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Gérard COUTE
Si notre vie est moins qu'une journée
En l'éternel, si l'an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,
Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l'obscure de notre jour,
Si, pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l'aile bien empennée ?
Là est le bien que tout esprit désire,
Là le repos où tout le monde aspire,
Là est l'amour, là le plaisir encore.
Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée,
Tu y pourras reconnaître l'Idée
De la beauté, qu'en ce monde j'adore.
Joachin Du BELLEY
L’Idée, recueil de L’Olive
(1549)
REMERCIEMENTS
Guy MOURLEVAT, un honnête homme au cœur du XXe siècle, spécialiste de Jupiter, du Nombre
d’or, de l’architecture romane, professeur d’histoire, professeur de français au lycée Blaise Pascal
qui, commentant ce poème, m’a ouvert les portes de l’astronomie en 1964.
Jean Michel DE BENNETOT et Delphine LE DOUJET pour leur lecture attentive, leurs corrections et
leurs remarques.
Jocelyn SEROT pour ses conseils et son autorisation à utiliser ses images.
Charles « Chuck » WOOD animateur du site Lunar Photo of the Day qui m’a amené à reconsidérer
totalement ma façon d’observer.
Jocelyn SEROT, Claude NAVARRO, Alexandre MOUTET avec qui j’ai partagé l’aventure
quotidienne d’ILUJ, la version française de LPOD.
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POURQUOI (ENCORE) OBSERVER LA LUNE?
Comparée aux autres astres que nous observons la Lune est, avec le Soleil, un géant cosmique. Il n'est donc
pas étonnant que dès les premiers balbutiements de l’astronomie scientifique, de nombreux astronomes
l’aient choisi comme objet d'étude. C’est souvent vers elle que les amateurs tournent pour la première fois
leurs instruments. Avec Saturne, elle constitue le duo idéal à montrer au grand public.
Par rapport à d'autres objets célestes, les avantages de l'observation de la Lune pourraient se résumer ainsi :
- La Lune est l'objet le plus important et le plus brillant du ciel nocturne. Elle est facilement repérable et
observable avec des instruments modestes, même à partir de grands centres urbains pollués.
- La Lune est une cible énorme. Un exemple : Jupiter, la plus grosse planète du système solaire a, dans un
télescope, approximativement le même diamètre angulaire que les cratères Theophilus, Plato ou
Copernicus. En fonction de l'oculaire utilisé, on peut observer soit une vaste zone avec de nombreuses
formations différentes ou se concentrer sur un élément particulier.
- L’observation de la Lune n’est pas monotone. Sa surface change constamment d'aspect en fonction de la
hauteur du Soleil au-dessus de l’horizon. Les jeux d’ombre et de lumière sur un relief varié offrent sans
cesse de nouvelles conditions d'observation.
- La Lune est riche en détails, mers, montagnes, cratères d'impact, cratères secondaires, cratères fantômes,
canaux, escarpements, crêtes de rides, coulées volcaniques et zones pyroclastiques ... Et comme pour
égayer encore plus les observations, elle propose gratuitement des attractions supplémentaires, telles que les
occultations, éclipses et phénomènes lumineux transitoires.
Bien que des décennies se soient écoulées depuis que le dernier astronaute a marché sur la Lune (Eugene
Cernan - Apollo 17 - 1972), l'exploration lunaire continue grâce à des sondes robotisées. Notre voisine
céleste présente encore un grand potentiel de découvertes permettant de mieux comprendre la création et
l’évolution de notre système solaire ; l’étude de la Lune a permis la mise au point de techniques qui ont, par
la suite, été adaptées à l’étude de planètes comme Mars et Mercure. La datation par comptage des cratères
d’impact est l’exemple le plus connu.
De nombreux mystères restent encore entiers comme les taches marines irrégulières, les swirls, les
anomalies gravimétriques à petite échelle ou la formation des cratères concentriques. La formation même
de la Lune soulève encore de nombreuses questions.
Certes, les amateurs ne disposent pas d’instruments permettant de s’intégrer dans les programmes de
recherche, comme ce fut le cas dans les années 1960 ; mais ils peuvent suivre de très près les progrès
réalisés par les scientifiques grâce à une meilleure connaissance de notre satellite.
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Les images sont présentées nord en haut.
Sauf mention spéciale, elles sont de l’auteur,
réalisées avec un télescope Takahashi Mewlon de 210 mm à f/d 11,5
et une caméra DMK 31 AU 03 AS.
Le traitement est généralement réalisé avec AutoStakkert2 et Registax6
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CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
DISTANCE :
Distance moyenne à la Terre : 384 400 km ou 30 diamètres terrestres
Distance minimale à la Terre : 363 300 km
Distance maximale à la Terre : 405 500 km
ORBITE :
Excentricité : 0,0549
Inclinaison sur l’écliptique : 5° 8 ' 43 "
Révolution de la ligne des nœuds : 18,6 ans
REVOLUTION :
Révolution sidérale : 27 j 7 h 43 mn 11 s ou 27,32166 j
Révolution synodique : 29 j 12 h 44 mn 2 s ou 29,53058 j
VITESSE :
Déplacement moyen en orbite : 3 681 km/h ou 1,023 km/s (variable de 0,964 à 1,076)
Déplacement apparent sur le ciel : 33 '/ h
Déplacement journalier / étoiles : 13,176 358 °/j
DIAMETRE :
Diamètre apparent moyen : 31' 05,2"
Diamètre apparent maximal : 33’ 28,8"
Diamètre apparent minimal : 29' 23,2"
Diamètre polaire : 3 472 km
Diamètre équatorial : 3476,2 km
Rayon moyen : 1 737,1 km
EQUATEUR :
Inclinaison / orbite : 6° 41’
Inclinaison sur l’écliptique : 1° 33’
Longueur : 10 920 km
LIBRATIONS :
Libration maximale en longitude : 6° 50'
Libration maximale en latitude : 7° 54'
Superficie visible de la Terre : 59 %
DIVERS :
Masse : 1/81 Terre
Volume : 3,03 % Terre
Densité : 3,341 g/cm3 ou 0,606 / Terre
Gravité à la surface: 1,62 m/s2 ou 1/6 Terre
Vitesse de libération : 2,38 km/s
Température maximale au Soleil : + 123° C
Température minimale à l'ombre : - 153° C
Température minimale au pôle : - 238° C
Albédo : 0,11
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EN GUISE DE SOMMAIRE GENERAL
Avant d’observer la Lune avec des moyens plus “sophistiqués”, nous avons tous, dans un premier temps,
eu recours à nos yeux, parfois à des jumelles puis à un instrument modeste comme un 115/900 ou une
petite lunette de 70mm.
Nous observons ainsi, selon l’instrument que nous utilisons, des « Clairs de Lune » différents.
La Lune brille dans le ciel, elle se lève et se couche…Elle se déplace en sens inverse du
déplacement des étoiles, change de forme… Il y a des zones claires et zones sombres. Avec un peu
d’imagination, on voit des personnages… Des formations bien visibles proches du limbe semblent
tantôt s’en rapprocher tantôt s’en éloigner… On observe des dépressions circulaires ressemblant à
des cratères de volcans… Les mers sont grises mais ce n’est pas un gris uniforme… Les reliefs
sont très accentués en bordure des mers…Les atlas permettent de préparer les observations… Un
télescope de 200 mm permet de rentrer dans le détail : rainures, vallées, marais, golfes, … et même
des formations imaginaires. Les photos permettent aussi d’effectuer des mesures le diamètre des
cratères et l’altitude des reliefs.
Ainsi,
- la première partie de Clairs de Lune « La Lune à l’œil nu et aux jumelles » - pages 5 à 61 - invite à une
découverte générale,
- la deuxième « La Lune au 115/900 » - pages 62 à 131 - a une approche plus géologique,
- la troisième « La Lune au 200 » - pages 132 à 180 - entre dans le détail des formations observables avec
ce type d’instrument.
Bonne lecture.
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PREMIER CLAIR DE LUNE
LA LUNE A L’ ŒIL NU ET AUX JUMELLES
Hier, il n’y avait rien. Simplement ce magnifique coucher de Soleil du tout début du mois de juin, signe
avant-coureur d’un été chaud et sec. Puis la nuit s’est doucement installée, glissant d’est en ouest. Deux
étoiles jumelles sont allées rejoindre le Soleil, disparu depuis un peu plus d’une heure. Progressivement, la
voûte céleste s’est couverte d’une myriade d’étoiles. A l’est la lueur diffuse de la Voie Lactée est montée à
l’assaut du ciel d’été. Il fait doux. Couché sur le dos, j’écoutais le silence.
Aujourd’hui, quelqu’un s’est invité sans prévenir. La Lune.
Tout là-bas, à l’ouest, une fine parenthèse en or fin dix-huit carats se dessine au-dessus des arbres. Le
spectacle est magnifique.
On dit que la Lune est d’humeur changeante, capricieuse, imprévisible, bref lunatique. Avec elle il faudrait
donc s’attendre à tout. Sera-t-elle là demain ? Et les deux étoiles, solitaires hier et qui l’accompagnent
aujourd’hui, seront-elles également présentes ?
Deux jours ont passé. Je me suis souvenu de jumelles dans une malle au grenier. C’est muni de mon
premier instrument d’observation que j’ai attendu la fin du jour.
Comme chaque soir, le Soleil glisse vers l’ouest, les deux étoiles aussi. Depuis deux jours, elles n’ont
pratiquement pas changé de place. La Lune, en revanche, s’est déplacée vers l’est, passant juste sous les
étoiles jumelles. Je perçois son disque divisé en deux parties : le croissant doré et une zone d’un gris très
léger.
Quatrième jour. Quel spectacle ! La Lune est en deux parties, un croissant doré et le reste d’un gris
argenté. Magnifique à observer avec mes jumelles.
Cinquième jour. Aujourd’hui la Lune est comme une pomme Golden tranchée verticalement par le milieu.
Une frontière nette sépare l’ombre de la lumière. Qui dit « séparer » dit au moins deux parties. La partie
lumineuse est dirigée vers l’ouest, dans la direction où le Soleil s’est couché, l’ombre vers l’est. Si je trace
une ligne le long de cette frontière, cela forme avec la partie éclairée une sorte de P. C’est le premier
quartier ; je le sais depuis l’école et, quand elle est toute ronde, c’est la pleine lune. Chaque jour, elle
descend doucement vers l’horizon sud et se trouve aujourd’hui à l’ouest d’une étoile brillante. J’ai fait un
petit achat, absolument indispensable, une carte mobile du ciel. Après l’avoir réglée sur la date et l’heure,
je peux facilement identifier cette étoile, il suffit de lire : Spica, constellation de la Vierge. Quant aux deux
étoiles qui accompagnaient la Lune tout au début, c’étaient Castor et Pollux de la constellation des
Gémeaux. La Vierge, les Gémeaux sont des signes du zodiaque… J’estime que la Lune et Spica seront très
proches dans deux jours. Je sens que j’entre petit à petit dans le monde des astronomes ; je sais lire le ciel
et le nommer…
Les jumelles, c’est bien mais ce n’est pas l’idéal pour observer la Lune. Le faible grossissement ne me
permet pas de voir les détails. Toutefois, je remarque que les parties grises que les astronomes appellent
les mers, semblent plates et lisses et que les parties claires, les continents, présentent un relief beaucoup
plus tourmenté. Cela est surtout visible à la limite de l’ombre et de la lumière où deux ou trois formations
d’apparence ovale ou ronde, selon qu’elles sont plus ou moins proches du centre du disque, sont
discernables.
Plus les jours passent, plus la Lune progresse vers l’est et le sud et plus elle se rapproche de la forme de la
pleine lune. Celle-ci se produit sept jours après le premier quartier. Comme il fait chaud, je sors prendre le
frais vers une heure du matin. Plein sud, un magnifique globe lumineux, parfaitement rond, s’élève au-
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dessus de l’horizon. Elle est énorme, elle a dû se rapprocher de la Terre. Je me souviens alors, qu’en
décembre, la Lune est très haute dans le ciel et parait beaucoup plus petite que celle de juin. A sa droite,
une étoile orange est la seule que la luminosité du ciel me permet de distinguer. Ma carte me dit que c’est
Antarès du Scorpion.
En effet, la Lune brille tellement qu’elle m’éblouit avec les jumelles. Je ne peux distinguer aucun détail,
aucun relief, mais des zones claires et des zones sombres. Par endroits, des toutes petites taches très
brillantes semblent donner naissance à des rayons très clairs. Certains de ces rayons parcourent
pratiquement toute la face visible. Les zones grises dessinent des formes ; avec un peu d’imagination, on
peut déceler un visage.
Tiens, ma voisine a étendu son linge sur le gazon et l’a arrosé. Drôle d’idée. Ce sont les nuits où la Lune
est pleine, que les loups garous se manifestent, que les rôdeurs rôdent (ce qui est logique pour un rôdeur),
que les femmes accouchent ; c’est avant la pleine lune qu’il faut couper les bois résineux et les feuillus
après. Quant aux astronomes amateurs, ils se reposent. Alors, je rentre en me faisant cette remarque :
« C’est étrange, la Lune me présente toujours le même visage, comme si elle ne voulait pas me perdre de
vue ». Une chevêche décolle de sa branche, furieuse que ma présence ait fait fuir la souris qu’elle
convoitait, bien visible sous cette Lune si brillante.
21ème jour. Il n’a pas fait beau pendant une semaine et je n’ai pu poursuivre mes observations. Est-elle
toujours là, fidèle? Il me faudra attendre le septième jour après la pleine lune vers 2 heures du matin pour
la voir apparaître derrière quelques nuages dessinant des ombres chinoises. Elle a beaucoup maigri.
Lorsque vers six heures elle culminera dans le ciel, elle présentera une forme opposée à celle que j’avais
observée quatorze jours plus tôt. La ligne entre l’ombre et la lumière ne dessine plus un P mais un D, le
dernier quartier. Puis, chaque jour, elle déclinera vers l’est, se levant de plus en plus tard, comme fatiguée
d’avoir éclairé mes nuits, de plus en plus amaigrie.
Environ vingt-huit jours après notre première rencontre, elle a décidé de rompre et disparaît juste avant le
lever du Soleil. Pendant les jours précédents, elle m’a gratifié de cette lueur argentée qui, comme pendant
les tout premiers jours, baigne sa surface restée dans l’ombre.
Mais la Lune est bouddhiste, elle a plusieurs vies, des milliards de vies en réserve. Deux jours plus tard,
peu de temps après le coucher du Soleil, elle est de retour, fine et dorée et reprend sa course dans le ciel.
Ses formes me sont désormais familières et je décide de l’accompagner pendant les six prochaines soirées,
jusqu’au moment où ombre et lumière dessineront un P dans le ciel.
Il y a un mois, le premier quartier s’était produit à l’ouest de l’étoile Spica. Aujourd’hui, il se produit à sa
hauteur.
Ça devient vraiment compliqué tout ça. Il est temps de faire le point.
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SOMMAIRE
LA LUNE A L’ ŒIL NU ET AUX JUMELLES
1RE REMARQUE - Pages 10 à 12. LA LUNE BRILLE DANS LE CIEL
1.1 Sous la lumière du Soleil
1.2 Luminosité de la Lune
2E REMARQUE - Page 12. LA LUNE SE LEVE ET SE COUCHE
2.1 Mais pas toujours à la même heure
2.2 Un jour par mois, elle ne se lève pas
3EREMARQUE - Pages 12 à 16. LA LUNE SE DEPLACE EN SENS INVERSE DU
DEPLACEMENT DES ETOILES
3.1 Les unes vers l’ouest, l’autre vers l’est
3.2 Mouvement réel et mouvement apparent
3.3 Lune, écliptique et zodiaque
3.4 Les occultations et les rapprochements de planètes et étoiles brillantes
3.41 Disparition, apparition
3.42 Données techniques
3.43 Les occultations rasantes
3.44 Quelques occultations célèbres
4EREMARQUE - Pages 16 à 26. LA LUNE CHANGE DE FORME. CE PHENOMENE
SEMBLE LIE A SA POSITION PAR RAPPORT AU SOLEIL
4.1 Tout tourne
4.2 Sur un rythme à trois temps : Kepler et les orbites des planètes et satellites
4.3 De quoi se faire des nœuds : Terre, Lune, écliptique, orbite
4.4 Un centre qui n’est pas au centre
4.5 Une courbe pas courbe
4.6 Jamais la même : les phases
4.61 Construction des phases
4.62 Les différents éléments d’une phase
4.7 Une phase particulière : la pleine lune
4.71 La pleine lune est haute en hiver, basse en été
4.72 Quelques pleines lunes amérindiennes (traditions mélangées)
4.73 La Lune des moissonneurs
4.74 La treizième lune : la lune bleue
4.75 Super Moon
4.76 Photographier une pleine lune.
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4.8 La pleine terre
4.9 Deux phénomènes très esthétiques liés aux phases : la lumière cendrée, les fins croissants
4.91 La lumière cendrée
4.92 Rechercher les fins croissants
5E REMARQUE - Pages 26 à 32. IL FAUT ENVIRON TRENTE JOURS A LA LUNE POUR
PRESENTER LA MEME FORME
5.1 Un astre révolutionnaire
5.11 Révolution sidérale
5.12 Révolution synodique, de synodus : qui revient en même temps
5.13 La révolution draconitique
5.14 La révolution anomalistique
5.15 Il faut 19 ans + 1h30 pour revenir à la même phase aux mêmes dates de l’année : le
cycle de Méton
5.16 Un autre retour périodique lié aux phases : le Saros
5.2 Une lunaison et tout recommence. La Lune, premier calendrier.
5.21 Les calendes grecques
5.22 Le calendrier s’occupe des temps longs, le jour est son unité de base.
5.3 Pâques et la Lune, intiment liés
6E REMARQUE - Pages 32 à 37. A L’HORIZON, LA PLEINE LUNE PARAIT ENORME
6.1 Le diamètre apparent de la pleine lune
6.2 Notre cerveau nous ment
6.3 La distance Terre – Lune
6.31 Il faut bien qu’il y en ait un qui commence : Aristarque de Samos
6.32 Chapeau bas Monsieur Hipparque
6.33 Joseph Jérôme et Monsieur l’Abbé
6.34 Sisyphe ou Ravaillac
6.35 Et pour finir dans la joie et la bonne humeur : la distance de la Terre à la Lune dans
une feuille de papier.
7E REMARQUE – Pages 37 à 39. ZONES CLAIRES ET ZONES SOMBRES. AVEC UN
PEU D’IMAGINATION, ON VOIT DES PERSONNAGES
7.1 Pierrot, The Lady in the Moon, le Lièvre de jade Yutu
7.2 Les Sélénites ou Séléniens
7.3 Une symétrie trompeuse
8E REMARQUE - Pages 39. LES ANCIENS N’AVAIENT QUE LEURS YEUX
8.1 White Mesa, la tombe de Knowth
8.2 Où on retrouve Léonard
8.3 William Gilbert, premier sélénologue
9E REMARQUE – Pages 40 à 46. LES JUMELLES, CE N’EST PAS L’IDEAL, MAIS…
9.1 Les jumelles donnent une vue d’ensemble de la surface de la Lune
9.2 Quelques formations intéressantes accessibles avec de bonnes jumelles (10 x 50)
9.3 Thomas Harriot versus Galileo Galilei
9.4 Quelques cartes contemporaines de Galilée
9.5 Riccioli and Co : la nomenclature des mers et continents
9.6 Nomenclature officielle des mers et formations associées
9.7 Mare Cognitum, Planitia Descensus, Sinus Successus : des cas à part
9.8 Terra : une nomenclature disparue
8
10E REMARQUE : - Pages 46 à 58 MERS ET CONTINENTS. LA LUNE, COMME LA
TERRE, DOIT AVOIR UNE HISTOIRE GEOLOGIQUE.
10.1 Mythes et réalités
10.2 Des lunes, il y en a beaucoup, mais une seule comme la Lune
10.3 Lune, d’où viens-tu ?
10.31 Théorie de la capture
10.32 Théorie de la fission
10.33 Théorie de la formation simultanée
10.34 Théorie de la collision. Hartmann et Davis 1975
10.4 Sur quelles bases s’appuyer pour défendre la théorie de la collision ?
10.41 La composition de la Lune
10.42 Les principaux minéraux lunaires
10.43 Ces différents minéraux ont formé des roches bien connues sur Terre
10.44 Les contraintes imposées par le modèle de l’impact géant
10.45 Les arguments en faveur de la théorie de la collision ?
10.5 Les empêcheurs de collisionner en rond
10.6 La formation d’une planète tellurique
10.61 La différenciation planétaire : un phénomène universel
10.62 Un océan magmatique originel
10.7 La structure interne de la Lune
10.71 La croûte lunaire
10.72 Sous la croute les KREEP
10.73 Le manteau
10.74 Le noyau
10.8 L’atmosphère
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1RE REMARQUE : LA LUNE BRILLE DANS LE CIEL
1.1 Sous la lumière du Soleil
Hormis la Terre avec sa pollution lumineuse et ses éruptions volcaniques et le volcanique Io, le
premier satellite de Jupiter, une planète et ses satellites n’émettent pas de lumière propre. Ils ne font
que réfléchir la lumière de l’étoile autour de laquelle ils gravitent. La Lune, comme tous les
satellites, est dans ce cas. Elle réfléchit à la fois la lumière du Soleil, la lumière de la Terre, elle-
même lumière solaire réfléchie.
Cette capacité de réflexion s’appelle l’albédo, mot latin qui signifie « blancheur ». On peut définir
cette propriété comme le pourcentage de lumière réfléchie par un corps céleste éclairé par le Soleil.
Sa valeur va de 0 (aucune réflexion, corps totalement noir) à 1 (100 % de lumière réfléchie, corps
totalement blanc). Ces deux valeurs extrêmes sont théoriques. On estime qu’un corps ayant un
albédo de 0.03 est noir.
Comparaison d’albédos
Lune 0.11
Terre 0.306
Basalte 0.05
Leucogranit (granit clair) 0,20
Chaux 0.35
Nuage : (sommet) 0.6
Vénus : (haute atmosphère de nuages) 0.65
Neige : (ancienne) (fraiche) 0.5 à 0.8
Satellite Europe : (glace et poussière) 0.67
Wikipédia
Les parties sombres de la Lune représentent 32 % de la face visible, les parties claires 68 %. Si on
admet une correspondance entre albédo et composition, celle qui donne un résultat proche d’un
albédo de 0.11 est l’association basalte/granit clair : 0,05 x 0,32 + 0,2 x 0,68 = 0,15
Nous y reviendrons lors de la partie consacrée à la géologie de la Lune, pour constater que nous
avons raison pour un des composants.
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luminosité est atteint à la pleine lune. Le fait que l’hémisphère ouest soit plus sombre influe sur la
luminosité après la pleine lune.
Age de la 3 5 7 1Q 9 11 13 PL 17 19 21 DQ 24 26 28
Lune en j
Elongation 37 61 85 90 110 134 158 180 207 232 256 270 293 317 341
en °
La pleine lune réfléchit 11 % de la lumière qu’elle reçoit du Soleil. A cet instant sa magnitude est de - 12,6
ce qui en fait un astre extrêmement lumineux, une vraie pollution lumineuse naturelle aux yeux des
amateurs de ciel profond. Seules quelques étoiles sont visibles dans un ciel laiteux.
Mais, pour un observateur de la Lune, certains objets présentent beaucoup d’intérêt sous un éclairage
maximum. L’emploi d’un filtre lunaire ou, encore mieux, d’un filtre polarisant, est indispensable car il
permet de réaliser des observations dans des conditions confortables. Ce dernier filtre, qui se fixe sur
l’oculaire, pourra également être utilisé avec profit lors de l’observation de certaines phases de Vénus. Par
contre son emploi n’est pas possible avec des jumelles.
Tous les observateurs savent combien la luminosité ambiante varie; parfois, il est possible de lire les
chiffres indiquant la focale des oculaires et, d'autres fois, on distingue à peine ces oculaires. Ces images de
la mer Rouge prises en orbite, illustrent parfaitement cette variation au cours d’une lunaison. Quand la
Lune est pleine (en haut à gauche), la luminosité est environ 10 000 fois supérieure à celle de la nouvelle
lune (en bas à droite). Dans les temps anciens, les chefs militaires réalisaient les attaques nocturnes à
proximité de la pleine lune afin qu'ils puissent voir où ils allaient et envoyaient des espions par nuit noir
pour des raisons inverses. Avant que l'éclairage électrique ne soit généralisé, voyager lors de nuits sombres
était déconseillé, à tel point qu'un groupe composé de commerçants, inventeurs et libres penseurs anglais
des années 1700 tenait ses réunions mensuelles à la pleine lune, afin que ses membres puissent mieux voir
et ainsi trouver plus facilement leur chemin de retour. Ils s'appelaient eux-mêmes la Lunar Society.
La Lune est-elle pour autant un objet brillant ? La réponse est non. Notre cerveau nous joue des tours. Si la
Lune est brillante, c’est par contraste avec le fond du ciel. En réalité la Lune est un corps plutôt sombre. Les
auvergnats connaissent bien le basalte. La cathédrale de Clermont est bâtie avec cette roche. Elle est
sombre, à telle point que certains touristes reprochent de ne pas l’avoir nettoyée comme cela se fait pour
les monuments de Paris. Or le basalte est la roche constituant les mers lunaires, lesquelles recouvrent 32 %
11
de la face visible. Quant aux continents, même s’ils sont constitués d’une roche à minéraux clairs
(feldspaths), leur couleur naturelle est plutôt le gris que le blanc. Globalement la Lune réfléchit de manière
équivalente à l’asphalte de nos routes.
Chaque jour, lever et coucher de Lune se produisent avec retard par rapport à la veille. Ce décalage est lié à
la rotation de la Lune autour de la Terre. La Lune se déplace d'ouest en est sur son orbite (en sens contraire
du mouvement apparent de la voûte céleste) et sa distance angulaire au Soleil augmente chaque jour
d'environ 12° 11,4’. Cette valeur fait que la Lune se lève (ou se couche) chaque jour un peu plus tard. La
valeur moyenne de ce décalage, exprimé en temps, est de 52 minutes.
Cette valeur de 52 minutes n’est qu’une moyenne car la vitesse de déplacement de la Lune sur son orbite
dépend de sa distance à la Terre (3ème loi de Kepler). Au périgée, elle est plus rapide qu’à l’apogée : 15° 24
contre 11° 48’ par jour. En conséquence, la durée entre deux levers consécutifs varie de 24 h 18 min à 25
h 12 min. Ainsi, chaque mois, il y a un jour sans lever et un jour sans coucher de Lune. Par exemple, une
Lune située à 406 720 km, qui se lève le jour n à 23 h 45 min, ne se lèvera pas pendant le jour n+1 mais se
lèvera le jour n+2 à 0 h 04 min.
Nuit après nuit, le ciel change. Chaque soir de nouvelles étoiles montent au-dessus de l’horizon est.
Lorsque l’une d’entre elles apparaît à une heure précise, par exemple 22 h, elle sera présente un peu plus tôt
le lendemain, 3 minutes 56 secondes plus tôt, à 21 h 56 min 04 sec. Et ainsi de suite; en trente jours, elle
aura pratiquement gagné 2 heures, en 12 mois, 24 h. Elle se présentera alors dans les mêmes conditions
d’observation.
L’étoile, et par conséquence l’ensemble des étoiles, la « voûte céleste », se déplace d’est en ouest, dans le
sens des aiguilles d’une montre. Ce déplacement est dit « dans le sens indirect » ou « sens rétrograde ».
Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, c’est le « sens direct ». C’est le cas de la Lune, qui se
déplace d’ouest en est.
En superposant les deux phénomènes on comprend pourquoi la Lune se déplace lentement en sens inverse
du sens de déplacement des étoiles. La valeur de ce déplacement est d’environ un diamètre lunaire, soit 31’,
en environ 55 minutes. Les montures « haut de gamme » sont d’ailleurs équipées d’une vitesse de suivi
dite « lunaire » alors que les montures de base n’ont que la vitesse sidérale.
Se déplaçant en sens opposé, Lune et étoiles ont donc toutes les chances de se rencontrer. La Lune défilant
alors devant les étoiles, les cache temporairement. Il arrive également qu’elle passe devant une planète ou
devant le Soleil ; dans les trois cas, c’est le phénomène d’occultation. Ainsi, parler d’une « éclipse de
Soleil » est astronomiquement incorrect ; il serait préférable de parler d’une « occultation de Soleil »,
l’occultation correspondant à un recouvrement d’un astre par un autre (la Lune passe devant le Soleil).
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L’éclipse correspondant au passage dans une zone d’ombre d’un corps réfléchissant la lumière, l’éclipse de
Lune est donc une vraie éclipse, la Terre cachant le Soleil, source de la lumière qui éclaire la Lune.
La Terre tourne sur elle-même d’ouest en est (mouvement réel) en 23 h 56 min, ce qui provoque un
mouvement du Soleil (mouvement apparent, le Soleil étant fixe) d’est en ouest. Ce mouvement définit la
journée, temps écoulé entre le lever et le coucher du Soleil.
La Terre tourne autour du Soleil en 365,25 jours. Ce déplacement se fait dans le sens contraire des aiguilles
d’une montre (sens direct). Il provoque un autre mouvement apparent du Soleil, par rapport à la voûte
céleste. Ce mouvement apparent permet de définir l’année. La définition astronomique de l’année est un
peu plus complexe : temps séparant deux passages du Soleil au nœud ascendant, point de la voute céleste
appelé « point vernal ». C’est donc le temps écoulé entre deux équinoxes de printemps.
La localisation exacte du point vernal est difficile car la lumière du Soleil diffusée par l’atmosphère nous
empêche de voir le fond du ciel étoilé. Ceci ne sera possible que si une éclipse totale de Soleil se déroule
exactement à cet instant. C’est pourquoi les anciens utilisaient plutôt le temps écoulé entre deux levers de
Soleil exactement au même endroit sur l’horizon, à la même période de l’année. On pense que certains
alignements mégalithiques de la préhistoire, comme Stonehenge en Angleterre, permettaient de prévoir la
période de lever aux solstices et aux équinoxes, le plus facile à repérer étant celui des solstices.
En reconstituant jour après jour le mouvement apparent du Soleil, on voit qu’il se déplace sur une ligne
imaginaire : l’écliptique (c’est sur cette ligne que se déroulent les éclipses, d’où son nom). Le plan commun
au Soleil et à la Terre, plan sur lequel se trouve l’orbite terrestre, est le plan de l’écliptique.
Au cours de ce déplacement, le Soleil défile devant certaines constellations. Ce sont les constellations du
zodiaque - le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion,
l'Ophiuchus (ou Serpentaire, qui n’existe pas dans le premier zodiaque des astrologues), le Sagittaire, le
Capricorne, le Verseau et les Poissons. Leur origine remonte au Ve siècle avant J.C. On retient une bande
de 8° de part et d'autre de l'écliptique comme limite conventionnelle du zodiaque.
Les planètes, quant à elles, se déplacent autour du Soleil, dans le sens direct. Ce déplacement se fait dans un
plan propre à chaque planète, plan dont l’inclinaison est faible par rapport au plan de l’écliptique.
Mercure : 7°
Vénus : 3° 23’
Terre : 0° par définition
Mars : 1°51’
Jupiter : 1°18’
Saturne : 2° 28’
Uranus : 0° 46’
Neptune : 1° 46’
Pluton : 17° 8’
On voit que deux planètes, Mercure et Pluton, s’écartent assez significativement du plan de l’écliptique.
Pour les autres planètes, l’inclinaison varie de 0° 46’ à 3° 23’. Elles se déplacent donc à l’intérieur de la
bande de +- 8° délimitant le zodiaque. Ainsi, Jupiter parcourt d’ouest en est en cinq ans les constellations
des Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance… toutes constellations du zodiaque.
Et la Lune ?
La Terre orbite autour du Soleil sur le plan de l’écliptique. La Lune orbite autour de la Terre sur un plan qui
lui est propre. Ce plan est incliné de 5° 8’ 43’’ (variable entre 5° et 5° 17’ selon un cycle de 173 jours) par
rapport au plan de l’écliptique. La Lune navigant dans une bande maximum de +- 5°17’ à l’intérieur de la
bande ± 8°, il est donc logique de l’observer devant les constellations du zodiaque.
13
3.4 Les occultations et les rapprochements de planètes et étoiles brillantes
Si on considère que pour un observateur, la Lune et une étoile sont des points, les planètes, étoiles et objets
du ciel profond qui ont une latitude écliptique de ± 5° 17’ peuvent être occultés par la Lune – occultation
totale ou rasante. Mais comme l’observateur peut se déplacer de +90° à – 90° de latitude et que la Lune a
un diamètre apparent maximum de 33’, cette latitude écliptique est portée à 6°21’.
Parmi les étoiles occultables, quatre sont de première grandeur, Aldébaran, Regulus, Spica et Antarès. Les
amas des Pléiades, la Crèche, M 35… peuvent également être occultés.
Les occultations rasantes ont, dans un premier temps, permis d’améliorer notre connaissance du relief
lunaire des pôles nord et sud. Des analyses photométriques d’occultations d’étoiles ont permis de découvrir
des étoiles doubles trop serrées pour être dédoublées optiquement. Le diamètre angulaire de certaines
étoiles a pu être calculé. L’occultation de radiosource a également permis de mesurer leur position avec une
grande précision. Cela a, entre autres, permis de déterminer que la radio source 3C 273 était aussi un quasar
optique de nature cosmologique. Quant aux rapprochements, beaucoup plus fréquents que les occultations
d’étoiles brillantes ou de planètes, ils sont également annoncés dans les éphémérides, ce qui permet de
réaliser des images intéressantes en les combinant avec un avant-plan.
14
3.42 Données techniques
L’angle de position (Polar Angle, angle au zénith) du point de contact, angle ACE, est mesuré du centre de
la Lune, à partir de son pôle nord céleste (PNC), dans le sens N-O-S-E (contraire aux aiguilles d’une
montre). Le schéma illustre une réapparition à P.A. 260°.
L’angle de Watt est identique à l’angle au pôle mais il est calculé à partir du pôle nord lunaire.
15
1637: Jeremiah Horrocks. Occultation des Pléiades. Il en déduit que la dimension angulaire des étoiles doit
être très petite.
21 avril 1720 : Jacques Cassini. Occultation de l'étoile doubleVirginis.
6 avril 1749 : J.J.L. de Lalande. Occultation d’Antarès observée depuis Paris et Berlin.
7 mars 1794 vers 19 heures U.T à Dantzig. Aldébaran rase le limbe nord de la Lune, deux disparitions
successives.
Les astronomes de l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Age pensaient que l’orbite des planètes (astres
errants) était circulaire. La raison ? Le cercle est, selon Aristote, (-384, -322) une figure parfaite qui
convient à l’Univers. Ptolémée (90 ?,168 ?) a développé un modèle complexe de cercles afin d’expliquer
les variations de position, de vitesse apparente, d’éclat des planètes. Poussé à l’extrême, le système de
Ptolémée comportait des dizaines de cercles combinés. Il faut attendre les travaux de Copernic (1473-1543)
et la théorie héliocentrique confirmés par les observations de Galilée (1564-1642) pour placer les astres au
bon endroit : le Soleil au centre, la Terre tourne autour du Soleil, la Lune tourne autour de la Terre.
Kepler (1571-1630), à partir des observations de Tycho Brahe « l’homme au nez d’or » (1546-1601), a
donné une forme à cette orbite : l’ellipse.
Ceci étant, le système de Ptolémée rendait assez bien compte des phénomènes - phases de la Lune,
changement de luminosité et rétrogradation des planètes, variation des vitesses apparentes… mais au prix
d’une complexité croissante et de quelques imprécisions
Sur l’illustration relative au système de Ptolémée (à gauche), on voit l’ingéniosité du concepteur qui permet
d’expliquer, en rendant solidaires les deux orbites de Vénus et du Soleil par rapport à la Terre (droite TS)
pourquoi Vénus est tantôt une étoile du soir (à gauche de la droite TS) tantôt une étoile du matin (à droite
de la droite TS). Le Soleil tourne sur une orbite centrée sur la Terre, ce qui explique que sa luminosité est
constante. Par contre, la position de Vénus est variable sur des cercles de centre C, afin d’expliquer ses
variations de luminosité. Un ensemble de cercles excentriques permet également de rendre compte des
variations de vitesse sur l’orbite.
La Lune tourne autour de la Terre, elle peut donc cacher le Soleil (éclipse totale de Soleil) ou ne plus être
éclairée par lui (éclipse totale de Lune). Elle peut se situer à droite de la ligne TCS (lune descendante) ou à
gauche (lune ascendante). Son comportement est donc semblable à celui de Vénus. Un astronome de
l’antiquité un peu imaginatif aurait donc très bien pu imaginer des phases de Vénus sur le même principe
que les phases de la Lune. Il faudra attendre Galilée pour constater cette équivalence, mais dans un autre
système, l’héliocentrisme.
16
4.2 Sur un rythme à trois temps : Kepler et les orbites des planètes et satellites
Des observations astronomiques d’une précision remarquable furent effectuées par Tycho Brahe entre 1576
et 1597, en particulier sur la planète Mars. Il disposait d’un observatoire à Uraniborg au Danemark doté du
meilleur matériel pour son époque. Johannes Kepler fut son assistant et eut ainsi accès aux données
recueillies par Tycho. C’est à partir de ces données qu’entre 1609 et 1619 il énonça trois lois qui permettent
de décrire les mouvements des planètes et de leurs satellites.
Fig.1 Fig.2
- Première loi (Fig.1) : les planètes se déplacent selon une orbite elliptique dont le Soleil occupe un des
deux foyers ; il en est de même pour l’orbite des satellites autour de leur planète et en particulier de la Lune
autour de la Terre. La particularité de l’orbite elliptique est que, contrairement à une orbite circulaire, la
distance d’un point au centre est variable ; de même pour la distance d’un point au foyer. En revanche, la
somme des distances d’un point aux deux foyers est constante.
- Deuxième loi : (Fig.2) : à droite F1M qui relie le foyer F1, occupé par la planète, au satellite situé en M,
est le rayon vecteur. Le rayon vecteur balaie des aires égales en des temps égaux.
- Troisième loi :
Le carré de la période de révolution est proportionnel au cube du demi-grand axe OA.
17
4.4 Un centre qui n’est pas au centre
La Lune tourne autour de la Terre. Faux. Les deux astres tournent autour du centre de gravité du système
Terre-Lune. Celui-ci se situe à environ 4 680 km du centre de la Terre soit environ 1 600 km sous la
surface. C’est ce barycentre du système qui tourne autour du Soleil et non la Terre elle-même. Il en est de
même pour toutes les planètes et les corps qui orbitent autour du Soleil.
Le centre de gravité se déplace sur la « vraie » orbite de la Terre et le centre physique de celle-ci va osciller
de part et d’autre de cette orbite selon une sinusoïde de 9 500 km d’amplitude avec une période d’une
lunaison. Le centre physique de la Terre se trouve sur l’orbite approximativement au premier et au dernier
quartier. Il sera un peu plus proche du Soleil (4 680 km) à la pleine lune et éloigné de la même valeur à la
nouvelle lune.
Si la Terre restait immobile, la Lune, en orbitant autour de celle-ci, dessinerait approximativement une
ellipse proche d’un cercle. Comme la Terre se déplace, on peut imaginer que la Lune va dessiner une
courbe tantôt convexe, tantôt concave. En réalité, il n’en est rien. « (…) Cette courbe est si allongée qu’elle
diffère à peine de celle que la Terre décrit annuellement autour du Soleil, (…) elle est toujours concave vers
le Soleil(…)» Camille Flammarion. Astronomie populaire – 1880 - Marpon et Flammarion Editeurs.
La distance Terre-Lune et le nombre de lunaisons dans l’année sont insuffisantes pour provoquer un
changement de concavité de la trajectoire lunaire.
18
Considérons que le Soleil est suffisamment loin de la Terre pour que ses rayons lumineux soient considérés
comme parallèles. Les phases de la Lune s’expliquent facilement selon le schéma suivant ; nous sommes à
la verticale du pôle Nord terrestre et les échelles ne sont pas respectées
La phase 1
La Lune est entre le Soleil et la Terre. L’angle
Soleil Lune Terre (SLT) fait 180°. Le Soleil éclaire
la Lune par l’arrière. Elle est invisible pour deux
raisons : le Soleil nous éblouit mais surtout, comme
la partie qui fait face à la Terre ne reçoit aucune
lumière, elle ne donc peut pas en réfléchir. Elle est
invisible. C’est la nouvelle lune.
La phase 2
La Lune s’est déplacée sur son orbite. L’angle de
phase (SLT) est maintenant compris entre 180° et
90°.
C’est la phase croissant.
La phase 3
Nous sommes dans le cas particulier où l’angle est
de 90 ° ; c’est le premier quartier, le « p » observé à
l’œil nu.
19
La phase 4
La Lune poursuit son cheminement et l’angle est
maintenant compris entre 90° et 0°. C’est la phase
gibbeuse (du latin gibbosus = bossu).
La phase 5
Soleil Terre et Lune sont alignés dans cet ordre.
Nous sommes dans le cas particulier où l’angle
SLT est de 0°. C’est la pleine lune.
Un phénomène symétrique se poursuit lors de la
deuxième partie de la lunaison, en passant par
dernier quartier pour revenir à un angle SLT de
180° correspondant à la nouvelle lune.
Une phase, à une date précise et une heure précise, se définit à partir de plusieurs éléments :
k = la fraction éclairée : c’est le rapport de l’aire éclairée à l’aire totale. Ce coefficient change en
permanence du fait de la révolution de la Lune autour de la Terre. k s’obtient à partir de l’angle de
phase = î
î = angle de phase. C’est l’angle Soleil, Lune, Terre. A la pleine lune, l’angle de phase est de 0° ;
il est de 180° à la nouvelle lune.
L’angle de phase permet de calculer k.
k= ½ (1 + cos i)
NL: cos 180° = -1 => k = ½ (1-1) = 0 => 0 % éclairé
1Q: cos 90° = 0 => k = ½ (1 + 0) = 0.5 => 50 % éclairé
PL: cos 0° = 1 => k = ½ (1+1) = 1 => 100 % éclairé
AOP = angle de position du milieu de la phase : cet angle mesure la position du point qui se
situe au milieu du bord éclairé de la Lune à partir du point le plus au nord sur la sphère céleste,
(différent du pôle nord de la Lune).
P = COP = angle de position de l’extrémité nord de l’axe de rotation de la Lune
Il est calculé à partir du point le plus au nord sur la sphère céleste.
S = ZOP = angle à l’astre. Il est formé par le méridien qui passe par l’astre et le vertical de l’astre
c'est-à-dire le plan passant par le zénith, l’astre et le nadir.
20
4.7 Une phase particulière : la pleine lune
La pleine lune est la phase durant laquelle le Soleil, la Terre et la Lune sont alignés dans cet ordre. C’est le
moment où la Lune apparaît la plus brillante depuis la Terre, car lors de cette phase presque toute sa surface
est éclairée par le Soleil. Presque toute, mais pas toute, du fait que la pleine lune se trouve toujours un peu
au-dessus ou au-dessous de l'écliptique, il y a toujours une petite partie au nord ou au sud qui n'est pas
éclairée. Autrement dit la Lune n’est vraiment pleine que lors d’une éclipse totale maximum de Lune, mais
alors nous avons du mal à discerner les détails sur le bord du limbe. Par ailleurs, du fait que la Lune
progresse en permanence sur son orbite, la phase de pleine lune exacte (à la restriction ci-dessus près) ne
dure qu'un instant, et non toute la nuit.
Mais comme il est, en moyenne, inclinée de 23° 26’, les pleines lunes d’été seront basses sur l’horizon sud
et, inversement, les pleines lunes d’hiver seront hautes.
21
Mars : Lune du poisson, du ver, chaste, des semences,
Avril : Lune du planteur, des semences, de l’œuf, de l’herbe, des vents,
Mai : Lune des fleurs, du lièvre, des plantations,
Juin : Lune des amoureux, des fraises (framboises), rose, de lait, venteuse,
Juillet : Lune des prés, de l’hydromel, des bénédictions, de la chance, du tonnerre, mâle,
Août : Lune des herbes, du maïs vert, rouge, de l’esturgeon, des femmes, du moût, de l'orge,
Septembre : Lune des moissons, du chasseur,
Octobre : Lune du sang, de la chute des feuilles,
Novembre : Lune du castor, des neiges, du deuil, des arbres,
Décembre : Lune froide, du chêne, des longueurs.
Latitude 60°
22
Par contre février ne comptant que 28 ou 29 jours, il est possible qu’aucune nouvelle ou pleine
lune ne se produise au cours de ce mois.
La seconde lune bleue, moins connue car plus rare, est aussi appelée « lune des glaces ». Le terme
« lune bleue », « lune de glace » est utilisé par l'auteur chinois Confucius : "cette nuit d'hiver un
phénomène extraordinaire est apparu dans le ciel, une lune d'un bleu profond, cette lune était
comme glacée ».
Plaçons-nous en tout début de la lunaison (ou tout à la fin, cela n’a pas d’importance), au moment
de la nouvelle lune. Pour un observateur situé sur la Lune, c’est la pleine terre. Notre planète est
éclairée pleine face par le Soleil et présente un diamètre apparent de 2°. Elle réfléchit 30 % de la
lumière reçue vers l’espace. On peut estimer que la luminosité de la « pleine terre » est de 40 à 65
fois supérieure à celle de la pleine lune que nous pouvons tous observer.
23
4.9 Deux phénomènes très esthétiques liés aux phases : la lumière cendrée, les fins croissants
Schéma 1 : un rayon lumineux (1) provenant du Soleil est réfléchi par la Terre en direction de la
Lune (2) puis revient vers la Terre (3).
Schéma 2 : début de lunaison. Les rayons solaires se réfléchissent sur la surface de la Terre en
direction de la Lune selon les lois de la réflexion. La portion réfléchie for me un cône relativement
étroit. Une quantité importante de lumière réfléchie par la Terre atteint la Lune qui lui en renvoie
une partie.
Schéma 3 : un peu plus tard dans la lunaison, la lumière réfléchie vers la Lune forme un cône plus
ouvert. La quantité de lumière réfléchie est plus dispersée ; une plus faible quantité de lumière
atteint la Lune par rapport au cas précédent, quatre fois moins. Une quantité plus faible sera
réfléchie par la Lune vers la Terre. Au-delà du premier quartier et avant le dernier quartier, la
lumière cendrée est invisible.
24
4.92 Rechercher les fins croissants
Ce phénomène est observable au tout début ou en toute fin de lunaison, lorsque la Lune est seulement âgée
de quelques heures à une journée. La détection des fins croissants est l’enjeu de records mondiaux lors de
grands rassemblements, en particulier dans les déserts nord - américains. Au-delà de 24 heures, les
croissants sont fins mais assez facilement observables ; ils deviennent alors des évènements esthétiques.
L'observation de très « jeunes » ou très « vieux »
croissants, visibles au crépuscule juste après la
nouvelle lune ou à l’aube juste avant, est souvent
délicate, parfois même impossible. Les croissants
lunaires les plus fins et les plus facilement détectables
aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord ont lieu
lorsque plusieurs facteurs sont réunis :
- proximité du passage de la Lune au périgée qui
implique une Lune plus grosse, plus lumineuse et
s’écartant rapidement du Soleil, sa vitesse orbitale
étant alors plus grande (loi des aires)
- séparation angulaire avec le Soleil supérieure à 7°
- forte latitude de la Lune au nord de l'écliptique
(latitude maximum 5°17’).
- inclinaison maximale de l'écliptique par rapport à
l'horizon. Cette inclinaison dépend de la période et de
la latitude. Au pôle, l’angle peut atteindre environ 24°,
sous nos latitudes 70° et 90° à l’équateur.
Elle peut être calculée avec la formule suivante :
Cos (i) = Cos (e) Sin (lat) – Sin (e) Cos (lat) Sin (t)
avec i = inclinaison sur l’horizon,
e = 23°27, t = temps sidéral, lat = latitude
Le schéma montre qu’à la même distance angulaire du Soleil et la même position sur l’écliptique, la Lune
en A se couchera plus tôt que la même Lune en B. Ce phénomène sera amplifié si la Lune, dans
l’hémisphère nord, se trouve au nord de l’écliptique, en C. Les meilleures périodes pour observer les fins
croissants sont le printemps pour les croissants du matin et l’automne pour les croissants du soir.
Mais même lorsque ces conditions sont remplies, la partie n'est pas gagnée ! L'observateur doit aussi
bénéficier d'un horizon bien dégagé, d'un ciel clair et d'une atmosphère transparente pour espérer voir la
minuscule virgule lunaire se détacher du fond lumineux du ciel, sans oublier d’être à la bonne longitude par
rapport à l’instant de l’évènement.
Admettons en effet (cas d’école) que la nouvelle lune soit à 7 h, au moment exact du lever du Soleil et que
le Soleil se couche à 19 h. Entre-temps, la Lune a parcouru 6° 30’ vers l’est, le croissant aura 12 heures ; il
sera théoriquement visible aux instruments (record du monde 11 h 40 min), juste avant le coucher de la
Lune. Mais si la nouvelle lune a eu lieu à 8 h, le Soleil se couche à 19 h ; la Lune n’aura que 11 heures. Elle
sera invisible. En revanche, le fin croissant sera visible pour un observateur situé 13° plus à l’ouest. Pour
cet observateur la Lune aura 12 heures au moment où il l’observera.
A l'œil nu, le record est détenu par Stephen James O’Meara qui a observé un jeune croissant âgé de
seulement 15 heures et 32 minutes le 24 mai 1990 à 11 h 47 min UTC, après un repérage aux jumelles. Le
record de la plus jeune Lune jamais observée avec un instrument appartient à Mohsen G. Mirsaeed, avec un
croissant de 11 heures et 40 minutes le 7 Septembre 2002. Le record précédent était de 11 heures et 56
minutes par J. Stamm le 21 janvier 1996. On pensait que, selon l'astronome français André Danjon, il était
impossible d’observer un croissant de Lune lorsque l'élongation (la distance apparente entre le Soleil et la
Lune) était inférieure à 7 degrés, la luminosité du croissant étant inférieure à celle du ciel (d’un facteur
1000 en lumière visible). Mais en avril 2010 Thierry Legault, grâce à un montage ingénieux, a
photographié la Lune exactement à l’instant de la nouvelle lune, la Lune se situant à 4° 33’ au nord du
Soleil; un minuscule croissant est visible dans l’infrarouge représentant 2/1000 du disque. On ne peut plus
faire ni plus jeune, ni plus vieux !
25
5E REMARQUE : IL FAUT ENVIRON TRENTE JOURS A LA LUNE POUR PRESENTER LA
MEME FORME
Avant d’être synonyme de changement, de bouleversement important et brusque dans la vie d'une nation, le
mot révolution était plus pacifique, plus routinier. Il vient du latin " revolutio " qui signifie "action de
revenir en arrière, de recommencer". Et c’est bien ce que nous remarquons avec la Lune, un
recommencement régulier, plus ou moins évident en fonction du type de révolution observé.
Dans ce qui va suivre, les durées sont des durées moyennes.
Pourquoi alors faut-il attendre 29j 12h 44min 3s soit 29,5306 jours entre deux nouvelles lunes
consécutives? Faisons d’abord une constatation.
On estime qu’à l’origine, la vitesse de rotation de la Terre sur elle-même était de quatre heures (certains
modèles s’appuie sur 2h 30) et que la Lune se situait légèrement au-delà de la limite de Roche. Cette limite
correspond à la distance théorique en dessous de laquelle un satellite commencerait à se disloquer sous
l'action des forces de marée causées par le corps autour duquel il orbite. Sa valeur varie de 18 400 km à 36
000 km selon les modèles de formation.
L’effet des marées produit sur une Lune plus proche de la Terre qu’aujourd’hui, était très important. Elle
s’en trouvait déformée, étirée en direction de la Terre et dans la direction opposée. Cette forme allongée
présente deux protubérances formant un bourrelet. La vitesse de rotation de la Terre et de la Lune étant
différentes, il en résulte une instabilité des protubérances, chacune d’entre elles ayant tendance à vouloir
venir sur une position stable. Cela entraînait un déplacement permanent du bourrelet et engendrait des
frottements. Ces frottements ont ralenti progressivement la vitesse de rotation de la Lune jusqu’à l’amener à
26
une position d'équilibre. Les frottements ont disparu lorsque le déplacement du bourrelet est devenu nul,
c'est-à-dire lorsque la période de rotation de la Lune sur elle-même s’est ajustée avec celle de sa révolution
autour de la Terre.
De la même façon, les marées soulevées par la Lune sur la Terre vont chercher à synchroniser la rotation de
la Terre avec la révolution de la Lune. Ces interactions entrainent un ralentissement de la vitesse de rotation
de la Terre sur elle-même de 1,64 milliseconde par siècle et un éloignement de la Lune dont la valeur
actuelle est de 3,8 cm par an. Lors de l’apparition des poissons, il y a 475 millions d’années, la Terre
tournait en 21 h 30 min ; il y a 65 millions d’années, lorsque les dinosaures ont disparu, cette valeur était de
23 h 40 min.
Par rapport aux étoiles, le Soleil se déplace (mouvement apparent) de 360° / 365,25j = 0,99° par jour
La Lune se déplace (mouvement réel) de 360° / 27,3216j = 13,1763° par jour.
En 27,3216 j le Soleil aura parcouru 0°.99 x 27,3216j = 27,0483°
Pour revenir à la même position initiale par rapport au Soleil, la Lune devra parcourir ces 27,0483° et
mettra 27,0483° / 13,1763° = 2,05 jours
Pendant ces 2,05 j, le Soleil se sera déplacé de 0,99° x 2,05 jours = 2,02° = 2° 1,2’
La Lune mettra 0,1533 jour pour combler le retard. Il lui restera alors à parcourir 9 minutes d’angle, à la
vitesse de 0,99° par jour, pour rejoindre exactement le Soleil.
L’addition de ces éléments donne 29,53059 j soit 29 j 12 h 44 min 3s.
L’orbite de la Lune étant soumise à un nombre très important de perturbations, ces valeurs sont des valeurs
moyennes de référence.
Mais ce n’est pas tout. Dans le chapitre « révolution », il existe aussi les révolutions draconitique et
anomalistique.
27
nœuds, étaient l’œuvre d’un dragon qui dévorait la Lune (éclipse de Lune) ou le Soleil (éclipse de
Soleil). Pour expliquer la réapparition des astres, on imaginait des combats sans pitié à l’issue
desquels le dragon était décapité, ce qui permettait à la Lune ou au Soleil de s’échapper.
Remarquons que, dans l’hémisphère nord il fait chaud alors que le Soleil est au plus loin…
5.15 Il faut 19 ans + 1h30 pour que la même phase se produise aux mêmes dates de
l’année : le cycle de Méton
Bien qu’il semble que les Mésopotamiens l’aient déjà constaté, on attribue à Méton de Leuconée, un
astronome grec, la découverte en 432 av. J-C que les phases de la Lune se reproduisaient aux mêmes
dates de l’année après une période de 235 lunaisons soit 19 ans (6 940 jours). Cette durée
correspond également à 255 mois draconitiques, mois intimement liés aux éclipses. La reproduction
des phases après 19 ans se faisant avec un décalage de 1h30, l’imprécision évolue lentement : 1 jour
après 17 cycles soit un peu plus de 320 ans. Le cycle de Méton peut donc être utilisé comme moyen
de prévoir les éclipses. Mais, étant donnée la variabilité de la durée d’une lunaison, comprise entre
29 j 6 h et 29 j 20 h et la discontinuité qu’apportent les années bissextiles au sein du cycle, il n’est
utilisable qu’à court terme comme le faisaient les mésopotamiens. A long terme on utilise le cycle
du Saros.
Le rang d'une année dans ce cycle de 19 ans est connu sous le nom de nombre d'or, peut-être parce
que ce numéro, de 1 à 19, était gravé chaque année en lettres d'or sur les piliers d'un temple à
Athènes. Ce nombre d’or intervient également dans la détermination de la date de Pâques.
28
2ème condition : la Lune doit se trouver sur l’écliptique. Le point d’intersection entre l’orbite de la Lune et
l’écliptique est le nœud. La Lune doit donc se trouver au nœud. Cette donnée dépend de la révolution
draconitique : 27, 21220 j.
Condition annexe : le diamètre apparent de la Lune varie en fonction de la distance à la Terre, ce qui
conduit soit à une éclipse totale ou à une éclipse annulaire. Cette donnée dépend de la révolution
anomalistique: 27,55464 j.
Après un Saros, la Lune a accompli un nombre entier de mois synodiques (223), draconitiques
(242) et anomalistiques (239), soit 18 ans 11 jours 8 heures soit 6585,32 jours.
Au terme d’un saros, la géométrie Terre-Soleil-Lune est pratiquement identique. La Lune
présente la même phase, se situe au même nœud et à la même distance de la Terre. De plus,
comme le saros est très proche de 18 années, la Terre est à peu près à la même distance du
Soleil et est inclinée de manière pratiquement identique.
En connaissant la date d'une éclipse, il devient alors possible de prévoir la date d'une prochaine
éclipse associée au même saros. La position sera décalée de la valeur d’une rotation terrestre
d’une durée de 8 heures (soit 120° plus à l’ouest)
Un exemple
10 Décembre 2011 à 14h 31 (Eclipse totale)
Convertissons la date en jours juliens pour faciliter le calcul.
10/12/ 2011 à 14h 31 = 2455906,104861111 JJ
10/12/2011 + 1 saros = 6585,32 + 2455906,104861111 = 2462491,4248611107 JJ
L’éclipse totale correspondante se déroulera le jour julien 2462491,4248611107 JJ s oit le
20/12/2029 à 22h 11
La première référence à la prédiction d’une éclipse solaire est Thalès en 585 av. J.-C. Les
moyens lui ayant permis de réaliser cette prédiction restent cependant inconnus : peut-être a-t-il
réalisé des calculs sur le mouvement des astres. Une autre hypothèse serait qu’il ait eu la
connaissance ou bien l’intuition du Saros. L’historien Hérodote racontera plus tard que cette
éclipse aurait interrompu un combat entre le roi de Babylone Nabuchodonosor et les Lydiens.
Les anciens observaient de manière très précise la course des étoiles, des planètes et de la Lune
pour de multiples raisons : astrologie, divination, calendrier, saisons, météo, agriculture. La
progression de la Lune dans le ciel ne leur avait pas échappé. La régularité de ses retours à la
même phase et la relative brièveté d’une lunaison, leur ont permis de concevoir un calendri er
lunaire simple mais efficace, ancêtre du mois. Les Sioux ne se donnaient -ils pas rendez-vous à
la prochaine pleine lune…
29
« Le Soleil ne peut rattraper la Lune, ni la nuit devancer le jour; et chacun vogue dans une orbite."
(Sourate 36, "Ya-sîn", v. 40)
"Et c'est Lui qui a créé la nuit et le jour, le Soleil et la Lune, chacun voguant dans une orbite."
(Sourate 21, "les prophètes", v. 33)
« C'est Lui qui a fait du Soleil une clarté et de la Lune une lumière, et Il en a déterminé les phases
afin que vous sachiez le nombre des années et le calcul [du temps] ». (Sourate 10, ‘’Yonus’’, v. 5)
5.22 Le calendrier s’occupe des temps longs, le jour est son unité de base.
Le jour.
Le « jour » mesure le temps entre deux passages du Soleil à un point défini, le méridien du lieu ; la
journée définit le temps entre le lever et le coucher du Soleil voire entre l’aube et le crépuscule.
« Jour » vient de « jorn » et est dérivé de « diurne » lui-même venant de « di » du latin « dies ».
Cette racine se retrouve dans « lun-di ». En patois du sud-est du Puy-de-Dôme, proche de l’occitan,
« dji » se place avant : djiliu – lundi, djimar, djimecr, djidzu, djivendr, djisat, djimentse.
Le jour est une unité relativement facile à dénombrer ; même en présence de nuages, on sait s’il fait
jour ou nuit. Par contre au-delà d’un certain nombre - 10 correspondant aux dix doigts ou 12
correspondant au nombre que l’on peut compter sur une seule main en opposant le pouce à chacun
des trois segments des phalanges des quatre autres doigts - le décompte des jours devient
malcommode. La semaine puis le mois prennent le relais.
Et c’est là qu’intervient la Lune.
La semaine
La semaine a pour origine une division grossière d’une lunaison en quatre parties correspondant aux
périodes des différentes phases : nouvelle lune au premier quartier, premier quartier à la pleine lune,
pleine lune au dernier quartier, dernier quartier à la nouvelle lune. Mais avec 4 semaines de 7 jours,
il demeure une différence de 1,5 jour par rapport à une lunaison! Sur le court terme le calendrier
lunaire ne colle pas avec la Lune. En dix mois la nouvelle lune est à la pleine lune… Toutefois il
correspond assez bien à une année solaire de 13 mois de 28 jours. C’est pourquoi il avait été adopté
sous cette forme par les Gaulois.
L’ordonnancement des jours de la semaine provient d’une interférence, comme ce fut le cas pendant
longtemps, entre astronomie et astrologie.
30
L’alternance de mois de 29 et 30 jours est assez précise, la lunaison moyenne étant de 29 j 12 h 44 min. La
lunaison est à la base de nombreux calendriers. Les Egyptiens utilisaient un calendrier lunaire moyennant
quelques rectifications dues aux 44 minutes. Le calendrier lunaire le plus connu est le calendrier musulman.
L'année musulmane est essentiellement lunaire : 12 mois alternés de 29 et 30 jours totalisent 354 jours.
L'écart avec 12 lunaisons (12 x 29,5306 jours = 354,3672 jours) est compensé par l'addition de onze jours
sur un cycle de 30 ans. 11 années de 355 jours sont dites "abondantes" et 19 de 354 jours sont "communes".
Il n’est donc pas étonnant de retrouver la Lune dans l’étymologie du mot mois. « Mêné » en grec, « moon »
la Lune en anglais, « month » le mois en anglais, « der Mond » « le » Lune en allemand, « der Monat » le
mois en allemand. Il existe un mot dérivé bien difficile à caser dans la conversation mais ayant pour origine
le mot grec « mené »: la néoménie, la nouvelle lune.
Le disque de Nebra.
Ce disque en bronze de 2 kg pour 32 cm de diamètre,
pourrait être un calendrier lunaire. Il a été mis au jour
illégalement, par des fouilleurs clandestins, en juillet 1999 à
Nebra-sur-Unstrut, Saxe-Anhalt (Allemagne), avec d'autres
objets.
Il daterait d'environ 1 600 avant notre ère, transition le
Bronze ancien et Bronze moyen. Il est conservé au Musée
régional de Préhistoire de Halle, en Allemagne.
L’année
Pour en finir avec le calendrier, l’année (« annus » à rapprocher de « annulus », l’anneau, une forme ronde
et bouclée) n’a pas de relation avec la Lune mais avec le Soleil. Elle sert à mesurer les temps très longs.
L’année civile.
L’année civile est l'intervalle de temps entre deux dates successives identiques.
L’année sidérale.
L’année sidérale est l'intervalle de temps dans lequel la Terre effectue une révolution complète de son
orbite. Elle est mesurée par rapport à une référence fixe, les étoiles. Une année sidérale dure en moyenne
365 j 6 h 9 min 9 s soit 365,2563 jours
L’année tropique.
L’année tropique (ou équinoxiale) marque le retour du Soleil à un point défini de son orbite apparente :
solstice d’hiver ou d’été, les équinoxes étant plus difficiles à observer de manière précise.
Astronomiquement, elle correspond au temps écoulé entre deux passages du Soleil au point « gamma ». Le
point « gamma » ou « point du Bélier » ou « point vernal » correspond à l’équinoxe de printemps. Sa durée
est de 365 j 5 h 48 min 45,26 s soit 365,24219 jours.
Elle diminue actuellement d'environ 0,53 seconde par siècle du fait de l’influence des planètes.
Ces 0,242 19 jours ont causé bien des soucis à Jules César, qui a fait reprendre le calendrier de type
Egyptien utilisé à Rome par … un Egyptien, Sosigenes, pour en faire un calendrier julien et au pape
Grégoire XIII pour en faire un calendrier grégorien. Tout cela pour rattraper ce décalage. Et, comme en
réalité la valeur exacte est 0,242 190 517, il faut sans cesse rattraper les décalages pour maintenir la
précision.
Il existe également des années draconitiques, anomalistiques, gaussiennes, besseliennes, grandes, héliaques,
sothiaques. Mais c’est une autre histoire.
On voit bien que la non-concordance entre jour, mois et année est à l’origine de difficultés pour mesurer
d’une manière précise l’écoulement du temps. Le superbe petit livre intitulé Le calendrier Paul Couderc
« Que sais-je ? » PUF nous livre l’origine de ce décalage « …qu’avant le Déluge le mois valait 30 jours,
l’année 360 et 12 mois entiers, le Soleil se déplaçant strictement d’un degré par jour dans le zodiaque. Une
comète, cause d’un grand cataclysme nommé « déluge » aurait altéré ces rapports simples. En
conséquence il faudrait classer les difficultés de calendrier au nombre des punitions infligées à l’espèce
humaine… ».
31
5.3 Pâques et la Lune, intiment liés
L'importance de la date de la fête de Pâques dans la vie civile tient au fait que certaines fêtes chrétiennes
mobiles sont l'occasion de jours fériés : Vendredi Saint (vendredi avant Pâques), lundi de Pâques, jeudi de
l'Ascension (40 jours après Pâques), lundi de Pentecôte (50 jours après Pâques).
Cette date fait l'objet d'une définition de nature astronomique depuis le concile de Nicée en 325: Pâques est
célébré le dimanche qui suit le quatorzième jour de la Lune qui atteint cet âge au 21 mars ou
immédiatement après. Dit autrement, Pâques se situe le dimanche qui suit immédiatement la pleine lune qui
suit l’équinoxe de printemps. Jusque-là tout va bien. Sauf que le texte précise « 21 mars » et
non « équinoxe ». D’autre part, l’âge de la Lune n’est pas compté à partir de 0 mais de 1; une lune de 15
heures est astronomiquement une lune de 0,625 jour et, dans le « comput », une lune de 1 jour. De plus, la
nouvelle lune, qui va servir de base à la détermination de la lune pascale, n’est pas la lune vraie. Elle est
prise dans un calendrier lunaire établi une fois pour toutes, la suite des nouvelles lunes y a été fixée en
fonction de la théorie de la Lune de l’époque. Tout ceci peut entraîner un écart d’un ou deux jours par
rapport à la lune astronomique. Il serait astronomiquement possible que Pâques se situe le 21 mars si
l’équinoxe puis la pleine lune étaient dans la journée du samedi 20 mars. Mais comme le texte précise le
21, Pâques ne peut jamais être avant le 22 mars, ni après le 25 avril. Mais cela ne suffit pas car la date de
Pâques de tradition romaine n’est pas la même que la Pâques de tradition orthodoxe. Certaines années, elles
peuvent correspondre et d’autres années être très éloignées l’une de l’autre. Le plus simple est de se référer
à ce tableau de correspondance, en calendrier grégorien.
Année 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Romaine 8 31 5 27 1er 21 12
avril mars 20 avril mars 16 avril avril avril
avril avril
Orthodoxe 15 5 12 1er 8 28 19
Avril mai avril mai avril avril avril
La pleine lune est impressionnante. Surtout les lunes d’été et d’automne car la météo généralement
favorable nous conduit à rester dehors pour apprécier la fraîcheur et quelques brochettes. Elle est tout aussi
belle en hiver mais seuls quelques astronomes, les « moon addicts » sont de sortie.
La pleine lune de septembre est la lune des moissonneurs ; elle est surtout célèbre dans les pays nordiques
car la combinaison phase et latitude fait qu’elle brille assez tôt et assez fort pour permettre de rentrer les
dernières moissons. Par contre, elle n’est pas plus grosse que d’habitude. C’est une illusion.
Le diamètre apparent moyen de la pleine lune est de 33' 29" au périgée et de 29' 23" à l’apogée.
32
6.2 Notre cerveau nous ment
L’orbite lunaire est une ellipse ; la distance Terre - Lune n’est donc pas constante. La distance la
plus grande (apogée) est de 406 720 km et la plus courte (périgée) de 356 375 km. Du fait de ce que
l’on appelle « irrégularité de l’orbite », la distance Terre-Lune au périgée (ou à l’apogée) n’a pas
toujours la même valeur.
La distance moyenne séparant la Terre de la Lune est de 384 400 km soit un peu plus de 1 seconde-
lumière et environ 30 fois le diamètre terrestre.
Apogée et périgée ne sont pas liés aux phases ; ils peuvent se produire à n’importe quel moment de
la lunaison. On appelle « ligne des absides », la ligne qui joint périgée et apogée. Cette ligne
effectue une sur elle-même en 8 ans et 310 jours, ce qui fait que la Lune passe par l’un des deux
points (apogée ou périgée) tous les 27,554 jours (révolution anomalistique).
33
2 - il mesure ensuite l’angle sous lequel on voit la Lune de la Terre (diamètre apparent) et trouve 2°.
Cette mesure est faite car « …la Lune occupe dans le ciel un angle égal au 1/15 d’un signe du
zodiaque ».
Zodiaque = 360°
Composé de 12 signes. 1 signe = 360° / 12 = 30°
1/15 = 2°
L’orbite de la Lune autour de la Terre = 360°
Portion d’arc de l’orbite occupé par la Lune (correspondant à son diamètre apparent) = 2°
Portion d’arc équivalente qui serait occupée par la Terre : 2° x 3 = 6° = 1 dt
Nombre de portions d’arc de la Terre sur l’orbite : 360° / 6° = 60 dt = 60 dt = 120 rt
120 = 2x R
R = 120 / 2 = 19.1
La distance Terre - Lune est de 19 rayons terrestres. En réalité 60,2
Les principales erreurs d’Aristarque viennent :
1 – du fait qu’il considère que la zone d’ombre de la Terre est cylindrique, or, elle est conique. Il n’y
a pas 3 dl mais 3,7 dl dans 1 dt.
2 – que le diamètre apparent de la Lune n’est pas de 2° mais de 0°30’ (0,5°).
En appliquant cette valeur de 0°30’ (Aristarque ne pouvait pas appliquer le coefficient 3,7) il aurait
trouvé 76 rt, ce qui serait plus proche de la valeur de 60,2
Or, selon Archimède, Aristarque connaissait cette valeur. Pourquoi ne l’a-t-il pas appliquée ?
Mystère.
34
TB = TA cos
Avec
TB = distance de la Terre à la Lune
TA = rayon de la Terre
diamètre apparent du Soleil
diamètre apparent de l'ombre de la Terre
Remarques :
+ ATC = 180°
- ATC
Hipparque connaît
TA, le rayon de la Terre (connu depuis Eratosthène)
= diamètre apparent angulaire du Soleil = 0°30’ (0,5°).
/2 = 0° 15’ (0,25°)
Pour mesurer Hipparque emprunte la méthode à Aristarque : la durée maximale d’une éclipse est
de 2 h 30 (peu importe de compter en heure, il suffit d’utiliser une même unité de mesure du temps). La
Lune parcourt son orbite en 29 j 12 h soit 708 heures.
D'où : = 360° x 2,5 h / 708 h = 1°16’ (1,27°)
b/2 = 0°37’ (0,63°)
Le Soleil étant très loin, Hipparque considère que l’angle ATC = 90°. En réalité, il est de 89°7’ (89,12°)
180° - ATC = 90°
D’où on déduit
= 90° - 0°15’ - 0°37’ soit (90° - 0,25° - 0,63°) = 89°7’ (89,12°)
Dans le triangle ABT on a :
TA / TB = cos = cos 89°7’= 0,015 = R / d = Rayon de la Terre / distance de la Lune
Donc
d = R / 0,015
Si R = 1 alors d = 66
Soit le rapport distance de la Lune / rayon de la Terre = 66
A priori, Hipparque n’a pas fourni une valeur précise de cette distance. S’il l’avait fait, il l’aurait calculée
en « stades ». Qu’aurait-il trouvé ? :
Il connait la circonférence terrestre, 250 000 stades selon Eratosthène.
Le rayon est donc de 39 500 stades. En réalité la valeur exacte est de 39 800 mais celle de n’est pas
encore très précise et la vitesse des dromadaires entre Alexandrie et Syène (Assouan) n’était pas calculée
avec un chronomètre (5 000 stades en 10 jours selon les caravaniers).
La distance de la Lune est de 66 x 39 500 = 2 607 000 stades.
Mais la valeur du stade est multiple : 148 m - 157,50 m ou 192 m. Selon que l’on prend le petit stade, le
stade itinéraire ou le grand stade, la distance de la Lune est de 385 836 km, 409 299 km ou 500 544 km.
Le stade itinéraire étant la valeur la plus utilisée, c’est probablement celle-ci qu’Hipparque aurait utilisée.
Elle donne une valeur de 409 299 km ce qui, compte tenu des imprécisions sur , l’angle ATC et le
rayon terrestre, est plus que remarquable. D’autant que la valeur de la distance Terre – Lune varie
considérablement, de 405396 km à 356 104 km. Chapeau bas Monsieur Hipparque.
35
C’est une évaluation faite à partir des mesures simultanées des angles au zénith lors du passage de la Lune
au méridien, depuis deux points d’observation de même longitude. L’angle Z ou distance zénithale est
l’angle astre / zénith du lieu : ce sont les angles z1 et z2 du schéma. l1 et l2 sont les latitudes des lieux
d’observation. Dans cette expérience, l1 pour Berlin = 52° 31’ 12’’ nord et pour l2 pour Le Cap = 34° 21’
25’’ sud. La différence en longitude, de l’ordre de 5°, n’a pas été prise en compte.
On montre que
p = (z1 + z2) – (l1 + l2)
BC est connu
BC = R (sin l1 + sin l2)
Rt = rayon terrestre = 6378 km
TL = 6 378 x [sin l1 x sin l2) / (z1 + z2) – (l1 +l2)]
Huit observations se dérouleront entre le 3 décembre 1751 et le 26 février 1752, avec une interruption entre
le 28 décembre et le 30 janvier pour cause de mauvais temps. Du fait de la non-rotondité de la Terre, une
des grandes difficultés (exposée dans le mémoire de Lalande en 1752) a été de mesurer la distance Berlin -
Le Cap afin de déterminer la parallaxe de cette portion de méridien depuis la Lune. Finalement les relevés
donneront une distance de 85 464 lieues communes de 2 283 toises équivalant à 384 352 km soit une
précision de 0,03%
6.35 Et pour finir dans la joie et la bonne humeur : la distance de la Terre à la Lune
dans une feuille de papier.
Si on pouvait plier 42 fois de suite une feuille de papier ayant 1/10 ème de millimètre d’épaisseur, on
aurait au final une épaisseur supérieure à la distance Terre-Lune (384 403 km).
A chaque opération on double l’épaisseur mais on diminue la largeur par deux ce qui ne facilite pas
le pliage ! Au finale une feuille 21 x 29.7 cm ferait alors 0.1 x 2 42 mm soit 439 804 km de haut et 6 -
11
mm de large. En pratique, c'est impossible car on ne peut plier une feuille plus de sept fois, neuf
fois étant le record.
Le même résultat serait obtenu après avoir coupé une feuille en deux, empilé ces deux morceaux et
répété l'opération de découpe et empilage 42 fois. A vos ciseaux!
36
7E REMARQUE : ZONES CLAIRES ET ZONES SOMBRES. AVEC UN PEU
D’IMAGINATION, ON VOIT DES PERSONNAGES.
Pareidolies : du grec para, « à coté de », et eidôlon, diminutif d’eidos, « apparence, forme » consiste à
associer un stimulus visuel informe à un élément identifiable, souvent une forme humaine ou animale.
L’image de l’homme de la Lune à la face toute ronde, souillée par la boue ou la poussière a
certainement pour origine une ancienne légende selon laquelle le Soleil, jaloux de l’éclat de la Lune,
sa femme, lui aurait jeté de la boue au visage.
Le Pierrot naïf, amoureux et rêveur que nous associons aujourd’hui à la Lune n’est apparu qu’au
XIXème siècle. Le Pedrolino de la commedia dell’arte est, à l’origine, un valet naïf mais honnête,
drôle, poltron, distrait (il est dans la Lune), joueur. Plus il pleure, plus il mange.
« The Lady in the moon » est une simple association de formes (chevelure, visage et collier). Par contre en
Chine la femme et déesse de la Lune est Chang’é. Selon la légende son mari, l’archer Houyi, ayant sauvé
l’humanité devait recevoir l’élixir d’immortalité en récompense de ses exploits. En son absence son ennemi
Fengmeng chercha à s’approprier l’élixir. Chang’é l’en empêcha en le buvant. Dès lors elle ne put plus
vivre sur Terre et choisit de s’installer sur la Lune pour être au plus près de Houyi. Le lapin de Jade, Yutu,
est à ses côtés et continue à préparer cet élixir ou, en Corée et au Japon, confectionne un gâteau de riz.
Yutu est le nom donné au rover de la mission lunaire chinoise Chang’é 3.
Les habitants de la Lune sont évoqués au IIe siècle par Lucien de Samosate dans les Histoires vraies
: « Une alliance est faite entre les Héliotes et leurs alliés, les Sélénites et leurs alliés, à condition
que les Héliotes raseront la muraille d'interception et ne feront plus d’irruption dans la Lune ».
On les retrouve dans plusieurs légendes, œuvres littéraires et cinématographiques.
37
Quelques œuvres cinématographiques
En première approche, la face de la Lune visible depuis la Terre présente une symétrie droite gauche. A
droite des zones à dominante claire, à gauche des zones à dominante foncée. Mais ceci n’est qu’une
question de point de vue. Une vue de la face cachée, image de droite, montre essentiellement des zones
claires avec par-ci par-là de petites taches sombres.
Par analogie avec ce qui existait sur Terre, les premiers astronomes ont dénommé les zones claires
« continents » ou « hautes terres » et les zones sombres « mers ».
38
8E REMARQUE : LES ANCIENS N’AVAIENT QUE LEURS YEUX
Selon le Dr Philip Stooke, de l’University of Western Ontario - Canada, ce qui pourrait être la première
représentation non schématique de la Lune aurait été gravée il y a 5 000 ans dans une tombe irlandaise du
mésolithique à Knowth, Meath County.
Le premier dessin connu qui soit plutôt fidèle à la vision que nous avons de la surface de la Lune est de
Léonard De Vinci (codex de Leicester vers 1508). Le codex regroupe des écrits essentiellement
scientifiques de Léonard de Vinci. Il tient son nom du premier Comte de Leicester, Thomas Coke, qui
l'acheta en 1717. Il a été acquis en 1994 par Bill Gates, le fondateur de Microsoft et est exposé chaque
année dans un lieu différent. Il se présente sous la forme de 18 feuilles doubles, soit 72 pages.
39
9E REMARQUE : LES JUMELLES, CE N’EST PAS L’IDEAL, MAIS…
Des jumelles classiques présentent un diamètre équivalent aux plus grosses lunettes utilisées par les
premiers observateurs au début du 17e siècle. Elles permettent de s’initier à la géographie lunaire, de
repérer les mers et les continents ainsi que les principaux cratères. Elles sont également un instrument
parfait pour observer la lumière cendrée, les fins croissants, les rapprochements ou occultations de planètes
et de certaines étoiles brillantes.
Les continents apparaissent comme très accidentés, criblés de cratères circulaires dont seuls les plus
importants sont visibles mais non détaillés.
Les mers semblent plates, lisses et pratiquement dépourvues de cratères. Les plus importantes sont
parfaitement identifiables. Certaines mers irrégulières sont plus difficilement visibles.
Des raies brillantes centrées sur certains cratères laissent, par contraste, leurs empreintes à la surface claire
des continents et des mers.
Des chaînes de montagnes se développent autour des mers.
Les cratères recouvrant les continents et étant pratiquement absents des mers, cela nous donne une première
indication : en vertu de l’application du principe de superposition, les continents sont apparus en premier,
puis les cratères se sont formés à leur surface, les mers sont apparues par la suite ; l’activité qui a modelé le
paysage lunaire a alors pratiquement cessé.
9.2 Quelques formations intéressantes accessibles avec de bonnes jumelles (10 x 50)
40
1 Montes Alpes
2 Aristoteles
3 Eudoxus
4 Hercules Atlas
5 Montes Caucasus
6 Aristillus Autolycus
7 Archimedes
8 Montes Taurus
9 Cleomedes
10 Montes Apenninus
11 Menelaus
12 Proclus
13 Manilius
14 Ptolemaeus
15 Alphonsus
16 Arzachel
17 Hipparcus
18 Albategnius
19 Theophilus
20 Cyrillus
21 Catharina
22 Fracastorius
23 Langrenus
24 Deslandres
25 Walter
26 Piccolomini
27 Petavius
28 Stöfler Faraday
29 Maurolycus
30 Furnerius
31Tycho
32 Maginus
33 Clavius
34 Janssen
35 Moretus
1 Pythagoras
2 Anaxagoras Goldschmidt
3 Sinus Iridum
4 Plato
5 Herodotus Aristarchus
6 Archimedes
7 Kepler
8 Copernicus
9 Eratosthenes
10 Hevelius
11Reinold
12 Grimaldi
13 Letronne
14 Gassendi
15 Mersenius
16 Bullialdus
17 Pitatus
18 Schickard
19 Tycho
20 Schiller
21 Longomontanus
22 Clavius
23 Blancanus
Le pouvoir séparateur d’un instrument dépend de son diamètre ; il est donné par le formule R = 120/D. A
une distance moyenne de la Lune, une paire de jumelle de 50 mm a un pouvoir séparateur de 2.4’’ et
permet de distinguer deux objets distants de tan (2,40/3 600) x 384 000 soit 4 km
Cette valeur reste théorique car elle dépend des conditions d’observation. On préfèrera le double. Ainsi, au
centre du disque, la perspective ne raccourcissant pas la distance apparente entre les objets, il est possible
41
de séparer deux formations distantes de 8 kilomètres. Un grand nombre de cratères importants sont visibles
sans pour autant pouvoir distinguer les détails.
42
Dans « Le messager céleste » édité en 1610, Galilée commente ainsi ses observations : « La surface de la
Lune n'est nullement unie, uniforme et exactement sphérique, comme grand nombre de penseurs l'ont cru,
mais elle est inégale, accidentée, remplie de nombreuses cavités et éminences, tout comme la surface de la
Terre est elle-même surmontée de chaînes de montagnes et entrecoupée de vallées profondes... ».
Le dogme de la perfection céleste, dont la Lune lisse d’Aristote est l’une des conséquences et qui était la
référence depuis près de 1800 ans et surtout lors du Moyen-âge, ne correspondait pas à la réalité de
l’observation. Le dogme n’est pas encore balayé mais il se lézarde. Nous sommes à un tournant de
l’histoire des sciences.
A l'époque des premières observations lunaires, sous l’influence de Kepler, on pensait généralement que
les régions sombres de la Lune étaient des mers et les zones claires des continents. Cette idée va être à
l'origine des grandes divisions de la nomenclature lunaire encore en usage de nos jours : mare, oceanus,
terra, mons…
Les premières nomenclatures connues (1645) sont celles de Michel Florent van Lagren - Langrenus - qui
nomma certains sites lunaires à partir de personnages historiques célèbres en commençant par celui de son
commanditaire - Philippe IV d’Espagne. Il donnera son nom, Oceanus Phillipicus, à l’actuel océan des
Tempêtes (Oceanus Procellarum).
43
à l’est de Nectaris, Sicile autour de Copernic, Roumanie (monts Apennins), Mont Etna (Copernic), le
Grand lac Noir (Plato)… Cette nomenclature sera reprise en 1651 par Riccioli dans Almagestum novum,
ouvrage dans lequel il s’emploie à réfuter les thèses de Copernic.
La nomenclature de Riccioli est reliée à la perception de l’influence de la Lune sur le comportement. Sa carte
comporte huit octants centrés sur Sinus Medii. L’octant 1 commence avec le nœud oriental (Nodus orientalis)
situé près de Vasco de Gama. Ce nœud est défini par la plus faible libration en longitude est pour Riccioli,
ouest depuis 1961. Il passe par le Limes Boreus correspondant à la plus grande libration en latitude nord.
L’octant 4 s’achève au nœud occidental. Puis les octants 5, 6, 7 et 8 dans la même logique, le 8 s’achevant au
nœud oriental.
Les octants 3 - 4 - 5 et 6 correspondent au premier quartier ; les terres y sont riches : Terre de la Fertilité
(Fecunditatis), de la Vivacité (Vitae), de la Vigueur (Vigoris), de la Santé (Sanitatis), de la Manne (Manna).
Les mers sont accueillantes : Nectar (Nectaris), Fécondité (Fecunditatis), Sérénité (Serenitatis), Tranquillité
(Tranquillitatis) bien qu’on y trouve les Crises (Crisium), les Songes (Somniorum), le Sommeil (Somni)
tempéré dans une moindre mesure par le lac de la Persévérance (Perseverantiae) et les mers des Ondes
(Undarum), Ecumante (Spumans).
Les octants 7 - 8 - 1 et 2 apparaissent entre le premier quartier et la pleine lune ; les terres sont pauvres : Terre
de la Stérilité (Sterilitatis), des Chaleurs (Caloris), de la Sécheresse (Siccitatis), Péninsule du Délire
(Delirium), de la Foudre (Fulgurum), des Eclairs (Fulminum), Ile des Vents (Ventorum). Les mers sont
dangereuses : Océan des Tempêtes (Procellarum), Mer des Humeurs (Humorum), des Nuages (Nubium), des
Pluies (Imbrium), Marais des Epidémies (Epidemiarum), Putride (Putredinis)…
A l’opposé de l’octant 7 - Terre des Chaleurs (Caloris) - on trouve l’octant 2 qui regroupe les terres froides -
Terre des Frimas (Pruine), de la Grêle (Gradinis), Mer du Froid (Frigoris), Sinus de la Rosée (Roris), lac de la
Mort (Mortis), et une zone de glace permanente « Stagnum glaciei »
La nomenclature actuellement en vigueur est celle établie à partir de 1935 par l'Union Astronomique
Internationale (UAI) qui s'est principalement basée sur les dénominations de Giovanni Riccioli et de Johann
Heinrich von Mädler. Seules des mers non répertoriées car se situant près du limbe, peu visibles et déformées
par la perspective, ont reçu par la suite un nom de scientifiques (Humboldt - Humboldtianum et Smith -
Smythii) ou une appellation liée à la science, Mare Cognitum.
L’Union astronomique internationale a retenu 1 Oceanus (océan), 22 Mare (mer), 20 Lacus (lac), 11 Sinus
(golfe) et 3 Palus (marais).
- Océan, oceanus
Procellarum
- Mers lunaires, maria, (Mare au singulier)
Anguis, Australe, Cognitum, Crisium, Fecunditatis, Frigoris, Humboldtianum, Humorum, Imbrium, Ingenii,
Insularum, Marginis, Moscoviense, Nectaris, Nubium, Orientale, Serenitatis, Smythii, Spumans,
Tranquillitatis, Undarum, Vaporum
44
- Lacs, Lacus
Aestatis, Autumni, Bonitatis, Doloris, Excellentiae, Felicitatis, Gaudii, Hiemalis, Lenitatis, Luxuriae, Mortis,
Oblivionis, Odii, Perseverantiae, Solitudinis, Somniorum, Spei, Temporis, Timoris, Veris
- Baies, golfes, Sinus
Aestuum, Amoris, Asperitatis, Concordiae, Fidei, Honoris, Iridum, Lunicus, Medii, Roris, Successus
- Marais, paludes (Palus au singulier)
Epidemiarum, Putredinis, Somni
Mare Humboldtianum
Madler en 1837
Hévelius : palus Amadoca
Mare Anguis
Franz en 1913
Mare Undarum
Franz en 1913
Hévelius : paludes Amarae
Mare Spumans
Franz en 1913
Hévelius : paludes Amarae
Mare Smithii
Birt et Lee en 1865
Mare Australe
Madler en 1837
Mare Cognitum :
UAI en 1964
Mare Orientale :
Franz en 1913
9.7 Mare Cognitum, Planitia Descensus, Sinus Successus : des cas à part
Le 31 juillet 1964, Ranger 7 s'écrase sur la Lune mais envoie vers la Terre plus de 4300 clichés pris à 1500 m
d'altitude de la Mer des Nuées. Cette région fut rebaptisée à cette occasion Mer de la Connaissance - Mare
Cognitum.
Planitia Descensus : rien n’attire le regard sur cette zone plate de la rive ouest d’Oceanus Procellarum. Elle
doit simplement son nom au premier alunissage en douceur de Luna 9 le 3 février 1966. Cette mission a
permis d’avoir un premier panoramique du paysage lunaire et de constater la fermeté du sol. Planitia
Descensus est au nord - est de Cavalerius (7° N, 64° O).
Sinus Successus (le golfe du Succès) est situé le long de la rive orientale de Mare Fecunditatis, près des
cratères Apollonius et Langrenus. C’est dans cette zone que s’est posée Luna 20, le 21 février 1972 et que le
premier prélèvement et retour automatique d’échantillons (55 g) a été réalisé.
Les appellations proposées par Riccioli pour les terres ont disparu où sont très peu utilisées :
Insula Ventorum,
Peninsula Fulminum entre Mare Humorum et Oceanus Procellarum,
Terra Caloris au sud - ouest de la face visible,
Terra Fertilitatis au sud - ouest de la face visible,
Terra Grandinis au nord - est de Mare Imbrium,
Terra Manna entre Mare Tranquillitatis, Mare Fecunditatis et Mare Nectaris,
Terra Nivium au sud - est de Mare Imbrium,
Terra Pruinæ au nord - ouest de Mare Imbrium,
Terra Sanitatis entre Mare Nubium et Mare Tranquillitatis,
45
Terra Siccitatis au nord - ouest de la face visible,
Terra Sterilitati,
Terra Vigoris au sud - est de Mare Crisium,
Terra Vitæ au nord - est de la face visible.
En 1961, l’US Geological Survey a identifié 79 régions et sous-régions réparties entre « highlands »
et « lowlands » et leurs subdivisions. Par exemple : les Mid Lunar Lowlands pour la zone Mare
Tranquillitatis, Fecunditatis et Serenitatis et la Carpathian Province pour la région de Copernic à
Kepler.
Ce n’est qu’à partir de 1609 que l’on a pu discerner autre chose que des taches à la surface de la
Lune. Elles ont fait l’objet de nombreuses interprétations physiques et métaphysiques.
Physiques :
- le reflet des mers et montagnes terrestres, ou de mers et montagnes propres à la Lune
- des dépressions profondes que ne pouvait atteindre la lumière du Soleil, les taches n'étant rien
d'autre que les ombres des rivières ou de profondes gorges
- des vapeurs situées quelque part entre la Terre et le Soleil
- des variations de densité qui lui donnaient cet aspect irrégulier mais permanent
- les zones grises sont de vastes espaces couverts de végétaux analogues à nos gazons, ou à nos
forêts peuplées d'arbres et d'arbrisseaux. Les montagnes sont stériles
Métaphysiques :
- le Soleil, par jalousie, lance de la boue (ou envoie de la poussière) au visage de la Lune dans le but
d’atténuer son éclat (Légende inca)
- traces des coups que lui donne le Soleil lors de violentes disputes
- un paysan qui a trouvé la Lune tombée sur Terre, salie par le Soleil. Après l’avoir nettoyée il l’a
renvoyée dans le ciel et vit maintenant avec elle
- un porteur de fagots, condamné à porter son fardeau sur la Lune en guise de châtiment
- une femme qui s’y est réfugiée avec un lièvre qui l’avait défendue contre les colères de son mari.
Afin d’expliquer l’origine des différents objets observables par un astronome amateur, il convient de
remonter très loin dans l’histoire du système solaire. Ce voyage dans le temps va nous permettre de
comprendre comment hautes terres, continents, hauts plateaux et mers se sont mis en place une fois
la Lune présente au sein du système solaire naissant.
La Lune est le satellite naturel de la Terre. Satellite : du latin satelles, satellitis - escorte, garde.
Corps en orbite autour d'un corps plus massif. Il peut s'agir d'un astre ou encore d'un nombre
important de corps comme une galaxie satellite, les nuages de Magellan par exemple.
46
La lecture de ce tableau met en évidence que :
- excepté Mercure et Vénus, de nombreuses planètes ont des satellites
- les satellites sont plutôt présents autour des grandes planètes gazeuses
- le rapport des diamètres équatoriaux Lune / Terre = 0,27 est beaucoup plus élevé que celui de
satellites de taille comparable par rapport à leur planète = 0,03 à 0,05.
Nous ne disposons pas d’information concernant l’existence de satellites autour de planètes naines
transneptuniennes hormis Pluton. Une comète, Ida, a un compagnon, Dactyl.
La masse volumique des planètes telluriques (3 900 à 5 500 kg/m3) correspond à une moyenne
entre les corps silicatés et les métaux plus denses. La masse volumique de la Lune n’est que de
3346,4 kg/m3. Par rapport aux autres corps telluriques, Terre comprise, elle contient peu de fer ; la
Terre et la Lune n’auraient pas la même origine. Mais si on compare les isotopes de l’oxygène et
du titane, ils sont en quantités identiques : la Terre et la Lune auraient la même origine. Alors,
Lune d’où viens-tu ?
De nombreuses théories ont été proposées pour expliquer la formation de la Lune. Certaines
peuvent nous paraître étranges mais n’oublions pas qu’elles ont été élaborées à partir des
connaissances d’alors en géologie et planétologie, connaissances liées entre autre à la
performance des instruments utilisés. Nous retiendrons ici quatre théories princip ales : la capture,
la fission, la formation simultanée, la collision.
47
avait encore cours dans les années 1960. Par la suite, la Lune s’éloigne, ce qui provoque le ralentissement
de la durée de rotation de la Terre ; petit à petit la Lune rejoint sa position actuelle, position transitoire,
l’éloignement se poursuivant à la vitesse de 3,8 cm par an.
Mais cette théorie implique que la rotation s’effectue en 2 h 30 min, données non conformes aux modèles
généralement admis. Enfin la Lune devrait se situer dans le plan équatorial de la Terre, ce qui n’est pas le
cas.
Avant de discuter du bien-fondé de cette hypothèse et de décrire les différentes structures qui
composent la Lune, il est intéressant d’en connaitre la composition générale. Elle est beaucoup
plus simple que celle de la Terre.
48
10.41 La composition de la Lune
La Lune est uniquement composée de roches ignées. Sur Terre ce sont les roches plutoniques dont
la plus connue est le granite et les roches volcaniques comme le basalte. Comme l’eau est absente,
les roches ignées ne peuvent s’altérer. Il n’y a donc pas de roches sédimentaires comme le grès,
l’argile… et pas de charbon, pétrole, calcaire, craie car il n’y a pas d’animaux et végétaux pouvant
concourir à leur formation. Comme la tectonique n’existe pas, les roches restent en place et il n’y
a pas de roches métamorphiques (schistes, gneiss, marbre…). Par contre la surface de la Lune est
recouverte d’un type de roche que l’on trouve sur Terre mais de manière moins omniprésente, les
brèches. Enfin les minéralogistes seront déçus car l’eau ne circulant pas dans des fissures, le
quartz, la calcite, la fluorine pour ne citer que ces trois cristaux, ne peuvent pas se former.
On trouve également du manganèse, chrome, cuivre, zinc, nickel, souffre, des traces d’uranium,
thorium, des Terres Rares dont le néodyme utilisé pour des datations et l’europium dont l’absence
est un marqueur de l’océan magmatique primordial. Au total plus de 70 minéraux ont été
répertoriés.
La première série de huit éléments laisse préjuger du type de roches qui forment la Lune.
L’association Al, Fe, Mg, Si, et O est à la base de la formation des minéraux silicatés.
- Pyroxène (Ca, Fe, Mg) Si, O : deux fois plus important dans les mers que sur les continents.
- Feldspaths plagioclases (Ca, Na) Al, Si, O : pôle calcique, trois fois plus importants sur les
continents.
- Olivine (Mg, Fe) Si, O : même importance.
- Silice (Si) O : sur les continents.
- Ilménite (Fe, Ti) O et Spinel (Fe, Cr, Ti, Al, Mg) O : essentiellement dans les mers.
Parmi les minéraux accessoires deux sont importants pour deux raisons différentes :
L’apatite Ca, P, O, F, Cl (pas de radical OH comme sur Terre) qui sert de marqueur de la présence
d’eau.
Trois minéraux, l’armalcolite (Fe, Mg, Ti, O), la pyroxferroite (Ca, Fe, Si, O) et la tranquillityite
(Fe Zr, Y, Ti, Si, O) étaient inconnus avant 1969 et les missions Apollo. Ils ont été depuis
identifiés sur Terre. Il n’existe pas de minéraux contenant de l’eau : micas, amphibole…
10.43 Ces différents minéraux ont formé des roches bien connues sur Terre
Sur les continents
- Anorthosite
- Troctolite
- Norite
- Gabbronorite
- Dunite
En profondeur
Les KREEP (potassium, Terres Rares, phosphore)
Dans les mers
- Basalte plus ou moins riche en titane
- Roches pyroclastiques
Brèches
- Brèches dans une matrice de roches fondues
- Brèches dans une matrice de roches fondues cristallisées
- Brèches proche d’un verre.
49
10.44 Les contraintes imposées par le modèle de l’impact géant
Modélisation et analyse géochimique des isotopes ont imposé des contraintes fortes qui
constituent une série de tests à valider pour confirmer ou non le modèle de formation lunaire
généralement admis de l’impact géant.
La Lune résultant des modèles de formation doit :
(1) Avoir une densité inférieure à celle de la Terre.
(2) Un ratio diamètre Lune / diamètre Terre ou masse Lune / masse Terre plus grand que tous
celui des autres satellites par rapport à leur planète.
(3) S’éloigner de la Terre et doit donc avoir été créée très près d’elle.
(4) Se former une fois les embryons planétaires de sa taille déjà formés soit au moins 30 millions
d’années après la formation du système solaire.
(5) Etre, dans un premier temps recouverte d’un océan magmatique primordial suivi d’une
différenciation croute – manteau – noyau.
(6) Présenter une similitude de composition.
(7) Etre appauvrie en éléments modérément volatils par rapport à la Terre.
(8).Etre enrichie en éléments réfractaires lesquels doivent avoir une composition isotopique
presque identique à celle de la Terre et différentes de celle des météorites du système solaire.
50
Ou alors Théia s’est formée à un point d’équilibre sur l’orbite terrestre puis a été déstabilisée et a
percuté la Terre. La Lune s’est formée à partir de fragments du manteau terrestre éjectés lors de
l’impact et des fragments de Théia hormis le noyau ferreux. Ces fragments ont une composition
isotopique de l’oxygène identique puisque formés à la même distance du Soleil. Ce n’est pas
impossible, ce modèle connait un regain d’intérêt.
Depuis une quinzaine d’année de nombreux modèles ont été dérivés de celui de 1975.
En 2001, Robin Canup propose un impacteur de la taille de Mars et une Lune composée de 70%
de Théia et 30% de proto Terre.
En 2012, Canup propose que les deux astres aient une taille identique ; la Lune serait composée
pour moitié de débris de la Terre et l’autre de Théia. Le hasard fait bien les choses…
En 2012, pour Matija Cuk, Théia est un petit corps qui entre en collision avec une Terre tournant
très vite sur elle-même (2h 20 min). Sous l’impact Théia aurait été absorbée et une partie du
manteau terrestre éjecté, formant la Lune. La similarité isotopique Lune – manteau terrestre
s’expliquerait ainsi.
(7) Etre appauvrie en éléments modérément volatils et enrichie en réfractaires par rapport à
la Terre.
Le potassium, moyennement volatil est trois fois moins présent que sur Terre ; le sodium, volatile,
est largement déficitaire : 0,05 sur la Lune contre 0,33 sur Terre.
Le titane, réfractaire, est en excédent (0,17) sur la Lune par rapport à la Terre (0,11).
Globalement les silicates lunaires présentent un déficit important en éléments ou compos és
relativement volatils et sont enrichis en éléments réfractaires, à haute température de vaporisation.
La théorie de la collision est généralement admise pour expliquer l’origine de la Lune. Toutefois
certaines études récentes semblent montrer soit qu’elle ne s’est pas produite à la période
précédemment calculée, ou que l’impacteur avait une taille différente, ou que l’angle d’impact
était différent et même… qu’il n’y a pas eu de collision.
Et si Théia avait pris du poids ? Perdu du poids ?
Le scénario généralement admis (objet de la taille de Mars et impact sous un angle de 45°)
présente quelques points faibles dont un qui prévoit que 40 % de la Lune proviendraient de
l’impacteur. Ceci devrait se retrouver dans une différence de composition ; ce qui n’est pas le cas.
En faisant varier les paramètres de l’impact - Théia deux fois plus massive que Mars, vitesse
d’impact plus importante et angle d’impact très faible (impact rasant) - de nouveaux modèles
expliquent mieux la similitude de composition (modèles de Reufeur et Zhang).
Et si l’angle de l’impact était plus important
Faire varier l’angle fait varier la proportion de matériaux provenant de la Terre et de Théia dans
l’astre résultant, la Lune. Un impacteur plus massif, comme dans les modèles de Reufer et Zhang,
mais un angle d’impact plus important (Cuk et Stewart, Canup) couplé à un phénomène de
résonance orbitale entre le trio Terre-Lune-Soleil, permet d’expliquer le moment angulaire
résultant de l’impact et répond aux contraintes isotopiques.
Et si la Lune était vraiment un morceau de Terre ? Et Théia un bloc de glace ?
D’autres questions se posent lorsqu’on procède à une analyse comparative des isotopes du titane.
La proportion est identique entre la Terre et la Lune. Or, certains modèles estiment que 40 % de
la Lune sont composés d’éléments venant de Théia. Cela supposerait que Théia et la Terre aient la
même composition, ou que Théia soit uniquement composée de glace d’eau, ce qui n’aurait eu
aucune influence sur la suite des évènements et que les roches de la Lune soient composées de
minéraux d’origine terrestres.
Chaque nouvelle recherche portant sur quelques grammes d’échantillons lunaires soulève de
nouvelles interrogations.
Et s’il y avait deux impacteurs
La Lune présente une asymétrie de la croûte, plus épaisse de 50 km sur la face cachée. Des effets de
marée de la gravité terrestre sur les forces convectives dans le manteau de la Lune en cours de
refroidissement peuvent expliquer cette différence d’épaisseur entre les deux faces.
Un autre modèle (Jutzi et Asphaug) prévoit l’intervention d’un deuxième impacteur.
51
Dans un lointain passé, la Terre primordiale aurait possédé deux lunes, toutes les deux créées lors de la
collision de Théia avec la Terre. La première se serait stabilisée en orbite. La deuxième, beaucoup plus
petite (1 200 km), donc se refroidissant plus vite, se serait stabilisée sur un point de Lagrange du système
Terre – Lune - Soleil. Les deux points les plus stables se situent 60° en avant ou en arrière de l’orbite de
la Lune. Déstabilisées lors de leur éloignement naturel de la Terre, les deux lunes seraient parties à la
dérive tout en restant sur une même orbite, ce qui aurait entraîné une collision « douce » à 2 km/s, il y a
4,4 milliards d’années. Elle n’aurait pas entraîné une destruction cataclysmique ni la formation d’un
cratère, mais la lune sœur se serait aplatie comme une crêpe et enroulée autour d’une face de notre Lune.
Cela aurait épaissi la croûte sur cette face impactée, aujourd’hui la face cachée. Les auteurs font
l’hypothèse que durant les cent millions d’années entre la formation de notre Lune et le moment de
l’impact, l’océan de magma qui couvrait la Lune aurait formé une croûte solide et qu’il restait alors une
couche fondue à 20 km de profondeur.
L’impact en douceur aurait repoussé ce résidu d’océan magmatique à l’opposé, aujourd’hui la face
visible, où il se serait concentré. La présence d’éléments radioactifs comme l’uranium et le thorium, a
entrainé une hausse de température qui aurait généré sur la face visible et pendant un milliard d’années
une activité volcanique intense à l’origine des mers.
Et s’il n’y avait pas eu de collision ?
Harison Schmitt, membre de l’équipage d’Apollo 17 et seul géologue à avoir posé le pied sur la Lune en
décembre 1972, ne croit pas au scénario de la collision mais plutôt à celui de la fission. Un nouvel
examen des échantillons rapportés de la vallée de Taurus Littrow par cette mission montrent que la Lune
aurait renfermé une quantité d’eau bien supérieure à celle évaluée jusqu’ici, cent fois plus. C'est en
examinant les échantillons du sol orange prélevés près du cratère Shorty que les chercheurs ont identifié
des molécules d'eau, ainsi que d'autres éléments volatils (fluor, chlore, soufre) dans ce magma vieux de
3,7 milliards d’années. Ces éléments seraient en proportions identiques à celles des roches des dorsales
marines terrestres constituées à partir du manteau supérieur. Cette mesure ne cadre pas avec l’hypothèse
de la collision car, en raison de la température élevée engendrée par le choc, la plupart des éléments
volatils devraient avoir disparu.
Autre hypothèse remise en cause, celle de l'origine de l'eau présente à la surface de la Lune, en
particulier dans les cratères situés près des pôles. On supposait qu'elle venait de comètes ou de
météorites ; elle pourrait provenir des éruptions de magma contenant cette eau. A moins qu’elle soit
présente dans le manteau comme pourrait le montrer des analyses réalisées sur les roches anorthositiques
du pic central de Bullialdus portées en surface lors de la phase de rebond. Dans les deux cas cela
contraindrait à revoir le modèle de formation par collision.
Il serait donc intéressant de retourner sur la Lune pour échantillonner des roches, en particulier sur les
continents, car les échantillons proviennent des basaltes marins, plus faciles d’accès ou de brèches dont
les minéraux peuvent présenter des modifications suite aux impacts qui les ont créées. Mais ce n’est pas
pour l’instant d’actualité, du moins en ce qui concerne les Etats Unis. Reste la Chine…
Dans un premier temps le futur système solaire se présente comme une condensation centrale (le
futur Soleil) entourée par un nuage opaque de poussières de 10 à 30 UA de diamètre. Les grains de
poussière tombent sur le plan de révolution et forme un disque de quelques kilomètres d’épaisseur
composé de grains centimétriques: les flocules. Leur attraction se fait sentir dans un périmètre
légèrement supérieur à leur diamètre. Par capture d’autres corps, ils peuvent atteindre de 5 à 10
kilomètres et former des planétésimaux. A ce stade le gaz est soit capturé par les planètes géantes
gazeuses, dispersé dans l'espace sous l'intense rayonnement de la jeune étoile. Par la suite,
l’évolution se fera en fonction de la quantité de matériaux disponibles et de l’environnement pour
former les comètes, les astéroïdes, les planètes mineures (Vesta 530 km, Cérès 950 km) et les
planètes stricto sensu de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre. On estime à 10 millions
d’années le temps nécessaire à Mars pour atteindre sa taille définitive et à 60 millions pour la Terre
10.61 La différenciation planétaire : un phénomène universel
Dès lors qu’elle est formée, la planète refroidit. Au cours de ce processus commun à toutes les
planètes et objets telluriques, dès lors que leur diamètre dépasse 800 kilomètres, un phénomène se
déroule en profondeur : la différenciation. C’est un processus qui conduit les différents composants
52
à se distribuer à l’intérieur de la planète en fonction de leur densité. Cela aboutit généralement à la
constitution d'un noyau riche en fer et nickel, entouré d'un manteau riche en silice et magnésium et
d'une croûte riche en silice et aluminium.
La croûte n’a pas la même épaisseur partout. Elle n’a pas non plus la même structure ni la même
composition. Croûte marine et croûte continentale sont différentes.
L’épaisseur de la croûte lunaire est proportionnellement très importante par rapport au rayon de la
Lune, en moyenne 4%, contre 0,1% pour la croûte terrestre la plus épaisse (35 km). Et elle n’est pas
répartie uniformément : l’épaisseur maximum de la croûte continentale varie de 60 kilomètres pour
la face visible à 100 kilomètres pour la face cachée. Sur les hauts plateaux de la face cachée,
certaines couches sont dues à des empilements d'éjectas provenant du bassin Pôle Sud Aïtken
(SPA). C’est d’ailleurs dans cette zone que se trouve le point le plus élevé de la surface de la Lune
Le tandem de la sonde Grail (Ebb et Flow) a fourni les mesures précises de la gravité lunaire. La
combinaison de ces données avec les données topographiques obtenues par LRO a permis d’estimer
53
l'épaisseur de la croûte, comme on peut le voir sur la carte réalisée par les scientifiques de la mission
Grail. En gris clair, les épaisseurs les plus importantes jusqu'à soixante kilomètres, les plus fines
étant colorées en gris foncé. Parmi elles la croûte de la Mare Crisium et de Mare Moscoviense ne
fait tout au plus qu'un kilomètre d'épaisseur contre dix kilomètres pour le plancher océanique
terrestre.
La composition de la croute diffère entre continent et mer, résultat de la plus ou moins grande
attirance des éléments pour les milieux lithophile (préférence pour la pierre) et sidérophile
(préférence pour le fer). L’aluminium, lithophile se retrouve dans l’anorthosite des continents. Le
titane, le fer, sidérophiles dans le basalte marin.
.
SiO2 Al2O3 CaO FeO MgO TiO2 Na2
Continent 45,5 24 15,9 5,9 7,5 0,6 0,6
Mer 45,4 14,9 11,8 14,1 9,2 3,9 0,6
L’ensemble de la surface lunaire est recouvert d’une couche de régolithe (ou régolite), de rhegos
(couverture) et lithos (roche), composée de roches broyées. On peut distinguer deux types de
régolithe (Wood) :
- un régolithe dont l’origine est l’incessant bombardement du sol par des corps célestes de petite
voire très petite taille, bêchant systématiquement la surface. Ce régolithe a formé une couche de
roches broyées d’une épaisseur variable : de 2 à 10 mètres sur les mers et de 15 à 20 mètres sur les
continents. Le régolithe est renouvelé sur 50 cm à 1 m tous les 20 millions d’années.
- un mégarégolithe formé lors d’un bombardement intense survenu au cours des 600 premiers
millions d’années. La présence d’une couche présentant une épaisseur d’environ 1,5 km, composée
de roches brisées et de poussière, a été confirmée par les relevés sismographiques.
Cette surface est peu réfléchissante car granuleuse, de texture intermédiaire entre le sable et la
farine. Le régolithe est, contrairement à la poussière terrestre, fortement chargé électriquement par
le rayonnement solaire. De fait, cette poussière lunaire colle énormément aux combinaisons
spatiales, et les astronautes des missions Apollo eurent bien du mal à s'en débarrasser. De plus elle
peut aussi pénétrer les voies aériennes.
Les brèches
Lors de l’impact l’onde de choc fracture le sol. Elle peut provoquer la formation de brèches qui ont
été classées (Stöffler et al. 1980) en trois catégories : monolithique, dilithique et polylithique fondue
(la texture est variée allant d’une texture holocristalline entièrement constituée de cristaux
individualisés à une structure vitreuse), métamorphique (texture recristallisée).
L’existence de ce dernier type de brèche montre que des éléments provenant de différents sites
(mers - continents) et de différentes profondeurs se sont retrouvés associés après plusieurs épisodes
d’impacts. La présence de clastes composés de brèches conforte cette constatation, une brèche à
l’intérieur d’une brèche.
54
La croûte marine.
En utilisant les sismomètres laissés par les
missions Apollo, les scientifiques ont mesuré
l’importance des séismes en différents points de
la surface et ont ainsi pu ausculter en profondeur
la structure interne de la Lune. Les variations de
la vitesse de propagation des ondes en fonction
de la profondeur montrent que la croûte marine
présente plusieurs zones.
D’abord une fine couche de quelques mètres de
régolithe puis jusqu’à 2 km des éjectas, mélange
de roches broyées et de roches fondues par
impact.
Suivent de 2 à 10 km de brèches d’impact de grande taille qui peuvent être associées à des couches
de basalte. Sous cette zone, la vitesse des ondes reste faible mais augmente jusqu’à 25 km de
profondeur, ce qui correspond au passage d’une zone de roches fracturées vers une zone plus
profonde et moins fracturée. Au-delà, entre 25 et 60 km la vitesse de propagation est semblable à
celle des zones non fracturées. Elle correspond à la remontée du manteau – dans certains cas jusqu’à
10 km ou moins ou à la présence de la croute originelle. La sonde Kaguya a montré que l’olivine,
minéral associé au manteau, est très peu présente à la périphérie des mers donc des bassins qui les
contiennent. Sauf pour Mare Crisium, Mare Moscoviense et quelques points autour de Mare
Imbrium où la croute est peu épaisse, environ un kilomètre sur ces deux premiers sites et où les
matériaux du manteau ont été atteints.
La croûte continentale.
Anorthosite Norite
La composition de la croûte est celle d’une anorthosite, roche magmatique formée à la suite du
refroidissement lent d’un magma en profondeur, ce qui la classe parmi les roches plutoniques. Les
géologues parlent d’une roche hololeucocrate c'est-à-dire plutôt claire, à texture grenue, composée
de 80 à 90 % de feldspaths plagioclases (andésine, labrador, bytownite) et d'un peu de minéraux
sombres, pyroxène (augite, hypersthène), hornblende, biotite, parfois grenat, spinelle et corindon.
La croute d’anorthosite résulte de la cristallisation de l’océan magmatique primordial. L’anorthosite
cristallise au cours de 60 premiers millions d’années et la croute est totalement cristallisée après 100
millions d’années soit 4,417 milliards d’années (Nemdin et col).
Une autre roche est très présente, la norite, composée de feldspaths plagioclases clairs et
d’hypersthène (groupe des pyroxènes) et d’olivine plutôt foncés. L’apparence de la norite est celle
d’un gabbro avec lequel il est difficile de la distinguer à l’œil. La norite aurait été enrichie par des
éléments dits « incompatibles » formant un magma riche en KREEP.
Enfin on trouve la troctolite dont l’abondance est forte dans les deux premiers kilomètres.
Une croute plus récente ?
Selon une étude réalisée en 2011 (Borg, Connelly, Boyet et Carlson) portant sur l’analyse de
échantillon n° 60025, collecté au cours de la mission Apollo 16 en avril 1972, une nouvelle
55
chronologie, plus fiable car portant sur un échantillon plus important (2 grammes) permettant des
échantillons d’analyse de 159 à 227 nanogrammes et réalisée avec des instruments de dernière
génération, donne :
La présence d’un océan magmatique primordial est posée comme condition de formation des
minéraux analysés lors de cette expérience. Cette condition est communément admise mais une
question se pose toutefois : l’échantillon prélevé dans une brèche est-il représentatif de l’ensemble
de la croûte ?
Deux datations portant sur une météorite lunaire et un zircon provenant d’un autre échantillon
donnent un âge plus ancien :
Météorite lunaire : 4,450 à 4,400 milliards d’années.
Zircon : 4,435 milliards d’années mais avec une possibilité d’un âge inférieur à 4,350 milliards
d’années et supérieur à 4,440 milliards d’années.
On comprend pourquoi les scientifiques souhaiteraient des échantillons pris en profondeur de la
croûte plutôt qu’à l’intérieur de brèches ou de produits d’éjectas.
10.73 Le manteau
A une profondeur de 60 à 100 km, une brusque augmentation de la vitesse des ondes marque le passage de
la croûte au manteau. Le manteau est probablement riche en olivine, pyroxène, fer et magnésium, c'est-à-
dire une péridotite.
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Manteau et croûte forment la lithosphère lunaire, beaucoup plus épaisse (1 000 kilomètres) que la
lithosphère terrestre (100 kilomètres) et beaucoup plus rigide. Cette lithosphère rend impossible l’ascension
de magma et empêche tout mouvement latéral qui sur Terre permet la dérive des continents. La plupart des
séismes se produisent vers 800 à 1000 kilomètres de profondeur et semblent en relation avec les très fortes
marées provoquées par la Terre. Un manteau profond, en partie fondu, existe sous la zone des séismes. Il
serait composé de deux couches de 250 et 200 kilomètres d’épaisseur.
10.74 Le noyau
Les études géochimiques des échantillons lunaires, l’analyse des microséismes, les variations d’altitude des
sondes en orbite, suggèrent que la Lune possède un petit noyau métallique solide de 160 kilomètres, à une
température de l’ordre de 1600 / 1700 ° kelvin. Il ne représente que 20 % du volume de la Lune, alors qu’il
peut atteindre 50 % pour certaines planètes telluriques. Il est beaucoup moins dense que celui de la Terre et
serait pauvre en fer ce qui est cohérent avec le modèle de l’impact.
D’autres modèles prévoient un manteau inférieur partiellement fondu de 150 kilomètres, un noyau fluide de
90 kilomètres, un noyau solide de 240 kilomètres de diamètre (Nasa 2010).
Il existe une forte aimantation rémanente datée entre 3,9 et 3,1 milliards d'années. Ceci suggère qu'un
champ magnétique peut avoir été produit à peu près au même moment que les émissions de basaltes
marins. Le champ magnétique lunaire peut avoir pour origine la chaleur libérée par le noyau. Par la suite, le
noyau s’est refroidi et s’est cristallisé, l'effet dynamo s’est ralenti ce qui a diminué l’intensité du champ
magnétique.
10.8 L’atmosphère
Les planètes gazeuses sont, par définition, pourvues d’une atmosphère très importante. Trois des quatre
planètes telluriques possèdent également une atmosphère ainsi que Titan, un des satellites de Saturne. Dans
le cas de Vénus, cette atmosphère est composée de gaz carbonique et parcourue par des nuages d’acide
sulfurique. La forte activité volcanique de la planète est à l’origine de la composition de cette atmosphère.
La Terre a vu son atmosphère évoluer au cours du temps. Entre -4 et -2,5 milliards d’années elle était
composée de gaz carbonique, méthane, hydrogène sulfuré, vapeur d’eau issus des éruptions volcaniques
originelles. L'oxygène atmosphérique produit par l'action du rayonnement ultra-violet sur la vapeur d'eau et
le dioxyde de carbone, présentait un niveau extrêmement faible, entre 0,005 et 0,01% du niveau actuel
(21%).
La présence d’oxygène devient évidente vers 2,5 milliards d’années sous la forme des premiers oxydes de
fer dans les roches (début du Protérozoïque). Ce fer était en solution dans les océans et, lorsque l’oxygène a
été produit par les premières cyanobactéries, il s’est associé au fer qui a précipité sous forme de fer rubanés.
Lorsque tout le fer mobilisable a été utilisé, l’oxygène produit s’est alors échappé dans l’atmosphère pour
atteindre vers 750 millions d’années une proportion proche de la proportion actuelle. Puis entre 750 et 600
millions d’années le taux a chuté suite à deux glaciations généralisées : la « Terre boule de neige », la
photosynthèse ayant pratiquement cessée au cours de cette période puis raugmenté il y a 600 millions
d’années. Une hypothèse a été avancée pour expliquer cette subite augmentation : au cours de deux
glaciations qui ont recouvert l’ensemble de la Terre, des nutriments et du CO2 sont stockés au fonds des
océans ; des bactéries survivent près des sources chaudes qui rejettent ces nutriments. A la fonte des glaces
ces éléments sont portés à la surface par de gigantesques tempêtes résultant du bouleversement climatique
et sont transformés par les bactéries survivantes. Celles-ci peuvent alors se multiplier et produire l’oxygène
en quantité considérable. La composition de l’atmosphère terrestre en est totalement modifiée. L’oxygène
présent dans les hautes couches de l’atmosphère est transformé en ozone sous l’action des rayons solaires
ultraviolets sur des molécules de dioxygène. Cette couche protectrice participera au développement de la
vie sur Terre en absorbant la totalité des UVc et la majorité des UVb les plus énergétiques donc les
plus nocifs pour les êtres vivants
Mars possède une atmosphère ténue de gaz carbonique issue, comme la Terre, d’une activité
volcanique primordiale. Mais sa faible masse n’a pu s’opposer à une fuite de celle–ci dans l’espace.
L’atmosphère de Titan est composée de méthane, éthane, acétylène et d'autres composés
d'hydrocarbures. Sur le sol la présence d’ammoniac, eau, azote, a été détectée.
57
Les autres corps du système solaire sont, soit trop proches du Soleil, soit trop peu massifs pour
retenir une atmosphère. La Lune entre dans cette catégorie.
L’atmosphère lunaire
Nasa
L’origine des gaz pourrait être des manifestations volcaniques sporadiques dont les Phénomènes
Lunaires Transitoires (PLT) seraient les témoins ; mais l’existence même des PLT est fortement
remise en question. Une expérience réalisée par Apollo 17 a permis de détecter la présence d’argon
et d’hélium d’origine inconnue.
La multiplication des missions lunaires dans les années 1970 et leur reprise dans les années 2000
risque de modifier la composition de l’exosphère lunaire en augmentant artificiellement, entre autre,
la densité de poussières lors des alunissages. C’est pourquoi, au premier trimestre 2014, la NASA a
utilisé la sonde LADEE afin de mesurer entre 1 et 60 kilomètres d’altitude la composition et la
densité de l’exosphère. La présence de poussière est faible (1 impact par minute) mais non nulle.
Elle augmente au fur et à mesure que l’on se rapproche de la surface. L’impact sur la composition
de l’atmosphère des épisodes météoritiques, les Géminides dans le cas de Ladee, a été mesuré :
augmentation du sodium et de la diffusion de lumière par les poussières soulevées. De l'oxygène
atomique, du fer et du titane provenant du régolithe ont été décelés.
La présence d’eau, de monoxyde et dioxyde de carbone, d’azote est confirmée.
Tantôt sœur ou frère du Soleil, tantôt dieu ou déesse, associée une fois à la fertilité, l’autre à la
stérilité, passant au cours d’une lunaison par tous les états du chaud au froid, du sec à l’humide, s’il
y a une notion intiment liée à la Lune, c’est celle du changement.
L’imaginaire collectif lui a également conféré une infinité de pouvoirs régissant les comportements,
les rythmes et les cycles de la vie et la cohorte de croyances qui leur sont associées. Si de nos jours
elles ne conduisent plus au bûcher ou sous les crocs des loups-garous, ces croyances restent fortes,
portant alternativement sur la croissance des plantes, la pousse des cheveux et des ongles, les
naissances, les agressions, le sommeil, les suicides, etc.
Certaines études montrent le bien fondé de certaines constatations liées directement ou
indirectement à la Lune, d’autres sont contradictoires, d’autres enfin démentent le bien-fondé de
certaines croyances. Car nous sommes bien à la limite entre science et croyance, d’où la difficulté à
faire évoluer les mentalités.
Avant d’avoir mis au point les lessives, on utilisait la potasse contenue dans la cendre de bois pour blanchir
le linge. Mais pour achever le travail, rien de tel que d’étendre le linge sur l’herbe par une belle nuit de
pleine lune. La Lune réfléchissant la lumière solaire, celle-ci doit donc être à l’origine du phénomène
constaté. Mais la Lune ne nous renvoie qu’une quantité très faible de lumière solaire 1/1 500 000e. Il faut
58
chercher ailleurs, du côté de la chimie. Dans l’atmosphère, entre 8 et 15 km, se déroulent des réactions
photochimiques qui forment, à partir de l'ozone, du peroxyde d'hydrogène (aussi connu sous le nom d'eau
oxygénée). Or on connaît bien l'action de l'eau oxygénée sur la couleur... Mais comment se retrouve-t-elle
sur le linge ? En fait, l'eau oxygénée se retrouve mêlée aux gouttelettes d'eau de l'atmosphère. La nuit, la
température baisse et la rosée, qui contient jusqu’à 0.04% d’eau oxygénée, se dépose sur l’herbe et le linge.
Ce phénomène n’est pas lié à la présence de la Lune, il se produit quelle que soit la phase à condition que le
ciel soit dégagé, facilitant ainsi le refroidissement de l’atmosphère et la formation de rosée. Et c'est par ciel
clair que l'on voit la Lune. L’association des deux phénomènes fera que l’on prendra l’habitude d’étendre le
linge lors d’une belle nuit de pleine lune et l’association Lune / blanchiment sera durablement installée.
Une autre constatation datant du Moyen –Age : la lumière de la Lune ronge le verre. En réalité les maitres
verriers introduisait de la soude contenue dans de la cendre dans la silice afin de faire baisser le point de
fusion du verre. La soude contenue dans le vitrail facilitait l’action négative de l’eau.
La prétendue influence de la Lune sur les comportements a donné naissance à des expressions bien
connues : être dans la lune, c. comme la lune, mal luné, demander la lune, lunatique… Cette dernière
expression prend une valeur différente selon les langues. Son origine fait référence à une situation de « ce
qui dure un mois » (latin), ce qui change. Pour les Grecs, c’est le changement d’état des fous, des
maniaques, des épileptiques. Cela dure jusqu’au Moyen Age, le lunatique est rendu périodiquement
instable par la Lune. L’anglais conserve ce sens : «Lunatic » signifie dément. En français le mot est
aujourd’hui moins fort. Il caractérise ceux qui sont inconstants dans leur comportement.
Dans un environnement où la science prend le dessus sur la croyance, il est étonnant de constater que
certaines de ces superstitions ou croyances sont confortées par les dires des spécialistes, sans pour autant
que des études sérieuses ne viennent les confirmer.
En voici deux exemples :
Un sondage réalisé en 1995 aux USA montre que 81 % des professionnels liés au secteur psychiatrique
croyaient à l’influence de la pleine lune sur le comportement de leurs patients. Ce taux est à rapprocher de
celui du grand public qui est seulement de 43 %. Une nouvelle étude statistique sur échantillon significatif
réalisée en 2001 en milieu psychiatrique (Laurent Puech) montre en fait que la Lune n’a aucune influence
sur les changements des comportements des malades étudiés.
Une étude de 1984 portant sur 3324 naissances, faisant suite à plusieurs études réalisées en 1967 sur les
naissances de treize années, ne confirment rien. Une étude de 1968 montre même que les naissances
seraient plutôt au premier quartier… Alors qu’une étude française de 1970 à 1975 privilégie la nouvelle
lune et une autre de 1968 à 1974 n’apporte aucune réponse.
Un éclairage plus fort rend poissons et insectes plus visibles et donc plus vulnérables. Les pêcheurs de
truites et de saumons savent bien que la pleine lune n’est pas propice à une pêche miraculeuse. Expérience
acquise, il est préférable d’être discret à la pleine lune.
Les coraux vivent fixés. Aussi, afin de faciliter la rencontre entre les mâles et les femelles, les
gamètes sont largués en une seule fois dans l’année, au cours d’un processus nocturne qui ne dure
que quelques heures. La synchronisation est parfaite entre tous les coraux d’une même espèce et on
ne sait pas bien pourquoi ce phénomène a lieu quelques jours après la pleine lune.
Le signal de l’émission des gamètes pourrait avoir plusieurs origines : biologique, chimique ou
physique. Toutefois, les synchronisations observées ayant lieu quelques jours après la pleine lune,
les phases lunaires ont depuis longtemps été supposées comme déterminantes. Il semblerait qu’une
évolution du spectre lumineux, perçu par les coraux sous le niveau de l’eau trois à quatre jours après
la pleine lune, soit le facteur déclenchant. Lorsque que le Soleil se couche, la dominante de couleur
du ciel est bleue, d’où le nom d’ « heure bleue ». Le spectre de la pleine lune est plus rouge et,
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lorsque celle-ci se lève alors que le Soleil se couche (c’est le cas lors de la période de la pleine
lune), le spectre global du ciel est modifié. De bleu il passe au rouge, ce qui pourrait être le signal
d’émission des gamètes.
11.5 Temps pourri. Mon pauvre Monsieur c’est normal, c’est l’année des treize lunes
S’agit-il de nouvelles ou de pleines lunes ? Et bien tout le monde n’est pas d’accord. Il y a les
« nouvellistes » et les « pleinistes » pour les prévisionnistes météo. Or, certaines années, il y a 12
nouvelles lunes et 13 pleines lunes. D’autres années c’est l’inverse, 12 pleines et 13 nouvelles.
Encore faut-il savoir quand l’année commence et prévenir la météo.
L’année commence le 1er janvier par convention, mais cela n’a pas toujours été.
Avant 46 av. J-C, le calendrier était lunaire ; il n’y avait donc aucune référence à l’année de 365 j.
Donc il faisait toujours beau. De -46 à 532, elle commence le 1 er mars et à partir de 532, le 1 er
janvier. La météo va devoir se recaler pour respecter les 13 lunes ; sauf que cela ne marche pas
partout. Dans certaines régions, le premier janvier est le jour de Pâques. Mais comme le jour de
Pâques varie d’une année sur l’autre, comment voulez-vous que la météo s’y retrouve. Il fait donc
beau pour ceux dont l’année compte 12 lunes et mauvais pour ceux de la ville d’à côté dont le
calendrier en comporte 13. On ne retrouve pas d’archives permettant de vérifier si les
déménagements se sont multipliés au cours de ces périodes. Et c’est sans compter la pagaille entre le
4 et le 15 octobre 1582 où l’année ne fait que 355 jours (mais la météo le sait). Pour corser l’affaire,
le 24 octobre 1793 les révolutionnaires fixent le début de la nouvelle ère au 22 septembre 1792 qui
devient ainsi le 1er vendémiaire an I. Chaque année commence le jour de l'équinoxe d'automne,
moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit, ce qui, selon les années, peut correspondre
au 22, 23 ou 24 septembre. En conséquence l’année peut faire 364, 365 ou 366 jours. En cas
d’incertitude, le réveillon peut durer trois jours (dur dur pour le foie…). Et ceci jusqu’au 1er janvier
1806 (11 nivôse an XIV) qui marque l'abandon du calendrier révolutionnaire pour le calendrier
grégorien. La météo en est informée et peut se déchaîner à nouveau l’année des treize lunes. La
solution ? Revenir au calendrier lunaire.
Bois d’épine, lune fine, bois de feuilles lune vieille. En ce qui concerne les jardins, la multiplicité
des almanachs et ouvrages spécialisés montre que « jardiner avec la Lune » est bien installé dans le
milieu. Et comme on ne veut prendre aucun risque, on se plie à la tradition : « semer en lune
montante les plantes aériennes et en lune descendante les légumes racines ; couper les résineux en
lune montante (lune fine), couper les arbres à feuille caduque en deuxième partie de lunaison (lune
vieille) ».
La Lune, le Soleil, la Terre s’influence mutuellement via leur masse. La Lune et le Soleil sont à
l’origine des marées océaniques et terrestres. Ce phénomène sert d’ailleurs souvent à justifier l’effet
de la Lune sur les plantes, puisqu’elles sont constituées essentiellement d’eau. Mais les marées
n’agissent que sur les grandes masses d’eau qui ne sont pas entourées de terres. Si l’influence
gravitationnelle de la Lune existe bel et bien, elle ne représente que 1/300 000 de celle de la Terre.
« Tomber de la Lune ». : être décontenancé par un événement inopiné, « Tomber des nues ». Au XVIIe :
arriver à l'improviste, survenir inopinément.
« Faire voir la Lune en plein midi » : faire croire à des choses invraisemblables. « Faire prendre des vessies
pour des lanternes », « Prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages »
« Promettre la Lune » XVe : promettre une chose impossible
« Demander la Lune » : demander quelque chose d’irréalisable, d’impossible, demander beaucoup trop.
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« Pêcher la Lune » : chercher à réaliser l’impossible.
« Décrocher la Lune « (XVIe), « Prendre la Lune avec les dents » (XVII e): réaliser une chose impossible
« Aboyer à la Lune » : multiplier les protestations inutiles
« La Lune de miel » : les premiers temps du mariage. Consommation de miel par les époux dans l’ancienne
Égypte. Miel offert par le jeune marié à son beau-père pendant les premières semaines du mariage en
Mésopotamie
« Etre dans la Lune » : être distrait
« Etre bête (con) comme la Lune » : ne pas être très malin. Dans ce cas la Lune n’a rien à voir ; la lune en
question, ce sont les fesses et les fesses sont à l’opposé du cerveau, siège de l’intelligence. Par contre « Etre
aussi con que la Lune est vieille » la remet en jeu.
« Etre mal luné » : être de mauvaise humeur
« Voir des lunes » : être sujet à des fantaisies, à des caprices.
« Avoir une face de Lune » : avoir un visage rond et joufflu
« Faire un trou à la Lune » : faire une faillite frauduleuse en disparaissant sans payer ses créanciers.
« Avoir ses lunes » : pour une femme avoir ses règles, concordance de temps entre une période entre deux
règles et une lunaison.
« Compter en Lune » : compter en mois lunaires
« Vieilles lunes » : idées démodées, passées de mode.
Et pour clore le débat : la pleine lune favorisant, selon la tradition, les insomnies, cela devrait entraîner une
baisse significative des nuits blanches en dehors de cette période. A vérifier auprès des insomniaques.
Et bien, c’est fait. Une étude répartie sur deux lunaisons, menée par l’université de Bâle (Suisse) sur 30
volontaires d’âge différent, montre qu’ils dormaient en moyenne 19 minutes de moins à la pleine lune. Cela
peut avoir comme origine un cycle biologique basé sur la lunaison ; une autre hypothèse est qu’à la
préhistoire les Hommes devaient rester plus vigilants à cette période pendant laquelle leurs prédateurs
pouvaient plus facilement les repérer.
61
DEUXIEME CLAIR DE LUNE
LA LUNE AU 115 MM
Voilà maintenant plus d’un an que je pratique l’astronomie au sein d’une association d’amateurs. Je ne
regrette pas ce choix car c’est la meilleure façon de progresser. Certains s’intéressent au ciel profond et
font de très belles images, d’autres aux planètes et à la Lune, aux étoiles variables, aux étoiles doubles, au
Soleil. Certains observent, d’autres dessinent, mesurent, photographient, filment ou se passionnent pour
l’histoire, l’art, les logiciels… Une vraie tribu qui partage, rencontre d’autres tribus au cours de « star
parties », RAP, Nuits étoilées et autres soirées.
J’ai très vite troqué mes jumelles contre un premier télescope acheté d’occasion sur un site d’échanges
bien connu. J’ai également pu poser des questions, obtenir beaucoup de réponses, de conseils. Mon
télescope est un Newton de 115 mm à F/D 10 que j’utilise pour observer la Lune, les planètes principales
et le Soleil avec un filtre spécial. Il n’est pas très bien adapté pour le ciel profond, les nébuleuses, les
galaxies, les amas mais j’ai tout de même pu observer la superbe nébuleuse d’Orion et quelques très beaux
amas globulaires comme celui d’Hercule, également appelé M13. Mon petit télescope est monté sur une
monture dite allemande fabriquée en Chine.
Comme la Lune est très régulière dans ses visites, je m’intéresse tout particulièrement à elle. Je me suis
muni d’une carte plastifiée qui me permet d’identifier facilement les formations que j’observe. Et j’ai
décelé beaucoup des détails à sa surface. Nous sommes mi-mars et le premier quartier est haut dans le ciel.
La turbulence atmosphérique étant plus faible, les images sont plus stables et les observations plus
précises.
J’ai pris quelques photos très esthétiques lorsque la Lune se couche derrière des montagnes, des
monuments. Je peux transposer la situation sur la Lune. La Terre doit elle aussi se lever et se coucher tout
comme le Soleil selon deux points cardinaux, l’est et l’ouest.
Avec mon télescope j’ai d’abord remarqué un phénomène bizarre ; la mer des Crises, que je connais bien
maintenant, semble tantôt se rapprocher tantôt s’éloigner du bord de la Lune, comme si elle se balançait
de droite à gauche et inversement. A y regarder de plus près le même phénomène existe dans le sens nord-
sud. Il est très bien décelable en suivant le cirque Plato, une petite tache sombre près du bord inférieur de
l’image que me donne mon télescope.
Puis j’ai pu observer les cratères. Les plus importants comme Clavius, Copernicus, Tycho, Gassendi, et
bien d’autres omniprésents sur les continents. Ils n’ont pas tous la même forme, ni la même structure. Ils
peuvent être parfaitement circulaires ou pas, avoir un fond plat ou tourmenté. Certains ont des reliefs frais,
d’autres semblent comme ruinés. Les détails des reliefs varient en fonction du moment de l’observation ; ils
sont bien visibles lorsque le Soleil commence à les éclairer et que les ombres sont importantes. Plus tard ce
sont d’autres détails qui apparaissent sous un éclairage haut. J’ai aussi remarqué qu’il était intéressant
d’observer en deuxième partie de lunaison car des détails non vus en Lune montante le sont en Lune
descendante. Partant de certains cratères brillants des raies également brillantes rayonnent depuis le
centre. Elles sont le plus souvent bien réparties mais d’autres se développent dans une direction
privilégiée.
62
Ensuite les mers. L’une d’entre elles, Mare Crisium est isolée ; les autres communiquent. Deux ont
clairement une forme circulaire (Crisium et Imbrium), d’autre s’en rapprochent (Humorum, Nectaris,
Serenitatis). Leur teinte n’est pas uniforme ; si les gris dominent, leur intensité varie. Chose remarquable :
très peu de cratères sont visibles à leur surface. Ceux que l’on peut observer ont des formes bien dessinées.
Par contre il semblerait que certains autres aient été envahis par la mer, ne laissant apercevoir qu’une
petite partie de leurs remparts.
Enfin les reliefs. Contrairement à ce qui se passe sur Terre il n’y a pas de reliefs accentués sur les
continents. Pas d’Oural ou d’Himalaya sur la Lune. Par contre les reliefs présents en bordure des mers
sont importants avec, en plu, une asymétrie. Ils sont plutôt abrupts du côté de la mer et en pente douce à
l’extérieur.
Continents couverts de cratères, mers lisses et peu cratérisées, cratères à relief vif ou totalement délabrés,
l’application du principe de superposition permet d’envisager une chronologie.
63
SOMMAIRE
LA LUNE AU 115 MM
1ERE REMARQUE – Pages 67 68. CERTAINES PERIODES SEMBLENT PLUS PROPICES A
L’OBSERVATION.
1.1 La période de l’année et l’épaisseur de la couche d’atmosphère à traverser
1.2 La stabilité de l’atmosphère
1.3 Le terminateur
2ME REMARQUE – Pages 68 à 72. LE SOLEIL SE LEVE ET SE COUCHE. IL DOIT Y
AVOIR DES POINTS CARDINAUX
2.1 Les points cardinaux
2.2 Equateur lunaire et méridien d’origine. Latitude, longitude
2.3 Sinus Medii et le point 0°
2.4 La colongitude
2.5 La boussole me serait-elle utile ?
2.6 Y a-t-il une étoile polaire ?
64
5E REMARQUE – Pages 80 à 87. LES CRATERES N’ONT PAS TOUS LA MEME FORME
NI LA MEME STRUCTURE.
5.1 Forme des cratères d'impact
5.2 La classification des cratères
5.21 Classification liée à la taille
5.22 Classification liée à la morphologie
5.23 Classification liée à la structure
5.3 Classer les cratères : la Séquence Principale
6E REMARQUE- PAGES 87 A 92. CERTAINS CRATERES SONT TRES BRILLANTS. DES
RAIES EGALEMENT BRILLANTES RAYONNENT DEPUIS LEUR CENTRE.
6.1 Les cratères brillants à auréole
6.2 Les raies brillantes
6.21 Localisation des cratères à raies
6.22 Les raies sont plus brillantes sur les continents que sur les mers
6.23 Origine et datation des raies brillantes
6.3 La forme des éjectas
6.4 Certaines raies ont une origine difficile à définir.
6.5 Les roches fondues par l’impact.
7E REMARQUE : - Pages 92 à 99. CERTAINES MERS SONT GLOBALEMENT RONDES
7.1 La première carte commentée
7.2 On dirait des cratères géants
7.3 Le nouveau système solaire est né à Nice
7.4 Le Grand Bombardement Tardif et la création des grands bassins d’impact.
7.41 Les bassins lunaires
7.42 Oceanus Procellarum, la boite à questions
7.5 Les mascons : la remontée du manteau sous les bassins d’impact. L’exemple d’Imbrium.
7.51 Des mini-mascons
7.6 Et s’il n’y avait pas eu de GBT ?
8E REMARQUE : - Pages 100 à 122. LES MERS SONT GRISES MAIS CE N’EST PAS UN
GRIS UNIFORME
8.1 L’eau sur la Lune
8.11 Origine de l’eau de surface
8.12 De la glace d’eau aux pôles.
8.13 Sèche ou humide ? Des réponses qui posent des questions sans réponse.
8.14 Business is business
8.2 Si ce n’est pas de l’eau, qu’est-ce que c’est ?
8.3 Le volcanisme lunaire
8.31 Manifestation du volcanisme lunaire
8.32 La formation des mers : les épanchements de lave à grande échelle
8.33 Chronologie du volcanisme marin
8.34 Pourquoi les mers sont-elles concentrées sur la face visible ?
8.35 Le gris des basaltes n’est pas uniforme.
8.36 Les basaltes sont-ils les seules roches volcaniques ?
8.4 Autres structures volcaniques : dômes, mégadômes, méga-mégadômes.
8.41 Les dômes
8.42 Les mégadômes : des dômes volcaniques importants
8.43 Les méga-mégadôme
65
8.5 Localisation des boucliers et reliefs associés
8.6 Les dépôts pyroclastiques
8.61 Localisation des RDMD
8.62 Dépôts pyroclastiques et cratères à fond fracturé : le cas Alphonsus
8.63 Et si l’éruption se poursuit ?
8.7 La Lune est-elle toujours active ?
8.71 Les Phénomènes Lunaires Transitoires – PLT
8.72 Origine des PLT
8.73 Ina Caldeira et les TMI: peut-être un ancien PLT
8.8 Les séismes
8.9 Tectonique ou pas ?
8.10 La Lune rétrécit-elle ?
9 E REMARQUE- Pages 122 à 126. EN BORDURE DES MERS LES RELIEFS SONT TRES
ACCENTUES ET ASYMETRIQUES.
9.1 Les zones montagneuses des hautes terres
9.2 Les chaînes de montagnes
9.21 Une asymétrie révélatrice
9.22 L’origine des chaines de montagnes lunaires
9.3 Le vrai relief de la Lune n’est pas celui que l’on croyait.
9.4 Le point le plus haut sur la Lune
E
10 REMARQUE : Pages 126 à 131. EXISTE-T-IL COMME SUR TERRE DES ERES
GEOLOGIQUES?
10.1 Superposition et densité
10.11 La détermination de l’âge absolu d’une l'unité géologique
10.12 Dix cratères = dix évènements indépendants.
10.2 Chronologie de la formation des cratères
10.3 Les ères géologiques lunaires
10.31 Correspondance terrestre
10.32 Pré-Nectarien
10.33 Nectarien
10.34 Imbrien inférieur
10.35 Imbrien supérieur
10.36 Eratosthénien
10.37 Copernicienne
10.4 Petite chronologie lunaire sur une image d’amateur
66
1ERE REMARQUE : CERTAINES PERIODES SEMBLENT PLUS PROPICES A
L’OBSERVATION.
Plus l’épaisseur de la couche d’atmosphère à traverser est importante plus la turbulence atmosphérique peut
dégrader les images. Le point où celle-ci est minimum est le zénith de l’observateur. Le point où elle est
optimum est le passage au méridien.
En début de lunaison la Lune est très basse sur l’horizon ouest. Les rayons lumineux ont à
traverser une tranche d’atmosphère importante, agitées par les mouvements des masses d’air.
Mare Crisium sera visible mais agitée par ces turbulences et se couchera rapidement. Il sera donc
préférable d’attendre un ou deux jours après la pleine lune que le terminateur parcoure à nouveau
cette zone. Il sera possible d’observer la zone de Mare Crisium avec un minimum de turbulences,
67
les deuxièmes parties de nuit sont en effet plus stables, la chaleur rayonnée par le Terre étant
moins forte. Enfin la présence d’un très léger voile d’altitude est souvent gage d’images très
stables permettant des grossissements importants ou des prises de vue de qualité.
1.3 Le terminateur
Archimedes (à gauche), Autolycus et Aristillus, Montes Apenninus, Promontorium Fresnel, Montes Caucasus
Le seul moment vraiment défavorable à l'observation du relief lunaire est la pleine lune car le Soleil haut ne
projette plus les ombres. Par contre il est alors possible de distinguer les différences de coloration
permettant de détecter les flux de laves marines d’âge et de composition différents qui ont formés les mers ;
les zones brillantes révèlent les cratères jeunes et leurs éjectas.
2ME REMARQUE : LE SOLEIL SE LEVE ET SE COUCHE. IL DOIT Y AVOIR DES POINTS
CARDINAUX
A l’origine, le nord et le sud lunaires ont été fixés par rapport à une observation à l’œil nu de la Lune depuis
la Terre. Le nord est en haut, le sud en bas, l’ouest en direction de l’ouest de la Terre ; c’est cette partie de
la Lune qui se « couche » en premier sur l’horizon ouest terrestre. A l’opposé, l’est.
68
Ainsi Mare Crisium est à l’ouest, Plato est au nord, Tycho au sud et Grimaldi à l’est. En toute logique,
Mare Orientale, un immense bassin d’impact dont seulement une fraction est visible depuis la Terre, est à
l’est. Ceci signifie également que, si on est sur la Lune, le Soleil se lève à l’ouest. C’est en effet Mare
Crisium qui est éclairée en premier. Cette orientation est l’orientation astronomique. Mais en 1961, l’Union
Astronomique Internationale a décidé de modifier les coordonnées est/ouest afin que, comme pour la Terre,
la rotation de la Lune sur elle-même s’effectue d’ouest en est. Crisium est donc passée à l’est sans changer
de place, le Soleil se lève désormais à l’est mais Mare Orientale est passée à l’ouest sans changer de nom.
Par contre le nord et le sud étant restés à leur place,
Mare Australe, au sud, porte bien son nom.
sud nord
Tycho Plato
2.2 Equateur lunaire et méridien d’origine. Latitude, longitude
La position d’un point sur la Lune est définie, comme sur Terre, par ses coordonnées en latitude et
longitude sélénographiques.
Ces coordonnées sont exprimées à partir :
- des quatre points cardinaux traditionnels : nord, est, sud, ouest,
- de l’équateur lunaire
- du méridien d’origine (équivalent du méridien de Greenwich sur Terre).
La surface de la Lune est ainsi divisée en parallèles et méridiens.
L’équateur lunaire est perpendiculaire à l’axe de rotation de la Lune et le méridien d’origine passe par le
centre du disque lunaire visible pour des librations en longitude nulles. La Lune est en effet soumise à deux
balancements principaux appelés les librations. Ces deux balancements se font dans le sens nord-sud ou
sud-nord et est ouest ou ouest est dévoilant tantôt un peu plus de la zone nord ou de la zone sud et un peu
plus de la zone ouest ou de la zone est. Nous reviendrons en détail sur ce phénomène.
Par convention la latitude est désignée par Elle correspond en ° ´ et ´´ à la distance entre le parallèle du
point concerné et l’équateur lunaire. Elle est positive au nord de l’équateur et négative au sud.
La longitude est désignée parElle correspond à la distance en ° ´ et ´´ entre le méridien du point
concerné et le méridien central. Elle est positive à l’est du méridien et négative à l’ouest.
69
L’intersection entre le méridien central et l’équateur lunaire ne correspond à aucun point particulier à la
surface de la Lune. Ce point se trouve au centre du disque lorsque les librations sont nulles; il se situe dans
Sinus Medii, entre le cratère Bruce +1°6’ (Nord) et + 0°24’ (Est) et le cratère fantôme Opole -+ 1°30’ (Sud)
et – 0°30’ (Ouest). Depuis 1961 c’est le point à partir duquel toutes les positions sont calculées.
Le petit cratère de 13 km, Mösting A, indiqué par une flèche et situé sur le rempart de Flammarion, avait
été choisi à l’origine comme point de référence. Le calcul exact de sa position par rapport au nouveau point
de référence a permis d’affiner celle de tous les objets cartographiés. Sa position est 3° 12′ 43,2″ N et 5°
12′ 39, 6″ O (+3,212° N, -5,211° O)
2.4 La colongitude
Associée aux notions de latitude et de longitude, il existe une autre notion importante sur la Lune : la
colongitude. Elle est utile pour déterminer l’altitude d’une montagne ou renseigner scientifiquement une
prise de vue.
La colongitude est la longitude du terminateur ascendant, c'est-à-dire la longitude de la ligne séparant la
partie éclairée par le Soleil de celle qui ne l'est pas et sur laquelle le Soleil semble se lever. En tout point
situé sur le terminateur ascendant la hauteur du Soleil sur l’horizon est de 0°. La colongitude est mesurée à
partir du premier méridien ; lorsque le terminateur se trouve sur le premier méridien sa colongitude est
égale à 0°.
La colongitude du terminateur est l’angle APB sur la vue polaire à droite. Dans le cas de la figure il sera de
l’ordre de 25°. La colongitude augmente d'environ 12° 6’ par jour, soit 0° 30’ par heure, ce qui correspond
à la vitesse de déplacement du terminateur.
70
2.5 La boussole me serait-elle utile ?
71
2.6 Y a-t-il une étoile polaire ?
Draco.
La faible inclinaison de 1°33 aura un rôle important
à jouer pour expliquer la conservation de glace d’eau
au pôle.
Du latin libra (la balance) c’est une lente oscillation, réelle ou apparente, d'un satellite vue depuis le corps
céleste autour duquel il orbite.
La Lune tourne sur elle-même dans le même temps qu’elle effectue une révolution complète autour de la
Terre : 27j 7h 43min 11s soit 27,322 j. Sa révolution est synchrone avec sa rotation, ce qui est le cas pour la
majorité des satellites des planètes.
L’orbite lunaire est elliptique, ce qui entraine une variation de sa vitesse orbitale et l’axe de rotation de la
Lune n’est pas perpendiculaire à son plan orbital. Si on ne voit au cours d’une observation ponctuelle
toujours que 50% de la surface totale de la Lune, des observations cumulées permettent d’en observer
jusqu’à 59%. 41% nous sont définitivement cachés et 18% sont alternativement visibles ou cachés.
Il existe quatre formes de libration dont deux sont très importantes pour l’observateur.
Si la Lune tournait autour de la Terre sur une orbite parfaitement circulaire sa vitesse serait constante. Elle
tournerait sur elle-même exactement dans le même temps qu’elle mettrait à parcourir une orbite entière. Il
n’y aurait pas de libration en longitude. Mais comme l’orbite est elliptique (excentricité de l’ordre de 0,05)
la loi des aires s’applique : le rayon vecteur parcourt des aires égales en des temps égaux. La Lune parcourt
donc son orbite avec une vitesse variable, plus rapide au périgée, plus lente à l’apogée. Dans le premier cas
72
elle met moins de temps pour parcourir 90° de son orbite que pour pivoter de 90° sur elle-même. Une
mince portion du bord oriental est visible (la même portion du bord ouest est invisible). Le phénomène
inverse se produit à l’apogée, une partie supplémentaire du bord ouest est visible, l’équivalent à l’est est
invisible.
La valeur maximum de la libration en longitude se situe autour de 7° 54’.
Leur valeur est de quelques minutes d’arc ; elles sont dues à des variations dans l’attraction qu’exerce la
Terre sur la Lune.
73
Une libration en latitude positive indique que la partie nord de la Lune est découverte ; elle est négative si le
pôle sud est découvert.
Une libration en longitude positive indique que l’est se découvre ; elle est négative si c’est l’ouest qui se
découvre.
Exemple au dernier
quartier :
- libration en latitude :
+ 00°08’
- libration en longitude :
+ 06°14’
- colongitude réelle 173° 4’,
Lorsque les librations sont maximales, des zones importantes situées sur le limbe deviennent alors visibles.
Luna Incognita
Nous avons vu que les librations en latitude permettent d’observer des zones très cratérisées se trouvant aux
pôles nord et sud. Malgré cela une zone proche du pôle sud est restée longtemps invisible depuis la Terre.
Cette zone, appelée «Luna Incognita » par John Westfall en 1972, regroupait un enchevêtrement complexe
de cratères et de collines placés sous l’appellation de « Monts Doerfell et Leibnitz ».
Elle avait été subdivisée en 3 zones :
A : zone du pôle sud Cabeus, Malapert ;
B : zone sud-ouest de Drygalski à Hausen ;
C : de Hausen à Mendel.
Sur les cartes, Luna Incognita était représentée par une zone blanche semblable aux Terrae Incognita des
anciennes cartes terrestres. Entre 1970/1990 cette zone a été petit à petit complétée grâce aux observations
74
des amateurs réalisées lorsque les conditions de librations étaient favorables. Ce programme était
coordonné par John Wesfall.
Cette zone comprend le pôle sud de la Lune et les cirques Ashbrook, un cratère de 156 km de diamètre, le
plus important de cette région, Drygalski, Hausen et Petzval. Les autres principaux cratères sont Bartlett
devenu Mendel J, Cabeus B, Chappe, Faustini, Pilâtre, Hédervári, Pingré S, Nobile , Palus Solitatis (non
officiel) relatif à une zone marine au centre du bassin Mendel-Rydberg près d’Andersson, Shackleton. La
plupart des noms ont été attribués en 1994 par l’UAI.
- Les cratères sont situés à la surface des continents et sont donc postérieurs à leur formation.
- Leur répartition est uniforme, preuve que le phénomène dont ils sont issus est un phénomène général.
75
- Certains sont imposants, d’autres à peine discernables, preuve soit d’une origine différente ou d’une
intensité différente du phénomène qui les a formés.
- Il y en a très peu à la surface des mers, preuve qu’ils ont été massivement formés avant celles-ci ou
qu’elles les aient engloutis.
Les octants 1, 2 et 3 sont occupés par des savants, philosophes, dieux, titans de la Grèce antique, tels que
Plato, Atlas, Archimède…
Dans les octants 4, 5 et 6 on trouve des personnages de l'ancien empire romain, comme Jules César, Tacite,
Taruntius…
Dans la moitié inférieure de la carte ont été placés savants, écrivains et philosophes médiévaux européens
et arabes : Clavius, Tycho, Gassendi, Albulfeda, Almanon, Arzachel, Maginus, Sacrobosco…
Les parties extérieures des octants 5, 6 et 7 sont consacrées aux contemporains de Riccioli. L’octant 8 est
celui des exilés ; Copernicus, Kepler et Galilée y ont été repoussés pour des raisons politico-religieuses.
Riccioli a la rancœur tenace puisqu’il attribue, dans cet octant, un magnifique cratère (Marius 41 km) à
Simon Mayer (Simon Marius en latin), qui a donné un nom aux quatre satellites galiléens, alors qu’il
réserve à Galilée un tout petit cirque (Galilaei : 15,5 km) perdu dans l’immensité ouest de Procellarum ;
chose étonnante, sur sa carte il ne conserve pas l’échelle de ce cirque et lui donne un diamètre plus
important que celui de Mayer. Ce qui est manifestement erroné. Il l’exile et le déforme. Cherchez le psy !
Quant à Copernicus, opposant à la vision de l’univers de Riccioli, il décide « de le perdre dans l’immensité
de l’océan » (des Tempêtes).
Des saints de l'Eglise catholique (Théophile, Cyrille, Catherine, Bède le Vénérable, Isidore, Denis
l’aréopagite…) ont donné leur nom à des cratères proches de Mare Nectaris. Peut-être se désaltéraient-ils
avec la boisson des dieux. Tous avaient un rapport avec l’astronomie ou la science, des rapports étranges
puisque Cyrille a volontairement fait incendier la bibliothèque d’Alexandrie. Ce n’est que plus tard que le
terme de « saint » disparaitra.
Certains cratères ont disparu de la nomenclature de Riccioli comme dans la région du Mur Droit : Prolatifs
devient Wolf et Minois devient Birt ou Nicollet, la carte est imprécise et les diamètres exagérés ce qui ne
permet pas de définir lequel des deux cratères est représenté.
Depuis le travail fondamental de Riccioli, d’autres ont été publiés, qui ont enrichi la nomenclature : Cassini,
La Hire, Tobias Mayer, Schröter, Lohrmann, Schmidt, et plus près de nous Loewy et Puiseux.
La nomenclature lunaire, comme toutes les autres, dépend de l’Union Astronomique Internationale. Le
système de nomenclature de Riccioli fut désigné comme standard par un vote de l'UAI en 1935, donnant
formellement un nom à 600cratères. Des savants, explorateurs des XIXe et XXe siècles, ont été ajoutés près
du limbe, Scott et Amundsen au pôle sud, Peary, Nansen et Byrd pour le pôle nord (bien que Byrd ait plutôt
exploré l’Antarctique). Le système fut étendu et mis à jour entre 1960 et 70. Aujourd’hui, les nouvelles
désignations sont limitées aux noms de scientifiques décédés ainsi qu’à ceux des héros et victimes de la
76
conquête spatiale. Mais pour eux il ne reste que des petits cirques insignifiants le plus souvent sur la face
cachée. Des cratères très modestes et sans intérêt ont reçu non pas de noms mais des prénoms.
D’autres, importants comme Gassendi A, qui auraient largement mérité d’honorer des personnages
illustres, sont restés dans l’anonymat de la lettre de l’alphabet.
Un même personnage a pu donner son nom à deux formation (Mare Humboldtianum et cratère Humboldt,
Vallis Schroteri et cratère Schröter) ; des couples ont été rapprochés (Pierre et Marie Curie / Curie –
Skłodowska) sur la face cachée.
La nomenclature des cratères satellites.
Un cratère satellite est un cratère associé par sa proximité à un cratère principal.
Le principe de nomenclature permettant d’identifier les cratères satellites a été proposé par Johann Madler.
Les cratères associés à un cratère majeur ont été identifiés au moyen d'une lettre de A à Z, à l’exception de
la lettre I. L'affectation des lettres aux cratères satellites s’est d’abord faite un peu au hasard, le plus souvent
selon l’importance plutôt que selon la position. En 1919, l’UAI a adopté une convention obligeant à utiliser
des majuscules latines pour identifier les cratères satellites. En 1966, Ewen Whitaker a attribué les noms en
se basant sur l'angle de position par rapport au cratère principal. A partir du nord, le cratère est découpé en
24 secteurs de 15° dans le sens des aiguilles d’une montre. A chaque secteur est attribuée une lettre, en
commençant au nord par A. Les lettres I et O ont été omises. Ainsi, un cratère au sud du cratère principal a
reçoit la lettre M et les cratères le plus au nord les lettres A et Z.
Jusqu’au début de la deuxième moitié du 20ème siècle les scientifiques pensaient que les cratères lunaires
avaient une origine volcanique. C’était, tous comptes faits, logique car ce type de cratère existait bel et bien
sur Terre. A cette époque les connaissances des processus de formation des cratères d’impacts en étaient à
leurs balbutiements. Le plus fervent défenseur de la thèse volcanique était William H. Pickering (il a donné
son nom à un cratère d’une quinzaine de kilomètres sur le bord nord-est d’Hipparcus). Ces arguments
étaient cohérents avec les connaissances de l’époque (1920) :
- Pourquoi n’y a-t-il pas autant de cratères sur Terre que sur la Lune ?
- Le seul cratère météoritique connu sur Terre - Meteor Crater – n’a pas de pic central et il est minuscule.
- D’autres, plus importants, étaient indécelables à partir du sol.
Les cratères lunaires sont ronds. Or les projectiles arrivent sous tous les angles et devraient former des
cratères elliptiques.
A la fin du 19ème siècle, le géologue américain Grove C. Gilbert avait pourtant développé une théorie non
volcanique basée sur les constatations suivantes :
- les cratères lunaires ne ressemblent pas aux volcans terrestres
- leur plancher est plus bas que les sols environnants
- leurs pics centraux sont moins élevés que leur enceinte
- leur diamètre est beaucoup plus grand que le plus grand des volcans terrestres.
Si, aujourd’hui, la théorie météoritique est communément admise pour expliquer la formation des cratères,
il n’en reste pas moins que des phénomènes volcaniques à grande échelle ou à un niveau très local ont été
très présents à la surface de la Lune.
77
4.4 Un phénomène général
La surface de la Lune est criblée de milliards de cratères, dont la taille va d’impacts microscopiques
comme ceux présents à la surface des échantillons rapportés par les missions Apollo, à celle
d'énormes bassins circulaires de centaines de kilomètres de diamètre. On retrouve le même
phénomène à la surface de Mercure, Mars, des astéroïdes et la plupart des satellites des planètes
extérieures.
Dans les premiers 50 millions d’années, la Terre et la Lune ont suivi une évolution parallèle. Puis, il
y a 4,5 milliards d’année, l’atmosphère primitive de la Terre s’est formée, la protégeant des impacts.
Seuls les corps de masse et de vitesse importantes ont pu laisser leurs empreintes, rapidement
érodées. La Lune ne possédant ni eau, ni atmosphère, aucune érosion importante n’a pu entraîner la
disparition des indices de surface. La seule érosion existante est d’origine externe, sous la forme
d’un bêchage de la surface par des météorites de taille variable. La Lune conserve donc les
cicatrices laissées par tous les impacts qu’elle a reçus depuis que sa croûte s’est figée il y a 4,490 ou
4,363 milliards d’années selon les modèles.
Bien qu'il soit difficile d'imaginer l'ampleur des impacts qui ont créé les grands cratères lunaires, les
missions lunaires ainsi que les expériences en laboratoires ont permis de mieux comprendre ce qui
se passe lorsque une météorite frappe une planète.
Le processus de formation du cratère peut être considéré comme un transfert d'énergie ; dans ce cas,
l'énergie cinétique de la météorite. La quantité d'énergie produite dépend de la masse de l'objet
incident, de la vitesse lors de l’impact, des propriétés du projectile et du sol.
78
4.52 La formation d’un cratère simple
La formation d'un cratère est généralement divisée en trois étapes: la compression, l'excavation et la
modification.
- La phase de compression
Au cours de cette phase, l'énergie cinétique de l’impacteur est presque instantanément transférée au sol par
une onde de choc sphérique qui se déplace vers l’avant, comprimant les roches. La pression est telle que les
matériaux comprimés se comportent comme des fluides. Au point d'impact, la roche est intensément
fracturée, fondue et partiellement vaporisée. Une petite partie du sol est éjectée le long des parois de
l’impacteur, le plus grand volume de matériaux reste encore à excaver.
- La phase d’excavation
L’onde de choc qui parcourt le sol impacté devient une onde longitudinale qui se propage parallèlement au
déplacement du milieu. Elle est formée de zones de compression suivies de zones de raréfaction. Après le
passage de celle-ci, les roches reviennent à la pression normale et explosent violemment sous l’effet d’une
onde de raréfaction. Cette explosion éjecte de grandes quantités de roches, ce qui augmente
considérablement le volume de l’excavation initiale. C’est un peu comme si l’explosion se produisait dans
le sol à une profondeur correspondant à plusieurs fois le diamètre de la météorite. Après quelques secondes,
le cratère atteint sa taille maximale, c'est le cratère transitoire.
La phase d’excavation est concomitante à la fracturation du sol. Cette fracturation peut atteindre une
profondeur égale à environ trois fois la profondeur du cratère.
- La phase d’évolution
A la fin de la phase d’excavation le sol reprend sa place, c'est le rebond, un réajustement du fond du cratère.
Les matériaux éjectés verticalement retombent à l’intérieur du cratère et comblent une partie du fond de
l’arène.
Nous avons vu qu’en théorie le rapport taille de l’objet / diamètre du cratère est en moyenne de 0,1 Les
mesures réalisées sur les cratères simples lunaires donnent un ratio variant de 0.14 à 0.2, c’est-à-dire que le
diamètre est de 5 à 7 fois supérieur à la profondeur.
79
manteau supérieur, celui-ci peut alors se rapprocher de la surface entrainant une diminution de la
profondeur du cratère et l’apparition de phénomènes éruptifs ultérieurs non directement liés à
l’impact.
Pour les cratères complexes, le ratio profondeur / diamètre varie de 0,1 à 0,05. Le diamètre est
donc de 10 à 20 fois la profondeur. Pour les bassins la profondeur peut théoriquement varier de 20
à 40 kilomètres ?
Comme nous l’avons vu il a fallu attendre la deuxième partie du XX e siècle pour comprendre
l’origine des cratères lunaires. Du tout volcanique, nous sommes passés au tout météoritique.
Puis, la qualité des appareils de mesure et de prise de vue progressant, l’origine des paysage
lunaires est apparue dans toute sa complexité, mêlant intimement le météoritique et le volcanique.
La diversité des cirques nécessitait donc une classification mais elle ne pouvait reposer sur un seul
type de critères.
Trois critères ont été retenus : la taille, la structure, la morphologie. Charles Wood, Senior Scientist
au Planetary Science Institute à Tucson, a établi une classification prenant comme référence certains
cratères bien identifiés. Cet(te classification a donné naissance à une « Séquence Principale » à
laquelle peuvent être associés tous les cratères observés.
80
5.21 Classification liée à la taille
Les craterlets
Moins de 5 km
Région de Letronne
Oceanus Procellarum
Les cratères
De 5 à 60 km
Aristarchus (40 km) un cratère récent aux parois
très fraiches.
Oceanus Procellarum
Les cirques
De 60 à 100 km
Aristoteles (87 km) et Eudoxus (67 km), deux
cirques aux parois en gradins de Montes Caucasus
De 100 à 300 km
Clavius, plaine close près du pôle sud.
Diamètre 225 km
81
Les bassins
Plus de 300 km
Le bassin Schiller Zucchius, près du limbe sud-
ouest.
Diamètre 350 km.
Cratère simple
Cratère complexe
82
Des cratères complexes et de bassins à anneaux
existent sur Terre.
Au Canada, près de la rive est de la Baie d’Hudson,
les "East and West Clearwater Lakes" occupent des
dépressions formées par un impact simultané sur le
bouclier québécois très ancien. Le lac de l'Est, à
droite, fait 26 km de diamètre et, à gauche, celui de
l'ouest fait 35 km. Cette différence de diamètre
semble correspondre au passage d'un cratère
complexe à un bassin à anneau.
Google Hearth
Sur la Lune, ce passage se fait à un diamètre bien supérieur, le diamètre correspondant à la transition étant
proportionnel à la gravité. Sur Terre, les bassins apparaissent à partir de 30 km, sur la Lune vers 300 km. Le
grand cratère présente un anneau interne visible ici sous la forme d'îles, lesquelles sont recouvertes de
roches fondues par l'impact. Le petit cratère ne ressemble pas à un cratère complexe, mais si on pouvait
vider le lac, on verrait un piton central pas assez élevé pour percer la surface de l'eau. Ces cratères ont peut-
être été formés par un astéroïde ou une comète détruite juste avant l'impact, il y a 290 millions d’années.
Sur la Lune Aristarchus venait de se former et Tycho n’existait pas encore. Ces cratères seraient visibles
depuis la Lune.
Cratère classique
83
Cratère à fond fracturé
La plupart des petits cratères lunaires
appartiennent à la catégorie des cratères
classiques. Mais au-delà de 30 km la
morphologie résultant de l’impact peut être
modifiée par une activité d’origine volcanique.
Les cratères qui regroupent les caractéristiques
suivantes : faible profondeur, présence de lave
marine dans l’enceinte, présence des rainures
radiales et concentriques, proximité d’une mer
appartiennent à la catégorie des Cratères à Fond
Fracturé (CFF). Posidonius en est un exemple .
Ils ont été classés en 6 catégories par Peter Schultz qui en a décrit le processus de
formation (schéma ci-dessus).
1 - Le magma présent en profondeur s’élève à l’intérieur des fractures et s’accumule sous le
plancher.
2 - La pression du magma entraine une élévation du sol qui a pour conséquence de produire des
fractures à la surface de l’arène du cratère et de diminuer le ratio profondeur / diamètre.
3 - Dans un certain nombre de cas, la lave parvient en surface et crée des lacs de lave, des rainures
sinueuses et des zones sombres pyroclastiques.
Cratère composé
84
Cratère asymétrique
Les cratères asymétriques semblent avoir pour origine un impact oblique et ont une forme en queue de
poisson ou pointe de flèche.
Des expériences d'impact réalisées (P. Schultz) à l'aide d’un canon à projectiles vertical de la NASA ont
montré comment le projectile peut se scinder en deux. Le deuxième morceau ainsi créé est à l’origine d’un
impact secondaire qui modifie le rempart amont du cratère créé par le premier impact.
LRO et AVL
Cratère fantôme
85
Cratère puits
Tout comme il existe une Séquence Principale pour les étoiles positionnées sur le diagramme d’Hertzsprung-
Russel, il existe une “Séquence Principale” pour les cratères lunaires, mise au point par Charles Wood. Elle
correspond aux changements de morphologie des cratères résultant de l’augmentation des niveaux d’énergie
des impacteurs, fonction de leur taille, densité et vitesse.
Les impacteurs de petite taille, peu denses et lents ont peu d’énergie et produisent de petits cratères en forme
de bol. Le niveau d’énergie plus élevé d’impacteurs plus importants, plus denses et plus rapides génèrent des
86
rebonds de la surface impactée, entrainant un soulèvement central voire un pic central. La séquence principale
s’achève avec les bassins à anneaux
ALC - Prototype : Albategnius C. Cratère en forme de bol avec des remparts en pente douce dont le diamètre
atteint 20 km.
BIO – Prototype : Biot. Cratère à fond plat dont la morphologie et le diamètre sont de l’ordre de ceux des
ALC mais dont le sol plat présente une rupture de pente au contact des murs des remparts.
SOS – Prototype : Sosigenes. Cratère relativement peu profond avec un sol plat important, des murs sans
terrasses. Diamètre de 5 à 35 km.
TRI – Prototype : Triesnecker. Cratère à remparts festonnés de 15 à 50 km de diamètre présentant
fréquemment des glissements de terrains avec un sol plat partiellement ou totalement recouverts par ces
glissements.
TYC – Prototype Tycho. Cratère présentant plusieurs étages de terrasses, sommet des remparts crénelé, vaste
plancher plat. Diamètre de 30 - 175 km
Transition vers les CPR (Central Peak Ring basin)
Prototypes : Compton (162 km), Antonialdi (140 km)
CPR - Prototype : Bassin Schrödinger. Bassin à pic central – bassin présentant au centre un anneau simple
constitué de pics. Le pic central, quant à lui, a disparu ou est à peine visible. Diamètre 175 - 450km
MCPR - Prototype : Bassin Orientale. Bassin à anneaux multiples présentant au moins deux anneaux internes.
Diamètre > 400km;
Ce n’est pas à la pleine lune que l’on distingue le mieux les cratères brillants, mais c’est à cette période que
l’on en voit le plus. Au cours d’une lunaison, ce type de cratère apparait progressivement lorsque le Soleil se
rapproche de leur verticale. Parmi les cratères les plus brillants à la surface de la Lune on peut citer
Aristarchus, Tycho, Kepler, Proclus et des dizaines d’autres.
87
Sur la Lune les raies brillantes s'étendent en moyenne à huit fois la valeur du diamètre du cratère d’où elles
sont issues et jamais à moins de quatre fois. Pour un cratère de 50 km de diamètre, les raies brillantes
devraient mesurer environ 400 km.
Deux cratères lunaires ont des raies brillantes beaucoup plus longues que les autres : Byrgius A a des raies
mesurant 15 fois le diamètre du cratère et celles de Giordano Bruno s'étendent à 20 fois son diamètre. Les
raies brillantes provenant de ces deux cratères récents n'ont pas été assombries par la « météo spatiale ». La
présence de système rayonnant dépend de l’âge du cratère. Plus il est âgé moins les raies sont visibles. Au-
delà d’un milliard d’années le système rayonnant disparait ce qui en fait un marqueur chronologique.
6.22 Les raies sont plus brillantes sur les continents que sur les mers
88
De tels phénomènes sont courants parmi les volcans terrestres, certaines coulées pyroclastiques
empruntant ces directions privilégiées dictées par les reliefs.
En 1960, Shoemaker a remis en cause cette hypothèse. Aujourd’hui il est admis que ces raies sont
des éjectas résultant d’un impact météoritique. Elles sont composées d’anorthosite de la croûte
lunaire excavée. L’anorthosite est une roche claire, ce qui explique la brillance des raies.
Pris globalement, l'ensemble des cratères à raies brillantes est âgé de moins de 1 milliard
d’années, période correspondant à la limite entre les ères copernicienne et ératosthénienne. Des
estimations plus récentes, mais à confirmer, date cette limite à 750 millions d‘années. La valeur
1 milliard d’années était déduite d'un ensemble incluant à la fois des raies formées de dépôts
d'anorthosite claire sur du basalte marin foncé et des raies plus sombres formées d'éjectas de
roches mixtes, marines et continentales, pulvérisées. Le calcul était basé sur les raies sombres,
censées avoir vieillies plus vite. A l’origine tous les cratères avaient probablement des raies
brillantes mesurant 15 à 20 fois leur diamètre. Si nous appliquons le ratio longueur des raies /
diamètre aux bassins d’impact, les systèmes rayonnant se seraient étendus au-delà du rayon de la
Lune. Leur vitesse d’éjection ayant pu être supérieure à la vitesse de libération, il y a 4 mill iards
d'années la Terre a été touchée par ces éjectas. Et réciproquement, un jour, peut -être, trouvera-t-on
sur la Lune un morceau de continent terrestre datant de 4 milliards d’années.
Dans certains cas les éjectas ne sont pas répartis symétriquement. Cette forme particulière peut avoir pour
origine le lieu de l’impact (bordure de cratère, zone située entre deux obstacles jouant le rôle de déflecteur)
ou l’angle sous lequel l’impact a eu lieu.
89
La forme asymétrique, éventail ou cœur, présente une zone d’évitement où les raies brillantes sont
absentes. La position de la zone d’évitement permet de définir la direction d’où provenait
l’impacteur. Sur l’image de Petavius B la zone d’évitement indique la direction de l’impact du
nord-est vers le sud-ouest sous un angle de 60 à 45°.
Selon l’importance de l’impacteur, les éjectas peuvent combler une partie des cratères proches et,
s’ils ont une masse importante et une vitesse suffisante, créer, comme c’est le cas pour
Copernicus, des chaines de cratères secondaires.
90
6.4 Certaines raies ont une origine difficile à définir.
Les éjectas, qu’ils soient régulièrement répartis ou en « aile de papillon », sont centrés sur leur cratère
d’origine. Mais, dans certains cas, cette disposition n’est pas respectée et le cratère d’origine est difficile à
identifier. Les raies peuvent également avoir des orientations inattendues.
Bessel : la raie brillante de Mare La forme en baïonnette de la raie de Les raies de Tycho, s’étendent sur
Serenitatis, d’une longueur de 150 km Glushko, à l’ouest d’Oceanus des centaines de kilomètres et sont
semble centrée sur Menelaus et Procellarum pose problème : 130 km radiales. Une raie (en bas à
chevauche Bessel. Le problème est avant Seleucus, la raie change de gauche) ne répond pas à ce
qu’elle n’est visible qu’à partir de 130 direction ; de nord-est elle passe à nord critère : elle est tangente au
km de ce qui serait son cratère pour reprendre la direction nord-est sur cratère. Les raies sont
d’origine. 450 km asymétriques, peu présentes au
sud-ouest, ce qui montre que
l’impact qui a créé le cratère était
oblique
6.5 Les roches fondues par l’impact.
Une auréole plus sombre entoure l’enceinte de Tycho. Elle est formée par des roches fondues par
la chaleur dégagée lors de l’impact.
LRO
La deuxième partie du processus de formation d’un cratère correspond au dépôt de matériel hétérogène
formé au cours de l’impact. Sa granulométrie va de la poussière au rocher multimétrique et aux roches
fondues par la chaleur de l’impact. Les fragments les plus lourds se retrouvent près du cratère ainsi
formé, les plus légers peuvent être projetés à des distances considérables. Certains de ces fragments
peuvent même dépasser 2,38 km/s, échapper à l’attraction lunaire et se retrouver sur Terre sous forme de
météorites. On en a recensé un peu plus de 110 provenant d’une cinquantaine de chutes différentes. Elles
se présentent sous forme de brèches constituées par les fragments de roches brisées enrobés dans du
matériel fondu lors de l’impact.
Ces roches fondues retombent très rapidement dans l’enceinte du cratère. Encore fluides, elles peuvent
s’écouler sur de longues distances, semblables aux coulées de laves des volcans terrestres de type
strombolien ou hawaïen. Les images en gros plan à haute définition réalisées par la sonde LRO révèlent
l’aspect fondu de ces dépôts retombés au centre du cratère Tycho, nappant les roches broyées comme du
91
chocolat fondu. Mais une des images les plus spectaculaires est une véritable rivière de roche fondue
figée qui descend le long des pentes de Tycho.
Lorsqu’on observe la Lune au 115 mm avec un grossissement de 30 fois on a une vue d’ensemble. On
voit que certaines mers ont une forme circulaire. C’est flagrant pour Mare Imbrium et bien visible
malgré la perspective pour Mare Crisium et Mare Humorum.
92
- les mers dont la forme circulaire apparait rapidement comme Mare Crisium, Imbrium, Nectaris
Serenitatis ou s’esquisse comme Humorum, Nectaris, Fecunditatis. Cette catégorie regroupe la plupart
des mers importantes.
- des mers de forme irrégulière comme Mare Frigoris ou Mare Nubium,
Certaines mers comme Mare Undarum, bordée par Lacus Perseverantiae, sont en fait une association de
Lacus, structures plus petites et de forme irrégulière.
Choisissons comme temps 0 celui communément admis pour la formation du système solaire :
4,568 milliards d’années,
Les planètes gazeuses et telluriques se sont formées très tôt, entre 4,560 et 4,520millards d’années,
par accrétion des corps rocheux et des gaz du nuage protoplanétaire.
A l’issue de cette accrétion les planètes telluriques étaient recouvertes d’un océan de magma en
fusion qui se refroidit lentement. Elles sont soumises à des collisions et, en permanence, à un
bombardement intense qui forme des cratères de taille variable de quelques kilomètres à 300
kilomètres. Le témoignage de ce phénomène est particulièrement visible sur Mercure, la Lune et les
astéroïdes comme Vesta.
Notre système solaire est un système parmi des centaines officiellement répertoriés, parmi des
milliards à découvrir. Mais c’est un système à part, qui ne correspond pas à ceux que l’on observe
par ailleurs, du moins pour l’instant.
Une constante des systèmes exoplanétaires est que les planètes géantes gazeuses sont très proches de
leur étoile d’origine, dix fois plus proche que Jupiter ne l’est du Soleil. Le « Jupiter chaud » de 51
Pégase est à 0,05 UA de l’étoile ; Jupiter est à 5,5 UA du Soleil. Pourquoi Jupiter est-il aussi
éloigné ? En quoi cela concerne-t-il la Lune ?
Le modèle qui va nous servir de référence est dit « de Nice » car mis au point en 2005 par quatre
chercheurs de l’observatoire de Nice, Rodney Gomes (Rio de Janeiro, Brésil), Hal Levison
(Boulder, Colorado), Alessandro Morbidelli (Nice, France) et Kleomenis Tsiganis (Thessaloniki,
Grèce)
Pour se former, Jupiter et Saturne ont exploité tous les éléments du disque qu’ils parcourent et ont
creusé ainsi un sillon dans ce disque protoplanétaire. Les gaz du disque externe cherchent à remplir
le sillon et entrainent Jupiter vers l’intérieur du système solaire. Saturne et les autres planètes
gazeuses le suivent, surtout Saturne qui se rapproche très près de Jupiter. A l’issue de cette
migration, qui dure 600 millions d’années, les quatre planètes gazeuses sont situées entre 5 UA pour
Jupiter et 15 UA pour Neptune, aujourd’hui respectivement à 15 et 30 UA.
Vers 3,9 milliards d’années, les orbites de Jupiter et Saturne vont entrer en résonance 2/1 : Jupiter
fait 3 révolutions pendant que Saturne en effectue 2. Dès lors la migration de Jupiter est bloquée ; il
ne se déplace plus vers l’intérieur du système, ce qui explique pourquoi il n’est pas aujourd’hui
aussi près de son étoile que ne le sont les « Jupiter chauds » des exoplanètes. Sous l’effet répété des
interactions entre Jupiter et Saturne, leurs orbites se modifient, prennent une forme d’ellipse
prononcé et les planètes s’éloignent alors du Soleil, repoussant Uranus et Neptune vers l’extérieur.
93
Cela aura pour conséquence de déstabiliser les planétésimaux transneptuniens qui seront soit éjectés
à l’extérieur du système soit injectés violemment vers l’intérieur ainsi que les astéroïdes situés entre
Mars et Jupiter qui, eux seront plutôt projetés vers le système solaire interne. Ce grand
chambardement entraine le Grand Bombardement Tardif (GBT), daté à 3,9 milliards d’années, qui
va fortement modifier la surface de la Lune et de la Terre. Mais en ce qui concerne cette dernière,
toute trace a disparu.
Il est évident que les cratères continentaux et les mers ne sont pas contemporains. Le processus de
superposition s’applique parfaitement. Si nous pouvons dater la formation de la croûte, il est plus
difficile de dater la formation des bassins. Par contre, nous pouvons dater les mers avec les
échantillons ramenés par Apollo. Nous trouvons 3,9 à 3,2 milliards d’années.
Les bassins sont des cratères géants de 300 à 2 500 km; ils ont une morphologie différente des
cratères plus petits. Ils ont deux anneaux concentriques ou plus et pas de pics cent raux. Il en
existerait 60, 19 certains, 24 probables et 20 hypothétiques.
94
Pendant des centaines d’années, les observateurs lunaires n’ont pas identifié les bassins lunaires
car ils étaient difficiles à déceler, submergés par les laves marines. De plus leur s formes
circulaires ne sautaient pas aux yeux jusqu’à ce que Bill Hartmann, un étudiant de Gerard
Kuiper, projette des images sur une sphère et mette ainsi en évidence la structure circulaire de
Mare Orientale, un bassin de 930 km situé en grande partie sur la face cachée, comportant trois
anneaux concentriques bien visibles car non recouverts par les laves marines.
Paul Spudis
La structure la plus facile à observer sur la face visible est celle du bassin Nectaris dont la partie
centrale est occupée par Mare Nectaris. Le bassin n’a vraiment bien été identifié qu’à partir du
moment où on a également bien identifié Orientale.
Plusieurs indices permettent de le repérer : une partie de l’anneau interne de 400 km est constituée
par les Montes Pyrenaeus. Un autre anneau très fragmenté de 620 km est repérable car il traverse
les cratères Catharina et Columbo. Rupes Altaï est une partie importante d’un anneau externe de
860 km de diamètre.
Les bassins lunaires présentent en effet un ou plusieurs anneaux internes souvent recouverts par
des coulées de lave. Seuls apparaissent les parties les plus élevées de l’anneau. Le bassin
Imbrium, par exemple, présente un anneau dont les parties émergées sont Mons Pico, Piton,
Teneriffe, Montes Recti, deux pics à l’ouest de C.Herschel, Mons Delisle (The Baby), The Skrill,
un pic près de La Hire, un pic à l’ouest d’Archimedes, Montes Spitzbergen. Cet anneau fait 670
km soit la moitié du bassin sous tendu par les Apennins. Le ratio 1 à 2 entre le diamètre du bassin
95
et celui du premier anneau interne se retrouve dans d’autres bassins. Par contre, en ce qui
concerne Imbrium, il est décentré en direction de Sinus Iridum.
De nombreux bassins ont ainsi été identifiés, 10 sur la face visible et 14 sur la face cachée. En fait
toutes les mers lunaires correspondent à des bassins bien que, il soit parfois difficile de les
identifier comme c’est le cas pour Fecunditatis, Tranquillitatis et Nubium. En plus des bassins
dont le nom est lié aux mers, d’autres portent le nom de grands cratères remplis par les laves
sombres comme Bailly, Grimaldi et Pingre. D’autres comme le basin Zucchius Schiller, Mendel
Rydberg portent les noms de cratères placés en bordure du bassin et diamétralement opposés. La
nomenclature a été définie par l’USGS - United States Geologic Survey.
96
Cette carte révèle de façon spectaculaire la présence d'un méga-bassin circulaire sur la face cachée -
l'énorme bassin Pôle Sud-Aïtken (PSA) de 2600 km de diamètre (image de droite). S’il est
essentiellement situé sur la face cachée, une partie de l'anneau extérieur appartient à la zone
montagneuse du pôle sud visible depuis la Terre. A gauche, les relevés montrent que la région de
Procellarum apparait certes comme une zone de basse altitude, mais qu’elle n'est pas circulaire mais
plutôt en forme de fer à cheval (pointillés). De plus, la structure avec anneaux suggérée par
Whitaker n’apparait pas clairement alors qu’elle est évidente pour PSA. L’hypothèse qu’Oceanus
Procellarum soit un ancien bassin d’impact a du plomb dans l’aile.
Mais certaines idées ont la vie dure ; plusieurs tentatives ont été faites pour ressusciter le bassin.
Une étude a été réalisée à partir des données de cartographie minéralogique obtenues par la sonde
japonaise Kaguya (SELENE). Elle a porté sur la distribution de l’orthopyroxène (un silicate de
magnésium) par rapport aux deux grands bassins Pôle Sud-Aïtken et Imbrium. La présence de ce
minéral a également été notée en affleurements sur les hautes terres adjacentes à Oceanus
Procellarum. Ces affleurements proviennent d’un lent refroidissement d’énormes emplâtres de
roches fondues lors de l’impact, emplâtres dont l’origine serait le bassin Procellarum qui refait donc
surface. Mais il y a un mais.
Il n'est pas établi que la seule et unique façon de former de l’orthopyroxène soit le lent
refroidissement de roche fondue par un impact. Quand ce minéral s’associe avec le plagioclase, le
minéral le plus abondant des régions montagneuses lunaires, il constitue un type de roche appelé
« norite ». La norite est très abondante sur la Lune. C'est le type de roche dominant sur les sites
Apollo 14, 15 et 17 et on la trouve ailleurs en grande quantité. Elle est particulièrement répandue sur
les bords du bassin Imbrium et on pourrait même dire que la norite caractérise ce bassin. Il n’est
plus besoin d’avoir recours à l’existence antérieure du bassin Procellarum pour expliquer la
présence d’orthopyroxène.
La preuve de l'existence du bassin Procellarum (s’il n’a jamais existé) doit donc être recherchée
ailleurs, dans sa topographie.
La préservation des reliefs du bassin Pôle Sud-Aïtken est surprenante. Cette formation est l'une des
plus anciennes sur la Lune ; son âge est estimé à 4,36 milliards d’années soit moins de 200 millions
d’années après la formation de la Terre et de la Lune. Mais elle présente toujours une excavation de
plus de 12 km de profondeur, ce qui caractérise plutôt une formation récente. Suite aux processus
d’érosion naturels en activité sur la Lune, on pourrait en effet s'attendre à trouver ici des reliefs
pratiquement inexistants, ce qui rend la découverte de reliefs importants par la mission Clementine
97
plutôt troublante. Dans le même temps, Procellarum apparait comme une vaste dépression
irrégulière d’une profondeur moyenne de 3,5 kilomètres; son absence de relief est plus en ligne avec
ce que l'on pourrait s'attendre pour l’un des plus vieux, si ce n’est le plus vieux bassin sur la Lune.
Un point pour Procellarum.
Cependant, contrairement à tous les autres bassins lunaires, Procellarum présente une importante
bosse topographique de 2 à 3 km près du centre (près du cratère Copernicus). Aucun autre bassin sur
la Lune ou sur une autre planète ne présente de reliefs intérieurs dont l’altitude soit supérieure à la
hauteur de son enceinte. La présence d'un renflement au sein de Procellarum n’est donc pas
compatible avec l'idée qu'il puisse s’agir d'un bassin d'impact. Un point contre Procellarum.
Dernières nouvelles
7.5 Les mascons : la remontée du manteau sous les bassins d’impact. L’exemple
d’Imbrium.
98
intérieur. Il s'agit de la zone où la mer est la plus épaisse. Cela conforterait l’idée que la masse de
lave marine joue ici un rôle plus important que la remontée de manteau.
Mare Serenitatis, à droite, est différente. Son mascon occupe le bassin tout entier, avec seulement
une berge étroite (gris clair) sur les côtés nord et est. Ici la remontée du manteau est privilégiée.
Il existe de petites anomalies près de Prinz et au sud du Plateau d’Aristarque. Celles-ci sont
probablement associées à un magma souterrain figé qui a préalablement soulevé ces deux
formations et généré une activité volcanique dont témoignent les rainures sinueuses.
Les collines de Marius correspondent à une autre anomalie, qui n’a pas pour origine la présence de
lave en surface mais celle d’une chambre magmatique sous-jacente qui a nourri les éruptions des
nombreux dômes de cette zone.
L’anomalie au sud d’Eratosthenes correspond à la zone pyroclastique de Sinus Aestuum.
Enfin l'anomalie sur Hyginus et ses rainures ne se retrouve pas sur Rima Ariadaeus toute proche.
Ceci est logique car Rima Hyginus associe une caldeira et des zones éruptives alors que Rima
Ariadaeus est une fracture purement tectonique, un graben.
Image GRAIL
La plupart des scientifiques lunaires semblent accepter l'hypothèse d'un Grand Bombardement
Tardif mais d'autres chercheurs se posent des questions. Gerhard Neukum et col. ont examiné la
distribution des âges des échantillons choqués ramenés par Apollo et des météorites lunaires - des
morceaux de Lune éjectés par des impacts et tombés sur Terre. S'ils constatent bien un pic des âges
autour de 3,9 milliards d’années, ils trouvent également des preuves d'impacts antérieurs.
Les échantillons des missions Apollo 14 et 15 présentent une forte concentration à 3,9 milliards
d’années. Ces missions ont échantillonné des éjectas d'Imbrium.
Apollo 16 et 17 étaient loin d'Imbrium; leurs échantillons de roches choquées datent aussi de
3,9 milliards d’années mais ils ont également enregistré d'autres grands évènements datant de 4,1 et
4,2 milliards d’années.
Les météorites lunaires - qui présentent un échantillonnage plus large que les missions Apollo -
n'ont pas de pic à 3,9 milliards d’années mais montrent que de grands impacts - formation de grands
cratères - se sont produits bien avant et après cette époque.
Peut-être n'y a-t-il jamais au de Grand Bombardement Tardif mais deux épisodes, le premier entre
4.36 et 3.92 et un concentré entre 3.92 et 3.75 milliards d’années.
99
8E REMARQUE : LES MERS SONT GRISES MAIS CE N’EST PAS UN GRIS UNIFORME
Les mers lunaires sont d’un gris plutôt sombre. Leur albédo est en moyenne de 0,05 alors que celui des
continents est de 0,2.
Dans les années 1960 de nombreux articles étaient consacrés à la présence d’eau sur la Lune. Les traces
étaient évidentes, Rima Hadley ou Vallis Schroteri étaient alors considérées comme d’anciennes rivières
prenant leur source au pied des Montes Apenninus ou du cratère Aristarchus.
En prenant pour référence ce qui existe sur Terre. On peut comprendre pourquoi cette hypothèse.
Les analyses réalisées sur des échantillons ramenés par les missions Apollo ont montré qu’il n’en
était rien, au contraire. L’affirmation comme quoi la Lune est sèche a été élevée au rang de dogme
scientifique. Des raisons simples à cela : la Lune, dépourvue d’atmosphère, est directement au
contact du vide spatial et les températures extrêmes (+130°) rendent impossible la présence d’eau
en surface. D’autre part il n’y a pas d’eau au sein des minéraux qui composent les roches. Ils ont
cristallisé dans un environnement d’où l’eau était absente.
Le modèle de formation proposé alors - l’impact d’une mini planète sur la proto-Terre – résulte
entre autre de cette constatation. Elle s’explique par le fait que la chaleur dégagée lors de l’impact
a totalement dégradé l’eau, entrainant son absence dans les strates profondes de la future Lune.
Les choses semblaient acquises jusqu’à ce qu’à partir des années 1990 les sondes en orbite ou de
passage - Clementine, Lunar Prospector, Deep Impact, Chandrayaan-1 et l'instrument VIMS de la
sonde Cassini-Huygens - détectent la présence d’hydrogène et de radical OH en surface. Au début
les quantités ainsi mises en évidence étaient très faibles mais des mesures récentes montrent que
cette eau est présente à partir de 60° de latitude. C’est une zone de plus de 10 millions de
kilomètres carrés, soit environ un tiers de la surface totale de la Lune. Bien que l'eau ne semble
100
être présente que dans les quelques premiers millimètres de la surface, sa masse totale pourrait
être énorme, dépassant largement les plusieurs centaines de millions de tonnes estimées sous
forme de glace dans les zones sombres des pôles.
Bien qu'il soit très ténu - cinq atomes par centimètre cube - le vent solaire est très rapide, (500
km/s) et il impacte environ 40 grammes de matériau lunaire chaque seconde, ce qui, au fil du
temps, concerne des masses considérables. Quand le vent solaire frappe la surface, la plupart des
particules le constituant sont perdues dans l'espace. Mais certaines, l'hydrogène neutre ou de
l'hydrogène diatomique - s'enfouissent dans les grains de régolithe lunaire. Plus tard, les
micrométéorites frappant la surface font fondre des morceaux de régolithe et provoquent une
liaison entre l'hydrogène et les atomes d'oxygène présents dans divers minéraux, oxyde de fer par
exemple, présents en grande quantité. Les réactions libèrent OH, H2O et du fer métallique. Le fer
est la signature chimique de ce processus. Il a été détecté dans les roches ramenées par les
missions Apollo. Certaines des molécules d'eau créées de cette manière peuvent, à la longue,
atteindre les pièges polaires froids.
101
La détection de l’eau dans le permafrost, jusqu’à 2
m de profondeur, se fait à partir de la détection de
neutrons qui ont subi un ralentissement dans un
environnement modérateur. Ce milieu peut être de
la roche ou de l’eau, le permafrost étant un
assemblage des deux.
C’est d’ailleurs sur les parois du cratère Shackleton
situé près du pôle Sud de la Lune, que des mesures
radar ont confirmé la présence de 5 à 10% de glace
d’eau répartie inégalement.
8.13 Sèche ou humide ? Des réponses qui posent des questions sans réponse.
S’il y a bien eu de l’eau dans les couches profondes de la Lune et si l’on se tient au modèle de
l’impact, son origine pose alors problème :
- l’analyse isotopique suggère que l'eau viendrait de météorites primitives, le rapport
deutérium/hydrogène dans l'eau sur Terre et dans les échantillons lunaires étant identique à celui
retrouvé dans des météorites situés dans les parties extérieures de la ceinture d'astéroïdes et
connues pour être riches en eau.
A partir de ces constatations, les scientifiques ont émis l’hypothèse que l’eau était présente sur
Terre avant la formation de la Lune et que cette dernière aurait récupéré une partie de cette eau
d’origine terrestre lors de sa formation.
Néanmoins, ce scénario ne résout pas le problème de la vaporisation de l’eau qu’aurait dû
entraîner la chaleur dégagée lors de la collision à l'origine de la formation de la Lune.
Comment une partie de l'eau a-t-elle donc pu "survivre" ?
102
- L’impact de Théia est peut-être rasant, ce qui provoque une simple éjection de manteau
terrestre ; cette éjection n’entraine pas de hausse de température et l’eau est préservée. Elle peut
alors se retrouver par la suite dans les couches profondes.
- Théia pourrait être un corps essentiellement composé d’eau, une gigantesque comète ou un
astéroïde riche en eau.
Les choses se clarifient puis se compliquent : une analyse plus fine des basaltes marins originaires
du manteau indique la présence d’apatite, un minéral composé de calcium, phosphore, fluor,
chlore et d’un radical OH qui indiquerait la présence d’eau. Ceci n’a rien d’exceptionnel dans un
basalte terrestre mais certaines apatites lunaires présentent une très forte teneur en hydrogène ce
qui tendrait à prouver que le magma à partir duquel elles se sont formées devait être fortement
hydraté. Chandrayan + apatite = le modèle initial d’une Lune sèche est remis en cause et, par là
même, le modèle de formation incluant l’océan magmatique primordial résultant de l’impact par
un corps céleste important.
Mais une étude récente (2014, Boyce et col.) donne une autre origine possible pour H. La forte
teneur en hydrogène dans certaines apatites lunaires pourrait provenir du processus même de
cristallisation plutôt que d'un environnement riche en eau.
Dans le magma en fusion qui se refroidit, l'apatite peut se former en incorporant des atomes
d'hydrogène dans sa structure cristalline. Cependant l'hydrogène ne sera inclus dans le minéral
nouvellement cristallisé seulement si les apatites déjà formées ont épuisé le fluor et le chlore
présents dans le magma. En fin de processus de cristallisation l’apatite devient par défaut une
apatite riche en hydrogène. Le magma résultant en sera de fait fortement enrichi sans pour autant
que la présence d’eau soit avérée. C’est le paradoxe des apatites riches en hydrogène qui devaient
être des marqueurs de l’eau et qui n’ont peut-être aucune relation avec l’eau…Mais alors d’où
provient l’hydrogène qui aurait dû normalement disparaitre au tout début de la formation de la
Lune ?...
La seule chose que nous pouvons aujourd’hui affirmer est la présence d’eau en surface à partir de
60° de latitude.
Faute d’eau, le choix reste donc très large : nuages, champs cultivés, fumées, insectes migrateurs
sont des hypothèses envisagées par le passé.
Voici ce qu’écrit Pline l’Ancien dans Histoire naturelles livre II, un peu avant que le Vésuve ne
l’engloutisse : … les astres sont alimentés par les humidités terrestres, car à demi-pleine elle
paraît couverte de taches, n'ayant pas encore toutes les forces qu'il lui faut pour les faire
disparaître en les absorbant; or, ces taches ne sont que des souillures enlevées à la Terre en
même temps que les humidités…
Si le choix porte sur des roches, la couleur grise peut être associée à des schistes -cartons,
migmatites, gneiss, basaltes… Les sondes lunaires vont permettre de préciser la nature des roches
et donc l’origine des mers.
28 septembre 1966: Luna 9 est la neuvième sonde soviétique du programme Luna, programme qui
a connu de nombreux déboires. Elle restera dans l'Histoire comme le premier engin à réussir un
atterrissage en douceur sur un corps céleste et à transmettre des photographies prises in situ vers
la Terre. L'alunissage a eu lieu dans Oceanus Procellarum (l'Océan des tempêtes).
24 décembre 1966 : Luna 13 alunit dans Oceanus Procellarum. Elle transmet des photos et
procède à des analyses de la structure du sol.
8 septembre 1967 : Surveyor 5 effectue la première analyse chimique du sol lunaire.
La mission Apollo 17 (1972), dans la région Taurus-Littrow, marque un tournant dans la
compréhension de la formation des mers lunaires.
103
Cette image montre au premier plan à droite le sol
orange découvert par Harrison Schmitt sur les
pentes du cratère Shorty au cours de la mission
Apollo 17.
Le sol orange est composé de gouttelettes de verre,
de la taille d’une tête d’épingle. Sa composition est
basaltique et il contient du titane.
Ces gouttelettes se forment habituellement dans des
fontaines de lave caractéristiques d’un magma
basaltique très fluide.
Cette découverte exceptionnelle n’aurait pas dû
avoir lieu car l’échantillonnage de cette zone n’était
pas prévu dans le programme d’ Harrison Schmitt.
C’est lui, géologue et seul non militaire du
programme Apollo, qui a décidé du prélèvement
avec comme idée qu’il pouvait s’agir de lave
oxydée, ce qui aurait prouvé la présence d’eau dans
le magma primitif.
NASA
Apollo 17 confirme que les mers lunaires sont formées par du basalte, une roche magmatique éruptive. La
Lune a donc connu une activité volcanique intense.
Des échantillons ramenés par les missions Apollo ont permis de déterminer que les mers étaient constituées
de dépôts successifs de coulées de lave. Ce phénomène semble général pour les planètes telluriques. Vénus,
Mars et surtout Mercure en portent témoignage à tel point que rien ne distingue apriori un gros plan de
Mercure avec le même plan de la Lune. La Terre n’échappe pas à ce schéma puisque sa surface est
composée à 70% de matériaux d’origine volcanique. La différence avec les autres planètes est que la quasi-
totalité de ceux-ci est sous-océanique.
Le volcanisme terrestre est différent du volcanisme lunaire, il est plus complexe : volcanisme de collision,
de subduction dû à la tectonique des plaques (volcans de la ceinture de feu), volcanisme de point chaud
(Hawaï), volcanisme fissural (corne de l’Afrique). La présence d’eau dans les magmas ainsi que leur teneur
en silice modifient la forme d’une éruption : éruption explosive avec émission de nuées ardentes des
« volcans gris ». Un séjour de courte durée du magma dans la chambre magmatique va entrainer une
éruption de lave fluide ; un séjour de longue durée, concourant à l’augmentation du taux de silice, va
générer une lave visqueuse.
104
Avec l’absence, ou du moins la très faible teneur en eau dans le manteau, on s’attend donc à ne rencontrer
sur la Lune qu’un volcanisme effusif comme Vallis Schroteri. Il est vrai que celui-ci domine largement
mais il existe un volcanisme de moindre importance produisant des dômes et des protrusions.
Parmi d’autres, les dômes de Gruithuisen en bordure ouest de Mare Imbrium.
A l’exception de ces dômes trapus, il n’existe pas de volcans de taille importante sur la Lune. Le
volcanisme prend la forme de petits cônes généralement regroupés et généralement en pente douce. Les
collines de Marius en sont un exemple. Une étude portant sur 18 volcans ou supposés tels montrent que
leur diamètre varie de 635 à 2 700 m pour une hauteur de 15 à 145 mètres.
105
Le début de l’activité volcanique est difficile à
dater, peut-être se situe-t-il vers 4,3 milliards
d’années, associé à la formation du bassin Pôle
Sud-Aïtken. Elle devient mieux identifiable à partir
de 3,92 milliards d’années et connait une forte
activité entre 3,8 et 3,2 milliards d’années. Elle se
poursuivra ensuite jusqu’à 1,1 milliard d’années et
peut-être même, sporadiquement, jusqu’à 100
millions d’années.
Dans certains bassins la mise en place ne dure que
500 millions d’années alors qu’ailleurs elle peut
s’étendre sur 1,5 milliard d’années.
Apollo 12 a permis de déterminer qu’au sud
d’Oceanus Procellarum le sol était localement
constitué de deux coulées différentes. La partie la
plus récente est datée à 2,7 milliards d’années, la
plus ancienne à 3,3 milliards d’années.
Le flot de Rima Hadley a été daté à 3,3 à 3,4
milliards d’années grâce à Apollo 15.
Les laves les plus anciennes se trouvent le plus souvent dans les mers de la partie orientale de la Lune; les
plus récentes dans les mers de la partie occidentale. Dans ces régions, les laves les plus récentes se trouvent
à l’intérieur des laves plus anciennes, comme si elles les avaient recouvertes.
Vers 2,5 milliards d’années quelques rares épanchements de lave se produisent dans Mare Marginis et
Mare Australe puis se déplacent vers l’ouest, en particulier dans Oceanus Procellarum et à l'ouest de Mare
Imbrium.
Les laves les plus jeunes se trouvent à l'intérieur du Procellarum KREEP Terrane (PKT), zone
anormalement riche en éléments radioactifs qui ont, ici, prolongé la fusion du manteau, fusion interrompue
ailleurs.
106
Lichtenberg en haut de l’image
Une solution parfaitement plausible est que l’éjecta a été recouvert. Or la partie manquante correspond à
une tache sombre de laves marines. Si les laves ont recouvert les éjectas, elles sont plus jeunes donc âgées
de moins de 1 milliard d’années (Hiesinger propose une datation à 1,680 milliard) ce qui en font les laves
les plus récentes présentes sur la Lune. Cette hypothèse est confirmée par le décompte des cratères entre les
zones claires plus anciennes (5 cratères >1000 m et 40<1000 m) et les zones plus sombres (1>1000m et
22<1000m). Les éjectas de Lichtenberg sont visibles en haut de l’image.
8.34 Pourquoi les mers sont – elles concentrées sur la face visible ?
Les mers résultent donc des épanchements de lave qui ont envahi les bassins d’impact. Ces bassins sont
présents sur les deux faces ; alors pourquoi n’y a-t-il pratiquement pas de mers sur la face cachée ?
Ce mystère, dénommé « Problème des hautes terres de la face cachée de la Lune », remonte à 1959 quand
la sonde soviétique Luna 3 a transmis les premières images de la face cachée.
Selon Wright l'absence de mers serait due à une différence d'épaisseur de la croûte entre les deux faces,
conséquence du processus de formation de la Lune.
Peu de temps après l'impact, Terre et Lune étaient très chaudes et la Lune était 10 à 20 fois plus proche de
la Terre qu'elle ne l'est actuellement. Très rapidement une synchronisation s’est établie entre la rotation de
la Lune et sa période orbitale autour de la Terre.
La Lune, plus petite que la Terre, refroidit plus rapidement. La Terre et Lune étant verrouillées par leurs
marées, la Terre, encore très chaude (plus de 2 500° C), rayonne sur la face proche de la Lune. Sa face
cachée, la plus éloignée de la Terre, refroidit lentement, tandis que la face visible est maintenue en fusion.
Ceci crée un gradient de température entre ses deux faces.
Ce gradient est important dans la formation de la croûte de la Lune. Celle-ci contient de l'aluminium et du
calcium qui sont les premiers éléments à se condenser lorsque la roche commence à refroidir. La première
zone de la Lune à se refroidir est la face opposée à la Terre ; aluminium et calcium s’y retrouvent donc en
107
abondance contrairement à la face visible trop chaude. Par la suite ces éléments se sont combinés avec des
silicates du manteau de la Lune, pour créer le feldspath plagioclase et finalement migrer vers la surface et
former la croûte anorthositique. Celle de la face cachée possédant plus de minéraux, est plus épaisse.
Lorsque les météorites ont frappé la face cachée, ils ont poinçonné une croûte plus épaisse que sur la face
visible. Le magma a donc eu plus de difficultés à atteindre la surface, ce qui expliquerait le déficit en mers
et la présence de grands bassins circulaires environnés de cratères, vallées, montagnes et hauts plateaux, le
visage de la Lune avant l’apparition des mers.
Une autre interprétation a été donnée suite à la mission GRAIL (Zuber – Wieckzorek). L’importance d’un
bassin d’impact est proportionnelle à la température de la roche impactée. Or la subsurface de la face
visible est riche en KREEP donc plus chaude que la face cachée, riche en calcium, fer et titane. Ceci
explique pourquoi les bassins de la face visible sont plus grands que ceux de la face cachée alors que les
impacteurs avaient sensiblement la même taille. Lors de la formation de bassins larges et profonds, un
volume important de croute est excavé et il n’en reste qu’une mince épaisseur, moins de dix kilomètres. Le
basalte du manteau peut ainsi parvenir plus facilement en surface et occuper un bassin d’autant plus large
qu’il a été créé sur une zone plus chaude.
Faible Faible Ap 17 L 24
Très faible Elevé
Elevé Faible
Elevé
Faible Faible Ap 12 Ap 15
Faible Elevé
Elevé Faible Ap 14 L 16
Elevé Ap 14
Faible Faible Ap 11 Ap 17
Elevé Elevé Ap 11
Elevé Faible
Elevé
On remarque que les basaltes sont hétérogènes, une même mission pouvant collecter au moins
deux types de basalte sur un même site (Apollo 11, 14 et 17).
La différence de composition peut facilement être mise en évidence par la photographie amateur
en renforçant les contrastes.
108
Les variations de teinte à la surface des mers indiquent que les laves marines ont des
concentrations en titane très variables. Les coulées anciennes, (3,7/3,8 milliards d’années)
riches en titane, sont sombres. Les laves plus jeunes, (3,4/3,0) plus claires, en sont plus pauvres.
Mare Serenitatis
109
8.36 Les basaltes sont-ils les seules roches volcaniques ?
Il existe sur Terre des volcans de forme trapue, par opposition aux formes coniques des volcans formés par
les basaltes. Ils sont constitués le plus souvent par des laves acides (forte teneur en silice). Parmi elles, des
trachytes, laves claires bien connues dans le Massif central (dômite : trachyte du Puy de Dôme.). Très
compactes, ces laves ne s’écoulent pas et forment un bouchon à l’orifice de la fracture éruptive. Cette
morphologie semble exister sur la Lune sous la forme de dômes compacts par opposition aux dômes de
forme conique. Les plus connus sont les dômes de Gruithuisen près de Sinus Iridum et le dôme de Rümker,
une île dans la partie nord d’Oceanus Procellarum. La composition des premiers (laves acides) comme
celle des deuxièmes (basalte) restent au stade d’hypothèse, ni les Américains ni les Russes n’ont
échantillonné ces sites.
110
Hansteen Alpha, « la Pointe de flèche »
Dans la partie sud-ouest d’Oceanus Procellarum, Hansteen Alpha (HA) est une forme triangulaire très
brillante qui rappelle celle d’une pointe de flèche. Elle est facilement repérable entre le cratère à fond
fracturé Hansteen et Billy, un cratère envahit par les laves marines. Bien qu’elle se situe entre ces deux
cratères, elle n’est pas recouverte par leurs éjectas riches en fer et titane, minéraux non présents sur HA.
Cette formation est donc plus récente et est interprétée comme un monticule formé par une intrusion
volcanique. Hansteen alpha présente des similitudes de forme, de morphologie et de structure avec les
couches de dacite ou rhyolite terrestres, des laves plutôt visqueuses. Tout comme ces laves, Hansteen alpha
contient plus de thorium que les laves marines lunaires mais moins que les roches continentales ; ce qui en
fait une roche intermédiaire entre les basaltes et les anorthosites.
Herigonius, « le Casque »
La région du « Casque », encore appelé
Herigonius Region est beaucoup plus complexe
que celle de la « Pointe de flèche ». Elle est
constituée d'au moins cinq unités géologiques :
des matériaux sombres d’origine marine, des
matériaux d’albédo intermédiaire dans la partie
orientale de la zone, une zone claire, une zone
bosselée et deux massifs (Herigonius m et p).
On a, dans un premier temps, pensé que le matériau clair qui constituait la majeure partie du « Casque »
était semblable à celui qui va de Stofler - Maurolycus à Boguslawsky - Rosenberg dans la partie sud-est de
la Lune, une zone claire et plate au beau milieu d’une zone très cratérisée. Cette structure était considérée
comme les vestiges de la croûte primordiale, miraculeusement épargnée par les impacts, datée à 4,5
milliards d’années. Puis on a pensé qu’il pouvait s’agir d’une émission de lave claire qui aurait précédé les
éruptions marines. En 1972 cette zone a été classée comme zone d’éjecta du bassin Mutus Vlacq, le plus
ancien bassin lunaire dont l’existence semble confirmée par les données altimétriques de Clementine. Mais
des analyses plus fines montrent des associations entre des zones claires et des zones bosselées pour
lesquelles une origine volcanique semble plutôt privilégiée.
Le « Casque » résulterait d’une activité volcanique plutôt acide datée à l’Imbrien. (3,85 à 3,20 milliards
d’années).
111
Il semble qu'il y ait au moins deux caldeiras, une au
centre mesurée et une autre au nord avec une
bordure orientale courbe bien définie. Si c'est
vraiment un relief volcanique, c'est probablement
un grand volcan bouclier, comparable par ses
dimensions à l'île d'Hawaii Le mégadôme de
Gardner est peut-être en relation avec les activités
volcaniques repérées près de Littrow et de Cauchy.
Carte AVL
112
Mons Rümker est une formation volcanique isolée
de 70 km de diamètre et d’une altitude moyenne
d’environ 1 100m, située au nord-ouest d’Oceanus
Procellarum 40°48’N, 58°6’ O. Ils sont constitués
d’un assemblage d’une trentaine de dômes lunaires
dont certains présentent des cratères sommitaux. 1
800 km3 de lave marine ont été émis par les dômes
et se sont refroidis lentement. L’ensemble est
incliné: 900 m à l’ouest, 1 100 m au sud et 650 m à
l’est. Mons Rümker ne peut pas être considéré
comme un véritable mégadôme issu d’une éruption
unique mais le nombre important de dômes
associés lui en donne l’apparence.
Ces trois grands centres volcaniques se trouvent sur une ligne imaginaire située au milieu de la
partie nord-ouest d’Oceanus Procellarum. A l'extrémité nord (à droite) se trouve Mons Rümker, le
plus petit et le moins visible de ces centres. Mais Mons Rümker est, comme les deux autres
centres volcaniques, un type unique de relief; un amoncèlement de dômes volcaniques qui se
chevauchent. Les dômes pris individuellement sont de taille similaire à des dômes tels que ceux
situés près d’Hortensius, mais l'ensemble s'élève à environ 800 m au-dessus de la mer. En suivant
la ligne imaginaire, bien qu’il existe une très discrète dorsale marine, on trouve le plateau
d’Aristarque qui est probablement une structure soulevée, comme Montes Harbinger à proximité,
couverte par des laves marines et plaquée de dépôts pyroclastiques dont l'origine est l'évent de la
Tête de cobra de Vallis Schroteri. Enfin on trouve le complexe volcanique des collines de Marius
(à gauche), un autre regroupement de cheminées largement réparties plutôt que regroupées. Il y a
là plus de 200 cônes aux pentes raides dont certains semblent tout juste émerger d'une large zone
surélevée dont les limites est et nord sont situées bien au-delà de la zone des cônes. Sont
également présents des évents et des rainures sinueuses.
A la fin des années 1960, Hal Marsursky a émis l'hypothèse que ces trois centres volcaniques
anormalement importants se trouvaient le long de l'équivalent d'une dorsale médio -océanique
terrestre. Or, une crête rectiligne bien visible sous un éclairage rasant relie Rümker au plateau
Aristarchus ; une autre, moins prononcée va du plateau aux collines de Marius. Elles sont peut-
être la manifestation en surface d’une faille profonde, une des principales fractures de la croûte
lunaire. Les trois centres volcaniques pourraient être l'équivalent de l'Islande, une île volcanique
terrestre en formation sur une dorsale en expansion.
Sur Terre, les géologues ont réussi à comprendre en partie pourquoi un type de volcan est présent
dans une zone donnée et d'autres types dans d'autres zones. La tectonique des plaques est la
principale explication car elle influence fortement la composition du magma, la teneur en gaz, le
volume et la viscosité des laves. Sur la Lune, cette pierre angulaire de la compréhension du
volcanisme est depuis toujours absente. Pourtant les collines de Marius montrent que, sur un
même site, la composition du magma peut changer au fil du temps. Bien que la plupart des
collines soient des cônes, il y a aussi des dômes présentant des pentes douces, des évents sans bord
113
donnant naissance à des rainures (dont Rima Marius) et des coulées de lave massives au nord des
collines. Nous pouvons en déduire que la teneur en gaz a varié au cours du temps, ce qui a conduit à
ces différents types d'éruptions ; mais nous ne savons pas le pourquoi de cette variation. Ni pourquoi,
à plus grande échelle et bien qu’il s’agisse là de méga-mégadômes, ces trois complexes sont aussi
différents.
Paul Spudis (Lunar and Planetary Institute à Houston) a proposé l’existence de dômes de très
grandes tailles associés à des terrains volcaniques, semblables à des volcans boucliers que l’on
retrouve sur Mars, Vénus et sur Terre. Le MMD de Mayer-Hortensius (image du milieu) fait 300 km
de large et 2 000m d’altitude. Des dômes classiques, o sur l’image de droite, sont associés à ce
MMD, répartis plutôt à la périphérie. On retrouve également des MMD centrés sur Cauchy, Kepler,
Marius, Aristarchus et Prinz Harbinger. Contrairement aux formations similaires situées sur les
autres planètes, les MMD lunaires ne présentent pas de caldeiras sommitales, de fissures radiales ni
d’importantes coulées. Par contre ils semblent avoir influencé l’activité volcanique locale (dômes, et
rainures).
La position des grandes structures volcaniques montrent que le volcanisme est un phénomène
essentiellement marin. En plus de la possibilité d’accès vers la surface rendue facile par la présence
d’un sol fracturé lors de l’impact, les éruptions ne peuvent se produire que si du magma est présent
en profondeur. Cela dépend de la répartition spatiale des sources de chaleur dans la structure interne
de la Lune.
114
8.6 Les dépôts pyroclastiques
Il existe deux types de zones très sombres qu’il ne faut pas confondre: les cratères à halo sombre et
les dépôts pyroclastiques.
Les premiers ont pour origine des cratères d’impacts qui ont porté en surface un sous-sol sombre.
Les seconds sont une manifestation de l’activité volcanique lunaire.
Les matériaux pyroclastiques visibles sous forme de dépôts sombres sont plus lisses que la plupart
des autres matériaux lunaires. Ceci s’explique car ils ont pour origine des éruptions explosives qui
fragmentent les roches, de la taille du rocher à celle de la cendre. Ces éruptions sont comparables à
des « fontaines de lave » terrestres. Les zones les plus vastes de dépôts pyroclastiques sont appelées
Regional Dark Mantling Deposits (RDMD). Elles sont composées de dépôts volcaniques dont la
plupart sont « vitreux ». Ces verres représentent le matériau le plus primitif parmi les échantillons
prélevés par les missions Apollo et ont permis de mieux comprendre la composition interne de la
Lune.
115
8.62 Dépôts pyroclastiques et cratères à fond fracturé : le cas Alphonsus
Le plancher d’Alphonsus, un
cratère de 118 km de diamètre
présente six taches sombres.
Quatre sont interconnectées par
une fissure et chacune possède un
petit cratère puits de 1 à 1,5 km
de diamètre et de 100 à 200 m de
profondeur. Les dépôts sombres
sont des cendres volcaniques. Le
relief des petits cratères n’a rien à
voir avec celui d’un volcan
strombolien.
La modélisation d’une éruption lunaire de puissance identique à une « fontaine de lave » terrestre, en
absence d’atmosphère (pas de résistance) et sous une gravité six fois plus faible (les cendres vont six fois
plus loin), donne un profil de cratère très bas, identique à celui des évents d’Alphonsus. Des analyses
spectroscopiques ont montré la présence d’olivine et de pyroxène, minéraux caractéristiques du basalte
lunaire marin. Celui-ci serait donc présent sous le plancher d’Alphonsus. Ce qui ne semble pas être le cas
sous le plancher d’Arzachel, également parcouru de rainures et situé juste au sud d’Alphonsus.
Image LRO
Il est communément admis que la Lune est un astre mort, qui n’a pas évolué de manière notable depuis 3
milliards d’années. Toutefois certains phénomènes observés depuis la Terre ou en orbite conduisent les
scientifiques à remettre en cause cette affirmation, du moins à toute petite échelle.
116
Herschel, la NASA, Armstrong et Aldrin
Compte rendu sur Trois volcans sur la Lune par William Herschel, L.L.F.R.S ; communiqué par
Sir Joseph Banks, Bart. P.R.S.
117
de la Lune. Et je n'ai perçu aucun phénomène similaire lors de la dernière lunaison alors que
j’observais les mêmes lieux avec le même instrument.
L'apparence de ce que j'ai appelé du feu ou une éruption volcanique est tout à fait semblable à
celle d’un petit morceau de charbon ardent couvert par une très fine couche de cendres blanches
qui adhèrent à sa surface lorsqu’il a brûlé un certain temps ; sa luminosité était à peu près aussi
forte que celle avec lequel un tel charbon brillerait dans la faible lumière du jour.
Toutes les parties voisines du volcan semblent faiblement éclairées par l’éruption et deviennent
de plus en plus sombres lorsqu’on s’éloigne du cratère.
Cette éruption ressemblait beaucoup à ce que j'ai vue le 4 mai de l'année 1783. J’en ferai
prochainement un compte rendu à votre Société, présentant en détail mes remarques concernant
de nombreuses particularités remarquables relatives aux montagnes volcaniques de la Lune. Elle
différait cependant considérablement en ampleur et en luminosité. Celle de 1783 était beaucoup
plus lumineuse que l’actuelle éruption mais n'était pas aussi étendue: vue dans le télescope elle
ressemblait à une étoile de quatrième magnitude telle qu'elle apparaît à l'œil nu ; celle-ci, au
contraire, montre un disque visible de la matière lumineuse très différent de la luminosité
étincelante d'une étoile.
Suit un compte-rendu de l’observation du 19 avril 1787, dans les Pléiades, de la comète
découverte par Méchain le 10.
En 1963 deux astronomes, James Greenacre et Edward Barr travaillant à la préparation des
missions Apollo, ont rendu compte de l’émission de trois lueurs colorées orangées, persistantes
pendant une vingtaine de minutes, associées à la Tête de Cobra sur le plateau d’Aristarque. On
remarque diverses zones ayant l'aspect de matériau sombre mais toutes contiennent de petits
cratères, ce qui prouve que les dépôts sont anciens. Si un phénomène physique a produit ce PLT,
il n'a engendré aucun dépôt détectable. Donc il est peu probable que ce soit dû à une coulée de
lave ou à des cendres éruptives, mais plutôt à une émanation de gaz.
Une équipe de l'observatoire Lowell a observé un autre PLT dans Aristarchus sous une phase à
peu près identique lors de la lunaison qui suivit. La distance importante entre les points
d’éruption, le fait qu’elles se produisent exactement après une lunaison, jette le doute sur l’origine
volcanique des phénomènes ; peut-être est-ce un artefact dû à l'illumination de la zone, un jeu de
lumière sur les parois, sur des éjectas…). Mais on pourrait dire aussi que la récurrence mensuelle
est possible si l'on pense qu'une émanation de gaz est susceptible de se produire lors des tensions
de marées maximales.
Mais le débat peut se poursuivre. Apollo 15 a en effet repéré près d’Aristarchus d’émissions de
radon, gaz lié à la radioactivité des roches (désintégration de l’uranium et du thorium). Une étude
générale montre que les phénomènes lunaires transitoires semblent se produire lorsque les marées
lunaires sont les plus fortes. L’émission de gaz pourrait résulter de la déformation de la croûte
engendrant la formation de fractures par lesquelles ces gaz pourraient s’échapper lors d’un
maximum de marée. Certaines observations ont été réalisées de visu par les astronautes en orbite
autour de la Lune :
118
Armstrong : Hé, Houston ! Je regarde au nord, vers Aristarchus, et, à cette distance, je ne suis pas
certain que ce soit bien Aristarchus, mais il y a là une zone considérablement plus lumineuse que
ce qui l'entoure. Elle est... on dirait qu'elle est légèrement fluorescente.
Houston (Mc Candless) : Roger, Onze. Nous notons.
Aldrin : Je regarde vers la même zone... il semble en tout cas qu'une des parois du cratère soit plus
claire que les autres... Je ne suis pas certain qu'il y ait fluorescence, mais c'est nettement plus
lumineux que ce qui l'entoure.
La formation Ina, ou D, a été observée pour la première fois par les astronautes du programme
Apollo. Elle se situe sur Lacus Felicitatis, sur le flanc est de Montes Apenninus. Cette formation
de 3 km est à peine accessible au télescope de 200 mm ; elle fait l’objet d’une présentation
détaillée dans le prochain chapitre. Très courant sur Mercure, ce type de formation présente des
bords nets, peu de cratères. Elles sont brillantes et lustrées et, pour Mercure, inter prétées comme
des zones récentes de dégazage rapide.
119
Jusqu’en 2014 Ina caldeira était considérée comme une formation unique. Mais Lunar
Reconnaissance Orbiter a permis de déceler environ 70 formations identiques de petites tailles
(500 à 1000 m) dispersées à travers les mers. Tout comme Ina, elles se caractérisent par un
ensemble de terrains lisses, des formes arrondies, des monticules peu élevés à coté de blocs de
terrains accidentés ; d’où leur dénomination de « Taches Marines Irrégulières ». Elles ont été
définies comme des coulées volcaniques récentes.
Le décompte des cratères montre que ces zones sont très jeunes, d’âge inférieur à 100 millions
d'années. Les pentes abruptes menant des couches supérieures lisses à leur base correspondent
également à un âge jeune. En 2013, Ina a été datée par certains planétologues à 50 millions
d’années.
En conclusion :
- ces formations sont récentes
- l’origine des dépressions à l’intérieur
desquelles se produises les TMI n’est pas
avérée (évent, tunnel).
- les marges des zones lisses ressemblent plus à
une surface fluide retenue par la tension de
surface qu’à une coulée et surtout il n'y a pas
de traces d’écoulement évidentes.
- le grand nombre de formations et leur large
distribution à la surface des mers suggèrent que
ce type d’activité volcanique n'est pas une
anomalie locale mais correspond à une activité
géologique importante dans l’histoire récente
de la Lune.
120
8.8 Les séismes
Les sources sismiques enregistrées sur la lune sont de cinq types différents : impacts de météorites, impacts
artificiels, tremblements de Lune « thermiques », conséquences de la dilatation et de la contraction suite
aux variations d’illumination de quinze jours au cours d’une lunaison, sources thermiques très superficielles
causées par la variation journalière de température en surface, séismes profonds - les vrais tremblements de
Lune - causés par la marée lunaire. Ils sont localisés entre 800 et 1 200 km de profondeur. La rigidité de
notre satellite fait que les tremblements du Lune sont exceptionnellement longs, jusqu’à 10 minutes à une
heure contre 30 secondes en moyenne sur Terre.
L'écorce terrestre est constituée de douze plaques de roches « légères » qui se déplacent à la surface du
manteau. L’énergie qui entraine ce déplacement est fournie par la chaleur de roches radioactives présentes
dans le manteau. L’une des constatations qui avait conduit Wegener à proposer l’hypothèse de la dérive des
continents est la symétrie entre la côte nord-est de l’Amérique du Sud et la côte de l’Afrique de l’Ouest. Sur
la Lune aucune observation de ce type ne permet de conclure que deux zones préalablement en contact se
soient par la suite séparées. Le moteur de la tectonique, la chaleur interne, a été évacuée très tôt du fait de la
petite taille de la Lune, l’effet des marées provoquées par la Terre étant insuffisant pour générer une chaleur
nécessaire.
Cela ne signifie pas pour autant que la Lune soit tectoniquement inactive ; des indices d’une contraction de
la sphère lunaire suite à son refroidissement aurait été perçus par les sondes récentes, en particulier les
images à haute résolution de LRO.
On trouve sur toutes les planètes telluriques et les satellites silicatés des structures tectoniques dues à une
compression ou à une contraction. Ce dernier phénomène résulte du refroidissement global de la planète.
121
La sonde LRO a permis de découvrir des escarpements lobés loin de toute mer et de nombreuses
petites structures compressives. Elles se développent le long de failles préexistantes, le
rétrécissement du volume entrainant le chevauchement et le glissement d’un bord de la faille sur
l’autre bord. L’ondulation du front doit avoir pour origine des contraintes de contraction non
uniformes. Les recoupements avec les cratères d'impact montrent que certaines de ces structures
sont géologiquement « jeunes » (moins de 1 milliard d'années). En généralisant et extra polant des
observations locales à l'ensemble de la Lune, on peut estimer que le rayon de la Lune aurait
diminué d'une centaine de mètres pendant le dernier milliard d'années. Cette diminution se
poursuivrait de nos jours.
Les « terras » ou « continents » sont les zones claires recouvertes de cratères, qui s’élèvent en
moyenne à 2 000 m au-dessus des mers. Avec un albédo moyen de 0,12 elles sont deux fois plus
brillantes que les mers. Contrairement à ce que l’on observe sur Terre - Himalaya, Andes, Alpes…
il n’existe pas de reliefs particuliers provenant d’une dynamique entre les plaques tectoniques
portant en altitude certaines zones.
La topographie de la Lune a été mesurée par altimétrie laser et images stéréo. L’altitude l a plus
élevée mesurée sur les continents se trouve au nord-est, une zone proche du bassin géant Pôle Sud
Aïtken. On pense que l’altitude de cette zone a été renforcée par l’apport d’éjectas du bassin PSA,
situé sur la face cachée. La face cachée présente d’ailleurs un excédent d’altitude de 1,9 km par
rapport à la face visible, excédent pouvant avoir comme origine ces éjectas.
122
9.2 Les chaînes de montagnes
Les chaines de montagnes – « Montes » - sont des zones très élevées, étroites, souvent étendues
et formant presque exclusivement le bord extérieur des mers circulaires.
18 chaines ont reçu une dénomination : Montes Agricola, Alpes, Apenninus, Archimedes,
Carpatus, Caucasus, Cordillera, Haemus, Harbinger, Jura, Pyrenaeus, Recti, Riphaeus, Rook,
Secchi, Spitzbergen, Taurus, Teneriffe
Dans la plupart des cas leur nom est celui des chaînes de montagnes terrestres. Deux doivent leur
nom à un cratère proche (Archimedes et Secchi), deux sont associées à des personnages (Rook,
astronome anglais et Agricola, archéologue allemand). Harbinger vient du mot anglais signifiant
« avant-coureur » car lorsque les rayons du Soleil éclairent Montes Harbinger, ils vont bient ôt
éclairer Aristarchus.
123
Les montagnes entourant Mare Crisium, qui n’ont
pas de nom dans la nomenclature, illustrent
également cet exemple. A l’est une partie de
l’enceinte est inexistante d’où sa forme en queue de
poisson. L’impact sous faible incidence n’a pas
permis son édification.
Coupe transversale ouest - est des Montes Apenninus à la hauteur de Mons Ampere.
Longueur 953 km, largeur 100 km, hauteur jusqu'à 5 400 m au Mons Huygens
124
Voici une hypothèse de reconstitution des anneaux
internes et externes de Bassin Imbrium
Le premier anneau interne laisse apparaitre Montes
Recti, Ténériffe, Mons Pico et Piton, Vinogradov,
Delisle. Le deuxième anneau a pour unique témoin
Montes Spitzbergen.
La partie la plus élevée de l’anneau externe est
constituée des Montes Apenninus, Carpatus,
Alpes, Jura.
Les laves ont comblé la base externe de l’enceinte
en formant Mare Frigoris.
9.3 Le vrai relief de la Lune n’est pas celui que l’on croyait.
Avant les observations d’Harriot et Galilée, afin d’expliquer les teintes observées on imaginait la Lune
habitée (Lucien, 150), réfléchissant le visage de la Terre, recouverte de prairies sombres, parcourue par des
criquets, des nuages. Mais tout cela portait sur l’explication des taches sombres, les mers. Peu de
commentateurs font allusion au relief. Plutarque (110, De la face qui paraît sur la Lune) croit qu’elle est
parcourue de rivières et de gorges profondes. Proclus (vers 450) : « il y a un grand nombre de montagnes,
de villes et d’habitations ». Gruithuisen y localisa en 1822 une ville près de Schröter. Cette absence de
commentaires vient certainement du fait qu’aucune montagne n’est visible à l’œil nu, ni aucun cratère.
Mais dès que l’on observe avec une lunette, les montagnes lunaires sont évidentes ; plus aucune question ne
se pose quant à leur réalité. Par contre l’interprétation des reliefs a été pendant très longtemps erronée
125
9.4 Le point le plus haut sur la Lune
Pour calculer une altitude il faut un point de référence. Sur Terre c’est le niveau de la mer. Sur la Lune c’est
l’écart par rapport au rayon moyen de 1738 km.
Le point culminant sur Terre est le sommet de l'Everest, à 8 848 m d'altitude. Avec ses 10 786 m au-dessus
du rayon moyen, le point lunaire le plus élevé dépasse de 1 938 mètres l’Everest. Il se trouve sur la face
cachée, sur le bord du cratère Engelgardt. Cependant, il existe deux différences majeures entre les deux
sommets. L’Everest est un relief relativement récent sur la Terre. Il a été formé à la suite de la collision de
plaques tectoniques indiennes et asiatiques qui ont porté à très haute altitude, au cours d'environ 60 millions
d'années, ce qui était autrefois des fonds marins. Des fossiles ont été prélevés vers 7000 m.
Image LRO
Les scientifiques déterminent l'âge relatif des unités géologiques lunaire de manière assez simple. Ils
utilisent la loi de superposition; ce qui est au-dessus est plus jeune, ce qui est en dessous est plus ancien.
Mais dans certains cas les relations de superposition ne sont pas claires ; les scientifiques comparent alors la
densité de cratères, c'est-à-dire le nombre de cratères d'impact sur une surface constante donnée.
Les cratères d’impact se produisent de façon aléatoire à la fois dans le temps et sur la surface de la Lune ;
chaque unité de terrain a la même probabilité que les autres d’être impactée. Sur un secteur donné le
nombre de cratères augmente au fil du temps. En termes simples, plus une zone est ancienne plus elle
présente un nombre de cratères élevé.
126
A titre d’exemple sur cette image de la région de
Darney Chi, un kipukas, « zone entourée de lave »,
de Mare Cognitum, montre clairement la différence
de densité des impacts entre la surface marine et le
relief. A l’évidence le relief est plus ancien que la
mer.
image Apollo 16
Les cratères sont à principalement situés à la surface des continents. Ils sont donc postérieurs à la formation
de la croûte lunaire, datée à 4,5 milliards d’années. Ils sont pratiquement absents des mers à partir de 3,9
milliards d’années. La formation des cratères s’est donc située entre 4,5 et 3,9 milliards d’années. Par la
suite le nombre des impacts importants diminue progressivement pour se stabiliser au voisinage du très
faible taux actuel. Sur la Lune aucun cratère de plus de 100 km ne semble s’être formé au cours du dernier
milliard d’années. Parmi les plus récents, seulement deux approchent les 100 kilomètres de diamètre -
127
Tycho (86), Copernicus (93) ; les autres cratères récents sont plus modestes - Kepler (31), Aristarchus (40),
Anaxagoras (51), Proclus (28). Quant au cratère Giordano Bruno, situé sur la face cachée, daté au 11 juin
1178 (mais cette date fait polémique) il ne fait que 20 km de diamètre. Il existe bien d’autres cratères
récents, repérables grâce à leurs auréoles très brillantes mais leur diamètre est de l’ordre de quelques
kilomètres ; comme Censorinus (3,8 km) et le point brillant de Cassini (4.1 x 3.4 km - impact oblique ?)
L'échelle des temps géologiques lunaires est l'équivalent sur la Lune de l'échelle des temps géologiques
terrestres. Elle est divisée, depuis sa formation, en 5 périodes principales :
Pré-Nectarien, Nectarien, Imbrien inférieur et supérieur, Eratosthénien, Copernicien.
Les âges sont exprimés en milliard d’années et sont des valeurs moyennes.
Les cartes du Space Exploration Resources d’Arizona State University sont extrêmement instructives quant
à l’évolution de la formation de la surface lunaire telle que nous l’observons aujourd’hui. Les zones
sombres sont celles encore visibles de nos jours.
128
10.33 Nectarien 3,92 à 3,85
129
10.35 Imbrien supérieur 3,75 à 3,20
130
10.37 Copernicien 3,10 à nos jours
C’est la période géologique la plus récente
de la Lune. Malgré son nom, le début du
Copernicien ne correspond pas à la
formation du cratère Copernicus. L'âge de
début de cette période n'est pas précis,
mais on retient généralement la date de
1,10 milliard d’années. La présence de
systèmes rayonnants brillants est la
caractéristique qui permet de dater un
cratère situé sur une mer comme
appartenant au copernicien. Une trentaine
de cratères de plus de 30 km datent de
cette période
Les cratères coperniciens sont jeunes, avec
système rayonnant : Copernicus, Tycho,
Kepler, Aristarchus, Proclus…
Les formations sont classées par âge (milliards d’années), de la plus ancienne à la plus récente, de l'océan
magmatique qui a formé la croute d'anorthosite (1) à Tycho, âgé de « seulement » 85 millions d’années
(22). D’après Charles Wood sur une idée de Gonzalo Cao.
1 Croûte anorthositique 12 Imbrium
4.55/4.53 3.85
2 SPA - Montes Leibnitz 13 Orientale
4.00 3.75
3 Nubium 14 Laves de Tranquillitatis
4.55/3.92 3.50
4 Ptolemaeus 15 Hausen
4.50/3.92 3.50
5 Alphonsus 16 Theophilus
3.92/3.85 3.00
6 Nectaris 17 Aristoteles
3.92 / 3.85 2.70
7 Humorum 18 Lave sombre est Rümker
3.92/3.85 1.50
8 Humboldtianum 19 Laves S et O plateau
3.92 / 3.85 Aristarchus
1.20
9 Serenitatis
3.85/3.80 20 Copernicus
800 millions
10 Crisium
3.85/3.80 21 Aristarchus
174
11 Piccolomini
3.85/3.20 22 Tycho
109 - 85
131
TROISIEME CLAIR DE LUNE
LA LUNE AU 200 MM
J’ai maintenant une bonne pratique de l’astronomie et en particulier de la Lune. En m’appuyant sur des
atlas de qualité comme le Rükl et le 21st Atlas of the Moon , je peux définir des programmes - recherche de
lacs et marais d’origine « marine » ou formés par des éjectas fondus, les petits reliefs des formations
d’origine volcanique ou tectonique, des zones à albédo particulier ou des formations très spécifiques
comme les cratères concentriques, les sculptures d’Imbrium ou des formations imaginaires comme la cité
de Gruithuisen. Dans de bonnes conditions d’observation une multitude d’objets très fins comme Rimae
Hyginus, Hadley, Hippalus, les dômes de Milichius, Rima Birt, Hesiodus A et bien d’autres sont
accessibles. La limite est fixée par le pouvoir séparateur de mon télescope donc à son diamètre.
Mais pour être efficace il faut préparer les observations.
De nombreux logiciels existent, qui s’avèrent très utiles. L’un parmi les plus connus – à juste titre – l’Atlas
Virtuel de la Lune de Christian Legrand et Patrice Chevalley. Cet atlas, très facile d’utilisation, permet de
connaitre la configuration de la Lune à une date précise, de savoir quels objets sont proches du
terminateur, de les classer en fonction de leur intérêt, de visualiser les librations, de connaitre à la seconde
près la valeur de données comme la position de la Lune, la colongitude…
Le Lunar 100, de Charles Wood, permet d’établir une progression parmi les objets observés, du plus facile
(la Lune dans son ensemble) au plus difficile (les swirls de Mare Marginis). On peut enfin établir un
programme en fonction de la lunaison et, pour chaque période, aller de la formation la plus évidente à la
plus discrète.
Fort de ces informations je peux, avec mon 200 mm, rechercher et observer des détails très fins, en théorie
deux reliefs distants de 1,12 km ou des cratères de ce diamètre ; en tous cas beaucoup plus fins qu’avec
mon 115 mm. L’utilisation d’une caméra associée à un logiciel approprié permet, lorsque la turbulence est
faible, de réaliser des images très nettes. Je peux alors « faire chanter » ces images et repérer des
structures très difficiles à observer derrière l’oculaire ou à figer dans une photo unique. Bien qu’il soit
utile dans certains cas, on peut dire que désormais, il est loin le temps du croquis scientifique ou celui de la
photo argentique ; on peut le regretter mais c’est comme ça.
Mais le danger est de rechercher en priorité l’exploit photographique (faire apparaitre nettement la
rainure au fond de Vallis Alpes par exemple) plutôt que de « faire un peu de science » à partir d’images
correctes sans pour autant être exceptionnelles. C’est un peu le même problème en ciel profond, l’image
pour l’image.
Mais que ce soit en visuel ou à partir d’une image il est indispensable de synthétiser l’observation dans un
CROA. Celui proposé en début de chapitre, a été rédigé lors d’une promenade dans la partie nord-ouest de
la Lune, promenade conclue par une image composée à partir de deux films.
Le dessin permet également de fixer l’évolution de détails au fur et à mesure de la progression de l’ombre.
Pour beaucoup d’entre nous, c’est une technique très difficile à maitriser mais elle est intéressante car
nous n’avons pas toujours sous la main une caméra et un ordinateur. Les cartes de l’université d’Arizona
peuvent faciliter les relevés.
Reste-il une place pour les amateurs dans l’étude de la Lune ? Certains pensent que non. Peut-être ont-ils
raison. Les sondes en orbite nous apportent en permanence une multitude de données dont certaines ont
révolutionné la sélénologie et posé les jalons pour une meilleure connaissance des autres planètes et de
leurs satellites. Dans ce jeu, la place de l’amateur est certes limitée. Toutefois certains cherchent à tirer le
maximum des informations contenues dans les images de sondes comme celles de Lunar Reconnaissance
132
Orbiter. D’autres participent à l’observation de Phénomènes Lunaires Transitoires (PLT) en relation avec
The Association of Lunar and Planetary Observers.
Pour d’autres, beaucoup d’autres, c’est à la fois le recherche de la progression dans la connaissance, le
plaisir d’avoir pu mettre en valeur une formation que l’on recherche depuis longtemps, réaliser une belle
photo bien équilibrée et porteuse d’informations, le plaisir de partager.
Qu’ai-je remarqué ?
Il est nécessaire de conserver une trace écrite précise des observations, date, heure, lieu, objet,
conditions, instruments, points remarquables…
La finesse des détails dépend de mon instrument.
Les atlas papier ou numériques permettent d’observer des formations d’origine multiples
lacus, sinus et autres formations « aquatiques »
petits reliefs
anciens volcans ou des failles d’origine tectoniques
formations de quelques kilomètres soit très brillantes ou, au contraire, très sombres
mini cratères alignés
formations exotiques, lettres de l’alphabet, villes imaginaires…
Les photos permettent de rentrer dans le détail et surtout de mesurer des longueurs et des
altitudes.
133
SOMMAIRE
La Lune au 200 mm
1RE REMARQUE – Pages 136 - 137. IL EST NECESSAIRE DE CONSERVER UNE TRACE
ECRITE PRECISE DES OBSERVATIONS
1.1 Le CROA
134
4.4 - Les petites formations d’origine volcanique
4.41 Les rainures sinueuses
4.42 Domus : les dômes
4.43 Les évents et les dépôts pyroclastiques
4.44 Les cônes volcaniques
4.45 Ina. Unique sur la Lune ? Plus maintenant
4.5 Les formations à albédo particulier
4.51 Les points brillants
4.52 Les Dark Halo Craters (DHC) d’origine météoritique
4.53 Les swirls
4.6 Cratères associés
4.61 Les cratères secondaires
4.62 Les sculptures d’Imbrium, des secondaires qui ne sont ni des cratères ni des vallées
4.63 Chaines de cratères. Catena
4.7 Cratères et formations « exotiques »
4.71 Les cratères concentriques
4.72 Formations exotiques, lettres de l’alphabet, travaux publics et villes imaginaires…
135
1RE REMARQUE : IL EST NECESSAIRE DE CONSERVER UNE TRACE ECRITE PRECISE
DES OBSERVATIONS
1.1 Le CROA
Image : 2 avi de 3000 images avec DMK 31 AS filtre rouge W23 au foyer Takahashi 210 à f/d 11.5
Traitement Registax 6, Adobe Photoshop CS3, Photomerge
136
Rédaction : 26 janvier 2013
Nous sommes ici dans la partie occidentale d’Oceanus Procellarum - hypothétique bassin d'impact
-délimité au nord-ouest par les trois cratères très anciens (datés à plus de 3,92 milliards d’années)
noyés par les laves : Russell, Struve et Eddington.
Eddington est un cratère inondé très similaire à Fracastorius. Il est incliné comme s’il se situait
sur un hypothétique bassin aujourd’hui disparu, le bassin Procellarum ; des flots de laves l’ont par
la suite envahi, submergeant presque totalement ses remparts sud-est. Sur son arène une paire de
parenthèses représentent tout ce qui reste du petit cratère Eddington P. Sur la partie nord de
l'arène une ligne pâle est à peine visible. Est-ce une rainure ou une faille peu prononcée, une sorte
de Mur Droit à petite échelle, mais moins abrupte ?
A l’ouest d’Eddington se trouvent deux grands cratères qui se chevauchent, Struve et Russell,
respectivement 170 et 103 km de diamètre. Il est difficile de dire lequel des deux s’est formé en
premier car la lave qui a inondé Eddington les a également presque entièrement submergés. Il y a
toutefois quelques indices. Tout d'abord, les remparts de Struve semblent un peu plus dégradés.
La partie occidentale semble également plus basse, mais nous devons prendre en compte l'effet dû
à la perspective. Autre indice, l’arène de Russell est plus lisse, elle présente moins de cratères
d'impact. L’arène de Struve présente aussi quelques petites crêtes qui, soit dit en passant et pour
une raison inconnue, semblent toutes orientées nord-sud, alors que Russel semble plat comme un
miroir. Mais on peut aussi supposer que les laves qui ont rempli Russell sont plus jeunes.
Au nord-est de Russel un petit cratère récent, Lichtenberg, présente un système rayonnant
incomplet et se trouve à la limite de deux coulées de lave de teintes différentes. Certains
planétologues pensent que les laves de cette région sont parmi les plus récentes de la lune ; elles
auraient submergé une partie du système rayonnant de Lichtenberg, ce qui expliquerait l’absence
de raies au sud du cratère.
A l’est du grand trio, en plein océan, un raccourci saisissant de 3,5 milliards d'années conduit au
jeune cratère Aristarchus (174 millions d’années), avec son éclatant système de raies.
Au sud, Krafft et Cardanus, deux cratères de 50 km de diamètre datant de l'Imbrien Supérieur
(3.75 à 3.2 milliards d’années), sont reliés par une chaîne d'impacts secondaires appelée Catena
Krafft.
Issue de Glushko, une raie brillante passe au voisinage de Cardanus avant de bifurquer vers
Seleucus. Pourquoi ce changement de direction ?
Le site d'alunissage de la sonde Luna 9 (3 février 1966), Planitia Descensus, se situe juste au sud
de Krafft, à l'ouest du petit cratère Galilaei. Surprenant, au passage, qu'un tel génie ait hérité d'un
si petit cratère - Riccioli avait la rancœur tenace.
Au sud la forme claire dessinée par Reiner Gamma est un swirl associé à une forte anomalie
magnétique.
Les collines de Marius sont malheureusement invisibles sous cet éclairage qui, en revanche, fait
ressortir le brillant système de raies de Kepler.
Repartons maintenant vers le nord pour rejoindre le plateau d’Aristarque, Il présente ici une teinte
grise mais certains l’ont perçu faiblement coloré avec une délicate teinte vert moutarde. Outre les
cratères Herodotus et Aristarchus, un des plus brillants cratères de la Lune, le plateau permet d e
repérer très facilement l’une des plus grandes Rima lunaires, Vallis Schroteri, qui entaille le
plateau situé au nord-ouest du cratère.
Au nord, Montes Agricola marquent la limite avec Oceanus Procellarum.
137
2E REMARQUE : LA FINESSE DES DETAILS DEPEND DE MON INSTRUMENT
Un télescope de 200 mm permet d’observer des détails très fins, d’étudier des formations
difficiles à déceler comme les rimae, les dômes, les dorsa, les chaines de petits cratères… Il est
même possible d’en mesurer les dimensions, l’altitude ; autrefois grâce à des micromètres,
aujourd’hui sur des photos.
On peut déterminer la distance T entre deux formations que peut résoudre un instrument, c'est-à-dire
séparer deux points – deux montagnes par exemple - par la relation :
T = tan (R / 3 600) x D
D est la distance de l'objet observé, et R le pouvoir de résolution en seconde d'arc (R = 120/diamètre
de l’instrument), T et D conservent la même unité.
Par exemple, un télescope de 200 mm (R = 120/200 = 0,6"), pourra séparer sur la Lune située à une
distance moyenne D de 384 000 km, des détails distants de : tan (0,6 / 3 600) x 384 000 = 1,12 km
(T).
Un télescope de 1 m permettra de séparer deux formations distantes de : tan [(120 / 1000)] / 3600 x
384000.103 = 223 m !
Mais ces données sont théoriques et supposent des conditions parfaites d’observation.
2.2 L’échantillonnage
L'échantillonnage est la portion angulaire de ciel vue par un pixel et permet de calibrer les images,
Il est calculé à partir d’une formule simplifiée mais suffisamment précise :
E = 206 x P / f
E = échantillonnage est exprimé en secondes d’arc
avec
P = taille du pixel en micron
f = focale de l’instrument en mm
L’échantillonnage souhaitable = résolution théorique R de l’instrument / 2 ou 3
Résolution théorique = R = 120 / D
avec D = diamètre de l’instrument en mm.
Exemple :
Takahashi Mewlon 210
f = 2415mm.
Diamètre utile du miroir 210mm.
Pouvoir séparateur théorique R = 120/D = 0,6’’
Caméra DMK 31
Taille du pixel P = 4,65 microns
Echantillonnage résultant
E = 206 x 4.65/2415= 0,396’’
138
Si, au moment de l’observation, la Lune a un diamètre apparent de 31’10’’ soit 31 x 60 + 10 =
1870’’
pour un échantillonnage = 0,396’’, un pixel couvre (3 464 km/1 870’’) * 0.396 = 733 m
Echantillonnage souhaitable :
E = Résolution / 2 ou 3 soit 0,6’’ / 2 ou 3 = 0,2’’ à 0,3’’
L’échantillonnage à 0,396’’ (> 0,2’’) est un « sous-échantillonnage »
Pour obtenir E = 0,2’’ il faut une focale résultante f = (4,65 x 206) / 0,2 = 4 798 mm
Rapport 4 798/2415 = 1,9
Avec une Barlow x2, proche du rapport 1.9, on obtient E = 0,198’’ proche de 0,2’’
Dans cette configuration 0,198’’ couvre 679 m.
Atlas Rükl
The 21st atlas of the moon et The Modern Moon: Charles Wood
Atlas Virtuel de la Lune Christian Legrand, Patrick Chevalley
Les cartes d’Arizona State University accessibles par le site System of Lunar Craters
Site du Lunar Reconnaissance Orbiter et en particulier Act React Quick Map
Une liste des sites et ouvrages est données à la fin du livre.
Le Lunar 100 est une liste établie par Charles Wood, publiée en avril 2004 dans la revue Sky and
Telescope. L 100 propose une sélection de 100 sites parmi les plus intéressants.
Les objets sont globalement présentés en fonction d’une difficulté croissante d’observation. Il n'est pas
possible de les observer tous sur une seule lunaison. Certains sites lunaires peuvent être observées avec
éclairage solaire rasant, tandis que d'autres doivent être observés lors de la pleine lune. D’autres situés à
proximité du limbe nécessitent une libration favorable.
Les premiers objets répertoriés peuvent être observé avec des jumelles. La plupart peuvent être vus avec
un télescope de 115 mm, mais quelques-uns nécessiteront un 200 voire plus.
Résumé de l'article de Charles Wood : Lunar 100 Sky and Telescope Avril 2004.
Le Lunar 100 permet de s’initier à l’évolution du paysage lunaire. Mosting (L61) est le prototype des
cratères simples en forme de bol. À mesure qu'ils grandissent en taille la paroi du cratère s'effondre en
terrasses et il y a souvent un pic central. Copernic (L5) présente le stade final de l’évolution d’un grand
cratère avec un massif central formé de plusieurs pics. Des débris de roches pulvérisées par l’impact
peuvent être projetés sous forme de raies brillantes - Tycho (L6), Proclus (L12) - ou parsemant la surface
lunaire d’un essaim ou d’une chaine de cratères secondaires comme ceux de Copernic près de Pythéas
(L69). La chaîne de cratères secondaires la plus connue est Vallis Rheita (L58).
De nombreux cratères recouvrent et détruisent d’anciens cratères, par exemple les cratères ruinés
Boscovich et Jules César (L63) ainsi que l’ensemble J. Herschel, Babbage et W. Bond (L76).
Les mers ont pour origine des bassins d'impact et les chaines de montagnes en forme d'arc qui les
bordent sont tout simplement les enceintes de ces bassins d'impact. Par exemple, les Apennins (L4),
Altaï (L7) et Leibniz (L96).
La formation des bassins d’impacts a créé des systèmes de faille ont permis au magma de s'échapper et
de remplir ces bassins. Certaines laves ont coulé sur une centaine de kilomètres comme dans mare
Imbrium (L98) Les laves expulsées au cours de centaines de millions d'années présentent les variations
de teintes correspondant à de variations de composition chimique, par exemple la lave sombre autour de
sud-est Serenitatis (L18).
Le poids des laves au centre du bassin a entrainé une inclinaison des bordures formant ainsi des rainures
concentriques comme celles de la région d’Hippalus (L54). Des forces ont comprimé certaines coulées
139
de lave produisant des crêtes marines, par exemple, la crête Serpentine (L33). Dans certains cas le sol
s’est affaissé : rupes Recta (L15) et rupes Cauchy (L48).
Des rainures sinueuses d’origine volcanique sont visibles sous la forme de canaux de faible largeur avec
des berges pentues : Vallis Schroteri (L17), rima Hadley (L66).
D’autres rainures, souvent associées en série, ont des fonds plats, des parois plus abruptes et parallèles.
Rima Ariadaeus (L29), rima Triesnecker (L35), Vallis Alpes (L19). Elles sont d’origine tectonique.
Lorsque le magma atteint la surface, il peut entrainer la fracturation de l’arène de certains cratères, par
exemple, Gassendi (L13), Posidonius (L20) et Taruntius (L31). D’autres cratères ont été complètement
remplis par laves marines, par exemple Archimède (L27). Dans certaines régions la lave s’est répandue
lentement sur la surface et à refroidi sans couler très loin, formant ainsi des monticules circulaires ou des
dômes. Ceux-ci semblent s’être concentrés dans certaines zones, par exemple près d’Hortensius (L65),
Arago (L32) et à l'ouest de Marius (L42).
Au final, L100 présente un large éventail de structures géologiques observées à la surface de la Lune.
Beaucoup ont des équivalents sur Terre, ce qui en fait un exercice intéressant et enrichissant.
140
34 Lacus Mortis Cratère particulier avec des rainures et des crêtes
marines
35 Rima Triesnecker Groupe de rainures et crêtes
36 Bassin Grimaldi Petit bassin avec deux anneaux
37 Bailly Bassin à peine visible
38 Sabine et Ritter Possible impact simultané
39 Schickard Cratère dont le sol présente des bandes d’éjectas
d’Orientale
40 Rima Janssen Exemple très rare d’une rainure continentale
41 Raie de Bessel Raie brillante d’origine incertaine
42 Collines de Marius Complexe de collines et dômes volcaniques
43 Wargentin Cratère totalement rempli de lave ou d’éjecta
44 Mersenius Plancher bombé parsemé de cratères secondaires
45 Maurolycus Région saturée de cratères
46 Pic central de Regiomontanus Pic pouvant être d’origine volcanique
47 Points sombres d’Alphonsus Zones sombres d’origine volcanique sur le
plancher
48 Zone de Cauchy Zone de failles, rainures et dômes.
49 Gruithuisen Delta et Gamma Dômes volcaniques formés par des laves
visqueuses
50 Plaine de Cayley Plaine plate et claire d’origine incertaine
51 Davy Chaine de cratères résultant de l’impact d’une
comète fracturée
52 Crüger Possible caldeira volcanique
53 Lamont Possible bassin recouvert par les laves
54 Rima Hippalus Rainures concentriques par rapport au bassin
Humorum
55 Baco Cratère à plancher lisse particulier
56 Mare Australe Ancien bassin d’impact partiellement comblé
57 Reiner Gamma Forme tourbillonnaire claire associée à une
anomalie magnétique
58 Vallis Rheita Chaine de cratères secondaires
59 Bassin Schiller-Zucchius Bassin fortement dégradé
60 Kies Pi Dôme volcanique
61 Mosting A Cratère simple proche du centre de la face visible
62 Mons Rümker Grand dôme volcanique
63 Sculpture d’Imbrium Découpes provoquées par les éjectas dans les
zones de Boscovich et Julius Caesar
64 Descartes Zone d’alunissage d’Apollo 16; possible zone de
volcanisme continental
65 Dômes d’Hortensius Zone de dômes au nord d’Hortensius
66 Rima Hadley Chenal de lave près de la zone d’alunissage
d’Apollo 15
67 Fra Mauro Zone d’alunissage d’Apollo 14 composée par les
éjectas d’Imbrium
68 Flamsteed P Considéré comme un cratère récent d’origine
volcanique. Zone d’alunissage de Surveyor 1
69 Secondaires de Copernicus Raies brillantes et craterlets près de Pythéas
70 Bassin Humboldtianum Bassin d’impact à anneaux multiples
71 Zone sombre de Sulpicius Gallus Eruption de cendres au nord-ouest du cratère
72 Cratères à halo sombre d’Atlas Puits éruptifs sur le plancher d’Atlas
73 Bassin Smythii Bordures et mer difficiles à observer
74 Copernicus H Cratère d’impact à halo sombre
75 Ptolemaeus B Dépression en forme de soucoupe sur le plancher
de Ptolemaeus
141
76 W. Bond Grand cratère dégradé par les éjectas d’Imbrium
77 Rima Sirsalis Rainures radiales au bassin
78 Lambert R Cratère fantôme recouvert
79 Sinus Aestuum Dépôt sombre d’origine volcanique
80 Orientale basin Le plus jeune des bassins d’impact
81 Hesiodus A Cratère concentrique
82 Linné Petit cratère que certains ont cru voir disparaitre
83 Craterlets de Plato craterlets à la limite de la perception
84 Pitatus Cratère à rainures concentriques
85 Raies de Langrenus Ancien système de raies
86 Rima Prinz Système de rainure proche de ce cratère
87 Humboldt Cratère avec pic central et zones sombres
88 Peary Cratère de la zone polaire difficile à voir
89 Dômes de Valentine Dômes Volcaniques
90 Armstrong, Aldrin and Collins Petits cratères proches du site d’Apollo 11
91 Rima De Gasparis Zone présentant de nombreuses rainures
92 Vallis Gylden Partie des sculptures radiales d’Imbrium
93 Dionysius Cratère à raies sombres inhabituelles
94 Drygalski Grand cratère du pôle sud
95 Bassin Procellarum Le plus grand bassin de la Lune mais hypothétique
96 Montes Leibnitz Bordure du bassin South Pole-Aïtken
97 Vallis Inghirami Vallée créée par les éjectas d’Orientale
98 Coulées de lave d’Imbrium Teintes différentes marquant les limites des
coulées
99 Ina Caldera récente en forme de D d’origine
volcanique
100 Swirls de Mare Marginis Possibles dépôts résultant d’un champ magnétique
C’est en comparant la Lune à la Terre que les premiers cartographes lunaires ont défini les termes dont la
plupart sont aujourd’hui toujours officiellement en vigueur. Ils avaient sous les yeux les montagnes, les
continents, les mers, les lacs, les marais et c’est donc tout naturellement qu’ils ont utilisé ces termes pour
désigner ce qui n’était pas vraiment continental.
Nom latin Nom français Diamètre Nom latin Nom français Diamètre
Lacus Aestatis Lac de l'Été Orientale Lacus Oblivionis Lac de l'Oubli face cachée
Lacus Autumni Lac de l'Automne Orientale Lacus Odii Lac de la Haine Nord Vaporum
NO Lac de la Sud
Lacus Bonitatis Lac de la Bonté Lacus Perseverantiae
Crisium Persévérance Crisium
Lacus Doloris Lac des Tourments Nord Vaporum Lacus Solitudinis Lac de la Solitude face cachée
SO
Lacus Excellentiae Lac de la Perfection Lacus Somniorum Lac des Songes Nord Serenitatis
Humorun
Limbe
Lacus Felicitatis Lac de la Félicité Nord Vaporum Lacus Spei Lac de l'Espérance
nord est
Lacus Gaudii Lac de l'Allégresse Nord Vaporum Lacus Temporis Lac du Temps Nord Est
SO
Lacus Hiemalis Lac de l'Hiver Nord Vaporum Lacus Timoris Lac de l'Effroi
Nubium
Lacus Lenitatis Lac de la Tendresse Nord Vaporum Lacus Mortis Lac de la Mort Nord Serenitatis
Lacus Luxuriae Lac de la Luxuriance Face cachée Lacus Veris Lac du Printemps Orientale
142
De forme irrégulière, les Lacus se situent à l’intérieur des terres et sont repérables comme des zones
sombres formées de lave marine dans un environnement clair anorthosique. Leurs dimensions varient de 50
à près de 200 km ; deux approchent les 400 km.
Au nombre de 17 sur la face visible et 3 sur la face cachée, ils sont souvent regroupés: deux sont bien
visibles – Lacus Mortis et Somniorum au nord de Posidonius et à l’ouest d’Hercule. Les trois autres –
Veris (printemps), Aestatis (été) et Autumnae (automne) - sont très proches de Mare Orientale. Veris et
Aestatis sont au nord-ouest de Crüger et Autumnae longe Montes Cordillera. Deux sont isolés : Lacus
Temporis près d’Hercule et Atlas, Lacus Spei près du limbe nord-est.
143
4.14 Palus : les marais
On ne s’attend pas à une nomenclature réjouissante pour désigner les trois marais lunaires situés en bord de
mer : Epidemiarium (épidémie), Putredinis (putréfaction) et Somni (sommeil).
Palus Epidemiarium : outre la présence de rainures entrecroisées, du cratère double Marth et qu’il soit le
point de départ de Rima Hesiodus, il ne présente pas d’intérêt particulier, enclavé qu’il est dans les reliefs
de la bordure sud-ouest de Mare Nubium.
Palus Putredinis : à observer au premier quartier et juste après, cette zone est géologiquement complexe.
On y trouve d’anciens tubes de lave ou canaux d’écoulement (Rima Hadley), des rimae concentriques
(Bradley, Fresnel) et radiales (Bradley IV et VI). Mais c’est le sol qui retient l’attention. Il est
remarquablement lisse, faiblement cratérisé, preuve qu’il est récent. Toutefois la présence d’éjecta
provenant d’Autolycus montre qu’il est antérieur à 1,1 milliard d’années – compris entre 3,8 et 1,1.
Certains avancent que Palus Putredinis serait apparu à la suite d’un glissement de terrain vers l’ouest, qui
aurait affecté la bordure de Montes Apenninus.
Palus Somni : les deux paludes précédents sont définis par des caractéristiques physiques ; Somni se
distingue uniquement par sa teinte grise claire limitée à l’est par les éjectas brillants de Proclus et à l’ouest
par les laves sombres de Mare Tranquillitatis. Si les éjectas de Proclus n’avaient pas souligné cette zone,
Somni n’aurait certainement pas été défini comme une entité à part entière.
144
11 golfes sont répertoriés dans l’atlas de Rükl. Comme sur Terre, ils sont une partie de mer s’avançant dans
les terres mais seul Sinus Iridum, composé pour moitié par les remparts d’un cratère envahi par les laves,
est bien délimité. Les autres golfes ont des formes irrégulières. Sinus Lunicus n’est pas un golfe mais un
défilé entre Archimedes et Aristillus. C’est le site sur lequel le premier objet fabriqué par l’homme à
atteindre la Lune, la sonde soviétique Luna 2, s’est écrasé le 14 septembre 1959.
Nom latin Nom français Diamètre (km) Nom latin Nom français Diamètre (km)
Localisation Localisation
Sinus Aestuum Sinus Honoris Golfe de l'Honneur
Sud Montes Golfe Torride 290 Nord-ouest Mare 109
Apenninus Tranquillitatis
Sinus Amoris Sinus Iridum Golfe des Iris / des
Ouest Mare Golfe de l'Amour 130 Nord Mare arcs en ciel 236
Crisium Imbrium
Sinus Asperitatis
Sud-est Mare Golfe des 206 Sinus Lunicus Golfe Lunik 126
Tranquillitatis Aspérités Nord Archimedes
Sinus Concordiae Sinus Medii
Ouest Mare Golfe de la 142 Sud de Mare Golfe Central 335
Crisium Concorde Vaporum
Sinus Fidei Sinus Roris
Sud-est Montes Golfe de la Foi 70 Nord d’Oceanus Golfe de la Rosée 202
Apenninus Procellarum
Sinus Successus Golfe du Succès
Sud Mare Crisium 132
Le roi Iridum
Après deux appellations différentes - Langrenus 1645 : Sinus Geometricus, Hevelius 1647 : Sinus Apollinis
- Sinus Iridum est mentionné par Riccioli sur sa carte de 1647 sous l’appellation Sinus Iridu, sans m.
Iridium est parfois utilisé en même temps qu’Iridum. Les nomenclatures française et anglaise diffèrent :
Baie des Iris, Bay of Rainbows (Baie des arcs en ciel).
Un argument pour “arcs en ciel” serait une logique sud nord : Mare Imbrium (pluies) au sud, Sinus Iridum
(arc en ciel - assez logique avec la forme en demi-cercle) au centre et Sinus Roris (la rosée) au nord qui
borde Mare Frigoris (le froid). Entre les deux, terra Pruinae (carte de Riccioli) - la terre du gel et plus à
l’est terra Grandinis - terre de la grêle (ces nomenclatures ont aujourd’hui disparu). Reste à savoir pourquoi
les anglo-saxons utilisent le pluriel « rainbows / arcs en ciel » ; peut-être parce que deux arcs légèrement
décalés, visibles sous un éclairage rasant, se rejoignent à la hauteur du cratère Bianchini.
Les levers et couchers de Soleil sur Sinus Iridum sont des spectacles appréciés par les astronomes amateurs.
Au nord-ouest, Montes Jura surplombent l’amphithéâtre envahi par des laves parcourues de rides marines.
Montes Jura sont ce qu’il reste de l’enceinte d’un cratère de la taille de Clavius, non officiellement appelé
« cratère Jura », qui s’est formé sur les berges du bassin Imbrium. Montes Jura ont une altitude constante à
l’approche de Mare Imbrium puis ils disparaissent brusquement, dans la mer, certainement à cause d’une
145
faille qui coupe le cratère Jura du sud-ouest au nord-est selon son diamètre. Lorsque les laves marines ont
rempli le Bassin Imbrium, la partie la plus basse du cratère a été entièrement recouverte. Dans la partie
nord, les laves de Mare Frigoris ont recouvert les éjectas du cratère Jura, comme elles l’ont fait pour Plato.
Autre particularité topographique, la partie la plus au nord de la baie, partie qui touche la base des Montes
Jura, a une altitude de 500 m inférieure à celle de l’ouverture de la baie. Ainsi l’enceinte est inclinée dans
un sens et le plancher dans l’autre. Les laves marines les plus récentes ont-elles manqué de fluidité ou
d’énergie pour pouvoir surmonter la pente et envahir la partie arrière d’Iridum ? Il existe un grand nombre
de rides marines à la surface de la baie. Elles sont étroites et courbes et s’enfoncent profondément dans la
baie. Elles suggèrent la présence d’un cratère interne submergé. Des rides courbes orientées à l’opposé sont
peut-être dues à la partie submergée des Montes Jura.
146
Lavinium et Olivium
L’appellation Mare Crisium Delta et Epsilon puis
l’appellation Promontorium Lavinium et
Olivium ne sont pas ou ne sont plus des
dénominations officielles reconnues par l’UAI. Il
faut dire que cette région est complexe ; où
s’arrêtent les cratères, où commencent les
promontoires ? Difficile à dire. Elle a une image
un peu sulfureuse ; c’est en effet là que O’Neil a
cru observer en 1953 une arche sur
Promontorium Olivium. Cette observation n’a
jamais été officiellement confirmée. Au large des
promontorium, sur les rives de Mare Crisium, se
trouve une formation constituée par deux
portions de remparts de deux cratères submergés.
Nord à droite Elle est, du fait de sa forme, connue comme
« L’albatros ».
4.22 Mons : les monts
Ce sont soit les sommets de chaines de montagne (Mons Blanc, Mons Hadley), soit des reliefs isolés et
pentus correspondant aux points hauts d’un anneau interne de bassins d’impact non submergés par les laves
marines. Leur localisation permet de tracer le contour d'un ou plusieurs anneaux concentriques témoins de
la présence du bassin. Ces fragments d'anneaux sont les plus apparents dans Mare Imbrium; les plus connus
sont, d’ouest en est, Montes Recti, Montes Teneriffe, Mons Pico, Mons Piton, Montes Spitzbergen, Montes
Archimedes. Des structures identiques existent dans Mare Crisium et Mare Humorum. On trouve
également des pics isolés sans relation évidente avec des anneaux internes dans Mare Frigoris, Mare
Nectaris, Mare Nubium, Mare Serenitatis, Mare Tranquillitatis et Mare Fecunditatis.
On trouve sur toutes les planètes et satellites silicatés des structures tectoniques dues à une compression et à
un raccourcissement. Ce sont principalement des plis et des chevauchements. Sur la Lune, les jeux de faille
ont pour origine un affaissement du centre du bassin qui entraine un glissement de strates de basalte vers le
centre de la mer. La strate amont chevauche la strate avale en formant un anticlinal, une crête marine.
D’autres interprétations sont fournies en particulier la présence d’anneaux internes qui font obstacle à
l’écoulement des laves marines.
Ces structures ont plusieurs milliards d’années, ce qui serait cohérent avec la période de formation des
mers.
Une douzaine de dorsa ou « crêtes marines » a reçu un nom. Ces dorsales peuvent avoir plusieurs centaines
de kilomètres de longueur, quelques dizaines de large et de 10 à 300 mètres de haut. Elles peuvent être
rectilignes ou tortueuses; elles présentent une section asymétrique, l'un des flancs présentant une pente plus
prononcée.
L’une des plus célèbres est la crête Serpentine, à l'est de la Mare Serenitatis. Ce joli nom date de Schröter
(1790), mais l'Union Astronomique Internationale (UAI) a donné aux différentes parties de cette formation,
pourtant homogène, deux noms: Dorsum Smirnov et Dorsum Lister. La partie large de la crête s'élève de
147
200 m sur une distance horizontale de 4-5 km (pente à 5%) et la partie la plus pentue atteint cette altitude en
un peu moins d'un kilomètre (pente à 20%). À l'extrémité sud de la crête, une forme arquée fortement
incurvée ressemble presque à un cratère. Contrairement au reste de la crête, cet arc a sa partie la plus élevée
orientée vers l'Est
Crete Serpentine Rides dans Sinus Iridum Rides à l’ouest de Rupes Recta
Origine volcanique ?
Sur Terre, des formations identiques existent lorsque des gaz ont cherché à s’échapper par le sommet d’une
coulée. Elles peuvent également se former lorsqu’une coulée vient buter sur un obstacle qui s’oppose à sa
progression. Sur la Lune, les crêtes apparaissent sur la quasi-totalité de la surface des mers. Elles sont très
souvent concentriques à la mer, en marge de celle-ci ; elles sont plus rarement radiales. Elles sont
semblables à une vague sont particulièrement bien visibles sous un éclairage rasant
148
Origine tectonique ?
Une origine tectonique peut être soutenue par une série de données, en particulier l’âge relatif, les relations
stratigraphiques et des comparaisons avec des phénomènes similaires sur les autres planètes.
Certaines zones où se sont développées des crêtes correspondent à des changements dans l’épaisseur du
basalte, engendrant localement des contraintes pouvant générer des failles chevauchantes.
Sur Terre (Yakima River Basin état de Washington, Meckering, en Australie, El Asnam en Algérie et
Buena Vista Hill, en Californie) présentent une faille de chevauchement dans un sol latéritique de sable, de
roche sédimentaire ou de couches de sable argile et schiste et sont associées à un pli anticlinal. Les couches
sous-jacentes ont pu servir de lubrifiant facilitant le déplacement de la couche chevauchante. Sur la Lune le
régolithe a pu jouer ce même rôle.
149
La crête du dôme de Valentin : un gros échelon ?
Jordi Ortega
On pourrait penser que les failles chevauchantes, à l’origine des crêtes, ont été portées en surface par du
magma sous-jacent, puis décalée sous la pression de ce magma. Mais c’est peu probable, car les crêtes
apparaissent une fois les laves refroidies et devenues cassantes. L’hypothèse du gros échelon semble peu
probable ; les deux crêtes seraient donc indépendantes l’une de l’autre. Par contre la présence de deux
autres dômes, le premier, très discret, au sud-est du dôme de Valentin et l’autre, un petit dôme de 85 m et
large de 6 à 7 km situé à l’opposé, témoigne de l’existence, en profondeur, d'une longue fissure à partir
de laquelle les dômes se sont formés.
150
Elles bordent les mers lunaires. Elles se sont formées à la suite du remplissage du bassin d’impact par les
laves marines. Au fur et à mesure des remplissages la lave s’est accumulée entrainant un surpoids au centre
du bassin, qui s’est alors enfoncé formant des fractures concentriques simples ou multiples. Les plus
connues sont concentriques à Mare Humorum; parmi elle Rima Hippalus.
Le dénivelé de la première (à gauche) varie entre 100 et 200 m pour une largeur de 2 à 3 km.
A l’intérieur de l’enceinte du cratère sa profondeur est d’environ 180 m pour une largeur de 3,5 km. La
pente est orientée est-ouest vers le centre du Bassin Humorum.
Rima Sirsalis
Les Cratères à Fond Fracturé (CFF) sont parmi les objets les plus intéressants de la Lune. Ils présentent
deux types de rainures : des rainures d’origine tectonique et des rainures sinueuses d’origine volcanique.
Les premières, rectilignes, parfois nombreuses et se recoupant, ont pour origine des mouvements verticaux
du plancher qui, sous la poussée du magma sous-jacent, repoussent et disloquent le fond du cratère. Les
deuxièmes sont associées à une activité volcanique qui suit le mouvement du plancher
.
Gassendi, en bordure de Mare Humorum, est un
CFF qui présente les deux types de rainures, dans
les parties est et sud-ouest du cratère et se recoupent
de manière complexe ; un système forme une étoile
à six branches. Elles résultent de fractures
consécutives à un soulèvement du fond du cratère
sous l’effet de la poussée du magma situé sous le
plancher. A l’est le magma a formé des plaques
présentant des angles aigus. La projection des
ombres permet de voir que la partie orientale de
certaines plaques se sont redressées. Des rainures
sinueuses ont alimenté des épanchements de
basalte au nord-ouest. Au sud, le sol est plat suite
151
une intrusion de la lave ; il est difficile de savoir si celle-ci est arrivée par des failles situées dans l’enceinte
de Gassendi ou par des brèches dans les remparts sud.
Rupes Liebig - LRO Rupes Recta LRO Rupes Altaï Rupes Cauchy
152
4.4 - Les petites formations d’origine volcanique
Il existe 194 rainures sinueuses recensées à partir des images prises par la caméra grand angle de
la sonde LRO et la caméra rapprochée (6m de résolution) de la sonde Kaguya. Si elles sont aussi
nombreuses, c’est probablement parce que le phénomène qui leur donne naissance - l'épanchement
de laves - est très fréquent.
Les rainures sinueuses serpentent par gravité comme une rivière de plaine entre deux berges
parallèles. On sait depuis la fin des années 60 que les rainures sinueuses qui courent sur la Lune
sont des canaux ou des tunnels de lave. Deux phénomènes sont à l’origine des rainures : l’érosion
mécanique et l’érosion thermique.
L'érosion mécanique serait à l’origine de la formation des rainures parcourant des terrains formés
d'éjectas agglomérés, comme celles au voisinage de Plato. Du fait de la moindre gravité et des
pentes très douces, elle est moins efficace sur la Lune que sur la Terre.
L’érosion thermique entrainant la fusion du substrat serait le principal mécanisme expliquant la
formation des rainures à la surface des mers. Le processus de formation peut être simple - canal
d’écoulement, ou plus complexe - tunnel d’écoulement, voire très complexe - creusement d’un
canal suivi d’une érosion thermique produite par un deuxième écoulement de lave. La
composition chimique des laves affecte de manière significative l'efficacité de l'érosion
thermique ; plus la coulée de lave est chaude, plus elle peut faire fondre le matériau sous -jacent.
Les laves les plus chaudes connues dans l'histoire géologique de la Terre sont les komatiites
caractérisées par leur faible viscosité, d'où un écoulement rapide, facteur d’accrois sement de
l'érosion thermique. Comme les komatiites ne semblent pas présentes sur la Lune, l’estimation de
la vitesse avec laquelle une rainure se forme dérive de modèles extrapolés à partir de données
terrestres. Si les laves étaient de type proche des komatiites, les rainures de Prinz, au nord-est
d’Aristarchus, se seraient formées en 5 mois. Si le magma était composé de basalte pauvre en
titane, la rainure pourrait avoir été active pendant un peu plus de 2 ans. Les rainures sinueuses se
153
situent principalement dans Oceanus Procellarum, où l'on trouve les indices de radioactivité les
plus élevés sur la Lune. Il est possible que les très grandes températures du magma associées au
Procellarum KREEP Terrane (PKT) produisent de telles rainures.
Les longueur, largeur et profondeur moyennes des rainures sont respectivement 33 km, 480 m et
49 m. La plus large et la plus profonde est Vallis Schroteri - 11 km et 1000 m - et la plus longue
Vallis Sharp (325 km). Sans surprise, l'âge des rainures est celui des laves qu'elles ont charriées,
soit entre 3,8 et 3 milliards d’années.
Certaines rimae de ce type présentent des structures plus complexes associant des rainures
rectilignes ou légèrement sinueuses et des craterlets. Elles sont considérées comme des tubes de
lave dont le plafond s’est effondré portion après portion. Rima Hyginus, entre Sinus Medii et
Mare Vaporum, est l’exemple type.
La répartition montre l’évidence la relation entre les rainures et les mers
La fluidité des magmas ainsi que la faible gravité à la surface de la Lune expliquent pourquoi les
dômes sont très peu élevés et que leurs pentes sont très douces.
Le magma ayant construit les dômes provient de plusieurs niveaux : croute supérieure, inférieure
et manteau.
154
Profil d’un dôme volcanique lunaire
Lave fluide
Dôme de Milichius altitude 150 m
Lave « acide »
Dôme de Gruithuisen altitude2200 m
×
Identification : C2 (Cauchy 2)
Longitude 38°49’E, Latitude: 7°14’N
Albédo à 750 nm : 0.0909
Réflectance 415/750 : 0.6377
Pente : 1,17°
Diamètre de la base : 12.2 kms
Hauteur : 125 m
Volume : 7,4 km3
Indice de forme : 0,5
Diamètre de l’évent sommital : 2,6 kms
Classification : C2 (magma provenant
de la croute supérieure ou inférieure,
éruption de durée et volume modéré,
ascension lente, magma froid, début de
cristallisation.
Nom : Cauchy Oméga
155
133 dômes répertoriés
9 8 7 7 14 2 4
6 2 30 22 15 4 3
Les évents de Grimaldi font partie des évents associés à des grabens d’origine tectonique, ici Rima Hevelius
et une rima parallèle sans nom, complexe, associant rupes, rima et évents sombres.
156
Béla, Carlos, Jomo et Tazio sont des prénoms qui,
normalement sont, selon l'UAI, uniquement
réservés aux petits cratères d'intérêt particulier,
Mais ici ce ne sont pas des cratères mais des évents
qui ont donné naissance à Rima Hadley. Sur Terre,
cette situation est courante. Les fractures se
propagent à travers la croûte sous l'effet de la
pression du magma et, lorsque celui-ci atteint la
surface, une longue coulée de lave se répand.
Généralement une, parfois deux zones de la fissure
prennent le dessus sur les autres, qui cessent alors
leur activité.
Parmi les évents en V de Hadley qui ont reçu un prénom, Jomo semble être l'évent principal, Bela serait un
élargissement de la fissure courbe originale. Carlos était probablement la fin de la fissure puis est ensuite
devenu une annexe abandonnée lorsque la rainure s'est développée et s'est brusquement orientée vers l'est.
Tazio est une fissure courbe parallèle qui ne pouvait pas rivaliser avec les autres et a également été
abandonnée par magma.
Si l’origine volcanique des évents est aujourd'hui avérée, une question serait de comprendre pourquoi ils
n’ont pas toujours le même profil.
Les dix évents d'Alphonsus sont associés à des rainures de type rectiligne d’origine tectonique ; fracture du
fond du cratère sous la poussée de basalte profond ; ils ont tous une forme en amande plus ou moins
prononcée. Ils sont entourés de scories formées lors d’éruptions plus explosives.
Les évents de la région de Prinz présentent des profils très divers, circulaires, chaotiques, emboités… ils sont
d’origine purement volcanique et ont produit des laves fluides et très chaudes. Les évents à l’origine de rima
Hadley sont courbes et donnent naissance à une rainure sinueuse. Ceux de Grimaldi sont rectilignes. La forme
finale de l’évent semble donc dépendre de la nature de l’éruption, elle-même liée à la tectonique locale, un
graben formant des évents sombres plutôt rectilignes ou allongés, une éruption fissurale formant des évents
multiformes.
157
4.44 Les cônes volcaniques
En 1981 Dick Pike a publié dans Catalog of Topographic une classification à partir de 16 volcans lunaires, ou
supposés tels. Trois types (LC = cône; LH = cratère à halo sombre; LD = cratère dôme) basée sur le diamètre
du cratère sommital, la hauteur au-dessus de la plaine environnante, le diamètre à la base, la circularité:
5 cônes LC : Aristarchus 1, Aristarchus 2, Lassell HJ, Serenitatis-1, Serenitatis 2
6 cônes LH : Alphonsus R, Alphonsus KC, Alphonsus CA, Alphonsus MD, Sud Alphonsus CA, Alphonsus
Ouest sur Rima Alphonsus II
5 cônes LD : D-Crater (Ina), Maraldi D 2NW, Cauchy Omega, Maraldi B 1SE, Rima Aristarchus 8
Ina se trouve sur un plateau près de Lacus Felicitatis, au pied du versant sud des Montes Apenninus, à égale
distance de Conon et Manilius.
Découverte par Apollo 15 en 1971, Ina ou « D » mesure 2,5 x 1,8 km (données LRO). C’est une dépression
située au sommet d'un bouclier volcanique de faible altitude. Elle a une profondeur de 20 à 40 m. Aucun
rebord ne laisse présager de sa présence pour un promeneur alentour. L’absence de cratère sur le plancher et
des formes fraiches témoignent de la jeunesse de cette formation atypique. En 2013 son âge a été estimé à
« quelques dizaines de millions d’années ».
Trois unités principales sont observées sur le plancher : des monticules de forme irrégulière pouvant atteindre
20 m de haut, une unité inférieure de 1 à 5 m en relief qui entoure les monticules et des blocs fragmentés.
Les analyses des images du Lunar Reconnaissance Orbiter montrent que les caractéristiques d’Ina sont
morphologiquement semblables à des coulées de lave bombées, processus qui, sur Terre, se produit lorsque
une nouvelle coulée de lave s’introduit sous une croute solide.
158
Si la source de lave reste incertaine, le modèle suggère que les monticules de 20 m ont servi de source à des
écoulements qui ont créé à leur base l'unité morphologique inférieure. Au fil du temps, le mouvement des
deux unités morphologiques a révélé de nouvelles surfaces observées dans l'unité composée de blocs
fragmentés. Si Ina est différent des formations terrestres – aucun évent ni aucune fissure observés sur les
monticules - les processus de bombement par des flux de lave sous-jacents expliqueraient bien les données
morphologiques observées.
Une autre hypothèse de formation est proposée. Il existe des formations proches voire identiques sur Mercure.
Lors des survols de Mariner 10, les chercheurs les avaient remarquées dans l’enceinte de certains cratères
d’impacts sous forme de zones brillantes et bleutées. Ils n’avaient pu en définir l’origine.
Les nouvelles images de Messenger ont confirmé celles de Mariner. Grace à leur haute définition, les
planétologues ont pu constater que ces régions n’étaient pas uniformes mais constituées de toute une série de
petites dépressions rassemblées en amas, qu’ils ont baptisées des « creux » ou « hollows » en anglais. Elles
sont présentes un peu partout. Comme pour Ina, elles sont peu cratérisées, ce qui indique qu’elles sont
récentes.
Ces dépressions, qui ressemblent donc à Ina, sont interprétées comme provenant d’une perte récente de
matières volatiles par sublimation, dégazage ou même en raison d’un volcanisme pyroclastique.
4.5 Les formations à albédo particulier : points brillants, les Dark Halo Craters et les swirls
159
Un exemple : le point brillant de Cassini, un cratère de 4 km
Le point brillant de Cassini dans le cratère Deslandres, imagé sous deux éclairages différents, est un
cratère âgé de moins de 1 milliard d’années (présence de raies), moins de 80 / 100 millions d’années car il
se situe au-dessus des éjectas de Tycho. Sous un éclairage rasant il est pratiquement invisible du fait de
son diamètre alors qu’il brille à la pleine lune.
Mais c’est Censorinus, un craterlet de 3.8 km, situé en bordure de Mare Tranquillitatis, à proximité du
cratère Maskelyne, qui remporte la palme du cratère le plus brillant à la surface de la Lune.
KC Pau
160
- si l’impacteur est plus modeste ou que le sol basaltique est très épais, seul le sol marin est excavé, formant
un halo sombre autour du cratère, comme pour Copernicus H.
Dyonisius Copernicus H
161
comètes frôlant la Lune, a décapé la surface du sol et exposé des poussières plus claires, dessinant les
formes des swirls.
Une récente proposition - Garrick-Bethell, Head et Pieters - fait appel à un renouvellement d’une très fine
couche de poussières microscopiques en surface chargée électrostatiquement, en particulier le long du
terminateur. Ces particules peuvent être déplacées par les champs créés à l’intérieur de bulles magnétiques
locales. La couche de poussières peut avoir de 10 cm à 10 m d’épaisseur.
Une autre hypothèse - Wieczorek et coll. - proposent l’existence d’une relation entre des fragments de
débris fondus et la création du bassin Pole Sud-Aïtken. Ils ont remarqué qu'un nombre important
d'anomalies magnétiques se trouvaient près de ce bassin et pouvaient donc en être des éjectas.
Des simulations montrent qu'un impacteur de 200 km de diamètre, frappant la Lune à 15 km/s sous un
angle de 45°, pouvait expliquer la répartition des "magcons". Le projectile pouvait venir du sud, ce qui est
en accord avec l'élongation approximativement nord-sud de SP-A et la concentration de "magcons" vers le
nord. Toutefois l'un des "magcons" parmi les plus intenses de la face visible suit Rima Sirsalis. Cette
anomalie était interprétée comme la signature en surface d'un dyke (lame intrusive verticale de magma) à
l'origine de la rainure.
Les cratères associés sont des formations ayant comme origine l’impact d’un corps fragmenté, une comète
par exemple ou les retombées de blocs arrachés du sol lunaire lors d’un impact.
162
Les essaims de secondaires
L’étude de la répartition des cratères secondaires permet de localiser des bassins aujourd’hui
disparus ou hypothétiques
163
4.62 Les sculptures d’Imbrium, des secondaires qui ne sont ni des cratères ni des vallées
En 1893, Grove Karl Gilbert a été le premier à interpréter le bassin Imbrium et les marques radiales qui en
émanent, comme la trace d'un impact géant. Gilbert voyait dans les marques des fractures consécutives à
l'impact. Schultz et Papamarcos en ont étudié l’orientation et déterminé que les projectiles sont venus de
trois régions différentes : de la zone d’impact située au sud-est de Sinus Iridum, de l’avant et de l’arrière de
cette zone. Ceci permet de conclure à un impact oblique. Ils ont estimé la taille de l’impacteur à 275 km.
164
Les grands cirques formés récemment sont entourés par des centaines de dépressions alignées
radialement au cratère ou réparties selon des formes courbes ou par paquets. E Shoemaker a
modélisé la formation des cratères secondaires à partir de la répartition des impacts provoqués par
les explosions nucléaires. Rapportés à Copernic les cratères secondaires auraient été créés par des
impacts d’objets ayant entre 100 et 500 m de diamètre, frappant le sol à 400 m/s. On estime que
2% du volume excavé participe à la formation des cratères secondaires, les 98% restants sont soit
pulvérisés en éléments insuffisants pour créer des cratères secondaires, soit doter d’une vitesse
initiale supérieure à la vitesse de libération (2,38 km/s) et expédiés dans l’espace.
165
Le U de Fabricius
Après le U, le V
L’épée de la Lune
166
La plus longue ligne droite de la Lune ?
Le cœur percé
Sur la rive sud-ouest d’Oceanus Procellarum, deux formations volcaniques composées de lave riche en
silice nommées ainsi, The Helmet et Arrow Head, par les sélénographes US.
167
Le sombrero ou l’œuf dans son nid
Le souriant
Le têtard
LRO
168
La patte d’oiseau
Damian Peach
L’origine est difficile à définir ; des failles de chevauchement résultant de mouvement horizontaux seraient
concentriques plutôt que radiales. Peut-être s’agit-il de remontées de magma le long de failles radiales, des
dikes naissants.
169
fractures dans le plancher. A noter que Gassendi A ne s’est pas vu doter d’une nomenclature malgré son
diamètre alors que Cameron, deux fois plus petit, a été nommé ainsi en 1973 pour rendre hommage à
Robert Cameron, astronome américain du milieu du 20e siècle/.
La cacahuète
La paire de lunettes
L’empreinte de chaussure
170
La cité de Gruithuisen
L'astronome allemand Franz von Gruithuisen publie à partir de 1824 des découvertes selon lesquelles une
cité lunaire de 25 kilomètres du nord au sud, située au nord du cratère Schröter (ne pas confondre avec
Vallis Schroteri), sur les rives du Sinus Medii (8N-4N / 6W-10W), serait le témoin d'une grande civilisation
sélène. En fait des chaînes de montagne se coupant à angle droit et des superpositions d'éjectas ont suggéré
au baron l’existence de « constructions colossales... et de rues ».
Le pont O’Neil
En juillet 1953 John O’Neill, directeur scientifique du New York Herald Tribune, affirma avoir observé
une « arche gigantesque de 18 km d’une culée à l’autre » en bordure de Mare Crisium (image de gauche).
Une lunaison plus tard, H.P. Wilkins directeur de la Lunar section de la British Astronomical Association
repéra une forme courbe de 3 km. Il s’avéra que ce n’était qu’un jeu d’ombre à travers une dépression du
promontoire Lavinium. Avec un modeste instrument ce type d’illusion est tout à fait possible comme le
montre l’image de Plato. Avec un faible grossissement le sommet d’une portion de rempart peut être
confondu avec une arche surbaissée.
Le pont de Bullialdus
171
5E REMARQUE : LES PHOTOS PERMETTENT DE RENTRER DANS LE DETAIL ET
D’EFFECTUER DES MESURES : LONGUEURS ET ALTITUDES
Un télescope de 200 mm permet de réaliser des images de la Lune présentant de fins détails à partir
desquels on peut mener une analyse « géologique » ou procéder à des mesures. Parmi elles, les mesures
d’altitude.
Estimer une altitude sur la Lune ne présente pas en soit de difficultés majeures si on accepte une certaine
marge d’erreur. Il s’agit simplement de mesurer des distances et d’estimer la hauteur du Soleil au-dessus de
l’horizon.
Cette première mesure est relativement facile à réaliser sauf si l’objet est trop proche du limbe et que la
mesure doit se faire en privilégiant la longitude.
Le calcul est une simple règle de trois.
172
Je considère que les observations exposées jusqu'ici, montrent de façon assez évidente que la surface la plus claire de
la Lune est partout couverte de protubérances et de dépressions. Il nous reste à parler de leurs dimensions, en
montrant que les inégalités sont sur Terre beaucoup plus faibles que sur la Lune, ceci de façon absolue et non relative
aux dimensions de leurs corps respectifs. Voici comment cela se démontre clairement : J'avais très souvent observé,
dans les différentes positions de la Lune par rapport au Soleil, que quelques sommets situés dans la partie non
éclairée de la Lune, même assez éloignés de la limite ombre-lumière, semblaient illuminés par la lumière solaire. En
comparant leur distance par rapport à cette limite au diamètre de la Lune, j'observai que cet intervalle dépassait
parfois un vingtième du diamètre. Ceci étant admis, supposons que le corps lunaire soit un grand cercle CAF, de
centre E. Le diamètre CF est par rapport à celui de la Terre comme deux à sept. Or le diamètre de la Terre est selon
les plus exactes observations de 7000 milles italiques. Donc CF mesurera 2000, CE 1000, et le vingtième de CF sera
100. Soit CF le diamètre du grand cercle qui sépare la partie lumineuse de la Lune de la partie.
En raison du très grand éloignement du Soleil par
rapport à la Lune, ce cercle ne diffère pas sensiblement
d'un grand cercle1. Soit un point A distant du point C du
vingtième de ce diamètre, prolongeons le rayon EA qui
rencontre la tangente GCD au point D (cette tangente
représente le rayon illuminant). L'arc CA, ou le segment
CD, vaudra donc 100 des unités dont CE vaut 1000, et la
somme des carrés de DC et CE vaudra 1 010 000,
quantité égale au carré de DE ; DE vaudra donc plus de
1004, et AD plus de 4 des unités dont CE contenait 1000.
Donc le segment AD, qui correspond sur la Lune à un sommet qui monte jusqu'au rayon solaire GCD et qui est séparé
de la limite C par la distance CD, a plus de 4 milles italiques de hauteur*, alors que sur Terre il n'existe pas de
montagnes qui atteignent une hauteur d'un seul mille à la verticale ; il est donc clair que les sommets sont plus élevés
sur la Lune que sur la Terre.
Le calcul de Galilée
A son époque le diamètre lunaire est estimé à 2/7e du diamètre terrestre et le diamètre de la Terre à 7000
milles italiques (1 mille italique = 1478 m).
Le diamètre lunaire pris en compte par Galilée est de 2000 milles italiques.
La distance DC, distance du terminateur à la pointe du sommet éclairé est estimée par Galilée à 1/20 du
diamètre apparent de la Lune. Soit 200 /20 = 100 milles italiques
En appliquant le théorème de Pythagore on déduit que
DE2 = (2000/2)2 +1002 = 10002 + 1002 = 1010000
Donc DE = 1010000 ½ = 1004,98
Or DE = AE + AD, d'où AD = DE – AE = 1004,98 – 1000 = 4,98 milles italiques soit une altitude de
6000 m.
173
Méthode la plus simple (mais la moins précise).
Il faut connaitre la colongitude du terminateur, la longitude de l’objet, la longueur de l’ombre projetée par
l’objet (cf. paragraphe précédent),
La colongitude est la longitude du terminateur du matin, mesurée vers l’ouest à partir du méridien central.
Elle peut être facilement calculée par extrapolation à partir de la date exacte du premier quartier
(colongitude 0°), le terminateur se déplaçant de 0°30’ (0,508°) par heure.
Les éphémérides donnent les colongitudes à 0 h et 12 h. Les logiciels comme l’Atlas Virtuel de la Lune
calculent à la demande cette position.
La latitude et la longitude de l’objet sont données par certains ouvrages (Rükl par exemple)
Sinon elles peuvent être déduites par des mesures « à plat » sur une photographie ou une carte précise.
a = latitude mesurée sur la carte ;y = a/r (r = rayon de la Lune mesurée sur la carte ou la photographie
b = longitude mesurée sur la carte ; x = b/r
y = sin
sin = y / √1 − 𝑥2
La longueur de l’ombre est déduite par mesure sur une photographie ou un dessin.
On peut également utiliser l’échantillonnage, ici 70 pixels de 714 m. L = 50 km
La différence entre la colongitude du terminateur et la longitude de l’objet donne la hauteur S du Soleil au-
dessus de l’objet. Plus elle sera faible, plus l’ombre sera longue.
La hauteur de la formation peut être estimée avec la formule
H = L tan S
Mesure de la hauteur
Latitude : 46° nord
Longitude : 26° ouest
Colongitude à la date et heure de la prise de vue (1/4/2012 21 h 22mn HL) = 30°30’ (30,5°) (Atlas Virtuel
de la Lune)
Hauteur du Soleil : S = 30,5° – 26° = 4,5°
Tan S = 0,078
Longueur de l’ombre : L = 42,7 km
H = 42,7 x 0,078 = 3 360 m
Mesuré LRO = 2 734 m. La différence est non négligeable (626 m) car ce calcul simple ne tient pas compte
d’un grand nombre de critères, de la libration, de la position de la Terre, de celle de l’observateur… Mais
cela donne une estimation.
Il existe d’autres méthodes plus complexes à mettre en œuvre. Elles peuvent être retrouvées sur « Le Guide
de l’Observateur » de la SAP ou dans « The Moon » Appendix III de H.Percy Wilkins et Patrick Moore,
Editions Faber and Faber. Voici une méthode proposée par KC Pau :
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5.31 Détermination de longueur et de hauteur sur la Lune
Cette méthode permet de déterminer les longueurs et les hauteurs des formations lunaires à l'aide d'une
image numérique. L'incertitude de mesure est de l’ordre de 10 %.
5.32 Correction pour la longueur de l’ombre
Sur la Lune, la lumière du Soleil est souvent orientée presque parallèlement à l'équateur. Très souvent,
l'ombre est inclinée par rapport à la ligne de visée observateur/objet et semble plus courte que sa longueur
réelle. Une correction sur la mesure doit être appliquée:
Correction sur la longueur de l’ombre = longueur mesurée / cos
où est l’angle dans la direction EO du méridien central de la Lune compte tenu de la libration en
longitude.
Exemple avec une libration en longitude de -3,4° et la longitude de l’extrémité de l'ombre à 27°24’ (27,4°)
lue sur une carte.
Si la mesure de la longueur de l’ombre est de 37 pixels dans la direction EO, la longueur corrigée sera
37 / cos [27,4° – (-3,4°)] = 43 pixels. Avec un échantillonnage de 0,396, ceci équivaut à 43 x 0,396=
17,02’’.
Supposons maintenant que la distance
entre l'ombre et l'observateur soit de 375
000 km (elle peut être estimée à partir
d'éphémérides lunaires et est toujours
inférieure à la distance Terre-Lune de
centre à centre). La longueur réelle de
l'ombre sera 375 000 km x sin (17,02’’) =
17,7 km.
Sin (S) = sin (b) sin (bo) + cos (b) cos (bo) sin (l + co)
où
b = latitude du pic (compris entre 90 0)
l = longitude du pic (compris entre 180 0)
bo = latitude du Soleil (compris entre 1,6 0)
bo est aussi appelé déclinaison du Soleil ou latitude du point subsolaire selon les éphémérides. Le point
subsolaire est le point de la surface lunaire qui a le Soleil à son zénith.
co est la colongitude du Soleil.
Les valeurs l et b d’un objet sur la Lune peut être trouvée à partir de l’atlas Rükl ou de l’Atlas Virtuel de la
Lune, de la page web de l’USGS/IAU, du site.edu/q3/ http://target.lroc.asu
Les valeurs bo et co du Soleil dépendent de l’instant d’observation et peuvent être trouvées sur les
éphémérides lunaires.
175
5.34 Calcul de la hauteur en fonction de la longueur de l’ombre
H = L tan S, où L est la longueur réelle de l’ombre et S la hauteur du Soleil.
Il est préférable que la hauteur du Soleil (S) lors de la mesure soit inférieure à 15° mais pas plus petite que
2°. Si S est supérieure à 15°, l'ombre visible de la Terre peut être trop courte pour être mesurée avec
précision.
16/02/2013 à 18 h 22min UT
Distance: 394 776 Km
Diamètre apparent: 30’ 16’’ (30,27')
Taille du pixel
30,27’ = 1827’’ = 750 m
Colongitude: 344°12’ (344,2°)
Latitude subsolaire: 1°30’ (1,5°)
Libration en latitude: - 00°10'
Libration en longitude: + 03° 22'
Longitude du cratère : 26°24’ (26,4 °)
28°18’ (28,3°) au point a
24°48’ (24,8°) au point b
27°18’ (27,3°) au point c
Latitude du cratère :-11°24’ (-11,4°)
Diamètre de Theophilus
Données en degrés et décimales
E = 0,396’’ par pixel
Diamètre mesuré ab = 133 pixels
Diamètre corrigé = 133 / cos [24,80 – (+3,220)] = 143 pixels
143 pixel x 0,396’’ = 56,6’’
Distance du cratère à l’observateur :
diamètre de la Lune / sin (diamètre angulaire) – rayon de la Lune x cos (l) cos (b)
soit
3 474 / sin (30’27”) – 1 737 cos (26,40) cos (-11,40)
(3 474 / 0,008872) - 1 737 x 0,8957 x 0,98027 = 390 268 km
Diamètre de Theophilus = 390 268 sin (56.6 ‘’) = 105,9 km
(UAI 110 km, Rükl 100 km)
Longueur de l’ombre formée par le rempart de Theophilus
Longueur mesurée de l’ombre ac = 28 pixels
Longueur corrigée = 28 / cos [27,3° – (3,22°)] = 25 pixels = 10,0’’
Longueur de l’ombre (L) = 390 268 sin (10,0) = 18,9 km
Hauteur du Soleil (S) au point a
Sin (S) = sin (b) sin (bo) + cos (b) cos (bo) sin (l + co)
= sin (-11,83°) sin (1,5°) + cos (-11,830) cos (1,5°) sin (27,9° + 344,2°)
= (-0,205) (0,0261) + (0,9787) (0,9996) (0,2096)
= (-0,0053) + (0,2006) = 0,1953
S = 11,2°
Profondeur de Theophilus (h)
p = L tan (S) = 18,9 x tan (11,2°) = 3,742 km
176
(LRO 3,890 km, Rükl: 4,4)
Déterminer l’altitude de Promontorium Laplace
Toute la difficulté provient du décompte des pixels à l’extrémité de l’ombre. Il faut faire 5 estimations et
prendre la moyenne. 1 pixel de plus et c’est une erreur de 733 m sur la longueur de l’ombre.
La hauteur devient donc H = s tan (S) = (43,9 + 0.733) tan (3.4°) = 44 ,6 tan (3,4°) = 2649 m soit une
différence de 31 m.
Ne pas oublier que les mesures effectuées par LRO le sont par radar et qu’auparavant un résultat était
obtenu non pas après une seule mesure mais une série très longue donnant une moyenne avec marge
d’erreur.
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QUELQUES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET AUTRES
Sites généraux
https://the-moon.wikispaces.com/Introduction
http://www.astrosurf.com/luxorion/menu-lune.htm
http://lpod.wikispaces.com/2014
http://iluj.wikispaces.com/2014
http://www.lpi.usra.edu/publications/books/lunar_sourcebook/http://themoon.wikispaces.com/System+of+
Lunar+Craters
Lunar and planetary Institute : http://www.lpi.usra.edu/lunar/
Chapitre de : http://media4.obspm.fr/public/AMC/pages_stlp/impression.html
NASA : http://moon.nasa.gov/home.cfm
http://target.lroc.asu.edu/q3/
http://wms.lroc.asu.edu/lroc_browse?page=1
Exploration lunaire
http://system.solaire.free.fr/sondelune.htm
Géologie
http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/origine-Lune.xml#impact
http://jeromegrenier.free.fr/atlaspdf/geologie.pdf
http://digilander.libero.it/glrgroup/consolidatedlunardomecatalogue.htm
The Geologic History of the moon:
http://ser.sese.asu.edu/GHM/
Lunar Source Book: http://www.lpi.usra.edu/publications/books/lunar_sourcebook/pdf/Chapter04.pdf
Ouvrages consultés
Il ne s’agit pas d’une sélection d’ouvrages mais de ceux qui ont été consultés pour ce livre.
Livres anciens
Atlas de la Lune – Vincent de Callataÿ – Gauthier-Villars
Notre nouveau monde, la Lune – Albert Ducrocq – Sciences et Avenir
Le guide de la Lune – Patrick Moore – 10/18
Astronomy p. 19 /43 - Patrick Moore – Guiness Book
Atlas guide photographique de la Lune – Georges Viscardy – AFMA et Masson
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Autres livres et publications
Atlas de la Lune – Antonin Rukl – Gründ
The modern moon – Charles A. Wood – Sky and telescope
21st century atlas of the moon – Wood and Collins – West Virginia University
The Kaguya lunar atlas – Motomaro Shirao et Charles A.Wood
Craters of the near side Moon - John Moore - Amazon edit
Le grand atlas de la Lune – Thierry Legault et Serge Brunier – Larousse
Le monde de la Lune – Frederic Niel – Hachette
Découvrir la Lune – Jean Lacroux et Christian Legrand – Bordas
Observing the moon – Gerarld North – Cambridge University Press
The moon – Zdenek Kopal – Reidel Publishing
A portofolio of lunar drawings – Arold Hill - Cambridge
The moon book – Kim Long – Johnson Books
Jardiner avec la Lune – Xavier Florein – SAEP
Selenology today (revue) Raffaelo Lena et col.
Les mots du ciel – Daniel Kunth – CNRS Editions
On consultera avec profit la double page d’Astronomie Magazine de Raymond Sadin
E.books gratuits
Accessibles via le site de Maurice Collins (http://moonscience.yolasite.com)
Lunar source book – Heiken et col – Cambridge University Press
Geological History of the Moon – Don Wilhems – Arizona State university
Prochaine parrution de l’auteur : le “Lunar 100”, une sélection commentée de 100 sites lunaires parmi les
plus interessants d’après Charles A. Wood
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180E ET DERNIERE PAGE.
Il est difficile de décider de mettre un terme à la rédaction d’un document comme celui-ci. La diffusion
rapide de l’information nous permet d’accéder en permanence à de nouvelles données. J’aurai pu prendre
comme échéance la fin de l’été 2014, la rédaction étant arrivée à son terme. Mais alors je n’aurais pas pu
compléter les commentaires sur Ina Caldeira par ceux concernant les Taches Marines Irrégulières ni
aborder le paradoxe posé par les apatites riches en hydrogène, ces deux ajouts ayant fait l’objet de
communications en octobre 2014.
Alors j’ai choisi très arbitrairement le 31 décembre 2014. Il est possible que de nouvelles découvertes aient
lieu au matin du 1er janvier 2015, que de nouvelles théories ou hypothèses voient le jour après cette date ; le
Workshop on Early Solar System Bombardment prévu les 4 et 5 février 2015 à Houston devrait apporter
son lot de nouvelles informations. Vous saurez pourquoi je n’y ai pas fait référence. C’est donc une bonne
raison pour se tenir informé de l’actualité lunaire. Mais la meilleure justification reste pour moi que la Lune
est facile à observer et que, pour peu que l’on s’intéresse à elle, elle nous raconte une multitude d’histoires
passionnantes.
Chateaugay
le 6 mars 2016
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