II.3.1. La dureté
Définition: C’est la capacité d’un matériau de résister à la pénétration d’un corps plus
dur que lui. La dureté ne correspond pas toujours à la résistance d’un matériau.
La dureté des matériaux en pierre est déterminée à l’aide des minéraux de l’échelle de
MOHS ( voir tableau 4 ) composé de 10 minerais, disposés suivant leur dureté
croissante et connue. L’indice de dureté du matériau essayé se situe entre deux indices
de dureté de minerais consécutifs dont l’un raye et l’autre est lui même rayé par ce
matériau.
22
Tableau 4 : Echelle de dureté de MOHS
indice
de minerai caractéristiques de dureté
dureté
1 Talc ou craie Facilement rayé par l’ongle
2 Gypse ou sel gemme rayé par l’ongle
3 calcite ou anhydrite Facilement rayés avec une lame d’acier
4 Fluorine Rayée avec une lame d’acier sous pression
modérée
5 Apatite (Acier) Rayée avec une lame d’acier sous forte pression
6 Feldspath Gratte légèrement le verre, n’est pas rayé avec une
lame d’acier
7 Quartz
8 Topaze Rayent facilement le verre, ne sont pas rayés avec
9 Corindon une lame d’acier
10 Diamant
Exemple: Dureté de 2,5 pour l’ongle et 1,5 pour le plomb
La dureté des métaux et des matières plastiques est définie par l’empreinte de bille.
L’usure par frottement dépend de la dureté des matériaux. Cette propriété est d’une
grande importance pour le traitement d’un matériau, surtout si celui-ci est utilisé pour
les planchers ou revêtements routiers.
II.3.2. Usure par abrasion:
Définition: On appelle usure, la destruction d’un matériau soumis à l’action commune
de l’usure par abrasion et du choc. La résistance à l’usure est évaluée par une perte de
masse exprimée en pourcentage pondéral.
La tenue à l’usure par abrasion d’un matériau se caractérise par une perte de la masse
initiale, rapportée à 1 m2 de la surface d’abrasion.
II.3.3. Résistance aux chocs ou résilience: La limite de résistance au choc est
caractérisée par la quantité de travail dépensé pour la destruction d’une éprouvette
rapportée à l’unité de volume du matériau (J/m3). Les essais des matériaux au choc sont
23
faits à l’aide d’un matériel spécial appelé mouton. Cette caractéristique est importante
dans le cas des planchers et revêtements routiers.
II.3.4. Résistance à la compression:
La résistance à la compression des matériaux, utilisés dans les domaines de génie-civil,
est différente (voir tableau 5).
Tableau 5 : résistance à la compression de différents matériaux
Matériaux Résistance en compression (MPa)
Béton cellulaire 3.....5
Béton léger 2.....45
Béton normal 5.....60
Brique d’argile 10.....25
Granite, Basalte 160.....300
Acier 400.....850
acier de précontrainte 1000.....2000
Contrainte de compression:
La résistance en compression d’un matériau s’obtient en général à l’aide d’une presse
hydraulique. Les résultats d’essais dépendent sensiblement de la forme et des
dimensions du corps d’épreuve. La charge de rupture permet seulement de déterminer
un classement pour les matériaux et de s’assurer de leur régularité. La mesure doit être
reproductible dans des conditions identiques. La résistance en compression permet le
classement de nombreux matériaux tels que béton, mortier, ciment, brique etc....
La compression d’une éprouvette provoque à cause des contraintes normales fx une
déformation longitudinale et une déformation transversale. Cette déformation
transversale engendre des contraintes de traction transversales fy (voir fig. 12).
fx : contrainte de compression
fx fy : contrainte de traction
fy
Le béton est un matériau qui résiste très mal à la traction. Il peut rompre sous l’action de
faibles contraintes de traction.
24
L’expérience a montré que la valeur de la résistance en traction du béton est environ 10
fois moindre que sa résistance en compression. On peut alors définir une contrainte
limite de rupture.
Il existe des matériaux qui ont une grande résistance aussi bien à la traction qu’à la
compression. Ces matériaux possèdent en général de grandes déformations
transversales.
Pour certains matériaux, on ne peut pas définir leur contrainte de rupture. C’est le cas
par exemple d’acier doux, du plomb, de quelques matières plastiques etc. pour lesquels
leur contrainte limite est liée à une définie déformation résiduelle après l’essai de
compression.
Fig 13 Chargement d’une éprouvette par compression
25
Photo 1: Exemple de presse pour les essais sur les pates pures, mortiers et bétons
Sur la fig.14 sont représentés les déformations sur un échantillon de béton de forme
cylindrique.
26
Si l’effort est correctement centré et uniformément réparti (difficile en général à
réaliser), les premières fissures apparaissent dans la région centrale et elles sont
parallèles au sens de l’effort.
S’il apparaît une fissuration longitudinale il y aura une rupture par glissement ou par
éclatement (voir fig. 14). Ces phénomènes se retrouvent surtout dans les bétons à hautes
résistances.
Si on considère à titre d’exemple une éprouvette en acier doux de forme cylindrique et
on la soumet à l’essai de compression, en se transformant, l’éprouvette d’acier prendra
la forme d’un tonneau. Par contre, sur une éprouvette de béton on observe une rupture.
La rupture survient selon des plans obliques avec formation de pyramides tronquées ou
de diabolo régulier ou deux cônes opposés par les sommets (voir photo 3).
Les détails d’exécution et toutes les précautions à prendre, lors de cet essai de
compression, sont précisés dans la norme P18-406. On retiendra en particulier les points
suivants:
* les extrémités des éprouvettes (face de chargement) doivent être surfacées en
employant un mélange de soufre et de matériaux granuleux.
Atitre d’exemple, le mélange peut avoir la composition suivante:
fleur de soufre.............................62 parties
sable fin 0,5 mm.................36 parties
noir de fumée .............................. 2 parties
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La résistance d’un béton est une notion toute relative et elle dépend de la méthode
d’essai utilisée et des formes et dimensions des éprouvettes testées. La résistance en
compression varie suivant la taille des corps d’épreuves. Plus ceux - ci sont petits et
plus les résistances sont élevées.
Le béton de l’ouvrage a des résistances différentes de celles du même béton essayé sur
des éprouvettes d’essais normalisées (il y a l’effet de masse et une hydratation différente
du fait des évolutions des températures elles même différentes). La résistance en
compression des bétons ou mortiers est donc à associer à la méthode d’essai (ou à la
référence à la norme utilisée) et à l’échéance fixée.
La résistance sur cylindre d’élancement deux (2) ( = 16 cm et H = 32 cm) est plus
faible de l’ordre de 20% que la résistance sur cubes de 20 cm (fig. 15)
Pour une même qualité de béton on trouve que:
* Les prismes et les cylindres résistent moins bien à la compression que les
cubes de même section transversale.
* Les prismes bas dont la hauteur est inférieure au côté résistent mieux à la
compression que les cubes
C’est pourquoi on est obligé de suivre strictement les normes établies pour la forme et
les dimensions de l’éprouvette.
Actuellement l’éprouvette normalisée utilisée pour le béton est un cylindre dont la
section droite est de 200 cm2 et dont sa hauteur est le double de son diamètre (/2).
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Fig 15 Variation des résistances en compression d’un béton en fonction de la forme
et des dimensions des éprouvettes
On peut définir des coefficients qui relient les résistances calculées sur des éprouvettes
en fonction de leurs dimensions :
fcyl = cyl * F/S avec F : Force appliquée
S : surface de l’éprouvette
Tableau (6) Influence de la dimension des éprouvettes cylindriques sur la
résistance à la compression
Dimensions du 11/22 16/32 20/40 25/50 30/60 40/80
cylindre (cm) (*)
cyl 1,02 1,00 0,97 0,95 0,91 0,85
(*) : éprouvette de référence
fcub = cub * F/S avec F : force de rupture
S : section de l’éprouvette
Tableau .7. Influence de la dimension des éprouvettes cubiques sur la résistance à
la compression
Dimension du 10 14 20 25 30
cube (cm )
cub 1,10 1,00 0,95 0,92 0,90
Pour les métaux, le bois et d’autres matériaux on détermine rarement la résistance à la
rupture en compression mais la charge qui provoque un raccourcissement défini d’après
les normes.
La fig. 16. montre des courbes caractéristiques pour quelques matériaux (diagramme
contrainte - déformation)
fc
Acier
Aluminium
f=10% Bois
=l/l0 (% )
29
0 1 10
Fig .16. Diagramme contrainte-raccourcissement en compression
II.3.5.Résistance à la traction
La résistance à la traction peut être déterminée soit par des essais directs soit par des
essais indirects de traction.
*Les essais directs:Ils sont facilement réalisables sur les matériaux homogènes
dont la valeur de la résistance en traction est sensiblement égale à celle de
compression: métaux, certaine matières plastiques etc...
* Les essais indirects: Ils s’effectuent en règle générale surtout sur les
matériaux raides et fragiles: béton, mortier, pâte pure etc. Pour ces matériaux on
peut exceptionnellement réaliser des essais directs, néanmoins la préparation des corps
d’épreuves est difficile et coûteuse.
II.3.5.1 Essais directs de traction (matériaux homogènes)
Méthode d’essai
L’essai de traction direct se fait à l’aide d’une presse hydraulique sur des éprouvettes de
forme cylindriques de longueur l0 = (5 à 10) d0 avec d0 : diamètre de l’éprouvette.
état de
contrainte d0 l0 = 5 d0
30
Sous l’action de la force F, l’éprouvette s’allonge et l’enregistreur indique à chaque
instant l’effort et l’allongement l de la partie entre les repères distants de l0. La
déformation en fonction de la contrainte est représentée par le diagramme contrainte-
déformation.
La contrainte de traction est égale à : ft = F/S
La déformation relative est égale à : t = l/ l0
Le diagramme contrainte-déformation constitue la base de tout calcul de
dimensionnement des constructions. Ce diagramme est souvent idéalisé, dans le cas des
aciers, en traçant des segments de droite (Fig. 18).
ft
fes
t
es s = 10°/oo
Fig 18 diagramme contrainte-déformation
Le diagramme réel contrainte-déformation d’un acier doux a approximativement l’allure
suivante Fig. 19
ft
frupture C
A B D
fa *
Droite de Hooke
E Module d’élasticité = l/l0
O rupture
Fig 19 Diagramme contrainte- déformation pour un acier doux naturel
A partir de ce diagramme on peut définir quatre domaines pour l’acier doux:
1/ Domaine O-A « Domaine élastique et linéaire »
31
Dans cette zone les allongements sont proportionnels aux contraintes. Le chargement et
le déchargement sont réversibles, il n’y a pas de déformations résiduelles.
L’expression de la contrainte en fonction de l’allongement relatif est donnée par la loi
longitudinal
: Allongement relatif « nombre sans dimensions »
= l/l0 ft = F/S = E *
On constate par ailleurs que l’éprouvette se rétracte transversalement. Les valeurs des
dimensions transversales de l’éprouvette sont aussi proportionnelles aux contraintes et
donc aussi proportionnelles à l’allongement longitudinal relatif d’où:
d / d 0
d/d0 = - * l/l0 =- Avec l : Allongement +
l / l0
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On définit un phénomène appelé ductilité qui caractérise la possibilité d’un matériau à
s’allonger au delà de sa limite élastique. Le phénomène contraire est appelé fragilité.
L’acier utilisé dans le génie-civil est un matériau ductile. Le fait qu’on n’a pas à craindre
de rupture fragile (la rupture se produit après un fort allongement, facilement décelable)
constitue une qualité fondamentale de ce matériau. C’est pourquoi dans les règles
B.A.E.L on accepte de faire travailler l’acier au-delà de sa limite d’élasticité jusqu’à un
allongement de 10°/oo.
4/DomaineCD : Striction
Au delà de la limite de rupture apparaît le phénomène de striction. L’allongement ne se
répartit plus sur la longueur de l’éprouvette mais il se concentre au voisinage d’une
section droite dont l’aire diminue rapidement jusqu’à la rupture.
Si au lieu d’un effort de traction nous avions appliqué un effort de compression, nous
aurions obtenu un diagramme symétrique par rapport à l’origine de celui examiné ci-
dessus. Le module et la limite élastique ont mêmes valeurs en traction et en
compression.
Lorsqu’on réalise une expérience analogue à la précédente avec un acier écroui, le palier
AB n’est plus aussi net et la courbe représentative est pratiquement continue (voir fig
20).
La limite d’élasticité est donc plus difficile à déterminer, aussi dans ce cas on considère,
par convention, que la limite élastique correspond à la contrainte pour laquelle
l’allongement rémanent est égale à 2 °/oo.
fs
fes
s
0 2°/oo
Fig. 20 diagramme contrainte-déformation d’un acier écroui
33
La structure atomique des matériaux (métaux entres autres..) est à la base de toutes les
explications relatives aux différents comportements après déformation. C’est-à-dire que
le comportement du matériau peut s’expliquer par l’arrangement du réseau cristallin.
L’arrangement des troncs atomiques réguliers est appelé arrangement cristallin.
Sous l’action d’une force de traction le réseau cristallin du matériau peut se trouver
déplacé.
* Dans le cas d’une déformation élastique: on constate un changement réversible
des distances (distances réticulaires) et des angles entre les atomes dans le réseau
cristallin et les forces de rétablissement de l’état initial sont suffisantes.
* Dans le cas des déformations plastiques : sous l’action des forces qui dépassent
la limite élastique, la déformation se produit par glissement de quelques plans
réticulaires l’un par rapport à l’autre. La déformation est irréversible.
II.3.5.2. Essais indirects de traction « Matériaux hétérogènes »
La connaissance de la résistance en traction des matériaux hétérogènes est indispensable
surtout pour les bétons et mortiers. La résistance à la traction a un rôle important dans
tous les problèmes liés à la fissuration, traction et cisaillement des matériaux. Deux
méthodes sont généralement utilisées pour la mesure de la résistance à la traction des
bétons, mortiers et pâtes pures de ciment.
34
F/2 F/2
a/2 a a a a/2
3a a
4a
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Axe neutre
A B C
AB = 0,6* AC
On tenant donc compte de la plastification du béton on en déduit:
ft = 0,6* ff = 0,6* 3 * F/a2 = 1,8 F/a2
F
e
36
e
L b b = ( 0,09 0,01) d
F e = 4 1 mm
Fig 23. Schéma statique de l’essai de fendage
II.3.6 Cisaillement
Le cisaillement peut se produire sous l’action de sollicitations dans les éléments de
construction.
Le cisaillement est engendré sous l’action des forces extérieures (Fig 24; 25)
provoquant un déplacement de deux sections planes parallèles.
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Fig 24 Assemblages par boulons ou rivets
soudures
T T
Fig 26 Poutre soumise au cisaillement par flexion
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En général la résistance au cisaillement des aciers est plus faible comparativement à la
résistance en traction ou en compression.
Le cisaillement est un phénomène qui provoque un glissement des plans d’une section
(Fig. 27)
et = l / a
Fig. 27 : déformation par cisaillement
En raison du caractère complexe des contraintes de cisaillement, les valeurs
caractéristiques du cisaillement sont généralement dérivées des contraintes normales.
39