Marc St-Germain
LE CHANVRE INDUSTRIEL
OUTIL DE DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE RÉGIONAL
2
INTRODUCTION
Le chanvre industriel, cette plante à multiples usages et qualités qui est tombée dans l’oubli des
agriculteurs et de nos industries pendant de nombreuses années fait à nouveau surface. Cette dernière
peut être employée comme matière première et transformée dans de nombreux produits de
consommation de la vie courante. Versatile et facile à cultiver, le chanvre industriel est actuellement
sujet à de nombreuses recherches scientifiques de par le monde. Que ce soit dans l’industrie des pâtes à
papier, dans le textile ou le cordage et même dans l’industrie automobile et de la construction, le
chanvre industriel ne semble avoir aucune limite quant à la diversité de ses usages.
Parmi ses attributs on peut nommer les propriétés fortement positives comme substitut dans des
domaines aussi divers que la fabrication de bioplastiques, les huiles alimentaires et les mousses
isolantes. On retrouve même une utilité dans des secteurs aussi variés que les produits thérapeutiques et
la phytoremédiation des sols contaminés. La culture et l’emploi du chanvre semblent donc être un
incontournable du développement durable et du tournant vert pris par les personnes soucieuses d’un
avenir meilleur. S’agit-il vraiment d’une culture nouvelle ou bien l’écho d’un monde oublié?
Les traces de culture du chanvre remonteraient à très longtemps, dans ce document nous ferons
donc un bref historique de la culture de cette plante pour nous diriger par la suite sur ses composantes et
les multiples orientations commerciales qui s’offrent à chacune d’elle. Au niveau des différentes
avenues commerciales, nous exposerons plus en détail les applications possibles, les comparatifs de
coûts et l’impact environnemental dans le domaine du bioplastique, du papier et des matériaux de
construction. Pour terminer, nous explorerons les possibilités de la culture du chanvre industrielle au
Québec comme moteur économique régional en ciblant certaines régions spécifiques où il serait
avantageux d’introduire ce nouveau secteur de l’industrie.
Depuis 1998, le Canada autorise la culture du chanvre industriel sur son territoire. Malgré la
multitude de dérivés possibles issus des différentes composantes du chanvre industriel et les nombreux
bénéfices écologiques, le développement et la culture du chanvre industriel reste encore de nos jours une
activité très marginale au Canada. Seuls quelques agriculteurs ambitieux tentent l’aventure de cette
culture en dépit des contraintes imposées par la règlementation existante. Pourtant, lorsque nous
analysons les possibilités économiques qu’offre cette culture, leurs retombées potentielles semblent si
impressionnantes qu’il est légitime de se demander si personne ni avait pensé avant…
3
HISTOIRE DU CHANVRE
De façon étonnante, le chanvre semble avoir été oublié ou effacé de l’histoire de l’humanité
même si cette plante à fibre l’a accompagné tout au long de son évolution. On retrouve des traces de
l’utilisation du chanvre aussi loin qu’au tout début de la sédentarisation de l’homme. Il y a 8500 ans, la
culture du chanvre faisait déjà partie des habitudes agricoles en Chine1. On l’exploitait pour sa fibre utile
à la fabrication de textile, à sa pâte pouvant faire des papiers résistants, mais aussi pour les nombreuses
qualités alimentaires de ses graines dont on pouvait tirer de multiples substances riches en protéines et
acides gras essentiels.
La polyvalence des multiples applications et utilisations du chanvre ont permis à cette plante
d’être cultivé presque partout sur la planète au cours du développement de notre civilisation. De l’Asie
on l’a ensuite retrouvé en Égypte et par la suite en Europe. C’est à partir du continent européen qu’elle a
traversé l’Atlantique sous la forme de voile et de cordage des goélettes de nos premiers colons. La
période comprise entre le XVI et le XVIIIe siècle sera importante dans le développement de la culture
du chanvre pour l’ensemble des continents nord-américain et européen.
En 1776, la déclaration de l’indépendance des États-Unis fut écrite sur papier de chanvre et pour
cette occasion il n’y avait rien d’extraordinaire à cela! L’idée de fabriquer du papier à partir de la fibre
de bois n’est apparue qu’en 1847 d’un tisserand allemand, et à cette époque on le prit pour un fou
tellement il était normal d’utiliser le chanvre pour cet emploi2…
Au cours du temps, le chanvre a fini par rencontrer de solides adversaires qui utilisèrent de
nombreux moyens pour le mettre hors de nuire à cause de l’apparition de nouveaux compétiteurs dans
l’arène commerciale. Durant le début de l’industrialisation, l’idée de développer des marchés lucratifs
commença peu à peu à voir le jour. L’exploration pétrolière était à ses débuts, et déjà on entrevoyait les
multiples possibilités lucratives de ses dérivés. Une seule ombre au tableau de cet avenir prometteur…
Le chanvre! Car tout ce qu’on peut faire avec le pétrole on peut le faire avec le chanvre même du
combustible de propulsion à partir de sa biomasse3.
4
De jeunes industriels tels que Dupont, GM et certains de l’industrie du coton ont donc mis sur
pied une campagne de dénigrement anti-chanvre pour forcer le gouvernement à rendre illégale sa culture
en sol américain (Marihuana Tax Act de 1938)4. Malheureusement pour ces derniers, la 2e guerre
mondiale éclatât et les besoins en fibre de toute sorte firent en sorte qu’on obligea les agriculteurs de
certains états américains à faire pousser du chanvre sous peine d’amende! On fit même une propagande
à l’échelle du pays pour encourager la culture de cette plante pour subvenir à l’effort de guerre (Hemp
for victory, 1942) 5.
La fin de la 2e guerre mondiale eut cependant raison de cette dernière percée du chanvre, car on
règlementa sa culture presque immédiatement après dans l’ensemble des pays industrialisés sauf pour la
France et l’URSS. L’industrialisation aura donc un effet d’aléa moral sur la façon dont on traitera de
l’avenir du chanvre. Même si la culture du chanvre n’est toujours pas légale en sol américain, le Canada
a quant à lui, pris une initiative de dérèglementation en 19986.
Depuis cette date, l’industrie canadienne du chanvre a connu bien des hauts et des bas indiquant
que la réintroduction de cette filière dans l’économie existante devra se faire avec circonspection et bon
sens. Le Canada a donc défini légalement ce qu’est le chanvre industriel notamment au niveau du
pourcentage de la concentration acceptable de substance psychotrope (THC) ne devant pas dépasser
0,3% et établi certains critères de bases pour permettre sa culture et sa commercialisation.
5
LA CULTURE DU CHANVRE AU CANADA
Même si depuis 1998 on peut faire pousser du chanvre au Canada, il n’en demeure pas moins que
sa culture est règlementée. En premier lieu, il est préférable avant toute chose d’obtenir le formulaire
suivant publié par Santé Canada : Document d’orientation concernant le Règlement sur le chanvre
industriel. Ce document contient l’ensemble des informations nécessaires à l’obtention d’une licence
pour la culture du chanvre industriel au Canada et des différentes exigences contenues dans le
Règlement sur le chanvre industriel. Parmi les multiples exigences émises par ce règlement, en voici les
principales ; être résident canadien, être âgé de 18 ans ou plus, fournir un document émis par un corps
de police canadien attestant l’absence d’un casier judiciaire relatif à la loi sur les drogues depuis les 10
dernières années, consacrer une superficie minimale de 4 hectares dans le cas de culture de grains
viables (comestibles) ou de l’extraction de fibre, semer des cultivars approuvés pour la région où la
licence sera émise, transmettre les coordonnées GPS au Bureau des substances contrôlées de Santé
Canada pour les lieux de culture du chanvre industriel7.
Lorsque dans le projet l’ensemble des exigences émises par le règlement sont rencontrées, on
doit faire la demande au Bureau des substances contrôlées de Santé Canada et ce seront eux qui
émettront la licence. Il ne faut cependant pas oublier le fait que dans ce règlement, il est fait mention
qu’on ne peut semer que des cultivars approuvés pour la région où la licence sera émise. Cela veut donc
dire qu’on doit obligatoirement se procurer des semences chez un fournisseur accrédité du Bureau des
substances contrôlées de Santé Canada. Pour faciliter la tâche des nouveaux venus dans ce secteur, cet
organisme fourni chaque année la liste des individus possédants une licence et grâce à laquelle on peut
retrouver rapidement des sélectionneurs de semences connaissant quel cultivar seront adaptés à la région
concernée.
Afin de faciliter davantage l’intégration de nouveaux venus autant au niveau de la culture que de
la transformation du chanvre industriel au Canada, d’autres organismes ont vu le jour. Il s’agit des
associations commerciales du chanvre industriel. Elles existent autant au niveau fédéral qu’au niveau
provincial exception faite du Québec et des provinces maritimes. L’adhésion à ces organismes ce fait sur
une base volontaire au coût d’une centaine de dollars par année et leurs membres sont invités à
participer aux différents événements et activités organisés tout au long de l’année à travers le pays afin
d’encourager la croissance et le développement de l’industrie.
6
LES PRINCIPALES COMPOSANTES DU PLANT DE CHANVRE
Dans cette section, nous élaborerons sur les composantes du plant de chanvre en citant quelques
applications commerciales. Suite à cela nous regarderons l’utilisation du chanvre dans la fabrication de
bioplastique pour l’industrie automobile, la production de pâtes à papier, et finalement nous regarderons
les dérivés et les utilisations du chanvre dans les matériaux de construction.
Le chanvre fait partie de la famille des urticacées au même titre que le houblon et la ramie. Parmi
les végétaux que l’ont transforme pour la fibre, le chanvre compte plusieurs concurrents tels que: le lin,
la jute, le kénaf, les fibres de coton et de bois pour n’en nommer que quelques un1. Ce qui différencie le
chanvre est le fait que le plant entier peut être utilisé à des fins commerciales. C’est en coupant les plants
de chanvre en longueur de 20cm à 40 cm, puis en martelant ceux-ci que nous obtiendrons les
composantes principales du chanvre, soit : la fibre de chanvre, la chènevotte et de la poudre de chanvre2.
LA FIBRE
La fibre ou la filasse est obtenue à partir de l’écorce de la tige. La fibre représente de 30% à 35%
de la masse de la tige3. Les utilités de la fibre de chanvre sont très variées, nous pouvons produire des
textiles, des filages, des papiers, des matériaux de construction voir même des bioplastiques résistants
en y mélangeant des polymères secs. Parmi les applications, celle de la fibre non tissée est très
intéressante. Nous pouvons ajouter des polymères secs au moment de leur fabrication pour ensuite les
chauffer et les presser, produisant ainsi des produits tels que des intérieurs de portière d’automobile, ou
des tapis de sol. Une autre utilisation intéressante pour la fibre est la production de géotextile et
l’incorporation de graines dans celui-ci. Créant ainsi un tapis végétal entièrement biodégradable4.
LA CHÈNEVOTTE
La fibre que l’on obtient du cœur de la tige est appelée la chènevotte, celle-ci représente de 65%
à 70% du poids total de la tige. La fibre obtenue est trop courte pour être utilisé à des fins de filasse5.
Une des caractéristiques physiques de la chènevotte est sa capacité d’absorbance. Le chanvre à une
capacité de rétention d’humidité deux fois plus élevée que la paille ou le bois6 soit 1 kg absorbe 3.74
litres d’eau, rendant ainsi la chènevotte idéale pour les litières d’animaux. Nous retrouvons cette
composante dans des produits de construction telle que isolation, des panneaux d’aggloméré et des
briques de chanvres pour nommer quelques-unes des applications possibles7.
7
LE CHÈNEVIS
Le chènevis ou la graine de chanvre (figure 1) est utilisé à des fins d’alimentation pour les
animaux, l’Europe et la Chine produisent 10 000 tonnes par ans à cette fin8. En pressant le chènevis nous
fabriquons des huiles alimentaires destinées à la consommation humaine. Comparativement à d’autres
huiles fabriquées à base végétale, l’huile de chanvre est très riche en oméga 3 et oméga 6, ce qui lui
confère des propriétés nutritionnelles très bénéfiques pour la santé9. En dernier lieu, l’huile de chènevis
sera utilisée dans la fabrication de produits pour les soins corporels tels que du savon, des huiles
essentielles et des cosmétiques10.
LA POUDRE
La dernière composante du plant de chanvre est le résidu du procédé de pressage. Une des
propriétés physiques de la poudre est sa haute teneur en carbone, soit 94g/kg la rendant ainsi une
excellente source de combustible. Elle peut utilisée en forme de granule ou pressée en forme de
briquette. En se décomposant, la poudre de chanvre produit de l’humus stable. La poudre de chanvre a
un potentiel d’humus très élevé soit 343 kg/tonne, ceci fait en sorte qu’elle est un très bon fertilisant11.
8
QUELQUES APPLICATIONS COMMERCIALES
Selon Alan Crosky professeur à L’école « The School of Material Science and engineering in
the University of New South Wales » l’utilisation de bicomposés à base de chanvre améliore la
performance des voitures en changeant le ratio entre le poids et la force nécessaire pour mouvoir un
véhicule, de plus il note que la fabrication de ce bicomposé est beaucoup moins énergivore et beaucoup
plus économique que la fabrication de matériel tel que l’acier12.
La Kestrel est une voiture électrique compacte pouvant accommoder 4 passagers, elle peut
atteindre 100 km/h en 7 secondes et a une autonomie de 160 km. La Kestrel de Motive Industries n’est
pas de la fiction, mais un projet canadien qui verra le jour en 2012. La particularité de cette voiture est
que la carrosserie est fabriquée à base de bicomposé de chanvre13. La fabrication de pièces automobiles
ou de la carrosserie à partir de bicomposé de chanvre n’est pas nouvelle, la revue Popular Mechanics
écrit un article en 1941 sur le prototype que Henry Ford développa, non seulement la carrosserie était
faite à base de chanvre, mais les pare-chocs et les vitres14.
Parmi les avantages de la fabrication du bicomposé de chanvre, notons qu’il est moins
dispendieux que celle de la fibre de verre et offre une résistance supérieure aux impacts 15. Selon une
étude de Christophe Baley (Fibres naturelles de renfort pour matériaux composites 2004. REF AM 5130.
Techniques de l’ingénieur) qui compare entre autres la résistance des matériaux faits à base de fibres
végétales tels que le lin, la ramie, la jute et le sisal, les matériaux à base de fibre de chanvre ont
démontré des résultats supérieurs parmi les fibres végétales étudiées.
TABLEAU I
COMPARAISON DE BICOMPOSÉ DE POLYPROPYLÈNE COMPOSÉ DE 30% DE FIBRES
9
Dans cette même étude, l’auteur compare les coûts reliés à la fabrication de polypropylène
constitué à 30% soit de fibre de verre, de fibre de carbone ou de fibre de chanvre. Le chanvre est de loin
plus économique16. Dernièrement, on estime qu’il y a de 10 à 11 millions de voitures par année qui sont
mises au rencart seulement aux États-Unis. Imaginez la quantité de plastique, de vitre, de styrofoam et
autres isolants que ceci représente17. L’utilisation du chanvre dans les composantes automobiles est un
avantage notoire, car il est facilement réutilisable et/ou biodégradable.
Nous ne pouvons pas discuter de l’utilisation du chanvre dans l’industrie automobile sans
mentionner l’utilisation de fibres naturelles dans le procédé de fabrication des plastiques. Le principal
avantage de la technique qui substitut les matériaux traditionnels de la plasturgie à des matériaux
d’origine végétale tels que le chanvre, la jute et le lin est définitivement la trace écologique. Non
seulement il limite la quantité de matière première d’origine fossile, mais la production de chanvre à un
bilan énergétique beaucoup moins nuisible sur l’environnement18.
TABLEAU II
COMPARAISON DU BILAN ÉNERGÉTIQUE DANS LA PRODUCTION D’UN KILOGRAMME
DE FIBRE DE CHANVRE ET DE FIBRE DE VERRE
Fibre de Chanvre Fibre de Verre
Consommation énergétique 3.4 Mj 48.3 Mj
Émission de CO2 0.64 kg 20.4 kg
Émission de SOx 1.2 g 8.8 g
Émission de NOx 0.95g 2.9 kg
DBO (demande biochimique en oxygène) 0.265 mg 1.75 mg
DCO (demande chimique en oxygène) 3.23 g 0.02 g
Données tirées de : Le chanvre industriel, Collectif Pierre Bolduc page 317.
La fibre de Chanvre a une faible densité qui lui confère un poids léger, la teneur en cellulose
élevée et son angle micro fibrillaire bas lui confère des propriétés de rigidité, de résistance et d’élasticité.
10
Ces propriétés physiques font en sortes que la fibre de chanvre est un bon substitut à des fibres de verre
et de carbone dans la fabrication de plastique thermodurcissable20.
Le marché mondial des renforts de plastique à base de fibres végétales représentait 2 millions de
tonnes de fibres en 2006. Il y a de nombreuses applications commerciales que les plastiques
thermodurcissables formés à partir de polymère et de fibre de chanvre offrent. Cependant, le marché se
développe principalement autour de la fabrication des pièces automobiles, soit 113 kg par véhicule en
Amérique du Nord et 30 kg des composantes automobiles en Europe21.
Selon le site de la papetière Cascade nous sauvons 17 arbres par tonnes de papier en achetant le
papier d’éditions 100% post-consommation ENVIRO 10022. En 2008, le Québec a produit 2 558 000
tonnes de papiers à des fins d’éditions ou d’écriture23. Suivant le calcul mentionné plus haut, nous
utilisons l’équivalent de 150 470 arbres annuellement à des fins de production de papier d’écriture et
d’éditions, ceci n’inclut pas le papier journal, les cartons et autres produits papetiers. Rapportons ces
chiffres à une image plus facile à imaginer, soit un terrain de football ; 401 arbres occupent l’espace
équivalent d’un terrain de football soit 5553 m2, 150 470 arbres représentent donc 375 terrains de
footballs 2 008 651 m2. Cette image très quantitative, démontre la rapidité à laquelle nous exploitons nos
forêts, une ressource qui met beaucoup de temps à se renouveler.
La production annuelle d’un hectare de chanvre soit 10 000 M2 a un rendement supérieur à celle
d’un hectare d’arbre, ceci est une simple comparaison qui ne prend pas en considération l’aspect
temporel de la culture d’un hectare de forêt qui prend plusieurs années à être mature et donc utilisable à
des fins commercial24. À titre comparatif, la période de croissance à maturité du chanvre est de 90 à 150
jours25.
Les forêts ne seraient-elles pas mieux utilisées pour la production de matériaux de construction
au lieu de la fabrication de papier? Par exemple lorsque nous comparons les procédés de blanchiment
de la fibre de chanvre à celle de la fibre de bois, nous constatons qu’il est plus facile de blanchir la fibre
du chanvre, car cette dernière est naturellement plus blanche. Nous pouvons ainsi utiliser du peroxyde
d’hydrogène pour substituer les agents blanchissants traditionnels tels que les dioxines, les acides, le
chlore et le soufre. Nous pouvons ainsi constater que l’impact environnemental du blanchiment de la
fibre de chanvre est moins important que celui de la fibre de bois26.
11
Il n’y a que quelques papetières dans le monde qui produisent des papiers avec une pulpe à base
de chanvre ou avec un mélange de chanvre. Parmi les types de papiers fabriqués, le papier destiné à
l’industrie de la cigarette, d’autres seront destinés à la fabrication de filtre à café, sachet à thé, papier
isolant et imperméable, etc. Le papier à base de fibre végétale tel que le chanvre, le lin, le coton ne
comptait que pour 5% de la production mondiale du papier en 1998. Soit 120 000 tonnes par années sur
une production annuelle de 180 millions de tonnes27.
Les qualités physiques des papiers de chanvres sont intéressantes, puisque la fibre de chanvre
(figure 2) est en moyenne de 10 mm à 20 mm de long ceci fait en sorte que les papiers faits à partir de
la pulpe de chanvre sont très résistants et se prêtent mieux à de multiples recyclages. D’autres attributs
sont leurs résistances à l’humidité, leur capacité de conservation qui est supérieure à des papiers
fabriqués à partir de pulpe de bois que les papiers à base de chanvre ne jaunissent pas28,29. Parmi les
propriétés physiques, plusieurs d’entre elles sont recherchées dans la conservation et l’archivage de
documents en raison de leur durabilité!
12
L’UTILISATION DU CHANVRE DANS LA CONSTRUCTION
Les composantes du chanvre utiles à des fins de matériaux de construction sont les fibres et la
chènevotte. Ses propriétés physiques telles que sa résistance, son élasticité, sa porosité et sa perméabilité
permettent l’utilisation de la fibre de chanvre dans la confection de laines isolantes.
La confection de laine à base de fibre de chanvre consiste à faire un mélange homogène avec un
matériel qui servira de liant. Ce mélange de chanvre et polyester sera ensuite chauffé et pressé entre des
rouleaux. La chaleur permettra aux fibres de polyester de former une coquille extérieure qui
emprisonnera les fibres de chanvre à l’intérieur. Les fibres de l’intérieur n’étant pas thermo liées se
retrouvent libres et séparées pas des canaux d’air. La qualité isolante des laines synthétiques comme des
laines à base de chanvre repose sur la caractéristique que l’air a un indice de conductivité thermique très
bas.
De plus le fait que la fibre de chanvre est très poreuse et absorbe l’eau facilement ceci lui confère
des avantages de rétention thermiques par rapport aux fibres de nature synthétique. La dernière propriété
mécanique importante pour la laine d’isolation est la capacité de garder sa structure, car une laine
écrasée perdra son ratio air/épaisseur nécessaire aux propriétés isolantes. La fibre de chanvre résiste de
très bien avec son élasticité sa résistance et sa capacité de revenir à son état initial après manipulation et
compaction30.
Les coûts reliés à la construction de murs en béton de chanvres restent encore assez dispendieux
comparativement à des murs en béton isolés avec du polystyrène. Il faut non seulement inclure le prix du
béton de chanvre, mais il faut aussi ajouter le prix d’un enduit protecteur à la chaux et le coût de la
structure de support en bois31.
13
TABLEAU III
Comparaison des coûts des matériaux de construction d’un mur de béton
Béton de chanvre ($/pi2) 11.00$ pi2 en autoconstruction
Enduit de chaud ($/pi2) 7.00$ à 8.00$ pi2 en autoconstruction
Béton traditionnel avec polystyrène 7.00$ pi2 en autoconstruction
Données tirées de : Écologis32
De plus, les avantages écologiques que la culture de chanvre offre sont non-négligeables, captage
de CO2, biorémédiation des sols contaminés, croissance dans des zones faibles en azote et en eaux font
en sorte que la culture de la plante peut être adaptée aux régions du Québec. Ceci dit nous analyserons
dans la prochaine section la culture et le développement de l’industrie du chanvre au Québec comme
agent de développement économique.
14
TABLEAU IV
Les applications connues de chanvre industriel
15
PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
DU CHANVRE INDUSTRIEL AU QUÉBEC
Les pages précédentes nous ont démontré les multiples avantages de la production de chanvre
industriel en sol québécois, il s’agit maintenant de lui trouver sa place dans l’économie existante. Pour
ce faire, on peut analyser l’état économique des différentes régions administratives du Québec, 17 en
tout, et regarder lesquelles d’entre elles seraient susceptibles d’intégrer efficacement cette nouvelle
industrie.
Quelques critères de base seront utilisés afin de nous aider à cibler les régions les plus aptes au
développement d’une nouvelle économie dont; son potentiel agricole, ses ressources humaines
disponibles, l’état de son économie actuel et sa capacité industrielle. Ces critères seront des outils
indispensables pour une analyse efficace des perspectives d’intégration et de développement
économique de ce nouveau secteur d’activité, car même s’il peut être avantageux de cultiver du chanvre
dans Lanaudière par exemple, cela ne l’est peut-être pas autant dans le Nord-du-Québec.
L’implantation d’une nouvelle industrie doit se faire là où elle serait la bienvenue et où chacun y
trouverait son compte. Une région avec une faible diversité économique et au taux de chômage élevé
sera aussi de bons indices facilitant l’orientation de notre recherche. Il faut également prendre en
considération les économies existantes des régions pour ne pas nuire à des secteurs sensibles pouvant
être facilement fragilisés par l’arrivée d’un compétiteur (foresterie, pâtes et papier, etc.). Ceci pouvant
causer de l’insécurité parmi les industries existantes et nuire à l’image du nouveau venu.
Pour cette raison, il serait important à ce moment non pas d’implanter l’industrie du chanvre dans
une économie régionale, mais plutôt de l’intégrer progressivement dans les secteurs existants en
encourageant la collaboration et l’échange avec les autres industries. Ces dernières verront à ce moment
non plus une menace à leur rentabilité, mais un nouveau potentiel de développement économique par la
diversification de ses activités.
16
ÉTAT ÉCONOMIQUE DE RÉGIONS CIBLES DU QUÉBEC
Il s’agit d’un tableau général de l’activité économique de certaines régions du Québec ayant subi
des répercussions économiques négatives causées par la fermeture d’industries et/ou le ralentissement
d’activité liée à un secteur précis (foresterie, tourisme, pâtes et papier, etc.) et dont les critères de bases
mentionnés plus haut peuvent s’appliquer. Pour cette section spécifique, nous utiliserons les données
provenant d’une étude récente faite par l’Institut de la statistique du Québec, Panorama des régions du
Québec, Édition 2010 à partir de laquelle nous pourrons envisager l’intégration graduelle du chanvre
industriel comme nouveau secteur d’activité économique dans une région cible.
L’indicateur principal de l’état économique d’une région est basé sur la valeur monétaire totale
de l’ensemble des produits issus des biens et des services généré par cette région au cours d’une période
de temps donnée33. On nomme cet indicateur Produit intérieur brut ou PIB et il peut être divisé selon un
territoire donné; pays, province, MRC ou par secteurs d’activités économiques. On peut pour plus de
précisions, diviser ces derniers en catégories générales (biens et les services) ou spécifiques (foresterie,
pâtes et papier, mines, etc.).
En 2007, le Québec dans son ensemble affichait une croissance économique de 5,8%. Les
secteurs de l’extraction minière et de la construction ont contribué fortement à cette augmentation.
Pourtant, durant cette même année, d’autres secteurs ont connu un recul, notamment la foresterie avec
une diminution de 10,7% de ces activités. La Mauricie, les Laurentides et le Bas-St-Laurent figure parmi
les régions le plus touchées avec un recul de leurs activités forestières de 17,6%, 14,1% et de 14,8%
respectivement34.
Un des réflexes naturels au Québec lorsque l’on est sans emploi est de s’installer à Montréal en
espérant y trouver rapidement un emploi bien payé. Malheureusement, en dépit des multiples
17
possibilités d’embauche, ces dernières ne sont pas infinies et peuvent même parfois être convoités par
plus d’un. Ceci expliquerait le fait que pour 2007-2008 parmi les 17 régions administratives du Québec,
la région montréalaise figurait au 2e rang du taux de chômage avec 11,1% (la moyenne québécoise étant
de 8,5%) 35! La redynamisation des régions en plus d’être bénéfique pour celles-ci pourrait donc avoir
un impact positif indirect sur le taux de chômage de notre métropole.
Des efforts considérables sont faits actuellement pour sortir l’industrie forestière québécoise de
cette crise qui semble sans issue. Certains lobbys se servent même d’arguments écologiques tels que le
stockage de carbone pour encourager la consommation de produits forestiers. Une façon bien maladroite
de changer la perception des gens face à cette industrie! Car oui, nos forêts lors de la photosynthèse
captent de grandes quantités de CO2, mais une fois les arbres coupés, ce processus est arrêté…
Et l’argument voulant que le reboisement suffise à remplacer ce qui a été récolté ne tient pas
davantage la route. Les tiges nouvellement plantées ayant un volume plusieurs centaines de fois
inférieur à leurs prédécesseurs, le captage de CO2 est négligeable lors des premières années suivant la
plantation. Il ne s’agit pas de refaire un nouveau procès à cette industrie déjà en mal de popularité, mais
de remettre les pendules à l’heure sur leurs méthodes de lobbyismes peu orthodoxe.
La solution pouvant aider l’industrie forestière pour sortir de cette crise ne tient peut-être pas
dans l’augmentation de volume de bois récolté, mais plutôt dans une diversification de ses activités.
Plusieurs produits de construction ont été faits démontrant que les fibres du chanvre industriel ont des
propriétés pouvant égaler et même surpasser celle du bois. Cette constatation n’est pas pour plaire aux
producteurs forestiers qui devraient au lieu de l’éviter, l’utiliser à leur avantage. Il est bien évident qu’au
départ, ce sont des agriculteurs qui démarrent la production de chanvre, car ce sont eux qui ont la
machinerie et les ressources nécessaires. Toutefois, pour faciliter l’exploitation de cette culture nouvelle,
il serait avantageux pour les agriculteurs de s’associer avec une coopérative forestière.
Plusieurs contraintes inhérentes à la culture du chanvre étant normalement absentes dans les
cultures traditionnelles (marquage des lots au GPS, nécessité de faire des parcelles, envoi d’échantillon
dans des laboratoires accrédités, etc.) sont perçues par les agriculteurs comme des obstacles
18
insurmontables alors qu’ils font partie des tâches quotidiennes des travailleurs forestiers. Ces derniers
ayant l’expérience et les outils nécessaires pour effectuer le travail seraient des alliés utiles tout au long
du processus de culture et même par la suite. Car après la récolte l’agriculteur ne souhaite qu’une seule
chose, la vendre rapidement et au meilleur prix possible.
Quant aux acteurs de la transformation de produits forestiers, ils souhaitent obtenir de la matière
première en qualité et en quantité suffisante pour assurer la demande. C’est justement la diminution de
cette demande des produits transformés (bois d’œuvre, contreplaqué, panneaux de particules, etc.) qui
affecte le rendement de l’industrie forestière. Le bois n’ayant plus la « cote », une nouvelle tendance
s’installe et requiert des matériaux plus « sains ». Au lieu de nier les faits, l’industrie forestière aurait
tout avantage à prendre la balle au bond et étudier cette nouvelle perspective du marché des matériaux
de construction à base de chanvre.
Déjà quelques timides initiatives artisanales sont en cours dans le domaine au Québec, mais les
infrastructures nécessaires et le manque de ressource financière rendent difficiles leurs exploitations à
une échelle commerciale. Ces obstacles en apparence insurmontable pour une firme en démarrage, l’est
beaucoup moins pour des firmes établies telles que les compagnies de transformations de produits
forestiers. Ces dernières n’ayant qu’à rediriger un léger pourcentage de leur recette dans l’étude des
marchés potentiels et de la commercialisation de matériaux à base de chanvre. Puis, après avoir ciblé un
marché précis, ils vérifient les coûts relatifs à l’adaptation des installations nécessaires à la
transformation des matières premières en produits transformés. Loin d’être farfelue, cette idée a déjà
cours en Californie où une compagnie offre désormais des panneaux de particules de chanvre (figure 3)
pouvant être employés dans la construction d’habitation ou dans la fabrication de meubles en insistant
sur le côté environnemental du produit36.
19
Figure 3 : Panneaux de particules de chanvre
Source : http://www.hemptraders.com/index.php?cPath=30
Les études techniques de ce nouveau produit avaient été faites par le Washington State University
Wood Materials and Engineering Laboratory, laquelle est directement liée avec les compagnies
forestières de la région. Outre les qualités écologiques du produit, les études on fait ressortir les
surprenantes propriétés élastiques des panneaux de chanvre, leur solidité, leur légèreté ainsi que leur
résistance à la moisissure et aux termites.
Différents fournisseurs de matériaux de construction américains tels que C&S Specialty Builder’s
Supply Inc. dans l’Orégon et Hemptraders en Californie ont fait une promotion efficace du produit. Déjà
en 1991, avec des ventes dépassant le milliard de dollars, l’industrie des panneaux composite
représentait le secteur où la croissance fut la plus rapide parmi l’ensemble des produits forestiers des
État-Unis37. Cette diversification fut donc un très bon coup de l’industrie forestière américaine. L’ironie,
est que le chanvre étant toujours interdit de culture aux États-Unis on doit importer la matière première
du Canada…
20
Une nouvelle ressource pour les papetières du Québec
Malgré des ressources abondantes en matière première, notre industrie papetière est actuellement
dans une crise où elle semble s’enliser davantage chaque année. En 2007, la Mauricie a connu un recul
de 36,2% de sa production de papier. Cette situation est somme toute assez dramatique, car ce secteur de
l’industrie figure parmi les bases économiques de cette région qui pour la même année, a subi également
une baisse de 17,6% de ses activités forestières38. Or, comme on l’a vu précédemment, le dynamisme
des régions ayant une faible diversité économique est très fragile. La solution à ce problème toutefois
n’est pas de subventionner davantage des industries boiteuses, mais de voir à ce que ces mêmes
industries s’adaptent aux changements dictés par les nouveaux marchés.
Des pays industrialisés comme la Hongrie, la Suisse, France et l’Allemagne ont compris cette
situation et encouragent et financent largement de telles initiatives. L’Union européenne a, depuis 1982,
investi plus de 50 millions d’euros dans divers programmes de développement du chanvre industriel. Et
en 1998, cette dernière a mise en place un support économique visant à améliorer la qualité de la fibre de
chanvre dans le but d’en faire de la pâte à papier et des textiles39.
Même si les forêts canadiennes fournissent suffisamment de matière première pour la fabrication
de papier, il serait sûrement plus avantageux d’utiliser cette ressource dans des secteurs plus profitables
et durables. En regardant les chiffres actuels de la production de papier au Québec, on apprend que 13 %
est fabriqué à partir d’arbres sains et le reste, 87% à partir des résidus de scierie et du recyclage40.
Des 7,35 millions de tonnes de papier produit au Québec en 2007, près d’un million provient
d’arbres sains41. Il y aurait donc une possibilité de reconvertir une partie des installations des usines de
pâtes et papier pour accueillir et traiter la fibre de chanvre. Cette conversion peut se faire graduellement
jusqu’à combler la tranche de 13% normalement attribué aux arbres coupés en vue d’en faire du papier.
Le ralentissement actuel dans le secteur des pâtes et papier est probablement le meilleur moment
pour agir, car cette conversion, en plus de créer des emplois, servira à moderniser des installations déjà
désuètes. L’âge moyen des machines à fabriquer du papier tous types confondus au Québec était de 27
ans en 200642. Le secteur des pâtes et papiers pourrait ainsi devenir un des fers de lance pour
l’intégration du chanvre industriel dans l’économie de certaines régions du Québec en créant un nouveau
marché tout en redynamisant ces dernières de façon plus durable.
21
Quelques entreprises du chanvre au Québec et leurs produits
Il existe présentement au Québec quelques entreprises orientées dans le marché des produits à
base de chanvre industriel. Parmi ceux-ci, nous avons Artcan (http://maisonenchanvre.com/) qui se
spécialise dans les enduits et le béton de chanvre et Gobloc (http://www.gobloc.com/indexfr.html) qui
lui, produit des blocs en béton de chanvre. Ensuite il y a Oléotek (http://www.oleotek.com/transfert-
technologies/index.cfm) qui fait de la recherche et du développement au niveau des huiles industrielles
telles que les fluides mécaniques, les adhésifs et les peintures toujours à base de chanvre.
Les cosmétiques et produits de soins corporels font partie des autres produits pouvant être tirés
de l’huile de chanvre et c’est ce que fait l’entreprise La feuille verte
(http://www.lafeuilleverte.ca/fr/index.shtml). Pour ce qui est de la production du chanvre alimentaire, il
y a plusieurs entreprises dont voici les principales; Mékinac Nature (http://www.mekinacnature.com/),
se spécialise dans la transformation des grains viables en huiles et farines comestibles, Aliments Trigone
Inc. (http://www.alimentstrigone.com/produits.html) fait la vente et la distribution de grains ainsi que du
beurre de chanvre.
En 2010 il y avait 25 entités différentes ayant obtenu une licence au Québec pour la vente, la
production et/ou la distribution de produits de chanvre43. Parmi ceux-ci, quatre se spécialisent dans la
production de semences pour fournir les besoins actuels des chanvriculteurs québécois. Mais dans
l’ensemble des entreprises et des entités travaillant présentement au développement du chanvre
industriel au Québec, nous en avons un groupe constitué d’anciens cultivateurs de tabacs et ayant formé
Lanaupôle fibres inc (http://www.lanaupole.com/). Cette entreprise s’est démarquée au cours des
dernières années par sa persévérance, son leadership et ses différentes initiatives pour faire connaître les
avantages économiques et écologiques du chanvre.
Les dirigeants de cette entreprise ont su jusqu’à présent, remplir une bonne partie des multiples
engagements qu’ils s’étaient donnés lors de leur association44 en 2005, à savoir;
22
Parmi les multiples actions que cette entreprise a faites depuis ses débuts pour faire connaître et
encourager le développement de l’industrie du chanvre, nous pouvons mentionner Le colloque régional
sur le chanvre industriel (figure 4) donné dans Lanaudière le 27 août 2009. Les résultats de cette
initiative où durant toute une journée, divers acteurs du milieu pouvaient partager leur expertise dans le
domaine furent très positifs et appréciés autant des conférenciers que des nombreux participants. Il est
donc probable que l’événement se produira sur une base récurrente annuelle si l’on en juge par sa
popularité.
Au niveau de leurs engagements, les membres de Lanaupôle fibres ont donc avec cet événement,
rencontrés les quatre exigences qu’ils s’étaient mises au départ en 2005. Loin de s’arrêter là, les
dirigeants projettent également de monter une usine-école de transformation de fibre de chanvre où en
plus de la traiter à moindre coût, on formerait une relève compétente dans le domaine. Aux dernières
nouvelles (avril 2011), ces derniers attendaient d’Europe l’équipement nécessaire pour démarrer
l’installation. Il s’agirait d’une première au Québec et le projet ne coûterait que 1,5 million de dollars au
lieu des 10 à 15 millions pour l’installation d’une usine complète de défibrage.
Lanaupôle fibres est donc un bon exemple pour ce qui est de la réorientation d’une industrie
régionale en déclin vers l’intégration progressive d’une nouvelle. La réussite de leurs initiatives tient
autant à la détermination et à la persévérance de dirigeants de l’entreprise qu’à l’implication des divers
organismes régionaux et provinciaux. L’avenir économique du Québec avec une industrie du chanvre
intégré et dynamique peut être envisagé si les différents paliers gouvernementaux et régionaux
s’impliquent sérieusement, et ce, autant financièrement qu’administrativement.
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Figure 4. Colloque régional sur le chanvre industriel, Lanaupôle fibres
Source : http://www.sadc-autray.qc.ca/upload/File/Programme_Colloque_Lanaupole.pdf
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CONCLUSION
Bien qu’en apparence l’avenir de l’industrie du chanvre au Québec semble prometteur, il ne faut
pas oublier les nombreuses initiatives dans le domaine qui n’ont pas pu poursuivre leurs activités
suffisamment longtemps pour réussir à s’implanter et à s’intégrer dans le marché existant. Et pour que
ce nouveau secteur qu’est l’industrie du chanvre s’intègre dans le marché actuel, il faut à coup sûr
étudier ce dernier de façon globale en tenant compte des multiples facteurs régionaux et nationaux
pouvant être impliqués dans le processus.
Une analyse avantage/coût serait sûrement l’outil idéal pour modéliser efficacement les
implications d’une telle entreprise et ses impacts possibles sur l’économie existante. Pour que les
multiples facettes d’un projet de cette envergure puissent être prises en considération, il sera donc
important avant toute chose qu’une entité soit nommée à cet effet avec les budgets nécessaires pour
mener à bien cette tâche colossale.
Cet état de fait ne peut être négligé, car c’est par lui que tient la solution de l’intégration de cette
industrie. Il est évident que le Québec a un potentiel agricole suffisant pour accueillir un nouveau
secteur. À ce propos pour l’année 2006, parmi les 3500 hectares de superficie agricole exploitable au
Québec, moins de 2000 hectares étaient en culture. Ce qui signifie que plus du tiers des terres agricoles
du Québec n’ont produit aucun revenu alors qu’elles étaient disponibles45.
25
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
4. http://www.hort.purdue.edu/newcrop/ncnu02/v5-284.html
5. http://www.youtube.com/watch?v=W0xHCkOnn-A
6. Gouvernement du Canada, Règlement sur le chanvre industriel, Publié par le Ministère de la justice
du Canada, 2010.
7. Gouvernement du Canada, Règlement sur le chanvre industriel, Publié par le Ministère de la justice
du Canada, 2010.
26
8. Ibid., pages 284,285
9. Le chanvre industriel au Québec : Un Guide de production, Patrick GIROUARD et al,
Ressource Efficient Agricultural Production Canada, 1999. Consulté en ligne le 25 mars 2011 à 18 :30
pm URL : http://www.reap-canada.com/online_library/agri_fibres_forestry/4%20Le%20Chanvre.pdf
10. Pierre BOULOC et al. Le chanvre industriel-production et utilisation, Éditions France agricole,
2006, pages 284, 285.
11. Ibid., pages, 280 à 283.
12. Scientists Develop Car Parts From Hemp Grass, Consulté en ligne le 26 mars 2011 à 17 :00
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14. ukcia.org, Popular Mechanics Magazine, VOL. 76 DECEMBER, 1941 NO. 6 Document
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http://www.ukcia.org/research/PopularMechanics/index.php
15. Les Affaires, Article consulté le 28 Mars 2011 à 12 :06 URL : http://www.lesaffaires.com/vision-
durable/techno/la-kestrel--la-voiture-recouverte-de-cannabis/527722
16. Pierre BOULOC et al. Le chanvre industriel-production et utilisation, Éditions France agricole,
2006, pages 274.
17. Scientists Develop Car Parts From Hemp, Grass, Consulté en ligne le 26 mars 2011 à 17 :00
URL : http://news.nationalgeographic.com/news/2001/06/0606_wirehemp.html
18. Pierre BOULOC et al. Le chanvre industriel-production et utilisation, Éditions France agricole,
2006, pages 309, 317.
19. Ibid. pages 309, 310.
20. Ibid. pages 274, 312, 313.
21. Ibid. pages 310, 311.
22. CASCADE, Calculateur Environnemental, Site interactif consulté en ligne le 28 mars 2011, à
14 :00 URL : http://www.cascades.com/papiers/calculatrice.php
23. MRNF, Document consulté en ligne le 28 mars 2011 à 14:00 URL:
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24. Les échos du Chanvre, Document consulté en ligne le 28 mars 2011 à 14 :43 URL :
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25. Le chanvre industriel au Québec : Un Guide de production, Patrick GIROUARD et al,
Ressource Efficient Agricultural Production Canada, 1999. Consulté en ligne le 25 mars 2011 à 18 :30
pm URL : http://www.reap-canada.com/online_library/agri_fibres_forestry/4%20Le%20Chanvre.pdf
26. Les échos du Chanvre, Document consulté en ligne le 28 mars 2011 à 14 :43 URL :
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27. Pierre BOULOC et al. Le chanvre industriel-production et utilisation, Éditions France agricole,
2006, pages 293, 294.
28. Les échos du Chanvre, Document consulté en ligne le 28 mars 2011 à 14 :43 URL :
http://www.echosduchanvre.com/N-6/Echosn6p7.pdf
29. Pierre BOULOC et al. Le chanvre industriel-production et utilisation, Éditions France agricole,
2006, page 295.
30. Ibid. pages 347 à 353.
31. Écologis, (06 avril 2011 : 07 :21 AM). URL : http://www.21esiecle.qc.ca/files/Chanvre.pdf
32. Ibid.
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Sites internet consultés
ArtCan (entrevue): http://www.biobatir.ca/bulletins/biobatir5_chanvre.pdf
Matériauxconstruction :http://www.terrevivante.org/uploads/Image/d1/IMF_ACCROCHE_G_WEB_C
HEMIN_485_1223543802.jpg
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