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L’ensemble triadique de Cantor.

1. Développements en base p, ou p-adiques


Pour p 2 N, p > 2, on peut définir le développement p-adique d’un réel positif x, en procédant comme
pour le développement décimal. On pose a0 = E(x), puis pour tout n 2 N, an+1 = E(pn+1 x)
pE(pn x). On voit que a0 2 N est en entier quelconque, puis, pour n > 1, que an 2 {0, ..., p 1}. On
montre comme pour p = 10 que la suite (an ) ne peut stationner à p 1.
On obtient alors une bijection entre R+ et l’ensemble

Ep = {(an ), a0 2 N, 8n > 1, an 2 {0, ..., p 1}, 8N 2 N, 9n > N, an 6= p 1}.


+1
X
Un nombre x 2 R+ est lié à son développement (an ) par la formule x = a0 + an p n
.
n=1
Un nombre p-adique est un nombre pour lequel la suite (an ) stationne à 0. Il s’écrit donc :
N
X
a0 + an p n . Un tel nombre (non nul) admet aussi un développement dit impropre, obtenu en
n=1
N
X1 +1
X
écrivant (on a décidé que aN 6= 0) : x = a0 + an p n
+ (aN 1)p N
+ (p 1)p n
.
n=1 n=N +1
2. Première présentation
On appelle T l’ensemble des nombres triadiques (ie p-adiques pour p = 3) de [0, 1[ dont le développement
ne comprend que des 0 ou des 2. On a donc
n
X 2uk
T = {x 2 [0, 1[, 9n 2 N, 9(u0 , ..., un ) 2 {0, 1}n+1 , x = }.
3k+1
k=0

On définit alors C1 comme l’adhérence de T ; c’est donc un compact, inclus dans [0, 1].
3. Deuxième présentation
Soit I = [a, b] un segment de R. On pose systématiquement I 0 = [a, a + b 3 a ], I 00 = [a + 2 b 3 a , b] (ce
sont le premier et le troisième tiers de I).
On définit alors une famille de segments par récurrence. On part de I = [0, 1], puis I0 = I 0 , I1 = I 00 .
On poursuit en prenant I0,0 = I00 , I1,0 = I10 , I0,1 = I000 , I1,1 = I100 .
Supposant défini, pour "1 , ..., "n des éléments de {0, 1}, l’intervalle I"1 ,...,"n , on pose I"1 ,...,"n ,0 =
I"0 1 ,...,"n , I"1 ,...,"n ,1 = I"001 ,...,"n . On a alors construit, pour toute liste ("1 , ..., "n ) d’éléments de {0, 1},
l’intervalle I"1 ,...,"n . S
On définit alors, pour n > 1, Fn = I"1 ,...,"n ; c’est la réunion de 2n segments disjoints.
"=("1 ,...,"n )2{0,1}n
Enfin, on définit C2 = \ Fn . C’est de nouveau un compact de [0, 1].
n>1
4. Les propriétés de l’ensemble de Cantor
n n
⇥X 2"i X 2"i 1⇤
On montre par récurrence que I"1 ,...,"n = , + n . On en déduit facilement que
1
3i
1
3 i 3
C1 = C2 . C’est là l’ensemble de Cantor C. Outre sa compacité, il présente deux caractéristiques
remarquables (entre autres...).
a. Il n’est pas dénombrable : il contient un ensemble équipotent à R lui-même.
Soit en e↵et E = {0, 1}N . D’une part, on peut construire une surjection de E sur [0, 1] : c’est
+1
X xn
f : E ! [0, 1], x = (xn )n2N 7 ! .
n=0
2n

D’autre part, on peut construire l’application suivante


+1
X 2xn
g : E ! [0, 1], x = (xn )n2N 7! .
n=0
3n
On voit que l’image de g est incluse dans C (en fait, elle lui est égale, mais nous n’en avons pas
besoin pour ce que nous montrons). De plus, g est injective. En e↵et, si x 6= y, prenons n minimal
+1
X
2 bi
pour lequel xn 6= yn . Pour fixer les idées, xn = 0, yn = 1. Alors g(y) g(x) = n+1 + ,
3 i=n+1
3i+1

avec 8i, |bi | 6 2. La somme est alors moindre que 3 (n+1) , donc g(y) g(x) > 3 (n+1) > 0.
b. Il est négligeable, ou encore de longueur nulle.
Pour définir correctement cette notion, voici une introduction, qui pourra être oubliée quand on
donnera, plus bas, la définition définitive.
On convient naturellement que la longueur d’un segment I = [a, b] est son diamètre (I) = b a. Il
est logique encore de dire que si des segments sont disjoints et en nombre fini, la longueur de leur
réunion est la somme de leurs longueurs. Convenons ensuite que si A ⇢ B, et si B a pour longueur
`, si A a une longueur, elle doit être inférieure à `. Disons maintenant que si des segments dont en
nombre fini, disjoints ou pas, la longueur de leur intersection est sûrement moindre que la somme
de leurs longueurs. Nous ne chercherons pas à définir ici vraiment ce qu’est la longueur, mais nous
nous limiterons à dire qu’une longueur est nulle si elle est arbitrairement petite. La définition correcte
oblige à tenir compte de la possibilité d’une suite infinie de segments, pour lesquels la longueur peut
être définie comme la somme d’une série.
On dit qu’une partie A de R est de longueur nulle lorsqu’a lieu la propriété suivante :
+1
X
8" > 0, 9(Ik )k2N , suite de segments de R, telle que A ⇢ [ Ik et (Ik ) 6 ".
k2N
k=0

Par exemple, tout ensemble dénombrable est de longueur nulle.


Pour l’ensemble de Cantor C, on observe qu’il est inclus dans Fn (notations ci-dessus), dont la
longueur est (2/3)n . Ainsi, C est de longueur nulle.

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