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#47 - Qu'est-ce que ça veut dire, "être français" ?

Episode 47 : qu’est ce que ça veut dire « être français » ?


 
[00:00:13] Salut à tous et bienvenue ! Je suis très content de vous retrouver après cette longue pause. Si vous avez
écouté le dernier épisode, j’avais annoncé que je ne publierais pas d’épisode au mois de juillet pour me reposer un
peu. Mais voilà, maintenant je suis de retour, c’est le mois d’août. Je suis très content de pouvoir à nouveau vous
parler et j’espère que vous vous êtes contents d’entendre ma voix !
 
[00:00:44] Je me suis préparé à un bon café que je vais boire en enregistrant cet épisode. Les conditions sont
idéales ! En fait, bon, il fait un peu chaud à Varsovie parce qu’il fait 30 degrés depuis plusieurs semaines maintenant.
Mais voilà, je vais essayer de rester concentré pendant tout l’épisode. Je suis sûr que ça va bien se passer.
 
[00:01:11] J’ai profité de cette pause pour me reposer un peu. Je suis allé passer quelques jours à Berlin chez un ami
et je dois dire que j’adore la capitale allemande. C’est une ville qui est vraiment géniale. Elle est multiculturelle, il y a
beaucoup d’espaces verts et il y a de bons restos, de bons bars et de bons cafés. C’est une ville qui est aussi moins
chère que Paris donc on peut vraiment se faire plaisir.
 
[00:01:43] D’ailleurs, c’est une ville qui est de plus en plus populaire chez les jeunes Français et en général chez les
jeunes Européens parce que pour faire la fête, il n’y a pas de meilleur endroit en Europe ! Moi aussi, quand j’étais un
peu plus jeune, j’ai pas mal [quite a lot] fait la fête à Berlin mais maintenant, quand j’y vais, c’est plutôt pour passer du
temps avec mes amis, pour boire des cafés, tester des nouveaux restaurants, etc.
 
[00:02:13] Bref, j’ai passé seulement quelques jours à Berlin malheureusement et le reste du temps j’ai travaillé. Donc
oui, je vous ai dit que j’allais me reposer mais j’avais beaucoup de travail à faire pour mon programme. Vous savez
que je prépare un programme pour vous. Et voilà, il y avait beaucoup de choses à faire et j’ai profité de ce mois de
juillet un peu plus calme pour vraiment me concentrer sur ça et pour avancer. J’ai fait pas mal de progrès parce que la
première semaine du programme est terminée. Il me reste encore beaucoup de travail, il reste encore trois semaines
de contenus à faire parce que c’est un programme qui va durer un mois.
 
[00:03:01] J’avais dit au départ qu’il durerait trois mois mais finalement je vais publier la première partie de seulement
un mois et on verra ensuite pour le reste. Pour le moment, ce sont certains de mes élèves qui testent la première
semaine pour voir si tout est clair, s’ils ont des remarques et des choses que je peux améliorer. Et si tout va bien, au
mois de septembre je pourrai enfin publier ce programme.
 
[00:03:34] Dans le dernier épisode avant la pause. Je vous avais demandé si vous pourriez m’envoyer
des enregistrements [recordings] de vous en train de parler français pour que je puisse diffuser dans le podcast et
c’est ce qu’a fait Nick. Nick m’a envoyé son témoignage. J’étais très content de le recevoir et maintenant je vais vous
le faire écouter.
 
[00:04:03] « Salut Hugo,.
 
Je m’appelle Nick et j’habite en Écosse, au nord du Royaume Uni. Ma fille est étudiante de français à l’université de
St Andrews. En septembre, elle va commencer une année de travail à Paris. Je suis très content pour elle.
 
Moi, quand j’avais 16 ans j’avais l’intention d’étudier le français et l’espagnol à l’université. Malheureusement j’ai
changé d’avis parce que, à cette époque-là, il y avait une crise économique mondiale et du coup j’avais peur qu’il
serait [soit] difficile de trouver un boulot.
 
Cependant, l’été dernier, une famille française nous a rendu visite et j’ai passé plein de temps en jouant avec les
petits enfants. En fait, je les ai gardés pendant que leur mère a passé une soirée avec ma femme et des autres
copines. Cette belle expérience m’a convaincu qu’il était temps de recommencer mes études françaises. Autrement
dit, je suis retombé amoureux de la langue française.
 
[00:05:21] Hugo, tes podcasts ont été trop utiles pour moi. J’en ai beaucoup profité en apprenant des nouvelles
phrases et de nouveau vocabulaire.
 
L’autre chose qui m’a beaucoup aidé a été de trouver un partenaire de langue en ligne, un Français qui veut
apprendre l’anglais. Et alors, depuis 8 mois, chaque semaine je fais un appel par Skype avec Bernard, un chic type
qui habite au Jura. Typiquement, l’appel dure une heure : la moitié en anglais et l’autre en français. Quelquefois
j’utilise le sujet de ton podcast afin que je puisse pratiquer les nouveaux trucs que j’ai appris de toi.
 
Récemment, Bernard m’a invité à lui rendre visite. Et alors, il y a cinq semaines, j’ai passé quelques jours chez sa
famille et il était un séjour formidable. Le Jura est vraiment une belle partie de la France.
 
Merci encore Hugo et vivement le prochain podcast !« 
 
[00:06:37] Vous voyez que Nick a acquis un très bon niveau de français parce qu’il est proactif. Je dis qu’il est proactif
parce qu’il a cherché un partenaire d’échange pour pouvoir pratiquer le français chaque semaine. Et ça, c’est
vraiment excellent ! Parfois, les gens se cherchent un peu des excuses pour ne pas parler français parce que, parler
français, ça les pousse à sortir de leur zone de confort. Donc ils se disent qu’ils n’ont pas les moyens de prendre un
professeur, qu’il n’y a pas d’école de Français dans leur ville, ou qu’ils ne connaissent personne qui parle français.
 
[00:07:16] Mais ça, ça n’a pas arrêté Nick. Il s’est dit : « voilà je vais trouver un partenaire d’échange sur internet » et
c’est ce qu’il a fait. Et c’est comme ça qu’il a rencontré Bernard. Bref, si vous avez envie d’améliorer votre français, je
vous encourage vraiment à sortir de votre zone de confort et à trouver un partenaire d’échange avec qui vous allez
pouvoir parler régulièrement.
 
[00:07:45] Et je vous encourage aussi à m’envoyer votre enregistrement si vous voulez que je le passe dans le
podcast. Ça me fera très plaisir et je suis sûr que ça motivera beaucoup les autres auditeurs.
 
[00:08:01] Avant d’attaquer notre sujet du jour [to tackle our topic of the day], il y a un autre point que je
voudrais aborder [to approach], c’est à dire à un autre point que je voudrais traiter. Et, ça concerne une évaluation
que j’ai reçue sur iTunes il y a quelques jours. D’ailleurs, j’en profite pour remercier tous ceux qui ont laissé des
évaluations sur iTunes, sur Facebook ou bien des commentaires sur YouTube. Merci beaucoup ! Ça me fait très
plaisir de savoir que mon podcast vous aide. Parmi ces évaluations que j’ai reçues, il y en a une à laquelle je voudrais
réagir.
 
[00:08:42] Cette évaluation disait que j’ai des idées de gauche que je présente comme des faits. J’en profite pour
vous dire que quand on parle de politique on dit que quelqu’un est « de gauche » [left wing] ou « de droite » [right
wing]. Si vous avez des idées plutôt socialistes, vous dites : « je suis de gauche ». Et si, au contraire, vous avez des
idées plutôt libérales vous pouvez dire que vous êtes « de droite ».
 
[00:09:12] Si vous écoutez ce podcast depuis un certain temps, vous savez sûrement que j’ai des idées qui sont plutôt
de gauche. Je ne m’en cache pas[I’m not shy about it], ce n’est pas quelque chose que j’essaie de cacher, de
dissimuler, car je fais ces podcasts en toute honnêteté et assez souvent je donne mon avis personnel sur les sujets
que je traite.
 
[00:09:38] C’est vrai que j’essaye de présenter ces sujets avec différents arguments, des arguments «  pour » et des
arguments « contre », avec une certaine structure (parce que c’est comme ça que j’ai appris à le faire à l’école) mais
ça ne veut pas dire que je suis objectif. Je ne suis pas journaliste, je ne me considère pas comme ça. Je me
considère peut-être plutôt comme un éditorialiste. Autrement dit, quelqu’un qui donne son avis dans les colonnes d’un
journal.
 
[00:10:12] Si vous ne partagez pas mes idées, j’espère que vous pouvez quand même profiter du podcast, au moins
pour le côté linguistique. Parce que, voilà, je ne veux discriminer personne mais ça ne veut pas dire que je vais
changer mes idées ou je vais faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour autant [for all that].
 
[00:10:35] D’ailleurs, je m’excuse par avance parce qu’aujourd’hui, on a encore un sujet assez politique. Mais je vous
promets que pour les prochains épisodes, je vais essayer de traiter des sujets un peu moins polémiques.
 
[00:10:50] Le 15 juillet il s’est passé quelque chose d’assez important pour la France et les Français. Et vous pouvez
trouver ça peut être un peu bizarre parce que vous savez que la fête nationale en France c’est le 14 juillet. Mais cette
année, le 15 juillet était peut-être plus important que le 14 parce que la France a gagné la Coupe du monde.
 
[00:11:19] « Oui, oui nous sommes champions du monde ! Mais oui ! La France est championne du monde. Regardez
la fête : c’est la fête sur le Champ-de-Mars, la fête sur les Champs Élysées. Les Bleus gagnent la Coupe du monde.
Victoire 4-2 à l’issu de la finale la plus improbable de l’histoire de ce sport.« 
 
[00:11:34] J’ai déjà fait un épisode sur le foot donc vous savez que pour les Français, c’est quelque chose de très
important. C’est plus qu’un sport, c’est un vrai phénomène de société [social phenomenon]. Donc tous les Français
étaient très contents de cette deuxième victoire en Coupe du monde. Maintenant la France a deux étoiles sur son
maillot. Car si vous êtes un fan de foot, vous savez que les pays qui ont remporté une Coupe du monde peuvent
mettre une étoile sur leur maillot [jersey]. Comme la France a gagné la Coupe du monde en 1998 et, vingt ans plus
tard, en 2018, alors elle a le droit de mettre deux étoiles sur le maillot de ses joueurs.
 
[00:12:20] Cette victoire, ça a été un très bel évènement pour les Français. Ils ont beaucoup fait la fête, ils ont célébré
cette victoire et tout le monde s’est réjoui d’être une nouvelle fois champion du monde. Mais à l’étranger, il y a eu
quelques réactions qui n’étaient pas aussi enthousiastes que les réactions françaises, en particulier aux Etats-Unis. Il
y a un présentateur d’une émission de télé qui s’appelle Trevor Noah qui a profité de cette victoire pour dire que
c’était l’Afrique qui était championne du monde et non pas la France. Ça a déclenché une grande polémique,
notamment avec l’ambassadeur de France aux Etats-Unis qui a réagi en envoyant une lettre à ce présentateur.
 
[00:13:15] En fait, c’est de ça dont on va parler aujourd’hui. Qu’est ce que ça veut dire exactement : « être français » ?
Est-ce qu’on peut être français quand on a des origines étrangères ? Et on va reparler encore une fois du modèle
d’intégration des immigrés et on va voir pourquoi le modèle américain est radicalement différent du modèle français.
 
[00:13:41] Pourquoi Trevor Nova a déclaré que c’est l’Afrique qui a gagné la Coupe du monde ? Il a dit ça parce
qu’une grande partie des joueurs de l’équipe de France ont des origines africaines. Ça ne veut pas dire qu’ils sont nés
en Afrique, parce que 21 des joueurs de l’équipe de France sont nés en France sur les 23 joueurs au total. Mais
certains sont la deuxième ou la troisième génération d’immigrés d’origine africaine. Si vous avez écouté l’épisode sur
l’immigration, vous savez que dans les années 60 et 70, la France a accueilli beaucoup d’immigrés qui venaient
d’Afrique et en particulier d’Afrique du Nord.
 
[00:14:30] Si Trevor Noah a dit ça, c’est parce que lui vient d’Afrique du Sud et donc il a voulu célébrer le fait que des
joueurs d’origine africaine ont remporté la Coupe du monde. Mais ce que ce présentateur a voulu dire, c’est surtout
que la France doit mieux traiter ses immigrés. Les immigrés et leurs enfants apportent beaucoup de richesses à la
France. Que ce soit au niveau de l’économie, du sport ou de la culture. Et parfois, on a l’impression qu’ils ne sont pas
récompensés, que la France n’est pas assez reconnaissante.
 
[00:15:12] Et il n’est pas le seul à penser ça. Il y a un professeur de droit de l’Université de Detroit qui s’appelle
Khaled Beydoun qui a tweeté après la victoire de l’équipe de France un tweet qui est devenu viral, qui est devenu très
populaire et que je vais vous lire maintenant. Originalement il était en anglais mais je l’ai traduit en français pour vous.
 
[00:15:44] « Chère France,.
  Félicitations pour avoir gagné la Coupe du monde.
  80% de ton équipe est africaine, arrête avec le racisme et la xénophobie.
  50% de ton équipe est musulmane, arrête avec l’islamophobie.
Les Africains et les Musulmans t’ont offert une deuxième Coupe du monde. Maintenant fais-leur justice.  »
 
[00:16:10] Donc Trevor Noah et Khaled Beydoun ont utilisé cet évènement, la victoire de la France, pour dénoncer le
racisme et la xénophobie qui existent dans ce pays. Les Français ont été très choqués et surpris par ces attaques
parce que normalement, c’est le genre d’argument qui est utilisé par les militants et les politiciens d’extrême droite.
Les personnes d’extrême droite disent par exemple qu’il y a trop de Noirs en équipe de France et que des joueurs
noirs ne sont pas vraiment français. Donc c’était bizarre d’entendre cet argument dans la bouche d’un Sud-Africain
noir, Trevor Noah, et d’un Musulman, Khaled Beydoun.
 
[00:17:02] Je vous avais dit dans l’épisode sur le foot qu’en 1998, on avait aussi instrumentalisé et politisé la victoire
de la France. On avait dit que c’était la victoire de son modèle d’intégration parce que l’équipe était black-blanc-beur.
Il y avait des joueurs noirs, des joueurs blancs et des joueurs arabes. Cette fois, les Français, et en particulier les
journalistes, n’ont pas voulu faire la même erreur. Donc ils n’ont pas instrumentalisé cette nouvelle victoire de l’équipe
de France. On n’a pas parlé de la question de race ou de couleur de peau. Les Français étaient simplement très
contents et très fiers [proud] de leur équipe et de leurs joueurs.
 
[00:17:52] L’ambassadeur de France aux Etats-Unis a réagi à cette remarque de Trevor Noah et il lui a envoyé une
lettre. Dans cette lettre, il expliquait quelque chose d’assez important. Il disait : «  contrairement aux Etats-Unis, la
France ne prend pas en compte la race ni la religion de ses citoyens. » Et c’est là, la grande différence entre la
France et les Etats-Unis au niveau de leur modèle d’intégration.
 
[00:18:25] Quand Noah dit que ces joueurs sont africains, c’est un peu comme dire qu’une personne de couleur ne
peut pas être française. Ça, ça a beaucoup énervé certains sportifs de couleur qui ont réagi pour dire qu’ils se
sentaient français, notamment un joueur français qui joue au basket en NBA qui s’appelle Nicolas Batum, qui a
déclaré assez violemment qu’il était français et fier de l’être, même si son père était camerounais. Et certains sportifs
français ont aussi demandé si quand l’équipe de basket américaine gagne les Jeux olympiques, on doit dire que c’est
l’équipe africaine qui a gagné. C’est un peu le même débat.
 
[00:19:15] Mais ce qui est vraiment intéressant dans cette polémique, c’est qu’elle permet de comprendre les deux
visions françaises et américaines sur la question de l’intégration. Ce sont deux visions qui sont radicalement
opposées au niveau philosophique et au niveau politique. Encore une fois, j’ai déjà un peu parlé de ça dans l’épisode
sur l’immigration en France (l’épisode numéro 38).
 
[00:19:41] Donc pour résumer, on a d’un côté le modèle américain (le modèle anglo-saxon on peut dire parce que
c’est le même en Grande-Bretagne) qui est le modèle du multiculturalisme. Dans la société, il existe différentes
communautés qui ont différentes origines et on ne les force pas à s’intégrer. Elles peuvent conserver leur culture et
vivre en communauté dans la société.
 
[00:20:10] Au contraire, en France, on a un modèle qui est le modèle de l’assimilation. Les immigrés sont obligés de
s’assimiler. Ils sont obligés de s’intégrer à la société française en adoptant l’identité française. C’est pour cela que
l’ambassadeur français a dit dans sa lettre à Trevor Noah qu’en France, on ne prend pas en compte [we don’t
take  into account] ni la race ni la religion ni les origines de ses citoyens. Ça, c’est quelque chose qui appartient à la
vie privée mais aux yeux de l’Etat français, il n’existe pas différentes catégories de Français. Soit on est français (on a
la citoyenneté française), soit on ne l’est pas. Si nos parents sont des immigrés africains ou si on est juif, musulman
ou catholique, ça n’a aucune importance. Ce qui compte [what matters], c’est seulement d’avoir la citoyenneté
française.
 
[00:21:15] S’il y a ce modèle en France, c’est parce qu’on pense que c’est le meilleur moyen de combattre la
xénophobie. On dit que la religion, la couleur de peau, les origines, n’ont aucune importance [don’t matter at all].
D’ailleurs, est-ce que vous savez comment on peut obtenir la nationalité française ? Je vais vous expliquer ça
maintenant.
 
[00:21:38] La première façon, c’est avec ce qu’on appelle le droit du sang. Le sang, vous savez, c’est ce liquide rouge
qui se trouve à l’intérieur de notre corps. Le droit du sang, ça veut dire qu’au moins un des deux parents est français.
Si au moins un de vos deux parents est français, alors vous avez automatiquement la nationalité française.
 
[00:22:05] Ensuite, il y a le droit du sol [ground]. Ça, c’est quand un enfant est né en France avec au moins un de ses
parents né en France lui aussi, même si ce parent n’a pas la nationalité française. À la majorité, une fois que l’enfant
a 18 ans, s’il est né en France (même avec des parents étrangers) et qu’il a vécu en France toute sa vie, alors quand
il a 18 ans il acquiert la nationalité française.
 
[00:22:40] Une autre solution, c’est de se marier avec un Français ou une Française. Après quatre ans de mariage, on
peut faire la demande pour obtenir la nationalité française.
 
[00:22:53] Et puis dans certains cas, si on est réfugié politique ou autre, on peut aussi demander la naturalisation,
c’est à dire demander cette nationalité française.
 
[00:23:07] Le problème majeur avec ce modèle, comme je l’ai déjà dit, c’est que c’est difficile de concilier ses deux
identités. Si vous voulez célébrer vos racines, vos origines, vous pouvez avoir l’impression de ne pas avoir la place
pour le faire en France, parce que c’est vraiment quelque chose qui appartient à la vie privée et ce n’est pas du tout
valorisé aux yeux de l’Etat. L’Etat veut simplement que la personne adopte complètement son identité française. Le
reste, ça n’a aucune importance.
 
[00:23:47] Donc pour certaines personnes ça peut vraiment être quelque chose de désagréable d’avoir cette
impression de devoir oublier ses racines [roots] et de se transformer complètement en français ou en française. On
peut dire que c’est le revers de la médaille [the other side of the coin]. Le revers de la médaille, c’est le côté négatif
d’une chose qui était au départ positive. Le revers de la médaille. Une médaille, vous savez, c’est comme quand on
gagne aux Jeux olympiques, les athlètes reçoivent une médaille, et le revers, ça veut dire : « l’autre côté de la
médaille ».
 
[00:24:29] Cette polémique, elle a fait écho à une décision politique assez symbolique qui a été prise en France au
mois de juillet. Cette décision, c’était de faire disparaître le concept de race de la Constitution française. C’était un
concept qui avait été adopté en 1946 en réponse au nazisme. Dans l’article 1er de la Constitution française : «  La
France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine, de race ou de religion  ».
C’était une réponse au régime du troisième Reich et il y avait cette volonté très claire de ne plus discriminer quelqu’un
en fonction de sa race.
 
[00:25:21] Mais il y a des députés, en particulier des députés des DOM TOM (c’est-à-dire des régions françaises
d’outre mer) qui pensent que le concept de race n’a pas sa place dans la Constitution parce que maintenant, on peut
avoir l’impression que ce concept est surtout utilisé par les racistes et les xénophobes justement. En plus, la
communauté scientifique s’accorde de plus en plus pour dire que ce concept n’a pas vraiment de validité. Le concept
de race n’a pas de validité scientifique. D’ailleurs, pour les Français, c’est assez choquant qu’aux Etats-Unis, sur ses
documents d’identité, on a notre race qui est mentionnée (comme « caucasien », « asiatique », etc.).
 
[00:26:13] Donc maintenant, en France, on considère qu’il n’existe qu’une seule race : la race des humains. Et la
couleur de peau et les autres différences n’ont aucune importance. Ça, c’est une décision qui est assez symbolique
mais comment on peut lutter contre le racisme dans la réalité ? Faire disparaître le concept de race de la Constitution,
ça ne veut pas dire que ça va faire disparaître le racisme. Le racisme et la xénophobie existent bel et bien [there
really are] en France. Pour moi, c’est assez facile de soutenir ce concept, de dire qu’il n’existe qu’une seule race
parce que je suis un homme blanc. Donc, en général, je suis plutôt privilégié.
 
[00:26:59] C’est difficile de lutter contre le racisme et la xénophobie notamment parce qu’on ne peut pas faire
d’études. On ne peut pas avoir de statistiques précises sur la discrimination. Comme il n’existe pas de concept de
race, on ne peut pas avoir d’indicateur précis pour dire que les personnes de couleur sont discriminées en France
quand elles cherchent du travail, par exemple. On ne peut pas avoir de politique de discrimination positive, de quotas,
comme aux Etats-Unis. C’est une limite importante du système. En théorie, cet universalisme des principes de la
République française, c’est quelque chose de très beau et de très noble, mais c’est mal adapté à la réalité du terrain.
ça n’est pas quelque chose de très pragmatique pour lutter contre la discrimination.
 
[00:27:55] En conclusion, je voudrais dire que malheureusement, la xénophobie et le racisme existent toujours en
France. Par exemple, la majorité des Français est hostile à l’accueil des réfugiés (des réfugiés syriens ou des réfugiés
qui viennent de pays africains).
 
[00:28:15] Mais il y a aussi des signes positifs, des signes plus encourageants. Par exemple, il y a un rapport de la
Commission nationale consultative des droits de l’homme qui a été publié en 2017 qui montre que malgré les
attentats en France, le racisme, la xénophobie, l’islamophobie et l’antisémitisme ont tendance à reculer. Il y a de
moins en moins de Français qui appartiennent à ces catégories.
 
[00:28:46] Et un autre signe encourageant dont j’avais déjà parlé dans l’épisode sur l’immigration, c’est qu’il y a de
plus en plus de mariages mixtes en France (autrement dit de Français qui se marient avec des Français qui ont des
origines étrangères ou des couleurs de peau différentes). Tout ça, ça fait que la France se métisse. Donc on ne peut
plus dire que pour être français, il faut être blanc. Il y a beaucoup de Français de couleur, il y en a de plus en plus
d’ailleurs et à mon avis, c’est très bien comme ça.
 
[00:29:23] Malgré ça, je ne veux pas nier qu’il existe toujours des discriminations et la réalité quotidienne est assez
difficile pour certaines personnes qui appartiennent à ces communautés. Donc on a encore du pain sur la planche.
« Avoir du pain sur la planche », c’est une expression qui veut dire qu’on a encore beaucoup de travail à faire. Avoir
du pain sur la planche [to have a lot on your plate].
 
[00:29:54] C’est tout pour aujourd’hui, je vais m’arrêter là. Pour finir, je voulais vous remercier encore une fois pour les
évaluations que vous m’avez laissées sur iTunes, Facebook, etc. Et si vous ne l’avez pas encore fait, je vous
encourage à le faire parce que ça m’aide beaucoup. Ça m’aide à faire découvrir le podcast a encore plus de
personnes pour pouvoir aider toujours plus de gens à apprendre le français. On se retrouve dans deux semaines pour
un nouvel épisode et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de Français tous les jours. À bientôt, salut !
Pour m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes.
Merci !

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