· · DROIT · ARKETING
Le secret
bancaire
Approches nationale et internationale
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Approches nationale et internationale
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Le pictogramme qui figure ci-contre mérite une explication. Son objet
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est d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de
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l'écrit, particulièrement dans le domaine de l'édition technique et
universitaire, le développement massif du photocopillage.
LE Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet
PHOTOCOPILLAGE expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des
TUE LE LIVRE
ayants droit. Or, cette pratique s'est généralisée dans les établissements
..., d'enseignement, provoquant une baisse brutale des achats de livres et de revues, au
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·c point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les
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D.. faire éditer correctement est aujourd'hui menacée.
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Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, de la présente
publication est interdite sans autorisation de l'auteur,de son éditeur ou du Centre français
d'exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands Augustins - 75006 Paris).
Le secret
bancaire
Approches nationale et internationale
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Jérôme Lasserre Capdeville
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Université de Strasbourg
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DU MÊME AUTEUR
I ntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Première partie
APPROCHE NATIONALE
DU SECRET BANCAIRE
Chapitre 1
Chapitre 2
2. En cas de cautionnement....................................................................................... 59
3. En cas d'entreprises en difficulté ........................................................................ 61
4. En cas de saisie-attribution................................................................................... 63
5. En cas de surendettement ..................................................................................... 65
6. En cas de divorce ....... .......................... ....... ....... ..... ... .... ... .... ....... ..... ... .... ... .... ....... ... 67
7. Les exceptions en faveur de la banqu e ............................................................. 67
Deuxième partie
APPROCHE
INTERNATIONALE
..., DU SECRET BANCAIRE
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u Chapitre 1
Chapitre 2
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INTRODUCTION
M ichel Audiard
( 1920-1985)
1. J . Carbonn ier, « Tra nsparence » inF/exible droit, LGDJ, 2001, 1oe éd., p . 320.
1 4 1 L E SECRET BANCA I R E - APPROCHES NAT I ONALE ET I N T E R NATI O N A L E
nature confidenti el le qui lui parvien nent et respecte ainsi c e que l'on
nomme le « secret bancaire ».
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A P P ROCHE NATI O N A L E
DU S EC R ET BAN CAI R E
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12. Le secret ba nca i re a donc été consacré en France par la loi
n° 84-46 du 24 janvier 1984, relative à l'activité et au contrôle des
établissements de crédit. I l en constituait l'article 57. Depuis la
codification du Code monéta i re et fi na ncier, issue de l'ordonnance
n° 2000-1223 d u 14 décembre 2000, le principe figure à
l'article L. 51 1-33 d u Code monéta i re et fina ncier. Ce dernier, qui a
fa it l'objet depuis lors de p l usieurs modifications légales 1, p révoit
J J
a i nsi que : « Tout membre d un conseil d administration etJ selon
J
le casJ d un conseil de surveillance et toute personne quiJ à un titre
J
quelconque participe à la direction ou à la gestion d un établissement
J J
de créditJ d une société definancement ou d un organisme mentionné
au 5 de rarticle L. 511-6 ou qui est employée par run de ceux-ciJ est
tenue au secret professionnel.
Outre les cas où la loi le prévoitJ le secret professionnel ne peut être
opposé ni à /'Autorité de contrôle prudentie/J ni à la Banque de FranceJ
J
ni à rautorité judiciaire agissant dans le cadre d une procédure
J
pénaleJ ni aux commissions d enquête créées en application de
rarticle 6 de rordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative
au fonctionnement des assemblées parlementaires.
Les établissements de crédit peuvent par ailleurs communiquer des
J
informations couvertes par Je secret professionne/J d une partJ aux
agences de notation pour les besoins de la notation des produits
J
financiers etJ d autre partJ aux personnes avec lesquelles ils négocientJ
concluent ou exécutent les opérations ci-après énoncéesJ dès lors que
...,
ces informations sont nécessaires à celles-ci :
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Le p ri n c i pe du sec ret
banca i re
15. Étudions ici qui sont les débiteurs (§1) et les créa nciers (§2) d u
secret banca i re en France, avant d'en observer l'objet, c'est-à-dire les
i nformations de nature confi dentielle {§3) .
...,
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D.. 1. Les débiteurs du secret bancaire
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A . Présentation générale
18. De façon plus précise, l'article L. 5 1 1-33 soumet à cette obl igation
tout membre d'un conseil d'admin istration (ou d'un directoi re),
tout membre d'un conseil de surveillance et, d'une façon générale,
..., « toute personne qui à un titre quelconque participe à la direction
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> ou à la gestion d'un établissement de crédit » ou « aux associations
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0 sans but lucratif et aux fondations reconnues d'utilité publique »
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accordant sur l e u rs ressources propres et sur em p ru nts contractés
au près, notamment, d'éta bl issements de crédit, « des prêts pour la
création et le développement d'entreprises dont l'effectif n'excède pas
un nombre fixé par décret ou pour la réalisation de projets d'insertion
par des personnes physiques » . l i en va de même pour les person nes
employées pa r l'un de ces éta bl issements ou organ ismes.
1. V. infra, n° 31 et S.
26 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
1. En cas de filiale
2. En cas de succursale
27. La même sol ution semblerait, à prem ière vue, devoir s' i m poser
si la succursale est implantée dans u n pays étranger. En effet, ne
disposant pas de person n a l ité juridique propre, il est de principe en
France que la succursale étrangère voit sa société mère répondre de
l'ense mble de ses dettes, bien q u'elle soit implantée dans un autre
État. Cette responsa bilité, corroborée par l'absence de structure
sociale de la su ccursale, pou rrait alors a mener à penser q ue la
société mère bénéficie d'un accès aux i nformations couvertes par le
28 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
secret banca i re e t détenues par cette m ême succursa le. Cependa nt,
ad mettre une te lle sol ution reviendrait à ruiner ce pri ncipe, ca r i l
suffi rait d'im planter une succursale d a ns u n autre pays pour avoir
accès à toutes l es i nformations couvertes par le secret i nstitué par
l' État étranger. Cette sol ution doit alors logiq uement être écartée. Il
en va de même à l'égard des succursa l es d'éta blissements étrangers
i m pla ntées en France. Notons à ce p ropos que selon l'article 3,
alinéa 1er du cod e civil « les lois de police et de sûreté obligent ceux
qui habitent le territoire ». Or, le secret bancaire étant u n principe
dont la violation est réprimée péna lem ent, i l constitue une mesure
de pol ice et de sû reté, c'est-à-d i re une règle dont l'observation est
nécessa i re pour préserver l'i ntérêt gé néral. I l a, par conséquent,
vocation à s'imposer à tous ceux q u i exercent une activité ba ncai re
sur l e territoire, qu'il s'agisse d'une fi liale ou d'une succursa le
d'un éta bl isseme nt de crédit étra nger. La succursa le devra donc
bien respecter le secret bancaire de son pays d'accueil sous peine
d'encourir d iverses sanctions.
29. Les princi paux créanciers du secret banca i re sont bien entendu
les clients des établissements de crédit, c'est-à-d i re les person nes q u i
contractent avec ce dernier pour l a réalisation d'une opération d e
nature ba ncaire. Cette qua lité s'acquiert ainsi p a r l a conclusion d'une
convention . Le client de la banque peut être une personne civile
LE PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 29
30. P récisons que le secret bancaire n'est pas opposa ble au cl ient
sur ses propres affaires. En effet, un d roit ne sau rait se retourner
contre celui qu'il protège. Ce client sera a i nsi en d roit de demander
à son ba nquier le relevé de son com pte ou encore la justification
de toutes les opérations traitées avec l u i . En reva nche, et c'est une
limite im portante, il ne pou rra pas avo i r accès à des i nformations de
nature confidentielle visant des tiers. À titre d'ill ustration, en matière
de co mptes ouverts à plusieurs titula ires (comptes joi nts, com ptes à
indivis, etc.), chaque cotitulaire a u ra droit à une information complète
d u banquier à propos d u com pte, et ce, même si u n mandataire a été
désigné pour le fa i re fonctionner. Toutefois, cette i nformation sera
limitée aux écritures d u compte et à la com m u n i cation des pièces q u i
y sont relatives, et ne pou rra s'étendre a u x faits et actes i ntéressant
un se u l des cotitulaires, même si le ba nquier en a eu conna issance
à l'occasion d u fonction nement d u com pte col lectif. Dans u n tel cas,
la d ivu lgation n e sera envisagea ble que si le créa ncier d u secret a
expressément autorisé le banquier à procéder à celle-ci 4.
4. V. infra, n° 94 et S.
3 0 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
à l'égard de person nes qui n'ont plus la qualité d e client 5. Dès lors,
pourquoi fa udra it-il opérer une d istinction entre l es anciens clients
de la banque et ceux q u i n e le sont pas, alors q u'a ucun d'entre eux
n'est lié contractuel lement avec l'éta bl issement de crédit ? D'autre
pa rt, à aucun moment la législation fra nçaise ne li mite le bénéfice d u
secret a u x seuls clients. l i n'y a donc pas lieu d e d istinguer, l à où l a loi
ne distingue pas.
5. V. supra, n° 21.
6. CA Toulouse, 2 déc. 1999, JCP G 2000, IV, 2369.
7. Cass. cri m., 30 janv. 2001, n° 00-80.367, Bull.crim. 2001, n° 29.
8. Cass. corn., 13 juin 1995, n° 93-16.317, Bull. civ. 1995, IV, n° 172 ; Cass. corn.
8 j u i l l . 2003, n° 00-11.993, Bull. civ. 2003, I V, n° 119 ; Cass. corn., 21 sept.
2010, n° 09-68.994, LEDB nov. 2010, p. 3, obs. J. Lasserre Capdev ille ; Cass.
corn., 5 fév r. 2013, n° 11-27. 746, JCP G 2013, 502, note J. Lasserre Capdev ille ;
sur le fondement de cette j u risprudence, V. infra, n° 67 et S.
L E PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 3 1
36. Mais une évol ution de cette j u risprudence relative aux versos
des chèques ne doit-elle pas être constatée ? Cette question peut
légitimement se poser dans la mesure où, par un a rrêt du 1 1 octobre
2011, la Cour de cassation s'est montrée très favora ble à une
transmission des i nformations se trouvant sur l'ensemble d u titre,
c'est-à-dire à la fo is son recto et son verso 11. Selon el le, dans la mesure
où la com m u n ication en question i ntervenait dans u n l itige opposant
les banqu iers présentateurs et tirés de chèques l itigieux aux sociétés
demanderesses, q u i leur reprochaient u n comportement fa utif en
l'absence de vérification des endossements fraud uleux opérés par
leur com pte, les règles d u secret bancaire ne pouvaient pas être
...,
i nvoq uées. Cette sol ution n'a guère em porté notre conviction. Elle a
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d'ailleurs été remise en cause, semble-t-il, par une a utre décision de
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la chambre commerciale d u 5 février 2013 12 • Cette dernière ra ppelle
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a i nsi la j urisprudence traditionnellement ad mise en la matière : le
secret banca i re « constitue un empêchement légitime opposable au
9. CA Rennes, 11 oct. 2012, LEDB déc. 2012, p. 4, obs. n° 161, obs. J. Lasserre
Ca pdev i lle.
10. Sur les différences entre ces deux situations et le droit a p plicable à chacune
d'elles, J . Lasserre Capdeville, Gaz. Pal., 28 mars 2013, n° 86, p. 12.
11. Cass. corn., 11 oct. 2011, n° 10-10.490, JCP G 2011, 1388, note J . Lasserre
Ca pdev i lle.
12. Cass. corn., 5 févr. 2013, n° 11-27.746, op. cit.
32 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
juge civil (. . .}, il n e cesse pas du seul fait que l'établissement de crédit
est partie au procès, dès lors que son contradicteur n'en est pas le
bénéficiaire ». L'a rrêt n'est cependant pas pour autant à l'abri, l u i non
plus, de toute critique de par sa généralité. Aucu ne disti nction n'est,
par exemple, faite entre les i nformations figurant s u r le recto et sur
le verso d u titre.
13. CA Paris, 31 ja nv. 2013, LEDB, avr. 2013, p . 3, n ° 37, obs. J. Lasserre Capdeville.
14. CA Paris, 5 août 2011, LEDB, oct. 2011, p. 2, n ° 131, obs. J. Lasserre Capdeville.
L E PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 3 3
C. La banque elle-même ?
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...,
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Ol 41. I l serait erroné de penser que le banquier est astreint à une
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D.. obligation généra le de se taire : il n'est tenu de garder secret que
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certa i ns faits jugés de natu re confidentielle. Cependa nt, l'absence
15. Cette solution ne serait donc pas envisagea ble en cas de chèque a u porteur.
16. Bien évidemment, le tireur serait toujours susceptible, d a ns de telles ci rcons
tances, de sa isir le juge pénal nota mment s u r le fondement de l'escroquerie.
Le secret banca i re pou rrait alors être levé.
17. CA Poitiers, 2 nov. 2005, BICC 2006, n° 1334.
18. Cela explique pourquoi certains juges du fond ne sont pas très clairs dans
leur distinction entre ces deux secrets, TG I Na nterre, 2 5 mai 2010, Banque
& Droit, se pt.-oct. 2010, p. 37, obs. Th. Bonneau.
34 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
42. À l'origine, l'a ncien article 378 d u code pénal n e faisait référence
q u'aux secrets confiés. En conséquence, les juges ont estimé u n
temps q u e seules les i nformations com m u niquées volontai rement
par le client à son ba nquier pouvaient être considérées comme
confidentielles et, à ce titre, couvertes pa r le secret professionnel.
Or, une telle interprétation était trop restrictive pour protéger
efficacement la personne visée par les informations confidentielles,
contre les indiscrétions d'un professionnel assujetti à une obl igation
au secret en raison de sa qualité professionnelle.
caractère secret ».
54. Quels sont les effets d u secret ba nca i re ? Tout dépend d e la situation
dans laquelle nous nous trouvons. Si le débiteur respecte bien ce
dern ier, son effet sera son opposa b i l ité aux personnes i nterrogeant le
professionnel à propos d'informations de nature confi dentielle sans
60. Ces créanciers ne seront pas pour autant lésés par le secret
ba ncaire. Ils pou rront toujou rs, si cela se révèle n écessa i re, recourir
à une procédure civile d'exécution, et plus pa rticul ièrement à une
saisie-attribution. Or, la loi ad met une exception au secret bancaire à
...,
.r:::: l'occasion de la p rocéd u re d e celle-ci 32 .
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33. C A Paris, 26 oct. 2007, JCP E 2008, n° 48, p. 10, obs. R. Routier.
34. CA Reims, 25 m a rs 2008, JCP E 2008, n° 48, p . 10, obs. R. Routier.
35. V. infra, n° 143.
36. R. Routier, « Le secret banca i re face au juge civ il et commercial en d roit
français », RLDA mai 2010, n° 49, p. 55.
L E PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 41
37. Cass. corn., 25 fév r. 2003, n ° 00-21. 184, Bull. civ. 2003, IV, n ° 26 ; Cass. corn.,
13 nov. 2003, n ° 00-19.573, JCP E 2004, 736, n° 2, obs. J. Stoufflet ; Cass. corn.,
25 janv. 2005, n ° 03-14.693, Bull. civ. 2005, IV, n° 13 ; Cass. corn., 23 janv.
2007, n ° 05-18.368, Bull. civ. 2007, IV, n ° 7.
38. C. proc. civ., art. 145.
39. Cass. corn., 16 j a nv. 2001, n ° 98-1 1.744, Bull. civ. 2001, IV, n° 12.
42 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
A. La responsabilité civile
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71. E n matière de responsa bi lité civile, il convient de d istinguer entre
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D.. les cas dans lesquels la victime des révélations est un cl ient de la
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u banque ayant méconnu son obl igation de discrétion (1) ou un tiers à
cette dernière (2).
40. C A Paris, 6 févr. 1998, RDBF 1998, com m . 69, obs. F.-J. Crédot et Y. Gérard ;
CA Chambéry, 1er févr. 2002, Banque & Droit 2002, n° 84, p. 54, obs. Th. Bon
neau ; Cass. corn., 21 févr. 2012, n ° 1 1-10.900, LEDB avr. 2012, p. 3, n ° 039,
obs. Lasserre Capdeville.
J.
41. V. supra, n° 34 et S.
LE PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 43
73. Quel les sanctions encou rra dès lors le banquier ayant manqué
à son obligation ? Dans notre hypothèse, il sera b ien évidemment
i m possible de le contra indre à exécuter d i rectement son obl igation de
d iscrétion, le tiers ne pouvant, par ce seul fait, oublier les inform ations
auxq uel les il a eu accès. L'inexécution de l'obl igation de discrétion
confé rera alors au client lésé le d roit de réclamer la réparation de
son p réjudice par le biais de dom mages-i ntérêts. Il devrait, en outre,
pouvoir obtenir la résolution d u contrat q u i l'unit a u banquier fautif.
74. Cela a été observé 43, les règles du secret bancaire débordent des
limites de la responsa bil ité contractuelle, les person nes pourtant non
clientes du banq u ier demeurant protégées par le p rincipe. Ainsi, les
..., règles relatives à la responsa bil ité civi l e délictuelle, constituent une
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autre source léga le à l'obligation civile de discrétion à la charge du
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0 banquier.
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75. Ce dernier pou rra dès lors voi r sa responsa bilité civile délictuelle
engagée lorsq u'il a u ra révélé une information de nature confidentielle
visant une personne avec laquelle il n'est pas l ié, pas encore lié
ou n'est plus lié contractuellement, et que cette révélation a u ra
42. CA Paris, 24 sept. 1996, RDBB 1996, com m . 235, obs. F.-J . Crédot et Y. Gérard.
43. V. supra, n° 31 et S.
44 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
78. L' infraction de violation d u secret bancaire est donc prévue par
l'article L. 511-33 du code monétaire et fi nancier et sa nctionnée
par les articles L. 571-4 d u même code et 226-13 du code péna l . Sa
caractérisation i m plique la réunion d'un élément matériel et mora l .
44. Po u r une com m unication à une salariée d'un concurrent, Cons. prud'h.
N a nterre, 15 sept. 2005, RDBF 2006, com m . 82, obs. E . Caprioli.
L E PRI NCIPE DU SECRET BANCA I R E 1 45
81. En second lieu, l'i nfraction i m plique un dol géné ral : l'a uteur de la
révélation doit avoir agi avec conscience et volonté. C'est a i nsi que les
banqu iers ayant com m u n iq ué, sur la demande du frère du titulaire
d'un com pte ouvert chez eux, des relevés de com ptes en croya nt
légiti mement q u ' i l s'agissait d'une demande d u titu laire l u i-même
ne se rendent pas cou pables de violation du secret profess ionnel
dans la mesure où ils n'ava ient pas conscience de communiquer des
i nformations couvertes par le secret 47 • Nous verrons plus loin qu'il
en va différemment avec la législation su isse qui ad met la violation
par négl igence 48 •
45. Une l i mite existe cependa nt, à notre sens, concernant les succursales étran-
gères implantées en France à l'égard de leur société mère ; V. supra, n° 27.
46. V. infra, n° 146 et 147.
47. CA Grenoble, 9 févr. 2000, JCP E 2001, n° 11, p. 444.
48. V. infra, n° 200.
46 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
84. Le ra pport Coulon sur la dépénal isation de la vie des affa i res 50
mentionne, quant à lui, da ns l'une d e ses annexes le nom b re de
condam nations p rononcées de 1995 à 2006 sur le fondement des
i nfractions figurant dans le Code monétaire et fi nancier. Or, si l'on
observe l'article L. 5 1 1-33 d u code, o n peut noter que seule une
condam nation est relevée sur cette période 51.
87. S'il est incontestable que le droit civil et le d roit pénal jouent
un rôle im portant en matière de préservation du secret banca i re,
il n'en demeure pas moins que les sa nctions disciplinaires, visant
spécifiquement le banquier, ont renforcé le caractère im pératif de
l'obligation de secret i m posée au banqu ier.
A. �autorisation du bénéficiaire
3. V. supra, n° 55 et S.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 5 1
B. L héritier du bé néficiaire
4. CE, 30 déc. 2009, n° 306173, Gaz. Pal. 2010, p. 896, note J. Lasserre Capde
ville.
5. Cass. corn. 1 1 avr. 1995, n° 90-20.985, Bull. civ. 1995, IV, n° 121 ; Th. Bonneau,
« Com m u n ication de pièces et secret bancaire » , RDBB 1995, n ° 49, p. 94.
6. Cass. corn., 25 févr. 2003, n ° 00-21. 184, Bull. civ. 2003, IV, n ° 26.
7. TGI Marseille, 26 févr. 1973, Gaz. Pal. 1973, 1, p. 348, note M. Candas ; T. civ.
Monaco, 3 mai 1973, RTD com. 1973, obs. M . Ca brillac et J.-L. Rives-Lange ;
TGI Paris, 10 j u i l l . 1991, O. 1993, somm. p. 55, obs. M . Vasseur.
52 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
100. Cette exception doit cependant, à l'i nstar des a utres dérogations
au secret banca i re, être i nterprétée strictement. D'u ne pa rt, en
l'absence d'un fondement léga l prévoyant explicitement une
levée du principe plus éten d ue, rien n e permet de légitimer des
révélations autres que celles strictement nécessaires au respect
des règles successorales précitées. I l ne sa urait donc être question,
pour les héritiers, de se voir tra nsmettre des ind ications portant
intégralement sur la vie privée du de cujus et non sur son patri moi ne,
de tel les i nformations n'aya nt aucune i ncidence q u a nt à la protection
de la réserve.
103. E n second lieu, le d roit appl ica ble a ux héritiers non réservatai res
en matière de secret banca i re suscite des i nterrogations 12. Ces
dern iers n'étant pas visés par les dispositions léga les précitées, ils
ne d evraient pas pouvoir bénéficier d e cette dérogation au secret
banca ire. Mais une autorisation i m p l icite de la loi n e pou rrait-elle pas
être perçue à l'article 724 aux termes duquel « les héritiers désignés
par la loi sont saisis de plein droit des biens, droits et actions du
défunt » ? I l convient de répondre à cette interrogation par la négative.
Certes, l'a rticle en question évoque la transm ission des droits et des
actions du de cujus aux héritiers, mais ceux-ci ne sont pas i l l i m ités.
En effet, si l'héritier est susceptible d'exercer toutes les actions de
son auteur, et d e les continuer en accomplissant les formalités de la
reprise d'instance, il en va d ifféremment dans l' hypothèse où elles
...,
ont u n caractère personnel 13• Or, le bénéfice d u secret banca i re est
.r::::
Ol
·c
bien u n d roit personnel du défunt. I l n e peut donc se transmettre à
>
D..
0
l'héritier faute de dérogation léga le.
u
11. J.-L. Rives-Lange, obs. sous TGI Paris, 10 juill. 1991, Banque 1991, p. 1088.
12. CA Pau, 15 mai 2006, JCP G 2006, Il, 10156, note J. Lasserre Capdevi lle.
13. Il e n va de même en matière d e respect de la vie privée, Cass. civ. ire, 14 déc.
1999, n ° 97-15.756, Bull. civ. 1999, 1, n ° 345.
54 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
C. Le représentant du bénéficiaire
1. Le bénéficiaire mineur
106. Le m i neur non émancipé est un incapable frappé d'une inca pacité
tota l e d'exercice 15. li doit donc être représenté, en pri ncipe, pour
passer tous types d'actes, soit par son admin istrateu r léga l, la p l u part
d u temps ses pa rents, soit pa r son tuteur 16. Pa r conséque nt, ce
représentant a u ra accès aux i nformations de natu re confidentielle
i ntéressant les affai res d u m i neur avec la banq ue, bénéficiant ainsi
d'une dérogation au secret banca i re .
...,
.r::::
Ol
·c
>
D.. 107. Notons cependant que le représentant léga l n'a pas accès à
0
u toutes les informations de nature confidentielle portant sur les biens
du m i neur. En effet, les biens que le m i neur peut acq uérir par son
trava il, ainsi que ceux qui lui sont donnés ou légués sans la condition
expresse que les père et mère n'en jou issent pas, ou qu'ils soient
17. C. civ., a rt. 387 et 389-3. Pour une i l l ustration, Cass. civ. ire, 26 juin 2013,
n° 11-25.946, publié au Bulletin.
18. C. mon. fin., a rt. L. 221-4. Cet article concerne les livrets de caisse d'épargne
et les m i neurs âgés de 16 ans révolus.
19. Néanmoins, même dans u n tel cas, le banquier doit demeurer vigila nt, CA
Pau, 12 déc. 2005, Petites affiches 2007, n ° 23, p. 9, note J . Lasserre Capde
ville et A. Lecourt.
20. G. Raoul-Cormeil et J. Lasserre Capdeville, « Le droit de regard sur les com ptes
d'un majeur p rotégé », RDBF 2013, n° 3, dossier 26, p. 94 et s.
56 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
21. R. Farhat, Le secret bancaire : étude de droit comparé {France, Suisse, Liban),
LGDJ, 1980, n ° 97.
22. C. civ., art. 510, al. 2.
23. C. civ., art. 472, a l . 3.
24. C. civ., art. 465.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 5 7
116. C'est a i nsi par exemple q ue, concernant la société civile, la SNC
ou la SARL, ce sera le ou les gérants qui bénéficieront d'u n e telle
levée du secret ba nca i re dans la mesure où ils représentent la société
au près des tiers 30.
120. Dans tous les cas, cette dérogation au principe prend fin lorsque
le d i rigeant en question cesse sa fonction. Dans ce cas, en effet, i l n'a
plus qua lité pour représenter la société et devient u n tiers à cette
dernière. I l ne peut donc plus demander d'information de nature
confidentielle sur cette société à l'éta bl issement de crédit 3 1 .
...,
.r::::
Ol
·c
>
D..
u
0 2. En cas de caution nement
122. Cette obl igation d'i nformation a été étendue par la loi n° 2003-
721 d u 1er août 2003. C'est ainsi que l'article L. 341-6 du code de
la consommation prévoit un dispositif analogue au bénéfice de la
caution personne physique en présence d'un créancier professionnel.
La sa nction prévue s'en démarque cependant q uelque peu : la
déchéance ne co ncerne ici que le paiement des pén a l ités ou i ntérêts
de retard échus depuis la précédente information j usq u'à la date de
com m u n ication d e la nouvelle information.
32. Cass. corn. 16 déc. 2008, n° 07-19.777 : D. 2009, p. 784, note J. Lasserre
Capdeville ; JCP E 2009, 1037, note Th. Bonneau.
33. J . Lasserre Capdeville, D. 2009, p. 784.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 6 1
A. La procédure de conciliation
...,
.r::::
Ol 1. Le juge-commissaire
·c
>
D..
0
u 127. Pour mémoire, le tribunal doit d ésigner un juge-comm issai re
chargé de « veiller au déroulement rapide de la procédure et à la
protection des intérêts en présence ». Pou rcefaire, ce dernier s' informe
au près des différents orga nes de la procédure. Mais son pouvoir ne
s'arrête pas là. En effet, « nonobstant toute disposition législative
ou réglementaire contraire », i l peut obtenir com m u n ication par les
éta blissements de crédit de renseignements de nature à lui donner
129. Le secret banca ire doit-il alors être levé à l'égard de cet
admin istrateu r jud iciai re ? Selon nous, la réponse à cette q uestion
va rie en fonction des pouvo i rs conférés à l'i ntéressé. Ce n'est donc
pas, comme avec le juge-com m issai re, une dérogation automatique.
Le tri bunal peut a i nsi, en vertu de l'article L. 622-1 d u code de
com merce, étendre les pouvoirs de l'administrateu r, soit pour
surveiller les opérations de gestion, soit pour assister le dé biteur
pour tous les actes concernant la gestion ou certa ins d'entre eux,
soit pour assure r seul, entièrement ou en partie, l'admin istration de
l'entreprise. Or, l'exercice de telles m issions im plique u n accès plus ou
moins étendu aux informations détenues par le ba n q uier du débiteu r.
En effet, si le rôle se limite à une simple mission de surveilla nce, il y a
fort à penser qu'une tel le activité ne nécessite pas une levée du secret
banca i re, le débiteur pouvant toujours gérer seul son entreprise. l i
en va différemment s i l'admin istrateu r assiste le débiteur o u prend
en charge, seul, l'administration de l'entreprise. Dans ces deux cas,
...,
.r:::: le déb iteur perd la facu lté d e gérer seul ses affai res et ainsi l e bon
Ol
·c
> exercice de la m ission de l'admin istrateur judicia ire i m plique qu'il
o.
u
0 ait accès aux i nformations de nature confidentielle concern a nt les
actes de gestion qu'il doit assurer ou pour lesquels il doit assister le
débiteu r 37•
3. Le liquidateur judiciaire
132. Le cas du comm issa ire à l'exécution du pla n est particu lier. En
effet, faute de d isposition léga le prévoyant une levée du secret,
aucune dérogation n'est, semble-t-il, admise au bénéfice de ce
com m issa ire à l'exécution d u plan agissant dans l'intérêt col lectif
des créanciers. Le principe doit, par conséquent, l u i être opposé. La
...,
.r::::
j u risprudence a déjà eu l'occasion de se prononcer en ce sens 38 .
Ol
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>
D..
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u
4. En cas de saisie-attribution
38. Cass. corn., 10 déc. 2002, n ° 00-10.824, Bull. civ. 2002, I V, n ° 194.
64 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
39. Cass. civ. 2e, 1er j u i l l . 1999, n° 96-19. 108, Bull. civ. 1999, 1 1, n° 129.
40. CPC exéc., art. R. 211-5, Cass. civ. 2e, 3 oct. 2002, n° 01-02. 159, Bull. civ. 2002,
Il, n ° 207.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 65
137. Notons q ue, pour les juges, la banq ue, qui a seule la personnalité
mora l e, est déposita i re des fonds déte n us dans une succursa le située
à l'étranger. Dès lors, le fait que des fonds soient d éposés dans une
tel le s uccursale, est, pour l'application des d ispositions régissant la
saisie-attribution, sans incidence sur l'effet d'attribution au profit
d u créa ncier saisissant de la créance de som me d'argent, à la
restitution de laquelle est tenue la banque tiers saisie en sa q ua l ité
de dé positaire 41 .
5. En cas de surendettement
41. Cass. civ. 2e, 14 févr. 2008, n° 05-16. 167, Bull. civ. 2008, Il, n° 36.
42. CA Toulouse, 8 févr. 1993, O. 1994, somm. p. 328.
66 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
141. La loi n° 2003-7 10 du 1er août 2003 a enfin prévu la possibil ité
de faire i ntervenir dans la p rocédure d e nouvea ux protagon i stes :
u n ma ndata i re et u n liqu idateur. I l est donc utile de se demander si
eux a ussi bénéficient d'une levée du secret ba nca i re. Conce rna nt,
en premier l ieu, le mandata i re, le bon exercice de sa mission semble
impliquer une dérogation au pri ncipe, nota mment pour d resser un
bilan économique d u débiteur et évaluer les éléments d'actif et de
passif de ce dern ier. I l est alors à regretter que le législateur n'ait pas
expressément prévu une tel l e dérogation, comme i l a pu le fai re, par
exe m ple, avec la comm ission de surendettement des particuliers.
Une modification du conte n u de l'article L. 332-7 d u code de la
consom mation en ce sens serait, selon nous, utile, ca r de nature à
clarifier cette situation.
6. En cas de divorce
144. S'il a fa llu attendre une loi récente pour que l'article L. 5 1 1-33
du code monéta i re et financier mentionne expressément quelq ues
dérogations au secret ba nca ire bénéficiant d i rectement aux
éta blissements de crédit, obl igés de réa l iser un certa i n nom bre
de révélations d a ns leur activité q uoti d ienne (A), la jurispru dence
avait déjà eu l'occasion de d égager d'autres exceptions au profit d u
débite u r du secret ( B ) .
...,
.r::::
Ol
·c
>
A. Les except ions légales
D..
0
u
145. La loi n° 2008-776 d u 4 août 2008 de modernisation de
l'économie est à l'origine de nouvelles dérogations au principe dans
l'i ntérêt, plus précisément, du banquier 47. L'a rticle L. 5 1 1-33 a a i nsi
147. L' idée est donc ici de permettre aux éta blissements de crédit
de fa i re circu ler, dans des cas biens défi nis, des i nformations
norma lement couvertes pa r le secret ba nca ire sans avo i r à obte n i r le
consentement du client. C'est a insi, pour la ju risprudence, q u'a ucune
violation d u secret ne sa u rait être retenue dans le fait, pour une
...,
banque, d'avoi r transmis d es informations de nature confidentielle
.r::::
Ol
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à u n conseil ler juridique avec lequel elle avait signé u n cont rat de
>
D..
0
prestation de services jurid iques. Le service rend u par ce d ernier
u
entrait en effet d a ns le cadre des dispositions de l'article L. 5 1 1-33, 6°,
du code monétai re et fina ncier applica ble à Monaco 48, qui fait donc
référence aux « contrats de prestations de services conclus avec un tiers
en vue de lui confier des fonctions opérationnelles importantes » 49.
Ol
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>
D..
u
0 151. Comment l égitimer une telle dérogation ? L'état de nécessité 53,
qui est une ca use d'irresponsabi lité péna le, pourrait éventuellement
être e nvisagé. Selon nous, u n meilleur fondement pourrait être vu
50. V. supra, n° 63 et s.
51. CA Paris, 23 mai 1996, RDBB 1996, com m . 236, obs. F.-J. Crédot et Y. Gérard.
52. TGI Bordeaux, 19 juin 1990, O . 1992, som m . p. 32, obs. M . Vasseur.
53. C. pén., a rt. 122-7 ; V. infra, n° 167.
70 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
...,
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>
1. Les autorités de contrôle en matières bancaire et financière
D..
0
u
154. Pour réal iser cel ui-ci, l es autorités de contrôle com pétentes en
ces matières bénéficient d'une dérogation au secret banca ire. Il en va
ainsi, en vertu d e l'article L. 511-33 d u code monétaire et fina ncier,
pour !'Autorité d e contrôle prudentiel et de résol ution 56 {ACPR) {A).
D'autres dispositions du même code p révoient le même privi lège
pour !'Autorité des marchés fi nanciers {AMF) {B) 57.
A. Concernant l�CPR
B. Concernant l:A.MF
160. Or, à l'i nstar de l'ACP, l'AMF dispose d'un large pouvoi r d e
contrôle. Dès lors, pour ren d re ce dernier plei nement effectif, l'article
L. 62 1-9-3 du code monétai re et fi nancier prévoit que « dans le
cadre des contrôles et enquêtes ( ), le secret professionnel ne peut
être opposé à /'Autorité des marchés financiers ni, le cas échéant, aux
entreprises de marché ou aux chambres de compensation, corps de
contrôle, personnes ou autorités mentionnés à l'article L. 621-9-2,
lorsqu'ils assistent /'Autorité des marchés financiers, sauf par les
auxiliaires de justice » . On s'accorde tra d itionnel lement à voir ici une
exception léga le a u secret ba nca i re 64.
162. Les banq ues se trouvent pa rfois i m p l iquées dans des relations
d'affa ires avec des auteu rs de vols, d'a bus de confiance, d'a b us de
faiblesse, de blanchiment, etc. La nécessité de l'a d m i n istration d'une
bonne justice a alors cond u it le législateu r à conférer au juge pénal
des pouvoirs très étendus, dont cel u i de se fa i re comm u n iquer les
renseignements qu'il esti m e utiles à la manifestation de la vérité,
quand bien même ces renseignements fera ient l'objet d'une
obl igation de non-divu lgation 67 •
67. J . Lasserre Capdeville, « Le secret bancaire face a u juge pénal en d roit fran
çais », RLDA, mai 2010, p. 64.
68. A. Sacker, Du secret professionnel du banquier, Thèse, Paris, 1933, p. 34.
69. T. corr. Pau, 23 oct. 1963, Banque 1964, p. 117, obs. X. Marin ; T. corr. Lure,
4 nov. 1970, O. 1971, p. 276, note Ch. Gava l d a .
70. C . pén., a rt. 132-22, Cass. crim., 2 4 oct. 2001, n° 00-86.440.
71. Cass. crim. 27 avr. 1994, n° 93-82.976 : Bull. crim. 1994, n° 152. T. corr.
-
Ta rbes, 7 oct. 1997 : JCP E 2009, p. 760, obs. Ch. Gava Ida et J . Stoufflet.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 75
d'i rresponsabil ité pénale fon dée sur l'état d e nécessité envisagée par
l'article 122-7 d u code pénal doit selon nous jouer 76. Pour mémoire,
ce d ernier article prévoit que n'est pas pénalement responsable
« la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace
168. Le secret banca i re est souvent associé par l'opinion publique aux
activités les plus douteuses et, plus particulièrement, au blanch iment
de capitaux, c'est-à-dire au fa it de « faciliter; par tout moyen la
justification mensongère de l'origine des biens ou des revenus de
l'auteur d'un crime ou d'un délit ayant procuré à celui-ci un profit
direct ou indirect » 77 ou d' « apporter un concours à une opération
de placement, de dissimulation ou de conversion du produit direct
ou indirect d'un crime ou d'un délit » 78 • Pourtant, cette association
systématique est erronée, dans la mesure où le ba nquier lutte
activement contre cette forme de cri m inal ité. Son attitud e est
...,
.r:::: d'ailleurs particu l ièrement active en la matière, comme en témoigne
Ol
·c
>
D.. l'obligation de d éclaration m ise à sa charge par le législateur. Cette
0
u dernière a d'a i l leurs considérablement évolué depuis l'ordon nance
n° 2009-104 d u 30 janvier 2009 relative à la prévention de l'utilisation
d u système fina ncier aux fi ns de bla nchiment d e capita ux et de
1. La déclaration de soupçon
2. La déclaration systématique
173. J u sq u'à une date récente, l'article L. 561-15 prévoyait des cas de
décla ration systématique. Or, la loi n° 2013-672 d u 26 jui llet 2013 est
à l'origine d'évol utions nota bles en la matière 82 • Le d roit régissant les
décla rations systématiques vient d'être nettement modifié.
1. Le principe général
...,
.r::::
Ol
·c
> 177. La fraude fiscale étant punie d'une peine d'em prisonnement
D..
0
u de cin q ans 83, elle est désormais i ncluse dans l e péri mètre de la
déclaration de soupçon 84 . Cependant, le sou pçon seul ne suffit
pas à son égard pour engager le processus décla ratif. En effet, une
181. Aux termes de l'article 65, 1°, du cod e des douanes : « Les agents
des douanes ayant au moins le grade de contrôleur peuvent exiger
la communication des papiers et documents de toute nature relatifs
aux opérations intéressant leur service, quel qu'en soit le support
..., ( ) en général, chez toutes les personnes physiques ou morales
.r::::
Ol
·c directement ou indirectement intéressées à des opérations régulières
>
D..
0 ou irrégulières relevant de la compétence du service des douanes » .
u
Or, pour la j urisprudence, le secret banca i re n'est pas opposa ble aux
agents des douanes exerça nt le d roit de commun ication prévue par
l'article 65 d u code des doua nes en précisant que l es dispositions de
ce texte dérogatoire « sont applicables à l'ensemble des opérations
85. Cass. corn., 25 févr. 2003, n° 00-21. 184, Bull. civ. 2003, IV, n° 26.
86. CA Paris, 2 déc. 2010, LEDB févr. 2011, p. 7, n° 012, obs. J. Lasserre Capdeville.
82 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
183. La fisca l ité repose dans notre pays, de façon im portante, sur
les déclarations faites par les contribuables eux-mêmes. Les i m pôts
sur le revenu et la taxe sur la va leur ajoutée supposent alors une
con n a issa nce exacte des affaires des contri buables, sinon la fraude
ne pourrait pas être dépistée. Cette situation a donc con d uit le
législateur à mu ltiplier les moyens d e contrôle et d'i nvestigation
dont dispose l'administration fiscale. Il en va ainsi avec le d roit de
com m u n ication (A) et les d écla rations obligatoires à la charge des
éta blissements de crédit (B).
A. Le droit de communication
87. Cass. cri m . 3 mai 2001, n° 00-81.691, Bull. crim. 2001, n° 107 ; RTD com. 2001,
p. 992, obs. B. Bouloc.
88. Cass. crim., 25 ja nv. 1977, n° 75-93.120, Bull. crim. 1977, n ° 32.
LES EXCEPTIONS AU SECRET BANCA I R E 1 83
89. F. Durand, « Le secret bancaire face à l'a d m inistration fiscale en d roit fran
çais », RLDA 2010, n° 49 ; CE, 22 déc. 1982, n° 21475.
90. Cass. cri m . 4 oct. 1982, n ° 81-92.483, Bull. crim. 1982, n° 203.
84 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
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CONC L U S ION "
DE L A PREMIE RE PARTIE
192. Cette prem ière partie témoigne d u fait que notre droit
prévoit bien un secret banca i re, et que les éta blissements de crédit
n'hésitent pas à l'opposer aux tiers lorsq ue des questions portant
sur des informations de nature confidentielle leur sont posées. La
j u risprudence atteste de cette opposabil ité, mais également de
la rareté de la violation d u principe. Ce dernier n'est toutefois pas
absol u . Nous avons pu obse rver, sans p rétendre à l'exhaustivité, u n
grand nombre d'hypothèses dans lesq u el les le secret banca i re doit
être l evé. Ces dérogations sont d'ail leurs parfois en évolution, comme
c'est le cas par exemple en matière de l utte contre l e bla nchiment de
ca pita ux et de fi nancement d u terrorisme.
194. Ai nsi, même en matière fisca le, hormis les hypothèses p révues
par le législate u r dans lesquelles le banquier doit révéler certai nes
i nformations déterminées, le principe s'impose et une fi n de
non-recevoir devra être op posée à l'administration fiscale « trop
curieuse » . Cette solution est im portante ca r un risque existe en ce
doma ine : la fuite des ca pitaux vers des pays encore « plus discrets » .
En effet, le secret banca i re n'a pas exactement le même champ
88 1 PREMIÈRE PARTIE - APPROC H E NATIONALE DU SECRET BANCA I R E
d'application selon les États. Certa ins ont justement bâti u n e pa rtie
de leur notoriété sur la d iscrétion de leur banque, ce q u i n'est pas
sans i ncidence en matière fisca le. Ainsi, le secret bancaire présente
éga lement d'importants effets au niveau i nternational en raison
même des dispa rités des législations en la matière .
...,
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A P P ROC H E
I NTE R NATI O N A L E
DU S E C R ET BAN CAI R E
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195. Aujourd'hui, lorsq ue les « grands médias » évoq uent le secret
banca i re, c'est traditionnellement pour en dénoncer les abus de la
part de certains États ou micro-États : Suisse, Luxe m bourg, Monaco,
Liechtenstein, Andorre, Sai nt-Marin, etc. Ai nsi, il n'est de règle
juridique édictant la discrétion qui suscite autant de critiques que
la règle d u secret banca ire. On en trouve une i l l u stration singul ière
à travers ce q u i a été écrit sur le secret bancaire helvétique. C'est
situation est d'ailleurs résumée avec humour par le professeur
Maurice Au bert 1 lorsq u'il déclare que « le monstre du Loch Ness, les
soucoupes volantes et le secret bancaire suisse ont ceci en commun
qu'il s'agit de sujets entourés d'un certain mystère, qui apparaissent
ou disparaissent de la une des journaux selon une fréquence qui
semble impossible à prévoir ».
196. li nous semble dès lors utile de resta urer u n peu de « réalités
juridique » en la matière en observant le contenu des secrets ban ca i res
appl ica bles à plusieurs de ces États dénoncés pour l'étendue de leur
d iscrétion (Chapitre 1), afi n d'en observer les i ncidences concrètes
en matière d'entraide i nternationale (Chapitre 2). Cette étude se
révèle d'ail leurs utile dans la mesure où, à l'égard de la Suisse, l e droit
régissant l'entraide fiscale a très nettement évolué ces derniers mois .
...,
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com pare
...,
198. Le secret banca i re su isse 3 a été reconnu léga lement par
.r::::
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l'article 47 de la loi fédérale sur les banques et les caisses d'épargne
>
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du 8 novembre 1934. Voyon s brièvement le princi pe (§1) avant d'en
u
observer certa ines exceptions, témoignant du fait que ce secret ne
201. En second l ieu, l'im portance des sa nctions encourues doit être
soulignée, et ce d'autant plus q u'elle est récente. En effet, j usqu'à
i l y a peu, l'emp risonnement prévu en la matière était de six mois,
soit u ne sanction i nférieure à celle envisagée par l'article 226-13 d u
Code pénal frança is. Les sa nctions ont été ainsi renforcées à la suite
d'une révision entrée en vigueur le 1er janvier 2009 : la sa nction de
la vio lation intentionnelle d u secret banca i re est passée à trois ans
d'em p risonnement et l'amende pour comm ission par négl igence de
30 000 à 250 000 francs suisses. On peut penser que le législateur a
voulu, pa r cette évolution, rassurer les clients des banq ues suisses,
voya nt le secret banca i re de la Confédération forte ment attaqué par
la Com m unauté i nternationale.
206. Une loi du 1er août 1990 a nota m ment créé les articles 305 bis
et 305 ter du code pénal. Si le premier sa nctionne le bla nch i ment
d'argent et, plus précisément, le fa it d'entraver volontairement
l'identification de va leurs p rovenant d'un crime, le second réprime
le défa ut de vigila nce du financier, c'est-à-d ire le fait d'accepter à
...,
.r::::
Ol titre professionnel des va leurs sans vérification, conformément à la
·c
>
D..
vigila nce prescrite. Or, ce dernier article a été complété par une loi
0
u du 18 mars 1994 qui y a introduit un nouvel a l inéa p révoya nt le d roit,
pour les intermédiaires fi na nciers, de communiquer aux autorités
com pétentes leurs soupçons sur des transactions douteuses. Cet
alinéa doit donc être vu comme une exception léga le au secret
...,
208. I l découle donc de ce texte le secret banca i re ne sa u rait
.r::::
Ol
·c
permettre en Su isse le développement d e la criminalité économique
>
D..
0
à travers le bla nchiment d'argent. Il sera nécessairement éca rté
u
lorsque l'intermédiaire fi nancier connaît l'origine cri minelle des fonds
ou a un « soupçon fondé » se rapportant aux valeurs patrimon iales
dont i l a la charge.
212. En deuxième l ieu, nous rencontrons des cas de fra ude fiscale,
appelée éga lement usage de fa ux. Cette situation se retrouve dans
plusieurs articles, tels que l'article 186 de la loi sur l'im pôt fédéral direct
(LIFD) ou l'article 59 de la loi fédérale sur l'harmonisation des i m pôts
directs des cantons et des commu nes (LH I D) . Aux termes l'article 186
précité, « celui qui dans le but de commettre une soustraction d'impôt
î
au sens des articles 1 75 à 1 77 fait usage de titres faux falsifiés ou
î î
inexacts quant à leur contenu/ tels que des livres comptables/ des
bilans/ des comptes de résultat ou des certificats de salaire et autres
attestations de tiers dans Je dessein de tromper /'autorité fiscale/ sera
puni de /'emprisonnement ou de l'amendejusqu îà 30 000francs » . Ainsi,
dans ce cas, la ca ractérisation de l'élément matériel d u délit im plique
l'usage de titres fa ux, fa lsifiés ou inexacts dans le b ut de com mettre
une soustraction d'im pôt. L'a rticle 110, 4°, d u code pénal précise, sur
ce point, que sont des titres « tous les écrits destinés et propres à
prouver un fait ayant une portée juridique et tous les signes destinés à
prouver un telfait. Cenregistrement sur des supports de données et sur
des supports-images est assimilé à un écrit s'il a la même destination ».
8. Art. 14 à 18 de l a loi.
9. X. Oberson, Précis de droit fiscal international, Sta m pfl i, 2009, n°s 1006 et
1007 ; Droit fiscal suisse, Helbing et Lichtenhah, 2007, n°s 46 à 65.
1 00 1 Ü E U X I ÈM E PART I E - APPROCHE I NTE RNATIONALE DU SECRET BANCA I R E
214. Pour résumer, le d roit su isse d isti ngue cla i rement entre, d'une
pa rt, la soustraction fiscale, et, d'autre pa rt, les notions très p roches
de fraude et d'escroquerie fisca le. l i se différencie dès lors du droit
français qui fait de l'ensem ble de ces infractions, un seul et même
délit : la fraude fiscale envisagée par l'article 1741 d u code général
des i m pôts. Or, cette d istinction présente des i ncide nces particulières
en matière d'opposabilité d u secret bancaire suisse.
217. En reva nche, cette opposa b i l ité du secret banca i re connaît deux
exceptions : i l en va a i nsi, en premier l ieu, avec la fraude fisca le 13.
Lorsque l'administration ca ntonale de l'i mpôt fédéral d i rect présume
qu'un tel délit a été com mis, elle d énonce alors l'i nfraction à
l'autorité péna le compétente 14 pour la poursuite d u délit fisca l de
droit cantonal. Cel le-ci est alors cha rgée, en vertu d e l'article 188 de
la loi sur l'impôt fédéral d i rect du 14 d écembre 1990, de pou rsu ivre
le délit commis e n matière d'impôt fédéral direct. Ainsi, cette loi met
la fra ude fiscale (ou usage de fa ux) au même n iveau que les délits
pénaux de d roit com mun, et la poursu ite se déroule dans le cadre
plus strict de la procédure pénale, la sanction étant p rononcée par u n
tribunal péna l . Par conséquent, le secret bancaire n'est plus préservé,
et le banquier est ten u de témoigner.
219. Nous reprendrons, ici, l e plan suivi avec le secret banca i re suisse.
Nous verrons donc ra pidement le principe (§1) avant d'en observer
certa i nes exceptions (§2) et les spécificités qu'il présente en matière
fiscal e (§3).
221. Aux termes de cet article ayant déjà fa it l'objet de mu lti ples
évolutions : « (1) Les personnes physiques et morales soumises à la
surveillance prudentielle de la CSSF en vertu de la présente loi, ainsi que les
administrateurs, les membres des organes directeurs et de surveillance,
les dirigeants, les employés et les autres personnes qui sont au service de
ces personnes physiques et morales ou de personnes physiques et morales
ayant été agréées en vertu de la présente loi et étant en liquidation, ainsi
que toutes les personnes qui sont nommées, employées ou mandatées à
un titre quelconque dans le cadre d'une procédure de liquidation de telles
personnes, sont obligées de garder secrets les renseignements confiés
...,
.r::::
à eux dans Je cadre de leur activité professionnelle ou dans l'exercice de
Ol
·c leur mandat. La révélation de tels renseignements est punie des peines
>
D..
0 prévues à l'article 458 du code pénal.
u
(2) L'obligation au secret cesse lorsque la révélation d'un renseignement
est autorisée ou imposée par ou en vertu d'une disposition législative,
même antérieure à la présente loi.
223. Le secret bancaire luxembourgeois n'est pas plus absolu que son
homologue suisse. Il con naît un gra nd nombre d'exceptions, parmi
lesquel les nous trouvons, à nouveau, la procédure pénale (A) et la
l utte contre le bla nchiment de ca pita ux (B).
225. Face à cette incertitude, certa ins 17 ont estimé q u'en matière de
témoignage devant le juge pénal, le banquier disposait d'une l i berté
de choisir entre témoigner ou refuser de le faire. Cette solution est,
selon nous, critiq uable 18• To ut d'abord, le secret bancaire ne sa u rait
être u n d roit po u r le banquier, mais constitue u n e obligation à sa
charge. De plus, l'i ntérêt public étant prépondérant dans le domaine
pénal, l'i ntérêt p rivé d u créa ncier du secret doit s'effacer devant le
premier. Enfin, le refus d'admettre une dérogation au secret ba ncai re
en matière de témoignage est contreba la ncé, nous l'avons d it, par le
fa it que le banquier devra n écessa i rement se plier aux perquisitions
et saisies décidées par le juge d'instruction, sans pouvoir opposer son
secret. Il n'est donc pas surprenant de constater que la jurispru dence
l uxembourgeoise est favora ble à une dérogation a u secret ba ncai re
lorsque le banqu ier est appelé à témoigner par le juge péna l 19. Une
cla rification du d roit en la matière serait, néanmoi ns, opportu ne.
226. Étant mem bre de l' U n ion européen ne, le Luxembourg a été
tenu d'intégrer, à l'i mage de la France, les dispositions des d irectives
...,
.r::::
Ol européen nes successives de lutte contre le blanchi ment de ca pita ux .
·c
> C'est a i nsi q ue, depuis la loi d u 5 avril 1993 relative au secteur
o.
0
u financier, a été i ntroduite en d roit l uxe mbourgeois, à la charge des
clients/ sauf dans les cas prévus par la loi du 28 janvier 1948 tendant
à assurer la juste et exacte perception des droits dîenregistrement et
de succession » . De même, pour l'article su iva nt, ces administrations
n'ont pas « le pouvoir de demander, à des fins de contrôles des impôts/
des renseignements sur tous les comptes dîune catégorie ou dîune
importance déterminée ». Enfin, l'article 4 du règlement a inséré u n
article 178 bis à l a l o i générale des im pôts d isposant que l e secret
professionnel perdure pour les établissements de crédit et les a utres
professionnels du secteu r financier. Le secret ba nca ire s' i m pose donc
à l'a d m i n istration fisca le.
233. C1est ainsi q ue, par pri nci pe, la législation en vigueu r en France
et la réglementation de caractère général prise pour son application
concernant les éta blissements de crédit, les éta bl issements de
paiement et les éta blissements de monnaie él ectronique, sont
22
applicables à Monaco . L'article L. 5 1 1-33 du code monéta i re
et fi n a ncier, prévoyant le secret banca i re, est donc concerné 2 3 •
L'article 4 d u décret d u 20 d écembre 2010 précise sim plement que
l1article L. 5 1 1-33 d u code monétai re et fi nancier s1applique en
tenant compte, nota mment, « des dispositions propres au droit pénal
monégasque ». Les sa nctions au manquement à cette obligation
sont alors prévues à l'article 308 d u code pénal monégasque, c1est
à-d i re u n emprisonnement d1un à six mois et une amende a l l a nt de
2 250 euros à 9 000 euros.
...,
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u
Les i nc i de n ces
du sec ret banca i re
en m atière de coopérat i o n
243. Dès lors, pour q uitter cette liste g rise, la Suisse s'est engagée,
dès le 13 mars 2009, à reprendre les standards de l'OCDE rel atifs à
l'assistance administrative en matière fiscale, et plus particul ièrement
l'article 26 d u Modèle de convention de l'OCDE prévoyant l'échange
d'i nformations fiscales sur demande. Un avenant à la convention
...,
.r:::: franco-suisse de double im position fut a lors signé le 27 août 2009 2 8 •
Ol
·c I l est e ntré en vigueur le 1er janvier 2011 29.
>
D..
0
u
250. L'évol ution n'est cependant pas term inée. L'échange automatique
de renseignements devrait ainsi faire progressivement son apparition
et se développer. Songeons à la législation américa i ne du Foreign
Account Tax Compliance Act, plus con n u sous l'appellation FATCA 1.
Lorsqu'il entrera en vigueur le 1er juil let 2014 2, ce texte im posera
...,
.r:::: aux institutions financières internationales la transm ission a u fisc
Ol
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>
D.. a méricain d'i nformations sur les ressortissants américains figurant
0
u dans leur clientèle. Les banq ues qui refuseront de collaborer seront
passi b les d'une taxe à la source de 30 % sur tous les virements en
provena nce des États-U n is.
1. Ce texte a été signé par l a Suisse. F. Therin, « Évasion fiscale : Berne cède à
Washi ngton », Les Échos, 30 mai 2013, p. 10.
2. « Évasion fisca le : les États-Unis accordent encore u n délai aux ba nques
...,
.r::::
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0
3. F. Perrotin, « Lutte contre la fraude fisca le : vers u n FATCA européen ? »,
u Les Petites affiches, 22 mai 2013, n° 102, p. 4 ; A. Sauer et R. Honoré,
« Le secret bancaire dans la ligne de mise de Paris, Berlin et Londres »,
Les Échos, 10 avr. 2013, p. 27.
4. N . Richaud, « Coopération fisca le : l'OCD E précise son plan d'action »,
Les Échos, 4 j u i l l . 2013, p. 28.
S. F. Thérin, « Suisse : ce que va changer la fin programmée d u secret bancaire » ,
Les Échos, 16 oct. 2013, p. 28.
6 . R. Hiault, « Fraude fisca le : le Luxembourg et l'Autriche rejoignent la lutte » ,
Les Échos, 30 mai 2013, p. 10.
7 . C. Chatignoux, « Le Luxe m bourg a fi ni par céder sur son secret bancaire » ,
Les Échos, 1 1 avr. 2013, p. 6.
CONCLUSION D E LA D E U X I È M E PART I E 1 1 1 9
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B I B L IO G RAPHIE
DE LJ AUTEUR
Comme auteur
Comme commentateu r
Code monétaire e tfinancier, Trava i l réa lisé avec M ichel Starck, Dal loz .
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TAB LE DE S MATIERE S
Som maire .. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I ntroduction . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Première partie
APPROCHE NATIONALE
DU SECRET BANCAIRE
§ Chapitre 1
:E
Le principe du secret bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chapitre 2
..., Les exceptions au secret bancai re . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
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0
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SECTION 1- LES DÉROGATIONS TENDANT
À LA PRÉSERVATION D'INTÉRÊTS PRIVÉS ............................................................ .. 50
1. L'entourage du bénéficiaire du secret ............................................................... . 50
. . .
A . L,au torisat'ion d u b ene
, 'f'1c1a1re ........................................................................ .. 50
B. L'héritier du bénéficiaire .................................................................................. .. 51
C. Le représentant du bénéficiaire ................................................................... .. 54
. . .
1. L e b ene
, 'f'1c1a1re mineur........................................................................................ . 54
2. Le bénéficiaire majeur protégé ..................................................................... .. 55
3. Le bénéficiaire personne morale ................................................................... . 58
TAB L E DES MATIÈRES 1 1 2 5
2. En cas de cautionnement...................................................................................... . 59
3. En cas d'entreprises en difficulté ...................................................................... .. 61
A. La procédure de conciliation ......................................................................... . . 61
B. Les procédures collectives ............................................................................... . 61
1. Le juge-comm issai re ........................................................................................... . 61
. . . ' . .
2. L,ad m1n1strateur J Ud 1c1a1re ............................................................................... . . 62
3. Le liquidateur judiciaire ................................................................................... . . 63
4. Le commissaire à l'exécution du plan ......................................................... . . 63
4. En cas de saisie-attribut ion ................................................................................. . . 63
5. En cas de surendettement .................................................................................... . 65
6. En cas de divorce ................................................. .................................................... . 67
7. Les exceptions en faveur de la banque ........................................................... .. 67
A. Les exceptions 1éga1 es ....................................................................................... . 67
B. Les exceptions ju ri sprudent i elles ................................................................. . . 69
Deuxième partie
APPROCHE
INTERNATIONALE
DU SECRET BANCAIRE
Chapitre 1
Chapitre 2
...,
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o.
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...,
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u
1 11 1 1
20,50 €
ISBN : 978-2-86325-623-7
Code Géodif : G70728
9 782863 256237