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LES ENJEUX DE LA PRATIQUE DE LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE AU

CAMEROUN : LE CAS ETIP

Robert Sangué-Fotso

Direction et Gestion | « La Revue des Sciences de Gestion »

2015/1 N° 271 | pages 109 à 118


ISSN 1160-7742
DOI 10.3917/rsg.271.0109
Article disponible en ligne à l'adresse :
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 271 – Organisation 109

Des parties prenantes extérieures


Les enjeux de la pratique de la gouver-
nance d’entreprise au Cameroun :
le cas ETIP1
par Robert Sangué-Fotso

D
epuis que l’affaire Enron a jeté le trouble dans l’univers
nord-américain des affaires, la question de la gouvernance
est au cœur des débats. Dans ce contexte, les acteurs
du système de gouvernance des entreprises sont confrontés
à un dilemme selon leurs missions respectives de conseil,
d’audit et de contrôle ; et face aux dirigeants d’entreprise. Cette
situation a des conséquences directes sur l’éclatement des
scandales financiers. Ainsi, J.K. Galbraith (2004, p49) précise
que « … les mythes de l’autorité de l’investisseur, de l’actionnaire
administrateur, les réunions rituelles du conseil d’administration
et l’assemblée générale annuelle des actionnaires continuent,
mais, pour tout observateur sain d’esprit de la grande société
anonyme moderne, la réalisation est incontournable. Le pouvoir
Robert SANGUÉ-FOTSO dans l’entreprise appartient à l’équipe de direction, bureaucratie
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Docteur en Sciences de Gestion qui contrôle sa tâche et sa rémunération. Une rémunération qui
frise le vol. C’est parfaitement évident. C’est cela qu’on a appelé
Enseignant Assistant Université de Yaoundé II à certaines occasions récentes, le "scandale d’entreprise". »
Cameroun La question des scandales financiers est principalement centrée
sur l’efficacité des mécanismes de gouvernance et la capacité
des parties prenantes de l’entreprise à contrôler les dirigeants.
Les enjeux de ces scandales ont permis de développer des
réflexions sur la gouvernance d’entreprise (désormais GE) à
travers des travaux de recherche (G. Charreaux, 1997 ; P.Y. Gomez,
2003 ; B. Pigé, 2010 ; P. Wirtz, 2005) et des rapports (OCDE,
1999 ; Vienot, 1995 et 1999 ; Cadbury, 1992 ; D. Bouton 2002).
Les objectifs poursuivis dans ces travaux sont de développer
des outils efficaces pour encourager des pratiques morales et
éthiques en gestion, et améliorer les mécanismes de contrôle.
L’abondante littérature sur la GE retrace quatre principaux objec-
tifs : la configuration du pouvoir à l’intérieur des entreprises, le
contrôle, la prévention des conflits et la répartition équitable de
la valeur créée. Les dysfonctionnements persistants dans les
organisations montrent que ces objectifs ne sont généralement
pas atteints ; ce qui conforte ainsi l’idée d’analyser les pratiques
des entreprises en matière de gouvernance au Cameroun. La

1. Le terme ETIP (Entreprise Travaux Industriels et Portuaires) traduit la dénomi-


nation sociale attribuée à l’entreprise étudiée afin de respecter l’anonymat.

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Des parties prenantes extérieures

GE, au-delà de s’intéresser aux problèmes de coordination et des pays africains, certains experts estiment que les problèmes
de contrôle, contribue à analyser l’ensemble des mécanismes économiques que connaissent ces derniers résultent d’un blocage
nécessaires à la résolution des conflits d’intérêts entre les culturel et ils proposent comme remède un changement des
dirigeants et les autres parties prenantes de l’entreprise. mentalités pour se conformer à la modernité occidentale (A.
La propriété est l’un des fondements de la corporate governance Kabou, 1991 ; D. Etounga Manguellé, 1991). Pourtant, il n’en
(T. Pedersen et S. Thomson, 1999 ; R. Whitley, 1992 ; A. Shleifer demeure pas moins que le problème de la GE en Afrique a au
et R.W. Vishny, 1986 ; D.C. North et R.P. Thomas, 1973) dont la moins deux sources principales : la faiblesse des institutions
traduction généralement utilisée en français est la gouvernance caractérisées par des textes inadaptés et l’inobservation des
d’entreprise (G. Charreaux, 1997 ; R. Pérez, 2003). Selon M. lois existantes. L’environnement institutionnel camerounais est
Mendy (2010), pour comprendre les pratiques de GE dans un globalement stable, ce qui pourrait être un facteur facilitateur
pays, il faut analyser l’impact de ses systèmes de propriété de la gouvernance d’entreprise. La vétusté des lois N° 87/1141
comme cadre définissant le pouvoir ; mais aussi comme cadre du 20 août 1987 fixant la rémunération et les avantages des
de performance que se donnent les entreprises. personnels des sociétés d’État, des établissements publics et
L’analyse des pratiques de gouvernance des dirigeants est néces- des sociétés d’économie mixte et N° 99/012 du 22 décembre
saire à la compréhension du fonctionnement des entreprises et à 1999 portant statut général des établissements publics et des
l’amélioration de leurs performances. Les dirigeants sont au cœur entreprises du secteur public et parapublic (toujours d’actualité)
des processus de décision et il est fort possible, comme le relève sont de parfaites illustrations des contraintes environnementales
M. Paquerot (1997), que les stratégies personnelles viennent qui influencent l’avancée de la gouvernance et la restauration
influencer celles de l’entreprise. Justifiées par l’inefficacité des de l’éthique managériale.
mécanismes de contrôle, diverses réflexions ont porté sur le Prolongeant différents travaux sur la GE, il apparaît qu’il n’existe
système de GE à l’échelle mondiale. Concernant l’Afrique, des pas de modèle unique de gouvernance. Mais certains éléments
efforts restent à fournir car la GE constitue l’un des domaines de communs se dégagent pour constituer des « standards internatio-
la recherche encore peu exploré. Pour E. Cohen (2002), malgré naux » auxquels les entreprises africaines doivent se conformer.
la lourdeur et l’opacité des modes de contrôle interne des entre- L’importation en Afrique des modèles occidentaux a connu des
prises, la faible financiarisation de l’activité économique matéria- échecs. Ceci en raison de leur transposition par des dirigeants
lisée par la quasi-absence d’un marché boursier, l’Afrique mérite africains formés en Occident, dans un environnement diffé-
pourtant une attention particulière compte tenu des singularités rent. Les traditions locales influent sur le fonctionnement des
que les entités qui y sont concernées font apparaître aussi bien organisations africaines, en termes de réponse à donner aux
par leurs caractéristiques stratégiques et organisationnelles que demandes familiales et communautaires, ainsi que de modalités
par leurs caractères financiers. de répartition équitable de la richesse. Les logiques sociales,
Les pratiques africaines de GE ne peuvent être étudiées qu’à la principalement caractérisées par la circulation des personnes et
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lumière des réalités africaines. Ces dernières déterminent leur des biens (E. Kamdem, 2002 ; E. Mutabazi, 2001), prévalent très
environnement et leurs conditions de naissance et de pérennité souvent sur les logiques économiques. L’objet de cet article est
(M. Mendy, 2010). M. Foucault (1978)1 souligne qu’« il ne s’agit d’abord d’analyser les pratiques de gouvernance en conformité
pas de jauger des pratiques à l’aune d’une rationalité économique avec le cadre institutionnel, ensuite d’analyser le fonctionnement
[…], mais plutôt de voir comment des formes de rationalisation des institutions de gouvernance.
s’inscrivent dans des pratiques, ou des systèmes de pratiques, L’article s’articule autour de deux préoccupations majeures. La
et quel rôle elles y jouent ». En effet, les représentations tradition- première retrace le cadre institutionnel de la gouvernance au
nelles importent davantage pour comprendre les mécanismes Cameroun, tout en mettant en exergue des critiques qui illustrent
de gouvernance que la seule hypothèse fondée sur la rationalité des questions concrètes de recherche. La seconde préoccupation
des individus. À cet égard, D.C. North (1990, p 46-47) souligne s’intéresse à l’observation des pratiques existantes à travers
que « l’avenir est lié au passé à travers les institutions informelles l’étude du cas d’une entreprise (ETIP). Il est en effet délicat de
de chaque société ». conclure à la validité d’une théorie en s’appuyant sur l’exemple
La dimension informelle constitue la caractéristique essentielle d’un cas. Notre ambition, à travers ce cas, est d’explorer la validité
à prendre en compte lorsqu’il s’agit de comprendre le fonctionne- de nos propositions de recherche sur les défaillances plutôt
ment des entreprises camerounaises. Le Cameroun a connu un que de justifier la pertinence statistique des résultats obtenus.
passé colonial de longue durée (1884-1960). Par conséquent, il C’est ainsi que nous soutenons la réintroduction de la dimension
est impossible de cerner ses institutions, sa culture, sa politique éthique comme principale variable d’amélioration de la GE dans
en faisant l’impasse sur son héritage colonial2. Lorsqu’on parle un contexte de faillite de la normalisation comme le Cameroun.

1. Michel Foucault, lors de la Table ronde du 20 mai 1978 « Nouveau millénaire,


défis libertaires », L’impossible Prison. Recherches sur le système pénitentiaire sur les pratiques de gouvernance d’entreprise et sur les modèles observés
au xixe siècle. Dits Ecrits tome IV, texte n° 278, visible sur : http://1libertaire. dans le pays. Ce passé historique conduit à l’adjonction de deux modèles
free.fr/MFoucault300.html de gouvernement des entreprises, notamment les modèles anglo-saxon et
2. En plus de l’héritage colonial allemand (1884-1916), le Cameroun a connu français ; lesquels, au bout du compte, sont à l’origine des difficultés liées à
un double héritage français et anglais (1916-1960) dont l’impact est manifeste l’adoption d’un environnement institutionnel unique, source de blocage.

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1. L’environnement institutionnel

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juridiques relatifs à l’environnement commercial et financier

comme facteur de compréhension des affaires. La plupart de ces textes datent des années 1990,
années principalement caractérisées par la persistance de la
des pratiques de gouvernance crise socio-économique dans le pays et par la recherche des
solutions pour le renforcement des capacités managériales
Cette partie a pour but de décrire le cadre institutionnel, en afin de renforcer la performance des entreprises, de susciter la
mettant en exergue la spécificité institutionnelle qui oriente les croissance et de réduire la pauvreté.
pratiques de gouvernance au Cameroun. Ces dispositions juridiques ont principalement pour objectif
d’assurer la modernisation de la gestion des entreprises, ainsi
que la transparence accrue des pratiques de gestion. Ces
1.1. Analyse critique du cadre légal lois (principalement la loi n° 99/012 du 22 décembre 1999)
de la gouvernance d’entreprise ont permis des avancées importantes dans le domaine de la
gouvernance d’entreprise : la limitation des mandats à six ans
La GE est devenue un enjeu majeur dans le quotidien des pour les administrateurs et les commissaires aux comptes (un
entreprises camerounaises, au niveau du fonctionnement et mandat de trois ans renouvelable une fois) ; la limitation à neuf
de l’organisation interne de ces dernières ; ainsi que de leur ans maximum pour les directeurs généraux (un mandat de trois
valorisation sur les marchés financiers. Le financement des ans renouvelable deux fois). Par contre, le droit OHADA ne fixe
entreprises est généralement l’œuvre des familles, d’un groupe pas de plafond et laisse libre cours aux statuts de la société.
de personnes ou de l’État. Ce qui conduit généralement à une Les mesures prônant l’exécutif dual ou bicéphale (Président et
situation de monopole du financement et d’influence déterminante Directeur Général) sont implicitement soulignées dans la loi de
des actionnaires dominants. Cette situation pourrait s’expliquer 1999 à son chapitre II. Pour ce qui est de l’OHADA, la loi donne
par la faible croissance de l’économie qui a un impact sur la le choix aux sociétés d’adopter le mode de gestion qui leur
survie des entreprises, d’une part ; et par la faible ouverture du convient (structure monale ou structure duale). Ces mesures
capital, d’autre part. doivent permettre de clarifier le rôle de chaque partie dans
De manière générale, la population est divisée en deux princi- l’entreprise et de rendre plus compréhensible le fonctionnement
pales catégories : celle qui contrôle les richesses et en profite des instances dirigeantes.
abondamment et celle qui vit dans la pauvreté et subit la margi- Concernant ces mesures et au regard des observations faites,
nalisation économique et sociale. La classe moyenne susceptible la majorité des sociétés adopte la structure duale. La structure
d’apporter sa contribution au développement des entreprises et monale est plus observée dans les entreprises familiales et
d’améliorer la qualité de la GE est peu développée. La pauvreté parfois cette situation est de fait. La séparation des fonctions,
demeure cruciale au Cameroun et le ratio se situe autour de au sens de M. Jensen et W.M. Meckling (1976), qui apparaît
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0.42 (ECAM3, 2007) ; traduisant des inégalités dans la réparti- théoriquement comme gage de modernité, ne suffit pas pour
tion des revenus qui augurent l’existence de fortes privations garantir les meilleures pratiques de gouvernance. La loi permet
dans le pays (S. Fambon 2006 ; C. Chameni Nembua, 2005 et des avancées considérables en matière de contrôle par les
2008 ; F. Bayes Mendjo, 2005 et ECAM II et III, 2001 et 2007). actionnaires. Cependant, elle n’apporte pas de progrès dans la
D’après l’INS (2007), le seuil de pauvreté au Cameroun est de prise en compte des autres acteurs impliqués dans les activités
269 443 FCFA4 et par équivalent-adulte. Sur une population de l’entreprise, à l’instar des salariés, des créanciers, des fournis-
estimée à 17 900 000 habitants dont 43 % des personnes âgées seurs, des clients. Il en est de même pour les communautés
de moins de 15 ans, 39,9 % soit 7 100 000 camerounais vivent locales directement concernées par les activités de l’entreprise.
en dessous du seuil de la pauvreté pour une population active Le cas des administrateurs est abordé, mais cela suscite encore
estimée à 8 127 000 individus. Il ressort également du rapport la question de la légitimité. Sur le plan de la transparence, l’intérêt
Ecam III (2007) qu’un Camerounais sur deux a moins de dix-huit majeur de ces lois (pour les investisseurs) concerne leur infor-
(18) ans ; cela n’étant pas sans incidence sur la pratique de la mation sur les rémunérations et les avantages sociaux. Cette
gouvernance d’entreprise. préoccupation est encadrée au niveau des entreprises publiques
La forte communication institutionnelle observée autour des et parapubliques par les décrets N° 78/530/PR du 21 décembre
pratiques de gouvernance conduit à mettre en place des 1978 et N° 87/1141 du 20 août 1987 qui semblent être en
mécanismes de régulation efficients, en édictant des règles déphasage avec l’évolution de l’environnement socio-économique
de droit et en veillant à leur application. Le Cameroun dispose actuel. Du côté de l’OHADA, le salaire est négociable. Cette
aujourd’hui, en dehors du droit OHADA5, d’un arsenal de textes information est renforcée par des textes supplémentaires ou

3. ECAM est une enquête conduite par l’Institut National de la Statistique (INS) résident dans le fait qu’il n’intègre pas les considérations sociologiques et
pour le compte du Gouvernement camerounais. occulte le poids de la tradition qui oriente fortement le management des entre-
4. Soit 410,74 €. 1 € = 656 957 Fcfa. prises africaines car constituant une copie du droit français ; l’insuffisance des
5. OHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique. mécanismes protégeant au maximum les actionnaires minoritaires ; la faible
Cet arsenal juridique a le mérite d’améliorer l’organisation et le fonctionnement implication des parties prenantes et les imprécisions quant à l’étendue des
des sociétés en termes de bonne gouvernance. Les principales faiblesses responsabilités des mandataires sociaux.

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des conventions entre les dirigeants et l’entreprise. La GE est est d’autant plus vrai que M. Bauer (1993) souligne que les
modelée par l’ensemble des règles législatives et réglementaires, raisonnements et les actes des dirigeants d’entreprises ne sont
jurisprudentielles et contractuelles, qui définissent les modalités pas souvent conformes à la réalité économique.
de gestion de l’entreprise. Ainsi, les propositions heuristiques à L’approche institutionnelle permet de comprendre que la GE est
vérifier au regard des arguments développés sont : dépendante de l’environnement de l’entreprise. Le cadre institu-
Proposition 1 : Les commissaires aux comptes (désormais CAC) tionnel évolue et subit des changements dans le temps. C’est
sont en place et ne connaissent pas de rotation. ainsi qu’apparaît l’importance des institutions dans l’analyse de
Proposition 2 : Il existe des pratiques acceptées de gouvernance la GE, suivant la théorie du changement institutionnel développée
mais qui ne sont pas justifiées suivant la réglementation en par D.C. North (1990). Les relations que l’entreprise entretient
vigueur. avec son environnement ont permis de développer la théorie
des parties prenantes (E.R. Freeman, 1984). Les dimensions
institutionnelles sont supposées orienter les pratiques, comme
1.2. Les spécificités institutionnelles le précise W.R. Scott (2001). Le tableau ci-dessous présente
camerounaises accordent une importance à une synthèse des analyses précédentes.

la pratique de la gouvernance Tableau 1. Dimensions institutionnelles et légitimité des pratiques de gouverne-


ment des entreprises. Source : Adapté de W.R. Scott (2001).

Les mécanismes de GE prévus par l’OHADA concernent le Dimensions


Règlementaire Normative Cognitive
fonctionnement et la régulation des organes sociaux et visent Légitimité
ainsi la préservation des intérêts des actionnaires et le contrôle Fondement Attentes Obligations Représentations
de la direction générale. Deux des trois formes de GE analysées de la confor- formelles sociales partagées
par R. La Porta et al. (1999) sont effectivement observées dans mité
les États membres de l’OHADA, notamment le Cameroun. Fondement Dispositifs de Attentes Modèles mentaux
de l’ordre régulation formalisées constitutifs
La première forme est la gouvernance managériale, caractérisée
Mécanisme Règles, lois Certifications, Croyances
par la séparation entre la propriété et le contrôle. Cette forme
sanctions accréditations, partagées,
de gouvernance est systématiquement observée dans les notations logique d’action
entreprises cotées à la Douala Stock Exchange6. Les pratiques commune
de gouvernance de ces entreprises cotées ne diffèrent pas de Fondement Sanctions Jugement Intelligibilité des
celles observées dans les pays développés. Quelques entreprises de la légiti- légales moral représentations
mité
à capitaux camerounais imitent les modèles occidentaux de
gouvernance, oubliant l’influence des cultures et des traditions La légitimation des institutions consiste donc à reconnaître
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locales sur l’organisation de l’entreprise. qu’elles relèvent d’une variété organisationnelle et décisionnelle.
L’autre forme de gouvernance observée est beaucoup plus Si le dispositif institutionnel est inadapté, et qu’on est également
familiale et se retrouve dans la quasi-totalité des entreprises confronté à un déséquilibre institutionnel, la gouvernance du
camerounaises, notamment les petites et moyennes entreprises pays va fortement influencer celle des entreprises, entraînant le
familiales ou les sociétés unipersonnelles. La gestion patri- gaspillage des ressources. Le Conseil d’Administration (désormais
moniale, largement pratiquée dans les entreprises publiques CA) dispose d’atouts pour définir une politique de rémunération
et dans les entreprises privées, fait penser qu’il n’y a pas de adéquate des administrateurs et des mandataires sociaux en
compte à rendre ; alors que l’un des postulats essentiels de la cohérence avec les tâches effectuées au terme des articles 430,
gouvernance est de « rendre compte ». Ainsi, les chefs d’entre- 467, 474, et 490 de l’Acte Uniforme OHADA.
prise s’accaparent de tous les pouvoirs (décisionnel, financier, Toutefois, le décret N° 87-1141 du 20 août 1987, encore en
communicationnel). Les organes sociaux (assemblée générale, vigueur, fixe les plafonds pour les administrateurs et dirigeants
conseil d’administration, direction générale) sont passifs et des sociétés d’État et d’économie mixte. Ce plafond n’est pas
contrôlés par le dirigeant propriétaire. Les actionnaires sont alors respecté parce que le seuil de rémunération dépend de la
des prête-noms qui n’ont pris aucun risque financier pouvant les relation existante entre le Président du Conseil d’Administration
amener à adopter un comportement proactif. La GE ne saurait (désormais PCA) et le Directeur Général (désormais DG). En
être analysée uniquement suivant la théorie économique. Ceci conséquence, les montants de prime, indemnités et avantages
servis sont élevés et constitueraient un argument de passivisme
6. La Douala Stock Exchange est la bourse de valeur du Cameroun qui des administrateurs.
enregistre actuellement seulement trois entreprises cotées à savoir SAFACAM, La stabilité des lois et règlements pourrait trouver une explication
SOCAPALM et SEMC. Cette faible cotation s’explique par différentes raisons :
la forte proportion des PME camerounaises qui ne remplissent pas les condi-
juridique et historique. Le Cameroun applique simultanément le
tions d’accès, la faible diffusion des pratiques professionnelles dans le Common Law et le droit civil, tous issus des héritages coloniaux
domaine du marché financier, la mauvaise gouvernance des entreprises, la (anglais et français). Cette situation traduit la dépendance des
forte propension des entreprises filiales installées au Cameroun à mobiliser
les capitaux sur les places boursières internationales. tribunaux camerounais dans l’application des lois ; tout en rendant

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complexe la modification permanente des lois et règlements, Proposition 3 : Les intérêts des actionnaires minoritaires ne sont
car il faudrait intégrer tous les aspects juridiques ; surtout l’ato- pas pris en compte.
misation du pouvoir législatif. A. Shleifer et R.W. Vishny (1986) Proposition 4 : Plus les incitations financières sont élevées, moins
relèvent que l’essentiel des différences entre les systèmes de les administrateurs s’investissent dans le contrôle.
gouvernance autour du monde résulte des écarts dans la nature
des obligations légales des dirigeants vis-à-vis des investisseurs,
ainsi que des différences dans la façon dont les tribunaux font 2. La gouvernance au sein
appliquer et interprètent ces obligations. d’une société d’économie mixte7 :
La tradition juridique soulignée par R. La Porta et al. (1999)
est un argument d’explication des différences de modèle de le cas ETIP (Entreprise de Travaux
gouvernance. Les scandales financiers connus au Cameroun Industriels et Portuaires)
n’ont pas abouti à l’adoption de nouvelles lois visant à renforcer
le contrôle des dirigeants d’une part, et la responsabilité des Il s’agit d’abord dans cette section de justifier l’usage d’un cas,
administrateurs d’autre part. Pourtant, en France comme aux ensuite d’indiquer les démarches suivies pour obtenir les diffé-
États-Unis, à la suite des scandales, des mesures ont été prises rents matériaux que sont les données ; et enfin de présenter les
notamment la loi Sarbanes-Oxley (2002), la loi sur les Nouvelles mécanismes organisationnels de l’ETIP.
Régulations Économiques (2001), la Loi sur la Sécurité Financière
(2003). La neutralité du choix politique ou l’absence de visibilité
politique peut dans certaines circonstances favoriser la stabilité 2.1. Pourquoi le cas ETIP ?
des institutions et partant, être source de différences entre les
modèles de GE existants. L’ouverture des institutions est contin- L’utilisation d’un cas unique est dictée tant par l’objectif de la
gente aux schémas politiques. L’environnement législatif reste recherche que par l’accès très difficile aux informations primaires
prioritaire au Cameroun en ce sens que les marchés financiers voire secondaires sur le fonctionnement du CA et de l’Assemblée
ne fonctionnent pas pour pouvoir actionner l’ajustement légal Générale (désormais AG). Ainsi, R. Yin (1994) souligne que si
des institutions. Les lois et règlements sont donc plus perçus l’on choisit un cas unique, il faut que ce soit un cas critique
comme caractéristiques des institutions au sens de D.C. North pour tester une histoire (….), un cas extrême ou un cas (…)
(1990) que des résultats attendus. difficilement accessible à l’observation par les chercheurs. Le
L’article 66 de la constitution camerounaise de 1996 fait obliga- cas de l’ETIP est révélateur car il est à la fois un cas critique et
tion aux gestionnaires de fonds publics de déclarer leurs biens un cas difficilement accessible, au regard de l’actualité brûlante
avant et après leur fonction ; cette disposition n’a jamais été dans cette entreprise dont le DG a été condamné le 28 octobre
respectée. Cet exemple conforte l’argument de J.M. Roe (2000) 2010. Ce cas est critique en ce sens qu’il permettra de valider
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sur l’explication politique qu’il donne au sujet de la divergence ou d’invalider les prescriptions des théories contractuelles
des systèmes de gouvernance dans les pays. Les modèles relatives aux schémas mentaux et à l’espace discrétionnaire. Il
anglo-saxons et français ont prévu la protection des actionnaires est par ailleurs unique quant à la qualité des données exploitées.
minoritaires au même titre que le droit OHADA. La différence L’accès aux documents retraçant l’exhaustivité de l’activité et du
réside dans l’application stricte des textes. La violation des droits fonctionnement de la société, tels les rapports d’activité de la
impunis des actionnaires minoritaires conforte leur passivisme. direction générale, le rapport de gestion du CA, le procès-verbal
Les institutions telles que conçues favorisent d’une part l’asy- du CA et de l’AG, le manuel de procédures et les rapports du CAC,
métrie d’information parce qu’elles ne renseignent pas suffi- est très difficile et rare car il s’agit des informations frappées
samment sur les conditions, les transactions, les produits, les du sceau de la confidentialité. Également, depuis le départ de
services et les acteurs. D’autre part, elles encouragent l’impunité l’ancien DG, l’ETIP sombre toujours dans des problèmes de
qui gangrène l’action des responsables politiques supposés management, voire de gouvernance.
exclus de l’obligation de « rendre compte » et ne permet pas le
bon traitement de l’information tant financière que stratégique.
L’environnement politique influence négativement le fonction- 2.2. Collecte de données
nement des institutions, les rendant ainsi faibles. Certaines
lois importantes ne sont pas suivies des décrets d’application Les données ont été collectées entre le 21 septembre 2008
notamment la loi du 12 décembre 1999 sur les entreprises et le 9 juillet 2011 grâce à l’exploitation des rapports des
publiques et celle du 26 avril 2006 pour la déclaration des biens. sessions de conseil d’administration ; des procès-verbaux des
Concernant la loi de 1999, le manque de décret d’application a sessions d’assemblée générale ; des entretiens semi-directifs
ouvert des brèches entraînant des abus ; surtout au niveau de conduits auprès des personnes impliquées dans le manage-
la rémunération des dirigeants et des administrateurs. Au regard
de ce qui précède, nous émettons les propositions heuristiques 7. La dichotomie entreprise privée et entreprise publique mérite d’être levée
pour donner place à l’entreprise moderne dont l’objectif est la distribution de
suivantes : richesses, étant entendu qu’elle est un lieu de création de valeur.

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ment de l’entreprise et auprès de certaines institutions en qui siègent en AG, instaurant de ce fait un courant de pensée
charge du contrôle des entreprises (R. Sangué-Fotso, 2011), unique qui annihile tout contre-pouvoir. L’AG est alors perçue
principalement la Chambre Des Comptes (désormais CDC) et comme une simple formalité juridique. Il n’est pas mentionné
Contrôle Supérieur de l’État (désormais CONSUPE). Au total neuf dans le rapport la contribution de chaque actionnaire au débat,
entretiens ont été enregistrés et retranscrits pour une durée ce qui ne permet pas de faire ressortir le point de vue exprimé
totale d’environ 5 heures. Ces données sont également issues par chaque actionnaire. À titre d’illustration, l’une des résolutions
de l’exploitation des coupures de journaux et de magazines. Le de l’AG adoptée à l’unanimité des voix donne quitus au DG pour
choix de ces différentes sources complémentaires a permis une sa gestion au titre de l’exercice clos au 31 décembre 2009. Ce
couverture relativement importante des évènements concernant DG a été limogé deux mois plus tard par un décret du Président
les pratiques de gouvernance au sein de l’entreprise ETIP. Les de la République, remettant ainsi sur la sellette la question de
entretiens informels ont été également effectués. La démarche la pertinence et de la compétence des administrateurs d’une
d’entretien a consisté à poser une question générale sur les part, ainsi que celle de la conscience et de l’éthique dans la
pratiques de gouvernance et à laisser l’interlocuteur livrer toutes prise des décisions par l’AG, d’autre part.
les informations qu’il souhaite communiquer. La réponse de La structure du CA de l’ETIP est quasiment identique sur toute
l’interlocuteur pouvait inspirer d’autres questions ; le but étant la période observée. Les postes d’administrateur sont occupés
de le sortir de son retranchement et de relancer les discussions. par les actionnaires et ne sont pas intuitu personae. Dans la
Pour y parvenir, un guide d’entretien a été préalablement conçu. vision actionnariale, le CA est l’organe de défense des intérêts
Les données issues des journaux, des textes règlementaires des pourvoyeurs de capitaux. De nos jours, son rôle va au-delà
et des rapports ont été résumées de manière à extraire les et porte également, selon la théorie des parties prenantes, sur
éléments relatifs à la gouvernance des entreprises. Pour ce qui la prise en compte des intérêts des divers intervenants à la vie
est du traitement des entretiens semi-directifs, la procédure de l’entreprise. Cette vision rejoint, selon F.G. Trébulle (2006),
globale a conduit d’abord à distinguer le type de support de les approches existantes tant en matière de comptabilité qu’en
collecte. Pour les interviews enregistrées sur support papier, matière de droit des sociétés et de jurisprudence. Une telle
un prétraitement a consisté à saisir les fiches de collecte sous approche exige, selon B. Pigé (2010), une cohérence entre les
un logiciel de traitement de texte ; les données collectées par objectifs assignés au CA et la composition de ce même conseil.
dictaphone ont été exportées sous un fichier texte modifiable sur L’efficacité du CA est garantie par le mode de désignation de ses
lequel nous avons corrigé les erreurs induites par la transmission. administrateurs et de la compétence de ceux-ci.
Ensuite, l’analyse quasi textuelle a permis de repérer des mots Le CA de l’ETIP veille au suivi de l’exécution des résolutions et
et des idées-clés dans les verbatim. Ces idées sont utilisées recommandations décidées lors des précédents conseils. Cette
pour construire des résumés cohérents des faits relatifs aux veille décisionnelle n’est pas mentionnée à la 85e session pour
différents aspects de la gouvernance d’entreprise. appréhender la constance de cet esprit ; ce qui implique qu’au
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terme de la 84e session, aucune recommandation n’a été faite.
Pourtant, chaque session du conseil vise un objectif précis au
2.3. Structure organisationnelle terme duquel des actions fortes doivent être posées ainsi que
comme pivot du développement des recommandations. L’aptitude des administrateurs à favoriser
des discussions sur des points divergents exprime la capacité du
de la gouvernance CA à affronter les conflits cognitifs. Cette attitude du conseil à
s’engager dans les conflits cognitifs est perçue par A.C. Amason
L’ETIP exerce dans le domaine des travaux industriels et marins. (1996) et K.A. Jehn (1995) comme bénéfique à la prise de
Ces deux activités constituent l’essentiel de son chiffre d’affaires décision au sein des équipes dirigeantes. Ceci suppose que la
tel qu’il ressort du rapport du CA et de l’AG. Sur le plan régle- prise en compte de plusieurs idées améliore la prise de décision.
mentaire, l’ETIP s’appuie sur la loi n° 90/031 régissant l’activité Au sein de l’ETIP, l’absence de conflits cognitifs peut être due
commerciale et industrielle au Cameroun ainsi que la loi n° 98/015 à l’inféodation des administrateurs à la direction générale et à
relative aux établissements classés dangereux, insalubres ou l’incompétence de ceux-ci. La problématique de la pertinence
incommodes. La structure organisationnelle étant la base de des sessions et du bien-fondé de celles-ci se pose avec acuité.
la GE théoriquement, l’ETIP est dotée d’un organigramme dont Entre le 9 août 2002 et le 18 juin 2010, le conseil d’administra-
l’efficacité reste à prouver en termes de relations hiérarchiques tion s’est réuni 46 fois avec une moyenne de six sessions par
et de points focaux. Une analyse critique des organes de gouver- an et une durée moyenne de 4 heures par session. Soulignons
nance est impérative pour cerner les pratiques qui y ont cours. que le droit OHADA prévoit un minimum de deux sessions par
Le fonctionnement de l’AG de l’ETIP répond sur la forme aux an, mais est muet sur le maximum. Ce vide juridique suscite
recommandations du droit OHADA sur les sociétés commerciales. la multiplication des sessions, très souvent pour des raisons
Au regard des documents qui ont été mis à notre disposition, rien pécuniaires. La constance dans la tenue des sessions dénoterait
n’indique le sens des débats entre les actionnaires. Également, il de la volonté des administrateurs, à travers leur PCA, à jouer
ressort que les administrateurs qui siègent au CA sont les mêmes pleinement leur rôle. Toutefois, une pléthore de sessions a pour

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Tableau 2. Comparaison entre les indemnités servies et les plafonds requis par le décret de 1987. Source : rapports des conseils d’administration et textes de 1978

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et 1987.

Indemnités Frais sessions


Écarts (servis–plafonds)
Servies Plafond1 Servis Plafond
PCA/Admini­strateurs 106 400 000 21 600 000 171 177 861 2 400 000 253 577 861
Directeur Général 36 000 000 6 000 000 - - 30 000 000
1. Le plafond est déterminé en fonction de la structure du conseil d’administration, du nombre moyen de sessions tenu par an et des plafonds
fixés par la loi. Le salaire net catégoriel du DG selon la loi de 1987 est de 300 000 FCFA. Le salaire net perçu par le DG de l’ETIP est de
3 000 000 FCFA à l’exclusion de nombreux avantages.

corollaire de fragiliser la trésorerie de l’entreprise au profit des des nominations faites au plus haut sommet de l’État. (Cas de
administrateurs et d’affecter la rentabilité ainsi que la pérennité François Pérol, président du directoire du groupe Banque Populaire
de l’entreprise. Il apparaît également un pouvoir fort du DG sur Caisse d’Epargne ; président de la filiale Natixis, ancien secrétaire
les administrateurs, de sorte que ce dernier peut obtenir le renvoi général adjoint de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy
d’un administrateur ; l’inverse n’étant pas vérifié. Cette situation et également ancien banquier d’affaires et associé-gérant de la
favorise l’adoption des comportements opportunistes. banque Rothschild & Cie). Dans ce dernier pays, ce mode très
Les rémunérations servies ne respectent pas les textes en vigueur. centralisé de désignation est rare et relève de l’exception ; alors
La non-diffusion des rémunérations, au Cameroun comme en qu’au Cameroun, c’est une pratique très courante.
France, est une situation conflictuelle confirmant de ce fait les
conflits d’intérêts entre les bénéficiaires. Le tableau ci-dessous
donne un aperçu des rémunérations servies. 3. Principaux résultats
Les textes de 1978 et 1987 qui encadrent ces rémunérations
sont en déphasage avec l’environnement socio-économique Nos résultats proviennent des analyses détaillées des coupures
du Cameroun et surtout avec la lourdeur des responsabilités de presse et magazines, des entretiens effectués au cours de
qui incombent aux dirigeants et aux administrateurs. La forte la période de septembre 2008 à juillet 2011. S’agissant d’un
incitation financière des administrateurs influencerait positive- seul cas, les conclusions sont de portée limitée. L’étude du cas
ment la probabilité de rotation des postes. Cela signifie que de l’ETIP a permis de relever qu’il existe un clivage entre les
plus l’incitation financière est grande, moins probable est la pratiques de gouvernance et les textes législatifs et règlemen-
rotation au poste ; ce qui est susceptible d’encourager l’exer- taires en vigueur.
cice des fonctions au-delà de la durée légale. Ce cas de figure Ce constat traduit ainsi une entorse à la règle. Il existerait alors
s’observe aussi au niveau du recrutement des administrateurs des facteurs d’inertie favorisant ce dérapage, notamment l’inadé-
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et des dirigeants. Les PCA et les DG de l’ETIP ont été nommés quation du cadre légal et l’adoption de certains comportements
par des décrets présidentiels sans que le contenu du décret pour des considérations sociales et politiques. L’activisme insti-
ne puisse préciser « sur proposition du CA ». Cette manière de tutionnel de la fin des années quatre-vingt-dix est marqué par
faire rend l’acte discrétionnaire. Il n’est pas admis dans la loi de la pression faite sur les CA d’exercer un contrôle indépendant
1999 que le processus de nomination devra être entériné par et efficace sur les dirigeants.
un décret présidentiel. Les mutations des structures opérées devraient alors faciliter et
L’absence d’un processus formel de sélection des administrateurs accroître cette exigence d’indépendance envers les dirigeants.
pour occuper les postes vacants, en raison des manœuvres de Ces mutations structurelles n’ont pas nécessairement permis de
cooptation des administrateurs qui n’obéissent à aucun critère modifier le comportement des CA et celui des administrateurs. Ce
préétabli, vient corroborer les résultats des travaux de C.M. constat est également fait aux États-Unis, au Royaume-Uni, en
Dalton et D.R. Dalton (2005) et de A. Azoulay-Bismuth (2007). France à travers les résultats des études de M. Huse (2005) ; A.M.
La genèse de l’ETIP indique que le premier DG de nationalité Pettigrew et T. McNulty (1995) ; A. Pye et A.M. Pettigrew (2005) ;
sri-lankaise a passé trois ans à la tête de l’entreprise. Le second, J. Roberts et al. (2005) et R.V. Aguilera (2005). Globalement,
de nationalité camerounaise, y a passé dix-huit ans. Le troisième, l’indépendance des conseils d’administration est restée formelle
également de nationalité camerounaise, y a passé deux ans. Le et les mécanismes de contrôle inopérants ; car ils sont neutralisés
quatrième, de nationalité sud-coréenne, est en poste depuis le par les dirigeants à travers divers lobbyings dont l’action traduit
1er septembre 2010. la défaillance éthique et comportementale des administrateurs.
Il apparaît ainsi que le processus de désignation des dirigeants, Cette défaillance a entraîné les scandales financiers connus,
par l’autorité administrative et politique, provoque des conflits tant au Cameroun qu’aux États-Unis et en Europe. La faillite de la
dans les entreprises publiques, parapubliques et d’économie firme américaine Enron, en 2001, en est un exemple illustratif. Au
mixte. L’influence de l’actionnaire majoritaire qu’est l’État Cameroun, les administrateurs et les CAC ont une forte proximité
camerounais a été considérable dans le limogeage de l’ex-DG avec la direction générale qui joue parfois un rôle important dans
et dans la désignation du DGA. En France, on dénombre aussi leur nomination. Ce qui remet ainsi en cause leur indépendance.

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Les résultats sont présentés en faisant référence à chacune de les résultats d’A.M. Pettigrew et T. McNulty (1995) selon lesquels
nos quatre propositions. l’influence des administrateurs est plus forte pour annuler une
décision. Le caractère puissant du DG se concrétise avec son
ancienneté au poste et sa position sur l’échiquier politique
3.1. La longévité des commissaires national. Cette situation favorise l’impunité érigée en norme. C’est
aux comptes ne garantit pas les bonnes le cas par exemple des manœuvres de détournement d’argent.
Le constat fait sur le terrain et l’exploitation des sources documen-
pratiques de gouvernance taires disponibles semblent conforter notre proposition qui stipule
qu’il « existe des pratiques acceptées mais non justifiées. » Les
L’exploitation des documents mis à notre disposition ne permet pratiques sont le plus souvent acceptées parce que les adminis-
pas de nous prononcer sur la durée réelle du mandat exercé trateurs, premiers dénonciateurs, vont au CA pour négocier le
par le CAC de l’ETIP. L’information recoupée auprès d’un cadre recrutement des membres de leurs familles respectives. Par
de cette entreprise, qui requiert l’anonymat, nous indique que conséquent, ils n’ont plus le temps de lire ce que le DG soumet
le CAC est en poste depuis la création de l’entreprise en 1988. à leur attention.
Cette longévité au poste dépasse ainsi largement la durée Cette proposition peut aussi être invalidée si l’on considère
prévue par les textes en vigueur. La CDC a précisé dans son le résultat des contrôles externes ayant mis en évidence des
rapport sur l’application de la loi de 1999, publié en 2010, que pratiques irrégulières courantes dans les entreprises. Ces
l’exercice au-delà de la durée légale des CAC est la règle. Ceci pratiques ont entraîné le limogeage des dirigeants et leur inter-
s’expliquerait selon nous par le mode de recrutement du CAC qui pellation. La principale observation des contrôleurs, ainsi que les
repose notamment sur des liens personnels entretenus entre les réponses aux entretiens, confirment sans ambiguïté le non-respect
dirigeants de l’entreprise et le CAC à travers différents réseaux des normes et de la réglementation de la part des dirigeants.
sociaux (familiaux, amicaux, claniques, etc.). Les auditeurs du CONSUPE relèvent les mêmes défaillances
Ce comportement se vérifie dans la quasi-totalité des entreprises dans leur rapport, notamment « la violation des statuts et du
privées au sein desquelles le recrutement du CAC est guidé par règlement intérieur, la faiblesse du système de contrôle interne,
une relation forte, vécue dans le passé, entre ce dernier et le le non-respect de la règlementation en vigueur, la tenue irrégu-
dirigeant. Celui-ci finit par résister à lui retirer la mission dès lière de la comptabilité ou l’absence de comptabilité etc. » Ces
lors que le CAC travaille sous les ordres de son « ami dirigeant ». manquements sont généralement observés dans les entreprises
Ce constat confirme notre proposition qui souligne que les CAC au sein desquelles les auditeurs ont effectué des contrôles. La
« sont en place et ne connaissent pas de rotation. » D’après nos capacité contributive des mandants est nécessaire pour veiller
observations, la rotation est presque nulle. L’expert comptable au respect des mandats des administrateurs et se doter des
fait également office de CAC dans la même entreprise ; ce qui outils d’alerte en temps opportun, notamment le comité de
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crée ainsi une confusion entre les métiers d’expertise comptable mandats. Sur ce point, on peut noter pour le déplorer que le
et de commissariat aux comptes. droit OHADA fait de la création des comités une possibilité et
La qualité de l’information produite dépendra du niveau d’indé- non une obligation.
pendance du CAC, de son éthique personnelle, de sa compétence
effective et surtout de sa capacité manifeste à résister à la
corruption qui est un instrument de soumission et d’allégeance. 3.3. L’environnement institutionnel
L’organisation du marché de l’audit permettrait de réduire cette ne favorise pas le respect des intérêts
défaillance institutionnelle à travers la mise en place des straté-
gies visant à contrôler les mandats des CAC par l’Ordre national des actionnaires minoritaires
des experts comptables du Cameroun.
Dans le cas de l’ETIP, le dépassement du nombre de mandats
par le deuxième DG traduit, non seulement la défaillance des
3.2. L’exercice au-delà de la durée organes de contrôle tels que le CA et l’AG, mais aussi l’inap-
légale des administrateurs instaure plication stricte de la loi de 1999. Cette défaillance s’explique
aussi par le type de système politique en place au Cameroun
un courant de pensée unique et encourage où tous les pouvoirs, bien que théoriquement partagés, sont
des pratiques peu orthodoxes pratiquement concentrés au sommet de l’État. Le limogeage du
dirigeant de l’ETIP a été effectué par l’actionnaire majoritaire,
Le fonctionnement du CA, tel qu’il apparaît, donne un pouvoir suite à une divergence de vision sur un projet à réaliser et à un
dominant au DG sur les administrateurs de sorte que ce dernier audit commis par l’actionnaire majoritaire. Cet audit a relevé
peut obtenir le renvoi d’un administrateur ; la situation inverse des manquements dans la gestion du DG. Sa révocation serait
n’étant pas vérifiée. Il a été révélé que l’influence des adminis- la résultante de divergence d’intérêts, ce qui relance le débat
trateurs est moins forte pour bloquer une décision, ce qui infirme sur le respect des autres parties prenantes de l’entreprise. Le

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rapport commis par les contrôleurs externes ne relève pas la gration progressive de l’éthique permettrait de dynamiser la GE
contribution des autres actionnaires à l’atteinte des objectifs dans les entreprises à travers une synergie entre les institutions
poursuivis par l’actionnaire majoritaire. formelles et informelles. Les décideurs économiques, politiques
Cette démarche conduit, selon nous, à l’absence de prise en et traditionnels devraient veiller en permanence à garantir les
compte des intérêts des petits actionnaires. Ce qui va dans le équilibres entre les parties prenantes afin d’éviter des fractures
sens de notre proposition selon laquelle « les intérêts des action- sociales.
naires minoritaires ne sont pas pris en compte. ». Le principal Conclusion
enjeu réside dans la capacité à respecter le cadre institutionnel ; Dans cet article, nous avons mis en évidence les pratiques de GE
lequel devrait fournir aux acteurs sociaux des outils stratégiques à travers l’analyse critique du cadre institutionnel et réglementaire
de gouvernance. Il est essentiel que les institutions soient fortes camerounais. Partant d’une vision standard de la configuration
pour assurer l’équilibre organisationnel et instaurer une égalité des pouvoirs qui laisse croire à un automatisme universel des
entre actionnaires. modes d’organisation, on s’est acheminé progressivement vers
une représentation plus dynamique dans laquelle s’impose une
logique d’acteur et de comportement. Les principaux enjeux se
3.4. L’éthique dans les pratiques situent dans une modification profonde de fond et à l’application
de gouvernance est fortement influencée stricte des textes. L’entreprise devrait être appréhendée comme
un construit socioculturel où se développent des valeurs éthiques.
par les incitations financières L’adaptation des textes à l’évolution de l’environnement et surtout
du comportement serait un atout pour limiter la pollution morale.
Le niveau de rémunération des administrateurs, en termes de L’analyse profonde du cadre juridique nous conduit à conclure à
jetons de présence, est très élevé au regard de la loi de 1987 qui un déphasage entre l’évolution de l’environnement économique
fixe la rémunération des directeurs généraux et des administra- et les textes encore en vigueur. Ces derniers posent alors le
teurs. Ce traitement fort intéressant est à l’origine de l’exercice des problème d’interprétation et leur application est à l’origine des
fonctions au-delà de la durée légale, parce que les mandataires manipulations de divers ordres, parmi lesquels la fragilisation
sociaux sont tenus d’entretenir les réseaux qui leur ont permis du système de contrôle. La pratique de la GE serait alors le
de décrocher un poste d’administrateur. En 2009, l’ETIP a servi reflet du fonctionnement des différentes institutions sociales
des indemnités de 106 400 000 FCFA pour un effectif de huit (chefferie traditionnelle, communauté d’appartenance, famille,
administrateurs. Il s’ensuit que chacun des administrateurs a église, association de solidarité, etc.) au sein desquelles se
perçu en moyenne 13 300 000 FCFA sur l’année. Les frais annuels construit la socialisation des individus (R. Sangué-Fotso, 2011).
des sessions du conseil d’administration s’élèvent par ailleurs à L’observation des mécanismes de gouvernance au Cameroun
171 177 861 FCFA, avec une moyenne de six sessions par an. Par fournit la preuve, d’une part de la nécessité de respecter la régle-
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contre, en 2008, les indemnités servies étaient de 92 000 000 mentation en vigueur, d’autre part, de l’urgence de formaliser un
FCFA pour le même effectif. Les frais de conseil et d’assemblée modèle de gouvernance qui s’enracine dans la culture et dans
s’élevaient à 102 088 411 FCFA et les jetons de présence étaient l’environnement sociopolitique du pays. Il s’agit d’un modèle
de 43 437 500 FCFA. La société a connu une dégradation de la orienté vers l’efficacité organisationnelle et qui puise ses racines
performance économique en 2009, avec paradoxalement une dans un style de management basé sur les principes d’éthique,
augmentation des indemnités des administrateurs et l’octroi de reddition des comptes et d’indépendance des acteurs.
d’une prime de bilan de 30 000 000 FCFA au personnel, dont
10 000 000 FCFA au DG.
Le fort taux d’indemnité, qui défie la règlementation sur la Références bibliographiques
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entrevoir que les administrateurs ne sont pas choisis pour leur An Institutional Comparative Perspective”, British Journal of
compétence. Leur nomination s’apparente alors à une rente. Les Management, 16, 2005, p. 39-53.
administrateurs sont plus intéressés par les avantages financiers Amason A.C., “Distinguishing the effects of Functional and
qui accompagnent leur nomination. Ces derniers donnent tous Dysfunctional Conflict on strategic Decision Making : Resolving
les pouvoirs au DG et se contentent des avantages non prévus a paradox for Top Management Teams”, Academy of Management
par la loi. Les administrateurs s’intéressant plus aux avantages Journal, 39, 1, 1996, p. 123-148.
qu’ils espèrent retirer de l’entreprise qu’à la performance de Azoulay-Bismuth A., « Le Rôle des Administrateurs Indépendants dans
celle-ci. La CDC et le CONSUPE ont relevé ces manquements les Sociétés françaises de Type Managérial », Thèse de Doctorat,
dans leurs rapports de contrôle de l’année 2010, en précisant École des Hautes Études Commerciales, Paris, France, 2007.
que les DG gagnent dix fois plus que la loi ne l’autorise. Bauer M., Les patrons des PME entre le pouvoir, l’entreprise et la
Cette observation semble cohérente avec notre proposition selon famille, Paris, InterÉditions, 1993.
laquelle « plus les incitations financières sont élevées, moins les
administrateurs s’investissement dans le contrôle. ». La réinté-

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janvier-février 2015
Dossier II

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