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conceptuelle », in SFDI, Droit international et nationalité, colloque de Poitiers, Paris, Pedone 2012, p.10.
4 Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2014, V° Citoyen.
5 UA-CADHP, Le droit à la nationalité en Afrique, CADHP, Banjul, 2015, p. 9.
1-Le jus soli
Le jus soli littéralement appelé la loi ou le « droit du sol », est une mesure, une règle
selon laquelle un individu obtient la nationalité d’un Etat parce qu’il est né sur son
territoire. Le jus soli peut être simple ou double. S’il est simple, il suffit de naître sur le
territoire d’un Etat pour avoir sa nationalité (Etats-Unis, Lesotho, Mozambique,
Tanzanie). S’il est double, on acquiert la nationalité lorsqu’on naît sur le territoire d’un
Etat où est né l’un des parents6.
Le jus soli est fortement recommandé par la Convention de 1961 sur la réduction des
cas d’apatridie. Ladite Convention stipule en son article 1er « Tout Etat contractant
accorde sa nationalité à l’individu sur son territoire et qui, autrement, serait apatridie.
Cette nationalité sera accordée, de plein droit, à la naissance … ». De toute évidence,
l’application de cette règle est une garantie fondamentale contre le risque d’apatridie.
2-Le jus sanguinis
Le « jus sanguinis » encore appelé droit du sang ou la nationalité par la filiation
permet d’accorder à un enfant la nationalité de l’un de ses parents. En d’autres termes,
la nationalité est obtenue par un individu sur la base de la nationalité de son père ou de
celle de sa mère (indépendamment de son lieu de naissance). Ce critère est parfois
discriminatoire à l’égard des femmes ainsi que l’illustre la législation béninoise. En
effet, l’enfant né d’un père béninois est considéré comme béninois, sans aucune autre
condition particulière (article 12- 1°). En revanche, l’enfant né d’une mère béninoise est
également béninois quand :
- son père est inconnu ou n’a pas de nationalité connue (article 12-2°)
- il est né à l’étranger d’un père ayant une nationalité étrangère. Dans ce dernier cas, il
lui est permis de répudier cette nationalité dans les six mois qui précèdent sa majorité
(article 13).
Ces dispositions sont anéanties par la Cour constitutionnelle à travers la décision DCC
14-172 du 14 septembre 20147 qui porte également sur l’acquisition de la nationalité.
B-L’acquisition de la nationalité
On parle d’acquisition lorsque l’accès à une nationalité intervient après la naissance. On
distingue ici le mariage, la naturalisation ainsi que la naissance et la résidence.
1- Le mariage
Le mariage est défini comme « l’union légitime de l’homme et de la femme résultant
d’une déclaration reçu en forme solennelle par l’officier d’état civil qui a reçu création
d’une famille et d’une aide mutuelle dans la traversée de l’existence »8. Le mariage est
9 DCC 14-172 du 14 septembre 2014 ; Voir Arrêt de la Haute Cour du Botswana, Unity Dow contre 3
Attorney General, MISCA 124/1990, juin 1991. Recueil africain des décisions de droits de l’homme 99
(BwCA 1992) « Le temps où les femmes étaient traitées comme du bétail et n’existaient que pour obéir
aux caprices et aux désirs des homes est depuis longtemps révolu et ce serait faire injure à la pensée
moderne et à l’esprit de la Constitution que de juger que la Constitution a été délibérément faite pour
permettre la discrimination fondée sur le sexe. » (Traduction non officielle).
10 Article 35 du Code de la nationalité du Bénin.
11 Voir aussi, articles 8 et 9 du Code de la nationalité du Togo.
de la volonté de l’individu. Parmi les causes involontaires de la perte de la nationalité,
on s’intéressera à la déchéance de la nationalité.
La déchéance est généralement définie comme la perte d’un droit, d’une fonction, d’une
qualité ou d’un bénéfice, encourue à titre de sanction, pour cause d’indignité,
d’incapacité, de fraude, d’incurie.12 Appliquer à la nationalité, elle est une sanction
consistant à priver un individu de sa nationalité, en raison de son comportement indigne
ou préjudiciable aux intérêts de l’Etat. La Convention de 1961 prévoit en son article 8
(1) qu’un Etat signataire ne peut déchoir une personne de sa nationalité si cette
déchéance le rendrait apatride. L’article 8 (3) pose l’exception à cette règle qui porte sur
les cas de trahison à l’égard de l’Etat : un manque de loyalisme envers l’État
contractant ; préjudice grave aux intérêts essentiels de l’État ; allégeance, ou a fait une
déclaration formelle d’allégeance à un autre État…