27-010-A-50

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 27-010-A-50

Biomécanique du gros orteil

FJ Bejjani
P Saillard
P Diebold
Résumé. – Le gros orteil doit s’adapter à un vaste champ de déplacement pour que le pied puisse effectuer
une grande variété de tâches. Le gros orteil et tous les muscles doivent se contracter. Les ligaments
collatéraux de l’articulation métatarsophalangienne du gros orteil sont quelque peu lâches et fournissent un
certain degré de jeu, aussi bien interne que latéral.
À l’opposé des pieds normaux où le gros orteil dévie latéralement d’un angle de 8 à 10° pour compenser
l’angulation interne du premier métatarsien, des degrés supérieurs d’angulation définissent l’hallux valgus.
Dans le développement de l’hallux valgus, le gros orteil effectue une rotation vers l’intérieur et est entraîné
dans une angulation en valgus. Les ligaments collatéraux externes raccourcissent et les ligaments collatéraux
internes s’allongent. La tête métatarsienne développe un ostéophyte interne (oignon). Puisque le gros orteil
se trouve dans une position non naturelle, le sens du déplacement des points de contact montre un dessin
modifié. Un blocage remplace alors le mouvement de glissement normal.
L’hallux rigidus est le mieux défini comme une raideur de la première articulation métatarsophalangienne,
habituellement secondaire à l’ostéoarthrite. Cliniquement, on trouve au début une articulation gonflée et
enraidie avec développement d’une déformation en flexion douloureuse : l’hallux flexus. Dans la plupart des
cas d’hallux rigidus chez l’adulte, les exostoses dorsales augmentent, bloquant l’extension, et l’orteil devient
plus rigide en flexion. Dans les cas chroniques, il peut y avoir une déformation compensatoire souple en
hyperextension de l’articulation interphalangienne. En dernier lieu, la dorsiflexion devient complètement
limitée et douloureuse lors des mouvements passifs et lors de la phase du pas.
Le contrôle du gros orteil est obtenu par l’intermédiaire des tendons à la fois des muscles extrinsèques et
intrinsèques du pied. Une coupe transversale de la phalange proximale révèle que les positions relatives des
fléchisseurs, des extenseurs, des abducteurs et des adducteurs sont telles que ces muscles orientent le gros
orteil dans n’importe quelle direction, à l’intérieur des limites de ses ligaments.
À l’intérieur des tendons du court fléchisseur du gros orteil, on trouve les deux os sésamoïdes de l’orteil, situés
juste sous la tête du premier métatarsien. Les sésamoïdes ont plusieurs fonctions. Ils agissent en transférant
les poids du sol à travers les tissus mous de l’avant-pied aux têtes métatarsiennes. Leur position à l’intérieur
des tendons du court fléchisseur du gros orteil leur permet d’augmenter la longueur du bras du moment,
donnant au muscle un plus grand avantage mécanique qu’un simple fléchisseur, similaire à l’avantage
mécanique que la rotule procure au genou. Les sésamoïdes se trouvent à une distance fixe de la phalange
proximale, à l’endroit où s’insère le court fléchisseur du gros orteil. Donc, pendant que le gros orteil se trouve
en extension à la fin de la phase du pas, les sésamoïdes sont tirés vers l’avant. Ainsi, un rapport optimal se
trouve conservé entre les forces de réaction du sol, les gros coussinets de tissu mou du gros orteil, et les têtes
métatarsiennes.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction ont été bien définies dans le passé, les ostéophyte, ou « oignon », se développe sur
mécanismes de cette articulation saine et la tête du métatarsien. Puisque le gros orteil
malade ont été étudiés en détail par les se trouve dans une position non naturelle,
Alors que l’anatomie, les conclusions auteurs. blocage et interruption prennent place là où
anatomiques et les déterminants le glissement se faisait normalement [10].
À l’opposé des pieds normaux où le gros
radiographiques de la première articulation
orteil dévie latéralement d’un angle L’hallux rigidus est une raideur de la
métatarsophalangienne normale et anormale approximativement de 10° pour compenser première articulation métatarsophalan-
l’angulation moyenne du premier gienne, habituellement comme résultat
métatarsien, plus de 10° d’angulation d’une ostéoarthrite. Cliniquement, il débute
Fadi Joseph Bejjani : MD, PhD, médecin en chef d’Atlantic indique un hallux valgus. Ceci est comme un gonflement de l’articulation et
occupational orthopedic centers, professeur associé de l’University of
medecine and dentistry of New Jersey.
occasionné quand le gros orteil effectue une une raideur. Ensuite se développe une
Pascal Saillard : Médecin de prévention, service de médecine rotation interne et dérive dans une déformation en flexion douloureuse : l’hallux
professionnelle de la fonction publique territoriale de Vendée, 5, rue du angulation en valgus. Les ligaments externes flexus. Dans la plupart des exemples
Bel-Air, 85110 Saint-Prouant, France.
© Elsevier, Paris

Patrice Diebold : Chirurgien orthopédiste, chirurgie du pied et de la collatéraux raccourcissent, et les ligaments d’hallux rigidus chez l’adulte, les exostoses
cheville, 34, rue Gambetta, 54000 Nancy, France. collatéraux internes s’allongent. Un dorsales augmentent, bloquant l’extension,

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bejjani FJ, Saillard P et Diebold P. Biomécanique du gros orteil. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Podologie, 27-010-A-50, 1999, 6 p.
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et l’orteil devient plus raide en flexion. Dans
les cas chroniques, il peut y avoir une
déformation compensatoire souple en
hyperextension de l’articulation
interphalangienne. À la fin, la dorsiflexion
devient complètement limitée et
douloureuse dans le mouvement passif et
dans le soulèvement de l’orteil [7].
Anatomie fonctionnelle
Dans la première articulation métatarsopha-
langienne, le déplacement est le plus grand
dans le plan sagittal, où le champ de
déplacement est habituellement entre
approximativement 30° de flexion plantaire
et 90° de dorsiflexion [10]. On a émis la
théorie qu’un certain petit degré de
déplacement, particulièrement abduction-
adduction dans le plan frontal, pouvait se
prod uire à la p remière articula t i o n
métatarsophalangienne durant un
déplacement en portant un poids et non
chargé [10]. Durant le port d’un poids, la
pleine étendue de déplacement dans le plan
sagittal de la première articulation
métatarsophalangienne n’est pas utilisée,
puisque la marche normale requiert un
déplacement de seulement quelques degrés
de flexion plantaire pour légèrement moins
que 90° de dorsiflexion [1].
Le contrôle du gros orteil est obtenu par les
tendons à la fois des muscles intrinsèques et
des muscles extrinsèques du pied. Une
coupe transversale de la phalange proximale
révèle que les positions relatives des
fléchisseurs, des extenseurs, des abducteurs
et des adducteurs sont telles que ces muscles
bougent l’orteil dans n’importe quelle
direction sans les contraintes de ses
ligaments [10].
À l’intérieur des tendons du court
fléchisseur du gros orteil se trouvent les
deux os sésamoïdes du gros orteil situés
directement au-dessous de la tête du
premier métatarsien. La fonction des
sésamoïdes est principalement de transférer
les poids venant du sol à travers les tissus
mous de l’avant-pied aux têtes métatar-
siennes. Leur position à l’intérieur des
tendons du court fléchisseur du gros orteil
donne au muscle un avantage mécanique
plus grand qu’une flexion, semblable à
l’avantage mécanique que la rotule procure
au genou. Les sésamoïdes sont à une
distance fixée de la phalange proximale, sur
laquelle le court fléchisseur du gros orteil
s’insère. Par conséquent, lorsque le gros
orteil est en extension à la fin de la phase du
pas, les sésamoïdes sont tirés vers l’avant.
Ceci crée un rapport optimal parmi les
forces de réaction du sol. Le tissu mou forme
un gros capitonnage du gros orteil et des
têtes métatarsiennes [10].
Le gros orteil peut concilier une large
étendue de déplacement pour que le pied
puisse effectuer des taches variées. Pour
tenir compte de cette étendue, le gros orteil
et tous les muscles doivent se contracter.
2
Biomécanique du gros orteil
Parce que les ligaments collatéraux de
l’articulation métatarsophalangienne du gros
orteil sont quelque peu relâchés, ceci permet
un certain degré de jeu, à la fois interne et
latéral [10].
Les muscles intrinsèques du gros orteil
aident en gardant le premier rayon en ligne
avec son métatarsien, ce qui est important
dans la poussée. Les muscles intrinsèques
des autres orteils, particulièrement les
interosseux, sont indispensables, en
supportant la voûte des orteils, ce qui
contribue à distribuer le poids du corps sur
la plante du pied et les orteils.
Cinématique
Une analyse du déplacement du gros orteil
dans le plan sagittal révèle que les centres
instantanés se projettent souvent à l’intérieur
de la tête du métatarsien. La direction du
déplacement des points de contact dans le
plan sagittal reflété par ces centres
instantanés a tendance à montrer un
glissement, comme dans toute les
articulations arthrodies, à travers le champ
de mobilité, c’est-à-dire, le mouvement
articulaire se produisant durant une activité
normale de quelques degrés de flexion
jusqu’à presque 90° d’extension. Durant la
marche, la direction du déplacement est
parallèle aux surfaces articulaires et le
mouvement se produit entre les métatarsiens
et les phalanges proximales. Au maximum
de l’extension, cependant, comme dans le
cas d’un capteur de base-ball accroupi
derrière sa base, la direction du déplacement
montre que l’articulation est en train de se
comprimer ou de se bloquer [10].
Bejjani [1] décrit des méthodes d’analyse des
cinématiques de la première articulation
métatarsophalangienne et décrit des
paramètres quantifiables qui peuvent être
utilisés pour définir des modèles de
déplacement pour cette articulation dans le
pied normal aussi bien que pour ceux
affligés d’un hallux valgus ou d’un hallux
rigidus. Ceci aide dans l’évaluation des
patients et dans la sélection de méthodes
conservatrices et chirurgicales de traitement
de ces troubles, puisque des modalités
thérapeutiques spécifiques peuvent prouver
être plus efficaces dans le rétablissement
normal de la fonction de cette articulation si
elles sont déterminées par les paramètres
biomécaniques résultants.
L’examen radiographique est réalisé en
positionnant le sujet sur la plaque
radiographique comme pour faire des
clichés latéraux et antéropostérieurs de la
partie antérieure du pied, avec le rayon
c e n t r é s u r l a p re m i è re a r t i c u l a t i o n
métatarsophalangienne. Cinq clichés
latéraux et cinq autres antéropostérieurs sont
f a i t s a v e c l a p re m i è re a r t i c u l a t i o n
métatarsophalangienne tenue à des points
variés dans l’arc de déplacement dans le
plan sagittal : la limite de flexion plantaire,
un point à mi-chemin entre la flexion
Podologie
plantaire maximale et la position neutre, la
position neutre, un point à mi-chemin entre
la position neutre et la dorsiflexion
maximale, et la limite de la dorsiflexion,
chacune de ces positions étant déterminée
par une goniométrie clinique standard.
L’étendue de déplacement de chaque sujet
dans le plan sagittal est mesurée en
déterminant les angles formés à
l’intersection des axes longitudinaux de la
diaphyse métatarsienne et de la phalange
proximale, aux limites de dorsiflexion et de
flexion plantaire.
L’analyse du centre instantané est alors
utilisée pour décrire le déplacement de
surface au niveau de la première articulation
m é t a t a r s o p h a l a n g i e n n e . L e s c e n t re s
instantanés de rotation sont déterminés par
une méthode à l’origine décrite par
Rouleaux, et par la suite modifiée par
d’autres chercheurs [4, 5, 11] utilisant des
diagraphes mis sur le dessus. Les vecteurs
de vélocité de surface sont alors construits
pour permettre la description des schémas
de déplacement de surface des articulations.
L’étendue du déplacement dans le plan
transverse est aussi déterminé par une
technique utilisant les radiographies
antéropostérieures de la première
articulation métatarsophalangienne mise
dans des degrés successifs de déplacement
dans un plan sagittal. Le déplacement du
bord proximal médial de la première
phalange proximale est mesurée aux limites
de la flexion plantaire et de la dorsiflexion
pour déterminer le changement maximal
dans le plan transverse. Afin de minimiser
la contribution à la variance qui est due à la
taille de l’articulation, cette mesure est
exprimée comme un pourcentage de la
largeur maximale de la tête du premier
métatarsien mesuré perpendiculairement à
l’axe longitudinal de la diaphyse
métatarsienne.
L’analyse du centre instantané, situé à
l’articulation entre la tête du premier
métatarsien et l’os sésamoïde médial, est
exécutée d’une manière similaire à celle
utilisée pour l’articulation métatarsophalan-
gienne. L’étendue du déplacement de l’os
sésamoïde médial est définie par l’angle
formé par l’intersection des bissectrices
perpendiculaires au diamètre de l’os
sésamoïde en flexion plantaire maximale et
en dorsiflexion maximale.
En dernier lieu, le déplacement des os
sésamoïdes médial et latéral sur la
radiographie antéropostérieure est
déterminé. Pour chaque os sésamoïde, le
déplacement de son bord proximal depuis
la limite de la flexion plantaire jusqu’à la
limite de la dorsiflexion dans le plan sagittal
e s t m e s u r é . A fi n d e m i n i m i s e r u n e
amplification d’erreur, ces mesures sont
exprimées comme un pourcentage de la
longueur de l’axe sagittal de l’os sésamoïde
correspondant. Cet axe est pris comme une
valeur moyenne des cinq positions.
Podologie Biomécanique du gros orteil 27-010-A-50

Articulation V4 V3 V3
métatarsophalangienne V2 V1
V5 V4
V1
AMPLITUDE DU DÉPLACEMENT V5
2 2 V2
L’amplitude du déplacement de la première 1 4
4 3
articulation métatarsophalangienne pour 1
chaque groupe de sujets est montrée dans le *
A 3 *
B
tableau I. Les valeurs obtenues pour les 1 Centres de rotation instantanée et vecteurs
2 V3
pieds normaux sont significativement plus V4 de vélocité de surface de la première métatarsophalan-
hautes que celles des sujets avec des V2 gienne en flexion-extension complète [1, 12].
anomalies. Les sujets avec un hallux valgus A. Pieds normaux.
V5 1
affichent un arc moyen de flexion plantaire B. Hallux valgus.
3 C. Hallux rigidus.
de 52 ± 19,2°, tandis que les sujets avec un 4
V1
hallux rigidus affichent un angle moyen de *
C
dorsiflexion de 49 ± 10,2°. L’hallux valgus
est associé avec un angle total de
déplacement diminué et une limitation V4 V5
V5
marquée de la flexion plantaire. La limitation V4
est probablement due à une atteinte
V3 1 V3
cicatricielle de la capsule et des structures 4 1 3
l i g a m e n t a i re s , a u s s i b i e n q u ’ à d e s 2
3 2 4 V2
changements dégénératifs articulaires. La
subluxation latérale des os sésamoïdes et le V2 V1*
B
mécanisme de flexion transforment le long V1 *
A
fléchisseur propre du gros orteil et le court
fléchisseur du gros orteil, de fléchisseurs en 2 Centres de rotation instantanée et vecteurs
adducteurs, ce qui peut aussi contribuer à 1 de vélocité de surface de la sésamoïdométatarsienne in-
une perte sévère de la flexion plantaire. Les terne en flexion-extension complète [1, 12].
3 A. Pieds normaux.
sujets avec un hallux rigidus affichent un 2
4 V4 B. Hallux valgus.
angle de déplacement total diminué avec C. Hallux rigidus.
une flexion plantaire relativement normale V3
V2
mais une étendue de flexion dorsale
V1
*
C
visiblement limitée. Ceci est probablement
dû à l’obstruction mécanique de l’exostose
dorsale et à l’état cicatriciel des tissus mous Les anomalies osseuses qui sont associées DÉPLACEMENT DE LA SURFACE
avec l’hallux valgus comprennent la DE L’ARTICULATION
para-articulaires.
formation d’une proéminence au niveau
Pour des sujets normaux, les vecteurs de
médial de la tête métatarsienne aussi bien
vélocité de surface qui ont été construits
CENTRES INSTANTANÉS que des changements dégénératifs au niveau
DE ROTATION pour les premières articulations
des articulations métatarsophalangiennes et
métatarsophalangiennes normales ont révélé
Chez les sujets normaux , les centres sésamoïdométatarsiennes. Des érosions
un glissement tangentiel de la flexion
instantanés de rotation de la première articulaires, une formation d’ostéophyte, et
plantaire maximale à la dorsiflexion
articulation métatarsophalangienne se un rétrécissement de l’espace articulaire
modérée (aux alentours de 40°), avec un
projettent à l’intérieur de la tête du premier mènent à une incongruité articulaire, qui
métatarsien dans le plan sagittal (fig 1A), blocage lors de la dorsiflexion extrême
provoque les anomalies décrites dans
comme pour le mouvement relatif entre l’os l’analyse cinématique. D’autres facteurs
(fig 1A). Les vélocités de surface pour les
sésamoïde médial du gros orteil et la tête incluent la laxité des ligaments et de la sujets anormaux ne suivent pas ce schéma.
métatarsienne (fig 2A), tandis que ceux des capsule et des contractures associées avec Les sujets avec un hallux valgus montrent
articulations avec un hallux valgus (fig 1B, l’hallux valgus. Des irrégularités dans les soit une compression, soit une interruption
2B) ou un hallux rigidus (fig 1C, 2C) parfois, modèles des sujets avec un hallux rigidus prématurément dans l’angle de dépla-
se projettent à l’extérieur de la tête. sont probablement causées par une exostose cement, montrées par de courts intervalles
Dans les échantillons anormaux, les centres dorsale, une dégénérescence articulaire, et de glissements et d’achèvement avec
sont visiblement dispersés et excentrés. Ceci un état cicatriciel des structures tissulaires compression durant la dorsiflexion (fig 1B).
est dû à plusieurs facteurs. molles juxta-articulaires.
À l’opposé, l’analyse du déplacement de
surface du pied avec un hallux rigidus révèle
Tableau I. – Amplitude du mouvement des articulations métatarsophalangiennes et sésamoï- quelques interruptions prématurées dans la
dométatarsiennes [1, 11].
flexion plantaire et plutôt un blocage
Articulation Normal (degrés) Hallux valgus (degrés) Hallux rigidus (degrés) marqué durant la dorsiflexion (fig 1C). Les
Métatarsophalangienne
vecteurs de vélocité de surface ne sont pas
Minimum-maximum 100-130 35-61 60-75 aussi tangents aux surfaces articulaires, et
Moyenne 111 47 69 ainsi ces surfaces tendent à se bloquer
Déviation standard 11,5 10,6 7,9 ensemble ou à se séparer durant l’angle de
Sésamoïdométatarsienne
déplacement. Une usure articulaire, des
Minimum-maximum 27-69 17-45 20-53
Moyenne 49 32 41 ostéophytes marginaux, et un allongement
et une contraction des structures
Déviation standard 15,7 13,7 18,2
périarticulaires sont probablement
responsables de ces altérations mécaniques.

3
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Tableau II. – Déplacement maximal dans le plan transverse de la phalange proximale du gros
orteil durant la flexion-extension (exprimé en pourcentage de la largeur maximale de la tête du
premier métatarsien) [1, 11].
Normal (%)
Minimum-maximum 14-20
Moyenne 15,4
Déviation standard 2,8
Tableau III. – Déplacement maximal des sésamoïdes durant la flexion-extension du gros orteil
(exprimé en pourcentage de la longueur de l’os sésamoïde mesurée selon l’axe longitudinal) [1, 11].
Normal (%) Hallux valgus (%)
Moyenne (déviation standard)
Sésamoïde interne - externe Sésamoïde interne - externe
91 (16,2) - 97 (15,1) 44 (20,4) - 50 (18,2)
DÉPLACEMENT DANS LE PLAN
TRANSVERSAL
La translation de la phalange proximale sur
la tête métatarsienne dans le plan transversal
durant le déplacement dans le plan sagittal
est faible (tableau II). Le déplacement
maximal de la phalange proximale dans le
plan transversal, concomitant avec l’angle
complet de déplacement dans le plan sagittal
de la première articulation métatarsophalan-
gienne normale, est approximativement de
15 % du diamètre de la tête du premier
métatarsien.
Les sujets avec un hallux valgus ont montré
une grandeur similaire de déplacement dans
le plan transversal.
Les sujets avec un hallux rigidus ont montré
approximativement la moitié du
déplacement du glissement transversal, ce
qui est une différence significative comparée
avec les deux autres groupes (0,01 > p >
0,001). La limitation de déplacement dans ce
plan est probablement due à une contracture
des ligaments collatéraux et de la capsule
articulaire associée avec ce trouble.
Articulation des os sésa-
moïdes avec la tête
métatarsienne
AMPLITUDE DU DÉPLACEMENT
L’amplitude du déplacement de
l’articulation sésamoïde médial-métatarsien
du gros orteil est montrée sur le tableau I.
Le déplacement de l’os sésamoïde du gros
orteil est décrit comme un glissement sur la
tête opposée du premier métatarsien [15].
Les sujets normaux montrent un angle de
déplacement complet du sésamoïde de 49°.
Les sujets avec un hallux valgus montrent
une amplitude de déplacement légèrement
diminuée, mais pas significativement
différente.
Le déplacement du sésamoïde dans les pieds
avec un hallux rigidus n’est pas
significativement différent non plus.
4
Biomécanique du gros orteil
Hallux valgus (%) Hallux rigidus (%)
12-19 8-10
14,6 8,3
2,7 1,1
Hallux rigidus (%)
Sésamoïde interne - externe
96 (8,1) - 80 (11,7)
N’importe quelle véritable limitation de la
mobilité du sésamoïde dans les pieds avec
u n h a l l u x v a l g u s e s t p ro b a b l e m e n t
secondaire à la subluxation et à la rotation
des os sésamoïdes qui sont communément
décrites dans cette condition. Il est possible
que la contracture des structures de tissus
mous lors de l’orientation plantaire de
l’hallux rigidus soit responsable de
l’amplitude diminuée du déplacement.
ANALYSE DU DÉPLACEMENT
Due à une subluxation des os sésamoïdes,
une dégénérescence articulaire et à l’atteinte
cicatricielle du mécanisme fléchisseur, les
pieds avec hallux valgus révèlent des centres
instantanés de rotation et des vecteurs de
vélocité de surface qui sont variables, avec
une interruption plus tôt, un peu de
glissement, et une compression tardive. Le
déplacement du sésamoïde chez les sujets
avec un hallux rigidus montre aussi des
centres instantanés de rotation déplacés. Une
compression des surfaces articulaires est
présente pendant tout l’angle de
déplacement. Ces déviations par rapport à
la norme sont logiques avec l’anatomie
anormale décrite.
DÉPLACEMENT MAXIMAL
DES OS SÉSAMOÏDES
Le déplacement absolu des os sésamoïdes
chez les sujets normaux s’étend de 10 à
12 mm pour chacun des os sésamoïdes,
latéral et médial. Le tableau III présente les
données comparatives pour les trois
groupes.
Les pieds avec un hallux valgus montrent
significativement moins de déplacement du
sésamoïde que les sujets normaux, tandis
que le déplacement du sésamoïde dans les
pieds avec un hallux rigidus est semblable à
celui des sujets normaux. Bien qu’il y ait
une tendance pour que le déplacement du
sésamoïde latéral soit plus grand que le
sésamoïde médial pour les pieds normaux
et ceux avec un hallux valgus, la différence
n’est pas significative. Ceci est cohérent avec
le déplacement et la rotation des os
Podologie
sésamoïdes aussi bien que l’atteinte
cicatricielle du tendon conjoint qui se
produisent dans ce trouble.
Dans les pieds avec un hallux rigidus ,
cependant, l’os sésamoïde médial bouge
significativement plus que ne le fait le
sésamoïde latéral (p < 0,02). Il est possible
que la déformation en valgus du gros orteil
conduise à une atteinte cicatricielle plus
uniforme de la masse du sésamoïde
comparée avec celle de l’hallux rigidus [1].
CINÉTIQUE
La contraction du long fléchisseur propre du
gros orteil et des muscles fléchisseurs
adjacents appuie le gros orteil sur le sol,
causant une force verticale Fz, qui est
exercée sur lui (fig 3). Le diagramme du
corps non chargé sur le gros orteil est
complété par la force dans le fléchisseur
(Fm) et celle sur la surface articulaire de la
phalange proximale (Fj), laquelle passe à
travers l’axe de rotation de la première
articulation métatarsophalangienne, est à
angle droit de la tangente des profils
articulaires, et passe à travers le point
d’intersection de Fm et Fz [13].
Du rapport entre les forces résulte un
triangle de force fermé. La figure 3C est le
diagramme du corps non chargé du premier
métatarsien, montrant les conséquences de
la force du fléchisseur. Sur de semblables
dessins faits sur la base de radiophotogra-
phies, on a trouvé, en combinaison avec les
sites mesurés de Fz, que la force Fj s’étend
dans la direction longitudinale du premier
m é t a t a r s i e n , c e q u i s i g n i fi e q u e
pratiquement ni force musculaire, ni force
ligamentaire ne sont nécessaires à son
équilibre. La vue supérieure (fig 3D, E)
montre que toutes les forces sont dans un
seul plan et, par conséquent, aucun moment
ne peut être observé. Ils peuvent être
observés dans le cas de l’hallux valgus [13].
Sur la figure 4A, la force du tendon
fléchisseur, laquelle est assumée pour être
au milieu entre les os sésamoïdes, n’est pas
aussi longue juste sous le point de contact
osseux dans la première articulation
métatarsophalangienne. Ensemble avec la
force de réaction Frm, la force du fléchisseur
Fm forme par conséquent un couple dans le
sens des aiguilles d’une montre, lequel
renforce la position en valgus du gros orteil.
Sur la figure 4B, l’équilibre avec ce couple
est réalisé par le couple formé par la force
de friction Ff entre l’orteil et le sol et la force
de réaction Frf. La force totale dans
l’articulation est ainsi Fjh [13].
Il y a aussi maintenant une différence entre
la figure 4C et la figure 3E. À cause de la
direction oblique de Fjh, la position en varus
est renforcée par un couple dans le sens
inverse des aiguilles d’une montre, formé
avec la force de réaction Frjh, dans
l’articulation proximale du métatarsien. Le
résultat est un élargissement du pied, lequel
est contrarié par les ligaments ou la contre-
pression de la chaussure. Un traitement qui
Podologie
*
A q
Frj
Fj
*
C
Frm
b Frm
Fm
*
A *
C valgisant s’établit.
Fjh
Frjh
*
C
ne fait rien au moment de valgus de la force
du fléchisseur ne peut fournir une solution
adéquate à l’hallux valgus et à l’envergure
du pied [13].
La démarche
Dans les parties du pied qui ont un contact
avec le sol durant le pas normal,
approximativement 50 % du poids est
supporté par le talon et 50 % est transmis
sur les têtes métatarsiennes. Le poids sur la
tête métatarsienne du gros orteil est deux
fois celui sur chacune des têtes des quatre
métatarsiens latéraux. La tête du premier
métatarsien transmet ainsi deux fois le poids
de chaque tête de métatarsien latéral
individuellement, et chacune de celles-ci
supporte un montant égal de la partie
restante du poids dans l’avant-pied.
Un mince changement dans la structure du
pied altère la distribution du poids. Elle peut
Biomécanique du gros orteil
Fm
Fz
Fj
Fj
Fm
Fz
*
B
Fm Fjh
*
D
Fjh
Frf
Fm
Ff
B portée sur une longue période de temps
4 A. Dans le cas de l’hallux valgus, la force du long
fléchisseur (Fm) n’est plus dans le même plan que
la force-réaction de l’articulation (Frm) et un couple
B. L’équilibre de ce couple moteur se fait grâce à la
force de friction (Ff) entre l’orteil et le sol et sa
réaction (Frf). La force totale agissant
sur l’articulation devient donc la résultante de Frf
et Frm qui est la force Fjh.
C. La force Fjh avec sa réaction Frjh créent un cou-
ple varisant sur le premier métatarsien [13, 14].
aussi être changée avec seulement une légère
modification du support du poids, comme
un balancement [10].
Durant la phase de posture de la démarche,
le centre de gravité progresse rapidement
vers l’avant, vers le gros orteil. Durant la
partie plus tardive de la posture, les poids
augmentés tendent à être transmis sur la
seconde tête métatarsienne.
Quand le pied roule à l’intérieur brièvement
dans un léger valgus, après cela que la force
est appliquée sur la portion plate du pied, la
f o rc e d e r é a c t i o n d u s o l p ro g re s s e
légèrement latéralement vers le dessous du
cuboïde et ensuite vers la base du premier
métatarsien. Vers la fin de la posture, la force
de réaction se porte à l’intérieur, vers le
dessous de la tête du second métatarsien, et
ensuite vers le gros orteil à la phase
terminale [10].
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3 A. Flexion plantaire du gros orteil grâce à la
contraction de son long fléchisseur (Fm).
B. Diagramme de décomposition de la force Fm en
composante verticale (Fz) et en composante selon
l’axe de la phalange (Fj).
C. Diagramme des forces en équilibre pour le
premier métatarsien.
D, E. Vues d’en haut, toutes les forces ont l’air d’être
dans le même plan quand le gros orteil est en recti-
tude [13, 14].
Frjh Fjh
*
E
Pathologies mécaniques
des chaussures
Depuis que, dans les cultures occidentales,
les chaussures sont communément portées,
une force externe est normalement présente
le long du bord interne du gros orteil. Une
angulation en valgus de moins de 10° est
normale. Cependant, la force externe
appliquée quand une chaussure serrée est
tend à augmenter l’angle, en produisant un
hallux valgus et un « oignon ». Ce type
d’« oignon » diffère de celui causé par
maladie, comme une arthrite rhumatismale.
Le bout serré de la chaussure limite le
mouvement du gros orteil dans deux plans.
Les ligaments internes de l’articulation
métatarsophalangienne du gros orteil
s’allongent et les ligaments externes se
contractent. Les tendons extenseurs glissent
latéralement pendant que le gros orteil est
poussé vers l’extérieur. Les tendons
fléchisseurs, maintenant changés de position,
commencent à tirer la première phalange
latéralement et à la faire tourner en rotation
interne. Quand la première phalange se
déplace, l’abducteur du gros orteil, qui
normalement provoque son abduction,
commence à fonctionner comme un
fléchisseur, causant la rotation de la
phalange proximale. L’adducteur du gros
orteil tire l’orteil vers l’extérieur, non
contenu par les muscles internes ou les
ligaments. L’équilibre dans l’orteil est alors
perdu. Le premier métatarsien commence
une dérive interne, prenant une position de
metatarsus primus varus caractéristique [10]
(référence est faite ici seulement pour les
« oignons » causés par des chaussures peu
appropriées, et non les « oignons »
héréditaires). Cependant, les conclusions
d’une étude de Snijders et al soutiennent
l’hypothèse que si une femme réussit à
atteindre l’âge de 20 ans avec un angle de
5
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valgus n’excédant pas 10°, il est improbable
qu’elle développe par la suite un
« oignon » [14].
Les chaussures sont une combinaison de
modèles, de matériaux, et de fabrications.
En dépit des essais pour obtenir une taille
correcte, une chaussure peut ne pas toujours
être ajustée correctement et le pied peut être
forcé dans une position dans laquelle les
orteils sont serrés avec les articulations
métatarsophalangiennes en extension et les
articulations interphalangiennes en flexion.
L’équilibre normal du muscle peut être
perdu quand cette situation se produit. Ce
positionnement des orteils permet aux
muscles plus puissants du mollet de
Références
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Biomécanique du gros orteil
fonctionner, causant une griffe des orteils,
pendant que, en même temps, il empêche
les muscles intrinsèques, plus petits et plus
fragiles (lombricaux et interosseux) et les
fléchisseurs des orteils de fléchir les
articulations métatarsophalangiennes et
d’étendre les articulations interphalan-
giennes. Si de telles conditions persistent
pendant plusieurs années, par exemple, lors
du port continuel de chaussures de travail
mal ajustées, une déformation connue
comme l’orteil en « marteau » peut se
développer, avec des contractures des
articulations interphalangiennes fixées en
fl e x i o n . U n e l u x a t i o n d o r s a l e d e
l’articulation métatarsophalangienne peut
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[11] Sammarco GJ, Burstein AH, Frankel VH. Biomechanics of
the ankle: a kinematic study. Orthop Clin North Am 1973 ;
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Podologie
aussi survenir. La déformation peut se
produire avec un déséquilibre musculaire
(causé, par exemple, par une maladie
neurologique ou par l’arthrite), avec une
perte résultante de la stabilité articulaire.
Puisqu’un petit changement dans le
chargement du pied peut causer une
altération significative dans la distribution
du poids, un changement léger dans la
contraction d’un muscle peut aussi causer
une variation significative [10].
La recherche moderne appuie des initiatives
visant au port, depuis l’enfance, de
chaussures et de chaussettes qui n’exercent
pas de pression latérale au niveau de tous
les orteils [7, 13].
[12] Shereff MJ, Bejjani FJ, Kummer FJ. Kinematics of the first
metatarsophalangeal joint. J Bone Joint Surg Am 1986 ; 68 :
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