune mesure. […]Le Maire dit qu’il
ne sait pas. Les dossiers ne sont pas sécurisés ; Ils sont déposés sur les couloirs, dans des tiroirs, où
n’importe qui peut avoir accès. La chance fait que les gens ont des quittances comme quoi ils ont déposé
leur dossier et dans ce cas on leur demande de refaire le dossier. « Quand j’étais Maire intérimaire, les
gens venait pour réclamer qu’on les a perdu les dossiers et que des papiers en manquent » reconnaît le
vice maire RM. Le Maire V, qui est aussi le chef des juristes de la Mairie, ne sait rien : « c’est maintenant
que j’apprends de la presse cette situation ». Apres quatre ans de l’apparition de la loi 10/2001, la Mairie
a réussi à résoudre seulement 5 000 de 42 000 dossiers déposés par les propriétaires, et parmi ceci,
seulement 2 000 des propriétés ont été récupérées en nature. [« Rétrocessions dans le Triangle des
Bermudes de Bucarest», Cotidianul, 25.11.2005]

A l'époque de l'élaboration du PUZ (2003-2004), dans la zone du centre historique, la majorité


des propriétés étaient revendiquées en conformité avec la loi 10/2001, mais les dossiers
n'étaient pas encore résolus. Nous n’avons pas trouvé une statistique des propriétés restituées
dans cette zone, le plan concernant le statut juridique de la propriété dans le centre historique,
extrait du PUZ (voir figure page suivante, source – archives CPUMB), étant le seul document
officiel dont nous disposons. La couleur rose, correspondant aux dossiers encore en litige est
la dominante. Le mauve, correspondant à la propriété privée est très faiblement représenté.

Dans le plan concernant le statut juridique de la propriété dans le centre historique, la couleur
dominante représente des terrains et des immeubles en litige/ Oui, en litige. […] bon, nous avons
obtenu, avec une certaine difficulté, du service de cadastre de la mairie cette situation que nous avons
transposé dans le PUZ, c’était la situation de janvier - mars 2003. Ensuite, après les élections, le vice
maire a déclaré que la priorité de la mairie est de résoudre les litiges dans le périmètre du centre
historique. J’avoue que je ne sais plus ce qui est arrivée. C’est vrai que…je crois que plus que la moitié de
la zone du centre historique était des immeubles en litige, à l’époque. […] le litige concernait la

62
Aussi dans l’article sans auteur, « Plus de 900 personnes ont étés évacuées du centre historique », [Romania Libera,
10.09.05]. Ici les statistiques concernent le nombre de familles. Les articles cités auparavant donnaient les chiffres des
locataires, selon les déclarations du Maire du 3ème .

146
propriété de l’immeuble…les immeubles étaient dans diverses étapes de revendication. [Groupe 1 –
spécialistes, entretien avec représentant CCPEC]

L'étude d'ATU montrait que la deuxième cause pour la dégradation de la zone, identifiée par
les personnes qui ont répondu à l'enquête, était « la population rome »63. Dans les articles
parus dans la presse, les titres donnent parfois le ton des commentaires sur les forums : c'est le
cas de l’article intitulé « Le centre historique va enlever ses poux » [Ziua, 30juin 2005]. L'article
nous informe que la Mairie a les fonds nécessaires pour démarrer le projet de réhabilitation du
centre historique, et que, à partir du juin 2005, elle va organiser des réunions publiques dans
lesquelles tout citoyen pourra exprimer son opinion. Dans le même article est cité le Maire du
3ème qui affirme que des évacuations ont été opérées dans la zone et précise que des autres vont
suivre.
Selon la déclaration du Maire du 3ème, 17 familles des roms qui occupaient
« abusivement » (sans bail) ont été évacuées déjà, « sans incidents », et durant le mois du
septembre d'autres seront évacuées :

63
Cf. Supra pp. 143 – 144, voir aussi les extraits de l’étude de l’ATU Vol. 2 Annexe 2ème partie

147
« Des 9 500 des locataires existants dans le centre historique, autour de 5000 sont sans formes légales et
ils occupent presque toutes les 97 bâtiments monuments historiques ou bien les 127 immeubles avec
valeur historique. Dans deux ou trois semaines on va commencer l’évacuation. Ceux qui n’ont pas le
domicile dans le 3ème seront évacués de ces immeubles, même s’ils travaillent à Bucarest. L’année passée,
entre deux scrutins des élections locales on les a fait le domicile là-bas mais je ne vais pas légaliser un
abus ; seulement ceux qui ont des contrats de location ou de titres de propriété vont rester sur place. Si
on commence à négocier avec eux cela voudrait dire qu’on a un problème, donc je ne négocierai pas. » a
dit le Maire de 3ème. Il a précisé que le week-end passé a eu lieu la première évacuation, qui s’est produite
sans incidents, 17 familles de roms qui occupaient abusivement un immeuble sur la rue Clucerul
Udricani ont accepté de quitter leur logement. [« Le centre historique va enlever ses poux », Ziua,
30.05.2005] 64

Le Maire du 3ème a annoncé l'évacuation des locataires sans bail, et a déclaré que 17 familles de
roms ont été déjà évacuées. Sur les forums des journaux qui ont transmis cette déclaration, les
commentaires font référence exclusivement à la population rome, vue comme la principale
cause de la dégradation du centre historique65. Ainsi, la population rome, les gitans, sont
identifiés comme générateurs de la dégradation physique des bâtiments et de la délinquance.
Nous citons une des opinions publiés sur les forums en ligne des journaux, qui réunit la
plupart des préjugés et des idées toutes – faites qui alimentent l'imagerie autour de la
dégradation du centre historique :

Je suis d’accord ! Que les misérables soient mis dehors du cœur de la Capitale ! Je rêve de boire une bière
dans l'ancien centre libéré, assis sur une terrasse civilisée, tel comme j'ai pu faire à Vienne ou à
Munich...! [...] quelques photos nous aideront peut-être à exemplifier pour tout le monde le désastre
provoqué par les gitans et les communistes dans un Bucarest autre fois normal. De ce point de vue nous
vivons sur les ruines d'une ville martyre, dont les citoyens ne savent pas d'où vient-ils et où ils se
dirigent.

Un article paru dans une revue d’architecture [Arhitext Design, juillet 2005] observe cette
tendance de transfert de la culpabilité pour la dégradation du centre historique, vers la
population rome, dont l’évacuation une fois accomplie assurera la bonne poursuite du projet
de réhabilitation urbaine. Cependant, évacuer des gens, ce n’est pas une action très populaire
pour un Maire. Mais évacuer des gitans qui n’ont pas des « formes légales » pour loger dans
des immeubles dont le statut de la propriété est tergiversé par la Mairie même, pose un
problème qui mérite une plus grande attention. Dans le cadre de notre analyse nous nous
contentons de la signaler pour appuyer l’hypothèse que la Mairie a agit ainsi sachant que
même si elle va se heurter sur une résistance des gens du centre historique, elle aura d’une
certain façon l’appui des bucarestois désireux de « récupérer » le centre historique.

64
L'affirmation du Maire du 3eme n'est pas très précise, car le centre historique défini par l'OG 77/2001 a plus de
9 500 d'habitants (au tour de 30 000 habitants).
65
Aucune statistique n'a été publiée pour prouver que les sans bail proviennent exclusivement de la population
Rome, ou bien que les délinquants en font partie 100%. Il est vrai que dans le centre historique habite une
population qui est dans sa majorité pauvre et qu'il y a aussi de la population rome qui habite là. Pourtant, je n'ai
pas trouvé des statistiques récentes concernant le poids de la population rome dans l'ensemble de la population
du centre historique, ni des statistiques concernant la pauvreté dans cette zone et la composition sociale de la
population touchée par la pauvreté. L'étude d'ATU, sur le terrain, a essayé d'esquisser une telle statistique, mais le
résultat est très approximatif car les gens interviewés n'ont pas voulu répondre, et de plus, l’étude d’ATU n’a pas
concerné toute la zone du centre historique.

148
Depuis deux jours, la déclaration belliqueuse du Maire du 3ème (concernant les évacuations, ma note) a
été reprise jusqu’à l’obsession, avec une joie non dissimulée, sur tous les canaux de la mass-media. Ceci
(la Maire, ma note) a affirme sur un ton décidé que ceux qui seront trouvés sans formes légales dans la
zone du centre historique seront évacués. Simple et parfaitement légal. Mais aussi parfaitement crypté
pour ce que sera l’avenir des évacués mais aussi de ceux qui vont rester sur place, car ils vont rester dans
la pauvreté. Alors, d’où vient-elle cette sensation de victoire et les commentaires intégralement positifs,
optimistes, parus dans la presse ; « finalement, on fait quelque chose ! » ? La réponse est simple : même
après 150 ans de l’abolition de la sujétion des roms, les réflexions racistes des autorités sont en
consonance avec l’appétit pour la ségrégation, du public […] Tous les maires de la Roumanie veulent
envoyer les gitans à la périphérie de la périphérie. Le motif : refaire les centres historiques et/ ou
civiques. Justifier les évacuations, c’est facile, et l’attitude générale pourrait être réuni sous la devise « Ils
ne sont pas à nous ! Qu’ils aient là d’où ils sont venus ! » . J’ai appris récemment qu’il y a un programme
du Ministère des internes qui s’appelle « rentre chez toi ! » (Inapoi acasă ! en roumain). Rentre chez toi,
quand le chez toi est nulle part, ou dans plusieurs endroits, un différent pour chaque membre de la
famille, et quand tu rentres encore plus pauvre que ce que tu était parti, tout ceci n’est pas le problème
des autorités. […]Par les évacuations, les maires ressoudent à court terme leur problème mais aussi ils
réussirent à créer des problèmes encore plus grands à d’autres maires. [« Profondément périphérique »
Arhitext Design, juillet 2005]

Un autre fait à mentionner concernant le sujet des évacuations, est que la Mairie, après avoir
annoncé dans plusieurs journaux, officiellement, cette action, en réalité, elle ne l'a pas
accompli à l’échelle annoncée. Ainsi, l'annonce est parue en septembre, dans la presse : « La
Municipalité a évacué autour de 900 personnes du centre historique de la ville, 2000 autres
personnes ont reçu des somations afin de quitter les logements qu'elles occupent abusivement,
jusqu'à la fin de l'année », est resté juste une annonce. Trois sources 66 citent comme auteur de
l'annonce le Maire général. Pourtant, quand j'ai contacté l'auteur d'un de ces articles, il m'a
indiqué comme source le bureau de presse de la Mairie du 3ème. J'ai appelé le bureau de presse
et la personne que j'ai eue au téléphone m'a confirmé que c'était une déclaration du Maire du
3ème. À ma question si cette action a eu vraiment lieu, la personne m'a répondu, je cite « Le
Maire a déclaré ce-ci et on ne met pas en doute la déclaration du Maire ». J'ai essayé obtenir
un rendez-vous avec l'architecte en chef du 3ème, pourtant, au téléphone il m'a déclaré que le
seul rôle de la Mairie du 3ème a dans le projet est celui d'exécutant des décisions de la Mairie
générale. A part ces déclarations, l'action effective d'évacuation des sans bail n'a fait l'objet
d'aucun article dans la presse, et aucune image des évacuations n'est pas parue dans les
journaux. Essayant de comprendre le silence qui a accompagné cette action d'évacuation de
900 personnes, j'ai posé la question durant les entretiens : un membre de l’administration
publique locale déclare dans l'entretien que ce fait a été accompli sans problème parce que les
gens « avaient compris » la situation. A l'exception de celui-ci, personne, même les membres
d'AICI, n'a entendu parler d'un événement d'une telle envergure et ils restent sceptiques quant
à sa réalisation effective. Apres ce-ci, il nous semble que l'administration publique a déclaré
comme accompli un fait qu'elle n'a jamais mis en pratique, du moins, avec l'envergure qu'elle a
déclaré. Mais ce-ci a conforté l'image d'une administration publique qui agit.

66
Publiée par MEDIAFAX le 8.09.2005, et par les quotidiens Curierul National du 10.09.2005 et Romania Libera
du 10.09.2005. Les quotidiens ont publié aussi des données citant les « statistiques des autorités locales » : il
s'agissait en conformité avec ces statistiques « de plus de 4000 familles qui habitent dans le centre historique,
desquelles seulement 162 familles habitent légalement, dont 9 propriétaires »

149
2.3. Organisation et rôles des acteurs urbains dans le cadre du projet

Le déroulement du projet présenté auparavant, montre une volonté de la part de


l'administration publique centrale et surtout de l'administration locale de construire un projet
pour la réhabilitation du centre historique de Bucarest. L'administration publique locale est
arrivée à définir une vision du projet en collaboration avec les spécialistes, architectes de
formation, du CCPEC - UAUIM Bucarest. Une fois arrivé dans sa phase opérationnelle, le
projet a suscité de nouveaux acteurs : des groupes et des institutions intéressés par la
problématique de réhabilitation du centre historique, les habitants et commerçants du
quartier visés par le projet. Par la suite notre analyse se propose de comprendre le rôle de
chaque acteur dans le projet. Vu que plusieurs projets semblent se superposer sur le même
territoire, l'identification des acteurs va commencer avec l'identification des projets auxquels
ces acteurs participent.

2.3.1. Le centre historique de Bucarest et les projets qui le concernent.


Pour rappel, le centre historique qui fait l’objet de cette analyse a été défini et délimité par un
arrêté gouvernemental, l'OG 77/ 2001. Lors des réunions officielles, concernant la
réhabilitation de ce territoire, plusieurs acteurs ont participé : l’administration publique –
centrale, régionale et locale, les ONG, les associations des professionnels et des citoyens du
quartier. Un premier constat après avoir reconstituer l'histoire du projet est le fait que le
centre historique fait l'objet de plusieurs projets, développés en parallèle, que nous allons
présenter par la suite. Si tous ces projets ont comme objectif la réhabilitation du centre
historique afin qu'il devienne une image digne d'une capitale européenne, la vision du projet,
les ressources et les initiateurs ne sont pas les mêmes.
Aujourd'hui, plusieurs projets ont comme objectif la régénération du centre historique
délimité par OG 77/2001 :
a. Le projet complexe de réhabilitation, revitalisation et reconstruction du centre
historique (dont le financement varie selon les déclarations du Maire entre 20 000 et
50 000 millions d'euros), inscrit dans le programme de « Réhabilitation, revitalisation
et reconstruction urbaine en Bucarest », qui représente l'initiative locale correspondant
à l'OG 77/2001. La documentation d'urbanisme correspondante à ce projet est le PUZ
pour le Centre historique et la Stratégie et plan d'action élaborés par le CCPEC-UAIM
Bucarest et IHS România.
b. Le projet de la réhabilitation de l'infrastructure dans la zone du Projet Pilote
(financement 9,5 millions d'euro), qui concerne une sous - zone du centre historique
mais qui est inscrit dans le projet Multisecteur (un projet qui concerne l’infrastructure,
le trafic et le chauffage collectif à l'échelle de la Capitale). Le documents d'urbanisme
correspondants à ce projet sont : le PUD pour la Zone Pilote et la stratégie et plan
d'action élaborés par CCPEC-UAUIM Bucarest ; ainsi que encore une autre stratégie
et plan d'action élaborés par HOK & Pell Frischmann, consultant étranger. Les
documents d'urbanisme le définissent comme une étape du projet complexe de
réhabilitation urbaine institué par l'OG 77/2001.
c. deux projets de régénération urbaine, identifiés par le CPUMB en collaboration avec
l'Agence de développement régional Bucarest - Ilfov, pour la zone Saint Georges

150
(Sfintu Gheorghe) et la zone de l'Ancienne Cour Royale, projets qui s'inscrivent dans
une liste plus longue de projets que ces deux institutions essayent de définir afin de
répondre aux exigences du POR et de PDR Bucarest Ilfov, qui préparent l’acces aux
financement des fonds structuraux pour la période 2007-2013. A part ces deux projets
(qui sont en cours de définition), le Programme de développement régional Bucarest
Ilfov fait référence dans son texte au projet (a) en tant que « projet de régénération du
centre historique » [PDR Bucarest Ilfov 2007-2013 p. 85].

Ces projets sont initiés et définis aux différents niveaux de l'administration publique : centrale,
régionale et locale, mais tous concernent soit le centre historique défini par OG 77/2001, soit
des sous - zones situés dans ce territoire. Ces sont des projets dans divers états : le projet (a) a
été défini et une documentation d'urbanisme a été réalisée afin que la phase opérationnelle
puisse commencer. Le projet (b) est une étape du projet (a). Les projets (c) sont en train de se
définir.
Le schéma ci dessous montre la superposition de ces projets sur le territoire du centre
historique. Les projets de régénération urbaine ne sont pas encore bien définis donc le
territoire concerné est donc approximatif.

En gardant le même code de couleur : gris pour le projet (a), bleu pour le projet (b) et rouge
pour les projets (c) par la suite sera présentés la superposition des acteurs qui participent à ces
projets. Une catégorie d'acteurs a été rajoutée – la société civile (en orange) car c’est un acteur
émergeant important, surtout en ce qui concerne ces projets (nous avons élaboré un schéma
de synthèse, voir page suivante).

151
plans d'urbanisme
phase communication stratégies, projets acteurs
opérationnelle plans d'action

CCPEC -
Séminaire PUZ Centre
UAUIM
juin 2005 historique
en attente
(a)
Stratégie et plan HOK & P.F.
d'action PUZ

Mairie Générale
PUD Projet Pilote
interdiction
circulation automob. ?

? Stratégie
(b) CPUMB UIPPilote
évacuation locataires
Projet Pilote
sans bail
Mairie du 3eme

séminaires
réunions Projets de
(c) ADRBI
pas d'actions avec les régénération
representants de urbaine
l'UE

Associations:
Animations locales AICI
séminaires ATU
Pétitions réunions
Facilitent échanges ProPatrimonio
avec les autres
entre les spécialistes representants de
l'UE

Ce schéma fait ressortir déjà quelques points de départ pour l'analyse de la configuration et
des rôles des acteurs du projet :
- Les projets ne sont ni nettement différents (il s'agit d'un même territoire ou de
territoires qui se superposent, les objectifs généraux sont les mêmes – la
régénération du centre historique, les acteurs qui participent se superposent
partiellement), mais ni intégrés – il n'y a pas une structure organisationnelle qui
intègre tous ces projets et actions.
- L'acteur qui a participé à différentes étapes d'avancement de tous les projets
identifiés est le CPUMB, bureau d'études de la Mairie. Cependant, il n'est pas en
position d'intégrer tous les projets dans une démarche unitaire.
- Les projets se trouvent dans des états différents d'avancement et mobilisent des
acteurs différents, même si ces acteurs se superposent partiellement, d'un projet à
l'autre.
- Tous ces acteurs se réunissent lors de séminaires dédiés à la régénération du centre
historique. A ces occasions, chacun communique son projet, ayant tous l'objectif
déclaré de régénérer la zone.

152
- Quelques catégories d'acteurs pourraient être définies: les spécialistes (CCPEC et
HOK& Pell Frischmann) – ils interviennent pour répondre à la commande de la
Mairie; l'administration publique – centrale, régionale et locale avec l’observation
que les Ministères, le Gouvernement sont exclus du schéma car pour l'instant ils
n'ont pas de rôle actif, ADRBI – agence de développement régional Bucarest –
Ilfov; et toutes les autorités locales - La Mairie Générale et la Mairie du 3ème avec
les structures subordonnées), la société civile (Associations, ONG, Organisations
professionnelles).

HOK & Pell Frischmann


(bureaux d’études,
spécialistes étrangers) Mairie Générale Mairie du 3ème

UIPPilote
(unité d’implémentation
CPUMB du projet pilote)
(Centre pour le projet urbain
de la mairie de Bucarest)

CCPEC-UAUIM ADRBI
(Centre de recherche, projet, (Agence de développement
expertise et conseil – régional, région Bucarest Ilfov)
Université d’architecture et
urbanisme Ion Mincu )

Associations
AICI (asso. des investisseurs
du centre historique)
ATU (asso. urbanisme en
transition)
ProPatrimonio (ONG pour le
patrimoine)

détail du schéma des acteurs

2.3.2. Configurations et rôles des acteurs

Configurations et rôles des acteurs dans l'élaboration du projet


La commande du projet (a) appartient à l'administration publique. Le projet a été défini aux
différents niveaux de l'administration publique :
− L'administration publique centrale – le Gouvernement, répondant à une initiative du
Ministère des travaux publics et du Ministère de la culture, a institué un arrêté, l'OG
77/2001 qui jetait les bases d'une structure qui devrait assurer le pilotage politique d'un
projet défini « de réhabilitation et revitalisation du centre historique » – il s'agit du
Conseil de Coordination du Centre historique de Bucarest (CCIB).
− En parallèle, l'administration publique locale a formulé à son tour un projet « de
réhabilitation reconstruction et revitalisation du centre historique », s'appuyant sur le
périmètre tracé par l’OG 77 mais cherchant des partenaires et des financements par ses

153
propres moyens. C'est ainsi que le projet (a) est arrivé dans la phase opérationnelle,
dont une première étape est le projet (b).
− Plus récemment, en 2005, au niveau de la région a été élaboré le Plan de
développement régional67 qui définit parmi les priorités de la région, pour la période
2007-2013, la « régénération urbaine ». Dans le cadre de cette priorité, le projet (a) de
la Mairie est mentionné en tant que projet de « régénération urbaine », tandis que
d'autres projets seront à définir pour la période 2007-2013. Parmi ceux-ci sont les deux
projets (c) – « Curtea Veche (Ancienne Cour Royale) » et « Saint Georges ». Pour le
moment, au niveau de la région, nous ne pouvons pas discuter d'un pilotage politique
des projets, mais surtout d'une définition des intentions politiques. Suite à une
demande qui est venue de la part du Ministère de l'intégration européenne, à travers
l'Agence de développement régional Bucarest Ilfov, les institutions habilitées au niveau
local, telles que le bureau d'études de la Mairie - le CPUMB, ont proposé des projets
qui pourraient s'inscrire dans des objectifs et procédures communautaires, de
régénération urbaine, de type URBAN.

Par conséquent, nous pouvons affirmer qu'à tous les niveaux de l'administration publique, à
partir de causes différentes, a existé ou est en train d'émerger une préoccupation pour la
régénération ou réhabilitation, reconstruction, rénovation du centre historique de Bucarest,
sans que les préoccupations de chaque niveau soient coordonnées les unes avec les autres.
Entre ces différents niveaux de l'administration publique, à part les objectifs politiques
communs – dans notre cas – la régénération urbaine de la zone, il n'existe pas une synergie
des actions. Les acteurs qui interviennent à un des niveaux ont une connaissance partielle des
rôles des acteurs qui interviennent dans les autres niveaux. L'Etat semble se retirer du projet.
Aucun des ministères concernés (culture, travaux publics, finances) n'a un rôle actif /visible
pour le moment.
Dans le schéma présenté auparavant [cf. supra p. 153], le CPUMB semble l’acteur le
plus connecté aux autres : le CPUMB en tant que bureau d'étude de la Mairie, représente la
Mairie et donne la commande aux spécialistes (CCPEC et HOK & Pell Frischmann). Il
collabore avec l'Unité d'implémentation du projet pilote (UIPPilote) dans le projet de
réhabilitation de l'infrastructure, et avec ADRBI dans l'identification et la définition des
projets de régénération urbaine capables de décrocher les fonds structuraux dans la
programmation 2007-2013. Pourtant, le rôle du CPUMB est assez limité, car c'est une
institution subordonnée au Conseil général de la Mairie, et sa mission est technique. En même
temps, il est chargé de plusieurs études concernant le développement urbain de la ville, et pas
seulement le centre historique. Le CPUMB a joué le rôle de coordonnateur du PUZ centre
historique, depuis 2002, et jusqu’à l'apparition en printemps 2005 de l'UIPPilote.
En fait, une structure de coordination du projet complexe (a) de réhabilitation,
reconstruction et rénovation du centre historique, devrait être crée, suivant le modèle d'une
société par actions – l'Agence de réhabilitation dont la Mairie fait l'exercice de création depuis
1995. Pour le moment, la seule structure crée et fonctionnelle, est l'UIPPilote qui a des
attributions de coordination au niveau technique du projet car elle est chargée seulement de la

67
PDR Bucarest – Ilfov constituent les documents sur lesquelles s'appuie le travail actuel (de l'administration
publique locale) d'identification des projets de régénération urbaine au niveau local – tels comme les projets
identifiés auparavant au point (c) pour la zone Saint Georges (Sfintu Gheorghe) et la zone de l'Ancienne Cour
Royale, dans le centre historique. Nous revenons sur ce plan de développement régional dans le 3ème partie de la
thèse.

154
coordination du Projet de réhabilitation de l'infrastructure dans la zone du Projet Pilote. Pour
le projet complexe (a) aucune structure n’a pas été crée, et l’UIPPilote actuelle ne pourrait pas
lui tenir la place.
Cette analyse concerne les projets (a) et (b). Cependant, les acteurs du projet (c) ne
peuvent pas être ignorés. Les acteurs des projets (a) et (b) rencontrent les acteurs des projets
(c) lors des tables rondes ou des colloques sur le développement de la ville, surtout quand il
s’agit des colloques sur la régénération du centre historique68. Pour le moment, entre ces
acteurs il s'agit d'un échange des savoirs théoriques plutôt que d'une collaboration technique
sur des projets en cours. Cet échange de savoirs n'est pas sans importance. Pour le moment il
se reflète dans les discours des acteurs69, surtout dans le vocabulaire mobilisé par
l'administration publique locale. Le décalage dans le temps entre la définition des projets (a) et
(b) et les projets (c) joue un rôle important dans les relations établis actuellement entre les
acteurs.
Après avoir défini ses intentions, l'administration publique a passé commande aux
spécialistes pour qu'ils donnent aux intentions politiques, un contenu opératoire. Ainsi, les
professionnels sont intervenus en amont dans l'élaboration du projet : les universitaires du
CCPEC-UAUIM et les spécialistes d'IHS România, ont élaboré dans un premier temps un
diagnostic des problèmes de la zone et ensuite ils ont élaboré un règlement d'urbanisme,
enrichi avec une stratégie et un plan d'actions. Cette équipe a été composée par des architectes
– urbanistes, spécialistes dans la restauration des monuments, et des ingénieurs. Parmi ceux –
ci (les membres du bureau IHS) ont des formations dans le domaine du management urbain.
Dans ce cas là, l'équipe traditionnelle70 d'architectes et urbanistes a des compétences élargies
grâce aux formations complémentaires dans le marketing et le management urbain, suivies
par les architectes. L'entrée des sociologues ou des économistes dans une telle équipe ne
corresponde pas, pour le moment, aux procédures habituelles d'élaboration des études et des
plans d'urbanisme. Faute d'une base de données unique et accessible, les informations sont à
recueillir auprès des divers institutions et associations qui détiennent des bouts – concernant
le régime de propriété des bâtiments, concernant les habitants, concernant l'activité
économique dans la zone, concernant les problèmes et les besoins identifiés par les utilisateurs
de la zone. Par exemple, pour les études nécessaires à l'élaboration de la Stratégie et du Plan
d'action, IHS România s'est appuyé sur les résultats des enquêtes faites par ATU auprès d'une
partie des habitants du centre historique.
Une fois le règlement d'urbanisme défini, ainsi que la stratégie d'intervention dans la
zone, l'administration publique a créée une structure opérationnelle, le UIPPilot, chargée avec
la concrétisation du projet (b), et assurant aussi une sorte d'intérim jusqu'à la formalisation de
l'agence de réhabilitation qui sera chargée avec la concrétisation du projet (a). Pour le moment

68
C’est le cas du séminaire organisé en juin 2005 par CPUMB et ProPatrimonio, ainsi que des réunions
ultérieures qui ont eu lieu à Amsterdam Café, exposition Lipscania à « Hanul cu Tei ». Les représentants de la
Mairie, des universitaires, des ONG, de l’AICI, ont été toujours présents, ou encore, parmi les organisateurs.
69
L’analyse du discours des acteurs fait l’objet de la troisième partie de la thèse, « Représentations et pratiques des
acteurs du projet »
70
En Roumanie, le métier d’urbaniste était exercé par un absolvent de l’école d’architecture. L’école
d’architecture a une duré de 6 ans, après le baccalauréat. Ainsi, l’urbaniste était un architecte de formation, avec
une spécialisation en urbanisme. En 1997 a été crée dans le cadre de l’Institut d’Architecture Ion
Mincu(actuellement UAUIM), la faculté d’Urbanisme, la seule institution qui prépare les étudiants pour la
profession d’urbaniste, une profession nouvelle en Roumanie. En 2004 a été crée le « Registre des urbanistes »,
sous l’autorité du Ministère des travaux publics. L’urbaniste est autorisé à pratiquer (signer des plans
d’urbanisme) seulement s’il est membre du Registre.

155
en l'absence d'une telle Agence, mais aussi des fonds pour conduire son activité, le projet (a)
est mis en attente.
La configuration du niveau de pilotage politique et technique du projet pourrait être
représenté ainsi :

PUZ CI
CCPEC Stratégie et plan
IHS d'actions CI

PUD PPilote
commande
Stratégie et plan
d'actions PPilote

commande
coopération CPUMB
HOK Stratégie et plan
Région
& P.F. d'actions PPilote
Bucarest Ilfov
ADRBI
MOD
coopération Réglementation – loi locale
orientations

décentralisation,
Mairie Sedesa
coopération UIPPilote
Générale de Obras y
Bucarest MOD Servicios SA
MIE

MC
Etat Responsabilité déléguée
MLP

Mairie Police du
du 3eme 3eme

Interdiction de la circulation
des voitures dans le CI
Gendarmerie Police
Roumaine routière
Evacuation déclarée des
locataires sans bail

Le triangle gris des trois niveaux de l'administration publique représente les niveaux auxquels
sont formulées les intentions politiques concernant la zone par les acteurs respectifs (ce qui
pourrait être l’équipe de pilotage politique du projet (a)) :
- Le Gouvernement et les Ministères - de la culture (MC), des travaux publiques
(MTP), de l'intégration européenne (MIE) - ont défini, en 2004, parmi leurs
objectifs : le développement durable, la régénération économique et sociale des
villes, la conservation et le développement de l'héritage culturel, la conservation des
sites historiques situés dans les centres urbains. En particulier, en 2001, la
réhabilitation et revitalisation du centre historique de Bucarest sont devenues
« projet du Gouvernement Roumain » (OG 77/2001).

156
- L'agence de développement régional – a défini, en 2006, dans le programme
régional de développement (PDR 2007-2013) – la régénération urbaine de Bucarest
parmi les priorités.
- La Mairie de Bucarest - a défini dans son Programme de développement de
Bucarest 2000 – 2008, en 2004, « la réhabilitation, reconstruction et rénovation
urbaine du centre historique de Bucarest » parmi ses priorités.

Ces intentions politiques ont fait émerger les projets (a), (b) et (c) – aujourd'hui à divers
stades de définition ou d'avancement. Parmi ces acteurs, seule la Mairie est arrivée à une phase
opérationnelle, avec le projet (b). La Mairie a délégué la maîtrise d'ouvrage (MOD) du projet
(a) au CPUMB qui a commandé les documents d'urbanisme aux bureaux d'études (CCPEC et
IHS et ensuite HOK & Pell Frischmann). La Mairie a ensuite délégué la maîtrise d'ouvrage
(MOD) du projet (b) à l'UIPPilote. Cette UIPPilote a organisé l'appel d'offre pour choisir le
maître d'œuvre, l'entreprise espagnole Sedesa Obras y Servicios SA qui va intervenir sur
l'infrastructure édilitaire et sur le mobilier urbain dans la zone du Projet Pilote. La Mairie a
délégué aussi à la Mairie du 3ème, la responsabilité pour la mise en œuvre de la décision relative
à l'interdiction de la circulation des voitures.
Pour ce qui est des relations entre les acteurs, quelques observations seront faites par la
suite, concernant les relations entre les administrations publiques locales et centrales, mais
aussi relatives au fonctionnement interne de la Mairie, en tant qu'acteur collectif – les
interactions entre les institutions subordonnées, départements et d'autres structures qui
participent au projet.
En conformité avec la loi, entre ces trois niveaux de l'administration publique existe
une relation de coopération. En réalité, il n'y a pas une collaboration directe entre l'Etat et la
Mairie générale de Bucarest en ce qui concerne le projet complexe (a). À part le fait que les
objectifs du programme de la Mairie et les plans élaborés pour le centre historique s'encadrent
dans des objectifs politiques, dans les lois et les programmes définis au niveau national, au
niveau des Ministères, il n'y a pas de structure chargée de la coordination du projet de
réhabilitation du centre historique (CCCIB ne fonctionne pas en réalité). Vu l'histoire du
projet présentée auparavant, nous pouvons affirmer que, à partir de 2001, l'Etat et la Mairie
ont poursuivi en parallèle leurs démarches, jusqu'à ce que, l'Etat se retire du projet (en 2004).
Si au niveau du discours politique la cohérence entre les deux niveaux existe, au niveau des
actions, la Mairie est le seul protagoniste. En ce qui concerne la Région, la collaboration entre
l’ADRBI et le CPUMB concerne la définition des projets (c) pour la période 2007-2013, mais
cette collaboration ne concerne pas le projet en cours.
Si nous regardons en détail les relations établies à l'intérieur de la Mairie entre CPUMB
et UIPPilote, les objectifs des projets (a) et (b), ainsi que la priorité de chacun sur l'agenda de
la Mairie, gagnent en clarté.
Le CPUMB est un bureau d'études qui fonctionne sous l'autorité du Conseil général de
la Mairie de Bucarest. L'UIPPilote est subordonnée à une structure UIP (unité pour
l'implémentation du projet) qui gère le programme Multisecteur Bucarest (voir schéma page
suivante). Le chef de l'UIP Multisecteur est le directeur de la « Direction des transports, voirie
et de la systématisation de la circulation », dans le cadre de la Mairie générale. De ce groupe de
coordination font partie des directeurs de directions de la Mairie ou des institutions
subordonnées au Conseil général, dont la plupart sont dans le domaine des transports publics
et de la voirie. Cette composition des équipes de l'UIP Multisecteur mais aussi de l'UIPPilote

157
pour la réhabilitation du centre historique montre une approche exclusivement technique du
projet de réhabilitation de l'infrastructure – le projet (b)71.

Schéma de l’Unité d’implémentation du projet concernant


Le "Programme Multisecteur de Bucarest"

GROUPE DE COORDINATION PMB

PMB A. Chef UIP – directeur de la Direction transports, Directions :


voirie, systématisation de la circulation
Direction B. Coordinateur – dir. adjoint Direction DB
Management transports, voirie, systématisation de la circulation DFC
des crédits C. membre – Directeur CPUMB DUAT
externes D. membre – directeur RATB (régie autonome de DACC
transport Bucarest) DUP
C. membre – Directeur Administration de la voirie autres

Sous-projet 1 (réhabilitation de la zone historique) Sous-projet 2 (management du trafic à Bucarest)

A1. Coordinateur A1. Coordinateur - dir. Adjoint direction transports,


B1. Membre – directeur CPUMB voirie, systématisation de la circulation
C1. Membre – chef service thermo-énergétique B1. Membre – directeur CPUMB
(direction services publiques) C1. Membre
D1. Membre – chef service Stratégie transport D1. Membre – chef service systématisation de la
urbain et réseaux - voirie (direction transports, circulation et autorisation transport (direction
voirie, systématisation de la circulation) transports, voirie, systématisation de la circulation)

DB – direction du budget
DFC – direction des finances et comptabilité
DUAT – direction de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire
DACC – direction des acquisitions, concessions et contrats
DUP – directions des services publiques
Autres : direction des investissions, direction des transports, voirie, systématisation de la circulation,
direction de l'administration publique.

Cette couleur sert à identifier dans l'organigramme de la Mairie [Vol. 2, Annexes], les
directions participantes au programme Multisecteur.
Cette couleur sert à identifier dans l'organigramme de la Mairie, les directions
participantes au Projet Pilote (sous projet 1 dans le schéma), identifié auparavant sous le nom
de projet (b).
Ce schéma et les directions identifiées sont en conformité avec le DGP 998/2005 et le DGP
405/2003 – dispositions du Maire général concernant le Programme Multisecteur.

71
Voir aussi l'organigramme de la Mairie générale de Bucarest, dans laquelle ont été mise en évidence les
départements qui participent au projet, dans le Vol.2, Annexe 2ème partie, pp. 36 - 37 l'organigramme de la Mairie
générale de Bucarest, dans laquelle ont été mise en évidence les départements qui participent au projet.

158
Ceci est le schéma de l'UIPPilote qui coordonne le projet (b). Néanmoins, le projet (a)
nécessitait lui aussi une structure de pilotage. Les études élaborées pour la Mairie dans le cadre
du PUZ mais aussi pour le Ministère des travaux publics – les études qui ont été élaborées en
parallèle et ont été approuvées en même temps en 2004, ont montré la nécessité de l'apparition
d'une structure de coordination du projet complexe (a), chargée exclusivement de ce projet.
Plusieurs variantes ont été proposées par les bureaux d'études pour la création de cette
structure :

A. Les variantes proposées dans l’étude élaborée pour le Ministère des travaux publics :
On en comptent trois, dans la « Stratégie et plan d'action pour la réhabilitation et revitalisation
du Centre historique de Bucarest » [Machedon, Manea, 2004] :
L'apparition d'une telle structure est justifiée par le fait que, actuellement les
fonctionnaires de la Mairie et les directions existantes manquent de compétences dans le
domaine du management, du marketing, de la communication ainsi que dans le domaine
technique mobilisé par un projet complexe. Ainsi, pour rendre possible une approche intégrée
du projet (a) trois variantes ont été proposées :

V1 – Une structure nouvelle, multidisciplinaire, indépendante du point de vue


juridique, une Agence de développement – société par actions, dans un partenariat public -
public ou public - privé. Les possibles dysfonctionnements de cette variante étaient liés aux
ressources : financières, accès aux données, le temps nécessaire à sa création (12-18 mois).

V2 – Une structure existante et qui serait à réformer, dans le cadre de la Direction du


foncier et de l'immobilier. Par conséquent, cette structure ne serait pas multidisciplinaire. Les
possibles dysfonctionnements de cette variante étaient liés à l'intérêt accordé au projet par les
fonctionnaires de la direction, déjà chargés avec leurs tâches quotidiennes, et aussi au manque
des savoirs nécessaires pour la mise en œuvre d'un tel projet.

V3 – Une structure nouvelle, multidisciplinaire, dans le cadre de la Mairie, créée en


partenariat inter - institutionnel. L'étude n'identifie pas de possibles dysfonctionnements dans
ce cas. L'organigramme proposé par l'étude illustre une structure correspondante à cette
troisième variante – la « Direction du centre historique Bucarest » – créée comme une
nouvelle direction de la Mairie, ayant une quinzaine de membres :

159
No. des pers. Ministère de
Direction de provenance,
actuellement provenance, avec
Structure de la direction Compétences requises avec laquelle il collabore
dans la lequel il collabore
couramment
Direction couramment
INFRASTRUCTURE
Direction des services publics /
URBAINE
Direction coordination
1. Ingénieur réseaux dans les réseaux édilitaires réglementation infrastructure 45
édilitaires et circulation
Direction transport, voirie et
1. Ingénieur circulation systématisation de la 25
circulation
SUPRA STRUCTURE
URBAINE (bâtiments et Direction du foncier et
espaces publics) en urbanisme, l'immobilier 1. Architecte / historien
1. Architecte / Urbaniste architecture, patrimoine, 40 Ministère de la Culture
cadastre Direction du foncier et
1. Ingénieur géomètre
l'immobilier
1. Urbaniste CPUMB
1. Ingénieur / économiste dans le domaine des
Direction des investissions 40
investissions, acquisitions investissions
DEVELOPPEMENT
dans le domaine du 1. Spécialiste tourisme
SOCIAL -ECONOMIQUE
développement socio- Ministère des travaux
1. Sociologue / économiste économique publics
1. Economiste
Direction des finances et
1. Economiste (finances) dans les finances
comptabilité
MANAGEMENT
Direction des systèmes
1. Informaticien dans l'informatique 16+
informatiques
1. Spécialiste Direction des relations
dans la communication 25
communication publiques et renseignements
Direction du foncier et
dans les problèmes l'immobilier ou Direction
1. Juriste 40-70
juridiques juridique, contentieux,
législation
dans les problèmes
1. Directeur + co-manager
administratives,
général urbaniste /
management institutionnel
spécialiste en management
et du projet
dans les problèmes
1. Directeur adjoint
administratives,
urbaniste / spécialiste en
management institutionnel
management
et du projet
1. Secrétaire / assistent dans les problèmes de
manager management opérationnel

Total personnes = 15

Source du tableau : étude « Stratégie et plan d'action pour la réhabilitation et revitalisation


du Centre historique de Bucarest »[Machedon, Manea, 2004].

B. Les variantes proposées dans l’étude élaborée pour la Mairie :


On compte trois dans la « Stratégie pour un développement intégré du centre historique et des
zones adjacentes » élaboré par IHS Romania [2003] dans le cadre du « PUZ Centre
historique » commandé par la Mairie.
L'apparition d'une structure de coordination du projet est vue sous forme d'un Service
d'Administration du Patrimoine Immobilier (SAPI) qui serait une structure de management
au niveau de l'exécutif de la Mairie. Le SAPI aurait la possibilité de réaliser des projets en
partenariat avec le secteur privé. Le schéma des relations entre le SAPI et les autres directions
de la Mairie est présenté ainsi (traduit du roumain) :

160
Les flux concernant les Les flux concernant la Les flux concernant les
coûts prise de décision revenus
des propriétés pour les propriétés des propriétés
municipales municipales municipales

Le Maire Général

Régies municipales
Administration des propriétés Budget
municipales SAPI

Les flux concernant les


données Comptabilité
sur les propriétés
municipales

Direction de l'urbanisme et
Caisse
aménagement du territoire

Direction du foncier et de
l'immobilier. (Cadastre)
Trésorerie

Direction des revenus

Revenus
Direction juridique,
contentieux, législation LEGENDE
Flux financières
Flux de données
Système de données techniques et juridiques Système de données financières

Source du schéma : « Stratégie pour un développement intégré du centre historique et des zones
adjacentes » [IHS Romania, 2003].

Deux autres formes de management du développement du centre historique sont présentées


en annexe :
- L'Association de Développement du Centre Historique –Lipscani : les autorités
locales délèguent les compétences de développement de la zone à une organisation,
créée en dehors des structures de l'administration locale. Cette Association
s'appuie sur un partenariat public – privé. Les membres appartiennent au secteur
public et au secteur privé et ont des objectifs communs, inscrits dans le statut de
l'Association.
- L'Agence de Développement du Centre Historique –Lipscani : les autorités locales
délèguent les compétences de développement de la zone à une organisation, créée
en dehors des structures de l'administration locale. L'objectif de cette Agence est
une société commerciale qui agit dans l'esprit d'une coordination entre les intérêts
de développement économique et la protection des intérêts de la communauté
locale. L'Agence s'appuie sur un partenariat public - privé. Elle peut fonctionner
comme une société sur actions (SA), ou comme une société avec responsabilité
limitée (SARL).

161
Revenant au SAPI, son rôle serait de mettre en oeuvre la stratégie – les politiques et les
programmes d'actions et les projets qui découlent. Dans le « Plan d'actions » [IHS România,
2004] le SAPI est créé avec des fonctionnaires de la direction « Patrimoine et cadastre ».
Apres avoir été choisis et instruits, quelques fonctionnaires de cette direction devraient être
capables de constituer le SAPI. Ceci devait être accompli jusqu'en 2004, en conformité avec le
« Plan d'actions ». Le document signale aussi le risque de surcharger des fonctionnaires d'une
direction qui ont déjà d'autres tâches à accomplir. Nous rappelons qu'en 1995 –1998 IHS
România faisait le projet d'une structure de type Agence, extérieure aux structures de la
Mairie, qui s'est heurtée à la méfiance des conseillers municipaux. Nous rajoutons aussi que
cette direction appelée comme telle en 2003 – « Patrimoine et cadastre » n'existe plus. Dans le
nouvel organigramme de la Mairie, datant de 2004 (HGMB 130/ 26.08.2004), la direction
s'appelle « Direction du foncier et l'immobilier » (Directia evidenta imobiliara si cadastrala, en
roumain), mais le mot patrimoine ne se retrouve plus, ni là ni dans l’appellation d'une autre
direction de la Mairie.

Aucune de ces variantes pour la création d'une structure chargée de la coordination du


développement de la zone du Centre historique défini par l’OG 77/2001, donc du projet (a)
n'a été créée. Vu que le projet (b) de réhabilitation des réseaux de la zone Pilote bénéficie
d'une Unité de pilotage, a un financement octroyé et poursuit son cours, nous sommes
autorisés à considérer que ce projet est sur l'agenda d'action de la Mairie, tandis que le projet
complexe (a), faute de structure de pilotage, et de financements est en attente.
La mobilisation des directions et institutions subordonnées à la Mairie, montre que le
caractère du projet (b) est exclusivement technique, et que l'approche intégrée nécessaire pour
le projet (a) ne résulte pas encore en regardant le spécifique des directions et institutions
impliquées en présent.

Configurations et rôles des acteurs dans la communication du projet


Le rôle des acteurs dans la communication du projet est à regarder par groupe d’acteurs et à
l'intérieur des groupes d’acteurs complexes comme la Mairie Générale, ainsi que projet par
projet. C'est dans la communication du projet /des projets que les acteurs se retrouvent le plus
souvent, car ils communiquent sur le même terrain, même s'ils communiquent des projets
différents –qu'il s'agisse du projet (a), (b) ou (c). Ceci est un constat fait en regardant la liste
des participants aux réunions concernant le centre historique72. En ce qui concerne ce qu'ils
communiquent, à qui et comment, nous reviendrons dans la 3ème partie de la thèse. Ici nous
mettons en revue les rôles officiels de chaque acteur dans la communication et leur
participation aux réunions.
Tout d'abord, rappelons que l'administration publique, durant son histoire post
communiste, n'a été ni un acteur qui communique, ni un qui consulte le public. D'après ce
que nous avons montré dans le chapitre dédié au cadre législatif, les lois concernant la
transparence dans la prise de décision et la participation du public sont récentes. Plus
spécifiquement, la participation du public dans le processus de l'élaboration des projets
d'urbanisme, date de 2001 (loi 350), et la loi prévoie la participation mais ne la rend pas
obligatoire. En l’absence des procédures bien définies, elle n’est pas encore effective – avec

72
Nous faisons référence encore au séminaire qui a été organisé en juin 2005 par CPUMB et ProPatrimonio,
ainsi que des réunions ultérieures qui ont eu lieu à Amsterdam Café, exposition Lipscania à « Hanul cu Tei ». Les
représentants de la Mairie, des universitaires, des ONG, de l’AICI, ont été toujours présents, ou encore, parmi les
organisateurs. Une liste de ces réunions et des participantes sera présentée par la suite (page suivante)

162
quelques exceptions récentes (l’élaboration des Plans d'urbanisme général pour quelques villes
en Roumanie). Les plans d'urbanisme zonal (PUZ), étant rarement initiés par l'administration
publique mais par le privé, la participation du public est restée formelle, s'agissant plutôt
d'information que de consultation. La loi 350 prévoie aussi que le Ministère des travaux
publics formule la procédure de participation, et que l'administration publique locale se
charge de sa mise en œuvre.
Dans l'organigramme de la Mairie générale de Bucarest, existe la « Direction des
relations publiques et renseignements ». Cette direction compte 34 personnes et doit fournir
des informations d'intérêt public, concernant le développement de la ville, à la demande de
tout citoyen, institution ou organisation, dans un intervalle de 30 jours. Ce service, tel qu’il est
aujourd’hui ne pourrait remplir la fonction d'organisateur de la participation pour tous les
projets de la Mairie. Pour organiser la participation du public, ce département devrait avoir au
moins des responsables nommés pour chaque projet et des équipes de communicateurs
organisées pour aller à la rencontre du public, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car le rôle de
cette direction est de renseigner le public à la demande de celui-ci.
Par conséquent, dans tous les modèles proposés par les bureaux d'études, pour la
structure de coordination du projet (a) - qu'il s'agisse d'une « Direction du centre historique
Bucarest » ou du « SAPI » ou d'une Agence de développement - une des attributions prévues
pour cette structure, était constamment la communication du projet. Ces structures ne se sont
pas encore matérialisées, et dans la composition de l'UIPPilote, aucune personne n'est
expressément chargée de l'organisation de la participation du public. De toute façon,
l'UIPPilote a quatre membres, chacun d'entre eux ayant aussi à accomplir les taches
spécifiques de la direction à laquelle il appartient. Dans ce cas, on pourrait se demander qui
assure, pour le moment, la communication ?
Pour le moment, il s'agit d'une communication – information du projet :
- Le Maire communique à travers des déclarations dans la presse ou des allocutions
exprimées lors des tables rondes, et par le site Internet de la Mairie générale
- Le CPUMB en tant que coordonnateur au début du projet (a), communique à
travers des déclarations faites pour la presse, et a organisé aussi un séminaire, après
que tous les documents d'urbanisme ont été réalisés et approuvés, en juin 2005. Ce
séminaire a réuni tous les acteurs identifiés : administration publique centrale et
locale, agence de développement régional Bucarest - Ilfov, société civile –ONG
(ATU, ProPatrimonio), association locale – AICI, associations des professionnels –
OAR.
- Le chef de l'UIPPilote communique à travers des déclarations dans la presse.
- Le Maire du 3ème communique à travers des déclarations dans la presse, et par le
site Internet de la Mairie du 3ème

L'administration publique locale qui devait être le principal initiateur de la communication et


organisateur de la participation, arrive seulement à informer le public, pour le moment. Et
ceci se fait majoritairement par l’intermédiaire des journaux. A part son droit de demandeur
d'information publique concernant le projet, le citoyen intéressé ne trouve actuellement nulle
part (en dehors des articles parus dans les journaux) une identification des personnes
responsables du projet. Il n'existe pas non plus une procédure en cours, qui lui permettrait de
participer à l'élaboration du projet de réhabilitation, reconstruction et rénovation du centre
historique de Bucarest (projet (a)), ou de participer à l'élaboration du projet de réhabilitation
de l'infrastructure dans le centre historique (projet (b)).

163
Cependant, quelques acteurs de la société civile sont présents chaque fois qu'un débat autour
du centre historique a lieu, car ils sont directement concernés ou intéressés par le projet :
Association des investisseurs dans le centre historique - AICI et les ONG (ATU,
ProPatrimonio). Ils sont invités ou ils sont eux mêmes organisateurs du débat et invitent
l'administration publique. Eux aussi communiquent à travers des déclarations dans les
journaux, ou sur leurs sites Internet73.
Les réunions de communication qui ont eu lieu jusqu'à aujourd’hui, sur le sujet du
centre historique, montrent que tous les acteurs ont été réunis, et aussi que l'initiative de
l'organisation de la communication du projet n'appartient pas exclusivement à
l'administration publique – à la Mairie générale. Les conférences de presse ont étés organisés
plutôt par AICI pour réagir aux mesures prises par l'administration publique (interdiction de
la circulation des voitures).
Pour récapituler les moments principaux on retiendra :

30 mars 2005, à Amsterdam Café (dans le Centre historique) conférence de presse


organisé par l’AICI, suite à l’interdiction de la circulation automobile et intitulée : « OUI à la
revitalisation -NON à l’isolement »74.

25 – 29 juin 2005, « revitalisation du centre historique de Bucarest : exposition dans


les Galeries ArTei (« Hanul cu Tei » - dans le centre historique), séminaire et conférence de
presse à Amsterdam Café – organisé par CPUMB, ProPatrimonio et OAR (l'Ordre des
architectes). L'exposition présentait, entre autres, le PUZ pour la zone du centre historique et
les PUD pour les zones pilotes, documents d'urbanisme élaborés sous la coordination du
CPUMB et approuvé déjà depuis un moment (2004 – 2005). Ont été présents le Maire Général
et le Maire du 3eme, les representants de l'Agence de developpement régional, le Ministre de
la Culture, ainsi que des spécialistes chargés d’études, associations, representants de la société
civile.

27 juin 2005, séminaire « Centre historique investir dans l'avenir » organisé par l’AICI
avec le support de l'ambassade de l'Hollande, OAR, UAUIM; invités - fonctionnaires de la
Mairie de Amsterdam, participants – autorités locales, ONG, investisseurs.

15 juillet 2005, table ronde organisée à Amsterdam Café, à l'occasion de la visite du


commissaire européen pour les politiques régionales, Danuta Hubner et du chef de la
délégation de la CE à Bucarest, Jonathan Scheele. A cette occasion, la Mairie de Bucarest, par
le chef de CPUMB et l'Agence de développement régional Bucarest –Ilfov ont présenté un
plan de mesures pour l'élaboration d'un « Master Plan en vue de la revitalisation urbaine de la
zone ». A cette réunion ont participé les ONG – ProPatrimonio et l’ATU, association AICI.

14 septembre 2005, conférence de presse organisée par l’AICI, intitulée « Centre


historique après six mois de l’abandon »,

16 juin 2006, séminaire organisé à Amsterdam Café par l’AICI avec la collaboration
de l'Ambassade d'Hollande en Roumanie et de l'Ordre des architectes.

73
http://www.aicibucuresti.ro/, http://www.propatrimonio.org/ro-en/index.html, http://www.atu.org.ro/
74
Communiqué disponible en ligne sur le site de l’AICI http://www.aicibucuresti.ro, consulté le 15.08.2006

164
A l'intérieur de l'administration publique – les deux acteurs principaux, coordonnateurs de
projets – le CPUMB et le UIPPilote développent leurs activités dans une relation de
collaboration, aucun d'entre eux n'étant subordonné de l'autre. Le chef du CPUMB fait partie
de l'UIPPilote, ce qui devrait assurer une continuité des objectifs du projet (b) par rapport aux
objectifs du projet complexe (a). Ceci étant la relation qui résulte de l’analyse conduite à partir
de l'organigramme de la Mairie, il reste à voir comment cette relation se passe en réalité.
L'analyse des pratiques et des représentations concernant le projet, qui sera faite dans la
troisième partie de la thèse, va enrichir cette question.

Configurations et rôles des acteurs dans la négociation


L'histoire du projet présentée auparavant montre que la négociation des étapes du projet,
entre l'administration publique et les habitants et les commerçants de la zone, n'est pas à
l'ordre du jour. Le PUZ et la stratégie de développement et le plan d'action pour la zone du
centre historique ont été approuvés sans consultation du public – l'exposition et le séminaire
du Juin 2005 ont eu comme objectif l'information du public, mais après que la décision
concernant le PUZ ait été prise. L'interdiction de la circulation des voitures a été aussi une
décision mise en pratique sans consultation préalable avec le public.

Configurations et rôles des acteurs dans l'action


Le rôle principal dans l'action appartient aux autorités de l'administration publique locales. La
Mairie générale de Bucarest finance et commande les études, approuve les documents
d'urbanisme, choisi le maître d'œuvre pour le projet (b). En ce qui concerne la seule action sur
le terrain – l'interdiction de la circulation, elle s'appuie sur la Mairie du 3ème en tant
qu'exécutant de la décision.
La société civile – les ONG et l'association AICI ont un rôle de sensibilisation de
l'opinion publique, des fonctionnaires européens et de la Mairie même, sur la problématique
du centre historique de Bucarest, ses enjeux mais aussi sur les inconvénients issus des
décisions prises sans consultation.

165
3.Conclusion partielle concernant les rôles des acteurs
du projet de réhabilitation du centre historique de
Bucarest

La rénovation, régénération ou réhabilitation du centre historique de Bucarest a été une


préoccupation constante de l'administration publique et des universitaires depuis la chute du
communisme. Apres plusieurs expériences dans les années 1990 – 2000, les acteurs urbains
sont arrivés à une définition des rôles de chacun ainsi qu’à une définition des objectifs du
projet, après 2001.
Plusieurs projets sont en train de se définir ou se dérouler sur le même terrain- celui
du centre historique défini par OG 77/2001 :
− Les projets de la Mairie générale : le projet complexe (a) - défini, mais en attente,
visant à assurer un développement durable de la zone, le projet (b) de réhabilitation de
l'infrastructure – en cours, visant la viabilisation de la zone pour attirer les
investisseurs,
− Les projets (c) de régénération urbaine, identifiés par le CPUMB à la demande du
Ministère de l'intégration européenne (MIE) et de l'Agence de développement régional
Bucarest Ilfov (ADRBI), projets qui seront à construire selon le modèle
communautaire des projets URBAN, pour débloquer les fonds structuraux de la
période 2007 –2013.
Pour le moment, l'administration publique locale a un rôle majeur dans les projets (a) et (b),
en tant que financeur, commanditaire et coordonnateur du projet. La vision formulée pour le
développement du centre historique est d'assurer le développement durable de la zone, en
concordance avec l'aspiration de Bucarest de devenir une capitale européenne. Par
conséquent, de nouvelles pratiques ont été exercées par l'administration publique, dans le
cadre de l'élaboration d'un projet urbain défini comme « projet intégré » : L’administration
publique a fait l'exercice de la communication du projet, et d'une organisation d'équipes
responsables avec la coordination du projet, destinée à intégrer les multiples dimensions du
projet. Ces pratiques seront analysées par la suite dans la troisième partie. À l'observation du
déroulement du projet et de l'organisation officielle des acteurs, sera rajoutée l’analyse des
pratiques telles qui résultent des discours produits par les acteurs. Cette confrontation entre
les rôles officiels et les pratiques réelles, nous permettra d’enrichir l'analyse des jeux des
acteurs. Déjà quelques pistes d'analyse se dessinent :
− Vu les nombreuses études et stratégies qui se superposent sur le même sujet, nous
pouvons affirmer qu'il y a un manque de coordination entre les acteurs appartenant à
l'administration publique locale et centrale : Les deux administrations ont œuvré en
parallèle, jusqu'à ce que, en 2004, l'Etat s’est retiré. La Mairie générale de Bucarest est
devenue alors l'acteur le plus important. Le projet mis en œuvre actuellement est le
projet (b), qui est un projet technique. Pour ce qui est du projet complexe (a), il n'y a
pas eu encore création d’une équipe dans le cadre de la Mairie (de type Direction du

166
centre Historique ou SAPI) ni en extérieur de la Mairie – de type Agence de
développement, pour coordonner ce projet.
− La communication entre les acteurs de la Mairie et les acteurs de la société civile
s’arrête plutôt à une information réciproque qu'à une négociation du projet. En même
temps, les acteurs de la société civile, les ONG s et l'association locale AICI ont un rôle
actif, étant à leur tour des initiateurs de la communication dans le cadre du projet.
− La Région, par l'ADRBI et sous l'impulsion des politiques de MIE œuvre avec le
bureau d'étude de la Mairie, CPUMB, pour définir des projets de régénération urbaine
pour 2007. A travers ce canal, des normes et définitions européennes s'imposent. Ceci
se passe en ce moment en parallèle avec l'activité de la Mairie. Cependant les acteurs se
rencontrent lors de réunions de communication concernant le centre historique de
Bucarest.

167
TROISIEME PARTIE

REGENERATION URBAINE DU CENTRE


HISTORIQUE DE BUCAREST

REPRESENTATIONS ET PRATIQUES DES ACTEURS DU PROJET

168
Dans ce chapitre seront présentés les mots clés
utilisés par les politiques publiques dans le
domaine de l’urbain et de l'aménagement du
territoire. Nous allons analyser l’usage qu’en font
les acteurs urbains et le sens qui leur est octroyé
dans le projet qui constitue notre étude de cas,
ainsi que les pratiques développées dans le cadre
du projet.

169
1. Les mots clés des politiques publiques roumaines :
développement durable, valeurs européennes,
Bucarest - capitale européenne

Ce qui nous intéresse est quand et comment ces mots ont commencé à faire partie du discours
politique. Placer ce discours dans le temps nous offre une importante clé de lecture. La
Roumanie avait ouvert les négociations en vue de l'adhésion en 2000. Elle n'a pas adhéré en
2004 avec d'autres pays qui ont ouvert les négociations en même temps qu'elle. L'adhésion en
2007 devient donc un objectif politique pour l'équipe qui gagne les élections en 2004. Le
discours des programmes politiques se fait l'écho des politiques européennes et les valeurs et
normes européennes se retrouvent dans les mots clés de ces programmes – au niveau local
(Bucarest) et national.
L'année 2004 est l'année du changement d'équipe de gouvernement et marque aussi
une nouvelle étape dans le processus d'adhésion à l'UE. L’année 2004 est l'année durant
laquelle a été formulé et fait public le programme de développement de Bucarest pour la
période 2000 - 2008, mais aussi le programme du Gouvernement. Ainsi le nouveau
programme du Gouvernement s'intéresse aux problèmes internes du pays, mais concerne
aussi son intégration dans l'UE.
Pour suivre cette chronologie, nous allons commencer notre analyse avec le
Programme de développement de Bucarest, proposé par la Mairie de Bucarest (car les
élections locales ont eu lieu avant celles nationales), nous continuerons avec le programme du
Gouvernement, et finirons avec le programme d'action au niveau de la région – ceci étant
élaboré à partir de 2004. Entre les textes de ces programmes, il existe une cohérence qui vient
du fait qu'ils découlent des mêmes politiques établies au niveau national, et en même temps,
des politiques définies au niveau de l’UE, qui fournissent des modèles et des normes.

1.1. La régénération urbaine et le programme de développement proposé


par la Mairie de Bucarest

Le Programme est un texte de 176 pages, téléchargeable sur le site officiel de la Mairie de
Bucarest. La date marquée sur le document est l'année 2004. Dans le « Programme de
développement de Bucarest », nous pouvons identifier dans le texte une première partie – de
présentation (de la ville de Bucarest, de la Mairie de Bucarest et de son objectif stratégique) et
une deuxième partie qui réunit les programmes et les actions de la Mairie, avec un chapitre
dédié à chacun de ces programmes.
Notre analyse concerne dans la première partie, identifiée auparavant, les chapitres
intitulés : « Développement de Bucarest en contexte européen », « Bucarest, métropole
d'importance européenne », « La Mairie de Bucarest ». Pour la deuxième partie, nous nous
sommes intéressées au seul chapitre intitulé : Réhabilitation, reconstruction et revitalisation
urbaine à Bucarest.

170
Une première observation concerne l’hétérogénéité de l'ensemble du texte. Les différents
chapitres qui le composent ne sont pas traités de la même manière. Le texte varie entre
description (énumération succincte des données géographiques concernant le territoire et la
population de la ville) et discours (traduisant la prise de position de la Mairie face à l'avenir
qu'elle souhaite pour Bucarest).
Le premier chapitre, « Développement du Bucarest en contexte européen » est une
description rapide de l'évolution historique de la ville qui s'arrête à l'année 1929. L'intervalle
de temps correspondant à la deuxième guerre mondiale et à la période communiste n'existe
pas dans cette description. Cet intervalle correspond en effet à deux régimes politiques
totalitaires : l'extrême droite d’avant la guerre et le communisme, d’après. La signification
sous-entendue de cette omission serait que la Roumanie n’a pas fait partie de l'Europe durant
cette période.
Le deuxième chapitre, « Bucarest, métropole d'importance européenne » a le titre d'un
manifeste mais débute avec une énumération succincte des données démographiques et
géographiques concernant le Bucarest actuel. Les phrases constituant une prise de position –
un discours, apparaîtront plus loin, autour du sujet « (Bucarest) ville – capitale européenne »
et « Bucarest – moteur principal de l'intégration de l'Union européenne » dans les sous-
chapitres portant les titres respectifs.
Le chapitre « La Mairie de Bucarest » offre un matériel riche à l'analyse. Dans un
premier temps, il est présenté l'objectif stratégique de la Mairie : « répondre aux demandes des
citoyens, dans les conditions du développement durable ». Dans un deuxième temps, dans le
sous-chapitre « cadrage législatif et institutionnel », le texte expose les causes des multiples
blocages dans l'activité de la Mairie durant la période 2000-2004, et ceci à travers une forte
prise de position, argumentée par des nombreuses citations des lois concernant l'autonomie
locale et l'administration publique. Ce sous-chapitre présente la faille qui s'est créée entre le
Conseil général de la Mairie et le Maire général, durant cette période. Le texte nous apporte à
la connaissance la collaboration entre le Conseil général de la Mairie, le Gouvernement et les
Mairies des secteurs1 afin de bloquer les actions du Maire général2. Il parle de l’appartenance
politique des membres du Conseil qui étaient majoritairement du parti du gouvernement, en
appelant ces faits « l’arme utilisée par le Gouvernement ».
Cette précision nous semble nécessaire car elle facilite la compréhension de la prise de
parole dans cette partie du texte : nous ressentons derrière la parole davantage le Maire que la
Mairie, même si le titre du chapitre renvoie à celle-ci, dans son ensemble, en tant
qu'institution. Nous n’avons pas ressenti cette scission dans le sous-chapitre concernant la
définition de l’objectif stratégique, ce qui nous laisse entendre que l’objectif stratégique
appartient à une projection de la Mairie (et surtout de son fonctionnement) dans un avenir
idéal, tandis que le « cadrage législatif et institutionnel » parle de la situation de l'époque 2000-
2004 – la Mairie représenté par un Maire en action, avec toutes les difficultés qui étaient à
l’ordre du jour. A partir de 2004, suite à des élections, le problème des couleurs politiques
opposées ne se pose plus car l'ancienne opposition politique est arrivée au pouvoir. Ces
précisions (expliquées en détail dans le chapitre du programme) nous aident à comprendre
pourquoi dans le texte, pour la période entre 2000-2004, sont présentés les projets qui ont été
réalisés dans les conditions de blocages présentés auparavant, tandis que pour la période 2005-
2008 sont énoncées des propositions de projets, dont la mise en oeuvre appartient à l'avenir.

1
Appartenant au même parti politique, le PSD (parti social démocrate - de gauche)
2
Appartenant à un parti politique d'opposition PD (parti démocrate – de centre droite)

171
Ainsi, pour la « Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest »,
programme d'action qui commence dans la période 2000-2004, l’énoncé des actions reste dans
un registre vague. Ces actions, répondant plutôt à la question « qu'est ce qui doit être fait ? »
ne laissent pas apparaître les questions opérationnels : « comment » et les « avec qui ? ». Les
trois types de terrains concernés par ce programme sont : le centre historique, les zones
déstructurées – dont Bucarest 2000, et les quartiers d’habitat collectif. Les actions sont
beaucoup projetées dans l’avenir, il y a peu de références à une poursuite des actions déjà
entamées, même si elle existe.
Pour ce qui est du programme Réhabilitation du centre historique nous faisons
quelques observations après une première lecture du texte : Le programme est souvent
laconien – par exemple quand il s'agit de politiques sectorielles de développement du centre
historique – les politiques sont juste énoncées, sans d’autres détails : politique
d'investissements, politique des loyers, politique de trafic3, etc. Les informations contenues
dans le Programme n'ont pas été actualisées par la suite, suivant le déroulement du projet.
Pour ce qui est de la réhabilitation des zones déstructurées, la Mairie a défini comme
emblématique pour ce type de zone la zone Bucarest 2000 – nommée ainsi à l'occasion du
concours international dont elle a fait l'objet en 1996. Même si elle n'est pas la seule zone
déstructurée existante dans la capitale, son histoire, sa taille, sa position centrale et son
potentiel de développement lui confèrent un intérêt particulier. De toute façon, le programme
de réhabilitation des zones déstructurées, y est exclusivement dédié.
Les objectifs que la Mairie se donne pour la réhabilitation de cette zone sont posés
dans les mêmes termes qu’en 1996, à l'occasion du concours Bucarest 2000. Le programme
nous informe sur la création future d'un important pôle urbain, abritant des services
d'importance nationale et internationale. Nous ne retrouvons nulle part des informations sur
le « comment faire ». Il n'y a aucun ensemble d'actions, ni de politiques spécifiques (au moins
énoncées), ni de scénarios pour le montage d'un cadrage institutionnel. Ce fait nous laisse
supposer que la réhabilitation de la zone Bucarest 2000 n'est pas encore rentrée sur l'agenda de
la Mairie de Bucarest.
En même temps, la présentation, dans le programme de la Mairie, des opportunités de
développement de cette zone, dans les mêmes termes qu'en 1996, nous laisse supposer que les
blocages qui ont retardé cette opération (nommée à l'époque - régénération urbaine) n'ont pas
été encore surpassés.
Ces observations concernent la cohérence interne du texte et la pertinence de son
contenu, que nous pouvons apprécier après une confrontation avec les faits. Elles seront à
détailler afin de comprendre l’usage social de ce discours, et aussi pour apprécier l’écart entre
le discours et les pratiques4 des acteurs. Le discours a été produit pour les citoyens de Bucarest,
avec un but électoral, et nous le considérons comme tel. En même temps, pour ce qui est du
discours, l’analyse de son contenu [Quivy, Van Campenhoudt, 1995] que nous allons
présenter par la suite, nous a permis de mettre en évidence les représentations que l’institution
de la Mairie se fait ou du moins, qu’elle déclare dans un cadre officiel, de ce que doit être le
développement urbain de Bucarest.

3
Le programme de la Mairie reprends en fait les politiques proposées par de IHS România [2003,2004], dans
la Stratégie et le plan d'action élaborés dans le PUZ Centre historique.
4
Il s’agit des pratiques d’organisation et de mise en pratique du projet de réhabilitation du centre historique de
Bucarest, actuellement en cours.

172
Dans l’analyse de ce Programme nous avons mis en évidence les thèmes principaux du
discours officiel, les actions déclarées nécessaires pour atteindre les objectifs et les valeurs au
nom desquelles la Mairie définit ses objectifs et ses actions.
Pour les chapitres « Développement du Bucarest en contexte européen », et « Bucarest,
métropole d'importance européenne », vu la structure du texte (rarement organisée comme
discours, mais plutôt comme une énumération des faits), nous avons procédé à une analyse
thématique. Nous avons isolé les thèmes principaux (qui rendent compte du contenu des
segments de texte analysé) et les thèmes secondaires (qui servent à spécifier les différents
aspects de chaque thème principal identifié) [Ghiglione, Matalon, 1998, p.185]. Les résultats
de cette analyse sont regroupés dans le tableau suivant :

THEME PRINCIPAL
Bucarest THEME SECONDAIRE
Métropole d’importance européenne
population
surface / territoire d’influence
Bucarest localisation géographique
Ville capitale européenne Capitale de la Roumanie
Réseau des capitales européennes
Rôle important dans la Région Centrale et Est - européenne
Intégration de l’Union européenne
Le rôle de l’administration publique
Bucarest La reforme de l’administration publique
Moteur principal de l’intégration de l’Union européenne L’harmonisation de la législation
Les principes de l’Union européenne
Les principes du développement durable
Visibilité internationale
Etre reconnue
La Mairie de Bucarest Prestige
Qualité de membre des réseaux internationaux de villes
Activités internationales

Nous observons que les thèmes liés à la ville de Bucarest permettent d’esquisser la projection
de Bucarest dans l’avenir. C'est-à-dire que les thèmes principaux peuvent renseigner les
représentations que la Mairie se fait de ce que devrait devenir la ville de Bucarest. Plus
précisément, les thèmes principaux, Bucarest - « capitale européenne » renvoie à un statut, et
être « le moteur principal de l’intégration européenne » renvoie à un rôle que la Mairie
souhaite pour Bucarest.
Dans les thèmes secondaires, nous trouvons des aspects qui renvoient aux
représentations que la Mairie se fait de ce que doivent être les actions nécessaires pour
atteindre ses objectifs, et les secteurs concernés. Dans ces thèmes, certains apportent des
informations sur le présent - ce qui existe : des données géographiques, démographiques et
des actions qui ont déjà démarré (mais qui sont à poursuivre et à renforcer dans l’avenir) :
réforme de l’administration publique, processus d’intégration de l’U européenne,
participation à des réseaux internationaux. Les autres thèmes secondaires renvoient à l’Union
européenne, à ses principes et à des valeurs comme le développement durable. Ces sont des
projections dans l’avenir, qui renseignent plutôt les représentations que l’existant.
Dans le chapitre « La Mairie de Bucarest », et surtout le sous chapitre « l’Objectif
stratégique » la construction du document est plus proche du discours, car elle construit une
argumentation de l’objectif stratégique. Cela nous a permis d’entreprendre une analyse des
thèmes présents dans le discours mais aussi des relations qui s’établissent entre eux, plus
précisément, l’identification des thèmes qui apparaissent en relation avec d’autres. Par
l’analyse de cette relation, nous avons mis en évidence les objets principaux du discours -

173
appelés les référents noyaux – RN5, les actions qui leurs sont associées, les destinataires de ces
actions, les objectifs, et les valeurs mobilisées dans l’argumentation.
Nous avons obtenu une liste de cinq référents noyaux que nous donnons ci-après :

Référent 1 : Municipalité – terme générique pour :

L’action (MA) La politique établie par la Municipalité


La politique de revalorisation de la ville de Bucarest

L’institution (MI) La Mairie de Bucarest


Le Maire Général

Le service pub. (MP) Les services publics


L'administration publique locale
Les autorités de l'administration publique locale

Référent 2 : Développement durable (modèle de)

Référent 3 : Social – terme générique pour :


le citoyen
les citoyens
la communauté locale
les demandes des citoyens
les conditions de vie, la prospérité
l'évolution de la société
les générations futures

Référent 4 : L'Europe
Européen, Europe
les standards européens

Référent 5 : Le développement
Développement économique et social (le modèle de)
Développement économique social et culturel

Ensuite, nous avons constitué pour chaque Référent actant un tableau du type :

RN Sur quoi ? Pour qui ?


Actions Dans quel cadre ? Avec quel objectif ? Au nom de quelles valeurs ?
(actant) (acté) (destinataires)

Ces tableaux seront présentés par la suite :

5
. Les référents noyaux sont considérés comme autant de paradigmes que l’on peut désigner par un substantif, et
ils sont constitués d’un terme générique auquel peut se substituer un ensemble d’équivalents
paradigmatiques [Ghiglione, Matalon, 1998, p.187]

174
Référent 1 : la Municipalité (position actant)
pour qui ? au nom de
La Municipalité quoi/dans quel cadre ?
actions (destinataire avec quel objectif ? quelles
(actant) (acté)
s) valeurs ?
aux demandes des
citoyens
croissance de la développe
La politique
est ciblée pour dans les conditions du pour les prospérité ment
établie par la
répondre développement durable citoyens durable
Municipalité
(valoriser
un system de cohésion
répondre aux les
entre les relations
créer demandes des ressources
économiques, sociales
citoyens existantes)
et culturelles
Le modèle
La politique de
le modèle de de
revalorisation de voir aussi le Référent
concerne développement socio- développe
la ville de 5
économique ment
Bucarest
durable
des objectifs spécifiques les
en concordance avec principes
programmes citoyens et la
La stratégie de la les principes du du
comprend communaut
Municipalité développement développe
projets é locale
durable ment
durable
actions nécessaires
a structuré
partant de l’objectif
stratégique défini développement
la stratégie
La Mairie de (développement durable
Bucarest durable)
Atteindre ses objectifs
a pris en
dans la période 2000-
considération
2004
a mis l’accent sur :
réalisation des
Réhabilitation et de l’infrastructure et des prémisses pour un
développement services publics développement
durable
protection de l’environnement
a démarré actions et projets
suite à des débats
publics
Le Maire a organisé des débats publics
l’amélioration
dans le contexte de
Les projets et les l’adaptation et le
l’évolution générale de pour les
actions de la développement des
la société citoyens
Municipalité services publics
de l’infrastructure
développement
urbaine
réhabilitation et des réseaux de l’eau et
modernisation du canal
extension de la voirie
de l’éclairage public
Les projets et les des projets d’urbanisme Amélioration d e
actions de la réalisation et de l’aménagement du l’aspect esthétique
Municipalité territoire mais aussi de
de la qualité de l’infrastructure de la
amélioration
l’environnement capitale

175
pour qui ? au nom de
La Municipalité quoi/dans quel cadre ?
actions (destinataire avec quel objectif ? quelles
(actant) (acté)
s) valeurs ?
construction Des parcs de
stationnement sous - et
supra - terrains
Les objectifs, les
projets, les représentent que
que la municipalité
programmes et une partie des donne du dynamisme
prévoie
les actions projets et actions et de l’efficience à
mentionnés l’administration
en fonction des publique locale
demandes formulés par constitue un élément
seront définis
les bucarestois dans important du
l’avenir développement de la
l’accomplissement société bucarestoise
serait en fonction des au milieu des sociétés
(des objectifs
facteurs de de l’Europe
proposés et la
développement de la
définition des
société
nouveaux objectifs)
Pour les
en conformité avec les citoyens
assure conditions normes européennes
de vie décentes
ceci n’est pas un objectif
facile à atteindre
vu la situation
économique difficile du
pays
pour un développement
il est impératif
économique au niveau
initier des actions
local c’est la seule voie pour
prise de mesures arriver à un
pour éduquer et dans la vie économique développement
impliquer le citoyen économique et
(Les objectifs) ne socioculturel qui
sont pas à fournira des
considérer conditions de vie
séparément mais décentes
ensemble pour les
doivent être citoyens
cohérents
on doit motiver le
citoyen
par les décisions et les
arrêtés adoptés
Les autorités de
doivent contribuer par les mesures développement
l’administration
à la création organisationnelles économique réel
publique locale
(le citoyen) doit être
d’un cadre stable motivé à prendre
l’initiative

176
Référent 2 : Développement durable (modèle de) (position actant)

sur quoi/dans quel pour qui ?


D. Durable avec quel au nom de quelles
actions cadre ? (destinataire
(actant) objectif ? valeurs ?
(acté) s)
a obtenu une
conférence de Rio de sur le plan
le concept reconnaissance
Janeiro du 1992 mondial
mondiale
Le maintien des le maintien des
pour les
le concept possibilités et en spécial les ressources possibilités et
générations ressources naturelles
représente des conditions naturels régénérables des conditions
futures
de vie de vie
les facteurs de
redresser l’environnement affectés conservation des faits culturels
par la pollution
conserver l’héritage culturel développement capacité de création
développer les capacités créatives
principes du
conserver et conditions de vie et la conditions de vie des
devt.
améliorer santé des gens gens
durable
la biodiversité et les
biodiversité
écosystèmes
l’héritage et les valeurs l’héritage et les valeurs
historiques historiques
éviter la par la prise des mesures
l’environnement
pollution préventives
mécanisme pollueur
payeur
pour les
l’amélioration de développement
stimuler générations
l’environnement durable
futures
Les phénomènes et les
éviter processus qui ont des
effets irréversibles

Référent 5 : Le développement (position actant)


Référent 5 quoi/dans quel cadre ? avec quel au nom de quelles
actions pour qui ?
(actant) (acté) objectif ? valeurs ?
Le modèle de principes du
les principes formulés par développement
développement il faut développement
le modèle du durable
économique et respecter durable
développement durable
social

La Municipalité étant l’auteur du discours, ce Référent a le plus grand nombre d’apparition


dans le texte et est situé toujours dans la position de l’actant. Il est en relation avec les
éléments du Référent Social, quelque fois en position de l’acté (le système de relations
sociales, les conditions de vie, le citoyen) et toujours, en position « destinataires » (pour les
citoyens – majoritairement, et une fois – pour la communauté locale). Le Référent Social
apparaît une fois en position « objectif » (amélioration de la prospérité). Dans la position
« objectif » on retrouve le Référent Social (la société bucarestoise), le Référent
développement durable, le Référent développement. Dans la position « valeurs » il y a le
Référent développement durable et le Référent Social (les demandes des citoyens).
En position de l’actant, le Référent Développement durable occupe la deuxième
place comme poids pour l’apparition dans le texte. Il occupe cette position car le texte donne

177
une définition du concept de développement durable et de ses principes. Dans la position
« destinataires » on retrouve le Référent Social (les générations futures), et dans la position
« valeurs » « ressources naturelles », « les faits culturels », « capacité de création ».
Toujours pour ce qui est de la position « actant », nous retrouvons une fois le Référent
développement (le modèle de développement économique et social) lié au Référent
développement durable en position « objectif », et en relation avec un verbe à l’impératif (il
faut…).
Même s’il ne se trouve pas en position d’actant, le Référent Social a en fait le plus
grand nombre d’apparitions dans le texte, car il apparaît en relation avec tous les autres
Référents. Nous remarquons aussi, que l’apparition du terme citoyen est plus courante que les
autres éléments du Réferent Social : Pourrait-on ainsi conclure que le discours s’adresse plutôt
à l’individu qu’à la société dans son ensemble ?
Est à noter aussi la présence du terme « modèle » associé au développement durable et
au développement économique et social. Nous faisons l’hypothèse que la Municipalité se
représente le développement économique et social comme un moyen (un paquet d’actions)
pour agir dans le sens du développement durable – qui est un objectif et qui engendre un
modèle d'action en même temps.
Une analyse de type ARO faite sur la partie introductive du chapitre « Réhabilitation,
reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest » apporte des précisions sur les
observations faites auparavant. La méthode ARO – Analyse des Relations par Opposition
repose sur une double hypothèse: l'existence d'une correspondance (relation) entre les
éléments d'un système pratique et les éléments d'un système symbolique; la structuration de
cette correspondance en opposition, comme étant constitutive de la fonction symbolique.
[Blanchet, Gotman, 1992, p.109].
Telle qu’est énoncée, la « Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine de
Bucarest » est un des programmes d’action par lequel la Mairie se propose d’agir pour
répondre aux besoins des citoyens, dans le sens du développement durable (objectif
stratégique défini). C’est ainsi que le développement de Bucarest sera engendré. Ce qui nous
intéresse est de voir au quel système symbolique renvoie la « Réhabilitation, reconstruction et
revitalisation urbaine à Bucarest », et aussi, quel/ quels sont les termes situés en opposition.

RRR Bucarest
Retarder la décision de modernisation
signifiant signifiant médiateur signifié
RRR Bucarest stratégie cohérente métamorphose de la Capitale
Rôle de capitale dans la zone de l'Europe
Centrale et de l'Est
potentiel existent relance de l'activité (économique)
efficiente
préservation des valeurs nationales
retarder la décision de l'état général (de la Capitale) est loin de répondre le potentiel (de développement) sera
moderniser aux exigences techniques, économiques, perdu
écologiques, esthétiques, culturelles etc., imposées effets négatifs (économiques et sociaux)
par la politique de développement de type européen à terme moyen et long
coûts énormes

avoir une approche de capitale marginale accentuer le changement inflexible

En faisant l’analyse ARO, une opposition a pu être mise en évidence, entre : faire la
« Réhabilitation, reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest » et retarder la décision de
moderniser. Dans cette opposition il y a une autre sous-entendue, qui est mise en évidence par

178
les signifiants médiateurs : l’état actuel du Bucarest est en contradiction (est loin de) avec ce
qui est une capitale Européenne.
Cette opposition est à dépasser, car le statut de capitale européenne est ce que la Mairie
souhaite pour Bucarest. C’est un objectif vers lequel elle tend, et en même temps c’est une
représentation de ce que la Mairie souhaite que Bucarest devienne (voir les thèmes principaux
et secondaires du discours de la Mairie, tels qu’identifiés au début du texte). Et la
« métamorphose » de Bucarest en « capitale européenne, se passe aussi dans un contexte de
« exigences imposées par la politique de développement de type européen ». Vu de ce point de
vue, l’utilisation du terme « modèle » associé au développement durable et au
« développement économique et social » dans le texte d’auparavant pourrait gagner du sens :
le développement économique et social renvoie à des politiques communautaires existantes et
le développement durable renvoie à un système de valeurs et des normes définis au niveau
européen. Nous retrouvons en fait des reflets de ce système de valeurs dans notre analyse des
Référents noyaux (position « objectif » ou « valeurs ») et aussi dans la colonne « signifié » de
l’analyse ARO.
Vu qu’il s’agit d’un texte officiel, la présentation d’un programme d’action, fait par une
institution (la Mairie) pour son électorat (les citoyens de Bucarest), nous ne sommes pas en
mesure à ce point de notre analyse, d’établir une relation entre le discours et le système de
représentations qui est derrière le discours. Ceci serait d’ailleurs une attitude trop réductrice,
car la Mairie ne constitue pas un seul acteur – il y a plusieurs groupes d’acteurs qui actionnent
à l’intérieur de cette institution. Pourtant, ce discours officiel énonce les thèmes principaux et
les objectifs des futures politiques publiques, ce qui impliquerait leur appropriation par les
fonctionnaires de la Mairie.
Le contexte d’intégration de l’Union européenne est un processus politique (c’est une
volonté de l’Etat roumain) qui a des enjeux économiques, sociaux et symboliques (faire partie
de l’Europe ou être isolé). Dans ce contexte, il y a deux observations que nous faisons suite à
cette analyse :
O1 : Les thèmes principaux, les Référents noyaux6 identifiés préfigurent une « image » de
la ville. Ils constitueraient une image que la Mairie se propose de donner à la ville de
Bucarest. C’est dans ce sens que les valeurs constitutives du référentiel des politiques
publiques se définiront peut-être. Cette piste de recherche sera à poursuivre lors de
l'analyse des entretiens.
O2 : Une autre observation à poursuivre, qui est complémentaire à la précédente, est que
la ville européenne serait utilisée en tant que modèle - dans les pratiques institutionnelles
d'urbanisation à Bucarest.

6
Nous les rappelons : Référent1- La municipalité ; Référent 2 – Développement durable (modèle de) ; Référent3
– Social ; Référent 4 – L’Europe ; Référent 5 – Le développement (économique et social)

179
1.2. Le programme du Gouvernement de la Roumanie pour la période
2005 – 2006

« Le Gouvernement de la Roumanie se propose d'assumer et promouvoir la


démocratie, le capitalisme et les valeurs européennes dans le but du développement
économique durable de la Roumanie, de la croissance du bien-être des citoyens et de la
reconquête de la dignité nationale ».

Tel est énoncé l'engagement du Gouvernement Roumain. Les objectifs principaux, clairement
énoncés sont : le développement économique durable, le bien être des citoyens et la
reconquête de la dignité nationale. Le Gouvernement va œuvrer pour atteindre ces objectifs
au nom de la démocratie, du capitalisme et des valeurs européennes. Les thèmes présents dans
le discours politique, au niveau du Programme de gouvernement, sont subordonnés à ces
thèmes principaux et à ces valeurs énoncées dans l'engagement. Ces sont les mots clés qui se
retrouvent dans les politiques et les programmes d'action formulés au niveau régional,
départemental et local.
Pour ce qui nous intéresse, les politiques publiques dans le domaine de l'urbain, sont
formulées pour répondre à cet engagement. Les mesures et les actions qui découlent au niveau
national sont ainsi formulées et mises en œuvre pour atteindre ces objectifs principaux. La
régénération des centres historiques des villes fait partie des actions qui découlent de cet
engagement.
Plus spécifiquement, deux chapitres du Programme de gouvernement font référence à
la question des centres historiques des villes : Le 15ème chapitre – La politique de
développement régional et le 16ème chapitre – La politique de l'aménagement du territoire.

Les objectifs qui nous intéressent pour notre étude de cas, la réhabilitation du centre historique de
Bucarest, sont énoncés :
Dans le cadre de la politique de développement régional :
Le développement territorial équilibré, par :
- L'implantation des stratégies novatrices de régénération économique et sociale des villes
moyennes et petites, ainsi que des quartiers, zones sous – urbaines et périurbaines en déclin des
grandes villes ;
- L'échange d'informations et d'expérience concernant la régénération soutenable et le
développement urbain
L’identité locale et régionale, par :
− La préservation des sites historiques dans les milieux urbains

Dans le cadre de la politique concernant l'aménagement du territoire :


Développement durable du territoire national dans la perspective de l'intégration du territoire européen
− Alignement du concept d'aménagement du territoire et urbanisme aux exigences de l'UE
La préservation et le développement de la diversité culturelle :
− Préserver les zones historiques des localités urbaines anciennes, ainsi que la reconstruction,
tant qu'il est possible, de celles qui ont été détruites. A cet effet, seront élaborées des
réglementations concernant la réhabilitation urbaine, qui viseront la reconstruction et la
préservation exacte du style architectonique des bâtiments historiques et des matériaux de
construction, assurer le management de ces zones

Un document de 2005, concernant la programmation des actions en vue de réalisation du


programme du Gouvernement [Gouvernement de la Roumanie, 2005] nous indique les
mesures et les actions correspondant à ces objectifs, le délai pour leur réalisation et les

180
institutions impliquées. Nous avons traduit ce document ( lui même sous forme de tableau)
dans une grille de lecture dans laquelle seront identifiés les acteurs, les objectifs principaux, les
actions, les délais estimés, les valeurs invoquées.
Dans le cadre de la politique de développement régional :

Objectif Politique sectorielle actions délais Institutions Valeurs


invoqués
Développement Echange d'expérience Investissions par POR 2007- MIE régénération
territorial équilibré concernant la régénération 2007-2013 2013 durable
durable et le
développement urbain
Création d'une base de Elaboration des plans MTCT (Ministère
données sur l'urbain et la d'Aménagement du des travaux publics)
réalisation à l'échelle territoire Direction générale
nationale de l'audit urbain de l'Urbanisme et de
l'Aménagement du
territoire
Planification du Elaboration de la stratégie Juillet MIE à voir dans
développement économique Nationale du 2005 l'analyse du plan
et social au niveau des développement régional, de
régions fondée sur les plans de développement
développement régional régional pour la
coordonnés par les ADR région Bucarest
Ilfov
Elaboration POR 2007 - Déc. MIE
20013 2005
Identité locale et Conservation des sites Investissions par POR 2007- MIE à voir dans
régionale historiques urbains 2007-2013 2013 l'analyse du POR

Dans le cadre de la politique concernant l'aménagement du territoire :

Objectif Politique sectorielle actions délais Institutions Valeurs, normes


invoquées
Développement Alignement du concept Amélioration du cadre Janv. MTCT (Ministère les normes de
durable du territoire d'aménagement du territoire législatif et normatif dans 2005- des travaux publics) l'UE
national dans la et urbanisme aux exigences le domaine de Déc. responsable
perspective de de l'UE l'aménagement du 2008 Administration
l'intégration du territoire et urbanisme, en publique centrale et
territoire européen vue de l'harmonisation locale
avec les normes de l'UE
Activité de recherche pour Janv. MTCT développement
mettre les fondements du 2005- (responsable) durable
concept de Déc. Administration
l'aménagement du 2008 publique centrale et
territoire et urbanisme, locale
en accord avec les
principes du
développement durable
Coopération avec les Janv. MTCT les pratiques
structures de l'UE et 2005- (responsable) européennes
d'ONU dans le domaine de Déc. Administration
l'aménagement du 2008 publique centrale et
territoire, de l'urbanisme et locale
de l'habitat en vue de
l'harmonisation avec les
pratiques européennes et
mondiales
Conservation et Assurer le support pour les Réglementation des Janv. MTCT l'héritage culturel
développement de opérations urbanistiques et interventions dans les 2005- (responsable) et matériel
l'héritage culturel et d'aménagement du territoire zones historiques dans les Déc. Administration
matériel avec un caractère pilote villes ainsi que la 2008 publique centrale et
reconstruction de ce qui locale
a été détruit

181
Les tableaux ci-dessus présentés nous montrent qu’au niveau du gouvernement, les acteurs
sont encore dans la phase de l'élaboration du cadre théorique, législatif et opérationnel dans le
champ de l'urbanisme et aménagement du territoire, qui permettra d'atteindre l'objectif de la
durabilité du développement du territoire national, en concordance avec les normes et valeurs
européennes.
En réalité il s'agit d'une concomitance dans l'élaboration du cadre et de son exercice :
Le cadre stratégique a été élaboré jusqu'en 2005 – il s’agit de la stratégie nationale, le
Programme opérationnel régional (POR), les Plans de développement régional (PDR) – pour
préparer les acteurs concernés à utiliser les fonds structuraux dans la période 2007 – 2013. La
programmation présentée auparavant montre que la plupart des actions énoncées restent à
faire ou à accomplir dans l'avenir – après 2007. Ceci veut dire qu'en ce qui concerne des
actions et des pratiques alignées aux pratiques communautaires – celles-ci sont à exercer et à
définir dans l'avenir. Les concepts mêmes qui sont à la base du développement urbain et de
l'aménagement du territoire, seront à définir en fonction des normes et valeurs énoncées dans
les politiques urbaines communautaires. Ce processus d'harmonisation des concepts et des
pratiques est nécessaire pour que la Roumanie puisse contribuer au développement durable
du territoire communautaire (à partir de 2007) et aussi pour que la Roumanie soit capable de
proposer des projets pour utiliser les fonds structuraux.
Ces deux objectifs se reflètent dans l'approche de réhabilitation des centres historiques.
Dans ce cas, c'est pareil, il s'agit d'une définition du cadre en même temps avec l'exercice du
projet urbain. Formulées en accord avec les objectifs politiques à l'ordre du jour, la
conservation et la mise en valeur de l'héritage culturel deviennent ainsi un outil du
développement durable et une dimension de la régénération économique et sociale des zones
urbaines défavorisées. Les programmes de développement régional offrent plus de détails.
Au niveau de l'Etat, les acteurs principaux qui interviennent dans ce processus sont
Le Ministère de l'Intégration européenne (MIE) et le Ministère des travaux publics (MTCT –
Ministère du transport, des constructions et du tourisme7) – par la Direction générale de
l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Pour la réalisation des objectifs de la politique
de l'aménagement du territoire, le MTCT doit collaborer avec l'administration publique
centrale et locale.

1.3. Le Programme Opérationnel Régional (POR) et le Programme de


développement régional de la région Bucarest Ilfov (PDR – Bucarest Ilfov)
pour la période 2007 – 2013

Le Programme Opérationnel régional roumain représente environ 3,7 milliards d'euros sur
une allocation totale pour la Roumanie de 19,2 milliards d'euros au titre de l'Objectif
Convergence. Cette somme sera investie, via des Agences de développement régional, dans
l'amélioration des réseaux de transport et des infrastructures sociales, créant ainsi un meilleur
environnement pour l'innovation et les entreprises, notamment petites et très petites, tout en
favorisant le tourisme régional ainsi que le développement intégré et durable des villes.8

7
Il s’agit du Ministère des travaux publics, avec la dénomination changé après 2003, voir supra, 2ème partie de la
thèse, note no. 10, page 108.
8
Cf. http://ec.europa.eu/regional_policy/newsroom/index_fr.htm (consulté le 24 mai 2007)

182
Le POR et le PDR Bucarest – Ilfov constituent les documents sur lesquelles s'appuie
l'administration publique locale pour identifier des projets de régénération urbaine au niveau
local – tels que les projets (c) présentés dans la 2eme partie de la thèse.
L'élaboration du POR a commencé en 2004 et a été finalisée en avril 20069. Le MIE a été
désigné comme autorité de management pour le POR 2007-2013. Les institutions
intermédiaires pour l'implémentation du POR sont les huit Agences de Développement
Régional existantes en Roumanie. Le MIE a la responsabilité du management, de la gestion et
de la mise en oeuvre des allocations financières octroyées à ce programme. Le programme sera
financé dans la période 2007-2013 du budget central et local, ainsi que des sources privées. Il
sera cofinancé par le Fond Européen de Développement Régional (FEDER), un des fonds
structurels de l'Europe. La contribution financière de l'UE pourrait s'élever jusqu'à 85% des
financements publics.
Ce programme doit implanter la Stratégie de développement régional prévue par le
Plan de Développement National. Le POR est un programme sectoriel qui, avec les autres
programmes opérationnels sectoriels doit contribuer à la réalisation d'un objectif général : la
diminution des disparités régionales, entre les régions de la Roumanie. Cet objectif vise à
résoudre des problèmes de développement des régions existantes en Roumanie et en même
temps, trouver les projets qui traitent problèmes locaux et pour ceci, ils sont capables d'utiliser
les fonds structuraux européens. Ils doivent être des projets ayant une approche harmonisée
avec les normes et les pratiques communautaires. Dans ces programmes régionaux, dont le
texte se fait l'écho des politiques urbaines communautaires, il est clairement spécifié :
l'assistance offerte par les fonds structuraux doit être « complémentaire aux mesures prises au
niveau national, régional ou local » mais les mesures au niveau national...etc., doivent être
« intégrées dans le priorités Communautaires »; « les interventions financées par les fonds
structuraux doivent être en concordance avec les activités, les politiques et les priorités
Communautaires »10.
Le POR est structuré en cinq axes prioritaires11 qui représentent le dénominateur
commun pour le développement de toutes les huit régions de la Roumanie. Parmi ces axes,
nous nous intéressons à l'axe 4 – Développement urbain durable. Cette axe a comme objectif
« la croissance du rôle des centres urbaines dans le développement économique régional et
local par la régénération / revitalisation des villes de petite et moyenne taille, ou des zones
situés dans les grandes villes, avec l'objectif de diminuer les disparités existantes » [POR, 2006,
p. 104].
Dans le texte, la régénération urbaine, synonyme à la réhabilitation, est un outil pour
atteindre le développement urbain durable. Le développement urbain durable est défini, ainsi
que les modèles à suivre, pour que le concept devienne opérationnel et pour que les projets
soient financés par le POR. Nous avons synthétise dans le schéma suivant les relations entre
développement durable, le modèle communautaire URBAN, et les actions à faire dans la cadre
d’un projet intégré de régénération urbaine, comme elles résultent du POR :

9
Il s’agit du POR dans sa forme d’avril 2006, qui a été approuvé et qui a constitué le fondement pour les PDR des
régions. Néanmoins, le POR reste un document perfectible.
10
POR, 2006, p. 110 (chapitre "Cohérence avec les politiques nationales et communautaires"). Parmi les textes
communautaires invoquées : CE, 2006,"Les orientations stratégiques communautaires 2007-2013 en matière de
cohésion", CE, 2006, " La politique de cohésion et les villes :la contribution des villes et des agglomérations à la
croissance et à l’emploi au sein des régions"
11
(1)Amélioration de l'infrastructure publique régionale et locale, (2) Renforcement de l'environnement
d'affaires régional et local, (3) Développement du tourisme régional et local, (4) Développement urbain durable,
(5) assistance technique.

183
Initiative Support
communautaire simultané pour
URBAN les activités de :
modèle
Rénovation
physique
Approche intégrée
des problèmes Réhabilitation
Economiques de
Sociaux l'infrastructure
signifie Environnementaux signifie
Développement Développement
urbain durable économique

Croissance de la
Projet intégré de
compétitivité
régénération
urbaine
Intégration des
groupes
ethniques

Protection de
l'environnement

Le POR indique explicitement l'initiative européenne URBAN12 en tant que modèle et précise
que « seuls les projets intégrés de régénération urbaine » qui concernent des « zones urbaines
précisément délimitées » seront financés dans le cadre du POR.
Quelques opérations sont énoncées pour orientation : La réhabilitation des zones
urbaines en déclin et des espaces publics sont des facteurs qui contribuent à l'amélioration de
la qualité de vie des habitants, et à la croissance de l'attractivité des villes. Les espaces publics
ainsi que l'infrastructure de base sont vétustes et nécessitent une intervention (pavages,
trottoirs, éclairage public, réseaux édilitaires). Les centres historiques représentent des cas
particuliers des zones en déclin. Pour ce-ci est nécessaire la rénovation des bâtiments
appartenant au patrimoine historique, industriel et culturel et la réhabilitation des espaces
publics et de l'infrastructure. Ensuite, le POR rappelle la nécessité de l'intégration des groupes
défavorisés – par l'amélioration de l'accès aux emplois, aux services, à la formation. Une
condition forte pour assurer l'efficience des projets et une bonne corrélation avec les besoins
locaux est la « participation des citoyens et des principaux acteurs locaux dans la définition, la
mise en œuvre n et le suivi des programmes ».
Ces précisions sont faites car les projets doivent émerger du bas vers le haut (du niveau
local) mais ils doivent suivre les priorités du POR qui en fait sollicite et oriente ces projets.

12
Pour rappel : Les programmes financés au titre de l'Initiative communautaire URBAN ont été lancés en 1994.
Les actions mises en œuvre dans le cadre des programmes ont permis une amélioration visible de la qualité de la
vie dans les zones cibles concernées. Ces résultats encourageants ont démontré l'importance de l'approche
intégrée proposée par URBAN pour résoudre la forte concentration de problèmes sociaux, environnementaux et
économiques qui ne cessent de s'aggraver dans les agglomérations urbaines. L'approche intégrée implique une
série d'interventions combinant la rénovation d'infrastructures vétustes avec des actions dans les domaines de
l'économie et de l'emploi, complétées par des mesures visant à combattre l'exclusion sociale et à améliorer la
qualité de l'environnement. Voir aussi en Vol2. Annexe 1ère partie.

184
La ville de Bucarest (MUNICIPIUL BUCURESTI) et la région Bucarest Ilfov, carte extraite du PATJ Bucarest
Ilfov, Le réseau des localités[PATJ Ilfov, 2004]

Le Programme de développement régional pour la région Bucarest – Ilfov (PDRBI)13 a été


approuvé en mai 2006 [Conseil de développement régional, arrêté no. 75 du 30 mai 2006]. Le
PDRBI découle du POR et décline les axes du POR selon les problèmes de la région Bucarest –
Ilfov. La stratégie et les priorités établies par le PDRBI se situent au carrefour des problèmes
locaux et des politiques et stratégies établies au niveau de l'UE, national et local.

13
élaboré par ADRBI, la Mairie de Bucarest – Conseil général, Les Conseils des secteurs de Bucarest, le
CPUMB,Le Conseil départemental Ilfov et les administrations locales Bucarest – Ilfov

185
« Le document concerne la période de 2007-2013 […] pour les financements faites avec les fonds
structurels de l’Union européenne, ayant comme objectif d’offrir un fondement solide pour le portfolio
régional des projets et des investissements publiques, qui seront financés par les Programmes
Opérationnels Nationaux, concentrés sur Transport, Environnement, Compétitivité et développement
des entreprises, Ressources humaines, Développement rural, Infrastructure sociale, Tourisme, Culture,
Développement et Régénération urbaine, Renforcement de la capacité administrative, Coopération
transnationale. » [PDRBI, 2006, p.5]

« La qualité de vie dans la Région Bucarest Ilfov doit atteindre jusqu'en 2015 le niveau des autres régions
des capitales européennes, en ce qui concerne l'accès aux services publiques, par une croissance continue
et durable, par la création des places de travail pour tous. Ce-ci va contribuer aussi à la cohésion
territoriale, économique et sociale ». [Objectif stratégique du PDRBI, 2006, p.81]

Les priorités établis par le PDRBI répondent à des problèmes liés à la localisation
géographique de la région – à la périphérie de l'espace européen, à l'environnement
(traitement des déchets, pollutions diverses) à l’état actuel de développement de
l'infrastructure, les faibles revenus de la population, le marché de travail, la faible participation
à la société informationnelle [PDRBI,2006,p.78] : (P1) gouvernance régionale, (P2)
Accessibilité et mobilité, (P3) Environnement, (P4) Marché du travail et les emplois. A part
ces priorités, deux autres ont été définies – des « priorités territoriales » - et là nous retrouvons
le développement urbain durable, et des « priorités horizontales »- où nous retrouvons la
« sustenabilité », l'inclusion sociale, l'égalité des chances et la société informationnelle.

Les priorités suivantes ont été établies (par le PDRBI, et en conformité avec POR) :
Priorité 1 : Gouvernance régionale / Priorité 2 : Accessibilité et Mobilité / Priorité 3 : Environnement /
Priorité 4 : Croissance économique et emplois/ La stratégie a pris en considération les dimensions
territoriales liés au développement urbain durable et à al diversification de l’économie rurale,
ainsi que les dimensions horizontales concernant la sustenabilité, l’égalité des chances, l’inclusion
sociale et la société informationnelle. [PDRBI, 2006, p.78]

Le document contient une partie d'analyse de la situation actuelle de la région Bucarest Ilfov,
suivie de la présentation de la stratégie et des priorités régionales. Un chapitre est dédié au
processus de consultation avec les acteurs locaux, qui a eu lieu dans le cadre de l'élaboration
du document (en novembre 2005). Les indicateurs locaux qui résultent de l'analyse sont mis
en comparaison avec les indicateurs européens. Le texte fait souvent référence aux documents
communautaires et abonde en définition des termes qui alternent avec la description des
objectifs et des directions d'action pour la période 2007 – 2013. Le document est soucieux de
montrer chaque fois l'alignement des objectifs locaux et nationaux avec ceux communautaires,
et de mesurer les écarts entre les indicateurs locaux et ceux européens. Ainsi, des tableaux
comparatives documents européens – documents nationaux, objectifs européens –objectifs
nationaux sont faites pour chaque priorité de la stratégie [PDRBI 2007 – 2013, 2006, pp.119 –
120, pour la priorité « Développement et régénération urbaine »].
Notre analyse cible ce que le document défini comme « régénération urbaine » [idem,
p. 117]. Cette notion désigne une des priorités du programme, et c'est ici que se trouvent les
fondements sur lesquels ont été définis les projets de régénération urbaine, par le CPUMB en
collaboration avec l'Agence de développement régional, ADR Bucarest – Ilfov . La notion est
utilisée aussi dans le cas de l'intervention dans le centre historique de Bucarest, nommée
« projet de régénération urbaine ».

186
« Développement et régénération urbaine.
La région Bucarest – Ilfov détient une grande aire urbaine, la municipalité de Bucarest, une métropole
multidimensionnelle, caractérisé par :
−Un grand centre historique (approximativement 57 ha et 30 000 d’habitants, selon HG 77/2001)
−Un grand nombre de zones industrielles – dont quelques unes sont partiellement abandonnées
−Un nombre de secteurs problème affectés par dégradation physique et sociale
Dans ce contexte, la stratégie pour la régénération urbaine aura comme objectif le développement
urbain et la régénération, par des projets zonaux. Les problèmes qui doivent être traités sont en fait, des
opportunités pour l’amélioration de la vie des citoyens, par l’encouragement des affaires et des
opportunités culturales, ainsi que par la protection et la régénération de l’environnement.
La stratégie régionale pour développement et régénération urbaine se fonde sur la nécessité et
l’opportunité de promouvoir la récupération et le développement des zones situées surtout dans le sud
et dans l’est de la capitale et de ses alentours, où le capital privé n’est pas attiré, les location préférées par
les investisseurs étant les zones du Nord de Bucarest et du département d’Ilfov. Les interventions
publiques sont destinées au développement des approches intégrées pour la gestion urbaine, dans un
cadre de durabilité de l’environnement, ces approches étant reconnues comme essentielles pour
solutionner les problèmes complexes et inter - corrélées ainsi que pour la maximisation du potentiel
urbain. La mise en œuvre de cette stratégie va nécessiter un haut degré de coordination et collaboration
avec les institutions de l’Etat, pour éviter les approches traditionnelles sectorielles et la fragmentation
des attributions et des responsabilités parmi les différents niveaux de l’administration.
Les interventions multidimensionnelles sont projetées et mises en œuvre avec la contribution de la
communauté urbaine intéressée. Ce-ci représente un grand défi pour la gouvernance urbaine et
régionale et nécessite l’implication et l’accord de la population, ainsi que la coopération et la
communication entre toutes les institutions publiques responsables. » [PDRBI, 2006, p. 86, voir aussi :
« Développement urbain et régénération » dans « Priorités territoriales » p. 117)

Toutes les zones choisies pour faire l’objet des projets de régénération urbaine (douze en total)
sont énumérées dans le document. Ces zones ne sont pas forcément des zones représentatives
pour leur patrimoine architectural et urbain tel que le centre historique, ces sont surtout des
zones qui cumulent des difficultés multiples. Ainsi, dans le cadre des zones d’intervention
choisies dans le cadre de la priorité – régénération urbaine, le centre historique de Bucarest
est un cas parmi d’autres « zones affectées par la dégradation et habitées par des groupes
défavorisés », situés en centre ville ou en périphérie14. Les interventions dans ces zones seront
« intégrées », la population serait impliquée dans le processus de conception et de mise en
oeuvre des projets. Dans le document sont énumérés les projets de « développement urbain et
régénération » (les termes vont ensemble), identifiés par la Mairie générale ainsi que par les
Mairies des secteurs, et dont le plus grand est le projet de « Renaissance du centre historique
de Bucarest », projet qui concerne le territoire délimite par l'OG 77/2001.

Le projet de régénération du centre historique va renouveler une grande zone de la ville de Bucarest, qui
se trouve actuellement dans un état avancé de dégradation [PDRBI, 2006, p. 85, « construction de
l’identité régionale et de l’image »]

La Mairie de Bucarest en collaboration avec les administrations des secteurs ont identifié des projets
zonaux pour développement urbain et régénération, le plus grand étant le « Projet pour la renaissance
du centre historique de Bucarest ». La réalisation de ces projets représente un grand défi pour la capacité
de l’administration urbaine et régionale, parce que ils nécessitent l’implication et l’accord de la
population, ainsi que la coopération et la communication entre toutes les institutions publiques
responsables. [idem, p. 118]

14
telles que les quartiers d’habitat collectif construites à partir des années 70 à Bucarest, par exemple

187
Le document attire l'attention sur la capacité de l'administration publique à coordonner ces
projets – « une provocation pour la capacité administrative urbaine et régionale », car ce type
de projets « nécessite l'implication et l'accord de la population, ainsi que la collaboration et la
communication entre toutes les institutions publiques responsables ». Nommer la gestion de
ces projets « une provocation » a plusieurs raisons : c’est une première opérationnelle qui
commencera à partir de 2007, et il s'agit de la capacité de l'administration publique de gestion
ce processus.

L'analyse du fonctionnement de la région a identifié parmi les faiblesses :


- les approches sectorielles traditionnelles, l'émiettement du pouvoir et des responsabilités aux divers
niveaux de l'administration ( ministères, agences gouvernementales, les mairies de Bucarest, les
compagnies privées qui gèrent des services urbains, réduisent la capacité de résoudre des problèmes
multidimensionnelles qui nécessitent une distribution des responsabilités et des actions communes.
- le partenariat entre la population et l'administration publique s'établi exclusivement dans le secteur
de l'assistance sociale, mais il n'est pas opérationnel pour ce qui du développement et de la
régénération urbaine.
- La gestion des terrains dans la région, et le développement chaotique des constructions
indépendamment des infrastructures existantes.
- Les fonctionnaires publics impliqués dans le processus sont peu nombreux et pas qualifiés pour les
défis soulevés par ce type de projets.
- Les citoyens manquent de la confiance dans les institutions de l'administration publique.
[PDRBI, 2006, p.43-44]

En ce qui concerne l’utilisation des termes - durabilité, participation et régénération sont liées.
En fait, les deux derniers sont des moyens pour atteindre la durabilité qui n'est pas seulement
une option technique mais « une option politique – clé des administrations locales » [PDRBI,
2006, p. 82]. Aussi, la participation de la communauté locale est « une importante opportunité
politique. Nous sommes conscients que l'implication des communautés locales dans
l'élaboration et l'implémentation des interventions publiques accroît la complexité de ce
processus, mais il gagnera en cohérence et efficience » [idem]. Les projets de régénération
urbaine nécessitent des interventions complexes, concernant « l'infrastructure de transport, la
régénération de l'environnement, la reconstruction de l'infrastructure sociale, la création des
entreprises et des lieux de travail, la promotion du tourisme et la formation et la participation
de la population ».

Ceci est en accord avec les autres objectifs (qui découlent des objectifs communautaires de Lisbonne) :
l'égalité des chances : les projets de régénération urbaine qui seront mis en place a Bucarest
s'adressent « avant tout, aux groupes défavorisés de la société, minorités ethniques, chômeurs, et autres
groupes vulnérables »,
développement durable : « la durabilité de la régénération urbaine serait assurée par la création
des lieux de travail et des revenus stables dans les zones cible, et par l'augmentation des espaces vertes »,
la société informationnelle : « l'accès à la société informationnelle serait intégré dans les projets
de régénération urbaine à Bucarest, pour offrir des opportunités de formation et de travail pour les
groupes défavorisés ». [PDRBI, 2006, tableaux objectifs européens – objectifs nationaux, p. 120]

Le sujet du centre historique de Bucarest apparaît à plusieurs occasions dans le document, et


fait l'objet des plusieurs secteurs d'intervention – car il s'agit d'une zone urbaine en déclin qui
cumule des problèmes physiques, environnementaux, économiques et sociaux – une
population pauvre, des minorités ethniques (population rome), des problèmes juridiques,
mais elle cumule aussi un important patrimoine architectural et urbanistique de la Capitale.

188
Le centre historique, défini par OG 77/2001, le territoire du projet (a), est caractérisé comme :
- Une des zones marginales de la capitale, une "poche de pauvreté" [PDRBI, 2006, p. 87]
- Dans laquelle habite une partie de la minorité Rome (pas des pourcentages disponibles15)
[idem, p. 81]
- Dans laquelle l'esthétique des interventions architecturales nouvelles est "douteuse" (p. 60)
Le programme estime que le projet du centre historique, après sa finalisation, va contribuer à la
croissance économique par le tourisme. [idem, p. 75]

A part le projet en cours, le projet (a), dans le PNDRBI sont mentionnés d'autres projets qui
concernent des sous zones du centre historique, et ce-ci sont soit des projet positionnées dans
la rubrique « régénération urbaine », soit dans celle du « tourisme et culture » (nous les avons
nommés les projets (c) dans la 2ème partie de notre thèse).
Le budget pour la priorité « régénération urbaine », pour la période 2007 – 2013 serait
de 714 Millions euros, dont 270 MEuros du Fond Européen du Développement Régional
FEDER, 304 MEuros de l'administration locale et 140 MEuros contributions privés [idem, p.
117], soit 13,18% des fonds octroyés pour toutes les priorités du PDRBI, en troisième place
après « accessibilité et mobilité » et « environnement».
Le document donne aussi des indicateurs pour évaluer les projets de régénération
urbaine à Bucarest [p. 160]. Nous avons traduit en français ce tableau et nous le présentons
par la suite, car les indicateurs peuvent constituer une base pour l’évaluation des actions des
acteurs impliqués dans le projet de réhabilitation du centre historique qui constitue notre
étude de cas :

Objectifs spécifiques Les indicateurs des "outputs" Les indicateurs des résultats Les indicateurs de
l'impacte
Conservation des No. des bâtiments réhabilités Surface du centre historique, Image de la capitale
valeurs culturelles dans Surface rénovée réhabilitée améliorée
le centre historique Voirie réhabilitée
Sauvegarde et Km réseaux d'eau potable et canal No. de projets, dont une No. des personnes qui
amélioration de réhabilités component destiné à la bénéficient des
l'environnement urbain Infrastructure concernant durabilité de l'environnement interventions
l'environnement, réhabilitée
L'inclusion sociale et la No. de projets intégrés qui reçoivent No. des projets qui offrent des No. des personnes qui
régénération des zones de l'assistance financière. services pour promouvoir bénéficient des
urbaines à Bucarest, No. de bâtiments modernisés / l'égalité des chances et de interventions
dans un état de reconversions pour des activités l'inclusion sociale pour les
dégradation et habitées sociales. minorités et les jeunes.
par des groupes No. d'activités auxquelles participent No. de projets qui
défavorisés les personnes désavantagées. encouragent les entreprises,
les nouvelles technologies
Contribution à une No. de documents communs émis par Nombre des projets élaborés Confiance des citoyens
meilleure les administrations locales en collaboration avec les dans les
administration et à la Information des citoyens concernant citoyens administrations
délégation des tâches les schémas de régénération urbaine publiques.
planifiés

Ces indicateurs concernent la phase de l'évaluation des projets de régénération urbaine. Pour
ce qui nous intéresse, le projet en cours de réhabilitation du centre historique, nous pouvons
suivre dans notre analyse « les indicateurs des outputs », c'est à dire les actions qui sont en
train de se faire, dans le cadre du projet. Ceci pour analyser les pratiques des acteurs urbains
par rapport au discours des politiques publiques.

15
La majorité de la population Rome habite dans quelques zones des secteurs 1, 2 et 5 de Bucarest, dans le centre
historique et dans 13 localités du Ilfov, [PDRBI, 2006, p. 81]

189
Tous ces termes et définitions que nous avons extraits du texte de ces politiques, se
maintiennent dans un registre général, et en accord avec la terminologie et les objectifs des
politiques communautaires. Nous avons compté une vingtaine d’apparition pour le mot
« intégrée » dans des constructions comme « stratégie intégrée », « interventions intégrées »,
« approches intégrées » , « méthodes intégrées », « concept intégré », « système intégré » ou
« développement intégré ». Pour la notion de « régénération » nous avons compté autour de
soixante apparitions dans « régénération urbaine », « régénération du centre historique »,
« régénération de l’environnement », « régénération économique et sociale des zones
urbaines de Bucarest». Pour la notion de « durable » ou « durabilité » nous avons compté aussi
autour de soixante apparition dans le texte, néanmoins, l’utilisation du terme est beaucoup
plus diversifiée et déclinée, la durabilité semble une dimension à ne pas manquer de toute
activité ou secteur d’activité publique. Nous donnons quelques exemples extraits du
document : développement durable, durabilité, développement économique durable,
développement économique et social durable, création d’emplois durable, développement
urbain durable, croissance durable, développement durable du tourisme, développement éco -
durable, stratégies durables et intégrées, développement durable des projets locaux et
régionaux, infrastructure de transport durable, cadre durable, utilisation durable des
ressources, la durabilité de la régénération urbaine.
Le pas suivant serait la traduction de ces notions en pratique – lors de projets urbains,
où nous allons observer l'appropriation ou le détournement de ce discours par les acteurs
urbains opérationnels.

3.1.4. Aspects de la construction du discours - l'expérience des acteurs


participants à l'élaboration des programmes d'actions

Dans le cadre de l’élaboration du PDRBI, l'Agence régionale Bucarest Ilfov a lancé une
consultation auprès des spécialistes de la région. L’Agence leur a envoyé sa proposition pour la
stratégie de développement régional et a sollicité des réponses à un questionnaire concernant
celle-ci. Le document datait d’octobre 2005 et s'appelait « Cadre régional et stratégique 2007 –
2013. Premier document pour discutions » [ADRBI, 2005]. Dans ce document se retrouvent
les priorités approuvées en 2006. Cependant, la priorité qui nous intéresse – développement
urbain durable – s'appelait en octobre 2005 « Régénération urbaine et conservation. Zones
métropolitaine et urbaines »16. Dans la variante de novembre du même document, la
régénération urbaine est à retrouver dans la priorité territoriale « développement urbain
durable ».
En même temps, le POR, document générique pour les PDR des régions, a été modifié
jusqu'en 2006. En réalité les PDR et le POR ont suivi un processus continu d'amélioration,
jusqu'à leur forme approuvée en 2006 : Le POR, élaboré par le MIE avec le support des huit
Agences régionales a connu des allées - retours entre ses élaborateurs et l'UE.
Les entretiens effectués ont apporté des détails concernant le vécu de ce processus de
« calibrage » des politiques nationales avec les politiques communautaires, et de la définition,

16
Les objectifs stratégiques identifiés dans le cadre de cette priorités étaient : (1) Sauvegarde des valeurs
culturelles dans le centre historique de Bucarest. (2) Inclusion sociale et régénération des zones à Bucarest dans
un état de dégradation urbaine et habités par des groupes désavantagés, (3) Sauvegarde et amélioration de
l'environnement urbain à Bucarest, (4) Amélioration de la capacité administrative et implication des la
population locale. [ADRBI, 2005, pp.161-162]

190
dans le cadre de ce processus, des termes conceptuels et opérationnels du développement
urbain durable et de la régénération urbaine.
Parmi les acteurs interviewés, actifs dans le cadre des projets (a) et (b) qui constituent
notre étude de cas, quelques uns ont participé au processus de consultation dans le cadre de
l'élaboration du POR et au processus de définition et d'identification des projets de
régénération urbaine, au niveau local. Il s'agit des acteurs qui font partie du Groupe 2 –
administration publique régionale et du Groupe 3 – société civile – ONG.
L'entretien avec un représentant d’une ONG qui a participé à la consultation lancé
pour le POR et le PNDRBI, a apporté des détails concernant les savoirs mobilisés lors de
l'élaboration du POR et du PDRBI, en ce qui concerne la définition des objectifs et l'utilisation
des termes.
La personne interviewée est intervenue dans le processus de consultation pour le
PDRBI mais aussi en tant qu’expert dans l'élaboration du POR. Selon ses témoignages, cette
personne a fait partie (a été parmi les initiateurs) d'un groupe d'experts ayant le rôle de
consultants. Ce groupe, créé par l'ordre du ministre, pour une période courte, pour
accompagner l'élaboration du POR, a réuni des experts du ministère de la culture, du
ministère de l'intégration européenne, des institutions de culture, et tout expert identifié, dans
le domaine des programmes européens. Cette expertise avait à la base les formations que ces
personnes ont suivi au cours de leur expérience professionnelle dans le domaine des
programmes et fonds européens (ont été évoqués les fonds PHARE). L'intention de ce groupe
(douze personnes) a été l'amélioration du POR et surtout de la formulation des priorités du
POR qui concernaient la culture (parmi ceci figurait la « régénération urbaine », ayant
incidence sur les zones urbaines avec des monuments d’architecture et des zones protégés, tel
que le centre historique de Bucarest).

[…]nous (l’ONG) avons été dans une certaine mesure les initiateurs d’un group de travail dans le cadre
du Ministère ( de la culture, ma note) … à fin d’intégrer les objectifs culturaux dans l’acte de
programmation. C’est moi qui a initié ceci, […] et ensuite le ministre a donné un arrêté, et on a créé un
group de 12 personnes, les uns venaient du département du patrimoine, les autres étaient du
département de l’intégration, dans le ministère de la culture et encor des autres qui représentaient des
institutions. […] Moi je ne représentais pas vraiment l’ONG, mais plutôt le savoir - faire que j’avais dans
le domaine de l’intégration européenne et les programmes respectives […] et on a appelé des gens qui
avaient l’expertise, qui ont bénéficié des formations dans ce domaine.
L’idée était que ceux qui savaient, qui avaient l’expertise et l’autorité donnée par leurs attributions dans
le cadre du Ministère devrait travailler les programmes… surtout les priorités du Programme
opérationnel, parce que il y avait des erreurs grossiers, à partir de l’utilisation incorrecte du mot
patrimoine - ou peut-être c’était de la mauvaise foi, on ne saura jamais… […] Et on a présenté ça au
Ministère de l’intégration en leur disant que c’est une confusion et un chaos, et la première chose à faire
est un glossaire pour l’usage du Ministère de l’intégration, pour qu’ils ne puissent plus dire qu’ils ne
savent pas quelle est la différence entre ci et ça. […] Apres que le glossaire a été donné à l’équipe qui
travaillait au Programme, au Ministère de l’intégration, la situation s’est améliorée. Une deuxième
chose, on a pris le document et on a voulu expliquer aux spécialistes du Ministère de la culture, dans une
discussion libre, qu’est ce que signifie chaque mot, quelle est la réalité qui lui corresponde sur le terrain,
qu’est ce qui manque. Ceci a été très difficile, je crois que c’était la première fois qu’une chose pareille
était faite, et on l’a fait avec une patience de fer, car tout le monde (les membres du groupe, ma note)
venait du boulot - de 17 heures t jusqu’au 20 heures, trois fois par semaine on a fait cette chose.

Vous avez discuté de la régénération urbaine aussi ? Bien sur…bon…aa… pas vraiment de la
régénération urbaine car en ce moment le problème de la régénération urbaine ne se discutait plus.
Parce que le Ministère de l’intégration européenne […] il y avait plus dans l’énoncé de la Priorité 4, la
régénération, mais le développement. […] Je te dis qu’elle est modifiée car après qu’ils ont envoyé à la
Commission…je te dis avec certitude…ils voulaient modifier et mettre « développement urbain », et pas

191
de « régénération » pour avoir de l’argent pour l’infrastructure. … Et j’ai protesté, j’ai dit que c’est la
seule mesure qui signifie une approche intégrée des projets de type URBAN, et qu’il y a d’autres
financements, provenant d’autres priorités qui pourront être utilisés, inclusivement dans le POR, la
première mesure était l’infrastructure… et que ce n’est pas le cas de reprendre ceci dans des projets de
type régénération. Et c’était nous d’un coté, et eux de l’autre et le texte final a été tel comme ils l’on
voulu …et finalement la Commission a remplacé elle-même la priorité et a mis dans la Priorité 4, projet
de type URBAN. […] l’intervention de la Commission a fait plus que nous avons pu faire dans le
dialogue respectif. […] ceci était en février (2006, ma note) et tout le monde disait… oh, que c’est
difficile, que nous ne touchons pas… Mais vous avez eu l’impression que le concept de projet urbain
intégré a gagné en clarté ? Non ! non… pour les utilisateurs pas du tout, et non plus pour ceux qui font
la programmation… alors nous aurons le problème suivant : maintenant le texte est ok, pour celui qui
saura l’utiliser. [entretien avec un représentant ONG, dans le Groupe 3 – société civile]

Le témoignage de cette personne m'a laissé comprendre que la terminologie utilisée dans le
POR, concernant le patrimoine était incorrecte. Ainsi, un groupe d’experts a travaillé pour
mettre au point un glossaire des termes afin de clarifier le sens de chacun et les différences
entre les termes utilisés. Le groupe a fini sa mission en novembre 2005 et a déposé son
glossaire au MIE.
Même si le groupe des douze experts a fini son activité officielle, une autre idée a pris
forme : garder les relations professionnelles entre les membres, sous forme d'un réseau de
savoirs. La condition pour faire partie du réseau était l’existence de l'intérêt et l'expertise dans
le domaine. Selon l'interviewé, 25 personnes ont répondu à cet appel et ainsi, une première
réunion a eu lieu en novembre 2005, à Bucarest, où, pendant cinq jours, chaque personne
ayant une expérience dans les programmes européens a pu la partager avec les autres
participants, venus de plusieurs régions du pays. Les experts roumains ont ainsi bénéficié
d'une ouverture vers les pratiques européennes avec la participation d'un fonctionnaire
européen, conseiller dans le cadre de l'ADR BI, qui a présenté des cas de régénération urbaine
en Italie.
L’objectif de ces réunions a été la dissémination des informations et des bonnes
pratiques de type URBAN parmi les professionnels roumains. Un CD-ROM avec toutes les
présentations faites durant ces cinq jours a été réalisé et distribué à tous les participants.
Malgré l'enthousiasme des participants (qui ont participé par leurs propres moyens),
un tel réseau s'est avéré difficile à maintenir selon les déclarations de l’interviewée, surtout à
cause du manque de ressources et des difficultés de communication. Cependant, l'idée qui a
pris forme à cette occasion a été la constitution d'un groupe d'experts, dans les problèmes de
patrimoine et régénération urbaine. Sous l’effet du succès des réunions des cinq jours et des
problèmes qui ont été soulevés, l'idée d'un prochain séminaire a pris contour : en décembre
2005, pour discuter des projets de type URBAN, dans le cas de la problématique urbaine de
Bucarest.
A l'occasion de ce séminaire, organisé par une institution subordonnée au Ministère de
la culture, ont participé des acteurs que nous retrouvons dans le groupe 3 – des représentants
de l'association AICI et de l'ONG ATU. La personne interviewée a proposé lors de ce
séminaire la création d'un laboratoire de recherche sur l'urbain et aussi des idées pour définir
un projet de régénération urbaine pour le centre historique de Bucarest. Poursuivre ces idées
s’est avéré une entreprise difficile. Les difficultés rencontrées ont été identifiées par cette
personne comme provenant du manque de communication et de ressources : il s'agit souvent
de personnes qui proviennent soit des ONG soit des entreprises privées soit des institutions
publiques, pour lesquelles l'activité de se constituer en groupe d'action et de réflexion pour le

192
centre historique, passe au second plan après des occupations prioritaires qui leur permettent
de gagner leur vie.
Ce qui est à retenir de cette expérience de rencontre des experts et des savoirs, est le
fait que des acteurs qui se retrouvent dans le groupe 3 – société civile, du projet de
réhabilitation du centre historique, ont participé à ces débats d'idées, qui les ont mis au
courrant des programmes et des normes européennes.
Le rôle qui est revenu à des membres des organisations non - gouvernementales nous a
révélé des caractéristiques importantes de leur profil professionnel : parmi eux se trouvent des
anciens fonctionnaires du Ministère de la culture qui ont suivi des formations concernant les
programmes européens. Le fait d'avoir eu cette expérience professionnelle, dans les
institutions de l'Etat, le fait d'avoir participé à l'élaboration des documents régionaux, et de
vouloir devenir actifs (en tant que représentants de la société civile) dans le cadre du projet (a)
de réhabilitation du centre historique de Bucarest, les désigne comme des acteurs qui
pourraient fonctionner comme une courroie de transmission des notions et des bonnes
pratiques européennes, parmi les autres acteurs du projet de réhabilitation du centre
historique.
Qu'est ce qui se passe parmi les fonctionnaires et les experts employés dans les
institutions qui élaborent ces programmes ? Les entretiens faits auprès des personnes qui
travaillent dans les agences de développement régional ont mis en évidence d'autres aspects de
la construction théorique et pratique de ces programmes.
En effet, ces entretiens m'ont laissé comprendre que les thèmes proposés par les
programmes opérationnels régionaux (développement durable, régénération urbaine
approches intégrées, projet intégré) ont été transmises de haut en bas : le Ministère de
l'intégration européenne a pris les thèmes européens résultant de la politique de cohésion, et a
demandé aux huit Agences régionales de les plier au terrain. La notion de « régénération
urbaine » était à peine connue avant l'élaboration de ces programmes, plus précisément avant
qu'elle soit demandée aux régions par le MIE. Tout comme résulte de la déclaration présentée
auparavant du représentant de l’ONG, le sens de cette notion a été insuffisamment décrypté,
même durant le processus d'élaboration et d'identification des projets locaux.
Une des personnes interviewées, appartenant au Groupe 2 – administration publique
régionale, provient d'une agence régionale Centru (autre que Bucarest Ilfov). Son témoignage
sert à comprendre l'élaboration des objectifs du POR (document générique, au niveau
national). Le POR a été élaboré par le MIE, et les huit Agences régionales ont été consultées.
Selon le témoignage de cette personne, dans une première phase (en 2004), le MIE a demandé
une identification des priorités d’intervention qui devraient être financés dans chaque région.
Ni cette région ni les autres n'a pas trouvé à l'époque, la régénération urbaine parmi les
priorités régionale, et ce-ci parce que « on n'avait aucune idée de ce que c'est la régénération
urbaine ».
Suite à des analyses faites au niveau régional mais aussi après consultation des
programmes opérationnelles des autres pays membres17, L'Agence Régionale Centru a mis en
évidence des priorités d'intervention dans les domaines de l'infrastructure, de
l'environnement, du transport, des infrastructures éducationnelle et sociale, l'environnement
des affaires, la recherche, mais la régénération urbaine n'a pas figuré parmi les priorités. Le
témoignage de cette personne m'a laissé comprendre qu’au niveau des Agences régionales, la
régénération urbaine n'était pas un sujet à l'ordre du jour, surtout parce qu'il n'était pas connu.

17
Tchéquie, Hongrie, Irlande, Programmes élaborés pour la période 2000-2006

193
[…]dans notre activité de planification régionale, nous n'avons pas trouvé qu'on avait besoin de
régénération urbaine, qu’on pourrait réhabiliter des bâtiments dans certains villes, intervenir sur
l'urbain, pour régénérer certaines zones, certains quartiers [...]à l 'époque, nous n'avons pas eu
conscience de ce besoin, ou bien, nos savoirs, les informations que nous avions ne nous ont pas conduit
...et nous n'avions pas l'expertise...je ne sais pas comment expliquer...nous n'avons pas pensé à ça...".
Finalement, ce fut le MIE qui, au début de 2005, a introduit cette priorité, régénération urbaine. En fait,
le ministère a demandé : « essayez de justifier cette priorité dans votre région », ce qui a été difficile car
nous, en s'appuyant sur des analyses, sur des indicateurs, nous devrions justifier une priorité...c’était
difficile...la statistique nationale n'a pas d'indicateurs sur l'urbain. [membre de l’Agence de
développement régional Centru – Groupe 2, Administration régionale]

L'entretien m'a laissé comprendre aussi que cette demande de MIE venait à la suite d’une
recommandation faite au niveau communautaire. Une fois cette priorité demandée par le
MIE, elle a été identifiée par les régions. Cependant, le sens de la régénération urbaine était
toujours pas évident à l’époque. Selon l'interviewé, le ministère (MIE) a défini ce sens, mais
très vaguement, dans une acception large « projets complexes, intégrés, qui ont des
composants sociales, environnementales, économiques, urbaines... ».
Parce que l'intention était d'établir les priorités du POR de bas en haut, les régions ont
avancé leurs propositions. Pourtant, le MIE a élaboré finalement son document, en accord
avec les recommandations européennes, document que nous avons décrit auparavant. Quant
à la priorité développement urbain durable – régénération urbaine, l’interviewé montre que la
priorité a été finalement justifiée au niveau de la région, pourtant, la régénération urbaine a
été perçue en 2005, comme une mesure complètement nouvelle et éloignée de ce qu'on
pouvait penser avec les savoirs existants à l'époque.

Ce manque de savoir dans le domine de la régénération urbaine trouve quelques justifications dans le
discours de l'interviewé : « ce n'était pas clair à quoi ça sert, c'est lié à quoi?...parce que il n'y a pas de
débats sur l'urbain...il n'y a pas une conscience de la qualité de l'environnement urbain...je ne sais
pas...c'est l'ignorance....et les spécialistes ne sont pas visibles...il n'y a pas des débats, le problème n'est pas
visible.... » [idem]

Entre temps, des réunions ont été organisées pour diffuser parmi les acteurs impliqués dans
l'élaboration du POR et des PDR de chaque région, des informations, et pour encourager les
échanges des savoirs et des bonnes pratiques. Une conférence nationale sur le thème de la
régénération urbaine a été organisée à Baia Mare (ville où un projet de régénération urbaine a
été mis en œuvre avec succès). En janvier 2006, des experts italiens ont été invités pour
présenter des projets de régénération urbaine. Selon l’interviewé, le concept était déjà plus
clair, pourtant, la réalisation effective des projets intégrés tels que ceux présentés dans les
exemples italiens, était loin d'être claire.

[…] ce type de projet intégré qui sera financé par des projets de régénération urbaine... a été ... n’est
toujours pas clair pour nous... Comment intégrer toutes ces composante dans un seul projet ?... C’était
évident que, selon les exemples des italiens, le partenariat local était très important dans ces projets de
régénération urbaine, et que ce sont des projets complexes .... [...] ... Nous avons voulu faire un exercice,
et eux, ils n'ont pas compris … nous avons voulu esquisser un projet, et pour cela, nous avons choisi un
quartier à Bucarest ... et nous avons voulu proposer des mesures de développement qui seraient
financées par ce programme régional ... euh bon, nous n'avons pas réussi à communiquer avec eux pour
construire ensemble ce projet. C'était un blocage... un blocage dans la communication... Eux, ils ont
présenté leurs thèses et ils n'ont pas pu... et pourtant ça ne me parait pas compliqué pour eux... ils n'ont
pas réussi à appliquer leurs savoirs à notre sujet..." [idem]

194
Une autre personne interviewée (appartenant au Groupe 2 - administration publique
régionale) nous a permis de partager son expérience lors de l'élaboration du POR et du PDR
de sa région. Elle est de l'Agence de développement Bucarest Ilfov. Son témoignage converge
avec celui présenté auparavant. La notion de régénération urbaine est nouvelle et elle n'a pas
été connue dans l'Agence régionale Bucarest Ilfov, que très récemment, grâce aux échanges
avec les experts étrangers.

Dans notre Agence, nous avons commencé à discuter de la régénération urbaine quand XXX18 est arrivé
...depuis un an et demi...effectivement depuis quand nous avons commencé la re-élaboration du PDR
2007-2013...alors...je ne sais pas...depuis 2005. Le premier séminaire sur ce thème nous l'avons organisé
en juin 2005. [...] XXX a eu l'idée et... même si nous pensions à ce problème, nous ne l'appelions pas
régénération urbaine, d’accord ? Parce que nous n'avions pas travaillé avec le concept, nous n'avions pas
vu des exemples, nous ne savions pas que ceci s'appelle régénération urbaine ... sincèrement, même si
j'avais travaillé avec des fonds européens, il s'agissait de fonds de préadhésion pour la Roumanie, alors
les expériences de URBAN, URBAN I et II, m'étaient inconnus. Maintenant qu'ils sont venus et ils nous
ont raconté leurs expériences, chez nous (dans l'Agence) des italiens, au MIE des britanniques....
[membre de l’Agence de développement régional Bucarest Ilfov – Groupe 2, Administration régionale,
position décideur]

Ce que j'ai compris de son témoignage, est le rôle de pionnier que la personne qui a été le
conseiller de la préadhésion a eu dans l'ouverture des échanges entre les roumains et les
spécialistes étrangers. Et effectivement, cette personne a été en général présente dans toutes les
réunions, nationales ou locales concernant la régénération urbaine. Une autre contribution a
été la traduction en roumain d'un manuel pour l'administration publique, un recueil des
bonnes pratiques dans les projets de régénération urbaine, en Italie19.
Revenant au témoignage de l'interviewé, on note que lui aussi parle de la faible mise en
pratique des savoirs acquis lors de ces réunions « ... malheureusement, et là je me réfère
seulement à ma région, nous ne sommes pas arrivés ensuite à faire des plans d'actions et à
travailler effectivement sur des projets ... nous sommes encore dans un processus
d'identification de projets ».
La lenteur de ce processus a plusieurs causes – le manque de ressources, et parmi ce-ci,
le manque de personnel qualifié dans les agences est important, ainsi que le rythme de
administrations locales qui sont censées d’identifier les projets – car, même si les priorités
arrivent de haut en bas, les projets doivent être formulés au plus proche du terrain – donc par
les mairies de secteur et la Mairie Générale. Cependant, si ces projets ne sont pas sollicités par
le haut, ils ne sont pas formulés par le bas, et si les projets n'existent pas, les régions ne
peuvent pas accéder aux fonds européens.

Personne ne nous a pas empêché d'aller les chercher et les persuader ... mais nous n'avons pas de
personnel. /c'est qui, « eux »?/...c'est les Mairies, les Mairies des secteurs, parce que, je répète, je
considère très important que non seulement la Mairie (générale, ma note), mais aussi que les Mairies
des secteurs élaborent des projets...des tels projets, c'est à eux de prendre l'initiative....et ils n'auront pas

18
Économiste, conseiller concernant l'adhésion à l'UE, dans le cadre du projet de jumelage, financé par l'UE,
programme PHARE, RO 2003/IB/SPP/04-06-08, entre les Agences de développement régional Sud-Ouest
Oltenia, Nord - Ouest et Bucarest - Ilfov de Roumanie, et Région Lazio, Région Veneto, Région Siciliana et
Région Basilicata d'Italie.
19
Pe mai multe voci. Administratii publice, intreprinderi, asociatii si cetateni in procesele decizionale inclusive
/ A plusieurs voix. Administrations publiques, entreprises, associations et citoyens dans les processus
décisionnels – approches inclusives. [Bobio, 2004]

195
cette initiative s'ils n’ont pas quelqu'un pour leur mettre la pression ...qu'il s'agisse de moi, ou de la
société civile, ou....
Mon rôle (le rôle de l'Agence, ma note) est d'être un organisme intermédiaire pour les fonds
structuraux. Je devrais octroyer l'argent pour ce type de projets/ et la Mairie, est-elle consciente de ce-
ci ? / Oui, de ce-ci oui, mais ce qu'ils ne savent pas encore....pour moi, ça m'était agréable de travailler ici
tranquillement l'organigramme, les procédures, d'embaucher des gens, et d'être sûr qu'à partir de 2007 je
serais capable de gérer des projets. Mais mon souci est que je ne les aurais pas ces projets, alors je dois
faire quelque chose pour que ces projets apparaissent. Ce que nous avons fait jusqu'à là, a eu un certain
impact dans le sens que les gens ont commencé a se familiariser avec ce que tout ça signifie, j'ai vu ceci à
la Mairie et dans quelques secteurs, mais le travail effectif n'a pas encore commencé, et ce-ci est un
problème à résoudre rapidement, dans les mois qui suivent. [...] Oui, la communication existe, on va
franchir le pas suivant dans deux - trois semaines quand nous aurons la réunion du Conseil régional et
nous aurons présenter le document (le PDRBI ma note) et tous les projets ... Et on va encourager la
Mairie pour former une unité chargée du développement du projet, et nous serions heureux d'être
inclus dans cette unité et que notre parole soit prise en compte. En même temps, la Mairie est libre de
choisir son approche de développement du projet. Quant à moi, je ne peux que faire des
recommandations – attirer le plus d'acteurs possible – les secteurs, les ONG, les associations, et ainsi de
suite, mais en fin de compte, c'est la Mairie qui choisit son approche. [membre de l’Agence de
développement régional Bucarest Ilfov – Groupe 2, Administration régionale, position décideur]

Les programmes d’action publique présentés jusqu’à ici, le Programme du Gouvernement


roumain pour la période 2000 – 2006, le Programme opérationnel régional et le Programme
de développement de la région Bucarest Ilfov (2007 – 2013), ainsi que le programme de la
Mairie de Bucarest pour la période 2000 – 2008, montrent une cohérence au niveau du
discours et des objectifs stratégiques énoncées. La cohérence existe aussi au niveau du
vocabulaire entre ces programmes locaux, nationaux et les politiques européennes. L’analyse
des textes de ces programmes roumains, ainsi que les témoignages des acteurs qui ont
participé à leur construction, nous ont laissé comprendre que entre l’utilisation des notions de
développement durable, régénération urbaine et projet intégrée / approche intégrée dans les
textes et leur utilisation effective en pratique, c'est-à-dire leur opérationnalisation lors des
projets urbains, existent des écarts. Les notions sont utilisées parce que leur présence (dans les
discours et dans la pratique) est demandée par le haut, comme condition du processus
d’harmonisation avec les politiques européennes. La difficulté principale vient du fait que les
notions sont utilisées, mais leur sens reste encore trop abstrait pour être transposé dans la
pratique.

196
2. La réhabilitation urbaine du centre historique dans
les récits des acteurs interviewés

Dans ce chapitre nous analysons les entretiens conduits auprès des acteurs du projet, identifiés
dans la méthodologie, présentée dans la première partie de la thèse. L’analyse du discours
produit lors des entretiens a deux objectifs – identifier les représentations des acteurs
concernant ce que devrait être la réhabilitation du centre historique (l’univers symbolique), et
les pratiques invoquées pour la mise en œuvre de ce projet (univers des pratiques). Une fois
ces deux univers identifiés, nous allons essayer d’identifier les écarts entre les discours des
acteurs et leurs pratiques, ainsi que le rapport qui existe entre le discours des acteurs et le
contenu des politiques urbaines et des programmes d’action, analysés auparavant.
Nous avons fait une analyse thématique du discours produit lors des entretiens, suivie
de l'analyse des signifiants / signifiés, pour chaque entretien. Les résultats des ces analyses ont
été regroupés dans des tableaux de synthèse. Cette synthèse met en évidence les relations que
nous recherchons par groupe d’acteurs. Elle est présentée dans Vol. 2, « Annexe 2ème et 3ème
partie, Synthèse de l’analyse du discours » [pp. 50 -94].

2.1. L’analyse thématique


En ce qui concerne l’analyse thématique, les tableaux regroupent les thèmes qui ont été
discutés lors des entretiens. Ces thèmes ont été soit proposés par moi-même, durant
l'entretien, soit sont apparus dans le discours de l'interviewé, sans que je les demande
explicitement. Lors de l’analyse, les thèmes ont été groupés dans deux tableaux : l’un
représentant l'univers symbolique et l'autre l'univers des pratiques du projet. Les thèmes ont
été identifiés comme principaux ou secondaires, par rapport aux objectifs de l’analyse.
Pour l'univers symbolique les thèmes principaux qui ont été mis en évidence sont : (1)
concepts, notions, valeurs objectifs et (2) modèles. Les interviewés ont développé leurs récits
plutôt dans la zone des pratiques que dans la zone abstraite des concepts. Ainsi, pour l'univers
des pratiques, les thèmes principaux sont plus nombreux et regroupent une multitude des
thèmes secondaires. Par exemple, quand les acteurs interviewés font référence à des modèles,
ces modèles appartiennent plutôt à l'univers des pratiques qu'à un univers de notions et
valeurs générales. Ainsi, pour l'univers des pratiques, les thèmes principaux ont été formulés
comme suit : (1) cadre législatif /normatif, (2) politiques publiques / programmes, (3) la
politique, (4) stratégies, projets, études concernant le centre historique de Bucarest, (5) acteurs
institutionnels, (6) collaboration entre acteurs, (7) rôles des acteurs, (8) aspects pratiques
traités dans les études ou durant l'entretien, (9) organisation de l'intervention dans le centre
historique, (10) communication du projet, (11) communication des problèmes locaux,
(12)effets positifs des interventions, (13) problèmes rencontrés.
Pour établir une synthèse claire, nous avons regroupé les thèmes principaux dans
quelques catégories : « le cadre des pratiques » (de 1 à 4), « les acteurs » (de 5 à 6), et « les

197
pratiques » (de 7 à 13). Les thèmes abordés par chaque groupe d'acteurs ont été marqués dans
le tableau par un carreau gris (visible dans les tableaux détaillés, en annexe) ce qui facilite la
perception rapide des thèmes traités par chaque groupe d’interviewés. Pour un regard
d'ensemble, les tableaux regroupant les thèmes des deux univers, symbolique et des pratiques,
pourraient être résumés comme suit :

Univers symbolique
les thèmes traités Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
univers symbolique

principaux spécialistes, administration administration administration associations locales,


bureaux d'études publique locale publique centrale publique ONG, organisations
régionale professionnelles
(1) concepts,
notions, valeurs
objectifs
(2) modèles

Univers des pratiques

les thèmes traités Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3


principaux secondaires spécialistes, administration administration administration association locales,
bureaux publique publique publique ONG, organisations
d'études locale centrale régionale professionnelles
(1) cadre législatif /
normatif
le cadre (2) politiques
des publiques /
pratiques programmes
(3) la politique
(4) stratégie
(5) les acteurs
univers des pratiques

institutionnels
acteurs
(6) la collaboration
entre les acteurs
(7) les rôles des acteurs
(8) aspects pratiques
traités dans les études
ou durant l'entretien
(9) organisation de
l'intervention dans le
les centre historique
pratiques (10) communication
du projet
(11) communication
des problèmes locaux
(12) les effets positifs
des interventions
(13) les problèmes
rencontrés

Des 26 personnes contactées, une vingtaine d’entretiens ont été enregistrés et transcrites, les
interlocuteurs étant présentés dans la méthodologie, tableau de la page 94. Les tableaux
détaillés des univers symboliques et des pratiques sont à retrouver en Vol2. Annexes,
« Annexe 2ème et 3ème partie, Exploitation des entretiens / Synthèse de l’analyse de discours.
Analyse des thèmes », pp. 50 - 60.

198
A titre explicatif, nous donnons ici un extrait du tableau de synthèse, relatif à l’univers
symbolique :
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires associations
spécialistes, administration administration les agences de
locales, ONG,
bureaux publique publique développement
associations
d'études locale centrale régional
professionnelles
RRR Bucarest - défini dans le
Programme de la Mairie
développement durable
Développement intégré
Projet intégré
Régénération urbaine intégrée
Régénération urbaine
Régénération du CI
Restructuration urbaine
(1) Récupérer le CI
concepts, conservation
notions,
restauration
valeurs
patrimoine culturel
objectifs
patrimoine
Valeurs identitaires de la ville
Ressource identitaire
participation
Participation des citoyens
(urbanisme moderne)
communication
consultation
intérêt commun

Ainsi, sur cet extrait du tableau nous pouvons constater que l’ensemble des interviewés a
utilisé l’expression « régénération urbaine », alors que personne ne fait référence au
Programme de la mairie et très peu au développement durable (le Groupe 1). Nous pouvons
constater qu’il y a des termes qui dérivent de la régénération urbaine et du projet intégré, et
qui sont employés par les interviewés : régénération urbaine intégrée, développement intégrée.
Nous avons constaté aussi que c’est surtout les acteurs du Groupe 3 qui parlent de
communication et de consultation des citoyens.

2.1.1. Analyse des thèmes - L'univers Symbolique :


Les thèmes de l'univers symbolique sont souvent des thèmes que j’ai proposé aux interviewés :
développement durable, projet intégré, régénération urbaine, réhabilitation, reconstruction et
revitalisation urbaine. Ce sont des thèmes qui se retrouvent dans les récits produits par la
Mairie générale de Bucarest – principalement dans son Programme de développement de
Bucarest 2000-2008. Durant les entretiens, j’ai constaté que les acteurs n’ouvrent pas
spontanément le débat sur ces thèmes. A la consigne ainsi formulée, ils répondent assez
brièvement.
Pour ce qui est de l’appropriation des politiques et programmes d’actions en cours, il
est apparu que les acteurs soit ne sont pas au courant du Programme de la Mairie, soit s'ils le
connaissent, ce programme ne constitue pas forcement leur cadre de référence. L’analyse des
signifiants / signifiés apportera, plus lois, plus de précisons sur ce point.
Le thème qui parait le plus familier à tous les acteurs, semble être la régénération
urbaine. Cependant la majorité des interviewés le traite comme quelque chose qui est sous-
entendu, comme une évidence, un concept complexe qu'on n'a pas trop besoin de débattre, vu

199
que c'est ce qu'il faut faire. De nouveau, l'analyse des signifiants / signifiés sera plus éclairante
sur ce point là.
Les thèmes de l'univers symbolique montrent que les notions mentionnées auparavant
sont rentrées dans le vocabulaire, mais pour le moment ils sont au niveau d'une présence
formelle dans le vocabulaire technique, sans être encore appropriés par les acteurs
institutionnels.

2.1.2. Analyse des thèmes - L'univers des pratiques :


L'univers des pratiques est beaucoup plus riche en thèmes. Cependant il n'est pas sans écho à
l'univers symbolique. Mais à l’insu de ce qui résulte de cette analyse thématique, il semble que
ces deux univers s'installent et fonctionnent avec des vitesses différentes. Suivant le tableau
détaillé des thèmes de l'univers des pratiques (présenté en Vol. 2, Annexes, pp. 52-60),
quelques observations sont à faire par thème :

(1) Le cadre législatif / normatif [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 52]


En regardant les thèmes secondaires, on remarque que le cadre normatif invoqué par les
acteurs est constitué par la législation nationale concernant l'aide de l'Etat, le partenariat
public - privé et les acquisition publiques, lois qui sont harmonisées avec la législation
européenne, et qui ont un impact important dans l'urbanisme opérationnel. Entre autre, ces
lois règlent les choix des équipes maîtres d'oeuvre et les modalités de l'allocation de l'argent
public pour des projets publics. Plus spécifiquement, des arrêtés Gouvernementaux (OG)
indiquent les modalités générales d'organisation et de financement dans le cadre du projet de
réhabilitation du Centre historique, et les plans d'urbanisme indiquent les modalités de
l'occupation du sol (PUZ – plan d'urbanisme zonal). De ce cadre normatif, les plus évoqués
dans le discours des acteurs sont l'arrêté gouvernemental OG 77/2001 pour délimiter le
périmètre d'intervention, et le PUZ en tant que cadre de réglementation d'urbanisme
(occupation du sol).

(2)Les politiques publiques / programmes [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 52]


Les thèmes secondaires indiquent un champ large pour les politiques publiques et surtout
pour les programmes qui pourraient avoir une incidence sur le projet : des programmes au
niveau de l'Union européenne et des Nations Unies, des politiques nationales de
développement régional, jusqu'au niveau local – le Programme de la Mairie.
Les politiques gouvernementales n’ont pas été invoquées lors des entretiens. Parmi les
politiques publiques, la plus proche du terrain, le programme de la Mairie – « Réhabilitation,
reconstruction et revitalisation urbaine à Bucarest » semble pourtant d’être méconnu par tout
le monde, avec une seule exception – un des interviewés du Groupe 2 - administration
publique locale (membre du CPUMB, bureau d’étude de la Mairie). Le programme de la
Mairie est soit complètement inconnu, soit les interviewés font référence au programme
Multisecteur de la Mairie, ce qui n'est pas la même chose20. Ceci pourrait avoir plusieurs

20
Rappel : le 24 avril 2003, la Mairie a démarré le "Programme Multisecteur " financé par la BERD. Ce projet a
trois volets : (1) la réhabilitation de l'infrastructure dans le centre historique, (2) l'amélioration du trafic et du
transport en commun, (3) réhabilitation du système du chauffage collectif, les derniers deux volets concernant
l'ensemble de la vile de Bucarest. Dans le cadre de ce programme, la Mairie intervient sur un périmètre restreint,
situé dans le centre historique, il s'agit du périmètre du Projet Pilote - donc du projet (b) - Réhabilitation de
l’infrastructure.

200
causes. Le programme de la Mairie a été rédigé et publié en 2004, sur Internet, après le
commencement des études pour le projet de réhabilitation du centre historique (en 2002). Le
programme Multisecteur est le seul programme qui est arrivé dans la phase opérationnelle et,
par conséquent, il est le plus connu.
Le programme de développement régional est connu par les Agences de
développement régional et par l’administration publique locale, mais c'est un programme qui
a été crée récemment et qui se trouve dans la phase d'identification et d'énonciation de projets
de régénération urbaine. En regardant le tableau de synthèse [Vol. 2, Annexes, p. 52], nous
nous apercevons qu’il n'y a pas de programme connu et partagé par tous les acteurs.
Les interviewés de l'Agence de développement régional connaissent le contexte des
politiques et programmes européennes, car ils font partie des institutions chargées avec la
gestion des fonds structuraux après l'adhésion. Les Agences régionales ont un rôle technique
auprès du Ministère de l'intégration européenne, elles oeuvrent pour faire émerger des projets
capables d'utiliser les fonds structuraux européens.
D’autres interviewés qui connaissent les politiques et les programmes européennes
ayant une incidence sur le projet urbain sont les associations de la société civile (Groupe 3).
Les interviewés faisant partie de l'administration publique centrale parlent des
politiques publiques dans le champ de l'urbain comme de quelque chose à faire dans l'avenir.
L'analyse thématique dévoile un cadre normatif et programmatique partiellement
défini et connu par les interviewés, qui sont en fait les acteurs opérationnelles du projet. En
regardant le tableau, on ne trouve pas un seul programme qui soit connu par tous les acteurs.
Les programmes connus par la plupart des acteurs sont les programmes de développement
régional récemment définis et les programmes PHARE. Cependant, le Programme selon
lequel la Mairie gère l’intervention dans le centre historique ne se trouve pas parmi ces deux
programmes et reste méconnu par la majorité des acteurs. Même à l’intérieur de la Mairie, les
interviewés appartenant à des directions différentes, évoquent des programmes différentes – le
membre de CPUMB évoque « un programme de régénération et restructuration urbaine »
tandis que le membre du projet pilote de réhabilitation de l’infrastructure, évoque le
programme Multisecteur. Tenant compte des inexactitudes inhérentes qui peuvent apparaître
dans le discours produit lors de l’entretien, cette observation sera complétée par l’analyse
signifiant / signifié de la notion de régénération / réhabilitation urbaine, qui nous permettra
de répondre aussi à la question sur l’existence d’un programme connu par les acteurs, sinon
des objectifs communs aux acteurs, et sur le programme politique qui les sous-tend.

(3) La politique [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, pp. 52 - 53]


Les thèmes regroupés dans cette catégorie évoquent des divergences et des conflits entre les
acteurs décideurs du projet : L’appartenance politique du maire et des membres du Conseil a
une influence déterminante sur la prise de décision et sur la définition des priorités de l'action
publique. Tous les interviewés font référence à une administration publique qui agit selon les
intérêts des politiques, qu'il s'agisse de divergence d'orientation politique à l'intérieur de la
Mairie ou entre la Mairie et l'administration publique centrale. Les interviewés font cette
remarque quelque soit leur position. Les interviewés professionnels soulignent l'instabilité
engendrée par les cycles électoraux et ils estiment que les mentalités des politiciens devraient
changer pour qu’un processus cohérent d’intervention sur la ville puisse s’enchaîner à long
terme. Les interviewés de l’administration publique centrale et locale évoquent les conflits à
l’intérieur de ces administrations pour justifier les blocages apparus dans le déroulement du
projet. Les interviewés de la société civile évoquent les mêmes aspects. Les thèmes regroupés

201
dans cette catégorie, plus précisément l’existence des divergences et des conflits entre les
acteurs opérationnels du projet, pour des causes politiques, semble être un consensus pour
tous les acteurs interviewés.

(4) Les stratégies, projets, études concernant le centre historique de Bucarest. [tableau
présenté en Vol. 2, Annexes, p. 53]
La multitude des thèmes secondaires regroupés ici montre la quantité d’études et des projets
élaborés au long des années, des fois en même temps, et des fois pas corrélés. Ces sont des
études et des projets qui ont des initiateurs, auteurs, financeurs divers et qui ne sont pas
corrélés. Les seuls projets finalisés sont des petits projets qui ont eu comme objet
l'organisation des évènements, des « happenings » dans le centre historique, avec l'implication
active des organisations du Groupe 3 – société civile. L'impact de ces projets a été réduit, étant
limité à des actions de communication destinées à rendre visible le centre historique.
Le seul projet qui est connu par tous les interviewés est le projet de réhabilitation de
l’infrastructure, issu du programme Multisecteur, qui rejoint le programme de réhabilitation
intégrée du centre historique sur quelques objectifs mais qui ne couvre pas la multitude des
aspects d’un projet de régénération urbaine. Le PUZ pour la réhabilitation du centre
historique est aussi connu par la majorité des interviewés (à l’exception des acteurs de
l’Agence régionale Bucarest Ilfov). Le PUZ est une étape dans l’opérationnalisation d’un
programme d’action, cependant, les interviewés font référence au PUZ et non pas au
programme.

(5) Les acteurs institutionnels. [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 54]


Dans cette rubrique nous avons listé tous les acteurs (il s’agit des acteurs cités par chaque
interviewé) qui sont intervenus à un certain moment dans le projet. Les cases cochées du
tableau indiquent en fait qui est identifié comme acteur par qui – cela donne une image du
degré de connaissance que les acteurs opérationnels ont les uns des autres. Parmi les acteurs
identifiés ce n'est pas avec tous qu'on collabore. Ainsi, nous avons complété cette rubrique
avec une autre – la collaboration dans le cadre du projet. En regardant le tableau on voit
clairement que le groupe qui identifie et connaît la majorité des acteurs qui sont intervenus
dans le projet, est le Groupe 3 – les associations de la société civile. Les acteurs de ce groupe
sont actifs dans le domaine du relationnel. Ils n'ont pas les moyens d'intervenir seuls, alors ils
cherchent des alliés et des sponsors parmi ceux qui pourraient avoir un intérêt dans ce projet.
Les groupes les plus fermés semblent d'être les Groupes 2 – administration publique locale et
centrale – qui identifient comme partenaires ou collaborateurs (avec quelques exceptions) des
acteurs appartenant au même groupe qu'eux.

(6) La collaboration entre les acteurs. [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 55]
Cette rubrique pourrait être résumée ainsi : Les spécialistes (bureaux d'études) collaborent
avec la Mairie ou le Ministère des travaux publics, pour lesquels ils élaborent des études. La
Mairie collabore avec les spécialistes leur commande des études, mais, pour le moment, elle
n'identifie pas des collaborateurs en dehors de cette institution - parmi les associations de la
société civile (à l'exception de AICI) et non plus au niveau régional. La collaboration entre la
Mairie ou les Ministères d’un coté, et les spécialistes qui élaborent les études de l’autre coté,
peut être résumée ainsi – la Mairie passe la commande, les spécialistes répondent, et la
collaboration s'arrête là. Une fois l'étude élaborée, les auteurs n'ont plus de rôle dans le projet,
ils ne sont pas consultés pour accompagner le déroulement du projet.

202
Le Groupe 3 identifie et développe des relations avec la majorité des acteurs. Le Groupe 2 –
Agence de développement régional est par ses attributions21 le groupe le plus « branché » aux
acteurs et aux pratiques européens, mais, pour le moment, il ne participe pas dans les projets
locaux.

(7) Le rôle des acteurs. [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, pp. 55 - 56]
Cette rubrique nous montre que le seul groupe qui se donne comme tâche la communication
de ce qui se passe dans le centre historique, est le Groupe 3 – société civile.

(8) Les aspects pratiques traités dans les études ou durant l’entretien [tableau présenté en Vol.
2, Annexes, p. 56 - 57]
Cette rubrique est à regarder en corrélation avec la précédente – car le rôle que chaque
interviewé s'attribue ou lui est attribué par un autre interviewé, lors de l’entretien, ainsi que la
façon dont il traite le projet est à regarder en corrélation :
Les spécialistes ont été consultés pour élaborer des études. Lors de l’élaboration des
études, ils ont cerné souvent une multitude d'aspects dans leurs études : économiques,
juridiques, sociales, culturels, liés à l'état physique des bâtiments et des lieux. Leur rôle a été
limité à celui d'exécutant qui répond aux thèmes formulés dans le cahier des charges, par
l'administration publique. Les administrations n’agissent pas en concertation, par conséquent,
les études n’ont pas été corrélées.
L'administration publique locale agit plutôt sur les aspects physiques et économiques,
et même si elle se déclare consciente du reste des dimensions du projet, elle n'insiste pas
beaucoup sur ces dernières, en ce moment. L'administration publique centrale traite le projet
au niveau théorique et ceci est à mettre en relation avec le fait que, pour le moment, elle n'a
aucun rôle dans le projet qui est en cours. Les interviewés de l'administration publique
centrale indiquent pour l’Etat un rôle de accompagnateur ou d’incitateur de tels projets, par
des politiques qui seront à définir dans l’avenir. Les interviewés de l'Agence de développement
régional rappellent aussi la complexité du projet et mentionnent la plupart des aspects, en
insistant sur la requalification de l'espace public comme lieu de rencontre de la communauté
du quartier. La nécessité de faire des projets d'intérêt public et le rôle que l'Union européenne
peut avoir dans la réalisation de ces projets sont soulignés.
Les interviewés des associations de la société civile, distinguent aussi une multitude
d'aspects et insistent sur ceux qui sont liés à la communication entre les acteurs du projet et la
création / mise en valeur d'un espace public. Ils sont aussi conscients du rôle que les
programmes de régénération urbaine de l'Union européenne pourraient jouer dans la relance
du centre historique, et ont une connaissance de ceux – ci, grâce aux formations
professionnelles des membres de ces associations, mais aussi parce qu'ils cherchent de l'appui
et des financements en dehors de l'administration publique.

(9) L’organisation de l'intervention dans le centre historique. [tableau présenté en Vol. 2,


Annexes, p. 57]
Le projet de réhabilitation du centre historique est dans la phase d'organisation d'une
structure opérationnelle qui va coordonner les actions. Ainsi, il ne s'agit pas encore de la

21
Le Mie est l’autorité de management pour le POR 2007 – 2013, et les huit Agences de développement régional
sont des institutions intermédiaires pour la mise en œuvre de celui-ci. Le POR 2007 – 2013 est un programme
sectoriel résulté du processus d’harmonisation avec l’UE, et qui constitue la base pour les projets qui pourront
accéder aux fonds structurels communautaires pour la période 2007 – 2013.

203
réalisation des travaux, mais de l'organisation du projet. Cependant, des mesures appartenant
à la phase opérationnelle ont été prises par l'administration publique. Dans ce contexte, tous
les interviewés sollicitent la création de cette structure qui va coordonner le projet. La formule
invoquée par les interviewés est une agence de développement (Groupe 1 et 2) ou d'un groupe
de communication et réflexion sur le projet (Groupe 3).

(10) Communication du projet et (11) Communication des problèmes locaux. [tableau


présenté en Vol. 2, Annexes, p. 57 - 58]
Le projet n'est pas présenté par un dialogue direct entre les acteurs opérationnels concernés
mais par l'intermédiaire de la presse : autrement dit, c'est la presse qui publie des articles
concernant l'état du centre historique, ou des prises de positions des association locales. Les
fonctionnaires de la Mairie et le Maire soit réagissent par la suite, soit font des annonces par
l'intermédiaire de la presse.

(12) Les effets positifs des interventions [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 58]
L'administration publique locale est la seule a identifier des effets positifs de leurs propres
interventions (il s'agit de l'interdiction de la circulation auto dans la zone).

(13) Les problèmes rencontrés [tableau présenté en Vol. 2, Annexes, p. 58 - 60]


La liste des problèmes identifiés par les interviewés est longue, et montre que les mesures
prises par les autorités ne sont pas populaires. Tous les interviewés, à l'exception de
l'administration publique locale (qui est chargée en fait avec la clarification du statut juridique
des propriétés) identifient comme problème le statut juridique de la propriété. Les interviewés
de l'administration publique locale, identifient comme problème la présence d'une majorité
des gens qui squattent les immeubles dans le centre historiques. Des interviewés appartenant
au Groupe 2 - administration publique centrale et régionale ont signalé la corruption au sein
de l'administration publique, et le fait que l'appartenance à un parti politique joue comme
critère dans la prise de décision. Tous les interviewés du groupe 2 - administration publique,
notent le manque de personnel qualifié. Tous les interviewés impliqués dans les projets
identifient comme problème le manque de communication et de collaboration entre tous les
acteurs du projet.

Cette analyse des thèmes nous a permis de mettre en évidence les notions que nous allons
retenir dans la suite de la recherche afin de conduire une analyse plus fine par une approche
signifiant/ signifié. Ces notions sont
a) des concepts dont nous nous sommes proposé à clarifier le contenu depuis le départ
de notre analyse. Il s’agit de :
− le développement durable
− la régénération urbaine
− les modèles
b) des notions qui renvoient à la pratique du projet, qui occupent une place importante
dans les discours produits lors des entretiens :
− la communication
− les rôles et la collaboration entre les acteurs

204
2.2. Analyse des relations signifiant / signifié
A l’issue de cette analyse thématique, nous nous sommes engagée à comprendre par une
approche signifiant / signifié, ce que chaque acteur mettait derrière les notions que nous avons
retenues. Cette analyse a été conduite à partir des interviews menées et à partir des documents
écrits dans lesquels ces mêmes personnes se sont exprimées (cahier des charges du projet, la
Stratégie et le plan d’action élaborés dans le cadre du PUZ). Ainsi le thème a été traité comme
« signifiant » (l’objet dont on parle) et ce qui a été dit sur ce thème constitue « le signifié ».
Les résultats de cette analyse ont été consignés dans des tableaux présentés en annexe (pp. 61 -
94). A titre d’exemple, nous pressentons ici un extrait :

développement Groupe 2 - Administration publique centrale


durable ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques

à l'occasion de thème lancé, mais pas débattu


l'entretien
dans les
documents
écrits
cahier des développement durable des zones urbaines (pour dans le contexte de l'alignement aux normes européennes, le cahier
charges élaboré la stratégie et plan d'action pour la réhabilitation de charge donne comme exemple les programmes de l'Agence
par le Ministère et la revitalisation du CIB) Européenne de l'Environnement - avec l'objectif de veiller sur un
des travaux équilibre entre l’environnement et le développement socio-
publics. économique dans le cadre de la ville. Les préoccupation des
administrations publiques en Roumanie s'inscrivent déjà dans cette
orientation, et des projets concernant le réhabilitation et
revitalisation du CIB sont inscrites sur les agendas européennes,
pour des financements PHARE

Les tableaux ont été réalisés pour chaque thème et pour chaque groupe d’acteurs interviewés
(Groupe 1 – universitaires, Groupe 2 administration publique, Groupe 3 – société civile).

Tout d’abord, cette analyse tente de reconstituer l’univers des représentations des acteurs du
projet, et par conséquent, nous allons analyser les thèmes de l’univers symbolique (le
développement durable, la régénération urbaine, les modèles). Ensuite, nous allons explorer
plus en détail quelques thèmes de l’univers des pratiques (la communication, les rôles et la
collaboration entre les acteurs), ce qui nous permettra de confronter ces deux univers,
symbolique et de pratiques, afin d’essayer à comprendre les rapports.
L’analyse des thèmes en tant que signifiants se propose de vérifier ainsi l’hypothèse de
cette thèse, que nous rappelons ici en bref :

La problématique du développement durable définie par l’Union européenne pourrait


orienter :
− le renouvellement des pratiques d’urbanisation à Bucarest, dans un cadre normatif
défini par les normes et les politiques européennes.
− la formation du référentiel théorique des actions à Bucarest, par normes et les
pratiques européennes de la régénération urbaine, qui seraient utilisées en tant que
modèles.

L’objectif de cette analyse est de voir si les représentations que les acteurs opérationnels se font
de ces notions, autant dans la théorie que dans la pratique, correspondent à la définition
européenne des termes (tels que nous les avons présentés dans la première partie), mais aussi
à l’emploi de ces termes dans la législation roumaine et les documents d’urbanisme (présentés

205
en début de 2ème partie), ainsi que dans les programmes politiques roumains (présentés en
début de cette 3ème partie). Plus explicitement, nous allons observer ce que les acteurs pensent
de ces notions (car le projet, tel que nous l’avons vu jusqu’à là, est énoncé en les utilisant),
ainsi que le rapport entre ce qui pensent les acteurs urbains sur ces notions et ce qu’ils font
dans la pratique. Nous allons observer aussi le rapport des représentations et pratiques de
réhabilitation du centre historique, avec les théories et des pratiques européennes de
régénération urbaine.
En faisant l’analyse signifiant / signifié, nous nous sommes rendue compte que les
thèmes discutés et ce qui a été dit à leur sujet ne représentent pas tout le savoir de l'interviewé
sur le thème respectif, mais plutôt la façon dont ce dernier a réagit aux relances lors de la
discussion, ce qu'il s'est rappelé, sinon ce qu'il a jugé qu'il faut dire. C'est ainsi que, pour la
synthèse des signifiants / signifiés nous avons présenté deux rubriques pour chaque « thème
signifiant » – une qui présente les signifiés que nous avons identifiés analysant les entretiens,
et une autre qui présente les signifiés identifiés dans les documents écrits produits par les
interviewés (cahiers de charges, études).
Nous avons fait ces deux rubriques non pas pour compléter l'une par le contenu de
l'autre, mais plutôt pour montrer qu'il y a un vocabulaire officiel du projet, mobilisé lors des
programmes de la Mairie, de la rédaction des cahiers de charges, de la documentation
concernant le projet en général. Ainsi, ce vocabulaire comprend des formules qui composent
une sorte de laisser passer dont la présence est devenue nécessaire dans le contenu formel des
récits techniques. Dans des circonstances informelles, telles que l'entretien, quand on évoque
le projet ou les études préalables, les récits se bornent plutôt à évoquer des termes qui
expriment le plus souvent les problèmes techniques d'un territoire bien circonscrit, qui est le
territoire du projet.
Nous supposons que ce laisser passer sert à donner un sorte de légitimité
institutionnelle au projet – c'est a dire son inscription dans le discours et objectifs officiels des
institutions qui le financent et qui le portent. Plus précisément, nous avons observé que si
l'objectif officiel des institutions est « faire le développement durable », on va retrouver un
vocabulaire utilisant les termes tels comme « projet urbain intégré » – dans les documents
officiels écrits (tels les cahiers de charges ou programme d'action de la Mairie). Si nous
regardons le projet du point de vue de l'Agence de développement régional, il pourrait faire
l'objet des financement des fond structuraux pour la période 2007 - 2013, il devrait alors être
formulé pour répondre à la logique des politiques européennes, et par conséquent il fera appel
au vocabulaire et aux pratiques des projets européens de type URBAN. Par la suite nous
présentons le résultat de l’analyse par thème, les tableaux de synthèse de l’analyse signifiant /
signifié sont à consulter en Vol. 2. Annexes (pp. 61 -94) :

2.2.1. Développement durable


La notion de « développement durable » n’est pas spontanément apparue lors des entretiens.
J’avais essayé d’orienter la discussion en rappelant que le développement durable est un des
objectifs du Programme de la mairie, mais les interviewés se sont limités à acquiescer, et à
invoquer les objectifs du PUG avec lequel ils sont, apparemment plus familiarisés. Ainsi, il
résulte des entretiens que la notion du développement durable ne fait pas l’objet du débat
entre les acteurs opérationnels, et que ceux-ci, même s’ils connaissent la notion et s’ils
l’utilisent dans la rédaction des études, ne traitent pas le sujet dans les discussions courantes.
Ce constat n’indique pas leur degré de connaissance ou d’appropriation de cette notion, qui,
vu son caractère abstrait, reste dans le langage stéréotypé des récits, tel que les cahiers de

206
charges et l’énoncé des objectifs stratégiques du développement urbain. La présence du terme
est incontournable, vu l’objectif omniprésent - dans les récits techniques et politiques
roumains – d’alignement aux normes européennes.
Dans notre analyse de la notion de développement durable (présentée dans la première
partie, chapitre 3) nous avons montré que des notions comme « régénération urbaine » et
« projet intégré » désignent des outils pour faire du développement durable. Ces notions
désignent ainsi une opérationnalisation du terme abstrait de développement durable, et par
conséquent, apparaissent plus souvent lors des entretiens.

2.2.2. La régénération urbaine


L’analyse signifiant/ signifié nous permet d’aller plus loin dans l’analyse des représentations
que les acteurs urbains se font de ce que signifie la notion de régénération urbaine autant en
théorie qu’en pratique. Elle nous permet également d’analyser la façon dont les acteurs
interviewés se sont appropriés cette notion, vu que ce sont des acteurs dans un projet déclaré
officiellement « de régénération urbaine ».
Nous avons montré que, dans le langage politique et technique roumain, à la notion
européenne de « régénération urbaine » correspond toute une collection de termes qui ont été
utilisés pour désigner le même type d’opérations urbaines : rénovation, réhabilitation,
revitalisation, réhabilitation intégrée, projet intégré etc., termes qui ont été mis en évidence
lors de notre analyse thématique. Pour cette analyse signifiant/ signifié, nous allons considérer
la position du signifiant « régénération urbaine » mais aussi toute cette constellation de termes
utilisés dans le cadre du projet de réhabilitation du centre historique de Bucarest.
Lors des entretiens, les thèmes de la « régénération urbaine » ou de « réhabilitation du
centre historique » ont été proposés. Les interviewés n’ont pas été contrariés par le terme
utilisé, et ils ont répondu en l’utilisant ou en utilisant des termes évoqués plus haut, qui leur
semblaient similaires. Utilisée comme relance, la « régénération urbaine » n’a pas suscité des
commentaires autour du sens théorique du terme, mais autour des pratiques du projet de
réhabilitation du centre historique.
Lors des entretiens, mon impression a été que, avec quelques exceptions, une
interrogation sur le sens théorique de cette notion n’était pas de nature à encourager le
discours de l’interviewé. La notion de régénération urbaine a été utilisée avec plusieurs sens,
selon le profil de l’interviewé. Elle a été utilisée d’une part dans le sens large – comme une
norme de l’intervention dans les centres historiques, et dans ce cas, l’acteur interviewé se
rapportait à une définition théorique standard - pour renvoyer ensuite à des exemples
concrets, expérimentés en Europe. Dans le cas de certains interviewés la régénération urbaine
a été utilisée pour designer un modèle à suivre, plus précisément, les projets de type URBAN
dans le contexte de l’accès à des fonds structuraux européens. Ceux – ci se sont montré prêts à
discuter de la régénération urbaine non seulement dans la perspective de ce qui devrait être
fait dans l’avenir, mais dans les cas concrets qui se présentent en Roumanie et à Bucarest.
Dans ce contexte, le projet de réhabilitation du centre historique a été questionné en tant que
projet de régénération urbaine. Cette interrogation a fait surgir des commentaires sur ce qui
correspond et ce qui ne correspond pas, dans la pratique du projet, à une approche de
régénération urbaine.
Pour l’analyse du discours produit ainsi, nous avons organisé la synthèse de l’analyse
signifiant / signifié dans des tableaux par groupes d’acteurs.

207
Le groupe 1 – spécialistes et bureaux d’études
Les interviewés de ce groupe ne nous ont pas fourni un matériel à organiser facilement sous la
forme prévue. Ils ont parlé de leur rôle dans l’élaboration des études et du PUZ pour la
réhabilitation du centre historique, sans discuter le sens des concepts qui, dans l’étude rédigée
pour la mairie, sont utilisés pour décrire l’intervention dans le centre historique. Le débat
théorique sur les concepts ne pouvait pas apparaître naturellement dans la discussion, vu le
rôle que ce groupe d’acteurs a eu dans le projet.
En effet, en 2002, quand les universitaires de CCPEC- UAUIM ont commencé leurs
études, la Mairie n’avait pas encore défini son programme d’action dans sa forme publiée en
2004. Les universitaires ont démarré leurs études avec à la base le cahier des charges élaboré
par le CPUMB [CPUMB - Cahier des charges PUZ] et les objectifs stratégiques de
développement de Bucarest, énoncés dans le PUG de la ville, en 200022. Ceci était une
commande de la Mairie qui datait de 2002, mais l’équipe de CCPEC ainsi que l’IHS România
avaient déjà participé aux diverses tentatives d’intervention dans le centre historique, telle que
nous les avons décrites dans la 2ème partie de la thèse, dédiée aux étapes du projet. Nous
utilisons le terme « d’intervention dans le centre historique » comme terme générique, car au
long des années cette intervention a porté divers noms – reconstruction, rénovation,
régénération, et ce sont des termes derrière lesquels nous devrions davantage entendre une
préoccupation pour « faire quelque chose » dans la zone la plus ancienne de la ville, située
dans un état avancé de dégradation, plutôt qu’y chercher une traduction opérationnelle des
notions théoriques, en pratique.
Pour résumer, les acteurs du Groupe 1 étaient préoccupés par les problèmes
techniques de la zone, qu’ils connaissaient depuis long temps (les années ‘90), et leur
préoccupation principale a été de donner des solutions en termes de réglementation
d’urbanisme, pour arrêter la dégradation physique et relancer l’activité dans la zone. Cette
démarche, est la démarche courante de l’urbanisme opérationnel en Roumanie. Les objectifs
du projet, énoncés à l’époque dans le cahier des charges, découlaient du PUG, lui-même
élaboré par une équipe d’universitaires de CCPEC - UAUIM. Parmi les interviewés du
Groupe1 qui ont participé à l’élaboration des études commandées en 2002, quelques uns ont
collaboré à l’élaboration du PUG. Une de ces personnes, dans une position de décision dans le
cadre de CPUMB a collaboré aussi à l’élaboration du PUG. Ainsi, à l’époque, parmi les
spécialistes, le PUG e été un dénominateur commun des visions du développement
stratégique de la capitale. Par conséquent, les interviewés de ce groupe, sont préoccupés des
problèmes de la dégradation du centre historique, parlent de ces problèmes dont ils ont une
connaissance approfondie, et évoquent les orientations du PUG.
Le cahier des charges a insisté sur une approche « interdisciplinaire » et « intégrée » du
projet, et par conséquent, le PUZ de CCPEC (qui concerne la réglementation des
interventions sur la forme physique) a été enrichi par une stratégie et un plan d’action
élaborés par IHS România (un projet de construction et de management d’une équipe de
pilotage du projet). L’étude élaborée en parallèle pour le ministère des travaux publics a abouti
de son coté à une deuxième proposition concrète pour un plan d’action et une structure de
l’organisme de pilotage du projet.
Lors des entretiens, les interviewés du groupe 1 ont parlé plutôt des problèmes
techniques qui sont apparus dans leurs champs d’étude. La référence aux pratiques de
régénération urbaine étrangers a été faite pour évoquer des modèles de réglementation ou

22
Pour rappel, le PUG de Bucarest a été approuvé par l’arrêté de la Mairie Générale, HCGMB 269/2000

208
d’organisation et management du projet, qu’ils ont connus / expérimentés dans des pays
européennes (Italie, Pays Bas). [tableau « modèles »,Vol. 2. Annexes, p. 69]

Remarques sur les témoignages issus du groupe 1 :


Les entretiens m’ont laissé comprendre que tout projet dépend en fin de compte de la volonté
de l’administration publique et des élus – la création et le fonctionnement d’un organisme de
type agence de développement qui gère le projet de réhabilitation du centre historique a été
l’exemple invoqué.
Concernant le changement de pratiques nécessaire pour mener avec succès ce type de
projet, on peut observer une évolution dans la façon d’élaborer des PUZ - des études
préliminaires en vue des réglementations d’urbanisme. La documentation élaborée par les
spécialistes (la quantité des études est visible dans l’analyse thématique) a été un exercice
d’approche intégrée plus ou moins réussi selon les savoirs des concepteurs à l’époque de la
définition du projet. Pourtant, toutes ces études risquent de ne pas être utilisées, si
l’administration publique même ne crée pas dans sa structure un organisme multidisciplinaire
(plusieurs modèles ont été proposés par les études), capable d’agir selon cette nouvelle
approche.
Toujours en ce qui concerne le changement des pratiques, l’approche intégrée du
projet ainsi que son traitement en tant que processus, qui nécessite la révision des phases
antérieures, ne pourrait pas être envisagée dans un système de relations qui se construit par
étapes fragmentées, entre les acteurs du projet : La Mairie a défini les objectifs du projet dans
une étape, ensuite a passé commande aux universitaires. Ceux-ci ont répondu à la commande,
plutôt aux aspects techniques, et une fois la documentation d’urbanisme approuvée, les
universitaires n’ont plus été consultés sur les développements ultérieurs, même si le projet a
évoluée.

Groupe 2 – administration publique locale


Avant de parler des représentations que les interviewés du groupe 2 – administration publique
locale se font de la régénération urbaine, il faut rappeler brièvement que ce groupe rassemble
des acteurs qui appartiennent au CPUMB, bureau d’études de la Mairie, impliqué dans la
coordination du projet de réhabilitation intégré du centre historique depuis 2002
(l’élaborateur du cahier des charges), ainsi que des acteurs de l’unité de pilotage du projet
pilote de réhabilitation de l’infrastructure, créé au printemps 2005. Ces deux organisations ont
des relations de collaboration, en conformité avec l’organigramme de la mairie. Cependant, la
communication et la collaboration ne fonctionnent pas comme prévu officiellement. Malgré
l’appartenance du directeur du CPUMB à l’UIPPilote, les rôles actuels pourraient être résumés
ainsi : le CPUMB est l’ancien coordinateur du projet et l’UIPPilote le nouveau. Nous allons
revenir sur cette question plus loin, dans l’analyse des rôles que les acteurs s’attribuent dans le
projet. Pour le moment, l’analyse signifiant/ signifié nous montre que les interviewés de ce
groupe parlent de la régénération urbaine en faisant souvent référence à l’existence d’une
définition standard de la notion.

[…] Qu’est ce que cela veut dire – quel sens a-t-elle pour nous (la régénération urbaine, ma note)
pourquoi aurait-elle un sens pour nous, autre que la définition de la notion en soi ? Bon, si vous voulez
dans un langage colloquial….il s’agit d’une multitude d’opérations qui change le degré de...vitalité d’une
zone urbaine, par plusieurs types d’interventions – restructuration fonctionnelle, ou opérations de
conservation…et encore plus, restauration même s’il est nécessaire. [membre CPUMB, en réponse à la

209
question « Quel sens a pour vous la notion de régénération urbaine, ou bien la régénération du centre
historique ?]

Dans l’entretien nous avons demandé à un des membres du CPUMB (situé en position de
décision), si le projet de « réhabilitation, reconstruction et revitalisation du centre historique
de Bucarest » s’inscrit dans le programme d’action de la Mairie tel qu’il a été défini en 2004, ou
bien dans le programme Multisecteur démarré en 2003, ou bien dans les deux, et quel est le
sens de la régénération urbaine dans ce projet. L’interviewé s’est démarqué du programme de
la Mairie, mais a affirmé l’appartenance du projet de réhabilitation du centre historique à « un
programme de régénération et restructuration urbaine ». Cette appartenance rentre dans le
domaine de ce qui « est évident » et par conséquent, le fait n’a pas besoin de commentaires.

Ce n’était pas à nous de formuler ce programme… il a été formulé par d’autres directions, utilisant de la
documentation fournie par diverses institutions ou directions de la mairie. Bon, si les termes ont étés
plus ou moins adéquats, ceci n’a pas été soumis à notre vérification, donc… je ne sais pas ce qu’ils ont
pensé les auteurs, ou pourquoi il ont utilisé ces syntagmes, mais c’est évident qu’il s’inscrit (le projet,
ma note) dans un programme de régénération et restructuration urbaine [membre CPUMB, position
décideur]

Etant donné la caractérisation du programme dans lequel s’inscrit le projet, j’ai relancé la
discussion en demandant à la personne le sens qu’elle donne à la régénération urbaine.
J’estime que la question a été ressentie comme une vérification de connaissances et la réponse
a évoqué (non sans irritation) [Vol. 2. Annexes, p. 64] l’existence d’une définition standard,
acceptée et connue par tout le monde, donc « plus besoin de la rappeler ». Ensuite, la personne
interviewée a nuancé la réponse, en déclinant la définition dans un langage « colloquial ».
Dans sa vision, il s’agit de « plusieurs types d’interventions » mais la définition énonce encore
une fois plutôt des aspects liés à la forme physiques, des aspects économiques, et des aspects
liés à la spécificité de la zone, expression d’une identité de la ville.
Dans l’analyse signifiant / signifié, ce que l’interviewé dit sur ce « programme de
régénération et restructuration urbaine » [idem] le montre comme « un programme de
développement intégré », qui est synonyme avec « un programme de régénération urbaine
intégrée pour la zone du centre historique ». Ceci se traduit en pratique, par des interventions
sur la forme physique, sur les activités, dans le but d’une relance économique du territoire, par
la création d’une mixité des activités « plus modernes ». Pour exemple, la personne énumère
ici quelques projets qui sont sur la liste des projets de régénération urbaine du PDR BI (pour
rappel, l’identification de ces projets a été faite par le CPUMB en collaboration avec ADR BI).
Dans le même temps, l’interviewé affirme que « nous ne sommes pas préparés mentalement
pour faire face à une approche de ce type… ».

….il s’agit d’une multitude d’opérations qui change le degré de...vitalité d’une zone urbaine, par
plusieurs types d’interventions – restructuration fonctionnelle, ou opérations de conservation…et
encore plus, restauration même s’il est nécessaire. Et pourquoi restructuration aussi ? Parce que notre
objectif est de dynamiser… de créer une mixture fonctionnelle plus moderne
Vous envisages le centre historique comme une zone qui pourra bénéficier bientôt des fonds
structurels ?… Je crois que nous ne sommes pas préparés mentalement pour faire face à une approche
de ce type, n’est ce pas ? Mais nous allons faire des efforts… Nous avons un programme de
développement intégré, ou de régénération urbaine intégrée pour la zone du centre historique. […]
Nous souhaitons acheter quelques maisons et les réhabiliter, et ensuite nous verrons ce qu’on va faire
avec, si la Mairie les garde, ou si les vende ou les donne en concession. […] (dans l’Ancien Cour) nous
pourrions organiser une zone fonctionnelle cohérente, un point d’info tourisme…ceci pourrait être une
intervention, un accent dans le cadre du projet de régénération urbaine intégrée... une autre serait dans

210
la zone de Saint Georges …le tramway… cette zone devrait être aménagé en espace civilisé. [membre
CPUMB, en position de décision, Vol. 2. Annexes, p. 64]

En fait, ce qui nous intéresse n’est pas seulement si la personne interviewée connaît la notion
et la définition de la régénération urbaine, mais plutôt si elle envisage dans l’action la
complexité des dimensions à traiter dans un tel projet. Notre observation est que, lors de
l’entretien, l’explicitation du programme de régénération urbaine intégrée pour la zone du
centre historique n’a pas traité des aspects sociaux, liés à la vie des habitants et des utilisateurs
actuels du quartier. Le patrimoine architectural et urbanistique est perçu comme une
ressource pour la ville, le projet serait fait pour le bénéfice des citoyens de la ville. Nous
estimons que les bénéficiaires sont dans ce cas trop abstraits pour définir la dimension sociale
du projet. Les citoyens du quartier sont évoqués cependant, lors que la discussion traite de la
stratégie élaborée par HOK et Pell Frischmann23. En parlant de la stratégie de HOK et Pell
Frischmann, l’interviewé m’a laissé comprendre que les bureaux d’étude HOK & Pell
Frischmann ont travaillé sans consulter la population du quartier, et dans son opinion, le fait
d’appliquer une telle stratégie pourrait nuire aux activités existantes dans le quartier.

« On n’a pas tenu compte de la collaboration et des intérêts des gens qui ont des affaires dans le
quartier …on a fabriqué une histoire dans une tour d’ivoire […] ils ont eu certaines informations mais
avant d’arrêter la solution technique et les étapes d’intervention, ils devraient tenir compte des intérêts
des gens dont ils pourraient provoquer la faillite, et d’après ce que je sais, ils n’ont pas organisé des
discussions ». [membre CPUMB, en position de décision, Vol. 2. Annexes, p. 75]

Sans essayer de démêler les motivations de cette affirmation, nous la retenons pour les
contradictions qu’elle relève :
− D’abord, c’est la Mairie même qui a pour rôle d’initier la consultation dans un projet
urbain – c’est une question de volonté politique d’introduire dans l’élaboration d’un
projet urbain, une telle démarche. Or, la Mairie n’a pas organisé la consultation avec
les gens du quartier, habitants ou investisseurs, ni pour arrêter la solution d’urbanisme
proposée dans le PUZ, ni pour interdire la circulation des véhicules. Le bureau d’étude
HOK&Pell Frischmann est juste un partenaire de l’action de la mairie, et ses
attributions étaient d’offrir la consultance dans un problème technique : la
réhabilitation des infrastructures.
− Selon les déclaration des membres de AICI, ce n’est pas l’application de cette stratégie
qui risque de provoquer la faillite les gens, mais la façon dont la Mairie prend des
décisions et les met en œuvre. L’association locale des investisseurs - AICI, a invoqué
plusieurs fois à sa défense, l’étude de HOK qui montre que cette interdiction est
« contre-productive » pour la zone.
− Pour le moment, la dimension sociale du projet reste seulement prévue dans le cahier
des charges, car la pratique du projet nous dévoile une relation plutôt tendue entre
l’administration publique et les citoyens du quartier. Nous reviendrons sur cet aspect
plus loin, au moment de la mise en discussion du thème « communication ».

23
Nous rappelons que cette stratégie a été élaborée en 2005, tandis qu’une stratégie avait été déjà élaborée et
approuvée par la Mairie – celle de IHS Romania. Aucune de ces stratégies n’a pas été élaborée suite à la
consultation des citoyens. La stratégie d’IHS cite les données de l’étude de ATU – l’atlas du centre historique,
élaboré dans le cadre du projet UNDP « Beautiful Bucarest » en 2002.Cet étude ne couvre pas tout le territoire du
centre historique et il ne peut pas tenir lieu à une consultation des citoyens de la zone.

211
Dans le cadre du même groupe 2 – administration publique locale un autre entretien fait
auprès d’une personne appartenant à l’UIPPilote, nous montre que la « régénération urbaine »
est un sujet connu. De plus, la personne tient à préciser qu’il s’agit même d’un « concept
complexe » qui est la régénération urbaine, et que ce concept complexe a « plusieurs facettes »,
« plusieurs composantes », et « il est évident » qu’il a une composante technique, économique,
financière et culturelle. Le discours affirme « l’évidence » de ces composantes.

Nous devrons mettre en discussion chaque facette, chaque composante de ce concept, car il est évident
qu’il a une composante sociale, une composante technique, une composante économique, une
composante financière et une composante culturelle [membre UIPP, sur le « concept complexe de la
régénération »]

De nouveau, nous nous demandons s’il s’agit de l’économie de temps accordé à l’entretien, ou
si c’est une affirmation qui rend inutile toute autre explication, par rapport à l’ « évidence »,
ou à une définition connue par tout le monde. Nous observons que dans la définition de la
notion, énoncée lors du discours, la « composante » sociale manque, et nous ne la retrouvons
pas non plus dans la traduction en pratique de cette théorie. Les actions évoquées par
l’interviewé renvoient à des interventions sur la forme physique, à des actions destinées à
relancer l’activité économique de la zone, ainsi qu’à des mesures à prendre pour le
management du projet – la création future d’une agence dans laquelle la Mairie sera
majoritaire. En ce qui concerne la dimension « consultation et participation de la population »
dans le cadre du projet, le sujet a été traité à notre demande. L’interviewée déclare d’une part
d’avoir une bonne communication avec l’association AICI, mais d’autre part, il précise que la
communication avec les habitants doit être améliorée dans l’avenir - en effet, ils seront
consultés dans une étape ultérieure, quand on va commencer les interventions sur les
bâtiments. Interrogé sur les évacuations des personnes sans bail, l’interviewé déclare que les
gens sont partis sans protester, car « ils ont compris la situation ». En ce qui concerne
l’interdiction de la circulation dans le centre historique, ceci n’est selon lui, qu’une mesure
temporaire, destinée à assurer la protection des bâtiments et des habitants de la zone. [Vol. 2.
Annexes, tableaux p. 75, p.84]
Les acteurs du groupe 2 – administration publique locale sont les acteurs clé du projet.
C’est l’administration publique locale qui coordonne, qui prend la décision et qui trouve des
sources de financement pour le projet. Nous avons observé que le discours produit lors des
entretiens s’est enrichi avec de nouveaux termes, par rapport à ceux que nous avons pu noter
lors de la table ronde qui a eu lieu à la Mairie en 2002, concernant le même sujet. Cependant,
déjà en 2002, dans le cahier des charges pour le PUZ, toutes les dimensions d’un projet de
régénération urbaine étaient énoncées : on demandait « des réglementations intégrées », une
« approche interdisciplinaire »

« L’objectif du projet est d’appuyer le processus de transformation positive de Bucarest, par la


valorisation de toutes ressources existantes, viabilisation, réhabilitation et restructuration fonctionnelle
de la zone ».
« L’objectif de la stratégie de revitalisation urbaine du centre historique est de configurer une structure
urbaine, économique, fonctionnelle et spatiale qui devrait être capable de :
− Déclencher la revitalisation du centre historique
− Valoriser le potentiel culturel et économique de la zone
− Répondre aux besoins de développement et aux attentes des bucarestois, des investisseurs, des
touristes, des autorités centrales et locales, et d’autres acteurs urbains intéressés par le
développement de la capitale »

212
« Attirer les investisseurs et la communauté locale dans l'implémentation du programme est la clé de
voûte de la stratégie de revitalisation urbaine du centre historique » [CPUMB - Cahier des charges PUZ]

Dans le cahier des charges, le projet s’appelle de « réhabilitation » du centre historique et pas
de « régénération urbaine ». Cependant, ses objectifs sont définis de sorte que nous pouvons
identifier facilement les dimensions qui doivent être intégrées dans un projet de régénération
urbaine : intervention sur le cadre physique, économique, social, culturel. Toutes ces actions
devraient être faites dans le respect de l’environnement (une « évaluation de l’impact du projet
sur l’environnement » est demandée). Le cahier des charges précise aussi la nécessité de la
participation de la population et des investisseurs dans la mise en oeuvre du programme.

Remarques sur les témoignages issus du groupe 2 – administration publique locale :


Les écarts entre le discours du cahier des charges pour le PUZ et le discours produit des
acteurs lors de l’entretien ne surprennent pas. Le cahier de charge est un document officiel et
le discours produit lors d’un entretien est une construction spontanée, dans lesquelles les
positions des deux participants jouent dans la construction et le registre du discours produit.
Le fait qu’il existe des différences n’est pas étonnant. A part ces facteurs à prendre en
considération, nous retenons que l’interviewé (représentant du CPUMB) affirme lui-même
« nous ne sommes pas préparés mentalement pour faire face à une approche de ce type » mais
il se déclare prêt à faire des efforts.
Nous avons noté que l’interviewé représentant l’UIPPilote (actuellement chargé du
projet) produit un discours qui garde un ton rassurant en ce qui concerne la mise en œuvre du
projet, sans que la maîtrise de la mise en œuvre soit aussi évidente sur le terrain. En même
temps, c’est le discours d’un représentant de l’administration publique, responsable du projet,
qui doit faire la preuve d’une bonne gestion du projet.
L’image qui se dessine est des acteurs qui sont dans un processus d’apprentissage, qui
connaissent en théorie ce qu’il faut faire (sinon ce qu’il faut dire). Pourtant la transposition en
pratique reste difficile. C’est dans la transposition de cette théorie en pratique que nous
pouvons chercher des écarts pour comprendre le sens de ce processus d’apprentissage.
La réglementation du projet urbain, la stratégie et le plan d’action ont été approuvés
par la Mairie et ont actuellement valeur de loi locale. Ces documents prévoient une approche
intégrée de plusieurs dimensions (physique, environnementale, économique, sociale et
culturelle) et la participation de la communauté locale dans le projet (et jusque là, la
dimension sociale a été ignoré et la participation de la communauté locale rejetée, malgré
l’existence d’une association locale active). Par conséquent, nous pouvons affirmer que la
nouvelle approche proposée pour le projet ne fonctionne pas comme prévue et déclarée.
L’analyse de la communication entre les acteurs ainsi que l’analyse de leur vision sur leurs
rôles dans le projet nous fournira plus loin, des clés pour comprendre ces blocages.

Groupe 2 – administration publique centrale


Les interviewés de ce groupe n’ont pas débattu le sujet de la régénération urbaine. Nous avons
utilisé le terme comme consigne initiale ou comme relance mais ils ont parlé des pratiques du
projet et du rôle qu’ils ont eu dans le projet.
Sur le site Internet officiel du ministère de la culture24 deux documentes montrent qu’à
un certain moment (mars 2005), la régénération du centre civique a été sur l’agenda du

24
Régénération du entre historique de Bucarest, [en ligne] sur < http://www.cultura.ro/News.aspx?ID=514>
(consulté le 13.11.2006) (consulté le 13.11.2006)

213
Ministre de la culture. Il s’agit du partenariat entre le Ministère de la culture et l’ONG
ProPatrimonio, et de la stratégie du Ministère de la culture pour la période 2005 – 2006. En
effet, parmi les programmes prioritaires prévus par cette stratégie se trouve un, nommé
« développement communautaire par la protection et la conservation du patrimoine », qui a
pour exemple la « régénération du centre historique de Bucarest ». Telle que proposée par le
programme cette priorité accorde une importance à la participation de la communauté locale,
et au regain de la dignité du quartier par l’amélioration de l’image de la zone. Ainsi, la
régénération du centre historique semble viser la restauration de quelques bâtiments
monuments historique (La Bibliothèque nationale, Le Musée d’histoire, l’ensemble de l’église
Stavropoleos. Dans le tableau des coûts estimés pour ces interventions sont prévus des fonds
destinés à « une campagne majeure d’information publique ». Cependant, ces actions ne
suffisent pas pour labelliser ce projet « régénération urbaine ». A part la dimension culturelle
du projet, les autres dimensions ne se retrouvent pas parmi les actions envisagées. De toute
façon, aucune poursuite visible n’a été donnée à cette stratégie25.

Groupe 2 – administration publique régionale


Les interviewés du groupe 2 – l’Agence de développement régional Bucarest Ilfov, saisissent la
multitude de sens que la notion de régénération urbaine évoque. Le consultant étranger pour
préadhésion26, distingue plusieurs aspects de la régénération urbaine et parle de chacun. Il
définit la notion théorique, explique la notion définie dans le cadre des politiques et des
pratiques européennes de type URBAN, dans le contexte des fonds structuraux de la
programmation pour la période 2007 – 2013 en Europe, mais aussi dans le cas des projets faits
en Roumanie et à Bucarest. Cette personne considère nécessaire de préciser la différence entre
les projets urbains en général et les projets de régénération urbaine ; elle essaye de
particulariser ses explications pour le cas de la Roumanie et du Bucarest. Elle est une des
personnes clé qui ont contribué à la diffusion de cette notion et des pratiques européennes, en
Roumanie. L’autre personne interviewée se trouve dans une position de décision dans le cadre
de l’Agence de développement région BI, et elle parle facilement de la régénération urbaine,
affirmant que la notion était méconnue avant l’arrivée du consultant étranger. Son référentiel
est la régénération urbaine telle que définie dans les politiques et programmes européens, et
dans la pratique, les projets issus des programmes URBAN.

Même si nous avons pensé à ce problème, nous ne l’avons pas appelé « régénération urbaine ». Parce
que nous n’avons pas travaillé avec ce concept, nous n’avons pas vu des exemples similaires, nous
n’avons pas su qu’il s’appelle régénération urbaine. […]Même si j’avais travaille à plusieurs occasions
avec les fonds européennes, il s’agissait des fonds de pré -adhésion, et les expériences étrangers de
URBAN, URBAN I si URBAN II m’étaient inconnues. Maintenant ils sont venus, ils nous ont raconté
leur expérience… les italiens sont venus chez nous (à l’Agence régionale BI, ma note), et les
britanniques sont venus au ministère (MIE, ma note)…
Nous avons organisé le premier séminaire sur ce thème en juin 2005, à la faculté de constructions, c’était
l’idée de XXX ( le consultant étranger pour préadhésion) [témoignage de membre ADR BI, en position
de décision, Vol. 2. Annexes, p.67].

25
La stratégie a été présentée par le ministre de la culture, en mars 2005, devant les Commissions de culture de la
Chambre de députés et du Sénat. Le ministre a démissionné en juin 2005.
26
Il s’agit d’un expert étranger présent dans le cadre de l’ADRBI, qui a le rôle de conseiller concernant l'adhésion
à l'UE, dans le cadre du projet de jumelage, financé par l'UE, programme PHARE, RO 2003/IB/SPP/04-06-08,
entre les Agences de développement régional Sud-Ouest Oltenia, Nord - Ouest et Bucarest - Ilfov de Roumanie,
et Région Lazio, Région Veneto, Région Siciliana et Région Basilicata d'Italie.

214
La définition donnée par les interviewés de ce groupe pour la régénération urbaine est en
accord avec celle des documents européens (présentée dans la première partie de la thèse,
chapitre 3.3.).

Remarques sur les témoignages issus du groupe 2 – administration publique régionale :


Quelques points ressortent de ces entretiens :
− Les interviewés du groupe de l’administration publique régionale sont les seuls à parler
dans les entretiens de la nécessité de faire en sorte que ces projets soient au bénéfice
des citoyens, des utilisateurs. Le consultant étranger parle de l’importance de la
« reconquête de la dignité d’un quartier », du fait que les gens ne sont pas pour le
moment conscients d’habiter dans un quartier, qui ait une identité autre
qu’administrative.
− Ils parlent de l’importance de l’espace public dans la construction de cette identité et
dignité du quartier. Ils parlent moins en terme d’architecture et d’intervention sur la
forme physique27, qu’en termes d’effets que la relance économique et surtout la
construction des équipements peuvent avoir sur la communauté locale .
− Pour faire un parallèle entre les groupes d’acteurs, là où les interviewés de
l’administration publique locale parlent du bénéfice que les bucarestois (en général)
peuvent avoir de la réhabilitation du centre historique, les interviewés de
l’administration régionale parlent des bénéfices des habitants du quartier. Les deux
groupes d’acteurs traitent de la question de l’image de la zone – l’administration
publique pour parler en termes d’attractivité pour les investisseurs, pour les touristes,
les autres pour parler en termes de reconquête de la dignité de quartier.
Ce que nous voulons souligner par ces nuances du discours est le fait qu’il nous semble que
l’administration publique locale insiste sur les effets de la relance économique, tandis que
l’agence de développement régional insiste sur la dimension sociale du projet. Nous
considérons que ce fait n’est pas sans lien avec les positions et les rôles de chaque
administration – l’administration publique locale a une multitude de problème à résoudre
dans la ville en général et dans cette zone en particulier.
En même temps, le Maire a besoin d’actions visibles qui répondent à l’attente de la
majorité des « bucarestois » qui sont ses électeurs. De plus, l’administration locale doit trouver
des sources de financement et les utiliser dans les délais prévus par les contrats engagés.
L’infrastructure en mauvais état est une réalité, et la refaire est une priorité décidée par la
Mairie. En même temps, refaire l’infrastructure ne peut pas constituer un projet de
régénération urbaine. Ceci est la position des interviewés du groupe administration régionale
et est en accord avec la définition européenne de la notion de régénération urbaine.
Cependant, nous ne recherchons pas dans le projet de réhabilitation de l’infrastructure
un projet de régénération urbaine, mais des signes que les pratiques de l’administration
publique locale se renouvellent, et que le projet pourrait constituer un premier pas dans un
processus de régénération urbaine. Même s’il s’agit d’un projet de réhabilitation de
l’infrastructure, pour estimer les besoins et les usages futurs, la consultation de la population
est incontournable, tel que prévu d’ailleurs dans la réglementation approuvée.

27
Nous précisons aussi que par rapport aux autres interviewés du groupe 2, ils n’ont pas la formation
d’architecte.

215
Groupe 3 – société civile
Les entretiens effectués avec les acteurs du groupe 3 – membre des ONG ou de l’association
AICI montrent que ceux-ci sont familiarisés avec la notion de régénération urbaine – les
multiples dimensions, l’approche intégrée. Pour un bref rappel, les membres en position de
décision dans ces organisations :
− de l’ONG ProPatrimonio ont l’expérience de la participation et formation aux
programmes européennes PHARE,
− de l’ONG ATU sont issu d’une formation en « développement urbain intégré » et
développement leurs activités dans la recherche dans le domaine de l’urbain ou dans
des projets mises en oeuvre avec des financements internationaux,
− de l’association AICI ont organisé des projets de communication des valeurs et des
programmes européens en Roumanie, dans le cadre des programmes de la
Commission européenne.
Dans leur vision, la participation de la communauté locale dans le projet est le moyen par
lequel on peut réaliser la synergie des ressources de tous les acteurs. Ainsi, le projet doit
résulter de négociations, il ne doit pas être imposé de haut en bas.

2.2.3. Les modèles


L’appel aux modèles est une constante des récits produits lors des entretiens. Il en est de
même dans les documents écrits. Cependant, les interviewés ne font pas appel aux modèles de
la même manière et ils ne les évoquent pas pour les mêmes raisons. Néanmoins, tous les
interviewés en font référence qu’il s’agisse de modèles évoquant les bonnes pratiques, de
normes, d’orientations ou bien d’exemples positifs évoqués pour souligner des contrastes avec
les exemples négatifs autochtones.
La régénération urbaine évoquée par les interviewés en tant que modèle n’est pas pour
eux une notion abstraite. Elle désigne des réalisations concrètes dans les pays européens, plus
précisément des interventions destinées à ramener la vie dans les zones urbaines, autre fois en
déclin.

Objectif de la stratégie du développement urbain pour le CI : définition d’une configuration spatiale de


qualité, en accord avec les standards européens, à l’intérieur de la zone. Cette image doit être corrélée
avec le développement de la ville. Les interventions proposés par la stratégie doivent valoriser le
potentiel existent et doivent se rapporter aux tendances et pratiques courantes des administrations
publiques dans les villes capitales de l’Union européenne. [CPUMB - Cahier des charges PUZ]

Ainsi, ce genre d’interventions, dites de régénération urbaine, est vu en tant qu’outil pour
construire la ville européenne – modèle. Plus précisément, pour les acteurs urbains à Bucarest,
le modèle est à chercher d’une part dans les pratiques de l’administration publique, des
spécialistes et des citoyens des pays européens, et d’autre part dans l’image de la ville
européenne – avec ses centres historiques réhabilites, emblème d’une identité locale.
Parmi les pratiques, c’est le modèle de l’Agence de développement pour le centre
historique qui a été le plus évoqué :

On ne l’a pas inventée, nous-mêmes (l’agence de développement du centre historique, ma note)….elle


existe en tant que modèle vérifié dans la pratique…des anglais, des français, des hollandais sont venus et
tous ont expliqué de tas de modèles de partout en Europe. [Groupe 1 spécialistes, Vol. 2. Annexes, p. 69]
La Mairie devra organiser une structure, une société sur actions, ouverte, dans laquelle la municipalité
va avoir la majorité. Cette structure va recevoir les thèmes majeurs de la part de la municipalité, mais

216
elle va agir comme une société commerciale, pour attirer le capital privé. Nous travaillons avec un
collectif de juristes, pour élaborer un acte normatif qui devra être spécifique pour cette zone historique.
Je rajout entre parenthèses que c’est comme ça qu’on a fait a Berlin, pour revitaliser Postdamer Platz, à
Jérusalem aussi on a créé une autorité pour le développement de Jérusalem, ainsi que à Prague, à
Ottawa, et à... bref, c’est une procédure spécifique, une procédure typique, et nous nous pouvons pas en
faire abstraction, parce que les autres l’ont déjà fait, l’ont bien fait, et nous nous prenons de cette
expertise et nous la mettons en oeuvre ici, à Bucarest. C’est un terme légal, une parapluie sous lequel
nous pouvons agir dans cette zone. (Groupe 2 – administration publique locale, membre UIPPilote,
position décision, Vol.2. Annexes, p. 70]
L’idée de URBAN, et surtout de URBAN 1 … peut-être il y a plein de villes en Europe qui n’ont plus
besoin, mais nous, nous avons besoin, alors on doit l’appliquer même s’elle n’est plus à la mode. Ces
projets ont eu des effets économiques majeurs, ils ont attiré des investissions privées, et ceci parce que
non seulement un architecte en chef de la Mairie a été « illuminé » mais toute une équipe a été formée,
durant deux ans à Amsterdam. Il y a là une équipe qui a une stratégie… (il s’agit d’un projet de
régénération urbaine à Baia Mare, ma note). [Groupe 2 – administration publique régionale, consultant
étranger pour la préadhésion, Vol.2. Annexes, p. 72]

Toujours parmi les pratiques – la communication du projet, la participation des citoyens sont
également très affirmés dans les entretiens :

Nous envisageons d’ouvrir deux ou trois points d’information, selon le modèle de ceux qui sont à Paris,
à Vienne, où nous pourrons exposer les projets élaborés pour cette zone. [groupe 2 – administration
publique locale, membre UIPP, position décision, Vol.2. Annexes, p. 70]
Un organisme administrateur de la zone est très nécessaire. Cet organisme doit être présent ici, il doit
« habiter » dans la zone, pour en connaître les problèmes. Il doit être en dialogue permanent avec les
gens, parce que personne ne peut appliquer ici des solutions d’ailleurs, personne ne peut copier des
scénarios faits à Rome ou à Vienne. Il faut quelqu'un qui ait la vision, et un plan de développement avec
des objectifs claires, et qui suit conséquemment toutes les étapes, afin d’attirer les investisseurs privés.
[groupe 3 – membre AICI, Vol.2. Annexes, p. 73]
Les autorités disent que « c’est ainsi partout en Europe » (il s’agit de l’interdiction des voitures dans le
centre historique, ma note) toutes les villes européennes, capitales ou pas, toutes ont une zone
piétonnière dans le centre historique… oui, ça existe partout en Europe, mais il faudrait expliquer le
contexte. Partout dans le monde, transformer une zone dans une zone pour les piétons, c’est un
processus qui dure quelques années, car ceci doit être assimilé par la culture de la ville, par les pratiques
des citoyens. La zone se redéfinit dans le temps, ceci ne peut pas être décrété et réalisé d’un jour à l’autre.
[groupe 3 – membre AICI, idem, p.72]
Des investisseurs hollandais ont acheté des maisons dans le centre historique. […] ils voulaient faire
quelque chose ….comme en Hollande, un groupe d’initiative avec les propriétaires …. Elle connaissait
bien ça (un des investisseurs, ma note) …l’association du quartier [groupe 3 – membre ONG,
concernant le modèle de l’association de quartier, idem, p. 73]

Il en est de même pour l’image du centre historique –modèle :

Nous n’avons pas une « zone touristique » comme les autres… [groupe 3, représentant ONG, ibid.]
Il (le centre historique) doit contenir ce mélange entre le spécifique local et ce que nous trouvons
d’habitude dans le centre historique d’une ville européenne (les multinationales – mode et cosmétique)
[groupe 3, membre AICI, ibid.]

Ces sont les modèles évoqués par les interviewés pour soutenir leur vision de ce qui doit être
fait pour que Bucarest devienne une ville européenne. Nous avons synthétisé dans le schéma
suivant la relation mise en évidence lors de l’analyse des entretiens, entre la régénération
urbaine de Bucarest et le modèle de la ville européenne actuelle :

217
modèle de construction Réglementation d’urbanisme Image de la
et gestion stratégique dans les CI zone – identité
du projet de régénération de la ville -
du centre historique Agence de développement du
centre historique / Partenariat tourisme
Régénération
urbaine Communication du projet vers
les citoyens

en tant qu’outil norme Bonnes pratiques en UE -Projet Bucarest ville


pour construire de type URBAN européenne

Bonnes pratiques en Roumanie


La ville
européenne modèle de la participation
des citoyens au projet de
régénération urbaine
Association du quartier Image de la
zone –identité
Décision après dialogue avec les
du quartier –
habitants
activités locales

Les extraits des entretiens montrent que les notions de ville européenne / régénération
urbaine semble engendrer plusieurs types de modèles :
− Un modèle de construction et de gestion stratégique du projet urbain (perception de
l’administration publique et des spécialistes),
− Un modèle issu de normes, pour l’accession aux fonds structuraux européens
(perception de l’agence de développement régional),
− Un modèle de participation des citoyens en tant qu’acteurs dans la construction et la
mise en œuvre du projet (perception de la société civile et des organisations
professionnelles).
De plus, chaque catégorie d’interviewés ne se limite pas à évoquer des modèles, mais fait des
remarques sur leur utilisation, ce qui nous intéresse davantage pour notre analyse. Il nous
semble important de rappeler à nouveau ici, que les acteurs urbains en Roumanie se trouvent
dans un processus d’apprentissage, dû à l’ouverture du pays et à des nombreux échanges entre
spécialistes ou bien à la formation de ceux-ci à l’étranger. Dans le même temps, le pays se
trouve en pleine harmonisation à l’Union européenne, ceci étant un processus normatif. Par
conséquent, nous analysons les modèles et leur usage dans ce contexte.
Ainsi, les spécialistes trouvent dans les exemples étrangers des orientations pour
mener leurs études. Dans leur cas, il ne s’agit pas d’une « règle générale » à appliquer partout,
mais d’une capitalisation de l’expérience dans le domaine et d’un modèle d’approche dans
l’élaboration des études et des règlementations de l’urbanisme opérationnel. Les documents
écrits (Stratégie et plan d’action élaborés dans le cadre du PUZ) donnent comme exemple
d’opérations de revitalisation des centres historiques des villes comme Lublin, Vilnius28.

28
IHS Romania – PUZ Centre historique, la Stratégie de développement élaborée en 2003 pour le centre historique de
Bucarest finit avec la présentations des cas de Lublin, stratégie de développement de la ville ancienne, et de Vilnius stratégie
de revitalisation de la ville ancienne.

218
L’administration publique locale, les responsables du projet dans le cadre de la mairie générale
évoquent le modèle de l’agence de développement pour le centre historique, en tant que
procédure déjà expérimentée dans les pays européens – Berlin, Prague, Ottawa, et dont la
réussite assure un statut de « procédure type », qu’on va mettre en place à Bucarest. Un autre
modèle invoqué est celui des procédures de communication du projet, « comme à Paris, à
Vienne ». Ni l’une ni l’autre de ces procédures (création d’un organisme de gestion du projet
et organisation de la communication avec les citoyens) n’a été encore mise en pratique. Les
déclarations des interviewés du groupe 2 – administration publique locale, nous ont laissé
comprendre que certes, ce sont des choses à faire, vu qu’ils appartiennent à cette « procédure
type » vérifiée en Europe, mais elles resteront à faire dans des étapes futures du projet. Dans
les fragments que nous avons cité à la page 218, le temps de la constitution de l’agence ainsi
que d’un cadre législatif pour le projet de réhabilitation de l’ensemble du centre historique est
l’avenir, et ce n’est pas encore déterminée avec précision.
Les documents écrits (cahier des charges pour l’élaboration du PUZ et de la stratégie
pour le centre historique) font référence à plusieurs reprises aux villes européennes,
notamment aux « tendances et pratiques courantes des administrations publiques dans les
villes capitales de l’Union européenne », aux « standards européens », à la « revitalisation
urbaine des centres historiques des capitales européennes », au « concept européen de
rénovation intégrée ».

Les interventions proposées par la stratégie doivent valoriser le potentiel existent et doivent se rapporter
aux tendances et pratiques courantes des administrations publiques dans les villes capitales de l’Union
européenne.
Objectif de la stratégie du développement urbain pour le CI : définition d’une configuration spatiale de
qualité, en accord avec les standards européens, à l’intérieur de la zone. Cette image doit être corrélée
avec le développement de la ville.
Enoncé d’un objectif stratégique dans la liste des objectifs stratégiques du plan d’action pour le CI : La
mise ne valeur du centre historique et des autres zones et monuments protégés, ainsi que des sites
archéologiques, par le concept européen de la rénovation intégrée. [Cahier des charges pour le PUZ
centre historique, CPUMB, 2002]

Le récit des l’interviewés appartenant à l’administration publique centrale est assez pauvre à ce
sujet là. A cause de l’éloignement de ces acteurs, du déroulement du projet, à part quelques
références aux politiques européennes en tant que modèles, aucune référence notable n’a été
faite lors de l’entretien. Par contre, les documents officiels (la stratégie du Ministère de la
culture) que nous avons trouvés en lien direct avec le projet de régénération du centre
historique font référence à l’image résultant de la régénération urbaine des villes européennes.
Par projection dans l’avenir, la stratégie du Ministère de la culture fait de la régénération du
centre historique de Bucarest, dans l’hypothèse de sa réussite, un modèle de bonnes pratiques
qui « pourrait être répété, par imitation, ailleurs ».

Le choix de l’objectif cultural est très important. Il doit avoir un contenu avec une haute signification
symbolique et émotionnelle, il doit s’identifier avec l’histoire du lieu, ainsi qu’il puisse constituer un
blason pour les membres de la communauté.
Impliquer les communautés locales relevantes dans le projet fait de chaque membre un participant actif
dans le cadre du projet, crée un sentiment de fierté et d’appartenance à la cité. E projet devient ainsi le
moteur du développement durable de la zone, et il pourrait être répété, par imitation, ailleurs.

Application : régénération du centre historique de Bucarest : Le centre historique de Bucarest


pourrait être défini par trois objectifs culturels clé, représentant une axe de développement et un trajet

219
cultural entre la Place de l’Université et la rue Calea Victoriei : La bibliothèque Nationale de la
Roumanie, le Musée national d’histoire, l’église Stavropoleos.
Impliquer la communauté locale et les communautés relevantes (architectes, universités, média) dans le
projet, pourrait faire de lui une question de fierté et aussi, pourrait le transformer dans une zone
d’industries de la culture et du loisir, telle que dans toutes les grandes villes européennes.
[extraits de la stratégie du Ministère de la culture pour la période 2005 – 200829, « III. Programmes
prioritaires / 2. Développement de la communauté locale par la conservation et la protection du
patrimoine »]

Nous voulons souligner que le document parle de développement durable et de la


régénération urbaine, mais il traite seulement de la dimension culturelle du projet de
régénération urbaine du centre historique. La problématique du centre historique est
beaucoup simplifiée et les perspectives énoncées (les industries de la culture et du loisir) sont
disproportionnées par rapport aux moyens envisagés – définir un axe culturel avec trois
objectifs clé (trois monuments énoncés) - et aussi par rapport aux leviers – faire de la
réhabilitation de ces bâtiments une question de fierté locale. La poursuite de cette opération
dans le cas de réussite, c’est à dire sa reproduction dans des autres villes, « par imitation »,
renforce la dimension utopique du texte et montre non seulement une faible connaissance de
cette problématique, mais aussi son absence sur l’agenda opérationnel du Ministère de la
culture.
Les acteurs interviewés à l’agence de développement régional ont cité comme modèle
l’initiative communautaire URBAN et les projets de ce type. Le consultant étranger pour la
préadhésion a beaucoup insisté sur l’impact des programmes URBAN I et II qui ont réussi à
engendrer un changement des pratiques et de conception du projet urbain, en Europe.

Le projet de type URBAN – un modèle :


L’initiative URBAN a démarré un processus : elle a mis en discussion le fait que les villes n’avait pas une
stratégie intégrée et même après la cessation de cette initiative , le mécanisme crée s’est mis en marche,
et il a été adopté par les gouvernements nationaux des certains pays. […]L’objectif a été non seulement
de donner une aide économique, mais d’encourager la création d’une nouvelle conception pour la
régénération urbaine, ou bien, disons …une conception, car dans la plupart des cas, avant n’avait existé
aucune conception. Le mérite de cette initiative est qu’elle a engendrée des très bons projets. Les projets
qui n’ont pas été financé par UE, par exemple en Italie et en Espagne, les projets de ce type ont été
financé par le gouvernement. En Angleterre, ce type d’intervention était antérieur à l’initiative
communautaire URBAN.
Les projets de régénération urbaine que nous allons faire en Roumanie, devraient être […] des projets
qui donneront un signe […] un signe qu’on veut changer 15 ans de non - développement ou de
développement chaotique .
Il faudrait promouvoir des projets d’identité de changement, des projets qui ne soient pas de projets
d’infrastructure, mais des projets culturels, culturel dans le sens de la création d’un cadre
cognitif…d’une vision. […]En Roumanie, il faut les utiliser, dans le même esprit qu’on a utilisé
l’initiative communautaire URBAN, pour introduire une modalité de pensée au milieu de
l’administration publique ; car il faut avoir une stratégie…
L’idée de URBAN, et surtout de URBAN 1 … peut-être il y a plein de villes en Europe qui n’ont plus
besoin, mais nous, nous avons besoin, alors on doit l’appliquer même s’elle n’est plus à la mode.
Dans la nouvelle période de programmation, cette initiative URBAN n’existera plus. En ce qui concerne
les fonds structuraux pour la période 2007 – 2013, l’initiative sera intégrée dans d’autres programmes du
gouvernement, et ceci veut dire que si ce programme pourra être financé avec peu, avec beaucoup, en
fonction de ce qui décide chaque gouvernement. [Groupe 2 – administration publique régionale,
conseiller étranger, Vol. 2. Annexes, page 71 – 72]

29
En ligne sur < http://www.cultura.ro/News.aspx?ID=514> (consulté le 13.11.2006)

220
Dans ce sens là, les projets de type URBAN pourraient constituer, à son avis, un modèle pour
l’approche du projet de régénération urbaine en Roumanie. L’interviewé met en garde sur les
contraintes de la nouvelle programmation européenne pour 2007-2013 – principalement sur
le temps très court, octroyé aux projets dans cette nouvelle programmation (deux - trois ans),
et sur les caractéristiques du contexte autochtone (administration publique sans expérience,
sans le courage de la décision, patrimoine publique restreint, pauvreté des ressources). Selon
son opinion, la rencontre de ces conditions énoncées auparavant, pourrait ne pas rendre facile
la réalisation des projets de type URBAN, avec les fonds structuraux de la période 2007-2013.

Les difficultés pour la période de programmation 2007-2013 :


A cause de cette nouvelle formule de financement (prévue par l’union européenne pour 2007 – 2013, ma
note) on ne peut pas financer des choses très élaborés, parce ils devront être conçus pour des périodes
très courtes. Actuellement je ne peux pas envisager comment pourrait-on faire des projets complexes,
intégrés, avec la participation des citoyens, dans un laps de temps très court. [Vol.2, Annexes, tableau
« rôles et collaboration », page 89]
Le cadre autochtone, dans lequel tout ce processus doit se dérouler, a plein de problèmes: d’un coté on a
les problèmes normatives liés à la législation, d’un autre coté la structure administrative n’est pas bien
conçue ainsi qu’elle soit capable de réaliser…et le fait qu’il n’y a aucune base… l’habitude du dialogue
social n’existe pas… il y a des gens qui ne comprennent même pas qu’ils font partie d’un quartier, parce
que pour eux, le quartier existe seulement sur la carte géographique, mais il n’existe pas en tant
qu’entité…et c’est très difficile. Quand on parle de partenariat, les gens ne comprennent pas de quoi
s’agit-t-il ? Est-ce une compagnie qui fait des affaires… c’est quoi ? … le cadre est très difficile.
[…] c’est très difficile car il faut avouer que l’administration publique locale, et pas seulement celle de
Bucarest, a gardé très peux de possessions, l’Etat est resté avec très peu de possession… l’Etat est resté
sans rien, sans avoir une stratégie… et c’est très difficile. Quand nous parlons de régénération urbaine
dans l’Union européenne, les institutions publiques ont un patrimoine, mais en Roumanie, à partir de
1990, l’Etat a perdu tout…
Le problème est que les fonds structurels ne peuvent pas dépasser 4% du PIB…qu’est ce que cela veut
dire ? […] c’est un cercle vicieux, nous sommes les plus pauvres, nous avons le plus grand besoin, et
nous recevrons le plus petit montant d’argent…ceci est la première chose. La deuxième, est que
d’habitude dans chaque pays, non seulement la Roumanie, le budget public, les investissements publics
représentent 2-10% du revenu. […] nous avons un PIB petit, un budget de l’Etat restreint, et un budget
local restreint …alors… dans une liste infinie de besoins, on va recevoir une petite somme d’argent et
par conséquent, les projets de régénération urbaine qui seront faite en Roumanie, dans mon opinion,
doivent être… parce que ils n’ont pas la possibilité d’avoir un impact majeur, parce que on n’a pas
…d’argent. Donc la Roumanie doit utiliser l’esprit de l’initiative communautaire URBAN pour
introduire dans l’administration publique une façon de pensée, parce qu’on doit avoir une stratégie, peu
importe si cela prendra 50 ans pour être mise en œuvre.
[Groupe 2 – administration publique régionale, ADRBI, conseiller étranger]

Pourtant, l’interviewé souligne la nécessité d’entamer ce genre d’approche du projet urbain,


avec ou sans les fonds européens. Il appuie son propos avec des exemples d’opérations de
régénération urbaine réussies en Roumanie, dans la période de préadhésion à l’UE – il s’agit
des deux projets de régénération urbaine, exemples isolés en Roumanie pour le moment, dans
les villes de Oradea et de Baia Mare. Par rapport à ce modèle – les projets qui se déroulent à
Bucarest ne sont pas, de son avis, des projets de régénération urbaine.

Exemples positifs de régénération urbaine en Roumanie - les villes de : Baia Mare, Oradea, Sibiu : Ces
projets ont eu des effets économiques majeurs, ils ont attiré des investissions privées, et ceci parce que
non seulement un architecte en chef de la Mairie a été « illuminé » mais toute une équipe a été formée,
durant deux ans à Amsterdam. Il y a là une équipe qui a une stratégie…
Le rôle exemplaire du coordonnateur du projet de régénération urbaine à Baia Mare : Il nous faut
quelqu'un qui ait cette volonté, qui soit un visionnaire. Cette personne, une peu naïve si on peut dire,
qui croie … dans nos pays cette personne, ce champion est l’agent du développement dans un projet,

221
c’est quelqu'un amoureux de cette idée, passionné par…qui… parce qu’il faut vivre avec pour quelque
chose… [Groupe 2 – administration publique régionale, ADRBI, conseiller étranger]

La transformation de Bucarest dans une ville « comme en Europe » devrait être faite par des
pratiques « comme en Europe ». Cette opinion qui résume la position des interviewés
responsables du projet (à la Mairie) est partagée par les interviewés du coté de la société civile.
Le désaccord apparaît au moment de la mise en pratique de ces desiderata, car là où
l’administration publique voit des étapes ultérieures, les associations locales, les ONG,
accusent le manque d’avancée essentielle dans le déroulement du projet, en présent. Selon eux,
il est question de manque d’une communication réelle avec les citoyens avant la prise de
décision qui puisse les affecter, manque d’objectifs clairs sur le moyen et le long terme,
manque d’une vision stratégique du développement de la zone, de la part des responsables.

Les autorités disent que « c’est ainsi partout en Europe » (il s’agit de l’interdiction des voitures dans le
centre historique, ma note) toutes les villes européennes, capitales ou pas, toutes ont une zone
piétonnière dans le centre historique… oui, ça existe partout en Europe, mais il faudrait expliquer le
contexte. Partout dans le monde, transformer une zone dans une zone pour les piétons, c’est un
processus qui dure quelques années, car ceci doit être assimilé par la culture de la ville, par les pratiques
des citoyens. La zone se redéfinit dans le temps, ceci ne peut pas être décrété et réalisé d’un jour à l’autre.
Un organisme administrateur de la zone est très nécessaire. Cet organisme doit être présent ici, il doit
« habiter » dans la zone, pour en connaître les problèmes. Il doit être en dialogue permanent avec les
gens, parce que personne ne peut appliquer ici des solutions d’ailleurs, personne ne peut copier des
scénarios faits à Rome ou à Vienne. Il faut quelqu'un qui ait la vision, et un plan de développement avec
des objectifs claires, et qui suit conséquemment toutes les étapes, afin d’attirer les investisseurs privés.
[Groupe 3 – société civile, représentant AICI, Vol.2. Annexes, tableau « modèle », p. 72]

Je ne sais pas dans quelle mesure ce projet de réhabilitation de l’infrastructure va résoudre les problèmes
du centre historique, autant qu’on n’a pas défini ce qu’on veut faire de ce centre historique. Un PUZ, ce
n’est pas un plan de développement, il en est seulement une composante. Le plan de développement
doit contenir des solutions et des stratégies qui dépassent le champ de l’architecture. [Groupe 3 – société
civile, représentant AICI, Vol.2. Annexes, tableau « communication, page 80]

En fait, maintenant il s’agit seulement de la réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du projet


pilote. Ensuite, on va discuter pour organiser un appel d’offre international pour choisir le maître
d’œuvre général, et ensuite ….et maintenant je vous donne une information très intéressante, nous
voulons, avec l’argent de la municipalité, d’élaborer un projet spécifique pour chaque immeuble ;
chaque immeuble va avoir un projet, et nous donnerons ce projet, gratuitement, aux propriétaires des
immeubles, quand ceux-ci voudront faire des travaux. Et nous ferons ça pour maintenir le control et
une unité dans la zone…pour implémenter ce concept de régénération urbaine dans de
conditions…dans des bonnes conditions. Mais vous avez l’intention de discuter avec les propriétaires
avant de faire le projet ? Mais bien sur ! Sans faute, quand nous aurons choisi le maître d’œuvre, on va
organiser ensuite un débat publique, et là on va discuter chaque immeuble. [Groupe 2 – administration
publique locale, membre de l’UIPPilote, position décision, Vol.2. Annexes, tableau « rôles et
collaboration » p.85]

The way that these projects are developed in normal countries…as you take an area like this, you create
a…, what they call it, a development agency, that is empowered in this area to do various things, to have
the right over planning control, to have the right over infrastructure improvement and facilities
improvement, to have the right over compulsory purchases of proprieties, if necessary, and it has a plan
that it is acceptable…using some private money, or some public money... to do this…That's the way to
do it, and we told the City Hall this twelve years ago, and still they're doing nothing…[Groupe 3 –
société civile, promoteur étranger, impliqué dans la définition du projet de régénération du centre
historique en 1995, Vol.2. Annexes, tableau « communication », page 80]

222
A l’intérieur du groupe 3 – société civile, les interviewés sont à l’aise quand il s’agit d’évoquer
les modèles européens et leur utilisation, surtout dans le champ de la communication. Grâce
aux formations personnelles des membres, connaisseurs des programmes européens, et de la
présence dans la zone des investisseurs hollandais qui apportent leur expérience des
associations de quartier de leur pays d’origine, les interviewés de ce groupe ont été les
initiateurs de plusieurs événements destinés à familiariser avec les pratiques de la régénération
urbaine, à faciliter des échanges d’expérience entre spécialistes étrangers et administration
locale. Une partie des investisseurs est parvenue à s’organiser de sa propre initiative, dans
l’association des investisseurs (AICI), qui souhaite devenir un partenaire de dialogue de la
mairie. Ceci relève d’une pratique nouvelle en Roumanie, dont le modèle est à chercher dans
les pays démocratiques européens.
Les extraits des entretiens montrent l’opinion critique que ces interviewés ont en
regard de l’utilisation par la Mairie des modèles européens. Selon eux, les modèles
expérimentés ailleurs ne peuvent pas être transposés à Bucarest, sans consultation de la
communauté locale, c'est-à-dire, sans les adapter au terrain. Un aspect intéressant a été relevé
lors de la mise en discussion d’une certaine image de la ville en tant que modèle. Plus
précisément, si tous les interviewés s’accordent sur le modèle de l’image de la ville – par
exemple un centre historique pour l’usage des piétons (« comme dans toutes les villes
européennes »), les pratiques déployées pour en arriver là n’ont pas les mêmes références
parmi les modèles européens invoqués par chacun (l’écart le plus visible est dans la
consultation des gens, qui reste toujours un projet pour l’administration publique, malgré une
communauté locale organisée et en attente du dialogue).
Nous signalons dans ce contexte les affirmations « extrêmes » qui apparaissent souvent
dans le discours des acteurs interviewés - « partout en Europe » avec son opposé « nulle part
en Europe » - utilisés pour justifier leur attachement aux modèles européens et plus encore, la
justesse des leurs pratiques.

Nous avons analysé les thèmes du développement durable, de la régénération urbaine et des
modèles, pour chercher les traces du référentiel théorique et des pratiques des acteurs urbains.
Durant cette analyse, nous nous sommes rendu compte qu’à part les notions évoquées plus
haut et les pratiques qu’elles engendrent, il existe d’autres facteurs qui interviennent sur le
chemin entre les discours ou les pensés et la pratique. Il n’y a jamais une transposition exacte
du discours ou des idées dans la pratique, et sans chercher une superposition parfaite, nous
avons choisi de nous attarder sur quelques facteurs qui sont apparus comme importants dans
le flou du chemin du discours vers la pratique. Ces facteurs, liés à la définition des rôles et des
relations entre les acteurs, ainsi que à la communication du projet et dans le cadre du projet,
seront présentés par la suite.

2.2.4. Les rôles et les relations des acteurs, dans le cadre du projet. La communication
comme liant.
Au niveau du discours, tous les interviewés se retrouvent dans les points importants : il faut
avoir une approche intégrée du projet, il faut tenir compte de ses multiples dimensions – état
physique, économie, environnement, social, culture. Au niveau des pratiques, les chemins ne
sont pas convergents, et une des causes invoquée par tous les interviewés est le manque de
communication.
Ce thème de la communication est ressorti comme important lors de l’analyse
thématique mais aussi lors de l’analyse signifiant/ signifié. En effet, nous avons suivi la

223
problématique de la communication invoquée lors des entretiens, de manière à mettre en
évidence les positions des interviewés autour de ce qui se préfigure comme un
dysfonctionnement important dans le projet. Nous avons analysé la communication entre les
groupes d’interviewés et à l’intérieur du même groupe d’interviewés. De plus, nous
considérons que l’analyse de la communication est à faire en même temps que l’analyse des
rôles et des relations des interviewés dans le cadre du projet, c'est-à-dire des positions à partir
desquelles les interviewés communiquent.
Au Groupe 1 appartiennent des universitaires du CCPEC (une équipe qui travaille
ensemble depuis des années), et qui est un des élaborateurs des documents d’urbanisme pour
la ville de Bucarest, notamment du PUG. Dans le cas du projet étudié, les spécialistes ont eu
plusieurs rencontres avec les acteurs de la Mairie, dans le cadre de l’élaboration du PUZ. Les
discussions n’ont pas dépassé le cadre technique du projet. Après le rendu du PUZ, selon les
déclarations faites lors des entretiens, il n’y a pas eu d’autres consultations entre la Mairie
(commanditaire) et les spécialistes (exécutants) n’ont pas eu lieu.

Pour la Mairie, nous sommes ceux qui élaborent les études qu’ils ont commandé. Nous sommes une
équipe de spécialistes qui a été contractualisée pour faire cette partie […] le contracte entier, la vision
de développement de la zone appartiennent à la Mairie. [Groupe 1 spécialistes, membre du collectif
d’élaboration des études pour la Mairie, Vol. 2. Annexes, tableau « rôles et collaboration », p. 82]

Apres avoir rendu le PUZ, ave-vous gardé le contacte avec la Mairie, avez-vous eu des
consultations, depuis ? Bon, c’était la réaction de la Mairie du 3ème, que tu connais, l’interdiction d’un
jour à l’autre des voitures : la Mairie du 3ème a annoncé brusquement, tout a été mis en place dans une
semaine, que les voitures sont interdites dans toute la zone. Bien sur que ceci a provoqué un scandale
immense … j’avoue que personne n’a pas demandé mon opinion, ou l’opinion de quelqu'un d’autre de
ceux qui font partie de l’équipe du projet…le seul qui m’a appelé plusieurs fois était XXX (représentant
d’AICI) [Groupe 1 spécialistes, membre du collectif d’élaboration des études pour la Mairie, Vol. 2.
Annexes, tableau « communication », p. 74]

Je savais que ça va se passer ainsi… Je savais que j’allais faire une étude qui sera avisée, avec ou sans
observations, mais elle sera avisée et ensuite elle serait oubliée sur une étagère…c’est ainsi que ça se
passe d’habitude. [Groupe 1 spécialistes, membre du collectif d’élaboration des études pour le Ministère
des travaux publics, Vol. 2. Annexes, tableau « rôles et collaboration », page 82]

Nous rappelons que dans l’équipe du CCPEC, un collectif a travaillé pour la mairie, et a
élaboré le PUZ et la « Stratégie et plan d’action pour la réhabilitation du CI » [Lascu,
Bratuleanu, Nistor, IHS Romania, 2003, 2004], et un autre a travaillé pour le Ministère des
travaux publics et a élaboré une « Stratégie et plan d'action concernant la réhabilitation et la
revitalisation du centre historique de Bucarest » [Machedon, Manea, 2004]. Ces deux études,
résultats de commandes parallèles, avec des financements et bénéficiaires différents, ont
convergé au sein du CCPEC, au niveau des résultats des analyses et des propositions, grâce à
la communication entre les élaborateurs. Après approbation, seulement les études pour le
PUZ [Lascu, Bratuleanu, Nistor, IHS Romania, 2003, 2004] ont été prises en considération par
la Mairie.
Un des points qui nous a interrogé lors des entretiens a été la relation entre les
spécialistes roumains qui ont élaboré le PUZ et la « Stratégie […]» et les spécialistes étrangers.
D’abord, les spécialistes étrangers ne sont pas complètement identifiables. Selon un membre
du CPUMB ( en position de décision) « des experts anglais » sont venus à la Mairie générale et
ont collaboré avec l’équipe du CPUMB, avant l’étape de l’élaboration du cahier des charges
pour le PUZ. Ces experts ont aidé à l’élaboration des analyses du trafic auto concernant la

224
zone du centre historique. Si nous tenons compte de ce qui était prévu dans le cahier de
charges [CPUMB - Cahier des charges PUZ] en 2002, « trois spécialistes internationaux »,
payés dans le cadre du programmé financé par la BERD, devaient participer comme
consultants au sein de l’équipe roumaine, dans plusieurs domaines. A cette époque, le
CPUMB était le coordonnateur général du projet et le CCPEC, l’équipe gagnante de l’appel
d’offres pour le PUZ. Ces deux acteurs devaient bénéficier de la consultation de spécialistes
étrangers, en conformité avec le cahier des charges.

Des experts BERD devraient participer comme consultants dans les domaines de : la stratégie de
revitalisation économique des zones urbaines situés dans les centres historiques des capitales
européennes ; amélioration des paramètres de l’environnement dans les zones historiques des capitales
européennes ; design urbain, règlements d’urbanisme dans les programmes de revitalisation urbaine
dans les centres historiques des capitales européennes. [CPUMB - Cahier des charges PUZ]

Ce qui s’est passé en réalité est différent. Selon les déclarations d’un membre du CPUMB, les
spécialistes étrangers n’ont pas pu exercer leur rôle dans le projet officiellement, parce que, le
programme financé par la BERD était bloqué à l’époque à cause des divergences politiques
entre le Maire et son Conseil général.

A l’époque (2001-2002) il y avait des dissensions entre le Conseil général et le Maire, qui était en
opposition avec son propre Conseil, ou plutôt à l’inverse… et toutes les initiatives du Maire étaient
contrecarrées dans les réunions du Conseil général. […]Dans un premier temps, tout était payé avec le
financement de la BERD, et l’équipe internationale qui aurait gagné le droit d’élaborer le projet devrait
collaborer avec des experts locaux… mais tout a pris du retard à cause des blocages politiques et, et on a
financé du budget local cette étude (le PUZ, ma note) et par conséquent on a renoncé à contacter des
experts étrangers. Cependant, dans un deuxième temps nous avons prévu un montant pour les
consultants […] pour les experts étrangers, payés par la BERD[…]La consultance était envisagée comme
une sorte de pilotage, comme un appui pour l’équipe d’experts roumains.
[…] Entre temps on a organisé l’appel d’offres, l’élaboration du PUZ a été décidée, mais les blocages
dont je parlais n’ont pas été résolus, alors l’équipe roumaine a du faire le travail sans les consultants… Il
est vrais que les expertes de la … payés par la BERD sont passés de temps en temps par chez nous… en
fin… des experts… […] Il y avait un directeur de la BERD de Angleterre, il venait nous visiter de temps
en temps, pour voir comment ça avance, on a eu un échange d’e-mails … en fin, on a eu, disons, un
échange de messages plus un moins informel. [Groupe 2 – administration publique locale, membre
CPUMB, position décision]

Dans cette situation, la municipalité a octroyé en 2002 un financement sur son budget, pour
les études du PUZ30. Ensuite, une fois les études du PUZ démarrées par l’équipe du CCPEC,
les experts BERD qui devaient accompagner les spécialistes roumains, n’ont pas assuré ce rôle,
à cause des dissensions présentées auparavant, qui bloquaient les fonds BERD.
Cependant, selon l’interviewé de CPUMB , « un directeur de la BERD » « rendait visite
de temps en temps » à CPUMB et ainsi, ont eu lieu « des conversations » et un « échange de e-
mails, plus ou moins informels » entre ce directeur du BERD et l’équipe de CPUMB.
Ensuite, après un autre appel d’offres la mairie a choisi le consultant général pour les
problèmes techniques des infrastructures dans le centre historique. L’équipe choisie a été le
consortium HOK et Pell Frischmann, qui a élaboré une Stratégie de régénération pour la zone

30
HCGMB 51/2002 – arête la liste des études financées par le budget local – dans cette liste figure « PUZ centre
historique Bucarest - 1ere Etape – 2002, Analyse de la situation existante et diagnostic ».

225
pilote31. Nous avons essayé de comprendre lesquels de ces spécialistes étrangers ont rencontré
les spécialistes roumains. Nous avons posé la question lors des entretiens, mais la réponse
n’était pas de nature à éclairer les faits. Un des membres de l’équipe de CCPEC que nous
avons interviewé déclarait avoir rencontré « des anglais », lors des réunions organisées par
CPUMB, mais n’avoir pas compris exactement leur rôle dans le projet.

Avec les spécialistes étrangères, collaborateurs de la mairie – on n’a pas eu exactement une
collaboration. J’ai été invité deux fois pour leurs présenter l’état d’avancement du projet. Ils ont fait
certains commentaires, quelques unes très pertinentes, d’autres moins, car ils ne connaissaient très bien
la situation dans le centre historique. (groupe 1 – spécialistes, membre CCPEC, participant à
l’élaboration du PUZ, voir en annexe le tableau thème « communication », p. 80)

Nous ne pouvons pas préciser ici de quels spécialistes étrangers il s’agit, mais ce qui résulte des
entretiens est que cette collaboration a été temporaire et sans effets pour ce qui est de
l’élaboration du PUZ par l’équipe roumaine. Les spécialistes roumains et les spécialistes
étrangers se sont rencontrés par l’intermédiaire de l’équipe de CPUMB qui coordonnait
l’élaboration des études concernant le projet, à l’époque. A partir de cette position, l’équipe du
CCPEC a essayé de faire avancer les études nécessaires pour démarrer le projet, dans un
contexte fragilisé par les dissensions au sein des élus de la Mairie. Plus précisément, cette
équipe a été l’acteur qui, d’une part, a passé commande à l’équipe de spécialistes roumains, et
qui d’autre part, a essayé de maintenir le contact avec des consultants étrangers. En fait, le
CPUMB est arrivé plutôt à centraliser les résultats du travail de chacun de ces acteurs, que de
les mettre en connexion. De ce fait, les experts roumains et étrangers ne sont pas arrivés à une
collaboration, non seulement à cause d’une communication restreinte, mais aussi à cause des
rôles attribués à chacun, par le commanditaire représenté par le CPUMB.
Un autre aspect important qui a été mentionné par les interviewés du Groupe 1
participants à l’élaboration des études, est le fait que les informations nécessaires à
l’élaboration des études sont éparpillées. Les directions de la Mairie qui détiennent des
donnés, les fournissent difficilement, bien que le bénéficiaire de l’étude soit la Mairie même.

On ne sait pas qui détient quelles données, si les données sont actualisée ou non, tout ce qu’on sait est
qu’on ne le donne pas… si on sait pas, si on n’a pas des données, c’est claire q’on ne peut pas prendre
des décisions justes, cohérentes… en connaissance de cause. Les donnés sont éparses : quelques unes
sont à trouver à la Mairie, au CPUMB (bureau d’étude de la mairie), e à la faculté (d’architecture, ma
note), quelques unes au Ministère (des travaux publics, ma note), à ICRAL 32… on ne sait pas ce qui est
de l’information interne, externe, et on ne sait pas qu’est ce que c’est cette information… Il y a des ONG
qui ont fait des projets, par ici, par là … et encore des organismes auxquelles nous ne faisons pas
attention, car nous recherchons que dans le champ d’urbanisme. Il y a aussi la Chambre de Commerce,

31
Il s’agit d’une stratégie de régénération urbaine de la zone du projet pilote [HOK & Pell Frischmann, 2005].
Cette stratégie cible sur la réhabilitation de l’infrastructure, mais en même temps, elle ne traite seulement de
l’aspect « infrastructure ». Elle donne des exemples de régénération urbaine des zones historiques des pays
étrangers, et a un chapitre dédié aux stratégies des régénération urbaine que la municipalité devra les appliquer
pour revitaliser la zone pilote. De plus, le document traite du management de ce type d’opérations, avec des
exemples de partenariat public - privé. Pourtant, une stratégie pour cette zone pilote a été réalisé par IHS
Romania aussi, dans le cadre du contrat concernant l’élaboration du PUZ [IHS România, 2003, 2004] pour la
zone entière et aussi pour chaque zone délimité en tant que zone de projet pilote. Les contenus de ces deux
stratégies ne se superposent pas exactement, pourtant le rôle de chacune de ces deux dans la mise en œuvre du
projet, n’est pas évident.
32
ICRAL entreprise de constructions, réparations et administration du fond locatif, une institution héritée du
système communiste en Roumanie, après 1990, les unités du ICRAL ont été privatisées.

226
dans la zone sont un tas de commerçants qui ont leur vie, leurs problèmes, leurs données, et ainsi de
suite…. [Groupe 1 – spécialistes, participant à l’élaboration de la Stratégie pour le centre historique, Vol.
2. Annexes, tableau « communication », p. 74]
Nous avons obtenu du service « cadastre » de la Mairie, non sans une certaine difficulté, cette situation
(le statut de la propriété des immeubles) que nous avons transposé dans un plan du PUZ. [groupe 1 –
spécialistes, participant à l’élaboration du PUZ]

Apparemment un manque de coordination des directions de la Mairie en est la cause. A ce


point, une hypothèse pourrait être formulée – cette difficile récupération des informations,
serait-elle aussi cause du fait que les décideurs ne communiquent pas assez les priorités de
leurs agendas et ne mobilisent pas assez les directions impliquées ? A ceci se rajouterait la
méconnaissance par les fonctionnaires de ce qui constitue l’information publique en plus d’un
manque de transparence hérité du système fermé d’avant ’89, qui s’est perpétué dans le
fonctionnement émietté des directions de la Mairie actuelle. Dans ce système, toute
information détenue constitue une ressource importante en termes de pouvoir dans le jeu des
acteurs, et ceci constitue un levier dont tous les acteurs en font l’usage – autant à l’intérieur
que à l’extérieur de l’administration publique.
Au groupe 2 –administration publique locale appartiennent les acteurs du CPUMB, le
bureau d’étude qui a démarré les études pour le projet intégré de réhabilitation du centre
historique, et les acteurs du UIPP, le groupe qui coordonne actuellement une étape, la seule
mise en œuvre pour le moment, de la réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du projet
pilote. En conformité avec le règlement d’organisation et fonctionnement de la Mairie
générale, entre ces deux acteurs existe une relation de collaboration. De plus, le chef du
CPUMB est membre de l’UIPPilote33. En l’absence d’un organisme de type Agence de
réhabilitation du centre historique, d’abord le CPUMB et depuis printemps 2005, l’UIPPilote,
assure la coordination du projet. Certes, la présence du chef du CPUMB dans le UIPPilote
assurait officiellement une continuité dans le cadre du projet, mais en réalité, les relations sont
différentes. Selon des déclarations faites lors des entretiens, le membre de CPUMB déclare
qu’on ne sollicite pas sa participation lors des réunions de l’UIPPilote : « Il y a une équipe de
coordination au niveau de l’équipe du programme multisecteur, et je fais partie de cette
équipe, pourtant, personne ne me demande rien et on ne m’invite jamais » [Vol.2, Annexes,
p.75]. Répondant à notre question relative à la collaboration avec le CPUMB, un membre de
l’UIPPilote, affirme d’une manière générale que la collaboration existe… « de temps en
temps » : « Nous sommes dans une relation de collaboration professionnelle […] CPUMB
assure de temps en temps de services spécialisés, dans le cas quand les problèmes relèvent de
son domaine de compétences» [idem, p.85].
Néanmoins, l’interviewé du CPUMB déclare que le CPUMB, en tant que institution,
« est sorti de cette histoire », car son rôle était de préparer le projet jusqu’à ce qu’il fut
approuvé par le Conseil général de la mairie. A partir de là, c’est l’UIPPilote créée par
disposition du nouveau maire, en printemps 2005, qui se charge du reste. [idem, p.83]
Pourtant, si le CPUMB a coordonné les études d’urbanisme ceci a été fait pour la
réhabilitation intégrée du centre historique (ce que nous avons appelé projet (a)), tandis que
l’UIPPilote coordonne actuellement un projet dont la dimension principale est la
réhabilitation de l’infrastructure sur la zone du projet pilote (le projet (b)). Dans
l’organigramme arrêté par la DGP 998/2005, la structure de l’UIPPilote est nommée « unité de

33
Voir Schéma de l’Unité d’implémentation du projet concernant « Le Programme Multisecteur de Bucarest »,
2ème partie de la thèse, page 158

227
coordination du projet de réhabilitation de la zone historique » et est une substructure de
l’UIP (Programme Multisecteur). Ce statut renvoie à la zone entière du centre historique, non
seulement au projet pilote. Cependant, le coordinateur de cette « unité de coordination du
projet de réhabilitation de la zone historique », s’est identifié lors de l’entretien comme
« coordonnateur du projet de réhabilitation de la zone pilote, située dans le centre historique
de Bucarest ». Certes, le projet de réhabilitation de la zone pilote est le seul démarré pour
l’instant, mais nous remarquons qu’entre le rôle dans lequel l’interviewé se situe lui même et le
rôle officiel, il y a un certain décalage. Ce fait pourrait dépendre de la façon dont on parle lors
d’un entretien. Cependant, d’autres faits se rajoutent à cette première impression.
D’abord, comme nous l’avons présenté dans la deuxième partie de la thèse, il y a
plusieurs études concernant la zone, réalisées à la demande de la Mairie. Certes, ces études
concernent des étapes différentes du projet, comme le remarquait l’interviewé de l’UIPPilote,
cependant, entre ces études il devrait y avoir une continuité et une complémentarité pour ce
qui est de leurs contenus. Lors des entretiens, nous avons constaté que les deux équipes de la
Mairie qui ont été des coordonnateurs successifs du projet, évoquent ces études d’une manière
contradictoire.

Le rôle des études : le PUZ et la stratégie du CCPEC et la stratégie de HOK et Pelle Frischmann,
dans la vision des deux équipes – CPUMB et UIPPilote :
[…]Le PUZ a été fini et approuvé […]Il est arrivée que tous ceux qui ont fait une offre pour le projet
technique, l’on fait dans le cadre d’une même équipe. […] HOK et Pell Frischmann on fait un
consortium, ils ont répondu à l’appel d’offres (pour le projet technique, ma note) ensemble, et c’est ainsi
qu’est apparue leur stratégie, mais qui n’a aucun avis et aucune approbation. […] Il est normal d’avoir
ces avises sinon cette stratégie ne peut pas s’encadrer dans les procédures légales, acceptées en
Roumanie… [Groupe 2 – administration publique locale, membre CPUMB]
Les experts étrangers ont joué et jouent encore un rôle important dans la mise en oeuvre de ce projet.
Apres un appel d’offre qui a eu lieu en 2003, les entreprises HOK de Canada et Pell Frischmann
d’Angleterre, ont formé ensemble un consortium qui a élaboré, en tant que consultant, et ils ont très
bien travaillé, et alors, il y a un an, un an et demi, ils ont élaboré le projet technique pour la
réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du projet pilote. Cette collaboration a très bien fonctionné
et ils sont les bienvenus pour nous aider, car on a besoin… [Groupe 2 – administration publique locale,
membre UIPPilote, Vol. 2. Annexes, tableau « rôle et collaboration » p. 84]
Concernant la « stratégie et le plan d’action » élaborée par IHS România dans le cadre du PUZ : oui,
j’avoue que je ne connais pas ce plan d’action, mais avec les études élaborés par les consultants
étrangers, tout se passe bien, et nous suivons pas à pas cette stratégie qu’ils ont élaborée pour le centre
historique.
Lors d’un entretien qui a eu lieu quelques jours plus tard, la même personne déclare : Le CPUMB a
travaille à la demande la Municipalité et a élaboré le PUZ, ensuite le PUD pour la zone A (zone du
Projet Pilote, ma note), le PUD pour la zone B (zone situé au nord de la zone du Projet Pilote), un étude
de mobilier urbain…qui a été élaboré il me semble à l’Université d’architecture… La stratégie de
reforme et le projet technique a été gagné par HOK Canada et Pell Frischmann, suite à un appel d’offres
international.
Alors j’ai repris ma question sur la « stratégie et plan d’action » élaborée par IHS România : dans le
cadre de PUZ a été élaboré un étude par IHS Romania, qui était aussi une étude pour la stratégie de
développement du centre historique. Quel est le lien entre cette stratégie et la stratégie proposée par
HOK ? S’il y a un lien, bien sur….
Non… elles ont été élaborées dans des moments différents. L’étude fait par IHS a été fait en 2002 ou
2003… et la stratégie de reforme qui a résulté du contrat entre la municipalité et le CPUMB a été
finalisée en 200534. Donc les moments étaient différents et la commande a été différente. Cela (stratégie
d’IHS) a été si vous voulez une offre, simplement une étude, une étude théorique, tandis que l’étude du
consultant étranger est quelque chose de pratique, une proposition appliquée, qui tient compte des

34
A comparer avec la chronologie officielle du projet présenté en Vol. 2 Annexes, pp. 42-45.

228
conditions spécifiques de la zone, qui a à la base les études dont je vous ai parlé, qui concernent tout en
détail. [Groupe 2 – administration publique locale, membre UIPPilote]

Collaboration UIPP – CPUMB :


Nous sommes dans une relation de collaboration professionnelle […] CPUMB assure de temps en
temps de services spécialisés, dans le cas quand les problèmes relèvent de son domaine de compétences.
[groupe 2 – administration publique locale, membre UIPPilote, Vol. 2, Annexes, tableau « rôle et
collaboration » p. 85]
L’objectif de notre institution a été de démarrer une étude d’urbanisme, d’établir le cahier de charges de
cette étude et ses termes de référence, et le pilotage de cette histoire jusqu’au moment qu’elle a été
approuvée par le Conseil (Conseil général de la Mairie, ma note). Ensuite, le nouveau Maire (venu en
printemps 2005) s’est rendu compte qu’il s’agit de quelque chose de très important, alors il a désigné
quelque un de la DUAT (Direction urbanisme et aménagement du territoire, de la Mairie, ma note), qui
a pris le relais et qui est maintenant responsable avec la coordination des actions dans le centre
historique. Moi, je ne sais plus ce qui se passe… […] Il y a une équipe de coordination au niveau de
l’équipe du programme Multisecteur, et je fais partie de cette équipe, pourtant, personne ne me
demande rien et on ne m’invite jamais. [Groupe 2 – administration publique locale, membre CPUMB,
Vol. 2, Annexes, tableau « rôle et collaboration » p. 83]

De plus, entre le moment quand le Conseil général de la Mairie a approuvé ces études et le
moment de leur mise en oeuvre existe un décalage important dans le temps35.
La stratégie élaborée par IHS România pour la zone entière du centre historique a été
finalisée en mars 2004 et arrêtée par le conseil général de la mairie en janvier 200536. Le plan
d’action spécifique pour la zone pilote A a été élaboré dans le cadre du « PUZ centre
historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré
– faisabilité », et finalisé en mai 200437. Cette étape a été approuvée par le conseil général de la
mairie en décembre 200438 et en janvier 2005, la HCGMB 9/2005 arrête la « Stratégie pour un
développement intégré du centre historique » et le « Plan d’actions » élaboré par IHS
Romania.
Les plans d’actions élaborés par IHS România pour la zone entière du centre historique
et pour la zone du projet pilote en détail (zone A dans l’étude d’IHS), comprennent :
− l’identification des problèmes,
− l’identification des institutions impliquées,
− la définition des objectifs,
− l’identification des ressources,
− l’identification des activités et des risques,
− les responsabilités qui reviendront à chaque acteur identifié,
− le planning des activités / monitoring.

35
Voir en Vol. 2, Annexes, les tableaux avec la programmation du déroulement du projet et son déroulement
effectif, pp. 40-41.
36
HCGMB 9/2005 arête la « Stratégie pour un développement intégré du centre historique » et le « Plan
d’actions » élaboré par IHS România.
37
« PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré –
faisabilité » contrat 878/2003, signé entre la Mairie de Bucarest et UAUIM (CCPEC) pour l’élaboration du « PUZ
centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré –
faisabilité ». Cette étape comprend trois phases :
1ere phase : Stratégie pour un développement intégré du centre historique et des zones adjacentes / 2eme phase :
Le règlement d'urbanisme afférent PUZ / 3eme phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUD pour une Zone
Pilote. Voir la chronologie officielle du projet, dans Vol. 2 Annexes, pp. 42-45.
38
HCGMB 252/2004 du 20.12.2004.

229
Ceci a été considéré par le chef de l’UIPPilote lors de l’entretien comme « une étude, une
étude théorique », tandis que la stratégie élaborée par HOK&PF « est une proposition
appliquée, qui tient compte des conditions spécifiques de la zone ». De plus, le chef de
l’UIPPilote déclare que la stratégie élaborée par IHS România a été finalisée en 2002 – 2003,
tandis que la stratégie de HOK&PF a été finalisée en 2005, et qu’il s’agit de « moments
différents » et de commandes différentes.
En regardant les deux documents, élaborés par IHS România et celui élaboré par HOK,
nous avons observé que les deux études se superposent sur certains aspects, sans que l’une soit
une réactualisation de l’autre.
Plus précisément, l’étude de HOK a produit un travail qui précise les étapes du projet
technique de réhabilitation de l’infrastructure et des espaces publics – dans le chapitre
concernant la stratégie de régénération graduelle, par des noyaux identifiés comme centres de
rayonnement dans la zone. Pourtant, il existe tout un chapitre dédié aux stratégies de
régénération pour la zone pilote dans lequel sont faites des propositions pour des actions à
entreprendre par la Municipalité dans la zone, liées à la circulation mixte piétons – voitures, à
la mixité des fonctions, à la stratégie financière pour la zone pilote, aux animations culturelles
destinées a renforcer la cohésion sociale dans la zone pilote. Ces aspects ont été traités aussi
dans la stratégie de IHS România qui, de plus, est allée plus loin dans ses propositions de
management de l’équipe qui va coordonner le projet. Les actions proposées par IHS România
pour la mise en œuvre de la stratégie, y compris pour le management d’une structure de type
Agence pour le pilotage du projet n’ont pas étés encore mises en œuvre.
La Stratégie d’IHS a été approuvée par le conseil municipal en janvier 2005. La
stratégie de HOK&PF a été rendue en avril 2005, sans être arrêtée par le Conseil. Cependant,
l’interviewé de l’UIPPilote déclare suivre « pas à pas » la stratégie HOK . Une autre déclaration
faite par un membre appartenant au CPUMB se rajoute à ces contradictions : la stratégie HOK
ne peut pas être nommée « stratégie » car elle a été élaborée sans tenir compte des réalités
sociales du terrain.

On n’a pas tenu compte de la collaboration et de la coopération et des intérêts de ceux qui ont des
affaires dans la zone….on a fait un projet dans la tour d’ivoire… Ils ont eu quelques informations, mais
quand ils ont établi la solution technique et les étapes de sa mise en œuvre, alors il aurait été normal de
tenir compte des intérêts des ceux qu’ils pourraient provoquer la faillite, et d’après ce que je sais, ce
genre de contactes n’ont pas eu lieu…. [Groupe 2 - administration publique locale, membre CPUMB,
Vol.2, Annexes, thème « communication », p.75]

En regardant toutes ces informations contradictoires, notre opinion est que, le projet de
réhabilitation du centre historique avance par des étapes fragmentées, dans lesquelles les
acteurs qui évoluent, changent au fur et à mesure. Nous avons identifié pour le moment deux
étapes – l’une coordonnée par CPUMB et l’autre coordonnée par UIPPilote qui traitent tantôt
de l’ensemble du projet, tantôt des aspects isolés telle que l’infrastructure. Surtout l’étape
actuelle cible sur les aspects de la forme physique du tissu urbain et l’infrastructure. Les autres
dimensions du projet –relance des activités, clarification du statut social des habitants sans
bail, et du rôle des propriétaires et investisseurs existants dans la zone, feront l’objet d’étapes
ultérieures, selon les déclarations de l’interviewé appartenant à l’UIPPilote ( toutes les actions
sont énoncés au futur).

230
Ils (les évacués) sont relogés dans les localités où se trouve leur domicile stable, en conformité avec leurs
cartes d’identité, ou bien, dans l’avenir, on va construire des logements sociaux, la mairie du 3ème a
converti des bâtiments de studios39 dans des logements sociaux …qui seront utilisés pour abriter
temporairement ces… ces gens, jusqu’à ce qu’on va résoudre le problème de leur statut social et la zone
qui doit …fonctionner. [Groupe 2 administration publique locale, membre UIPPilote, Vol.2, Annexes,
thème « rôles et collaboration », p.84]
En fait, maintenant nous discutons seulement de la réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du
projet pilote. Ensuite, on va discuter pour organiser un appel d’offre international pour choisir le maître
d’œuvre général, et ensuite ….et maintenant je vous donne une information très intéressante, nous
voulons, avec l’argent de la municipalité, d’élaborer un projet spécifique pour chaque immeuble ;
chaque immeuble va avoir un projet, et nous donnerons ce projet, gratuitement, aux propriétaires des
immeubles, quand ceux-ci voudront faire des travaux. Et nous ferons ça pour maintenir le control et
une unité dans la zone…pour implémenter ce concept de régénération urbaine dans de
conditions…dans des bonnes conditions. Mais vous avez l’intention de discuter avec les propriétaires
avant de faire le projet ? Mais bien sur ! Sans faute, quand nous aurons choisi le maître d’œuvre, on va
organiser ensuite un débat publique, et là on va discuter chaque immeuble. [idem, p.85]
La mairie devra organiser une structure, une société sur actions, ouverte, dans laquelle la municipalité
va avoir la majorité. Cette structure va recevoir les thèmes majeurs de la part de la municipalité, mais
elle va agir comme une société commerciale, pour attirer le capital privé. [idem, p.70]
Nous envisageons d’ouvrir deux ou trois points d’information, selon le modèle de ceux qui sont à Paris,
à Vienne, où nous pourrons exposer les projets élaborés pour cette zone. [idem, p.75]

Les acteurs de la mairie évoquent dans leur discours la nécessité de la consultation des
citoyens. De plus, le CPUMB pointe du doigt le fait que l’équipe de HOK &PF a élaboré sa
stratégie sans consulter «ceux qui ont des affaires dans la zone ». La remarque de l’élaboration
du projet dans une tour d’ivoire nous a semblé de nouveau contradictoire, vu que la Mairie
elle-même a approuvé le PUZ sans consultation des citoyens comme prévu dans la stratégie de
IHS (approuvée par la mairie même), et a interdit la circulation automobile dans le centre
historique toujours sans consultation et malgré les protestations des commerçants locaux40.
De plus, et ceci nous a interrogé sur la prise de conscience du rôle de l’administration
publique par ses fonctionnaires, car en fait c’est le rôle de la Mairie d’organiser la consultation
des citoyens, dans l’intérêt public.
La conclusion qui pourrait ressortir de ces faits, serait que les acteurs de la Mairie, qui
constituent en fait l’autorité qui décide et qui gère la mise en pratique la décision, envisagent
la consultation de la population d’une manière théorique sans la transposer réellement en
pratique. De plus, dans le cas du projet de réhabilitation du centre historique, les acteurs de la
Mairie ont un partenaire de discussion déjà constitué en la personne de l’association AICI. Les
représentants de l’AICI sont actifs et souhaitent le dialogue avec la mairie. Ils sont même des
initiateurs de ce dialogue – par les multiples tables rondes accueillies au café Amsterdam, dans
le centre historique (voir le rôle des ONG et association AICI dans la communication du
projet, dans la deuxième partie de la thèse, p.164).
Bien que les représentants de l’administration publique – fonctionnaires, responsables
du projet, les élus et les représentants de la société civile se rencontrent, ce qui se passe lors de
ces rencontres - la façon dont on communique - donne aux uns (l’administration publique)
l’impression d’avoir fait la communication du projet et aux autres (société civile) l’impression

39
Bâtiment des studios c’est la traduction approximative en français d’un type de bâtiment qui abrite des
chambres – habitations individuelles. Les locataires utilisent en commun les WC. Cette habitation est en fait sous
les standards prévus par la loi en Roumanie pour ce qu’on appelle « logement ».
40
Qui de plus, ont démontré une baisse importante des ventes dans la zone (à l’occasion du séminaire du juin
2005)

231
de n’avoir pas réussi le débat réel autour du projet et de ne pas être écoutés. Cette affirmation
que nous venons de faire s’appuie sur les déclarations des représentants de ces groupes
d’acteurs que nous avons interviewés, et qui seront présentés par la suite.
D’abord, l’événement le plus parlant de ce point de vue, cité par tous les acteurs, est le
séminaire organisé en juin 2005 par le CPUMB (Mairie de Bucarest) et ProPatrimonio (ONG,
société civile). Le séminaire a été organisé afin de faire connaître le projet que la Mairie
envisage pour la réhabilitation du centre historique. Même si le PUZ était déjà approuvé
depuis janvier 2005, c’était une occasion pour les acteurs de se connaître et de partager leurs
visions du projet ou leur mécontentement concernant l’interdiction de la circulation
automobile. Comme nous l’avons présentés auparavant [2eme partie, chapitre 2], tous les
acteurs opérationnels du projet, et parmi ceux-ci les acteurs interviewés, ont été présents.
Les spécialistes parlent d’une faible organisation du séminaire, du manque d’objectifs
clairement annoncés, et d’une absence complète du débat entre les participants. Pour eux, ceci
fut la dernière discussion autour du projet, après laquelle ils déclarent n’être plus au courant
du déroulement du projet. Ils soulignent le manque de transparence dans la coordination du
projet.

L’objectif de ce séminaire (Séminaire juin 2005) n’a pas été bien défini, donc le séminaire n’a pas suivi
un certain objectif, et à la fin il n’y avait pas de conclusions … chacun a présenté quelque chose et ce fut
tout. Ensuite, chacun s’est occupé des ses affaires ; …le séminaire n’a pas crée des relations entre les
acteurs… telle coordination, tel résultat [...] nous nous sommes plus au courrant avec ce qui se passe
…il y a d’autres qui savent plus [...] la transparence n’existe pas [groupe 1 – spécialistes, membre bureau
d’étude, Vol.2, Annexes, thème « communication », p. 74]

Pour les membres du CPUMB, le séminaire a marqué la fin d’une étape – celle dans laquelle le
CPUMB a eu un rôle dans le projet, le relais étant pris ensuite par le UIPPilote.

[...]J’ai quitté la scène…il n’y avait aucun sens, car nous, nous avons fini notre rôle et nous avons
organisé un séminaire, où nous avons invité et réuni tous les acteurs qui devraient collaborer. A cette
occasion, nous avons essayé de transmettre un message public, c'est-à-dire, annoncer qu’une étape a été
bouclé et que une autre va commencer. Le séminaire a eu l’effet d’un point mis…à la fin de la phrase que
nous avons formulé jusque là. Je ne sais pas beaucoup plus de ce qui s’est passé ensuite… [Groupe 2 –
administration publique locale, représentant CPUMB, Vol.2, Annexes, thème « communication », p. 75]

Le représentant de l’AICI a présenté une statistique de la baisse de l’activité économique dans


la zone après l’interdiction de la circulation. Pourtant, un des interviewés de l’UIPPilote (en
position de décision) qui a participé lors du séminaire nous a loué lors de l’entretien les bons
effets de cette mesure.

… si on n’avait pas pris cette mesure, peut-être que à cause des vibrations, de la pollution, des effets
nocifs que la circulation automobile a, à coté bien sur, des effets positifs…on n’aurait plus de
support…de sujet de travail. / Alors vous allez rouvrir… / Bien sur, sans doute ! On va faire une
circulation mixte – automobile et piétonnière. Bien sur ! Mais nous devons préserver la zone, d’un façon
ou d’un autre, si on veut avoir encore sur quoi travailler. De plus, la délinquance est en baisse, la
pollution aussi, et de plus, maintenant les choses sont sous contrôle du point de vue de l’administration
publique et de…aa… des autres composantes de la vie sociale. Ca a été une mesure assez…dure, avec un
caractère dur, mais absolument nécessaire. [Groupe 2 – administration publique locale, membre de l’
UIPPilote]

Le maire a été présent juste pour la conférence de presse. Et les autres participants ont quitté le
séminaire après avoir présenté leur discours [Vol.2, Annexes, thème « communication »,
232
p.78]. Le débat ne s’est pas produit, et en fait, selon les déclarations d’un interviewé (membre
d’un ONG faisant partie des organisateurs du séminaire), le séminaire a été juste une case
cochée à l’endroit de l’activité de communication et promotion du projet de réhabilitation du
centre historique.

Et comme d’habitude ce fut… à la hâte…chacun est venu, a dit son discours et est partit aussitôt… non,
on n’a pas eu de débats, même si la modératrice a essayé, après les présentations…elle a essayé de
provoquer le débat…ce n’était pas possible car, une fois un discours prononcé, la présentation suivante
était sans lien, comme on aurait souhaité…et celui qui avait présenté était déjà parti. Ainsi, cet échange
d’expertise qu’on souhaitait, n’a pas arrivé à se produire … et voila tout…c’est exactement dans le style
du ne pas avoir le dialogue… alors on a eu effectivement juste une case cochée.
Le rapport du séminaire est plein de discours…indépendants, sans que quelque un de ces qui les ont
prononcés se soit engagé, et sans particulariser dans le sens d’exemplifier – on pourrait faire ci, ou ça
….ceci aurait aidé le débat se produire. [Groupe 3 – société civile, membre ONG, Vol.2, Annexes,
tableau « communication », p. 79]

En fait, la communication du projet se produit surtout par l’intermédiaire de la presse, qui


fonctionne comme interface de communication – les articles parus dans les journaux ou dans
les hebdomadaires sont le miroir des déclarations et des réactions aux déclarations des uns et
des autres des acteurs.
La communication entre le UIPPilote et l’association AICI s’avère une impasse. Ainsi,
le chef de l’UIPPilote identifie l’association AICI comme « un partenaire permanent de la
municipalité, avec l’aide duquel nous essayons d’informer la population sur les efforts de la
municipalité », tandis que un des représentants41 de l’AICI déclare dans la presse et lors de
l’entretien le contraire.

La Mairie voit dans la communication juste un instrument pour construire une image. Nous avons
essayé un dialogue direct avec l’administration, mais nous n’avons pas réussi. C’est une relation
formelle, dans laquelle l’administration simule le dialogue. La communication fait partie d’une société
moderne / elle n’est pas seulement un instrument pour fabriquer une image et la vendre. La
communication est un instrument de management, des relations sociales, du développement. Aucune
société ne peut se développer actuellement sans communication. La communication a le rôle de mettre
ensemble des ressources diverses qui peuvent contribuer à la réalisation d’un intérêt commun. Il faut
consulter les groupes qui représentent d’une façon ou d’une autre cette zone, ceux qui sont affecté par ce
projet, ceux qui peuvent devenir des participants dans ce projet. Si tu veux, la clé de la revitalisation est
dans cette communication. Il faudrait voir comment faire circuler l’information entre les groupes,
chacun avec ses besoins, et le groupe d’expertes qui proposent la solution. La solution doit devenir une
plateforme à laquelle participent tous les acteurs – c’est un développement naturel. [Groupe 3 – membre
d’AICI, Vol.2, Annexes, thème « communication » p.79]

De plus, il résulte de ses déclarations que le projet de la Mairie n’est pas bien connu, car
insuffisamment communiqué. La dimension la plus connue est celle réglementaire –
l’existence d’un PUZ, mais selon l’interviewé, « un PUZ n’est pas un plan de développement ».
Certes, nous avons vu que la Mairie a préparé les prémisses pour la mise en œuvre d’un projet
intégré, un projet à multiples dimensions, mais la seule dimension visible pour le moment est
la réhabilitation de l’infrastructure, tandis que les autres ne sont pas visibles ou se passent
contrairement aux attentes des acteurs du quartier, et même des études élaborées. C’est
pourquoi nous affirmons, tout comme certains des acteurs interviewés, qu’il ne suffit pas que

41
Est intéressant de rappeler une autre casquette portée par cette personne. A part son rôle dans l’association
AICI, cette personne est associé dans une entreprise privé, dont le siège est dans le centre historique et dont
l’objet d’activité est la communication.

233
le projet soit formulé. Le projet a besoin d’une équipe qui sait le mettre en œuvre en tant que
tel.
Ce que nous avons mis en évidence jusque là, c’est une communication problématique
entre les principaux acteurs du projet : les spécialistes, les décideurs et les coordinateurs du
projet, et les représentants de la communauté locale et de la société civile. Tous, chacun à leur
tour, soulignent le manque de transparence de l’équipe coordinatrice du projet. De cette
relation entre les acteurs, dont le fonctionnement est entravé par le manque de
communication, un autre aspect a fait surface lors des entretiens – le manque de confiance. En
fait, cette triade dans le jeux des acteurs – rôles et relations / communication/confiance –
semblerait être centrale dans le cadre d’un projet intégré, qui suppose multiplicité des acteurs,
des dimensions, des ressources, de temporalités, c'est-à-dire, qui essaye de manager
l’incertitude42.

Toutes les messages que la Mairie envoie vers les investisseurs, ou les potentiels investisseurs, le
découragent de faire quoi que ce soit… le coté non officiel de ces messages est très inamical. La
transparence n’existe pas. [Groupe 3 – membre d’AICI, Vol.2, Annexes, thème « communication » p.79]

If rules can change at any moment, they (investors, ma note) can't control the situation, they're not
confident of the people who are controlling the situation of going into the right direction, they won't
invest… Perhaps the environment that they (the City Hall) create, by not having a plan, and not having a
direction, and not having a purpose, and not communicating a message of what they're doing ....I mean,
yes, there are a huge number of people willing to be involved in this, there are a huge number, an even
bigger number of people who would like to see this area developed, and really put the heart back into
Bucharest
I saw this... But without understanding that? and a real commitment from the City Hall…They have not
real comprehension what it's all about.
People are buying a little building here, a little building there, but again, they're not putting any big
money into it, until they can see that there is a plan going forward and is being communicated, and you
don't do something stupid, like cut off all the traffic one day without telling the people, without
explaining, without communicating, you know, you just kill all the retail. […] Yes, there you are, from a
real estate point of view, if you don't have confidence in the public authorities who administer an area,
you don't put any money in it. (Groupe 3 – promoteur étranger, ancien participants aux étapes des
années 90-95, du projet de régénération du centre historique, Vol.2, Annexes, tableau
« communication » p. 81]

Dans un cadre en construction comme celui des pratiques du projet urbain à Bucarest, la
confiance entre les acteurs du projet pourrait constituer la base sur laquelle se recomposent de
nouvelles relations. Cependant, à cause du manque de communication, et de transparence, la
confiance semble s’installer « à l’inverse ». Plus précisément, les habitants, les commerçants du
centre historique, les potentiels investisseurs, ont tendance à se stabiliser dans un sentiment de
crainte face aux actions de la municipalité.

42
Dans un contexte social stable et normée, il existe deux forces légitimes pour réduire les conflits : la tradition,
tant qu'elle est largement respectée par tous, et l'exercice de la violence (symbolique ou physique) par les
autorités légales. Dans les cas se caractérisant plutôt par incertitude sur l'exercice réel de la puissance des
autorités légales, la légitimité sur laques s'appuie la régulation est donc à construire. Un projet urbain, où l'action
publique doit entraîner l'investissement privé, consiste dans un processus de construction de l'action collective.
Quand les contextes ne sont pas stable parce qu'ils se désinstitutionnalisent (l'institutionnalisation correspond à
ce qui contribue au maintien de la vie quotidienne en l'incorporant à des routines), il s'agit de les re-typifier, afin
qu'ils redeviennent prédictibles. Si la confiance s'avère justifiée, la relation devient un cadre de perception pour
des situations nouvelles. [Bourdin, Lefeuvre, Melé, 2006, pp 39-40]

234
Pour les locataires sans bail, la solution annoncée est l’évacuation, pour les investisseurs de
l’AICI, la maintenance de l’interdiction de la circulation. La méconnaissance du projet réel
envisagé par la Maairie pour la zone, est de nature à déstabiliser ces personnes du point de vue
économique. Néanmoins, l’objectif de l’équipe de l’UIPPilote est de réhabiliter l’infrastructure
pour attirer les investisseurs privés. Mais cet objectif de la Mairie n’est pas assez médiatisé.
C'est-à-dire ce que la Mairie annonce n’est pas assez convaincant pour que des investisseurs
privés se manifestent. Nous avons contacté deux personnes de cet environnement : une des
personnes est active dans le domaine du conseil en immobilier de l'entreprise, et l’autre est un
promoteur étranger, actif en Roumanie. Nous avons contacté ces personnes d’abord pour
apprécier s’il y a un intérêt de la part des investisseurs pour cette zone et aussi parce que le
promoteur étranger a été impliquée dans les étapes des années 1990 - 1995 du projet de
revitalisation du centre historique (dont des extraits de ses déclarations faites lors de
l’entretien, nous avons cité auparavant).
Le premier contact nous a déclaré que, pour le moment, les grands investisseurs ne
sont pas attirés par ce centre historique à cause des multiples problèmes existants – la
situation juridique des propriétés, l’état actuel des infrastructures, le manque de parkings. Le
projet en cours de réhabilitation de l’infrastructure ne parait pas être connu, ou plutôt
considéré comme une opération de notoriété dont on peut tenir compte43.
Le deuxième contact, le promoteur étranger, nous a intéressé en tant que possesseur de
deux casquettes : ancien acteur (expert étranger) de la période de définition du projet de
revitalisation du centre historique et actuel promoteur d’un des plus grands projets
immobiliers de Bucarest. Durant l’entretien, il nous a expliqué son expérience concernant le
projet du centre historique et aussi les causes du déplacement de sont intérêt vers le nord de la
capitale. Ses déclarations ont permis de relever des aspects liés à communication du projet et à
la confiance créée entre les acteurs.
D’abord, le projet des autorités publiques n’est pas connu. Pour le faire connaître il
faudrait, selon lui, que la Mairie fasse une campagne majeure de promotion de la zone, et
qu’elle accepte le conseil des experts étrangers, car pour la Roumanie, ce type d’opération est
une première. Il souligne la nécessité d’une approche intégrée du projet, que selon son
opinion, la Mairie ne possède pas encore le savoir-faire, et la nécessaire existence d’une agence
de développement qui gère le projet. Selon son expérience personnelle dans les années 90, la
Mairie ne détient pas le savoir faire et n’accepte pas non plus d’être conseillée.

So, if the City Hall…in order to encourage investment here you got to have a coordinated plan and a
dedicated approach of the whole thing. You got to understand what the legal aspects are, what the
infrastructure aspects are, what is available for the future development of the area and what is to be
preserved, and what is the ultimate goal, what do we want to create here …And you need to have a
dedicated body to do that. Because right now you've got from Distrigaz, from the City Hall, you've got a
… you've got a secretary… So many people involved, you get all around a table and they'll talk about
nothing 5 hours, and no progress will be made.
The way that these projects are developed in normal countries…as you take an area like this, you create
a…, what they call it, a development agency, that is empowered in this area to do various things, to have
the right over planning control, to have the right over infrastructure improvement and facilities
improvement, to have the right over compulsory purchases of proprieties, if necessary, and it has a plan
that it is acceptable…using some private money, or some public money...some private money to do
this…That's the way to do it, and we told the City Hall this twelve years ago, and still they're doing
nothing…

43
La discussion a eu lieu par téléphone, nous avons fait le résumé.

235
But how you can do the technical project for the infrastructure, if you don't know what the project it's
going to be in the future? You don't know how many people are gonna be living there, you don't know
how many offices are going to be in there, you don't how much electricity is going to be needed, you
don't know how great is got to be, you know, so…sure, you can only improve what's there today, but
you're starting from the wrong end of the machine…so… they don't know what to do, but they won't be
told, and…I sat with them twelve years ago, and explained to them about it and I got to […] to EU
funding to do this …an English partner…I swore that I'll never be involved in a thing like this, because
the people…nice people, but not a clue, and we're not prepared to be told what, how to do it properly, so
really their interest is not there, you know, is how I concluded.
[…] it has to be a major, major campaign in this whole area, if they are serious about redeveloping the
center of the city. And, yeah, they need some… to bring in some people who know about it good…It
doesn't matter what you think about Portugal or London or San Francisco or whatever: all these
countries have gone through this. Romania is doing it for the first time, they're not listening to the
people who have the experience…so they're making all the mistakes
[…] That's why they lost 15 years, and that's why we started out the XXX project, rather than do
something in town, because we're not going to sit and wait for that to…
[Groupe 3 – promoteur étranger, Vol.2, Annexes, tableau « communication » pp. 80 – 81]

La confrontation entre l’objectif de l’UIPPilote, d’attirer les investisseurs privés, et l’opinion de


cet investisseur important qui s’est déjà réorienté vers le nord de la capitale, soulève des
interrogations sur la stratégie de la Mairie, destinée à attirer ce genre d’investisseurs.
L’environnement créé par la Mairie, caractérisé par l’absence d’un plan cohérent, sans
objectifs clairement définis, n’inspire pas confiance aux investisseurs, et sans ce climat de
confiance, les investisseurs ignorent le projet (voir aussi supra, p.235)
Ces opinions rencontrent celles du représentant de l’AICI, la seule différence étant que
tandis que le promoteur étranger s’est déjà orienté ailleurs, les investisseurs implantés dans la
zone doivent s’appliquer à maintenir leurs affaires dans la zone. Une conclusion peut être tirée
pour le compte de la Mairie : la façon dont elle gère le projet actuellement, est de nature à
décourager les investisseurs locaux existants ainsi que les investisseurs potentiels.
Les acteurs qui évoluent sur plan local – les spécialistes, la Mairie, et les représentants
de la société civile et des investisseurs expérimentent des blocages liés au manque de
transparence des acteurs les plus. La Mairie ne sait ni quand ni comment faire la
communication. Les acteurs les plus actifs dans la communication appartiennent à la société
civile et sont les représentants des investisseurs locaux. Ce qu’ils font, toutes ces réunions,
échanges d’expérience et séminaires organisés ne peuvent pas remplacer le rôle de la Mairie
dans la communication, parce que seule la Mairie, si elle en a la volonté, peut intégrer tout ce-
ci dans le projet en cours.
De plus, le pouvoir de persuasion de ces associations et des ONG actives dans ce
champ, est limité, car elles fonctionnent avec des moments de mobilisation extrême suivis de
moments de calme. Ce sont des structures dont les membres sont impliqués dans plusieurs
activités à la fois afin de gagner leur vie. Les ONG fonctionnent surtout quand elles trouvent
des financements pour ce type de projets. En général, c’est une importante activité de
volontariat de quelques membres actifs.
Durant les entretiens les acteurs du Groupe 3 –société civile ont parlé de leur intention
de créer une « task force » - un groupe de réflexions et d’initiatives pour le centre historique.
Vu les problèmes énoncés plus haut, ce groupe n’est pas arrivé à fonctionner régulièrement et
à constituer une force de pression pour la Mairie.

Nous avons eu l’intention de faire un groupe d’initiative pour le centre historique … et faire quelque
chose… lobby du coté de l’administration publique… sensibiliser l’administration, les habitants…

236
Nul ne peut faire quelque chose tout seul. On a besoin des compétences de chacun d’entre nous. Un
groupe doit respecter les règles du groupe, il faut donner, il faut participer, quant il y a besoin, et ceci
n’est pas possible, car chacun est impliqué dans son propre boulot et chacun a tellement des
responsabilités qu’il est difficile de trouver du temps. […] Quand tu dis que tu veux faire quelque chose,
et tu sentes que tu veux faire partie de ce groupe, alors il faut pas regarder avant tout chez toi (en tant
que organisation, ma note) pour faire quelque chose, et seulement ensuite tu regardes vers le group –
soit on communique soit on communique pas du tout ! [Groupe 3 – société civile, membre ONG,
tableau « communication », Vol.2, Annexes, p.79 ]
On n’a pas eu un projet pour rester ensemble. Si on avait eu un projet, le plus petit projet possible, un
petit financement, qu’il ne soit complètement sans… nous avons voulu faire un manifeste commun, une
sorte de déclaration qui établit des principes communs… mais ce n’était pas clair, et nous n’avons pas eu
ces principes énoncés. Ce n’était pas un consensus… il y avait beaucoup de boulot à faire sans
ressources, dans un temps très court, travailler à l’arrache, quoi ! tu sais, cet état d’esprit – ferons
quelque chose, si nous sommes déjà là, ferons quelque chose ! Certains d’entre nous n’ont pas apprécié.
[Groupe 3 – société civile, membre ONG, autre que le précèdent, tableau « communication », Vol.2,
Annexes, p.78]

En dehors du local, l’administration publique centrale et/ou l’Agence de développement


régional BI pourraient avoir un rôle dans ce projet, mais jusque là, elles ne sont pas arrivées à
donner des impulsions importantes à ce statu quo local. Pour le moment, elles demeurent des
acteurs potentiels. Nous avons vu que la formule du Conseil de Coordination interministériel
(CCCIB) institué par l’OG 77/2001 n’a pas été viable. Les acteurs de l’administration publique
ont invoqué plusieurs fois le fait que le principe de l’autonomie locale n’a pas été respecté dans
la construction de ce Conseil (voir 2eme partie, présentation de la table ronde du novembre
2001, apres le projet « Beautiful Bucharest », pp. 124-127).
Pourtant le rôle d’un tel conseil de pilotage politique aurait pu être de soutenir le projet
au niveau des politiques publiques qui intégreraient plusieurs domaines et des procédures
bureaucratiques d’approbation du projet, laissant toutefois le pilotage opérationnel - donc la
mise en oeuvre du projet, dans l’attribution de la Mairie. En premier lieu, le plus évident a été
le fait que les administrations publiques centrale et locale ont suivi des chemins parallèles, à
cause des dissensions politiques. Ensuite, selon les témoignages lors des entretiens d’autres
causes de l’absence de ministères ont pris relief (le désengagement des fonctionnaires face à la
prise de décision).
Des causes liées à l’organisation et le fonctionnement des ministères en tant que
structures rigides qui ne sont pas prêts à fonctionner par des ajustements successifs de leurs
stratégies, ont été relevés lors des entretiens. Ainsi, un interviewé du Ministère de la culture
explique que le fonctionnement d’un ministère est caractérisé par la rigidité et par
l’impossibilité de négociation. Toute action entreprise par un ministère doit être une réussite
(« performance institutionnelle »), alors l’Etat choisit de s’impliquer dans les projets qui ont la
chance de se transformer dans une réussite.

Ce genre d’intervention (sur des territoires de la ville, ma note) se retrouve actuellement coincé entre un
Etat qui a des institutions omnipotentes en théorie, mais dans la pratique il n’a pas les moyens pour
exercer cette… et une autre formule dans laquelle il faudrait accepter la négociation et même la perte de
certains choses… tout en gardant une ligne stratégique. [...] Mais nous, nous avons un système comme
si l’Etat était riche, avec plein de fonctionnaires publiques qui sont capable d’imposer le fonctionnement
de la loi… la réalité est différente
Le Ministère de la culture mène son combat entre deux extrêmes : imposer la loi partout ou elle doit être
imposée, mais il ne réussi pas à cause de manque de personnel, ou manque de fonds…. et aussi il doit
accepter de renoncer à certains combats pour pouvoir s’occuper d’autres qu’il veut gagner. Les
organismes gouvernementaux actionnent selon le principe que… toutes les actions qu’il commence, il
doit le finir en vainqueur…

237
Un ministre, ou un ministère, un fois engrené dans une activité…. Du point de vue politique … on va
dire du point de vue de la performance institutionnelle…. telle comme elle est appréciée par la presse, il
doit obtenir des résultats, il ne peut pas faire demi tour, même s’il rentre dans la compétition avec très
peu de ressources … il ne peut plus faire demi-tour, il n’a pas la possibilité de négocier… pour le
moment… car toutes les ministères sont encore des lieux où les choses sont très rigides.
[Groupe 2 – administration publique centrale, fonctionnaire dans le ministère de la culture, Vol. 2.
Annexes, tableau « rôles et collaboration » pp. 87 - 88]

Lié à cette rigidité du système, un autre aspect intéressant est mentionné – le fait que un
ministère fonctionne comme si l’Etat était riche et capable d’imposer la loi et sa volonté,
tandis que le contexte actuel est dominé par l’incertitude et une nécessaire flexibilité et
négociation. Dans cette perspective, le Ministère de la culture pourrait avoir dans l’avenir le
rôle d’incitateur et de facilitateur pour des projets de régénération urbaine, auprès de
l’administration publique locale. Il devrait être, tout comme les autres ministères, un
partenaire stratégique de la Mairie.

Le Ministère de la culture, par ses compétences est un partenaire à privilégier, mais non un acteur
principal. Il ne peut pas se substituer à la Mairie. Ni le meilleur ministre de la culture ne peut pas faire ce
qui peut faire le pire maire de Bucarest. Le ministère (de la culture, ma note) actionne par quelques
moyens : il est un organisme qui donne des réglementations et des avis… et il a quelques propriétés dans
la zone. Il est donc un actionnaire significatif.
Le Ministère de la culture, comme n’importe quel ministère, ne peut pas être ni plus ni moins que ce que
la loi lui permette. Il ne faut pas tirer tout de suite la conclusion qu’il serait encore une fois possible
d’exproprier tout le centre historique pour faire un certain projet. La seule chose qu’il peut faire c’est le
« planning policy guidence », comme les anglais, c'est-à-dire, avoir un rôle méthodologique. [idem]

L’Agence de développement régional n’a pas un rôle officiel dans le projet de réhabilitation du
centre historique. Pourtant, grâce à ses activités, dont l’initiateur est le consultant étranger
pour l’adhésion elle a un rôle important dans la formation des acteurs urbains – locaux ou
nationaux. A l’occasion des séminaires, tables rondes, échanges de spécialistes, ont été
disséminés des savoirs concernant les fonds structuraux, les projets de régénération urbaine,
les normes et pratiques européennes. Dans la période 2007-2013 l’Agence de développement
régional BI pourrait jouer un rôle en tant que charnière entre les projets locaux de
régénération urbaine et les fonds structuraux octroyés par l’UE et l’Etat roumain. Nous
rappelons que le PDRBI inclue le projet de réhabilitation du centre historique parmi les
projets de régénération urbaine proposés par la région Bucarest Ilfov.
Nous voulons aussi passer en revue les observations que le consultant étranger a fait
lors de l’entretien sur les pratiques d’urbanisation à Bucarest. Vues de la perspective de
quelqu’un qui a travaillé en Roumanie mais qui, en même temps, a l’expérience des pratiques
dans les pays de l’UE, ces observations nous montrent quelques uns des points faibles des
acteurs de l’administration publique en Roumanie. Ainsi, parmi les plus visibles sont les
conflits politiques qui bloquent des projets d’intérêt public, l’incapacité des fonctionnaires à
prendre des décisions, la pauvreté de l’Etat en ce qui concerne le patrimoine immobilier, le
rôle difficile du Maire qui doit trouver un juste équilibre entre développement économique et
développement de la communauté locale. Bien plus, dans le cas d’un projet de régénération
urbaine tel que la réhabilitation du centre historique, cette personne a souligné la nécessaire
existence d’une personne en tête du projet, un « champion » qui devient la locomotive du
projet « cette personne un peu naïve…quelqu’un amoureux de cette idée, passionné par le
projet » dont le travail est inestimable car « c’est un effort immense », fait dans l’intérêt de la
communauté, et cette personne est difficile à trouver pour le moment.

238
3. Analyse des articles parus dans la presse

3.1. Le choix des articles de la presse et leur exploitation

Notre analyse a bien mis en évidence que le projet du centre historique ne bénéficie pas d’une
publication éditée par la Mairie, qui présenterait le point de vue officiel de celle-ci et
contiendrait des informations accompagnant les diverses étapes du projet, destinées au grand
public. De même, il n'y a pas de brochures pour expliquer et populariser le projet, il n'y a pas
un chargée de communication du projet, il n'existe pas un point de communication et
d'information situé dans la zone du centre historique. Nous pouvons affirmer que la Mairie
manque d'une interface avec le public.
En revanche, le sujet de la réhabilitation du centre historique a été traité par la presse,
surtout à partir du début de l’année 2005, moment qui coïncide avec l’approbation du PUZ.
La presse – les journaux, les hebdomadaires, les revues spécialisées, n’ont pas présenté le point
de vue officiel de la Mairie, mais une vision critique sur ce qui était perçu comme
« événement ». En conséquence, pour compléter l’analyse précédente nous avons procédé à
une analyse de articles de presse qui n'est pas exhaustive. Il s'agit d’une centaine d’articles
parus sur le sujet, que nous avons pu trouver par des recherches sur de mot - clés dans les
versions « en ligne » des journaux – publications quotidiennes (Adevarul, Averea, Azi, Banii
nostri, Cotidianul, Cronica Romana, Curentul, Curierul National, Evenimentul zilei,
Gardianul, Gindul, Jurnalul National, Romania Libera, Ziua ) hebdomadaires (Dilema Veche,
Revista 22,) ou mensuels (Sfera Politicii, Arhitext Design), ainsi que dans des versions papier
(Le Bulletin de l'OAR). Les thèmes recherchés ont été : régénération / réhabilitation du centre
historique / Lipscani, développement de Bucarest, Bucarest ville / capitale européenne,
réhabilitation des réseaux dans le centre historique. La liste des articles figure dans la
bibliographie.
La plupart des articles parus ont accompagné le déroulement du projet avec un point
de vue critique sur les actions du Maire, en tant qu’élu et principal responsable de ce qui se
passe ou ne se passe pas dans le centre historique. Plus précisément, les journalistes ont essayé
souvent de faire une évaluation entre ce que le Maire élu a promis dans la campagne électorale
et ce qui se passe sur le terrain. D’autres articles, plutôt ceux parus dans des hebdomadaires
comme « Revista 22 »,« Dilema » et dans les revues spécialisées (Arhitext Design, Bulletin de
l’OAR) ont une intention critique qui dépasse la politique et vise aussi des aspects sociaux et
culturels.
Les articles dont l’analyse sera présentée par la suite, représentent soit des
commentaires des journalistes autour des « événements » qui ont marqué les étapes du projet,
soit des transcriptions d’interviews avec les acteurs du projet : élus, responsables,
organisations de la société civile, faites par les journalistes. Nous avons observé que les

239
informations parues dans la presse étaient souvent contradictoires (pour ce qui concerne les
étapes et les objectifs du projet) et souvent loin des donnés réelles (quant au nombre
d’habitants de la zone, le pourcentage des habitants sans bail, ainsi que pour les sources de
financement du projet).
Vu l’insuffisante information dont plusieurs auteurs des articles font preuve, ainsi que
les affirmations équivoques faites par les élus mêmes, perpétuées d’un article à l’autre, nous
nous sommes rendu compte assez vite que nous ne pourrons pas utiliser la presse en tant que
source pour une reconstitution objective du projet. Ainsi nous avons utilisé cette ressource
documentaire comme baromètre de la transparence de l'administration publique, et aussi
comme outil de communication, car ce qui nous intéresse dans ce chapitre est la manière dans
laquelle la presse perçoit et transmet tout à la fois le déroulement du projet et le rôle des
acteurs.
La presse a constitué une tribune depuis laquelle se sont exprimés les acteurs. Ainsi,
des profils publics de ces acteurs ont pris contour. Par exemple : la figure du Maire général, la
figure du Maire du 3ème, les spécialistes de la Mairie, le responsable du projet, les ONG,
l'association locale AICI, les organisations professionnelles qui sont quelques uns des acteurs
du projet. À travers la presse, ils sont devenus les plus visibles. Par leurs prises de positions, ils
se sont construit un profil, qui se superpose plus ou moins avec leur rôle réel dans le projet.
Par exemple, le Maire du 3ème est une des figures qui a pris beaucoup plus d’importance dans
la presse qu’en réalité.
Ces aspects nous ont conduit à analyser la presse en tant qu’interface, ou outil de
communication des acteurs urbains. En même temps, nous avons cherché dans le discours
écrit les termes utilisés pour traiter le sujet du centre historique et de sa réhabilitation. Notre
objectif a été de les confronter avec les termes mis en évidence lors de l’analyse de discours
faite auparavant : il y –a-t-ils des termes qui reviennent dans les articles comme dans les
documents officiels ou dans les discours des acteurs ? Peut-on observer les germes d’un
nouveau discours ? Si oui, quels en sont les termes ? En quoi ceux-ci nous renseignent-ils sur
les représentations que la presse construit ? Car la presse, en tant qu’interface, opère une
explicitation du monde pour ses lecteurs, et ce construit reste souvent (c’est les cas des
journaux) au niveau des images tout prêtes, des clichés à livrer au grand public44.
Pour ce qui nous intéresse concernant l’univers des représentations sur l’urbain, qui
est en train de se définir à Bucarest, nous avons constaté que des termes comme
développement durable ou régénération urbaine, sont utilisés rarement dans les journaux.
Par contre, ce qui parait prendre forme est le modèle de la « ville européenne », qui se
construit entre une image issue de la réalité, « un schéma dans lequel on pourrait ordonner la
réalité à titre d’exemplaire » et « un concept limite, purement idéal, auquel on mesure la réalité
pour clarifier le contenu empirique de certains éléments importants et avec lequel on la
compare » [Weber - Bouretz, 1996]. La ville européenne, en tant que modèle, prend valeurs
entre ces deux extrêmes – schéma à reproduire et idéal-type - selon l’habileté de l’auteur de

44
« L'imagerie est l'ensemble des préjugés, des idées toutes faites, des lieux communs et des clichées qui sont dans
l'air du temps et qui ne manquent jamais de resurgir en tout premier lieu dans une conversation et, à fortiori,
dans un entretien [...]. L'imagerie est le prêt à penser du moment que délivre immédiatement toute personne [...]
cela même que tout le monde peut entendre dans les discussions du café du commerce, ou lire dans les articles de
presse écrits à la hâte, constitue concrètement l'imagerie que l'enquête doit s'efforcer à dépasser » [Chalas, 2000,
p.10-11]

240
l’article45. Ceci est visible dans les articles qui représentent des points de vue critiques sur les
événements, car ils sont construits sur une dualité : ce qu’on souhaite de Bucarest- devenir
une ville européenne, et ce que la ville est dans le présent ou ce qu’elle a tendance à devenir, vu
les actions de l’administration publique. La dualité est d’autant plus accentuée que l’auteur de
l’article est critique envers l’activité de la Mairie.

3.2. La presse- interface de la communication dans le cadre du projet de


régénération urbaine du centre historique de Bucarest

Parmi les articles analysés, le premier qui traite du projet de réhabilitation du centre
historique date de 2003. A l’occasion d’une rencontre occasionnée par une donation de
l’ambassade des Etats-Unis pour la restauration de l’église Stavropoleos, situé dans le centre
historique, le Maire a déclaré qu’à partit du printemps 2004, la Mairie « va engendrer» un
programme de restauration de l’infrastructure dans la zone centrale, cofinancé par la BERD.
Le commentaire qui accompagne cette initiative fait référence à la perspective pour Bucarest
d’avoir bientôt « un centre historique comme dans toutes les capitales européennes »
[Adevărul, 15.08.03].
A partir du printemps 2005, le projet de réhabilitation du centre historique fait
constamment l’objet d’articles dans les journaux. Dès le début, la description du projet par les
journalistes combine des donnés réelles pour offrir une image déformée, par manque de
précision. Nous savons déjà que la mairie a élaboré un projet intégré pour toute la zone du
centre historique mais qu’elle a commencé seulement la réhabilitation de l’infrastructure et
ceci dans une zone restreinte, la zone du Projet Pilote. Le financement existant concerne
seulement ce projet d’infrastructure. Dans les journaux, « le centre historique deviendra
bientôt un immense chantier »46 et sur 57ha, les bâtiments seront rénovés, l’infrastructure sera
rénovée, les rues seront sans trous, vont apparaître des zones piétonnières, parcages, magasins,
bars et restaurants. Parmi les objectifs sont mentionnés aussi - la baisse de la pollution et de la
congestion routière, et la revitalisation des commerces de la zone. Pour tout ceci, le
financement annoncé est de 28 millions d’euros provenant de sources externes, incluant un
crédit BERD, le programme PHARE et une contribution du budget local, de la mairie. La
durée du projet est annoncée de 18 mois, avec le terme limite 01.01.2007. « La situation serait
radicalement changée d’ici deux ans » selon les déclarations officielles.
Un autre article paru dans Financial Times –« Bucharest : Plan to transform a brutalist
image » [23.02.2005] corrige la description du projet – il est précisé qu’il s’agit d’une
intervention sur seulement 12 ha, la zone du projet pilote, et seulement sur l’infrastructure et
le mobilier urbain, dans une première étape. Sans renoncer à la note optimiste donnée par
cette décision de la mairie, l’auteur tient à rappeler les blocages qui ont empêché la mise en
œuvre du projet depuis les années 90, mais estime que maintenant, plusieurs facteurs peuvent
contribuer à la réalisation du projet (changement de l’équipe gouvernementale, des élus
locaux, perspectives de résolution en priorité de la restitution des propriétés). L’architecte en
chef de la capitale évoque en tant que modèle les opérations de régénération des Docklands à
Londres et parle de « l’image de Bucarest ». L’article rappelle que les investisseurs préfèrent les

45
Le modèle de ville européenne renvoie le plus souvent à une image – nous allons voir les exemples plus loin, et
de temps en temps à la façon de produire cette image – aux pratiques de l’administration publique et des
citoyens, en Europe.
46
Article « Le centre historique de Bucarest sera rénové », [Southeast European Times, 17.02.05]

241
terrains libres, sans problèmes juridiques pour développer des affaires immobilières plutôt que
le centre historique qui réunit toutes sortes de problèmes.
Les articles parus en février 2005, continuent sur la même tonalité optimiste [art.
« Résurrection de Lipscani ! », Ziua, 24.02.2005] et le Maire du 3ème devient très visible dans
ces articles. A la demande des journalistes il donne des déclarations et explique le projet. Il est
aussi l’initiateur de l’interdiction de la circulation des véhicules, qui a été approuvée par la
mairie générale. En tant qu’administrateur de la zone du centre historique, le Maire du 3ème est
une figure présente dans les journaux. Pourtant, en conformité avec la loi 350/2001 (voir 2ème
part, chapitre « Le cadre législatif et institutionnel actuel, tableaux synthétiques ») les
compétences d’avis et d’approbations dans cette étape du PUZ se situent au niveau du Conseil
général de la mairie et du Ministère des travaux publics. Le Maire du 3ème a pour rôle de mettre
en œuvre ces décisions. Nous rappelons que même pendant l’entretien avec le chef de
l’UIPPilote, celui ci a situé le maire du 3ème comme exécutant des décisions prises par la Mairie
générale. Moi-même, j’ai appelé l’architecte en chef du 3ème pour obtenir un entretien, qu’il a
décliné en déclarant que la Mairie du 3ème n’a que le rôle d’un simple exécutant des décisions
de la Mairie générale. Nous faisons ce détour à propos du Maire du 3ème car il nous semble
important de souligner une certaine ambiguïté dans la définition des rôles et responsabilités
au sein des élus de l’administration locale. Le mot souvent invoqué est la décentralisation
(commencée en 2001) quand certaines des responsabilités du Maire général ont été déléguées
vers les maires de secteurs. A l’époque il s’agissait d’un Maire général en opposition politique
avec les Maires de secteurs, ce qui, aujourd’hui n’est plus le cas. Pourtant, cette ambiguïté
persiste, et nous l’avons suivie dans les articles pour essayer de comprendre la relation entre la
Mairie générale et la Mairie de secteur, articulée autour du verbe « faire ». Ceci est une
remarque qui s’appuie aussi sur le slogan électoral du maire élu en printemps 2005 :
« Videanu, celui qui fait » (Videanu, care face ! en roumain) Nous avons constaté ainsi que
dans le paysage local bucarestois, prendre une décision et la mettre en place autrement dit,
« faire quelque chose », est perçu comme positif par les journalistes. Cependant, « faire
quelque chose » dans le centre historique de Bucarest pourrait être risqué : car les problèmes à
résoudre sont loin d’offrir un capital électoral – restitution des immeubles, changement de
statut pour les locataires, clarification du statut des locataires sans bail, des contrats avec les
commerçants locaux. Le couple Maire général – Maire du 3ème agit dans ce contexte. En
revanche, les responsabilités des actions balancent du coté d’un ou de l’autre, selon le cas.
La décision de l’interdiction des véhicules dans le centre historique a été annoncée par
le Maire du 3ème dans une conférence de presse, et la nouvelle a été positivement reçue par les
journaux : « Le Maire du 3ème fait le premier pas concret dans l’action de réhabilitation du
centre historique » [Ziua, 24.02.2005]. Le Maire du 3ème a annoncé aussi l’évacuation des
locataires sans bail. La perspective de l’évacuation plane sur tous les habitants, mais ceux qui
habitent légalement – propriétaires et locataires recevront des logements sociaux pour la
durée des travaux, tandis que les locataires sans bail seront renvoyés dans leurs localités
d’origine. Un premier chiffre est avancé – 80% des locataires du centre historiques habitent là
sans bail. La figure du Maire du 3ème va souvent de pair avec le sujet du centre historique, dans
les journaux.
Le Maire général est moins visible. Quand il donne des interviews, les sujets traités
concernent tous les projets qu’il a annoncé pour la capitale. Il semble plus préoccupé par la
formulation des projets et de recherche des financements que par leur mise en œuvre.
Questionné en 2006 sur le retard du projet de réhabilitation du centre historique, sa réponse
contourne le sujet. Notre impression a été qu’il dirige indirectement la responsabilité vers le

242
Maire du 3ème, tout en affirmant ses appréciations positives à l’adresse de celui-ci. Les
problèmes qu’il énumère comme étant les causes du retard, sont les mêmes qu’il y a dix ans.
Notre analyse précédente a montré que le retard ne peut pas être mis sur le compte de
l’existence de ces problèmes, mais plutôt sur la façon dont la Mairie les traites. Par
conséquent, la responsabilité appartient à la Mairie générale qui est le coordonnateur du
projet. Nous remarquons aussi la présence des verbes au futur et des constructions de type « il
faut », « on devrait ».

Pourquoi les travaux dans le centre historique sont en retard ?


Le centre historique, en grande partie, appartient au 3ème secteur. Le Maire de 3ème est un de plus capable
Maire de secteurs de Bucarest. Depuis quand il est devenu maire, il a fait beaucoup pour le 3ème et nous
voulons nous occuper ensemble du centre historique. En fait, c’est la Municipalité qui fournit les
ressources pour la réhabilitation de l’infrastructure, mais ceci ne suffit pas pour résoudre le problème du
centre historique. D’abord, il faut refaire l’infrastructure. […] Ensuite ou en parallèle on devrait
réfléchir à la consolidation du patrimoine culturel qu’on a dans le centre historique. On a des problèmes
concernant la clarification du statut juridique. Il y a plein de litiges, des situations confuses concernant
le régime juridique de ces bâtiments. La Municipalité et le 3ème secteur vont résoudre le problème de
l’infrastructure, du patrimoine qui est dans notre propriété, mais il y a encore les autres propriétaires
[…] [« Régénération urbaine de Bucarest. Entretien avec Adriean Videanu », Revista 22, ANUL XV
(828), 17.01. 2006 – 23.01.2006]

A coté des maires, d’autres acteurs sont cités dans les articles : représentants de la Mairie – le
chef de CPUMB, l’architecte en chef de la capitale ainsi que le chef de l’UIPPilote. Ces articles
ne montrent pas clairement quels sont les responsables du projet et quel est le poids et le rôle
de chacun dans le déroulement des actions. Habitués avec la figure tutélaire du Maire – vu
comme le chef de la pyramide hiérarchique locale, donc le responsable le plus visible,
l’attention des journalistes et les commentaires des lecteurs47 se dirigent vers la personne de
celui-ci – tantôt vers le Maire de secteur, tantôt vers le Maire général.
La période optimiste, reflétée dans les journaux, située sur le signe du « faire », effet des
décisions et actions de l’administration publique, a été bientôt infléchie par le constat que
« faire quelque chose» ne suffit pas. L’interdiction de circulation automobile dans le centre
historique a fait bouillonner les habitants et les commerçants de la zone. Le Maire du 3ème
déclare pour la presse que « les équipes de policiers et des gardiens publics sont déjà sur place
pour informer la population » [Jurnalul National, 25.02.05]. Après une telle « information de
la population » les relations entre la communauté locale et les autorités se sont envenimées.
Dans l’absence d’un dialogue réel organisé et souhaité par la Mairie, ce conflit s’est
exprimé par l’intermédiaire de la presse. Le « faire quelque chose » a commencé d’être
caractérisé comme « hâte », « amateurisme » et « mécontentement ». Il est même comparé
avec les actions totalitaires du président communiste N. Ceausescu (« Centre historique,
l’épopée d’un projet mal commencé » [Jurnalul National, 03.03.05]. Les articles ont montré
que les autorités publiques ont interdit la circulation des véhicules, sans tenir compte des
problèmes des habitants du quartier et sans offrir de solutions. Les journalistes ont questionné
les autorités sur l’alternative qui sera offerte aux citoyens. La réponse des autorités (maires,
vice maires) a été publiée par les journaux : on va construire des parcages, on va clarifier la
situation juridiques des bâtiments et des locataires, mais encore une fois, tout était décliné au
futur. Les mêmes promesses (quelques unes se sont répétés au long des deux derniers années),
sont constamment formulés au futur, malgré le temps qui s’est écoulé. Ainsi nous pouvons

47
Les commentaires des lecteurs des journaux peuvent être lus sur les éditions en ligne des journaux.

243
énoncer les constantes des promesses de la Mairie, depuis 2005 : construction des parcages,
clarification du statut juridique des immeubles, clarification du statut des locataires sans bail,
acquisition des 200 appartements sur le marché pour les déménagés du centre ville, création
d’une agence pour coordonner le projet de réhabilitation du centre historique. [Jurnalul
National, 03.03.05, Revista 22, 29.04-06.05.2005, Curentul 30.06.2005,Gîndul 30.06.2005,
Banii Noştri 05.07.2005, Dilema Veche 29.07-04.08.2005, Jurnalul Naţional septembre 2005,
Cotidianul 15.09.2005, Jurnalul Naţional, 22.09.2005, Jurnalul Naţional 13.04.2006, Gîndul,
11.11.2006, Romania Libera, 08.12. 2006]. C’est seulement en décembre 2006 (après presque
deux ans de l’interdiction de la circulation dans le centre historique) que la Mairie a annoncé
avoir commencé la procédure pour l’acquisition des appartements pour les familles qui seront
déménagées [Romania Libera, 08.12. 2006].
Liées à cette interdiction et au manque de communication entre les citoyens et la
Mairie48, deux idées ont pris forme et ont été reflétées par la presse. La première est que la
Mairie souhaiterait la faillite des petites affaires de la zone [Vivid. Romania through
international eyes, avril 2005]. La deuxième, liée à la précédente, est que la Mairie souhaiterait
l’acquisition des immeubles dans le centre historique, vue que actuellement elle détient juste
une proportion de 20% des bâtiments dans la zone [Gardianul, 19.05.2006, Cotidianul,
12.07.2006]. Les autorités nient cette hypothèse, et expliquent que l’interdiction des véhicules
sert à protéger les bâtiments qui sont fragiles, à préserver la tranquillité et la sûreté publique
dans la zone (les statistiques officielles montrent la baisse des infractions dans la zone).
Néanmoins, l’interdiction est justifiée par un toujours imminent commencement des travaux
sur les infrastructures. Aux statistiques officielles rassurantes quant à l’ordre et la tranquillité
dans la zone, l’association AICI oppose leurs propres statistiques parmi les commerçants. Ces
statistiques montrent la chute des petits commerces et une hausse de la délinquance [Dilema
Veche, Nr.80, 29.07.-04.08. 2005, Vivid. Romania through international eyes, October 2005]

What to do, when your neighbours are packing up and leaving, when your own business is on its knees
and the streets look less inviting than ever? We decided to undertake a little investigation, to see what
the consequences of Bucharest’s historic centre since March.
We put together a questionnaire, with questions on turnover, access, safety, communication and ask the
shopkeepers to compare between now and last year. With a team of active and optimistic people we
visited as many shops as possible to obtain answers. We encountered inviting, friendly men and women,
thankful we made the effort, but also angry, suspicious ones. Furious because they considered us not fast
enough with solving their problems! Suspicious, because, “you’ll never know who will get this
information”. And we also found shops that had already closed their doors, defeated by the terror tactics
of Bucharest’s mayor, Adriean Videanu.
After counting the results of the 58 questionnaires we were shocked. This was the conclusion: compared
with a year ago, 84 per cent of businesses are doing badly or very badly. Turnover had dropped 50 per
cent on average. Eighty-five per cent of people were hugely inconvenienced by the fact that before 07.00
and after 09.00 cars are not allowed in – even cars of householders and shopkeepers. Forty-nine per cent
of respondents had experienced security problems during the last six months. Many people (82 per
cent) considered that security in the area was either unchanged or had worsened. Only 20 per cent
expects the area to become vibrant five years from now, and none of them had been given any direct
information from the authorities, concerning the so-called ‘renovations’ in the historic centre.
I can only conclude that no one in Lipscani has the slightest confidence in our mayor. After presenting
these figures at our press conference, we were contacted by an employee of the city council. He invited
some members to discuss ‘The Plan.’

48
Jurnalul National du septembre 2005 parle au sens figuratif d’une « barricade », d’une coté étant l’association
AICI et de l’autre, le Maire du 3ème.

244
What plan? This plan is made by a Canadian consultancy (HOK Planning Group & Pell Consultants) at
the request of the Bucharest City council, paid for with funds from the Dutch government. The
Canadian advice is sound and clear, the polar opposite to the strategy to close the centre. In short, the
consultants state that although the zone suffers from traffic and ‘wild-parking’, to make it a pedestrian-
only zone will have a negative effect on the revitalising process, and will harm the so-needed private
investments. [Boos Trudy, "Lipscani: Closed", Vivid. Romania through international eyes, October
2005]

La presse a accompagné d’un commentaire de plus en plus critique l’évolution des relations
entre les habitants et la Mairie, ainsi que la poursuite toujours ajournée du projet. Ces
évaluations critiques sont faites soit par des journalistes – qui ont dédié par exemple un
numéro du hebdomadaire Dilema au centre historique [Dilema Veche Nr.80, 29 iul.-4 août
2005], où ils passent en revue les actions non faites, soit par les membres d’AICI qui
s’expriment à travers la presse. Ainsi, les journalistes soulèvent des interrogations sur la date
de commencement de « l’ample processus de modernisation » (annoncé par le Maire du 3ème)
Après six mois de la déclaration officielle, ils s’interrogent sur le slogan « je voudrais que le
centre historique devient le plus important centre touristique de la Roumanie » (Maire
général) : pourquoi pas un centre historique pour les bucarestois ? ; Ils s’interrogent de même
sur la déclaration officielle concernant l’évacuation des locataires sans bail, la situation de ces
personnes restant inchangée. Les membres de l’AICI directement concernés par le projet,
déclarent dans la presse leur position – le mécontentement vis-à-vis de l’interdiction de la
circulation automobile, la chute des petites commerces, et demandent une réhabilitation du
centre historique, basée sur un « plan bien documenté, avec des objectifs clairement définis »
construit par négociation [Dilema Veche Nr.80, 29 iul.-4 août 2005].
Par ceci, les articles mettent en exergue le temps qui s’écoule – après six mois
d’interdiction de la circulation […] et rien ne se passe » [Jurnalul National, sept. 2005], « sept
mois d’isolement […] depuis presque sept mois les autorités ont fermé le centre historique.
Tout au nom du progrès. Les rues sont vides […] Les affaires ont chuté » [Vivid, septembre
2005], « le centre historique un ghetto muet » [« Centrul Vechi a silent ghetto », Vivid.
24.02.2006], « après un an depuis l’abandon du centre historique, les travaux de réhabilitation
sont toujours dans la phase de projet et le bilan est négatif » [« Centre historique condamné à
une mort lente », déclaration de l’AICI après un an], la déclaration de l’AICI a été reprise par
les journaux [Smart Financial, 01.03.2006], « Pas de champagne pour cet anniversaire » [« An
anniversary but no champagne », Vivid, 20.03.2006].
En parallèle, la presse transmet des annonces concernant le commencement des
travaux. Ainsi, selon les articles publiés, les travaux annoncés initialement pour printemps
2005, ont été déplacées constamment - en novembre 2005 pour « l’année prochaine » selon le
Maire du 3ème [Ziua, 24.11.2005]. « La réhabilitation du centre historique va commencer cette
été, et elle est programmée pour s’achever au 1er janvier 2007, la date d’adhésion à l’UE »
[Revista 22, 20.03.2006 – 04.04.2006], « va commencer fin juin, avec un an de retard»
[Jurnalul National, 05.05.2006]. « Le centre historique est de nouveau rentré dans un cône
d’ombre […] aucune entreprise ne s’est présentée pour l’appel d’offre pour la maîtrise
d’œuvre » [Gardianul, 19.05.2006], « les travaux commenceront en septembre » [Hotnews.ro,
17.07.2006], « les travaux commenceront en octobre et seront finalisés en 2008 » [Wall Street,
08.09.2006], et ainsi de suite, jusqu’en décembre 2006, la dernière date annoncée pour le début
des travaux.
L’analyse des articles nous a permis aussi de mettre face en face les déclarations « d’un
coté et de l’autre de la barricade », qui ont servi à éclairer les thèmes de notre analyse sur– la

245
communication, la négociation. La presse a eu pour rôle de publier les déclarations faites par
les uns pour faire réagir les autres. De plus, elle a opéré une mise en face en face des deux
parties en présentant des actions et des réactions. Les extraits que nous présentons dans le
tableau suivant montrent que la communication du projet est perçue différemment par les
autorités publics et par les commerçants et les investisseurs du centre historique. Tandis que
pour les premiers l’attention est ciblée par la protection des bâtiments et par conséquent, ils
considèrent qu’une fois les études élaborées, le projet peut commencer, pour les autres, les
activités et l’impact du projet sur les gens sont plus importants. De plus, la communication du
projet envisagée par les commerçants est plus proche dans leur vision des pratiques négociées
du projet urbain, dans lequel le projet se construit ensemble, par débat – ce qui suppose
transparence de la part de l’administration publique ainsi que volonté d’organiser la
consultation.

Autorités (administration publique) Société civile


La réalité nous oblige à prendre des mesures en urgence[…] On ne peut pas interdire la circulation sans avoir des
si nous attendons jusqu’à 2007, tout sera sorti à l’échec , parcages autour. [urbaniste UAUIM - Jurnalul National,
parce que les bâtiments sont très délabrés, au point du 03.03.05]
collapse. [Maire du 3ème - Ziua. 24.02.05]
La délinquance dans le centre historique - le maire du 3ème Les affaires ont chuté de 30-40% par rapport à l’année passée
cite des statistiques concernant le sujet – 40 infractions de 60 [représentant AICI – Dilema Veche, no. 80, 29.07-
enregistrés par le département de police placé la zone. [Ziua, 04.08.2007]
24.02.05]
Les donnés présentés par le maire du 3ème montrent que Apres un an depuis l’abandon du centre historique, les
l’interdiction du trafic auto a eu comme résultat une baisse travaux de réhabilitation sont toujours dans la phase de
de la délinquance de 80% par rapport à l’année passée, dans projet et le bilan est négatif : il y a une montée de la
la zone du centre historique. [Ziua, 30.06.2005] délinquance (les personnes attaqués et les cambriolages des
magasins), aucun investissement significatif n’a pas eu lieu,
[…] des parties de bâtiments se sont effondrés, et les
autorités ne sont pas intervenus, malgré le fait qu’elles sont
les propriétaires des bâtiments respectifs. [déclaration AICI -
Smart Financial, 01.03.06]

les équipes de policiers et gardiens publics se trouvent sur Les commerçants et les investisseurs soulèvent des questions
place, pour informer la population [Maire du 3ème – Jurnalul qui restent sans réponse de la part des autorités
National 25.02.05] responsables : quand va-t-on commencer effectivement les
Si ils veulent discuter avec mois, je suis prêt à négocier les travaux et si ils seront annoncés suffisamment en avance
heures pour le service d’approvisionnement. Je peux leur pour pouvoir identifier des solutions alternative pour leurs
donner encore une ou deux heures de plus [vice maire – activités. […] Combien de temps vont durer les travaux,
Jurnalul National, 03.03.05] quels sont les solutions pour les locataires sans bail, pour les
Si quelqu’un aurait été vraiment intéressé du plan de propriétés revendiqués et non solutionnées, quand sera
réhabilitation du centre historique, il aurait pu aller le fonctionnel un centre pour l’information, l’assistance et la
consulter à la mairie de la capitale. Tout est très bien établi, gestion de la zone. [déclaration AICI - Smart Financial,
jusqu’au moindre détail, mais personne n’est pas aller le 01.03.06]
consulter. [Maire du 3ème, Jurnalul National septembre 2005]

Nous observons que la communication est vue par les uns (membres de l’AICI) comme une
condition sine qua non pour le bon déroulement du projet, tandis que pour les autres
(administration publique) elle se réduit à une « information » souvent impropre (les policiers
et gardiens publics qui informent la population, ou le cas des séminaires sans débat). La
communication est nécessaire dans la vision des représentants de l’AICI qui considèrent que
la transparence de l’administration publique pour tout ce qui est information publique est une
condition importante du bon fonctionnement du projet, car elle crée la confiance entre les
acteurs, dans un contexte sans règles fixes et en changement continu. L’analyse de la presse
nous montre aussi (comme les entretiens) que ce qui est en train de s’installer
progressivement est une confiance à l’inverse. Les journalistes, tout comme les acteurs de la
246
société civile deviennent de plus en plus sûrs que rien de bon ne pourra arriver de la part des
autorités responsables du projet. La tonalité des articles, suivis de 2005 au 2006, se fait l’écho
de cette conviction.
Une autre observation que nous tenons à faire concerne l’exactitude des informations
véhiculées par les journaux. Ceux-ci, concernant les ressources du projet, les acteurs, les
objectifs, les temporalités des étapes du projet, ont été souvent contradictoires entre elles et
avec les donnés contenus dans les documents officiaux. En l’absence d’un document officiel
qui accompagne le déroulement du projet avec des informations produites officiellement par
la Mairie, la presse a contribué aussi à embrouiller les pistes. L’annonce d’un projet de
réhabilitation de tout le centre historique qui serait ainsi radicalement transformé jusqu’en
2007, ne peut avoir qu’un effet plus lourd encore sur les attentes crées, que l’annonce plus
réaliste et plus proche de réalité, du projet de réhabilitation des infrastructures dans la zone
pilote. Au-delà de la déontologie professionnelle de chaque auteur d’article, nous considérons
cette confusion perpétuée dans la presse, comme un miroir de l’incapacité de communication
des acteurs du projet, et surtout, de l’acteur clé – l’administration publique.

3.3. Bucarest – ville européenne, un sujet de débat

Dans l’analyse de la presse nous avons aussi cherché les sujets qui, considérés comme
« événements » ont fait prendre des positions aux journalistes. Les sujets qui ont dominé sont
l’interdiction de la circulation automobile dans le centre historique, l’évacuation des habitants
sans bail, et la place de Bucarest parmi les villes européennes. Ce dernier sujet a été traité soit
lors des entretiens que les journalistes ont mené auprès des acteurs du projet – souvent des
élus qui ont été interrogés sur la question du statut de Bucarest en tant que ville européenne,
soit lors des articles critiques qui ont mis en confrontation l’image actuelle de Bucarest et une
image - cliché de la ville européenne.
Ce que nous avons trouvé intéressant est le fait que, « la ville européenne » a été
souvent invoquée par les journalistes pour désigner l’objectif vers lequel le développement de
Bucarest doit aller, sinon, l’objectif duquel Bucarest est encore loin. Cependant, en décembre
2005, la déclaration faite par le représentant de la Délégation européenne en Roumanie,
Jonathan Scheele – « Bucarest ne mérite pas intégrer l’Europe », a été largement commenté
dans les journaux et hebdomadaires, soit pour être confirmé, soit pour être infirmé, mais
toujours comme critique à l’adresse des autorités publiques, considérés responsables de cet
état de faits.
Nous avons observé ainsi, que « développement durable » ou « régénération urbaine »,
sont des notions très peu présentes dans les journaux. Pourtant, le statut de ville européenne
semble un modèle et un objectif pour Bucarest, qui ont du sens pour la majorité des acteurs.
Même si chacun ne range pas les mêmes références derrière ce syntagme, il est plus qu’une
notion, et suscite des vives réactions et commentaires. C’est pourquoi nous le considérons
comme la traduction la plus populaire de tout ce processus que nous avons décrit comme
« harmonisation européenne ».
Qu’est ce que cette « ville européenne » reflétée par la presse ? Dans les articles de
presse est présentée une intense argumentation pour la réhabilitation physique de la zone – de
nombreux arguments sont liés à l'histoire de la zone, à l'importance de la sauvegarde du
patrimoine urbain et architectural qui constituait autrefois le centre commercial de la ville.

247
Dans quelques ans, le centre historique de Bucarest ressemblera aux centres historiques des villes
européennes. […] Nous sommes habitués à retrouver dans les zones historiques des grandes villes
européennes des boutiques, cafés et toute sorte des espaces commerciales qui ne sont pas en désaccord
avec le paysage urbain. Nous ne pouvons pas dire de même pour la zone de Lipscani. Les touristes
peuvent trouver ici des de café, des galléries d’art mais aussi des étals avec des marchandises
invraisemblables ou des magasins des matériaux de constructions. Le secrétaire de l’état dans le
ministère de la culture l’a dit : « le centre de la capitale, tel comme il l’est aujourd’hui, n’est pas digne
d’une capitale de pays qui est en train de devenir membre de l’UE ». Le Maire du 3ème considère aussi
que les activités commerciales du centre historique sont inappropriées pour cette zone. [Averea,
30.06.2005]

Très peu d'articles, traitent la réhabilitation du centre historique du point de vue d'un
nécessaire approche intégrée, qui soulève le problème de faisabilité économique, de protection
de l'environnement et de l'intégration de la population des habitants et des divers usagers de la
zone [Jurnalul Naţional, 03.03.05, Vivid, avril 2005]. Aussi, très peu d’articles traitent ce qui
relève du « comment faire » c'est à dire du montage opérationnel du projet complexe (quels
acteurs, quelles responsabilités, quels investissements, quelles étapes).

Une zone comme le centre historique ne pourra pas être refaite qu’avec l’argent public, elle sera refaite
avec des financements privés. D’après une estimation générale, le centre historique pourra devenir ce
que nous tous souhaitons avec un investissement de 500 millions d’euro. Maintenant existe un projet de
9 millions d’euros pour l’infrastructure et encore 20 millions de la part de la Mairie générale, sans avoir
une idée précise dans quoi ils seront investis. Mais ceci pose seulement la première brique. Pour attirer
les investisseurs, la Mairie doit être un partenaire sérieux, doit présenter un plan bien construit et des
objectifs clairs. Si ils vont le faire, les investisseurs vont venir. Sinon, dans une jungle comme c’est le cas
maintenant, avec des propriétés mélangées, avec une grande confusion sur ce qu’on va faire dans un
mois ou dans un an, les investisseurs sérieux ne vont pas venir. [Interview avec un représentant de
l’AICI, dans Dilema Veche, 29. 07-04.08. 2005]
Les grandes villes qui ont refait leurs centres historiques ont eu des plans de développement, établit en
collaboration avec les gens concernés par les zones respectives. Chez nous, la Mairie refuse le dialogue
[…] A Amsterdam, on a refait le centre historique dans sept ans. Chez nous, ça va durer autant, mais on
n’a pas encore le plan de développement, on a seulement un PUZ. [déclaration d’un représentant de
l’AICI, dans Cotidianul 2005]

Le discours s'attarde beaucoup sur l’image de ce qu'on veut obtenir, faisant souvent le miroir
des centres villes européennes, et même de ce que la ville fut durant la période d’entre deux
guerres – le petit Paris (se referant à Bucarest) le quartier des banques (se referant à la zone de
Lipscani).

[…] un centre historique comme dans toutes les capitales européennes : où les centres sont la principale
attraction des touristes […] la municipalité promet que tout comme à Paris , à Rome ou à Vienne, les
touristes trouveront de cafés et de magasins de souvenirs […] plus que une revitalisation culturelle, un
revitalisation économique sera faite […] plusieurs banques vont réapparaître, tout comme dans la
période d’entre deux guerres. [Averea, 21.07.2006].
Apres 17 de la Révolution, qui pourra expliquer pourquoi maintenant, au milieu de l’année 2006,
Bucarest a une ruine à l’endroit de son centre, pendant que la majorité des villes européennes se sont
préoccupés pour que leur « cœur » devienne la principale attraction touristique ? [Gandul, 17.05.2006]

La recherche d’une image – forme, sans comprendre son fond est critiquée par quelques
articles. La critique concerne le fait que cette image recherchée est devenue plutôt l’emblème
des affaires immobilières que la vision du bien être des citoyens.

248
Capitale européenne signifierait (non seulement dans l’acception de nos édiles, mais aussi pour une
grande part des citoyens) exclusivement la quantité de bâtiments nouveaux, on les préfères en béton et
verre, entassés dans la zone centrale, des rues asphaltées et re-asphaltés, des bordures nouvelles49 et
encore d’autres éléments de la « vie matérielle ». Il ne suffirait pas de voir que depuis des années un
mimétisme architectural nous emporte : nous voulons des blocs en verre « comme chez eux », et quand
on les a eu, nous a paru suffisant pour exclamer « oau, le Bucarest est devenu occidental ! ». De plus, un
esprit immobilier féroce nous hante : tout plan pour construire quoi que ce soit, nous est présenté
comme valeur immobilière, et la nécessité, l’utilité et surtout l’aspect de cette construction passe au
deuxième rang ou bien est négligée. La capitale est devenu une grande affaire immobilière, voilà tout.
Les citoyens sont absents de ce paysage : plutôt indifférents pour ce qui est du devenir de leur ville, ils
attendent que la Mairie « prends de mesures ». La plupart des bucarestois ne réagissent pas face au
projets de l’administration (quelques petites exceptions sont faites par les ONG) et la Mairie profite de
cette passivité. […]
Le Maire général souffre d’un excès de management. Dernier temps, il annonce serein des projets
grandioses qu’il justifie rapidement en termes d’efficience, chiffres, kilomètres, mètres cubes, étages et
hectares. Et bien sur, toutes les projets soutiennent l’idée que Bucarest doit devenir « une ville
européenne » (variations : « une capitale européenne digne de ce nome », « une capitale européenne du
XXIème siècle »). De l’argumentation du monsieur le maire manquent toute référence aux termes tels
comme culture, humanité et civisme. [Dilema Veche, 08 – 28.04.2006]

Les écarts entre la situation actuelle et l’objectif sont mesurés toujours en comparant : l’image
de Bucarest et l’image des « capitales européennes ». Les causes sont indiques à l’endroit du
fonctionnement de l’administration roumaine qui n’est pas encore européenne, c'est-à-dire
« impartiale et qualifiée […] Jonathan Scheele a observé que la culture de l’Etat est encore
présente parmi les fonctionnaires publics, qui réussissent à servir plutôt l’Etat que le peuple
(civil servants) » [Cotidianul, 29.09. 2005] ; les lois roumaines qui ne sont pas encore
comparables aux lois européennes [Evenimentul Zilei 22.05.2006]. Nous voulons souligner
que la presse a fait un scoop de l’affirmation de J. Scheele « La Roumanie n’a pas encore une
capitale qui mérite d’intégrer les pays européens ». Les journalistes ont publié les déclarations
faites par le représentant européen lors d’un débat sur le thème « La planification urbaine de
Bucarest » organisé par des associations gouvernementales en 2005, et ont interviewés les
représentants de l’administration publique locale ensuite pour apprendre leurs réactions.
Cette mise en face à face des déclarations faites par « l’arbitre » européen et les autorités
locales sont parlantes pour la logique de rattrapage de la transition.

Je suis arrivé à Bucarest pour la première fois en 1993. Depuis, je suis revenu plusieurs fois de suite.
Quand je suis revenu en 2003, j’ai été étonné par les changements qui avaient eu lieu à Bucarest, et qui
continuent à se produire. […] Ces changements sont insuffisants. Ce n’est pas à moi de juger, car je suis
étranger, mais c’est Bucarest qui doit s’interroger si ces changements sont bonnes ou mauvaises et faire
ainsi que les mauvais changements disparaissent. […] J’ai été désapprouvé parce que j’ai affirmé que
Bucarest n’est pas encore prêt ou que la Roumanie n’a pas encore une capitale qui mérite d’intégrer les
pays européens. Je n’ai pas voulu faire une critique, j’ai voulu surtout montrer que Bucarest a encore un
travail à faire pour assurer à la population la vie dont elle a besoin. Et cela ne doit pas être quelque chose
d’extrême modernité, ce style de vie doit préserver les qualités de la ville d’autrefois, doit assurer le bien-

49
L’auteur de l’article fait référence à des actions que la mairie fait depuis quelques années – réhabilitation des
rues – mise de l’asphalte et remplacement des bordures anciennes (en basalte) avec des bordures nouvelles (en
béton). En bref, le mauvais état des rues de la capitale est un fait. Ainsi, la municipalité a commencé depuis
quelques années des travaux de réhabilitation des rues. Ce fait a eu comme résultant souvent des perturbations
de la circulation auto, déjà très difficile. La presse critique le fait que des rues qui ont été déjà asphaltées sont ré -
asphaltés quelques ans après, et que les bordures anciennes étaient plus résistantes que les nouvelles. La presse
critique cette action de l’administration publique en la situant entre incompétence et affaires pour des intérêts
privés. [Saptamina Financiara, 19.12.2006]

249
être. […] Bucarest a besoin d’une approche cohérente pour son développement. Il manque de vision de
développement. Malheureusement, dans le Bucarest des années 80 ont existé des gens avec vision, et
cette vision a été appliquée, et la ville a tant souffert à cause de la mise en œuvre de cette vision partagée
par un petit groupe de gens. Maintenant, il y a des gens qui ont une vision, mais ils n’ont pas la force de
la mettre en œuvre. Cette vision peut appartenir aux citoyens, aux architectes mais aussi aux
investisseurs privés. La Roumanie et Bucarest méritent plus que cela, mais le secteur public n’a pas
encore la capacité d’attirer les investissements ; il manque d’une politique de développement cohérente »
En faisant référence à l’architecture de la ville, Scheele a affirmé qu’« il attends avec impatience » le
moment quand Bucarest, grâce à ses vestiges, à son centre historique, pourra apparaître sur la carte
touristique de l’Europe. [J. Scheele, cité par Azi, décembre 2005 et Ziua, 10.12.2005]

Bucarest est préparé à répondre aux exigences d’une capitale européenne mais dans le temps. La
réplique n’a pas été donnée par le Maire de la capitale, en déplacement à l’étranger, mais par les
architectes municipaux. Ceux-ci ont accusé l’organisation du débat, affirmant qu’ils n’ont pas été invités
suffisamment à l’avance.[…] En accord avec un représentant de la municipalité, l’image de Bucarest est
« proche d’une capitale européenne » par les projets qui seront mises en œuvres dans les deux ans
suivants. « La réunion récente concernant les opportunités d’investissements à Bucarest a démontré –
dans mon opinion- le potentiel de développement de la ville et a montré la vision de la municipalité
concernant l’avenir de la ville. D’un point de vue personnel, je considère cette vision très proche de celle
européenne » [la position d’un représentant de la municipalité, dans Azi, décembre 2005].

« Je ne fais pas de commentaires à la déclaration de M. Scheele, je n’ai pas été invité au débat » nous a
transmis le Maire depuis Londres, où il est parti pour négocier des emprunts pour la capitale.
« Dommage que la Mairie n’a pas de dialogue avec la société civile. Moi-même j’apprends sur les projets
de la Mairie en regardant leur site internet. Ils ne le communiquent pas » a dit le Préfet de la capitale.
« La Mairie doit se taire et faire. J’étais sur le terrain, où j’essais de faire ainsi que Bucarest devienne cette
capitale européenne souhaité par M. Scheele » nous a dit le Maire du 3ème, l’auteur de la restriction de la
circulation automobile dans le centre historique. [Cotidianul, 10.12.2005]

« Je n’accepte l’évaluation de M. Scheele comme quoi Bucarest ne serait une ville européenne. Bucarest
est et sera une capitale européenne, avec quelques problèmes qui existent et que nous les connaissons
tous. » a répondu le Maire à la déclaration faite vendredi de Scheele. […] La vérité est au milieu. Il y a
quelque projets ajournés mais Bucarest a la plus grande capacité de toutes les villes du pays pour attirer
des fonds » [le Maire général cité par Cotidianul, 13.12.2005]

Est Bucarest une capitale européenne ? Oui, elle l’est, mais on a besoin d’un mandat d’au moins 12 ans
pour avoir de la cohérence dans la réalisation des projets, et je ne pense pas seulement à moi. [Interview
avec le Maire général en Jurnalul National, 13.04.2006]

Si on renoncerait à l’orgueil féodal qui est à la base de la ségrégation des mairies des arrondissements, si
on aurait l’appui du Gouvernement et du Parlement pour voter les lois harmonisées avec la législation
européenne, peut-être pourrait-on ressembler à des villes importantes en Europe. Pour le moment
l’urbanisme est un domaine où on fait beaucoup des compromis. Personne n’agit dans le sens du
développement durable dans cette ville. La volonté politique est le mot-clé. Il y a des gros intérêts,
personne ne rentre dans la politique pour en sortir pauvre, cependant, faire que de kiosques, toilettes
publics, poubelles… c’est des petites affaires que peuvent apporter un grand préjudice à la ville.
[Interview avec l’architecte en chef de la capitale, Evenimentul Zilei, 22.05.2006]

L’image de la ville européenne invoquée par la presse joue souvent le rôle de facteur de
comparaison pour les actions de l’administration publique locale, et de ce fait, elle se constitue
dans l’étalon selon lequel les journalistes interrogent ou critiquent les acteurs de
l’administration publique – techniciens ou élus. Même si elle este souvent limité à des aspects
liés à la seule forme architecturale ou urbaine et à l’essor économique de la ville, la ville
européenne semble le point commun des aspirations des bucarestois – citoyens et élus, tels
comme exprimés par l’intermède de la presse.

250
4. Conclusion de l’étude de cas

1. Conclusion partielle concernant le cadre de planification urbaine


En ce qui concerne le cadre de la planification urbaine en Roumanie, des changements dans
l'organisation des acteurs urbains se sont produits à la suite de la décentralisation, et avec un
rythme qui a accompagné le développement de l'autonomie locale et des nouvelles
attributions de l'administration publique centrale et locale. Le processus d'adhésion à l'Union
européenne a créé des nouvelles structures institutionnelles ou des départements spécialisés
dans l'intégration européenne, dans le cadre des institutions existantes, ces dernières étant
chargées d’aider le système institutionnel Roumain à fonctionner en accord avec les
institutions et les normes européennes .
Dans ce contexte, ont été promulguées des lois qui réglementent la participation du
public à la prise de la décision dans le processus d'élaboration des actes normatifs et dans les
problèmes concernant l'environnement, des lois qui réglementent l’aménagement du territoire
et l’urbanisme ainsi que le fonctionnement de l’administration publique. Ainsi, en Roumanie,
la documentation d’aménagement du territoire et d’urbanisme a été conçue afin d’harmoniser
les orientations nationales avec les orientations européennes. Dans ce contexte, les règlements
d’urbanisme concernant la zone du centre historique (PUG Bucarest, PUZ Centre historique)
ont été formulés en conformité avec les principes du développement durable, traduits par des
recommandations pour une approche intégrée du projet, et pour la négociation du projet
entre « les facteurs de décision, les hommes d'affaires, les associations professionnelles, les
associations de la communauté locale » [PUZ Centre Historique].

2. Conclusion partielle concernant la configuration des acteurs du projet et leurs rôles.


Si dans le discours politique et technique, l’approche intégrée du projet est correctement
énoncée, celle -ci est moins visible dans la pratique du projet de réhabilitation du centre
historique. La préoccupation de l’administration publique et des spécialistes pour sortir cette
zone de son déclin n’a pas été engendrée par les normes et les pratiques européennes de la
régénération urbaine, cette préoccupation étant plus ancienne que celle pour le
développement durable ou la régénération urbaine. Néanmoins, les principes qui découlent
de ces dernières ont eu une influence en tant que modèles, car les différentes propositions de
projets formulées autour de la réhabilitation du centre historique depuis 1990, ont fait
constamment référence aux expériences étrangères.
Un projet intégré suppose l’existence d’une équipe pluridisciplinaire qui gère les
multiples aspects du projet : économiques, sociaux, environnementaux, architecturaux,
urbains, culturels. De plus, l’inclusion de tous les acteurs concernés dans le processus de
conception et de décision du projet assure, en théorie, l’existence d’une vision partagée par
tous les acteurs, car résultante de négociations. Cette démarche, appartenant à la planification
stratégique du projet urbain, suppose d’abord l’existence d’une volonté politique pour
organiser la consultation des acteurs urbains intéressés et concernés par le projet. Ensuite,
251
pour organiser les deux niveaux de pilotage du projet – politique et opérationnel est nécessaire
aussi une forte volonté politique, ainsi que le savoir faire technique.

3. Conclusion partielle concernant les représentations que les acteurs du projet se font
de la réhabilitation du centre historique. Les écarts entre le discours et l’action.

Les mots clés des discours officiels à Bucarest – politiques publiques, programmes d’action,
lois et plus proche du terrain, cahiers de charges pour les étapes du projet urbain – sont :
développement urbain, régénération urbaine et projet intégré, notions qui relèvent des
normes et des valeurs européennes.
Ces termes sont rentrés dans le vocabulaire officiel soit par voie normative (processus
d’harmonisation législative) soit par échange d’expériences entre les spécialistes, à l’occasion
de communications, séminaires, formations à l’étranger. (2000 – arrêté du PUG, notion de
développement durable, 2002 – cahier de charges pour PUZ CI, notion de projet intégré pour
le centre historique, 2004-2005 élaboration du POR, notion de la régénération urbaine).
Dans le discours des politique publiques le terme utilisé le plus souvent est
« développement durable » tandis que dans le discours opérationnel des acteurs du projet,
prédomine « la ville européenne » suivi de régénération/réhabilitation urbaine. Les notions
européennes et les pratiques locales coexistent à des vitesses différentes : Tandis que les
notions sont rentrées dans les discours, les pratiques se renouvellent plus lentement.
Y a t-il un référentiel commun pour les acteurs urbains ? Nous répondons
positivement pour ce qui relève de l’image de « ville européenne » et qui est restée la constante
des aspirations de l’époque post-communiste. C’est du moins, l’aspiration déclarée des
administrations publiques de faire en sorte que Bucarest redevienne une ville européenne.
Néanmoins, cette notion, souvent invoquée par les acteurs urbains en tant qu’objectif de leurs
actions, n’est qu’en partie partagée par tous, ou plus précisément, elle n’est pas comprise de la
même manière par tous. Certes, l’analyse nous a montré que les opinions convergent autour
des représentations comme un centre historique rénové, avec des activités commerciales et de
loisir relancées, et des rues piétonnières, mais les actions pour en arriver là, sont envisagées
différemment par les acteurs de l’administrations publique locale, régionale et par les
représentants de la société civile et des gens du quartier. Ainsi, même si tous les acteurs
souhaitent transformer la ville de Bucarest en une ville européenne, avec la réhabilitation du
centre historique, le consensus des acteurs s’arrête au niveau d’une image tout – prête qui
relève des contacts touristiques avec les villes européennes. Au-delà de ce niveau de
représentations, les opinions des acteurs divergent sur les actions à conduire pour obtenir
cette image.
L’analyse de l’étude de cas montre qu’il n’existe pas encore une vision du projet,
partagée par tous les acteurs urbains, en grande partie à cause d’un manque de
communication/collaboration entre ceux-ci.
La notion de « ville européenne » ne relève pas exclusivement du processus normatif
d’harmonisation législative avec l’UE, mais plutôt d’une aspiration des politiciens et des
citoyens de Bucarest, liée à des caractéristiques qui permettraient de revendiquer pour cette
ville le statut de l’appartenance à l’Europe, par opposition à l’appartenance au bloc des pays
ex-communistes.
Les notions de « développement durable », « projet intégrée » et « régénération
urbaine » relèvent de ce processus normatif et ainsi, vu leur émergence du haut vers le bas, ne
sont pas encore des notions appropriées par les acteurs urbains en Roumanie. Autrement dit,

252
les acteurs ont appris ce qu’ils doivent faire, mais pas encore comment le faire. Pour le
moment, ces notions, rentrées dans les discours politiques et techniques, sont des formes qui
sont en train de se fabriquer un fond.
Pour ce qui est des représentations des actions à conduire pour transformer la ville de
Bucarest dans une ville européenne, ce qui est évident pour les uns (représentants de la société
civile (ONG), agence de développement régional, investisseurs locaux) – notamment la
négociation du projet, l’inclusion des acteurs dans le processus de conception et décision du
projet - ne l’est pas pour les autres (l’administration publique). L’acteur principal, la Mairie,
sans nier ces aspects, les place toujours dans l’avenir, mais pas au présent.

253
CONCLUSION ET PERSPECTIVES

254
1. Les problèmes apparus dans cadre du projet de régénération urbaine
du centre historique de Bucarest et leurs causes

Nous présentons ci-après de façon synthétique l’ensemble des problèmes et les causes que
nous avons relevés :

A. Concernant le cadre de la planification urbaine en Roumanie :


Problèmes :
1. Les notions européennes et les pratiques locales coexistent à des vitesses différentes –
tandis que les notions sont rentrées dans les discours, les pratiques se renouvellent plus
lentement.
Causes :
a. L’Etat a formulé les politiques et les lois nécessaires à renouveler les pratiques du projet
urbain, mais pas encore les dispositifs pour les mettre en œuvre,
b. Le renouvellement des pratiques est en lien avec l’apprentissage des nouvelles règles
qui est un processus à plus long terme.

Le niveau du pilotage politique du projet de régénération urbaine du centre historique de


Bucarest est faiblement articulé – sans collaboration réelle entre l’Etat et la Mairie, le projet ne
bénéficie pas d’un accompagnement à long terme.

B. Concernant l’organisation du projet de régénération urbaine du centre historique de


Bucarest :

Organisation du pilotage politique du projet


Problèmes :
1. La préoccupation pour la régénération urbaine du centre historique commence à
prendre forme à tous les niveaux de l’administration publique, mais il n’y a pas une
synergie dans les activités de ces niveaux, il y a seulement des objectifs politiques
communs.
Causes :
a. Le manque de coordination entre les différents niveaux de l’administration publique,
b. Les luttes politiques entre le maire et le conseil, le maire et les ministères,
c. La capacité réduite de l’administration publique de coordonner des projets intégrés (de
régénération urbaine).

La réhabilitation du centre historique est un projet du Gouvernement de la Roumanie (cf. OG


77/2001), mais au niveau de l’Etat et des ministères aucun représentant ne participe à un
comité de pilotage politique du projet. Le CCCIB qui devrait avoir ce rôle, n’a pas été créé. Ni
le Ministère de la culture, ni le Ministère des travaux publics n’ont formulé une stratégie
concernant le centre historique de Bucarest défini par OG77/2001, et il n’y a pas de
responsables désignés, au niveau des ministères.

255
De plus, après la chute du communisme l’Etat s’est retiré progressivement du local,
l’autonomie locale étant souvent invoquée par les deux cotés. A part les divergences de nature
politique entre les élus de l’Etat et de la Mairie, la collaboration reste toujours problématique.
Entre l’Etat et le département ou la ville – comme le cas de Bucarest, il y a depuis 1998
un niveau intermédiaire – la région. Sans avoir de personnalité juridique, les régions, par les
Agences de développement régional, œuvrent depuis 2004 à l’élaboration des programmes
opérationnels régionaux (POR), pour préparer l’accession des fonds structurels européens,
destinés au développement régional pour la période 2007-2013. Une priorité de ces
programmes est la « Régénération urbaine », et pour la région Bucarest Ilfov, la zone du centre
historique est définie comme un terrain potentiel pour des projets de type URBAN. Pourtant
il n’y a pas encore une collaboration entre l’Agence et la Mairie pour faire avancer le projet du
centre historique dans le sens défini par le POR et PDRBI (programme de développement de
la région Bucarest Ilfov).
Au niveau local, la Mairie générale de Bucarest est l’acteur principal – elle finance les
études, elle cherche des financements complémentaires – comme ceux de la BERD, du
gouvernement hollandais, du PNUD. Elle formule la vision du développement de la zone et
elle décide les modalités de sa mise en œuvre - arrête les règlements d’urbanisme, organise
l’équipe qui coordonne le projet, et choisit les maîtres d’ouvrage.

Organisation du pilotage opérationnel


Problèmes :
1. Plusieurs projets coexistent sur le même territoire. Ces projets ne sont pas coordonnés.
2. Plusieurs études ont été réalisées et approuvées, mais ne sont pas suivies,
3. Les rôles des acteurs qui interviennent à l’intérieur de la Mairie, sont très segmentés,
4. Les directions de la Mairie gardent un fonctionnement émietté,
5. Les acteurs qui interviennent dans le projet, appartenant à la Mairie, changent d’une
étape à l’autre. L’acteur qui a participé le plus, dans toutes les étapes du projet
(CPUMB) n’est pas en position d’intégrer ces démarches,
6. Les acteurs locaux qui détiennent le savoir en matière de programmes européens, ne
font pas partie de l’équipe du projet,
7. L’administration publique manque du personnel qualifié.
Causes :
a. L’absence d’un organisme chargé du projet de régénération du centre historique
(l’Agence de régénération du centre historique),
b. L’information est éparpillée et utilisée comme une ressource de pouvoir, que les
acteurs utilisent à l’intérieur de l’administration publique.

Les acteurs du projet sont insuffisamment organisés pour agir dans le sens dans lequel ils
déclarent vouloir agir – une démarche de projet urbain intégré. Le management du projet ne
correspond pas à une approche intégrée :
L’Etat est passif. Il ne participe pas dans l’équipe de pilotage politique du projet.
La Mairie – la vision est formulée au niveau local, mais l’équipe opérationnelle est
incomplète. L’équipe pluridisciplinaire proposée par les études n’a pas été encore créée. De
plus, il manque un chef de projet – locomotive, « le champion » dont parlait un des acteurs de
Groupe 2 - l’agence de développement régional, dans les entretiens. Actuellement, une équipe

256
de coordination, avec un profil - spécialistes de la circulation - gère le projet de réhabilitation
de l’infrastructure. Son approche est technique, basée sur l’expertise des spécialistes. Le projet
avance par étapes successives, traitées distinctement, gérés par des équipes sans continuité
(CPUMB pour la première étape et UIPP pour l’étape actuelle), ce qui montre que même à
l’intérieur de la Mairie, les services et institutions subordonnées perçoivent la collaboration
avec les autres comme un affaiblissement de leur contrôle sur le projet. Les investisseurs
locaux sont organisés, quelques uns ont une connaissance des pratiques du projet urbain grâce
à leur culture (les investisseurs hollandais) ou une connaissance des programmes européens et
des pratiques de la communication (c’est le profile d’une entreprise basée dans le centre
historique). Les investisseurs locaux, organisés dans l’association AICI, sollicitent la
négociation du projet.
Les habitants ne sont pas organisés. De plus, selon les déclarations des représentants de
la Mairie, la majorité occupe les bâtiments sans avoir un bail. La Mairie envisage leur
évacuation. Les propriétaires, ceux qui ont revendiqué et obtenu déjà leurs titres de propriété,
sont minoritaires1. Plusieurs dossiers de revendication sont toujours en délibération.
La Mairie détient plusieurs études que les équipes de coordination ne sont arrivées ni à
intégrer ni à utiliser effectivement.

La communication du projet
Problèmes :
1. Il n’y a pas de programme d’action connu et partagé pour tous les acteurs (par ex. le
programme de la Mairie qui définit le projet en tant que projet de réhabilitation et
revitalisation du centre historique),
2. La Mairie prend des mesures sans consulter la population : interdiction de la
circulation automobile, par exemple.
Causes :
a. Personne n’est chargé de la part de la Mairie de la communication du projet,
b. L’information est éparpillée et utilisée comme une ressource de pouvoir, que les
acteurs utilisent à l’intérieur comme à l’extérieur de l’administration publique,
c. La Mairie envisage la consultation de la population de manière théorique sans la
transposer réellement en pratique.

Pour ce qui est de la relation de l’équipe actuelle de coordination avec les acteurs potentiels du
projet (administration régionale et centrale, ou société civile et investisseurs), l’équipe ne
dispose pas d’une interface de communication (des spécialistes chargés de la communication
du projet). Ainsi, les objectifs et les étapes du déroulement du projet ne sont communiqués ni
aux habitants et petits investisseurs locaux, ni aux investisseurs potentiels que la Mairie
déclare vouloir attirer dans la zone. Pour le moment, les acteurs se donnent la réplique par
l’intermédiaire de la presse. De plus, les informations parues dans la presse sont souvent
inexactes.
Le coordinateur de l’équipe participe à des réunions ou sont présents les investisseurs
du quartier, pourtant, la négociation du projet ne se produit pas.

1
Rappel : les statistiques que les autorités locales citent dans la presse, montrent que parmi les 4000 familles qui
habitent dans le centre historique, seulement 162 habitent légalement et seulement 9 sont propriétaires. Voir 2ème
Partie, chapitre « Evacuation des locataires sans bail »

257
La communication entre les acteurs étant court-circuitée, la négociation du projet ne
se produit pas, ce qui a comme résultat une perte de confiance des acteurs du quartier dans
l’administration publique. Le déroulement du projet est très lent, sans effets positifs visibles,
pour le moment.

Le terrain :
Problèmes
1. La Mairie a annoncé l’évacuation des habitants sans bail, mais ne l’a pas accompli,
2. Les mesures prises par la Mairie sont contestées par les investisseurs locaux,
3. La Mairie tarde à solutionner le statut juridique des terrains,
4. Le projet avance par des étapes fragmentées.
Causes :
Les causes sont celles identifiés pour les problèmes du cadre de la planification urbaine et de
l’organisation du pilotage du projet de régénération urbaine.

2. Utilisation des modèles européens de la régénération urbaine, à


Bucarest. Retour sur les objectifs et sur l’hypothèse de recherche.

Nous avons commencé cette recherche autour d’un questionnement : Qu’est ce que le
processus d’adhésion à l’Union européenne et l’aspiration de l’administration publique pour
transformer Bucarest en une capitale européenne, peuvent apporter pour la définition d’un
cadre théorique et opérationnel du projet urbain à Bucarest ?
Vu qu’il s’agit d’un processus actuellement en déroulement, dont les effets ne sont pas
encore quantifiables, nous avons cherché les traces de l’utilisation des modèles dans la
pratique du projet urbain et de ce fait, dans les jeux des acteurs. Sans chercher pour le projet
du centre historique une finalité qui ressemblerait aux projets URBAN, l’analyse que nous
avons conduite nous a laissé entrevoir en quoi l’utilisation de ces modèles a permis d’amorcer
un renouvellement des pratiques des acteurs urbains à Bucarest.
Cette analyse nous a montré que les modalités d’intervention des acteurs urbains à
Bucarest, ainsi que leurs décisions ne conduisent pas, pour le moment, aux résultats promus
par le modèle de l’approche intégrée du projet urbain. Cependant, nous n’avons pas
l’intention d’instaurer le modèle précité sur le piédestal de la meilleure solution rationnelle,
pour essayer ensuite de comprendre les obstacles qui ont empêché les décideurs du projet de
régénération du centre historique à Bucarest, de découvrir ou d’appliquer cette meilleure
solution.
De plus, nous rappelons que ceci n’est pas un modèle idéal que nous avons choisi afin
de procéder à une démarche comparative, mais un modèle que les acteurs urbains eux mêmes
ont choisi, et qu’ils invoquent dans leur discours politique et technique. Comme nous l’avons
présenté dans notre problématique, il s’agissait plutôt pour nous de comparer des discours et
des pratiques afin de comprendre l’utilisation que les acteurs interviewés (les acteurs
opérationnels) font de ce modèle de ville européenne. C’est de là que nous avons tiré nos
conclusions en mettant toujours en relation les éléments qui contribuent à la structuration du
cadre (normes européennes et organisation des institutions) et les jeux des acteurs (dans le
cadre du projet de régénération urbaine du centre historique à Bucarest).

258
Nous rappelons notre hypothèse de départ, à travers le schéma déjà présenté en page 71 :

DEVELOPPEMENT DURABLE

LES POLITIQUES EUROPEENNES DE


contraintes opportunités COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE modèles

Pour un renouvellement des Pour la formation d’un


pratiques d’urbanisation à référentiel des actions à
Bucarest Bucarest

LES PRIORITES DU DEVELOPPEMENT


URBAIN A BUCAREST

LES NOUVELLES POLITIQUES


PUBLIQUES

A l’issue de notre analyse nous pouvons enrichir ce schéma de la façon suivante :

DEVELOPPEMENT DURABLE

LES POLITIQUES EUROPEENNES DE


contraintes opportunités COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE modèles

Pour un renouvellement des Pour la formation d’un référentiel


pratiques d’urbanisation à Bucarest des actions à Bucarest
1. OUI : L’image de « ville européenne »
1. OUI : Par apparition des nouveaux réunit le consensus des acteurs, MAIS
acteurs – gouvernementaux et non c’est un référentiel superficiel.
gouvernementaux
2. OUI : Il existe une unité dans le
2. OUI : Par apparition de nouvelles discours, MAIS il existe des différences
procédures, MAIS qui ne sont pas dans la pratique (Les représentations des
« normes et valeurs européennes » ainsi
encore transformées dans des
que des « pratiques européennes » sont
pratiques : la communication du
différentes dans la pratique même si, au
projet, l’inclusion des acteurs non niveau des récits politique et technique,
gouvernementaux à la prise de un discours cohérent est construit sur ces
décision, les partenariats public-privé termes.)

LES PRIORITES DU DEVELOPPEMENT


URBAIN A BUCAREST

LES NOUVELLES POLITIQUES


PUBLIQUES

259
Nous reprenons par la suite les deux parties de notre hypothèse de départ (correspondant aux
deux cadrans de notre dernier schéma) :

A. Les normes et les pratiques européennes de la régénération urbaine (issues des


politiques européennes) pourraient orienter en tant que modèles la formation du
référentiel théorique des actions à Bucarest.

a) Une typologie pour les modèles évoqués par les acteurs urbains :
Les acteurs urbains invoquent des modèles, dans les discours et dans l’action. Nous avons
observé que, selon le profil de chaque acteur, la notion de « ville européenne » a fait apparaître
plusieurs types de modèles – (a) les modèles à la mode : des images attractives, du type carte –
postale, vues ailleurs, (b) les modèles – orientations : « les bonnes pratiques », modèles à
caractère méthodologique pour l’élaboration des études, ou pour l’approche opérationnelle du
projet urbain, (c) les modèles prescriptifs : à base de normes introduites par les lois
harmonisées avec la législation européenne.
Le modèle le plus couramment invoqué dans les discours produits par les acteurs
urbains, est « la ville européenne » – image, qui évoque une situation déjà accomplie dans les
pays occidentaux, et qui est rentrée dans l’acception des gens comme quelque chose de positif.
Les centres historiques rénovés, les petits commerces et les terrasses dans la rue, les rues
piétonnières - sont des éléments de ce modèle appartenant à l’imagerie construite par les
gens2. Cette image est en fait le dénominateur commun que nous avons rencontré dans les
discours officiels, dans les discours produits par les acteurs urbains interviewés ainsi que dans
la presse. Elle constitue juste une des strates du modèle de la ville européenne invoqué, le plus
accessible, autrement dit, le plus superficiel.

b) L’incidence des modèles issus des politiques européennes sur la formulation des
priorités du développement urbain à Bucarest :
Suite à l’analyse de notre étude de cas, nous pouvons affirmer que le modèle de « ville
européenne » type a), ne relève pas directement des normes communautaires, mais plutôt
d’une aspiration des politiciens et des citoyens de Bucarest à reconstruire un statut perdu -
l’appartenance à l’Europe, enjeu d’autant plus important qu’il s’agit de la capitale3 du pays.
Dans l’acception des acteurs urbains étudiés, la bonne ville est « la ville européenne » car c’est
ce que Bucarest devrait devenir (dans le discours officiel, devenir une ville européenne est
équivalent à la modernisation de Bucarest et s’oppose à « une approche de capitale
marginale»4).
Néanmoins, cette aspiration pour un statut européen est formulée depuis 20005 dans
des termes issus du contexte des « exigences imposées par la politique de développement de

2
« l'ensemble des préjugés, des idées toutes faites, des lieux communs et des clichées qui sont dans l'air du
temps » [Chalas, 2000]
3
Pour rappel : Bucarest doit être « le moteur principal de l’intégration européenne », thème principale du
Programme de développement de Bucarest 2000 - 2008
4
, cf. l’analyse ARO du Programme de développement de Bucarest 2000-2008, dans la 3ème Partie, chap.1 Les mots
clés[…], qui mette en évidence cette opposition - l’état actuel du Bucarest est en contradiction (est loin de) avec
ce qui est une capitale Européenne [p.178]
5
La Roumanie a déposé sa candidature pour l’adhésion a l’UE le 22 juin 1995.Les négociations ont commencés le
15 février 2000.

260
type européen » [Programme de développement de Bucarest 2000 – 2008]. Autrement dit, la
« métamorphose » de Bucarest en « capitale européenne », se déroule depuis dans le contexte
normatif, de l’adhésion à l’Union européenne. Depuis cette date, l’utilisation du terme
développement durable en Roumanie, a été associée au « développement économique et
social » et a commencé à fonctionner en tant que « modèle » qui oriente sinon prescrit les
thèmes des politiques publiques et programmes d’action en Roumanie. Plus précisément, le
« développement économique et social » qui fait l’objectif principal des politiques roumaines,
renvoie à des politiques communautaires existantes et le « développement durable » présent
dans les textes officiels relève d’un système de valeurs et de normes défini au niveau européen.
C’est ainsi que la dimension c) du modèle de la « ville européenne » est arrivée d’une part par
les canaux normatifs de l’harmonisation législative avec l’UE – les notions de développement
durable et de régénération urbaine, d’autre part par des échanges entre les spécialistes, par
formation et transmission de savoirs. Sur ce dernier aspect, les perceptions que les acteurs
interviewés ont de ce que sont « les bonnes pratiques européennes » ou « l’approche intégrée
du projet », divergent, car il s’agit en fait de la mise en pratique de notions comme
« développement durable » ou « régénération urbaine ». La difficulté réside dans le fait que les
acteurs urbains construisent le cadre et les règles du jeu en même temps qu’ils les apprennent
et les pratiquent.
L’analyse nous a montré que, depuis 1990, le problème du centre historique de
Bucarest est ressorti à plusieurs occasions sur l’agenda politique de la Mairie ou du
Gouvernement. Le problème (centre historique en déclin) était identifié antérieurement au
discours du développement durable et de la régénération urbaine et la formulation du
problème a connu des variations tout au long de cette décennie. Mais la formulation d’un
problème influence les modalités de sa résolution et le problème de réhabilitation du centre
historique a été reformulé dans un contexte orienté par les discours du développement
durable et de la régénération urbaine, après l’année 2000. C’est de ce point de vue que nous
nous sommes proposé de comprendre l’utilisation du modèle de la « ville européenne » par les
acteurs urbains, à Bucarest. Ainsi, ce modèle pourrait contribuer à l’émergence d’une réponse
à la situation du centre historique, sous les deux aspects que notre hypothèse de départ
signalait – en orientant la formation d’un référentiel théorique des actions, mais aussi en
encadrant – entre normes et bonnes pratiques, le renouvellement des pratiques d’urbanisation
à Bucarest, pour des projets de régénération des quartiers. C’est un processus qui est entamé
mais qui, pour le moment, est plus évident dans les aspects « formels » imposés par l’adoption
des notions par voie normative, plus précisément dans les récits politiques et techniques.
Le modèle de type a) de la ville européenne, reste seulement une image qui réunit le
consensus des acteurs, et c’est dans ce sens que nous l’avons désigné comme un référentiel
superficiel. Derrière cette image, les représentations que les acteurs se font sur les actions à
conduire pour obtenir cette image, restent divergentes.
Les modèles opérationnels des bonnes pratiques du projet intégré (de type b)) ont
contribué au processus d’apprentissage par les acteurs urbains, de nouveaux paradigmes
intellectuels et de nouveaux modes d’action. Ce processus s’est renforcé après l’année 2004 par
la prise de conscience de l’opportunité ouverte par les fonds structuraux, après l’adhésion,
mais aussi par les contraintes imposées par les programmes européens dans le cadre desquels
sont attribués ces fonds. La diffusion de l’expérience des projets européens de type URBAN

261
est devenue un des thèmes des séminaires concernant le développement régional et les
échanges entre les spécialistes roumains et étrangers.
Les modèles – normes (de type c)) ont contribué à la structuration du cadre législatif
de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme en Roumanie, ainsi qu’à la banalisation d’un
discours politique et technique du développement durable et de la régénération urbaine.
Mais si cette présence des modèles est notable en tant que thèmes majeurs des récits de
la structuration d’un nouveau cadre et d’un processus d’apprentissage des nouvelles règles du
jeu, suivies par un nombre croissant des acteurs urbains, leur incidence sur la pratique est plus
difficile à circonscrire.

Ces modèles sont utilisés par les acteurs urbains interviewés pour :
Légitimer leurs actions ou leur position :
− Le Groupe 1 – les spécialistes, invoque les modèles à caractère méthodologique pour
l’approche opérationnelle du projet urbain pour indiquer les écarts entre ce qui a été
prévu par les études et ce qui se fait actuellement. Ces acteurs sont les détenteurs d’un
savoir faire qui manque à l’administration publique locale.
− Le groupe des acteurs décideurs (Groupe 2 – administration publique locale) invoque
ce cadre pour démontrer qu’ils le connaissent et qu’ils vont développer leurs actions
dans le respect de ces normes, d’un coté pour être en accord avec la définition officielle
du projet du centre historique (qui découle des politiques publics) en tant que projet
intégrée de régénération urbaine, mais aussi parce que ceci ouvre dans l’avenir
l’opportunité de l’accession aux fonds structuraux (période 2007-2013).
− Les acteurs du Groupe 3 –société civile, invoquent ce cadre pour mettre en évidence
les écarts entre les pratiques actuelles du groupe des décideurs et les pratiques qui
devraient découler du cadre invoqué, et qui leur permettraient de participer à la prise
de décision.
− Tandis que les acteurs décideurs perçoivent l’élargissement du nombre des acteurs et la
communication transparente du projet– comme un affaiblissement de leur pouvoir
actuel, les acteurs du Groupe 3 réclament cette participation au nom du bon
développement du projet, et d’une stratégie qui favorise non un seul gagnant mais
plusieurs. De plus, du fait de l’encadrement réel dans les bonnes pratiques
européennes, cette stratégie permettrait à tous les acteurs d’utiliser l’opportunité
ouverte par les fonds structuraux.
Être en accord avec les politiques européennes et assurer la construction des projets qui
vont utiliser les fonds structurels après 2007 :
− Le Groupe 2 – Agence de développement régional Bucarest Ilfov, en conformité avec
ses attributions, utilise les modèles européens pour construire un programme de
développement régional capable d’assurer l’intégration de la région dans l’espace
européen et dans les programmes communautaires. Les acteurs de ce groupe
invoquent les modèles européens aussi pour souligner les écarts existant entre la
situation existante et la situation souhaitée par les politiques publiques. Ils souhaitent
aussi une collaboration avec la Mairie.

Les acteurs conduissent leurs actions dans un cadre structuré par les normes européennes, ce
qui a apporté un changement dans les procédures du projet urbain. Pour apprecier dans

262
quelle mesure les nouvelles lois et procédures sont arrivées à engendrer un changement dans
les pratiques, nous allons développer la deuxième partie de notre hypothèse de départ :

B. Les politiques européennes concernant le développement durable pourraient


encadrer (structurant des contraintes et des opportunités) le renouvellement des
pratiques d’urbanisation à Bucarest.

Des écarts entre les discours et les pratiques sont apparus lors de l’analyse du vécu des acteurs
du projet, que nous avons interviewés. Pour comprendre ceci, nous devions tenir compte d’un
facteur qui intervient entre les règles qui structurent le cadre, les discours qui les réaffirment et
les pratiques qui semblent s’en soustraire – à savoir la stratégie développée par l’acteur
décideur pour garder son influence à l’intérieur du jeu [Crozier, Friedberg, 1977, pp 324-325].
Le vécu des acteurs du projet, que nous avons pu reconstruire avec les témoignages
produits lors des entretiens, nous a montré que ceux-ci développent des stratégies, certes pour
atteindre l’objectif officiel de la régénération du centre historique selon les normes
européennes, mais aussi pour sauvegarder leur influence, donc leur pouvoir, à l’intérieur d’un
projet qui par sa définition6 devrait s’ouvrir à un plus grand nombre d’acteurs qu’auparavant.
Néanmoins, dans ce jeu que les acteurs mènent pour atteindre des objectifs nouveaux
tout en gardant leur pouvoir à l’intérieur du système d’action, l’ajustement mutuel des
stratégies de tous les acteurs participant dans le projet, pourrait conduire à la restructuration
du système d’action (dans notre cas, le système opérationnel du projet urbain, ou plus
précisément, ce que nous avons appelé le renouvellement des pratiques). Répondre à cet
aspect de notre hypothèse revient à ce stade à comprendre les rationalités et les stratégies des
acteurs participant dans le cadre du projet de régénération du centre historique à Bucarest.
La réponse ne serait pas de nature à confirmer ou infirmer l’hypothèse de départ, mais
vu que le processus est en cours, elle permettrait de réfléchir sur les voies qui s’ouvrent aux
acteurs. Nous allons développer ces voies plus loin, dans le chapitre « Quelques perspectives
concernant le renouvellement des pratiques institutionnelles d’urbanisation à Bucarest ».

a) Contraintes et opportunités pour les jeux des acteurs du projet de régénération


urbaine à Bucarest
Avant de présenter les voies qui s’ouvrent aux acteurs, nous considérons important de nous
arrêter sur la question des contraintes et des opportunités en fonction desquelles les acteurs
agissent. Nous avons choisi de tirer nos conclusions sur les pratiques des acteurs urbains à
Bucarest en essayant de comprendre les stratégies qu’ils construisent non seulement pour
s’inscrire dans un modèle - norme, mais aussi pour garder leurs chances de gagner à
l’intérieur du projet, tout en utilisant ce modèle pour relever le défi des contraintes et saisir les

6
La vision de développement pour le centre historique devra répondre aux besoins présents et futurs de la
communauté urbaine locale et en même temps, aider au repositionnement de Bucarest parmi les autres capitales
européennes. La construction de cette vision doit s'appuyer sur un processus participatif, qui implique les
facteurs de décision, les hommes d'affaires, les associations professionnelles, les associations de la communauté
locale, afin d'obtenir le consensus en ce qui concerne le développement de la zone et les ressources qui doivent
être mobilisées pour ce-ci. [ IHS România, 2003]

263
opportunités imposées par le cadre. Ce point de vue s’inscrit dans l’analyse stratégique du
système d’action formé par le projet urbain, que nous avons proposé dans la première partie.
Vu le postulat de « rationalité limitée des acteurs » [H. Simon] que nous avons retenu
dans la première partie de la thèse, nous considérons qu’il n’y a pas de solution rationnelle à
priori (one best way) par rapport à laquelle l’acteur cherchera l’optimisation de ses actions.
L’acteur cherchera plutôt la satisfaction - qui s’établit en fonction de ses chances de gain à
l’intérieur du système. Le système d’action qu’est le projet de réhabilitation urbaine du centre
historique de Bucarest est le résultat des jeux que les acteurs feront aussi longtemps qu’ils vont
estimer que leur participation à ce jeu est profitable. Pour ceci, les acteurs participants vont
choisir une des stratégies qu’ils considèrent gagnante par rapport à leurs objectifs, et en faisant
ceci, ils contribueront néanmoins à résoudre le problème autour duquel le système d’action a
été créé : la déshérence du centre historique. Les modalités concrètes de la solution sont à
rechercher dans la façon dont ce problème a été défini. L’analyse nous a montré que le
problème a été défini comme tel7 dans un cadre structuré par des contraintes et des
opportunités :

Pour les contraintes, nous relevons :


− des contraintes résultant de l’harmonisation législative avec l’UE, qui créent des zones
d’incertitude autour de la compréhension des termes qui énoncent les objectifs du
projet : développement durable, développement socio-économique, régénération
urbaine, mais aussi autour des pratiques opérationnelles pour atteindre ces objectifs –
approche intégrée du projet urbain, inclusion des acteurs non gouvernementaux,
partenariat public privé, négociation, communication.
− des contraintes locales comme le processus de rétrocession des propriétés confisquées
par l’Etat avant 1989, l’organisation et les attributions des institutions de
l’administration publique locale, qui créent des zones d’incertitude autour du statut
juridique de la propriété, de la légitimité de participation au projet des représentants
des locataires et des commerçants, ainsi qu’autour des objectifs du projet et du
déroulement des étapes du projet.

Pour les opportunités, nous notons :


− des opportunités résultant des programmes financés par les fonds européens de
préadhésion (PHARE) ainsi que par les fonds structurels dans la période 2007-2013
− des opportunités résultant du potentiel de développement de la zone du centre
historique et de l’intérêt montré envers cette zone par des acteurs urbains nationaux et
internationaux.

b) Les stratégies des acteurs du projet de régénération du centre historique de Bucarest


Les contraintes que nous avons pu identifier suite à notre analyse de cas, nous intéressent en
tant que génératrices de zones d’incertitude8, qui constituent la source des relations de

7
« réhabilitation du centre historique », « régénération du centre historique »
8
« L’incertitude en général ou les incertitudes spécifiques constituent la ressource fondamentale dans toute
négociation. S’il y a incertitude, les acteurs capables de la contrôler l’utiliseront dans leurs tractations avec ceux
qui en dépendent. Car ce qui est incertitude du point de vue des problèmes est pouvoir du point de vue des
acteurs : les rapports des acteurs, individuels ou collectifs, entre eux et au problème qui le concerne, s’inscrive

264
pouvoir entre les acteurs du projet. Par rapport à l’ensemble de contraintes, chaque acteur
envisage ses possibilités respectives de gagner à l’intérieur du jeu et choisit sa stratégie.
Dans notre étude de cas, le groupe des acteurs décideurs contrôle la plus grande zone
d’incertitude. Plus précisément, c’est la Mairie qui, par ses attributions officielles est l’acteur
décideur et qui de plus, détient la plupart de l’information concernant le projet - le
déroulement des étapes, les mesures qui seront prises dans l’avenir - information qui est
inconnue ou très peu connue par les autres acteurs concernés (habitants, investisseurs, société
civile). De ce fait, l’acteur décideur n’est pas préoccupé des possibilités (avec leurs coûts et
avantages) qui s’ouvrent (par l’accession aux fonds structurels européens) pour maximiser son
pouvoir, mais il rejette pour le moment toutes les solutions qui ont tendance, de son point de
vue, à minimiser son influence dans le déroulement du projet (car les fonds structurels
financent des projets intégrés, qui s’ouvrent à plusieurs acteurs et la prise de décision est
transparente). De plus, un autre aspect pourrait être considéré – la Mairie accepte
difficilement de mettre en discussion un projet qui n’est pas encore bien défini pour elle –
même et qui risquerait ainsi de mettre en cause son autorité traditionnelle. Ainsi,
l’administration publique choisirait le chemin le plus commode9 et le plus court pour résoudre
un problème, vu les échéances financières ou électorales qui appartiennent au court terme
[Bobio, 2004].
Cependant, dans le cas du projet de régénération du centre historique à Bucarest, ce
qui manque à ce groupe d’acteurs (appartenant à l’administration publique locale), est
l’expertise de nouvelles pratiques nécessaires à la mise en œuvre d’un projet intégré.
Autrement dit, les divers aspects du projet qui autrefois étaient résolus séparément, doivent
dés lors être traités de façon concomitante (stratégie et plan d’action conçus de cette manière
ont été approuvés par la Mairie même). Cette expertise constitue pour l’administration
publique, qui fonctionne encore d’une manière sectorielle, une zone d’incertitude qu’elle ne
contrôle pas, et qui, de plus, est apparemment mieux contrôlée (connue) par un éventail
d’acteurs – association des investisseurs, ONG, Agence de développement régional, bureau
d’études. Autour de cette zone d’incertitude, les acteurs appartenant au Groupe 1 et au
Groupe 3, essaient de revendiquer une autorité, en invoquant chacun à leur tour et à leur
profit (les uns pour prouver leur connaissance du cadre et les autres essayant de légitimer leur
participation), le modèle de la ville européenne, qu’il s’agisse de l’image, de bonnes pratiques
ou de normes (lois).
Ainsi, à Bucarest, le principal motif de conflit entre les acteurs urbains est l’application
des « bonnes pratiques européennes » et notamment ce qui est décrit comme facteur de
réussite du projet urbain – l’inclusion des acteurs concernés dans la conception du projet et
dans la prise de décision. Tous les acteurs interviewés en reconnaissent la nécessité mais ils ne
s’accordent pas quant à sa mise en pratique. En d’autres termes, tous les acteurs sont d’accord
sur la nécessité de s’inscrire dans les « bonnes pratiques », mais chacun le fait à sa façon. Les
opportunités sont perçues différemment par les acteurs. Certains les identifient dans le
présent, d’autres dans l’avenir.

dans un champ inégalitaire, structuré par des relations de pouvoir et de dépendance ». [Crozier, Friedberg, 1977,
pp 23-24].
9
sans conflit ouvert – la performance institutionnelle dont nous parlait l’acteur du Groupe 2 –administration
publique centrale lors de l’entretien

265
Tandis que les acteurs exclus pour le moment du processus de décision (Association AICI,
ONG, Agence de développement régional, bureaux d’études) la réclament, pour les acteurs de
la Mairie, la négociation du projet ne constitue pas encore une priorité car cette négociation
n’est pas considérée pour le moment, comme une option stratégique pour les jeux de pouvoir.
L’élargissement du cercle des acteurs participant à la décision pourrait diminuer la zone
d’incertitude que la Mairie contrôle pour le moment. Ainsi, la Mairie traite avec chacun de ces
acteurs séparément – mais ne semble pas encore vouloir ni les réunir autour de la table des
négociations, ni leur offrir de feed-back dans l’opérationnel. Le groupe qui coordonne le
projet maintient pour le moment un équilibre précaire entre la rationalité du projet (ses
objectifs officiels) et la rationalité interne du groupe de coordination du projet.
Ainsi, le groupe qui coordonne actuellement le projet de réhabilitation de
l’infrastructure dans la zone du Projet Pilote est présenté par son directeur comme un groupe
de transition, qui gère le projet d’infrastructure dans la zone pilote, le projet b) dans notre
analyse10 – jusqu’à ce que l’équipe pluridisciplinaire prévue par les études (Agence de
développement du centre historique) devienne opérationnelle pour coordonner ce que nous
avons nommé le projet a). Dans ce contexte, l’équipe actuelle développe son activité pour ce
qui concerne l’infrastructure, mais en même temps prépare des étapes ultérieures, appartenant
au projet a), telle que l’intervention sur les bâtiments. En bref, l’attitude de ce groupe de
coordination pourrait être décrite ainsi (suite aux entretiens) : Tout pourra être amélioré dans
l’avenir, mais pour le moment, nous sommes là, et nous devons faire ce que nous pouvons – et
par conséquent, le projet est mis en œuvre selon les procédures classiques, sectorielles11 – une
équipe spécialisée en circulation, basée sur l’expertise technique des spécialistes, intervient sur
le terrain, sans consultation avec les autres acteurs concernés ou intéressés (associations
locales, habitants, ONG, autres organismes gouvernementales tels comme les Agences
régionales). L’équipe qui coordonne le projet actuellement, applique une stratégie qui lui
permet de sauvegarder sa position de pouvoir, à l’intérieur du système d’action du projet. Elle
reconnaît la nécessité de l’apparition d’une équipe pluridisciplinaire, ce qui correspond à la
rationalité des études approuvées - qui correspond à son tour au modèle des bonnes pratiques
du projet intégrée, mais, en l’absence de cette équipe pluridisciplinaire, elle fonctionne comme
une équipe spécialisée dans les infrastructures, situation qui lui permet de garder son
autonomie par rapport aux autres acteurs extérieurs, ainsi que son influence dans le projet.
Par conséquent, le modèle du projet intégré, bien détaillé dans les études demandées et
approuvées par la Mairie elle-même, est ajusté dans la pratique par des stratégies ad hoc dont
la rationalité est de répondre à des situations concrètes, sans que les décideurs perdent le
contrôle qu’ils avaient par les attributions établies dans le cadre de l’organisation et du
fonctionnement de l’institution de la Mairie. Dans cette interprétation, les stratégies des
décideurs peuvent s’exprimer dans une phrase du type « Bien sur que nous souhaitons faire …
(des actions appartenant aux pratiques du projet intégré), mais maintenant… (soit ce n’est pas
encore le cas, soit, sous la pression du court terme, il faut faire des actions qui s’inscrivent

10
en conformité avec l’organigramme présentée dans la deuxième partie, p. 158, l’équipe actuelle coordonne la
« réhabilitation de la zone historique », un sous-projet du programme Multisecteur.
11
L’analyse du vécu des acteurs nous a montré que même à l’intérieur de la mairie, malgré un essai timide fait par
l’organisation officielle du group de pilotage du projet afin d’assurer une intégration horizontale des divers
services, en réalité, ces services de la Mairie profitent jalousement de toute portion de contrôle qu’ils acquièrent à
un certain moment dans le cadre du projet.

266
dans la mise en pratique d’une décision reposant sur des argument exclusivement
techniques)».

Pour exemple (extraits des entretiens) :

la Mairie du 3eme a pris cette


une circulation mixte dans le mesure (interdiction de la
centre historique circulation automobile) forcée par
la conjoncture (pollution,
délinquance, vibrations) .
Bien sur que nous la création d’une société par
mais maintenant on travaille encore sur un
souhaitons actions, mixte, ouverte
(L'Agence du centre historique) projet de loi pour le centre
historique.

organiser deux – trois points … ces points d’information


d’information dans la zone n’existent toujours pas

A ce stade, une précision est à faire. Nous avons affirmé que les acteurs décideurs poursuivent
les objectifs déclarés officiellement - le développement durable de la capitale et sa
transformation en une « capitale européenne », mais que tout en poursuivant ces objectifs, ils
essayent de garder leur pouvoir dans le cadre du projet. La précision concerne les
représentations que les acteurs décideurs se font de ces objectifs. L’analyse du vécu des acteurs
nous a montré que les objectifs précités semblent se définir avec plus de clarté autour du
développement économique, tandis qu’autour du développement social une ambiguïté
demeure dans la définition des objectifs. Ainsi, l’image qui résulte des entretiens est celle
d’une administration publique soucieuse d’améliorer l’aspect physique du lieu afin de le faire
redémarrer économiquement – les acteurs appartenant à la Mairie parlent de la réhabilitation
de l’infrastructure et des bâtiments, de la protection du patrimoine, mais aussi de l’acquisition
des bâtiments pour les rénover et les vendre ou les donner en concession, de la re-inclusion de
la zone dans le circuit touristique. Tout ceci est certes, pour le bénéfice des bucarestois, mais
en même temps, les demandes précises des associations locales, des investisseurs du quartier,
restent sans réponse satisfaisante12. Ce que nous voulons souligner est que à part les stratégies
ad hoc développées par les acteurs décideurs pour garder leur pouvoir, un autre facteur fait
qu’il existe des écarts entre le discours et la pratique : les représentations que les acteurs se font
des objectifs sont différentes. Ceci rejoint le constat que nous avons fait auparavant, à savoir
que derrière la « ville européenne » il n’y a pas un référentiel commun pour l’action des
acteurs urbains à Bucarest. Plus précisément, au delà d’un modèle de type a) pour la ville
européenne – une image attractive du centre historique, qui réunit le consensus de tous les
acteurs, les actions à faire pour matérialiser cette image sont envisagées très différemment.

12
Dans le Programme de développement de Bucarest 2000 - 2008, le « développement économique et social » est
la voie pour atteindre un développement durable et « la politique de la municipalité est focalisée sur les
demandes des citoyens, dans les conditions du développement durable ». Ainsi, le développement durable de la
capitale et sa transformation dans une « capitale européenne », se décline entre autres, par l’objectif de la
régénération du centre historique, tout ceci étant pour le bénéfice « des citoyens » ou encore, « pour les
générations futures » [cf. supra, analyse du Programme de la Mairie, p. 170]

267
Nous avons considéré que les acteurs décideurs cherchent à accomplir les objectifs
officiellement déclarés, tout en essayant de garder leur pourvoir à l’intérieur du projet, tandis
que les autres acteurs, surtout ceux du groupe 3 essaient d’intervenir dans le projet, au nom
des mêmes objectifs. L’analyse nous a montré que le problème réside dans la perception que
les acteurs ont de ces objectifs et des moyens nécessaires pour les atteindre et que, pour le
moment, un équilibre fragile est établi entre le cadre et le jeu des acteurs. Ce cadre est
structuré par des normes européennes et des paradigmes intellectuels relevant de valeurs
européennes, qui font apparaître les modèles -orientations (de type b) comme identifié par
nous en début de ce chapitre) et les modèles prescriptifs (de type c)).

En conclusion, si nous pouvons affirmer que les politiques européennes sont parvenues à
orienter un changement dans le sens d’un renouvellement des procédures d’urbanisation à
Bucarest, nous ne pouvons toutefois affirmer que le renouvellement des pratiques converge
vers les « bonnes pratiques européennes13 » ou vers autre chose. De plus, si dans les récits
politiques et techniques concernant le domaine de l’aménagement du territoire et de
l’urbanisme existe une cohérence avec les politiques européennes, l’accord se manifeste pour
le moment au niveau du discours, et autour de l’utilisation de nouveaux termes, tandis que
dans la pratique aucun référentiel commun des actions ne peut être encore défini. Le
« développement durable » reste une notion abstraite dont l’opérationnalisation s’avère
difficile, les termes de « ville européenne » ainsi que la « régénération » ou « réhabilitation
urbaine » malgré leur utilisation fréquente par les acteurs urbains, engendrent des
représentations différentes d’un groupe à l’autre des acteurs du projet.
Ce que nous voulons dire par ce constat est que à Bucarest, les acteurs se trouvent au
milieu d’un processus d’apprentissage de nouvelles règles du jeu, étant obligés en même temps
de participer au jeu. Des lors, les directions de l’évolution du système d’action qu’est le projet
de régénération urbaine à Bucarest restent ouvertes. Par la suite nous allons esquisser
quelques-unes de ces directions possibles.

c) Nouvelles perspectives concernant le renouvellement des pratiques institutionnelles


d’urbanisation à Bucarest.
Apprentissage collectif14 et innovation collective sont les processus engendrés à Bucarest par
l’utilisation du modèle de la ville européenne avec ses multiples strates – modes, orientations
et normes. Néanmoins, le succès de l’apprentissage de nouvelles pratiques, reste un problème

13
C'est-à-dire une intégration des trois dimensions du développement – économique, sociale et
environnementale, en conformité avec la définition du développement durable, une approche intégrée et
stratégique de la planification urbaine et du projet urbain, l’inclusion des acteurs non-gouvernementaus, une
prise de décision transparente et au plus proche de citoyen (une bonne gouvernance).
14
Pour M. Crozier et E. Friedberg, l’apprentissage collectif est « le processus à travers lequel un ensemble
d’acteurs, partie prenante d’un système d’action, apprennent – c’est çà dire inventent et fixent – de nouveaux
modèles de jeu, avec leurs composantes affectives, cognitives et relationnelles. Ces jeux, ou si l’on veut, cette
nouvelle praxis sociale , expriment et induisent à la fois une nouvelle structuration du champ, ce qui signifie non
seulement d’autres méthodes, mais aussi d’autres problèmes et d’autres résultats, en même temps qu’un système
d’action se régulant autrement. […] Un tel processus est fondamentalement ambigu. Il mêle toujours des traits
anciens et nouveaux. La différence, la nouveauté non triviale de l’ensemble, n’en est pas moins réelle [Crozier,
Friedberg, 1977, p. 395].

268
ouvert. Ce renouvellement est un processus entamé, la question qui reste ouverte est de savoir
dans quelle direction il va évoluer ?
Dans ce contexte, l’adhésion de la Roumanie à l’UE et l’accession aux fonds
structuraux à partir du 2007 pourraient jouer un rôle dans le renouvellement des pratiques des
acteurs urbains à Bucarest, si elles sont perçues comme fenêtre d’opportunité [Kingdon,
198415]. Cette approche rajoute à la dimension normative de l’adhésion de la Roumanie à l’UE
une dimension liée au jeux des acteurs qui donne de l’épaisseur à la question binaire – est-ce
que les normes et valeurs européennes ont été appropriées en Roumanie ? Nous développons
ce point ci après.

L’adhésion à l’Europe comme fenêtre d’opportunité pour les jeux des acteurs urbains
locaux.
La multiplicité de causes est au cœur du concept de fenêtre politique de Kingdon. La réflexion
de Kingdon part du modèle de la poubelle16 qui soutient l'idée de l'organisation des acteurs
autour de facteurs comme l'existence de problèmes, de solutions, d’acteurs et d’opportunités
de choix, qui se retrouvent dans une organisation, dans une rencontre plus ou moins fortuite,
comme dans une poubelle. Kingdon part de cette idée que les solutions n'ont pas été créées
forcément pour répondre aux problèmes particuliers, et par conséquent n'ont pas besoin de
ces problèmes pour exister. Pour comprendre la décision, malgré le désordre qui règne dans la
poubelle, Kingdon propose de la saisir en termes de moment, d'opportunité.
Ainsi, le modèle construit ainsi par Kingdon repose sur trois éléments : courants,
couplage et entrepreneurs.
Les trois courants identifiés par Kingdon : problem stream, policy stream et political
stream doivent se rejoindre pour qu'une fenêtre d'opportunité soit ouverte. Ces trois courants
appartiennent à la sphère politique et possèdent chacun un développement autonome, selon
une logique propre. Le premier courant est celui des problèmes visibles (problem stream).
Indépendamment se développe le courant des solutions (policy stream), dans lequel de
nombreuses alternatives concurrentes circulent, portées par les entrepreneurs17 au sein des
communautés de politiques publiques. Ces solutions n'ont pas été initialement pensées pour
résoudre des problèmes; elles « flottent» à la recherche de problèmes auxquels venir
s'accrocher, ou des événements qui les rendent soudain plus visibles. Ces alternatives doivent
être techniquement possibles, compatibles avec les valeurs dominantes de la communauté de
politiques publiques. Dans le dernier courant ( political stream) les événements évoluent selon
des règles et selon le calendrier propre à la vie politique. Ce courant comprend l'opinion
publique et ses revirements, la politique électorale (vie des partis politiques, campagnes

15
dans Boussaguet, Jacquot, Ravinet, 2004, pp. 217-225
16
garbage can model développé par Cohen, March et Olsen [idem, p. 218] et Baudoin, 1998, p.312, « Les
anarchies organisées »
17
Les entrepreneurs politiques correspondent dans le modèle de Kingdon aux acteurs médiateurs qui
« investissent leurs ressources pour promouvoir une alternative, en échange du bénéfice qu’ils anticipent. Ils ont
une rôle essentiel dans le couplage des différents courants : ils doivent être prêts et développer leur expertise et
leur proposition avant l’ouverture de la fenêtre ; ils saisissent toutes les opportunités qui se présentent, en
greffant éventuellement leurs alternatives à des problèmes dont elles ne sont pas la solution, en cherchant des
alliés. » [Boussaguet, Jacquot, Ravinet, 2004, p. 221]

269
électorales), les changements dans le gouvernement et l'administration et les actions des
groupes de pression.

Le courrant de
la politique

l’agenda
gouvernemental
agenda
Le courrant
décisionnel
des
problèmes
alternatives

entrepreneurs
Le courrant des
solutions

temps

Schéma synthétique de la fenêtre d'opportunité, d'après Kingdon

Les courants de la politique, des problèmes et des solutions du modèle de Kingdon sont
incarnés par les acteurs. Le modèle fait une grande place aux acteurs entrepreneurs politiques
qui investissent leurs ressources pour promouvoir une alternative, en échange du bénéfice
qu'ils anticipent. Lorsque le contexte politique devient favorable, et qu’un problème surgit et
capte l'attention du gouvernement, rien dans le courant de la politique ni dans celui des
problèmes ne spécifie ce qu'il faut faire. Les alternatives du courant des solutions portées par
les entrepreneurs entrent alors en jeu. Une alternative peut se greffer à un problème dont elle
n'est en général pas la solution exacte, autrement dit, les entrepreneurs saisissent toutes les
opportunités qui se présentent, en greffant éventuellement leurs alternatives à des problèmes
dont elles ne sont pas la solution, en cherchant des alliés. Dans ce processus, le couple
problème - alternative passe de l'agenda gouvernemental (la liste des sujets auxquels le
gouvernement porte attention, sans pour autant prendre de décision) à l'agenda décisionnel
(ou liste des sujets qui se traduisent par une décision effective).
Ces fenêtres d'opportunité qui s'ouvrent, lorsque les courent se rejoignent, se
referment aussi très vite lorsque les acteurs ne réussissent pas à passer à l'action, lorsque les
événements qui ont provoqué l'ouverture de la fenêtre ne sont plus d'actualité ou, tout
simplement, lorsqu'il n'y a pas d'alternative disponible.
Le modèle de la fenêtre d'opportunité est à la fois clair et subtil : il considère les
mécanismes rationnels, mais en même temps les phénomènes d'incertitude et de contingence.
Il souligne aussi le rôle fondamental des acteurs stratégiques et la relativité de leurs
perceptions. Pour ces raisons il nous semble constituer un cadre plus ouvert pour comprendre
les stratégies des acteurs urbains à Bucarest. Ainsi, les théories et les pratiques européennes de

270
la régénération urbaine ainsi que les politiques européennes concernant le développement
urbain durable pourraient être vues :
− comme des éléments participant à l'ouverture d'une fenêtre d'opportunité à Bucarest,
où, la Mairie a fait place sur son agenda à la problématique de la « réhabilitation,
revitalisation et reconstruction urbaine à Bucarest » labellisée comme une action en
vue du développement durable,
− et en même temps, comme des cadres cognitifs sinon normatifs, auxquels les acteurs
entrepreneurs font référence à Bucarest.
Ces deux aspects sont liés.

Les politiques et les programmes européens ouvrent des voies entre contraintes et
opportunités, pour les acteurs urbains locaux.
L’analyse nous a montré que le cadre d’action peut être structuré par des normes et valeurs
européennes, mais les acteurs ne vont pas suivre mécaniquement les règles imposées par le
cadre, mais vont essayer de jouer avec. Ainsi, un modèle d’action, qu’il soit issu de bonnes
pratiques, ou qu’il soit issu de normes, ne serait pas appliqué par les acteurs urbains parce
qu’il est déclaré être le moyen le plus adapté pour atteindre les objectifs officiellement établis,
selon une rationalité objective, à priori, ou bien normative (comme nous avons considéré au
départ). Les acteurs urbains vont l’utiliser effectivement si ce modèle leur ouvre des
opportunités pour qu’ils deviennent gagnants dans le jeu respectif, et surtout, s’ils savent
apprécier ces opportunités comme telles. De plus, dans le cadre du projet de réhabilitation du
centre historique de Bucarest, les acteurs font partie de plusieurs systèmes d’action emboîtés
ou qui s’entrecroisent. Leur rapport avec le cadre structuré par les valeurs et normes
européennes est plus ou moins direct. Par exemple, les acteurs qui ont œuvré à la définition
du Programme de Développement Régional (PDRBI), où le projet du centre historique est
classé dans le cadre de la priorité « régénération urbaine » agissent au plus proche du cadre
précité, ainsi que les acteurs du groupe 3 – ONG, qui sont en quête de financements. En
même temps, les acteurs de l’Unité de Coordination du Projet Pilote peuvent agir dans un
cadre plus restreint, technique, qui coexiste avec le cadre large des politiques et des lois
d’émulation communautaire.
Ces acteurs (que nous avons identifiés dans les groups 2 et 3) s’entrecroisent, leur
collaboration est occasionnelle pour le moment. Ils se rencontrent autour d’un objectif
commun - la régénération du centre historique de Bucarest. D’où l’importance du processus
d’apprentissage collectif de nouvelles règles du jeu et le rôle des « acteurs médiateurs » qui
peuvent déclencher des processus d’innovation collective, dans cette période marquée par
l’opportunité de l’intégration européenne.
Cette capacité à saisir les opportunités de ce cadre est en lien avec le processus d’apprentissage
dont nous avons parlé auparavant. Ainsi, plusieurs voies pourraient s’ouvrir pour le
renouvellement des pratiques des acteurs urbains à Bucarest, mais toutes ne conduisent pas
aux objectifs déclarés officiellement – transformer Bucarest dans une ville européenne,
comme définie par les discours : par une modernisation qui réponde aux demandes des
citoyens, dans les conditions du développement durable.

271
3. Perspectives pour une nouvelle organisation des acteurs participants
à la régénération du centre historique de Bucarest

Deux alternatives se dessinent, soit la Mairie conduit le projet seule, soit elle accepte d’élargir
le cercle d’acteurs. L’évolution du projet reste ouverte, et des facteurs de blocage peuvent être
mis en évidence pour chacune d’elles :

a) La Mairie, aménageur tout-puissant, première alternative :


La Mairie poursuit sa stratégie actuelle et contrôle la plus grande zone d’incertitude dans le
cadre du projet. Ceci pourrait conduire à la mise en œuvre d’un projet dans lequel elle
contrôle avec une main forte les règles et les résultats. Ceci pourrait être possible si les acteurs
locaux cessent de demander la participation au projet. Les investisseurs locaux pourraient
choisir de s’orienter vers d’autres zones de la capitale, vu la chute enregistrée dans leurs
chiffres d’affaires après l’interdiction de la circulation automobile. Les habitants, vu
l’incertitude qui plane sur leur statut de locataires, seront évacués, ou bien, pour les quelques
propriétaires et locataires possédant un bail, seront relogés dans d’autres quartiers. Cette
stratégie est perçue actuellement par les investisseurs locaux comme une stratégie de
découragement à leur intention.
Cette stratégie reste assez proche du fonctionnement classique de la Mairie (celle d’une
Mairie toute-puissante, propriétaire des terrains et immeubles, qui détient le savoir technique
et le pouvoir de décision et qui est soutenue politiquement et financièrement par l’Etat). La
différence est que l’Etat s’est retiré du jeu, et que les financements dépendent des capacités
managériales du Maire (dans ce sens il y a de nouvelles pratiques). La propriété sur les terrains
et les bâtiments est une autre différence, bien que, même aujourd’hui, la Mairie contrôle cette
zone d’incertitude, vu le nombre de dossiers de rétrocession non résolus à ce jour.
Ainsi, la Mairie pourrait continuer sa politique pour attirer des financements étrangers
(les banques étrangères, programmes internationaux, fonds des gouvernements étrangers) et
continuer le projet étape par étape. Si elle parvient à trouver le financement nécessaire, la zone
pourrait être remise dans le circuit immobilier, mais les objectifs sociaux énoncés auparavant
resteraient en ce cas inaccomplis.
L’objectif de refaire l’identité de la zone, reste valable. Si l’identité actuelle ne convient
guère à une ville européenne, après rénovation, il est toujours possible d’essayer de construire
une nouvelle identité. Reste ouvert le problème de l’appropriation de cette zone « fabriquée »,
par les habitants de la ville et par les touristes. Reste aussi le risque de changer le caractère de
la zone par une utilisation efficace du terrain, selon des critères économiques (démolitions et
changements des paramètres de l’occupation du sol), et de la transformer en une zone
gentrifiée. Néanmoins les objectifs économiques pourront être atteints.

Facteurs de blocage du projet pour cette première alternative :


− Le risque demeure pour la municipalité de ne pas trouver suffisamment de fonds, et de
ne pas pouvoir soutenir seule, à long temps, le projet.
− Si l’objectif est pour la Mairie de viabiliser la zone pour attirer les investisseurs
étrangers, ceux-ci pourraient toutefois ne pas être attirés par cette zone à cause des
multiples incertitudes qui planent, et du manque de transparence de l’administration
publique.

272
− La Mairie pourrait se heurter à la résistance des associations locales, ONG, animées
par le soutien que les programmes européens donnent à la société civile dans les
processus participatifs. Dans ce cas, la Mairie pourrait expérimenter une perte de
crédibilité de la part des citoyens autres que les habitant du centre historique, qui vont
les sanctionner lors des élections. De plus, le conflit ouvert pourrait éloigner les
investisseurs privés que la Mairie se propose d’attirer après la viabilisation de la zone.
− Le manque de spécialistes et du personnel dans le cadre des services de la Mairie peut
nuire au développement du projet.

b) La Mairie, acteur facilitateur, deuxième alternative :


Si la Mairie accepte d’élargir le cercle des participants dans le projet, ceux-ci pourraient arriver
à des accords par des négociations. Dans ce dernier cas, même si les acteurs ont des
représentations différentes des valeurs du projet, des objectifs et des modes d’action différents,
ils pourraient parvenir à un consensus. Néanmoins, le projet peut évoluer soit dans le sens de
satisfaire l’intérêt de la communauté locale, soit, dans le sens de satisfaire les intérêts des
acteurs participants aux décisions, sans tenir compte de l’intérêt public.

Facteurs de blocage du projet pour cette deuxième alternative :


− Les négociations peuvent mener à des impasses. Elle peuvent intensifier le conflit,
peuvent mener à des retards, à la confusion, et à la perte de confiance entre les
partenaires. La gestion des conflits suppose des compétences de type
communicatif, relationnel, et la construction de réseaux organisationnels et
administratifs qui manquent pour le moment à l’administration publique locale.
− Le manque de représentativité des acteurs est à noter. Les négociations entre des
acteurs sans pouvoir de décision ou de légitimité réciproquement reconnue sont
sans résultat.

3.1. La question du référentiel commun des actions. Les acteurs peuvent-ils parvenir à
un consensus sans partir d’idées initiales claires ?
Dans un contexte structuré par les normes et valeurs européennes, les acteurs conduisent leurs
jeux en fonction de la capacité qu’ils possèdent pour apprécier les options qui s’ouvrent dans
ce cadre. Nous partons de l’idée que les critères18 qu’utilisent les acteurs du projet
consciemment ou inconsciemment pour accepter ou refuser ces options, relèvent de
l’apprentissage de ces normes et valeurs européennes. Ainsi, si la stratégie actuelle de la Mairie
est de minimiser les risques de perte de son pouvoir décisionnel (maintenu par son
fonctionnement classique, basé sur des relations verticales et des démarches sectorielles),
celle-ci pourrait être amenée à un autre constat : à savoir qu’elle peut rester gagnante en
apprenant de nouvelles règles du jeu, par exemple les bonnes pratiques européennes. Certes,

18
« Ces critères de satisfaction, en effet, ne sont pas de critères aléatoires personnels. Ils procèdent d’un
apprentissage plus que d’un choix arbitraire et répondent à la fois à des valeurs culturels largement répandues,
aux conditions particulières des jeux que jouent des décideurs au sein des systèmes d’action dont ils font partie et
à des choix stratégiques personnels effectués par les individus en fonction de ce contexte ». [Crozier, Friedberg,
1977, pp 322-323].

273
les acteurs de la Mairie pourraient en venir là par un processus « d’apprentissage collectif »19
de nouvelles règles. La difficulté réside dans le fait que ceux qui déclarent avoir déjà cette
expertise se trouvent en dehors du groupe des acteurs décideurs et doivent conquérir d’abord
une légitimité pour participer au projet. De plus, dans ce processus d’apprentissage collectif
qu’est le projet intégré, se fait ressentir l’absence de « leader » ou de « champion » - cette
personne qui a le courage d’ouvrir des voies, dont parlait un des acteurs de Groupe 2 -
l’Agence de développement régional, lors de l’entretien : « Il nous faut ce champion, sans lui le
projet ne peut pas démarrer. Il nous faut quelqu'un qui ait cette volonté, qui soit un
visionnaire. Cette personne, un peu naïve si on peut dire, qui croit … dans nos pays cette
personne, ce champion est l’agent du développement dans un projet, c’est quelqu'un
amoureux de cette idée, passionné par…qui… parce qu’il faut vivre pour quelque chose… Çà,
c’est le plus difficile dans les projets de régénération urbaine, parce que ce travail, cet effort est
inestimable… ce n’est pas une question de salaire, peu importe si t’as 10 000 euro par mois ou
300 euros par mois, l’effort fait est immense. »

Notre recommandation – les acteurs décideurs devraient écouter les autres acteurs et
comprendre ce qu’ils attendent du projet. Des solutions nouvelles peuvent surgir. Des
zones d’incertitudes pourraient s’éclairer réciproquement. Ainsi, l’administration locale
pourrait acquérir :
− du soutien politique auprès de l’administration publique centrale,
− une expérience capitalisée en ce qui concerne les programmes européens auprès de
l’Agence de développement régional Bucarest Ilfov,
− de l’expertise et une accroche à un réseau de spécialistes auprès des associations de
la société civile et les bureaux d’études,
− de l’expertise ainsi que des partenaires privés auprès des membres de l’AICI,
investisseurs privés, qui ont déjà investi dans la zone et développé des affaires
devenues repères locaux – bars, hôtels, magasins.

3.2. La question de l’équipe pluridisciplinaire : Mettre en place un projet


organisationnel.
Le processus d’apprentissage collectif doit être renforcé par un projet organisationnel qui
établit clairement les rôles de chaque acteur dans le cadre du projet. Ce projet organisationnel
concerne en premier lieu la Mairie, qui tout en restant l’acteur ayant le poids le plus important
dans le projet, devrait assurer le lien entre :
− une équipe de pilotage politique du projet qui réunit les acteurs politiques au niveau
européen, national et local et qui assure l’accompagnement à long terme,
− et une équipe de pilotage opérationnel du projet, qui le met en oeuvre.

19
« En effet, la façon dont un individu apprend un jeu nouveau, une fois que celui-ci est déjà en fonctionnement,
est très différente de l’apprentissage collectif de ce jeu. Chacun des participants est capable d’apprendre très vite
une fois que les autres l’on déjà appris. Mais le problème, c’est l’apprentissage de tous les acteurs ensemble qui est
la condition du succès du jeu nouveau. C’est qu’on se trouve ici devant un problème de création ou d’innovation
collective qui, par sa nature même, est un problème largement indéterminé. D’où le rôle éventuellement décisif
des leaders, penseurs, hommes d’action, innovateurs divers qui ont le courage de prendre le risque d’ouvrir des
voies. D’où souvent l’engagement moral, voire le caractère religieux, que relèvent certaines innovations »
[Crozier, Friedberg, 1977, p. 395].

274
En outre, l’équipe de pilotage du projet serait en mesure d’intégrer les nombreuses études
faites sur le sujet et de soutenir la construction d’un cadre législatif et institutionnel nécessaire
au projet. Une telle équipe s’identifie en tant que responsable du projet et de ce fait, rend
possible sa mise en œuvre.

Notre recommandation :
− La Mairie devrait chercher des alliés au niveau du gouvernement et de l’agence de
développement régional BI, pour construire le groupe de pilotage politique. Le cadre
législatif existe – OG77/2001, il devrait être actualisé.
− Au niveau opérationnel, la Mairie devrait créer une équipe pluridisciplinaire, et
assurer la formation de cette équipe (pour acquérir les expertises nécessaires pour se
lancer dans une approche intégrée du projet urbain).
− La Mairie dispose en ce moment de plusieurs études approuvées qui proposent des
solutions pour la création et le fonctionnement de cette équipe – soit un département
qui fonctionne à l’intérieur de la Mairie soit en extérieur, une société mixte, dans
laquelle la Mairie est l’actionnaire majoritaire, l’Agence du développement du centre
historique.
− Chargée de l’autorité de gestion du projet du centre historique elle pourrait intégrer la
multitude des études existantes sur le sujet. Son rôle serait aussi de centraliser
l’information pour le moment éparse, concernant le centre historique. Elle pourrait
assurer l’intégration horizontale des différents secteurs d’action du projet. Cette équipe
pourrait fonctionner en partenariat avec des entreprises, des associations locales,
ONG, et associations professionnelles.

3.3. L’importance de la communication et de la confiance entre les acteurs, dans un jeu


dont les règles sont en construction.
Les parties prenantes du projet peuvent mettre en œuvre une politique dont les objectifs
initiaux sont ambigus et même contradictoires [Crozier, Friedberg, 1977, p. 311], à condition
qu’ils les discutent. Pour réussir cela, la communication et la confiance entre les acteurs –
semblent centrales dans le cadre d’un projet intégré, qui suppose multiplicité des acteurs, des
dimensions, des ressources, de temporalités, c'est-à-dire, qui tient compte de l’incertitude20.
La communication entre les acteurs d’un projet urbain se produit dans un cadre
institutionnalisé, et suppose l’existence d’un dispositif qui introduit cette communication dans
le processus décisionnel du projet.

20
« Dans un contexte social stable et normée, il existe deux forces légitimes pour réduire les conflits : la tradition,
tant qu'elle est largement respectée par tous, et l'exercice de la violence (symbolique ou physique) par les
autorités légales. Dans les cas se caractérisant plutôt par incertitude sur l'exercice réel de la puissance des
autorités légales, la légitimité sur laques s'appuie la régulation est donc à construire. Un projet urbain, où l'action
publique doit entraîner l'investissement privé, consiste dans un processus de construction de l'action collective.
Quand les contextes ne sont pas stable parce qu'ils se désinstitutionnalisent (l'institutionnalisation correspond à
ce qui contribue au maintien de la vie quotidienne en l'incorporant à des routines), il s'agit de les re-typifier, afin
qu'ils redeviennent prédictibles. Si la confiance s'avère justifiée, la relation devient un cadre de perception pour
des situations nouvelles » [Bourdin, Lefeuvre, Melé, 2006, pp 39-40].

275
Certes, en Roumanie, le cadre législatif21 prévoie la participation des citoyens, mais le
dispositif opérationnel n’existe pas encore. Ainsi, la participation s’appuie pour le moment,
dans le cas du projet du centre historique, sur l’initiative personnelle des citoyens intéressés22.
Cette initiative peut se manifester par l’organisation/participation à des séminaires, tables
rondes, ou le débat avec les décideurs ne se produit pas, selon les déclarations du groupe 3. Ou
bien, plus officiellement, tout citoyen peut demander les informations d’intérêt public
concernant les projets de la Mairie, en déposant un dossier auprès du service de relations avec
le public, dans le cadre de la Mairie. Ce service est obligé de répondre sous 30 jours. Nous
sommes en face d’un dispositif d’information du public qui fonctionne seulement de haut en
bas.
Ce que nous tenons à souligner est que le dispositif existant dans le cadre de la Mairie,
pour assurer la relation de l’administration publique avec les citoyens, n’est pas destiné à
mettre en place un processus de participation des acteurs, ou bien, il n’est pas suffisant. Ce
service peut assurer au maximum une information du citoyen, et il peut faire en sorte que
l’activité de consultation du public apparaisse comme une tâche accomplie23. Ce qui manque
au dispositif actuel est la prise en compte des opinions des citoyens dans le processus
décisionnel et la production d’une réponse envers leurs attentes. Ce manque de réponse de la
part des autorités publiques est encore toléré dans une société civile en formation, pour
laquelle la participation est une notion nouvelle, dont on vient de commencer l’apprentissage,
et qui n’est pas encore devenue une pratique.
Le dispositif qui doit assurer l’information et la participation du public en conformité
avec la loi 350/2001 sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme, n’a pas encore été créé au
sein de l’administration publique locale. Nous tenons à préciser que ni les expositions des
projets, ni les séminaires, ni les sondages d’opinion, ni même la participation des citoyens aux
séances d’avis des PUZ à la Mairie, ne peuvent se substituer à la négociation projet par projet,
avec tous les acteurs concernés. Cette négociation doit être organisée par la Mairie, en
conformité avec les procédures établies par le Ministère des travaux publics24. Le projet
organisationnel pour une équipe de médiateurs chargés de la communication du projet de
réhabilitation du centre historique a été présenté dans le cadre de la stratégie élaborée par IHS
Romania, dans le cadre du PUZ Centre historique.

21
Rappel : loi 544 / 2001 concernant le libre accès aux informations d'intérêt public, loi 52 /2003 concernant la
transparence du processus décisionnel de l'administration publique, loi 86/2000 qui ratifie la Convention
concernant l'accès à l'information, la participation du public à la prise de la décision et l'accès à la justice dans les
problèmes environnementaux signée à Aarhus en 1998. Ces lois découlent de la législation communautaire.
22
« Le citoyen doit être encouragé à prendre l’initiative »[Programme de développement de Bucarest 2000-2008].
23
Ce qui légitime le maire du 3eme de déclarer –« Si quelqu'un aurait voulu consulter le plan de réhabilitation du
centre historique, il aurait pu se rendre à la Mairie de la Capitale ». [« Scandale – le centre historique, sujet de
dispute » dans Jurnalul National, Septembre 2005
24
La loi 350/2001 sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme prévoit dans le chapitre IV, 6eme section, les
modalités de réalisation de la participation de la population aux activités d’aménagement du territoire et
d’urbanisme. Ainsi, cf. art 57., la participation de la population est réalisé par (a) information et (b) consultation
de la population . Les autorités de l’administration publique centrales et locales assurent l’organisation et le
déroulement du processus de participation de la population (art. 58). De plus, il est précisé que le Ministère des
travaux publics établi les procédures, car la participation de la population se déroule de manière différenciée, en
fonction de l’ampleur et de l’importance du projet (art 61.). [Vol. 2, Annexes, p. 95]

276
Notre recommandation
− A l’intérieur de l’équipe pluridisciplinaire qui gère le projet de réhabilitation du centre
historique doit exister ce dispositif de communication qui assure non seulement le
passage de l’information de haut vers le bas, mais aussi la collecte des informations du
bas (du terrain) vers le haut (les décideurs). Sans ce dispositif, l’équipe opérationnelle
risque de limiter son activité à une démarche exclusivement technique. Ainsi, des
personnes chargées de la communication du projet doivent remplir cette fonction (les
schémas organisationnels proposés par les études prévoient ces rôles) entre les divers
partenaires. De plus, au niveau du terrain, un point d’information devrait ouvrir ses
portes, dans le quartier, et quelques agents devraient assurer la vulgarisation du projet
auprès du public, fournissant des donnés officielles liées au projet et à ses étapes. Ce
point d’information dans le quartier peut abriter des ateliers de régénération urbaine
avec les habitants et tout citoyen intéressé par le projet25. La Mairie ne devrait pas
attendre le commencement des travaux sur les bâtiments pour installer ce point
d’information. Déjà, le projet de réhabilitation des réseaux touche plusieurs aspects qui
s’étalent au delà de l’espace physique occupé par ces réseaux.
− La Mairie pourrait s’appuyer sur des organisations locales ou des ONG qui peuvent
remplir la fonction d’agents de terrain, dans un partenariat financé par des
programmes internationaux qui soutiennent la société civile26.
− Le ministère des travaux publics peut appuyer l’apparition de ces dispositifs de
communication dans le cadre de la Mairie. La loi de l’urbanisme 350/2001, cap. IV.6.
Participation de la population… désigne le ministère des travaux publics comme
l’auteur des procédures selon lesquelles l’information et la consultation de la
population doivent se produire. Dans ce sens, le ministère pourrait encadrer
l’apparition de ces dispositifs que les Mairies vont mettre en place en accord avec les
principes de l’autonomie locale. Pour chaque projet de la Mairie, les chargés de
communication pourront constituer la courroie de transmission entre l’équipe du
pilotage politique et l’équipe opérationnelle, ainsi qu’entre opérationnels et terrain, par
l’intermédiaire des agents de communication du terrain.
− La Mairie doit porter attention à la communication du projet en dehors de son
institution. Qu’il s’agisse de la communication en vue d’attirer les investisseurs ou de
la communication pour le grand public, la Mairie doit devenir transparente dans cette
communication et avoir des publications (un journal propre, des brochures), qui

25
Des actions similaires organisées par des membres de AICI – DC Communication en partenariat avec British
Council dans le quartier de Rahova, à Bucarest, a réuni des volontaires pour faire une cartographie sensible du
lieu. Dans le cadre du mouvement de régénération urbaine « VA URMA » (« à suivre », en fr.) qui a comme
objectif la promotion et la régénération urbaine du quartier de Rahova.
26
Récemment (septembre 2006) ATU en partenariat avec la Direction d’urbanisme du Ministère des travaux
publics, Les Agences de développement régional des régions Bucarest Ilfov et Centru, l’association des architectes
en chef des municipalités et l’association VeT (Villes en transition, Lyon, France) ont gagné un financement du
CEE Trust (Trust for Civil Society in Central & Eastern Europe) pour le projet nommée « Ensemble pour une
ville meilleure - ABC des politiques urbaines ». Le projet concerne la réhabilitation des centres historique de
Bucarest et Sibiu, et a comme objectif d’améliorer la communication entre les acteurs urbains afin de rendre
transparente la prise de décision dans ces projets. Un guide pour un développement intégrée sera crée et
disséminé dans le cadre de ce projet. Voir aussi sur http://www.ceetrust.org/index.php?ak=1159.

277
expriment le point officiel de la Mairie. Cette action ne peut pas être accomplie par les
médias qui assurent à Bucarest la publication des nouvelles concernant les projets de la
Mairie.

4. Perspectives de recherche concernant la régénération urbaine à


Bucarest

Notre recherche a analysé les changements des pratiques des acteurs impliqués dans un projet
de régénération urbaine, notamment dans l’étape de définition et d’organisation du projet. La
phase opérationnelle est encore à ses débuts. Néanmoins, nous avons pu observer jusque là
l’évolution de la pensée et de l’action dans le cadre de ce type de projet. Le temps de notre
recherche ne nous a permis ni de confronter nos nouvelles hypothèses concernant les
stratégies des acteurs avec les acteurs mêmes, dans une nouvelle session d’entretiens [Crozier,
Friedberg, 1977, p 474], ni d’évaluer l’impact du projet sur la régénération de la zone. Des lors,
quelques directions sont possibles pour poursuivre la réflexion autour du sujet de la
régénération urbaine à Bucarest :

4.1. Continuer la réflexion concernant le changement des pratiques et la structuration


du pouvoir au sein d’un groupe pilotage d’un projet de régénération urbaine
« Tout apprentissage requiert rupture, tout changement véritable signifie crise pour ceux qui
le vivent» [idem, p.400]. Une recherche future pourra explorer les modalités par lesquelles les
acteurs urbains peuvent comprendre la nature réelle des contraintes auxquelles ils sont
soumis, découvrant ainsi leur marge réelle de liberté dans un système d’action à plusieurs
gagnants. Tout en laissant une grande place aux jeux des acteurs urbains, cette recherche
pourrait identifier et analyser le rôle des acteurs (les acteurs médiateurs) qui sont capables, en
situation de crise, d’aider le système à développer de nouveaux construits collectifs afin
d’éviter des procédures sécurisantes qui bloquent les acteurs dans des rôles expérimentés.
Tenant compte toujours des contraintes imposées par les programmes européens, qui
seront après 2007 les conditions d’accession aux fonds structurels, la recherche pourra
approfondir le développement institutionnel et organisationnel des projets urbains financés
par les fonds structurels, plus précisément :
− analyser les modalités d’organisation et de pilotage du projet ainsi que les
réglementations spécifiques sur des terrains ayant des problématiques similaires dans
d’autres pays européens,
− analyser les mécanismes européens et nationaux de financement du projet,
− recenser les « bonnes pratiques» roumaines développées par les acteurs urbains
impliqués dans des projets de régénération des quartiers en Roumanie.

4.2. Approfondir la réflexion sur la régénération urbaine à Bucarest et le modèle


européen de la ville compacte
La régénération urbaine définie et financée par les programmes européens concerne un
territoire précisément délimité dans le cadre de l’agglomération urbaine. De plus, la
régénération de ce territoire est relevée pour contribuer au développement durable de
l’agglomération urbaine. Nous avons montré dans la première partie de notre thèse que les

278
politiques communautaires soutiennent le modèle de la « ville compacte », même si
aujourd’hui la ville se discute en termes d’agglomération urbaine, métropole, mégalopole, en
bref, d’un territoire urbanisé qui a beaucoup changé par rapport à la réalité historique qui a
fait naître l’image et le modèle de la « ville européenne » compacte.
Nous avons aussi montré que Bucarest correspond aujourd’hui plutôt à une
agglomération urbaine, surtout après son extension au delà des limites imposées jusqu’en
1989. Actuellement, instituer du point de vue administratif et institutionnel cette réalité est un
projet en cours de l’administration publique à Bucarest (la définition de la zone
métropolitaine de Bucarest).
Ce que nous voulons souligner ici est le rapport que nous avons constaté entre le mode
de pensée, soutenu par les politiques communautaires, qui appuie la régénération des terrains
situés à l’intérieur du périmètre urbanisé et la tendance à l’expansion de la ville. La
contradiction n’est qu’apparente, et une recherche future pourrait explorer le rapport entre la
logique de régénération des morceaux de ville et le besoin d’extension de la ville dense.
Ainsi, la ville compacte pourrait être considérée comme un principe, car dans le
Bucarest actuel, il nous semble plus pertinent de rétablir « l’espace de flux » dans le sens décrit
par Castells [2000], entre les morceaux de ville tombés en déshérence ou qui ne sont pas assez
valorisés, et les centres développement actuels. Plus précisément, la ville compacte, serait à
réaliser plutôt dans le sens d’un réseau continu et équilibré de places et de flux, dont les
noeuds sont des lieux emblématiques de la ville qui fonctionnent comme support d’activités
économiques, culturelles, sociales, dans le respect de l’environnement. La logique de la
régénération urbaine des zones à Bucarest (comme identifiées dans le programme de la Mairie
– quartiers d’habitat collectif, zones déstructurées, centre historique) serait alors à
comprendre en lien avec le sens général de développement de la ville de Bucarest et avec sa
spécificité.
Les effets des projets de régénération urbaine ainsi que les pratiques des acteurs seront
à évaluer en fonction de leur contribution à la construction de ce réseau équilibré qui
superpose flux d’activité et lieux et assure aussi un équilibre social dans l’utilisation de l’espace
urbain. Les normes et pratiques européennes resteront néanmoins, en subsidiaire, comme des
contraintes et des opportunités qui structureront le cadre d’action des acteurs urbains pour la
période 2007-2013.

279
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Azi, sans auteur, « Bucureştii nu merită integrarea printre capitalele europene »; « Avem
12.12. 2005 proiecte, dar e nevoie de timp », Azi, decembrie 2005
Cotidianul, BENEZIC Dolores, « Bucurestiul e o capitala europeana mai intirziata », Cotidianul,
13.12.2006 13.12.2006
Evenimentul Zilei DUTULESCU Alexandra, « Micul Paris intirzie sa apara pe harta Europei », Evenimentul
16.12.05 Zilei, 16.12.05
Cotidianul BENEZIC Dolores, « Ispravile primarilor dintr-o Capitala fara fata europeana »,
19.12.2006 Cotidianul, 19.12.2006
Dilema Veche, VASILESCU Mircea, « La trinta cu Bucurestiul », Dilema Veche, 23.12.2005
23.12.2005
Revista 22, PALADE Rodica, « Regenerarea urbana a Bucurestiului. Interviu cu Adriean Videanu »,
17.01 – 23.01.2006 Revista 22, ANUL XV (828), 17 ianuarie 2006 - 23 ianuarie 2006
Ziua, 17.02.06 SEVERIN Magda, « Videanu face primarie noua », Ziua, 17.02.06
Gardianul, sans auteur, « Caietul de sarcini pentru Centrul Istoric », Gardianul, 23.02.2006
23.02.2006
Vivid. HUIJINK Gijsbert, « Centrul Vechi a silent ghetto », Vivid. Romania through
24.02.2006 international eyes 24.02.2006

288
Comunicat AICI Comunicat AICI, « Centrul Itsoric la un an de condamnare la moarte lenta »,
28.02.2006 www.imagoo.ro, 28.02.2006
Smart Financial, sans auteur, « Centrul istoric al Bucurestiului, o ruina a economiei », Smart Financial,
01.03.06 01.03.06
Vivid. HUIJINK Gijsbert, « An anniversary, but no champagne », Vivid. Romania through
20.03.2006 international eyes, 20.03.2006
Revista 22, BERCEA Maria, « Bucuresti in secolul XXI », Revista 22, 29 03.2006 – 04.04.2006
29 03.– 04.04.2006
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13.04.2006
Averea, 26.04.2006 A.R., « Spatiile comerciale din Centrul istoric, sat fara caini », Averea, 26.04.2006
Cotidianul, ETVES Antoaneta, « Centrul istoric, blocat cu banii in cont », Cotidianul, 27.04.2006
27.04.2006
Dilema Veche, VASILESCU Mircea, « Capitala europeana? Nicidecum », Dilema Veche, 28.04.2006
28.04.2006
Jurnalul National, ANDREI C. Monica, « In Capitala - Lucrari intarziate la Centrul Istoric », Jurnalul
05.05.2006 National, 05.05.2006
Gardianul, BRUMAR Dan, « Edilii vor bani mai multi pentru Centrul Istoric », Gardianul,
06.05.2006 06.05.2006
Gardianul, BRUMAR Dan, « Centrul Istoric al Capitalei, transformat in bazar », Gardianul,
06.05.2006 06.05.2006
Anchete 07.05.2006 PIRVU Luminita, « Pata neagra din centrul Bucurestiului », Anchete.ro 07.05.2006
Curentul, 09.05.2006 BUCUREASA Cristina, « Bucuresti un oras curat" peste....15 ani », Curentul, 09.05.2006
Vivid. HUIJINK Gijsbert, « Esplanada and Centrul Vechi », Vivid. Romania through
14.05.2006 international eyes, 14.05.2006
Cotidianul ETVES Antoaneta, « Centrul Bucurestiului e scos la licitatie », Cotidianul, 16.05.2006
16.05.2006
Ziua, 16.05.2006 SEVERIN Magda, « Centrul Istoric sperie constructorii », Ziua, 16.05.2006
Gandul, 17.05.2006 MODREANU Cristina, « Centrul Istoric – destinatie turistica horror »,Gandul,
17.05.2006
Gardianul BRUMAR Dan, « Licitatii amanate. Zona istorica a Bucurestiului se da de ceasul mortii »,
19.05.2006 Gardianul, 19.05.2006
Evenimentul Zilei BENEZIC Dolores, « Bucurestiul e rezultatul politicii de chiosc », Evenimentul Zilei,
22.05.2006 22.05.2006
Adevarul, CALIN Radu,« Reabilitarea Centrului istoric depinde de « buzunarul » proprietarilor.
06.05.2006 Municipalitatea deţine doar 22% din clădirile din zonă », Adevarul, 06.05.2006
Curentul 30.05.2005 Sans auteur, « Refacerea centrului istoric costa intre 20 si 40 milioane de euro », Curentul
30.05.2005
The Diplomat Sans auteur, « Cultural revolution », www.thediplomat.ro, June 2006
June 2006
Evenimentul Zilei BENEZIC Dolores, « A doua strigare pentru Centrul Istoric », Evenimentul Zilei,
16.06.2006 16.06.2006

289
Adevarul, BACALU Mihai, « Asociere pentru reabilitarea centrelor istorice », Adevarul, 12.07. -
12.07. -10.24.2006 10.24.2006
Cotidianul, ETVES Antoaneta, Ion Raluca, « Vreau vopseaua mea nu alui Videanu », Cotidianul,
12.07.2006 12.07.2006
HotNews PIRVU Luminita, « Lucrarile la Centrului Istoric al Capitalei incep abia in septembrie »,
17.07.2006 www.hotnews.ro, 17.07.2006
NewsIn Sans auteur « Guvernul alocă şase milioane de euro pentru centrul istoric al Capitalei » ,
18.07.2006 http ://www.newsin.ro/ , 18.07.2006
Comunicat PMB PMB, COMPARTIMENTUL PENTRU RELATIA CU MASS MEDIA - COMUNICAT -
19.07.2006 lansarea proiectului « Un Bucuresti Frumos » - 19.07.2006
Averea 21.07.2006 OPREA Nicolae, « Centrul istoric al Capitalei va fi refacut in doi ani », Averea 21.07.2006
Gardianul, DRAGHICI Ramona, « Autoritatile, inapte sa lamureasca procedura reabilitarii
25.07.2006 Centrului Istoric al Bucurestiului », Gardianul, 25.07.2006
Le Monde, 26.07.06 BRAN Mirel, « Le vieux Bucarest voudrait se refaire une beauté », Le Monde, 26.07.06
Top Business VOINEA Oana, « Sase milioane de euro pentru revitalizarea centrului istoric al
27.07.2006 Capitalei », Top Business, www.topbusiness.ro , 27.07.2006
Averea, 31.07.2006 OPREA Nicolae, « Centrul istoric al Capitalei va fi refacut in doi ani », Averea,
31.07.2006
Gandul, ION Gheorghita Aurelian, « Mizeria Bucurestiului vechi – in Le Monde », Gandul,
31.07.2006 31.07.2006
Cotidianul CIREASA Doru, « Dupa Standard&Poors, Fitch da note: Bucurestiul primeste nota de
3.08.2006 trecere », Cotidianul, 3.08.2006
Banii Nostri SERBANESCU Anca, « Spaniolii ne vor reface Centrul Istoric al Capitalei», Banii Nostri,
07.09.2006 www.baniinostri.ro, 07.09.2006
Wall Street « Centrul istoric va fi reabilitat de o firma spaniola in 18 luni », Wall Street,
08.09.2006 http://www.wall-street.ro/, 08.09.2006
Evenimentul Zilei Sans auteur, « Centrul istoric, fata cu tehnologia "no dig" », Evenimentul Zilei, 11.10.2006
11.10.2006
Cotidianul, ETVES Antoaneta, « Craii de Curtea Veche se muta la bloc », Cotidianul, 13.10.2006
13.10.2006
Gindul TITUS Vulpe, « Primaria Capitalei incepe, luna viitoare, refacerea infrastructurii in
11.11.2006 centrul istoric », Gindul, 11.11.2006
Romania Libera BOIANGIU Cristina, « Locuitorii din centrul istoric vor fi mutati in locuinte sociale.
08.12. 2006 Primaria cumpara apartamente de pe piata libera », Romania Libera, 08.12. 2006

Cartes
Atlas 1934 Carte « Regiuni Istorice», In : Atlas, 1934, Brasov, ed. Institutul cartografic Unirea, pp. 38 - 39
Oltean Ionescu OLTEAN Radu, IONESCU Dan, Reconstituirea centrului Bucurestilor la 1850 /
2007 Reconstitution du centre de Bucarest à 1850, ed. Art Historia, 2007

Pascu, Arbore, PASCU Stefan (coord.) ARBORE Virgil, BERCIU Dumitru et all. , 1971, Cartes : no.75 « Tarile
Berciu, 1971 romane din sec. Al XVIIIlea pînă la 1858» et no. 83 « Europa in 1870», In : Atlas istoric / Atlas
historique , Bucuresti, Ed. didactică şi pedagogică, 200 p.
Plan Borroczyn Planul Rudolf Borroczyn 1846
1846

290
Planul centrului Sursa : planuri topografice executate dupa ridicari topometrice executate de institutul Proiect
istoric Bucuresti Bucuresti, intre anii 1969-19992

Lois et autres actes normatifs roumains (par ordre chronologique)

a. niveau local - Arrêtés du Conseil général (HCGMB) et du Maire général (DPG), [en ligne],
disponibles sur <http://acteinterne.pmb.ro/legis/acteinterne/acte_int/index.html>, (consulté le 16.08.2006) :

HCGMB 51/2002 – concernant la liste des études financées par le budget local (« PUZ centre historique Bucarest
- 1ere Etape – 2002, Analyse de la situation existante et diagnostic »).

HCGMB 65/2003 concernant les indicateurs socio-économiques concernant l’objectif des investissements
« Restauration de la zone historique », faisant partie du « Programme Multisecteur de la municipalité de
Bucarest »

HCGMB 104/2003 concernant la liste des études financées par le budget local ( « PUZ centre historique Bucarest
- 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité »).

DPG 405/2003 arrête la structure de pilotage du programme Multisecteur (UIP), modifiée par DGP 998/2005

HCGMB 252/2004 arrête le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan
d'action, études de pré – faisabilité »

HCGMB 9/2005 concernant l'approbation de la « Stratégie de développement du centre historique du Bucarest »


dans le cadre du plan d'urbanisme zonal- la zone du centre historique du Bucarest – IIème étape / Ière phase

DGP 766/2005 concernant l'interdiction de la circulation des véhicules dans la zone du centre historique de
Bucarest,

DGP 811/2005 concernant le transfert de l'application du DGP 766/2005 dans la responsabilité de la Mairie du
3ème

DGP 998/2005 arrête la structure de l’unité de coordination du projet de réhabilitation de la zone historique
(UIPPilote) en tant que substructure de l’UIP (Programme Multisecteur).

HCGMB 154/2006 concernant la participation de la ville de Bucarest au projet « CITIES »

b. niveau national
Lege 58/1974 privind sistematizarea teritoriului şi localităţilor urbane şi rurale (concernant la systématisation du
territoire et des localités), Marea Adunare Nationala. In : Buletinul Oficial nr. 135, 01.11.1974.

Lege 50 / 1991 privind autorizarea executarii constructiilor şi unele masuri pentru realizarea locuintelor
(concernant l'autorisation des constructions et des mesures concernant les logements), In : Monitorul Oficial nr.
933/13 oct. 2004

Ordinul (l'arrêté) 91 / 1991 pentru aprobarea formularelor, a procedurii de autorizare si a continutului


documentatiilor prevazute de Legea 50/1991 (concernant le contenu des documentations d'aménagement du
territoire), In : Monitorul Oficial nr. 228/14 noi. 1991

Lege 69/ 1991 Legea administratiei publice locale (de l'administration publique locale), In : Monitorul Oficial nr.
238/28 noiembrie 1991, (abrogata de legea 215/2001)

291
Lege 112/1995 pentru reglementarea situaţiei juridice a unor imobile cu destinaţia de locuinţe, trecute în
proprietatea statului (concernant la réglementation de la situation juridique des immeubles de logements,
passées dans la propriété de l'Etat). In : Monitorul Oficial nr. 279/29 noi. 1995

ORDONANŢĂ nr.129/1998 privind declararea ca zonă de interes naţional a unui ansamblu din perimetrul
central al municipiului Bucureşti, incluzând Noul Centru Civic şi Centrul Istoric, şi stabilirea condiţiilor de
realizare a investiţiilor pentru ansamblul urbanistic din această zonă / concernant l’arrêté en tant que zone
d’interet national de la zone situé dans le centre de Bucarest, comprenant le nouveau centre civique et le centre
historique, In : Monitorul Oficial nr. 328/29 aug. 1998

Lege 189 / 1998 privind finanţele publice locale. In : Monitorul Oficial nr. 404/22 oct. 1998

Lege 213/ 1998 privind proprietatea publică şi regimul juridic al acesteia. In : Monitorul Oficial nr. 448/24 noi.
1998

Lege nr.5 / 2000 privind aprobarea Planului de amenajare a teritoriului naţional - Secţiunea a III-a - zone
protejate, In : Monitorul Oficial nr. 152/12 apr. 2000

Lege 86/2000 privind ratificarea Conventiei privind accesul la informatie, participarea publicului la luarea
deciziei si accesul la justitie in probleme de mediu, semnata la Aarhus la 25 iunie 1998 (qui ratifie la Convention
concernant l'accès à l'information, la participation du public à la prise de la décision et l'accès à la justice dans les
problèmes environnementaux signée à Aarhus en 1998), In : Monitorul Oficial nr. 224 /22 mai 2000

Lege 10/2001Concernant le régime juridique des immeubles confisqués abusivement durant la période de 6 mars
1945 au 22 décembre 1989, In : Monitorul Oficial no. 075 du : 02/14/2001

OG 77/2001, privind reabilitarea şi revitalizarea Centrului istoric Bucureşti (concernant la réhabilitation et


revitalisation du centre historique de Bucarest). In : Monitorul Oficial 541/ 01.09.2001

Lege 215/2001 Privind administratia publica locala, concernant l'administration publique locale In : Monitorul
Oficial nr. 204/23.04.2001, (modificata de Legea 286/2006)

Lege 351 / 2001 privind aprobarea Planului de amenajare a teritoriului naţional - Secţiunea a IV-a Reţeaua de
localităţi, In : Monitorul Oficial nr. 408/24 iul. 2001

Loi 350/2001 concernant l'aménagement du territoire et l'urbanisme. In : Monitorul Oficial nr. 373/10.07.2001.

Lege 422/2001, Legea monumentelor istorice (loi des monuments historiques). In : Monitorul Oficial nr. 407/ 24
iulie 2004, (modificata de Legea 259/2006)

Lege 544 / 2001 privind liberul acces la informatiile de interes public (concernant le libre accès aux informations
d'intérêt public). In : Monitorul Oficial nr. 663/23 octombrie 2001

HG 918 / 2002, privind stabilirea procedurii-cadru de evaluare a impactului asupra mediului şi pentru aprobarea
listei proiectelor publice sau private supuse acestei proceduri, . In : Monitorul Oficial Partea I nr. 686 / 17
septembrie 2002

HG 1323 / 2002 privind elaborarea în parteneriat a Planului naţional de dezvoltare, In : Monitorul Oficial nr. 898
/ 12.11.02

HG 1555/2002 privind desemnarea institutiilor si organismelor responsabile cu coordonarea, implementarea si


gestionarea asistentei financiare comunitare prin instrumentele structurale, In : Monitorul Oficial nr. 70 / 03-02-
2003

Lege 52 /2003 privind transparenta decizionala in administratia publica (concernant la transparence du


processus décisionnel de l'administration publique), In : Monitorul Oficial nr. 70 / 03-02-2003

292
Lege 401/2003 pentru modificarea şi completarea Legii nr. 50/1991 privind autorizarea executării lucrărilor de
construcţii (concernant l'autorisation des constructions). In : Monitorul Oficial nr. 749/27 oct. 2003

Lege 339/ 2004 Lege –cadru privind descentralizarea, In : Monitorul Oficial nr. 668/26 iul. 2004 (abrogata de
Legea 195/2006)

Lege 315/2004 Legea dezvoltarii regionale (Loi du développement régional). In : Monitorul Oficial nr.
577/29.06.2004 (modificata de Legea 58 / 2005)

OUG 34 / 2006 privind atribuirea contractelor de achiziţie publică, a contractelor de concesiune de lucrări
publice şi a contractelor de concesiune de servicii (concernant l'attribution des contrats d'acquisition publique,
des contrats de concession des travaux publics et des services). In : Monitorul Oficial nr. 418/15 mai. 2006

Lege 259/2006 Legea monumentelor istorice (loi des monuments historiques). In : Monitorul Oficial nr. 573/3
iul. 2006

293
FOLIO ADMINISTRATIF

THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON

NOM : BLUM, née HAPENCIUC DATE de SOUTENANCE : 10.10.2007


(avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant)

Prénoms : Ileana

TITRE : « Régénération urbaine et renouvellement des pratiques d’urbanisation en Roumanie : Le cas du centre
historique de Bucarest »

NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 05 ISAL

Ecole doctorale : Sciences des Sociétés, de l’Environnement et du Droit

Spécialité : Géographie, Aménagement, Urbanisme

Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19 / et bis CLASSE :

RESUME :

La chute du communisme en 1989 et l’adhésion à l’Union européenne en janvier 2007 circonscrivent une période
de transformations systémiques pour la Roumanie. Durant cet intervalle, Bucarest – la capitale du pays, a oeuvré à
la construction d’un nouveau statut - la ville européenne. Dans ce contexte, des thèmes comme la régénération
urbaine, le développement urbain durable et les projets urbains intégrés, font actuellement le débat parmi les
professionnels de l’urbanisme, en Roumanie.

Dans un premier temps, cette thèse se propose de clarifier les notions de développement durable et de régénération
urbaine, tels comme définies par les politiques de l’Union européennes. Ensuite, à travers une étude de cas - le
projet de régénération du centre historique de Bucarest, sont analysés les écarts entre le discours et les pratiques de
la régénération urbaine.

Les notions de développement durable, régénération urbaine et projet intégré sont interrogées sur leur usage en tant
que modèles par les acteurs urbains locaux, dans le contexte du processus d’adhésion de la Roumanie à l’Union
européenne.

MOTS-CLES : régénération urbaine, développement durable, Union européenne, modèles, normes, acteurs
urbains, projet urbain intégré, Bucarest, représentations, pratiques

Laboratoire (s) de recherche : EVS EDU- Environnements Dispositifs Urbains – UMR 5600 « Environnement
Ville Société »

Directeur de thèse : Alexandru SANDU, professeur (UAUIM Bucarest), Monique ZIMMERMANN, professeure
(INSA Lyon)

Président de jury : Violette Rey, professeure (ENS – LSH de Lyon)

Composition du jury : EFTENIE Mariana, Professeure (UAUIM de Bucarest)


MACHEDON Florin, Professeur (UAUIM de Bucarest)
REY Violette Professeure (ENS – LSH de Lyon)
ROZENBLAT Céline, Professeure (Université de Laussanne)
SANDU Alexandru, Professeur (UAUIM de Bucarest), Directeur
ZIMMERMANN Monique, Professeure (INSA de Lyon) Directeur
N° d’ordre2007-ISAL-0063 Année 2007

Thèse

Régénération urbaine et renouvellement des


pratiques d’urbanisation en Roumanie :
Le cas du centre historique de Bucarest

Volume 2 (annexes)

présentée devant
L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

pour obtenir
le grade de docteur

Ecole doctorale :
Sciences des Sociétés, de l’Environnement et du Droit
Formation doctorale :
Géographie, Aménagement, Urbanisme

par
Ileana HAPENCIUC BLUM
(architecte)
Soutenue le 10 octobre 2007 devant la Commission d’examen

Jury

EFTENIE Mariana Professeure (UAUIM de Bucarest)


Rapporteur MACHEDON Florin Professeur (UAUIM de Bucarest)
REY Violette Professeure (ENS – LSH de Lyon)
Rapporteur ROZENBLAT Céline Professeure ( Université de Laussanne)
Directeur SANDU Alexandru Professeur (UAUIM de Bucarest)
Directeur ZIMMERMANN Monique Professeure (INSA de Lyon)

Cette thèse a été preparé dans le cadre du laboratoire de récherche :


EVS EDU- Environnements Dispositifs Urbains – UMR 5600 « Environnement Ville
Société »
SOMMAIRE :

ANNEXE IERE PARTIE. BUCAREST VILLE EUROPEENNE , p. 3

1. Etapes historiques de la ville – capitale, p. 4


La ville médiévale, p.5
La ville moderne (1859 – 1940), p.7
La ville fermée (1948 – 1990), p. 13
Le Concours Bucarest 2000, p.23

2. Le programme URBAN et l'approche intégrée des problèmes urbains, p. 25

ANNEXE 2 eme PARTIE. REGENERATION URBAINE DU CENTRE HISTORIQUE DE


BUCAREST, p. 29
1. Extraits de L'atlas du Centre historique de Bucarest élaboré par ATU, p.30
2. La Table ronde du novembre 2001concernant le centre historique, p. 33
3. Organigramme de la Mairie de Bucarest, p. 36

ANNEXE 3 eme PARTIE REGENERATION URBAINE DU CENTRE HISTORIQUE DE


BUCAREST, p. 38
1. Extrait du PUZ Centre historique : Politiques pour le centre historique de Bucarest, p. 39
2. Etapes du projet - proposition dans le cadre du PUZ et réalisation effective, p.40
3. Chronologie officielle du projet, p.42

ANNEXE 2eme et 3eme PARTIE. EXPLOITATION DES ENTRETIENS. TABLEAUX DE


SYNTHESE, p. 46
1. Les guides d’entretiens pour chaque groupe d’acteurs interviewés, p. 47
2. Synthèse de l’analyse du discours. Analyse des thèmes, p. 50
Les thèmes de l’univers symbolique, p. 51
Les thèmes de l’univers des pratiques, p. 52
3. Synthèse de l’analyse du discours. Analyse signifiant/signifié, p. 61
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « développement durable », p. 62
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « régénération urbaine », p. 64
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « modèles », p. 69
Synthèse de l’analyse pour le thème « communication », p. 74
Synthèse de l’analyse pour les thèmes « rôles des acteurs» et « collaboration entre les acteurs », p. 82

LOIS : Loi 215/2001 de l’Administration publique locale et Loi 350/2001 sur l’Aménagement du
territoire et l’urbanisme, p. 95

2
ANNEXES
Ière PARTIE
BUCAREST, VILLE EUROPEENNE

3
1. Etapes historiques de la ville – capitale

1859 - Bucarest est la


capitale des
Principautés Réunies de
la Valachie et de la
Moldavie

1877 - la conquête de
l’indépendance après
300 ans de domination
de l’Empire Ottoman

1918 - La Grande
Union, Bucarest
devient capitale de la
Roumanie

Ont été utilisés comme


base les cartes no. 75 et
83 de l’ « Atlas istoric»,
1971 [Pascu, Arbore,
Berciu, 1971]
ainsi que le plan no. 3,
[Harhoiu, 1997]

Les provinces
historiques, réunies
après la grande
Union de 1918

(la carte « Régions


historiques » [ Atlas,
1934.] a été utilisée
comme base)

4
La ville médiévale

Le principe d’organisation de la ville


était celui des unités paroissiales.

Les églises dessinaient les verticales


de la ville.

La concentration des unités


paroissiale autour des églises a
imprimé dans la structure urbaine
une certaine discontinuité

Analyse et source des images, arch. Dana Harhoiu [1997]

5
Source : OLTEAN Radu, IONESCU Dan, “Reconstituirea centrului Bucurestilor la 1850”
(Reconstitution du centre de Bucarest à 1850), ed. Art Historia, 2007

6
La ville moderne
(1859 – 1940)

À partir de 1895
commencent les travaux
de systématisation qui seront
finalisés entre
les deux guerres :
les grands boulevards
nord-sud et est-ouest.

L’architecte Dana Harhoiu présente dans son ouvrage [1997], la thèse de l’ouverture de
type haussmannien des nouveaux axes à Bucarest, vers la fin du XIXème. L’ouvrage contient
une fine analyse de la transformation du tissu urbain médiéval qui resté lisible après
l’ouverture des grands boulevards et la régularisation d’alignement des rues, produites au
XIXème siècle. Les cartes sont extraites de son ouvrage.
La modernisation de la structure
urbaine a eu lieu selon un
processus qui tenait plutôt de son
adaptation lente aux nouvelles
nécessité de la société. Ainsi, la
structure urbaine reste presque
inchangé, dans le sens que le
réseau des voiries et le parcellaire
rendent visible la configuration
du XIXème telle comme elle était
représentée dans le plan de la ville
[plan Borroczyn, 1846].
Dans cette structure médiévale,
les caravansérails ont été
remplacés par les bâtiments
représentatifs pour les institutions
l’Etat du XIXème - des sièges des
institutions construites par des
architectes français ou roumains
diplômés de l’école des Beaux Arts
de Paris.
Tissu urbain médiéval (gauche) et sa modernisation dans le
XIXème siècle (droite)
[Harhoiu, 1997]

7
Arch. Albert Galleron - l’Athénée Roumain (1886-1888)

Arch. Albert Ballu et arh. Ion Mincu– le Palais de la Justice

8
Arch. Paul Gottereau - La Caisse d’Economies et Consignations (1900)

Arch. Paul Gottereau – Les Fondations Royales Carol Ier, aujourd’hui la Bibliothèque Centrale Universitaire
(1893)

9
Arch. Ion D. Berindei – Palais Cantacuzino, aujourd’hui Musée George Enescu

Arch. Alexandru Săvulescu – Palais de la Poste, aujourd’hui le Musée National d’histoire (1899)

10
Arch. Dimitrie Maimarolu - Ancien Palais du Parlement (début du XXème siècle)

Arch. Dimitrie Maimarolu – Cercul Militar (fin du XIXème siècle)

11
La Place du Palais Royal, début du XXème siècle (sur la rue « Calea Victoriei »)

Boulevard Tache Ionescu (axe N-S) vers 1938, aujourd’hui Boulevard Magheru,

12
La ville fermée (1948 – 1990)
L’industrialisation de la Roumanie a commencé dans les années 1949-1950 et s’est développée
en même temps que l’exode rural. La population urbaine est passée de 3 486 995 personnes en
1948 (représentant 22% de la population totale du pays), vers 5 667 559 en 1965 (29,8% du
total), et 11 540 494 en 1985 (50,6%du total).
Jusqu’à la fin des années 50 et pendant les années 60, le Parti Communiste Roumain et
l’État ont lancé un programme extensif de constructions de logements afin de répondre à un
besoin croissant des nouveaux citadins. Pendant 15 ans, 1955-1970, des appartements ont été
construits sur des terrains libres, en dehors de la ville, dans des zones suburbaines et tout au
long des boulevards de contournement. La proximité des plates -formes industrielles était
aussi considérée une opportunité pour les nouveaux logements. Ceux-ci ont été les critères
principaux pour bâtir à Bucarest et aussi dans les autres villes. Dans cette phase, jusqu’au
début des années 70, les centres historiques n’ont pas été affectés. Le processus
d’industrialisation et l’accroissement de la population urbaine étant important, le besoin de
logements s’est imposé de nouveau. Alors architectes et urbanistes se sont focalisés sur les
zones centrales des villes.
Les aires qui présentaient de l’intérêt historique ont été estimées entre 4% et 8% de la
surface de la ville. Le montant nécessaire pour moderniser ces aires a été estimé entre 20% et
40% du coût d’un nouvel appartement. L’opinion officielle exprimée en 1966 était : « la
préservation des centres historiques est deux ou trois fois moins chère que leur démolition
totale suivie de la reconstruction »1 .
Le19 juillet 1973, l’Union des Architectes Roumains a validé le concept de « l’héritage
historique »2. Le 24 février 1975, un commentaire officiel, à l’occasion de la réunion du
Comité Centrale du Parti Communiste, a ressuscité de nouveaux espoirs : Les spécialistes
doivent s’efforcer pour garder les traits spécifiques de l’urbain, tel qu’il s’est constitué à travers
le temps en tant que le bâti et la voirie. La ville doit être examinée avec chaque rue et maison,
« démolition, gaspillage de terrain et changement de forme urbaine ne seront pas permises
….les nouvelles constructions doivent s’harmoniser avec les constructions existantes »3. En
novembre 1975 la « Loi pour la systématisation, planification et construction de la voirie dans
les centres urbains et ruraux » a été promue dans le respect du patrimoine architectural et
urbain. Toute démolition des aires bâties afin de les remplacer par des voiries ou des places
nouvelles a été interdite. Pour ouvrir, élargir ou fermer des rues dans la zone ancienne de la
ville, l’accord du président4 était nécessaire. Les mêmes directives ont été exprimées plusieurs
fois par la Grande Assemblée Nationale lorsque la loi a été approuvée à l’unanimité5.

1
dr.arch.Virgil Bilciurescu« Sistematizarea centrelor istorice ale vechilor orase » (Systématisation des centres
historiques dans les villes anciennes) Arhitectura, XIV, 6(103), 1966, pp46-49. Cité par Giurescu C. Dinu,
[Giurescu 1990]
2
Arhitectura., XXVIII, 3(184), 1980, pp58-59, arch. Eugenia Greceanu. Cité par Giurescu C. Dinu, 1990
3
Scînteia, XLIV, 10, 112, fevrier 25,1975. Cité par Giurescu C. Dinu, [Giurescu 1990]
4
Loi no. 37, 20 novembre, 1975, publiée dans le « Buletinul oficial », XI, 123, I ère partie, 26 novembre, 1975, pp
1-14. Ces directives ont été gradées jusqu’à la republication de la loi 37 dans « Buletinul Oficial », XIV, 82, partea
I, 6 septembre, 1978, Bucuresti, pp.5-6. [idem]
5
« Buletinul Oficial », XI, 5, II ème partie, 21 novembre,1975,pp 2-4 et 6, 22novembre,pp 1-8. [idem]

13
Pendant presque deux ans, de février 1975 – février 1977, le message de sauvegarde du
patrimoine architectural parait d'être accepté. Des résultats remarquables ont été enregistrés à
la suite de la politique nationale de restauration et conservation menée en collaboration avec
des organismes internationaux de spécialité (ICOMOS, UNESCO) en accord avec les
principes établis : 52 monuments ont été restaurés en deux années, face à 67 monuments qui
ont été restaurés pendant les neuf années qui ont suivi (dans la période 1978-1987)
Les démarches du mouvement pour la protection et la restauration du patrimoine ont
été gravement affectées par le tremblement de terre du 4 mars 1977. Une politique totalement
opposée a été alors promulguée, afin d’effacer et de faire disparaître l’architecture urbaine et
rurale traditionnelle.
À partir de 1978, jusqu’à 1989, plus de 90% de l’architecture traditionnelle ont été
détruits dans la plupart des villes et remplacés avec des constructions nouvelles afin de
changer complètement la forme urbaine existante.
La loi de 1974, contenait comme concept central la systématisation6. Elle contenait
également toute une série de prescriptions : organisation judicieuse du territoire du pays, des
principes directeurs pour établir la densité et la hauteur des constructions, pour la densité de
la population, la création des aires de loisir et les installations techniques et sanitaires, pour la
voirie et le transport. Ainsi étaient établis des réglementations pour la préservation et
l’amélioration de l’environnement naturel, pour l’amélioration des sites historiques et
artistiques, pour intensifier l’efficience des investissements économiques et sociaux, améliorer
les conditions de vie et de travail pour toute la population.
Quelques prévisions de cette loi ont été plus explicites : les aires construites seront
réduites à un minimum nécessaire pour une utilisation optimale du terrain, qui est considéré
comme une valeur nationale. La réduction des territoires agricoles sera interdite (art. 1 et 3).
Des périmètres seront tracés pour chaque localité et seront approuvés par la loi. Des plans de
systématisations seront tracés pour les villes et les villages (art. 4). Des commissions centrales
du Parti et d’État pour la systématisation urbaine et rurale ont été établies en même temps
pour créer un plan national pour la systématisation et pour l’appliquer.
Pendant presque deux ans, ces principes n’ont pas été considérés dans toutes leurs
conséquences pratiques.
Le 25 novembre 1977 le Conseil d’état a institué « Le décret pour l’organisation et le
fonctionnement du Conseil de la Culture et Éducation Socialiste »7 (décret no. 442). L’article
no. 25 prononçait la dissolution de la Direction pour le Patrimoine National et Cultural et
l’arrêt de tous les chantiers de restaurations (en accord avec les prévisions de la loi, les
démolitions devraient commencer le 1er décembre 1977). À partir de ce moment-là, tout
projet de restauration va être de la compétence de la Commission Centrale du Patrimoine
Cultural National, unité du Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste.

6
Loi no.58 privind sistematizarea teritoriului şi a localităţilor urbane şi rurale ( concernant la systématisation du
territoire et des localités urbaines et rurales), approuvée par la Grande Assemblée Nationale le 29 octobre, 1974,
« Buletinul Oficial », X, 135, I ère partie, 1 novembre, 1974, pp 1-7.
7
Le décret no.442, « Buletinul Oficial »,XIII, 127,I ère partie, 28 novembre, 1977, pp 1-5. [Giurescu ,1990]

14
Bucarest, 1974
La variante du développement de la ville au long des éléments naturels

Légende :
La limite administrative de la ville de Bucarest en 1974

La zone centrale
Centres de quartiers
Equipements urbains proposés

Tissu urbain bâti existant

Territoire construit proposé pour des logements

Zones industrielles existantes

Zones industrielles proposées

Forets existants
Espaces plantés proposés

15
Bucarest
Détail de la zone démolie
Centre durant les années
historique 1980-1989 (en noir)

Le premier anneau de circulation délimite la


zone centrale de la ville de Bucarest. Cette limite
correspond à la ville du XIX ème siècle.
Le détail de la zone démolie (la tache noire -
grise sur la carte) représente la colline de l’Arsenal où
se trouve aujourd’hui la Maison de la République
(Maison du Peuple) et des anciens quartiers qui
existaient à proximité de la Place Unirii et au long du
cours de la rivière Dîmboviţa

Centre
historique
Monastère
Mihai Voda

Colline de
L’Arsenal
Le Magasin
Unirea

La Place
Unirii

L’Eglise Patriarcale Monastere


L’ancien Palais du Radu Voda
Parlement

16
La rivière
Dambovita

Vue aérienne de la zone avec l’Eglise Patriarcale et de l’ancien Palais du Parlement

Allée montante vers l’Eglise Patriarcale et l’ancien Parlement


Photo des années 30

17
La Place Unirii, dans les années 30
La colline de l’Eglise Patriarcale dominait l’espace de la place

Vue du quai de la
Dîmboviţa vers la Place
Unirii, pendant le chantier
du Centre Civique

18
Eglise cachée derrière les nouveaux ensembles du boulevard « Victoire du Socialisme » (aujourd’hui boul. Unirii)

Eglise au milieu du chantier des nouveaux ensembles

19
Des bâtiments démolis
(Source des photos – Bucarest
2000, CDROM)

20
Image actuelle du Boulevard Unirii :
Le segment situé entre la Maison de la République et la Place Unirii
Au premier -plan la Place des Ministères

Image actuelle de l’ensemble Maison de la République et les ministères


A droit, la rivière Dimbovita

21
Bucarest -1991
Division en zones et potentiel de développement évalué par
l’« Institut Proiect Bucuresti »

Le Centre historique

Limite de 1991
25.596ha – 2.064.474 habitants
Tissu urbain bâti Eaux
existant Plates - formes industrielles
existantes
Tissu urbain bâti avec
possibilités d’extension sur Zones voie - ferrée, aéroport
les terrains libres existant

Tissu urbain bâti à Circulations principales


restructurer existantes et proposées
Espaces plantés La zone centrale Unirea
(Le Centre Civique)
22
Le Concours Bucarest 2000
Apres la chute du communisme, la zone du Centre Civique était en partie inachevée – des
grands ensembles et des sièges des institutions côtoyait des terrains vagues et des fragments
de tissu urbain ancien, pas encore démolis. En 1996 le Concours international Bucarest 2000
a été organisé afin de trouver une réponse par rapport à la forme urbaine : une solution
d’aménagement pour cette zone et surtout pour les terrains non - bâtis. Le projet gagnant
(Meinhardt von Gerkan and Partners) a proposé un principe pour la régénération
morphologique du tissu urbain. Le cadre institutionnel et les réglementations urbanistiques
pour la zone du concours, devraient être créées par la suite [Hapenciuc Blum, 2002].

1er PRIX
« La mémoire de l’urbain »
Le jury a décidé quasiment à l’unanimité d’attribuer le premier prix au projet proposé par
Mainhard von Gerkan et Joachim Zais, assistés de leurs collaborateurs de Hambourg.
« L’étude de la restructuration du centre de Bucarest fait l’objet d’un des plus intéressants défis
dans le domaine de la réflexion urbanistique contemporaine. L’extraction de l’axe linéaire du
réseau urbain a mené à la destruction de la cohérence des quartiers de la ville. En outre, en
raison de la structure monofonctionnelle et des énormes différences de dimension elle a crée
une image urbaine isolée. Notre projet admet l’existence de l’axe comme fait historique et
essaye de regagner la qualité urbaine en utilisant une procédure d’adjonction aux couches
historiques existantes, en renonçant à une stratégie qui impliquerait de nouvelles démolitions.
Le thème mono structural de l’axe sera divisé en segments spatiaux et fonctionnels. Ceux-ci
sont orientés de manière thématique par les conditions contextuelles et les problèmes
spécifiques des différentes zones. Néanmoins, l’axe restera un élément linéaire qui combine les
différentes parties de cette continuité spatiale. De ce point de vue, la superposition du système
ordonnateur de l’axe et de la mémoire de l’ancienne structure urbaine avec le fond
démocratique des nouvelles formes urbaines générera une stratégie de conception capable de
formuler différentes priorités dans la création de chaque segment. » (description du projet
faite par ses auteurs)

Recommandations du jury8 international du concours :


« Ce concours pose des problèmes centraux de la profession […] : le développement d’une
ville, la nécessité de remodeler (re-design) une partie de cette ville » Vittorio Gregotti ;
Fumihiko Maki garde la même échelle en parlant « du projet dont la ville avait besoin ». Nous
retrouvons aussi l’idée que le concours n’est que le commencement d’une opération
complexe : « Je crois que la stratégie élaborée et mise en œuvre à Barcelone peut être appliquée
dans le cas du développement urbanistique de la zone qui a fait l’objet du concours. Mais pour
cela on a besoin de la volonté de l’Administration Publique, de la constance quant au respect

8
Le jury a été composé des architectes internationaux et roumains : Kenneth Frampton (USA), Vittorio Gregotti
(Italie), Dan S.Hanganu (Canada), Fumihiko Maki (Japon) représentant l'UIA, Josep Martorell (Espagne),
Claude Vasconi (France), Sorin Gabrea (Roumanie), Alexandru Beldiman (Roumanie), Crisan Popescu
(Roumanie), Alexandru Sandu (Roumanie). Barry Bergdoll (USA), Krzysztof Chwalibog (Pologne). Constantin
Enache et Serban Nadejde (Roumanie), siégeaient en tant que membres suppléants. Voir Ileana Hapenciuc
Blum, mémoire de DEA.

23
des idées du projet vainqueur, de la défense de l’intérêt public et des objectifs à long terme.
Attention : le mélange d’options inconséquentes, non corrélées, peut mener à un produit
médiocre. […] La coopération et le dialogue dans une telle opération sont essentiels, mais sans
compromis conjecturaux, par exemple devant les riches investisseurs privés» avertissait Josep
Martorell.
L’idée de la consultation des habitants a été promue par Alexandru Sandu : « Un
concours d’une telle envergure a une très grande influence sur la ville et sur ses habitants(…)
il me semble important que les habitants soient bien informés de l’existence et de l’objectif de
la stratégie du développement urbain (…) il s’agit non seulement d’information mais aussi de
la formation des habitants, de leur éducation pour devenir des interlocuteurs avisés,
conscients, participatifs, impliqués dans le processus de renouvellement et de transformation
de la ville où ils vivent ».
Plan d’ensemble présenté pour le concours
échelle 1 :4 000

Fragment du plan d’ensemble présenté au concours à l’échelle 1 : 2 000

Le Centre historique

Groupe de bâtiments délimités par des rues, qui


Espace vert aménagé
renferment une cour intérieure. Ces îlots créent un
nouveau tissu urbain qui se superpose sur l’ancien.

vue axonométrique

24
2. Le programme URBAN et l'approche intégrée des problèmes urbains

Les programmes financés au titre de l'Initiative communautaire URBAN ont été lancés en
1994. Les actions mises en œuvre dans le cadre des programmes ont permis une amélioration
visible de la qualité de la vie dans les zones cibles concernées. Ces résultats encourageants ont
démontré l'importance de l'approche intégrée proposée par URBAN pour résoudre la forte
concentration de problèmes sociaux, environnementaux et économiques qui ne cessent de
s'aggraver dans les agglomérations urbaines. L'approche intégrée implique une série
d'interventions combinant la rénovation d'infrastructures vétustes avec des actions dans les
domaines de l'économie et de l'emploi, complétées par des mesures visant à combattre
l'exclusion sociale et à améliorer la qualité de l'environnement.

Durant la période de programmation 1994-1999, URBAN a financé des programmes dans 118
zones urbaines au total. L'aide communautaire total approchait 900 millions euros aux prix de
1999, ce qui a permis un investissement total éligible de 1,8 milliards euros ayant bénéficié à
3,2 millions de personnes à travers l'Europe. Par conséquent, URBAN est parvenu à mobiliser
des fonds importants pour les zones cibles, s'élevant en moyenne à 560 Euros par personne.
Entre 1989 et 1999, 164 millions Euros supplémentaires ont servi à financer 59 Projets
pilotes urbains (UPP) dans le cadre des actions innovatrices du Fonds européen de
développement régional (FEDER). Ces projets ont favorisé
L’innovation urbaine ainsi que l'expérimentation dans les domaines économique,
social et environnemental sur une plus petite échelle qu'URBAN, mais ils ont produit des
résultats encourageants, notamment en ce qui concerne les approches de la régénération
urbaine fondées sur la participation et l'intégration.
L'expérience acquise dans le cadre d'URBAN et des PPU est venue alimenter le débat
général dont la politique urbaine a fait l'objet au cours des dernières années et qui a abouti à la
communication de la Commission «Cadre d'action pour un développement urbain durable»
[CE 1999a] qui présente la façon dont la Commission envisage l'action urbaine future.
Le Cadre d'action reconnaît l'importance de placer la dimension urbaine au centre des
politiques communautaires, notamment des interventions des Fonds structurels. Ceci requiert
l'introduction d'une dimension urbaine explicite dans les programmes de développement
régional. Dans les régions de l'Objectif 1 et de l'Objectif 2, cette approche signifie que les
différents documents de programmation élaborés dans le cadre des Fonds structurels doivent
inclure des séries d'interventions intégrées, prenant la forme de mesures intégrées de
développement urbain destinées aux principales zones urbaines de la région concernée.
URBAN II représente une nouvelle initiative communautaire concernant la
régénération économique et sociale des zones urbaines pour 2000-2006. Dans ce contexte, les
objectifs de la nouvelle Initiative communautaire sont les suivants :
a) Promouvoir l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies particulièrement
innovantes en faveur d'une régénération économique et sociale des petites et moyennes villes
ou des quartiers en crise dans les grandes agglomérations;
b) Renforcer et échanger les connaissances et les expériences relatives à la régénération
et au développement urbains durables dans la Communauté. La poursuite de ces objectifs peut
faciliter la transition de l'innovation vers les programmes principaux, les programmes mis en

25
œuvre dans les zones urbaines concernées servant alors de projets-vitrine ou de projets de
démonstration.
Afin d'atteindre ces objectifs, les stratégies de régénération urbaine doivent respecter
les principes suivants :
- Une masse critique de population et des structures de soutien suffisantes pour
permettre la conception et la mise en œuvre de programmes de développement urbain
innovants et durables ainsi qu'une approche créative de la gestion urbaine et du changement
durable;
- Un partenariat local solide pour identifier les défis, les stratégies, les priorités, pour
allouer les ressources et mettre en œuvre, suivre et évaluer la stratégie. Les partenariats
devraient être larges et effectifs, et comprendre des partenaires économiques et sociaux, des
ONG, des associations de résidents y compris celles qui sont actives dans le domaine de
l'environnement, et autres organismes concernés.
- La mise en place d’une approche territoriale intégrée y compris, le cas échéant, la
promotion de partenariats entre institutions;
- L'établissement d'un lien entre la stratégie pour la zone concernée et les stratégies et
le réseau économique, social, environnemental et infrastructurel existant au niveau plus large
de l'agglomération ou de la région;
- L'intégration des questions économiques, sociales, environnementales et des aspects
de sécurité et de transport, comprenant notamment l'égalité en matière d'accès à l'emploi et
d'offres de formation dans les zones de forte exclusion;
- La promotion de la mise en œuvre au niveau local des politiques et de la législation
communautaire sur l'environnement;
- La complémentarité avec les interventions principales («mainstream») des Fonds
structurels, les autres Initiatives communautaires ou les autres programmes.
Le nombre de zones urbaines pouvant être couvertes par la nouvelle Initiative se situe
aux alentours de 50. Chaque zone urbaine concernée devrait en principe avoir une population
d'au moins 20 000 personnes, ce seuil pouvant descendre jusqu’à 10 000 dans des cas dûment
justifiés. Chaque ville ou quartier éligible doit présenter une problématique homogène dans
une zone cohérente géographiquement. Chacun doit également démontrer la nécessité d'une
rénovation économique et sociale ou l'existence d'une situation de crise urbaine sur la base
d'indicateurs proposés par les Etats membres et discutés avec la Commission. Il convient de
tenir compte des besoins spécifiques des villes petites et moyennes en proie à d'importantes
difficultés économiques et sociales.
Les zones urbaines concernées doivent remplir au moins trois des conditions
suivantes :
- un fort taux de chômage de longue durée;
- un faible taux d'activité économique;
- un taux de pauvreté et d'exclusion élevé;
- une nécessité de reconversion résultant de difficultés économiques et sociales;
- un nombre élevé d'immigrés, de minorités ethniques, ou de réfugiés;
- un faible taux d’éducation, d'importantes lacunes en termes de qualifications et un
taux élevé d’échecs scolaires;
- un fort taux de criminalité et de délinquance;
- une évolution démographique précaire;

26
- des conditions environnementales particulièrement dégradées.
La commission précise que pour que les projets soit éligibles, il est nécessaire de démontrer
que les stratégies sont orientées vers une réforme organisationnelle, une «gouvernance»
fondée sur la participation, une délégation des pouvoirs et un renforcement des moyens
d'action.
Il faut rajouter à cette présentation succincte du programme URBAIN le fait que
même si les programmes communautaires sont porteuse d'une démarche pluridisciplinaire,
favorisant le dépassement des logiques sectorielles dans les politiques urbaines, cette approche
globalisante n'est pas l'apanage exclusif des programmes communautaires, les Etats membres
ayant expérimenté depuis les années 80 cette démarche, même si un vrais essor de la
transversalité dans les politiques urbaines peut être mis en évidence à partir des années 90.
Ainsi, la Communauté européenne a contribué à encourager cette approche dans les Etats qui
était en retard dans ce domaine.

Concernant l’impacte et la valeur ajoutée du Programme URBAN, le « Troisième Rapport sur


la cohésion économique et sociale », CE, 2004, pp.158-159, dans le cadre de la politique de
cohésion de l’Union européenne durant la période 1994 – 1999, mais aussi les changements
introduits lors de la période 2000-2006 :

Le Programme d’initiative communautaire URBAN couvre 44% de la population de l’Union


européenne habitant dans des zones urbaines comptant plus de 50.000 habitants. Il a été
introduit en 1994 à la suite d’un certain nombre de projets pilotes et des Orientations de la
Commission européenne pour la période de programmation 2000–2006, qui demandaient aux
Etats membres de prêter une attention particulière à la politique urbaine dans leurs
programmes d’Objectif 1 et d’Objectif 2. Pendant la période 1994–1999, URBAN a fourni 148
millions d’euros par an à des projets urbains dans 118 villes, alors que 104 millions d’euros par
an ont été rendus disponibles pour 70 villes pendant la période 2000–2006. Le programme se
focalise surtout sur de petites zones urbaines et concentre les fonds sur un certain nombre de
programmes intégrés impliquant la participation active des communautés locales.
Les évaluations révèlent que les projets ont conduit à des améliorations dans la qualité
de vie des 118 quartiers urbains concernés grâce à des investissements dans les transports
publics, l’éducation et les équipements culturels. Ces projets ont également amélioré l’accès
aux services publics, ce qui a réduit l’exclusion sociale. Ils ont par ailleurs contribué à réaliser
le potentiel économique intrinsèque des zones concernées, avec des gains fréquents pour les
zones adjacentes.
URBAN a été focalisé, en particulier, sur la création et l’amélioration du capital social
local, en partie en intégrant des mesures actives d’apprentissage dans les programmes. De
plus, l’implication des communautés locales a contribué à accroître la visibilité de la politique
structurelle de l’Union européenne auprès d’un large public dans de nombreuses villes de
l’Union, alors que le type de projets entrepris avait un impact direct sur la vie des gens.9 En
outre, URBAN a contribué à modeler les politiques urbaines nationales, qui ont été largement
mises en place dans l’ensemble de l’Union.
URBAN a aussi joué le rôle de catalyseur pour la régénération des villes et, dans
certains cas, a eu un fort effet de levier sur l’investissement. A Rostock, en Allemagne, par
exemple, une étude a estimé que pour chaque euro investi dans la rénovation dans la zone

27
couverte par URBAN, 3,9 autres euros étaient mobilisés dans la zone ou à côté. Dans le même
temps, la concentration de l’aide sur de petites zones est susceptible d’en limiter l’impact et de
laisser en dehors du champ du
programme des projets qui visent à
s’attaquer à des problèmes
nationaux ou régionaux, y compris
ceux qui ont trait aux relations entre
les villes et leurs environnements
ruraux ou ceux liés à la création de «
noyaux » d’industries particulières si
ceux-ci s’étendent au delà de la zone
immédiate.
Comme les programmes d’Objectifs
1 et 2 ont aussi consacré de
substantielles ressources à la
résolution de problèmes urbains, il
convient que l’aide fournie soit
mieux coordonnée avec ces
programmes de façon à accroître la participation des collectivités locales à la conception et à la
gestion des programmes et projets qui concernent les zones urbaines (Graphique 4.5)

Source: Troisième Rapport sur la cohésion économique et sociale, CE, 2004, pp.158-159
http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docoffic/official/reports/pdf/cohesion3/cohesion
3_part4_fr.pdf

28
ANNEXES
2eme PARTIE
REGENERATION URBAINE DU CENTRE
HISTORIQUE DE BUCAREST

29
1. Extraits de L'atlas du Centre historique de Bucarest élaboré par ATU

« Atlasul Centrului Istoric al orasului Bucuresti » (L'atlas du Centre historique de


Bucarest) est le titre de l'étude élaboré par ATU dans le cadre du projet« Associations
communautaires de la zone Curtea Veche », déroulé en collaboration avec UNDP dans le
cadre du programme « Beautiful Bucarest ».
Il représente la synthèse des résultats des observations de terrain, des tables rondes et ainsi que
enquêtes effectuées par les membres de l'association, en 2001-2002, dans une zone (en rouge)
qui se superpose partiellement au Projet Pilote actuel (en gris foncé).

Zone de l'étude ATU, avec la représentation graphique de la localisation des


locataires et des commerçants qui ont répondu à l'enquête.

30
L’étude et des actions faites par l’ATU ont eu comme objectifs :
− La création d’un partenariat actif entre les habitants et les commerçants de la zone et la
Mairie
− La création d’une base de donnés pour la future stratégie de revitalisation de la zone
− Formuler un diagnostic pour contribuer à la compréhension des problèmes
spécifiques de cette zone de Bucarest.
Les objectifs des enquêtes ont été (voir page 89 de l’Atlas) :
− Déduire la structure sociale
− Chercher les demandes et les besoins des habitants et des commerçants de la zone
− Identifier les problèmes et les points de vue communs qui pourraient mener les
habitants et les commerçants à se constituer dans des associations
− Identifier s’il y des nucleus de la vie communautaire qui pourront être encouragés /
développés
L’échantillon a été ainsi défini : On a délimité deux catégories – les habitants et les
commerçants et on a élaboré des questionnaires. Les questionnaires comprenaient 17
questions, dont 3 questions ouvertes. Ont répondu aux questionnaires 121 habitants et 68
commerçants.

Les graphiques suivants donnent les résultats qui intéressent notre analyse :

Le graphique représente les points faibles dans la zone, identifiés par les habitants et par les commerçants.

31
Le graphique représente les actions que la Municipalité doit entreprendre dans la zone, identifiés par les
habitants et par les commerçants.

32
2. La Table ronde du novembre 2001concernant le centre historique

Présentation des documents concernant la table ronde qui a eu lieu à la mairie, en novembre
2001, sur le sujet du Centre historique de Bucarest. Les documents ont été mis à notre
disposition par l’association ATU.

TABLE RONDE

“LE CENTRE HISTORIQUE DE LA CAPITALE – PREZENT ET PERSPECTIVES”

BUCAREST
MAIRIE DE LA CAPITALE
Jeudi, 29 novembre 2001

Programme

Temps Evénements
10.00 – 10.05 Séance d’ouverture, Présentation des objectifs de la table ronde
Traian Băsescu – Maire general de Bucaresti
Jacques Emmanuel Rémy – “Beautiful Bucharest”
10.05 – 10.10 Présentation d’ATU (structure, mission, activités) et du projet « Associations communautaires de la zone Curtea
Veche » objectifs/ résultats /
Anca Ginavar / ATU
10.10 – 10.15 Présentation de l’organisation de la table ronde et des intervenants
Daniel Serban /RTI
10.15 – 10.25 Les points de vue de la SOCIETE CIVILE
Résumé des actions faites par ATU dans la zone (enquête sociologique, rencontres avec les agents commerciaux,
avec les habitants). Conclusions et recommandations résultés du dialogue mené par ATU avec la population du
quartier.
Florentina Iugan / ATU
10.25 – 10.45 • Problèmes et opportunités saisis dans la zone par les institutions non gouvernementales impliqués.
Fédération des Associations des Propriétaires de Roumanie
Chambre de commerce et industrie de Bucarest
Centre pour sociologie urbaine (CURS)
10.45 – 11.00 Pause
11.00 – 11.45 Les points de vue des PROFESSIONNELS
• Evaluation programmes / projets développés jusqu’au présent dans la zone
• Présentation synthétique des études de cas similaires en Roumanie ou à l’étranger
• conclusion et recommandations
Université d’architecture et urbanisme “Ion Mincu”
Commission des monuments historiques
Ministère de la Culture
Ministère du transport public, des constructions et du logement
Commission d’urbanisme et de l’aménagement du territoire / Mairie Générale Bucarest
IHS Romania

11.45 – 12.30 Les points de vue des FACTEURS DE LA DECISION


• la responsabilité des acteurs publics
• le cadre législatif
• identification des nouvelles ressources : - internes (ex . : le partenariat public - privé)
- externes (projets et critères d’éligibilité pour attirer des fonds UE)
Architecte en chef e la capitale
Direction Programmes, mairie du 3eme
DAFI
Furniseurs d’utilités publiques (ApaNova, Distrigaz, Electrica, RADET, RomTelecom, Rosal Servis)
Police (Circa 10 Politie)
Ministère pour l’intégration européenne
Banque Mondiale
12.30 – 12.50 Débat, conclusions
Daniel Serban /RTI

33
L’invitation envoyé par ATU aux participants à la table ronde :

A l’attention de Monsieur ……………..,

22 novembre 2001

Monsieur le Directeur,

Le projet “Associations communautaires de la zone Curtea Veche”, developpé par l’Association pour
la Transition Urbaine (ATU), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et avec le projet Beau Bucarest, se poursuit avec la programmation d’une
table ronde sur le thème “LE CENTRE HISTORIQUE DE LA CAPITALE – PRESENT ET
PERSPECTIVES”, qui aura lieu le 29 novembre 2001, à la Mairie Générale de Bucarest. Cet
événement est censé rassembler les acteurs urbains manifestant de l’interêt pour l’état actuel du Centre
Historique et se propose comme but de favoriser leur implication dans la recherche d’opportunités et
de solutions pour accroître la qualité de l’environnement urbain local.

Les invités seront des représentants de l’administration publique locale et centrale, des professionnels
et des universitaires travaillant dans la réhabilitation urbaine, des délégués des habitants et des
commerçants du Centre Historique, ainsi que des représentants d’institutions et d’organismes qui sont
présents dans le quartier ou qui sont intéressés par son développement. Les discussions se focaliseront
sur les aspects suivants :
• L’importance du Centre Historique de Bucarest dans toute opération de développement urbain
dans le périmètre central de la Capitale ;
• Intérêts, besoins et ressources de la population résidente et/ou active de la zone ;
• Les différents rôles des responsables et leur capacité réele d’action ;
• L’expérience des projets anterieurs dans le quartier ;
• Méthodes et moyens utilisés par des partenaires européens dans des conditions proches ;
• Oportunités d’action du point de vue législatif, urbanistique et social.

Cette première rencontre permettra de developper par la suite la coopération entre la société civile et
les décideurs.

Nous vous prions d’accepter notre invitation et de participer au débats avec une intervention de 5 à 10
minutes environ, pour présenter les enjeux du développement urbain du Centre Historique de Bucarest
pour votre société.
Veuillez trouver ci-joint le projet d’agenda de la réunion, ainsi qu’une présentation de notre
association et des projets que nous poursuivons actuellement dans le quartier.
Pour des raisons logistiques, vous êtes prié de confirmer votre participation au numéro de téléphone
093/57.75.95 ou par e-mail : atu_aso@yahoo.com, jusqu’au 26 novembre 2001.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de notre entière considération,

...........................,
Directeur éxécutif de l’ATU

34
Participants :
1. Traian Băsescu – Maire de Bucarest
2. Bogdan Şoşoacă – Directeur, Département des investissions de la Mairie de Bucarest
3. Dana Olteanu - représentant de l’Architecte en chef, Mairie de Bucarest
4. Jacques Emmanuel Remy – Directeur du projet « Beautiful Bucharest »
5. Adrian Bodonea – Coordinateur du projet « Beautiful Bucharest »
6. Alexandru Sandu – professeur, UAUIM Bucarest
7. Peter Derer – professeur, UAUIM Bucarest
8. Constantin Enache – professeur, UAUIM Bucarest
9. Şerban Sturdza – Président de l’Union des architectes roumains
10. Valeriu Manea – directeur département d’urbanisme, Ministère des travaux publics, du
transport et du logement
11. Adrian Albu – directeur général adjoint, direction générale de l’aménagement du territoire
et de l’urbanisme, Ministère des travaux publics, du transport et du logement
12. Irina Cosmănescu – représentant Ministère de la culture
13. Aurel Vainer – vice-président, Chambre du Commerce et de l’Industrie de la Roumanie
14. Alexandru Budişteanu – conseiller, Chambre du Commerce et de l’Industrie de la
Roumanie
15. Nicolae Ţarălungă – directeur IHS România
16. Sorina Racoviceanu – directeur scientifique IHS România
17. Andrei Luncan – président des Architectes en chef de la Roumanie, Architecte en chef de
la ville d’Oradea
18. Radu Opaină – Président de l’association des propriétaires de la Roumanie (FAPR)
19. Elena Şerbănescu – Conseiller, Ministère de l’Intégration Européenne
20. Irina Criveanu – chef de projet, URBANA SA (bureau d’étude)
21. Mariana Nica – CPUMB
22. Doina Ciocanea – CPUMB
23. Elena Perceleanu – Distrigaz SA
24. Arpad Zachi – Directeur ARHITEXT (revue)
25. Ştefan Ghenciulescu – editeur ARHITECTURA (revue)
26. Olivier Peyroux – Centre Culturel Français
27. Caton Musceleanu – Representative of the group of owners of Curtea Veche Area
28. Ionel Zaharia – Representant du groupe des proprietaires de commerces dans la zone
« Curtea Veche »
29. Anca Ginavar – directeur executif de l’ATU
30. Florentina Iugan – membre de l’ATU
31. Vladimir Vinea – membre de l’ATU
32. Mihai Cristian - membre de l’ATU
33. Raluca Constantin – membre de l’ATU
34. Cristina Iacoboaea – membre de l’ATU
35. Silviu Ginavar – membre de l’ATU

35
3. Organigramme de la Mairie Générale de Bucarest

LE MAIRE GENERAL LE CONSEIL GENERAL DE LA


MUNICIPALITE DE BUCAREST

VICEMAIRE 1 VICEMAIRE 2 SECRETAIRE


GENERAL
Administrations
(Administration de la
Cabinet Maire Direction de Cabinet Cabinet Cabinet voirie,
Général l’intégration Vicemaire 1 Vicemaire 2 Secrétaire Administration du
européenne Fond Immobilier)

Direction de Direction des Direction de Direction des Direction juridique, Institutions


l'inspection et relations l'urbanisme et contentieux,
aménagement du services publics législation (CPUMB)
du contrôle internationales territoire

Direction du Direction du Direction du Direction transport, Direction de Régies


budget management des foncier et voirie et l'administration autonomes
crédits externes systématisation de publique (RATB)
l'immobilier la circulation

Direction des Direction des Direction des Direction Direction assistance


coordination technique et juridique
finances et ressources investissions réglementation du CGMB
comptabilité humaines infrastructure

Direction des Direction des Direction des Direction protection Direction de la


acquisitions, de l'environnement et rédaction et édition
revenus systèmes de l'éducation éco-
informatiques concessions et du Moniteur
civique
contrats Officiel de la Mun.
de Bucarest
Direction de Direction des Direction de Direction
l'audit public relations publiques l'enseignement administrative
et renseignements
interne du transport

Direction Direction de la
management de culture
Ouvriers
la qualité
36
Direction transports, Direction des services Direction management Direction de l'urbanisme
voirie et systématisation publics des crédits externes et de l'aménagement du
de la circulation territoire

Service stratégie transport Service eau, canal, lacs Service crédits externes
urbain et voiries avec financement Service d'urbanisme
remboursable

Service systématisation Service


Service crédits externes
de la circulation et thermo-énergétique et
avec financement non - Service autorisations
autorisation pour le secrétariat CTE
remboursable
transport urbain

Service
propreté et
éclairage publique

Direction intégration
européenne

Service politiques et
programmes de
développement avec les
organisations
internationalles

Service harmonisation
des programmes, des
services publics et de
l'infrastructure

37
ANNEXES
3eme PARTIE
REGENERATION URBAINE DU CENTRE HISTORIQUE DE BUCAREST

38
1. Extrait du PUZ Centre historique
Etape II/2003, Règlement, Plan d'action, Etude de pré faisabilité; Etape 2 : Plan d'Actions, élaboré par IHS Romania

POLITIQUES:

1) POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT SPATIAL :


a) Revitalisation du patrimoine architectural urbanistique à travers un processus participatif de planification
b) Aménagement des espaces publiques ouvertes pour accroître l'attractivité de la zone

2) POLITIQUES ECONOMIQUES
a) Stimuler les affaires
b) Amélioration de l'image et des services commerciaux dans les unités existantes
c) Développement et diversification de l'offre touristique

3) POLITIQUES DU LOGEMENT
a) Réhabilitation du fond locatif existant

4) POLITIQUES INSTITUTIONNELLES
a) Amélioration du management public du patrimoine immobilier
b) Support de l'organisation du secteur privé

5) POLITIQUES DE PROMOTION
a) Promotion du centre historique
b) Promotion des commerces en détail et des services dans le centre historique
c) Promotion des opportunités d'investissions dans le centre historique

6) POLITIQUES DE COMMUNICATION – INFORMATION


a) Encourager la participation active des commerçants pour atteindre les objectifs de développement du centre historique
b) Information des citoyens concernant le progrès du processus de revitalisation

39
2. Etapes du projet - proposition dans le cadre du PUZ et réalisation effective
PROJETS / ANEE 2004 2005
MOIS 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Le PUZ et la stratégie de développement du
CI sont connus et acceptés par la
communauté locale, les investisseurs, les
fournisseurs d'utilités, par le CCCIB, par le
Conseil général de la mairie.
Organisation de la Direction du patrimoine
et du cadastre (DP), pour coordonner le
processus de revitalisation du CI (Cf.
schéma SAPI)
Formation et amélioration des
compétences du personnel de la DP
organisation des activités de la DP pour le
management du patrimoine public
formation du personnel de la DP dans le
domaine de la communication
identification des emplacements des projets
pilotes
décision concernant les conditions de
l'intervention dans la zone pilote
promotion de la zone pilote
communication afin d'attirer les
investisseurs et création des partenariats
communication auprès des commerçants
du centre historique
communication directe avec les habitants
de la zone du CI
organisation des activités pour le
management financier des projets pilotes

Graphique du développement des projets proposé par IHS Romania dans le cadre du Plan d’action pour le centre historique (CI)
Source : PUZ centre historique - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité. (2) Plan d'action

40
PROJETS / ANEE 2004 2005
MOIS 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Le PUZ du CI est connu et approuvé par le
Conseil général de la mairie.
La stratégie de développement du CI (élaboré
dans le cadre du PUZ) est approuvée par le
Conseil général de la mairie.
Le PUZ et la stratégie de développement du
CI sont connus par la communauté locale (les
Investisseurs et les habitants de la zone) -
séminaire du juin 2005
Organisation de la UIPPilote pour la
réhabilitation de la zone historique
identification des emplacements des projets
pilotes
décision concernant les conditions de
l'intervention dans les zones pilotes A et B
promotion de la zone pilote
communication afin d'attirer les investisseurs
et création des partenariats
communication auprès des commerçants du
centre historique
communication directe avec les habitants de
la zone du CI
communication directe avec les habitants de
la zone du CI
organisation des activités pour le
management financier des projets pilotes

Graphique du développement des actions concernant le centre historique (CI) tels comme elles résultent des documents officiels (arrêtés du conseil général de la mairie et
dispositions du maire) et des entretiens

41
3. Chronologie officielle du projet

2002 – Démarrage et finalisation de la première étape du PUZ centre historique.

28.02.2002. HCGMB 51/2002 – arête la liste des études financées par le budget local – dans cette liste « PUZ centre historique Bucarest - 1ere
Etape – 2002, Analyse de la situation existante et diagnostic ».

08.05.2002. Document BERD attestant un emprunt de 51,5 MEURO dont le bénéficiaire est le conseil général de la mairie de Bucarest, pour le
Programme Multisecteur. Source -http://www.ebrd.com/projects/psd/psd2002/26313.htm

09.08.2002. Démarrent les procédures de l’appel d’offre pour le « PUZ centre historique Bucarest - 1ere Etape – 2002, Analyse et diagnostic ».
Source – Adresse du 09.08.2002, dans l’attention de la Direction générale d’investissements et acquisitions publiques, de la Mairie de Bucarest.

26.11.2002. Contrat nr. 710/ 2002, signé entre la Mairie de Bucarest et UAUIM (CCPEC) pour l’élaboration du « PUZ centre historique Bucarest
- 1ere Etape – 2002, Analyse et diagnostic ».

02.12.2002. Rendu du « PUZ centre historique Bucarest - 1ere Etape – 2002, Analyse et diagnostic », contrat 710/2002. Source – Procès Verbal de
réception.

2003 – Démarrage du Programme Multisecteur financé par la BERD et de la deuxième étape du PUZ centre historique.

06.03.2003. HCGMB 65/2003 arrête les Indicateurs socio-économiques concernant l’objectif des investissements « Restauration de la zone
historique », faisant partie du « Programme Multisecteur de la municipalité de Bucarest ». Le tableau suivant figure en annexe et montre le
montant octroyé par la BERD, pour le projet du centre historique.

42
No. Description Valeur du contrat taxes Financement BERD Financement Municipalité Donateurs
inclus (M EURO) Bucarest (M EURO)
(M EURO) (M EURO)
Restauration de la zone historique
Travaux
1 Travaux voirie et modernisation des utilités 8,7 7,3 1,4 0,0
dans la Zone historique
Services
2 Stratégie de restauration et mise à jour du 0,2 0,2 0,0 0,0
Master Plan pour la Zone historique
3 Elaborer des études pour les travaux, et 0,6 0,5 0,1 0,0
superviser les travaux
dans la Zone historique
TOTAL 9,5 8,0 1,5 0,0

10.04.2004. HCGMB 104/2003 arête la liste des études financées par le budget local – dans cette liste « PUZ centre historique Bucarest - 2eme
Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité ».

05.06.2003. DPG 405/2003 arrête la structure de pilotage du programme Multisecteur (UIP)

09.12.2003. Contrat nr. 878 / 2003, signé entre la Mairie de Bucarest et UAUIM (CCPEC) pour l’élaboration du « PUZ centre historique Bucarest
- 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité ». Cette étape comprend trois phases :
- 1ere phase : Stratégie pour un développement intégré du centre historique et des zones adjacentes
- 2eme phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUZ
- 3eme phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUD pour une Zone Pilote.
A partir de ce moment démarre aussi l’élaboration de la Stratégie de développement intégré de la zone et du Plan d’actions, par IHS Romania,
sous-contracté par l’équipe de l’UAUIM – CCPEC (dans le cadre de la1ere phase). Dans le cadre de la 3eme phase, IHS Romania va élaborer une
stratégie de développement et un plan d’action pour la zone qui fait le sujet du PUD – la zone pilote A, qui est en fait la zone du projet pilote en
cours.

43
2004 – Finalisation de la deuxième étape du PUZ centre historique et approbation par le Conseil général de la municipalité de Bucarest.
Démarrage et finalisation de la troisième étape du PUZ – PUD pour la zone pilote B

Mars 2004. IHS Romania a finalisé la Stratégie pour un développement intégré du centre historique et le Plan d’actions.

05.04.2004. Rendu du « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité »,
contrat 878/2003. Source – Procès Verbal de réception.

Mars - mai ? 2004. IHS Romania a finalisé le Plan d’action pour la zone pilote A.

26.05.2004. Le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de pré – faisabilité » est avisé
par la direction d’urbanisme et de l’aménagement du territoire (DUAT)

29.11.2004. Contrat 119/2004 signé entre la Mairie de Bucarest et UAUIM (CCPEC) pour l’élaboration du « PUZ centre historique Bucarest -
3eme Etape – 2004 – PUD pour la zone pilote B9 »

15.12.2004. Rendu du « PUD pour la zone pilote B », contrat 119/2004. Source – Procès Verbal de réception.

20.12.2004. HCGMB 252/2004 arrête le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003, Règlement d'urbanisme, plan d'action, études de
pré – faisabilité »

9
La zone pilote B est adjacente à la zone pilote A

44
2005 – Approbation par le Conseil général de la municipalité de Bucarest de la Stratégie… élaboré par IHS Romania et du PUD pour la
zone pilote A. Création de l’unité de coordination du projet de réhabilitation de la zone historique, dans le cadre du programme
Multisecteur. Elaboration de la stratégie HOK & PF.

11.01.2005. HCGMB 9/2005 arête la « Stratégie pour un développement intégré du centre historique » et le « Plan d’actions » élaboré par IHS
Romania.

25.02.2005. DPG 766/2005 institue l'interdiction de la circulation auto dans la zone du centre historique

04.03.2005. DGP 811/2005 - la Mairie du 3eme a été chargé de la mise en pratique de l'arrêt de la circulation auto. La mesure a été institué dans
une semaine : des bornes ont été placées au bouts de rues d'accès dans la zone, ainsi que des agents pour surveiller le respect de ce nouveau ordre.

19.04.2005. DGP 998/2005 arrête la structure de l’unité de coordination du projet de réhabilitation de la zone historique (UIPPilote) en tant que
substructure de l’UIP (Programme Multisecteur).

27.04.2005. Le consortium HOK & Pell Frischmann rendrent leurs rapport « Bucarest Multi Sector Project : Historical Zone » en tant que
consultant technique du projet de réhabilitation de l’infrastructure. Le rapport concerne la zone du projet pilote A – projet actuellement en cours,
et présente les stratégies de régénération urbaine pour cette zone.

29.06.200. Séminaire « Revitalisation du centre historique de Bucarest » organisé par CPUMB et ProPatrimonio

Juillet ? 2005. IHS Romania rend la Stratégie… et le Plan d’actions pour la zone pilote B.

26. 07. 2005. Le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003 - 3eme phase : Le règlement d'urbanisme afférent PUD pour une Zone
Pilote A», contrat 878/2003, est avisé par la direction d’urbanisme et de l’aménagement du territoire (DUAT).

11.10.2005. HCGMB 221/2005 arrête le « PUZ centre historique Bucarest - 2eme Etape – 2003 - 3eme phase : Le règlement d'urbanisme afférent
PUD pour une Zone Pilote A», contrat 878/2003.

45
ANNEXES
2eme et 3eme PARTIE

EXPLOITATION DES ENTRETIENS


TABLEAUX DE SYNTHESE

46
1. Les guides d’entretiens pour chaque groupe d’acteurs interviewés :

D1. Le guide d’entretien pour les acteurs appartenant au groupe 1 :

1. Le cadre théorique du projet


A. l'importance du projet :
Qu'est ce qu'il a de positive dans le projet de réhabilitation du centre historique ? Quels sont ses enjeux ?
Comment perçoivent les universitaires l'importance des études qu'ils ont réalisé pour la Mairie ?
B. les normes à respecter
− alignement aux normes locales : Quelles sont les normes locales ?
− alignement aux normes internationales : Que signifie un approche intégré pour un tel projet ? Que signifie le développement durable ? (si
l'interviewé utilise cette notion pendant son discours. S'il utilise une autre, la relance va viser la notion utilisée, pour voir d'où elle vient). Quelle
place pour les habitants de la zone dans ce projet ?

2. le cadre opérationnel :
A. Les relations entre les acteurs
− Le rôle du groupe 1. Le rôle des autres groupes.
− La prise de décision
− Le financement
L'appel d'offre pour les études – qui ont été les autres participants ? Les universitaires ont été satisfaits des études qu'ils ont fait ?
Comment ont-ils perçu l'attitude de la Mairie envers ces études ? Les études réalisées – ont répondu aux attentes de la Mairie,
notamment du CPUMB ? Quel est leur avis sur l'utilisation de ces études par la Mairie ?
B. L'évolution du projet. Les attentes, les craintes.
Ont-ils suivi le projet après avoir rendu les études ? Comment ? Sont-ils au courant avec le projet financé par BERD ? Dans quelle
relation situent- ils ce projet avec les études faites par eux ? Quel évolution voient – ils pour le projet de réhabilitation du centre
historique, tenant compte de son déroulement actuel ?

47
D2. Le guide d'entretien pour les acteurs appartenant au groupe 2 :

1. Le cadre théorique du projet et son inscription dans le programme d’action de la mairie.


A. Le programme de la Mairie et ses objectifs.
Le degré de connaissance de ce programme par les fonctionnaires de la Mairie. Le degré d'implication. Sont-ils intéressée, qu'est-ce que cela représente
pour eux ? Un défi ? Une charge en plus dans la routine quotidienne ?

B. Les notions du programme : développement durable, protection du patrimoine, réhabilitation urbaine intégré, régénération urbaine
Qu'est ce que ces notions représentent pour l’interviewé ? Avec quelle fréquence revient-elles dans son discours ? S’ils les utilisent, comment sont-elles
utilisées ? L'interviewé se les approprie, ou il reste à l’écart ? (Voir la position de la parole : discours au première personne ou impersonnel)

2. Le cadre opérationnel du projet.


A. Les relations entre les acteurs
− Le rôle du groupe 2. Le rôle des autres groupes.
− La prise de décision
− Le financement
L'appel d'offre – pourquoi choisir l'équipe des universitaires ? La Mairie, le CPUMB en tant que coordonnateur du projet – a été
satisfaite des études qui ont été rendus ? Quel usage en a fait la Mairie ? Pourquoi ? Qui sont les partenaires de la Mairie dans ce projet ?
Comment la reforme de l'administration publique se fait sentie dans ce projet ? (si c'est le cas). A-t-il été crée une structure de pilotage
spéciale pour ce projet ? Si oui, quel est son fonctionnement ? Quel est le rôle et la place du projet de réhabilitation de l'infrastructure
financé par la BERD ?
B. L'évolution du projet. Les attentes, les craintes.
Quelle évolution du projet après avoir fini les infrastructures, financés par la BERD ? La Mairie envisage des nouveaux partenaires ?
Est-ce que la Mairie a conscience de l'existence des investisseurs intéressés par le projet ? Quelle est la place que la Mairie accorde à la
communication du projet ? Comment voit-elle le problème des 80% habitants illégaux dans la zone ?

48
D3. Le guide d'entretien pour les acteurs appartenant au groupe 3 :

1. Les représentations autour de la réhabilitation du centre historique à Bucarest


A. Les enjeux du projet
B. Les intérêts liés au projet
Quelle est pour eux l'importance de ce projet ? Pourquoi l'interviewé veut s'attribuer un rôle dans ce projet ?

2. Le cadre opérationnel du projet.

A. Les relations entre les acteurs


− Le rôle de chaque acteur du groupe 3. Le rôle des autres groupes.
− La prise de décision
− Le financement
Comment essaie – t-il s’attribuer un rôle dans le projet ? Lequel ? Quels sont ses partenaires, son réseau ? Qui finance quoi ?

B. L'évolution du projet. Les attentes, les craintes.


Quelle évolution du projet ? Dans quel moment veut-il intervenir ? Avec quelles attentes ? Est-ce qu'il y a des blocages, lesquels ?

49
2. SYNTHESE DE L’ANALYSE DU DISCOURS
ANALYSE DES THEMES

50
Univers symbolique
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires administration les agences de associations locales,
spécialistes, administration
publique développement ONG, associations
bureaux d'études publique locale
centrale régional professionnelles
RRR Bucarest - défini dans le Programme de la Mairie
développement durable
Développement intégré
Projet intégré
Régénération urbaine intégrée
Régénération urbaine
Régénération du CI
Restructuration urbaine
Récupérer le CI
(1) concepts, notions, conservation
valeurs objectifs restauration
patrimoine culturel
univers symbolique

patrimoine
Valeurs identitaires de la ville
Ressource identitaire
participation
Participation des citoyens (urbanisme moderne)
communication
consultation
intérêt commun
Modèles de régénération des centres historiques en Italie
Opérations similaires en Europe
Formations à l'étranger (en Europe)
Modèles opérationnels à Berlin (Potsdamer Platz, Jérusalem,
Praga, Ottawa)
Modèles de politiques publiques (Angleterre - PPG -
(2) modèles planning policy guidance
Projets européens du type URBAN
"Pe mai multe voci" – Manuel pour l'administration
publique, relatant l'expérience de l'administration publique
italienne, dans les processus décisionnels inclusives
Bonnes pratiques de la régénération urbaine en Italie et en
Roumanie

51
Univers des pratiques
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
OG 77/2001
OG 129/1998
PUG
PUZ centru istoric
loi / acte normatif pour le centre historique
(1) cadre législatif /
normatif Loi concernant le statut des agences de
développement régional
Législation concernant PPP
Législation concernant l'aide de l'Etat
Législation concernant les acquisitions
publiques
Stratégie de Lisbonne, Politique européenne de
le cadre des pratiques

cohésion économique et sociale


Programme PHARE
Politique de régénération urbaine
Politique de développement régional
(2) politiques Priorités du Ministère de la Culture
publiques / Priorités du Ministère des travaux publics
programmes
POR, PDR
Programme multisecteur de la Mairie
Programme de réhabilitation, reconstruction et
revitalisation urbaine à Bucarest (programme de
la Mairie 2000-2008)
PNUD
intervenir / ne pas intervenir dans la zone –
décision politique
instabilité suite aux alternances électorales
(3) la politique mentalité des politiciens
divergences entre le Maire général et le Conseil
Municipal (partis politiques en opposition)

52
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
divergences entre les Ministres et le Maire
(partis politiques en opposition)
(3) la politique conflit entre les attributions de l'administration
publique locale et centrale – au sujet de la
décentralisation et l'autonomie locale
études avant et après '90
étude du '95
Projet PHARE '93 – Agence de revitalisation de
Lipscani
Projet PNUD Beautiful Bucarest 2002
étude ATU du 2002
études UAUIM
études IHS Romania 97-98
PUZ centre historique
Stratégie et plan d'action IHS Romania

(4) stratégies, Etude, stratégie et plan d'action (Ministère des


projets, études travaux publics)
concernant le centre Projet de réhabilitation de l'infrastructure de la
historique de zone pilote dans le CI
Bucarest Stratégie HOK & Pell Frischmann
Projet de réhabilitation de la zone pilote du CI
Projet mobilier urbain pour le CI
Projets spécifiques par immeuble – seront
élaborés dans l'avenir
projet PHARE -Curtea Veche (Ancienne Cour)
projet de régénération urbaine cf. POR
projets financés par British Council, en
collaboration avec les investisseurs locaux
Projets financés par British Council, en
collaboration avec les ONG

53
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
Le Maire / La Mairie Générale
CPU – institution sous l'autorité du CGMB
DAFI - direction de la Mairie
Transport et circulation – direction de la Mairie
Utilités publiques - direction de la Mairie
Mairie du 3eme
Agence de développement régional
Gouvernement Roumain
Gouvernement Hollandais
Ministère de la Culture
Ministère des Travaux Publics
(5) les acteurs Ministère de l'Intégration Européenne
institutionnels (qui Ministère de Finance
est identifié comme Fondation pour la Reconstruction de la Capital
acteurs

acteur par qui) BNR,


BCR
BERD
Délégation de la Commission Européenne
Union Européenne
British Council
SCAC (Service Français de la Coopération
Culturelle)
ONU (PNUD)
CCRIB (Chambre de commerce et industrie de
Bucarest)
OAR
ProPatrimonio
ATU
AICI (association des investisseurs du CI)
CCEPEC - UAUIM

54
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
Spécialistes étrangers
Entreprises étrangères
avec le Maire Général
avec des directions de la Mairie Générale
avec CPU - institution sous l'autorité du CGMB
entre les diverses institutions sous l'autorité de
ma Mairie et les directions de la Mairie
avec la Mairie du 3eme
acteurs

(6) la collaboration avec le Gouvernement


entre les acteurs Avec le Ministère de la Culture
avec le Ministère des Travaux Publics
Ministère de l'Intégration Européenne
Ministère de Finance
avec les ONG
avec les investisseurs locaux
promoteurs internationaux
élaborer des études
formuler la vision du projet
prendre la décision
établir la réglementation
coordonner
(7) le rôle des collaborer
acteurs établir un équilibre entre l'intérêt public et privé
pratiques

élaborer des politiques de régénération urbaine


élaborer des politiques de patrimoine
privilégier la performance institutionnelle
élaborer POR si PDR
échange d'expérience avec des pays étrangers,
formation
faire des partenariats avec l'administration
publique
faire des partenariats avec les investisseurs

55
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
privés
7) le rôle des acteurs dialogue, interface entre les acteurs urbains
attirer l'attention de la société, de
l'administration publique, sur la problématique
du CI
création des réseaux d’experts concernant des
thèmes d'intérêt
Partenaire de dialogue pour la Mairie
l'infrastructure
valeurs culturelles / identitaires
aspects sociaux
évacuation des habitants
le statut juridique de la propriété dans la zone
aspects économiques
aspects liés à l'état physique des bâtiments
aspects liés à la qualité architecturale des
interventions récentes
pratiques

communication, information, collaboration


(8) les aspects
partenariats
pratiques traités
dans les études ou espace public
durant l'entretien tourisme
problèmes sismiques
systèmes de consolidation des bâtiments
les commerces de la zone
financements provenant de l'administration
publique
financements provenant des investisseurs
locaux, dans le quartier
réhabilitation de tout le centre historique
mixité fonctionnelle
interdiction de la circulation des automobiles
délinquance

56
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
circulation auto versus circulation piétons
projet d'intérêt public, pour le bénéfice de la
communauté
(8) les aspects
pratiques traités
dans les études ou financements par les Fonds Structurales 2007 -
durant l'entretien 2013
CCIB - le Comité de coordination du centre
historique cf. OG77 / 2001
création d'une Agence de revitalisation Lipscani
97- 98
organisation d'une structure responsable de
l'intervention dans le CI - projet
l'unité pour l'implémentation du Projet Pilote -
existante dans le cadre de la Mairie Générale
l'autonomie locale
organisation du travail en étapes
(9) Organisation de présence nécessaire d'un chef de projet un
l'intervention dans le "champion " dédié au projet
pratiques

centre historique nécessité de la création d'un Masterplan


nécessité de la formalisation d'une stratégie pour
le CI
nécessité de la création d'un laboratoire de
recherche de l'urbain
nécessité de la formalisation d'un projet de
régénération urbaine de type URBAN
création d'une association locale - CIVIC 2002
création d'un group - association du quartier -
LIPSCANIA - tentative 2005
création d'un "taskforce" de spécialistes pour le
CI - tentative 2005
nécessité d'un dialogue réel avec la Mairie
(10) communication séminaires, tables rondes conférences,
du projet expositions

57
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
par l'intermède de l'association AICI
2-3 points d'informations sur le projet seront
crées dans l'avenir - promesse
par la presse
par la presse
séminaires, tables rondes conférences,
(11) Communication
expositions
des problèmes
événements organisés dans la zone
locaux
brochures
site Internet
baisse de la délinquance suite à l'arrêt de la
circulation auto
meilleure protection des bâtiments suite à l'arrêt
de la circulation auto
(12) les effets positifs baisse de la pollution suite à l'arrêt de la
des interventions circulation auto
le financement obtenu pour le projet
d'infrastructure
le projet a démarré
des études détaillées ont été réalisées
Des affaires immobilières
pratiques

(13) les problèmes pression des investisseurs dans le CI


rencontrés les contrats signés entre la Mairie et des
commerçants pour des espaces dans le CI
le régime de la propriété – pas clair
sous-évaluation du régime de la propriété par les
spécialistes qui ont élaborés les études
mesures prises par les autorités
interdiction de la circulation des automobiles
baisse des commerces dans la zone
Manque de transparence de la part de
l'administration publique
accès difficile aux informations
le management de l'organisation

58
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
Manque des ressources
manque des informations, du temps, des
ressources financières
manque d'une base de donnés
manque des spécialistes au sein de la Mairie
manque du personnel dans l'administration
publique
Manque de la collaboration
on travaille dans la tour d'ivoire
manque de consultation entre les diverses
directions de la Mairie
manque de feedback/ retour
Communication insuffisante
bureaucratie, lenteur
manque d'intérêt pour les études réalisées
manque de corrélation entre les études réalisées
Inadéquation (rupture) entre le langage
académique des spécialistes et le langage des
élus
13) les problèmes les études des universitaires appartiennent à une
rencontrés autre époque (par la manière de pensée)
les autorités publiques ne sont pas disponibles
pratiques

pour un dialogue avec les gens du quartier


les autorités publiques ne sont pas disponibles
pour un dialogue / collaboration avec les ONG
Cadre institutionnel autochtone
l'administration publique n'est pas décisionnaire
corruption dans l'administration publique
les intérêts de leurs partis respectifs priment
Incompréhension de la notion de
régénération urbaine
le concept de régénération urbaine a été imposé
de haut en bas et il n'a pas été bien compris par

59
LES THEMES TRAITES Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3
principaux secondaires les agences de associations locales, ONG,
spécialistes, bureaux administration administration
développement associations
d'études publique locale publique centrale
régional professionnelles
les fonctionnaires des administrations publiques
- nationale, régionale ou locale
Difficultés dans l'administration et
13) les problèmes l'implémentation des projets urbains fiancés
rencontrés par les fonds européennes en 2007-2013
le temps court (étapes de 2 ans) prévu par le
nouveau programme 2007-2013
simultanéité d'une multitude des problèmes
(infrastructure, sociales, économiques,
juridiques, cadre physique dégradé)
pauvreté de l'administration publique – manque
de patrimoine, des propriétés
pauvreté de la population
l'intérêt privé prime sur l'intérêt public

60
3. SYNTHESE DE L’ANALYSE DU DISCOURS
ANALYSE SYGNIFIANT : SIGNIFIE

61
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « développement durable »

développement Groupe 1 spécialistes, bureaux d'études


durable
ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de en général ... j'ai l'impression que, par le développement durable, on je ne me rappelle pas d'avoir discuté cela (dans les rencontres avec la Mairie)
l'entretien comprend en même temps tout et en même temps rien…
nous avons discuté sur le PUZ, et ni la commission technique d'urbanisme ni les conseillers n'ont pas
eu d'objections majeures.
je crois que la Mairie, ou plutôt la structure technique de la Mairie tient compte de ça, et l'intègrent (le
projet) dans un objectif correct, pour le développement de la ville
dans les
documents écrits
PUG les priorités définies dans le PUG sont en conformité avec les principes du Voir les objectifs du PUG
développement durable
stratégie et plan Ce processus doit être réalisé par adaptation aux demandes du marché, par la réalisation des
d'action pour Revitalisation durable, orienté vers le marché investissements en partenariat public – privé.
PUZ, PUD zone
pilote construction d'un système institutionnel durable du point de vue politique, professionnel et financier.
L'étude propose la promulgation en régime d'urgence d'une Loi pour la réhabilitation des aires
urbaines, qui devrait définir les procédures, les méthodes de l'organisation et les sources de
la durabilité et la continuité du processus de conservation intégré et de la financement, ainsi que les facilités fiscales pour l'implémentation des programmes municipales de
réhabilitation du Centre historique rénovation du fond construit et la modernisation des activités qui apportent une valeur ajouté. Cette
proposition doit être discuté dans le cadre du Conseil Inter - ministérial d'Action (CCIB, ma note)

62
développement Groupe 2 - Administration publique centrale
durable ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques

à l'occasion de thème lancé, mais pas débattu


l'entretien
dans les
documents écrits
cahier de charges développement durable des zones urbaines (pour la stratégie et plan dans le contexte de l'alignement aux normes européennes, le cahier de charge donne comme exemple
élaboré par le d'action pour la réhabilitation et la revitalisation du CIB) les programmes de l'Agence Européenne de l'Environnement - avec l'objectif de veiller sur un équilibre
Ministère des entre l’environnement et le développement socio-économique dans le cadre de la ville. Les
travaux publics. préoccupation des administrations publiques en Roumanie s'inscrivent déjà dans cette orientation, et
des projets concernant le réhabilitation et revitalisation du CIB sont inscrites sur les agendas
européennes, pour des financements PHARE

développement Groupe 2 - Agence de développement régional


durable ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques

à l'occasion de thème non lancé, n'a pas apparu dans le débat


l'entretien
dans les POR et PDR font référence fréquemment Voir l’analyse de ces documents
documents écrits

63
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « régénération urbaine »

régénération urbaine Groupe 1 - spécialistes, bureaux d’études


Ce qu’on dit sur la notion Ce qu’on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
dans les documents écrits

régénération urbaine Groupe 2 - administration publique locale


ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Et pourquoi restructuration aussi ? parce que notre objectif est de
dynamiser… de créer une mixture fonctionnelle plus moderne…
Nous souhaitons acheter quelques maisons et les réhabiliter, et ensuite nous verrons ce qu’on va
faire avec, si la Mairie les garde, ou si les vende ou les donne en concession
(dans l’Ancien Cour) nous pourrions organiser une zone fonctionnelle cohérente, un point
Programme de d’info tourisme…ceci pourrait être une intervention, un accent dans le cadre du projet de
régénération et régénération urbaine intégrée... une autre serait dans la zone de Saint Georges …le tramway…
Nous avons un programme de développement intégré, ou de
restructuration urbaine cette zone devrait être aménagé en espace civilisé
régénération urbaine intégrée pour la zone du centre historique
Je crois que nous ne sommes pas préparés mentalement pour faire face à une approche de ce
type, n’est ce pas ? Mais nous allons faire des efforts…
Nous avons déjà la réglementation pour la phase de PUD, pour la moitié (du centre historique
défini par OG 77) situé à l’ouest, donc les travaux peuvent commencer sur toute cette partie

…quoi….je ne comprends pas la question ! qu’est ce que cela veut


dire – quel sens a-t-elle pour nous (la régénération urbaine, ma note)
pourquoi aurait-elle un sens pour nous, autre que la définition de
la notion en soi ?
Régénération urbaine
Bon, si vous voulez dans un langage colloquial….il s’agit d’une Dans ces opérations on va investir de grandes sommes d’argent, et après que l’investisseur sera
intégrée (la notion)
multitude d’opérations qui change le degré de...vitalité d’une zone retiré, ou les financements étrangers, la zone devra survivre sans support venu de l’extérieur.
urbaine, par plusieurs types d’interventions – restructuration Dans ce sens, on a pensé le règlement pour la structure fonctionnelle, dans le PUZ,…dans le sens
fonctionnelle, ou opérations de conservation…et encore plus, de la création d’une structure fonctionnelle mixte…la zone va trouver les moyens financières et
restauration même s’il est nécessaire. de gestion par elle-même, les leviers du processus seront la croissance de la qualité et de

64
régénération urbaine Groupe 2 - administration publique locale
ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
l’attractivité de la zone

Nous réussirons d’implémenter ce concept, seulement si on étudie et on comprend


l’interdépendance de ces composantes.
Le premier pas dans l’implémentation du concept complexe de la régénération, est constitué par
le projet de réhabilitation de la zone pilote dans le centre historique de Bucarest.
On devra organiser une structure, une société sur actions, ouverte, dans laquelle la majorité devra
Nous devrons mettre en discussion chaque facette, chaque
être représentée par la municipalité. Cette structura recevrait les thèmes majeurs de la part de la
Le concept complexe de la composante de ce concept, car il est évident qu’il a une composante
municipalité, et agirait comme une société commerciale, pour attirer le capital privé, pour
régénération sociale, une composante technique, une composante économique, une
accomplir ces objectifs établis par la municipalité.
composante financière et une composante culturelle.
Dans un premier moment, on va essayer de refaire la spécificité du centre historique, avec des
petites commerces, un certain type de commerce – le antiquaires, le bouquinistes, la petite
restauration , sièges et espaces représentatives pour les banques, des zones pour les artisans.
L’automobile ne va pas disparaître du centre historique, parce que ceci serait complètement
contreproductif.
dans les documents écrits

objectif du projet : la transformation positive de Bucarest par la valorisation de ses ressources,


viabilisation, réhabilitation et restructuration fonctionnelle de la zone
viabilisation, réhabilitation
dans le cahier de charges pour le PUZ centre historique, première attirer les investisseurs et la communauté locale dans l'implémentation du programme est la clé
et la restructuration de la
étape, 2002 de voûte de la stratégie de revitalisation urbaine du centre historique
zone
La mairie générale considère que la réhabilitation de l'infrastructure est une priorité stratégique

Réhabilitation,
reconstruction et voir l'analyse du Programme de la Mairie générale (3èmè partie vol.1
revitalisation urbaine Thèse)

65
régénération urbaine Groupe 2 - administration publique centrale
ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien le sujet de régénération urbaine du centre historique est accepté sans voir la synthèse des rôles que les acteurs s'attribuent dans le projet
commentaires et la discussion tourne vers le rôle que les ministères
ont dans le processus
dans les documents écrits voir l'analyse des textes des politiques publiques
Sur le site Internet du ministère de la culture Partenariat crée pour appuyer le programme de réhabilitation du Centre historique de Bucarest.
(http://www.cultura.ro/), dans les priorités est une qui s’appelle « la
régénération du centre historique de Bucarest » "et ici, la seul chose
mise sur le site, est l’Accord de partenariat (nr. 4019/05.08.2005) entre
le ministère et la fondation ProPatrimonio

régénération urbaine Groupe 2 Agence de développement régional


ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Quand je parle de la régénération urbaine….je crois que chacun
comprends autre chose
Nous, quand nous parlons de la régénération urbaine … dans le Il s’agit d’une intervention sur un territoire très bien délimité, on ne peut pas discuter de la
contexte des fonds structuraux, nous pensons à la définition qui est là. régénération urbaine à l’échelle de la ville… et c’est une intervention qui doit être
multisectorielle, qui ne devrait pas être limitée à l’infrastructure.
Nous pensons au type de projet, d’intervention, d’action qui pourrait
régénération urbaine être financé par les fonds structuraux
d’habitude, il s’agite de cinq éléments : il faut avoir un élément d’infrastructure physique, ceci est
Il faut que ça soit une intervention multisectorielle toujours présent…un élément concernant l’environnement, un élément concernant
l’économique, un élément concernant le social, un élément culturel.
Dans « community guidlines » on fait la différence entre la C'est-à-dire, une intervention qui doit travailler sur tous ces éléments simultanément, et elle doit
régénération urbaine et un projet qu’on fait d’habitude : cette être faite avec la participation des citoyens, autrement dit il faut la réaliser en partenariat avec les
intervention doit être intégrée citoyens, les ONG, suite à des débats.
régénération urbaine dans
la vision de l’administration
Ici on est en dissension avec l’administration publique locale Qu’est-ce qui les intéresse le plus ? La voirie, l’eau, canal ! C’est tout !
locale (selon la personne
interviewée)
régénération urbaine à A Bucarest il existe … des projets divers, dont les études de faisabilité Il s’agite des projets identifiés dans le PDR Bucarest Ilfov (ma note)
Bucarest se trouvent dans des différents états d’avancement
Il s’agite des projets très ponctuels, qui ne sont pas de projets de Magasins, parkings, éclairage public
régénération urbaine

66
régénération urbaine Groupe 2 Agence de développement régional
ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
Quand on fait simplement un parc, sans profit privé, dans lequel on fait construire des
Et il y a d’autres projets qui sont de projets de régénération urbaine équipements sportifs, une piscine couverte, d’intérêt public, des pistes cyclables, autrement dit,
on fait un parc pour les citoyens…..
L’idée est … de faire un centre social,
Il s’agit d’un lieu où les familles puissent sortir avec leurs enfants l’après midi, par exemple une
Parce que ces quartiers n’ont aucune place où les gens puissent se école de dans publique, c'est-à-dire quelque chose de social, cultural, quelque chose qui offre une
rencontrer et faire quelque chose possibilité aux jeunes…. mais aussi aux vieux …où il peuvent se balader à pied….
Ces projets de restructuration urbaine ne concernent forcement les objets du patrimoine, ils
concernent la reconstruction d’une dignité du quartier
Et je veux souligner, ceci a été l’idée de URBAN, surtout URBAN Nous avons besoin, alors il faut le faire même si ce n’est plus à la mode
Ier… peut-être il y a beaucoup de villes en Europe qui n’ont plus Tous ces projets dont nous avons parlé, ne sont même pas réalisés, tout est à faire…
besoin
Je ne sais pas qui est intéressé de tous ces projets
Il y a quand même une volonté…cette volonté pathétique, dont on fait preuve ici, à L’Agence
régionale BI, car nous voulons démarrer cinq- sept projets…pas des projets très ambitieux, mais
des projets qui aillent dans cette direction… qui donnent un message, qu’il y a quelque chose qui
se fait… pas forcement pour gagner de l’argent, mais c’est très difficile…
Un projet de réhabilitation, un projet qui soit pour le bénéfice de la Une zone avec des problèmes sociales / une problème pour la ville/ le centre historique constitue
communauté, un projet intégré de réhabilitation, […] la localisation – l’exemple parfait.
une zone dans la ville, une zone en souffrance, identifiée, assez grande
Régénération urbaine en comme surface, avec une population assez nombreuse – je dirais
tant que projet 20 000 jusqu’à 40 000 d’habitants
Le plus simple projet de régénération urbaine, d’après moi, est de faire Je parle de parc comme lieu d’interaction publique, je ne parle pas des espaces vertes, il ne s’agit
un parc pas de l’environnement
Même si nous avons pensé à ce problème, nous ne l’avons pas appelé Parce que nous n’avons pas travaillé avec ce concept, nous n’avons pas vu des exemples
« régénération urbaine » similaires, nous n’avons pas su qu’il s’appelle régénération urbaine.
Même si j’avais travaille à plusieurs occasions avec les fonds européennes, il s’agissait des fonds
de pré -adhésion, et les expériences étrangers de URBAN, URBAN I si URBAN II m’étaient
inconnues. Maintenant ils sont venu, ils nous ont raconté leur expérience… les italiens sont
La notion de régénération venus chez nous (à l’Agence régionale BI, ma note), et les britanniques sont venus au ministère
urbaine (MIE, ma note)…
Nous avons organisé le premier séminaire sur ce thème en juin 2005, à la faculté de
constructions, c’était l’idée de G2 – AR2
G2 – AR2, avec ces idées, a fait venir les italiens chez nous, et ensuit le ministère (MIE, ma note)
s’est réveillé lui aussi et a fait venir les britanniques…
voir l'analyse des textes de POR et de PDR, la régénération urbaine est
dans les documents écrits
un objectif stratégique de ces programmes

67
régénération urbaine Groupe 3 - société civile
ce qu'on dit sur la notion ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien Pour avoir une régénération urbaine de succès, il faut harmoniser Il faut avoir une consultation avec les groupes qui représentent d’une façon ou d’une autre la
plusieurs facteurs, premièrement il s’agit d’un groupe d’expertes, et zone : ceux qui sont affectés par le projet, ceux qui peuvent devenir acteurs dans ce projets. La
quand je dis l’experte je ne pense pas qu’aux architectes, je pense à un consultation – ce n’est pas une consultation formelle, le rôle de cette consultation est de relever la
groupe d’expertes dont font partie l’économiste, le sociologue, spécificité locale… ce n’est pas possible de venir avec une stratégie générique pour n’importe
l’urbaniste, qui savent quels sont les instrumentes de développement quelle zone et de la multiplier …cette participation est à faire tenant compte de l’intérêt de
et de régénération urbaine […] chacun, non par contraintes ou par un ordre… Quand un intérêt commun existe – l’intérêt
commun de plusieurs acteurs qui vont participer dans ce processus, ce processus va se dérouler
avec une plus grande vitesse, et en plus, il sera beaucoup plus à l’écoute des besoins de la
communauté.
quand plusieurs ressources sont mises en synergie, donc il s’agit de plusieurs acteurs qui
participent à un processus, à ce moment là, les effets de ce processus seront d’autant plus grands.
La notion a été débattue dans le cadre de la formulation des priorités Là (Dans le POR, ma note), c’est la seule mesure qui veut dire – approche intégré des projets de
de POR type URBAN
dans les documents écrits

68
Synthèse de l’analyse signifiant/ signifié pour le signifié « modèles »

modèles Groupe 1 spécialistes, bureaux d'études


ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Modèles de régénération Nous avons pensé a cela, pas forcement en tant que modèle global, Nous avons trouvé des orientations dans le système italien, qui me semble le plus… correcte
des centres historiques mais en tant que type d’intervention sur le fond construit. pour les centres historiques, car la réglementation concerne chaque bâtiment pris
individuellement.
On ne peut pas établir une règle générale pour…même pour une zone plus grande, par exemple
la rue Lipscani d’un bout à l’autre …les zones sont tellement différentes – cella nous amène à
décider cas par cas.
Nous avons introduit une condition obligatoire, pour tout type d’intervention, dans les limites
du PUD, il faudrait faire une étude historique opérationnelle. Ainsi, l’étude historique va
indiquer exactement ce qu’on peut faire et comment, dans le cas de chaque bâtiment.
Une organisation agence de réhabilitation du centre historique On ne l’a pas inventée, nous-mêmes….elle existe en tant que modèle vérifié dans la
responsable qui coordonne pratique…des anglais, des français, des hollandais sont venus et tous ont expliqué de tas de
le projet dans le centre modèles de partout en Europe.
historique Elle implémente la politique publique de développement….et agit comme une entreprise
privée… c'est-à-dire elle n’agit pas dans la bureaucratie et dans la culture organisationnelle du
secteur public.
On leurs (à la mairie) à explique ceci depuis 95 ; et tous ont dit …mmm… mais qui serait le
directeur de l’agence, et quel salaire va-t-il avoir ?
Pour que cette agence soit crée et qu’elle fonctionne, est nécessaire un changement de mentalités.
dans les documents écrits
IHS Romania – PUZ Centre l'expérience internationale déjà capitalisé dans ce domaine exemple : Lublin, stratégie de développement de la ville ancienne, Vilnius stratégie de
historique, Stratégie de revitalisation de la ville ancienne
développement, 2003

69
modèles Groupe 2 - administration publique locale
ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
L’existence d’un modèle Ceci est une recette qu’on doit suivre La mairie devra organiser une structure, une société sur actions, ouverte, dans laquelle la
européen pour les agences municipalité va avoir la majorité. Cette structure va recevoir les thèmes majeurs de la part de la
de développement du centre municipalité, mais elle va agir comme une société commerciale, pour attirer le capital privé.
historique
Nous travaillons avec un collectif de juristes, pour élaborer un acte normatif qui devra être
spécifique pour cette zone historique. Je rajout entre parenthèses que c’est comme ça qu’on a fait
a Berlin, pour revitaliser Postdamer Platz, à Jérusalem aussi on a crée une autorité pour le
développement de Jérusalem, ainsi que à Prague, à Ottawa, et à... bref, c’est une procédure
spécifique, une procédure typique, et nous nous pouvons pas en faire abstraction, parce que les
autres l’ont déjà fait, l’ont bien fait, et nous nous prenons de cette expertise et nous la mettons en
oeuvre ici, à Bucarest. C’est un terme légal, une parapluie sous lequel nous pouvons agir dans
cette zone.
C’est un modèle…ces deux objectifs (l’agence et l’acte normatif, ma note)…ont résulté quite à
des études des modèles de Berlin, de Jérusalem, ainsi que à Prague, à Ottawa, et à... beaucoup
d’autres capitales du monde qui ont agit de la même façon.
modèle communication du le "point d'information" Nous envisageons d’ouvrir deux ou trois points d’information, selon le modèle de ceux qui sont à
projet Paris, à Vienne, où nous pourrons exposer les projets élaborés pour cette zone.
dans les documents écrits
dans le cahier des charges les tendances et pratiques courantes des administrations publiques Les interventions proposés par la stratégie doivent valoriser le potentiel existent et doivent se
pour le PUZ centre dans les villes capitales de l’Union européenne rapporter aux tendances et pratiques courantes des administrations publiques dans les villes
historique, première étape, capitales de l’Union européenne.
2002
les standards européens objectif de la stratégie du développement urbain pour le CI : définition d’une configuration
spatiale de qualité, en accord avec les standards européens, à l’intérieur de la zone. Cette image
doit être corrélée avec le développement de la ville.
Interventions dans les zones historiques des capitales européennes Des experts BERD devraient participer comme consultants dans les domaines de : la stratégie de
revitalisation économique des zones urbaines situés dans les centres historiques des capitales
européennes ; amélioration des paramètres de l’environnement dans les zones historiques des
capitales européennes ; design urbain, règlements d’urbanisme dans les programmes de
revitalisation urbaine dans les centres historiques des capitales européennes.
Le concept européen de la rénovation intégrée Enoncé d’un objectif stratégique dans la liste des objectifs stratégiques du plan d’action pour le
CI : La mise ne valeur du centre historique et des autres zones et monuments protégés, ainsi que
des sites archéologiques, par le concept européen de la rénovation intégrée.

70
modèles Groupe 2 - administration publique centrale
ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien

dans les documents écrits


voir les politiques publiques
analysés
La stratégie du ministère de comme dans les grandes villes européennes Participation de la communauté locale et de la communauté professionnelle relevante
la culture et des cultes pour (architectes, universités, mass media) dans le projet (régénération du centre historique, ma note).
la période 2005-2008 Le projet pourra devenir une question de fierté, transformé dans une zone culturelle, de loisir,
comme dans toutes villes européennes.
le projet de régénération urbaine du centre historique de Bucarest, en Le projet deviendra le moteur du développement durable de la zone, qui pourrait être répété
tant que model ailleurs.

modèles Groupe 2 Agence de développement régional Bucarest Ilfov


ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Les fonds structuraux en EU L’initiative URBAN a démarré un processus : elle a mis en discussion Dans la période 2000-2007, cette initiative communautaire URBAN II a été financée pour les
/ Projets de type URBAN le fait que les villes n’avait pas une stratégie intégrée et même après la pays membres.
cessation de cette initiative , le mécanisme crée s’est mis en marche, et
il a été adopté par les gouvernements nationaux des certains pays.
Le mérite de cette initiative est qu’elle a engendrée des très bons projets.
Les projets qui n’ont pas été financé par UE, par exemple en Italie et en Espagne, les projets de ce
L’objectif a été non seulement de donner une aide économique, mais type ont été financé par le gouvernement.
d’encourager la création d’une nouvelle conception pour la En Angleterre, ce type d’intervention était antérieur à l’initiative communautaire URBAN
régénération urbaine, ou bien, disons …une conception, car dans la Dans la nouvelle période de programmation, cette initiative URBAN n’existera plus. En ce qui
plus part de cas, avant n’avait existé aucune conception. concerne les fonds structuraux pour la période 2007 – 2013, l’initiative sera intégrée dans
d’autres programmes du gouvernement, et ceci veut dire que si ce programme pourra être
financé avec peu, avec beaucoup, en fonction de ce qui décide chaque gouvernement.
Les conditions pour accéder les fonds structuraux en 2007 – 2013 / N’offre plus la garantie qu’on pourra faire des interventions de régénération urbaine.
projets de régénération urbaine en Roumanie. Les projets de régénération urbaine que nous allons faire en Roumanie, devraient être… car ils ne
pourront avoir un impact majeur… […] des projets qui donneront un signe […] un signe qu’on
veut changer 15 ans de non - développement ou de développement chaotique

71
modèles Groupe 2 Agence de développement régional Bucarest Ilfov
ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
Il faudrait promouvoir des projets d’identité de changement, des projets qui ne soient pas de
projets d’infrastructure, mais des projets culturels, culturel dans le sens de la création d’un cadre
cognitif…d’une vision
En Roumanie, il faut les utiliser, dans le même esprit qu’on a utilisé l’initiative communautaire
URBAN, pour introduire une modalité de pensée au milieu de l’administration publique ; car il
faut avoir une stratégie…
L’initiative communautaire URBAN
L’idée de URBAN, et surtout de URBAN 1 … peut-être il y a plein de villes en Europe qui n’ont
plus besoin, mais nous, nous avons besoin, alors on doit l’appliquer même s’elle n’est plus à la
mode
Exemples positifs de Ces projets ont eu des effets économiques majeurs, ils ont attiré des investissions privées, et ceci
régénération urbaine en Les villes de : Baia Mare, Oradea, Sibiu parce que non seulement un architecte en chef de la mairie a été « illuminé » mais toute une
Roumanie équipe a été formée, durant deux ans à Amsterdam. Il y a là une équipe qui a une stratégie…
Projets de régénération Nous avons appris comme on fait à l’étranger On va contribuer avec ce que nous avons appris sur les pratiques des projets de régénération
urbaine à l’étranger urbaine des autres pays
En ce moment, dans la région Bucarest Ilfov, n’existe pas encore un projet défini, c'est-à-dire
pour lequel existe déjà un étude de faisabilité […] pour le moment on a que des idées
dans les documents écrits
voir les textes analysés de Les références aux pratiques et normes européennes sont fréquentes. Les projets de régénération urbaine pour la programmation 2007-2013 qui devront être définis en
POR, PDR BI Roumanie font référence explicitement aux projets de type URBAN

modèles Groupe 3 Société civile


ce qu'on dit sur la notion / quels sont les modèles ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
"par tout en Europe", "nulle Centre historique comme en Europe Nous n’avons pas une « zone touristique » comme les autres…
part en Europe" C’est le nucleus d’où la ville a commencé son développement […] comme dans presque toutes les
villes européennes, la ville commence son développement à partir de la Cour Royale.
Il doit contenir ce mélange entre le spécifique local et ce que nous trouvons d’habitude dans le
centre historique d’une ville européenne (les multinationales – mode et cosmétique)
Les autorités disent que « c’est ainsi partout en Europe » (il s’agit de l’interdiction des voitures
dans le centre historique, ma note) toutes les villes européennes, capitales ou pas, toutes ont une
zone piétonnière dans le centre historique… oui, ça existe partout en Europe, mais il faudrait
expliquer le contexte.

72
Partout dans le monde, transformer une zone dans une zone pour les piétons, c’est un processus
qui dure quelques années, car ceci doit être assimilé par la culture de la ville, par les pratiques des
citoyens. La zone se redéfinit dans le temps, ceci ne peut pas être décrété et réalisé d’un jour à
l’autre.
Modèle d’association de quartier Des investisseurs hollandais ont acheté des maisons dans le centre historique. […] ils voulaient
faire quelque chose ….comme en Hollande, un groupe d’initiative avec les propriétaires …. Elle
connaissait bien ça (un des investisseurs, ma note) …l’association du quartier
Utilisation des modèles Un organisme administrateur de la zone est très nécessaire. Cet organisme doit être présent ici, il
doit « habiter » dans la zone, pour en connaître les problèmes. Il doit être en dialogue permanent
avec les gens, parce que personne ne peut appliquer ici des solutions d’ailleurs, personne ne peut
copier des scénarios faits à Rome ou à Vienne. Il faut quelqu'un qui ait la vision, et un plan de
développement avec des objectifs claires, et qui suit conséquemment toutes les étapes, afin
d’attirer les investisseurs privés.

73
Synthèse de l’analyse pour le thème « communication »

communication Groupe 1 spécialistes, bureaux d'études


les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
témoignage à l'occasion de l'entretien
communication entre les le séminaire de juin 2005 Séminaire juin 2005 – l’objectif de ce séminaire n’a pas été bien défini, donc le séminaire n’a pas
acteurs du projet (groupe 1 suivi un certain objectif, et à la fin il n’y avait pas de conclusions … chacun a présenté quelque
- groupe 2; groupe 1 - chose et ce fut tout. Ensuite, chacun s’est occupé des ses affaires ; …le séminaire n’a pas crée des
groupe 3) relations entre les acteurs… telle coordination, tel résultat [...] nous nous sommes plus au
courrant avec ce qui se passe …il y a d’autres qui savent plus [...] la transparence n’existe pas
rencontres avec les spécialistes étrangers (de la part de la BERD) Avec les spécialistes étrangères, collaborateurs de la mairie – on n’a pas eu exactement une
collaboration. J’ai été invité deux fois pour leurs présenter l’état d’avancement du projet. Ils ont
fait certains commentaires, quelques unes très pertinentes, d’autres moins, car ils ne
connaissaient très bien la situation dans le centre historique.
la mise en œuvre de la décision de l’interdiction des voitures Apres avoir rendu le PUZ, ave-vous gardé le contacte avec la mairie, avez-vous eu depuis des
consultations ? Bon, c’était la réaction de la mairie du 3ème, que tu connais, l’interdiction d’un
jour à l’autre des voitures : la mairie du 3ème a annoncé brusquement, tout a été mis en place dans
une semaine, que les voitures sont interdites dans toute la zone. Bien sur que ceci a provoqué un
scandale immense … j’avoue que personne n’a pas demandé mon opinion, ou l’opinion de
quelqu'un d’autre de ceux qui font partie de l’équipe du projet…le seul qui m’a appelé plusieurs
fois était XXX (représentant de AICI)
Information insuffisante et le manque d'une banque de données On ne sait pas qui détient quels donnés, si les donnes sont actualisé ou non, tout ce qu’on sait est
éparse qu’on ne le donne pas… si on sait pas, si on n’a pas des donnés, c’est claire q’on ne peut pas
prendre des décisions justes, cohérentes… en connaissance de cause. Les donnés sont éparses :
quelques unes à la mairie, au CPUMB (bureau d’étude de la mairie), e la faculté (d’architecture,
ma note), quelques unes au ministère (des travaux publics, ma note), à ICRAL 10… on ne sait pas
ce qui est de l’information interne, externe, et on ne sait pas qu’est ce que cette information… Il y
a des ONG qui ont fait des projets, par ici, par là … et encore des organismes auxquelles nous ne
faisons pas attention, car nous recherchons que dans le champ d’urbanisme. Il y a aussi la
Chambre de Commerce, dans la zone sont un tas de commerçants qui ont leur vie, leurs
problèmes, leurs donnés, et ainsi de suite….

10
ICRAL entreprise de constructions, réparations et administration du fond locatif, institution du système communiste en Roumanie, après 1990, les unités du ICRAL ont été
privatisées

74
communication Groupe 2 - administration publique locale
les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
témoignage à l'occasion de l'entretien
communication entre les dans le cadre du projet multisecteur (entre les acteurs du groupe 2, Il y a une équipe de coordination au niveau de l’équipe du programme multisecteur, et je fais
acteurs du projet entre les directions de la mairie et les institutions subordonnées à la partie de cette équipe, pourtant, personne ne me demande rien et on ne m’invite jamais.
mairie)
le séminaire de juin 2005 J’ai quitté la scène… il n’y avait aucun sens, car nous, en tant qu’institution, nous avons fini
notre rôle et nous avons organisé un séminaire, où nous avons invité et réuni tous les acteurs qui
devraient collaborer. A cette occasion, nous avons essayé de transmettre un message public, c'est-
à-dire, annoncer qu’une étape a été bouclé et que une autre va commencer.
Le séminaire a eu l’effet d’un point mis …à la fin de la phrase que nous avons formulé jusque là.
Je ne sais pas beaucoup plus de ce qui s’est passé ensuite…
communication du projet De la part de l’équipe qui coordonne le projet, vers la population. Nous envisageons d’ouvrir deux ou trois points d’information, selon le modèle de ceux qui sont à
Paris, à Vienne, où nous pourrons exposer les projets élaborés pour cette zone.
Communication du projet par l’intermède de la presse J’ai l’impression que dans la presse on fait une confusion entre la réhabilitation du centre
historique entier et le projet de réhabilitation des réseaux… Bien sur, on a crée un folklore qui
nuit à la cause…En dépit des nombreuses conférence de presse et prise de parole en publique que
nous avons eu, une confusion plane depuis toujours … entre ce que qui constitue les activités
concrètes qui sont à l’ordre du jour, et ce qui constitue les objectifs de la municipalité.

Commentaire concernant l’élaboration de la stratégie par le On n’a pas tenu compte de la collaboration et de la coopération et des intérêts de ceux qui ont
consultant étranger HOK et Pell Frischmann (dans la vision de G2- des affaires dans la zone….on a fait un projet dans la tour d’ivoire… Ils ont eu quelques
CPUMB1) – l’importance de la communication informations, mais quand ils ont établi la solution technique et les étapes de sa mise en œuvre,
alors il aurait été normal de tenir compte des intérêts des ceux qu’ils pourraient provoquer la
faillite, et d’après ce que je sais, ce genre de contactes n’ont pas eu lieu….
communication avec la … j’accepte que ça ne marche pas comme il faut, nous avons de manques dans la
communauté locale du communication, envers la société et les habitants de la zone, mais avec l’aide de gens de AICI
quartier nous arrivons à les informer sur les projets et l’activité de la municipalité, dans la zone du centre
historique.
AICI est un membre et un partenaire permanent de la municipalité, avec l’aide duquel nous
essayons d’informer la population sur les efforts de la municipalité

75
communication Groupe 2 - administration publique centrale

les occasions ce qu'on dit sur les pratiques


témoignage à l'occasion de l'entretien
communication entre les tentative d’organisation du Conseil de Coordination – Centre Après que l’arrêté gouvernemental a été instituée (OG 77/2001), dans le texte, il était prévu un
acteurs du projet- entre les Historique Bucarest (CCCIB) délai : dans sept mois de l’apparition dans le moniteur officiel, le conseil devrait être crée. ..et j’ai
acteurs appartenant aux envoyé a toutes ces institutions : ministère de la culture, mairie, conseil général, ministère des
différents ministères, entre finances, et ainsi de suite et j’ai attendu un mois…deux mois…
les acteurs de bon… ils n’ont pas réagi, alors j’ai renvoyé deux ou trois fois …et au bout d’un moment, le
l’administration publique miracle est finalement arrivé et ….on a pu programmé la première réunion
centrale et locale donc…l’atmosphère était chargée de tension, parce que à la mairie était B, et au ministère était
M11.
et….l’idée principale était qu’on ne collaborait pas, et en fait c’était impossible car ceci était en
fonction des conseillers et du maire…et de la part de la mairie personne n’a pas été jamais venu
et ceci est très parlant pour la situation.12
Le ministère des finances a envoyé une dame qui était chef de département (il avait demandé la
présence d’un représentant de chaque ministère, au niveau de secrétaire d’état, capable de
prendre une décision, ma note) et une fois arrivée, elle nous a dit… c’est mon chef qui m’envoie,
mais je ne connais rien, je ne peux pas prendre aucune décision…
Ensuite on e au encore trois tentatives… et ce fantastique conseil n’a pas abouti à rien… à part les
lettres qu’on a envoyé et le fait qu’ils se sont systématiquement esquivé … qu’est ce que je peux
dire de plus ? Nous les avons envoyé de la documentation…concernant l’organisation du conseil
– qui, comment, on a proposé de faire certains choses par rotation pour que le ministère de la
culture ne soit pas offensé. Rien de ça n’a pas suscité leur intérêt.

PUZ et stratégie de réhabilitation du centre historique en conformité A partir 2002, la mairie a démarré elle-même un PUZ. Alors, avec la mairie, depuis les
avec l’OG 77/2001 discussions préliminaires (en 2001 - 2002 ma note), on a œuvre en parallèle.
table ronde sur le sujet du centre historique, en novembre 2001 à la Et lui, il dit (le maire, ma note)…qu’est ce que le ministre fait là ? Qu’est ce que les représentants
Mairie de Bucarest du ministère cherchent là ? Veut-il refaire le centre historique de Bucarest ? Après ça, lui et tout
le monde qui était sous sa commande n’ont pas collaboré. Et on a suivi deux chemins en

11
A la mairie le maire B. était du parti démocrate PD (de droite, et en opposition) et au ministère des travaux publics, le ministre M. du parti social démocrate PSD (de gauche et au
pouvoir à l’époque 2000-2004)
12
A l’époque, les conseillers du conseil général de la mairie étaient du parti PSD, tandis que le maire était du PD. Et de plus, on était en pleine décentralisation des services entre la
mairie générale et les mairies des secteurs, administrés par des maires appartenant au parti PSD.

76
communication Groupe 2 - administration publique centrale

les occasions ce qu'on dit sur les pratiques


parallèle.
Après deux mois de ces événements, G2 – CPUMB1 du CPUMB, ont organisé l’appel d’offre
pour le PUZ… et ils l’ont fait dans un langage prétentieux, c’est leur façon de travailler…
l’étude et la stratégie élaborée par le CCPEC pour le ministère des
travaux publics nous avons fait notre étude et nous l’avons offert à la mairie, au ministère de la culture, on l’a
donné aussi au chef de l’unité de coordination du projet pilote…
Langages différents utilisées Les universitaires font des études didactiques, il y a une rupture…on considère qu’au ministère
par les acteurs on ne sait rien…. Mais j’ai vu comme ils font à la fac. [...] En ce qui concerne le régime de
propriété par exemple, ils n’en pensent même pas. [...] Ils ne connaissent pas les procédures [...]
tout comme les gens du PB 13, ce qu’ils font, ils le font comme ils le faisait dans les temps du
camarade Nicu (Nicolae Ceausescu, ma note)…le plan de circulation de la ville, pour lequel on a
pas mal travaillé, a été fait comme si c’était l’époque de camarade Nicu. C'est-à-dire, on n’a pas
suivi les trajets des rues, mais tout court, ils ont connecté des points. Mais ça, il faut réfléchir
quand même, c’est une question de bon sens, ça suppose des expropriations, des
dédommagements, ça a une dimension sociale….
Communication vers la On annonce des décisions sans information préalable …si on veut mettre tout le monde dans le brouillard, il suffit d’écrire un article dans un
population journal…qu’on va démolir je ne sais pas où… (référence à une pratique de plus en plus courante
à Bucarest – les potentiels intéressées ils apprennent, avant tout, des projets de la mairie, par les
journaux, ma note)

communication Groupe 2 - agence de développement régional BI


les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
témoignage à l'occasion de l'entretien
Informer sur les projets de Elaboration du POR, PDR, séminaires, échanges avec les spécialistes Le cadre autochtone, dans lequel tout ce processus doit se dérouler, a plein de problèmes. Ces
régénération urbaine - étrangers sont des problèmes normatives, de législation, la structure de l’administration publique n’est pas
communication dans le bien conçue… et en plus le fait qu’il n’y a pas une base… l’habitude du dialogue social, dans le
cadre de la formation quartier, ça n’existe pas …
(transmission des savoirs) Les gens se sont familiarisés avec ce que c’est les projets de régénération urbaine, les projets
intégrés, j’ai vu ça à la mairie, on a cet échange d’informations, entre nous et la mairie.

13
PB (Proiect Bucuresti) bureau d’étude, fondés en 1953, impliqué dans la majorité des grands projets de la ville, il dispose d’une grande base de données. Apres la chute du
communisme, il a continué son activité en tant que PB S.A.

77
communication Groupe 3 - société civile
les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
témoignage à l'occasion de l'entretien
Représentant ONG le séminaire du juin 2005 Le responsable du projet (de réhabilitation de l’infrastructure, ma note) était là, il a dit son
discours, et e il a parti ensuite. Il n’était pas intéressé de répondre à des questions ou de discuter
avec quelqu'un […] ils voulait promouvoir leur…ils voulait montrer qu’ils commencent à faire
quelque chose… […] le maire du 3ème a dit qu’il a l’intention d’évacuer les gens […] V. (le maire
actuel, ma note) a donné une conférence de presse.
Le séminaire a été organisé par CPUMB et ProPatrimonio ; ils faisaient ce qu’on appelle
l’information de la population sur les projets urbaines […] ils ne savent pas communiquer ; moi-
même je ne comprenais rien des plans affichés, je ne crois pas qu’un habitant de la zone pourrait
comprendre quoi que ce soit – c’était trop technique, une écriture minuscule, illisible.
Création du Groupe « Lipscania » Le groupe n’a pas survécu. Chacun voulait...quelque chose…chacun savait trop, et chacun
d’entre nous savait plus que l’autre…ça c’est une chose qui fini par…mais c’était comme ça que
c’est passé. Chacun savait… et avec de spécialistes en excès …on n’a pas su le rendre actif, ce
groupe !
On n’a pas eu un projet pour rester ensemble. Si on avait eu un projet, le plus petit projet
possible, un petit financement, qu’il ne soit complètement sans… nous avons voulu faire un
manifeste commun, une sorte de déclaration qui établit des principes communs… mais ce n’était
pas clair, et nous n’avons pas eu ces principes énoncés. Ce n’était pas un consensus… il y avait
beaucoup de boulot à faire sans ressources, dans un temps très court, travailler à l’arrache, quoi !
tu sais, cet état d’esprit – ferons quelque chose, si nous sommes déjà là, ferons quelque chose !
Certains d’entre nous n’ont pas apprécié.
Représentant ONG collaboration ONG – mairie (ONG en tant que auteur des études dont Vu que la mairie était le bénéficiaire de l’étude, la direction de la mairie, DAFI 14 , qui gestion le
le bénéficiaire était la mairie même) fond immobilier ne nous a pas fourni les donnés concernant le régime de la propriété dans la
zone.
Nous sommes allés voir le maire 1er, pour lui dire ce que nous avons trouvé sur le terrain et lui, il
a dit – mais qui a besoin de la communication ? Je fais comme je veux !
Table ronde qui a eu lieu à la Chambre de Commerce de Bucarest, à la A l’occasion de cette table ronde on a beaucoup discuté a propos de cet arrêté gouvernemental
fin du projet du PNUD, « Beautiful Bucarest». (77/2001, ma note), on a discuté sur les objectifs de cet arrêté, sur le rôle des ministères, le rôle de
la mairie … c’était une nébuleuse dans laquelle personne ne savait quels sont vraiment les rôles
de qui.

14
Administration du fond immobilier, sous l’autorité de la mairie de Bucarest

78
communication Groupe 3 - société civile
les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Représentant ONG Communication dans le cadre du groupe « Lipscania » Nul ne peut faire quelque chose tout seul. On a besoin des competences de chacun d’entre nous.
Un groupe doit respecter les règles du groupe, il faut donner, il faut participer, quant il y a
besoin, et ceci n’est pas possible, car chacun est impliqué dans son propre boulot et chacun a
tellement des responsabilités qu’il est difficile de trouver du temps …

Quand tu dis que tu veux faire quelque chose, et tu sentes que tu veux faire partie de ce groupe,
alors il faut pas regarder avant tout chez toi (en tant que organisation, ma note) pour faire
quelque chose, et seulement ensuite tu regardes vers le group – soit on communique soit on
communique pas du tout !
Séminaire juin 2005 L’initiative a appartenu au CPUMB qui a dit ok, traitons les thèmes suivants … et on a fait un
partenariat avec CPUMB qui était intéressé par le projet de la société civile lancer le débat autour
du centre historique.

Et comme d’habitude ce fut… à la hâte…chacun est venu, a dit son discours et est partit
aussitôt… non, on n’a pas eu de débats, même si la modératrice a essayé, après les
présentations…elle a essayé de provoquer le débat…ce n’était pas possible car, une fois un
discours prononcé, la présentation suivante était sans lien, comme on aurait souhaité…et celui
qui avait présenté était déjà parti. Ainsi, cet échange d’expertise qu’on souhaitait, n’a pas arrivé à
se produire … et voila tout…c’est exactement dans le style du ne pas avoir le dialogue… alors on
a eu effectivement juste une case cochée.
Le rapport du séminaire est plein de discours…indépendants, sans que quelque un de ces qui les
ont prononcés se soit engagé, et sans particulariser dans le sens d’exemplifier – on pourrait faire
ci, ou ça ….ceci aurait aidé le débat se produire.
Représentant AICI La négociation dan le cadre du projet La mairie voit dans la communication juste un instrument pour construire une image. Nous
avons essayé un dialogue direct avec l’administration, mais nous n’avons pas réussi. C’est une
relation formelle, dans laquelle l’administration simule le dialogue.
communication du projet vers les investisseurs Toutes les messages que la mairie envoie vers les investisseurs, ou les potentiels investisseurs, le
découragent de faire quoi que ce soit… le coté non officiel de ces messages est très inamical. La
transparence n’existe pas.
ce qui devrait être la communication La communication fait partie d’une société moderne / elle n’est pas seulement un instrument
pour fabriquer une image et la vendre. La communication est un instrument de management, des
relations sociales, du développement.
Aucune société ne peut se développer actuellement sans communication. La communication a le
rôle de mettre ensemble des ressources diverses qui peuvent contribuer à la réalisation d’un
intérêt commun. Il faut consulter les groupes qui représentent d’une façon ou d’une autre cette
zone, ceux qui sont affecté par ce projet, ceux qui peuvent devenir des participants dans ce projet.
Si tu veux, la clé de la revitalisation est dans cette communication.

79
communication Groupe 3 - société civile
les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Il faudrait voir comment faire circuler l’information entre les groupes, chacun avec ses besoins, et
le groupe d’expertes qui proposent la solution. La solution doit devenir une plateforme à laquelle
participent tous les acteurs – c’est un développement naturel.
Je ne sais pas dans quelle mesure ce projet de réhabilitation de l’infrastructure va résoudre les
problèmes du centre historique, autant qu’on n’a pas défini ce qu’on veut faire de ce centre
historique. Un PUZ, ce n’est pas un plan de développement, il en est seulement une composante.
Le plan de développement doit contenir des solutions et des stratégies qui dépassent le champ de
l’architecture.
Développer étranger Communication du projet vers les investisseurs the authorities are planning to improve the infrastructure, they have a project for this (relance,
ma note)….I don't know either…no! I mean if you want to attract investments, you have to
communicate; it's like going to a market into the stand selling potatoes where twenty people
they're all selling potatoes and they all start shouting to get you to come to their stand…by their
plate rather than someone else's. So, if you gonna have a plan, you gotta tell people about it
…No, it's not very well communicated.
So, if the City Hall…in order to encourage investment here you got to have a coordinated plan
and a dedicated approach of the whole thing. You got to understand what the legal aspects are,
what the infrastructure aspects are, what is available for the future development of the area and
what is to be preserved, and what is the ultimate goal, what do we want to create here …And you
need to have a dedicated body to do that. Because right now you've got from Distrigaz, from the
City Hall, you've got a … you've got a secretary… So many people involved, you get all around a
table and they'll talk about nothing 5 hours, and no progress will be made.

The way that these projects are developed in normal countries…as you take an area like this, you
create a…, what they call it, a development agency, that is empowered in this area to do various
things, to have the right over planning control, to have the right over infrastructure
improvement and facilities improvement, to have the right over compulsory purchases of
proprieties, if necessary, and it has a plan that it is acceptable…???using some private money, or
some public money...some private money to do this…That's the way to do it, and we told the
City Hall this twelve years ago, and still they're doing nothing…

80
communication Groupe 3 - société civile
les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Communication - confiance But how you can do the technical project for the infrastructure, if you don't know what the
project it's going to be in the future? You don't know how many people are gonna be living there,
you don't know how many offices are going to be in there, you don't how much electricity is
going to be needed, you don't know how great is got to be, you know, so…sure, you can only
improve what's there today, but you're starting from the wrong end of the machine…so…they ??
they don't know what to do, but they won't be told, and…I sat with them twelve years ago, and
explained to them about it and I got to ??? to Eu funding to do this …an English partner…I
swore that I'll never be involved in a thing like this, because the people…nice people, but not a
clue, and we're not prepared to be told what, how to do it properly, so really their interest is not
there, you know, is how I concluded.
it has to be a major, major campaign in this whole area, if they are serious about redeveloping the
center of the city. And, yeah, they need some… to bring in some people who know about it
good…It doesn't matter what you think about Portugal or London or San Francisco or whatever:
all these countries have gone through this. Romania is doing it for the first time, they're not
listening to the people who have the experience…so they're making all the mistakes

If rules can change at any moment, they (investors, ma note) can't control the situation, they're
not confident of the people who are controlling the situation of going into the right direction,
they won't invest… Perhaps the environment that they create, by not having a plan, and not
having a direction, and not having a purpose, and not communicating a message of what they're
doing ....I mean, yes, there are a huge number of people willing to be involved in this, there are a
huge number, an even bigger number of people who would like to see this area developed, and
really put the heart back into Bucharest
I saw this... But without understanding that? and a real commitment from the cityhall…They
have not real comprehension what it's all about
People are buying a little building here, a little building there, but again, they're not putting any
big money into it until they can see that there is a plan going forward and is being
communicated, and you don't do something stupid, like cut off all the traffic one day without
telling the people, without explaining, without communicating, you know, you just kill all the
retail..
Yes, there you are, from a real estate point of view, if you don't have confidence in the public
authorities who administer an area, you don't put any money in it,
That's why they lost 15 years, and that's why we started out the Baneasa project, rather than do
something in town, because we're not going to sit and wait for that to…

81
Synthèse de l’analyse pour les thèmes « rôles des acteurs» et « collaboration entre les acteurs »

les rôles et la collaboration Groupe 1 spécialistes, bureaux d'études


des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Spécialiste, élaborateur PUZ Rôle des spécialistes, collaboration avec la mairie Pour la mairie, nous sommes ceux qui élaborent les études qu’ils ont commandé. Nous sommes
pour la mairie une équipe des spécialistes qui a été contractualisée pour faire cette partie […] le contracte
entier, la vision de développement de la zone appartiennent à la mairie.
Nous avons présenté le projet devant la commission de spécialité du conseil local, l’étude a été
validée par la mairie.
Collaboration avec les consultants étrangers de la mairie J’ai été invité deux fois et je leurs ai présenté le projet. Ils ont fait des commentaires, les unes très
pertinentes, les autres moins, parce qu’ils ne connaissaient pas très bien la situation dans le
centre historique. En fait, je n’ai pas très bien compris quel était leur rôle. Ils n’ont eu aucune
contribution à l’élaboration du PUZ.
Collaboration avec les expertes BERD Je n’ai eu à faire à personne, et c’est pareil pour les autres membres de l’équipe du PUZ .
Spécialiste, élaborateur de la l'étude élaboré pour le ministère des travaux publics Entre temps, cette étude, qui méritait au moins d’être discutée … cette étude dont le ministère
Stratégie pour le Ministère était le bénéficiaire. … Un jour, j’étais à la mairie et j’ai eu l’occasion, parce que nous étions dans
des travaux publics une réunion concernant le centre historique … bon je n’étais pas là pour cette réunion, mais
parce que je me suis retrouvé là, et j’ai vu qu’ils discutaient, je me suis dit – peut-être qu’ils ne
savent pas assez sur cette étude… Alors j’ai dit que le ministère a commandé une étude et que
cette étude est avisée par le ministère…et je mes suis proposé pour le présenter quand ils
voudraient…c’était il y a deux ans (en 2004, ma note) …. Et ils n’ont pas été intéressés.
Je savais que ça va se passer ainsi… Je savais que j’allais faire une étude qui sera avisée, avec ou
sans observations, mais elle sera avisée et ensuite elle serait oubliée sur une étagère…c’est ainsi
que ça se passe d’habitude.

82
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique locale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Représentant CPUMB "l’objectif de notre institution " – en général et dans le cadre du projet Nous sommes sortis de cette histoire, parce que nous, en tant qu’institution, nous sommes
répandus dans plusieurs directions.
L’objectif de notre institution a été de démarrer une étude d’urbanisme, d’établir le cahier de
charges de cette étude et ses termes de référence, et le pilotage de cette histoire jusqu’au moment
qu’elle a été approuvée par le conseil (conseil général de la mairie, ma note)
Ensuite, le nouveau maire (venu en printemps 2005) s’est rendu compte qu’il s’agit de quelque
chose de très important, alors il a désigné quelque un de la DUAT (Direction urbanisme et
aménagement du territoire, ma note), qui a pris le relais et qui est maintenant responsable avec la
coordination des actions dans le centre historique. Moi, je ne sais plus ce qui se passe…
projets de régénération urbaine prévus dans le PDR BI (qui peuvent Nous avons déjà un règlement d’urbanisme au niveau du PUD pour la moitie située à la droite
concerner le CI) du boulevard (qui traverse le centre historique du nord au sud).
On peut commencer donc les travaux dans la moitié du centre historique, située à l’ouest… […]
et je pense que si le projet est éligible, les travaux pourraient commencer.
Rôle dans l’avenir Nous allons collaborer avec les équipes qui vont gagner les appels d’offre.
Nous sommes très peu nombreux ici… nous pouvons juste veiller à ce que le phare reste allumé,
pour ainsi dire. Nous essayons de maintenir une équipe dans le rythme…et de veiller à ce qu’ils
produisent pour que ça soit pour satisfaire l’intérêt public … ceci est notre rôle … de trouver un
équilibre…
Représentant UIPPilote Relations à l’intérieur du CCIB Oui, c’est vrai, l’arrêté gouvernemental instituait la création d’un conseil de coordination pour le
centre historique, mais, a cause de la conjoncture politique, ce conseil n’a pas fonctionné, même
pas une seconde.

Les partenaires locaux AICI est l’association des investisseurs dans le centre historique, et il est un membre et un
partenaire permanent de la municipalité, avec l’aide duquel nous essayons d’informer la
population sur les efforts de la municipalité.
Partenaires dans l’administration publique centrale Voilà ici c’est un modèle de lettre que le maire veut envoyer au premier ministre… Nous avons
eu des rencontres avec le premier ministre et le gouvernement s’est montré très intéressé par le
projet, et il va décider sur une quotte de participation, il s’agit de l’argent, pour la mise en œuvre
de ce projet.

83
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique locale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
rôles Les juristes vont établir avec clarté s’il s’agit d’un projet d’importance nationale ou locale, car en
fonction de ça nous pourrons…. En fonction de la clarification de cet aspect, on va établir les
sources de financement. Parce que ce n’est pas la même chose - s’il est d’importance nationale,
alors l’acte normatif devra être une loi qui devra passer par le Parlement… ou, s’il est
d’importance locale, et ici il faut tenir compte de l’autonomie locale, un principe qui fonde le
développement dans la communauté européenne, alors, dans ce cas-la on va se limité à une
décision du conseil général de la mairie. Cette décision va définir les normes pour sa mise en
œuvre. Bon, les choses sont en train de se faire, ce n’est pas facile de faire tout ça, mais ça
avance…
les experts étrangers Les experts étrangers ont joué et jouent encore un rôle important dans la mise en oeuvre de ce
projet. Apres un appel d’offre qui a eu lieu en 2003, les entreprises HOK de Canada et Pell
Frischmann d’Angleterre, ont formé ensemble un consortium qui a élaboré, en tant que
consultant, ils ont très bien travaillé, et il y a un an, un an et demi, ils ont élaboré le projet
technique pour la réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du projet pilote. Cette
Représentant UIPPilote collaboration a très bien fonctionné et ils sont les bienvenus pour nous aider, car on a besoin…et
nous, nous suivons pas à pas cette stratégie qu’ils ont élaborée pour le centre historique.

le projet de réhabilitation de l’infrastructure La réhabilitation de l’infrastructure est la composante principale du projet, et la municipalité doit
assurer cette étape pour donner le coup de pouce nécessaire…. Pour la viabilisation de la zone…
pour que le capital privée arrive
Les locataires sans bail Il y a entre trois et quatre milles de personnes qui habitent abusivement dans cette zone et qui
n’ont pas de bail. Ce problème est dans la responsabilité de la mairie du 3ème, qui est
l’administrateur de 80% du centre historique, avec les organismes habilités à ce type d’action. Ils
ont commencé depuis six mois l’évacuation des locataires sans bail, et tout se passe très bien, sans
scandale.

Ils (les évacués) sont relogés dans les localités où se trouve leur domicile stable, en conformité
avec leurs cartes d’identité, ou bien, dans l’avenir, on va construire des logements sociaux, la
mairie du 3ème a converti des bâtiments de studios15 dans des logements sociaux …qui seront
utilisés pour abriter temporairement ces… ces gens, jusqu’à ce qu’on va résoudre le problème de
leur statut social et la zone qui doit …fonctionner.

84
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique locale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Collaboration avec les gens affectés par le projet En fait, maintenant nous discutons que de la réhabilitation de l’infrastructure dans la zone du
projet pilote. Ensuite, on va discuter pour organiser un appel d’offre international pour choisir le
maître d’œuvre général, et ensuite ….et maintenant je vous donne une information très
intéressante, nous voulons, avec l’argent de la municipalité, d’élaborer un projet spécifique pour
chaque immeuble ; chaque immeuble va avoir un projet, et nous donnerons ce projet,
gratuitement, aux propriétaires des immeubles, quand ceux-ci voudront faire des travaux. Et
nous ferons ça pour maintenir le control et une unité dans la zone…pour implémenter ce
concept de régénération urbaine dans de conditions…dans des bonnes conditions.
Mais vous avez l’intention de discuter avec les propriétaires avant de faire le projet ? Mais bien
sur ! Sans faute, quand nous aurons choisi le maître d’œuvre, on va organiser ensuite un débat
publique, et là on va discuter chaque immeuble.
Collaboration UIPP - CPUMB Nous sommes dans une relation de collaboration professionnelle […] CPUMB assure de temps
en temps de services spécialisés, dans le cas quand les problèmes relèvent de son domaine de
compétences.
Avec la mairie du 3ème La mairie du 3ème a dans son administration 80% du centre historique. C’est eux, en effet
l’administrateur du centre historique. Mais jusqu’au moment quand on va commencer les études
Représentant UIPPilote pour chaque immeuble dont j’ai parlé, c’est la mairie du 3ème qui donne les autorisation de
construction, qui administre la zone, c’est la mairie du 3ème qui s’occupe de tout ce qui est
propreté, ordre publique, et tout ce qui est de l’administration de cette zone. Mais la mairie du
3ème participe à la construction de la vision de développement du centre historique ? Non, parce
que ceci n’est pas dans leurs attributions, ceci a fait l’objet du contrat entre la municipalité et le
consultant étranger. Ils ont pris note, et quand on va commencer la mise en œuvre du projet
proprement dit… là, ils vont avoir un rôle et on va rôle les consulter.
Le rôle dans l’avenir La mairie devra organiser une structure, une société sur actions, ouverte, dans laquelle la
municipalité va avoir la majorité. Cette structure va recevoir les thèmes majeurs de la part de la
municipalité, mais elle va agir comme une société commerciale, pour attirer le capital privé.

Bien sur que cette société sur actions va abriter un ou plusieurs promoteurs immobiliers
internationaux, qui auront la possibilité de contribuer avec leur savoir et avec leur capital pour
résoudre rapidement les problèmes.
Les promoteurs ... pourraient-ils être des promoteurs locaux ? Oui, ils peuvent, mais une des
conditions importantes pour les accepter serait d’avoir le savoir nécessaire, l’expertise dans ce
genre de problèmes.

85
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique locale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
La mairie Quand vous dites – la mairie – vous pensez à qui ? au CPUMB, au maire ? Je pense à la ville de
Bucarest…oui, mais représenté par qui ? qui est ce qui formule la vision de developpment à la
mairie ? bon, pour le centre historique, le temps que je suis là, c’est moi, ici dans le cadre de
l’unité de coordination pour le projet pilote… toutes les études qui seront faites, toutes les
projets, je serai le coordinateur, avec l’aide de cette structure… quand je ne serais plus là, il y aura
un autre qui sera responsable pour cette zone.
Les fonds PHARE pour la réhabilitation de la Cour Ancienne Le projet pour la cour ancienne et la réhabilitation du centre historique sont des projets
superposés, mais nous les intégrons dans une vision unitaire. Ces sont des financements
différents pour les projets différents. (le projet pour la Cour Ancienne a un coordinateur au
CPUMB, ma note)

les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique centrale


des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Fonctionnaire, Le rôle du ministère de la culture Il a été co-initiateur des arrêtés gouvernementaux de 1998 et 2001
Ministère de la Culture
Le ministère doit faire partie de l’équipe pour la sauvegarde du centre historique.
Je ne crois pas qu’on peut imputé au ministère ce qui se passe dans le centre historique… on
pourrait peut être lui imputer que …en fin… rien ne se passe nulle part, même dans des autres
centres historiques.
On ne peut pas faire grand-chose si la mairie ne fait pas ce qu’il faut
Fonctionnement du CCIB; les attributions de l’administration Tel comme était formulé le règlement du CCIB, c’était une usurpation des attributions de
publique locale l’administration publique locale par l’administration publique centrale. Dans le premier arrêté, le
conseil institué, s’il aurait fonctionné, il devrait exercer de facto les attributions de la mairie. La
façon dont on a mis à travailler ensemble ces institutions était erronée parce que on ne tenait pas
compte de la contribution réelle de chacun. La mairie sera toujours l’actionnaire majoritaire dans
ce type d’opérations, par rapport aux acteurs provenant des ministères.

15
Bâtiment des studios c’est la traduction approximative en français d’un type de bâtiment qui abrite des chambres – habitations individuelles. Les locataires utilisent en commun les
WC. Cette habitation est en fait sous les standards prévus par la loi en Roumanie pour ce qu’on appelle « logement ».

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les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique centrale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Le rôle du ministère de la culture dans l’avenir Le ministère de la culture, par ses compétences est un partenaire à privilégier, mais non un acteur
principal. Il ne peut pas se substituer à la mairie. Ni le meilleur ministre de la culture ne peut pas
faire ce qui peut faire le pire maire de Bucarest.
Le ministère (de la culture, ma note) actionne par quelques moyens : il est un organisme qui
donne des réglementations et des avis… et il a quelques propriétés dans la zone. Il est donc un
actionnaire significatif.
Dans quelle mesure ces attributions – donner des avis et établir des réglementations …
Fonctionnaire, pourraient constituer un outil meilleur - premièrement nous avons proposé à la mairie d’étudier
Ministère de la Culture ensemble un acte normatif spécial pour le centre historique, ils ont accepté cette idée, pour le
moment on l’a pas finalisé et deuxièmement, nous voulons trouver une modalité pour
accélérer…ou bien débureaucratiser certains circuits des avis pour cette zone
Dans ce champ de la protection du patrimoine, le ministère n’a que des instrumentes très
dures… je dirais dures d’un point de vue théorique, et moins d’un point de vue physique.
Ce genre d’intervention (sur des territoires de la ville, ma note) se retrouve actuellement coincé
entre un Etat qui a des institutions omnipotentes en théorie, mais dans la pratique il n’a pas les
moyens pour exercer cette… et une autre formule dans laquelle il faudrait accepter la négociation
et même la perte de certains choses… tout en gardant une ligne stratégique. [...] Mais nous, nous
avons un système comme si l’Etat était riche, avec plein de fonctionnaires publiques qui sont
capable d’imposer le fonctionnement de la loi… la réalité est différente

Selon votre opinion, actuellement, il a-t-il des politiques se régénération urbaine ? je crois qu’il y
a des expérimentations ; Il y a –t-il des priorités ? Oui, des priorités, ça existe, regardes sur le site
Internet du gouvernement !
Partenariat stratégique avec la mairie Le ministère de la culture, comme n’importe quel ministère, ne peut pas être ni plus ni moins
que ce que la loi lui permette. Il ne faut pas tirer tout de suite la conclusion qu’il serait encore une
fois possible d’exproprier tout le centre historique pour faire un certain projet. La seule chose
qu’il peut faire c’est le « planning policy guidence », comme les anglais, c'est-à-dire, avoir un rôle
méthodologique.
Performance institutionnelle Le ministère de la culture mène son combat entre deux extrêmes : imposer la loi partout ou elle
doit être imposée, mais il ne réussi pas à cause de manque de personnel, ou manque de fonds….
et accepter de renoncer à certains combats pour pouvoir s’occuper d’autres qu’il veut gagner.
Les organismes gouvernementaux actionnent selon le principe que… toutes les actions qu’il
commence, il doit le finir en vainqueur…

87
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique centrale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Un ministre, ou un ministère, un fois engrené dans une activité…. Du point de vue politique …
on va dire du point de vue de la performance institutionnelle…. telle comme elle est appréciée
par la presse, il doit obtenir des résultats, il ne peut pas faire demi tour, même s’il rentre dans la
compétition avec très peu de ressources … il ne peut plus faire demi-tour , il n’a pas la possibilité
de négocier… pour le moment… car toutes les ministères sont encore des lieux ou les choses
sont très rigides.
Fonctionnaire, CCCIB Bon, alors on a créée cet arrêté (OG 77/2001, ma note) et ensuite il fallait crééer le conseil de
Ministère des travaux coordination du centre historique. Et c’était prévu qu’il fallait le faire dans un intervalle de 7 mois
publics après la publication de l’arrêté dans le Moniteur Officiel. Alors nous avons écrit à toutes les
institutions : le ministère de la culture, à la mairie, au conseil général, au ministère de finances, et
ainsi de suite …et nous avons attendu un mois, puis deux mois… et nous avons sollicité des
représentants des ministères au niveau du secrétaire d’Etat… La mairie n’est pas venue, et j’ai
encore renvoyé…. Ensuite on e au encore trois tentatives… et ce fantastique conseil n’a pas
abouti à rien… à part les lettres qu’on a envoyé et le fait qu’ils se sont systématiquement esquivé

Il y avait un règlement d’organisation et fonctionnement, dans lequel le ministère était désigné
secrétaire. […] Nous les avons envoyé de la documentation…concernant l’organisation du
conseil – qui, comment, on a proposé de faire certains choses par rotation pour que le ministère
de la culture ne soit pas offensé. Rien de ça n’a pas suscité leur intérêt.
C’était moi qui a signé toute cette correspondance… mais les représentants des ministères n’ont
pas réagi… j’ai renvoyé deux ou trois fois …et au bout d’un moment, le miracle est finalement
arrivé et ….on a pu programmé la première réunion
donc…l’atmosphère était chargée de tension, parce que à la mairie était B, et au ministère était
M16.

16
A la mairie, le maire était du parti démocrate PD (de droite, et en opposition) et au ministère des travaux publics, le ministre appartenait au parti social démocrate PSD (de
gauche et au pouvoir à l’époque 2000-2004)

88
les rôles et la collaboration Groupe 2 - administration publique centrale
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
La décentralisation des compétences vers les secteurs17 - Oui, beaucoup ont utilisé ce transfert de
compétences vers les secteurs. … En fin, c’était des choses faites à l’arrache, brutalement, d’un
jour à l’autre... il y a avait tout ces nerfs, on a modifié la loi, le maire (le maire du 2000-2004, ma
note) était énervé … on a eu même une réunion à la mairie concernant le centre historique
…bon je te dis tous ça pour avoir une idée de l’atmosphère crée à l’époque, donc ils ont travaillé
en parallèle, rien n’a vraiment fonctionné dans le conseil.

Il n’y avait aucune collaboration, et en fait c’était impossible, parce que tout était en fonction de
conseillers et du maire.

les rôles et la collaboration Groupe 2 - Agence de développement régional BI


des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Conseiller étranger pour la Le rôle de l’agence de développement régional Bucarest Ilfov L’agence un le rôle technique - d’aider les ministères responsables ….
préadhésion dans le cadre L’agence de développement régional s’occupe d’un programme parmi les sept – huit – dix qui
de ADRBI existent, un programme qui est géré par le ministère
C’est le ministère qui fait la politique, qui géré les programmes.
La commission européenne promet – on va vous donner 21 milliards d’euros, et quand le
programme sera approuvé, on va vous donner 7% du montant en avance. Et on devra faire des
projets, envoyer toute la documentation nécessaire pour le décompte, et si le projet est considéré
est considéré éligible, on va avoir l’argent, si non… mais pour dépenser cet argent il faut faire un
tas de contrats, factures… et tout ça c’est l’agence qui le fait.
A cause de cette nouvelle formule de financement (prévue par l’union européenne pour 2007 –
2013, ma note) on ne peut pas financer des choses très élaborés, parce ils devront être conçus
pour des périodes très courtes. Actuellement je ne peux pas envisager comment pourrait-on faire
des projets complexes, intégrés, avec la participation des citoyens, dans un laps de temps très
court.
Capacité de prendre des décisions En Roumanie, les fonctionnaires sont très apeurés.

17
En 2001, des attributions qui appartenaient à la mairie générale ont été transférées vers les secteurs. Ceci s’est passé tendu entre le gouvernement (parti PSD, orientation gauche) et
maire général (parti PD, orientation droite). Il n’est pas sans importance le fait que les maires des six secteurs de Bucarest appartenaient tous, à l’époque au parti PSD. Le maire
général a perçu cette décentralisation comme un moyen par lequel le gouvernement cherchait lui diminuer le pouvoir (il fait référence à ceci dans le Programme de développement de
Bucarest pour la période 2000 – 2008).

89
les rôles et la collaboration Groupe 2 - Agence de développement régional BI
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Le rôle de la mairie L’initiative pour ces projets18 appartient à la mairie de Bucarest. Il s’agit d’un partenariat mairie
générale et mairie du secteur, mais l’autorité financière serait la mairie générale.

Le rôle du maire S’il n’est pas quelqu'un qui sait prendre des décisions, la situation va s’empirer
Actuellement le maire accepte de promouvoir certains projets d’affaires parce qu’il y a la
demande, mais dans un coin il essaye de faire les autres, avec une très grande difficulté.
Il nous faut ce champion / sans lui le projet ne peut pas démarrer Il nous faut quelqu'un qui ait cette volonté, qui soit un visionnaire. Cette personne, une peu naïve
si on peut dire, qui croie … dans nos pays cette personne, ce champion est l’agent du
développement dans un projet, c’est quelqu'un amoureux de cette idée, passionné par…qui…
parce qu’il faut vivre avec pour quelque chose…
Ca, c’est le plus difficile dans les projets de régénération urbaine, parce que ce travail, cet effort
est inestimable… ce n’est pas une question de salaire, peu importe si t’as 10 000 euro par mois ou
300 euros par mois, l’effort fait est immense.

Représentant ADRBI Le rôle de l’agence de développement régional Le rôle (de l’agence) est d’organisme intermédiaire pour les fonds structuraux.
Mon rôle (le rôle de l'Agence, ma note) est d'être un organisme intermédiaire pour les fonds
structuraux. Je devrais octroyer l'argent pour ce type de projets/ et la Mairie, est-elle consciente
de ce-ci ? / Oui, de ce-ci oui, mais ce qu'ils ne savent pas encore....pour moi, ça m'était agréable
de travailler ici tranquillement l'organigramme, les procédures, d'embaucher des gens, et d'être
sur qu'à partir de 2007 je serais capable de gérer des projets. Mais mon souci est que je ne les
aurais pas, ces projets, alors je dois faire quelque chose pour que ces projets apparaissent.
Nous échangeons ces informations avec la mairie
Le rôle de la mairie L’approche de l’intervention, tel comme nous la voyons, dépasse la mairie de la capitale […] il
faut impliquer la mairie de secteur aussi, et ceux qui seront affectés par le projet – des simples
habitants mais aussi l’association des investisseurs du centre historique, les banques, qui sont très
intéressées, le gouverneur de la BNR a exprimé déjà sont point de vue, il y a aussi le ministère de
la culture…

18
Il s’agit des projets qui ont été énumérés dans le cadre du Plan de développement régional pour la région Bucarest Ilfov, dans le cadre de la priorité de « régénération urbaine ».
Nous avons présentés ce programme dans la IIème partie, chapitre « Le discours et les pratiques des acteurs »

90
les rôles et la collaboration Groupe 2 - Agence de développement régional BI
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Certes, des choses concrètes on a fait très peu… par rapport à ce qu’on aurait pu faire
dans cette période, mais il y a des explications. Dans ce moment, la mairie est très
impliquée dans des projets majeurs d’infrastructure, qui sont très importants dans mon
opinion. En premier lieu, ça nous étouffe actuellement plus que le centre historique, et
de plus, la mairie a maintenant des fonds qu’elle doit dépenser rapidement, pour ne pas
dépenser de l’argent publique pour des intérêts, à cause des retards d’utilisation.

les rôles et la collaboration Groupe 3 - société civile


des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
à l'occasion de l'entretien
Représentant ONG Le rôle de l’ ATU dans les projets concernant le centre historique L’objectif principal était de faire possible le dialogue entre les acteurs urbains. On a voulu
fonctionner en tant que interface entre les citoyens et les institutions publiques.
Relations avec les investisseurs du centre historique Quelques investisseurs hollandais ont acheté des maisons dans le centre historique […] on a
pensé qu’on doit faire quelque chose avec ces investisseurs qui parait plus actifs que ceux qu’on
avait trouvé en 2001, quand nous avons commencé à discuter avec les gens
[…] il s’agissait d’une association du quartier, selon le modèle hollandais, elle ( une des
investisseurs, propriétaire d’un magasin d’antiquités, ma note) savait bien qu’est que c’est.
La relation avec la chambre de commerce (CCIR) Le vice-président de la CCR, voulait faire le lien entre l’urbanisme et les investissements ; on s’est
dit, bon, ferons quelque chose ensemble ! Ainsi on a organisé une table ronde et on a invité des
banques et des acteurs de la zone.
En conclusion, la majorité des participants ne comprenaient rien de ce groupe d’initiative et
qu’est ce qu’une stratégie de développement du centre historique. Ils voudraient voir des images
et des maquettes pour dire ça j’aime, ça je n’aime pas, et ceux qui comprenaient quelque chose de
ça, étaient peu nombreux et disaient mmm… ceci doit être fait autrement que ce que nous
essayons de faire là….
A cette table ronde, à la CCR on a pas mal discuté de cet arrêté (77/2001), on a discuté sur les
objectifs de cet arrêté, sur le rôle des ministères, le rôle de la mairie … c’était une nébuleuse dans
laquelle personne ne savait quels sont vraiment les rôles de qui.
Et finalement je me suis rendu compte – au rencontre qui a eu lieu à la mairie, à la table ronde,
en général – cette idée autour de laquelle on discutait représentait une sorte de grande galette que
chacun voulait pour lui-même.

91
les rôles et la collaboration Groupe 3 - société civile
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Représentant ONG rôle ATU Nous nous sommes impliqués dans ce projet (Beautiful Bucarest, un projet de PNUD, 2000-
2002, ma note) car il était un complément social d’un projet de PNUD et on a fait un tas de tables
rondes pour stimuler la communauté locale de se constituer dans des associations.
Visite d’un commissaire européen pour la politique régionale, à On a organisé une rencontre à l’Amsterdam Café, et tous – G3-A1, nous, ProPatrimonio et
Bucarest19 CPUMB - on s’est dit – allons , ferons quelque chose ! Ainsi nous avons fait ensemble une
présentation sur power point, concernant le potentiel de la zone, dans la perspective d’un projet
de régénération urbaine du type URBAN
Dès lors, le maire (le maire actuel, élu en 2005) est venu à Amsterdam Café, et il a été mis face à
des déclarations qu’il devrait faire… en fait cette présentation a été organisé par un conseiller
européen qui est en Roumanie, cette personne a été la locomotive. Elle a fait un document dans
lequel on disait qu’on va se constituer tous, dans un task-force pour le centre historique. Le maire
a du dire « oui ».
Du moment quand le maire a dit « oui » et jusqu’à là, rien ne s’est passé. C’était un moment de
mobilisation générale, affiches et ensuite…silence.
Exposition « Lipscania » Le président de l’UAR (Union des architectes roumains) nous a contacté pour nous proposer de
faire une exposition sur la zone de Lipscani (en janvier 2005, ma note); pour sensibiliser les gens ;
le financement pour cette exposition a été une question de relations personnelles; les seuls qui
nous ont donné de l’argent ont été le ministère de la culture et DCCommunications 20
Le groupe d’initiative « Lipscania » Nous avons eu l’intention de faire un groupe d’initiative pour le centre historique … et faire
quelque chose… lobby du coté de l’administration publique… sensibiliser l’administration, les
habitants…
Le groupe n’a pas survécu, il n’y avait pas un cadre… il n’était pas formalisé, ses membres avait
des intérêts trop différents … le groupe était trop hétérogène
Représentant ONG La relation avec la CCR On avait l’idée de constituer ensemble un groupe de réflexion parce que il (la personne de la
chambre de commerce, ma note) disait que le centre historique a un potentiel pour les
investissements. Apres ceci, on a fait un vif échange de mèls … on a envisagé un group de travail,
un règlement pour ceci, nous avons identifié les personnes qu’on voulait faire partie du groupe,
quelques uns d’entre eux avait participé à cette table ronde, les autres faisait partie de
l’association des banquiers, il y avait aussi divers investisseurs et des gens de la mairie.
Finalement, le groupe s’est constitué, mais sous une autre forme, il s’appelle « Groupe de
réflexion pour l’urbanisme commercial » … ils se rencontrent chaque mois … Bon, finalement ce
groupe s’est orienté plutôt vers le commerce, parce que c’est leur champ d’intérêt… ils étudient
les commerces et leurs zones de chalandise.

19
Il s’agit de Danuta Hubner, Commissaire européenne pour la Politique Régionale
20
DCCommunications est membre d’AICI

92
les rôles et la collaboration Groupe 3 - société civile
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
Le rencontre avec le commissaire européen Quand madame Hubner a été venue, on lui a présenté des diapos avec les principes de la
régénération urbaine, comme dans le manuel de l’Union européenne. Ceci parce que XXX
(consultant étranger pour la préadhésion à ADRBI) était là et a préparé la présentation avec XXX
(représentant AICI), avec ProPatrimonio … et on a présenté ça à madame Hubner comme si
c’était de la part du maire.
Moi-même j’ai fait un morceau de cette présentation, tout le monde cotisé pour faire quelque
chose de super - conceptuel pour madame Hubner.
Le groupe d’initiative « Lipscania » Ben… je ne crois pas que quelqu'un s’attendait que ce groupe fonctionne vraiment… regarde les
gens qui s’occupent du groupe pour l’urbanisme commercial – là, ce qui est important, la
logistique et l’organisation est assuré par la CCR, et il y a un monsieur qui s’occupe de
l’organisation du groupe, il y a quelques personnes qui appelle tout le monde, tous les mois,
envoient des mèls, annoncent les thèmes, car chaque séance a une thème. Ce que je veux dire – il
y a une infrastructure pour dire ainsi, qui assure l’existence du groupe – quelqu'un qui appelle,
qui rappelle aux gens…sinon, rien ne se passe.
Représentant ONG rôle ProPatrimonio Participation aux stratégies et politiques liés au patrimoine ; on n’a pas accès directe au
patrimoine, que par les institutions qui le gèrent et avec lesquelles on doit, donc, faire de
partenariats.
Formation, échange d’expérience, mais non seulement ça, nous voulons aussi trouver des
solutions pour la protection des centres historiques
Création d’un groupe de réflexion pour le centre historique On a continué ce qu’on avait commencé avec Lipscania, on a utilisé les partenaires identifiés
dans la zone.
On a voulu faire une Task Force pour construire un Master plan : ATU, ProPatrimonio, l’église
Stavropoleos – pour capter l’élément actif de la zone- et ensuite il y a les partenaires public –
CPUMB, le ministère de la culture, la mairie bien sur….
L’initiative a appartenu à la société civile, la mairie n’a pas fait aucun effort dans ce sens.
Réseaux des spécialistes Des é – groupes se sont définis. Ce sont des spécialistes qui échangent des informations par mèl –
c’est la seul modalité de travailler
Représentant AICI tentatives de collaboration avant la création de AICI Nous avons essayé de polariser l’intérêt, de créer un projet commun, qui aurait pu créer un flux
dans la zone… notre idée était d’organiser des événements pour repositionner cette zone.
La première chose qu’on a fait, a été de regarder autour de nous pour chercher des partenaires
[…] on a trouvé personne dans la zone, parce que ils étaient très différents de notre façon de
pensée.
création de AICI L’interdiction des voitures a été un problème majeur. Il est apparu que le style à la roumaine du
« chacun à son compte » ne fonctionne plus. Devant cette décision de l’administration il était
nécessaire une union de tous ceux qui avaient des affaires dans la zone, pour défendre des
intérêts communs. C’est ainsi qu’on a crée AICI.

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les rôles et la collaboration Groupe 3 - société civile
des acteurs urbains les occasions ce qu'on dit sur les pratiques
La relation avec la mairie La mairie n’a pas compris qu’elle doit discuter avec les gens qui ont fait des investissements dans
la zone. La mairie est toujours sur cette position : nous savons mieux ce que nous avons à faire.
Nous avons essayé un dialogue direct avec l’administration, nous n’avons pas réussi. C’est juste
une relation formelle dans laquelle l’administration simule la communication.

94
LOIS

Loi 215/2001 de l’Administration publique locale


Loi 350/2001 sur l’Aménagement du territoire et l’urbanisme
(extraits de « Monitorul Oficial », Bucuresti, 6 august 2001)

95

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