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Considérations sur les causes

de la grandeur des romains


et de leur décadence (3e
édition) / Montesquieu ;
nouvelle [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Montesquieu (1689-1755). Auteur du texte. Considérations sur
les causes de la grandeur des romains et de leur décadence (3e
édition) / Montesquieu ; nouvelle édition par M. l'abbé C.
Blanchet,.... 1907.

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iCONSÏÙÉIUTIONS SUR LUS CAUSES

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.
.

GRANDEUR DES ROMAINS


ET DE LEUR DÉCADENCE
Propriété do :
MONTESQUIEU

CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES


nu I.A

GRANDEUR DES ROMAINS

Ancien élôvo do l'tàcolo clos Carmes,


ProTot clos études au Petit Séminniro clo Sulnto-Crolx (Orléans).

TROISIÈME ÉDITION

PARIS
LIBRAIRIE V™ CH. POUSSIELGUE
HUE CASSIiTTH, 15
.

1907
PREFACE

Montesquieu avait donné on 1748 (Paris-Durand)


une septième édition des Considôrations, revue et
augmentée. C'est cette édition que nous reproduisons
ici, L'auteur y avait joint une Table analytique \ nous
l'avons conservée. Il s'était annoté lui-même le pre-
mier : mais ces notes n'étant souvent que de simples
références de textes, nous avons cru pouvoir, sans
inconvénient, en supprimer la plus grande partie
Nous n'avons conservé que celles qui présentent un
réel intérêt.
M. E. Laboulaye, dans la préface de son édition
des oeuvres complètes de Montesquieu, s'exprime
ainsi : « Les contemporains admirèrent l'immense
savoir de Montesquieu. Aujourd'hui ce n'est pas ce
cflté qui nous frappe. On w tant fouillé l'antiquité qu'on
en a entièrement renouvelé l'aspect. Nos savants
modernes sourient quand on leur parle de l'érudition
de Montesquieu : et il est vrai de dire que si l'on
Voulait faire un commentaire critique (les Considéra-
tions afin de les mettre au courant des opinions nou-
velles1, il faudrait plus de notes que de texte : il n'y a
jyuère de point qui ne soit contesté. » S'il y a quelque
VI PnÛFACB
exagération dans ce jugoraont, il n'en reste pas moins
vrai que les affirmations de Montesquieu ont besoin
d'être contrôlées. Redresser les erreurs ou les
inexactitudes, compléter les données insuffisantes,
éclairer le texte de Montesquieu par des rapproche-
ments ou des citations empruntées aux écrivains
anciens et surtolut aux historiens et aux critiques
modcrnos : telloa'étô notro tAche. Nous avons voulu
que l'élève ou même l'homme instruit qui lirait cet
ouvrage pût suivre sans effort la pensée de Montes-
quieu et réformer ce qu'elle a de défectueux. En
môme temps nous avons essayé de ne pas noyer le
texte dans les notes. En un mot, nous n'avons rien
épargné pour que cette nouvelle édition fût à la hau-
teur de l'érudition contemporaine ,

Orléans, 12 février 1892.


G, B.
NOTICE SUR MONTESQUIEU
ET SES OEUVRES

«Mon fils, écrivait Montesquieu dans son Notos, vous


files iisso/, houijoux pour n'avoir ni « rougir ni à vous
enorgueillir de votre naissance. » Chnrlos-Louis do
Secondnt, baron do la Brode et do Montesquieu, était on
effet, oommo on disait alors, do bonno naissance Ses
ancêtres avaient été attachés à la cour do Navarre.
Jean de Secondât, sieur de Roques, était maître d'hôtel
do Henri II de Navarre. Henri III, pour reconnaître les
« bons, fidèles et signalés services » que lui avait rendus
Jacob de Secondât, fils de Jean, avait érigé en barouio la
terre de Montesquieu qui lui appartenait. Joan-Gaston do
Secondât, second fils de Jacoo, avait épousé la fille du
premier président du Parlement de Bordeaux et aoheté uno
charge do président à mortier. A sa mort, son fils aîné
hérita de sa charge et do son titro. Le cadet, Jacques do
Secondai, essaya de la carrière militaire, mais sans y
f>rendre goût. En 1686 il épousa Françoise do Penel qui
ni apporta en dol le château de la Brèdo. C'est de ce
mariage que naquit Charles-Louis, le 18 janvier 1689, au
ohâteaumême de la Brède. Il eut pour parrain un mendiant
qui était venu demander l'aumône a l'heure raôme où l'enfant
naissait. Pensée louchante, inspirée par un sentiment de
piété profonde !

Inutile «près cola de se demander si l'éducation de la
famille fut chrétienne. Malheureusement Charles-Louis
perdit, jeune encore, cette mère que les témoignages con-
temporains nous représentent comme upe femme pieuse,
;
simple et bonne. Il dut quitter le vieux et sévère manoir de
la Bi'ède, pour le collège de Juilly. Il ne semble pas que
l'éducation des Oratoriens ait agi bien profondément sur
l'ame du futur auteur des Lettres Persanes, L'antiquité
paîenue le séduisit. Et dès oes dernières onnées de collège,
VIII NOTICE STJIf MONTIÏ8QUIKU
il composait un petit traité où il essayait de prouver que le»
philosophes païens tae méritaient pas la damnation éter-
nelle.
Le 24 février 1714, Louis de la Brède était reçu conseille»
au parlement de Bordeaux. Il était de noblesse de robe;
il devait donc, sous peine de déchoir, consacrer ses pre-
mières années de liberté à l'étude du droit. Ce '-fui; d'ailleurs
sans aucune espèce d'enthousiasme « Je comprenais assez
!
les 'questions en elles-mêmes, a-t-il écrit, mais quant à la
procéduro, je n'y entendais rien. Je m'y sui% pourtant
appliqué ; mais ce qui m'en dégoûtait le plus, c'est que je
voyais à des bêtes le même talent qui me fuyait, pour ainsi
dire. » Il n'en devint pas moins président h mortier (12 juil-
let 1716) ; son oncle en mourant lui laissa sa charge et ses
biens à condition qu'il prendrait le nom de Montesquieu.
La chose n'était pas pour déplaire au jeune conseiller qui
aimait assez à faire valoir ses titres.
L'auné précédente, il avait épousé M1^ Jeanne de Lar-
tigue : de ce mariage naquirent un fils et deux filles. Com-
ment comprit-il ses devoirs dé chef de famille? Quelques
lignes nous en disent long sur ce sujet : « J'ai assez aimé
ma famille pour faire ce qui allait au bien dans les choses
essentielles : mais je me suis aflranohi des moindres
détails. — Avec mes enfants, j'ai vécu, comme avec mes
amis. »
S'il est vrai, et l'on n'en saurait douter, qite Montesquieu
fréquentât le moins possible le Parlement, et ne s'occupât
que très peu de sa famille, quelle pouvait bien être sa vie ?
De nombreux documents nous permettent de répondre à
cette question.
Bordeaux possédait une Académie, fondée en 1716, sous
le haut patronage du duc de la Force, « pour polir et per-
fectionner les talents admirables que la nature donne si
libéralement aux hommes nés sous ce climat'. » Montesquieu
fut admis dans cette société (l 01' mai 1716) et, a l'exemple
de ses collègues, se livra avec acharnement aux études <

scientifiques. Newton était alors fort a la mode; et tous


les beaux esprits s'occupaient plus ou moins de ce que
Fontenolle appelait très justement philosophie expéri-
mentale. Montesquieu eut lui aussi cette curiosité des
choses scientifique.), Si nous exceptons sa Dissertation sur
la Politique des Romains dans la Itetigion, lue le 18 juin
1716, tous les sujets traité,» par lui se rapportant à cet
ET SBS OEuvtms IX
ordre d'idées. Son Discours prononcé à la rentrée de l'Aca-
démie de Bordeaux (15 novembre 1717) n'est qu'un pro-
gramme. Mais, le 1er mai 1718, il lisait un Discours sur
l'Echo, suivi, le 25 août, d'un autre Discours sur l'Usage
des glandes rénales. En 1719 il lançait une sorte de pro-
spectus inséré dans le Journal des Savants et le Mercure
(janvier), sur un Projet d'une histoire physique de la Terre*
ancienne et moderne, où il conviait les savants du monde
entier à adresser leurs mémoires « à M. de Montesquieu,
président au parlement de Guienne, à Bordeaux, rue
Margaux, qui en payera le port. » Puis c'est un Discours
sur la cause de la Pesanteur des corps (l 01' maides
1720) et sur
la Transparence des corps (25 août 1720), et Observa-
tions sur l'Histoire naturelle (20 novembre 1721).
Il semble donc que Montesquieu tut tout entier absorbé
par ses savantes études. Et pourtant, h l'heure où l'austère
président donnait lecture h ses doctes confrères de l'Aca-
démie de Bordeaux des observations laites par lui, et au
microscope, malgré la faiblesse de sa vue, sur différents
insectes, une branche de gui, deux ou trois grenouilles,
la mousse du chêne... , à cette heure môme paraissaient a
Amsterdam, mais imprimées à Rouen, et sans nom d'auteur,
les Lettres Persanes (1721). Dans l'Introduction, on lisait :
« Si l'on savait qui je
suis, on dirait : son livre jure avec
sou caractère ; il devrait employer son temps à quelque
chose de mieux, cela n'est pas digne d'un homme grave. »
'Et Montesquieu avait raison de craindre ce jugement du
public. Si les Persans qu'il met en scène se fussent contentés
de critiquer ce qu'il y avait de vraiment défectueux dans
cette France du xvm° siècle qu'ils étaient supposés par-
courir en cimeux, s'ils avaient essayé do faire comprendre
à leurs amis nos moeurs et nos institutions, nous ne pour-
rions qu'approuver Montesquieu. Mais que Rica et Usbek,
frondeurs en politique, étalent complaisummcnl sous les
yeux du lecteur leur morale facile et leurs irrespectueuses
théories su*' la religion catholique, voila ce qui vraiment
« jure avec le caractère de l'auteur ». D'après la tradition,
celui-ci s'est représenté sous les traits d'ifsbek. Or, Usbek
est un épicurien sanB vergogne, encore qu'il vante beaucoup
le stoïcisme ; un esprit fort qui parle avec ironie do l'Eglise
et'de ses dogmes, encore que sous prétexte de couleur
locale il semble ne faire acte que de bon mahométan. A
80 ans do là, Montesquieu, écrivant à son ami l'abbé Guaaco
X NOTICE SU H MONTESQUIEU
à propos d'une nouvelle édition de cette oeuvre de jeunesse,
..••semble s'être rendu compte de ses torts, tout en se défen-
dant :« Il y a quelques juvenilia que je voudrais auparavant
retôuoher ;.quoiqu'il faut qu'un Turo voie, pense et parle
en Turc et non en chrétien : c'est à quoi bien des gens ne
font point attention en lisant les Lettres Persanes »
(4 ootobre 1752), Quoi que puisse dire Montesquieu, les
Lettres sont une oeuvre dangereuse. Elles procèdent de cet
esprit libertin et frondeur qui n'attendait que la mort de
Louis XIV pour se donner libro carrière. « Toute la polé-
mique voltairienne, A Jtrès bien dit M. A. Sorel; paraît
en germe dans les lettres sur les changements do l'univers
et suivies preuves de l'islamisme; mais c'est du Voltaire
plus puissant et plus serré. » Le succès fut d'ailleurs très
grand; ,oè fut un succès de.scandale. Les éditions se sui-
virent, surtout lorsqu'on apprit que l'anonyme cachait un
grave magistrat, président d'une(des cours souveraines du
royaume : en France on trouve ces contrastes piquants.J '
L'année qui suivit l'apparition des Lettres, Montesquieu
vint à Paris. Son nom était connu, et il pouvait se présen-
ter avec confiance dans cette société légère qui avait reconnu
en lui un des siens. Il fut reçu dans les salons, nous allions
dire à la cour de Mme de Tenciu. Marmbntel nous a décrit
ces réunions où chacun jouait un rôle : « C'était à qui
saisirait le plus vite, et comme a la volée, le moment de
? lacer son mot, son conte et son anecdote. Dans Marivaux,
impatience de faire preuve de finesse et de sagacité perçait
visiblement. Montesquieu avec plus de calme attendait que
la balle vînt à lui; mais il 1 attendait. Mairan guettait
l'occasion. Astruc ne daignait pas l'attendre. Fontonelle
seul la laissait venir sans la chercher, et il usait si sobre-
ment de l'attention qu'on donnait t\ l'entendre, que ses mots
fins, ses jolis conteB n'occupaient jamais .qu'un moment.
Helvétius, attentif et discret, recueillait pour senier un
jour. » On trouvait encore Montesquieu aux lundis de
Mma du Deffand, la femme philosophe,,caustique envers
tous et surtout envers ses amis, Il se rendait aux mardis
de l'excellente et spirituelle Mmo- de Lambert, et il était
admis à Chantilly chez M. le duo de Bourbon. Montesquieu
savoit parfaitement s'acoommoder à ces différents milieux,
et s'il faisoit l'esprit fort chez.Mmo du Deffoud, il ne lui
coûtait nullement de se montrer fervent catholique à Chan*
lilly. « Je disais à Chantilly, écrit-il dans ses notes, que je
ftT SBS (EUVnBB XI
faisais maigre, par politesse; M. le duo était dévot. »
Voilà l'homme. D'ailleurs, si l'on doutait encore qu'il par-
tageât les idées de cette société frivole au milieu de laquelle
il vivait, le Temple de Gnide suffirait à convaincre les plus
favorablement disposés. Ce petit opuscule anonyme parut
en 1725 chez Simart. L'auteur prétendait donner une tra-
duction d'un manuscrit grec acheté par un ambassadeur de
France près la Porte Ottomane. Plus tard, Montesquieu
avoua àVabbé de Guasco que « c'était une idée à laquolle
la société do M 118 de Glermont (Marie-Anne do Bourbon)
princesse du sang, qu'il avait l'honneur de fréquenter, avait
donné occasion, sans d'autre but que de faire une pointure
poétique. » Mais, pour le moment, il eut bien soin do ne
pas se faire' connaître comme étant l'autour de cette fan-
taisie médiocre et quintessenciée. Voltaire n'agissait pas
autrement.
Cette même année 1726, Montesquieu se présenta à
l'Académie Française; il fut élu, mais le roi refusa son
agrément; le scandale des Lettres était encore trop récent.
Le prétexte mis en avant fut que le candidat n'habitait pas
Paris. Celui-ci se le tint pour dit et reprit le chemin de
Bordeaux. Le 11 novembre, il présida la rentrée du Parle-
ment de Guienne et prononça un discours sur les Devoirs
des magistrats, discours très édifiant où il cite fort perti-
nemment l'Ecriture, ce qui est d'un assez piquant contraste
après le Temple de Gnide et les Lettres Persanes. Le 15
décembre il lut à l'Académie de Bordeaux un Discours sur les
motifs qui doivent nous encourager aux sciences, puis, le 25
août 1726, un Eloge du duc de la Force, Mais, 1 Académie
de Bordeaux ne lui suffisait plus : il s'occupait de régler ses
affaires pour une nouvelle absence, vendait cotte charge de
Président dont il se souciait si peu, et reprenait la route
de Paris. Aussitôt arrivé il sollicitait une seconde fois
les suffrages do l'Académie. Voltaire raoonte à ce sujet que
pour mettre le cardinal Fleury dans ses intérêts il fit faire
une édition expurgée de ses lettres, et que, le ministre on
ayant lu une partie, ses préventions disparurent. Le fait
paraît peu probable. Le 5 janvier 1728, Montesquieu était
élu pour la seconde fois, et il lut nonDiscours de réception,
le 24 du même mois. Ce discours très bref n'offre rien de
remarquable, sauf quelques lignes sur Richelieu, « ce
grand ministre qui tira du chaos les règles de la monarchie ;
qui apprit à la France le secret de ses forces, à l'Espagne
Xll NOTICE SUR MONTESQUIEU
celui de: sa faiblesse ; ôta à l'Allemagne ses chaînes, lui en
donna de nouvelles, brisa tour à tour toutes les puissances
et destina, poui' ainsi dire, Louis le Grand aux grandes
choses qu'il fit depuis, »
Une l'ois reçu à l'Académie, Montesquieu quitta la France
et, comme la plupart des hommes distingués de son époque,
commença son tour d'Europe. Il savait tout ce que l'on
gagne à voyager, et surtout il voulait étudier sur plaoe les
constitutions des principaux Etats modernes et amasser
des matériaux pour le grand ouvrage qu'il préparait. 11
partait l'esprit dégagé! de toute idée préconçue résolu
simplement à voir et à td,ut voir « Quand j'ai voyagé dans
les pays étrtO'giirs, dit-il, je m'y suis attaché comme au
mien propre : j'ai pris part à leur (fortune et j'aurais
souhaité qu'ils fussent dans un état florissant. » Il eut pour
compagnon de route on Allemagne et en Autriche le comte
de Waldegrave, neveu du maréchal de Bcrwick. A Vienne
il vit le prince Eugène. Il poussa une pointe jusqu'eri
Hongrie où il put étudier la vie féodale. A Venise il ren-
contra le financier Law pauvre et oublié, mais non décou-
ragé : il se Jia aussi avec lord Chesterfield, et malgré le
vilain tour que celui-ci lui joua, il ne lui garda pas
rancune. Montesquieu avait rédigé secrètement des notes
f>réoieuses sur le terrible Conseil des Dix. Le noble lord
ui dépêcha mystérieusement quelqu'un de ses amis pour
l'avertir que le Conseil avait l'oeil sur lui. Montesquieu so
crut perdu : il jeta ses notes nu feu et quitta précipitam-
ment Venise. Il se rendit à Rome où il fréquenta le cardi-
nal Polignac, ambassadeur de France, auteur de Y Anti-
Lucrèce, et le cardinal Corsiui, depuis Clément XII. Puis
il remonta par la Suisse et le Rhin jusqu'en Hollande où
il retrouva lord Chesterfield qui lui proposa de l'emmener
en Angleterre. Le 30 octobre 1729 tous deux s'embar-
quèrent à La Haye. Montesquieu séjourna' d'eux ans à
Londres, étudiant la Constitution anglaise et fréquentant
le Parlement. Il nous a laissé quelques notes curieuses
sur ce séjour : « Le peuple de Londres mange beaucoup de
viande : cela le rend très robuste, mais a l'âge de 40 à
45 ans, il orève. — La corruption s'est mise dans toutes
les conditions, II, y a 30 ans qu'on n'entendait pus parler
d'tjn voleur dans Londres : a présent il n'y a que cola, —
L'argent est ici souverainement eBtlmé; l'honneur et la
vertu, peu. — Pour les ministres,, ils n'ont point de projet
ET SES OEUVRES XIH
fixe. A chaque jour suffit sa peine. Ils gouvernent jour par
jour, — Un ministre ne songe qu'à triompher do sou adver-
saire dans la Chambre basse, et pourvu qu'il en vienne à
bout, il vendrait l'Angleterre et toutes les puissances du
monde. — L'Angleterre est à présent le pluslibre pays qui
soit nu monde; je n'en exemte aucune république. » On
voit que si Montesquieu était peu indulgent pour les moeurs
anglaises, il savait rendre justice au gouvernement de ce
pays. '
Il termina là seB pérégrinations, Ou lui prête cette
phrase qui les résume : « L'Allemagne est faite pour y
voyager, l'Italie pour y séjourner, l'Angleterre pour y
penser, la France pour y vivre. »
En août 1731, Montesquieu était de retour à sa campagne
de La Brède où il retrouva son vieux donjon gothique qu'il
.méditait de transformer à la mode anglaise, et surtout
« l'air, les raisins, le vin des bords de la Garonne, et
l'humeur des Gascons, excellents antidotes contre la
mélancolie. » Il avait besoin de solitude pour continuer
ses travaux et préparer cet ouvrage qui avait été sa
constante préoccupation, et dont il pourra dire, plus lard,
qu'il y a travaillé toute sa vie. Sa 1111e fut pour lui un aide
{>récieux : elle lui faisait chaque jour sa lecture, et les
ivres les moins intéressants pour elle ne la rebutaient point :
elle prenait même plaisir à égayer ces lectures en répétant
les mots qui lui paraissaient le plus singuliers.
Mais, avant do publier son ouvrage complet, Montesquieu
voulut s'essayer et peut-être sonder l'opinion. Il avait écrit
un chapitre sur les Causes de la grandeur et de la déca-
dence des Itomains, chapitre qui devait entrer dans Y Esprit
des Lois ; mais le sujet le passionna et ce chapitre devint un
ouvrage indépendant. Les Considérations parurent on 1734,
à Amsterdam, chez Desbordes. Le succès fut immense :
neuf éditions parurent du vivant môme de l'auteur. Dès
lors Montesquieu n'avait plus à hésiter : ses preuves étaient
faites.
En 1748 parut le Dialogue de Sylla et d'Eucrate ajouté à
la 7° édition des Considérations : c'est un nouveau chapitre
do l'histoire romaine, sous forme dramatique, Mais Mon-
tesquieu n'a pas compris Sylla : il l'a mal jugé, c'est-à-
dire avec trop d'indulgence dans les Considérations et plus
mal encore dans le Dialogue.
.
C'est cette, même année que fut achevé l'Esprit des Loiê,
*!V NOTICfi St»H MONTESQUIEU
Mais au prix de quels labeurs !.,. J'ai bien des fois
mencé et bien des fois abandonné «cet corn*
fois envoyé aux vents les feuilles ouvrage : j'ai mille
que j'avais écrites; je
sentais tous lés jours les mains paternelles tomber
suivais mon objet sans former de dessein je connaissais : je
ni les règles ni les exceptions je ; ne
; ne trouvais la vérité que
pour la perdre ; mais, quand j'ai découvert mes priuoipes,
tout ce que je cherchais est venu à moi; et dans )<)
de 20 années, j'ai vu mon cours
ouvrage commencer,
s'avancer et finir » (Préface de VEsprit des Lois), Puis, oroitre,
moment do publier au
colle, couvre, fruit de tant de soins et
de veilles, Montesquieu se prend à hésiter. Depuis deux
déjà il était préoccupé de celte publication il ans
: envoyait
son manuscrit à l'abbé do Gtiasoo pour qu'il en prît
naissance et se chargeai de le faire imprimer (6 con-
1746) ; puis il lui écrivait décembre
que dans la situation présente il lui
paraissait opportun de retarder la p«blicaliou{26 décembre)^
Plus tard, le choix du format devient lui une question
pour
grave. Il se décide pour l'in-'i 0. puis pour l'ln-12, pour
revenir, eu fin de compte, à l'Iu-'i" (18 ou
relisant, il remarque que ccrlaiuos choses seraientEnmal
mars 1748)* se
f>rises, et il retranche chapitre sur le stathpudérat
17 juillet 1747)1 Enfin il tin
soumet HOU manuscrit a son arai
Helvétius. Celui-ci désapprouve franchement l'ouvrage,
disant qu'en publiant oc livre le célèbre 'des Lettres
Persanes dépouillé désormais de auteur
législateur ne devait plus paraître sou tllro do sage et do
éclairé qu'un homme de robe, aux youx du public
un
esprit, « Voilà, écrivait-il, qui m'afflige gentilhomme et un bel
l'humanité qu'il aurait ce pour lui ot pour
pu mieux servir. » Montesquieu,
pour toute ripons*, envoya son manuscrit a, l'imprimeur et
l'Esprit des lois paraissait «u mois de novembre
Genève, chez Barillot et fils, 1748 à
en 2 volumes in»4&, flveo,c«ttô
fière épitaphe : Prolomsine maire
creatam. C'était en effet
un ouvrage qui n'avait pas eu de modèle. Dans
l'auteur indique les principes qui l'ont guidé': sa préface
examiné les hommes, et j'ai « J'ai d'abord
cru que
sité de lois et de moeurs, ils n'étaient dans cotte infinie diver-
pas
duits par leurs fantaisies. J'ai posé les prinoipes, uniquement con-
les cas particuliers s'y plier et j'ai vu
comme
histoires de toutes les nations n'en être d'eux-mêmes, les
chaque loi particulière liée que les suites, et
d'une autre plus générale. avec une autre loi, ou dépendre
» Voilà l'unité de ces 31 livres.
fe-r sus acDvntis fcv
ften puissant qui fait l'oeuvre olle-mêuie. Mnis il faut pus
ne
y chercher cet ordre qui résulte de l'harmonie, des pro-
portions» de l'enchaînement des parties. Montesquieu
cède pai* saillies et semble ne suivre que sou caprice. pro-
Buffon, l'homme de la règle par excellence, demandait
se
si c'était là un stylo. Mais Montesquieu tenait moins
faire lire qu'à faire penser. Il n'étudie a se *
pas la loi, c'est-
à-dire la raison humaine fondée sur la justice éternelle,
mais tes lois, c'est-à-dire les législations positives. Il
distingue trois formes de gouvernement aristocratie,
:
monarchie, démocratie. La monarchie est, dit-il, fondée
sur l'honneur, comme la république sur la vertu (vertu
civile et politique qui s'inspire du bien général). Ils
firononce pour un gouvernement modéi-é, monarchie par- se
omentaire ou république.
h'Esprit des Lois renferme incontestablement beaucoup
de nobles idées et do vues profondes. Montesquieu inau-
gure avec autorité, en politique, l'école expérimentale
,
fondée sur l'histoire, l'observation, la des
hommes, en face de l'école rationnelle qui, connaissance
sans tenir
compte des pays, des moeurs et des temps, établit savam-
ment des théories irréalisables encore que parfois sédui-
santes. J.-J. Rousseau est le représentant de cette seconde
école aujourd'hui complètement délaissée et raison,
aveo
Mais dans cet ouvrage on retrouve l'auteur des Lettres
Persanes dans plus d un chapitre où perce cet esprit de
libertinage qui est 16, caractère du xvma siècle. Il parle de
la religion avec moins d'irrévérence doute, mais il
affecte de ne la juger que comme sans
une institution humaine.
C'est le mémo esprit qui lui avait dicté Politique des
sa
Romains dans la lleliffion, en dépit des professions de foi
et des protestations que l'on rencontre ça et là.
Montesquieu avait raison de craindre l'émotion

livre allait soulever. Voltaire, qui l'aimait que son


ne
pouvait probablementlui pardonner d'avoir écrit pas et qui ne
de cette valeur, montra de la mauvaise humeur, une oeuvre
Cependant prendre parti ouvertement contre lui. Quant sans
à Voltaire, ripostait Montesquieu, il trop d'esprit «
m'eutendro » (8 août 1762). Les jésuites,a pour
dans le Journal
de Trévoux et les jansénistes dans les Nouvelles Ecclésias*
tiques relevèrent les erreurs théologiques
l'Esprit des Lois, Montesquieu publia 1750.uno contenues dans
fcù il essayait de eu Défense
se disculper. Il aurait fallu un désaveu
XVI NOTICE SUIt MONTESQUIEU
quant au fond même, sur la question religieuse, désaveu
qu'il se guida bien de formuler. La Sorbonne entreprit
I examen do l'ouvrage, sans conclure, Et pendant ce temps,
l'Esprit des Lois^ était traduit dans toutes les langues, et
en moins de deux ans atteignait sa vingt-deuzième édition.
Ces vingt années de travaux assidus avaient épuisé la
santé de Montesquieu. « J'avais conçu le dessein de donner
plus d'étendue et de profondeur à quelques endroits de
mon Esprit, écrit-il dans son journal ; j'en suis devenu,
incapable : mes lectures m'ont affaibli les yeux, et il me
semble que ce quilme reste encore do lumière n'est que
l'aurore du jour où ils se fermeront pour jamais. » Il véout
quelques années encore dans sa terre de La Brède dont il
disait que c'était « un des lieux aussi agréables qu'iji y ait
en France, au château près, tant la nature s'y trouve dnnp-
sa robe de chambre et au lever de son lit » (4 octobre 1752)'.
II s'occupait d'agriculture, et écrivait à ses amis, les invi-
tant à venir le visiter. Il tenait pourtant encore son esprit
en haleine. Ainsi en 1754 il écrivait quelques pages sur
,

Lysi/naque, pour sa réception à l'Académie de Nancy; un


Essai sur le Goût destiné a l'Enoyclopédie, et une histoire
orientale, Àrsace et Ismé/iie, qui ne furent publiés qu'après,
sa mort,
Il fit encore quelques apparitions à Paris. C'est là qu'à
la fin de janvier 1755, il fut atteint d'une fièvre inflamma-
toire. La duchesse d'Aiguillon, madame Dupré de Saint-
Maur et le chevalier de Jaupourt lui prodiguèrent leurs
soins. Il mourut chrétiennement, le 10 février, à l'âge de
66 ans. « Son convoi funéraire, écrit Grimm dans sa Carres-
{wndance, s'est fait sanè personne. M. Diderot est, do lou9
es gens de lettres, le seul qui s'y soit trouvé. Louis XV
s'est honoré en donnant au sage mourant des marques de
son estime, et en envoyant,M, le duc de NivernoiB s'in-
former de son état. Mais si iioxis eussions mérité d'êtio les
1

contemporains d'un aussi gr~and homme, quittant nos vains


et frivoles plaisirs, nous aurions tous pleuré sur son
tombeau et la nation on deuil aurait montré à l'Europe
l'exemple dos hommages'qu'un peuple éclairé et sensible
rend au génie et à la vertu. » (15 février 1756.)
ET SES OEUVnBS fcVll

PORTRAIT DE MONTESQUIEU PAR LUI-MÊME

Nous avons eu l'occasion, au cours de l'étude biogra-


phique qui précède, de citer bien des paroles de Mon-
tesquieu, qui le font déjà suffisamment connaître. Nous y
ajoutons les traits suivants que nous empruntons à son
propre journal :
«Je n'ai jamais eu de chagrin, encore moins d'ennui,
Ma machine e'st si heureusement construite, que je suis
« —
« frappé par tous les objets assez vivement pour qu'ils
« puissent me donner du plaisir, pas assez pour qu'ils
« puissent me donner de la peine.
« L'étude a été pour moi le souverain remède contre les
,« dégoûts de la vie, n'y ayant jamais eu de chagrin qu'une
« heure de lecture n'ait dissipé.

J'ai eu naturellement de 1 amour pour le bien et l'hon-
« ueur de ma patrie, et pas pour ce qu'on appelle la gloire.
« Je n'ai jamais voulu souffrir qu'un homme d esprit
« s'avisât de me railler deux fois do suite.
« Quand je me fie à quelqu'un, je le fais sans réserve :
« mais je me fie à très peu de personnes. — Je pardonne
« aisément par la raison que je ne suis pas haineux : il
« me semble que la haine est douloureuse. —• Pour mes
A
amis, à l'exception d'un seul, je les ai tous conservés. —
« J'ai fait en ma vie bien des sotises, et jamais de moohan-
« cotés.
« La timidité a été le fléau de toute ma vie : elle semblait
« obscurcir jusqu'à mes organes, lier ma langue, mettre
« un nuage sur mes pensées, déranger mes expressions.
« J'ai la maladie de faire des livres, et d'en être honteux
« quand je les ai faits.
« Je suis un bou citoyen, parce que j'ai toujours été
« content de l'état où je suis, que j'ai toujours approuvé
« ma fortune, que je n'ai jamais rougi d'elle, ni envié celle
« des autres. Je suis un bon citoyen parce que j'aime le
« gouvernement où je suis né, sans le craindre.
« Si je snvnis quelque chose qui me fût utile et qui fût
« préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon
t esprit. Si je savais quelque chose qui fût* utile à mr<
xyni NOTÏCR sun MONTESQUIKU
« famille et qui no le fût pas à m» patrie, je chercherais a
« l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et
« qui fût préjudiciable à l'Europe et au genre humain, je
« le regarderais comme un crime.
« Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, n'ayant
« guère que 250 ans de noblesse prouvée, cependant j'y suis
« attaché et je serais homme a faire des substitutions. »

ÉTUDE SUR LES CONSIDÉRATIONS

Lire dans les auteurs latins l'histoire de Rome,,suivre


ses armées victorieuses sur les champs de bataille de l'Italie,-
voir
de l'Afrique, de l'Espagne, de l'Asie et des Gaules,
défiler devant soi les plus igrands généraux et les plus
grands politiques que l'antiquité ait connus, puis con-
templer ces luttes intérieures, ces révolutions incessantes
qui suivirent la conquête de l'univers, constater l'affaiblis-
sement graduel de cette puissance colossale, assister à ses
résistances devant le flot des barbares, à ses dernières con-
vulsions et a sa lente agonie sur lés rives du Bosphore;
tout cela peut intéresser, passionner même un esprit suffi-
samment instruit pour chercher dans le ,pnssé un aliment
à son activité ou a sa curiosité. Mais ces spectacles de
l'élévation et de la chute des Empires, alors même qu'ils
n'aboutissent pas, comme chez Bossuet, à l'aveu de
l'humaine impuissance et de la toute puissance divine,
éveillent, chez quiconque sait voir et aime à réfléchir, le
désir de connaître les causes qui ont pu produire de pareils
effets. Montesquieu était de ces derniers. Esprit méditatif
et scientifique, il passa son existence.à,étudie-r et à coor-
donner les réflexions que lui inspiraient ses études. Ses
premiers travaux a 1 Académie de Bordeaux montrent
quelles étaient ses tendances ; et VEsprit des Lois, oet
ouvrage de toute sa vie, indique clairement quelle fut sa
méthode de prédilection. C'est h ces tendances et à cette
méthode que nous devons lés Considérations. Si l'on veut
connaître' le but qu'il se proposait dans cette étude histo-
rique sur Rome, il suffit de lire OOB lignes empruntées a
l'ouvrage lui-même : « Ce n'est pas la fortune qui domine
le monde : on peut lt démander aux Romains qui eurent
ET SES OÏUVHRS XÏX
une suite continuelle de prospérités quand ils gouvernèrent
sur un certain plan, et une suite non interrompue de
revers lorsqu'ils se conduisirent sur un outre, Il y a des
causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent
dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent ou la
précipitent ; tous les accidents sont soumis à ces causes :
et si te hasard d'une bataille, c'est-à-dire une cause parti-
culière, a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui
faisait que cet Etat devait périr par une seule bataille. En
un mot, l'allure principale entraîne avec elle tous les acci-
dents particuliers. » (Gh. XVIII.) Ce n'est pas là, ou le
voit, Bossuet étudiant dans son Discours sur l'Histoire uni'
verselle l'action 'de la Providence dans le monde, ni Saint-
Evremond ébauchant dans ses Réflexions sur les divers
génies du peuple romain dans les différents temps de la
République une étude raisounée mais inégale et en somme
insuffisante des premiers siècles de Rome ; ni Maohiavel
consignant dans sa Première décade de Tite-Live rensei-
gnement politique, lo leçon pratique qu'il croit avoir trouvés
dans les événements racontés par l'historien des gloires
romaines. Montesquieu, ici, comme'toujours, recherche,
sous les faits, les principes et les lois; ses Considérations
sont bien ce qu'elles devaient être tout d'abord dans sa
pensée, un long chapitre de l'Esprit des Lois. Nul sujet ne
pouvait mieux se prêter à une étude de ce genre. Pour
quiconque s'intéresse à ces grands spectacles de la vie
politique d'un peuple, l'histoire romaine est d'un intérêt
sans égal. Les nations modernes ne nous offrent qu'un
champ restreint d'observation ; nous no pouvons les suivre
dans le développement complet de leur génie et de leurs
institutions, placés comme nous le sommes nu milieu môme
de leur histoire, et ignorants de leurs destinées futures.
Mais les destinées du monde romain sont closes depuis
longtemps, et l'historien philosophe peut à loisir scruter
ce passé, et après une analyse consciencieuse en donner
une exacte synthèse. C'est ce qu'a voulu faire Montesquieu.

Dans son oeuvre les faits tiennent très peu de plnoe. Bien
qu'il les suive dans leurs grandes lignes, il ne se fait
aucun scrupule de revenir sur ce qu'il a déjà examiné, ou
XX NOTICE SU H MONTESQUIEU
d'empiéter sur ce qu'il traitera plus tard. Il groupe habi-
lement'les événements sous quelques chefs, C'est d'abord
l'histoire légendaire de Rome et les premiers agrandis-
sements (Ch.là IV); la lutte formidable avec Carthage
(IV) ; la conquête du monde,. oeuvre de la politique du
sénat plus encore que des armées romaines (V à VII). Puis
c'est 1 histoire intérieure avec ses luttes civiles, et déjà le
commencement de la décadence (V1II-XII) ; l'Empire avec
nouvelles moeurs et ses nouveaux éléments de ruine,
ses
(XIH-XVIIÏ). Enfin ce sont les barbares, forts surtout de
la faiblesse et des divisions de Rome (XIX) ; et l'Empire
d'Orient qui renfermé trop de désordres dans so.i sein
pour ne pas succomber à son tour (XX-XXIII).
Rien de plus simple et de plus naturel que ce plan : il
consiste à rattacher aux faits principaux de l'histoire de-
Rome les considérations et les conclusions auxquelles leur
étude peut donner lieu. Le* philosophe et le politique
marchent ainsi toujours de pair avec l'historien. On voit
ici encore en quoi Montesquieu se rapproche ou s'éloigne
de ses prédécesseurs. Machiavel ne s'astreint à aucun ordre ;
il disserte. BoBsuetdnns ses deux incomparables chapitres
du Discours sur l'Histoire universelle (III0 partie, Ch. VII
et VIII) étudie d'abord la constitution romaine, puis explique
« la suite des changements de Rome ». Saint-Evremond suit
l'ordre chronologique entremêlant des réflexions au fait.
Que Montesquieu ait donc, si l'on veut, emprunté à Saint-
Evremond son plan et à Bossuet sa méthode ; son oeuvre
n'en reste pas moins distincte de celle de ses devanciers;
et si, en plus d'un endroit, il reste inférieur à Bossuet, il
est toujours supérieur à Saint-Evremond.
Il a d'ailleurs su garder son allure personnelle. Voyez le
i.:oruliste!
il note ses impressions en quelques lignes
courtes et serréeBi il semble qu'il craint de les laisser
s'échapper avant qu'il ne les ait fixées. Montesquieu pro-
cède de même. Il lit ou il médite. Et la lumière se fait
dans son esprit : ce sont des observations rapides rapi-
dement notées. Seulement, comme il n'étudie qu'un sujet à
la fois, il y a dans ces notes plus d'unité, plus d'ordre.
N'allons pas croire pourtant que cet ordre soit absolu.
Non i la pensée est essentiellement capricieuse, et qui veut
la suivre nu lieu de In discipliner s'exposo i\ bien dés
écarts. Ces écarts existent dans les Considérations ; mais
pas trop sensibles pourtant, juste ce qu'il faut pour qu'un
ET SB8 OEUVI1K8 ' XX%

lecteur attentif reconnaisse le tempérament de l'écrivain.


Quelques-uns ont reproché à Montesquieu ce laisser-aller.
Ils y ont Vu l'impossibilité de s'appliquer a une composi-
tion continue, et ils en ont conclu que l'esprit de Mon-
tesquieu était uu esprit fragmentaire, ne voyant les objets
que successivement et comme par fragments. Ils auraient
voulu sur un sujet de cotte importance une dissertation plus
large, une composition plus sévère. Que Montesquieu n'ait
pas l'envergure de Bossuot, la chose n'est pas contestable;
mais c'est une question de second ordre. Mieux vaut se
demander si l'ouvrage tel que nous l'avons a des qualités
sérieuses.

Et ces qualités il les a. Pour juger sainement Mon-


tesquieu, il faut faire abstraction de ce que nous savons
aujourd'hui. Les travaux sur Rome se sont multipliés dans
' notre siècle, les monuments ont été déchiffrés, les insti-
tutions minutieusement étudiées, les moeurs antiques ont
été reconstituées avec une patience admirable; et nous
pouvons nous faire une idée à peu près exacte de ce que
fut Rome. La politique du sénat nous est connue, et nous
n'ignorons rien de ces luttes perpétuelles qui armèrent
les citoyens les uns contre les autres ; quiconque cherche-
rait dans Montesquieu quelque révélation sur le monde
romain ne l'y trouverait donc pas, pour peu qu'il eût par-
couru les ouvrages spéciaux qui certes ne manquent pas,
ou les savants travaux de nos historiens contemporains,
Il en est des Considérations comme de lu prose de Balzac,
Les aperçus du premier comme la langue du second sont
aujourd'hui du domaine public; ils ont perdu pour nous
cette originalité qui fit leur premier succès. Mais faut-il
en conclure que Montesquieu ne puisse être lu avec intérêt
et môme avec profit? Nullement. Sachons rendre justice à
l'auteur de Grandeur et Décadence. Son ouvrage fut, a
l'heure où il parut, un livre unique en son genre; et pour
nous encore bien des pages ont conservé tpute leur saveur,
toute leur vérité. Los contemporains ne s'y méprirent pas,
et ils admirèrent la profonde érudition, l'esprit do clair-
voyance et do sagesse dont l'éorivaiu dos Lettres Persanes
donnait inopinément une prouve si concluante. C'était, on
effet, une rud» tâche que celle qu'il avait entrepris tëucore
XXII NOTICE SUR MONTRSQUIIUJ
qu'on plus d'un ondroit la hftto apparaisso, que de lectures,
que cl études suppose une oeuvre de oe genre !
Le commencement est peut-être languissant, mais n
partir du ohnpitro Y Montesquieu est maître de son
sujet. Le chapitre VI est le plus beau do l'ouvrage.
C'est là qu'il faut voir oe qu'était la politique du sénat,
comment il s'érigoa en tribunal pour juger tous les peuples,
comment il sut 8e servir nies alliés, et attendre les occa-
sions qu'il avait jfait naître, Montesquieu nous dit aussi
ce qu'il faut penser de la bonne foi romaine ; avec quelle
habiloté les Romains faisaient attendre et désirer oe titre
d'allié qui, pourtant, n'était qu'une lourde servitude; leurs
diverses manières de se rendre maîtres d'un pays en s'attri-
buant toujours le rôle de libérateurs et do pacificateurs;
leur maxime constante de diviser pour régner; l'abus qu'ils
faisaient de la subtilité desj termes dans leurs traités, et
au dessus de tout oela la terreur qu'ils inspiraient au
monde. Si l'on veut bien comprendre la politique romaine, '
il faut lire et relire cet admirable chapitre. Montesquieu
n'est pas d'ailleurs moins remarquable dans l'étude des
causes qui amenèrent la décadence de ce grand empire :
les guerres lointaines, la concession du droit de oité a tous
les alliés, la dépravation des moeurs, l'infiltration des bar-
bares dans l'Empire, en attendant les invasions : tous ces
éléments dissolvants sont étudiés aveo un soin extrême
Ce qu'il importe de bien remarquer, et ce qui donne à
des travaux de ce genre leur véritable valeur, o'est que
Montesquieu a bien saisi le génie du peuple romain. Moins
enthousiaste que Bossuet qui a été captivé par l'aspect impo-
sant de l'ensemble, par la grandeur des résultats, il a vu
ce qu'avait de dur et d'égoïste cette politique plus habile
que scrupuleuse; il a vu les qualités,de soumission et de
patience dont a fait preuve le peuple romain,(tant qu'il ne
s'est agi que de la conquête de l'Italie et même du monde :
il a vu enfin les germes de dissolution que portait en lui oo
corps gigantesque, assemblage monstrueux de tous les
éléments Tes plus divers et les plua contraires. Aussi a-t-on
pu diredelàque si Bossuet s'était complu à énumérer lés
causes grandeur de Rome, Montesquieu avait pris un
secret plaisir à mettre au grand jouj* les causes de sa
décadence.
Tout grand historien/semble avoir eu sur l'avenir des •

vues profondes, une sorte d'intuition prophétique, On et»


ET 8RS OEUVnES XXIII
trouve plus d'un exomplo duus notre Commines, pour no
citer que celui-là. Montesquieu a ou lui aussi de cos inspi-
rations, On snit quelles lourdes charges lo mllitnrisine
nous impose aujourd'hui : espérons quo l'auteur des
Considérations n'nnrn\iaBétéhQn prophète, lorsqu'il a pose
en prinolpe « qu'un prinoe oui a un million do sujets ne
Îeut, sans se détruire lui-même, entretenir plut» de
0,000 hommes de troupes (Ch. III), Mais les faits ont
prouvé quelle avait été sa clairvoyance lorsqu'il écrivait:
« L'Empire des Turcs est à présent à peu près dans lo
môme degré de faiblesse où était autrefois celui des Groos,
mais il subsistera longtemps : car si quelque princo quo
ce fût mettait cet' empire en péril, en poursuivant sr;s con-
quêtes, les trois puissances commerçantes de l'Europe
connaissent trop leurs affaires pour n'en pas prendre la
défense sur le champ. » (Ch. XXIII). C'est la fameuse ques-
tion d'Orient ; et il est inutile de faire ressortir l'impor-
tance capitale qu'elle a priso de nos jours.
Encore une fois tout cola n'est pas l'oeuvre d'un écrivain
vulgaire, d'un historien ordinaire ; et lo mérite do Mon-
tesquieu reste grand en dépit de ses erreurs.

Parmi ces erreurs, les unes, et ce sont les plus grovos,


tiennent à l'esprit même de l'auteur, les autres a l'état de
la science historique au xvm° siècle.
L'histoire doit être, selon l'expression de Cicéron, le
témoin incorruptible des temps, le flambeau de la vérité.
L'historien a donc une grave responsabilité : et cette
responsabilité sera d'autant plus grande que son talent
sera moins contesté, loi, les erreurs, les mensonges ne
sont ni des mensonges ni des erreurs ordiuaires, L'homme
disparu, l'oeuvre reste : et les jugements portés à la légère,
ou sous l'inspiration des passious et des préjugés feront
d'une oeuvre, d'ailleurs remarquable, une oeuvre dnngereuse.
L'histoire do Rome, malgré l'élôignement des temps,
n'échappe pas à cette loi. Au même titre que l'histoire
moderne, elle doit être écrite aveo ce respect absolu de la
:
Vérité 'qui n'est qu'une forme du respect des intelligences
et des âmes.. Nous pourrions trouver, parmi les historiens
modernes de l'Empire romain, plus d un exemple illustre
XXIV NOTICE 8UB MONTRRQUIMî
4e l'oubli étrange de cette hnute impartialité qui est l'hon-
neur d'un écrivain. L'autour dos Lettres Persanes et de
VEsprit des Lois, le contemporain de Voltaire et de
d'Alembert, l'hâte assidu des salons de Mme do Tenoin et
de Mme du ûoffand, ne se retrouve-t-il pas dans quelques
endroits des Considérations ?
Nous avons dit quo Montesquieu avait do l'histoiro uno
conception beaucoup moins élevée que Bossuet. Choz lui
les causes purement humaines dominent tout. Mais il va
J)lu8 loin. Dans certains passages, il somblo incliner vers
e fatalisme. Par exemple., il dit que « si César et Pompée
avaient pensé comme Caton, d'autres auraient pensé comme
César et Pompée, et la république destinée à périr aurait
été entraînée au précipice par une autre main » (XI). De
même, lorsqu'il parle aes invasions! il donne a penser qu'a
son avis l'histoire n'est qu'un jeu de bascule où les vaincus
de la veille deviennent les vainqueurs du lendemain (XVII).
Mais nous aimons mieux croire que dans ces deux passages
l'expression a dépassé la pensée de Montesquieu ; et nous
nous en tenons à cette déclaration que « ce n'est pas la
fortune qui domine le monde »,
Le chapitre XII se termine par certains développements
sur le suicide,
1
peu concluants dans la présente édition,
mais auxquels l'édition do 1734 donne leur vrai sens.
Montesquieu y faisait simplement l'apologie du suicide :
« Il est certain que les hommes sont devenus moins libres,
moins courageux, moins portés aux grandes entreprises
qu'ils n'étaient lorsque, par cette puissance qu'on prenait
sur soi-même, on pouvait à tous les instants échapper à
toute autre puissance. »
Au oh. XI l'auteur voit dans l'assassinat
,
de César l'effet
d'un «amour dominant pour la patrie, qui, sortant des
règles ordinaires des crimes et des vertus^ n'écoutait que
lui seul, et ne voyait ni citoyen, ni ami, ni bienfaiteur, ni
père ». Subtils et détestables arguments qui tendent h
excuser le tyrannioide et que peuvent mettre en avant tous
les assassins politiques.
Comment expliquer que, dans le chapitre où il examine
la conduite des,empereurs envers leurs sujets, Montesquieu
n'ait accordé aucune place aux persécutions, et qu'il n'ait
parlé qu'incidemment et dans une seule phrase de l'établis*
sèment de la religion chrétienne ? Certaines omissions sont
plus graves encore que des e/rçurs formelles'.; et celle-ci
est du nombre.
RT RKB <BUVRWI XXV
Au contraire, lorsqu'il en ost arrivé à l'histoiro de
l'Empire d'Orient, il s'étend longuement sur les disputes
théologiques et les intriguos politiquos dos moines grées,
disputes et intrigues que nous ne révoquerons pas en doute
et que nous condamnerons les premiers ; mais peut-être
pouvons-uous estimer que Montosquieu leur a accordé trop
d'importance. Le grand malheur de cetto église fut la
manie des controverses, ce que Bbssuct appelle « le plaisir
de dogmatiser »,
Ajoutons enfin que cot écrivain qui aimo tant a rechercher
les causes dos événements et qui y réussit souvent si bien,
"a jugé le grand mouvement dos croisades avec une singu-
lière légèreté : « Tout a coup, dit-il, se répandit en Europe
une opinion religieuse que les lieux où Jésus-Christ était
né, coux où il avait souffert, étant profanés par les infi-
dèles, le moyen d'effacer ses péchés était de prendre les
armes pour les en chasser v (XXIII). Il est vrai que,
d'après lui, si les Français furent aussi indignement trahis
$ar Manuel Comnènè, lors do la 2° croisade, ils avaiont
tout fait pour cela, et que « les Allemands, qui étaient les
meilleurs gens du monde, firent une rude pénitence de nos
étourderies », On peut rapprocher de ces passages celui
où Montesquieu se déclare pour les armées fanatiques
Contre « les armées bigotes » et en prend prétexte pour
malmener la malheureuse Irlande (XXII),
Il résulte donc clairement de tout ce qui précède que
•Montesquieu était bien de son sièole et que Voltaire eût
pu reconnaître en lui un de ses disciples, Montesquieu
n'eut du chrétien que les dehors, Ce fut un stoïcien, et
o'était déjà un mérite dans un sièole où l'épicurisme était
;
si fort en faveur, A 20 ans, il composait une dissertation
pour démontrer que les philosophes païens ne méritaient
pas la mort éternelle ; et dans les Considérations toutes ses
,
tendresses et son admiration sont pour Maro-Aurèle (XVI),
en attendant que dans YEsprit des Lois il écrivit ces lignes :
«Si je pouvais un moment cesser de penser que je suis
chrétien, je ne pourrais m'empêcher de mettre la destruc-
tion de la secte de Zenon au nombre des malheurs d« geure
humain » (Liv. XXIV, oh. X).
XXV! NOTICE SUR MONTESQUIEU
Il fait de Sylla un portrait trop bienveillant, surtout si
on rapproche lo passage dea Considérations (XI) du Dia-
logue ào Sylla et d'JZucrato. Par contre, il est peu disposé
faveur de César (XI) et ne voit dans Gioéron, lo grand
en
patriote, qu'une « ame commune ». Nous avons la faiblesse
d'admirer et d'aimer Gioéron, tout en reconnaissant ce qui
lui a manqué, Montesquieu a été mieux inspiré le jour où
il jetait ces lignes sur son journal : « Gioéron, selon moi,
est un des plus grands esprits qui aient jamais été; l'Aine
toujours belle, lorsqu'elle n'était pas faible, » Est-il bion
vrai aussi qu'Auguste 'ait douné « sans oesse des marques
d'une lâcheté naturelle » (XIII) ? Mais rien n'approche de
la sévérité que Montesquieu a témoignée à l'égard de Cons-
tantin etjde Justinien. Il accuse le premier d'avoir fondé
Constàntinople par pure vanité, et sans aucune bonno raison,
et d'avoir affaibli l'empire (XVII). De Justinien il n'a vu que
les fautes. Il ne sait rien des travaux considérables sûr la
législation romaine accomplis sous son règne et a son insti-
gation ; ou, s'il en parle, c'est .pour critiquer les Novelles
qui forment la dernière partie et de beaucoup la moins
importante du Code Justinien (XX).
D'autres erreurs que nous ne pouvons relever en détail
dans cette étude sont imputables plutôt h l'état de la
science au xvme siècle qu'à Montesquieu lui-même. Nous
signalerons des idées fausses ou inexaotes sur le prétendu
fiartnge des terres dans les républiques anciennes (III) ; sur
e rôle de l'argent à Rome, où, quoi qu'en dise Mon-
tesquieu, les emplois publics s'obtenaient autrement que par
la vertu (IV) ; sur la situation de la Grèce, en réalité tort
peu redoutable, nu momentoù les Romains en entreprirent ta
conquête (V) ; sur les moeurs électorales dont la corruption
remonte bien plus loin que Pompée (XI); sur la fausse
distinction d'une nation noble et d'une nation roturière chez
les anciens Gaulois (XIX) ; sur l'absence de places' fortes
dans l'empire romain aUx premiers temps de son histoire
(XX) ; sur le feu grégeois et ses vertus merveilleuses
(XXIII). ;
Ajoutons à cela des idées singulières. Ainsi Montesquieu
prétend « qu'il n'y a point d'Etat qui menace si fort les
/autres d'une conquête que celui qui est dans les horreurs
de la guerre civile » (XI). — Il avoue que si l'es empereurs
eurent leurs flatteurs empressés, lorsque le peuple dis-
posait des dignités, les magistrats qui les briguaient fai-
RT 8R8 oeuvnns xxvr
salont bien dos bassosBos, Mais ootto flattorio qui s'adres-
sait ou peuple, il la trouve plus noble « parce qu'il convient
toujours h un grand homme d'obtenir par deB libéralités
la faveur du pouplo »1... (XIV) — Nous no voyons pas non
plus en quoi Constantin en faisant au peuple do sa capitale
des distributions de blé, commo c'était unage autrefois h
1

Home, agit o contre les principes de la monarchie »


(XVII); ni pourquoi les. divisions sont nécessaires dans un
gouvernement républicain pour le maintenir (XX).
Mais ceo bizarreries ont pou d'importance. Go que nous
regrettons davantago, ce sont certaines lacunes. Ainsi
1 Montesquieu ne nous dit rien ou presque rien de celle
administration centralisatrice de Rome, qui fut sa forco et
la ruine des provinces ; de ces longues luttes autour du
droit de oitô ; de ce droit do cité lui-même et de son exten-
sion suoeessive ; et, dans un autre ordre d'idées, du schismo
de Photius qui, plus que les disputes des moines,'déchaîna
tant de malheurs sur l'Eglise grecque, et amena peut-être
lu chute de Constanlinople, en creusant un fossé infranohis-
sable entre les Grecs schismnliques et les Latins qui se
désintéressèrent de leurs luttes contre les Musulmans,
luttes où n'était pas engagée la catholicité. Peut-être Mon-
tesquieu aurait-il pu consacrer quelques lignes aux lettres
qui ne.furent pas une des moindres gloires de l'empire
romain ; mais un homme qui mettait Crébillon et La Motte
au dessus de tout, était-il apte a comprendre Horace ot
Virgile?
On désirerait aussi chez l'auteur un peu plus de critique
historique. Nous sommes aujourd'hui devenus très sévères
sur ce point, et avec raison, Tant de savants travaux nous
ont habitués à la plus scrupuleuse exactitude que nous
n'estimerions pas un historien qui se contenterait de ren-
seignements de seconde main. Nous ne pouvons être aussi
sévère pour Montesquieu : mais nous devons signaler
cette absence de critique sur plusieurs points importants.
Nous aimerions voir Montesquieu donner moins facilement
créance aux racontars d'un Procope, ou se défier d'auto-
rités telles que Lampridius, Hérodien ou Philostorgue,
Ï3nfln on remarque dans les Considérations bien des iné-
galités. Les premiers chapitres sont languissants. Mon-
tesquieu n'est pas encore, semble-t-il, en possession de
son sujet ; les derniers, et particulièrement ceux qui con-
cernent l'Empire d'Orient, trahissent la hâte et la fatigue;
XXVIK NOTICE SUR MONTK8QU1KU
Nous comprenions d'aillours co qu'avait de fastidieux l'étude
do o<)s règnes pour la plupart profondément ignorés. Tou-
jours ost-tl quo los dernière? pages manquent d'intérêt,
L'auteur était probablement moins sûr do lui; et i\ous-
mémos somme», moins préparés à cette lecture, La méthode
de Montosquiuu est d'aller a l'aventure, sans s'astreindre
k un ordre rigoureux, Pour l'histoire romaine jusqu'aux
Antonins, nous avoue peu de peine-u le suivre, Il n'en est
plus de mémo pour les temps postérieurs et surtout pour
l'histoire du Bas-Empirb. C'oût été pour l'écrivain une
raison de plus dt soigner tout particulièrement cette
uuuz,iùiue partie do son oeuvre,
Tels sont les points fniblun dos Considérations, La cri-
tique, ici oomme toujours, tient plus de place que l'éloge, j
Est-ce à dire quo les défauts sont plus nombreux quo los
qualités? Nous ne oroyons pas quo la valeur de l'ouvrage
puisse être mise en doute. Si des travaux plus récents l'ont,
réformé sur bien des points ot complété sur d'autres, il <\

n'en garde pus moins son très grand intérêt et son utilité.

Nons ne dirons que quelques mots du style de Montes-


quieu, Il faudrait n'avoir lu auoun éorivain du xvm° siècle
pour ne pas voir, du premier coup d'oeil, la distance qui
sépare Montesquieu de ses contemporains au point de vue
du style. La langue du xvnr3 siècle est alerte, vive, spiri-
tuelle; ce n'est plus la gravité, la solennité un pou tendue
du xvn8vsièole : il y a .entre les deux époques un abîme. Or
Montesquieu, s'il est, par.les idées, un digne contempo-
rain de Voltaire et de J.-J. Rousseau, semble appartenir,
par lu langue qu'il parle, au siècle précédent,'Lisez une
page de Bossuet *;t une page des Considérations : vohis y
retrouverez la même allure, les mêmes constructions, le
même caractère. Bien que la phrase de Montesquieu soit'
f>lus sèobo que oelle de Bossuet, dans le style comme dans
a marche générale de l'oeuvre, on sent l'inspiration directe,
l'imitation du Discours sur l'Histoire universelle.
Les Considérations sont, de tous les ouvrages de Mon-
tesquieu, le mieux écrit, Go style nerveux, précis, concis
même, nous paraît convenir plus que tout autre â un sujet
de ce genre. Il n'y a pas jusqu'à la tournure et aux exprès-
HT 8158 OEDVIU58 XXIX
eions latines qui nous plaisent dans ootto étudo do l'anti- '
quité romuino, et lui donnent une saveur toute spéciale.
Ainsi Montesquieu éorit :
« Toronto avait bien dégénéré de l'institution dos Lacé*
jémonicns ses anoôtres (IV). »
« Tout ce quo le
publia peut donner aux particuliers
se vendait a Cartilage, ot tout service rendu par les parti- *
entiers y était payé par lo public (IV),
« Elle (la Grèce) avait été bion étonnée par lo oromier
Philippe, Alexandre et Autipator, mais non pas subjuguée
(V).
« Peudi.nt que les armées consternaient tout, il (lo sénat)
tenait a terre ceux qu'il trouvait abattus.(VI).
« Les soldats vétérans, qui craignaient qu'on no répétât
les dons immenses qu'ils avaient reçus, entrèrent dans
Rome (XII).
« Octave lui fit deux guerres très laborieuses, et après
bion des mauvais succès, il le vainquit par l'habileté
d'Agrippa (XIII).
« La oour fut gouvernée et gouverna par plus d'artifices,
par des arts plus exquis (XVII).
« Les premiers empereurs... furent plus oisifs, plus
livrés a leurs domestiques (XVII).
« Il (l'empereur) ne convenait pas lui-même avoc l'impé-
rnlrice sur les points les plus essentiels (XX),
« Autant que los Uomoïus avaient négligé l'art militaire,
autant les Perses l'avaient-ils cultivé (XXI).
Montesquieu affectionne tout particulièrement la pro-
position participe absolu, si usitée citez los Latins, et à
'M'éseot assez rare en français : « Les soldats mômn
étaient jaloux de la liberté de leur patrie, quoiqu'ils les
détruisissent sans cesse, n'y avant rien de si aveugle qu'une
armée (XIII).
A côté do ces latinismes on peut relever dt»s expressions
le venues des archaïsmes : comme l'emploi fréquent de
d'abord après; l'emploi de il sujet, lorsque le sujet est
déjà exprimé : « Mais Galère et Constance Chlore n'ayant
pu s'accorder, ils partagèrent,réellementl'empire » (XVII).
Notons aussi des constructions peu usitées : « Les
censeurs.., distribuaient de' manière le peuple dans les
diverses tribus que les tribuns et les ambitieux ne pussent
pas se rendre maîtres des suffrages (VIII). — La guerre
qu'ils firent contre Anliochus est la vraie époque de leur
XXX NOTICK 6Uh MONTfcfiQUItit)
Corruption (V). — Ceux-ci s'étaient engagés de les favo»
risbr dans la poursuite du consulat pour l'année sui-
vante (X). — Caligula rétablit les comices que Tibère
avait étés (XV).
Que ce soit la des défauts, si l'on veut : mais tout au
moins il faut se souvenir que bien des points établis aujour-
d'hui par nos grammairiens étaient alors indéoin et laissés
au libre choix dos écrivains, C'est dans ce style, une saveur,
une originalité de plus; cette tournure archaïque n'est pas
pour nous déplaire. |

Nous avons jugé Montesquieu d'api^s les Considérations.*


Mais les Cànstdérations ne sont qu une petite partie G-J son
oeuvre. Il pourrait donc sembler que l'étude do l'oeuvre
entière pût modifier nos appréoiatidns, Eviclomment, pour-
bien connaître Montesquieu, il faut lire Y Esprit des Lois.
Pourtant nous croyons avoir retrouvé dans les Considé-
rations les principales idéos développées par l'auteur dans
son grand ouvrage. C'est le môme esprit, c'est la môme
méthode, o'est le même style, L'esprit nous déplaît ; mais
la méthode et le style nous charment : c'est la vraie méthode
historique, large et sévère ; o'est le grand style, clair,
sobre et préois. Si nous ne pouvons tout louer, nous avons
assez a admirer pour conclure que le nom do Montesquieu,
s'il n'est pas parmi les plus grands,'doit du moins garder
un iung honorable dans l'histoire des lettres françaises.
CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES

DU I,A

GRANDEUR DES ROMAINS


ET DE LEUR DÉCADENCE

_______
I, — Commencements de Rome, Ses guerres.
CHAP.
,i
Il ne faut pas prendre, de la ville de Rome, dans ses
commencements, l'idée que nous donnent les villes que
aujourd'hui, à moins que ce ne soit de
nous voyons
celles * de la Crimée a, faites pour renfermer le butin,
les bestiaux et les fruits de la campagne. Les noms

La ville n'avoit pas même


\
anciens des principaux lieux de Rome ont tous du
rapport à cet usage
de rue, si l'on n'appelle *

de ce nom la continuation.des chemins qui y aboutis-


soient. Les maisons étoient placées sans ordre et très
petites ; car les hommes, toujours au travailtt ou dans
la place publique, ne se tenoient guère dans les
maisons.
Mais la grandeur de Rome parut bientôt dans ses
édifices publics. Les ouvrages qui ont donné, et qui
donnent encore aujourd'hui la plus haute idée de sa

1. La phrase est mal équilibrée, Il aurait tiré son nom du bêlement des
faut entendre t h moins, que nous n'en troupeaux qui y paissaient. A moins
prenions un? idée des villes de la Crimée. 3uo oe ne eoit de palari, errer, ou de la
Quelques éditions portent i h moins que éesse Palis. Ces étymologicB donnent
d'ailleurs lieu a trop de controverses
ne soit celles de la Crimée, oe qui
ceserait plus oorreat.
' pour qu'on puisse se prononcer. l'on
2. Au moment où Montesquieu éori- 4, C'est-à-dire i h moins que
valt, la Crimée, l'anoionne Cherspnèse n'appelle; Nous- disons encore aujour-
' taurique dépendait de l'empire otto- d'hui dans ce sens i si je ne me trompe,
man. Le traité d'Iassy (1793) l'aban* 6. Il s'agit évidemment lai du travail
1 donna à la Russie. des champs.
''.' 8. D'après Varron, le mont Palatin
2 GRANDEUR p/r DÉCADENCE DRS ROMAINS
puissance, ont été faits sous les rois '. On commençait
déjà à bâtir la ville éternelle.
Bomulus et ses successeurs furent presque toujours
on guerre avec leurs voisins pour avoir des citoyens,
des femmes ou des terres 3} ils revendent dans la
ville avec les dénouilles des peuples vaincus ; c'étoient
des gerbes de blé et des troupeaux : cela y causoit
une grande joie. Voilà l'origine des triomphes qui
furent dans lu suito la principale cause des grandeurs
où cette ville parvint1.
Home accrut beaucoup ses forces par son union
avec les Sabins, peuples durs et belliqueux comme Jes
Lacédèmoniens, dont ils ôtoierit descendus 8, Romulus
prit leur bouclier, qui étoit large, au lieu du, petit
bouclier argien dont il s'étoit servi jusqu'ulors. Et on
doit remarquer que ce qui a le plus contribué à rendre
les Romains les maîtres du monde, c'est qu'ayant
combattu contre tous les peuples, ils ont toujours
renoncé à leurs usages sitôt qu'ils en ont trouvé de
meilleurs'1.
On pemoit alors, dans les républiques d'Italie, que
les traités qu'elles avoient faits avec uh roi ne les
obligeoient point envers son successeur : c'étoit pour
elles une espèce de droit des gens ; ainsi, tout ce qui
avoit été soumis par un roi de Rome se prétendoit
1, Les premiers travaux d'embellis- cette'descendanoe fabuleuse. En réa-
sement de Rome datent des rois. Mais lité les Sabins appartenaient comme
si l'on OQ excepte la Cloaca Maxima et les Sumnltes à la raoe sabelltenno, Ils
quelques débris do VÂgger de Servlus, habltaiont l'Abruz?o supérieure etdes-
les ruinos qui subsistent encore aujour» scendirent bientôt par la; vallée de
d'hul datent do l'époque impériale. l'Anlo jusqu'au Tibre, Amlternum,
2, Rome cherchait dos alliés bien Roate, et Curos surtout) où Ils so réu-
plus que des citoyens. Et, sauf l'enlô- nissaient, étalent leurs prlnolpaux
Toment des Sablnos, nous ne voyons bourgs. Cloéron et Tite-Livo parlent
pas qu'elle ait jamais fuit la guerre de leur oaraotèro sombro t sewissl-
pour avoir des femmes. Elle voulait morum hominum, Sabinorum (Cto. In
surtout imposer son joug aux pays Vax. 16) of. pro Lig, II. — DUciplina
voisins et accroître sa puissance terri- Mrica ae tristi veterum Sabinorum (Tlte-
toriale. Après sa viotoire elle s'adju- Llve. I, 18),
geait toujours une partie du pays 4. Quoi ubiquo apud socios attt hostes
ennemi. Ces terres formaient loger idoneum vidtbaiur, cuni summo studio
publiais qui était affermé à des oultlva-/ domi Mitqutbantur t imitati quam invi
leurs ou a des éleveurs. dtre bonii maltbant (SalUuta Cuti-
3, Deuys d'IIalloaruaiso rapporta Una, L)< - •
CHAPITRIi I .1

libre sous un autre, et los guerres nnissoient toujours


des guerres.
Le règne de Numa*, long ot pacifique, étoit très
propre a laisser Rome dnns sa médiocrité; et, si elle
eût eu dans ce temps-là un territoire moins borné et
uno puissance plus grande, il y a apparence que su
fortune eût été fixée pour jamais.
'Une des causes de 8a prospérité c'est que ses rois
furent tous de grands personnages. On ne trouve
1

point ailleurs, dans les histoires, uno suite non inter-


rompue de tels hommes d'Etat et de tels capitaines.

Dans la naissance des sociétés, ce sont les chefs des
républiques qui font l'institution; et c'est ensuite
l'institution qui forme les chefs des républiques,
Tarquin 8 prit la couronne sans être élu par le
sénat ni par le peuple 3. Le pouvoir devenoit hérédi-
taire : il le rendit absolu, Ces deux révolutions furent
bientôt suivies d'une troisième.
Son fils Sextus, en violant Lucrèce, fit une chose
qui a presque toujours fait chasser les tyrans des
villes ou ils ont commandé : car le peuple, à qui une
action pareille fait si bien sentir sa servitude, prend
d'abord * une résolution extrême.
Un peuplo peut aisément souffrir qu'on exige de lui
de nouveaux tributs : il ne sait pas s'il ne retirera
point quelque utilité de l'emploi qu'on fera do l'argont
qu'on lui demande; mais, quand on lui fera un
affront, il ne sent que son malheur, et il ajoute l'idée
de tous les maux qui sont possibles.
1. Les Allemands, et Nlebuhr on ambition, s'était fait le défendeur de
particulier, ont beaucoup discuté ces l'arlstooralio et avait ainsi gagné ses
légendes de la période roynlo, pour Ion faveurs,
combattre, et. on fin de compte, y sub- 8, Lo Sénat nommait un magistrat
stituer des hypothosos plus ou moins de l'interrègne qui élisoit le roi i cette
Ingénieuses. En Franco, nous préfé- éleotlon devoit ûtro confirmée par le
rons nous en tenir, comme l'a fait ot peuple, Voy. Donys d'Halioarnasse,
Fiv. H, III
remarqué M, Duruy dans son Histoire et IV. {N. de M.)
des Romains, a l'hlstoiro traditionnelle 4, Nous retrouverons très ' luveut
dos rois. (Nous ne ferons donc pas à cotto oxpresslon sous la plume de
Montosquieti un crime d'avoir suivi le Montesquieu. H l'entend «n sens de
réoltdo Tlte-Uv«. auiiMt,
3. Tarquin ls Superbe qui, par
4 ORANDRUR HT DRCADRNCR DKS ROMAINS
Il est pourtant vrai que lu mort do Lucrèco no fut
que l'occasion de la révolution qui arriva,' car un
pouplo fier, entreprenant, hardi, et renfermé dans des
murailles, doit nécessairement secouer le joug ou
adoucir ses moeurs.
11 devoil arriver de deux choses l'une : ou que
Rome changeroit son gouvernement, ou qu'elle reste-
roit une petite et pauvre monarchie.
L'histoire moderne nous fournit un oxemplo de ce
qui arriva pour lors à Rome; et ceci est bien remar-
quable : car, comme les hommes ont eu dans tous les
temps los mômes passions, .les occasions qui pro-
duisent les grands changements sont différentes, mais
les causes sont toujours les mômes.
Gomme Henri Vil, roi d'Angleterre, augmenta le
pouvoir des communes pour aVilir les grands, Servais
Tullius *, avant lui, avoit étendu les privilèges du
peuple pour abaisser le Sénat. Mais le peuple devenu
d'abord plus hardi, renversa l'une et l'autre
monarchie.
Le portrait de Tarquin n'a point été flatté ; son
nom na échappé à aucun des orateurs qui ont eu a
parler contre la tyrannie; mais sa conduite avant son
malheur, que l'on voit qu'il prévoyoitj sa douceur
pour los peuples vaincus ; sa libéralité envers les sol-
dats ; cet art qu'il eut d'intéresser tant de gens à sa
conservation ; ses ouvrages publics a ; son courage à
lu guerre; sa constance dans son malheur ; une guerre
do vingt ans qu'il fit ou qu'il fit faire au peuple
SI In constitution de Sbrvtus 2, Le plus considérable (le oea ou-
., i'
vétnifmaintenue, dit Nlobulir, Romo vrages fut la Cloacn Maxima destinée à
aura II nttolnt, 200 ans plus lût, et sans icoovoir les eaux et les boues qui fal-
URci'lfiues, à une féliulto qu'elle no put satont de la partie basse de la ville et
roeunlslr qu'au prix de rudes combats du Forum en partlouller des maré-
et de grandes soiiflVnncofj, » ServIiiB cages malsains, Le canal principal
•vfllf essayé do fimdoi' les libertés comportait une triple voûte et sa hau-
Iilébélonnesi aussi le pouplo fêtait tou- teur était telle que, au rapport de
oui'9 In naUsanon'du bon roi. Nous no Pline, un olmr à foin aurait pu y pas-
voyous pas d'aillours quel rapprooho-, ser. Nous savons qu'Agrippa y péné-
chonionton peut établir entre HenriVII tra dans une barque", La Claaca Maxima
qui augmenta surtout son propre pou- existe enoore i on peut voir son embou-
voir, et |e roi oral des plébéiens. chure dans |e Tibre au pont» ftoye,
CHAPITRE I
romain, sans royaume et sans biens; aos continuollos
ressources, font bien voir que co n'étoit pas un
lioit)nie méprisable.
Los places que la postérité donne sont sujettes,
comme les autres, aux caprices de la fortune. Mal-
heur h la réputation de tout prince qui est opprimé
par un parti qui devient le dominant 4, ou qui a tenté*
do détruire un préjugé qui lui survit !
Rome, ayant chassé les rois, établit des consuls
annuels a j c'est encore ce qui la porta à co haut
degré do puissance. Les princes ont, dans leur vie,
des périodes) d'ambition; après quoi, d'autres pas-
sions, et l'oisiveté même, succèdent; mais la répu-
blique ayant des chefs qui changeoient tous les ans 3,
et qui cherchoienl à signaler leur magistrature pour
en obtenir de nouvelles, il n'y avoit pas un moment de
perdu pour l'ambition ; iis engageoient le sénat à pro-
poser au peuple la guerre, et lui montroient tous les
jours de nouveaux ennemis.
Ce corps y étoit déjà assez porté de lui-même :
car, étant fatigué sans cesse par les plaintes et les
demandes du peuple, il cherchoit à le distraire de ses
* inquiétudes,
et à l'occuper au dehors.
Or la guerre étoit presque toujours agréable au
peuple, parce que, par la sage distribution du butin *,
on avoit trouvé le moyen de la lui rendre utile.
1. Noua dirions aujourd'hui i
parti dominant.
/ aux plébéiens (lois Lioinionnes),
3. Les magistrats ordinairts (consul,
2. D'après tout ce qui précède, Mon- prétour, tribun, édile, questeur) étaient
tesquieu semble no s'ûtro pas rondu élus pour un an, Lo censeur seul res-
suffisamment compte de la portée tait en fondions pondant 18 mois.
réelle do la révolution qui substitua lo 4. Avant l'institution de la solde
consulat & ta royauté. Les palrlolens (408 av. J.-C), le butin [pruda, butin
ne voulaient plus do roi qui, comme en naturoj manubia,yeoduit do Invente
Servlus, favorisât la plèbe & leur détri- du butin) appartenait d'abord aux sol- '
ment, ou, comme le Superbe, les hu- data qui se payaient largement de leurs
miliât après les avoir flattés. Ils sub- frais. Le resté revenait au Trésor. Après
stituèrent au roi doux consuls choisis la réforme do 406 le butin appartenait
dans.leur sein. Junius Brutus et Tar- en droit au Trésor, mais en fait il fallut
quin Collntin furent les deux premiers toujours distribuer aux soldats une
consuls élus par les Comices oentu- part proportionnelle à leur solde, sou»
rlates (510 av. J.-C). Co ne fut qu'en peine de troubles gravoj,
307 que le Consulat devant accessible
'9 GRANDEUR ET DÉCADENCE DBS ROMAINS
Rome étant une ville sans commerce, et presque
saris arts, le pillage étoit le seul moyen que les parti-
culiers eussent pour s'enrichir.
On avoit donc mis de la discipline dans la manière
de piller et on y observoit à peu près le même
5
ordre qui se pratique aujourd'hui chez les Petits Tar-
taros 4.
Le butin étoit mis en commun, .
et on le distribuoit
aux soldats ; rien n'étojU perdu, parce que, avant de
partir, chacun avoit ju,ré, qu'il ne détourneroit rien a
son profit 2. Or, les Romains étoient le peuple du
monde le plus religieux sur le serment, qui fut tou-
jours le nerf de leur discipline militaire.
Enfin; les citoyens qui restaient'dans la ville jouis-
soient aussi des fruits de la victoire. On confisquoit
une partie des terres du peuple vaincu 3, dont on fai-
soit deux parts t l'une se vendoit au profit du public ;
l'autre étoit distribuée aux pauvres citoyens, sous la
charge d'une rente en faveur de la république.
Les consuls,, ne pouvant obtenir l'honneur du
triomphe * que par une conquête ou une victoire, fai-
soient la guerre avec une impétuosité extrême t on
alloit droit à l'ennemi, et la force décidoit d'abord.
1. La Pctllo Tartarie comprenait les tuaient Yagêrpaicmts, eompascuus. Pour
provinces d'Europe occupées par los qu'il ne restât pas iraproduotif, «no
Tartares, et particulièrement la Gri- partie de Yager publieu» était affermée
mée.
\
2. On obsorvak discipline jusquo
dans la manière de piller. C'est ce que
moyennant lo dlzlème de tous los pro-
duis, Cos, torrog étaient dites occupées
(ager occupatoriut). Quelquefois m»,mo
les Romains appelaient piller tub signis certaines terres étalent assignas a des
ou auspicaio- colons {ager colonhus, assignants), ot
3. Sous sa ibrmo générale ce para- devenaient propriété privée, franoho
graphe «si inexact. Toutes les terres d'impôts. j
du pouplo vaincu appartenaient, d'après 4. Quatro conditions dtaiont requises
le droit do In guorre, au pouplo vain* pour obtenir les honneurs du trlomphot
queur, Des terres successivement oon- 1° Le général devait avoir été con-
3ulses sur ses voisins, Rome faisait sul, ou préteur, ou dictateur
oux parts t l'une était rendue aux 2» Il devait avoir commandé l'at-
anciens habitants, l'autre, ordinaire- taque en parsonno ot dirigé le combat
ment le tiers, revenait au domaine t après avoir pris les auspices.
c'était Yager publions, Chaoun avait lo 8* La batalllo devait avoir été déoi -
droit d'y mener paître ses troupeaux, slvo.
moyennant une légère redevanoo (serin- 4* Les ennemis dovfilont avoir été
lura) porouo par tête de bétail, au delà des étranger», ot au moins cinq mIII»
d'un nombre déterminé de tètes fran- dVntro eux avoir été tués.
ches de taxe. Cts pâturages consti-
CHAPITRE 1 7
Rome étoit donc dans une guerre éternelle et tou-
jours violente : or, une nation toujours en guerre, et
par principe de gouvernement, devoit nécessairement
périr, oiivenir à bout de toutes les autres, qui, tantôt
en guerre, tantôt eh paix, n'étoient jamais si propres
à attaquer, ni si préparées à se défendre.
Par là, les Romains' acquirent une profonde
connoissance de l'art militaire. Dans les guerres pas-
sagères, là plupart des exemples sont perdus ; la paix
donne d'autres idées, et on oublie ses fautes et ses
vertus mômes.
Une autre suite du principe de la guerre continuelle
fut que les Romains ne firent jamais la paix que vain-
queurs : en effet, à quoi bon faire une paix nonteuse
avec un peuple pour aller en attaquer un autre ?
Dans cette idée, ils augmentoient toujours leurs
prétentions à mesure de leurs défaites : par là ils
consternoient les vainqueurs, et s'imposoient à eux-
mêmes une plus grande nécessité de vaincre.
Toujours exposés aux plus affreuses vengeances, la
constance et la valeur leur devinrent nécessaires} et
ces vertus ne purent être distinguées chez eux de
l'amour de soi-même, de sa famille, de sa patrie, et de
tout ce qu'il y a de plus cher parmi les hommes
Les peuples d'Italie n'avoienl aucun usage des
machines propres à faire des sièges 4 j et, de plus, les
soldats n'ayant point de paye 2, on ne pouvoit pas les
retenir longtemps devant une place : ainsi peu do
leurs guerres étoient décisives, On se battoit, pour
avoir le pillage du camp ennemi, ou de ses terres ;
après quoi, le vainqueur et le vaincu se retiraient

1. Donys d'Haltrtrnasse la dit for- plue fortes' muralllca. PdVIalfa s'un


mellement, llv. IX j ot cela pnroît par Horvlt le prèmlov au siège de Sumos,
l'histoire. Ils ne savolont point fnlro dltPlutarquo, V,.t do Pêrlclit. (JV. de M.)
du gfllorloB pour ne mettra a couvort 9. Remarquons qu'il ne s'agit toi
don nsflldgos | ils taoholent de prondro quo dos toinpg primitifs. Go fut Ga-
IOB villes par esaalade. Euphonie o mllle qui Introduisit la solde [stipen-
écrit qtl'Artemon, Ingénieur, Inventa dium), en 400, ce qui permit aux al»
les WOMM meohluee pour battre les toyons pauvres de servir duue l'année,
8 GHANDEUH ET DECADENCE DES 'ROMAINS
chacun dans sa ville C'est ce qui lit la résistance des
{.
peuples d'Italie, et en même temps l'opiniâtreté des
Romains à les subjuguer; c'est ce qui donna à ceux-
ci des victoires qui ne les corrompirent point, et qui
leur laissèrent toute leur pauvreté.
1
S'ils avoient rapidement conquis toutes les villes
voisines, ils se seroient trouvés dans la décadence à
l'arrivée de Pyrrhus, des Gaulois et d'Annibal j et„
par la destinée de presque tous les Etats du monde,
ils auroient passé trop vite de la pauvreté aux
1

richesses, et des richesses à la corruption.


Mais Rome, faisant toujours des efforts, et trouvant
toujours des obstacles, faisoit 'sentir sa puissance,
1

sans pouvoir l'étendre, et, dans une circonférence


très petite, elle s'exerçoit à des vertus qui dévoient
être si fatales à l'univers.
Tous les peuples d'Italie n'étoient pas également
belliqueux : les Toscans a étoient amollis par leurs
richesses et par leur luxe ; les Tarentins, les
Gapouans, presque toutes les villes de la Gnmpanie et
de la Grande Grèce 3, languissoient dans l'oisiveté et
dans les plaisirs. Mais les Latins, les Herniques, les
Sabins, les Èques et les Volsques aimoient passionné-
ment la guerre j ils étoient autour de Rome ; ils lui
firent une résistance inconcevable, et furent ses
maîtres en fait d'opiniâtreté.
1, Ou peut dira également ! chacun infime était envahie, et ainsi s'était
dans /«ni' fille, Au xvu» sièolo, la pro- formée une nouvelle Etrurio, dont
mlôi'o construction était amployée ,oou< Volturnum (plus tara Capouo), Horuu-
rammontt « 430 ans après le déluge, lanum et Pompél étaient los villes
comme tes peuples marchaient charnu en prlnoipalos. 'l'Ile -Live signale eotto
ta vole. » (Hossuot, Discours sur l'H. U., immense domination dos Etrusques t
1, .'.), Voir Hayon, Gr. français», Cour» UmUi opilus Etruria erat, ut jam non
HU|>., S058, terras sotum, sed mare etiam per totam
2, Les Etrusques, pout-âtro origi- Italie) longltudinem ab Alpibus ad fretum
naires de l'Atie, s'étaient d'abord éta- skulum fama nominls sui imnlesset (I. S).
blis dans la valléodu Pô, puis, fran- Mais la cohésion manquait a eo vaste
chissant l'Apennin, avaiont oooupé le assemblage, ot le morcallomont poli-
pays situé entré la Tlbro et l'Arno. tique on fut la conséquence rlgourous*.
Plus tard Un soumirent l'Ombrlo ot <t. La (olonlsatlou do lit partie mé-
s'ouvriront un chemin jusqu'au jmys ridionale de l'Itallo pur los Crées re-
dos Volsquos ot dos Hulules. 880 ntls monte nu vin» siècle avant J.-C. Cumos
avant notre oie, la Campante elio- l'ut la promlôro des colonies grecques. .
CHAPITRE 1 9
Los vîHes latines étoient des colonies d'Albe ', qui
furent fondées par Latinus Sylvius. Outre une origine
commune avec les Romains, elles avoient encore des
rites communs a ; et Servius Tullius les avoit enga-
gées à faire bâtir un temple 3 dans Rome pour être le
centre de l'union des deux peuples. Ayant perdu une
grande bataille auprès du lac Régille *, elles furent
soumises à une alliance et une société de guerre avec
les Romains.
On vit manifestement pendant le peu de temps que
dura la tyrannie des décemvirs, à quel point
l'agrandissem'ent de Rome dépendoit de sa liberté.
L'Etat sembla avoir perdu l'Ame qui le faisoit mou-
voir 8.
' Il n'y eut plus, dans la ville, que deux sortes de
qui souffroierit la servitude, et ceux qui,
gens : ceux cherchoient à la faire
pour leurs intérêts particuliers,
souffrir. Les sénateurs se retirèrent de Rome comme
d'une ville étrangère ; et les peuples voisins ne trou-
vèrent de résistance nulle part.
Le sénat ayant eu le moyen de donner une paye aux
soldats, le siège de Véïes fut entrepris : il dura dix
ans. On vit un nouvel artfl chez les Romains, et une

1. Les Pritci Latini occupaient le do Porsénn ttvnll Botilnvé lo ï.nltii"',


d'une
paya situé entra Tibur ot la mord'autre Les armées BO rencontrèrentauprès du
part, le Tibre et le mont Al bain lao Régille, Les Diosoures conduisirent
part'. Albe en était la capitale. Ces les Romains a la victoire, ot vinrent
Prisci Latini étaient probablement un l'annoncer a Home. En rooonnnlotftaca
mélongo d'Osquoa ou Oplques, d'Om- do leur protection on leur éleva sur ta
brien» ot de Sioules. Forum, pros do l'endroit où ils s'étalent
2. LOB Latins BO rassemblaient sur arrêté» un temple qui devint un des
le mont Albain ou à Lavinium pour plus oél&breB de la ville,
des glorifiées comv.uns en l'honneur .5, Sous prétextodo donner au peuple
des ('(eux indlgotoa t Janus, Saturne, des lois écrites, ils BO suislrent du gou-
Plous, Faunus, Latinus. vernemont.Voy.Donys d'Halloarnasso,
3. Survins avait, dit-on, eonolu aveo liv. XI (AT. de M.), »

les trente VIIIOB latines, un traité dont 6. Nul plus quo Gamtllo ne travailla
Donysd'HalloarnaBBOprétend avoir vu a réformer l'Aimée romaine.
Il arma les
le texte uoiiHorvû dans le templo do Boldnts do longues piques, do casques
Diana BUI< l'Aventln. Go temple avait d'nlruin, de bouolturs bordés d'une
d'ailleurs été élevé parles Latins & frais lamo do fer. 11 changea surtout l'ordre
communs. On y vit la première statue de batailla ot à la phalange substitut
dressée d»n« Homo. la division eu manipules. -,

4. lunjulu lo Supurbu abuuduuué


10 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
autre manière de faire la guerre ; leurs succès furent
plus éclatants ; ils profitèrent mieux de leurs vic-
toires ; ils firent de plus grandes conquêtes ; ils
envoyèrent plus de colonies ; enfin la prise.de Véïes
fut une espèce de révolution.
Mais les travaux ne furent pas moindres. S'ils por-
tèrent de plus rudes coups aux Toscans, aux Èques et
aux Volsques, cela même fit que les Latins et les Her
niques, leurs alliés, qui avoient les mêmes armes et la
même discipline qu'eux les abandonnèrent; que des
1,

ligues se formèrent chez les Toscans; et que les Sam-


nites, les plus belliqueux de tous les peuples de l'Itar
lie, leur firent la guerre avec fureur. ^

Depuis l'établissement de la paye, le sénut ne dis-


tribua plus aux soldats les terres des peuples vaincus;
il imposa d'autres conditions : il les obligea, par
exemple, de fournir à l'armée une solde pendant un
certain temps, de lui donner du blé et des habits.
La prise de Rome par les Gaulois ne lui ôta rien de
ses forces : l'armée, plus dissipée que vaincue, se
retira presque entière à Vêles ; le peuple se sauva
dans les villes voisines ; et l'incendie de la ville ne fut
que l'incendie de quolques cabanes de pasteurs *.

CHAP. II. —' De l'art de la guerre chez les Romains.


Les Romains se destinant à la guerre et la regardant
t i

comme le seul art, ils 2 mirent tout leur esprit et


toutes leurs pensées à; le perfectionner.'C'est, sans
doute uh dieu, dit Végèce. 3, qui leur inspira la légion.

1, D'après Pline {Histoire nntunllt, 13.000 m. el que le cens de 409 avait


XVI, 15). Rome ne connut jusqu'aux donné 160.700 oltoyons.
guêtres do Pyrrhus que des maisons 2, Dans l'édition de 1734 Montes-
couvertes de planches t ee qui explique quieu n'avait pus mis le pronom Ih, oe
la rapide destruction et reconstruction qui serait plus conforme ft notre usage.
do la ville. D'après les traditions, uno 3, Flavius Veçetlti.» Renatus vivait
année aurait suffi ft reconstruire la a la fin du iv» siècle sous Valentlnlon1t.
ville Incendiée Il faut dire aussi que Il Aompomi un otivrag» Intitulé t M
« os» quelques cabanes de pasteurs » militari) Intttltitn ou tipitome rel milita-
étalent protégeas car une enoelntu de ri! C'UMI un irait* rumpll de douumonts
CHAPITKE II il
jugèrent qu'il falloit donner aux soldats de la
Tls
légion des armes offensives et défensives plus fortes et
plus pesantes { que celles de quelque autre peuple que
ce'/(Hi
Mais, comme il'y a des choses à faire dans la
guerre dont un corps pesant n'est pas capable, ils
voulurent que la légion 2 contînt dans son sein une
troupe légère qui put en sortir pour engager le com-
bat, et, si la nécessité l'exigeoit, s'y retirer; qu'elle
eût encore de la cavalerie, des hommes de trait et des
frondeurs, pour poursuivre les fuyards et achever la
victoire; qu'elle fût défendue par toutes sortes de
machines de guerre qu'elle traînoit avec elle; que
chaque fois elle se retranchât, et fût, comme dit
Végèce, une espèce de place de guerre.
Pour qu'ils pussent avoir des armes plus pesantes
Sue celles des autres hommes, il falloit qu'ils se ren-
issent plus qu'hommes : c'est ce qu'ils firent par un
travail continuel qui augmentoit leur force, et par des
exercices qui leur donnoient de l'adresse, laquelle
n'est autre chose qu'une juste dispensation des forces
que l'on a.
Nous rémarquons aujourd'hui que nos armées
périssent beaucoup par le travail immodéré des sol-
Intéressants sur la milice romaine. jusqu'à (1.000 hommes et plus. Les fan-
Malheureusement dans cette compila- tassins se répartlssalent en 1.900 has-
tion l'auteur « confondu les différentes trtti, 1.200 principe!, 600 triurii et 1,200
époque». velitei, Ce sont ocs vélltcs armés à la
' 1. Voyea dan» Polybe et dons Jo- légère, pris dons les dernières classes
lèplio, De bello Jtitlalco, llv. III, quelles du cens, que Montesquieu a en vue.
étaient loa armes du soldat romain. Il C'étaient de véritables tirailleun, sans
y a peu do d'fférence, dit ce dernier, plaeo déterminée dans l'ordre de ba-
entra les chevaux chargée ot les soldats taille t Ils se portaient partout où leur
romains. « Ils portent, dit Glcéron, présence était jugée nécessaire. Les
leur nourriture pour plus de' quinze 300 équités do la légion étaient parta-
jours, tout ce qui est à leur usage, tout gés en \diurmae. Jusqu'il la guerres©-
oo qu'il faut pour se fortifier t et, a olale Ils se reorutalent exclusivement
l'égard do lours armes, ils n'en sont parmi les nobles et los ohovallers. Après
pas plus embarrassés que do leurs la giierro soolalo, on employa au ser-
mains. |> Tuioulanu, llv, il {N, de M.), vice de la cavalerie les alités Italiens.
2. Sous la République, l'effectif La cavalerie de César était composé*
normal du la légion était de 4,200 fan* de troupes auxiliaires, Gaulois, Espa-
tasslns et 800 cavaliers t mais cet effec- gnols, Germains,
tif pouvait être porté, selon letbesoins,
12 GRANDEUR ET DÉdADENCE DBS ROMAINS
dats * : et, cependant c'étoit par un travail immense
que les Romains se conservoient. La raison en est, je
crois, que leurs fatigues étoient continuelles ; au lieu
que nos soldats passent sans cesse d'un travail
extrême à une extrême oisiveté : ce qui est la chose
du mon Je la plus propre à les faire périr.
Il faut que je rapporte ici ce que les auteurs nous
disent de l'éducation des soldats romains 2. On les
accoutumoit à aller le pas militaire, c'est-à-dire à faire
en cinq heures vingt'milles 3, et quelquefois vingt-
quatre. Pendant ces marches, on leur faisoit porter
des poids de soixante livres 4. On les entretenoit dans
l'habitude de courir et de sauter tout armés ; ils pre-
noient dans leurs exercices des épées, des javelots,
des flèches d'une pesanteur double des armes ordi-
naires; et ces exercices étoient continuels. '
Ce n'étoit pas seulement dans le camp qu'étoit
l'école militaire : il y avoit dans la ville un lieu où les
citoyens allouent s'exercer (c'étoit le Champ de Mars).
Api'ès le travail, ils se jetoient dans le Tibre, pour
s'entretenir dans l'habitude de nager, et nettoyer la
poussière et la sueur. r
Nous n'avons plus une juste idée des exercices du
corps : un homme qui s'y applique trop nous paroît
1. Montesquieu fait saris doute allu- par milita tout court, et par Cloéron
sion aux grands'travaux'ontroprlfi par par millia passuwn, comprenait 1.000
Louis XIV, commo In construction do passm, ce qui, d'après les calculs les
l'iiqueduo do Mnliitenon qui devait plus autorisés donne 1478m 50, près-
1/2. 20 mlllos en 5 heures
amener 6 Vorsnlllos IOB oaux do l'Euro. 3uo 1 kllom.doiio
2,300 soldais v furent employés.. onnoralent exactement 5 kllom.
2, Voyez Vogèco, llv. Ii voy. Tlto- 014 a l'heure, ou, en ohiftYos ronds,
Llvo, llv. XXVI, lou exercices que Sot* 0 kllom., oo qui n'a rlon d'exagéré, Las
pion l'Africain l'alsolt fairo aux soldats miltoB étalent marqués sur loa routes
après lu prise de C»rthftgo-la-Nouvo, militaires par dos colonnes do pierre,
Marlus. malgré su VIOMOHBO, allait tous m'tUiaria, Sous In république, on oomp-
las tours nu Cliampdc Murai Pompée, tait, à partir de Homo, depuis la piorre
a lMgo do oliiquunle-liull ans, allolt ptttoéo près de la porte ou commençait
combattre tout armé avco IOB jeunos une route i sous l'omplru, a partir du
gens 111 mont',))' à cheval, courolt bride mllllalre d'or établi par Auguste au
abattuo et k.çolt soi javelots, (l'iu- Forum.
tarque, Vit d» Mariai tt dt.PmpitX 4, La livre romaine posait 327 gr, 45,
(N. d» M.) i co qui donne un poids total de 19 kllog.
8. Le mille . romain désigné par les, «47.
1>IUH «iiuiuutt écrivain* el par 'l'ito-LIvu
CHAPITRE II 13
méprisable, par la raison que la plupart de ces exer-
cices n'ont d'autre objet que les agréments j au Heu
que, chez les anciens, tout, jusqu'à la danse faisoit
partie de l'art militaire.
\
«Il est môme arrivé, parmi nous, qu'une adresse
trop recherchée dans l'usuge des armes dont nous „
nous servons à la guerre est devenue ridicule, parce
que, depuis l'introduction de la coutume des combats
singuliers, l'escrime a été regardée comme la science
des querelleurs ou des poltrons.
Ceux qui critiquent Homère a de ce qu'il relève
ordinairement'dans ses héros la force, l'adresse ou
l'agilité du corps, devroient trouver Salluste bien
ridicule, qui loue Pompée « de ce qu'il couroit, sau-
toit, et portoit un fardeau aussi bien qu'homme de
son temps 3 ».
Toutes les fois que les Romains se crurent en dan-
ger ou qu'ils voulurent réparer quelques pertes, ce fut
une pratique constante chez eux d'affermir la disci-
pline militaire. Ont-ils à faire la guerre aux Latins,
peuples aussi aguerris qu'eux-mêmes? Manlius songe
a augmenter la force du commandement, et fait mou-
rir son fils, qui avoit vaincu sans ordre 4. Sont-ils
1. Il ont tria vrai quoles Grocu don- des consuls ayant défendu, sous peine
naient à la danse une plaoo honorable do mort, de sortir des rangs, môme
dans leur systémo d'éducation, mille pour un coup do main houroux, Manlius
11 ou H ne voyons
nulle part qu'elle ail ordonna quo son fils fût décapité. Par-
fait partlo de l'art mllttnli'o. Quant aux lant de la mllloo rnmalno, Itassuot a
HomaliiBi Ils In méprisaient eommo dit i « Les lois de cette milice étaient duret,
amollissante cl Indigne d'un homme. mais nécessaires, La victoire était péril-
2. Il s'agit lot dos reproohes laits à leuse, et souvent mortelle h ceux oui la
Nombre par les partisans dos modernas gagnaient contre les ordres. Il y allait de
dans la fameuse querelle dos AnoloûB la vie, non seulement h fuir, h quitter set
et des Modornes. armes, h abandonner son rang, mais encore
8. ii Cum alaeribùt tattu, eun vélo- h se remuer, pour ainsi dire, et h branler
ilbus airsu, cum vatldlt recte certa- tant soit peu tans le commandement du '
bat, » Fragment de Sallustn rapporta général. » Et un peu plus loin, Il ajoute t
dans Végèoe, Hv. I, oh. IX. (N. de M,) » Aussi ti'ont-its rien eu dans tout leur
4. Pendant la guerre latine (340- gouvernement dont Ut te soient tant Vaniét
338), les doux armées s'étalent rencon- que de leur discipline militaire l Ut Vont
trées pris d'un ruisseau nomme Veserls toujours considérée comme l<s fondement
au nlod du Vésuve. Avant In bataille de leur empire, La discipline militaire est
le Tilsoulaii Metlus vint provoquer en lu chose qui a paru la première dans lent
combat singulier lo fils du consul. Ktat. et la dernière qui t'y est perdue, tant
ColuUol acoepta et fut vainqueur. Muls elle était attachée h la constitution de leur
lu discipline avait été violée, un édlt république, (Dlsoours, 111* p., oh. VI.)
14 GRANDEUR ET DECADENCE DBS ROMAINS
battus à Numance ' ? Scipion Émilien les prive
d'abord de tout ce qui les avoit amollis a. Les légions
romaines ont-elles passé sous le joug en Numidie ?
Mételhis répare cette honte, dès qu'il leur fait
reprendre lés institutions anciennes. Marius 3, pour,
battre les Cimbres ef les Teutons, commence nar
détourner les Neuves; et Sylla fait si bien travailler
les soldats de son armée effrayée de la guerre contre
Mithridate, qu'ils lui demandent lé combat comme la
lin de leurs peines. '

Publius Nasica, sans besoin, leur fit construire *
une armée navale. Oncraignoit plus l'oisiveté que les,
ennemis.' ' '
Aulu-Geile 5 donne d'assez mauvaises raisons de la
coutume des Romains de faire s'aigner les soldats qui
avoient commis quelque faute : la vraie est que, la'
force étant la principale qualité du soldat, c'étoit le
dégrader que de l'affaiblir.
Des hommes si endurcis étoient ordinairement '.

sains. On ne remarque pas, dans les auteurs,, que les


armées romaines, qui faisoient la guerre en tant de
climats, périssent beaucoup par les maladies; au lieu
3u'il arrive presque continuellement aujourd'hui que
es armées, sans avoir combattu, se fondent pour
ainsi dire dans une campagne.
1. Lors' do la révolu de l'Espagne, ter lus ombouobures dlfftoilos du fleuve.
après la 2» guerre punique, touo len Ce canal fut appelé fosses marina lo
t
généraux romains avaient éohoué de- petit village de Foi en rappelle aujour*
vant ootle place : « Qu'ils se couvrent de d'huile nom. Ce travajl ht donner par
boue, puisqu'ils ne veulent jins se couvrir dérision aux soldats qui l'avalent exé-
de sang, » uvait dit Scipion Emlllon eu nuté le surnom do muléO de Marius,
prenant le dont mandement des soldats 4. Expression plus que hardie i ou
campé* sous Numance, ot il lus ava!î. construit uno flotte, mais non pas uno
condtimnéi. aux plus dura travaux de armée navale,
sligfl. 5. Aulu-ûelle prétend que o'élalt la
2. Il vendit toutea tombâtes de somme moins une punition qu'un remède né-
do l'armée, et fit porter a ohaquo soldat cesuulre a dos esprits troublés, On
du blé pour trente jours, et «eptpleus. voulait Indiquer par la quo pour mau«
(Somm.de Florin, llv. LVtl.) (& do il/.) quer & son devoir 11 fallait être muliido j
3. Marina était nllé attendre les quasi minus sanl vidmntttr omîtes qui
Cimbres et lue Teuton» sur las bords deltnqutrenl [Nuits attlqms, llv. X, oh,
du Hhôno. Il avait établi son onmp ati VJII). L'explication d'Aulu-Gollo noua
nord d'Aria», ot, pour lt ravitailler. parait au moins aussi bonne que uull«.
»?»ll fall qMUao» par MM soldat» un de Montesquieu,
il qui pjrojoUdU «un ««vit'»» d'évi-
CHAPITRE II 15
Parmi nous, les désertions sont fréquentes, parce
que les soldats sont la plus vile partie de chaque
nation ', et qu'il n'y en a aucune qui ait ou qui croie
avoir un certain ava^.age sur les autres. Chez les
Romains, elles étolenl plus rares : des soldats tirés
d'un peuple si fier, si orgueilleux, si sûr de comman-
der aux autres, ne pouvoicnt guère penser à s'avilir
jusqu'à cesser d'être Romains.
Gomme leurs armées n'étoient pas nombreuses a, il
étoit aisé de pourvoir à leur subsistance ; le chef pou-
'voit mieux les connoître, et voyoit plus aisément les
fautes et les violations de la discipline.
La force de leurs exercices, les chemins admirables
qu'ils avoient construits 8, les mettoient en état de
faire des marches longues et rapides. Leur présence
inopinée glaçoit les esprits : ils se monlroient surtout
après un mauvais succès *, dans le temps que leurs
ennemis étoient dans cette négligence que donne la
victoire.
Dans nos combats d'aujourd'hui, un particulier n'a

1, Ce paragraphe et celui qui pré- oavallors, A partir de Marius, les lé-


cède n'ont plus de raison d'être au- gions uno fois constituées maintenaient
jourd'hui. Notre organisation militaire leur effectif : on y entrait par engage-
aotuello ne rassemble en rien à oello ment volontairo de 20 annécB. A la fin
des xvii* et xvin* slèolos t aussi le md« de la République, durant les guorres
tler des armes oomptc-t-il, et à juste civiles, les légions ou les régiments
titre, parmi les plus nobles. qu'on déoorait do oe nom montèrent a
2. Bous la République, jusqu'à Ma- des chiffres exagérés. Après Actlum,
riusi Home ne connut pas les armées Ootovo avait autour do lui plus do 50
permanontes. La levée se faisait au légions, Sous l'Empire le nombro dos
mp lient de l'entréo en campagne, Lo légions vario do 25 a 80, co dernier
sénat fixait l'efTeollf du contingent, Au chiffre étant lo olilffro normat.
temps de Polybe, la levée normale était 8. Ce fût une dos premières préoc-
do quatre légions formant deux armées cupations dos Romains quo l'établlsso-
consulaires. Les alliés devaient aussi ment de oes volos qui, portuut do Homo,
fournir leur appoint, Polybe ostimo aboutissaient aux extrémités do l'Itallo.
que, do son temps, l'effectif dos troupes Il on était de même dans les provinces
alliées était à pou près égal, pour l'In- conquises t ee sont ces routes quo ta
fanterie, à celui del'infanterlo romaine peuple appelle encore chez nous dit-
et trlplo pour la cavalerie, Go qui nous mina de Cfsar,
donne en prenant l'effectif moyen do la 4. Succès est pris Ici dons son sono
légion (4.200 fantar.ilns et 800 cava- étymologique t ce gui arrive, résultai,
liers) 10.800 fantassins et 1,200 cava- Au xvn' sièolo, on l'employait souvent
liers léglonnalroe d'une part. 10.800 dans ee sens. Corneille, Raolne, Mo-
fantassins et 8.600oavallerit alliés d'au- lière et Bossuet an offrent des exemptai
tre part, soit 88,000 fantassins et 4,800 nombreux,
16 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS'
guère de confiance qu'en la multitude ; mais chaque 1

Romain, plus robuste et plus aguerri que son ennemi,


comptoit toujours sur lui-même : il avoit naturelle-
ment du courage, c'est-à-dire de cette vertu qui est le
sentiment de ses propres forces.
Veurs troupes étant toujours les mieux disciplinées,
il étoit difficile que dans le combat le plus malheu-
reux ils ne se ralliassent quelque part, ou que le
désordre ne se mit quelque part chez les ennemis.
Aussi les voit-on continuellement, dans les histoires,
quoique surmontés 2 dans le commencement par le
nombre ou par l'ardeur des ennemis, arracher enfin
la victoire de leurs mains. i
v'

Leur principale attention étoit d'examiner en quoi


leur ennemi pouvoit avoir la supériorité sur eux, et
d'abord ils y mettoient ordre. Ils s'accoutumèrent à
voir le sang et les blessures dans les spectacles des
gladiateurs *, qu'ils prirent des Étrusques.
Les épées tranchantes des Gaulois ', les éléphants
de Pyrrhus, ne les surprirent qu'une fois. Ils sup-
pléèrent à la foiblesse de leur cavalerie B, d'abord en
•rttant les brides des chevaux pour que l'impétuosité
n'en pût être arrêtée, ensuite en y mêlant des
vélites 6. Quand ils eurent connu l'épèe espagnole T,
1. C'est-à-dire oliaquo soldat pris 5, Elle fut enoore moillouro quocelle
Isolément compte sur le grand nombre des potlts peuples d'Italie. On la for-
do deux qui combattent ovoo lut. Cotte moifdes principaux oltovons, & qui le
opposition que Montesqulou établit publie entrotenolt un oheval. Quand
entro nos armées modernos et les ollo meltoit pied a terra, il n'y avoit
armées romaines n'est d'ailleurs pas point d'Infuntorle plus redoutable, et
heureuse, A auouno époquo, le soldat très souvent ollo aétormlnpll la vie»
fronçais, mémo Isolé) n'a manqué de tolre. [N. de M.)
courage, 6. G'étaient des jeunes hommes lé-
2. Aujourd'hui, flous n'employons géroment arrrçéB, et les plus agiles de
gui)io eu mot quo lorsqu'il s uuit d'uue la légion, qui, au moindre signal,
difficulté morale t eurmontersa timidité.., sautoiont sur la croupe des chevaux
Au XVII* et eu xvm» siècle, on l'em- ou combaltolont à plod. (VALimR-
ployait dans le sons général de vaincre. MAXIMB, liv. II j TITB Ltva, llv. XXVI.)
S. Ce fut vers 2,04 av. J.-C, o'est-à (N. de M.)
dire avant la 1'* guerro punique, quo t. Oladhtt hispama, (Jtflfyfctpot,épée
furent introduits 6 Homo IOB oombats
de gladiateurs. Courte, de doux pieds environ, droite
4. Las Romains présentolont leurs et a doux tranohants. On s'en servait
javolols, qui reoovolent les coups dos ' plutôt d'ostoo que da taille,
épéos «aulolaoB et les émoussolout.
{N. tlt St.)
CHAPITHK III 1.7

ils quittèrent la leur. Ils éludèrent la science des


pilotes par l'invention d'une machine que Polybe nous
a décrite 1. Enfin, comme dit Josèpho 2, la guerre étoit
pour eux une méditation; la paix, un exercice.
Si quelque nation tint, do la nature ou de son insti-
tution, quelque avantage particulier, ils en firent
d'abord usage: ils n'oublièrent rien pour avoir des
chevaux numides, des archers crétois, des frondours
baléares, des vaisseaux rhodiens.
Enfin, jamais nation ne prépara la guerre avec tant
de prudence, et ne la fit avec tant d'audace.
i

CIIAP.IIII. — Comment les Romains purent s'agrandir.

Gomme les peuples de l'Europe ont, dans ces


temps-ci, à peu près les mêmes arts, les mêmes
armes, la même discipline et la même manière de
faire la guerre, la prodigieuse fortune des Romains
nous paroît inconcevable. D'ailleurs il y a aujourd'hui
une telle disproportion dans la puissance, qu'il n'est
pas possible qu un Etat sorle, par ses propres forces,
de l'abaissement où la Providence l'a mis.
Ceci demande qu'on y réfléchisse : sans quoi nous
y verrions des événements sans les comprendre; et,
ne sentant pas bien la différence des situations, nous
croirions, en lisant l'histoire ancienne, voir d'autres
hommes que nous.
Une expérience continuelle a pu faire connoître en
Europe qu'un prince qui a un million do sujets ne
peut, sans se détruire lui-môme, entretenir plus de
dix mille hommes de troupes 3 : il n'y a donc que les
grandes nations qui aient des armées.
1, C'ost le corbeau, C'otnlt, tout h In It, Mon tosqu loti, dans en liauto
fols, un grnpin qui, on e'abattant sui- sagoHso nolltlquo, compranult quo lo
lo bateau ennoral, oiiolmlimit los >lou<e dds'eloppaniontexu/jiîrô du nilllttui.-iino
navires, et un pont qui poi'imittult était pour utio muloii uuo cause do
l'aborda^. (V. Polybo, 1, 22.) l'itlno. L'otat do l'Europe aujourd'btil
2, DebethJudaivo,lW. ltl.ohap. VI. no luldonno quo trop raison.
{N.tk'iUS
18 GRANDEUR HT DECADENCE DES ROMAINS
Il n'en étoit pas de môme dans les anciennes répu-
bliques ; car cette proportion des soldats au reste du
peuple, qui est aujourd'hui comme d'un à cent, y pou-
;voit être aisément comme d'un à huit*.
Les fondateurs des anciennes républiques avoient
également partagé les terres 2 : cela faisoit un peuple
puissant, c est-à-dire une société bien réglée} cela t'ai-
soit ainsi une société bien armée, chacun ayant un égal
intérêt, et très grand, a défendre sa patrie.
Quand les lois n'étoiént plus rigidement observées,
les choses revenoient àu! point où elles sont aujour-
d'hui parmi nous : l'avarice de quelques particuliers,
et la prodigalité des autres, faisoient passer les fonds
de terre dans peu de mains, et d'abord les arts s'intro-
duisoient pour les besoins mutuels des riches et des
pauvres. Gela faisoit qu'il n'y avbit presque plus die
citoyens ni de soldats j car les fonds de terre, destinés
auparavant a l'entretien de ces derniers, étoient
employés à celui des esclaves et des artisans, instru-
ments du luxe des nouveaux possesseurs : sans quoi
l'État, qui malgré son dérèglement 8 dbit subsister,
auroit péri. Avant la corruption, les revenus primitifs
de l'Etat étoient partagés entre les soldats,/c'est-à-
dire les laboureurs ! lorsque la république étoit cor-
rompue, ils nassoient d'abord à des hommes riches
qui les rendoient aux esclaves et aux artisans, d'où on
retiroit, par le moyen des tributs, une partio pour
l'entretien des soldats 4. '

1, A Homo, sou 8 ta République « soldats pauvres, Montesquieu donne


qunnd le nombre de soldats qui de- loi dans les idéos communistes, idées
vaient être enrôlée avait été fixé par le qui pouvont paratlra géuérouses, mais
Sénat, on tirait au sort par tribus Jus- qui sont surtout dangereuses.
qu'à oe que le contingent fut formé. 3. On dit bien encore 1l« dérèglement
3. Ce prétendu partage des terrée du pouls, des saison», des humours, mais,
n'a jamais existé qu'à Sparte dont l'or- sauf oes cas, ce mot s'entend au sens
ganisation ne ressemblait en rien à de disoi'dr» moral
celle des autres républiques de l'anti- 4. Ce paragraphe est assoz peu clair
aulté. Les Romains n'ont rien connu tout on étant suffisamment oxaet. Mon*
o semblable car on no peut, de bonne tesquieu o on vue cotte partie do Vager
fol, considérer comme un partage des publicité qui était d'abord affermée à
torres l'aliénation do quelques parties don particuliers (agtroccupaiorltis). Los
do Vagir publient ta faveur d'anoiens patriciens se virent bientôt fermiers de
CHAPITRE III 19
Or ces sortes de gens n'étoient guère propres h la
guerre : ils étaient lâches, et déjà corrompus par le
Rixe des villes, et souvent par leur art même; outre
que, comme ils n'avoient point proprement de patrie,
et qu'ils jouissoient de leur industrie partout, ils
avoient peu à perdre ou à conserver.
Dans un dénombrement de Rome fait quelque temps
après l'expulsion des rois', et dans celui que Démé'
trius de Pnalère fit à Athènes, il se trouva à peu près le
même nombre d'habitants : Ityme en avoit quatre cent
quarante milje, Athènes quatre cent trente et un mille.
Mais ce dénombrement de Rome tombe dans un temps
où elle étoit dans la force de son institution, et celui
d'Athèjies dans un temps ou elle étoit entièrement cor-
rompue. On trouva que le nombre des citoyens
pubères faisoit & Rome le quart de ses habituns, et
qu'il faisoit à Athènes un peu moins du vingtième ;
la puissance de Rome étoit donc à celle d'Athènes,
dans ces divers temps, à peu près comme un quart est
à un vingtième, c'est-à-dire qu'elle étoit cinq fois
plus grande.
Les rois Agis et Gléomène voyant qu'au lieu de
neuf mille citoyens qui étoient à Sparte du temps de
Lycurgue a, il n'y en avoit plus que sept cents, dont à
torrains d'une étendus considérable. siècle av, J.-G., le nombre des citoyens
Ces propriétés Immenses {latifundia), varie de 4.800 à 0.000 BCIOII les écri-
qui auraient du rapporter beaucoup au vains les plus dignes de fol. Go ne fut
trésor, devinrent insensiblement, par qu'un sièolo ot demi plus tard qu'on
la négligence intéressée des pouvoirs atteignit le chiffre de 0.000. Montes-
publios, sinon en droit) du moins en quieu s'cBt appuyé sur l'autorité sou-
fait, propriétés privée*. Les fermiers vent suspecte de Plutarque,dans sa Vit
négligèrent da payer leurs redevances, A'Agit et de Ctiominee. D'après Schu-
et les esolavoB ou les artisans qui y mann (Antiquité» grecques, 1.1, 3* sec-
étaient employés en béDéliolalentseuls, tion, oh. XIV), il restait 3.000 Spar-'
alors qut l'Etat tout entier eût dû on tlatcs lorsque le roi Agis III entroprit
profiter. de régénérer Sparte. Cléomènes acheva
1. C'est le dénombrementdont parle cette oeuvru, mais elle ne fut pas de
Denys d'HallCarnaeae dans la llv. IX. longue durée. Sparte avait à lutter
art. 95, ot qui me parolt être te même contre la ligue aohéenne. Gléoruoncs
que éelui qu'il rapporte a la fin de son fut vainou a flellasie et alla se donner
si*lèmo livre, qui fut fait seize ans la mort en Egypte. Dès lors Sparte,
après l'expulsion des rois. (N> de M.) loin do reprendre BS première puis*
S. Au temps do Lyourguo, c'est-à- sanoe, eomtne le prétend Montesquieu»
dire dans la premièm moitié" du 11» retomba dins sou obscurité.
20 GlMNDRUn UT DÛaADBNCI! DIÎ8 HUMAINS
peine cent possédoiont des terres, et quo tout le roste
n'ôtoit qu'une populace sans courage, ils entreprirent
de rétablir les lois à cet égard; ot Lacédémone reprit
sa première Muissance, ot redevint formidable à tous
les Grecs.
Ce fut le partage égal des terres * qui rondit
Rome capable de sortir d'abord de son abaissement,
et cela se sentit bien quand elle fut corrompue.
Elle étoit une petite république, lorsque, les Latins
ayant refusé le secours des troupes qu'ils étoient
obliges de donner, on leva sur-le-champ dix légions
dans la ville 9. « A peine à présent, dit Tite Live, y
Rome, que le monde entier ne peut contenir, en 1

pourroit-elle faire autant si un ennemi paraissoit tout


a coup devant ses murailles s marque certaine que
nous ne nous sommes point agrandis, et que nous
,

n'avons fait qu'augmenter le luxe et les richesses qui


nous travaillent. »
« Dites-moi, disoit Tibérius Gracchusaux nobles 3^
qui vaut mieux, un citoyen, ou un esclave perpétuel ;
un soldat, ou un homme inutile a la guerre ? Voulez-
vous, pour avoir quelques arpents de terre plus que
les autres citoyens, renoncer à l'espérance de la con-
quête du reste du monde, ou vous mettre en danger
de vous voir enlever par les ennemis ces terres que
vous nous refusez ? » '

CHAP. IV. -— Des Gaulois. De Pyrrhus., Parallèle


de Carthnge et de Rome. Guerre d'Annibal. [

Les Romains eurent bien des guerres avec les


Gaulois. L'amour de la gloire, le mépris de la mort,
l'obstination pour vaincre, étoient les mêmes dans les
deux peuples, mais les armes étoient différentes* Le

1. Voyez la note 3 do la page 18, lat do L, Furius Camlllus et de Ap.


2. Tite-Live, première décade, llv, GlaiidluR Crnesus. (N. de M,)
Vit, oh. XXV. Ce fut quelque temps 8. Applan, Dt la gutn» clv„ UT. !»
•près la prise de Rome, sous te consu- oh. XI. (JV. rfe Af.)
ûiUpiflw tu 21
bouclier dos Gaulois étoit petit, ot lour ôpéo mau-
vaise : aussi furent-ils traités à peu près comme, dans
les derniers siècles, les Mexicains l'ont été par les
Espagnols *. Et ce qu'il y a de surprenant, c'est que
ces peuples, que les Romains rencontrèrent dans
presque tous les lieuxa ot dans presque tous los
temps, so laissèrent détruire les uns après les autres,
sans jamais connoître, chercher ni prévenir la cause
de leurs malheurs.
Pyrrhus 8 vint faire la guerre aux Romains dans le
temps qu'ils étoient en état de lui résister et de
s'instruire par ses victoires : il leur apprit à se retran-
1

cher, à choisir et a disposer un camp, il les accou-

1. La comparaison n'est pas heu- n'en restèrent pas moins dans ces con-
reuse, La conquête du Mexique fut éorivit trées, et c'est à eux que saint Paul
faollo pour les Espagnols, mais les une de ses dpitres.
Gaulois résistèrent longtemps et oou» 8, « Noveu d'Olympiae et fils d'En-
ragousoment à Home t eux soûls y oide, roi d'EpIre, Pyrrhus était lo plus
entrèrent vainqueurs. La terreur qu'ils habile pout-être de tous ooux qui se
inspiraient aux Romains était telle quo portaient pour héritiers d'Alexandre.
la langue latine lui dut une expression Mais éprouvé par les fortunes los plus
nouvelle tumultus gallicus, Los Cisal- diverses, ayant deux fols déjà porduot
pins surtout inquiéteront longtemps regagné son royaume, conquis et aban-
Rome. Les Cénomans et les Boïes éta- donné la Maoédolne, il avait conservé,
blis dans la vallée du Pu tentèrent un de ces violssltudes, uno ambition in-
suprême effort sous la conduite d'A- quiète qui lo jeta toute sa vie d'une
milcar, et le sénat dut envoyer oontre entreprise dans l'autre, A Ipsus, il
eux trots armées ot Soipion l'Africain avait combattu pour Antigone contre
(193). M, Duruy a pu diro en parlant Sélouous, Lyslmaque et Ptolémée.
de cette dernière tentative t « En dix L'Asie restant a oeux-oi, il rêva la
années, ils avaient tenu tète h quinte con- conquête do Rome, de la Sicile et de
suls, tué deux préteurs et plus de légion- Cartilage t il voulait être l'Alexandre
naires mie n'en coûtèrent en trois quarts de l'Oootdent. La suite manqua toujours
de siècle toutes les guerres d» Grecs et a ses desseins t aussi il véout et mourut
d'Asie. » Quant à la Gaule proprement moins en roi qu'en aventurier. Du
dite, elle fut une des dernières con- reste, brillant d'esprit et do courage,
quêtes de Rome, et il fallut pour la comme son OOUBID Alexandre t comme
réduire le génie de J. César aidé de la lui, aimé des siens jusqu'au plus entier
déplorable tactique de ses adversaires. dévouementi enfant gAté de la fortune
2, Les Romains rencontrèrent les qui, tant de fols, lui sourit et le dé-

Gaulois jusqu'en Asie Mineure sous le laissât coeur droit, ouvert à tous les
nom <lo Gâtâtes. Ils s'étaient établis nobles sentiments, iot que l'histoire à
dans ce pays vers 378. Dans la lutte fa fols aime et condamne. Quand il vit
d'Antioohus contre Rome ils avaient Fabrlôiusi il voulut l'avoir pour ami|
. fourni
au roi de Syrie quelques ren- quand il connut les Romains, il voulut
forts, Celui-oi ayant été défait a Magné- les avoir pour ailles, et jamais 11 ne
sie (100), les vainqueurs se tournèrent rougit d'avoir été vainou par eux. »
contio les Gelâtes, et les défirent aux (Duruy, Histoire des Romains, 1.1, oh,
monts Olympe et Magaba (188). Ils XVI.)
22 OnANDBUR ET D^OADIÎNCIÎ DRS ROMAINS
tuma aux éléphants, et les prépara pour de plu3
grandes guerres.
La grandeur de Pyrrhus ne consistait que dans ses
qualités personnelles. Plutarque nous dit qu'il fut
obligé de faire la guerre do Macédoine, parce qu'il no
pouvoit entretenir huit mille hommes do pied et cinq
cents chevaux qu'il avoit. Ce prince, maître d'un petit
État dont on n'a plus entendu parler après lui, étoil
un aventurier qu\ faisoit des entreprises continuelles, '
parce qu'il ne pouYoit subsister qu en entreprenant.
Tarente, son alliée {t avoit bien dégénéré de l'insti-
tution des Lacédémoniens, ses ancêtres a. Il auroit pu
faire de grandes choses ave,o les Samnites ; mais les
Romains les avoient presque détruits 8. |
Carthage, devenue riche, plus tôt que Rome 4, avoit
aussi été plus tôt corrompue : ainsi, pendant qu'a
Rome les emplois publics ne s'obtenoient que par la
vertu, et ne donnoient d'utilité que l'honneur et un«
préférence aux fatigues, tout ce que le public peut
donner aux particuliers se vendoit à Carthage », et

1. II oui été plus juste de dire que hommes de racé punique, qui s'éten-
Pyrrhus était l'aillé de Tarente, Co fut dait de l'Océan Àtlantiquo à l'Océan
cette ville, on effet', qui oomraenga la, Indien, A son dernier jour elle comp-
lutto avoo Rome, et pour résister & uno tait enooro 700,000 habitants.
puissance déjà formidable, ollo appela 6. « Chutes Carthaginois,dhPo\ybe,
a son socours lo roi d'Eptre. Us dignités s'achètent. » Arlstote l'af-
,2. Institution au sens latin de prin- firme aussi, et pourtant il vante l'oie
cipes, système t de mémo que plus bas deltence de leur gouvernement {Polit,,
vertu est pris, comme souvent le latin II, 8), sorte de composé do royauté,
virtus, dans lo sens général de mérite, d'arlstooratlo et de démocratie, mais
3, I<a 8« guorre samnito avait été sans équilibre,entre ces éléments i en
terminée par Fabius et son fils Fabius résume, c'est l'oligarchie qui dominait.
Gurgès. Le héros des Fourohos Cau- Deux suffîtes, oholsis dans les familles
dînes, Pontius Herennius, qui avait privilégiées, et nommés d'abord 6 vio
organisé la résistance, fut pris et servit étalent les premiers magistrats de la
au triomphe des vainqueurs. Oe fut cité. Plus tard, Ils furent, commo les
Curius qui arraoha au peuple samnito consuls, nommés pour un an. Le sénat
le traité qui en fit l'ollié, c'est-à-dire était composé des représentants des
l'esolave de Rome (200), • grandes familles t cent de ses membres
4, Les vict'oiros de Rome ont fait composaient le oonsetl suprême de la
oublier la puissance do Carthage, Cette nation, et bientôt les oenturavlrs usur-
ville, colonie do Tyr, était cependant pèrent le pouvoir,.au point que les'
le premier ontropôt du monde ancien, suiïètes ne furent plus quo les oheft
et, avec sa métropolo, la première fille religieux de la nation et )os prAaldsàt*
de es vaste empire oommerolal des du grand oonsoll.
fittAPlTIlK IV M
tout service fendu par lès particuliers y étoit payé
par lo public *.
La tyrannie d'un prince no met pas un Ltat plus
près de sa ruine que l'indifférence pour lo bien com-
mun n'y met une république. L'avantage d'un État
libre est que les revenus y sont mieux administrés j
mais lorsqu'ils le sont plus mal, l'avantage d'un Etat
libre est qu'il n'y a point de favoris j mais quand cela
n'est pas, et qu'au lieu des amis et des parents du
'prince il faut faire la fortune des amis et (tes parents
de tous ceux qui'ont part au gouvernement, tout est
perdu : les lois y sont éludées plus dangereusement
qu'elles ne sont violées par un prince qui, étant tou-
jours le plus grand citoyen de l'Etat, a le plus d'inté-
rêt a sa conservation.
' Des anciennes moeurs, un certain usage de la pau-
vreté, rendoient à Rome les fortunes à peu près
égales j mais à Garthage des particuliers avoient les
richesses des rois.
De deux factions qui régnoient à Garthage a, l'une
vouloit toujours la paix, et l'autre toujours la guerre ;
de façon qu'il étoit impossible d'y jouir de l'une, ni d'y
bien faire l'autre.
Pendant qu'à Rome la guerre réunisjjoit d'abord
tous les intérêts, elle les séparoit encore plus à Gar-
thage 8.
Dans les Etats gouvernés par un prince, les divi"
sions s'apaisent aisément, parce qu'il a dans ses mains
une puissance coërcitive qui ramène les deux partis ;

i. Aujourd'hui nous dirions Y Etat 3, La présence d'Annlbal fit eessor


ou le Gouvernement.C'est encore une parmi les Romainstoutes les divisions t
imitation du latin in publicum emere t mais la présonoe do 3oiplon aigrit
acheter aux frais de l'Etat. celles qui étalent déjà parmi les Car-
9. La faotlon aristocratique, repré- thaginois i elle ota au gouvernement
sentée par les Hannon, voulait la paix* tout oe qui lui restolt de force, les gé-
la faotlon mllltnlro, personnifiée dans néraux, le'sénat, les grands devinrent
i
les Baron, poussait la guerre, préton- plus suspobts au peuple et le pouple
dant que les conquêtes de Rome fal- devint plus furieux. Voyez dans Apple»
«aient à Cafthage un devoir de devenir toute.cotte guerre du premier Soiploa.
uno puissance militaire, si elle voula.it (N.diil.)
rester une puissance eommerolsle.
24 GHANDEUn BT DECADBNGB DB8 ROMAINS
mais dans une république, elles sont plus durables,
parce que le mal attaque ordinairement la puissance
même qui pourrait lé guérir.
A Rome, gouvernée par les lois, le peuple souffrait
quo le sénat eût la diroction des affaires j a Carthage,
gouvernée par des abus *, le peuple vouloit tout faire
par lui-môme.
Carthage, quj faisoit la guerre aveo son opulence
contre la pauvreté romaine a, avoit, par cela môme,
du désavantage s l'or et l'argent s'épuisent} mais la
vertu, la constance, la forpe et la pauvreté ne
s'épuisent jamais. 4
Les Romains étoient ambitieux
par orgueil, ot lés
Carthaginois par avarice} (les uns vouloient comman-
der, les autres vouloient acquérir; et ces derniers,
calculant sans cesse la recette et la dépense, firent
toujours la guerre sans l'aimer.
Des batailles perdues, la diminution du peuple,
l'affaiblissement du commerce, l'épuisement du trésor
public, le soulèvement des nations voisines, ppuvoient
faire accepter a Garthage les conditions de paix les
plus dures ; mais Rome ne se conduisôit point par le
sentiment des biens et des maux j et ne se déterminoit
que par sa gloire ; et, comme elle n'imaginoit point
qu'elle pût être si elle ne commandoit pas 8, il n'y
avoit point d'espérance, ni de crainte, qui pût l'obli-
ger à faire une paix qu'elle n'auroit point imposée.
1. Dana ce parallèle entré Rome et toujours à la modo oontro la richesse
Carthage. Montesquieu», après Bossuet. en faveur de la pnuvroté? La sagesse
Bcmblo prendre plaisir a diminuer cette populaire prétend quo l'argent est le
dpwièro. Nos deux écrivains suivent nerf de la gue'ro, ot 11 suffit de consulter
Polybe, qui, ayant oonnu Carthage dans les budgets des Etats modernes pour
sa déoadence et.sa.ruino, accuse ses se aonvainore quo le vieux dicton n'ust
Institutions. MOIB Aristpte l'avait con-
quo l'expression de la vérité. Sans
nue dans sa prospérité ot trouvait son doute on ne fuit pns la guerre aveo de
gouvcrnemcnt'exoellent, et Cicéron dit l'argent seulement i mois le courage n'y
avec beaucoup de raison i Mec taiitum suffirait pas non plus,
Carlhago habuisset opum wscentot fer'e 3, C>t la pensée do Virgile s
onnos sine consiliiset disciplina {Dt Rep„ Tu reger imperio populos; Romane, nie*
[ment»
2. Montesquieu ne se lâlsse-t-lt pas' [Enéide, chant VI.)
«lier ici a ces déclamation» faoilos et
C11APITRH IV 25
Il n'y a rien de si puissant qu'une république où
l'on obsorvo les lois, non pas par crainte, non pas
raison, mais par passion, comme furent Romo et
par lors, il joint à la
Lacédémonc ; car pour se sagosse
d'un bon gouvernement toute la force que pourroit
avoir une faction.
Les Carthaginois se servoient do troupes étrangères
et les Romains employoient les leurs*. Gomme ces
derniers n'avoient jamais regardé les vaincus que
des instruments pour des triomphes futurs, ils
comme
rendirent soldats tous les peuples qu'ils avoient sou-
mis ; et plus ils eurent de peine a les vaincre, plus ils
les jugèrent propres à être incorporés dans leur
république. Ainsi nous voyons les Samnites, qui ne
furent subjugués qu'après vingt-quatre triomphes,
devenir lés auxilinires des Romains; et, quoique
temps avant la seconde guerre punique, ils tirèrent
d'eux et de leurs alliés, c'est-à-dire d'un pays qui
n'étoit guère plus grand que los Etats du Pape a et do
Naples, sept cent mille hommes de pied, et soixante et
dix mille do cheval, pour opposer aux Gaulois 8.
1. » Cartliagc, enrichie par son tra- sance, » (Bossuet, Dite, H. U„ lll<par>
fic, voyait tous ses oltoyens attaohés à tlo, oh, VI.)
leurs rlohosses, et nullement exercés 3. Los Etats de l'BglIso, en 1815,
dans la guerre, Au lieu que los armées s'étendaient, suivant une llgno fort ir-
romaines étalent presque toutes com- régull&re t au Nord, do l'embouohure
posées de citoyens, Carthage, au con- de la Marta aux bouahes du Pô| nu
traire, tenait pour maxime de n'avoir Sud, do Terraoine a l'ombouohuro du
que des troupes étrangère*, souvent Tronto, La première spoliation plémon<
autant à oraindre à oeux qu! les payent taise (1800) ne laissa au Souverain
qu'à ceux contre qui on le» implolo... Pontife que les territoires de Romo,
Aristote no la reprend pas de n'avoir Givlta-Vecohia, Frosinone, Vellotrl et
que des milices étrangères) et il est à Vttorbo, soit 723.000 habitants, au lieu
croire qu'elle n'est tombée que long- de 3.130,000. L'attentat fut consommé
temps après dans ce défaut. Mais los en 1870, époque à laquelle les troupes
rlohosses y mènont naturellement une de Vlotor-Emmanuel entrèrent dans
république marchande i on veut jouir Romo.
de ses biens, et on oroil tout trouver 8, Il s'agit de l'expédition des Gau»
dans son argent. Cnrlhago se croyait lois Cisalpins ' (Insubres et Boïos)
forte, paroo qu'elle avait beaucoup de commandés par Brltomar, et des Gau-
ooldats, et n'avait pu apprendre, par lois Transalpins (Qésatos) commandés
».ant do râvoltos arrivées dans les der- par les brennos Connolitan et Anô-
niers temps, qu'il n'y a rien de plus roasto. Le sénat déolara qu'il y avait
malheureux qu'un Etat qui no se sou- tumulttts, ot tous les hommes en état
tient que par les étrangers, où il no do tenir une épée prirent les armes, La
»«ouve nltile, ni sûreté, ni obéis- bataille eut Heu au cap Télamone. h\r
26 nitANDRun p/r DRCADKNCK DRS HUMAINS
Dans le fort do la socondo guerre punique, Rome
eut toujourB sur pied de vingt-deux a vingt-quatro
légions ; cependant il paroît par Tito Livo que le cens
n'etoit pour lors que d'environ cent trente-sept mille
citoyens.
Garthuge employoit plus de forces pour attaquer,
Romo, pour so défondro ; celle-ci, comme on vient do
dire, arma un nombre d'hommes prodigieux contro
les Gaulois et Annibal qui l'attaquoient, et elle
n'envoya que deux légions contre les plus grands
rois j ce qui rendisses forces éternelles.
L'établissement de Carthage dans son pays étoit
moins solide que celui de Rome dans le sien cette
dernière avoit trente colonies autour d'elle, qui dn %?

étoient comme les remparts. Avant la bataille do


Cannes, aucun allié ne ltivoit abandonnée;'c'est que
les Samnites et les autres peuples d'Italie Soient '
accoutumés a sa domination.
La plupart des villes d'Afrique étant peu fortifiées
se rendoient d'abord à quiconque se présentojt
pour les prendre j aussi tous ceux qui y débarquèrent,
Aguthocle a, Régulus, Scipion, mirent-ils d'abord Car-
thage au désespoir. /
On ne peut guère attribuer qu'à un mauvais gouver-
nement ce qui leur arriva dans toute la guerre que
leur fit le premier Scipion : leur ville et leurs armées
même étoient- affamées, tandis qne les Romains
étoient dans l'abondance de'toutes choses.
Romains durent leur victoire à leur faisaient deux effets admirables i l'un de
épéo courlo et solide. Les Gaulois, aveo décharger la'ville d'un grand nombre de
leur long sabre qui pliait ' à chaque citoyens, et la plupart pauvres ; l'autre de
coup, ne purent résister I « s'ils avaient garder les postes principaux et d'accoutu-
eu les épées des Romains, dit Polybo, ils mer peu h peu les peuples étrangers aux
remportaient la victoire, » Les Insubres moeurs rom'aines. Ces colonies qui portaient
et los Oésatos reprirent la lutte l'année avec elles leurs privilhges demeuraient
suivante. Lo consul Marcellus tua de toujours attachées au corps de la Répu-
sa propro main le bronn des Odsates, blique et peuplaient tout l'Empire de Ro-
Virdumar,. et, voua ses dépouilles à mains. [Disc. IL Ù„ III» part., oh. IV).
Jupllor Férétrleni Il fut Ainsi le troi- 2. Agathoole, tyran de Syrabuse,
sième triomphateur oplme (332). menacé par leeXtarthaglnols, descendit
1. Bossuet a très bien saisi lo but en Afrique, s'ompara do prosquo toutes
de. la politlquo romaine dans la fonda- Ion vlllos, mais finit par être valnou,
tion des colonies t « Les colonies ro- Pyrrhus était sou gendre, ayant épousé
maines établies dt.tous côtés dans l'empire sa fille Larissa ou Lnnosaa.
CïTANTItR IV 27
Chez, les Carthaginois, les armées qui avoient été
battues devenaient plus insolontes ; quelquefois elles
mettaient en croix leurs généraux ', ot les punis-
soiont de leur propre lâcheté. Chez los Romains, le
consul décimoit les troupes qui avoient fui, et les
ramenoit contre les ennemis,
Le gouvernement des Carthaginois étoit très
dura s ils avoient si fort tourmenté les peuples
d'Espagne, que, lorsque los Romains y arrivèrent, ils
furent regardés comme des libérateurs 3, et, si l'on
' fait attention
aux sommes immenses qu'il leur en
coûta, pour soutenir une guerre où ils succombèrent,
on verra bien que l'injustice est mauvaise ménagère,
et qu'elle ne remplit même pas ses vues.
La fondation d'Alexandrie avoit beaucoup diminué
le commerce de Carthage. Dans les premiers temps, la
Superstition bannissoit, en quelque façon, les étran-
gers de l'Egypte; et, lorsque les Perses l'eurent
conquise, ils n'avoient songé qu'à affoiblir leurs nou-
veaux sujets j mais, sous les rois grecs, l'Egypte fit
presque tout le commerce du monde, et celui de Car-
thage commença à déchoir A
Les puissances établies par le commerce peuvent
subsister longtemps dans leur médiocrité ; mais leur
grandeur est de peu de durée. Elles s'élèvent peu à
peu, et sans que personne s'en aperçoive j car elles ne
Font aucun acte particulier qui fasse du bruit et

1, Ainsi, pendant la 1" guerre puni- thage, Aussi, en 107, ils se souloverent
que, Asdrubal qui avait échoué dovnnt en masse i oo fut le commencement
Panormo (Sicile), et avait perdu 20,000 d'une lutte qui dura jusqu'à Auguste,
hommes et 104 éléphants, Ait, à son Agrippa eut enfin raison dos Astures
retour à Carthage, mis en croix (251), et dos Cantabrcs qui déflaiont, dans
2, Voy. oe que Polybo dit de lours leurs montagnes, la puissance romaine
exnotions, surtout dans le fragment du (10).
llv. IX, (Extrait des vertus et des viees.) 4. Le gouvernement dos Ptoldmées
fut, pour Alexandrio, une période de
3, Los impute énormes que Cartbnge gloiro et do prospérité, Elle oompta
prélevait sur l'Espagne avalent rendu jusqu'à 900,000 habitants et son com-
«a domination odieuse. Mais les merce, dans le bassin oriontol do la
Espagnole, qui avaiont accueilli les Méditerranée, fut immeneo. En même
llomains aveo joie, ne tardèrent pas h temps ollo devint la capitale intellee-
s'aperoovolr que la tyrannie de Home tuello do l'Orlont.
•tait tout aussi dure que celle de Car-
28 GItANDRUn HT DàCADRNCB DUS ROMAINS
signale leur puissance ; mais, lorsque la chose est
venue au point qu'on ne peut plus s'empôcher de la
voir, chacun cherche a priver cotte nation d'un avan-
tage qu'ollo n'a pris, pour ainsi dire, que par sur-
prise.
La cavalerie carthaginoise valoit mieux que la
romaino *, par deux raisons s l'une, que les chevaux
numides et espagnols étoient meilleurs que ceux d'ita-
lioj et l'autre, !quo la cavalerie romaino étoit mal
armée s car ce né fut que dans les guerres que les
Romains firent en Grèce qu'ils changèrent de manière,
comme nous l'apprenons de Polybe.
Dans la première guerre punicjue, Réguïùs fui
battu, dès que les Carthaginois choisiront les plaine"
pour faire combattre leur cavalerie} et dans la
seconde, Annibal dut à ses Numides ses principales
victoires a. .

Scipion, ayant conquis l'Espagne et fait allianco


avec Massinisse 8, 6ta aux Carthaginois cette supério-
rité. Ce fut la cavalerie numide qui gagna la bataille
de Zama et finit la guerre.
Les Carthaginois avoient plus d'expérience sur la
mer, et connaissoient mieux la maneuvre que les
Romains ; mais il me semble que cet avantage n'étoit
pas pour lors si grand qujil le seroit aujourd hui.
Les anciens, n ayant pas la boussole ne pouvoient
guère naviguer que sur les côtes j aussi ne se ser-
1, Ou biun : la vavaterit t'omaint, passèrent du coté des Romains, qui,
La proportion de la cavalerie dans lu dès lors, commencèrent à respirer.
légion (300 équités contre 4.&00 fnntas- {N. de M.) I

HIHK) montre assez que les Romains 3. Massinlssu, roi des Massillons
négligeront cette armoi tandis que les (Numiclle orientalo), avait d'abord pris
Africains, oommnnos Arnbo» d'aujour- parti pour Cartilage, et était passé on
d'hui, furont toujours 'd'oxoollonts oa. Espagne, Mais Scipion lo détaoha du
vatiera. Mais il leur manqua co qui lit purti carthaginois, et le nouvel allié do
la supériorité des Romains » la disci- Rome contribua pour une large part à
pline. L'armement des cavaliers ro- la victoire de Zama. Scipion, lorsqu'il
mains comprenait t la cuirasse de quitta l'Afrique, laissa comme une
bronzo, les jambièresde cuir, le oasquo, menace, on faoo de Carthago désarmée,
lo scutum, la lanec, munie, nux deux Masslnissa auquel il avait donné le
extrémités, d'un fer aigu, et l'épée titre de roi avec les Etats de son père,'
longue, / In forto ville do Cirta et une partie du
3, Des corps ontiors de NumUU's royaume do Syphax,
CIIAPITI1K IV 20
volont-ils que do bfttimonts a ramos, potits et plats ;
fn'osque toutes los rades étaient pour eux des ports ;
a science des pilotes étoit très bornée, et leur
maneuvre très peu de chose : aussi Aristote disoit-il
qu'il étoit inutile d'avoir un corps do mariniers, et que
les laboureurs sufflsoiont pour cela '.
L'art étoit si imparfait, qu'on ne faisoit guère, avoc
mille rames, que co qui so fait aujourd'hui avec cont.
Les grands vaissoaux étoiont désavantageux, on ce
qu'étant difficilement mus par la chiourme a, ils no
pouvoient pas faire les évolutions nécessaires.
Antoine on nt'à Açtium une funeste oxpôrionce 3 sos s
navires ne pouvoient se remuer, pendant que ceux
d'Auguste, plus légers 4, les attaquoient de toutos
parts.
Les vaisseaux anciens étant à rames, los plus légers
brisoicnt aisément celles des plus grands, qui, pour
lors, n'étoient plus que des machines immobiles,
comme sont aujourd'hui nos vaisseaux démAtés.
Depuis l'invention de la boussole, on a changé de
manière j on a abandonné les ramos 8, on, a fui los
côtes, on a construit de gros vaisseaux j la machine
est devenue plus composée, et les pratiques 6 se sont
multipliées.

1. Nous uepouvons savoir, à tant do 4, Auguste se servit de liburnes (11-


siècles de distance, ce qu'était exacte- burna ou liburnlca). On appelait ainsi
ment la marine des anciens. Toutes les des bâtiments très «longés et se ter-
questions se rapportant a ce sujet ont minant en pointe très mince a la proue
été longuement aisoutées et controver- comme a la poupe. Ils avaient, suivant
sées, et la lumière ne sera sans doute les dimensions, uuo ou plusieurs voiles,
jamais faito complètement. Pourtant, le mAt ou milieu et la vollo lovantlne
quand on volt dos empires, oommo au lieu de In voile latlno ou carrée. On
ceux de Tyr et de Sidon, de Carlhago attribue aux pirates d'Illyrie l'invention
et d'Aloxnndrlo qui ont dû, on grande do eus navires. Ce fut le modèle adopté
partie, à la navigation, lotir prospérité dans la marine romaine après Aotlnm,-
commerciale, on peut» à bon droit, 5. lin quoi on peut jugor do Vira»
eonolure que, même aveo dos bâtiments porfootlon de la marino des anciens,
pou perfectionnés, les anciens étaient puisque nous avons abandonné une
d'oxc«llents marins. pratique dans laquollo nous avions tant
2. i L'ensemble dos tumeurs. do supériorité sur oux, {N, de M.)
3. La mémo chosonvlva a labalnille 0. Pratiques ost pris ici dans le lea»
de Snlnmlno. (Plutarque, Vit île Thi- inusité do nwtuewrei.
mislocle.) — L'Kistoiro ost pleine de
faits pareils, (N, de il,)
30 GRANDEUR ET DECADENCE DES HOMAIN8
L'invention de la poudre u fait une chose qu'on
n'auroit pas soupçonnée i c'est que la force dos
armées navales n plus que jamais oonsisté dans l'art ;
car, pour résister a la violence du canon, et no pas
essuyer un feu supérieur, il a fallu de gros navires.
Mais a la grandeur do la machine on a dû proportion-
ner la puissance de l'art.
Les petits vaisseaux d'autrefois s'acrochoient sou-
dain et les soldats; combattoient des deux parts ; on
,
mcttoit sur une flotta toute une armée de terre. Dans
la bataille navale que Régulus ot son collègue
gagnèrent*, on vit combattre cent trente mille 1

Romains contre cent cinquante mille Carthaginois. Pour


lors les soldats étoient pour beaucoup, et les gens
de l'art pour peu; à présent, les soldats sont pour
rien, ou pour peu, et les gens de l'art pour beaucoup.
La victoire du consul Duillius a fait bien sentir
cette différence. Les Romains n'avoient aucune
connoissance de la navigation : une galère carthagi-
noise échoua sur leurs côtes ; ils se servirent de ce
modèle pour en bâtir 3 en trois mois de temps leurs
5

matelots furent dressés, leur flotte fut/ construite,


équipée, elle mit à la mer, elle trouva l'armée navale
des Carthaginois, et la battit. -
A peine à présent toute une vie suffit-elle à un
prince pour former une flotte capable de paroître
devant une puissance qui a déjà l'empire de la mer :
c'est peut-être la seule chose que l'argent seul ne peut
pas faire. Et si de nos jours un grand.prince réussit
d'abord 4, l'expérience a fait voir à d'autres que c'est
un exemple qui peut être plus admiré que suivi 8.
1. Cette bntnlllu fut livrée à In hau- un temple i oh construit urço ville, une
teurd'Eonorno, entre Qéla et Agrlgente. flotte (Lafaye, Dict. des synonymes),
Les Romains avalent équipé 330 valu- 4. Louis XIV. (N. de Af.)
seaux commandés par les consuls 6. L'Espagne et ln Mosoovie. (N. de
Mnnlius Vulso et Atillus Régulus. Ln ^f.) La flotte espagnole on construction
flotte oarthagtnolse comptait 350 ga- fut, en effet, détruite par Ion Anglais
lères , 94 furent coulées, Les Romain* nu cap PoRsaro (17i9j, mais la flotte de
n'onpordiront que 24. Pierre le Grand ne tanin pas à prendre
2, Ln bataille eut lieu près de Mylos dans la Baltique une Influonoe prépon»
(Melazzo) en 260. déi"«nl«.
S. On bàtii une maison, un vaUseau,
CIIAPITHR IV 31
La socondo guerro punique ost si fameuse que tout
lo monde la sait, Quand on examine bien cotto foulo
d'obstacles • qui se présenteront-devant Annibal, et
que cet homme extraordinaire surmonta tous, on o lo
plus beau spectacle que nous ait fourni l'antiquité.
Rome fut un prodige do constance a. Après les jour-
nées du Tésin, do Trébios et do Trasimôno j après -
celle do Cannes, plus funeste encore, abandonnée de
presque tous les peuples d'Italie, ello n * demanda
point la paix. C'est que le sénat no so départoit
ïamais des maximes anciennes : il agissoit avec Anni-
bal comme il avoit agi autrefois avec Pyrrhus, a qui il
avoit refusé de faire aucun accommodement, tandis
qu'il seroit en Italie; et je trouve dans Donys d'IIali-
carnasse que, lors de la négociation de Coriolan, le
sénat déclara qu'il ne violeroit point ses coutumes
anciennes 5 quo le peuple romain ne pouvoit faire de
paix, tandis que les ennemis étoient sur ses terres;
mais que, si les Volsques so retiroient, on accorderoit
tout ce qui seroit juste.
Rome fut sauvée par la force de son institution 3.
Après la bataille de Gannos, il ne fut pas permis aux
[emmes mêmes de verser des larmes ; le sénat refusa de

1, Aunlbnl ne compta Jamais que nant, les effrayait par set éléphants et
sur lui-même i il ne demanda rlon à défaisait toutes leurs armées t ni quand
Carthage pour son entreprise gigan- Annibal, déjh tant de fols vainqueur, leur
tesque, ot, après la Trôblo et Trasi- tua encore plus de 60,000 hommes et leur
mone, alors que aa patrie aurait pu meilleure milice dans la bataille de Cannes,
profiter de ses étonnantes vlotoiros, Ce fut alors que le consul Tércntius Varro,
ello l'abandonna h aa destlnôo, Ce fut qui venait de perdre par sa faute une si
uno faute irréparab'i que Carthage grande bataille, fut repu h Rome cow.ne
paya du sa liberté, s'il eût été victorieux, seulement parce que,
2. Bossuet a décrit ainsi ce prodige dans un si grand malheur, il n'avait point
do constance i « Un Etat guis» uni ainsi désespéré des affaires de ta république. Le
formé se sent aussi »n même temps d'un» sénat l'en remercia publiquement, et dis
fores incomparable, et ne se croit jamais lors on résolut,selen les anciennesmaximes,
sans ressource. Aussi voyons-nous que les de n'écouter dans ce triste état aucune
Romains n'ont jamais désespéré de leurs proposition de paix t l'ennemi fut étonné,
affaires, ni quand Porsenna,roid'Elrurie, le peuple reprit coeur et crut avoir des res-
les affamait dans leurs murailles, niquand sources que le sénat connaissait par sa
les Gaulois, après avoir brûlé leur ville, prudence, (Discours //. U.» III» partie,
inondaient tout leur pays et les tenaient oh. VI.)
serrés dans le Capitule, ni quand Pyrrhus, 3, Voir plus haut, note 9, page 23,
roi des- Eptrotes, aussi habile qu'entrepre-
32 ORANDRUR RT DROADRNGR ORS ROMAIN»
racheter les prisonniers, ot envoya les misérables
restes de l'armée faire la guerre en Sicile, sans récom-
pense, ni aucun honneur militaire, jusqu'à ce qu'Anni-
bal fut chassé d'Halio.
D'un autre côté, le consul Térentiue Varron avoit
fui honteusement jusqu'à Vonouse ; cet homme, de la
plus basse naissance, n'avoit été élevé au consulat
que jpour mortifier la noblesse. Mais le sénat ne voulut
pus jouir de ce malheureux triomphe \ il vit combien il
eloit nécessaire qu'il s'attirât dans cette occasion la
confiance' du peuple \ il alla au devant de Varron, et le
remercia de ce qu'il n'avoit pas désespéré de la répu-
blique.
Ce n'est pas ordinairement la perte réelle ique' l'on
,

fait dans une bataille (c'est-à-dire celle de Quelques


milliers d'hommes),; qui est funeste à un Etat, mais la
porte imaginaire et le découragement, qui le privent
des forces mômes que la fortune lui avoit laissées *,
Il y a des choses que tout le monde dit, parce
qu'elles ont été dites une fois a. On croit qu'^Vnnibal
Ht une faute insigne de n'avoir point été assiéger
Home après la bataille de Cannes. Il est vrai que
d'abord la frayeur y fut extrêmç ; mais il n'en est pas
de la consternation d'un peuple belliqueux, qui se
tourne presque toujours en courage, comme de celle
d'une vile populace, qui ne sent que sa foiblesse.
Une preuve qu'Annibal n'auroit pas réussi, c'est que

1, «Très vrai et très solide. L'Ima- dans les places fortes, Rome était à
gination frappée du soldat est un fan- 88 (leues de Cannes, séparée de l'en-
tôme imaginai™ qui gagne plus de nemi par des flou vos, des montagnes,.
batailles que la foroo réolle ou la supé- De hautes murailloif précédées d'un
riorité de Vennomi. » (Frédério II.) fossé profond de 10 m, et large de 84
2, Cette prétendue faute tant repro- la défendaient contre toute entreprise.
ohéeà Annlbal a été signalée par rite Et nous savons que, huit ans après
Llvo. Ce jugomont no fait honneur ni Cnnnos (108), o'est-à-dire après une
{i la pénétration ni à l'impartialité de guerre particulièrement meurtrière, le
l'historien latin. Annlbal avait une aons («cousait encore 137.108 citoyens
arméo de 50,000 hommoss Garthage en état de porter les armes, Montes-
lui refusait des secours. Il était en quieu s'est dono aveo raison élevé
pays onneml, o'est-à-dire dans le oas cont.o l'opinion reçue, opinion adoptée
d'une marohe en avant, obligé d'assurer sans disoussiôn par Dossuet lui-même.
es derrières en laissant des garnisons
ClIAlHTItR IV 33
les Romoins se trouvèrent en état d'envoyer partout
du secours ',
On dit oncoro qu'Annibal lit une grande faute do
mener son armée a Capoue, où elle s'amollit; mais
l'on no considère point quo l'on ne romonto pas à la
vraie cause. Les soldats do cette armée, devenus
riches après tant de victoires, n'auroient-ils pas
trouvé partout Capoue 8 ? Alexandre qui commandoit à
ses propres sujets, prit dans une occasion pareille un
expédient qu'Annibal, qui n'avoit que dos troupes
mercenaires, ne pouvoit pas prendre : il fit mettre le
feu au bagage de ses soldats, et brûla toutes leurs
richo6sos et les siennes. On nous dit que Kouli-
Kan 8, après la conquête des Indes, ne laissa à chaque
soldat que cent roupies d'argent 4.
Ce furent les conquêtes même d'Annibal qui com-
mencèrent à changer la fortune do cette guerre. Il
n'avoit pas été envoyé on Italie par les magistrats de
Carthage ; il recevoit très peu de secours, soit par la
jalousie d'un parti, soit par In trop grande confiance

1. Voloi des prouves données par romarquo M. Duruy, n'a sacrifié à. son
Duruy (t. I. oh. XXIV). Au printemps ohof, mémo le plus aimé, un londomain
do 215, Rome avait neuf armées ot do victoire, Pour demander boaucoup
quatre flottes, Les neuf (innées étalent à do tols soldats, il faut uussi lour
ainsi reparties i Fabius Gunotator était accorder boaucoup. Annibal los laissa
a la této dos légions do Téanum. Som- ramasser le butin, dépoulllorlos morts,
pronius GrncomiB, établi à Lltornum, vendre lours prisonniers, ot célébrer,
prés do Cumos, défondait les ports du dans do longues orgios, leur triomphe,
golfe de Naplos. Morcellus, de Noie, 11 savait d'nillours qu'ontro lui et Homo
menaçait Capoue. Uuo garnison ooou- Il y avait une distance do 88 llouos,
pait Bénévont ot complétait l'investis- dos fleuves, dos montagnes, dos places
somont du territoire oampanien, don- fortos, un pays mal disposé pour lui,
nant la main à la légion d'Apulle qui ot, au bout de tout cola, une vlllo im-
était établie a Luoérie, Varron organi- mense, défonduo par de hautos mu-
sait une clnqulômo armée dans le Pl- raillos, par un fossé profond do 30
oonum. Pomponlus en avait une autre pieds, largo de 100, ot, dorrlèro, tout
dans les Gaules, La Sloile était défen- un peuplo en armes. » (Histoire des
du o par les débris des légions vaincues Romains, t, I, oh. XXIV).
a. Cannes et quelques autres troupes. 3. Célèbre avonturler, usurpa le
Les Solplons conquéraient l'Espagne, trône do Perso, régna sous le nom de
et la Sardaigno était défendue par un Nadir-Chah, oonqult l'Afghanistan et
préteur. Ces armées atteignaient le une partio de l'ompiro du grand Mogol
chiffre de 220,000 hommes,
.
et les trois Il périt assassiné (1747).
armées qui cernaient Annlbal on com- 4, La roupie d'argont vaut environ
prenaient à elles seules 90.000. afr. 60.
3, « Jamais armée de mercenaires, ,
84 GIlANDKÙh UT DéoADBNOÈ DES ItôMAtttS
de l'autre 4. Pendant qu'il resta avec son armée
ensemble, il battit les Romains ; mais lorsqu'il fallut
qu'il mît des garnisons dans les villes, qu'il défendit
ses alliés, qu'il assiégeât les places ou qu'il les cmpê-
chAt d'être assiégées, ses forces se trouvèrent trop
petites ; et il perdit en détail une partie de son armée.
Les conquêtes sont aisées à faire, parce qu'on les fait
avec toutes ses forces; elles sont difficile» à conserver,
parce au'on ne les défend qu'avec une partie de ses
forces *i !

CIUP. V.
—•
De l'état de la Grèce, de^' la Macédoine,
de In Syrie et de l'Egypte, après rabaissement des
Carthaginois.
Je m'imagine qu'Annibal disoit très peu de bons
mots, et qu il en disoit encore moins en faveur de
Fabius et de Marcellus contre lui-même. J'ai du
regret de voir Tite Liye jeter ses fleurs• sur ces
énormes colosses de l'antiquité} je voudrois qu'il eût
fait comme Homère, qui néglige de les parer, et qui
sait si bien les faire mouvoir 8'.
Encore faudroit-il que lés discours qu'on fait tenir à
Annibal fussent sensés. Que si, en apprenant la
défaite de son frère, il avoua qu'il en prévoyoit la
ruine de Garthage *, je ne sache rien de plus propre à

1, Lo parti d'Hannon s'opposait do discours que Tlte*Llw met dam» la


tout son pouvoir a l'onvol de secours. bouolio d'Annlbal. On ne peut nier que
Après Cannes, Annibal, établi a Ca- l'éorlvaln latin ult quelquefois abusa
pouo, demanda duB renforts. Lo parti de eo prooédé t cependant on ne sau-
dos Bnroa, qui avait la majorité, dé* rait refuser son admiration au langago
créto l'envol do 4.000 Numides ot do, qu'il proie au général oarthaglnols
40 élépbants, et la levée de troupes en s'adressent a BOB soldats effrayés par
Espogno. Mats ces mesures furent mal la vue dos Alpes (XXI, 80), ou leur
conduites. montrant on porspeotive la conquête
2. M. Thtoi's, dans son Histoire du do l'itallo (XXI, 48).
Consulat ot de l'Empire, a fait le plus 4. Annibal, retranobé près de Cn-
magnifique ot le plus juste élogo d An- nuslum. dans les environs do Cannes,
nlbnlj « et mortel h nui Dir.n dispensa ions attendait les mossagors do son frèro
les dons dt l'intelligence et du caractère Asdrubal. Pendant oe temps, lo consul
et It plus propre aux grandei choies qu'on G. ClaudiusNéronattaquait oo dernier
tût jamais vit, » • sur les bords du Mdtnure et taillait son
8. Montesquieu fait allusion aux armée en pièces. Asdrubal, qui s'était
cïiAprrnK v 35
désespérer des peuples qui s'étoient donnés à lui, et à
décourager une année qui attendoit de si grandes
récompenses après la guerre.
Gomme les Gartliiiginois, en Espagne, en Sicile et
en Sardaigne, n'op|>osoicnl aucune armée qui ne fût
malheureuse, Annibal, dont les onnemis se fortifloient
sans cesse, fui réduit à une guerre défensive."Gela
donna aux Romains la pensée do porter la guerre en
Afrique * : Scipion y descendit. Les succès qu'il y eut
obligèrent les Carthaginois à rappeler d'Italie Anni-
bal, qui pleura de douleur en cédant aux Romains
cette terre où il les avoit tant de fois vaincus 2.
Tout ce que peut faire un grand homme d'Etat et un
grand capitaine, Annibal le fit pour sauver sa patrie :
n'ayant pu porter Scipion à la paix, il donna une
bataille où la fortune sembla prendre plaisir à con-
fondre son habileté, son expérience et son bon sens 8.
Garthage reçut la paix, non pas d'un ennemi, mais
d'un maître ; elle s'obligea a payer dix mille talents'*
vaillamment précipité dans la molée, atulisse... « Vicli ergo Mannibalem, .ait,
fut tué, et sa tête fut jetée dans les non populus Romanus loties caesus fitga-
retranchements d'Annibal qui, on la tusque, sed senatus Carlhaginiensis ob-
reconnaissant, s'dorla i u Je reconnais treetntione atque invidia. Neque liac defor-
la là fortune de Carlhase. » (T.-L,, mùate reditus mei tam P. Scipio exsulta-
XXVII, 51.) bit atque efferel sese, quam Ilanno, qui
1, Montesquieu fait honnour aux domum nostram, quando alla re non
Romains d'une Idée qu'ils n'eurent poluit, ruina Carthaginis oppressif. »
pas. Scipion seul, comprenant qu'il (ïlte-LIve, XXX, 20.)
(Hait Impossible de débusquer Annibal 3. C'est la bntnlllo do Zama (Zoua-
rotrnnohd dans le Bruttlum, ot qu'allor rlm). Elle ont Hou lo 10 ootobra 203.
l'y oliorohcr serait s'engager dans une Annibal avait admirablamont disposé
guerre dont nul no pouvait prévoir Sos troupes, Mais 11 avait affaira n un
i'isnuo, soutenait qu'il fallait dosoondro véritable hommo do guerre ot sa vieille
en Afrique et attaquai' Carthago. Fa- expérience no pouvait suppléer a ce
bius <!tnlt d'un avis contraire et fit si qui manqua toujours & son armée de
bien qu'on envoya Scipion on Slollo. moroonalros, la discipline Solplon
Lo sdnat refusa do condor une armée pouvait compter sur l'ondlssanoo pas-
au paollloatour do l'ISttpngno, Il fallut slvo do sos soldats. H fut, en outro.
3uo los alllds lui fournissant dos sol- admlrablomoiit secondé par Bon ami
ats et dos armes, u et l'on eut le singu- LélittB et lo traitro Masslnissa. Annibal
lier spectacle, dit M. Durtty, d'une flotte laissa 30.000 do ses soldats sur le
et d'une armfo spontanément fournies par oliamu do bataille.
les sujets de Rome, quand Home elle-même 4. Lo talent, monnoto Active grec-
ne donnait h son consul ni un soldat ni un que, valait 5.804 fr. 35, d'après Woxj
vaisseau, u un pou moins d'après d'autres, Co qui
y. « Prendens gemensque ae vis lacrl- donnerait un total do 58.040,000 fr.,
mis tempérant dlcitur legatotiim vsrba prôs de 60 millions,
B*

GRANDEUR Et DECADENCE DES ROMAINS-
en cinquante années* à donner des otages, à livrer
vaisseaux et ses éléphants, à ses
ne faire la guerre à per-,
sonne sans le consentement du peuple romain * et,
pour la tenir toujours humiliée, on augmenta la puis-
sance de Massinisse, son ennemi éternel.
Après l'abaissement des Carthaginois, Rome n'eut
presque plus que de petites guerres et de grandes vic-
toires; au lieu qu'auparavant, elle avoit de petites
victoires et de grandes guerres. eu
Il y. ayoit, dans ce temps-là, deux mondes,
comme
séparés : dans l'un combattoient les Carthaginois
les Romains ; l'autre étoit agité et
par des querelles qui
duroient depuis la mort d'Alexandre f n'y
on pensoit
point à ce qui se passoit en Occident 2 car, quoique
Philippe, roi de. Macédoine, eût fait, ; traité
Annibal, il n'eut presque point de suite un avec
qui n'accorda aux Carthaginois j et ce prince,
que de très foibles
secours, ne fit que témoigner aux Romains une mau-
vaise volonté inutile 8.
Lorsqu'on voit deux grands peuples se'faire
guerre longue opiniâtre, une
c'est souvent une mauvaise
et
politique de penser qu'on peut demeurer
tranquille 4; car celui des deux peuples spectateur
qui est le
1, C'était là une des olauses duré- l'année
gtmo de liberté imposé par Rome à même do la mort de Thuoy-
dlde.
alliés t CruMissima ae suptrbinima ses 3, Après Cannes. Philippe V* da
omnia tulqut gent
ma arbtlrii faeit\ eum Maoddoiuo avait onvoyé Annibal
quibus pacem habtamts, te midum impô* ambassade dont Tite-LIvea racontéune
lo»
nere aqmm censel (T.-L,, XXI, 44). a
mésaventures i XXIII, 35). Il s'était
Annibal eu adressant ces paroles h
soldats avant la bataille du Tdoln ses engagé n fournir 300 vaisseaux, mais
ne Ibmit une telle lenteur à oxéouter
faisait qu'oxprjmor la vérité. sos
3. Il est surprenant, comme Josôpho promessesique les Romains puront le
le remarque dans le livre contre prévenir. Le préteur Valérius Ltevl-
Applon, qu'Hérodote ni Tbuoydide nus forott le camp macédonien, Phi-
lippe s'enfuit sur sa Motte mouillée
n'aient jamais parlé des Romains, dans les eaux do l'Aous, mais les
quoiqu'ils eussent fait de si grandes lères romaines fermaient l'entrésga-
guerres. (M de M.) fleuve. Philippe, réduit & brûler du
Ce qui est onooro plus surprenant ses
vaisseaux, reprit la ahomln de la Ma-
s'est qua Montesquieu ait éarit la note eédoinet Rome l'y fit poursuivra
qui préoùdo, pour expliquer pensée. alliés, par
Hérodote mourut en Ml, a une sa sos En 305 le roi demanda la
époquo paix.
où Rome combattait encoro contre 4, Montesquieu s'est inspiré toi des
voisins. Vélos, à 13 kl)oin. au nord, sos Saroles que Polvbe met dans la bouche
lui appartint qu'eu 305,' o'cst-a-dire ne
'un député de Naupacto duns l'assem*
vCHAPrrnE îW
vainqueur entreprend d'abord de nouvelles guerres ; et
une nation de soldats va combattre contre des peuples
qui ne sont que citoyens.
Ceci parut bien clairement dans ces temps-là ; car
les Romains eurent à peine domté les Carthaginois,
(qu'ils attaquèrent de nouveaux peuples, et parurent
dans toute la terre pour tout envahir. *
Il n'y avoit pour lors, dans l'Orient, que quatre
puissances capables de résister aux Romains : la
Grèce, et les royaumes de Macédoine, de Syrie et
d'Egypte. Il faut voir quelle étoit la situation de ces
deux premières puissances, parce que les Romains
commencèrent par les soumettre.
Il y avoit dans la Grèce trois peuples considé-
rables : les Etoliens, les Achalens et les Béotiens ; *
c'étoient des associations de villes libres, qui avoient
des assemblées générales et des magistrats communs.
Les Etoliens étoient belliqueux, hardis, téméraires,
avides du gain, toujours libres de leur parole et de
leurs serments a, enfin faisant la guerre sur la terre
comme les pirates la font sur la mer 3. Les Achaïens
étoient sans cesse fatigués par des voisins ou des
défenseurs incommodes. Les Béotien*, V.s plus épais
de tous les Grecs 4, prenoient le mo" part qu'ils
MÛ<J dos Grecs. « Que la Orïce t'unisse, la division était au sein des cités j les
qu'elle considère cet armées immenses qui vrais partis étaient le parti dus riches
te disputent le champ de bataille de l'Ita- et le parti des pauvres. La révolution
lie. Cette lutte finira Mentit l Rom» ou soolalo était le grand péril a l'heure où
Carthage ter» victorieuse, Quels que soient {mmiront las Homains, et. pour le oon»
les vainqueur!, Ut viendront nous chercher uror, les grands se mirent sous la
dans nos foytrt. Souet attentifs, à Grecs, protection de Uorae.
et loi surtout, 6 Philippe, Mettons un 2. Libres de leur parole, au sens de i
terme h nos discordes et travaillons tout nullement engagés par leur parole, est
tn commun h écarter le péril, » (Llv. V). uno oxproselon a noter. Compares
1. Dans cette énumcratlon, le» Béo- libre de ses mouvements, libre de. tortir.
tiens sont de trop. Los Etoliens et les
Aohéens. peuples Ignorés jusqu'alors» 3. Ce portrait des Etoliens est em-
prirent toute l'influence dans les af- prunté à Polybe. Or, Polybo était
faires du pays, La ligue étolienno et la Aohéen, o'est-a-diro du parti des
ligue aohéenne poursuivaient par des grands, ot il a probabloraon* poussé
moyens différents le rave irréalisable son portrait au noir.
d'une confédération. hellénique t In
première s'appuyant sur le peuple, la 4. La stupidité (àv«toO»)Ofot) cHa
lecondo sur Varlstooratle. Et en effet gloutonnerie béotiennes ((3oiWT(ût U<)
38 GRANDEUR BT DÉCADENCE DBS ROMAINS
pouvoientaux affairés générales : uniquement conduits,
par le sentiment présent du bien et du; mal, ils
n'avoient pas assez d'esprit pour qu'il Tût facile aux
orateurs de les agiter; et, ce qu'il y a d'extraordi-
naire, leur république se maintenoit dans l'anarchie
môme '.
Lacédémone avoit conservé sa puissance a, c'est-à-
dire cet esprit belliqueux que lui donnotent les insti-
tutions de Lycurgue. Lès Thessalitms étoient en
quelque; façon asservis par les Macédoniens. Les rois
d'iliyrie avoient déjà' été extrêmement abattus par les 1

Romains. Les Acarnaniens et les Athamanes étoient


ravagés tour à tour par les forces de 41a Macédoine et
de l'Etolie. Les Athéniens, sans force par ejux-mênies,
et sans alliés 3, n'iétonnoient plus le monde que par leurs
flatteries envers les rois j et l'on ne raontoit plus sur
la tribune 4 où avoit parlé Démosthène, que pour pro-
1>oser les décrets les plus lâches et les plus scanda-
eux.
D'ailleurs, la Grèce étoit redoutable * par «a situa-
étatont passées en proverbe ohea les laires dans l'Intérêt de son' pouvoir
Grecs, Cependant la Béotle a produit personnel.
Hésiode, Plndore et Epamlnondaa i et 3. Ils n'avoient aùoune alllenoe avec
les admirables terros ouïtes retrouvées les autres peuples de la Orèce (Polybe,
dans la nécropole de Tariagra prouvent \iv.VlU),(N,d»M.) -
que le sentiment artistique, et un son- 4. Il y a contestation sur l'emplace-
pmont artistique très délient, existait ment do ta tribune & Athènes. Les
tans oo pays. assembléos du peuple se tenaient d'a-
1. <( Thkbes, dit Polybe, est mort» bord à l'Agora; puis, eolul-oi étant
avec Epamlnondas, On y hissait ses
devenu trop étroit, au Pnyx, Le Pnyx
biens, non h ses enfant», mais h ses com- est probablement le demi-corole ro-
pagnons de table, h condition de (es ilér choux qui se trouve entro l'Aréopage
pense? en orgies t beaucoup avaient ainsi 'ot le Musée (V. Atlas do Kloport). On
plus de festins a faire par mois que le y volt aujourd'hui encore un bloc de
mois n'avait dejours. » D'après le même 0 m. 80 de haut sur 8 m. 50, reposant
historien, los Béotiens avalent fait uuo sur trois gradins. Co bîoo est considéré
loi défendant de Jamais s'ocoupor des (inmmo ta tribune aux harangitos
affaires générales de la Grèce (Polybe, (P%t«f Moç.)
XX, 4). -, •
6. Volol oo qu'en dit M. Duruy i
2, Lacédémono était on prolâ .
à K En
s'appuyant de l'autorité de Mon-
l'anarchie, Les richesses étalent entre tesqulou, on s'est étraugemaut mépris
les mains de quelques citoyens ot tout sur les forces de la Orèoe a cette
BO vendait, Agis ot Cléomènos essaye- époque,.. Athènes no pout arrêter le»
ront, dit-on, do remettre on vigueur courses dos pirates do Chalets ni eelloB
les lois de Lycurgue i mais Cléomèues de la garnison de Corlnthe. En l'année
ût surtout appel aux paillon» popu- 900, quelques bandes â'Acarnaniens
y
CIIAPITIIE 39
tion, sa force, la multitude de ses villes, le nombre de
ses soldats, sa police, ses moeurs, ses lois ; elle aimoit
la guerre, elle en connoissoit l'art; et elle auroit été
invincible si elle avoit été unie.
Elle avoit bien été étonnée * par le premier
Philippe, Alexandre et Antipater, mais non pas subju-
guée; et les rois de Macédoine, qui ne pouvoient se
résoudre à abandonner leurs prétentions et leurs
espérances, s'obstinoient à travailler à l'asservir.
La Macédoine étoit presque entourée de montagnes
inaccessibles ; les peuples en étoient très propres à la
guerre, (courageux, obéissants, industrieux, infati-
gables; et il falloit bien qu'ils tinssent ces qualités-là
du climat, puisque encore aujourd'hui les hommes de
ces contrées sont les meilleurs soldats de l'empire des
Turcs.
La Grèce se maintenoit par une espèce de balance :
les Lacédémoniens étoient pour l'ordinaire alliés des
Etoliens; et les Macédoniens l'étoient des Achaïens.
Miiis, par l'arrivée des Romains, tout l'équilibre fut
rompu.
Comme les rois de Macédoine ne pouvoient pas
entretenir un grand nombre de troupes 2, le moindre
échec étpit de conséquence ; d'ailleurs, ils pouvoient
difficilement s'agrandir parce que leurs desseins
n'étant pas inconnus, on avoit toujours les yeux
ouverts sur leurs démarches ; et les succès qu'ils
avoient dans les guerres entreprises pour leurs alliés

mettent Impunément l'Attlque n fou et nales, M {Histoire'des Bomatns, t. II,


a sang, et 3,000 Muoddonlens tiennent la oh. XXIV.)
vlllo aBiildgdo, Quand Philippe ravage 1. Etonnée, dans le sens du latin
Îa Laoonle jusque sou» les murs de aUonita. V. Dossuot i « On le vit étonner
Iptuto.' Lyourgue n'a que 2.000 hom- ilt ses regards éttncetants ceux qui
mes a lut opposer. Philippe lul-momo êohappaitnt h ses coups, » (O/*. (un, du
entre on campagne avec 5.700 soldats, prlnao de Gondé).
en 210, et avea 7.200, l'an d'après. Le 2. Ainsi Philippe V do Macddolno,
contingent d'Argns et de Mdgalopolls dont la vie fut omploydo & des con-
est do 570 hommes, et touto In confd-' quêtes , no put jamais rdunlr que
ddeatton aohdennono parvient n mrçttro quelquos million» d'hommes, ot ses
sui' pied, durant la guorro dos deux succès on Grèce prouvent que collo-ol
ligues, la plus vive do cette époquo, dtait hion ddohue de son ancienne
que 9.600 hommes do troupes natio- puissance,
40 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS
éloient un mal que ces mêmes alliés cherchoient
d'abord à réparer.
Mais les rois de Macédoine étoient ordinairement
des princes habiles. Leur monarchie n'étoit pas du
nombre de celles qui vont par une espèce d'allure
donnée dans le commencement. Continuellement ins-
truits par les périls et par les affaires, embarrassés
dans tous les démêlés des Grecs, il leur falloit gagner
les principaux des villes, éblouir les peuples, et divi-
ser ou iréunir les intérêts ; enfin ils étoient obligés de
payer de leur personne à chaque instant.
Philippe qui, dans le commencement de son
1

règne, s'étoit attjré l'amour et la corifianc^ des Grecs


i

par sa modération, changea tout à coup j '.il devint un


cruel tyran dans un temps où il auroit dû être juste
{>ar politique et par ambition a. Il voyoit, quoique de
oin, les Carthaginois et les Romains, dont les forces 1

étoient immenses : il avoit fini la guerre à l'avantage


de ses alliés, et s'étoit réconcilié avec les Etoliens. 11
étoit naturel qu'il pensât à unir toute la 'Grèce avec
lui pour empêcher les étrangers de s'y établirj; mais
il l'irrita au contraire par de petites usurpations ; et,
s'amusant à discuter de vains intérêts, quand il
s'agissoit de son existence, par trois ou quatre mau->
vaises actions il se rendit odieux et détestable à tous
les Grecs 3.
L'es Etoliens furent les plus irrités ; et les Romains,
saisissant l'occasion de leur ressentiment, où plutôt
de leur folie, firent alliance avec eux, entrèrent dans
la Grèce, et l'armèrent contre Philippe.

1. Philippe V de Maoédolno, lo (roi* par sa parole ni par la morale. On


sleme successeur d'Antlgono Gonatas, l'aoousa d'avoir fait empoisonner Ara»
fil» do Ddmdtrius Poliorcète et fonda- tua. Son Impopularité devint bientôt
teur d'une nouvelle dynastie. Il rdgna universelle, Los Ktollons, les Alig-
de 221 a 178. Son successeur, Porsdo nions, les llliodlens demandaient du
(178-168), vit la IIi> do cette dynastie secours nu sdnnt contre lui, et les
et do l'Indépendance do la Maaddoino, Aoliéons, ses anciens et fidèles alliés,
!), Voyez .dans Polybe les injustices n'étalent plus disposés a le suivre, De
et les cruautés par lesquelles Philippe plus Homo n'avait pas oublld sou traité
o (Idotddlta. (M rfi) M.)
3. 11 disait qu'un rot n'eut obligé n|
d'alliance avec Amilba),
CWAPÏTHB V
M
Ce prince fut vaincu à la journée des Cynocé-
phales 1 ; et cette victoire fut due en partie à la
valeur des Etoliens. Il fut si fort consterné 2 qu'il se
réduisit à un traité qui étoit moins une paix qu'un
abandon de ses propres forces :
il fit sortir ses garni-
de la Grèce, livra ses vaisseaux, et s'obligea
sons toute
de payer raille talents en dix années. *
Polybe, avec son bon sens ordinaire, compare l'or-
donnance des Romains avec celle des Macédoniens,
3ui fut prise par tous les rois successeurs
'Alexandre. Il fait voir les avantages et les inconvé-
nients d,e la phalange 3 et de la légion 4, il donne la
préférence à 1 ordonnance romaine ; et il y a apparence
2u'il a raison, si l'on en juge par tous les événements
e ce temps-là 8.

1. La bataille eut Heu en 19T, près ' triarii (600). Les veilles (1.300) formatent
do Scotussa, entre Pharsalo et Larissa, les derniers rangs et combattaient sé-
hastati étaient
dans une plaine parsemée de eolllnos parément. Quand les rôtiraient der-
appelées Cynocéphales. obligés de céder, ils so
à. Au Bons du latin consumer», rière les principes, et à lour tour ces
abattre. V. Bossuot On trouve tout dornlors se retiraient, le cas échéant,
i «
consterné, excepté te caur de cette prin- derrière les triarii t de sorte que l'en-
(Or. /", dola duohessod'Orléans.) nemi avait toujours affaire a dos
eesse. »
3, La phalange connue en Grèce dès troupes fraîches,
les temps héroïquos fut perfectionnée 5, Dossuet a fait ressortir les
par Philippe et Alexandre. L'élément avantages do la légion sur la pha-
de formation était la file de 10 hommes, lange t « Les Romains ont trouvé, ou ils
(X«J/0«). Le syntagmo ((JiivT«Y(X«) ont bientôt appris l'art de diviser les
était le carré parfait do 10 rangs et armées en plusieurs bataillonsd«etréserve, esca-
10 (lies (250 hommes). La phalange drons, et de former les corps h
simple comprenait 10 syntagmes ou dont le mouvement ests'ébranle si propre pousser
4,000 hommes disposés sur 350 Aies ou h soutenir ce qui de part et
do 10 hommes. La phalange était quel* d'autre, Faites marcher contre des troupes
Ïuofols double et même quadruple, ainsi disposées la phalange macédonienne i
soldats portalont l'épée courte, cette grosse et lourde machine sera terrible
es h la vérité h armée laquelle elle
une pique ou sarisse de 0 m, B0, une sur
houoller rond, et une tombera de tout ion poids t mais, comme
un un casque long"
outrasse. Les B)X promlors rangs pré- parle Polybe, elle ne peut conserver o'est-'a-dtre
sentaient leurs sarlsses l'ennemi, les temps sa propriété naturelle,
a consistance, parce qu'il
autres, se réservant pour combler les sa solidité et sa
vides ou présenter un nouveau iront lui faut des lieux propres, etfaute pour ainsi
lorsqu'ils étaient menaoés d'être enve> dire faits exprès, et qu'aelle-même, de tel
loppés. trouver, elle s'embarrasse ou
4. La légion était habituellement plutôt elle se rompt par son fois propre mou-
enfoncée,
rangée on bataille sur trois lignes en vement t joint qu'étant une
formo d'échiquier, Au premier rang, elle ne sait plus se rallier. Au heupetits que
lus liastvii (1.200), au douzième, Ion l'armée romaine, divisée en ses
principes (1.200)', au troisième, les corps, profite de tous
lu lieux, et s'y
42 GRANPRUn ET DECADENCE DES ROMAINS
Ce qui avoit beaucoup contribué à mettre lés
Romains en péril dans la seconde guerre punique,
c'est qu'Annibal arma d'abord ses soldats à la
romaine 5 mais les Grecs ne changèrent ni leurs
armes, ni leur manière de combattre ; il ne leur vint
point dans l'esprit de renoncer à des usages avec les-
quels ils avoient fait de si grandes choses.
Le succès que les Romains eurent contre Philippe
fut le pl(Ù8 grand de tous les pas qu'ils firent pour la
conquête, générale. Pour s'assurer de la Grèce, ils
abaissèrent, par toutes sortes de voies, les Etoliens
qui les avoient aidés, à vaincre de plus, ils ordon- 5
nèrent que chaque, ville grecque qui avoit été à Phi-
lippe, ou a quelque autre prince, se go^verneroit
dorénavant par ses propres lois.
On voit bien que ces petites républiques ne pou-
voient être que dépendantes. Les Grecs se livrèrent à
une joie stupide, et crurent être libres en effet, parce
que les Romains les déclaroient tels *.
Les Etoliens, qui s'étoient imaginés qu'ils domine-
roient dans la Grèce, voyant qu'ils n'avoient fait que
se donner des maîtres, furent au désespoir'} et,
comme ils prenoient toujours des résolutions
extrêmes, voulant corriger leurs folies par leurs
folies, ils appelèrent dans la Grèce Àntiochus, roi de
Syrie, comme ils avoient appelé les Romains.
Lqs rois de Syrie étoient les plus puissants des

accommodé i on l'unit et on la sépare, (\t promulguer le dôaret suivant i Le


commt on veutj ill» défile aisément tt S» sénat romain et T, Quinctus, vainqueur
rassemble sans peine i elle est propre aux du roi Philippe, rendent leurs franchise»,
détachement), aux ralliement», a toute leurs lois et l'immunité des garnisons et
sorte de conversion» et d'évolution», qu'efle d'impôts aux Corinthien», aux Phocidtens,
fait ou tout entière ou en partie, selon aux Laotiens, h l'Ile d'Eubée et aux
qu'il est convenable) enfin elle a plus de petwles de Thessalle. Tous les Grecs
mouvements divers, et par conséquent plu» d'Europe et d'Asie sont libres, L'enthou*
d'action et plus de force que la phalange. slusme doB Qrooa pour I\omo tint du
Conclue» donc, aveo Polybe, qu'il fallait délire f Ils orurent au désintéressement
que la phalange cédât et que la Macé- de l'oppresseur et, trots SIOOICB plus
doine fût vaincue. » (Disc, sur l'illst. lard, il y avait enoore on Grèce dos
unlv,, 3« partie, llv. VI. tomples dédiés & Flamlnlnus aveo leur*
1. Aux jeux Isthmiquos et on pré- prêtres et leur» siorllloes,
tende de tous le» Qrooa, Flamlnlmt»
CHAPITRE V 43
successeurs d'Alexandre * j car ils possédaient
presque tous les Etats de Darius, à l'Egypte près j
mais il étoit arrivé des choses qui avoient fait que leur
puissance s'étoit beaucoup affaiblie.
Séleucus, qui avoit fondé l'empire de Syrie, avoit,
à la fin de sa vie, détruit le royaume de Lysimaque
Dans la confusion des choses, plusieurs provinces se
soulevèrent ! les royaumes de Pergame, de Cappa-
doce et de Bithynie se formèrent. Mais ces petits
Etats timides regardèrent toujours l'humiliation de
leurs anciens maîtres comme une fortune pour eux.
Gomme les rois de Syrie virent toujours avec une
envie extrême la félicité du royaume d'Egypte, ils ne
songèrent qu'à le conquérir; ce qui fit que, négli-
geant l'Orient, ils y perdirent plusieurs provinces, et
furent fort mal obéis dans les autres.
Enfin les rois de Syrie, tenoient la haute et la basse
Asie a : mais l'expérience a fait voir que, dans ce cas,
lorsque la capitale et les principales forces sont dans les
provinces basses de l'Asie, on ne peut conserver les
hautes j et que, quand le siège de l'empire est dans
les hautes, on s'affaiblit en voulant garder les basses.
L'empire des Perses et celui de Syrie ne furent
jamais si forts que celui des Parthes 3, qui n'avoit
qu'une partie des provinces des deux premiers. Si
Cyrus n'avoit pas conquis le royaume de Lydie, si
Séleucus étoit resté à Babylone et avoit laissé les
f>rovinces maritimes aux successeurs d'Antigone,
'empire des Perses auroit été invincible pour les
1. Le démembrement définitif de contréos situées a l'est du Tigro Jus-
l'emplro d'Alexandre eut lieu après ta qu'à l'Indus et l'Iaxartot la Ilnseo-
bntalllo d'tpsue (301). Lee principaux ABIO las oontrées de l'Ouest, Syrie et
royaumes qui on sortiront furent oetui Aela-MInouro.
dos Lngldoe et celui des Sdlouoides, 3, Ce royaume fut fondé a l'est du
Lue Lngidos régnèrent en Egypto, las Tigre, dans le pays que nous appelons
SAlenoIdos a Babylone. Ces derniers aujourd'hui la Perso, par un certain
furont donc les vrais suoeesseurs dos Arsaco, d'origlno inconnue, sou» An-
rois do Perso. Séleucus I", le fonda- tloolius Théos, douzième successeur
teur de la dynastie, conquit le pays au de Séleuous !•' (307-247), La capitale
dola du Tlgro jusqu'à rlndus et l'Ia- fut d'abord Héoatotnpylo, puis Gtétl»
xarto, 11 refit l'empire d'Alexandre. phon sur le Tigre. *
9. La Haute-Asie comprenait les
44 GRANDEUR ET DÉCADENCE DBS ROMAINS
Grecs, et celui de Séleucus pour les Romains. Il y a
de certaines bornes que la nature a données aux Etats
pour mortifier ' l'ambition des hommes. Lorsque les
Romains les passèrent, les Parthes les firent presque
tous périr2, quand les Parthes osèrent les passer, ils
furent d'abord obligés de revenir y et, de nos jours,
les Turcs a qui ont avancé au delà de ces limites, ont
été contraints d'y rentrer.
Les tais de Syrie ett d'Egypte avoient duns leurs
pays deux sortes de sujets : les peuples conquérants
et, les peuples conquis 4, Ces derniers, encore pleins
de l'idée de leur origine, étoient très difficilement
gouvernés} ils n'avoient point cet esprit d'indépen-
dance qui nous porte à secouer le joug, niais cette
impatience qui nous fait désirer de changer de maître.
Mais la faiblesse principale du royaume de Syrie
venoit de celle de la cour où régnoient des succès*?
seurs de Darius, et non pas d'Alexandre tt. Le luxe; la
; 1. Mortifier a le Hontt d'humiliw par Plus tard, Trajan rôvà de conquérir
une mortification, Pascal a dit t « On a ce royaumo dos Parthes dontile nom
bien de l'obligation h ceux qui avertissent (Huit toujours odloux aux Romfsips, Il
des défauts t cw ils mortifient, » {Pensées rdussll d'abord (114), mais un goulè-
XXV, 88). 11 n'est donc pas permis vemont formidable dolato, ot l'ompe-
d'omployoi' oe voi'bo, comme on lo reurs'ostima heureux do traiter avooles
fait trop souvent, dans |o «eus d'être Parlho» pour conserver quelques par-
fiché. tius du sa conquôto éphémère. Sous
3, J'on dirai Ion raison» au oliap. xv. Maro-Auvfclo, les Parthes voulurent
Elles sont tlrdes on partie delà dispo- prendre leur revanoho ot se jetèrent sur
sition géographique des deux empires, lesprovlnoosromalnosd'Asie. Les Heu»
{N, de M.) Crassiis nonimd gouverneur tenants do Luclus Vdrus les firent ron-
do Syrie.(1" triumvirat t Cdsor, Orns- trer duns le devoir (101-100),
sus ot Pompée) eut lo malencontreuse il. Allusion aux conquêtes du sultan
Idée de vouloir faire dos conquêtes sur, Aohraet HI (1Y034730) sur lo royaume
les Parthes, contre lesquels Home
; de Perso,
4. En Egypte, comme on Syrie, les
i
u'avolt cependant aucun grief, Il fut
dorasd ot, pou après, tnd partrolilnon, iMauddoniens Imposeront lour domina»
a Carrhes (Haran), dans une entrevue t.luu sons lu fnlre aoceptor aux Indl-
aveo lo Surenn (521. L'oxpédltlon gùnus. Les l'toldmdes essayèrent Inuti-
d'Antoine (80) fut mothourouso, mal- lement du fomlro ces deux dldmbnts
grd'sos prétendues vIotoIroH. Auguste étrangers l'un & l'autre ot ndoosHoIro-
n'eut pas besoin de combattre. Lo rot mont ennemis. En ddplt dos olTorls de
des Parthes, Pbruato, rendit, pour lo Ptoldmde, fondataur de la dynustlu
rançon do son fils prisonnier dos des Lagldos. Alexandrie resta une
Romains, les drapeaux et les prison- ville grecque, et la civilisation grecque
niers pris sur Crossus ot Antoine t y trouva son dernier refuge et son
,,,jns imperiutnque Phrtuttts dorulor dolnt.
Caesarts accepit ûenibus minor, 0. Les Sdleueldcs furent bien lus
(Horace, Ep, 1,12), successeurs d'Alexandru puluquo 6d-
CHAPITRE V '45
vanité et la mollesse, qui en aucun siècle n'a quitté les
cours d'Asie, régnoient surtout dans celle-ci, Le mal
passa aux peuples et aux soldats, et devint contagieux

tion *•.'.,,
aux Romains même, puisque la guerre qu'ils firent
contre Antiochus est la vraie époque de leur corrup-
Telle étoit la situation du royaume de Syrie; *

lorsque Antiochus, qui avoit fait de grandes choses a,


entreprit la guerre contre les Romains ; mais il ne se
conduisit pas même avec la sagesse que l'on emploie
dans les affaires ordinaires 3. Annibal vouloit qu'on
renouvëlftt la guerre en Italie,, et qu'on gagnAt Phi-
lippe, ou qu'on le rendît neutre. Antiochus ne fit rien
de cela t il se montra dans la Grèce avec une petite
oartie de ses forces; et, comme s'il avoit voulu y voir
la guerre et non pas la faire, il ne fut occupé
que de
ses plaisirs. Il fut battu, et s'enfuit en Asie, plus
effrayé que vaincu.
Philippe, dans cette guerre, entraîné par les
Romains comme par un torrent, les servit de tout son
pouvoir, et devint l'instrument de leurs victoires. Le
plaisir de se venger et de ravager l'Etolie, la pro-
messe qu'on lui diminueroit le tribut, et qu'on lui
laisseroit quelques villes, des jalousies qu'il eut
d'Antiochus, enfin de petits motifs, le déterminèrent j
et, n'osant concevoir la pensée de secouer le joug, il
ne songea qu'à l'adoucir.

leuous, un de BOB généraux et la fon- ëtourdlment dans cette guerre. 11 ame-


dateur de la dynastie, rdgna sur lu nait 10.000 hommes que les Etalions
plus grande partie du pays oonquls durent nourrir. Il trouva lo moyen do
par luit mats par leurs mesura, lia blesser Philippe do Macédoine, alors
furent plutôt les Bucoensours dos rota qu'il aurait dû, selon lo conseil d'An-
do Perse. nlbal, so l'attaohor dtroltomonti ot
1. Asiaprlmum devient luxurlam mhit Jtour comble do folle, Il dpouaa une
in Italiam (Pline l'Anoleu, Hitt. uni., aune fille greaque et passa l'hiver a
XXXIII, 11). donner des fêtes de toutos aortes.
2. Los expéditions d'Antiochus III Aussi, lorsqu'au printemps do 101 11
contro IOB Égyptiens et las ParthoB trouva devant lui l'armeo du consul
furent plus brillantes que fdoondos en AOIIIUH Qlahrton aux Thormopyles, Il
résultats. Il on proflta pour se faire fut honteusement vaincu ot s'un/ult
donnor lo surnom do Grand (322-186), jusqu'à Chnlcls où il arriva aveo 600
3. Iîn effet, Antloob.ua se lança soldats (Juillet 191).
46 GRANDEUR ET DECADENCE DES 110MATV9
Antiochus jugea si mal des affaires, qu'il s'imagina
que les Romains le laisseroient tranquille en Asie,
Mais ils l'y suivirent : il fut vaincu encore * et, dans 5

sa consternation, il consentit au traité le plus infâme


qu'un grand prince ait jamais fait a,
Je ne sache rien de si magnanime que la résolution
que prit un monarque qui a régné de nos jours 3, de
s'ensevelir plutôt sous les débris du trône que
d'accepter/ des propositions qu'un roi ne doit pas
entendre s il avoit Vâme trop fière pour descendre
plus bas que ses malheurs ne l'avoient mis ; et. il
savoit bien que le courage peut raffermir une cou-
ronne, et que l'infamie ne le fait jamais.' i /
C'est une chose, commune de voir des princes qui
'

savent donner une bataille. 11 y en a bien peu qui


sachent faire une guerre, qui soient également
capables de se servir de la fortune et de l'attendre, et
qui, avec cette disposition d'esprit qui donne de la
méfiance avant que d'entreprendre, aient celle de ne
craindre plus rien après avoir entrepris.
Après rabaissement d'Antiochus, il ne restoit/plus
que de petites puissances, si l'on excepté l'Egypte,
qui, par sa situation, sa fécondité, son commerce, le
nombre de ses habitants, ses forces de mer et de
terre, auroit pu être formidable ; mais la cruauté de
ses yois, leur lâcheté, leur avarice, leur imbéoilité,
leurs affreuses voluptés, les rendirent si odieux ù
leurs sujets, qu'ils ne se soutinrent, la plupart du
temps, que par la protection'dès Romains *. 1

1. Luolus Solplon et l'Africain montoire Sarpédon, fixa au Taurus la


étalant a la tote des armées romaines. llmlto de SON Etats, le frappa d'uno con-
Luolus. on l'absonco do son frire ma- tribution do guerre équivalant a 80 mil-
lado, livra batailla prôs de Mngnéslo lions do francs, prit oomraa ôtago son
du Slpyle (5 ootobro 190). 300.000 second flls et demanda qu'on lut livrât
,Homt\tns avalont devant oux 83.000 Annibal. La Syrlo no devait pas s'en
Asiatiques. Tito-Ltve rapporta quo rolovor.
62.000 Syriens furent, tués ou pris et 8, Lorsque los alliés voulurent for*
quo )o consul no poi'dlt quo 850 "cor Louis XIV & détrônor hil-mome
hommes. son pottt-flls Phlllppo V d'Espagne.
3. Le sénut Into'rdlt au rot toute 4. Ln dynastie dos Lagldos ont trois
Huerro dans l'Aslo-Mlùouro, donna ses §>andB rois I Ptolémée lul' Sotor (300-,
éléphants & Eumono, brola ses vais- M), Ptolémée Phlladelpho [1183-240),
seaux, lui défendit do dépasser le pro- et Ptolémée Evergète (346*331), Mais,
47
CHAPITRE V
G'étoit, en quelque façon, une loi fondamentale de
les succédoient avec
la couronne d'Egypte, que soeurs
le
les frères et, afin de maintenir l'unité dans gou-
5
marioit le frère avec la soeur. Or il est
vernement, on pernicieux dans la
difficile de rien imuginer de plus
politique qu'un pareil ordre de succession : car tous
domestiques devenant* des
les petits démêlés qui avoit le
désordres dans l'Etat, celui des deux
soulevoit d'abord contre l'autre le
moindre chagrin toujours
peuple d'Alexandrie, populace immense
premier de rois qui vouloit
Ï>rète à se joindre au ses
de Gyrène 1 et de
'agiter! De plus, les royaumes
Chypre a étant ordinairement entre les mains d'autres
princes de cette maison, avec des droits réciproques
il arrivoit qu'il avoit presque toujours
sur le tout, y

dernier, Pto- royaume moyennant un tribut, ot ce


BOUS le successeur
de ce qu'on 75 qu'il réduisit lo pays
léméo IV Philopator, l'Egypte rivalisa ne fut
de» romaine. Le Cyrénm'que
avoo l'Orient pour la
corruption en province
était d'une fertilité merveilleuse i on en
à
moeurs. conclu tirait lo Bllphium, qui so vendait
Dès 273, Phlidolphe avait la poids d'argent. Et surtout
avec Homo, Pendant Rome son
un traitepunique, Philopator envoya Romo pouvait do la facilement sur-
2o guorre volllor VEgypto, La Cyrénaïquo forma
du blé aux Romains, et les troubles se ello l'ut réunie
l'inté- la Creto a laquelle
multipliant et s'agravaut dans avec
provlnoo sinataivtle préto-
rieur du royaume, on défera eu sénat en 27, une
Ptoléméo Epiphano, qui rienne (o'est-a-dlre gouvernée par un
la tutelle do praetore). Aujourd'huil'an-
n'avait oncoro que dix ans. Des lors qunestor pro
Cyrénaïquo fuit partie de la
elonne
l'Egypte fut entre les mains de Homo. Trlpolttstne
la on l'appelle plateau dt,
1. La Cyrénaïquo était située sur ttwlia.
t
cote septentrionale d'Afrique, o l'ouest Chypre détachée, comme la Cyré<
do l'Egypte, et B'étondait jusqu'à la naïque, 2.
do l'héritage des Ptolémées,
grande Syrto.Cyr6no,13arca, Apollonto, des fil» ou
formant
Bérénice, Arsinoé formaient ce quo tout on des rois d'Egypte, avait été un apanogo
Von appelait la Pentapnle, Aloxandro frèi'on Romains avoo VEgypto par
la Grand conquit oetto province qui léguée aux dicta-
Aloxandro II (81). Sylla, alors
ainsi fit partie du royaume dos La- contenta do réclamer la for»
gides, F \ 158, lo sénat, pris pour tour, so
Mais, 58, Clo-
du roi défunt, on
arbitre entre Ptoléméo Physcon et tuno Coton gênait & Rome ot qui
Phllométor, démembra le royoumo de dkiH nue
d'impartialité avait se venger dti roi de Chypre,
Ptoléméo sous prétexte i A
n'avait lorsqu'il avait été
trois Etats furont fondés i Egypte, dont il reçu, talents
pris les pirates, que deux
Chypre et Cyrénaïquo. Lu Cyrénaïquo par Clodlus lit ordonner \
forma ainsi un état indépendantjus* pour sa rançon, d'aller réduira
donnât Caton pur le peuple
qu'a oo quo Ptoléméo Aploti lu province ot de rapporter
romain 105), Chypre en
par. testament au peuple Hures les trésors du roi de cette fie.
Lo sénat so contenta do déclarer
tes «inq villes principales do ce
48 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
des princes régnants et des prétendants à la cou-
ronne j que ces rois. étoient sur un trône chancelant,',
et que, mal établis au dedans, ils étoient sans pouvoir
au dehors, '
Les forces des rois d'Egypte, comme celles des
(

autres rois d'Asie, consistoient dans leurs auxiliaires


grecs 1. Outre l'esprit de liberté, d'honneur et de
gloire, qui animoit les Grecs, ils s'occupoient &ans
cesse à tçlutes sortes d'exercices du corps ; ils avoient,
dans leurs' principales villes, des jeux établis a, oii
les vainqueurs obtenoient des couronnes aux yeux de
toute la Grèce; ce qui donnoit une émulation géné-
rale. Or, dans un temps où l'on combattait âved des
armes dont le succès dépendoit de la force et de
l'adresse de celui qui s'en servoit, on né peut douter
que des gens ainsi exercés n'eussent de grands avan-
tages sur cette foule de barbares pris indifféremment,
et menés sans choix a la guerre, comme les armées de
Darius le firent bien voir.
Les Romains, pour priver les rois d'une telle (

milice, et leur oter sans bruit leurs principales forces,


firent deux choses : premièrement, ils établirent peu
à peu, comme une maxime, chez les villes grèques,
qu'ils 8 né pourraient avoir aucune alliance, accor-
der du secours, ou faire la guerre à qui que ce
fût, sans leur consentement} de plus, dans leurs trai-
tés avec les rois, ils'leur défendirent de faire aucunes

1. L'expédition dos Dix-Mille prouve célébrés tous les quatre ans, en juillet,
combien facilement les Grecs allaient a Piao en Ellde, en l'honneur do Zeus
se mettre au service des prlnees qui Olymploni les jeux Nèmfons, célébrés
les appelaient, et de quel secours ils tous les doux ans, alternativement en
leur pouvaient être. été et en hiver, & Némée en Argollde,
3. Les plus célèbres Turent i les en l'honneur d'Hercule) vainqueur du
jeux lilhmiques célébrés tous les doux lion.
arts, alternativement au printemps et 8. Ils, danB l'esprit de Montesquieu,
oit été( dans l'isthme de Corlnthe. en se rapporto aux Oreos | mais il aurait
l'honneur de Neptune i les jeux Py- dû- employer le féminin, puisqu'il
thlque) célébrés tous les quatre ans, vient do parler de ville» gneques, ce
tn janvier, a Crisa qn Phooido, en qui aurait eu le double avantage d'être
l'honneur d'Apollon, vainqueur du correct et d'éviter une amphibologie,
erpent Python i les jeux Olympiques, QuolqucB éditeurs écrivent qu'elles.
CHAPITRE VI 49
levées chez les alliés des Romains ; co qui les rédui-
sit à leurs troupes nationales *.

CHAP. VI. — De la conduite que les Romains tinrent


pour soumettre tous les peuples.
Dans le cours de tant de prospérités, où Ton se
néglige pour l'ordinaire, le sénat agissoit toujours
avec la même profondeur j et, pendant que les armées
consternoient * tout, il tenoit a terre ceux qu'il troU-
voit abattus.
Il s'érigea en tribunal qui jugea tous les peuples 3 :
à la fin de chaque guerre, il décidoit des peines et des
récompenses que chacun avoit méritées. Il oloit une
partie du domaine du peuple vaincu, pour la donner
aux alliés ; en quoi il faisoit deux choses : il attachoit
à Rome des rois dont elle avoit peu à craindre, et
beaucoup à espérer j et il en affoiblissoit d'autres,
dont elle n'avoit rien à espérer, et tout à craindre.
On se servoit des alliés pour faire .lu guerre à un
ennemi; mais, d'abord, on détruisit les destructeurs.
Philippe fut vaincu par le moyen des Etoliens, qui
furent anéantis d'abord après * pour s'être joints à
Antiochus. Antiochus fut vaincu par le secours des
Rhodiens; mais, après qu'on leur eut donné des

1. lia avol ont ddjà ou celte politique Que mettre trop de bras sont un» seule lit»,
ôvoo les Carthaginois, qu'ils obligeront Et leur guerre est trop juste après cet
par lo traltd a no plus so servir de [attentat
troupes auxiliaires, commo on le volt Que fait sur leur grandeur un tel crime
dans un frngmont do Dion. (N, de M.) [d'Etat,
2. Consterner» i abattre, détruire) Eux qui pour gouverner sont les premier»
3. Cornoilto a résume avoo son dnor- [des hommes
glo orUinalro cette pollliquo de Homo i Veulent que tous leur ordre on soit ce qu»
Je suis par quels moyen» sa stigeste nro- [nous sommes,
Veulent sur tous les roi» un si haut asceif
[fonde
S'achemine à grands pas i l'empire du [dont
\monde, Que leur empire seul demeure indépen-
Aussitôt qu'un état défient un peu trop dant.
[grand, (Nicomide, aote V, So. I.)
Sa thtttt doit guérir l'ombrage qwelle en 4. Do morne que Montesquieu em-
[prend, ploto d'abord dans le sens do aussitôt, Il
C'est blesser les Romain» qui faire une se sert de d'abord apris la où nous
[eonquite, employons aussitôt apris,
.
50 (ÎHANOEUTH ET DECADENCE T)ES ROMAINS
récompenses éclatantes, on les humilia pour jamais,
sous prétexte qu'ils avoient demandé qu'on fît la
paix avec Persée *.
Quand ils avoient plusieurs ennemis sur les bras,
ils accordoient une trêve 2 au plus foible, qui se croyait
heureux de l'obtenir, comptant pour beaucoup d'avoir
différé sa ruine.
Lorsque l'on étoit occupé à une grande guerre, le
sénat; dissimuloit toutes sortes d'injures 3, et atten-
doit, .dans le silence, que le temps de la punition fût
venu; que si quelque peuple lui envoyoit les, cou-
pables, il refusoit de les punir, aimant mieux tenir
toute la nation ;pour criminelle, et!se réseçver une
vengeance utile. s

Gomme ils faisoient à leurs ennemis des maux


inconcevables, il ne se formoit guère'ide ligues contre
eux A : car celui qui étoit le plus éloigné du péril ne;
vouloit pas en approcher.
Par là, ils recevoient rarement la guerre, mais la
faisoient toujours dans; le temps, de la manière, et avec
ceux qu'il leur convenoit : et, de tant de Peuples

1. En effet, les Rhodions dont cette qu'il conserva nvoo soin pendant la
guerre entravait le commerce avalent guerre latine (340-837) et qu'il rompjj
voulu imposer leur médiation, Apres aussitôt après la soumission définitive
la batalllo do Pydna, ils envoyèrent a du pays latin,
Rome de rlohes présenta, mais le sénat 3, Ëntendezt injustice», C'est le sent
n'avait pas oublié leur démarche im- du latin injuria.
prudente, On leur onlov'a la Lycie et 4. C'est peut-ôtre, en elTet, oe qu'il
la Carlo, on leur défendit d'importer y a de plus extraordinaire dans oolte
du sol en Macédoine, et d'en tiror les longue suite do guerres que Rome eut
bois de oonstruotlon nécessaires a leur a soutenir, 11 semble que ses onnoml*
marine t et tout cela on vertu du droit aient tpnu a so falro éoraser un a ur
du plus fort. C'était la ruine pour au lieu do s'unir dans une alliance
Rhodes, En 104, elle demanda a Home formidable, Ainsi, lorsque Rome était
et en obtint le titre dangeroux d'allié. occupée à la 1" guerre punique, le»
2. Co fut la politique oonfltant'e du Gaulois cisalpins semblèrent oublier
sénat, surtout avant la conquête du leurs ressentiments et resteront spoo<
monde, Ainsi, pondant la guerro sam- t atours impasslblos des. évènomonts,
nite, au moment où les Latins Inquiets Annlbal fut lo seul homme qui com-
des progrès de Rome se soulovalent on prit la situation, mais 11 no fut môme
masse et auraient pu, nvoo l'aide des pas soutenu par ses concitoyens, ot la
Volsques ot dos Companiens, réduire lin do so vie se passa a ousoltcr ,a
& néant sa puissance naissante, le Rome des ennemis qui ne voulurent
sén/s.t de hfUa de, eonolure une paix ni s'entendre ni suivre ne» conseils.
provliolre avec les* Samnltes, pals
CHAPITRE V! 61
qu'ils attaquèrent, il y en a bien peu qui n'eussent
souffert toutes sortes d'injures, si l'on avoit voulu les
laisser en paix.
Leur coutume étant de parler toujours en maîtres,
les ambassadeurs qu'ils envoyoient chez les peuples
qui n'avoient point encore senti leur puissance
étoient sûrement maltraités : ce qui étoit un prétexte
sûr pour faire une nouvelle guerre *•.
Gomme ils ne faisoient jamais la paix de bonne
foi 2, et que, dans le dessein d'envanir tout, leurs
traites n'étoient proprement que des suspensions do
guerre, ils y mettoient des conditions qui commen-
çoient toujours la ruine de l'Etat qui les acceptoit. Ils
faisoient sortir les garnisons des places fortes, ou
bornoient le nombre des troupes de terre, ou se fai-
soit livrer les chevaux ou les éléphants et si ce 5
peuple étoit puissant sur la mer, ils l'obligeoient de
brûler ses vaisseaux 3, et quelquefois d'aller habiter
plus avant dans les terres *,
Après avoir détruit les armées d'un prince, ils rui-

1. Un exemple de cela, c'est leur qu'Us prirent les ormes. Los Romains
guorro contro les Dnlmatcs, Voyez exigèrent une satisfaction t on lour
Polybe. (N, de M,) donna Utlque. Les consuls n'en arri-
2. Los Romains ont rendu provor- vèrent pas moins a Lllybéo avoo uno
blolo, on affectant d'en parler toujours, arméo do 84.000 hommes. Carthago
la mauvaise fol carthaginoises, Mats la envoya une ambassade ot so mit nia
(Ides romana valait la (ides puniea. Los disorétton du pouplo romain. On lut
traitas do Rome aveo les valnous on domonda 300 otages, puis los consuls
sont In prouve. Elle savait aveo uno débarquèrent a Utlque, se firent livrer
extrême habileté* y Introduire dus 200.000 armures oomplètos, 3.000 ca-
olausos qui pouvaient toujours Borvlr tapultes ot tout lo contenu dos arse-
los besoins do sa politique oautelouse. naux. « Maintenant, diront-Ils, le sénat
Lo peu do provision do la langue vous ordonne de quitter votre ville et
latlno s'y prCtolt, et la loyauté du d'aller vous établir oà vous foudres, mats
vainqueur faisait lo reste. h dix milles au moins de la cale. » Et par
3. C'est ainsi qu'Us en useront avoo uno Ironlo otrooo, lo consul Coiisorl-
Carthago ot aveo Antloohus. nus leur vanta los avantagns quo la
4. Le roi de Numldlo, Masslnlssâ, vlo agricole présentait sur la vto com-
'alllddo Homo, pillait la ountpagno de merciale Il prétendit d'ailleurs quo le
Carthago, sans quo los Carthaginois sénat n'avait garanti ft Carthago que
Ïlussent se défendra, leur traité aveo la liberté ot l'oxlslenco do la cité {elvi-
lomo leur Interdisant de faire la tas), o'ost-o.<dire do l'onsomble de*
guorro sans l'assentimont de oullo-ol, citoyens, et non son territoire flotuel
Les voxatlons furont telles, cependant, (urbt).
52 GRANDEUR ET DECADREE DES ROMAINS
noient ses finances par des taxes excessives, ou un
4

tribut, sous prétexte de lui faire payer les frais de la


guerre : nouveau genre de tyrannie qui le forçoit
d'opprimer ses sujets, et de perdre leur amour..
Lorsqu'ils accordoient la paix à quelque prince, ils
prenoient quelqu'un de ses frères ou de ses enfans en
otage 2 : ce qui leur donnoit le moyen de troubler son
royaume à leur fantaisie. Quand ils a voient le plus
procjhe héritier, ils intimidoient le possesseur j s'ils
n'avoient qu'un prince d'un degré éloigné, ils s'en
servoient pour animer les révoltes des peuples 8. l
Quand quelque prince ou quelque peuple s'étoit
soustrait de4* lobéissance de son ^souverain, ils lui
accordoient d'abord le titre d'allié du peuple romain 8;
et par là ils,) le rendoient sacré et inviolable : de
manière qu'il ,n'y avoit point de rqi, quelque grand
qu'il fût, qui pût un moment être sûr de ses sujets, ni
même de sa famille,
Quoique le titre de, leur allié fût une espèce de ser-
vitude6, il étoit néanmoins très recherché, car on étoit

1. Antlochus le Grand, pour payer comblés de bien» h jamais 'et sur mer et
les 86 millions qui lui furent Imposés' sur terre i «t que l'épée et l'ennemi s'écar-
après la bataille de Magnésie, en fut tent loin d'eux, S'U survient une guerre
réduit à piller les temples | ses sujets aux Romains on h leurs alliés drms imite
Indignés le lapidèrent. l'étendue de leur domination, les Juifs
3. Philippe de Maoddolno dut llvror les assisteront avec une pleine volonté se-
«on fils Démétrlus) Antloohus do Ion que le temps le permettra, sans que
Syrie, son second fils. Après Pydna, les Romains fournissent aux gens de
les amis de Poraéo, son commandants guerre ni blé, ni armes, ni argent, ni
de flotte, BOB. gouvornourB de place, vaisseaux t car c'est ainsi qu'il à plu aux
tous coux qui avaient exercé quelque Romains, et ces soldats Juifs leur obéi',
charge, durent suivre le consul, en ront sans rien recevoir d'eux. Et ,rf« même
Italie aveo leurs enfants. s'il survient une guerre au peuplejuif, les
3, Il faut lire, pour bien comprendre Romains les assisteront de bonne fol,
cette politique do H Romains, l'admi- selon que tes circonstances l» leur permet»
rable Nieomede de Corneille, Iront. Et les Juifs ne fournirent point h
4, Se soustraire de se disait our xvn» ceux que l'on enverra a leur secours ni
slèolo concurremment aveo se soustraire blé, m armes, hi argent, ni vaisseaux,' cat
a, Aujourd'hui nous n'employons plus c'est ainsi qu'il a plu aux Romains, et ils
que cette dernière construction, leur obéiront sincèrement, C'est lit l'ac-
6, Voyez surtout leur traité aveo les cord que les Romains font avec Us Juifs,
Juifs au premtor llvro dos Maohabées. (L Machàliei, oh, VIII, 23-29.
[N. de M.) Voici le texte do ce traité 6, Parfois co titre d'allié imposait
conclu aveo Home par Judas Macho- des ohargoB si lourdos, ou, en cas de
béo, et gravé sur des tables d'airain t guerro, créait do telles difficulté*», que
Qut ht Romains il It peuple juif soient les «lllés cherchaient h s'y soustraire,
CHAPITRE VI 63
sûr que l'on ne recevoit d'injures que d'eux, et Ton
avoit sujet d'espérer qu'elles seroient moindres. Ainsi
il n'y avoit point de services que les peuples et les
rois ne fussent prêts de rendre * ni de bassesses qu'ils
ne lissent pour l'obtenir.
Ils avoient plusieurs sortes d'alliés 2. Les uns leur
étoient unis par des privilèges, et une participation
de leur grandeur, comme les Latins et les Hermques ;
d'uutres, par l'établissement même, comme leurs colo-
nies; quelques-uns par les bienfaits, comme furent
Massinisse, Euménès et Attalus, qui tenoient d'eux
leur royaume et leur agrandissement; d'autres, par
des traités libres, et ceux-là devenoient sujets par un
long usage de l'alliance, comme les rois d'Egypte, de
Bithynie, de Gappadoce, et la plupart des villes
Mats les représailles étalent terribles. Qu'il vienne me parler, je suis prit de
Ainsi lesEplrotes,pendantla3« guerre [l'entendre,
do Macédoine, avalent fait défootlon. (Phèdre, V, 5.)
Le sénat ordonna que 70 villes fussent ...Faut-il itre surprise
llvréos au pillage, los murailles nbat- Que tout prit d'achever cette grande en-
tuos et les habitants vendus. 160,000 [prise
Eplrotos furent ommonés en esolavago. Bajatet t'inquiète. <

Paul-Emile, dit-on, versa des larmes [Bajaset, III, 0.)


de douleur et de honte en recevant ce 2. Ce que nous appolons les alliés
décret, mais il lo fit exéouter. du peuple romain comprenait bion des
Cornolllo a exprime la même pon- catégories diverses. Montesquieu en
séo quo Montosquieu t donne un aperçu en so basant sur
Comme simple Romain souffres queje vont l'origine morne dos traités qui los unis*
[die salent au peuple romain. Cotte classi-
Qu'être allié de Rome et i'en faire un ap- fication n'a auoune importance en
[pul, droit. On peut distinguer i 1" les
C'est l'unique moyen de régner aujourd' royaumes et principautés qui avaient
[hui l aveo Rome dos traités f 2* les mombros
Que t'est par la qu'on tient set voisins en de l'anoienne fédération latine (numen
[contrainte, latinum)i 8» les autres Italiens (socli
Ses peuples en repos, ses ennemis en Italie!) | 4° les oolonies romaines t 5*
icraintet les colonies latines | 6» los municlpos
i jamais do droit romain ou latin 1T» le» villes
[affermi, libres qui comprenaient los civitates
Quand il est honoré du nom de son ami. foederalaeeth» civitates llberaeet immu-
(Nicomhde, aoto III, scène 11.) nesi 8» les villes sujettes civitates stl-
1. Aujourd'hui nous disons prêts h pendiariae. Lo lorrltolro romain pro-
rendre. Les grammairiens distinguent prement dit, partagé en 35 tribus,
près de dans le sons do sur le point de comprenait les oolonies et municlpos
et prit h dans le sons de disposé h. Jouissant du plein droit de cité ainsi
Mats au xvtn» slcolo comme au xvu*« 2uo los préfooturos et munlclpes dotéi
on disait prit de dans les deux sens t e la civitat sine suffraglo,
Qu'on rappelle mon fils, qu'il vienne se
[défendre,
54 'ÎBANDBttR BT DÉCADENCE DES 30MAIN$
grecques; plusieurs enfin par des traités forcés et par
la loi de leur sujétion, comme Philippe et Antiochus '.
car ils n'accordoient point de paix à un ennemi, qui ns
contînt une alliance : c'est-à-dire qu'ils ne soumettaient
point de peuple qui ne leur, servît à en abaisser'
d'autres.
Lorsqu'ils laissoient la liberté à quelques villes, ils
y faisoient d'abord naître deux, factions * '. l'une défen-
doit les lois et la liberté du pays; l'autre soutenoit
qu'il n'y avoit de lois que la volonté des Romains; et,
comme cette dernière faction, étolt toujours là plus
puissante, on voit bien qu'une pareille liberté n'etoit
qu'un nom. i
\-
Quelquefois ils se rendoient maîtres d'un pays sous

v'
'

prétexte de succession : ils entrèrent en Asie, en


Bithynie, en Libye, par les testaments d^Attalus, de
Nicomède et d'Appion; et l'Egypte fut enchaînée par
celui du roi de Gyrène 9.
' Pour tenir les grands princes toujours foibles, ils
ne vouloient pas qu'ils reçussent dans leur alliance
ceux à qui ils avoient accordé la leur; et comme ilsjne
la réfusoient à aucun des voisins d'un prince puissant,
cette condition, mise dans un traité de paix, ne lui
laissait plus d'alliés 1.

De plus, lorsqu'ils avoient vaincu quelque prince


considérable, ils mettaient dans le traité qu il ne
pourroit faire la guerre pour ses différends avec les
alliés des Romains (c'est-à-dire ordinairement avec
tous ses voisins)» mais qu'il les mettroit en arbitrage ;
ce qui lui ôtuit pour l'avenir la puissance militaire *\
Et, pour se la réserver toute, ils en privoient leurs •.

alliés môme; dès que ceux-ci avoient le moindre

1, La faction romaine, qui réuni»» lyrannlque fut le prétoxto do la trol-


sait loua tue ambitieux, ut lu parti na- Blèmu guerre. Mnaalnissa harcolatt
tional. aunjj tiusdu lea Gartliaginolat ooux-ql
' 3. Voyea la notu 1 do la pngu il, demandiu'ont protection a Homo i las-
3. Ce fut ou qui arriva aux Cartha- dés d'attendre, Ils se ddfondlront. Le
ginois npi'ila «ecoudu guerre Punique, sénat déulara aussitôt que le traite
•t Vlnfraotioa inévitable & dette olauu«t était violé,
CHAPITRE VI 55
démêlé, ils envoyoient des ambassadeurs qui les obli-
geoient de faire la paix. Il n'y a qu'à voir comme ils
terminèrent les guerres d'Attalus et de Prusias f.
Quand quelque prince avoit fait une conquête, qui
souvent l'avait épuisé, un ambassadeur romain surve-
noit d'abord, qui la lui arrachoit des mains. Entre mille
exemples, on peut se rappeler comment, avec une
parole, ils chassèrent d'Egypte Antiochus 2.
.Sachant combien les peuples d'Europe étoient
propres à la guerre, ils établirent comme une loi
qu'il ne seroit permis (Y aucun roi d'Asie d'entrer on
Europe, et d'y assujétir quelque peuple que ce fut 8.
Le principal motif de la guerre qu ils firent à Mithri-
dale fut que, contre cette défense, il avoit soumis
quelques barbares *.
Lorsqu'ils voyoient que deux peuples étoient en
guerre, quoiqu'ils n'eussent aucune alliance, ni rien a
démêler avec l'un ni avec l'autre, ils ne laissoient
f»oint de paroître sur la scène, et, comme nos cheva-
iers errants, ils prehoient le parti du plus foible 8.
G'étoit, dit Denys d'Halicarnasse, une ancienne cou-
tume des Romains d'accorder toujours leur secours à
quiconque venoit l'implorer.
1. l'ruslas, qui avait volnou lo roi Pont (120). Le souvenir ds eetto spo-
do Pcrgamo, Attnle 11, fut condamné liation jointe aux visées du nouveau
a lui payer 000 talents. prlnoo sur la Cappadoco fut la vraio
2. Antloohus IV Epiphane auquel uauso des guorros do Mithrldnto. Los
le sénat dépêcha Pop11 lu s Laonas. barbares que Montesquieu a tel on vue
Gohil-cl, traçant un oerole autour du étaient lés habitants du Bosphore
roi, lui intima l'ordre do répondre nu Clmmérlon, pays 1res rloho que lo
sénat avant d'en sortir. Antiochus jouno roi avait réuni & ses Etats.
rnppola sas armées. 5. M, Léon Oautior, dans son bol
». Ln défonso faite a Antloolius, ouvrage sur La chwalerie, donna lo
mémo avant la guerre, do passer on déoaioguo du chevalier, Lo dl/leimi
Europe, dovlnt générale oontro les commandoment est colul-ol t Tu stras
autres rois. [N. de M,) partout et toujours le champion du Droit
4. Lo pôro do Mlthrldate VI Eupn- et du BUn contré l'Injustice «t h Mal, Et
lor avait été un allié de Homo i il lui V. Hugo a ainsi défini lo chevalier
avait mémo fourni des troupes ot dos chrétien t
valssoaux pondant la 3* auérro pu- Il écoute partout si l'on crie au secoufs,
nique. Il reçut une partie de la Phry- La politique du sénat romain, si
ulc en récompense) mais le sénat sa bion exposée par Montesquieu dans
hâta do reprendre oolte province, ce ohapttro mémo, n'avait rien, que
lorsque le roi fut mort, et Milhrl- nous saoulons, de ohevaloresque et d«
dutu VI n'Léilta que du royaumo do ddllntél'd»Aé\
,56 OftANDBtJh Et D15CADENCE DES ROMAINS
Ces coutumes des Romains n'étoient point quelques
faits particuliers arrivés par hasard, c'étaient des prin-
cipes toujours constants; et cela se peut voir aisé-
ment : car les maximes dont ils firent usage contre
les plus grandes puissances furent précisément celles
qu'ils avoient employées, dans les commencements 4,
contre les petites viiles qui étoient autour d'eux.
Ils se; servirent d'Euménès et de Maosinisse 3 pour
subjuguer Philippe et Antiochus, comme ils s'étoient
servis des Latins et des Herniques pour subjuguer les
Volsques et les Toscans; ils se firent livrer les flottes
de Garthage et des rois d'Asie, comme ils s'étoient
fait donner les barques d'Antium 3 ; Ils Avèrent les
liaisons * politiques et civiles entre les quatre parties
de la Macédoine ", comme ils avoient autrefois rompu
l'union des petites villes latines.
Mais surtout leur maxime constante fut de diviser 6.
La république d'Achaïe 7 étoit formée par une asso-
ciation de villes libres t le sénat déclara que chaque
ville se gouverneroit dorénavant par ses prdpres lois»
sans dépendre d'une autorité commune. ,f

1. C'est évidemment & son sénat 4. Nous dirions aujourd'hui t h»


que Home dut eetto unité do politique liens politiques, Uossuct emploie oo
et do principes. Les sénateurs chan- mot dans le mémo sons i Le cttur de
geront, lo sénat reBtalt toujours le l'homme étant destiné pour posséder un
mdmoi' la las traditions se porpé- bien immense, quoique ta liaison qui l'y
tuaient. Et cotte constance, en dépit tenait attaché soit rompue,,, (Sermon sur
des changements sociaux et des p>'d> l'honneur, I.)
férenoes Individuelles, ost la plus 5. Après la bataille do Pydna, Paul
haute preuve do la sagesse qui prési- Emllo déolara aux Macédoniens qu'ils
dait aux destinées do Rome, elnlont libres, mais quo la Macédoine
2. On s'étonno de trouver loi le nom soralt divisée on quatro districts aveo
du roi do Numldie. Bien que Massl- Intordlctlon aux habitants do contrac-
nlsso fournît aux Romains, en qualité ter niarlngo, de vondro ou d'acheter
d'olllé, quelques troupes et aurtbul hors do lotir territoire^
des approvlslonnoments, co secours 6. M. Duruy romarquo aveo Mon-
no peut guère ôtro comparé a celui tesquieu que « les Romains n'ont pas pu
qu'ils retirèrent d'Eumèno. l'élever h une conception plus haute que
3. Co fait arriva pondant la guerre celle dé ta'force » et quo « tout* leur
des Volsques n Inquelle prit part Co- science politique se formule en dtu»
rlolan. T. Qulnotlus s'empara, on 487, mon i divide et impera ».
du territoire d'Antium, qui fut dis- 7. C'est ce que nous appelons com-
tribué a des colons romains, Et son munément < ligue aehéente,
triomphe fut si brillant qu'il eu garda
le surnom de Capttolinut,
(SilAPiïhta Vi &
La république des Béotiens étoit pareillement une
ligue de plusieurs villes; mais comme, dans la guerre
contre Persée, les unes suivirent le parti de ce prince,
les autres celui des Romains ; ceux-ci les reçurent en
grâce, moyennant la dissolution de l'alliance commune.
Si un grand prince ', qui a régné de nos jours,
avoit suivi ces maximes, lorsqu'il vit un de ses voisins
détrôné, il auroit employé de plus grandes forces
pour le soutenir, et le borner dans l'île qui lui resta
fidèle : en divisant la seule puissance qui pût s'oppo-
ser à ses desseins, il auroit tiré d'immenses avantages
du malheuV même de son allié.
Lorsqu'il y avoit quelques disputes dans un Etat,
ils jugeoient d'abord l'affaire ; et pur là ils étoient sûrs
de n'avoir contre eux que la partie qu'ils avoient con-
damnée. Si c'éloient des princes du même sang qui
se disputoient la couronne, ils les déclaroient quel-
quefois tous deux rois a; si l'un d'eux étoit en bas
Age 8, ils décidoient en sa faveur, et ils prenoient la
tutelle, comme protecteurs de l'univers. Car ils avoient
porté les choses au point que les peuples et les rois
étoient leurs sujets, sans savoir précisément par quel
titre} étant établi * que c'étoit assez d'avoir ouï parler
d'eux pour devoir leur être soumis.
Ils ne faisoient jamais de guerres éloignées sans
s'être procuré quelque allié auprès de l'ennemi qu'ils
attaquoient B, qui pût joindre ses troupes à l'armée
1. Louis XIV soutint Jacques II, 4. Ce participe pris absolument est
roi d'Angleterre) dans aa prétention uno Imitation de l'ablatif absolu latin
ait trône que lui avait enlevé Guil- L'usage en était fréquent au xvn* et
Kumo lit. Vlrlando était restée fldèlo au xviu* elèole. Aujourd'hui, noua
a Mon rot. l'employons surtout dans certaine»
2. Comme 11 arriva a Ariaratho et & expressions comme i étant donné, admit
Holouherne, en Cappadoooi APPIAN, que,,, (Hiigon, Or, ft„ § U4i rum. 4),
h Syriae,, ohap. XLV1I. (N, dt M.) 6. « Je me eontonterat do dlro en
3. Pour pouvoir ruiner la Syrlo en peu de mots comment toujours ils
qualité do tuteurs, ils so déclarèrent eurent soin d'avoir dans los pays voi-
pour lo (Ils d'Antioohus, encore enfant, sin i un ami qui fut une échelle, une
contre liémétrius, qui étoit obéis eux porto pour y monter, pour y entrer,
•n otage, et qui Ion oonjurolt de lui un auxiliaire pour les soumettra. Ainsi
rendra Justice, disant que Romo élolt los Oapouans les introduisirent dons
•n mèro, «t les sénateurs se» pères. le Samnlum, les Gamortins dans
(M d$ M,) l'Etrùrle, les Mamertlns dans la 81-
58 élUNDBUR BT DECADENCE DES ROMAINS
qu'ils envoyoient; et, comme elle n'étoit jamais consi-
dérable par le nombre, ils observoient 4 toujours d'en
tenir une autre dans la province la plus voisine de
l'ennemi, et une troisième dans Rome, toujours prête
à marcher. Ainsi i|s n'exposoient qu'une très petite
partie de leurs forces, pendant que leur ennemi met-
toit au hasard 2 toutes les siennes.
Quelquefois ils abusoient de la subtilité 3 des termes
de leur, langue. Ils détruisirent Cartilage* disant qu'ils
avoient promis de conserver la cité et non pas la
ville 4. On sait comment les Etoliens, qui s'étoieiit
abandonnés ù leur' foi, furent trompés : les Romains
prétendirent que la signification de ces mots-, s'aban-
donner à la foi d'un ennemi, emportoit! la perte de
toutes sortes de choses, des personnes, des terres, des
villes, des temples et des sépultures'même.
Ils pouvoient même donner à un traité une interpré-*
tation arbitraire! ainsi, lorsqu'ils voulurent abaisser
les Rhodiens H, ils dirent qu ils ne leur avoient pas
donné autrefois la Ly'cie comme présent,' mais comme
amie et alliée. \
Lorsqu'un de leurs généraux faisoit la paix pour
sauver son armée prête à périr, le sénat;, qui ne la
ratifloit pointa profitoit de cette paix, et continuoit/la
guerre. Ainsi, quand Jugurtha eut enfermé une armée
cllo, les Ragonilm dans l'Espagne), Homalns suiont habllumont oxplolter
Masslnlssa dans 1'AI'rlquo, los Etolluns au mieux de leurs intérêts.
dans la Grèce, Eumono ot d'autres 4. CMtas a propromont lo sens de
prince dans l'Asio, las Marseillais et société, état, nation, Gloéron ne l'em-
lus Et!lions dans la Oaulo » (Maolifavol, plolo jamais quo dans oo sons. Urbs
Le Prince, Discours sur Tite-Live, II, 1). désigno la ville.
1. On observe une toi, uno roule, Mais 5, Los flottes rhodlcnnos avaient été
observer avec un varbo eut plus rare, d'une très grande utilité aux Homalns
2. Mettre au hasard, o'est-a-dire rts- clans leur guerre oontre Antlooluis.
' fur,
Pourquoi, mettre au hasard ce que ta mort
On donna aux Hhodlcns quoique»
agrandissements dans la Carlo ot la
' ' assurée Lyclo, Les Lyolans s'étant révoltés,
i (Polyeucte, II, 0.) llhodos reconnut dans ce soulèvement
' Ô.^L'oxoès do finesse n'ost pas pré- la mnln du sénat, ot so rapprocha do
cisément un des cnraolùros do la langue l'orsôo. Apr^s Pydna, elle s emprossn
lallno. Mais, nomme dans touto langue de mottro a mort les partisans do
synthétique, 1/s sens vrai de oliaquo l'ersooj mais il était trop tard, La
mol dépendant du contexte, 11 en re- Lyoio ot la Carie lui furent définitive-
mit* un défaut de préolblon quo !• ment ODIOVOU»,
dHÀPITRB VI 6Ô

romaine, et qu'il l'eut laissé aller sous la foi d'un


traité, on se servit contre lui des troupes mêmes qu'il
avoit sauvées j et lorsque les Numantins eurent réduit
vingt mille Romains, prêts à mourir de faim, à deman-
der la paix, cette paix, qui avoit sauvé tant de
citoyens, fut rompue à Rome, et l'on éluda la toi
publique en envoyant le consul qui l'avoit signée 4.
Quelquefois, ils traitoient de la paix avec un prince
sous des conditions raisonnables, et lorsqu'il les avoit
exécutées, ils en ajoutoient de telles, qu il étoit forcé
de recommencer la guerre. Ainsi, quand ils se furent
fait livrer par Jugurtha ses éléphants, ses chevaux,
ses trésors, ses transfuges, ils lui demandèrent de
livrer sa personne, chose qui, étant pour un prince le
dernier des malheurs, ne peut jamais faire une condi-
tion de paix.
Enfin ils jugèrent les rois pour leurs fautes et leurs
crimes particuliers. Ils écoutèrent les plaintes de tous
ceux qui avoient quelques démêlés avec Philippe ; ils
envoyèrent des députés pour pourvoir à leur sûreté,
et ils firent accuser Persée devant eux pour quelques
meurtres et quelques querelles avec les citoyens des
villes alliées.
Gomme on jugeoit de la gloire d'un général par la
quantité de l'or et de l'argent qu'on portoit a son
triomphe, il ne laissait rien à l'ennemi vaincu. Rome
s'enrichissoit toujours a, et chaque guerre la mettoit
en état d'en entreprendre une autre.
1. Lo oonsul Manolnue, onformé par suis Samnite, » et frappant le féoial t
las Numantins, dans une gorgo sang * Je viole le caractère sacré d'un ambas-
Ismio, ongagoa saparolo qu'il ocssorait sadeur, Que les Romains vengent cet o«-
los hostilités, Los Numantins, qui con- tragt I »
naissaient déjà la Toi romaino, (Iront 2. 11 on était ainsi dès los promlors
prôtorlomémosermontaux offlolors do tomps. Ainsi, après la défafto do la
Mnnolnus ot à son quosteur Tlbérlus Coalition samnite (900), Paplrlus
Gi'dcolius. Le sdnat lour ronvoya lo porta au trésor 3.033.000 livros de
rap-
consul mi ot los mains lidoa. C'était oulvro provenant do la vonte dos prlr
(l'nillours un prooédé renouvelé dos sonniors ot 1.880 livros d'argent. Car*
I'ourolies Caudinos. Los consuls, ques- vtllus, do son côté, y déposa 880.000
teurs, tribuns furent rocondultsenoliat» livros d'airain, sans oomptor los
n<!s a l'armée samnite, La. le consul sommes et les armes distribuées aux
l'ostumlùs s'éorlt t « Maintenant je soldats. Des armes qui lui éohuront
60 GRANDEUR ET DÉCADENCE DBS ROMAïNS
Les peuples qui étoient amis ou alliés se ruinoient
tous par les présents immenses qu'ils faisoient pour
conserver la faveur ou l'obtenir plus grande, et la
moitié de l'argent qui fut envoyé pour ce sujqt aux
Romains auroit suffi pour les vaincre *.
Maîtres de l'univers, ils s'attribuèrent tous les
trésors : ravisseurs moins injustes en qualité de
conquérants qu'en qualité de législateurs. Ayant su
que ,jP,tolomée, roi de Chypre,, avoit des richesses
immenses, ils firent une loi, sur la proposition d'un
tribun, par laquelle ils se donnèrent l'hérédité d'un
homme vivant et la confiscation d'un, prince allié.
Bientôt la cupidité des particuliers acheva d'enlever
ce qui avoit ^échappé à l'avarice a publique. Les
magistrats et les gouverneurs yendoient aux rois
leurs injustices. Deux compétiteurs se ruinoient à
l'envi, pour acheter une protection toujours douteuse
contre un rival qui n'étoit pas entièrement épuisé .
car on n'avoit pas même cette justice âfia brigands,
qui portent une certaine probité dans l'exercice du
crime. Enfin les droits légitimes ou usurpés ne se
soutenant que par l'argent, les princes, pour en
avoir, dépouilloient les temples 8, conflsquoient les
biens des plus riches citoyens ! on faisoit mille
crimes pour donner aux Romains tout l'argent du
monde.

pour sa part) il fit fondre une statue couronnes d'or données par les villes
coloBsale de Jupiter qu'il plaça sur Je de Grftco et d'Asie, une coupe du poids
Cnpitolo. Pllno dit qu'on la voyait du
1
do 10 talents d'or, Inorustéo de plorre*
mont Albaln, Lo triomphe do Paul» t'ios,' et toutes les ooupos d'or qui
Ëmllo dépassa en richesses tout oo ornaient la table dos rois do Maoé-
qu'on avait vu jusqu'alors. Le premier doino.
jour dôlllèront 250 chariots chargea de 1. Losprésonts que lo sénat onvoyolt
«tatuos ot du tableaux) le doutsiame. aux rois n'étalent quo dos bagatelles,
dos voitures chargées d'armes, puis comme une chaise otun bAton d'Ivoire,
750 vases contenant ohaoun trois ta- ou quelque robo do magistrature. (JV
lents on argent monnayé, portas par d» M.)
8.00O hommes, sans oomptorlos coupes 3. Traduction dlreote du mot latin
et les cratères d'argont. Le troisième (tvttritta dont lo sens premier ost nvùliti
jour, on vit des enfants portant doB (doaveo, dètlrtr vivement),
coupes d'nrgont et d'or, dos soldats 3, Allusion a Antloohus de Syrie.
portant l'or monnayé dans 77 vases V. noto 1, p. 52,
runformant ohaoun trois talents, 400
CHAPITRE VI ' 61
Mais rien ne servit mieux Rome que le respect
qu'elle imprima à. la terre. Elle mit d abord lés rois
dans le silence, et les rendit comme slupides '. Il ne
s'agissoit pas du degré de leur puissance, mais leur
personne propre étoit attaquée. Risquer une guerre,
c'étoit s'exposer à la captivité, à la mort, à l'infamie
du triomphe. Ainsi des rois qui vivoient dans le faste
et dans les délices n'osoient jeter des regards fixes
sur le peuple romain ; et, perdant le courage, ils
attendoient, de leur patience et de leurs bassesses,
quelque délai aux misères dont ils étoient menacés.
Remarquez, je vous prie, la conduite des Romains.
Après la défaite d'Antiochus, ils étoient maîtres de
l'Afrique, de l'Asie et de la Grèce, sans y avoir
presque de villes en propre. Il sembloit qu'ils ne
conquissent que pour donner; mais ils restoient si
bien les maîtres 2 que, lorsqu'ils faisoient la guerre à
quelque prince, ils l'accabloient, pour ainsi dire, du
poids de tout l'univers.
Il n'étoit pas temps encore de s'emparer des pays
conquis. S'ils avoient gardé les villes prises a Phi-
lippe, ils auroient fait ouvrir les yeux aux Grecs ; si,
après la seconde guerre punique, ou celle contre
Antiochus, ils avoient pris des terres on Afrique ou
en Asie, ils n'auroient pu conserver des conquêtes si
peu solidement établies 8.
Il fiilloit attendre que toutes les nations fussent
accoutumées à obéir, comme libres et comme alliées,
avant de leur commander comme sujettes, et qu'elles
1. Sons do iUtpeo, iirt immobile d'i- politique, las peuples tombalont sans
tonnement, Cf. Corneille t bruit, sans éolat, a la condition do
Je demeure ttuitldt (Clnna, V. I. sujets, et le sénat los trouvait tout
...
1541). ' façonnés au joug quand 11 voulait ser-
2, d Laisser aux pays vaincus ou rer le froln et faire sontlr l'éperon. »
soumis & l'Influence romaine leura (Duruy, t. II, oh. XXXI.)
chefs nationaux, gouverner par los 3, Ils n'osèrent y exposer leurs co-
Indigènes, eommo los Anglais le font lonlosi Ils aimèrent mieux mottre uno
dans l'Indo, fut une dos maxlmos los jalousie étornollo ontre les Carthagi-
pluBhoiirousasdo la politiqueromalno. nois at Masslnlssa, ot HO sorvlr du eo-
Contont do ootte apparente Indépen- cours dos uns et dos autros pour sou-
dante, do ces libertés municipales, qui mettre U Macédoine ot la Grèce. (JV.
•'•oeordont si bien nveo le despotisme dtM.i
62 OIUNDEUn ET I)éCAI)RNOB PRB ROMAINS
eussent été se perdre peu a peu dans la république
romaine.
Voyez le Si dite qu'ils firent aveo les Latins après la
victoire du lue Rôgille * ! il fut un des principaux
fondements de leur puissance, On n'y trouve pas un
soûl mot qui puisse faire soupçonner 'l'empire,.
C'étoit uno manière lente de conquérir. On vain-
quoit un Couple, et on se contentoit do l'afibibliiT; on
lui imposoit des conditions qui lo minoient insensible-
ment} s il so relevoit, on l'abaissoit davantage, et il
devonoit sujot sans qu'on pût donner uno époque do sa
sujétion 3.
Ainsi Rome n'étoit pas proprement une monqrchio
ou une république, mais la tête du corps formé par
tous les peuples d>u monde 3.
Si les Espagnols 4, après la conquête <clu Mexique et

1. Go traité, signé on 493, par le Méditerranée, ils ombrassalont toute


consul Sp, COBSIUS et les trente vlllos l'étonduo de ootto mer, pénétrant au
latines, était ainsi conçu t II y aura long ot au largo tous les Btutn d'nlen-
paix entre les Romains et les Latins tant tour, et la tenant entre dqux pour falro
que le ciel sera au dessus de la terre et la la communication do leur empire, On
terre sons le soML Us ne s'armeront pas est onooro o(frayé quand on oonjsldôro
l'un contre Vautre ) ils ne donneront point que les nations qui font & présent des
passage h l'ennemi h travers leur territoire royaumos si redoutables, toutes les
et ils se porteront secours aveo toutes leurs Qaulos, toutoBlosEspagneSfla Grande*
forces quand Us seront attaqués, Le butin Bretagne presque tout ontlèro, l'Illy-
et les conquêtes faites en edmmun seront riquo jusqu'au Danubo, la Gormanlo
partagés. Il semble aussi que lo oom- jusqu'à l'Êlbo, l'Afrique, jusqu'à ses
manaoment do l'armée dût alterner déserts affreux ot impénétrables, la
chaquo annéo ontro les deux pouplos, Grèce, la Thraoe, la Syrie, l'Egypto,
' 2. Alnsllas armées romaines ou plu- tous les royaumos do l'Asie Mineure,
tôt des alliés do Rome puniront pour et ceux qui sont enfermés ontro le
la promlôro fois on Macédoine pondant Pont-Euxln et la mor Çasplonno, et
la 2« guerre punlquo, Phlllnpo obtint les autres quo j'oublie puut-étropu
la paix on 205, En 107, a Cynocé- ' qilo je no ,voux pas rapporter, n'ont
phales, Flamlnlus faisait oxplor à l'al- été, durant' pluslours siècles, quo dos
lié d'Annlbal son ingéronoo dans la provinces romaines, Tous lus pouplos
quorollo do Rome ot do Carlhago, Et do notro mondo, jusqu'aux plus bar-
Roino parut n'avoir valnon quo dans bares, ont respecté leur pùlssnnco, ot
l'Intérêt dos Qraas dont ella proolama los Romains y ont établi proBquo par-
la liberté. Co no fut qu'on lit) quo la tout, fivo.i leur empire, los lois ot la
Maoédolno fut réduite on provlnoo polltosso, i) Bossuot, Histoire Univcr*
rpmalno, alors quo le sénat aurait pu selle, III" partlo, ohap, VI.
le faire lu lendemain de Cynooéphalos, 4, Encore uno de ces comparaisons
3. « Depuis l'Euphrato ot lo Tanaïs pau houreusoB entre Homo ot los na-
jusqu'aux oolonnes d'Uerculo et a là tions modernes. Montesquieu somblo
mor Atlantique, toutes les torros ot y prondre plaisir i mais les rnppro-
toutes les mors leur obéissaient t du ohomonts do oe genre sont nécessaire
milieu et comme du centre de la mer ment faotloes et pou oonoluant*.
CHAPITRE VU 63
du Pérou, avoîent suivi ce plan, ils n'auroient pas été
obligés de tout détruire pour tout conserver.
G est la folio des conquérants do vouloir donner a
tous les peuples leurs lois et leurs coutumes : cola
n'est bon à rien; car dans toute sorte de gouverne-
ment on est cnpablo d'obéir, *
Mais Rome n'imposant aucune loi générale, les
peuples n'avoient pas entre eux de liaisons dange-
reuses ; ils ne faisoient un corps que par une obéis-
*

sance commune; et, sans être compatriotes, ils étoient


tous Romains a,
On objectera peut-être que les empires fondés sur
les lois des fiefs n'ont jamais été durables ni puis-
sants. Mais il n'y a rien au monde de si contradictoire
que le plan des Romains et celui des Barbares 8j et,
pour n'en dire qu'un mot, le premier étoit l'ouvrage
de la force, l'autre de la faiblessej dans l'un, la sujé-
tion étoit extrême; dans l'autre, l'indépendance. Dans
les pays conquis par les nations germaniques, lo
pouvoir étoit dans la main des vassaux ; le droit seu-
lement, dans la main du prince : c'étoit tout le con-
traire chez les Romains.

CHAP. VII. — Comment Mithridnte put lour résister,


De tous les rois que les Romains attaquèrent,
Mithridate * seul se défendit avec courage et les mit
en péril.
1. Montosquleu entend par là l'u- les villes d'une morne provlnoo avalent
nion entre les villes qui eût pu devenir souvent ohnouno lour organisation
dangoreuso pour Rome. Nous avons parlloullôro, Homo savait admirable-
Ici un curieux exemple do la transfor- mont consorver ou oréer los rivalités
mation que eubissont ICB mots et les d'intérêts qui la laissaient seulo mat-
expressions d'un sieolo a l'autre,..Au- tresse.
jourd'hui, cotte expression n'est em- 3. La ponséo de Montesquieu est
ployée qu'au sens de liaisons contractées pou olairo. Et, encore uno fois, ft quoi
imprudemment avec des persnnnos dont la bon cos rapprochements ?
fréquentation est dangereuse. 4. Mithridate VI Eupator.M, Duruy
2. Homo sut laissor a ses aillés une le jugo ainsi.t Par la pompe dont il
<c
grando liberté dans l'administration
1 aimait A. s'entourer ot son mépris do la
do leurs afîalros. Ainsi ohaquo pro- vio humaine, oMtait un roi d'Àeio par
j
vinoo avait sa charte (iex provtneiae) et son goût pour les lettres, loo aotenoos,
64 GBANDEUn ET DÉCAOBNOK DRS ROMAINS
La situation de ses Etats étoit admirable pour leur
faire la guerre, Us touchoient au pays inaccessible du
Caucase, rempli de nations féroces dont on pouvoit se
servir; de la ils s'étondoieht sur la mer du Pont^r
Mithridate la coùvroit de ses vaisseaux, et alloit conti-
nuellement acheter de nouvelles armées de Scythes,'
l'Asie- étoit ouverte a ses invasions; il étoit riche
parce que ses villes sur le Pont-Euxiri faisoient un
commerce avantageux avec des nations moins indus-
trieuses qu'elles.
Les proscriptions, dont la coutume commença dans
ces temps-la, obligèrent plusieurs Romains de quitter
leur patrie. Mithridate les reçut à bras ouverts; il
forma des légions, oti il les fit entrer, qui furent ses
meilleures troupes *•.
D'un autre côté, Rome travaillée par'ses
,
dissen-
sions civiles 9, occupée de maux plus pressants, négli-
gea les affaires d'Asie et laissa MiUuidate suivre ses
victoires 8 ou respirer après ses défaites;
îRien n'avoit plus perdu la plupart des rois que le
désir manifeste qu'ils témoignoîout de la paix; fils
avoient détourné par la tous Jés autres pou (îles de
partager avec eux un péril dont ils vouloient tant
sortir eux-mêmes,'Mais Mithridate fit d'abord sentir

lds médailles, les plorr.os gravée? et Adieu, qttetyu'untre fois nous suivrons et
lés vases'précieux, un prince gréoi [discours,
par son inconcevable ohef (Titi «Bérénice, \\l, 3.) 1
courage, un .
barbare. » Mithridate n'avait reçu do Son père,
t, Fvonûn, Stratagèmes,\W, II, ohap, allié» des .Romaine, que lo royaume do
III, g 16, dit qu'Arohôlatts, lieutenant Pont. Il oommonoa par porter secours
doMithridato.combattantcontreSylla, Ou BosphoreÇimmérien qu'il adjoignit
mit au premier rang ses obarlots o ensuite a ses Etais. Puis il partagea la
faux t au second, sa phalange I au troi- Pephlagonio avec Nloomôde II de Bl»
sième, jea auxiliaires armé» à la ro-? tbynio, et le sénat lui ayant enjoint
nialno i « Mlxtis fugitlvis Itnlfa, mw d'abandonner cette province t « Ce
ttim pervkhcto muUttm (idehat, »• Ml« royaumeappartenaith mon père, rdpon-
thridato fit même une alliance avec dit-iltjtmfyônni) qu'on viéniiè contester
Sertorlus. Voy, aussi Plu laïque, Vie mon droit, » Enfin, pour s'assurer la
de ttwulUts,-.[Ni de M,) Cnppadooe, il eu fit tuer lo roi Arla-
-.- 2.
C'était l'époque des luttes do rattie VI et BOB enfants, et lé remplaça
Msrlus et de Syila. /- par son propre Mu, ?
3, G'eet-a-dire oonttmlér, poursuivre
«os vlotoiros. Cf. Corneille i
CHAPITIIB VU 65
à toute la terro qu'il étoit l'ennemi des Romains, et
qu'il lo aeroit toujours *.
Enfin les villes de Grèce a et d'Asie, voyant quo le
joug des, Romains s'apesantissolt tous les jours sur
elles, mirent leur oonflnnco dans ce roi barbare a, qui
les appoloità la liberté. '
Cette disposition des choses produisit trois grandes
guerros 4, qui forment un des plus beaux morceaux
de l'histoire romaine; parce qu'on n'y voit pas dos
princes déjà vaincus par les délioes et l'orgueil, comme
Antiochus et Tlgrane, ou par la crainte, comme Phi-
lippe^ Persôe et Jugurtha j mais un roi magnanime,
qui, dans les adversités, tel qu'un lion qui regarde
ses blessures, n'en étoit que plus indigné.
Elles sont singulières, parce que les révolutions y
sont continuelles et toujours inopinées j car, si Mithri»
date poùvoit aisément réparer ses armées, il vrivolt
aussi que, dans les revers, où l'on a plus besoin
d'obéissance et de discipline, ses troupes barbares
l'abandonnoient ; s'il avoit l'art de solliciter les
peuples et de faire révolter les villes, il éprouvoit, h
son tour, des perfidies de la part do ses capitaines, de
ses enfants et de ses femmes} enfin, s'il eut affaire à

t, VOrtent accablé base d'opération» d'Aiobélnos qui


fit» peut plue soutenir leur effort redoublé. commandait pour Mithrldato l'armée
Il voit plus fl«« jamais ses campagnes pontlquo, Sylltt prit In ninlhonrouae
[couvertes villo (1« mnrs 80) ot le carnage fut tel
Ot Romains que ta guerre enrichit de nos que le snng, dit-on, après «vole rempli
[pertes. lo Céramique, coula jusqu'aux porto»
Des bien* des nations ravisseurs altérés. et rulKBola dans les faubourgs,
Le britit de nos trésors les a tous attirés i 3» Montesquieu, mit emprunte si
lis y coûtent en foule, et jaloux l'un de volontiers aux Romains leurs expres-
[l'antre, sions ot lourd tournure» dft phrase,
Désertent leur pays pour inonder Hnàtré, qunllflo, comme eux, do barbare tout
Moi seul je leur résiste* Ou lassés ou co qui «Stait étranger,
[Soumis, 4, La première -'M..-, conduite par
Ma funeste amitié peso h tous mes amis, Sylln (87-84) t In soonndo par liitoullns
Chacun a ce fardeau veut dérober s'a iétè, m-00j, et la trolsiômo par Hompéo.(OO)',
(Roolno, MUHHdate), ' Mais 11 y ont d'autre» çnmpngnos moins
2, Athènes fut une d?s promlôrqs à Importnntim dans .lesquelles le« géné-
faire fitiusô commune avoo Mlthrldatè. raux lomnlns furent battue. ?{

Elle devint dans In première guerre lit
05 oiuNnnun ET oftoAniwcK DUS ROMAINS
dos généraux malhabiles, on envoya oontre lui, en
divers temps, Sylla, Lucullus et Pompéo.
Ce prince, après avoir battu les généraux romajns,
et fait la conquête do l'Asie, de la Macédoine et do la
Grèce, ayant été vaincu à son tour par Sylla, réduit,
par un traité, h ses anciennes limites, fatigué par les
généraux romains, devenu encore une fois leur vain-
queur et le conquérant de l'Asie, chassé par Lucullus,
suivi dans son propre pays, fut obligé de se retirer;
chez Tigrane 1 j et, le voyant perdu sans resssource,
après sa défaite, ne comptant plus que sur lui-môme,
il se réfugia dans ses propres Etats et s'y rétablit.
Pompée succéda a Lucullus, et Mithridate en fut
accablé 2. Il fuit de ses Etats et, passant l'Araxo 8, il
marcha de péril en péril, par le pays des Laziens
5
\
et, ramassant dans son chemin ce qu'il trouva de bar:
bares, il parut dans le Bosphore, devant son fils Mac-
chnrès 8, qui avoit fait sa paix avec les Romains.
Dans l'abîme où il étoit,, il forma le dessein de por-
ter la guerre en Italie, et d'aller à Rome avec les
mêmes nations qui l'asservirent quelques siècles aprjès,
et par le même chemin qu'elles tinrent °,
1, Tigrane était lo gendre A- iivirl- 5, Mncharès avait envoyé une cou-
dato et roi d'Arménie, Il fut Iticnteu» ronne d'or a Luoullus en sollicitant
Bornent vaincu sous le» murs do sa' l'appui des Romains. Pour éahappor à
capitale 'i'igranoeorto, par Lucullus, là vengeance de son pore, Il se tua, Le
et, l'annéo suivante, devant sa seconde royaume de Bosphore était situé an
capitale Artaxata(08), nord du Pont-Euxln et comprenait la
2, En réalité Pompée eut peu do Chersonèse Taurlque et le Palus
ohoso ft fairo. Las victoires do Sylla et Maeotls et ses rivos,
de Lucullus avalent abattu Mithridate 0,'Raolne a magnifiquement exposé
et lo nouveau général n'eut qu'A en ce projet de Mithridate t ;i
roouolllir les fruits ( aussi Lucullus C'est a Rome, mes fils, que je prétends
dlnnlt-11 de Pompéo i u Comme un [marcher,
oiseau de proie lâche et timide qui mit le 'Le dessein Vous surprend, et vous croues,
chasseur h l'odeur du carnage, Pompée se [peut-être,
Jette sur les corps abattus par d'autres et Que le seul désespoir aujourd'hui le fait
triomphe des coups qu'ils ont portés, » [naître.
3, Rivière d'Arménie affluont du J'excuse votre erreur, et pour itre approu-
Cyrus, Le Cyrus (auj, Koura) so Jotto ' [vit,
danB la mer Caspienne De semblables projets veulent être achevés,
4, Los Laziens habitaient , le pays Ne vous figures point que de cette contrée
qui s'étend au sud-est du Pont-Euxïn, Par d'éternels remparts Rome soit séparée.
entre lo Phase et l'Anampsis, au sud Je sais tout les chemins par oà je dois
do la Colohld». [passer t
CIIAPITltlt VII 07
Trahi par Pharnaoe S un autre do ses fils, et
par
une armée eflVayéo de la grandeur do ses entreprises
et des hasards qu'il nlloit chercher, il mourut en roia,
Ce fut alors que Pompée, dans la rapidité, de
victoires, acheva le pompeux ouvrage do la grandeur ses
de Rome 8, Il unit au corps de son empiro-des
pays
infinis ! ce cjui servit plus nu spectacle do la magni-
ficence romaine qu'à sa vraie puissance; et, quoiqu'il
parût, par les écriteaux 4 portés à son triompho, qu'il

Et si la mort bientôt ne me vient traverser, Ni de jours malheureux plus rempli leur


Sans reculer plus loin l'effet de ma parole, [histoire,
Je vous remis dans trois mois au pied ilu (Mithridate, V, 6.)
[Capitol», Dion Casslus (h, XXXVII, cl». 11)
DoiiUt-vous que l'Euxin ne me porte en juge aln«l Mithridate i « Cet homme
[deuxjours était véritablement né pour entre»
Aux lieux où le Danube y vient finir son prnndro de grandos choses. Comme il
[cours ? avait souvent éprouvé In bonno et la
Que du Scythe aveo moi l'alliance jurée mauvaise fortune, il ne croyait rien
De l'Europe en ces lieux ne me livre l'en-
au dessus do sos espérances et de son
[trée? audaoe, bien résolu, si son entreprise
Recueilli dans leurs ports, accru de leurs
no réussissait point» de faire uno fin
[soldats, digne d'un grand roi et de s'ensevelir
Nous verrons notre camp grossir h chaque lui-même sous les ruines do son
[pas. pire, plutôt que do vivre dansTobsau- em-
Dates, Pannoniens, la (1ère Germanie, rlté ot dans la bassosso, M
Tous n'attendent qu'un chef contre la 3, Pompée agrandit la province do
[tyrannie, Hlthynle de la plus grande partlo du
(Mithridate, l\l, 1.) Pont et lui donna le nom do Bithynia
1, Lo projet grandloso do Mlthrl- et Pontus, Il organisa la provinoa do
doto avait effrayé ses officiers. Phar- Glllole et oollo do Syrie, fonda ou
nnoo conspira contre- lui ot, malgré le ropeupla 39 villes, distribua aux alliés
pardon qui lui était offert, s'appliqua do Homo ce qui restait en dehors dos
a détacher do son père eeux qui lui frontières des trois grandes provinces i
restaient fidèles, lo Bosphore a Pliarnaoo, la petite
S, Pour ne pas être livré aux Ro- Arménie à Déjotarus, uno partlo do la
mains, Mithridate essaya de B'empoi» Paphlàgonle a Attalo, la Cnppndooe et
sonner, puis do se percor de son épée, la Sophône à Ariobarzano, la Gor-
oo fut un Gaulois qui, sur sa prière, dyène à Tlgrane, nt la Commnginb h
l'aehova (03). Il pouvait dire en oxpl- Antloohus, Enfin 11 déclara villes libres
rant i Antloohe, Séleucio, Gaza,
J'ai vengé l'univers autant que je l'ai'pu t 4. Ces éerlteaux placés sur les cha-
la mort dans ce projet m'a seule inter- riots chargés do dépouilles Indiquaient
[rompu, la valeur et l'origino de oolles-ci, Au
Ennemi des Romains et de la tyrannie, triomphe do Pompée, des tableaux
Je n'ai point de leur joug subi l'ignomi' Portaient
que le général avait subjugué
[nlei S millions d'hommes, pris 800
na-
Et j'ose me flatter qu'entre les noms fa» vires, 1.000 forteressos, 800 villes,
[meux fondé ou repeuplé 30 cités, versé dans
Qu'une pareille haine « signalés contre le trésor 20,000
talents et presque
[eux, doublé les revenus public*.
Nul ne leur « plus fait achetef lu victoire^
68 GIUNDBUH RT DHtUDBNOB DBS ROMAINS
avoit augmenté le revenu du ilsc * de plus d'un tiers,
le pouvoir n'augmenta pas 9, et la-liberté publique
n'en fut que plus exposée 8,

CHAP. VIII, — Dos divisions qui furent toujours dans la


ville?

Pendant que Rome conquéroit l'univers, il y avoit


dans ses murailles une guerre cachée ; c'étaient des
feux comme ceux de ces volcans qui sortent sitôt que
quoique matière vient en augmenter la fermentation,
Après l'expulsion des rois, le gouvernement étoit
devenu aristocratique les familles patriciennes obte-
!

naient seules toutes les magistratures, toutes les


dignités *, et par conséquent tous les honneurs mili-
taires et civils 8, ..'.•' ii
Les patriciens, voulant empêcher le retour des rois,
'

cherchèrent à augmenter le mouvement qui étoit dans


l'esprit du peuple j mais ils firent plus qu'ils ne vou-
lurent} à force de lui donner de la haine pour l'es rois,

1, Le mot (Iseut, proprement cor* n'y erçolt qu'eux qui pussent prendre
betlle d'osier, corbeille ou coffre pour les ausploes, Voy. dans Tito Llvo,
l'argent, cassette, d'où trésor, n'a été llv. VI, chap. XL et sulv,,'.» harangue
employé que pour désigner la oaisso d'Applus Claudius. IN, de M,)
spéciale sur laquelle l'empereur préle- 5. Par exemple, il n'y avoit qu'eux
vait les Tonds nécessaires à la défense qui pussent triompher, puisqu'il n'y
et à l'administration du territoire, — avoit qu'eux qui pussent être consuls
Elle était ,alimentée en grande partie et aommander les armées, {N, d» M.)
par les revonus des provincesleImpé- Le gouvernement était tout entier
riales, — Sous la république, mot entre les mains des patriciens. Ils
atrarlum était seul connu. Sous l'om- étalent maîtres du sénat, ils domi-
naient dans les assemblées conturlate»
piro, le trésor publlo, laissé en théorie

riales. '•--,-
chasse, Montesquieu avait déjà exprimé
fiar leurs richesses et lours clients, Si
a la disposition du sénat, était alimenté
par los revenus dos provlnoes sénato- e votodel'asBomblée populaire mena-
çait d'âtro défavorable, le magistrat
2, Suppléoz t an proportion de sa ri'
Jiatrlolen qui présidait pouvait tou-
ours par les augures dissoudre l'as-
semblée ou annulei ses décisions,
cette Idée quatre lignes plus haut t ce
qui servit plus,,, Dans les comices d'élections, si une
3/ C'est à ce momont, on eltot, quenomination était désagréable, l'assem-
commenoe ce que M, Duruy appollo blée oenturiate, composée des soûls
patrtelons, refusait au magistrat élu
l'impuissant» du gouvernement de la Ré-
publique, vimperium. Enfin les patriciens étalant
4, Les patriciens avoient. même en prêtres, augures, juges, et ils «valent
quelque façon un caractère sacré t il le droit damage»,
GIIAPITIIB VU! 6P
Ils lui donnèrent un désir immodéré de In liborté,
Comme l'autorité royale nvoit passé tout entière
ontro ies mains dos consuls ', le peuple sentit que
cotte liber lé dont on votiloit lui donner tant d'amour,
il ne l'avoit plus : il chercha donc a abaisser le con-
sulat 8, à vouloir des magistrats plébéiens, et à parta-
ger avec los noblos les magistratures curules* Les
patriciens furent forcés de lui accorder tout ce qu'il
domanda; car, dans une ville où la pauvreté étoit lu
vertu publique, où les richesses, cotto voie sourdo
pour, acquérir la puissance, étoient méprisées, la nais-
sance et les dignités ne pouvoient pas donner do
grands avantages, La puissance devoit donc revenir
au plus grand nombre, et l'aristocratie so changer
peu à peu en un Etat populaire *,
Ceux qui obéissent à un roi sont moins tourmentés
d'envie et de jalousie que ceux qui vivent dans une
aristocratie héréditaire, Le prince est si loin do ses
sujets, qu'il n'en est presque pas vu; et il est si fort
au dessus d'eux, qu'ils ne peuvent imaginor aucun
rapport 8 qui puisse les choquerj mais les nobles qui
gouvernent sont sous les yeux de tous, et ne sont pas
si élevés que des comparaisons odieuses no se fassent
sans Cesse s aussi a-t-on vu de tout temps, et lo voit-
on encore, le peuple détester les sénateurs °. Les

1. Los prêteurs ou COUSUIB patri- vraies causes de la révolution démo»


ciens étaiuut d'ailleurs do véritable» erotique, La loi livrait au créancier
rois, sauf la couronne et lo mantoou la Hborté et la vie du débiteur, Lo
do pourpro broohé d'or t ,.,'uti cotisâtes pouplo demanda d'abord l'abolition
poiestatem haberent réglant (Cio, de lie», doB dettos, puis II so rofusa a l'onrôlo-
II..32), • mont, Après la retraite sur lo mont
2, L'institution, du tribunal, en don- Sacré, les patriciens duront délivrer
nant au peuple dus défenseurs, tint en lns prisonniers pour dettos ot abolir
éoheo la puissance consulaire, les dettos des créanciers Insolvables,
8, Les magistrats curules étaiont ainsi 5, Supplée* I entre.eux et lui,
appolés & cause do la sella curulis ou (
0, Montesquieu aurait dû éoriro t
fauteuil inorusté d'ivoire sur laquollo patriciens nu itou do sénateurs. Le
ils siégeaient. Les magistrats ourulos peuple, en effet, ne détestait pas pré-
étaient le consul, lo censeur, le préteur, cisément lo sénat dont il reconnaissait
l'édite curule, le dictateur et lo magister la nécessité et la bauto D'ail-
tquitum. sngosse,
leurs MontesquIeudltluI-môme,un pou
.
4, Los exactions des patriciens et plus bas, que lo sénat te défendait par le
los dettos des plébéiens furtnt lti» respect fut te peuple ,iiM<!
pour la gltiri
70 OtUNDRUh JîT nàcADtWCIî MIS hOMAfNft
républiques, où la naissance ne donne aucune part nu
gouvernement sont a cet égard les plus heureuses;
car le peuple peut moins envier une autorité qu'il
donne à qui il veut, et qu'il reprend a sa fantaisie. ^
Le peuple, mécontent des patriciens, se retira sur
le mont Sacré 4 : on lui envoya des députés qui
l'apaisèrent} et comme chacun se promit secours
l'un a l'autre, en cas que les patriciens ne tinssent
pas les paroles données, ce qui eût causé à tous les
instants des séditions, et auroit troublé toutes les
fonctions des magistrats, on jugea qu'il valoit mieuK
créer une magistrature oui pût empôcner les Injustices
faites à un plébéien a, Mais, par une maladie éternelle
des hommes, les plébéiens, qui avoient obtenu des tri-
buns pour se défendre, s'en servirent pour attaquer j
ils enlevèrent peu a peu toutes les prérogatives des
patriciens 3 : cela produisit des contestations conti»
des principales familles et la vertu des puissance consulaire que l'existence d'un
grands personnages, Bossuet a mieux magistrat qui n'en dépendait pas, La se-
fait rassortir ce point I C'est une chose conde fut le secours qu'ilprêta aux autres
surprenante, dans la conduite dt Rome, magistrats et aux citoyens qui refusaient
d'y voir le peuple regarder presque toit- d'obéir aux consuls » (De Log, III, 7!)
jours le sénat aveo jaïourie, et néanmoins 3. Tous les empiétements dos tri»
fui déférer tout dans les grandes occa- buns eurent pour origine leur invio-
sions, et surtout dans les grands périls t labilité (sacrosanctà polestas) affirmée
alors on voyait tant le peuple tàurner (es par la le* saorata do 404, Ils avaient
yeux sur celte sage compagnie, et at- légalement le jus auxilii ou interccssto
tendre ses résolutions comme autant (droit de s'interposor en faveur du
d'oracles, Une longue expérience avait peuple et d'opposer lour veto h toute
appris aux .Romains que de la étaient loi vexatoiro), et le jus ediccndi (droit
sortis tous les conseils qui avaient Sauvé d'édleter des ordonnances valables
l'état. {Disc, H, U„ 3« P., oh. VI.) pour le pouplo). Ils y ajoutèrent le
1, La mont Saoré set une colline droit de coercition, droit absolu envers
-
allongée située sur la rive drolto do et boritre tous i le droit do présider les
l'Anio, a quatre kilomètres nord-est assombléos de la plèbe (concilia plcbis)
de Romo, près de la yole Noméntane, élisant les édiles, les tribuns, los ma-
Le peuple s'y retira deux fols i on gistrats extraordinaires et votant des
403 à oauBo do la ornante dos créan- plébiscites avant forée de loi) enfin
ciers, et en 449 après la mort de Vlr- jusqu'au droit, qui, il est vrai, leur fut
8 2.°b'après reconnu plus tard légalomont, do con-
Aulu Qolle (XIII, 12), a voqiior lo sénat et de provoquer les
l'origine le tribun ne pouvait protéger sénatusoonsultés. Le tribunal n'était
que lo plébéien insulté ou frappé en pas une magistrature, mais une fonc-
sa présence. Mats, comme le remarque tion spéciale, ii révolutionnaire do par
Montesquieu, les tribuns no se con- son origlno, dit M. Bouehé-Looleroq,
tentèrent biontôt plus de défendre les il rosto jusqu'au bout un forment mal-
plébéiens, Ils attaquèrent ,les patri- sain et comme un oorps étranger dam
ciens. Aussi Glcéron a-t-11 pu dire i la Constitution. »
« Ce fut une première diminution dt la
GIIAPITIIK VIII 71
miellés. Le peuple étoit soutenu, ou plutôt animé pur
sos tribuns; ot les patriciens étoient défondus par lo
sénat, qui éloit presque tout composé do patricions \
qui étoit plus porté pour les maximes ancionnos, ot
qui craignoit que la populaco n'élevât a la tyrannie a
quelque tribun. *
Le peuple employoit pour lui ses propres forces, et
sa supériorité dans les suffrages 8, ses rofus d'allor à
la guerre, ses menaces de se retirer, la partialité de
sos lois, enfin ses jugements contre ceux qui lui
avoient fait trop de résistance. Lo sénat so défcndoit
par sa sagesse, sa justice et l'amour qu'il inspiroit
pour la patrie ; par sos bienfaits et une sago tlispon-
sation des trésors do la république} par le respect
que le peuple avoit pour la gloire dos principales
familles et la vertu des grands personnages ^ ; par la
religion mémo, les institutions anciennes, ot la sup-
pression des jours d'assemblées, sous prétexte que les

1. Les éiudlts no divisent on doux étalon! toujours les maitroB do cos


camps sur ootto question, Los uns od- comices, Los comitk Iributa nommaient
.mottont quo los plébélons outreront au los tribuns, los quoslours, los édilos et
sénat dès 500, o'ost-n-diro après l'ex- los maglstrnts Inl'érlours, ot votaiont
pulsion dus rois, voira mémo sous los dos plébiscites, Or, la tribu n'étant
rois. D'autres prétandont qu'ils y qu'uno circonscription torrltorlulo qui
priront plaça on vortu do la transaction comprenait patriolons ot plébéiens, lo
qui los déolaro éllgiblos au tribunal voto do chaouno était a la disposition
consultiii/i (445), Los anolens magis- do ces dorniors qui y étalciit toujours
trats, on oiTet, avatont lo droit d'ûtro on très urando majorlt'. Ainsi los
los promlers choisis par lo oousul pour oomiuus trlbutos étaient vraiment l'as»
combler los vldos laits dans lo sénat. sombléo do la plèbe,
En tout cas, il est incontostablo quo 4, Lo pouplo, qui almol t ta gloiro,
vers 400 le sénat so recrutait aussi composé do gons qui nvoiont passélour
bien parmi los plébéions quo parmi los via à la guorro, no pouvoit rofusor sos
patriolons, sulïragos a un grand homme sous le»
2. Pur tyran, nous ontondous au. quoi 11 nvoit combattu, Il oblonoit lo
Iourd'hui un mauvais prlnco. Los droit d'éliro los plébéions, ot il élisoït
matins désignaient sous co nom do dos patriolons, Il fut obligé'do so lier
tyrannus un usurpateur. los mains, on établissant qu'il y auroit
8. Il faut disttnguor los comices ten- toujours un consul plébéien i aussi los
turïatos ot los coimves tribu tes, LOB co- fnmlllos plébéionnos qui ontreront dans
initia centuriata éllsniont los consuls, les charges y furont-ollos onsuito oon»
les protours, los oonsours; la classa la tlnuollomont portées) ot -\unnd ,1e
plus rioho, oollo dont lo cens était do pouplo élova aux honnonrs quoique
100,000 as, disposait do 08 suffrages nomme do néant commo Varron ot
contre 05 attribues h toutes los autroB Miu'ius, co fut uno ospooe'do vlotolro
'ulos | voilà pourquoi los patriciens qu'il remporta sur lui-mémo, (N, dt Mi)
8*
72 alMNftiïUft KT bàGADUNGti DK8 IlOriAMâ
"auspices n'avoiont pas été favorables •; parles clientej
par l'opposition d'un tribun a un autre} par la création
d'un dictateur a, les occupations d'une nouvelle guerre
ou les malheurs qui rêunissoient tous les intérêts \ enflai
par uno condoscendance paternelle a accorder au
peuple une partie de ses demandes pour lui faire
abandonner les autres, et cette maxime constante de
préférer la conservatipn de la république aux préro-
gatives de quelque ordre ou de quelque magistrature
que ce fût»
Dans la suite des temps, lorsque les plébéiens eurent
tellement abaissé les patriciens que cet^e distinction
de familles devint vaine 8, et que les unes et lesaUtres
furent indifféremment élevées aux honneurs, il y eut
de nouvelles disputes entre le bas peuple, agité par
ses tribuns, et les principales familles patriciennes ou
plébéiennes, qu'on appela les nobles *, et/qui avoient

1, Durant le» deux premiers elèolnsi lïn 355, la dlotaturo, en 350 la oen-
do la République, le sénat révisait le BUVO, en 337 la préture furent acces-
texte de» IOIH votéos par les comices et sibles aux plébéions. En 830, loslols
Lioiniennes furent complétées oh oo
opé-
se prononçait sur la vallditô desPublia
rations électorales, Los lots sons truo IOB doux consuls purent dé-,
PhUonii (830) et Jl/amtm déoldêront sormols être oholsls parmi eux, Enfln,
que les pères conscrits donnornlont en 302, los plébéiens arrivèrent au
leur assentiment sur lo toxto do la loi sacerdoco,
ou la liste des candidats, avant le vote. 4. La formationd'une nouvelle arls*
Mats le sénat out encore la ressouroo tooratte, qui sous le nom de noblesse
de déférer an collège des Augures les hwbUitas) remplaça l'anoien patrlelat,
votés qui ' lut paraissaient entachés do fut une conséquence des lois Llol-
quelque vico do forme et de les oassor nlonnos, Gotto nrlstooratte était ou-
en vertu d'un décret de ee collège» vorlo & tous i pour en faire partie, il
2. Les patriciens, pour se défendre suffisait d'avoir ooeupé soi-même, ou
avoient coutume tfo crér Un dictateur, de compter parmi ses ancêtres quel-
ce qui leur rôusslssolt admirablement qu'un qui eût occupé une magistrature
bien ( mois les plébéiens, ayant obtenu ourulo. Car cette noblesse était hérédi-
do pouvoir être élus consuls» purent taire) Celui qui, le premier de sa fa-
aussi être élus dictateurs t oo qui dé* mille, arrivait a oot honneur, n'était
concerta les patriciens. Voy, dans The pas encore noble | oh l'appelait homme
\e chef d'une
Llve, -IIvV VjII,> ohop, XII, comment nouveau, ot il devenait
Publlltus Philo les abaissa dans sa dic- nouvelle famille noble, La noblesse
tature t 11 fit trois lois qui leur furent une fols acquise était Indépendante de
très préjudiciables. (M at M,) l'état do fortune t elle né pouvait se
8, Los lois Lioiniennes (866) ont perdre que par suite d'une condamna»
une Importance capitale au point de Hon infamante, Lo sénat qui était
de l'égalité politique, Cependant
vue oonquéies presque entièrement composé d'an-
les de la plèbe ne se bor-
1
ciens magistrats était donc comme
nèrent pas au partage du consulat. l'élite de lu noblesse»
CHAI'ITIU', VIII 73
f>our ollos le sénat qui on étoit composé. Mais, comme
es moeurs anciennes n'étoiont plus, que des particu-
liers avoient des richesses immenses, et qu'il ost
impossible que les richesses ne donnent du pouvoir,
les nobles résistèrent avec plus de force que les patri-
ciens n'avoient fait ; ce qui fut cause de la mort des
Gracques et de plusieurs de ceux qui travaillèrent
sur leur plan.
Il faut quo je parle d'une magistrature qui contribua
beaucoup à maintenir le gouvernement do Romo : co
fut cejle des censeurs 4. Ils faisoientlo dénombremont
du peuple; et do plus, comme la force de la répu-
blique consistoit dans la discipline, l'austérité des
moeurs et l'observation constante de certaines cou-
tumes a, ils corrigeoient les abus que la loi n'avoit
pas prévus, ou que le magistrat ordinaire ne pouvoit
pas punir 8. Il y a de mauvais exemples qui sont piros
que les crimes j et plus d'Etats ont péri parco qu'on
a violé les moeurs que parce qu'on a violé les lois. À
Rome, tout ce qui pouvoit introduire des nouveautés
dangereuses, changer le coeur ou l'esprit du citoyen,
et en empêcher, si j'ose me servir de ce terme, la
perpétuité, les désordres domestiques ou publics,
étoient réformés par les censeurs : ils pouvoient chas-
ser du sénat qui ils youloient, ôter à un chevalier le
cheval qui lui étoit entretenu par le public *, mettre
1. Go fut on 443 quo la oonsuro fut tumos ot a l'austérité dos moeurs quo
Instituée par los patrfolons qui, obligés lo vieil Ennius attribuait la grandour
do partager lo consulat nvoo los plé- romalno i Moribus anliquii stat res ro-
bélons, voulurent du moins lui onlo- marin virhjut,
vor uno dos prorogatives consulaires, 3. On pout voir oommo ils dégra-
Las doux oonsours étaiont élus par los deront ooux qui, apràs la batailla do
comices conturiates tous las cinq ans | Cannos, avolont été d'avis d'obondon-
mais ils no rcstalont on fonction quo nor l'Itallo | ooux qui s'étoiont rendus
dix-huit mois, au bout dosquols ils à Annlbal | ooux qui, par uno mauvaise
abdiquaient. — Montosquiou omet uno interprétation, lui avolont manqua do
do lours prinoipalos attributions, lo parole, (N. de M.)
droit do drossor la llsto dos sonatours, 4. Los chevaliers (équités) n'étalont
avoo l'obligation, il ost vrai, do choisir pas soulomont los citoyens qui sor»
los nouvoaux mombros d'abord parmi valent dans la oavalorlo aveo un cho-
los anoions magistrats ourulos, los vol fourni par l'état (emio publico), mois
quostours, los édiles plôbôions ot les tous ooux qui possédaient lo oons re-
tribuns. quis pour lo ueryloa dans l« oavalorlo,
U. C'est a l'observation do oos oou-
74 GIWNDBUR HT DÉCADBNCU DR8 ROMAINS
un citoyen dans une autre tribu, et môme parmi eeux
qui puyoiont les charges de la ville sans avoir part à
ses privilèges 4.
M. Livius nota a lo peuple môme; et de trente-cinq
tribus il on mit trente-quatre au rang de ceux qui
n'avoienl point de part aux privilèges de la ville s
« Car, disoit-il, après rn'avoir condamné, vous m'avez
fait consul et censeur ! il faut donc que vous ayez pré-
variqué une fois, en m'infligoant une peine, ou deux
fois, on mé créant consul et ensuite censeur. »
M. Duronius, tribun du peuple, fut chassé du sénat
pur les censeurs, parce que pendant sa, magistrature
il avoit abrogé la loi qui bornoit les dépense? des
festins.
G'étoit une institution bien sage. Ils ne pouvoient
oter à personne leur magistrature, parce que cela
auroit troublé l'oxercice de la puissance publique 8 ;
mais ils faisoient déchoir de l'ordre et du rang, et ils
privoient, pour ainsi dire, un citoyen de su noblesse
particulière. '

Servius Tullius avoit fait la fameuse division/ par .

centuries que Tite Live et Denys d'Halicarnasse nous


ont si bien expliquée 4. H avoit distribué cent quatre-

1. Cela s'appololt i « /Erarkm ali~ qui. augmentant aveo la conquête at-


» qutm
factre, aut In Cxrhum tabulas telgntront, en 241, lo ohiffro définitif
» referrs. » On
étolt Dits hors de sa dé 35. — La division en classes et on
oontiulo, et on n'avoit plus de droit do centuries reposait sur l'état de la for-
suffrage {N, de il,) tune iramobillùro des oltoyens, ot dé-
2. La nota était uno marque d'igno- rivait do la nécessité pour tous les ci-
nilnta dont las eonsuurs flétrissaient toyens de contribuor aux ohargos de
certains citoyens, Mais cotte nott l'Etat. Selon lus résultats du cens,
n'avait d'oiïot que pondunt oinq ans, tous les propriétaires et Als do pro-
o'oat-à-dlro jusqu'à la oonsure sui- priétaires fondera étalent inoorporés
vante dans les 5 classes dont se composait
3. La dignité de sénateur n'était pas l'armée. Ces cinq classes comprenaient
une magistrature. (N, d* if,) 102 centuries, centuriaejuniorum et oen-
4. Tout oo passago eat peu olalr, turiae sentormn par parties égales. Il
Montesqulou n'a pas fait la dlstinotlon faut y ajouter une dernière conturte
capitale ot nécessaire ontre les tribus complétant lo nombre do 103, laquelle
et lus classes, La tribu do Servius Tul- comprenait les capite censf, c'est-à-dire
lius était uno circonscription territo- eeux qui ne possédant rlon, no comp-
riale comprenant tous les habitants, taient quo pour leur tôloj ceux que
pntrtolens et plébClena.> Il y eut les Montesquieu appelle le bas peupla,
tribus urbuints puis les tribus ruttiquts
CIIAPITIIK VIII 7B

vinfçts-treizo centuries en six classos, et mis tout lo


bus pouple dans la dernière centurie, qui forrnolt
soûle la si/.iôme classe. On voit que cotte disposition
oxcluoit le bas peuple, du suffrage, non pas de droit,
mais do fait. Dans la suito on régja qu'excopté dans
quolquos cas particuliers on suivrait dans les Suffrages
la division par tribus '. Il y en avoit tronto-cinq qui
donnoient chacune lour voix, qualro de la villo et.
trento et une do la campagne, Los principaux citoyens,
tous laboureurs, entrèrent naturellement dans les tri-
bus ,de la campagne et celles de la ville reçurent lo
5
bas peuple, qui, y étant enfermé, influoit très pou
dans les affaires a ; et cola étoit rogardé comme lo
salut de la république. Et quand Fabius remit dans
les quatre tribus de la villo lo menu peuple, qu'Appius
Claudius avoit répandu dans toutes, il en acquit le
surnom de très grand. Los censeurs jotoient les yeux

tous les cinq ans sur la situation actuelle de la répu-
blique, et distribuaient de manière 8 le pouple dans ses
diverses tribus que les tribus et les ambitieux no
pussent pas se rendre maîtres des suffrages, ot que
le peuple môme ne put abuser de son pouvoir.
Le gouvernement de Rome fut admirable en ce que,
depuis sa naissance, sa constitution se trouva telle,
soit par l'esprit du peuple, la force du sénat, ou l'au-
torité de certains magistrats, que tout abus du pouvoir
y pût toujours être corrigé *.

1. Il faut distinguer lo voto par cen- que, En latin, au contraire, ot la oon-


turies ot lo voto par tribus (conutia cen- struotlon do Montesquieu ost loi onooro
turinta ot comilia tributa), voir note 3, uno oonstruotion latlno, on séparait
pngo 71. prosquo toujours par un ou pluslours
U, Chez les Romains comme ohoz mots ita ot "l.
nous, lo poupin do In capitale faisait 4, Ainsi los différents magistrats ot
soûl los révolutions. Or, dans les votos lo sénat volllalcnt au maintien do
pur tribus, la plibo ne disposait quodo l'ordre'ot dos principes du gouvorno-
H voix, puisqu'ollo était répartio dans mont. Do plus, los magistrats on
los quatro tribus urbaines, Los pay- charge pouvaient, en vortu do la con-
sans ou fcrmloi'R disposaient do 31 stitution, étro poursuivis devant lus
vols ot Ils nnnllillolont ainsi la plebo tribunaux ordinaires, Mais, de fait,
romnino. tous los magistrats rovfltus do l'impe-
3, C'ost la uno construction archaï- rium étaient irrosponsablos tant qu'Us
que, Il no faut pas séparer de manière étaiont on aotlvitâ; et surtout la cou-
que, a moins d'dorlro de telle manière... tume ot l'opinion so mlront d'aooord
76 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
Cartilage périt, parce que, lorsqu'il fallut retran-
cher les abus, elle ne put souffrir la main de son
Ahnibal même. Athènes tomba, parce que ses erreurs
lui parurent si cloutes, qu'elle ne voulut pas en guérir.
Et parmi nous, les républiques d'Italie, qui se vantent
de la perpétuité de leur gouvernement, ne doivent se
vanter que de In. perpétuité de leurs abus aussi $
n'ont-ell^s pas plus de liberté que Romô n'en eut du
temps des idécemvirs.
Le gouvernement d'Angleterre{ est plus sage,
parce qu'il y a un corps 2 qui l'examine continuelle-
ment, et qui s!exarqine continuellement ^lui-même ; et
telles sont ses erreurs qu'elles ne sont jamais; longues,
et que, par l'esprit d'attention qu'elles donnent à In
nation, elles sont souvent utiles. Il
En un mot, un gouvernement libre, c'est-à-dire tou-
jours agité, ne sauroit se maintenir, s'il n'est par ses
propres lois capable de correction.
CHAP, IX, — Deux causes de la perte de Rome./

Lorsque la domination de Rome étoit bornée dans 3


l'Italie, la république .pouyoit facilement subsister.
Tout soldat étoit également citoyen ; chaque consul
levoit une armée ; et d'autres citoyens alloient à la
5

guerre sous celui qui succédoit. Le nombre de troupes


n'étant pas excessif, on avoit attention à ne recevoir
dans la milice que des gens qui eussent assez de bien
(

pour le» oxomtor dea pouvsultos loxto primitif dans un erratum do la %"
judiciaires, M «in, une fols sorti do, édition do 1734,
charge, lu mogjstrat vodovonalt simple 2. Lo Pnrlomont.
alloyonot pouvait ôtro'poursuivi doua I), Cette expression BO ronoontro,
différents chefs prévus par la loi, mais elle est moins fréquente que être
1, Montesquieu n'a Jamais dlssl- bornée It, qui a prévalu,
uiillô sng sympathies pour lo gouver- 4. Jusqu'il Marlus, la République
nement anglais, Aussi dans ivsdltlun no connut pas les arnio;s permanentes,
do 1794 uvolt-il écrit.' Lenoiwernement Ln'lovuo Défaisait au moniont d'entrer
d'Angleterre est un îles plus suges de un oampngne, L'offoutlt du contingent
l'Europe, Mali) le* relation* outra las était llxé par lo sénat, mais lo» consuls
doux pays déjà tondues h cette opoqtio «ouïs pouvatont convoquer le* tribun
firent <|Uo oo passage gpulova dus pro- on armoB.
testation») et Montesquieu modifia (o
CHAPITRE IX 77
f>our avoir intérêt à lu conservation de la villo {. Enfin
e sénat voyoit de près la conduite des généraux et
leur ôtoit la pensée de rien faire contre leur devoir.
Mais lorsque l.es légions passèrent les Alpes et la
mer, les gens de guerre, qu'on étoit obligé de laisser
pendant plusieurs campagnes dans les pays que l'on 4

soumettoit, perdirent peu à peu l'esprit des citoyens ;


et les généraux, qui disposèrent des années et des
royaumes, sentirent leur force, et ne purent plus obéir.
Les soldats commencèrent donc à ne connoître que
leur/ général, à fonder sur lui toutes leurs espérances,
et à voir de plus loin la ville a. Ce ne furent plus les
soldats de la république, mais de Sylla, de Marius, do
Pompée, de César °> Rome né put plus savoir si
celui qui étoit à la tête d'une armée, dans une pro-
vince, étoit son général ou son ennemi.
Tandis que le peuple de Rome ne fut corrompu
K

que par ses tribuns, à qui il ne pouvoit accorder que


sa puissance même, le sénat put aisément se défendre,

1. Les affranchis ot ceux qu'on ap- avait dans oolto mauure touto uno ré-
Îielolt « cnpite censl », paroo quo nyant volution. Jusqu'alors on n'avait onrôld
tbë pou do blonds n'otolonttaxds quu quo dos hommos qui possédant quoique
pour lour tête, ne furent point d'abord bien, laissaient a la république un
enrôlât) dan» la milloo do terre, oxooptâ gogo dn fldélltd. Sous to» drapeaux,
dans lu» O&H prossants. Sorvlus TIIUIUM cas soldats restaient oltoyons. Quand
los nvolt ml» dans la sixième olasso, Marias ont donna dos armas n In popu-
et on no pronolt dos soldat» quo dans lace, lo sorvloo mllttalro, au liuu d'olra
les olnq premières, Mais Marins, par- un devoir civique, devint un nidtlor,
lant oontroJugurtha.onrôlalndlITdrom- et los pauvres qui, a la vlllo, vendaient
tnont tout lo monde. « Milites swibere, tours votas, au oamp, vendirent lour
» dit Salltista, noii mon majorum, neque courage, Durant quatre-vingts ans,
» classions, sed ut'i cujusque libido «rut, las logions no seront plus los armdos
tapite cenios plerosque, » {De bello Ju*
tgitrtL, olinpttro LXXXVl.) do In république, mais eolles dos oliofs
Ilomarquoi! qui sauront les acheter pnr l'Indisci-
quo, dans la division par tribus, ooux pline, lo butin ou la.gloire (107).
qui dtolont dans las qtiatro tribus do (Dutuy, Illst, des Romains, II.)
la vlllo dtolont a pou près los mdmos 't, Tandis que était omployd autre- '
quo ooux qui, dans la division par fols pnrallèlomant a timt que ot dans lo
oouturlas, dtolont dans la ulxlomo mémo sous :
classe. {N, de M,) Tandis que vous vlvrei, le soit qui lou-
2. Urbs, Horao, {jours change
3. Marins, ou substituant los armdos /V« cou» a point promis un bonheur sans
permanentes aux armdos citoyennes, {mélttnge,
oommonua aetto transformation. « Il (Uaelno, Iphigduit, I,1.)
ouvrit los ldglone aux proldtalres. 11 y
78 GRANDEUR ET DECADENCE DBS ROMAINS

parce qu'il ugissoit constamment 4


', au lieu que la
populace passoit sans cesse de l'extrémité de la fougue
à 1 extrémité de la foiblesse. Mais quand le peuple put
donner \ ses favoris une formidable autorité au
dehors, toute la sagesse du sénat devint inutile et la
république fut perdue,
Ce qui faits que les Etats libres durent moins que
les autres, c'est que les malheurs et les succès qui leur
arrivent, leur font presque toujours perdre la liberté ;
au lieu qùe'les succès et les malheurs d'un Etat où le
peuple est soumis confirment également sa servitude.
Une république sage rie doit rien hasarder qui l'ex-
pose à la bonne ou à la mauvaise fortune si le.seul
1

bien auquel elle doit aspirer, c'est à la perpétuité de


son état K J ,'.'.'.
Si la grandeur de l'empire perdit la république, la
grandeur de la ville ne la perdit pas moins 8.
Rome avoit soumis tout l'univers avec le secours
des peuples d'Italie, auxquels elle avoit donné(en dif-
férents temps divors privilèges *.. La plupart de ces
peuples ne s'étoient pas d'abord fort souciés du dttoit
1, Constamment dans lo sens do avec le pied d'égalité t ainsi s'était formée
commue» était très employé au xvud et la fédération latin» dont los membres se
au XVIII» slèolo t ' reconnaissaient entre eux la faoulté
Préptirons-nou» h montrer constamment d'aoquérir (commirctum), de contracter
Ce que doit un» amant» h la mort d'un mariage d'une olté & l'autre (connubium)
[amant, et mémo d'éohanger un droit do cite
iGornolIlo, Horac»,\Vt 4.) contro un autre en changeant do rési-
'Lui nous supprimerions dence dans toute l'étendue du terri-
lo second h t o'tst ta perpétuité de son toire fédéral. Ce droit fut amoindri
état (Ha^'ou, Or, //,, § 703, rem,). plus.tard et devint le jus Latii octroyé
H, H faut ontorçdre cou mots i em- aux villas do provlnoe. Ainsi il ne
pire, république, la vlllt, dans le son» comportait pas le connubium aveo les
dos mots latins t imperium romanum, citoyens romains) et la faculté d'ac-
res publica, civilas, Lo promler désigne quérir lo droit do olté en ohangoant de
l'universalité dos.pays soumis a la 'résldonoo n'était accordée qu'a ooux
domination romalno t lo second l*état,le qui avalant exercé une magistrature
gouvornomonti lo troisième désigne municipale ou fait condamner un ooa-
proprement los droits du citoyen et ousslonnalroiLeyi(«/<rtW«umétait aocor-
Ear/extension la totalité dosoltoyons, dé a uno collectivité et non & une per-
a suite Indiqua clairement que Mon» sonne Il assimilait las vlllos qui l'ob-
tosqulou entend parler do l'oxtenslon tenaient aux vlllos do l'Italie untflda
du droit do olté. après In guerre sociale i los personnes
4. Jus Intii, lu» Italiotjm, (N, de M,) y étaient exomtas de la oupltntlon, et
Los villes voisines do Rome, valroues lo sol de l'Impôt foncier.
•t soumises, avalent traité, en 401), sur
CHAPITRE IX
79
de bourgeoisie chez les Romains ; et quelques-uns
aimèrent mieux garder leurs usages '. Mais lorsque
droit fut celui de la souveraineté universelle, qu on
ce si l'on n'étoit citoyen romain,
ne fut rien dans le monde
étoit tout, les peuples d'Italie
et qu'avec ce titre on Romains pouvant
résolurent de périr ou d'être : ne
venir à bout leurs brigues et par leurs prières,
en par ils révoltèrent dans
ils prirent la voie des armes ; J se
cAté qui regarde la mer Ionienne; les autres
tout ce obligée do combattre
alliép alloient les suivre. Rome,
qui étoient, pour ainsi dire, les mains
contre ceux l'univers, étoit perdue;
lesquelles elle enchaînoit
avec murailles elle accorda
elle alloit être réduite à ses :
droit désiré aux alliés qui n'avoient pas
ce tant elle l'ac-
d'être fidèles 3 et peu à peu
encore cessé ;
corda a tous. ville dont le
Pour lors, Rome ne fut plus cette
peuple n'avoit eu qu'un même esprit, un même amour
liberté, même haine pour la tyrannie; oïl
pour la une
pouvoir du sénat et des prérogatives
cette jalousie du n'étoit qu'un
des grands, toujours mêlée de respect,
l'égalité. Les peuples d'Italie étant devenus
amour de
1. LesËquos dteolont dans lotira as- ot pour aux la conquête du monde,
semblées i (i Ceux qui ont pu choisir Leurs réclamations no furent pas en-
préféré leurs lofa au droit do In tendues. Do la naquit la guerre soi iule,
ont né- la plus torrlblo quo Romo eut a soute-
cltd romaine, qui a éid tn\o peine n'en nir, ïîllo coûta a l'Italie plus do
cessaire pour coux qui n'ont pu 800.000 hommes.
défendre.» (Tito Llvo,llv, IX, ah. XLV.)
3. La loi Jultu accorda le droit do cité
(N. de W.) villes restées
3, Un dépit dos prlvllbgofl nooordéB a tous las habitants des Rome, dans
plus
11 n'y out bientôt fldblas qui vlondralont u
aux Italiens, délai du iiolxunto jours, déolarur
dans la pénlnsuld quo doux grandes un
devant la préteur qu'Us acceptaient las
divisions i lus ottoyons Romains et coux droits ot loscharges Awjiis dvitnth (00).
qui no l'étaient pas. Homo avait pou « La loi tPliituin Ptmirla étendit los béné-
oublia ses promossos ut sou trai-
pou Ignavissiml homiiics,
ver tummum fices do la loi Julln atouslcshabltuuts '
tes i du» vlllos fédoi'èotfi depuis lo Pu Jus-
seclus, omnfo eu eociis udîiiïtre qhae fov- qu'au détroit do Messine, aux condi-
Itssimi vM vicions hostibiti ralliiumtiU tions suivantes i iMu est civittts,,, si
(Bolluste, Gntll. XII). Gommo lu titre fuis-
do oltoynn romain conférait dos droits qui feedenttis ddlutibni adscriptt Italia
sent! si lum cuin les ferèbutur, in
considérables, tous las Latins vou-
doiïiclUum habituentt ti texaelnta dk-
lurent la posséder, Ils y avalent droit bus upud praetorm usent profetti, (Clo
d'ailleurs t Ils avalent la môme origine
les Romains, la mémo organisation Pro Archia, 4),
' que
militaire, «t Us avalent fait avec eux
80 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS

ses citoyens, chaque' ville y apporta son génie, ses


intérêts particuliers, et sa. dépendance de quelque
grand protecteur *, La ville déchirée ne forma plus
un tout ensemble ; et comme on n'en étoit citoyen que
par une espèce de fiction, qu'on n'avoit plus les mêmes
magistrats, les mômes murailles, les mêmes dieux, (les
mêmes temples, les mêmes sépultures, on ne vit plus
Rome des ipémes yeux, on n'eut plus le môme amour
de la patrie^ et les sentiments romains ne furent plus 2.
Les ambitieux firent yenir à Rome des villes et des
nations entières pour.troubler les suffrages 3 ou se
les faire donner} les assemblées furent de véritables
conjurations on appela comices une troupe de
5
quelques séditieux ; 1 autorité du peuple, ses lois, lui-
môme, devinrent des choses chimériques et l'anarchie 5
fut telle, qu'on ne put plus savoir si le peuple avoit
fait une ordonnance, ou s'il ne l'avoit point faite,
On n'entend parler, dans les auteurs, que dps divi-
sions qui perdirent Rome; mais on ne voit pas quo
ces divisions y étoient nécessaires, qu'elles y avoiènt
toujours été et qu'elles y dévoient toujours être, Ce

1, Qu'on s'Imaglno ootto této mons- los débauches, ot par la fainéantise qui
trueuse dos poupleB d'Itallo, qui, par H'Introdulanit, Ceux qui so trouvaient
le suflYtigo do ohnquo liommo, condul- ruinés u'avnlont do ressources quo
solt lo rosto du moiulo, {N. de M,) dans loe séditions, ot on tout oas sa
3, Bosauot a dit I « Uomo, énulséu souoialont pou quo tout pérît avoo eux...
par tant do guerres olvlloa, se (lt tnut Los grands ambitieux, otlosmlaérablos
do nouveaux citoyens, ou pat brigue
1
qui n'ont riou a pordro, elmont tou-
ou par raison, qu'a peine pouvalt-ollo jours la changement, Cos doux gonres
sa l'oaonnaltro ello-mômo parmi tant do oltoyons prévalaient dans llomoi
d'dtrungors qu'elle avait naturallBés, ot l'état mitoyen, qui soûl tlont tout
Lo sénat KO remplissait do barbaros | on balance doua les Etats populaires,
lo sang romain BO môlulti l'amour do 'étant lo plus faible, il fallait quo la ré-
la patrie, par loquol Homo s'était élovéo publique tombât, » {Dtscoun sur l'Hht,
au dosaus do tous los peuples du universelle, 3* partlo, ohapltro VU.)
mondo, n'était pua naturoi a ooa ci- 8, Loa nouvoaux oltoyons furont
toyens vonua du dehors t ot loa autros d'abord répartis on 8 tribus nouvolloa,
BO gatalont par lo mélange. Los
parti* selon Volléius Pateroulus) 10, eolon
cHiliora ao multlplialont avoa ootto pro- Applon. Mais après Bylla, Ils furont
dlglouao multiplicité de cltoyona nou- versés dans los 85 tribus anolonnoa, A
veaux., ot los esprits turbulonts y moins quo l'on n'admotto, avoa Nlo-
trouvaient du nouveaux moyen» do buhr, quo los Italiens avalent été tout
brouiller ot d'ontroprendro. d'abord simplement répartis dans
n Gopendant lo norabro des pauvres 8 dos anolonnoa tribus,
s'augmentait sans fin par lo luxe, par
CHAprrniî ÏX 81
fut uniquement la grandeur do la république qui fit \o
mal, et qui changea en guerres civiles les tumulte»
populaires. Il falloit bien qu'il y eût à Rome des divi-
sions : et ces guerriers si fiers, si audacieux, si ter-
ribles au dehors, ne pouvoient pas être bien,,modéré8
au dedans. Demander, dans un Etat libre, des gens
hardis dans la guerre et timides dans la paix, «'est
vouloir des choses impossibles; et, pour règle géné-
rale, toutes les fois qu'on verra tout le monde tran-
quille dans un état qui se donne le nom de république,
on peut être assuré que la liberté n'y est pas.
Ce qu'on appelle union, dans un corps politique,
est une chose très équivoque ; la vraie 1 ost une union
d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque
opposées qu'elles nous paroissent, concourent au bien
général de la société, comme des dissonances dans la
musique concourent à l'accord total. II peut y avoir
de l'union dans un état où on no croit voir que du
trouble, c'est-à-dire une harmonie d'où résulte le
bonheur, qui seul est la vraie paix. Il en est comme
des parties de cet univers, éternellement liées par l'ac-
tion des unes et la réaction des autres 2.
Mais, dans l'accord du despotisme asiatique 3, c'est-
à-dire de tout gouvernement qui n'est pas modéré, il
y a toujours une division réelle. Le laboureur, l'homme
de guerre, le négociant, le magistrat, lo noble ne sont
joints '•que parce que les uns oppriment les autres
sans résistance} et si l'on y voit de l'union, ce no
sont pas des citoyens qui sont unis, mais des corps
morts ensevelis les uns auprès des autres.
Il est vrai que les lois de Rome devinrent impuis-

1. IJ'upras l'usage) aotuol, il faudrait 4, Nous employons ordtnairoment


t'âpdtof la substantif t l'union vrai». , joindra au sons physique, et unir au
2, Tout oo passage ost imité do CI- sons moral. Au xvn» sloolo, on oin
oéron (De lttput>Ueat 11, oh. XLI). ployait Indifféremment l'un ou l'autre,
!t. Lo mot attaliqu» no no trouvo pat) Cf. I
(lotis In première édition. Montesquieu Mais et Utn du sang qui nous joignait
l'ajouta dans Yen aluni do la 2» édition [tous deux
de 1734, pour ménager las susceptibi- Iïcamit Claudius d'vn lit iimestutux,
lités qu'il avait mlsos en évoll, llrilannicus, IV, 3.)
82 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
santés pour gouverner la république; mais c'est une
chose qu'on a vue toujours, que de bonnes lois, qui
ont fait qu'une petite république devient grande, lui
deviennent à charge lorsqu'elle s'est agrandie s parce
qu'elles Soient telles que leur effet naturel étoit d«»
faire un grand peuple, et non pas de le gouverner.
Il y a bien de la différence entre les lois bonnes et
lès lois convenables; celles qui font qu'un peuple se
.

rend maître des autres et celles qui maintiennent sa


puissance Iorsqu'ill'a acquise.,
Il y a à présent dans le monde une république que
personne ne connoît*, et qui, dans le secret et le
silence, augmente ses forces chaque jour. Il est cer-
tain que, si elle parvient à l'état de grandeur oii sa
sagesse la destine, elle changera nécessairement ses
lois; et ce ne sera point l'ouvrage d'un législateur,
mais celui de la corruption même.
Rome étoit faite pour s-agrandir et ses lois étoient
admirables pour cela. Aussi, dans quelque gouverne-
ment qu'elle ait été, sous le pouvoir des rois, da^is
l'aristocratie, ou dans l'Etat populaire, elle n'a jamais
cessé de faire des entreprises qui demandoient de la
conduite a, et y a.réussi. Elle ne s'est pas trouvée
plus sage que tous les autres Etats de la terre en un
jour, mais continuellement; elle a soutenu une petite,
une médiocre, une grande fortune, avec la même
supériorité, et n'a poW eu de prospérités dont elle
n'ait profité, ni de malheurs dont elle ne se soit servie.;
Elle perdit sa liberté parce qu'elle acheva trop tAt
son ou"vage 8.

Le ctmton do Berno. (N, (te M.)


1. un grand poupla, et non pas do le
2. C'est-a-dlro do l'esprit do suite ot gouverner, C'est dono, d'ttprôs lui,
do la sagosso. 6 sus loin marnes qu'ollo dut la porta de
3/ Lit aonquôta du monde. Mais
sa llljorto, otnon pas au plus ou moins
Montesquieu vient do dira que l'effet do temps qu'elle mit a conquérir 1*
naturel dos loi» do Rome était do foire monda.
CHAPITRE X 83

CHAP. X.
— De la corruption des Romains.
Je crois que la secte d'Epicure 1, qui s'introduisit à
Rome sur la fin de la république, contribua'bcnu:oup
à gâter le coeur et l'esprit des Romains a. Los Grecs
en avoient été infatués 8 avant eux : aussi avoient-ils
été plutôt corrompus. Polybe nous dit que, de son
temps, les serments ne pouvoient donner de la con-
flanpe pour un Grec, au lieu qu'un Romain en étoit,
pour ainsi dire, enchaîné *.
Il y a un fait, dans les lettres de Gicéron a Atticus,
qui nous montre combien les Romnins avoient changé
à cet égard depuis le temps de Polybe.
« Memmius, dit-il, vient de communiquer au sénat
l'accord que son compétiteur et lui avoient fait avec
les consuls, par lequel ceux-ci s'étoient engagés de &

les favoriser dans la poursuite du .consulat pour l'an-


née suivante; et eux, de leur côté, s'obligeoient de
payer aux consuls quatre cent mille sesterces e, s'ils
1. Eplouro, philosopha grec né & 3. Etvmologlquomont être infatué
Gargutlos (Alllquo), v<5o»t do 841 ô. d'una ohoso, a'est s'y atlaohor d'uno
27(1 av. J.-G. Il ont l'autour d'un sys- mnuléro folle Ifatmis), s'au ongouar
tème philosophique) qui so résume on rUllatilumoiit i être infatué 'e ton propre
co» mots i vivre conformément h la na- mérite. Pénolon t Nous lommet infatué»
turo, Sans nior la divinité, il préten- du monde,
dait quo las dloux nos'ocoupalcnt nul" 4. « Si vous prêtez aux Orecs un ta»
lomutit du monda i o'ast la négation de tant, aveo dix promosses, dix oautlotia,
lu Provldonoo, ot par la mémo, commo autant do témoins, il ost impossible
oonséquanco dtrooto, l'athétsmo pra- qu'ils gardant lotir fol | mais, parmi
tiqua. Il cherchait la bonhour dans los los Romain», soit qu'on dolvo rendra
sontlmonts st las joulssancos oalmos, conipto dos donlore publics ou da coux
proscrivant totito passion vtolonto, dos particuliers, on est fldôlo, a causa
comme aontralra a In nnturo. Sas dis- du serment quo l'on a fait. On a dona
ulplas furent plus logiques, ot dans la sagement établi la oralnto des onforsi
langago ordlnalro épicurisme ont syno- et c'est sans raison qu'on la combat
uyma do matérialisme. Co fut Luorooo aujourd'hui. » (Polybe, Hv. VI, chap.
mit fit oonnaître ootto dootrlna aux LVI.) IN. de M.)
liomalns dans son De rerum iiiitum, 5. Nous disons s'enaager h, Autre-
2. Gynéas (ou plutôtClnéas) on ayant fois on omployait indifféremment las
discouru a la tabla do Pyrrhus, l'abrl- doux constructions. Do mémo pour
otus souhaita qua los onnomls do Homo s'obliger, un pou plus bai,
pussent tous prendra las principes 0, J.o sesterce était una monnalo d'ar-
d'une parollla socto, (Plutarqua, Vie gent. C'était lo quart du denttrius, uni-
de Pyrrhus.) (N. d» if.) té monétaire pour lei monnaies d'ar-
84 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS

ne leur fournissoient trois auguros qui déclareroient


qu'ils étoient présents, lorsque le peuple avoit fait la
loi curiate *, quoiqu'il n'en eût point fait, et deux con-,
suaires qui affirmerôient qu'ils avoient assisté à la 1

signature du senatus-consulte qui régloit l'état de leurs


provinces, quoiqu'il n'y en eût point eu. » Que de
malhonnêtes gens dans un seul contrat! i
Outre qu'e la religion est toujours le meilleur garant
que l'on puisse avoir des moeurs des hommes, il y
avoit ceci de particulier chez les Romains, qu'ils,
rnêloient quelque sentiment religieux à l'amour qu'ils
avoient pour leur patrie, Cette ville, fondée sous les
meilleurs auspices ; ce Romulus, leur roi et leur dieu ;
ce Gapitole, éternel comme la ville} et la ville, éter-
nelle comme son fondateur, avoient fait autrefois sur
l'esprit des Romains une impression qu'il eût été a
souhaiter qu'ils eussent conservée a.
La grandeur de l'Etat fit la grandeur des fortunes
particulières. Mais, comme l'opulence est dans les
moeurs, et non pas dans les richesses, celles dés
Romains, qui ne laissoient pas^'avoir des bornes,
produisirent un luxe et des profusions qui n'en avoient
f)oint 3. Ceux qui avoient d'abord été corrompus par
eurs richesses, le furent ensuite par leur pauvreté.
Avec des biens au dessus d'une condition privée, il
fut difficile d'être un bon citoyen ; avec les désirs et

gont. Lu sosteroo, h l'époquo do Cloé- auctom, ta btllt glorin lit populo J?o-
ron, valait 0 fr. 22, 400.000 sostoroos maho} ut cutnl tuum condltonsquo ail
équivalent donc n 88,000 fr. parenlm Martm potitiimum ferai, tam
1. La loi cur'mtô donnolt la puis- et hoo géiitti htimanae pattantur aequo
sance militaire, ot lo ténatut-eoniuUe nnimo, quam imperlum patiuntut'. » (Pré-
réglolt lot) troupos, l'argent, Ion offi- faoo.)
ciel'», que dovolt avoir la gouverneur i 3. La pensdo do Montesquieu ost
or, lus consuls, pour quo tout cola fût très juste, mats présentée sous oetto
faltii leur fantalnlo,voulolontfabriquer forme antithétiquo,olld ost pou olalro.
uno fausse loi ot un faux sdnatHS- Opulence opposée loi a richesses désigne
COHSUUO. (JV. de AfA non pas l'abondance dos biens, mais
2. Los poètes du «look d'Auguste la grandeur des dépenses, Doponser
ohantalont oneoro los origine» divines beaucoup ost l'idéal do oortalnos gens,
do Homo, mais ils n'y oroyalont guère. ot ainsi ils se montrent opulents sans
Nous avons sur oo point fnv.ou do Tito s'inquiéter si ltmrs rloliossim y suffis
Livo t tt Et si cul populo llctrt oporttt ront. C'est le cas de César à Rome,
tontterart originel tuai tt ad Dtot rtftrrt
CHAPITRE XI 85
les rogrots d'une grande fortune ruinée, on fut prêt à
tous les attentats; et, comme dit Salluste *, on vit une
générution de gens qui ne pouvoient avoir de patri-
moine, ni souffrir que d'autres en eussent.
Cependant, quelle que fût la corruption de Rome,
tous les malheurs ne s y étoient pas introduits ; car la
force de son institution avoit été telle, qu'elle avoit
conservé une valeur héroïque, et toute son application
à la guerre, au milieu des richesses, de la mollesse et
de la volupté ; ce qui n'est, je crois, arrivé à aucune
nation du monde.
Les citoyens romains regardoient le commerce 2 et
les arts comme des occupations d'esclaves i ils ne les
exerçoient point. S'il y eut quelques exceptions, ce no
fut que de la part de quelques affranchis, qui conti-
nuoient leur première industrie. Mais, en général, ils
ne connaissoient que l'art de la guerre, qui éloit la
seule voie pour aller aux magistratures et aux hon-
neurs 3. Ainsi les vertus guerrières restèrent, après
qu'on eut perdu toutes les autres.

CHAP. XI. — De Sylla. — De Pompée et de Cdônr.

Je supplie qu'on me permette de détourner les


yeux des liorreurs des guerres de Marius et de Sylla
on en trouvera, dans Appian 4 l'épouvantable histoire.
Outre la jalousie, l'ambition et la cruauté des deux
chefs, chaque Romain étoit furieux; les nouveaux
citoyens et les anciens ne se regardoient plus comme

1. « n'otoiout pas du nombro des oltoyons,


Ut mérite dleatur genltoi eut, qui
« née lpt1 habere poistnt res familiarts(Donys' d'Halloarnnsso, Hv. II | idem,
« me alios pâli. » (Fragment do 17/i's- llv. IX.) {N. de lit.)
tolrè de Salluête, tiré du livra De la 3, Il fnllolt avoir sorvl dix années,
titi dt Dieu, llv. II, ohnp. XV11I. <JV.ontro l'ilgo do soliso ans et oolul do
de XI.) quaranto-sopt, Voyou Polybo, llv. VI,
2, Romulus no povmlt quo doux olinp XIX. \N. de M.\
aortes d'exofôiooB aux gons libres, 4. Appian, ou plutôt Applun, nvooat
l'agriculture et la guerre Les mar- romain d'Alexandrin, dorlvlt uno hls-
chanda, lo« ouvrlors, ceux qui tonoicmt tolro romaine on groo (u* slùolo après
une maliott da louage, loi oabaretlers,
86 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
les membres d'une même république, et Ton se fai-
soit une guerre qui, par un caractère particulier, étoit
en même temps civile et étrangère V
Sylla fit des lois très propres à ôter la cause des i

désordres que l'on avoit vus. ! elles augmentaient l'au-


torité du sénat, tempéroient le pouvoir du peuple,
régloient celui des tribuns. La fantaisie a qui lui fit
quitter la'dictature sembla rendre la vie à la répu-
blique ', rriais, dans la fureur de ses succès il avoit fait
des choses qui mirent Rome dans l'impossibilité de
conserver sa liberté. '
Il ruina, dans son expédition d'Asie, "toute la dis- .

cipline militaire; il acoutuma son année aux rapines,


et lui donna des besoins qu'elle n'avoit jamais eus; il
corrompit une fois 3 les soldats, qui dévoient dans la
suite corrompre les capitaines.
Il entra dans Rome à main armée, et enseigna aux
généraux romains à violer l'asile de la liberté *.
Il donna les terres des citoyens aux soldats 8, et il
les rendit avides pour jamais} car, dès ce moment[ il
n'y eut plus un homme de guerre qui n'attôndît une
occasion qui pût mettre les biens de ses concitoyens
entre seo mains. -
Il inventa les proscriptions, et mit a prix la tête de
ceux qui n'étoient point de son parti. Dès lors il fut

1. Sylla soutenait l'aristocratie et 3. C'cst-a-dlru i une fois pour toutéi,


Marins la démocratie romaine. Mats définitivement. Gf. /
les Italien» nouvellement enrôlés dans Si ma fille une, fois met le pied dans l'Au*
les tribus romaines, méoontents do [lide,
voir que leur Influence était absolu- Bile est morte,
ment nullo, liront cause commune (Racine, Iphigénie, I, 1),
, 4, Fugatis Marii copiis,
nvoc lo parti démocratique. De la une primus urbem
guerre, a la fois olvile (entre citoyens Romam cum armis ingressus est, Frag-
romains) et étrangèro (entre Romains ment de Jean d'Antlocbo dans Y Extrait
et Itallons). dus vertus et dos vices. (N. de M.) —
2/ Dans le dialogue do Sylla et Une armée no pouvait entrer dans
d'Euorato, Montesquieu met dans la Romo qu'an vertu d'un plébiscita,
bouobo do Sylla un tout outre lan- 6,'OD distribua bien au commence*
gage i« J'ai cru avoir rempli ma desti- mont une partie des terres das enne-
né», dès ou» je n'ai nlusi»u h faire de mis vaincus i mais Sylla donnolt les
grandes choses. Je n étais pas fait pour terres des citoyens. (JV. de M.)
gouverner trànquilltmtnt un peuple et"
fine*... *
xi
CHATrrnE 87
impossible de s'attacher davantage à la république;
car, parmi deux hommes ' ambitieux et qui se dispu-
toient la victoire, ceux qui étoient neutres et pour le
parti de la liberté étoient sûrs d'être proscrits par
celui des deux qui seroii le vainqueur. Il éjoit donc
de la prudence de s'attacher à l'un des deux.
Il vint après lui at dit Cicéron, un homme qui, dans
une cause impie, et une victoire encore plus honteuse,
ne confisqua pas seulement les biens des particuliers,
mais enveloppa dans la même calamité des provinces
entières.
Sylla, quittant la dictature, avoit semblé ne vouloir
vivre que sous la protection de ses lois mêmes) mais
cette action, qui marque tant de modération, étoit
elle-même une suite de ses violences, 11 avoit donné
des établissements à quarante-sept légions, dans
divers endroits de l'Italie. « Ces gens-là, dit Appian,
regardant leur fortune comme attachée à sa vie, veil-
loient à sa sûreté, et étoient toujours prêts a le secou-
rir ou à le venger. »
La république devant nécessairement périr, il
n'étoit plus question de savoir comment et par qui
elle devoit être abattue.
Deux hommes également ambitieux, excepté 8 que
l'un ne savoit pas aller à son but si directement que
l'autre, effacèrent, par leur crédit, par leurs exploits,
par leurs vertus 4, tous les autres citoyens. Pompée
parut le premier; César le suivit de près.
Pompée, pour s'attirer la faveur, fit casser les lois
de Sylla qui bornoiént le pouvoir du peuple ; et quand
il eut fait à son ambition un sacrifice des lois les plus

1. 11 faut dire i entre <l«nx homme», 3. Il y a entre César et Pompée


2. « Secutus est qui in causa impia, bien d'autre» dlfTéronoofl. Pompfio était
vietmia oliam fadiort, non tlnguloium un ambitieux vulgaire quoique oolon-
eiviiim bona publicaret, uâ mlvtrtat uol, Cotmr filait un ambitieux do gônlo.
provincial rtgiotmiiué uno ralamitatisjur» 4, Conimo lo mot virlui on lallu qui
rtpnhmdtm. » (Dé offîclit, 11, 8). Cloé* n'ontond daus lo noua général do <iuti-
ron vaut purUr toi de Julaa César, lité, miriH,
88 GHANDEUn ET DÉCADENCE DES ROMAINS
salutaires f de sa patrie, il obtint tout ce qu'il voulut}
et la témérité? du peuple fut sans bornes a son égard.
Les lois de Rome avoient sagement divisé la puis-
sance publique en un grand nombre de magistratures
qui se soutenoienl:, s'arrêtoient, et se tempéroient l'une
I autre j et, comme elles n'avoient toutes qu'un pou-
voir borné, chaque citoyen étoit bon pour y parvenir ;
et le peuple, voyant passer dovant lui plusieurs per-
sonnages! l'jun après 1 autre, ne s'acoutumoit a aucun
d'eux. Mais, dans ces temps-ci le système de la répu-
blique changea : les plus puissants se firent donner
par le peuple des commissions extraordinaires 8„ ce
qui anéantit l'autorité du peuple et des magistrats, et
mil toutes les grandes affaires dans les mains d'un
seul, ou de peu de gens 4. ji
Fallut-il faire la guerre à Sertorius ? On en. donna
la commission à Pompée. Fallut-il la faire à Mithridate ?
Tout le monde cria Pompée. Eut-on besoin de faire
venir des,blés a Rome ? Le; peuple croit être perdu, si
on n'en charge Pompée. Veut-on détruire les piratés ?
II n'y u que Pompée. Et lorsque César menace d'en-
vahir, le sénat crie à son tour et n'espère plus qu'en
Pompée 8.
« Je crois bien, ,
disoit Marcus 6 au peuple, que
Pompée, que les nobles attendent, aimera mieux assu-
rer vo^re liberté que leur domination} mais il y a eu

1. Co jugement de Montosqulou sur pouvoirs exorbitants pour combattre


la» lois do Sylla est absolument faux. les plratbs puis Mlthrldnte.
LOB réformes do Sylla furent consldé- 4. (i Pkblt opes imminut», naueorum
rnbloH. Mais elles porteront eui' tout, potenlia omit, u (Sallusto, Catilina), \N>
excepté Biu' co qui était désormais lo de il/.)
grand problème do la vlo politiques a b. « Il n'y a qu'u ilre h la mode dam
Homo i les Italiens qui venatont do lo monde, avoir lé bonheur de plaire et
conquérir lo droit do oltô ot los pro- avoir fait quelque action capable d'éblouir.
vinces qui tondaient au morne but. 11 Mais le malheur est que les modes passent
voulut ramonor brusquomont Homo A. et que personne ne peut se vanter d'avoir
quatro siècles on arrière ! il no com- joul'longtemps de ce préalable, » (Prédé-
prit pas son époque. rlo II. Annotation on marge d'une édi-
2. Commo lo latin lémerltas l ivre» tion do Montesquieu.)
flexion, légèreté d'esprit. 0. Matous Lopidus, tribun du peu*
H. G'pst ainsi que Pompée reçut des pie,
CHAPITRE XI 89
un temps 01V chacun de vous.avoit la protection de
plusieurs, et non pas tous la protection d'un seul, et
où il étoit inouï qu'un mortel pût donner ou Ater de
pareilles choses. »
A Rome, faite pour s'agrandir, il avoit fallu réunir
dans les mêmes personnes les honneurs Dl la puis-
sance ; ce qui, dans des temps de trouble, pouvoit
fixer l'admiration du peuple sur un seul citoyen.
Quand on accorde des honneurs, on sait précise ment 1

ce que l'on donne ; mais, quand on y joint le pouvoir,


on(nepeut dire a quel point il pourra être porté.
Des préférencos excessives, données a un citoyen
dans une république, ont toujours des efl'ets néces-
saires i elles font naître l'envie du peuple, ou elles
.
augmentent sans mesure son amour.
Deux fois * Pompée, retournant à Rome, maître
d'opprimer la république, eut la modération de con-
gédier ses armées avant que d'y entrer, et d'y paroître
en simple citoyen. Ces actions, qui le comblèrent de
gloire, firent que, dans la suite, quelque chose qu'il
eût fait au.préjudice des lois, le sénat se déclara tou-
jours pour lui\
Pompée avoit une ambition plus lente et plus douce
que celle de César, Celui-ci vouloit aller a la souve-
raine puissance les armes à la main, comme Sylla.
Cette façon d'opprimer ne plaisoit point à Pompée :
il aspiroit a la dictature, mais par les suffrages du
peuple j il ne pouvoit consentir à usurper la puissance j
mais il âuroit voulu qu'on la lui remît entre les mains.
Comme la faveur du peuple n'est jamais constante,
il y eut des temps où Pompée vit diminuer son cré-
dit; et, ce qui le toucha bien sensiblement, des gens
qu'il méprisoit augmentèrent le leur, et s'en serviront
contre luU
1. Au retour de BOB oompngnou jours pour Pompoo, co fut bien plue
contre Scrtorlus (72) et contre Mithrl* par cWi'smo que par patriotisme i 11
date (08). voulait opposer au héron do la guerre
2. Avant tout, le sénat haïssait Co- des Gaules un rival redoutable molna i

eur parce qu'il n'appuyait sur le parti par lui-mômo que par l'appui qu'il lui
dôtnoorattquo, ot s'il se déclara tou- prêtait
00 GRANDRUn ET DECADENCE DBS ROMAINS
Gela lui At faire trois choses également funestes ; il
corrompit le peuple à force d'argent, et mit dans les
élections un prix au suffrage de chaque citoyen 1.
Do plus, il so servit de la plus vue populace pour
troubler les magistrats dans leurs fonctions, espérant
que les gens sages, lassés de vivre dans l'anarchie,
le créeroîent dictateur par désespoir.
Enfin, il is'unit d'intérêts avec César et Crassus *.
3aton disoit que ce n'étoit pas leur inimitié qui avoit
perdu la république, mais leur union. En effet, Rome
étoil en ce malheureux état 3 qu'elle éloit moins acca-
blée par les guerres civiles que par la paix, qui réu-
nissant les vues et les Intérêts des principaux, ne fai-
soit plus qu'une tyrannie;
Pompée ne prêta pas proprement son crédit à
'

César, mais, sans le savoir, il le lui sacrifia. Bientôt


César employa contre lui les forces qu'il lui avoit
données, et ses artifices mêmes j il troubla la ville par
ses émissaires, et se rendit maître des élections :
consuls, préteurs, tribuns,' furent achetés au prix
eux-mêmes''. I
qu'ils mirent
Le sénat, qui vit clairement les desseins dé César,
eut recours à Pompée ; il le pria de prendre la défense
de la république, si l'on pouvoit appeler de ce nom
un gouvernement qui demandoit la protection d'un de
ses citoyens,
1, Ces moeurs électorales datent de augmenter ses ohanoos d'arriver nu
plus loin quo Pompée. Il faut dlro quo promlor rang ot faisait bon niarohô do
no dornlor no tenta pus du les ramoner «os 'collègues, Pompéo apportait sa
à lent' pui'otô première, Plutarquo nous gloiro militaire, Crassus son or. César
o laissa un tableau fort ourleux de eo sa popularité, Mais les intérêts do la
qu'étalont alors IOB éleotlons 4 Homo t Hépubllquo n'ontriront jamais en ligne
u On voyait dos candidats dressor des
dé compte,
tables au Champ du Mars, et aoheter 3, Quo introduit ici une proposition
sans pudour les suffrages, tandis que eonsdoutive. Entendez i Rome était en
d'autres y amenaient dos troupes ar- un si malheureux état que,,,
mées'qui, a eoups do floches, de 4, Applen prétend que César aoheta
frondes ou d'épôos, ohassaiont leurs Curlon, qui allait 6tro nommé tribun,
adversaires, Plus d'une fois la tribune plus do 1.500 talents (8 militons). C'est
fut souillée de se'vg, » (Plutat'quo, Vie évidommont très exagéré) mais si la
de César, 28). , Bommo est exagérée, le fait n'est pas
2, Ce fut le premier triumvirat, douteux.
association louche où ohaou» comptait
ciiAPiTnn xi 01
Jo crois que ce qui perdit surtout Pompéo fut In
honto qu'il eut de penser qu'en élevant César, comme
ii avoit fuit, il eût manqué de prévoyance *. Il s'a-
coutuma le plus tard qu il put a cette idée ; il no se
mettoit point en défense, pour ne point avouer qu'il
se fût mis en danger; il soutenoit au sénat que César
n'oseroit faire la guerre ; et parce qu'il l'avolt dit tant
de fois, il le redisoit toujours.
Il semble qu'une chose avoit mis César on état do
tout ontroprendre t c'est que, par uno malheureuse
conformité de noms, on avoit joint à son gouvernement
do la Gaule cisalpine 9 celui de la Gaule d'au delà des
Alpos.
La politique n'avolt point permis qu'il y eût dos
armées auprès de Rome; mais elle n'avoit pas souflbrt
non plus que l'Italie fût entièrement dégarnie de
troupes : cela fit qu'on tint 'dos forces considérables
dans la Gaule cisalpine, c'est-à-dire dans le pays qui
est depuis le Rubicon 8, petit fleuve de la Romagne,
jusqu'aux Alpes. Mais, pour assurer la ville de Rome
contre ces troupes, on fit le célèbre sénatus-consulte *
1. Cloéroa lo constatait avea amer- Les géographes no s'ontendontpassur
tume t « Nihil actum tst a Pompelo sa situation exaoto, Solirader lo voit
nostro saiiionter, niliil fortittr. » [Ad dans In Marecchia aotuallei Kloport
Atlicum, llv, III, 3), Âlnil pour éloi- l'appullo Rugoiie, et M. Duruy dit que
gner César de Rome, Poronûo lui fit o'est probablement lo Fiumiciiw di
donner lo gouvernemont do l'illyrlo et Snrigmmo, Un seul point est oortain :
do la Oaulo Clsnlplno, et oe Tut oneoro o'est qu'il faut chercher le Uuhicon
sur son intervention personnelle qu'on dans un do ces fleuves ou torrents qui
y ajouta la Narbonnalse. Singulière descendent dos AponninS et sojuttont
fncot» da so débarrasser d'un adver- dans l'Adriatique entro lllmlni ut Gé-
snlro. sena.
2. La Oaulo cisalpine organisée on 4, Ce fameux sénntus-consulta n'est
provlnoo vors l'an 81 av. J.-C. com- qu'un pastlobo d'nillours assea gros-
prenait touto la vallée du Pô, La Qaule sier, confectionné par quelque savant
transalpine, que les Romains dési- de la nonalssanuo pou au courant du
gnaient sous Je nom de Gallia tfar- style lapidaire dus Romains. Le voici
boiamsis, organisée on provlnoo l'an à tltrp de curiosité i
120 av.J.-C, oompronalt, avant Ctsar,. IV6SV. HANDATYQYK. P, n> 008, IMP. '
lo littoral do la Médltorranée, des Py- MIUI. TYROi COMILITO, MAMPVI.AIII8VB,
rénées aux Alpes, et la vallée du CENT. TVItMABVB. MiOlONAIIIAP. An.MAT.
Mono. OVI8QVI8. E8, 1110, 8I8T1T0, VBXIU.VM.
3. Lu Hiiblcon formait la limite 8I.MT0. NBO< 01TRA. HVNO. AMNEM,
anli'oln Oaulo oisolpine et l'Italie, o'est-nVUlOONBM. 6IONA. ARMA, DUflTUM 00-
i-dlre entre les provinces romaines et MBATVM. BXBHÇITVMVB. TRADVCITO. SI
le Urrltoiro romain proprement dit, ovifl' nviviai, ivse'oNt».
ttnoo. ADYBH-
62 flftANDliUn ET D^CAHENOli I>ïïfl ItOMAlNfl
que l'on voit oncore gravé sur le chemin do Rimini a
Césône, nar lequol on dévouoit aux dioux infernaux,
ot l'on déclaroit sacrilège et parricide, quiconque,
uveo une légion, avec une armée, ou aveo une cohorte,
pusseroit le Rubicon.
A un gouvernement si important, qui tenoit la
ville en échec, on en joignit un autre plus considé-
rable encore : c'ôtoit celui de la Gaule transalpine,
qui comprenoit les pays du midi de la France, qui.
ayant donné, à César l'occasion de faire la guerro *
fondant plusieurs années à tous les peuple qu il vou-,
ut, firent que ses soldats'vieillirent avec lui, et qu'il
ne les conquit pas moins que les barbares. S^César
n'avoit point eu le gouvernement de la Gaule transal-
pine, il n'auroit point corrompu ses soldats, ni fait
respecter son nom par tant de victoires. S'il n'avoit
f>as eu celui de la Gaulé cisalpine, Pompée auroit pu
'arrêter au passage des Alpes; au lieu que, dès la
commencement de la guerre, il fut obligé d'abandonna?
l'Italie ce qui fit perdre a son parti la réputation,
!
qui dans les guerres civiles est la puissance même. )
La même frayeur qu'Annibal porta dans Rome après
la bataille de Cannes, César l'y répandit lorsqu'il
passa le Rubicon. Pompée, éperdu, ne vit, dans les
premiers moments de la guerre, de parti à prendre
que celui qui reste dans les affaires désespérées : il
ne sut que' céder et fuir,5 il sortit de Rome, y laissa le
trésor public; il ne put nulle part retarder le vain-
queur; il abandonna une partie de ses troupes, toute
1 Italie, et la
passa mer. '
1

On parle,beaucoup de la fortune de César mais cet 5


homme extraordinaire avoit tant de grandes qualités,
sans pas un défaut a, quoiqu'il eût bien des vicos,
Y «US. 1EIUT. FBdBRlTVB, ADIVDIOATVS. 1, Go lurent les Eduéons qui appu-
EBTO. 1|08TI8, P, n. Ad, Bl. CONTRA.' ieront Rome à leur eeoours contre le»
PATRIAM. ARMA. TVLR1UT, BAOROaQUB. Séquanes, les Arvornos et IOÉ. Suèvea,
PKNATB8. B. PBNBTIUMDVS. ASKORTA- 2, D'après LUtré, les grammairiens
VEtUT, 8AN01TO. l'LBDISfll, BBNATU8VB, ont rejeté eette locution tan» pas,
OONBVLT1, VI.TnA. HOS. F1NBS. ARMA. sans point. « Mais, njouto-t-il, pas et
PROVBRRB. uaiiAT, NBMINI,--t.*, Q. R, /joint étant, non dus négations, maie
des mots qui renforcent )« négation,
bttAMTtlK Ht Oft
qu'il eût été Mon diflicilo que, quoique arméo qu'il eût
commandée, il n'eût été vainqueur, et qu'en quolquo
république qu'il fût né, il no l'eût gouvernée
Oésar après avoir défait les lieutenants do Pompéo
en Espagne *, alla en Grèce lo chercher lui-mémo.'
Pompéo, qui avoit la cAte de la mer ot dos forces
supérieures, étoit sur lo point do voir l'arméo do
César détruite par la misère et la faimj mais, comme
il avoit souverainement le foible do vouloir être
approuvé, il no pouvoit s'empôchor do prôtor l'oroillo
aux vains discours de ses gens, qui le railloiont ou
Taccusoiont sans cesse. Il veut, disoit l'un, se perpé-
tuer dans le commandement, et être, comme Agamem-
non, le roi des rois, Je vous avertis, disoit un autre,
que nous ne mangerons pas encore cotte annéo dos
figues de Tusculum. Quelques succès particuliers 2
qu'il eut achevèrent de tourner la tête a cotte troupo
sénatoriale. Ainsi, pour n'ôtro pas blâmé, il fit uno
chose que la postérité blftrnera toujours, de sacrifier a
tant d'avantagé pour aller, avec des troupes nou-
velles, combattre une armée qui avoit vaincu tant de
fois.
Lorsque les restes de Pharsale so furent retirés en.
Afrique 4, Scipion, qui les commandoit, no voulut
jamais suivre l'avis de Caton, de traîner la guerre en
longueur ! enflé de quelques avantages, il risqua tout,
et perdit tout} et lorsque Brutus et Cassius rétablirent

Il n'y a aucune raison gramitintloalo sans général, nous combattrons ensuit» un


de condamner aotte manière do par- général sans armée. »
ler, i) E n fuit pas un est l'équivalent 'i. Nous dirions aujourd'hui t des
de aucun (ftngon, § 740), utecès partiels, mats partiel n'existait
1. Ces lioutenauts étaient Potrelus, pan on 1734.
Afranlus ot Torontlus Varron, lo oé> 8. Coite construction t (l fit une
lobro érudlt, LOB armées dos rijux chose,,, de sacrifier est réguilorp. On
premiers so rondlront malgré leurs omplolo ainsi de avtio un Infinitif sujet
ohofs, et lo dernier fit sa soumission à ou"complément. La Fontaine
Çordouo. D'ailleurs César faisait peu ! D'y
do cas do oos lioutonants do Pompée mettre mon doigt au feu, ma foi, je
n'ose, Gf, Dossuot i ton caractère
mais il savait que leurs t: ouposétaiont) particulier était de concilier les intérêts
les meilleures do son advorsalro, qui opposés, (Oraison funèbre d'Anne de
lui fit dire oo
lorsqu'il partit pour TEs- Uonzaçue).
pagno .< « Allons combattre une armée 4, Métollus Soiplbn, beau-père de
Pompée.
94 (WANDIlUlt ET DÉCADHNCE DUS ROMAINS
ce parti, la même précipitation perdit la république
une troisième fols.
Vous remarquerez quo dans ces guerres civiles, qui
durèrent si longtemps, la puissance de Rome s'accrut
sans cesse uu dehors. Sous Marius, Sylla, Pompée,
César, Antoine, Auguste, Rome, toujours plus ter-
rible, acheva de détruire tous les rois qui restoient
encore.
il n'y( a point d'Etat qui menace si fort les autres
d'une conquête que celui qui est dans les horreurs de
la guerre civile *. Tout le monde, noble, bourgeois»
artisan, laboureur, y devient soldat; et lorsque, pur
In paix, les forces sont réunies, cet E^at a de grands
avantages sur les' autres qui n'ont guère, que des
citoyens. D'ailleurs, dans les guerres civiles, il se
forme souvent dé grands hommes, parce que dans la
confusion ceux qui ont du mérite se foritjour ; chacun
se place et se met à son rang ; au lieu que dans les
autres temps on est placé, et on l'est souvent tout de
travers. Et pour passer, de l'exemple des Romains à
d'autres plus récents, les François n'ont jamais été si
redoutables au dehors qu'après les querelles des
maisons de Bourgogne et d'Orléans, après les troubles
do la Ligue, après les guerres civiles de lu minorité
de Louis XIII et de celle de Louis XIV. L'Angleterre
n'a jamais été si respectée que sous Cromwell, après
les ^Uerres du long parlement. Les Allemands n'ont
pris la supériorité sur les Turcs qu'après les guerres
civiles d'Allemagne.. Les Espagnols, sous Philippe V,
1, Thdorle ' Blngullôro qu'appulo quonoo si Dieu n'avait onvoyé n la
toutefois l'oxomple da la Révolution Franco uno Jcnnno d'Are, un Hiohollou
française On pourrait opposer à Mou» ot uu Mazacln, SI l'Angloterro a été
tosquleu bien do a faits qui montrent rospeotéo sous Cvomwoll, la guorio dos
quo, on fnoe do l'ennemi, l'union dos Doux-Rosos lui lit pordro sos con-
choyons est la meilleure gurantlo du quêtes en Franoo, et la guerre do
sucoèe. La vâi'llô ont quo Homo accrut Tronto ans no fut pas la causa do In
sa puissance malgré sos luttes intes- supériorité do l'AUomagno sur les
tines. Quant aux querelles des Armu- Turcs dont l'ompho était delft on dé«
gnaos et des Bourguignons, nux o^uloneo. En co qui conoorne l Espagne
troubles do la minorité do Louis XIII Ion évèuoments prouvèrent qu'Albéroni
et à la Fronde, on no pout savoir quols avait trop pris sos râvos grandioses
malheurs en auraient ,éte la oonié- pour la réalité.
ctiAPrrnn xi flft
d'abord «près * les guerres civiles pour la succession,
ont montré on Sicile uno force qui a étonné l'Europe j
et nous voyons aujourd'hui la Perso roniiîtro des
cendres de la guerre civile, et humilier les Turcs,
Enfin la république fut opprimée aj et il n'en faut
pas accuser l'ambition de quelques particuliers ; il en
faut aocuser l'homme, toujours plus avide dû pouvoir
à mesure qu'il on a davantage, et qui no désire tout
que parce qu'il possède beaucoup.
Si César et Pompée avoient pensé comme Gaton,
d'autres auroiont pensé comme firent César et Pom-
pée ji et la république, destinée a périr, auroit été
entraînée au précipice par une autre main 8,
César pardonna a tout le monde mais il me semble 5

que la modération que l'on montre après qu'on a tout


usurpé no mérite pas de grandes louanges 4.
Quoi que l'on ait dit de sa diligence après Pharsale,
Cicôron l'accuse de lenteur avec raison. Il dit a Cas-
fiius qu'ils n'auroient jamais cru que le parti de Pom-
pée se fût ainsi relevé en Espagne ot en Afrique; ot
1. C'eut une exprosston quo Mon- chevaliers dont le patriotisme a toujours
tesquieu aficotlonno. Nous disons i été chancelant, et qui sont maintenant les
'aussitôt après, meilleurs amis de César? Sant-ce lit
2. Opprimera 8 le sens d'écraser, commerçants et Us gens de la campagne,
3. Montosquieu n'a sans douto pas qui ne demandent qu'a vivre en repos,
vu qu'il formulait loi l'immorale doo- n'importe sous quel régime, fût-ce même
trine du fatnllsmo on lilstolro. Sans sous mi roi? i> ùtd, Att„ VII, 70 Et 160
doute la Républlquo aurait péri sans ans plus tard, Tnolto reconnaissaitque
César ot Pompée, mais paroo quo sa la monarnblo était dovenuo un romede
ohuto était depuis longtemps préparée nécessaire i Non aliud discordant!» pa~
par dos fautos innombrables. Bossuot trii» remedium fuisse auam ut ab uno rege»
Indiauo d'un mot oet éta,t do Romo, Il retur (Annales, I, 0.)
dit do Sylla i il // se réduisit de lui- 4,ta modération est sans doute
mime h la vie privée, mais après avoir fait d'un hommo habile. Pourtant quand
voir que le peuple romain pouvait souffrir on compara la conduite de César a
un maître, » Et surtout des aspirations l'ûllo do Sylla, il n'est quo juste de
nouvelles sa manifestaient dans le louer lo premier do l'usage qu'il fit do
pouplo, LOB meilleurs esprits- mix- sa viotoiro, Frédérlo II annote ainsi ce
mémes se troublaient, sentant que la passage i « Ceci est d'un critique outré,
Républlquo allait ro transformor, no Sylla, le barbare Sylla n'tn usa pas avec
saohant do quoi cûté se tourner ! autant de modération que César, Une âme
« Qu'entendes-vous par les-hommes du basse qui aurait pu se venger l'aurait
bon parti? éorlvolt Gtaéron, Je n'en pourtant fait, mats César ne sait quo par-
connais pas, Est-ce le sénat qui laisse les donner. Il est toujours beau de pardonner,
provinces sans administration, et qui n'a. mime quand on n'a plus rien h craindre, »
point osé tenir tilt a Curlon ? Sont-c» les
00 onANOuun ET DÉCADENCE DES ROMAINS
que, s'ils avoient pu prévoir que César eo fût amusé À
\
sa guerre d'Alexandrie ils n'auroîent pas fait leur
paix, et qu'ils »e seroiont retirés avec Soiplon et Gaton
en Afrique. Ainsi un fol amour lui fit essuyer quatre
ffuerres j et, en ne prévenant pas les deux dernières,
I remit en question ce qui avoit été décidé a Pharsale.
César gouverna d'abord sous des titres de magis"
trature \ car les hommes ne sont guère touchés que
des noms. Et comme les peuples d'Asio abhorrôient
ceux de consul et de proconsula, les peuples d'Europe
détestoièni celui do roi de sorte que dans ces temps-
»

la ces noms faisoient le bonheur ou le désespoir de' la


terre. César ne laissa pas de tenter de se faire mettre
1

le diadème sur la tête} mais voyant que le peuplé ces-


soit ses acclamations, il le rejeta. Il fit encore d'autres
tentatives} et je ne puis comprendre qu'il pût croire
que les Romains, pour le souffrir tyran 3, aimassent
pour cela la tyrannie, ou crussent avoir fait ce qu'ils
avoient fait,
Un jour que le sénat lui déféroit de certains hon-
neurs Vil négligea de se lever; et pour lors, les plus
graves de ce corps achevèrent de perdre patience*.
César, de tout temps ennemi du sénat, ne put
cacher le mépris B qu'il conçut pour ce corps, qui étoit

1, En effet les Pompéiens reconsti- lui un jour do combat,,. et 11 n'avait


tuaient on Afrlquo une armée puls- pas voulu sortir d'Egypte en fugitif. »
snnto ot battaient les Césariens on — Il y avait peut-ûtro une question .
Illvi'le, Pharnaae, roi do Pont, soulo- égyptienne que Montesquieu ot d'au-
_valt l'Asio. Romo et l'Italie étolont tres n'ont pas assez vuo.
déohlréos par les factions révolution- 2. Les peuples d'Asie abhorraient
naires. La guerre d'Alexandrie, dans ces gouvornours que Rome lour en-
ces conditions j Ait-ello uno i'nutoî voyait avco le titra do prooonsuls, Ut
M. Duruyno lo ponso pas t « SI César qui los prossuraiont odiouBomont,
aimait lo plaisir, Il aimait davantage Quant aux pouplos d'Europo, si nous
sa gloire,et sa fortune.,. S'il n'a point on cxocptons les Romains, nous no
quitta plus tôt l'Egypte, o'est d'abord voyons pas qu'ils aient tellement dé-
qu'il lui avait été dlfflolle d'on sortir, tosté lo nom do roi,
cnsulto qu'il y était rotonu par un 3. Entendez i bien qu'ils h souffrissent
intérêt romain,,, Amené dans ce pays tyran,
par la désir de terminer la guerre on 4. Do est le pluriel de un certain, La
B'omparant do Pompée, il était tombé Bruyère t «Onvoltdooei'talncsgens.,,»
au milieu d'un peuple en révolte oontro '!>. Lo sénat posait probablement
la tutolle do Rome. Chaque jour qu'IJ assez peu dans l'ostimo do César, mais
avait passé sur ot rivage avait été pour. 11 n'affecta pas le mépris à son égard,
ailAPITMi XI 07
devenu presque ridiculo, depuis qu'il n'avoit plus do
puissance : par là sa clémence môme fut insultante.
On rogarda qu'il ne pardonnait pas, mais qu'il dédai-
gnent de punir.
Il porta le mépris jusqu'à faire lui-môme des séna-
tus-consultes ; il los souscrivoit du nom des-premiers
sénateurs qui lui venoient dans l'esprit, « J'apprends
quelquefois, dit Gicéron, qu'un sénatus-consulto,
passé à mon avis *, a été porté en Syrie ot en Armé-
nie, ayant que j'aie su qu il ait été fait ; et plusieurs
princes m'ont écrit des lettres de remerciements sur
ce que j'avois été d'avis qu'on leur donnât lo titre de
rois, que non seulement je ne savois pas être rois, mais
même qu'ils fussent au monde. »
On peut voir dans les lettres de quelques grands
hommes de ce temps-là a, qu'on a mises sous le nom
de Cicéron, parco que la plupart sont de lui-, l'abatte-
ment et le désespoir des premiers hommes de la répu-
blique à cette révolution subite, qui les priva de leurs
honneurs et de leurs occupations mômes j lorsque, le
sénat étant sans fonction, ce crédit qu'ils avoient eu
par toute la terre, ils ne purent plus l'espérer que
dans le cabinet d'un seul; et cela se voit bien mieux
dans ces lettres que dans les discours 8 des historiens.

comme Montesquieu l'indlquo. Co


furont sos ennemis qui se moqueront
do oo sénat renouvelé par lui. Il l'avait
doublô on y appelant les offiolors qui
avalont partagé sos dangers ot sn
g'olro ot lus plus considères dos pro-
vinciaux. C'était élargir lo sénat, pout-
être le tuort on tout cas, ce n'était pas
s'en moquer.
08 GRANDEUR ET DECADENCE DES DOMAINS
Kilos sont lo chef-d'oeuvro do lu nulvotô do gons unîa
par uno doulour commune, et d'un siùclo où la fansso
politosso n'avoit pas mis le mensonge partout; enfin
on n'y voit point, co'mmo dans la plupart do nos
lettres modernes, des gens qui veulent se tromper,
mais des amis malheureux qui chorchont à so tout
dire.
Il étoit bien difficile que César pût défendre sa vio :
la plupart des conjurés étoient de son parti, ou avoiont
été par'lui comblés de bienfaits ' ; et la raison en est
bien naturelle, Ils avoient trouvé de grands avantages
dans m victoire; mais, plus leur fortune dovenoit
meilleure, plus ils commençoient a avoir pai*t-au mal-
heur commun; car, à un homme qui n'a rien, il
•importe assez peu,' a certains égards, en quel gouver-
nement il vive. •
De plus, il y avoit un certain droit des gens, une
opinion établie dans toutes les républiques de Grèce
et d'Italie, qui faisoit regarder comme un homme ver-
tueux l'assassin de celui qui avoit usurpé la souveraine
puissance ai A Rome surtout, depuis l'expulsion des
rois, la loi étoit précise, les exemples reçus : la répu-
blique armoit le bras de chaque citoyen, le faisoit
magistrat pour le moment, et l'avouoit pour sa défense.
Brutus ose bien dire à ses amis que, quand son
père reviendroit sur la terre, il lo tueroit tout de
même' 8 ; et, quoique par la continuation de la tyran-
nie, cet esprit de liberté se perdît peu à peu, les con-

1, Deolmus Brutus, Caïus Cosoa, quis tyrannum occidit quamvis familia-


Trebonlus, TulUus CImbor, Mlnullus Populo
rem ? quidem romano non videtur,
Basllius otoiont amis de César. (A|>- qui ex omnibus praeclaris factis illud pul
pian, De bello vivili,Mv. II, oh. CXIUY clwrimum exislimat. » (Deofficiis, 111,4.)
\N. de il/.) Montesquieu oublio un dos S. Lettres de Brutus, dans lo reouoll
plus ardents, Cosalus Longlnus, que de celles do Ciooron {N, de M,) Brutus
César avait gracié après Pharsale, ot est moins violant que ne le prétond
auquel il vouait de donnor le titre do Montesquieu. Il dit quo jamais il it'ne-
pritour ot lo gouvernement do Syrie, cordera à l'héritier de celui qu'il a lue et
: 2, Cjaoron est formel i « Qued poten au'il n'accorderait,pas même h son phrt t
nuijus esse scelus, quant pou modo homi- la paisible jouissance d'un pouvoir supi~
nefn sed «d'uni familiarem hominem occi- rieur h celut du sénat et des lois.
dent Num içitur «s «dstrinxit scelertti
CIIAPITHP, XII 09
pirations, au commencement du rogne d'^ugusto,
ronaissoiont toujours,
G'étoit un amour dominant pour la patrie qui, sor-
tant des règles ordinaires des crimes et des vortus,
n'écoutoit quo lui seul, ot ne voyoit ni citoyon, ni ami,
ni bienfaiteur, ni pôro ! la vertu semblôit s'oublior
pour se surpassor elle-même; et l'action qu'on no
pouvoit d'abord approuver, parco qu'ollo étoit atroco,
elle la faisoit admirer comme divino *.
En effet, le crime do César, qui vivoit dans un gou-
vernement libre, n'ôtoit-il pas hors d'état d'être puni
autrement que par un assassinat ? Et demander pour-
quoi on ne l'avait pas poursuivi par la force ouverto
ou par les lois, n étoit-ce pas demander raison de
ses crimes a ?
GIIAP. XII, — De l'état do Rome après la mort do César.
Il étoit tellement impossible que la république pût
se rétablir, qu'il arriva ce qu'on n'avoit jamais encore
vu, qu'il n'y eut plus de tyran, et qu'il n'y eut pas de
1, Nous aurions voulu quo Montes- tosquiou est on offot trop sévèro pour
quieu protastAt contre oetto dootrlna Césnr, probablement paroo qu'il no l'a
du tyrnnulcldo, ot montrât, no fiU-co pas compris, ni lui, ni son époquo,
quo par un mot, que oet assnasinnt Mommson ot Duruy ont mtoux jugé
divinisé parles puions n'est, aux youx son râlo politique Lo promior a mon-
dos chrétiens, qu'un orlmo odlaux, A tré oomment, dans In lutte qu'il en-
la complaisance ovoo laquelle il dévo- tama avoo le sunat, César ns.ilt pour
loppo los misons que l'on peut alléguer lui la loi et la légalité auxquelles vint
pour justiflor oo certain droit des gens, BO jolndi'0 blontot la volonté nationnlo,
Il nous somble Inollnor tout ou moins M. Duruy a fait ressortir ses grandes
vors In théorie dangereuse qui exouso qualités et Ba haute intelligonoo poil—
l'assnssinat politique, tlquo, César orut qu'un soûl maître
3, A propos do co ohanltro Salntc- était préférablo h 300 pour un immonso
Bouvo a formulé oontro Montosqulou ompiro do 00 millions d'hommos. Bru-
uno très justo critique t « Il est h tus voulait ûtro un do oos 300. « Aux,
romarquor, dlt-il, quo Montosr yeux do l'histoire Impartiale, s'il est
qulou qui a si admirablement pai'lé le plus grand dos ambitieux, il fui
d'Alexandre, do Chnrlomagne, do Tra- aussi lo plus habllo instrument d'uno
jan et do Mnro-AurMo ost moins géné- néoosslté historique. Il a fondé l'unité
roux au snjot do César | il n'en pnrle do commaudomont, par quoi furent
pas du moins eommo de ces autres rendus solidaires les intérêts du ohef,
grands mortols ayoo une sorte d'en- do l'Etat ot ooux dos populations sous-
chantomont. Il lui on veut encore traltos a la rapaon exploitation do eent
d'avoir été l'instrument puissant do la famillos, »
transformation du monde, » — Mon-
100 anAMDRtm RT nRCADKNCR DRS ROMAINS
liberté; car les causes qui l'uvoiont détruite subsis-
taient toujours 1.
Les conjurés n'avoient formé de plan que pour la
conjuration, et n'en avoient point fait pour la soutenir 8.
Après l'action faite, ils se retirèrent a./ Capitole; le
sénat ne s'assembla pas; ot le lendemain, ijépidus 8,
qui cherchoït le trouble, se saisit avec des gens armés
de la placé romaine,
Les soldats vétérans, qui craignoieht qu'on ne répé-
tât * les dons immenses qu'ils avoient reçus, entrèrent
dans Rome; cela lit que le sénat approuva tous les
actes de César- 8, et, que, conciliant les'extrêmes, il
accorda une amnistie aux conjurés; ce qui produisit
une fausse paix 6. )
César, avant sa mort, se préparant à son expédition
contre les Parthes, avoit nommé des magistrats pour
plusieurs années, afin qu'il eût des gens a lui qui
maintinssent dans son absence la tranquillité de son
gouvernement ! ainsi, après sa mort, ceux'de son
parti se sentirent des ressources pour longtemps, j
Comme le sénat avoit approuvé tous les actes de
César sans restriction, et que l'exécution en fut don-

1. C'est la ponséo de Glcéron t Non dos vétérans qui flt approuver au sénat
regno, scd rege Uberati videmur i inter- les autos do César, Ces fnmoux défen-
fecto enim rege, regios omnes mttus tue- seurs do la liberté n'avaient gardo
mur {Ad famil., XII, 1). d'oublier leurs propres intérêts, ot
2, C'est oo qui arrive ordinairement ooux qui, dans les nominations faites
dans 1ns révolutions, Clcéron, en pro- par César pour oinq ans, avaiont été
nonce* do oo désarroi, jufçoalt sainement l'objet de quelquo oholx, votèrent avoe
los conjurés en déplarant qu'ils étalont Ahto'ino et ses partisans lo sûnatua-
sans doute des hommes par le coeur, oonsulto suivant i II no sera point
<t
mais des enfants par la tite. (Ad. Alt,, intenté d'action criminelle au sujet de la
XIV, 21.) mort de César, et tous les actes de son
8, Lopidus étnil le maître do la 'administration sont ratifiés pour le bien
.cavolorio do César t lui ne perdait pas de la république (Applon> Bell, civ., II,
son temps comme los conjurés et les 135).
sénateur». Il avait fait occuper la ville (1, Cicéron désirait ardemment la
poreos vétérans. paix et'l'union do tous les citoyens.
4. C'est le latin repetere, redemander, Quand Antoino ot Dolabolla se furent
Co mot no s'emplolo en co sens quo ombrasses, quo Cassius alla dîner ohe»
dano la langue juridique i « Le créan- Antoino ot Brutus chez Lépido, il crut
cier peut seulement répéter les dom- la république sauvée. Il oubliait los
mages ot intérêts.,. (Gode. Napoléon passions de oes hommes qui ne tra-
1205.) vaillaient que pour eux,
5, Co no fut l'as seulement la
.
crainte
ciiAPrrnp. XII 101
néo aux COIIBUIS, Anloiuo, qui l'étoit, BO saisit du livre
do raison ' do César, gagna son socrétairo ot y fit
écrire tout co qu'il voulut : do maniôro quo lo dicta-
teur régnoit plus impériousomont quo pondant sa
vie j car, co qu'il n'auroit jamais fait, Antoino lo fai-
soit 3} l'argont qu'il n'auroit jamais donnrf, Antoino lo
donnoit ; et tout hommo qui avoit de mauvaises inten-
tions contre la républiquo trouvoit soudain uno récom-
pense dans les livres de César,
Par un nouveau malheur, César avoit amassé pour
son 'expédition des sommes immenses, qu'il avoit
mises dans le temple d'Ops 8 j Antoine, avec son livro,
en disposa à sa fantaisie.
Les conjurés avoiont d'abord résolu do jotor lo
corps de César dans le Tibre : ils n'y auroient trouvé
nul obstacle 4j car, dans ces momens d'étonnement
qui suivent une action inopinée, il est facile de l'a ira
tout ce qu'on peut oser. Cela ne fut point exécuté; et
voici ce qui en arriva.
Le sénat se crut obligé de permettre qu'on fît les
obsèques de César j et effectivement, dès qu'il ne
l'avoit pas déclaré 8 tyran, il ne pouvoit pas lui refu-
ser la sépulture, Or, c étoit une coutume des Romains,
si vantée par Polybe, de porter dans les funérailles
les images des ancêtres, et de faire ensuite l'oraison

1, C'ost-a-dlro lo livre do eomptos


mèro dos fruits ot dos moissons, Ella
S ratio, compte), Les livres do raisonfut idontlfléo par los Romains avoo la
taiont fort on usage outrefols, parti-
Cybèlo phryglonno. Son tompla était
culièrement au xviie siècle. On y ins-situé a l'extrémité nord-est du Forum.
crivait non seu-lomottt sos dépenses, CâBar y avait déposé 700 millions du
mats onooro sos appréciations sur lesBostoroos (154 millions do franns) dont
évènomcnts de la vio publlquo ou loi Antoino s'ompara.
incidents do la vio prlvéo, sos pons<Sos 4. Cola n'auroit pas été sans oxom-
ot sos jugements sur les hommes ot plo| après quo Tibérlus GroaohuB eut
lus alioBos, Dans oos dornters tomps été tué, Luorélius, édllo, qui fut do|»uls
on a publié quelquos-uns do oos livro»appelé Vospillo, jota Bon corps dans lo
do raison vraiment fort ourloux, Tlbro. Aurollus Vlotor, De vir, itlust,,
9. Montosqulou traduit Claoron t oh. LXIV. (N, do il/.)
Itauo voro?.,, ut omiiia facta, scriptâ,5, C'est-à-dlro puisqu'il n« l'avait
iietu, prumissa, cogilata Cmaris pluspas déclaré tyran, Dans co sons on
Mcnnt auuin si iuse oimet, {Ad, Ait., qmploio aujourd'hui l'expression dès Ih
xrv.io; quoi mais au xvu* ot uu xviii» HIOHIO»
3, C'eut lu Terre hoiiurûo comme là ou employait ti-ut aussi bien dis qut
102 (WANDRUR ET DROADBNCE DR8 ROMAINS
funôbro du défunt ', Antoine, qui In lit, montra
peuple la robe ensanglantée de César, lui lut au
son tes-
tament, où il lui fuisolt do grandes largesses a,. et
l'agita au point qu'il mit le fou aux maisons des
jurés. con-
Nous avons un aveu de Gicéron, qui le
gouverna
sénat dans toute cette affaire, qu'il auroit mieux valu
agir avejo vigueur et s'exposer a périr, et quo môme
on n'aurqit point péri \ mais il se disculpe sur ce quo,
quand le sénat fut assemblé, il n'étoit plus temps,,Et
ceux qui savent le prix d'un moment, dans les affaires
où le peuple a tant de part, n'en seront étonnés,
pas,
Voici un autre accident Î pendant qu'on faisait des
jeux en l'honneur de César, une comète à longue
chevelure parut pendant sept jours; Je peuple crut
8
que son âme avoit.été reçue dans le ciel *,
1. La loi des XII Tables avait réglé
en égorgeant des prisonniers ou des
quo personne ne serait onsovoll dans esclaves, Lo corps consumé, on étei-
l'intérieur do In alto, quo l'on no mon- gnait les tisons du' vin, puis on
trait jamais d'or dans les sépultitros, recueillait les os aveo
la enoore brûlants dans
quo flammo du bûcher ou la terre une urno. Enfin
du tombeau raoovralont lo corps tout l'assemblée un prfitro purifiait
l'eau lustrale. Le
entior, quo l'on supprimerait les repas festin funèbreaveo
avait Heu le lendemain
funèbres et les lamentations. Mais des funérailles quelquefois
|
l'orgueil dos patriciens fit bien vlto nait des jeux scénfques on don-
tombor cotte loi en désuéUido. Sous peuple. Lo neuvième jour, et un festin au
l'emplro, lorsque quelque grand mou- festin enfin, lo dizième jour, nouveau
|
rait, lo corps était exposé pondant sept son était la mal-
purifiée et balayée aveo des
(ours sur-un lit du parade Le convoi, ramoaux de verveine. Ce speotaole
orsqu'il, so mettait en maraho, étoll avait ylvemont frappé "Polybo qui,
accompagné do ploureusos a gages. A après avoir relaté détails, ajoute i le
ces
côté du corps on portait toutes les deuil privé devenait ainsi
un deuil public,
récompenses lionorinquos obtenues 3, César laissait au pouplo ses jar-
par lo défunt ot IOB Imagos dos an- ,dins au de)a du Tibre ot a chaque
cêtres on oli'o coloriée. La famille sui- oitoyon 300 sostorees (66 francs). Los
vait on vôtomonts sombres, On s'arrê- jardins do César
tait Forum où so trouvaient sur le
au quoique prioho pa- versant est du Jantoule, dans cette
rant prononçait l'oraison funèbre, et partie oompriso plus tard entre In Via
do là on so rondait au bûûhor élevé Aurélia et la Via Portueiitit, Les ôgllsos
hors do la Villa, Lo corps arrosé de do Salnt-Plorro in tfontorio ot Sainte-
parfums y était déposé ot las plus Mario du Transtévère s'élèvont au-
proolios parents approohaiont la flam- jourd'hui sur leur emplacement,
mo en détournant la tôle. On jetait 8. D'après los calculs dos astro-
danslo fou des parfums et des présents, nomes, la comète qui parut alors est
quelquefois mémo des esclaves se pré- celle connue sous lo nom do comèude
cipitaient dans le brasier pour accom- IMley, j|
pagner la mort dafis l'autre vie, On 4. In deoriim numerum relatusest,,non
faisait des libations de lait, de vîn et ore modo decerntntium, sed et pers»aiioni
'U sang, parfois mémo de sang humain vulgt, (Suétone, J, Caetar, 88.)
.
xir
CHAP1TM', 103
C'était blon une coutume des peuples de Grôco ot
d'Asie de bâtir des tomples nux rois et mémo aux pro-
consuls qui les avoient gouvernés * : on leur luissoit
faire ces choses comme le témoignage le plus fort
qu'ils pussent donner de leur servitude; les Romains
mômes pouvoiont, dans les laraires a, ou d'os ternplos
particuliers, rondro des honneurs divins a lours
ancêtres; mais je ne vois pas quo, depuis Rornulus
jusqu'à César, aucun Romain au été mis au nombre
des divinités publiques 3.
ho gouvernement de la Macédoine étoit échu à
Antoine; il voulut, au lieu de celui-là, avoir celui des
Gaules; on voit bien par quel motif 4. Décimus Bru-
tus, qui avoit la Gaule cisalpine, ayant refusé do la lui
remettre, il voulut l'en chasser; cela produisit uno
guerre civile ", dans laquelle le sénat déclara Antoine
ennemi de la patrie.
Cicéron, pour perdre Antoine, son ennemi particu-

le Comme l'a montra M, 0. Bols- et ses autels, dans tnuto l'étendue do


eior {La religion romain», d'Auguste aux l'empire. (V, Deurllor. Essai sur h
Ântonms), l'apothéose OBI d'orlglno culte rendu aux empereurs romains),
oriontnlo. De l'Orient elle pansa en 9. Le lararium était le sanotualro
Grèce i FlamintnuB y eut un tomplo, domestique, H comprenait un auto! ou
Los nrooonsuls ouront leurB autels i foyer et les images dos Lares ou Pé-
c'était uno maniera de les désarmer, nales, Ce foyer était placé, a l'origine,
Ainsi la Slollo institua des Polos en dans la salle commune {atrium), Plus
l'honnour do Verres i la Cillolo biltlt tard, le sanctuaire des dieux domes-
un tomple à Applus qui l'avait ruinée, tiques, surtout ohes IOB dclios, se
LOB Latins eux-mêmes adoraient sous sépara de Valrium i on on fit une oha-
le nom do dieux indigiies los anolons pelle à part, c'est le lararium,
rois du Latlum i PIOUB, Faunus, Lnll- 8, Dion dit que les triumvirs qui
nus, Rornulus, Cependant do Homulus espérolent tous d'avoir quelque jour
a César on ne trouve pas d'apothéose la place de César firent tout oo qu'ils
a Homo, Mais les Ames dos morts puront pour augmenter les honneurs
furent toujours pour les Romains de h) qu'on lui rendoltj liv. XLVII. (N. de
véritables divinités, dit mânes, et Cicé-
ron lui-même un fait un article de foi i 4, Antoine eomptait y réunir les six
il avait mémo voulu élever uu tomple légions de vétérans que César avait
h sa blon-alméb Tulllo, — C'est do ces destinées a la guorre d'Orient.
coutumes orlentalos et do cette cro- 6, C'est la guerre dllo de Modèno,
yance dos Romains qu'est née l'Idée parée qu'Antoine, qui assiégeait colle
do l'apothéose impériale La grande ville, fut forcé d'en lover le slègo,
popularité do CêBar et l'orguoil des après une victoire remportée sur lui
empereurs firent le reste. Ce fut un par Octave et las doux consuls illrtius
obligé de s'enfuir dans la',
nouveau oulte, dtstinot de celui des et Pansa, et (481.
dieux mythologiques, qui eut ses Transalpine
prêtre» et ses prêtresses, ses temples .
104 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS.
lier, avoi.t pris le mauvais parti de travailler a l'élé-
vation d'Octave; et, au lieu de chercher a faire oublier
au peuple César, il le lui avoit remis devant les yeux.
Octave se conduisit avec Gicéron en homme habile ^
il le flatta, le consulta, et employa tous ces artifices
dont la vanité ne se défie jamais ',
Ce qui gâte presque toutes les affaires c'est qu'ordi- ,

nairement, ceux qui les entreprennent, outré la réus-


site principale, cherchent encore de certains petits
succès particuliers, qui flattent leur amour-propre, et
les rendent contents d'eux 2.
Je crois que si Gaton s'étoit réservé pour la répu-
blique, il auroit donné aux choses tout unWtre tour 8.
Gicéron, avec des parties * admirables pour un' second
rôle, étoit incapable du premier : il avoit un beau
génie, mais une âme souvent commune. ÎJ'accessoire,
chez Gicéron, c'étoit la vertu ; chez Gaton c'étoit la
gloire; Gicéron se voyoit toujours le premier; Gaton
s'oublioit toujours ; celui-ci vôuloit sauver la répu-
blique pour elle-même; cetui-là pour s'en vanter b.(

très sonslblo & ootto


1. Cloéron «Hait paupertnlem. llaec videntur Ciceroni ul-
ttma esse in mttlis t et dum habeat a qui"
-
déféronoo d'Ootavo pour sos lumières
et Son expérlonoo. Il (t'était plaint bus impeti'et quae velit et a quibus colatur
jadis quo Pompée no suivit pus BOB nelauiletur, seivitutem,honoHfleammodo,
consolls \ Nihil aetum est a Pampoio non aspenmtur, si quidqtmin in extiwna
nostro sapienter... nihit nisi contra coud-' ne misenima contumella potest honorifl-
littm auetoritatemque meam. (Ad. Att., cun esse (Lettres d» Brutus, XVII.)
VIII, 3), Et dans sa vanité naïve, il BO 3. Nous dirions mieux t un tout
flattait malntunant qu'Octavo triom- autre tour (Hagon, $ 671. ren.),
pherait grAco h lui i Qui st steterit idem 4, C'est-à-dire «m des qualités par-
mlhiquê paruerit, satis videmur kaberi tielles.
prmtdli. (Ad Brutum, X.) '5. Montesquieu est bien sévère pour
2, D'est l'histoire do toutes IOB Gicéron. Nous no croyons pas qu'il oui
époques troublées. On s'estime heu- une Ame si vulgaire et quo la vortu vlo fut
reux do quelques suooùs partiels accor- pour lui l'aoeossolroi 11 y a dans sa
des d'autant plus volontiers par las 'ot dans ses oeuvres assez do grandes
adversaires qu'ils les savent do pou actions et do nobles paroles pour nous
d'importanoo t bien mieux, on leur en oonvalnore du contraire Sa oonduito,
sait gré ol l'on se félicite Intérieure- au moment de la conjuration do Gatl-
ment a l'houro ou l'on a tout compro- IIun, n'est pas d'un nomme qui veut
mis, sinon tout pordu. Un homrao do sauver la république seulomont pour
coeur et do convictions no doit uraindro s'on vanter, ta vanité de Ciodron était
ni la prison ni la mort. Brutus l'avait grande, mais ello n'allait pas jusqu'à
ainsi compris et il repropho durement lui faire rlequor sa vie, Il manqua do
à Gicéron ses concessions otsa vanité i clairvoyance an politique, sans aucun
« Nimlum tlmtmus mortem tt
milium et doute) mais, & tout prendre, il fut un
CHAPITRE XII 105
Je nourrois continuer le parallèle, en disant que,
quand Gaton prévoyoit, Gicéron craignoitj que là où
Galon espéroit, Gicéron se confloit que lo premier s

voyoit toujours les choses de sang»froid, l'autre au


travers de cent petites passions.
Antoine fut défait a Modcne les deux consuls Hir-
s
dus et Pansa y périrent. Le sénat, qui se crut au des-
sus de ses affaires S songea à abaisser Octave, qui de
son coté cessa d'agir contre Antoine, mena son armée
à Rome, et se fit déclarer consul.
Voilà comment Gicéron, qui se vautoit que sa robe
avoit détruit les armées d'Antoine, donna a la répu-
blique un ennemi plus dangereux, parce que son nom
étoit plus cher, et ses droits, en apparence, plus légi-
times 2.
Antoine, défait, s'étoit réfugié dans la Gaule tran-
salpine, où il y avoit été reçu par Lépidus. Ges deux
hommes s'unirent avec Octave, et ils se donnèrent
l'un à l'autre la vie de leurs amis et de leurs ennemis :t.
Lépide resta à Rome : les deux autres allèrent cher-
cher Brulus et Gassius, et ils les trouvèrent duns ces
lieux oîi l'on combattit trois fois pour l'empire du
monde K
Buutus et Gassius se tuèrent avec une précipitation
trui n'est pas excusable; et l'on ne peut lire cet endroit
de leur vie sans avoir pitié de la république, qui fut
ainsi abandonnée. Caton s'étoit donné la mort à la lin

honnêto homme ot un grnnd citoyen i doux ou trois i on disoutnlt, on HO


Augiuto lul-môme no lui rofusa paa oo mettait d'nocord, ot les trois tolos
tàmolgnngo. dtalont donndos pour établir l'équlvn-
1. L'expression cqulvnut k hori de IAUOOI » Lu premier o llsto compronnlt
tOlllé (lif/ll'llltl 130 noms, la douzième 160. otuVnutrus
2, Il etnlt hdrlllor do Uôsur ot son leur Buooadèront.'
fils pot adoption. (N, de M.)
1
4. La pâiiineulo hellénique fut en
H. Got ignoble maroho fut oonclu effet le thdfltre do COB luttes forml-,
«Vce un oynlsmo révoltnnt i u Chnoum dablcs, A Pliarsalo, on ThoBStillo, Cà»
dos uhafst dit M. Duruy, nvalt livré un anr ddflt Pompée (48) i a Phlllppos, on
dos siens pour avoir lo droit do n'ûtio Maoddolno, Urutus ot Gassius pdrl-
point gôuâ dan» ses vongemioosi Ils ront (42) j anlln la flotte d'Antoine fut
Umolont leurs comptes avoo une scru- nnduntlo par Outuvo h Aollum dans le
puleuse oxnnllluda t telle tôle rdoliimûo golfe d'Ambraole (31).
par l'un purulnnult uuxault'o» eu valoir
10Ô GRANDEUR RT fiBdADRNciî DES ROMAINS
de la tragédie; ceux ci la commencèrent en quelque
façon par leur mort.
On peut donner plusieurs causes de cette coutume
sit générale des Romains de se donner la mort : le pro-
grès de la secte stoïque 4, qui y encoùrageoit 5,1 éta?
blissement des triomphes et de l'esclavage, qui firent
penser à plusieurs grands hommes qu'il ne falloit pas
survivre à une défaite j l'avantage que les accusés
avoient de se donner la mort plutôt que de subir un 1

jugement' par lequel leur mémoire devoit être flétrie


et leurs biens confisqués a ; une espèce de point d'hon-
neur, peut-être plus raisonnable que celui qui nous
porte aujourd'hui a .égorger notre ami pour un geste
ou pour une parole; enfin une grande commodité pour
l'héroïsme, chacun faisant finir la p.jce qu'il jouoit
1

dans le monde, à l'endroit où il vouloit.


On pourroit ajouter, une grande facilué dans l'exé-
cution Î l'Ame, tout occupée de l'action qu'elle va faire,
du motif tjui la détermine, du péril qu'elle va éviter,
ne voit point proprement la mort, parce que la pas-
sion fait sentir, et jamais voir.
,
L'amour propre, l'amour de notre conservation, se
transforme en tant de manière's, et agit par des prin-
cipes si contraires, qu'il nous porte à sacrifier notre
être pour l'amour de notre être et tel est le cas que
5

nous faisons de nous-mêmes, que nous consentons à


cesser de vivre par un instinct naturel et obscur qui
fait que nous nous aimons plus que notre vie même 8,

1. On dit malntonont un courage moins courageux, moins portés au» gran-


stoïque mais la secte stoïcienne, des entreprises qu'Us n'étalent lorsqug^par
2. En ae dérobant par la mort à une cette puissance qu'on prenait sur sol'
condamnation Infamante, Ile rooovaloîil mime, on pouvait h tous les instants
les honneurs do la sépulturo, ot leurs échapper h toute autre puissance. » Il faut
testaments étalent reconnus oommo savoir gré a Montesquieu de cotte oor«
jvalldos t eorum qui de se statuebant rcotlon, mais un chrétien dovalt aller
humabantur corjiora, manebant testa- plus loin et tout on donnant los raisons
menta preitum fesilnandl, /Tacite, An- qui avalent pu généraliser la BUIOICIO
nales, VI, 20.) ot qui peuvent io faire oxousur dans
3. Dans l'odttlon do 1784, Montos- une flootdtd païenne, lo condamner au
qutou nvolt ajouté 11« Il est certain que nom do la lot divine.
m hommti sont devenus moins libres,
CHAPITRE XIII 107

CIUP. XIII, — Auguste.

Sextus Pompée tenoit la Sicile et lu Sardaigno; il


étoit maître de lu mer, et il avoit avec lui une infinité
de fugitifs et do proscrits qui cornbuttoient pour leurs
dernières espérances. Octave lui fit deux guerres très
laborieuses et, «près bien des mauvais succès ', il lo
5
vainquit par l'habileté d'Agrippa a.
Les conjurés avoient presque tous fini malheureu-
sement leur vie; et il étoit bien naturel que des gens
qui étoient à la tôte d'un parti abattu tant de fois, dans
les guerres où l'on ne se faisoit aucun quartier, eussent
péri de mort violente. Do là cependant on tira la con-
séquence d'une vengeance céleste qui punissoit les
meurtriers de César et proscrivoit leur cause.
Octave gagna les soldais do Lépidus, et le dépouilla
de la puissance du triumvirat; il lui envia mémo la
consolation de mener une vie obscure, et le força do
se trouver, comme homme privé, dans les assernbléos
du peuple 3.
On est bien aise de voir l'humiliation de ce Lépidus.
G'étoit le plus méchant citoyen qui fût dans lu répu-

1. Successus n'a pas d'autre sono quo onooro, o'ost le Panthéon d'Agrippa, Il
oitlul do (UnouMUnt, issue, résultai, porto onooro l'iusarlptlon I M, Agrippa
Montosqulcu omplolc donc lo mot suc- L, 1<\ Cos. tertlmn fecit, lin 000 lo papa
cès dons HOU BOUM étymologique, BOUS Honlfaco IV lo consacra nu oulto ohré-
très unité au xvn° siècle, tlun BOUS lo nom do Sainte Mario au»
'ii C'était vraiment un grand hommo Martyrs, ot Institua a aotta occasion la
do guorro quo do lloutonant d'Ootavo. foto do la Toussaint.
Il créa lo port Jules en réunissant la 3. Lo rôlo do Lipide au milieu de
IRO Luorln nu lao Avorno, ot tous las cou dlssanslons civiles no fut jamais
doux & la mer. Il forma la flotta ot lao bien net. Ootitvo sa définit de lui, et
légions. Vainqueur do Sextus Pompéo après la déi'alto de Soxtus Pompéo. Il
à lo batailla navalu qui eut lieu entre travailla à détaobor las légions qui lui '
MVIOB ot Niutloquo (80), Il devait étalent dévouées t 11 n'ont nus do peine
l'aire encore d'Antoine a Autluni (84). a les rnlllor a sa fortune, Lapide n'out
Ce fut do plus un modeste. Après In d'autre rossourco qua de doinnndor la
triomplio définitif 'l'Auguste, 11 «o via. a son ancien collèguo. Octave lui
contenta do la slmplo oltnrgo d'édile laissa môme sos blons ut sa dignité de
et e'oet a lui nue Homo dut nos embol- grand pontlfu, mais il lo rolégun à '
UsBninentN. L'un dus somptueux mo- Circél.
numents qu'il avait fait élever Bubalstfl
4*
108 GRANDEUR ET DECADENCE DÏÎS ROMAINS
blique, toujours le premier à commencer les troubles,
formant sans cesse des projets funestes où il étoit
obligé i d'associer de plus habiles gens que lui. Un
auteur moderne 8 s'est plu à en faire l'éloge, et cite
Antoine, qui, dans une de ses lettres, lui donne la
qualité d'honnête homme; mais un honnête homme
pour Antoine ne devoit guère l'être pour les autres.
Je crois qu'Octave est le seul de toùo les oapitaines
romains qui ait gagné l'affection des soldats, en leur
donnant sans cesse des marques d'une lâcheté natu-
relle 3, Dans ces temps-là,, les soldats faisoient plus
de cas de la libéralité de leur général que de son cou-
rage. Peut-être même que ce fut un bonheur- pour lui
de n'avoir point eu cette valeur qui peut donner Tem-
pirei et que cela même l'y porta : on le craignit moins.
Il n'est pas impossible que les choses qui le déshono-
rèrent le plus aient été celles qui le servirent le mieux,
S'il avoit d'abord montré une grande Ame, tout le
monde se seroit méfié de lui; et, s'il eût eu de la har-
diesse,'il n'auroit pas donné à Antoine le temps de
faire toutes les extravagances qui le perdirent 4. /

1. L'advorbo on fut employé oommo appliqué a Auguste. Il no fut pas un


pronom rolntlf dès los premiers slèoles< homme do guorra, et 11 dut ses succès
de notre langue i cil oà le plusjem'affle militaires a Agrippa, mute du moins
(celui auquel le plus je me confie), nous no voyons pus qu'il se soit dé-
(Frotssnrt, VI. 107,27.) Au xvir» slèolo robé a l'heure du danger.
oct usago do où était très fréquont I 4, Monlosquleu, si Injuste pour
Je souhaitai son lit dans la seule pensée César, fait prouve, a l'égard d'Auguste,
De vous laisser an trône où je serais pla- d'une sévérité outrée. M. Duruy semble
[cée, avoir ou l'Intention do lo réfuter dntiB
(naoluu, lirilamilcns, IV, 2).' o'o court jugement i « On a tout è. la
2. L'abbé rïo Halnt-llénl (M de M.) fols oxaltà ot rnbalssé eo personnage
Salnt-lléal (10304002) a composé plu» au dota do la juste mesure. Sa longue
slours ouvrages historiques dont la prospérité no tient pas a d'houroux
meilleur est la Conjuration de Venise hasards, car la fortune no sort que
souvent réimprimée. Lo succès do ses ooux qui savent l'enchaîner, ot ceux»
écrits amona les éditeurs a y ajouter la sont do doux sortes i les forts ot lo»
des traité? historiques qui n'étalent habiles, les seconds moins grands que
nullement de lui. C'est précisément à les premiers, mais, dans certaines cir-
un fuatum de os genro qu'appartient le constances, plus utllos. Auguste était
passage que Montesquieu orittquo loi. do «o nombre Gotto domination quo
L'autour on est lo marquis de La Bas- César avait établie, son llls d'adoption,
tle. après l'avoir reconquise, chercha a 1»
3i l&chtti est un blon gros mot rendre durable. » (III, 228),
OHAPIMB xm ' 100
Antoine, se préparant contre Octave, jura à ses
soldats que, deux mois après sa victoire, il rétabli-
roit la république : ce qui fait bien voir * que les
soldats mêmes étoient jaloux de la liberté de leur
patrie, quoiqu'ils la détruisissent sans cesse, n'y
ayant rien 2 de si aveugle qu'une armée,
La bataille d'Actium se donna : Gléopatre fuit, et
entraîna Antoine avec elle. Il est certain que dans la
suite elle le trahit. Peut-être que,, par cet esprit de
coquetterie inconcevable des femmes, elle avoit formé
le dessein dé mettre encore à ses pieds un troisième
maître du monde 3.
Une femme, a qui Antoine avoit sacrifié le monde
entier, le trahit; tant de capitaines et tant de rois,
qu'il avoit agrandis ou faits, lui manquèrent; et,
comme si la générosité avoit été liée à la servitude,
une troupe de gladiateurs * lui conserva une fidélité
héroïque, Comblez un homme de bienfaits, la pre-
mière idée que vous lui inspirez, c'est de chercher los
moyens de les conserver ; ce sont de nouveaux inté-
rêts que vous lui donnez à défendre,
Ce qu'il y a de surprenant dans ces guerres, c'est
qu'une bataille décidoit presque toujours l'affaire, et
qu'une défaite ne se réparoit point.
Les soldats romains n'avoient point proprement
d'esprit de parti; ils ne combattoient point pour une
certaine chose 8, mais .pour une certaine personne ;
ils ne connaissoient que leur chef, qui les engagcoit
par des espérances immenses; mais, le chef battu
n'étant plus en étot de remplir ses promesses, ils se
tournoient d'un autre côté. Les provinces n'entroient
point non plus nettement dans la querelle, car il leur

1. Go qui fait Mon voir qu'AntotiiQ no se roiuliront quo oui' un faux bruit'
était tout aussi pou scrupuleux quo les do sa mort Ils furent dispersas dans
autrog sur lo choix dos moyens. los légion* où ou les égorgea.
2, Participe» absolu. 5, Montosqulau ost loi on contradic-
8, Jalon tiâtmr, Antoine ot Octuvo, tion avoo ltil-memo. Tout a l'houro 11
4. Cou aladlatoui'fl, entretenus pat< disait quo les tolilali mùmû étalentjaloua
lui à Gyisfquo, traverseront touto l'A- de la liberté de leur patrie. Nous croyons
nie, lorsqu'ils le auront monaod, et lia quo oo second jugdmont ont lo bon.
110 GRANDEUR ET DECADENCE DE6 ROMAINS
importait fort peu qui eût le dessus, du sénat où du
peuple 4. Aussi, sitôt qu'un des chefs était battu, elles
se donnoient à l'autre; car il falloit que chaque ville
songeât à se justifier devant le vainqueur, qui, ayant
des promesses immenses à tenir aux soldats a* devbit
leur sacrifier les pays les plus coupables.
Nous avons eu en France deux sortes de guerres
civiles : les unes avoient pour prétexto 3 la religion;
et elles'ont duré, parce que le motif subsistait après
la victoire ; les autres * n'avoient pas proprement de
motif, mais étaient excitées par la légèreté ou l'ambi-
tion de quelques grands, et elles étaient d'abord étouf-
fées 8. i v
Auguste 6 (c'est le nom que la flatterie .donna à 1 -

Octave), établit l'ordre, c'est-à'-dire une servitude


durable j car dans tin état libre où l'on vient d'usurper
la souveraineté, on appelle règle tout ce qui peut
fonder l'autorité sans bornes d'un seul; et on nomme
trouble, dissension, mauvais gouvernement, tout ce
qui peut maintenir l'honnête liberté des sujets Y.
Tous les gens qui avoient eu des projets ambitieux
avoient travaillé a mettre une espèce d'anarchie dans
la république. Pompée, Grassus et César y réussirent
à merveille. Ils établirent une impunité de tous les
crimes publics} tout ce qui pouvoit arrêter la corrup-
tion des moeurs, tout ce qui pouvoit faire une bonne

1. Las provinoes étalent tollomont 0. Voloi l'expltoallon quo donne


habltucos h. ôti'o pressurées quo peu Suétono do oo nom t « Âugusti coguo-
lotir Importait nu nom do qui BO com- nem assumptUi" Munatii l'htiut senten-
mettaient )OB oxaollon», Citaient elles tia t cum, qutbusdam censentlbus 1{OMU->
qui supportaient le» frais énormes (tint apptllari opoitm, quasi et ipsum
occasionnés par dos guerres conti- conditorem Uibis, piwaluisset ut Au-
nuelles. gustus/Jo/iW vocarttur, non tonlum novo,
2. On dit blon tenir une piomtste h std itlam ampUore cognomlne, quod toca
quelqu'un, Corneille, Pompii V, 8 I quoque nliglosa, et in quibus augumto
, «
S'il m'a tenu promusse. quia eonsocrtttiif, augusta dknntur. ab
3. Et pour raison vraie. nuotu, vel ab avlmn gostu gustuvo,
4. LAB troublos qui eurent Hou pon- sicut etiam Ennius docet,scribens t
dant la minorité do Louis XIII et sur- Augusto augmio postquam iiwlltu condl-
tout les guerres do la Fronda. [tu Homa est,
0. A quoi bon 6o rapproohomont t, Il on est do mémo do toutu révo-
qui n'expllqtio rien ? ' lution, quel que soit son oaraotùre.
CHAPITRE xni 111
police *, Ils l'abolirent} et comme les bons législateurs
cherchent a.rendre leurs concitoyens meilleurs, ceux-
cî travailloient à les rendre pires ils introduisirent ••

donc la coutume a de corrompre le peuple à prix d'ar-


gent j et quand on étoit accusé de brigues 3, on corrom-
poit aussi les juges j ils firent troubler les élections
par toutes sortes de violences ; et, quand on étoit mis
en justice, on intimidoit encore les juges j l'autorité
même du peuple étoit anéantie i témoin Gabimus,
qui, après avoir rétabli, malgré le peuple, Ptolomée h
main armée, vint froidement demander le triomphe '.
(i,Ces premiers hommes de la république cherchaient
à dégoûter le peuple de son pouvoir, et à devenir
nécessaires, en rendant extrêmes les inconvénients du
gouvernement républicain; mais lorsque Auguste fut
une fois le maître, In politique le fit travailler à réta-
blir l'ordre pour faire sentir le bonheur du gouver-
nement d'un seul.
Lorsque Auguste avoit les armes à la main, il
craignoit les révoltes des soldats, et non pas les con-
jurations des citoyens} c'est pour cela qu'il ménagea
les premiers, et fut si cruel aux autres 5. Lorsqu'il fut
en paix, il craignit les conjurations fl j et ayant toujours
devant les yeux le destin de César, pour éviter son
sort, il songea à s'éloigner de sa conduite. Voilà la

1. Pol'n i a étymologlquomont la Et alors, après avoir acheté los 4100-.


sens d'organisation politique, Ainsi Pas- tours, los candidats durant aohator los
cal dit i « La pente vers soi est te corn- Jugasi oo fut uuo déponso do plus,
mencement de tout désordre, en guerre, en muts il n'y ont rlon du changé,
police, en économie, IXXIV. 60). 4. César lit la guorro aux Oaulols,
2, Nous avons déjà uu l'ooonslon do ot Grasmis aux l'urthns, sans qu'il y
remarquai quo ootto coutume était
1
eut auotino délibération du sénat ni
blcm antérlouro ti I'ompdo, Crassus ot auoun déorot du pouploi Voy. Dion.
César, Mais las triumvirs no so liront (N, de M.)
aucun scrupule do l'étundra unooro 5, On dit blun tire cruel h ou envers
pour sorvlr leur ambition. quelqu'un) copundnnt la promlôro oon-
8, Los lois sur la brigue, (iii.ibitiis) struotlon,tr6s usitée au xvit* slèolo, a
visaient surtout les distributions d'ar- l'avnntogo d'étro plus oourto, Co qui
gont (tnryitio), Mais ollas no tinrent ont frauuiioii.ont mauvais, o'osl du dira
pas longtemps i dis lors l'achat dos cruel vis h vis des autres,
votas so fit publiquement. On Institua fl. Et 11 ont raison i on no compto
un jury spécial et permanent pour |KIH moins da quatro complots tramés
punir ooo délits {quautlonu perpétuât,) uontro ua vlo.
112 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS
clé de toute la vie d'Auguste, Il porta dans le sénat
une cuirasse sous sa robe; il refusa le nom de dicta- 1

teur ; et au lieu que César disoit insolemment la'


que
république n'étoit rien, et que ses paroles étoient des
lois, Auguste ne parla que de la dignité du sénat et de
son respect pour la république *, Il songea donc à
établir le gouvernement le plus capable de plaire qui
fût possible sans choquer ses intérêts; et il en flt un
aristocratique, par rapport au civil, et monarchique,
par rapport au militaire; gouvernement ambigu, qui,
n'étant pc.3 soutenu par ses propres forces, ne pou-
voit subsister que tandis qu'il plairoit au monarque,
et étoit entièrement; monarchique par conséquent
On a.mis en question si Auguste avoit eu véritable-
ment le dessein de se démettre de l'empire a. Mais
qui ne voit que, s'il l'eût voulu, il étpit impossible
qu'il n'y eût réussi? Ce qui fait voir que c'etoit un
jeu, c'est qu'il demanda tous les dix ans qu'on le sou-
lageât de ce poids-, et qu'il le porta toujours. G'étoit
de petites finesse» pouri se faire encore donner ce
qu'il ne croyoit pas avoir &.ssc,i acquis. Je me déter-
mine par toute la vie d'Auguste ; et, quoique les
hommes soient fort bizarres, cependant il arrive très
rarement qu'ils renoncent dans un moment à ce a
quoi ils ont réfléchi pendant toute leur vie, Toutes
les actions d'Auguste, tous ses règlements tendoient
visiblement à l'établissement de la monarchie. Sylla se
1.' 11 niTooln, on olïot, do no vouloir léos provint*} impériales. Puis lus pou-
ôtro que lo promior oltoyon do In repu- voirs ordinaires qu'il avaltroous furont
bllciuo, Dans non tostnmont 11 affirmo tellement augmentés qu'il fut, sinon
qu'il rendit ses pouvoirs au sénat ot on llh'O, du moins on fait, un véritable
nu peupla i rtmpnblieomtrtwslutiin sciiuiiis triumvir, oommo 11 lo reconnaît lut—
àv8p64v lyiv6jj,y)V
populique romani arbitrium (/îqa mémo t TptfiW
Hesuiû divi Augnsti, 34.) Eu réalité, Sy)|Aoa(tov Tcpay(J.«twv x«topOWT^
Auguste no songea jamais n revenir a auvsyémv Krsaiv &&«,
la République) comme l'afllrmo Sué-
tono, mais il déposa lo» pouvoirs ex- 2. D'après Sénèquo, il aurait con-
traordinaires (rûimtblleue eonstituendiio) sulté Agrippa ot Mécène i lo premier
qui lui avalent été conllés par In lot lui aurait conseillé l'nbdlontton, lo
Tltln (43) ot prorogé» In'déflmment par sûooiul l'omplro. Gotto supposition a
lo «onHontomtmt tnulto do fou» los al- fourni a Gornoillo lo plnn do BU bollt)
toyon'o lio sénnt lui bondit uloru uno BCÔUO do la délibération dans Ctnnq,
puitlo dos nrovhioos qui furent appa-
CHAPITRE XHI 113
défait de la dictature; mais dans toute lu vie de Sylla,
au milieu de ses violences, on voit un esprit républi-
cain; tous ses règlements, quoique tyranniquement
exécutés, tendent toujours à une certaine forme de
république. Sylla, homme emporté, mène violemment
les Romains à la liberté,* Auguste, rusé tyran (, les
conduit doucement à la servitude. Pendant* que sous
Sylla la république reprenoit des forces, tout le
monde crioit à la tyrannie; et, pendant que sous
Auguste la tyrannie se fortifloit, on ne parloit que de
liberté 2.
"M coutume des triomphes, qui avoit tant contribué
à la grandeur de Rome, se perdit sous Auguste, ou
plutôt cet honneur devint un privilège de la souverai-
neté 8. La plupart des choses qui arrivèrent sous les
empereurs avoient leur origino dans la république *,
et il faut les rapprocher ; celui-là seul avoit le droit de
demander le triomphe, sous les auspices duquel la
guerre s'étoit faite ° : or, elle se faisoit toujours sous
lt J'emploie loi ce mot dans lo sons in Attg. (N, de il/.) Le» ùrntmmu triom-
dos Greos ot dos Romains, qui don- phaux oomportalant surtout lo droit
notent co nom 6. loua DOUX qui nvotont d'avoir sur lo Forum uno statue cou-
renversa In ctêmooi'utlc. (N, de M,) ronnée do laurlor, hureata statua, ot ls
2, Ça parallèle entre Syllu ot Au- droit do portor, lo t<" janvlor, lo cos-
guste, tout ii l'avantage du premier, tuma triomphul, o'ost-h-dtro la tunique
n'ont qu'une brillanto antithèse. La brodée do palmes d'or ot la logo do
liberté outrait poui' fort peu dans les pourpre. Cas ornomonts furent bloit
préoccupations de Sylla. Tacite a très vite discrédités, pemutsatis trhtmplU
bien compris lo oaractèi'0 du prlnolpat insignibus (Taoilo, Annales, XIII, 1)8),
d'Auguste ut lu» olroonstanooH qui la 4. Los Romain» ayant changé do
firent naître. Auguste no fut pas,comme gouvernement sans avoir été onvuhis,
lo disaient Bas adulateurs, lo rostaura- los mêmes coutumes restèrent après lo
tour do la liberté, ni, commo la oroieut changement du gouvernement, dont lu
trop souvent les modernes, lo fonda- forme resta a pou près. (N, de M).
teur d'uno monarohio ouvortomont 5. Dion, I'M Aug,,Uv. L1V, dit qu'A-
proclamée i non uliud diseorduntis patrite grippa négligea par modoh'Jodo rendra
remedium fuisse aunm ub itno ngenlttr, compte au sdnat do son expédition
Non rtgno tamen neaut dictature, séd contre les poupka du Bosplioro et
pnnelpk nomtne eonsthutiim rtmpubtl- refusa mémo lo triomphe! et quo do- <

cam (Aimait), I, 0, Cf. ld„ l, 2), Quant puis lui personne do ses pareils no
a oo Llti'o do « prlnctjtê », on no lo triompha, malso'étolt uno grftoo qu'Au-
trouve dans aucune dos lois portéos guste voulait falro a Agrippa, et qu'An-
pat' Auguste i il fut réservé aux héri- toine ne fit point n Venlldlus la pre-
tiers do l'emplro. mière fols qu'il vainquit les Partit».
8. On no donna plu» aux particuliers (N.dtM,)
quo la» ornements triomphaux. Dion,
114 GttÀNDBUIl ET DECADENCE DES ROMAIN»
les auspices du chef, et par conséquent de l'empeVeur,
qui étoit le chef de toutes les armées *.
Gomme, ,du temps de la république, on eut pour
principe de faire continuellement la guerre, sous les
empereurs, la maxime fut d'entretenir la paix a i, les
victoires ne furent regardées que comme des sujets
d'inquiétude, avec des armées qui pouvoient mettre
leurs services à trop haut prix.
Ceux qui eurent quelque commandement craignirent
d'entreprendre de trop grandes choses il fallut $

modérer sa gloire, de façon qu'elle ne réveillât que,


l'attention, et non pas la jalousie du prince, et ne
point çaroître devant lui avec un éclatv;que ses yeux ne
pouvoient souffrir 8. !"
Auguste fut fprt retenu à 4 accorder le droit de
bourgeoisie romaine 8j il fit des lois(pour empêcher
qu'on n'affranchît trop d'esclaves j il recommanda par
son testament ° que 1on gardât ces deux maximes, et
qu'on ne cherchât point à étendre l'empire par de
nouvelles guerres. i

Ces trois choses étoient très bien liées ensemble t


, .

dès qu'il n'y avoit plus de guerres, il ne fallôit plus


de bourgeoisie nouvelle, ni'd'affranchissements.
1. L'ompcrour, on ofYot, posséda Lo oitoyon pauvre n'avait pas le*
soûl désormais Vimperium. Or, pour mémos droits quo lo oitoyon d'origine
avoir droit au triompha, 11 fallait, entro (ingéniais), ot lo provincial no fut jamais
autres OIIOHOB, avoir commanda on ohef l'égal du Qulrito.
l'arinéo vlotorlouso. 0. On appelle Testament d'Auguste
.
3. Il faut dira aussi quo lo monda l'insorlptlon rotrouvéo a Anoyro. Ce
était conquis, l'ompiro de Homo établi n'oBt, pas son testament complot,
partout sans oontostatlon. Les ompo-, D'après Suétono, il comprenait trois
rours auront surtout a conserver, ils parties i « Tribus tianatis aeque Mumi'
no surent pas la falro. nibus.,, De tribus voltminibus, uno man*
3, Las dorntors ohapltros do la Vie data de funere suo complexus est, altero
d'Agricoia nous montrent jusqu'où indicem rerum a se gestarum quem vellet
allait la susceptibilité d'un Domltton hiclfii in aeneh tabuiis, quae ante m<ii/so-
(V. eh. 40), leum statuerentur, tertio brevlarium totiut
4, Dans le sens de modiri, clrcon- imperii. » C'est la seoondo partie de en
spect, Cf. Il faut itre extrêmement circon- testament 'qui noua est parvonuo.
spect et très retenu h prononcer $ur ht Quant au oonuoll que Montasqutou
ouvrage» de ces grande homme), (tlaolne, rapporta loi d'après Taoltn (Annales, I,
Iphtghle, préface). Celto construction 22), Il HO trouvait probablement dans
a vlollllj la troisième partie qui avait trait à
5, Do plus, il» organisa lo droit de l'empire.
elté »i y Introduisit des distinctions.
CHAPITRE XIII 115
Lorsque Rome avoit clos guerres continuelles, il
falloit qu'elle réparât ' continuellement ses habitants,
Dans les commencements, on y mena une partio du
peuple, de la ville vaincue t dans la suite, plusieurs
citoyens des villes y vinrent pour avoir part au droit
de suffrage ; et ils s'y établirent en si gfand nombre
que, sur les plaintes des alliés, on fut souvent obligé
de les leur renvoyer; enfin on y arriva en foule des
Jjrovinces. Les lois favorisèrent les mariages, et môme
es rendirent nécessaires. Rome fit dans toutes ses
guerres un nombre d'esclaves prodigieux 3; et lorsque
ses citoyens furent comblés de richesses, ils en ache-
tèrent de toutes paris, mais ils les afranchirentn sans
nombre, par générosité, par avarice, par foiblesse :
les uns vouloient récompenser des esclaves fidèles;
les autres vouloient recevoir en leur nom le blé que
la république distribuoit aux citoyens; d'autres enfin
désiroient avoir à leur pompe funèbre beaucoup de
gens qui la suivissent avec un chapeau de fleurs Le
peuple fut presque composé d'aflranchis tt : de façon
\
1, Réparât, roproduisît. On n dit do l'affranchi la liberté absolue avoo ton»
mOrno réparer son sang, un peuple, une se» prlvIlÈtto» ot lo droit do cité pour
espèce, son potlt-uls. En effet,immédiatement
un e»?lavo af-
2, A Ronio 11 no paraît pas quo los franchi no devenait pas
pouvoir» publtoa BO solont beaucoup olloyon, il n'était quo liber, Bon 01»
préoccupe-» do oot état do cho»o» i il était dit libertinus, A la génération
fallait uno révolto d'oBolave» pour falro suivante soulomoiit on était oltoyon,
réfléohlr lo» Romain», ot leur montror 4. On dînait au xvn° BIÛOIO un e/m-
un danger qu'il» no tardaiont pas a pean do fleurs, comme UOUB disons au-
oubllor s v Urbemjum trepidam ou mnf- jourd'hui uno couronne de /leurs,
titudinem fumitiai'um auat gliscebal im- 5. Claudo avait rendu un ddorol
mcnsiim, minore in (lies plèbe in amua donnant aux patron», daim certain»
(Toolto, Ann., IV, 27). on», lo droit do ronrondro aux nflVnn-
3, Il y avait doux modo» d'affran- ohl» la llborté qu'il» leur avalant don-
chtBsomont» i l'un, privé, dovatit olnq uéo. Co déoiut était demeuré Ban»
témoin», ou par uno lottru ooutroslgriéo ofl'ot. Sou» Néron, on pensa a lo ru-
do olnq poi'Bonnos, qui donnait «l'af- nouvolor i « efflagitatum est advenus
franchi uno liberté ooiïflltlomjollo non mal» meritos revocundae libertatis jus'pu-
ti'niiBinlssIblo a eo» enfants, ot do» tronis daretiir,,, criminum manifostos
droit» poltllquo» l'oslroliità [latlnttas) i merito ad servitutem retraht, ut metu
l'autre, légal, on présonoo d'un haut coerctuntur qttos bénéficia non mutavlssent
magistrat, consul, prétour ou procon- (Taolto, Ann,, XIII, 20). Mat» le» par-
sul, loquol touchait I'OHOIUVO a la tôtu tisan» dos alTranohls, ot los affranchi»
avoa uno buguotto appelée vindieta uux-mâmo» objecteront lo troubla
(d'on l'oxpro»»lon munumlsslo per vin» qu'une toile loi apporterait dans l'Etat
ilielum ou vindieta) \ oolul-al aosurait a où 11» élalual nombreux et puissant» i
116 OnANDIiUR ET D^CADRNGR DK9 K0MAIN8
que ces maîtres du monde, non seulement duns les
commencements, mais dans tous les temps furent lu
plupart d'origine servile.
»Le nombre du petit peuple, presque tout composé
d'affranchis ou de fils d'affranchis, devenant incom-
mode, on en fît des colonies, par le moyen desquelles
on s'assura de la fidélité des provinces C'étoit une
circulation des hommes de tout l'univers. Rome les
receyoit esclaves et les renvôyoit Romains.
Sous prétexte de quelques tumultes arrivés dans les
élections, Auguste mit «dans là ville un gouverneur *
et une garnison; il rendit les corps des légions éter-
nels 2, les plaça sur les frontières, et établit des fonds
particuliers pour les payer j enfin il ordonna que les
vétérans recevroient leur récompense en argent et non
pas en terres 8.
11 résultoit plusieurs mauvais effets do cette distri-
bution des terres que l'on faisoit depuis Sylla. La
propriété, dos biens des citoyens étoit rendue incer-
taine. Si on ne menoit pas dans un môme lieu les.
.soldats d'une cohorte, ils se dégoûtaient de leur éta-
blissement, laissoient les terres incultes et devenoient
de dangereux citoyens 4 : mais, si on les distribuoit

a Qttippo lato fusum id corpus / hlnc plo- ot choisi parmi los sénateurs ot do
ntmquo tribus, decurlas, ministériel m«- préféronco parmi los consulaires,
gistruttbus et sucerdotib.us, cohortes etiam 2. La réformo militaire d'Augusto
m Vrlio conscriptns t et plnrimis equitum, out uno doublo tondanco t éliminer do
plertsqtto scnatoribtis, non allunde origi- la légion las ultoyons romains ot falro
ne)» trahi. Sisepnrarentur libeilini, mani- dos légions autant do patltos nrinooH
Sestant fore peimrinm ingenuorum (Ami,, sédentaires {castra stativa) aantoiméos
LUI, 27). lît lot) affranchis l'ompor- surtout dans los provlnoos fronderas
tarant. ot organisées do l'aoon qu'ollos
1. C'était ld praefecttts ttrbts, ohargé pussent M NUtïlro u olloH-mOinuH.
i>nr AngitHlu, pondant son nljfsuiico, do 3. Il régla que lo» soldats prétorien*)
l'an 27 h 24, du la hautô pollco do auraient clnq-mlHo drachmes t douH
Homo ot du l'Itallo, Mossala Corvlnus nilllo opris solno an» do Borvlcu ot loâ
ounupn lo premier ootto ohargo, mais autres trolM mlllo après vingt ans do
commo allô était contraire aux IOIH, il sorvioo. (Dion, In Aug,) (N. do M)>
H'OII démit ou criant nu soaudalo. Au» 4. Non ciiim, ut olim, universao legtones
uimto lcromplaaa narStatllIuH Tnui'UH, dcdticebanturcum tribitnis et centurionibui
Lo trolHlàmn préfut l'Ison, choisi on ot stii cttjusqtte ardlnis miltttbus, ut con-
14 np. J.-C, raina ou fomilioiiu jusque sonstt et enfilât» nmpithUe.am ef/lrerent,-
HOIIM Tlboro, on l'an !)2 ou 11 tnoui'ut,
sed ignotilntor si, diversis mtinipitlis. sino
Lo pvofot était nommé par l'omporeur rtotore, sine u/j'cctibits m tau h, quasi es
CHAPITRE XIV 117
par légions, les ambitieux pouvoient trouver contre la
république des armées dans un moment.
Auguste fît des établissements fixes pour la marine *,
Gomme avant lui les Romains n'avoient point eu des
corps perpétuels de troupes do terre, ils n'en avoient
point non plus de troupes do mer. Les flottes d'Auguste
eurent pour objet principal la sûreté des convois, et
la communication des diverses parties de l'empire car ,*

d'ailleurs les Romains étoient les maîtres de toute la


Méditerranée : on ne naviguoit dans ces temps-là que
dans celte mer, et ils n'avoient aucun ennemi à
craindre.
Dion remarque très bien que depuis les empereurs
il fut plus difficile d'écrire l'histoire : tout devint
secret 2j toutes les dépêches des provinces furent
portées dans le cabinet des empereurs j on no sut plus
que ce que la folio et la hardiesse des tyrans ne vou-
lut point cacher, ou ce que les historiens conjectu-v
rèrent.

CHAP. XIV. — Tibère.

Comme on voit un fleuve miner lentement et sans


bruit les digues qu'on lui oppose, et enfin les renver-
ser dans un moment, et couvrir les campagnes qu'elles
conservoient, ainsi la puissance souveraine sous
Auguste agit insensiblement et renversa 8 sous Tibère
avec violence.
Il y avoit une loi de majesté * contre ceux qui com-
allo gûntre mortalium repenti in uinim
colheli, numtnn maiih mtam colonin.
S. Ruwtrta a lo BOUS noutro t u rtn»
Vtrta, déborda,
(TnoiU, Ann.t XIV, 28). 4. Dana l'anolonno Homo, los ntlon-
1. Augualo o\'6a don flottes ot <1C<B tnts contro la nurotA du l'Iîtnt étalant
lloUllloB poi'maiiontos t la flotto dû appoléH peidueltio, La proinlùi'o loi do
MiRtmo, oollo do Uavomio, colle do nmJoHtô ont duo nu tlrtmogogoo Apu-
Kréjus, ot las flotllllos du lthllt (vlussis loiiin (100 av. J.-C), la doUilomo au
Oeimuntcn) ot du Dntiubo (chisiis Pun- tribun VnrluB, Quoique» auuaou plus
nonlea, Mteika), tard, Sylla reprit eus lois ot définit
3. Suolono i-npiiorto qu'AtiguBto do- mieux l'nltontat i H cil mnjtstu», ut titilla
fondit quo Ion uoton du flôuut fuutcrit volniti n« in quemvit impun» dulumar»
publié» [Aug,, 80), liant, » (Ole, Ad familiales, III, 11.)
118 GïlANDRUn HT D^OADENCR DRS ROMAINS
mettaient quelque attentat contre lo peuple romain.
Tibère se saisit do cette loi, et l'appliqua, non pas aux
cas pour lesquels elle uvoit été laite, mais a tout ne
qui put servir sa haine ou ses défiances< Ce
n'étoient pas seulement les actions qui tomboient dans >

le cas de cette loi, mais dos paroles, des signes ot dos


pensées môme j car ce qui se dit dans ces épanche-
monts de coeur que la conversation pi oduit entre doux
amis ne peut être regardé quo comme des pensées. Il
n'y eut'donc plus do liberté dans les festins, do conr
fiance dans los parentés, de fidélité dans les esclaves}
la dissimulation et la tristesse du prince se communi-
quant partout, l'amitié fut regardée commue un écueil ;
1 ingénuité,
comme une imprudence; la vertu, comme
une affectation "qui pouvoit rappeler dans l'esprit des
peuples le bonheur des temps précédents a.
Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que ,

l'on exerce à l'ombre des lois, ot avec les couleurs de


la justice, lorsqu'on va pour ainsi dire noyer des mal-
heureux sur la planche môme sur laquelle ils s/étoient
sauvés. '
Et, comme il n'est jamais arrivé qu'un tyran ait
manqué d'instruments de sa tyrannie, Tibère trouva
toujours des juges prêts à condamner autant de gens
qu'il en put soupçonner. Du temps de la république,
le sénat qui ne jugeoit point en corps 3 les affaires des
La loi do Sylla fut romplaoéo par les 1, Plirïo le Jeune dit on parlant de
lots Jullonnoa t l'une émanant de Câpar cotte loi i « unicum orimen eorum qui
ot abrogée,par Antoino. l'autro portéo erimine vacarent, » {Paneg,, 42.V
par Auguste et agruvuo pur '1 iljoro. 3. Montesquieu s'inspire loi do Ta-
Tacite parle de oette loi due à Augusto-i oito i « Congressus, colioquia, notae igno'
« logem majestatis reduxerat t oui nomen taeque mires vitari, ettam muta atquo ina-
apua ventes idem, sed alia in jttdicium nima, tectum et parietes, circumspocta-
veniebant : si quis proditione exercitum bantur. » (Ann„ IV. 60.) Cf. un tableau
mit plebcm sedittonibus, denique maie du mémo gonro dans 1B Vie d'Agricola,
gesta republica, majestatempopuli romani 39ot4ï.
minuisset t facut arguebiintnr, dicta im- 3. Lo sénat était uniquement le
puta erant. Prlmum Augustin cognidonem gardton do la Constitution, ot, selon
de famosis libellis specio legis ejus tram* l'expression do M, Bouohé-Lueloroq, il
vit (Taoito, Ann„ I, 72). Mais, selon était, avant tout, lo conseil des dépo-
Suétone, Auguflto.no voulut pas qu'on sitaires du pouvoir, rois ou magistrats.
poursuivit las autours dos ôorits diffa-
matoires qui le concernaient.
CHAPITRE XIV 119
particuliers, connoissoit, par une délégation du peuple,
des crimes qu'on imputoit aux alliés. Tibère lui ren-
voya do môme lo jugomcnt do tout co (pi*il appoloil
crime de lèso-majosté { contre lui. Co corps tomba
dans un état do bassesse qui ne pout s'exprimer a : les
sénateurs alloient au devant de la servitude j sous la
faveur de Séjan !\ los plus illustres d'enlro eux fai-
soiont le métier do délateurs.
Il me semble que je vois plusieurs causes de cet
esprit de servitude qui régnoit pour lors dans lo sénat.
Après que César out vaincu ,,s parti de la république,
les unis et les ennemis qu'il avoit dans lo sénat con-
coururent également à ôter toutes los bornes quo les
lois avoiont mises à sa puissance, et à lui déférer des
honneurs excessifs. Les uns cherchoient à lui plairej
les autres, à le rendre odieux. Cela fit qu'il no se défia
point du sénat, et qu'il y fut assassiné; mais cela lit
aussi que dans les règnes suivants il n'y eut point de
flatterie qui fût sans exemple, et qui pût révolter les
esprits.
Avant que Rome fut gouvernée par un seul, les
richesses des principaux Romains étoient immenses,
quelles que fussent les voies qu'ils employoiont pour
les acquérir; elles furent presque toutes Atees sous les
empereurs : les sénateurs n'avoient plus ces grands
clients * qui les combloient de biens ; on ne pouvoit
guère rien prendre dans les provinces que pour César,
1, Tibère concontra tous les pou- lors, iour, Il sauva la vIo a Tibère, qui, dès
voirs élootoraux ou législatifs entrolos lui aocorda toute sa oonfianoe,
moins du sénat. C'était briser avoo los Mnls Séjan convoita l'empire, Tlbèro
traditions, mais c'était aussi se prépa- s'en aporout, et, solon l'expression de
rer un Instrument daollu tout on affec- Juvénnl i
tant de lui obéir. ,,, Grandi* epistolu venit
3, Taolte décrit ainsi cotto servilité t A Capreis
H
Al Romii» ruer» I'N servittum consules, 4. Los rois et les vlllos s'honoraient
patres, ot/ues j auanto guis llliistrior, tanto do comptor parmi los clients des plus
magis faUt ac fesilnanlts (Aim„ I, 7). Et Illustres citoyens romains. Tous les
l'on n'était qu'aux premiers jours du princes de l'Asie Mlnoure étalent los
régne do Tibère!.,. cllonts do Pompéo, et M. G. Botssler
3, Séjan était un simple chevalier dit en parlant de Clcéron ! « De» villes
do Vulslnlo, on Etrurlo, dont le père importantes, Volatorrao,Atolls, Sparte,
avait commandé la garde prétorienne Paphos réolamalont à oh?quo Instant
Tara la fin du règne d'Auguste. Un sa proteotlon et la payaient par des
120 cnANnnun HT nfaunimoii DUS ROMAINS
surtout lorsque ses procurateurs ', qui étaient h peu
près cornmo sont aujourd'hui nos intendants a, y furent
établis. Cenondant) quoique la source des riohessos
fût coupée, les dépenses subsistoient toujours; le train
de vie étoit pris, et on ne pouvoit plus le soutenir que
par la faveur de l'empereur,
Auguste avoit oté au peuple la puissance de faire
des lois, et (celle de juger les crimos publics ; mais il
lui avoit laissé, ou du moins avoit paru lui laisser
celle d'élire les magistrats 8. Tibère, qui craignoil les
assemblées d'un peuple si nombreux, lui ôta encore-
ce privilège, et le donna au sénat *, c'est-à-dire à lui-
même; or, on ne sauroit croire combien cettei déca-
dence du pouvoir du peuple avilit l'âme des grands.
Lorsque le peuple disposoit des dignités, les magis-
trats qui les bnguoient fojsoient bien des bassesses;
mais elles étoient jointes a une certaine magnificence
qui les cachoit, soit qu'ils donnassent des jeux ou de
certains repas au peuple, soit qu'ils lui distribuassent
de l'argent ou des grains : quoique le motif fût bas, le
moyen avoit quelque chose de noble, parce qu'il con-
vient toujours à un grand homme d'obtenir par des
libéralités la faveur du peuple B. Mais lorsque le
peuple n'eut plus rien à donner, et que le prince, au
honneurs publies, 11 comptait clos llon, ohargés de la polioe, de la justloe
pi'ovlnoas ontièros, prosquo dos na- et des nnanoos, subsisteront jusqu'en
tions, dans si» ollontélo, cl, dopuis 1780.
l'nffulrn do Vorrès, par'oxomplo, il était 3, Augusto avait laissa subsister les
le défonsour ot lo patron do la Slcllo. comices oleotoraux, mais 11 s'était
Cet usogo survéout a la républlquo, ut réHorvé lo droit de présenter des oan»,
au tempe do Taolte, los orateurs an didats, Gos candidats se paraient du
renom avalent onoore parmi lours titre do candidat! Caesaris (Atigusti, im-
clients des provinces et des royaumes. » ueratoris). Mais les seuls 'membres do
(Cicéron ot sos amis,
— La vit privée do l'ordre sénatorial étalent éliglblos,
Cicéron), 4. Tibère laissa subslstor, mais l\
1. Los pioouratours provinoiaux titre do simple formalité, la reiwntiatio
{procuratores Atigusti) étalent dos agents au Champ do Murs, lo Jour do l'éleotion
qui<danschaquoprovlnoe,contrôlaient ou quelques jours nprés, La reiwntiatio
la répartition do l'Impôt, centralisaient était la proclamation dos élus par lo
les récoltas, répartissalentles sommes présldont dos comlcos élootoraux, for»
affectées aux différentes oaissos, ot malice indisponsablo, sous la repu»
ordonnançaient les dépenses, Les pro- bllquo, Ma transmission dos auBpicos,
curateurs étaient de VotAro équestre. 6, Nous ne voyons pas on quoi il
Au besoin ils suppléaient'le gouver- est plus noblo do flatter lo peupla que
neur. de flatter un prinoe. Quoi qu'on dise
2, Los intendants, établis par Itloho- Montesquieu, h flatterie, quoique
CI1AP1TW, XIV 121

nom du sénat, disposa do tous les emplois, on les


demanda et on les obtint pnr dos voies indignes ; la
flatterie, l'infamie, los crimes, furent dos arts 4 néces-
saires pour y parvenir,
11 ne paroît pourtant point que Tibèro voulût avilir
le sénat ! il ne se plaignoit de rien tant quo'du pon-
chant qui entraînoit ce corps a la servitude; toute sa
vie est pleine de ses dégoûts là dessus 3 : mais il étoit
comme la plupart des nommes, il vouloit des choses
contradictoires} sa politique générale n'étoit point
d'accord avec ses passions particulières ; il auroit
désiré uu sénat libre, et capable de faire respecter son
gouvernement} mais il vouloit aussi un sénat qui
satisfit a tous les moments ses craintes, ses jalousies,
ses haines t enfin l'homme d'Etat cédoit continuelle-
ment à l'homme,
Nous avons dit que le peuple avoit autrefois obtenu
des patriciens qu'il auroit des magistrats de son corps
qui le défendroîent contre les insultes et los injustices
qu'on pourroit lui faire. Afin qu'ils fussent on état
d'exercer ce pouvoir, on les déclara sacrés et invio-
lables } et on ordonna que quiconque raaltraiteroit un
tribun, de fait ou par paroles, seroit sur-le-champ
puni de mort, Or, les empereurs étant revêtus de la
puissance des tribuns1*, ils* eu obtinrent les privilèges;
forme qu'elle ravala, quoi que «oh metmbot, nduiaiionem odtrat (III ,87).
celui auquel elle s'adrosso, estindlgno 3. Cette attribution do la pulu:anao
d'un homme d'honneur. Do plus, trlbunltlonnu u l'empereur étnlt tout a
Montopquieu oublie Ira nefcnos do bri- fait anormale, puisque los plébélons
gandage qui déshonoraient «ouvont Bonis étaient éllgiblos au tribnnnt, Go
les comice». La vénalité do» suffrages, fut une des Innovations les plus har-
surtout au dernier siècle de la Répu- dies de Jules César, Auguste s'attri-
blique, émit absolue. bua oo pouvoir à vie et étendu a lou*
1, Art signifie proprement invention i l'empire (36), En 23, il le rendit an-
d'où moytn. nuel, o'oat-à-diro qu'il lui fut confirmé
S, Tacite, qui ne peut être suspncl 'offlololloment tous les ans. Sous ses
de partialité eu faveur de Tibère nous successeurs, il était conféré à l'umpe-
en connurve le souvenir : Memorm» reur par vole légielallvo ot immédia-
prnilitiir Titttrtum, quolhs curia «gredtrt-ment après son avènemont. Cependant
Kir, g>atrli vtrbit in Imite modum eloqui le trlbunat continua a subsister
tuUtem i • 0 hnmines ttd stivitutem pu- comnio los autres magistratures i mais
rtitns I » Seitwet i\U\m qui libertattrn pu»les 10 tribuns no possédèrent plus que
bliram noiUt, tain projectui strvitiitium l'ombre de la pulsiouoe trlbunitlenne.
puiteiitiat tàtdibnl (Annula III). Et 11 4.! Ils pourrait sb suppvlmor (Ragon,
•joute un peu plus loin i Ubtrlntm Gr, /•(•„ § 042, rom, 1),
122 OîlANDKUn F/T DftflAnttNOB OHB ROMAINS
fondement qu'on lit mourir tant de
el c'est sur co métier tout à
les dôlatours purent faire leur
gens, que lèse-majesté, crime,
leur aise, el quo l'accusation do co
dil Pline, de ceux h qui on ne peut point imputer de
crime, fut étendue a ce qu'on voulut.
Je crois pourtant que quelques-uns de ces titres
d'accusation n'étoient pas si ridicules * qu'ils nous
parois,sent aujourd'hui} et je no pu?s penser que
Tibère .eût fait accuser un nomme pour avoir vendu
maison la statue de l'empereur a{ que Domi-i
avec sa femme s'être
tien eût fait condamner ù mort une pour
déshabillée devant son image, et un citoyen parce qu'il
avoit la description de toute la terre peinte sur les
murailles de chambre, si ces actions n'avoient
sa qu'elles
réveillé dans l'esprit des Romains que l'idée
à présent. Je crois qu'une partie de
nous donnent
cela est fondée sur ce que Rome ayant changé de gou-
vernement, ce qui ne nous paroît pas de conséquence
pouvoit l'être pour lors s j en juge par c,e que nous
aujourd'hui chez une nation qui ne pejit pas
voyons défendu d/e boire
être soupçonnée de tyrannie, où il est
à la santé d'une certaine personne 8.
Je ne puis rien passer qui serve à faire connoître le
génie du peuplé romain. Il s'étoit si fort acoutumé tf
obéir, et a faire toute sa félicité de la différence de ses
maftrès, qu'après la mort de Germanicus* il donna

1. Cos titres d'aoousRtIon sont ce- au sénat fut défendu par Tibère t quai
pendant très réels i il suffit, pour s'on, ubi Tiberlo notnere, scrlpslt consulibus..,
jlerl quod ef/lgiot
convaincrai do lire Taoito ot Suétone, non contrit rtllglom»
M. Duruy traitant le même sujet dit t «jus, ut alla minimum simulacra, vendi-
constitué, tantôt iionibus hortorum et domuum acctdant.
Chaque ôpoquo a
«
do l'Etat ou du prince, tantôt (Ann„ I, T3),
au nom orlmes 3. CharloB-Edouard, fils de Jaoques
au nom de la religion, deB par*
ticuliors que les époques suivantes II, surnommé le Prétendant. Mais quel
n'ont plus compris. » Nous le voulons rapport y n-t-ll entre aette défense,
bien, ot 11 faut faire, on toutes ohoses, exagérée sans doute, mais quo les né-
la part des Idées et morne des passions j cessités de la politique pouvont expli-
les sinistres fantaisies cVun
mais est-oo à dire que l'o'n pulsso, quer, et
Tibère?...
môme aveo cela, exo'user Tibère de cos
crimes où If grotesque le disputait à 4. On acousa Tibère de la mort do
l'odieux ? ( ûermaniousi Pison aurait été l'instru*
lo fait n'est
ment de l'empereur.,Maisl'accusation
2. Montesquieu fait erreur, Tacite
dit au contraire que Falanlus dénoncé pas prouvé. Tacite dit que
OHAPITHR XV 128
des marquos de douil, do regret et de désespoir, quo
l'on ne trouve plus parmi nous. Il faut voir les histo-
riens décrire la désolation publique, si grarvJo, si
longue, si pou modérée; et cola n'étoit point joué ;
car le corps ontier du pouplo n'affecte, ne flatto, ni ne
dissimule.
Lo peuple romain, qui n'avoit plus de part au gou-
vernement, composé presque d'affranchis ou do gens
sans industrie, qui vivoiont aux dépons du trésor
public, ne sentoit que son impuissance; il s'nflligeoit
comme les enfants et les femmes, qui se désolent par
le sentiment de leur faiblesse; il étoit mal : il plaça
ses craintes et ses espérances sur la personne de
Germanicus; et cet objet lui étant enlevé, il tomba
dans le désespoir.
Il n'y a point de gens qui craignent si fort les mal-
heurs que ceux que la misère de leur condition pour-
roit rassurer, et qui devroient dire avec Andrornaque :
Plat à Dieu que je craignisse* ! Il y a aujourd'hui a
Naples cinquante mille hommes qui no vivent que
d'herbe, et n'ont pour tout bien que la moitié d un
habit de toile; ces gens-là, les plus malheureux de la
terro, tombent dans un abattement affreux à la moindre
fumée du Vésuve ! ils ont la sotise de craindre de
devenir malheureux a,

CHAP. XV. —* Dos omporeurs depuis Cnïus Caligula


jusqu'à Antonin.
Galigula 8 succéda a Tibère. On disoit de lui qu'il
n'y nvoit jamais eu.un meilleur esclave ni un plus
parut r6futéoi ot Suétono offlrmo quo veut lui arraehor lo,secret do k re-
Dormantous mourut d'une mnladle do traite d'Astyanax, s'écrie •
langueur, Agrlpplno alla ohorohor losUilnam limorem t solilus ex longo metus,
oondres de son epousf ollo tas rnp» (Aoto III, 631.)
forta à Home au milieu dos larmes do 2. Allusion aux laswronl do Naples.
Itallo toute entière qui dopuis Brtndos
3, Caliguln que los aotos ofïlolols ot
so prosaalt sur son passngo (Cf. Ta-les mddaillos nommont Caïus Caesar,
cite, Am>., II, 82.) dtalt lo fils do Oormanlous et d'Aarlp-
1. Dans Us Troytnnis, de Sônèquo, plne, par conséquent neveu do Tibère.
Andrornaque, pressée par Ulysse qui
124 GRANDEUR ET DECADENCE DUS ROMAINE)
méchant maître ; ces deux choses sont assez liées :
car la môme disposition d'esprit qui fait qu'on a été
vivement frappé de la puissance illimitée do colui qui
commando, lait qu'on ne l'est pas moins lorsque l'on
vient a commander soi-même.
Caligula rétablit les comices, que Tibère avoit Atés ',
et abolit 8 co crime arbitraire de lèse-majesté qu'il
avoit établi; par où l'on peut juger que le commence-
ment du îjôgne dos mauvais princes est souvent comme
la fin de celui des bons 8, parce que, par un esprit do
contradiction sur la conduite de ceux à qui ils suc-
cèdent, ils peuvent faire ce que les autres font par
vertuj et c'est a cet esprit de contradiction que nous
devons bien de bons règlements, et bien de mauvais
aussi.
Qu'y gagne-t-on ? Galigula Ata les accusations des
crimes de lèse-majesté ; mais il faisoit mourir militai-
rement 4 ceux qui lui déplaisoient ; et ce n'étoit pas à
quelques sénateurs qu'il on vouloit; il tenoit le glaive
suspendu sur le sénat, qu'il menaçoit d'exterminer
tout entier B. i

1, Romarmiu/. cul emploi du vorbo 5. 'L'idée de son omnipotenae était


iier, Aujourd'hui nous dirions i abolir, devenue ohoz Callgula uno monoma-
Nous l'avons déjà vu ol nous le trou- nie, Et uno do ses plaisanteries favo-
verons onooro ainsi employé, rites était de dire a ooux avoo losquols
2, Lo dielionnalro do l'Aondémio il so trouvait, qu'il n'avait qu'un signe
expllquo olnsl cutto oxprassion : <i Eu a fairo pour faire tombor leur této i
tonne d'oholon droit criminel, abolir Omnia mihi et in omnts licert (Suétone,
un aime} on arrêter ou nn Intordiro la Calig,, 89), Quant au sénat, Il orut sa
poursuito par un note d'autorité sou- dornlèrc liouro venue, lo jour où l'em-
vornine, » perour lui reprocha si amèromont
S, Lo début du règne do Galigula ^oujos BOB lflonotés sous lo dornlor
fut plein d'espérnnoos, L'emporeur règne t « Si Tibère a commis quoique
;

rappola les exilés ot ouvrit les prisons | injustioo, vous no deviez pas, do son
11 fit dos lorgessos au peuplo ot aux vivant,. lo comblor d'honnours, ni,
soldats, ot on prônant possession du après sa mort, blamor oo quo vous
consulat, 11 fit dans la ourio un dis-' avloz voUB-mêmo consaoré pur déorot.
cours rompit do si magnifiques pro- G'est vous qui avoz tenu envers lut
musses, quo lo sénat ordonna quo, uno conduite insensée ot ooupablo t
oliaquo année, il fut fait do oo discoure o'est voue qui avoz tué Séjan on le
urio lecture solennollo. Ces Illusions corrompant par l'orgueil dont vos
durèrent huit mois.. bassessos l'ont gonflé, » Los somuoura
4. C'est-à-dire sans Jugoraont. L'i'm- se -oruront condamnés t aussi, lo len-
peiium conférant ou général le droit demain, ils se réunirent pour voter
do vio ot do mort, l'omperour (Impora- l'ovation 6 Caïus vainqueur,,, de ses
lor) on usait do inétuo envers tous les justos rossontlments|,„ Les esolavoB
citoyen», étaient dignes du tyran.
GHAPITliR XV 12B
Cette épouvantable tyrannie des empereurs vonoit
do l'esprit général des Romains. Gomme ils tomberont
tout à coup sous un gouvornoment arbitraire, ot qu'il
n'y eut presque point d'intervalle ohoz oux ontro com-
mander et servir, ils ne furent point préparés a ce
f>assago par des moeurs douces j l'humour féroce rosta}
es citoyons furent traités comme ils avoiont fruité oux-
mémos les ennemis vaincus, ot furent gouvernés sur
le môme plan, Sylla, entrant dans Romo, no fut pas
un autre homme ouo Sylla entrant dans Àthônos ; il *

exerça le môme droit des gons, Pour les Etats qui


n'ont été soumis qu'insensiblement, lorsque les lois
leur manquent, ils sont encore gouvernés par les
moeurs.
La vue continuelle dos combats dos gladiateurs a
rendoit les Romains extrêmement féroces on remar- s

qua que Claude devint plus porté à répandre le sang,


a force de voir ces sortos do spectacles 8. L'exemple
de cet empereur, qui étoit d'un naturel doux et qui fit
tant do cruautés, fait bien voir quo l'éducation de son
temps étoit différente de la nôtre,
Les Romains, acoulumés à se jouer do lu nature
humaine dans la personne do leurs enfants et de leur»
esclaves ', ne pouvoient guère connoître cette vertu
que nous appelons humanité. D'où peut venir cette
férocité que nous trouvons dans les habitants de nos
colonies, que tt de cet usago continuel des châtiments
sur une malheureuse partie du genre humain? Lorsque
1. Athènes qui nvalt pria parti pour 4, VoyoE IOB lois romaines sur la
Mlthridnto, lors do en lutta nvco Romo, puissanae dos pores et celles des
l'ut misa nu pllliig'o. Lo sang ruissela maîtres. (M de M,) Lo pire do famille
JMBtjuo dans loa faubourgs. AprôB sa (forçait dans an maison un droit do
vlotolro sur.Marlus, Sylln n'eu usa jtistlao absolu ot sans appel i 11 pouvait
pris autrement aveo IUB Uomnins. condamner a mort sa femme, HOS or.-
3. Cas oombntB avaient été importés fanta, BOB esclaves, sans qu'aucune
6 Homo par )OB Elrtisquos. autorité put modiflor BOB arrêts i Le
8, Après l'aohôvemont dos travaux
,
mari, dit Cnton l'Anolon, est juge de sa
qu'il avait ontrepris pour donner au femmet son pouvoir n'a pas ae limites t
lao Fucin l'écoulement qui lui man- il peut et qu'il veut>
quait, il donna sur le lao un combat 0. Ce que équivaut a sinon ou si ce
naval où 10,000 hommes montés sur n'est (Rogon. Or, fr„ g 800), P*
ijf trlroines s'ontrégorgôrent. p, 128, notai.
120 GRANDRUn ET DROADKNCR PF.fl ROMAINS
l'on est cruel dans l'état civil*, que neut«on attendra
de la douceur et de la justice naturelle ?
On est fatigué de voir dans l'histoire dos empereurs
le nombro infini de gens qu'ils firent mourir pour con-
fisquer leurs biens. Nous no trouvons rien de sem-
blable dans nos histoires modernes. Gela, comme
nous venons de le dire, doit être attribué à des moeurs
plus douces et à une religion plus réprimante a j et de
plus on n'a point a dépouiller les familles de ces séna-
teurs qui avoient ravagé lo monde. Nous tirons cet
avantage* de la médiocrité de nos fortunes, qu'elles
sont plus sûres t nous ne valons pas la peine qu'on
nous ravisse nos biens 8,
Le peuple de R6me, ce que l'on appeloty/?&}'fo, ne
halssoit pas les plus mauvais empereurs. Depuis
A

qu'il avoit perdu l'empire, et qu'il n'étoit plus occupé


1

à la guerre, il étoit devenu le plus Vil de tous les


peuples il regardoit le commerce et les arts comme
5
des choses propres aux seuls esclaves j et les distri-
butions de blé qu'il recèvoit lui faisaient négliger les
terres B : on l'avoit aco'utumé aux jeux et aux spec-
tacles, Quand il n'eut plus de tribuns à écouter mi de
magistrats a élire, ces choses vaines lui devinrent
nécessaires, et son oisiveté lui en augmenta le goût 0,
Or, Caligula, Néron, Commode, Caracalla, étoient
1, C'.est-à-direi lorsque l'on est oruol Paris monteraient en ordre sur l'éeha»
en vertu des lois qui réglaient la cité, faud i un 1793, cela ne se dovine pas. »
3, C'est la seule et vraie raison de 4, Un jour que lo peuple crut
l'abîme qui sépare notre état civil, Glaudo assassiné, 11 fit presquo une
comme dit Montesquieu, de l'état olvil émeute.
de Rome, i 6. Ce portrait peu flatté, mais exact
' 3, SaInte-TJeuve fait) à propoc de de la plèbe, no s'applique pas seule»
be passage, la remarqua suivante t ment a la Rome impériale) il en était
« Il y a uuo chose qui a manqué à déjà ainsi nu temps des Grecques,
Montesquieu po/ur aohevor l'éducation G. Juvdnnl slgnnlnit tristement cotte
de son génie t il lui a manqué d'avoir Irrémédiable décadence ;
vu uno révolution, Il ne croyait plus, ,,,Jam prldem, ex q\to su/fragla nulll
de nos temps, h des proscriptions pos- Vendimus, «fj'udit curas t nam qui dabat
slblês ni ù ders spoliations en masse,,. [olitn
(
Il no couoovalt pas qu'il y eût un tour Imptrlnm, fasets, kgiones, omnia, nuno st
possible, un Jour prochain, où le cler- Contint), atque duas fanlimr rts aiixius
gé on masao serait dépossédé, où la " [optât t
noblesse lo serait on grande partie, où Pantm el cirtinstêi,,*
Un premières têtes' du parlement do (Sat.X,)
CHAPITUrc XV 127
rogrottôs du peuple a oause de leur folle même j car
ils aimoient avec fureur ce que le pouplo aimoit, ot
contribuaient do tout leur pouvoir et mémo de leur
personne a ses plaisirs; ils prodiguoiont pour lui
toutes les richesses do l'empire; et, quand cllos
étaient épuisées, le peuple voyant sans peine dépouil-
ler toutes les grandes familles, iljouissoit des fruits do
la tyrannie, et il on jouissait purement{, car il trou-'
voit sa sûreté dans sa bassesse. Do tels princes haïs-
saient naturellement les gens do bien t ils savoiont
qu'ils n'en étoient pas approuvésaj indignés do la
contradiction ou du silence d'un citoyen austère, eni-
vrés des applaudissements de la populace, ils parve-
naient a s imaginer que leur gouvernement faisoit la
félicité publique, et qu'il n'y avoit que des gens mal
intentionnés qui pussent le censurer,
Cnligula étoit un vrai sophiste dans sa cruauté s
comme il descendoit également d'Antoine et d'Au-
guste 3, il disoit qu'il puniroit les consuls, s'ils célé-
broient le jour de réjouissance établi en mémoire de
la victoire d'Actium, et qu'il les puniroit, s'ils no lo
célébroient pas; et Drusilla ', a qui il accorda des
honneurs divins, étant morto, c'étoit un crime de la
pleurer, parce qu'elle étoit déesse, et de ne la pas
pleurer, parce qu'elle étoit sa soeur.
C'est ici qu'il faut se donner le spectacle des choses
1. C'ost>à-dlru sans mélange, phint- reurs) et cotto folio, qui montrolt on
mont. eux le plus grand déràglomont du
3, Les Qreos nvolont des jeux où il coeur, un mépris do oo quiélolt beau,
élolt déoent do combattro, oommo il do oo qui étoit honnéto, do oo qui
étoit glorieux d'y valuoro | le» Romains étoit bon( est toujours marquéo choss
n'nvolont guère quo des speotaolos, et les historiens aveo la oaraatôre do la
celui dos infâmes gladiateurs lour tyrannio. (N, de M,)
étoit particulier. Or, qu'un grand 3, Il descendait d'Antoino, par Gor<
Forsonnage dosoondîl ïiil-mânw sur manions, son pôro, dont la more, An-
mono, ou montât sur le théâtre, la, tonio, était fillo d'Antoino ot d'Ootavie i '
gravité romaine no lo souflroit pas. et' d'Auguste, par Agrippino qui, par
Comment un sénateur aurolt-11 pu s'y sa môro Julio, était potlte-fillo du fon-
lésoudre, lui a qui Jos lois défenâolonc dateur do l'empire.
de contracter aùouno alliance avea des '4, Drusilla, soeur et femmo do Call-
gens quo lés dégoûts ou les applaudis* igula, Quand elle mourut, l'emporeur
somonts mêmes du. peuple avoiont (lé- en fit une divinité qu'on adora sous le
iris Ml y parut pourtant de* empe- nom de Panthét.
128 onANDRun
OnANDRUn HT nus- ROMAINS
DRCIA DRNC5R DH8-
DRCIADRNOR
humaines, Qu'on voie dons l'histoire do Rome tant do
guorros entreprises, tant de sang répandu, tant de
peuples détruits, tant de grandes actions, tant do
triomphes, tant de politique, tant do sagesse, do pru-
donco, do constanoe, de courage : co projet d'envahir
tout, si Mon formé, si bien soutenu, si bien Uni, à
quoi aboutit-il qu'a assouvir le bonheur do cinq ou
six monstres ? Quoi I ce sénat n'avoit fait évanouir
*

tant de (rois quo pour tomber lui-même dans le plus


bas esclavage de quelques-uns a de ses plus indignos
citoyons, ot s'exterminer par ses propres arrêts! On
n'élève donc sa puissance que pour la voir mieux ren-
versée les hommes ne travaillent à augmenter leur
1

pouvoir que pour le voir tomber contre eùx-mômes


dans de plus heureuses mains I
Caligula ayant été tué 3, le sénat s'assembla ' pour A

établir une forme de gouvernement. Dans le temps


qu'il délibérait,- quelques soldats entrèrent dans le
palais pour piller ils trouvèrent, dans un lieu obscur,
5

un homme tremblant deipeurj c'étoit Claude B ils le s


saluèrent empereur °. 1

Claude acheva de perdre los anciens ordres, en


donnant à ses officiers le droit de rendre la justice 7.
1. Que signifia sinon, si'ce n'est après panduo, on refusa d'abord d'y croire.
une intorrogullon ou une phroso de On soupçonna que o'étalt un bruit In-
sens négatif. DounnAi.ouK t « A quoi venté ot soraé par Caïus pour sondor
peut-Il aboutir qtt'ti notro porto? » l'opinion publiquo & son égard, »
Vor.TAihB
1 «Al-jo fait un. soûl pos (Calig., (10.)
qiio\io\\v to rondro.liourouso? » 5, Ttborlus Claudlus Drueus, pettt-
2, Kntendoz quo le sénat s'était fait (11s d'Augusto ot de Llvlo, et fils de ce
l'esclave de quelques-uns de ses plus in-
dignes citoyens! — L'esclavage de quel-
qu'un s'ontond généralement dans un
Druslis qui fut surnommé d'abord
UocImuBi puis Néron. '
0, Lo sénat ot los oonjurés désiraient
tout mitre sons. rovonlr a la république; mais comme
8, Caligula fut assassiné par lo tri- Ils n'avalont pas do plan orrfllé, Us
bun Casslus Chéréa ot les conjurés, le hésiteront et donneront aux soldats lo
24 jnnvior 41, dans lo cryptoporlique ou lomps do saluer Claude omporeur, Lou
pnssago couvert qui allait do la vlolllo consuls essayeront bien de réslstor,
porto Mugonln sur lo Palatin d l'un mais ils no furont par soutonus.
des palais impériaux, Go oryptopor- 7, Augusto avoit établi las prooura»
tique est presquo entièrement con- tours, mais ils n'avoiont point do juri»
servé. diction) ot quand on no leur obéissait
4.. « Co qui peut donnor une Idôo pas, il fallolt qu'ils reoouruseent k
do oo temps-Ut, dit Suétone, c'est quo l'autorité du gouverneur de la pro-
la nouvelle dé oo meurtre «'étant ri» vince ou du préteur. Mais, sous Claude,
OlIAPlThR XV 120
Los guorros do Marins otdo Sylla no so faisoiont prin-
cipalement quo pour savoir qui auroit co droit, dos
sénatours ou des chovaliors{ \ une fantaisie d'un imbé-
cilo a l'ôta aux uns ot aux autros a t étrange succès *
d'uno dispute qui avoit mis on combustion tout l'uni-
vers !
Il n'y a point d'autorité plus absolue quo„ collo du
prince qui succède à la république; car il so trouvo
avoir toute la puissanco du peuple, qui n'avoit pu so
limiter lui-memo. Aussi voyons-nous aujourd'hui les
rois de Danomark B oxorqor lo pouvoir lo plus arbi-
traire qu'il y ait en Europe,
Le peuple ne fut pas moins avili quo lo sénat et les
chevaliers, Nous avons vu que, jusqu'au temps dos»
empereurs, il avoit été si belliqueux, que les armées
qu'on lovoit dans la ville so disciplinoient sur-lo-
champ, et alloient droit à l'ennemi, Dans les guorros
civiles de Vitellius et de Vespasien, Romo, en proie à
tous les ambitieux et pleine de bourgeois timides °,
trembloit devant la première bando de soldats qui
pouvoit s'en approchor.

ils eurent In juridiction ordinaire, 8, Au civil, Clnudo établit un DU-


commo lleutonnns do In provlnco s Ils ronu spéoial {a coguitionibus), ohnrgô
jugeront encore dos nffniros fisoalos t d'oxnminnr los pianos do la prooâduro,
oo qui mit loo forlunoa do tout lo ot do rapporter los affaires devant los
mondo ontro leurs mains. (N, de M.) tribunaux du palais [auditorium prlnel*
1, Voy. Tnolto, Annales, oli, (10 pis), C'otnlt nnntltllor In Juridiction
(N. de tf.) Montosqulou nppulo son {irétorlonno, Au orlmlnol, los nnolons
affirmation sur l'autorité de Tnolto t urys oontinuàretit do fonotlonnor I lo'
et il OHI vrnl quopondnntln lutto ontro eénnt out sa juridiction ot lo prlnco la
l'ordro sénatorial ot los ohovnllors, il y slonno, Go no fut qu'au ni? sli'olo quo
eut uno nuiltitudo do lois judiciaires l'unité do juridiction fut ritfibllo nu
donnant In prépondérnnco dans IOB profit dos fonotlonnniros Impériaux,
tribunaux nu pnrti vninquour. Main, 4, Sitccessu.* : issue, résultat,
commo nous l'avons vu, loa guorros do 5 Frédéric III fut Investi, on 1005,
Mnrlus et do Sylla ouront d'nutros d'un pouvoir absolu, ot la couronna
onusos t o'étnit moins ontro los séna- dovlnt héréditaire, Ln royauté était
teurs et los ohevnlloi'S nu'ontrol'orlsto- 'auparavant élective.
irntlo ot In plobo, los oltoyons romains G, C'était uno oonséquonoo dos
et IOB Itnllorm déslroux d'acquérir lo trnnsformntlons sueocsslvos survonuos
droit do olté, quo In-lutto ont Itou- diinfl l'organisation militaire Sous la
2. Loraquo Antonin, môro do l'om- république, los nrméos élalont com-
porour, voulntt pnrlor d'un imbéoilo, posées do oltoyons. Sous l'ompiro, lo
elle disait i II est plus bêle que mon (Ils sorvlco mllltalro devint un métier t oo
Claude (Sudtono, Claude, 3). fut le tomps des merounnlron, <
130 D^OADRNCR DES ROMAINS
onANDKVn F,T
condition dos ompereurB n'étoit pas meilleure t
La * qui oût lo
n'étoit pas uno soulo armée
comme ce élire c'étoit assez/que
droit ou la hardiosso d'en un,
quelqu'un fût élu par une armée pour devenir désa-
qui lui nommoient d'abord un
gréable aux autres,
compétiteur 2, fatale
Ainsi, commo la grandeur de la république fut
républicain, la grandeur do l'em-
au gouvernement vie S'ils n'avoient ou
pire lo fut a la dos empereurs.
défendre, ils n'auroient ou
qu'uni pays médiocre a fois élus,
qu'une principalo armée, qui, les ayant une
auroit respecté l'ouvrage de ses mains,
été attachés a la famille de
Le» soldats avoient
César, qui étoit garante
:
3 de tous les avantages que
révolution. Le temps vint que *
leur avoit procurés la exterminées
les grandes familles do Rome furentitoutes
César, et celle de César, dans la per-
par celle de que
périt elle-même, La puissance
sonne de Néron B,
hors
civile, qu'on avoit sans oesse abattue, se trouva
la militaire chaque armée
d'état de contrebalancer 6,>

voulut foire un empereur. i

Comparons ici les temps. Lorsque Tibère commença


parti tira~t-il du sénat? 11 apprit
a régner, quel ne pas s'étoient
armées d'Ulyrie et de Germanie sou-
que les quelques demandes, et il sou-
levées; il leur accorda

substantif mauoultn au sens de garan-


1, C'*Bt-fc~dtro rommt toutes Us ar- tie, sûreté. Les deux sens ne sont pas
mées avaient le droit,
2, Ainsi, 00, les légions d'Es- synonymes. bien im temps
en les pré- 4, On dit également
proclamaient Galba, et viendra où, du
pagne substituaient Otlton, pon- viendra que et un temps
035,
torieus lui Germante et du temps oit (lUgon, §
légions de temps que
dant que les général Vi- S).
élevaient a l'empiro lour ram, fut le dernier omporeur
5, Néron
telllus, ColuUol avait a polne'trlomphé do de la famille do César, Apres Galba,
d'Olhon que les légions de Syrie et VitelHus, qui firent mi«
Othon, ne
Pannonlo saluaient Voapasion empe- les Flaviens prirent posBosKion
L'année 68 vit s'accomplir tous passor, Vespanlon,
reur. on du trôno des Césars avéo
Doml-
ees événements i quatre empereurs Vespaslon, Titus et
encore quo nombre do ceux qu'on a
un an. la fois tlen soient du
3, Lo mot garant est tout a l'habltudo d'appeler las doute Césars,
adjootlf et substantif i
adjectif, et dirions aujo"\d!hul t la
tel 11 possèdo les doux genreB,
C. Nous
comme sont/ h, capablt dt puissance militaire.
dans le dp disposé
cauiionntr, répondre dt quelque chose i
GllAPlTHF, XV 131
tint quo c'étoit nu sénat a juger des autres t il leur
envoya dos députés do co corps. Ceux qui ont cessé
de craindre lo pouvoir peuvent enooro respecter l'au-
torité. Quand on eut représonté aux soldats comment,
dans une armée romaine, les on l'an ts de l'empereur et
les envoyés du sénat romain couroient risque de la
vie, ils purent se repentir, et aller jusqu'à so punir
eux-mômes 1} mais, quand le sénat fut entièrement
abattu, son exemple ne toucha personne Kn vain
Othon harangue-t-il ses soldats pour leur parler de la
dignité du sénat 2 en vain Vitellius onvoio-t-il les
5
principaux sénateurs pour fairo sa paix avec Vespa-
sien : on ne rend point dans un moment aux ordres
de l'Etat le respect qui leur a été ôté si longtemps.
Les armées ne regardèrent ces députés que comme
les plus lAches esclaves d'un maître qu'elles avoient
déjà réprouvé.
C'étoit une ancienne coutume des Romains que
celui qui triomphoit distribuoit quelques deniers à
chaque soldat 3 : c'étoit peu de chose. Dans les guerres
civiles, on augmenta ces dons, On les faisoit autrefois
de l'argent pris &ur les ennemis : dans ces temps
malheureux, on donna celui des citoyens 4 : et les sol-

1, Germanloun avait roproolié en Si c'est de vos rangs que sortent Us séna-


tormes très fermos lour révolte aux teurs, c'est du sénat quo sortent les
soldats do 1» 20° légion. Touohés do ce princes » (Taolte, Histoires, I, 81-851,
discours les coupables avaient de- 3, Dopulsl'établlssamonldclagolda
manda grAoo ot nonjuré le général do (400), lo Trésor était, en droit, soûl
punir leur crimo, LOB plus séditioux propriétaire du butin. Mais, on fait,
furont condamnés ot exécutés par les uno bonno partiodu butin était distri-
soldats oux-mémos (Tnoito, Annales, I, buée, soit sur lo oliarap, soit a (lonf-
42.44J. après lo triomphe, aux soldats et ofli-
2, Los soldats do In 17» eohortb, olors. Quand Sciplon triompha de Cor-
(iroyunt sur do faussos apparences quo thago, ahaquo soldat eut 400 as (40 fr.).
la vlo d'Qthon était on danger, s'étaient Mais Pompée donna un,jour 6,000
soulevés ot nvniont parcouru les rues sesterces (1,302 fr.), ot César, on 46,
do la vlllo oh proférant dos menaces alla jusqu'à 20.000 (4.340 fr.).
do mort contre les sénateurs, Lo Ion-, 4. Au dernlor si&olo do la Répu-
domatn l'omporour, tout on romoroiant blique, lo butin no suffisant plus, 11
lo» soldats do leur attaohemant à fallut donner des terres aux vétérans
sa
poi'Bonno, leur recommanda lo rospeot et fonder pour oux dos colonios, Les
du sénat i « L'éternité de l'empire, la lois AupuMae (103 ot 100) furont Ioa
oaix île l'univers, mon salut et le vôtre premières lois agraires proposées pour
dépendent de la conservation du sénat,,,,i oft. objet.
132 AnANWWn ET DECADENCE DES ROMAINS
dats vouloient un partage là où il n'y avoit pas de
butin. Ces distributions n'avoient lieu qu'après une
guerre Néron
*.
les fil pendant la paix '. Les soldats
s'y acoûtumèrent j et us frémirent contre Galba, qui
leur disoit avec courage qu'il ne savoit pas les ache-
ter, mais qu'il savoit les choisir 2,
Galba, Olhon, Vitellius, ne firent que passer 3. Ves-
pnsien fut élu, comme eux, par les soldats ; il ne son-
f^ea| dans tout le cours de son règne, qu'a"rétablir*
'empire, qui avoit été successivement occupé par six
tyrans également cruel;.t, presque tous furieux, sou-
vent imbéciles, et, pour comble de malheur, prodigues
jusqu'à la folie.
Tite, qui lui succéda, fut les délicjes du peuple»%,

romain 8. Domitien fît voir un nouveau monstre plus


cruel, ou du moins plus implacable que ceux qui
l'avoient précédé, parce ;u'il etoit plus timide °.
Ses affranchis les plus chers, et, à ce que quelques-
uns ont dit, sa femme même, voyant qu'il étoit aussi
dangereux dans ses amitiés que dans ses haines, et
qu'il ne mettoit aucunes bornes à ses méfiances ni à
ses accusations, s'en défirent. Avant de faire/le coup 7,

1. Cos gratifications (donativa) los expressions|«Vf«<>jf/m hnbere, légère


étalent allouées an dllïôrontos occa- exercttiim, /
sions i c'était pour lus empereurs un 3, Susceuereduo manipulant imperlum
moyen do s'attacher lour arméo. Oelavo popull iïomani transftfondim, et transit/-
Avait ainsi aohoté a plusieurs reprises lenmt (Taotlo, llist,, 1,25). (M de il.)
In favour do ses soldats, et co fut 4. G'ost-à-diro h h rentHtre en son
ilcnlôt uno règle quo l'omporouf, h premier état,
bon nvènemont, dovalt distribuer un 6. Titus mérita ca nom quo lui
donntivum, Galba an Ht l'éoonomlo ot donna un rhéteur ot quo consaora la
n'out pas llou do s'en féllcltor. ' ' raronnolssanoo populaire, Frlvolo ot
8. Galbu avait k'aleon. Los onipo- débauché avant (ton nvènemont au
l'aura avalant laissé subsister en théo- trône, lo Jour ou 11 arriva au pouvoir,
rie l'obligation du sorvleo militaire il congédiâmes compagnons do plaisirs
pour tous lus choyons romains, mais et déclara qu'il garderait sas mains
en réalité) ot déjà sous Auguste, las pures do sang. 11 tint parole. Son
Italiens furent oxoltis du» armées Ini" règne no dura que 20 mois (23 juin 78-
perlâtes. Ils na fournissaient quo dqs 13 septembre 81).
offlotors ot dos prétorien». 0, Domltlant naliira proeceps in Iram,
L'expression choisir ast empruntée ol, quo obscurtor, eo Iriùvocabllior
nu langage milltalro do la république, (Taoltc, Vie d'Àgrlcola, 42),
Los consuls choisissaient parmi las ci- 1, lîxprosslon qui, do no» Jours, pa-
toyens on égo do porter lus «rniosjus- rait vulgaire, mats que lo xvn» siècle onu
qu'a «midurrt/ncp du oontlngcnt. D'oïl ployait volontiers dans lo style noble
ciiAPrrnK xv 133
Ils jetèrent les yeux sur un successeur, et choisirent
Nerva, vénérable vieillard.
Nerva adopta Trajan, prince le plus accompli dont
l'histoire ait jamais parle {. Ce fut un bonheur d'être
né sous son règne a ; il n'y en eut point de si heureux
ni de si glorieux pour le peuple romain. Grand hommo
d'Etat, grand capitaine, ayant un coeur bon qui le por-
toit au bien, un esprit éclairé qui lui montroit le meil-
leur, une Ame noble, grande, belle; avec toutes les
vertus, n'étant extrême sur aucune 3; enfin l'homme le
plus propre à honorer la nature humaine, et repré-
senter la divine,
Il exécuta le projet de César, et fit avec succès la
guerre aux Parthes A. Tout autre auroit succombé
dans une entreprise où les dangers étoiont toujours
présents et les ressources éloignées, où il falloit abso-
lument vaincre, et où il n'étoit pas sûr de ne pas périr
après avoir vaincu B.

Non, non I Brltttnnicus ut mort empot~ baurausoment lo nom de Trajan reste


[tonné, ttttnnhd a. l'histoire dos persécutions.
Narcisse a fait h coup i vous l'ave» or- 3, Taolto saluait ootto ôro do bon»
[doimé. bour Inaugurdo par In rogne do Trajan t
(Uaoino, Brttannteut, V. 0). haito beatissimi tnccitli lucem (Vie tl'Â-
1, « Trajan, dit M. Duruy, est uno gricola, 44).
des figure» les plus sympathique*) do 8. Extrême so construit ordinaire-
Hilstolro : B'II manqua do la liauto ment aujourd'hui nvoc la proposition en
Intelllgonco et do l'audaaa politique du ou dans,
réformateur qui reconstruit, Il n In 4. L'oxpihlltton do Trajan contre loa
sagesse'et In foroa qui consolident ol Partîtes (114-117) fut d'abord heureuse.
conservent, Avec la mlraclo Imposslhlo Il occupa l'Arménlo ut entra a Baby-
d'uiio BUCOOSBIOII d'empereurs taie qua lono où sas soldats lui ddaern6rout lo
lui, Homo dtnlt sauvée, parco que, surnom do Parthtnis, puis Qtéslphon,
dans )OH pays do pouvoir absolu, in Suso at Solcuolo. Mnte ootto dernière
puissance du prinoo pour le biun est vlllo se soulovn, In Mésopotamie suivit,
égala a oollfl qu'il passade pour le mal. ol l'umporour dut roprendro lo oliomln
Dans «os jugements, on volt toujours do lu Syrla, marquant sa route, selon
l'esprit do justice t dans sa corrospoti- lo mot do Fronton, par lo sang ot les
danoo administrative» un partait bon Cfidavras do ses soldats, 11 mourut k
sans) dans sa via privée, la modération, Sdllnonta on Cllioto (10 août 117).
et lu rotonue, sauf pour certains vices (5. Il faut ontondro cette construc-
du temps | au palais, l'économie) dans tion t «l où il n'était pas sûr», au sons
tes travaux publias, In mnaniiluonooi impersonnel. Nous dirions aujour-
on tout, pour tous, In disciplina, l'ordro d'hui i et oit Von n'était pat i&r de n»
et la respect absolu do In loi, » (His- pas périr après avoir vaimts.
toire tint Ikmaintt t. IV, p. 770.) Mal-
134 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES HOMAINS
La difficulté consistent et dans la situation des deux
empires et dans la manière de faire la guerre des deux
peuples. Prénoit-on le chemin de l'Arménie* vers les
sources du Tigre et de l'Euphrate ? On trouvoit un
pays monlueux et difficile, ou l'on ne pouvoit mener
de convois; de façon que l'armée étoit demi-ruinée
avant d'arriver en Médie. Entroit-on plus bas, vers le
midi, par Nisibe ? On trouvoit un désert affreux qui
sépjaroitles deux empires. Vouloit-o>n passer plus bas
encore, et aller par la Mésopotamie ? On traversoit un
pays en partie inculte, en partie submergé : et le Tigre
et l'Euphrate allant du nord au midi, on ne'pouvoit
pénétrer, dan^ le pays sans quitter ces fleuves, ni
guère quitter ces fleuves sans périr. !"
Quant à la manière de faire, la guerre des deux
nations, la force des Romains consistait dans leur
infanterie, la plus forte, la plus ferme et la mieux dis-
ciplinée du monde.
Les ParHhes n'avoient point d'infanterie, mais une
cavalerie admirable,: ils combattaient de loin, et hors
de la portée des armes romaines : le javelot pouvoit
rarement les atteindre; leurs aijmes étaient l'arc et
des flèches redoutables \ ils assiégooient une arméo
plutôt qu'ils,ne la combattaient t inutilement poursui-
vis, parce que chez ÔUX fuir c'étoit combattre, ils fai-
soient retirer les peuples à mesure qu'on approchoit,
,êt ne laissoient dans les places que des garnisons?
et, lorsqu'on les avoit prises, on était obligé de les
détruire 5 ils bruloient avec artK tout le pays autour
de l'armée ennemie,' et lui, ôtoient jusqu à l'herbe
môme; enfin ils faisoientà peu près la guerre comme
on la fait encore aujourd'hui sur les mêmes fron-
tières 2.
D'ailleurs les légions d'ïllyrie et de Germanie, qu'on
transportait dans cette guerre, n'y étoiont pas

1. Avoo hubllolé. dflH llmlloH, pop oonBÔ^Uoul tn> loi'i't—


2, Los Latjiis employnl<mt/ÎM«s poui' toli'u, uu puyu.
désigner uuu éttmdue déterminée par
CHAP1TIU! XV 135

propres s 'les soldats, acoutumés à manger beau-


coup dans leur pays, y périssoient presque tous.
Ainsi, ce qu'aucuno nation n'avoit pas encore fait,
d'éviter le joug des Romains, celle des Parthes le fit,
non pas comme invincible a, mais comme inaccessible.
Adrien abandonna les conquêtes de Trajan*, et borna
l'empire à l'Euphrate} et il est admirable qu'après
tant de guerres, les Romains n'eussent perdu que ce
qu'ils avoient voulu quitter, comme la mer, qui n'est
moins étendue que lorsqu'elle se retiro d'elle-mômo n.
La conduite d'Adrien causa beaucoup de mur-
mut'es 4, On lisoit dans les livres sacrés des Romains
que, lorsque Tarquin voulut bAlir le Capitole, il trouva
que la place la plus convenable étoit occupée par les
statues de beaucoup d'autres divinités i il s'enquit, par
la science qu'il avoit dans les augures, si elles vou-
droient céder leur place a Jupiter : toutes y consen-
tirent, a la réserve de Mars, de la Jeunesse, et du
1, Sous l'Empire Ion 16glonB furent S'ils borneront l'emplro a l'Euphrato,
prlnolpalomout destinées h In garda o'ost qu'ils comprirent enfin qua leurs
don provinces lïontloroB. Kilos for- prolots sur oos contrées étalent Irréa-
maient mitmit du petites armdoB sddon- lisables) Il fallut d'allloiirs bien du
talreB nveo dos camps porinauonts temps et blon dos échecs pour lour
S castra slntivn) pourvue» do tout oo qui ouyrlr los youx,
itoit nécessaire a leur subsistance. 'i. D'aprôs M. Duruy* Hudrlon agit
Autour du eus onmpa u'uglomérait sagomont on ramonant les aiglon ro-
une population môldo do marchands ot maines on arrloro do l'Euphrate, « mais
do vétérans maries, utio sorto de oolo- oo fut una fauta do renoneor a faire do
nlo olvllo, Par sulto los légions s'ac- l'Armdnlo l'inoxpugnablo rempart que
coutumaient vlto aux pays où elles ce pays, aux mains do Homo, aurait
dtiilunt oantpéos, se faisaient au climat, été pour les provinces orlantalos. I/Ar*
uux usages dos habitants, sa créaient méulo rontra dans la dépendance ln«
dus rotations ot défendaient nveo d'au- oortaluo où elle avait toujours été a
tant plus d'ardum un pays qui était
1
l'égard dos doux emplros qui l'onvo-
devenu lo leur. Mais, transplantées sous loppalont, M
un «loi étrangor, ollos perdaient beau- Quant a l'nuouoll fait a cotte poli-
coup do leurs, moyens ot du tour oou- tique, Mi Duruy ost d'un,avis diamé-
rago. D'alllours elles n'accoptiilent pus tralement opposé a celui du Montes-
sans murmurer ces 'déplacements, quieu, « Ou dtalt si bien oonvalnmt do
(V. Taolto, IlhtotnslVM). l'inanité des dornlâras expéditions que
2, Dans ootto phrase tomme exprime pas un murmure jio s'éleva contre la
la iiauso ot slgnlllu « paroo mto », En nouvelle) politique, et lorsiiu'll rouira
pareil cas, purée que ost un néologisme dans Homo, au milieu do l'année 118,
pou roeommandaulo, Il y fut revu aveu los acclamations
i), La comparaison n'est pas abso- noooiituméos. » (Histoire des Homams,
lument juste, surtout appliquée aux t. V, p. 7.»
«onquétoa des lloraalni sur los Parthoi.
130 GlUNDKUn ET DRCADKNGE D1Ï8 ROMAINS
dieu Terme. Là dessus s'établirent trois opinions reli-
gieuses : que lepeuple de Mars necéderoit à personne
le lieu qu'il occupoit; que la jeunesse romaine ne
seroit point surmontée *, et qu'enfin le dieu Terme des
Romains ne reculeroit jamais : ce qui arriva pourtant
sous Adrien.
CMAP. XVI. — Do l'état de l'empire depuis Anitonin
i i jusqu'à Probus.
Dans ces temps-là, la secte des stoïciens a s'étendoit
et s'acréditoit dans l'empiro 3. Il sembloit que la
nature humaine eût fait un effort pour produire d'elle-
même cette secte admirable 4, qui étoii! comme ces
plantes que la'terre fait naître dans des lieux que le
ciel n'a jamais vus u. "
Lés Romains lui durent leurs meilleurs empereurs.'
Rien n'est capable de faire oublier le premier Anto-
nin ô que Marc-Aurèle qu'il adopta. On sent en soi-
i, Vaincu», donnée, iiuasuet dit do clone la philosophie où ailes protes-
mémo t « Après que, par le dernier taient on sllonoo contra los moeurs du
ofl'ot do noti'o oourago, nous avons,. siècle et la despotisme Impérial, u
tiouL «inel dlro, surmonté lo mort, elle
1
(Vi Marthe, les Moralistes sous l'empire
éteint on nous jusqu'à ou oourago par romain,)
lequel nous sambllrm's la déliât'. » (0e, 4, DAIIS VEiprit des Lois, Montes-
(un, de ta (Inclusse d'Orléans,) quieu exprima avec plus do força lo
2, Lo phllosopho Zenon avait fondd sentiment d'udmlrnlloii qu'il nourris-
a Athènes, au iv» BIÔOIH nv. J.-C, uno sait uour la phlloRophlo stoïoicnno t
doblu qui, du lieu ordlnuiro de ses im tH )o pouvais un moment oossor
réunions, s'était appelée stoïcienne (du de pfnsor que je suis «hrotlon, Jo no
groo slon, o'oHt-a-dh'u portlqua i oo por- pourrais m'empéchur da mottro la
tique dtalt lo Posollo). La moralo stoï- desliMctlou de la secte do Zenon au •
cienne, en ilAnlt do BOB exagérations, nombro dns malheurs du goïira luw
ont la plus bullo qu'ait oônnuo l'anti- main,., u (Llv. XXIV, oh, X.) C'est
quité piu'onuo, puisqu'elle dtalt fondée évidemment oo qu'il y a do plus beau
BUr l'iddo du devoir, après lo christianisme, mais combla»
8, La philosophie avait été'long- au dessous do lull
tompo cousldeïdo & Homo oommo un 5. Montesquieu aurait dû, ne fiU-uo
araudomeitt peu digue d'un Romain. quo par uno note, nous dire quelles
Et, sauf quotques rares exceptions, sont ocs plantes ot quels sont ces Houx.
oommo Clcdron ot Caton, les mollleurs Faute de cotte explication, nous no
esprits n'y donnaient auottne attention. voyons dans cotto comparaison qu'uuo
Mais les oruollee fantaisies d'un Ti- phrauo prétentieuse,
bère, d'un Néron et d'un Domlllon, 0, Antonin, descendant d'une fa-
donnaient a réfléchiri ot des lors mlllo originaire do Nîmes, avait été
« toutes les belles, âmes dégoûtées do adoptd pur Hadrlon, Sou rogne (138-
la politique cherchèrent un refuge 101) fut heureux, ot uu de «es cou-
CHA'PITHW XVI 137
môme un plaisir secret, lorsqu'on parle de cet empe-
reur on
; ne peut lire sa vie sans une espèce d'atten-
drissement 1 : toi est l'effet qu'elle produit, qu'on a
meilleure opinion de soi-même, parce qu'on a meil-
leure opinion des hommes.
La sagesse do Nerva, la gloire de Trajan, lat valeur
d'Adrien, la vertu des deux Àntonins, se firent res-
pecter dos soldats. Mais, lorsque de nouveaux monstres
prirent leur place, l'abus du gouvernement militairo
parut dans tout son excès ; et les soldats qui avoient
vendu l'empire assassinèrent les empereurs, pour en
avoir un nouveau prix 3.
On dit qu'il y a un prince dans le monde qui tra-
vaille depuis quinze ans à abolir dans ses Mats le
gouvernement civil pour y établir le gouvernement
militaire y. Je ne veus point faîro de réflexions

tomporolns, l'hlslorlon Pausanlas. vou- d'uiio élévation constanto, d'uno dis-


lut lui itonnoi' lo surnom do « Père du tinction dxqulto, il citait trop faillie do
gouro humain ». Il adopta Mavo< caractère pour so mottro Jamais on
Aurélo ot lui donna pour épouse sa travoi's du torrent,,. Il n'essaya jamais
flllo Anula FiuiHlItm. do réagir oontro la passion populaire
1. Lo utoïel.Jini) do Mare-Aurolo ost ou d'éalairor lo préjugé publie, il souf-
beaucoup moins upro quo oolul d'Eplo- frait, souriait tristement, su taisait,
t&to ot m'ôino do Miéquo, 11 n'atteint lalssaltfall'o.» (Histoire des uersèculioiis
pus oncoro a l'humilité ot a la oharité pendant les deux premiers siieles, «h, VI,)
clii'dtionno, mois on y trouvo uno Quant au dornler mot do ootlo ano-
notion plus largo do lu justice et do malie, il faut peut-être lo chorohor
l'humanité, uno sorto do mystlolsmo dans oo Jugomont de M, Durny qui,
otdo résignation mil ôtonno dans un dès l'abord, pnt'aît étrange, mais ex-
païen. Maro-Aurôfo a écrit un polit plique bien dot choses i « Mellons-le
ouvrage intitulé / T& sU 4aW)V, donc au nombre des hommes ii qui
sorte d'oxamou do consolonoe où se nous devons le plus do respect, mais
monlro ta bollo omo. Gommont so fait- ne lo mettons pas au rang dos princes
il quo, sous son rogno, la persécution qui ont le mieux mérité du leur pnys, »
conlro loi chrétiens sévit dans tout 2. Kntoiiiloa pour uvalr un iwuwitu
1

l'omplro? Maro-Aurélo no promulgua pria) de eet assassinat, I.UH prétoriens


cependant contre eux aitoun nouvel savaient «m oITot quo toute révolution
6dU, et s'en Dut h la jurisprudence do do pillais leur était payée par celui qui
Hosprédécesseurs. M, P, Allard, dans on bénéficiait: et la vie d'un omperuur
HticoiiHclonulouso Histoire des tmrsèeu- était bien peu du chose mise on ba-
limiti nltrlhuo ce fait Imlàninblo a un lance nvoo l'espoir d'un nouveau domt-
redoublement île superstition et do tivum,
fanatisme <|Uo l'empereur n'eut pas lo !}. Allusion U'Yédéile-Oulllaumo 1«»

ooiiradu do rôprhtior t « Parfait hon- roi do Prusse (1713-1740). Il fut lo


nête homme, eo>iir lion Jusqu'à la fai- pi'omlor artisan do la grandeur mili-
blesse ot tomir ,tisqu'd l'illusion', ^ans taire do la Prusse,
arroganoo, s .. halno, «ans oinjilinBO,
138 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
odieuses ' sur ce dessein : je dirai seulement que, par
la nature des choses, deux cents gardes peuvent
mettre la vie d'un princo en sûreté, et non pas quatre-
vingt mille; outre qu'il est plus dangereux d'opprimer
un peuple armé qu un autre qui ne l'est pas.
Commode succéda à Marc-Aurèle son père. G'étoit
un monstre qui suivoit toutes ses passions, et toutes
celles de ses ministres et do ses courtisans a. Ceux
qui eh délivrèrent le monde mirent en sa place Perti-
nax, vénérable vieillard 8, que les soldats prétoriens
massacrèrent d'abord. ' '
Ils mîront ,1'empire à l'enchère,, et Didius Julien , ,

l'emporta par ses promesses : cela Souleva tout le


monde ) car„,quoique l'empire eût été acheté, il n'avoit
pas encore été marchandé *. PesceriniusNiger, Sévère,
et Albin, furent salués empereurs * j et Julien, n'ayant
f)U payer les sommes immenses qu'il avoit promisés,
ut abandonné par ses soldats.
Sévère défit Niger et Albin : il avpit de grandes
qualités; mais la douceur, cette première,vertu des
princes, lui manquoit. /

1, Montesquieu emploie lot l'épi— senteront au camp des prêterions i


thèto odieux dans le sens où noue Sulplolanus, boau-p.èro do Poitlfinx, et
disons enooro aujourd'hui t (ouït eorn- lo sénatqur Jullamis, Lo promtar dtult
•pnraison est odieuse, dans l'intérieur du camp, le second
2, Commode (1«0-10'2), lllsclôllni'c- sur te mur. Los enohèros furent vlvo-
Au roi o fut do tous les omperours lo mont poussées. Jullamis l'omporta i II
plus méprisable i «. plus oruol <(tto promettait a ohaquo prétorien 25.000
bomltlon, plus débauché que Néron, » sosterous (0.700 IV,). « Jadis, remarque
nous dit son biographe 11 voulut ôtro Ghtitoaubrliind, lo sénat avait proclamé
l'Marâulo romain, et, pour cela, dés» la venta d'un moraoau do territoire de
eondlt 735 fols dans l'arène I 11 no l'ut la républiquo I c'était oollo du ohamp
que l'omporeur-nouohor, oh campait Auntbal. » (Eludes Idsto-
3, Bossuot dit avoo beaucoup plus rljiiès),
de raison que l'urtlnnx fut « lo vigou- 6, PosconulusNIgor eommnudalt los
reux défenseur de lu discipline mili- légions do Syrie, ot Sévère collas do
taire ». Pour avoir voulu mettre de Punnonlo, Ils furent salués emporeurs
l'ordre dans l'Etat et dans l'armée il par leurs légions, Sévèro s'assura la
périt assassiné, après 87 Jours de neutralité dos armées do Brotagno on
rogne. négociant avao Alblnus leur ohof. Sou
4, « L'empire mis a l'onoan par l'ar- premier soin fut do marcher oontro,
mée, dit Hostuet, trouva un aehetour. Nlgor qu'il délit, ot Albl'nun ayant pris
Lo Jurlsi/onsulto Dldlus Jullitnus la titra d Augusto fut battu ot se tua
hasarda oe hardi marché i II lui en outro Lyon ot Trévoux (107). Soptlmo
k
coûta via. » Deux acheteurs se pré- Sévère était maître de l'empire.
CHAPITRE XVI 139
La puissance des empereurs pouvoit plus» aisément
paraltro tyrannique que celle des princos de nos jours.
Comme leur dignité étoit un assemblage de toutes les
magistratures romaines j que, dictatours sous le nom
d'empereurs, tribuns du peuple, proconsuls, censeurs,
grands pontifes, et, quand ils vouloient, consuls, ils
exerçoient souvent la justice distributive 1, ils pou-
voient aisément faire soupçonner que ceux qu'ils
avoient condamnés, ils les avoient opprimés, le peuple
jugeant ordinairement de l'abus de la puissance pur la
grandeur de la puissance; au lieu que les rois d'Eu-
rope^ législateurs, et non pas exécuteurs de la loi,
princes, et non pas juges, se sont déchargés do cette
partie de l'autorité qui peut être odieuse; et, faisant
eux-mêmes les grAces, ont commis à des magistrats
particuliers la distribution des peines;
Il n'y a guère eu d'empereurs plus jaloux de leur
autorité que Tibère et Sévère a : cependant ils se lais-
sèrent gouverner, l'un par Séjan( l'autre par Plau-
tien 8, d'une manière misérable.
La malheureuse coutume de proscrire, introduite
pur Sylla, continua sous les empereurs; et il fulloit
môme qu'un prince eût quelque vertu pour ne pas la
suivre ; car, comme ses ministres et ses favoris jetoient
d'abord les yeux sur tant de confiscation», ils no lui
partaient que de la nécessité de punir, et des périls de
lu clémence.
Les proscriptions de Sévère firent que plusieurs
soldats de Niger se retirèrent ehea les Parlhos *} ils
1. La jiiBiloo dlatrlbuttve oonslstu a 3. L'Afrloalo Plautlanus était préfet
répnrtlr les rdoompou«ee ou les ohâtl- du prétoire et ce titre lui doiinntt une
mouts RUIOII la mérlto do ahauuu. Mon- pulssanoo formidable. Sn llllo Plaulllli.
tesquieu an restreint la notion puisqu'il épousa Caraoalla, fils de l'empurour.
lia l'impliqua qu'aux ohAtlmonts. Go fut lo commencement des déboires
2, Go rapproohomeut peut sur» du favori qui fut mis a mort sur l'ordre
prendra, et pourtant 11 ont mérite. do son gendre.
Bdvoro disait quo qui vaut détruire los 4. Sévira prit Ctéslplton ot tint les
factions doit Cti-o orttel un jour, alln Parlhos on rospuol pour quotquu tumps.
d'être élément la reste do sa vlu. Il Du la lo tltru du l'uiilthtu Muximui
loua, dans lo sénat, la sévérité du Sylln, qu'on lia l'i'unrna. Lus monnnieN a «on
du Murlus ut d'AugiiBtoi ut, pour les effigie portent aussi las Inscriptions
Imiter, fit mettre à «Mort 29 sénateurs. de uavalor oibli, fundutov paeit, L'are
140 OEANDEun ET DECADENCE DES EOMAINS
leur apprirent ce qui manquoit à leur art militaire, à
faire usage des armes romaines, et mémo à en fabri-
quer; ce qui fit que ces peuples, qui s'étoient ordi-
nairement contentés de se défendre, furent dans la
suite presque toujours agresseurs. i
)1 est remarquable que, dans celte suite de guerres
civiles qui s'élevèrent continuellement, ceux qui
avoient les légions d'Europe vainquirent presque tou-
jours ceux qui avoient les légions d'Asie ( ; et l'on
trouve dans l'histoire de Sévère qu'il ne put prendre
la ville d'Àtra en Arabie 2, parce que les légions
d'Europe s'étant mutinées, il fut obligé de se servir
de celles de Syriô.
On sentit c«tte différence depuis qufon/commença
à faire des levées dans les provinces 8 et elle fut telle 5

entre les légidns qu'elle étoit entre les peuples môme,


qui, par In nature et par l'éducation, sont plus qu
moins propres pour la guerre.
Ces levées, mites dans les provinces, produisirent
un autre effet : les empereurs, pris ordinairement
dans la milice, furent presque tous étrangers, et quel-
do triomphe ôlové on HOU honneur sur quelques ruines (tl-lladr), au sud-
lo Forum, et mil subsiste oncoro, «8t ouest do Nlnlvo,
orné do bas-reliofs oonsaorant ses vic- i(, Primitivement, l'armée romaine
toires sur los Purthcs. était oxoluelvement aomposée do/ol-
1. Sévère dôflllos logions asiatiques toyons. Lorsque Romo out dos alliés
de Niger 1 Constantin, collas do Llol- ollo lour demanda dos soldats, et, dès
nlus, Vospasion, quoique proclamé par lors, l'armée so composa moitié de
les armées do Syrlo, no fit lu guerro 6 oitoyens. moitié d'allié» italiens, Lors»
Vltelllus qu'nvoo dos légions do Méslo, quo l'Italie entière out roou lo droit de
do Paimonlo ot de Dalmatlo, Ctcérou, elle après lu guerre soolalo (80), les
étant dons son gouvernement (do CHU moroenalres ot les provlnolaux ser-
olo), éorlvolt ou sénat qu'on no pouvc-lt viront h côté dos citoyens, au tltro
compter sur les lovées faites on AHIO, d'auxiliaires (auxilia), AugUBto avait
Constantin no vainquit Maxonce, dit oommonoé a so passer dos Itullons ;
Zozlmu, quo par sa oavolorlo. Sur cela Vospaslon los exolut tout a fait dos
voyez, ci-dessous, lo septième alinéa légions sans leur former la gurdo pré-
du chupltro XXII, (JV. de il.) torlouno. Hadrien no lova puis de sol-
)>2. T niJim avait aussi) mais on valu, dats que dans les provinces impériales,
assiégé oottu vilio. Co slègo, au milieu pour couper court a toute Intervention
d'un désert, élult à peu prou Impos- du sénat | ot Sopllmo Sévère exclut los
able, aussi lus soldats so mutinèrent, Italiens du lu garde prétorienne, leur
ot l'empereur comprit qu'il devait ro- permettant d'entrer dans les cohortes
nouoer a ootlw entreprise, s'il no voQ- urbaines, lo corps dus vigiles ot loi
lait pas soulever contre lui son armée. cohortes dus volontaires italiens.
. tt'Aùt*
A MA KMU aujourd'hui quo
dHÀPITRE XVI 141
quefois barbares; Rome no fut plus la maîtresse
monde; mais elle reçut des lois de tout l'univers *. du
Chaque empereur y porta quelque chose de
pays, ou pour les manières, ou pour les moeurs, son
pour la police, ou
ou pour le culte ; et Héliogabale alla
jusqu'à vouloir détruire tous les objets de la*vénéra-
tion de Home, et ôter tous les dieux de leurs
temples
pour y placer le sien 3.
Ceci, indépendamment des voies secrètes
choisit et que lui seul connoît, servit beaucoupque Dieu
l'établissement de la religion chrétienne 3, h
avoit plus rien d'étranger dans l'empire •*, car il n'y
étoit préparé a recevoir toutes les et l'on y
coutumes qu'un
empereur voudroit introduire.
On sait que les Romains dans leur
les dieux des autres reçurent ville
pays B. Ils les
quérants ! ils les faisoient porter dansreçurent en con-
les triomphes;
muis, lorsque les étrangers vinrent eux-mêmes
blir, on les réprima d abord. On sait de plus les réta-
que les
1. G'ost mémo un des pointa les tlenno
plus oui'loux do I'MBIOII'O clo l'ompiro traitée qui, pondant dos siècles, fut
romain que cotte prédomltianoo do an cnnomlo.
l'élément provincial dans los armées 5, Los divinités romaines étalant do
d'abord, puis è In loto du pouvoir. Ce pures ot prosaïques abstractions, sans
formes, sans légendes,
fut la revanche dos opprimés at la fin ohampétros pour In plupart
do Homo. i elles s'unirent d'abord
2. La pierre noire d'Emôso détrôna aux divinités sablnes Janus, Jupiter,
Mars, Qulrlous, Saturno, .
Jana, Junon,
Jupiter Capltolln, et l'omporour fut la Ops
prêtre du dieu Soleil. ot Veste étaient les principaux
3. G'ost la première fols que Mon- représentants de eotto religion primi-
tesquieu parlo do la religion chrô- tive, Après les Tarqulns, l'Iutluaneo
tloiine. C'est utio omission jirôquo EO lit sentir loi dans
quu rlon tout le comme
ne resta. Los dloux de l'Olympe
polit oxousor. LOB luttes soutoiiuos par s'Introduisirent
los ohréllons sont cependant 6 Rome avoo leurs
intéressantes et Importantesautrement soûl
poétiques légendes, at los Homulns
tes Identifieront tant bien
nu
point do vue hlstorlquo que la chro- leurs que mal avoo
nique seandalouse do» empercuro. En divinités primitives, Après los
valu, pour oxousor Montesquieu, pré* Suo'rrcs puniques ce fut le tour dos
loml'On que o'étnlt la Iviiiités asiatiques avoo leurs cérémo-
une question
étrangère au but qu'il poursuivait) nies superstitieuses t o'ost au point do
difficile 6 Juger a l'époque où 11 écri- et vue religieux, une époque de confusion
vait. La vérité pour sans nom. Lo scepticisme gagna tout
l'éorivairt ne sut pas nous ost que le terrain que perdait la religion
assoz se dégager tionale. D'Auguste l'établissement na-
dos tendanoos du xvnt» siècle a
et qu'il du elirlstlanlsmo
saorlfla au goût du Jour o'ost ou sont les suporstl»
faute. t une tlmm oi'ioniiiloH qui dominent i IsIs,
4* Oui, rlou, sauf la religion ebré-
Oslris, Sérapis, Mlthra tout les tllsu*
& la mode,
I4â GUANbliUh RT DECADENCE DBS' noMAtWfl
Romains avoient coutume de donner aux divinités
étrangères les noms de celles'des leurs qui y avoient,
le plus de rapport * j mais, lorsque les prêtres des
autres pays voulurent faire adorer à Rome leurs divi-
nités sous leurs propres noms, ils ne furent pas souf-
ferts ; et ce fut un des grands obstacles que trouva la
religion chrétienne.
On pourroit appeler Garacalla, non pas un tyran,
mai^ le destructeur des hommes. Caligula, Néron et
Domi.tien bornoient leurs cruautés dans Rome} celui-
ci allôit promener sa fureur dans tout l'univers. »

Sévère avoit employé les exactions d'un long règney


et les proscriptions de ceux qui avoient suivi le parti
de ses concurrents, a amasser des trésors immenses a.
Garacalla, fuyant commencé son règne par tuer de
sa propre main Géta, son frère. 8, employa ses richesses
à faire souffrir son crime aux soldats, qui aimoient
Géta, et disoient qu'ils avoient fait serment aux deux
enfants de Sévère, et non pas à un seul.
Ces trésors amass.és par des princes n'ont presque
jamais que des effets funestes : ils corrompent le suc-
cesseur, qui est ébloui et, s'ils gAtentf
en ne
5 pas son
coeur, ils gAtent son esprit' Il forme d'abord de grandes
entreprises avec une puissance qui est d'accident, qui
ne peut pas durer, qui n'est pas naturelle, et qui est
plutôt enflée qu'agrandie.
'Garacalla augmenta la paye des soldats 4; Macrin

1, Ainsi on Identifia Jupiter otZous, donnant dos droits sur le rosta, comme"
Jtuioii ot liera, Mincira et Athénh, héritier civil, lo jour on II so lit rooon*
Dlnno et Artémls, Moroure ot Hermès. naître pour Dis ndopllf do Maro-AurMo,
Vulouln ot lléphwstos, Vostu ut Ucmin, Pour garer eotta immense fortune. Il
Mars et Aros, Vénus ot Aphrodite Institua une procuraiio rmim pi'tvatai'um
jNupluno ut Posldou, Géra» et Démê- dont l'usngo so conserva.
ler, l'i'osorplno ut Porséphouu, l'Iiilou 8. Il lo tua dans les hraS do tour
ot IIÎKIÔH, liuoohtis ot Dionysos, môro qui fut ootiverto do sang. Puis,
2, Sévoro, qui no possédait, Jusqu'à nu dlro do Dion, Il fit égorger 20.000
non consulat, qu'une) petite maison a oésnrlons ot soldats, partisans do Gâta.
Homo et uno toi'i'o, dovliit l'héritier dos 4, Go détail est do pou d'Importance.
empereurs, nos prédéoessours, on onlp- Montasqulou aurait du uotor une
vont nux soeurs du Commode, «onime réforme bien nutramont grave i 11
héritier politique, uno partie do oo que accorda le droit de oltà S tous lo*
leur avait laisse leur froro, puis en so habitants de l'emplro,
CHAPITRE XVI 143
écrivit au sénat que cette augmentation alloit à soixante
et dix millions de drachmes *, II y a npparonce que ce
prince enfloit les choses; et, si l'on compare la dépense
de la paye de nos soldats d'aujourd'hui avec le reâte
des dépenses publiques, et qu'on suive la même pro-
portion pour les Romains, on verra que cette somme
eût été énorme.
Il faut chercher quelle étoit la paye du soldat
romain. Nous apprenons d'Orose que Domitien aug-
menta d'un quart la paye établie. 11 paroit par le dis-
cours d'un soldat, dans Tacite, qu'à la mort d'Auguste
elle étoit de dix onces de cuivre. On trouve dans Sué-
tone que César avoit doublé la paye de son temps.
Pline dit qu'à la seconde guerre punique on l'avoit
diminuée orun cinquième. Elle fut donc d'environ six
onces de cuivre dans la première guerre punique, de
cinq onces dans la seconde, do dix sous César, et de
treize et un tiers sous Dornitien 2. Je ferai ici quelques
1

réflexions.
La paye que la république donnoit aisément lors-
qu'elle n avoit qu'un petit État, que chaque année elle
faisoit une guerre, et que chaque année elle recevoil
des dépouilles, elle ne put la donner sans s'endetter

1. La oVaohmo était un» monnaie stipeiidium aimmim si elle se prolongeait


Atltquo correspondant au donior ro- au dolà do six mois. Au temps de
main. Mais 11 est dlfllollo d'évaluer Polybo (n* siècle), ello était de 130
exantemont l'augmentation dont parla deniers ou 1.200 as, par an, soit 120 fr.
Montesquieu, sur la fol do Dion. Gara- en oblffres ronds, oe qui donne 0 fr. 84
oalia Introduisit dans le système mo- pur jour. Géaar porta la solde à 230
nétaire de l'empire dos reformas qui deniers (103 fr. 60, le denier ne valant
aboutirent h la plus Inextricable dos plus quo 0 fr. 86), et Domitien a 300
confusions,.D'après Bouohé-Lecleroq, (321 fr., le denier valant tous l'emplro,
le poids de Vaurêui (100 Bestoroex) do Ndron a Garaealla, 1 fr., 07), Le-
aurait ôtô réduit de 7 gramme» 80 a tronno, dans ses Conildérailon» tur tti
6 grammes 65, o'est-à-dlie do 20 fr. 8b monnaie» grecque» et romain»», estima
a 22 fr, 00. Le denier étant la 35* par- que la paye des soldats fut, sous
tie doVaunu.) aurait donc valu a pou Jules César de 0 fr. 511 sous Auguste,
près 0 fr. 90. D'après ces calculs Cara- de 0,491 sous Claude, de 0,48) sous
callrt aurait augmenté la solde de 03 Néron, de 0,45* sous Galba, de 0,441
millions. sous Othon, |do 0,431 sous Domltlon,
S. La soldo était probablement payée de 0,67,11 faut remarquer aussi que la
par semestret toute campagne donnant solde des centurions était double» «I
droit a un iilpendium ttituitit, tl a un celle des cavalier» tripla '
144 GnANDKUIl BT DEGADENCIÎ DUS ROMAINS
dans la première guerre punique, qu'elle étendit'ses
bras hors de l'Italie, qu'elle eut à soutenir une guerre
longue et à entretenir de grandes armées.
Pans la seconde guerre punique, la paye fut réduite
à cinq onces de cuivre} et cette diminution put se
faire sans danger dans un temps où la plupart des
citoyens rougirent d'accepter la solde même, et vou-
lurent, servir à leurs dépens. :

Les'trésors de Persée, et ceux de tant d'autres rois


que l'ort porta continuellementà Rome, y firent cesser
les tributs 2. Dans l'opulence publique et particulière!
la de point augmenter la paye de
on eut sagesse ne
cinq onces de cuivre. v'

Quoique sur cette paye on fît une déduction pour


\ >

le blé, les habits et les armes 3, el}e fut suffisante,


parce qu'on n'enrôloit que les citoyens qui avoient un
patrimoine. '
Marius ayant enrôlé des gens qui n'avoient rien, et
son exemple ayant été suivi, César fut obligé d'aug-
menter la paye. ' '

Cette augmentation ayant été continuée a^rès la


mort de César, on fut contraint, sous le consulat de
Hirtius et de Pansa 4, de rétablir les tributs.
La faiblesse de Domitîen lui ayant fait augmenter
cette paye d'un quart, il fit une grande plaie a l'Etat,
dont le malheur n'est pas que le luxe y règne, mais
qu'il règne dans des conditions qui, par la nature des
1. Montesquieu omplolo la oonjono- Il semble bien que la tribut fut sou-
Uou que seule, parce que dam h pi't-i vent rembourse sur lo butin; pris a
mitre gutirè punique constitue u» com- l'ennemi, il fut uboll en 107 parce
plément circonstanciel do temps, NOUH qu'alors te Trésor dtalt suffisamment
dirions plutôt aujourd'hui alors IJUO, rloho et que les revenus des provinces
'À. Il no s'agit évidemment pan loi
fournissaient & tous les besoin» de la
des Impôt» perçus dans les provinces. guerre.
Il B'agitdu Iribiilum proprement dit, de 8. Ce fut une règle constante. G.
OrauohUB fit voter un* loi qui mettait
cet impôt extraordinaire ot proportion» l'habillement a la charge du Trésor,
nol au ouplt«l rccoimà [tnbutunx e» etnm)
que lo sdnat prdlovalt pour faire face ft mais elle fut vite abrogée. Taoite (Atm,t
des dépenses extraordinaires, Cet im- I, 171 nous apprend quo sous Tibère
pôt dont le chiffre «Huit détermtud par' le soldat payait encore ses habits, ses
décret était perçu pat1 tribus (d'où tri- ormes et ses objets de campement.
butum)> Le produit en dtalt oonsàoré 4, Pansa et ttirtiuu furent comuls
exclusivementaux dépenses militaire». l'an 43 av. J.»p.
CHANTRE XVI 146
choses, ne doivent avoir que le nécessaire physique {.
Enfin, Caracalla ayant fait une nouvelle augmentation,
l'empire fut mis dans cet état que, ne pouvant sub-
sister sans les soldats, il ne pouvoit subsister avec
eux.
Caracalla, pour diminuer l'horreur du meurtre de
son frère, le mit au rang des dieux a ; et ce qu'il y a de
singulier, c|est, que cela lui fut exactement rendu par
Macrin, qui, après l'avoir fait poignarder, voulant
apaiser les soldats prétoriens, désespérés de la mort
fie ce prince qui leur avoit tant donné, lui fit bâtir un
temple, et y établit des prêtres flamines en son hon-
neur 3.
Gela fit que sa mémoire ne fut pas flétrie, et que le
sénat n'osant pas le juger, il ne fut pas mie au rang
des tyrans comme Commode, qui ne le méritoit pas
plus que lui 4.
De deux grands empereurs, Adrien et Sévère, l'un
établit la discipline militaire, et l'autre h relAcha b.

t. Dans cette phrase, condition* 8. C'était un< satisfaction donnét


signifia conditions sociale), classes Ht la aux prétorien» qui avaient été particu-
société, et désigne le bas peuplât,les lièrement ehoyés par Caracalla, Maorlr.
SotiA qui n'ont rion, los léglonalros, «17-2181 était Africain, originaire de
lous sovons jusqu'où les Romains Casarea (sut. Cherolitlï), Caraoallt
avalent porté le luxe do la table. Les l'avait nommé préfet du prétoire,
lois somptualres essayeront d'enrayor 4. Il faut entondru que Caraonlln at
le mal, mais Inullloment., loi Montes- Commodo mérltaiont également d'être
quieu, parlant de la paye des suidais, mis nu nombre dos tyrans. Mais
ofstlmo sans doute que la solde (51 ait Commode seul y fut mis. Sur la plnoe
trop forte et qu'il en devait résulter do comme, of. Hagon, §870.
de graves Inoonvénlonts, Le tableau 5 Cette aoeusattor. » puni point dt
que nous avons donné, d'après Le- départ un mot rapporté par Dion, Slit
tvonuo, prouve que l'auteur, l'auto de son lit de mort remuèrent aurait dit i
renseignements précis sur la valeur son Dis u Eiirlohlsso* les soldats el
dos monnaies romolnen, s'ôtall lait momiiiZ'VoUfl du resto, ) 1! est certain
Illusion sur l'augmentation du stlpen- d'ailleurs que l'armée n'eut pat 6 si
dium, platndro de lui. Mais Sévir» fut un
2. Spartlon rapporte en effet que soldat, et comment aurait-Il laissé se
Gnraealla At prononcer l'apothéose de relâcher une dleolpllno dont lui-même
Oéta, en disant i SU Deus, non sit vlviu, donnait l'exemple? Zoslme (1, 8, dit
Mais M, Duruy pense que l'npothéosa expressément qu'il établit dans lei
n'a été Imaginée que pour faire passer armées un ordre excellent, ut lorsque
le jeu du mots. Ce qui est oertuln n'est Moorlu voulut remettre eu vlguoui net)
que Garaofllla consacra dans le temple réglementa militaires, les troujiel M
de Sérapls le poignard qui lui avait soulovèreul,
iervl a assassiner sou frèr».
146 GRANDEUR ET DECADENCE ORS ROMAINS
Les effets répondirent très bien aux causes, ' Les
règnes qui suivirent celui d'Adrien furent heureux et
tranquilles; après Sévère, on vit régner toutes les
horreurs ''..
Les profusions de Garacalla envers les soldats
avoiont été immenses 2 j et il ayoit très bien suivi le
conseil que son père lui avoit donné en mourant,
d'enrichir les gens de guerre» et de ne s'embarasser
pas cjies autres.
Mais cette politique n'étoit guère bonne que pour
,

un ï'ègne ; car le successeur, ne pouvant faire les


mêmes dépenses, é,toit d'abord massacré par l'armée s

de façon qu'on voyait toujours les ^empereurs sages


mis à mort par les soldats, et les méchants,' par des
conspirations ou des arrêts du sénat. !

Quand un tyran qui se livroit aux gens de guerre


avoit laissé les citoyens exposés à leurs violences et fy
leurs rapines, cela ne pouvoit non plus durer qu'un
règne; car les soldats, à force de détruire, alloient
jusqu'à s'ôter à eux-niêmes leur solde. Il falloit donc
songer à rétablir la discipline militaire, entreprise
qui coûtoit toujours la vie à celui qui osoit là tenter.
Quand Caracalla eut été tué par les embûches de
Macrin, les soldats, désespérés d'avoir perdu un
prince qui donhoit sans mesure, élurent Héliogabale 3}
et quand ue dernier, qui, n'étant occupé que de ses
sales voluptés, les laissoit vivre a leur fantaisie, ne
put plus être souffert, ils le massacrèrent. Ils tuèrent
de même Alexandre *, qui vouloit rétablir la discipline,.
et parloit de les punir. ' '
1. Hadrien «ut pour suouosseurs Etagabal, mais ce nom nu su trouva
Antonln ut Marc-Aurèlu, tandis qu'il jamais sur loi) monnaies, pas plus
Soptlmo Sévèrti succéderont Garacalla d'ailleurs quo ouux du Callgnla et de
Garacalla.
et Klagabal i l.outn In différence oBt la.
2. Il répétait souvout i « Personne 4. Mitmti Aurelitti Sewus ÂUxandei'
uutru quo mol nu doit avoir d'nrg<mt> était cousin germain d'Elngabal. Sous
ulbi quo Je puisse un doiinor aux sol- sou règne ( la grand jurisconsulte
dais. » Ulptén rut le premier personnage du
8. Vuiiut Avilus Utissiamis prit lo l'Etat. L'histoire a peut-être été trop
hom do Marctis Auretiui Àntoiiinm, Lu nomplalsante pour oot empereur de
peuple lui donna l« nom du suit dieu treiiu ans et duml, malt 11 parait tari
ciiAprrnn xvi 147
Ainsi, un tyran qui ne s'assiiroit point ïa vie, mais
lé pouvoir de faire des crimes, périssoit avec ce
funeste avantage cpie celui qui voudroit faire mieux
périroit après lui.
Après Alexandre, on élut Maximin qui fut le pre-
mier empereur d'une origine barbare. Sa taille
\
gigantesque et la force do son corps l'avoient tait con-
noître.
11 fut tué'avec son filspar ses soldats. Les deux
premiers Gordiens périrent en Afrique. Maxime, Bal-
bin, et le troisième Gordien, furent massacrés. Phi-
lippe, iqui avoit fait tuer le jeune Gordien, fut tué lui-
même avec son fils j et Dèce, qui fut élu en sa place,
périt à son tour par la trahison de Gallus 2.s
Ce qu'on appeloit l'empire romain dans ce siècle-
là étoit une espèce de république irrégulière, telle à
peu près que 1 aristocratie d'Alger, où la milice, qui
a la puissance souveraine, fait et défait un magistrat
qu'on appelle le dey 8 j et peut-être est-ce une règle
assez générale que le gouvernement militaire est à
certains égards plutôt républicain que monarchique.
El qu'on ne dise pus que les soldats ne prenoient
do doute qu'il fut du moours simplet* ut t'ait bien voir la différence do oo gou-
pures. Que oo jouno ango n'ait pus été vernement & celui do Franco, on oo
un grand général ni un grand admi- royaume n'a au, on clouzo oents ans do
nistrateur, non» no pouvons MOUH on temps, (iiio soixante-trois rois. ('(V. de
étonner i l'Ion no l'avait prépare a un JW.)
limita fortune» Il «n niontrn favorable 3. Avant Iaoonqu8tofranoalsa(1830)
nux oliréllens qui purent, sou» «on Alger était gouverné par un dey. Pri-
règuo, bAtlr laui'B premières tigllfiofl. Il mitivement, le sultan de Constnntl-
ma n i-ut h 110 ans tiprès li'olzo ans do noplu onvoynlt un paebn pour admi-
rogne (222-285), « /J vêvtit.trop pëti pour nistrer la regenco ou son nom. Immé-
h bien dit momie, a dit Bossuet. diatement après lo paclia venait lo
1. Avec Maxlmlti commence l'anar- doy, commandant les milices turques.
olilo la plu» complète, Sept omporonrs Mais l'influeiio'a do do dernier s'aaorut
passent oui' la trôno on quator/.o rapidement au point qu'an 1710 Aeh-
années (235-2-50). mat III supprima lo pacha ot donna
2. Cosaubon remarque sur YHUtoki tous sos pouvoirs nu doy. Dos lors
Augminh que, dans les cont soixante l'anarchie la plus complète ot te despo-
années qu'ollo contlunt, Il y eut tisme lo plus absolu eo succéderont
soixante ot dix personnes nul eurent, dans In régence. Ainsi, on 171)2, six
justement ou Injustement, la titra da deys furent inatallés et assassinés le
Ci'iBar, « Adco oront In illo prlnolpatu. mémo Jour par les partis qui se <fiipi<
« «nom t mu on omuos mlnmtur, tuinil- talent l'Iulluenoo,
« lia Itnparll semper Inoorta, it Ce qui
148 OIUNDRim F.T oftCADENCP. DES nOMAïNS
de part au gouvernement que par leur désobéissance
et leurs révoltes; les harangues que les empereurs
leur faisoîent ne furent-elles pas à la fin/lu genre de
celles que les consuls et les tribuns avoient faites
autrefois au peuple ? Et, quoique les armées n'eupsent
pas un lieu particulier pour s'assembler, qu'elles ne
se conduisissent point par de certaines formes, qu'elles
ne fussent pas ordinairement de sang-froid, délibé-
rant peu et agissant beaucoup, ne disposoient-elles
pas en souveraines de la fortune publique? El qu'é-
toit-ce qu'un empereur, que le ministre d'un gouver-
nement violent, élu pour Vutilité particulière des sol-
dats ?
Quand l'armée associa à l'empire Phjlippe qui
étoit préfet du prétoire du troisième Gordien, celui-ci
\
demanda qu'on'lui laissât le commandement entier, et
il ne put l'obtenir ; il harangua l'armée pour que la
puissance fût égale entre eux, et il ne l'obtint pas non'
plus; il supplia qu'on lui laissât le titre de Gésar, et
on le lui refusa; il demanda d'être 2 préfet du pré-
toire* et on rejeta ses prières ; enfin il parla pour sa
1

vie. L'armée, dans ses divers jugements, exejf'çoit la


magistrature suprême.
,
Les Barbares, au commencement inconnus aux
Romains, ensuite seulement incommodes, leur étoient
devenus redoutables 3. Par l'événement du monde le
plus extraordinaire, Rome a voit si bien anéanti tous
les peuples * que, lorsqu'elle fut vaincue elle-même,

1, Go Phlllppu (244) «toit lits d'un, quo les grandes invasion». Do temps a
aliof do volnuM, autre don soulovomonts formidables
2, Quelques grammairien» ont OB- vennlont joter In torrour dnna Rome t
HnyA d'Introdulrn lino distillation enti'o len Clmbros a l'époque do Mnrlus,
demander h et demander de. I.n« juoll- Arlovisto ut IOR Suovofl au tomns de
lours autours omplolontttidlfforummont César, le» Moroomana sous Mnro»
l'uno ou t'outre du «es deux ooiiBtruu- Aurèlo. Los Invasions du v' sloalo no
tlons. Ln HOIIIO règle ust l'barmonlo furent quo lo dernlor aoto do cette lutte
grinérnlo do la pltruso. engagée depuis longtemps,
3, Los barbnros sMtnIcnt Insensible* 4. rionio avait tout au plus réduit
ment InlIHrés dans l'TinipIro nt jusquo Ion poupins au slloriae, et c'était bonu»
dans les armées romnlnos, nt <int onva*- coup, Mais son histoire, qui n'est
lilHNomant, lotit mais lnoenarint. nu fut guère qu'une histoire militaire, prouva
non molnH Irrésistible ni moins funeste assez qu'elle ne tes avait pas anéantis.
CHAPITRE XVI 149
il sembla que la terre en eût enfanté de nouveaux
pour la détruire.
Les princes des grands Etats ont ordinairement peu
do pays voisins qui puissent être l'objet de leur ambi-
tion : s'il y en avoit eu de tels, ils auroient été enve-
loppés dans le cours de la conquête. Ils sont donc
bornés par des mers, des montagnes et de vastes
déserts, que leur pauvreté fait mépriser. Aussi les
Romains laissèrent-ils les Germains dans leurs
forêts ', et les peuples du Nord dans leurs glaces et 5
il s'y conserva, ou même il s'y forma des nations qui
enfin les asservirent eux-mêmes.
Sdiis le règne de Gallus, un grand nombre de
nations, qui se rendirent ensuite plus célèbres, rava-
.

gèrent l'Europe 2 ; et les Perses, ayant envahi la Syrie,


ne quittèrent leurs conquêtes que pour conserver leur
butin.
Ces essaims de barbares 3 qui sortirent autrefois
du Nord ne paroissent plus aujourd'hui. Les violences
des Romains avoient fait retirer les peuples du Midi
au Nord : tandis que 4 la force qui les contenoit sub-
sista, ils y restèrent; quand elle fut affaiblie, ils se
répandirent de toutes parts. La même chose arriva
quelques siècles après. Les conquêtes de Gharlemagne

1. Les expéditions do Cdsar( d'Au- Il s'engagea à leur payer un subside


guste et de Trnjan montrent, au con- annuel en or, Ce fut sous lo règne da
traire, quo les Romains miraient voulu Vaurien (253-200) que les Alamnns,
rddulro les Germains commo les autres les ' Qots les Francu ot les Perso»
peuples, Maie comment (moindre ces ravagèrent les provinces frontières,
tribus nomades et fuyantes à travers Los Alamans descendirent mAme Jus-
un pays mat connu? Ils durent sa qu'à Hnvonno ^258),
contenter do fortifier les rives du llhin 3, On admet giSndrnlomont autour-
et du Dnuubo, et Ils essayeront do tour d'hui que ees essaims de barbares
polltlquo do promesses et d'Intrigues i furent beaucoup moins nombreux
ils y réussiront aussi mol, qu'on na l'a cru pondant longtemps.
3. Les Uuib, avalent ddja traversé 4. Au xvn» slcclo on employait
le Danubo au dôbut du rogne de Phi- souvent tandis que dnns lo t*omo sons
lippe. Mais la vûrltoblo Invasion eut que tant que,
Heu en 250, sous l'omporour Dec». Les Tandis que Vous vivre» l« sort qui toujours
Barbares franchiront les Balkans et [change
descendirent on Macédoine, Oallus Nt tous a point promit un bonhtnr sans
12M-2B3) conclut aveo oux un traita [mélange,
louiouxqul te rendit leur tributaire. {fphiçénit, 1, \,)
160 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
et ses tyrannies { avoient une seconde fois fait reculer
les peuples du Midi au Nord : sitôt que cet empire
fut affoibli, ils se portèrent une secondo fois du Nord
au Midi. Et si aujourd'hui un prince faisoit en Europe
les mêmes ravages, les nations repoussées dans, le
Nord, adossées aux limites de l'univers, y tiendroient
ferme jusqu'au moment qu'elles inonderoient et con-
querroient l'Europe une troisième fois a.
L'affreux désordre qui étoit dans la succession ù
l'empire étant venu à son comble, on vit paroître sur
la fin Ait règne de Valérien, et pendant celui de Gai
lien son fils, trente prétendants divers, qui, s'étant la
plupart entredétruits, ayant eu un règne très court,
furent nommés tyrans 8, ''
/ ' '

Valérien ayant été pris par les Perses,'et Gallien i •

son fils négligeant les affaires, les [Barbares péné-


trèrent partout ; l'empire se trouva dans cet état où il
fut environ un siècle après en Occident * ; et il auroit
dès lors été détruit sans un concours heureux de cir-
constances qui le relevèrent 8.
s
Odenat 6, prince de ' Palmyre, allié des Romains, 1

1. C'est juger bien légèrement le depuis les Antonlns, et 11 rie leur a


grand empereur d'Occident, Si les Manqué que le succès pour prendre
Îiouplados du Nord reoulèrent devant place légalement parmi les maîtres du
ni, o'ost qu'elles se sentaient Inoa- monde romain. » (Buruy.t. VI, oh. 06.)
ftables de résister a son génie, et si, Pour arrtvor au ohlffre de 80, ou plus'
ul mort, elles revinrent, o'ost qu'olles exactement, de 29, il faut compter tes
savaient trop en quelles mains était fils d'ompereurs a qui leurs pères
tombé'son sceptre, avalent donné la pourpre.
3, Co raisonnement do Montesquieu 4. Los Barbares ne faisaient encore
ost assez singulier. On volt trop que qu'essayer leurs forces, Malgré sa
pour lui l'histoire des poupins n'est déohéance Home leur inspirait une
qu'un Jeu do basoulo où les vaincus de certaine terreur. S'ils avalent osé, les
la veille deviennent les vainqueurs dit grandes invasions eussent eu lieu
lendemain. Cetto théorlo des compen- alot'B. Du moins leurs premiers succès
:

sations et de l'équilibre des forces furent un enseignement qu'ils n'eurent


n'a rien de grand et touohe de près au garde d'oublier,
fatalisme. La nonaeptlou de Boss'uet ft, Les victoires de Claude II sur les
est autrement noWo et vraie. (lots et d'Aurollen sur les Alamans
8. « Ceux qu'on a appelés par un consolidèrent pour quetquo temps
souvenir d'Athènes « les trente tyrans » l'empiro croulant.
n'étalent ni tronto ni tyrans. De la 0, Palmyro était la station obligée
captivité de Valérien a la mort do son des caravanes qui se rendaient d'An-
Dis, on compte 18 généraux qui furent tloolie a Séleuele. Elle devint rapide,
.
proclamés empereurs parleurs troupes, ment puissante. Les Romains convoi-
comme l'avalent été tous les princes taient sou territoire, mats comme elle
CHAPITRE XVII 151
chassa.les Perses, qui avoient envahi presque toute
l'Asie. La ville de Rome fit une armée de ses citoyens,
qui écarta les Barbares qui venoient la piller. Une
nrmée innombrable de Scythes, qui passoient la mer
avec six mille vaisseaux, périt par les naufrages, la
misère, la faim, et sa grandeur même. Et Gallien ayant
été tué, Claude, Aurélien, Tacite et Probus, quatre
grands hommes qui, par un grand bonheur, se succé-
dèrent, rétablirent l'empire prêt à périr.

CIIAP. XVII. — Changement dmis l'État.

Pour prévenir les trahisons continuelles des soldats,


les empereurs s'associèrent des personnes en qui ils
avoient confiance; et Dioclétien, sous prétexte de la
grandeur des affaires, régla qu'il y auroit toujours
deux empereurs et deux Césars 1. Il jugea que les
quatre principales armées étant occupées 2 par ceux
qui auroient part à l'empire, elles s'intimideroient les
unes les autres; que les autres armées n'étant pas
assez fortes pour entreprendre de faire leur chef
empereur, elles perdroient peu à peu la coutume
d'élire; et qu'enfin, la dignité de César étant toujours
subordonnée 8, la puissance, partagée entre quatre
pour la sûreté du gouvernement, ne seroit pourtant
était sur IOB conflue do l'empire, Ils la en rdcomponso do sos exploits dans los
ménagèrent pour no pas In jeter dans Qaules sur los Ungnudos, après lui
lus brou dos Pnrthos, Au H» slèolo, avoir fait promottro par un sormout
pnrml los sdiiateiirs do Pnlmyro, so solonnal sur l'nutol do Jupitor qu'il
t l'onvoit un oliof do tribus BarranlnoB, ddposorait la pourpro lo jour où tul-
Orionath. Il avait dpousd In odlôbro niômo lui on donnorait l'oxempla. Ktt
Zdnobto. Aida par oollo-ol, Il no tarda 203, los doux augustes s'adjolgnlront
un» à devenir lo personnage lo plus ohneun un odBar t Conutancvi Chlore ol
Influent do Palmyro, Dans la lutte Ool&ro. Go fut la télrarchit do Dlocld-
entro Valdrlon et Sapoi', roi dos Perso», tlon.
I) soutint los Romains ot so fit nommor 2, Au sens du lutin oeeuparetpotsider,
par OaUien «dndralisBlmo de l'empire ilrt mallr» de.
on Orient, puis auguste, 3. Les augustos soûls avalant lo
1. Lo 1» mai 285, Diooldtlen avait pouvoir législatif qui restait Indivis
prooltmé odsar un do son compagnons entro oux, Les aotes portaient quelque-
d'armes, Maxlmlon Horoule. L'annde fois avec les noms dus deux augustes
•ulvaute 11 lui duuna le titre d'auguste celui d'un odsar, mais jamais les noms
152 GltANDRUIt ET DÉCADENCE DES H0MA1NS
dans toute son étendue qu'entre les mains de deux *.
Mais ce qui contint encore plus les gens de guerre,'
c'est que, les richesses des particuliers et la fortune
publique ayant diminué, les empereurs ne purent plus
leur faire des dons si considérables j de manière, que
la récompense ne fut plus proportionnée au danger de
faire une nouvelle élection.
D'ailleurs les préfets du prétoire 2, qui, pour le
pouvoir et pour les fonctions, étqient -k peu près
comme' les grands vizirs de ces temps-là, et fàisoient
à leur gré massacrer les empereurs pour se mettre en
leur place, furent fort abaissés par Constantin, qui no
leur laissa que les fonctions civiles, et en fit quatre au
lieu de deux. i
La vie des empereurs commença donc à être plus
assurée; ils purent mourir dans leur lit, et cela sem-
bla avoir un peu adouci leurs moeurs j ils ne verseront
plus le sang avec tant de férocité. Mais; comme il
falloit que ce pouvoir immense débordât quelque part,
on vit un autre genre de tyrannie, mais plus sourde;
ce ne furent plus des massacrés, mais des jugertients
des deux oésars. Lo césar roslult le prlnco leur valurent en mémo temps
subordonné do l'auguste ot quelquefois do le romplaocr dans certaines affairas
le» réprimandes no lut étalent pan judlolalros, si bien qu'au commence»
ménagées. mont du tu* sleolo la juridiction crimi-
1. M, Duruy résumo ainsi la poli- nelle sur l'Itallo.ot los provinces appar-
tique qui préalda a l'établissement do tenait au préfot du prétoire t o'osl ft lui
In tétrarchle t n Prévenir los révolu- qu'étalent portés tous los appels ainsi
tions on assurant la succession régu- que los omises privilégiée». 11 eut
lière a l'empire par vole do sélection, mémo In juridiction olvllo, ot dovlut
rotidro vaines les intrigues dos ambi- ainsi, a partir du règne do Sévère, et
tieux al los émeutes de la soldatesque le grand Justicier, etlo grand juriscon-
on divisant les commandements, los sulte do romplro,
armées et lo trésor publlo, tollo uvnlt Lo nombre dos préfets varia. Primi-
été la conception théorique do Diocté- tivement Il y on ont doux. Sous certains
tien, M {Hisi, des Romahts, t, VI, oh. 0,0.) empereurs l'hiulolre n'eu montlonno
2. Auguste avait mis & la této de sa qu un sou), soit quo la préfaoturo ont
garde prétorienno doux préfets ou en effet été confléo a un seul, soit quo
commandants aveo les attributions l'un dos doux eût absolument annihilé
ordlnalras du oos foliotions militaires, sou collègue. A partir do Commode on
(
Mais pou A pou les préfets du prétoire on trouvo quelquefois trois, Certains
étendirentlelirooramandomentà toutes historiens veulent que Dlonlétlun ait
lus troupes •uitutoiiûiin ou Italie, lu 'homme quatre préfets,, d'autres, n'en
milice urbaine exceptée qui restait admoltont quo doux, sur l'autorité di
«nuH la dépotidanco du préfet do Homo. Zoslmo (H, 82).
Leurs rapports journaliers aveo la
xvn
CHAPITHK 153
{niques, des formes rie justice qui sembloient n'éloi-
gner la mort que pour flétrir la vie ; la cour fut gou-
vernée et gouverna par plus d'artifices', par des arts
plus exquis 4, avec un plus grand silence; enfin, au lieu
.

de cette hardiesse à concevoir une mauvaise action,


et de cette impétuosité à la commettre, on pe vit plus
régner que les vices des ûmes foibles et des crimes
réfléchis 2;
11 s'établit un nouveau genre de corruption. Les
premiers empereurs aimoientles plaisirs : ceux-ci, la
mollesse ; ils se montrèrent moins aux gens de guerre !
ils (,|furent plus oisifs, plus livrés à leurs domes-
tiques 3, plus attachés à leurs palais et plus séparés
de l'empire *>
Le poison de la cour augmenta sa force, à mesure
qu'il fut plus séparé 8 : on ne dit rien, on insinua
tout; les grandes réputations furent toules attaquées,
et les ministres et les officiers de guerre furent mis
sans cesse à la discrétion de celte sorte de gens qui
ne peuvent servir l'Etat, ni soufl'rirqu'on le serve avec
gloire.
Enfin, cette affabilité • deo premiers empereurs, qui

1. Exquis a ici le sons de recherché, tomba, sous Dlooléllon et BOB sucées»


exauisuua, Bours, au rang d'une villa ordinaire
ii, C'est le régna des courtisans qui Dlooldtlon nvnlt dtiibll sa résidence n
tommenoo. Houe Auguste ot fie» suc- Nlcomédlo i II no parut que doux fols,
cesseurs le prince affectait do n'être et pour quelques jours, dans la vlllo
que lo promlor des eltoyens. Ncrvn o( des Césars, nu commoneemont et n In
Trnjnn appelaient leurs somptueuses lin de son règno. Ce fut uuo faute.
demeures du Palatin lo palais public. L'omnerour en onlevant a Homo sa
Avec Dtoalétlon commonoo In moimr- suprématie décapitait l'omplro, Il y eut
chle au sons modorno du mol, DéBor- uncoro un omnerour, Il n'y eut plus
tnnlfi.ll v aura une cour, o'attt-h-dlre d'empire romain,
unu société dont la prince sera lo 5. La peuséo do Montosqulou man-
contra, société amie du bel esprit et que de clarté. Un seul sens pnrait
do» balles manières, on les ambitions possible l lo poison de la cour augmenta
sa onohoront sous les dehors du dé- sa forcé h mesure auo la cour fut plus
vouement, où In flatterie nom lo plue tisolée, La eour devint un corolo ferme
sur moyen d'arriver ou but, ou les où los passions so développèrent et se
«nraclèrofl «'abaisseront en môme livrèrent un plus rude assaut.
U'inps qua les muuurs n'afflueront, 0. 11 faut prendre affabilité dans un
3. C'est-a-dlro a eeux qui fnlsnlent sens très large, des empereurs comme
partie do leur maison i donmikus, Tibère, Néron, Onllguln n'ayant Jamais
4. Homo qui, depuis des stèoles, passé pour affables. Montesquieu fuit
était la tête et lo oceur de l'empire, allusion à cette facilité uveo luquelU
154 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAtNS
seule pouvoit leur donner le moyen de connoître leurs
affaires, fut entièrement bannie. Le prince ne sut plus
rien que sur le rapport de quelques confidents, qui;
toujours de concert, souvent même lorsqu'ils sem-
bloient être d'opinion contraire, ne faisoient auprès'de
lui que l'office d'un seul.
Le séjour de plusieurs empereurs en Asie, et leur
perpétuelle rivalité avec les rois de Perse, firent
qu'ils youi'j^eat être adorés comme eux ; et Diocté-
tien, d'autres disent Galère, l'ordonna par un édit *.
Ce faste et cette pompé asiatique s'établissant, ,les
yeux s'y accoutumèrent d'abord; et, lorsque Julien
voulut mettre de la simplicité et de la modestie dans
ses manières a, on appela oubli de la dignité ce qui
n'étoit que la mémoire des anciennes moeurs.
Quoique depuis Marc-Aurèle il y eût eu plusieurs
empereurs, il n'y avoit eu qu'un empire j et l'autorité
de tous étant reconnue dans la province 8, c'étoit une
puissance unique exercée par plusieurs.
' Mais Galère et Constance Chlore n'ayant pu s'ac-

ils so laissaient aborder, par opposi- ttctmissioimlcs iiivuntorts. Dès qu'il avait
tion aux rlguours do l'étiquette, qui, franohl la porto gardée par 80 slion-
a dater do Dlooldtlen, pesèrent sur le tlalros, Il so prosternait cl adorait « lo
prliiuu et non ontourago, visage saoré i>, osant & pulno lovor los
1. Dloolétleu fltde sa eoui> une cour yeux sur cotto majesté linmobllo et
orlontalo t « Il so plaisait dans l'Ortouti redoutable... Tout devint sacré, le
11 en aimait los ooutumos royales et on pnlals du prlrioo comme sa porsonno,
oopla le cérémonial pompeux. Il rom- ses paroles et ses actas, Jamais, dans
Elnçn par des vètoincnts do solo et d'or notre Ocoldont, l'Iiomme n'avait autant
i oasaquo militaire, sur laquelle ses'
usurpé sur la divinité. (Duruy, t.,VI,
prédécesseurs' jotalent simplement un oh. 09.)
manteau éoorlato t 11 mit sur son front 2, Malgré lo tristo ronom do VApos<
le bandeau royal qu'Auréllon avait tat, Il faut lui rendre oette justice qu'il
déjà porté, et sur son brodequins de essuya do détrutrolesabus qui s'étalent
fourpi'ft des pierres préolouBes. A introduits dans l'Ktat, Il diminua le
imperalui'tmo tous, soldats otoltoycns, nombro dos domestiques ot dos cour-
venaient librement saluer, succéda lo tisans qui onuombraiont le palais. Il
,rol-dlou oaohd dans une ombre mysté» ossaya do eoupor court aux oxaotlons
rieuse, au fond d'un palais dont los et a la vénalité des fonctionnaires par
nvenuos furent gardéos par uno armdo dos pénalités lorrlblos i il réduisit les
d'eunuquos et d'offlolors. Qui obtonalt privilège» ot soulagea los provlnoes.
du magitter offletonim uno audience 3, Il eût mieux valu écrire t dam lt$
Impériale y était mené par un mattre provlnctii
dos cérémonies ut introduit par les
CHAPITR1Î XVII 155
corder, ils partagèrent réellement l'empire 8; et par
1

cet exemple, qui fut suivi, clans la suite, par Constan-


tin, qui prit le plan de Galère et non pas celui de
Diocletien, il s'introduisit une coutume qui fut.moins
un changement qu'une révolution 8.
De plus, l'envie qu'eut Constantin de faire-mne ville
nouvelle, la vanité de lui donner son nom, le détermi-
nèrent à porter en Orient le siège de l'empire 4.
Quoique l'enceinte de Rome ne fût pas à beaucoup
près si grande qu'elle est à présent, les faubourgs en
éloient prodigieusement étendus y : l'Italie, pleine de
li Ils n'est pas néoussatro. Voir Alamanson Italie prouvait que Homo
121, note 4. n'était
page pas a l'abri d'un coup do main,
,

i. Lo psrtogo dtalt cl6jn fait, Ln, Kt !


i
do fait, Homo fut prisa on 410, tan-
réforme de Dloolétlon n'était pas mitre dis quoCoustantlnoplo résista jusqu'en
choso. Sans clouto lo loi'rltoli'odo l'em» 14511. <

pli'o était partagé entre les doux au* : 5, ExtpaUaniia tecîa mntias mlduhro
gustos et los deux césars, mois IIOIIH lirlics, dit Pllno, llistwe nauurilo,
I

avoua vu t[uo les césars étalent les livre I III, eb, V, (M <h M,) L'oncolnlo
HoutonantB des augustes ( do fait lo do Sorvlus avait été blon vile lusufll*
monde romain était dono divisé eu santo i
<

pour contenir la population


deux empiros, Quant a Constantin, il qu i attirait la,oapllalo do l'omptro, Lon
adopta d'abord lo plan du Dloolétlon maisons i avaiont débordé bien au delà,
puisqu'il donna la pourpro h Liàlniu* et, s'dtaguant los remblais qui
(U13), mais au bout d'un an Lioiuius soutenaient les < sur
i murs, avaient complè-
entra en lutte ovoo Constantin, ot ce tement l fait disparaître los fortifications,
domlor, par ses victoires, dovlnt lo tellement Zoslino put nppulor lu
soûl maitro do l'omplro romain {3M|, Homo du
i quu
m« slonlo « àtstylOTOÎ ».
3^ Montesquieu a raison, Cotto di-
vision do l'empire se fit sans seooussu \Aurélian dovantlos monauosd'Invasion
ot son» qu'on s'en aporçût. Los goûts, oommon«a lu sooondo uuuolntc qui
las moeurs de l'Orient ot do l'Ocotdaut porte Son nom ot quo t'robus miliovn,
.j

étalent tollomont différants cjtto, mémo Cette sooonde onaolnto ajoutait i\ ta


la République, les première \oPttmis Jiiniciihiisls outro lo
provlnoos JanloulootloTÏbroi;u olutmpda
sous ,

avaient conservé leur vie partlaullôrn, ' Mars,


Rome n'avait jamais impqsé h ses loPinoio (Cnllis Horlomm), los versants
sujets uno l'églomentatlon unlformu, est ,
de l'EsquIliu ot du Gaollus, ot au
4. Constantin avait d'autres motifs sud les quartiers marqués aujourd'hui
,

do porter on OH ont lo slega de l'um. par los riiormes do Cnraimlla ot lo


J

pi M, Comme Dloolétlon, Homo uvi'o (1/OH<« 'J'csttwcio, Mais l'onaolnto d'Àu-


souvenirs réllun
j
était loin de suffire h contenir
sas lo gênait, Lu impd-
rlaloy ortt été mal A l'ulso |courd'origtun touto , la population de Homo, Aujour-
orientale, Il lui fallait lu niai d'Orient, d'hui quo l'ouoclnto de In villa s'ont
,

Do plus Homo était lo centre du augmentée du la Cili Léonine ou Morgo


nlsmo, ot Constantin, défonsoui' pagn» et do la moitié du Transtovàre, Homo
du ,

christianisme, y eût été insulté et haï. nu compte quo MO,000 habitants,


Enfin l'empereur devait & dette époque D'après Dozobry, sur 1,300,000 habi-
tants, 380.000 onviron habitaient dans
se tuuir toujours a proximité <1OB fron- l'onouiuto
tières, ot partioulloremont de collas murée, Los faubourgs étalent
.qui étalent lo plus inonacôoB, On dono, oommo lu dit Pline, do vdrilabloB
j

peut
ajouter que la réconte invasion des villas, .
156 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
uiuisons'de plaisance, n'étoit proprement que lejardin
de Rome; les laboureurs étoienten Sicile, en Afrique,
en Egypte*, et les jardiniers, en Italie : les terres
n'étoient presque cultivées que par les esclaves des
citoyens romains 2. Mais lorsque le siège de l'empire
fut établi en Orient, Rome presque entière y passa,
les grands y menèrent leurs esclaves, c'est-à-dire
presque tout le peuple j et l'Italie fut privée de ses
habitan(s.
Pour, que la nouvelle ville ne cédât en rien à l'an-
cienne, Constantin voulut qu'on y distribuât aussji du
blé 3, et ordonna que celui d'Egypte seroit envoyé à
Gonstantinople, et, celui de l'Afrique tVRome, ce qui,
me semble, n'étoit pas fort sensé''.
r
1. On portait autrefois d'Ilnlio, dit 3, Do tout temps avalent eu Heu, »
Tacite, du 1)16 dans los province» recu- Romo, des distributions de blé gra-
lées, et ollo n'est pas onooro stérile i tuites ou quasi gratuites, Mais, do
tuais nous cultivons plutôt l'Afrique ot plus, h partir de 123, nous voyons
l'Egypto, et nous aimons mloux expo- s'établir l'usage des « frumoniatlons ».
Bor iiux accidents la vie du peuple fo- C. Oraoolius, lo premier, fit voter une
urnit). (Annales, llv, Xll, oh. XLIII.) loi assurant à tout citoyen domicilié &
2, L'agrloulluro, qui nvalt duS la Homo lo droit do touoher ohaqno mois
première occupation don Romains, fit cinq boisseaux do froment fournis par
bientôt plnee c\ d'nutres souci», La l'Elut, a moitié prix delnvalour réelle,
conqufUo devint pour Rome lo prlnol- soit 6 as 1/3 (0 fr. ai). Ce» lois ftiront
pnl moyon de subsistance, Lop soldats modifiées, supprimées, rétablies jus-
rendus h leurs clmuips n'eurent plus qu'à ce quo la lot Clouta (98) décida
le courage do ION oulllvor, et ooux qui que tous los citoyens rcoovraiont lotir
no los avalent pas oncoro quittas HO blé gratis, sauf pout-ftlra los sénateurs
demmutnlent s'il valait bien la peine et lus chevallors, En 40, 330.000 ci-
do BU donner tunt do mal pour une toyens étalent nourris par l'Etat, César
terre qu'il» devraient bientôt abimdou- en réduisit le nombre a 150,000, et
noi\ Les ISgloguos,do Virgile montrent institua deux édiles plébéiens chargés
bien oos préoccupations : spécialement du service des approvi-
At nos hino aliisitientos iliimus Afras.,, sionnement» et de» distributions (riirn
Post (dii/not, moa rtgna vidons, mirabor annonae), Auguste se chargea do l'an—
[nristas, noue et arrêta lo chiffre dos assistés h
Columolla, dans In préface do son 200,000 qui resta lo chiffre normal,
traita, KO lamonto sur le disorédlt.dans Sous l'Empire, Il y eut un pivefmua
taciual l'agriculture était tombée, ot mmonat assisté d'un supbritefêrlM, A
rifno l'Anolon, s'ôcrle t latifundia per- partir d'Aurollen, le» distributions
didern Italium. La petite culture avait, mensuelles do blé furent remplacées
en effet, disparu devant los grande» par des distributions quotidiennes do
propriétés, ot les terros labourables Eain (punis gradilts, o'est-a-dlre dlstrl»
avaient été remplacées par dos piUu- uo sur les degrés du palais impérial).
rages d'un entretien plus facile et d'un " 4. (lo qui peut justifier en qtiolqtto
rapport suffisant. Les Romains s'ha- favon la conduite do Constantin, c'est
bituaient ainsi mi fut m'o/uo, qui est la qu'elle était fondào sur une coutume
via do l'Italien méridional. profondément entrée ilnns los mnutrs
CHAlMTItli XVII 157
Dans lç temps de la république, le peuple romain,
souverain' de tous les autres, devoit nàturëllpment
lavoir part aux tributs: cela fil que le sénat lui vendit
d'abord du blé a bas prix, et ensuite le lui donna pour
rien. Lorsque le gouvernement fut devenu monar-
chique, cela subsista contre les principes do la monar-
chie s on laissoit cet abus à cause des inconvénients
1

qu'il y auroit eu à le changer. Mais Constantin, fon-


dant une ville nouvelle, l'y établit saris aucune bonne
raison.
Lorsque Auguste eut conquis l'Egypte, il apporta
à Rome le trésor des Ptolomées a : celay (It à peu près
la même révolution que la découverte des Indes a
faite depuis en Europe, et que de certains systèmes
ont faite de nos jours 8. Les fonds doublèrent de prix
à Rome ; et, comme Rome continua d'attirer a elle les
richesses d'Alexandrie, qui rccevoit elle-même celles
de l'Afrique et de l'Orient, l'or et l'argent devinrent
très communs en Europo ; ce qui mit les peuples en
état de payer des impôts, très considérables en,
espèces.,
Mais lorsque l'empire eut été divisé, ces richesses
•'.
allèrent à Çonstantinoplo. On sait d'ailleurs que les
mines d'Allemagne ' n étoient point encoro ouvertesH ;
romnlttos, Cos dlHlrlbutloiiM pnuvont d'Angleterre ». Won quo nous non?
nous paraîtra extraordinaires, mal» il uonroi'mloiiH njuolto édition, nousavons
faut HO rappolur «do lo» oltoyon» ro- ont dovolr rdtabllr lu toxto do l'édition
mains avaient' bien qualqtto droit I'I do 171)4, La uolu qui suit, ot qui «et da
bdnùflolor dos avantages d'unu ooni- Mniitusqulou, prouva i|iiu la legon do
quuto qui rtlnlt loiiv oouvro,v 1748 «Ht l'nutlvo sur ou point. L'iiutotii',
1. On adomnmlo pourquoi Monlns- nu olViil, invoquo lu tiSiimlgminu do Tn-
quiou B'dt.dt nbsttmu do donner IOH oltodniiBBa (lermanie,Or, mi olinpiti'o'V,
ruinons du a'elt'o nssortlon, O'oHt uppa- 'l'nolto dit i l\'cv lumen affl.-muverim mil-
roinmont qu'illosjugonlt iniinlrostoH La Ittin (lormanitio venant a'genttim m/nimeo
monnralito n pour objot du trnvalllor gignera ; t/uis enim scrutants est ? Donc,
au blon dit poitplu pur do bonnoa IOIB, i'i In connaissance duTaoltu du mollis,

pur la protuotlon donhâo nu aontinarco IUM' nilitoH d'Alluma^uo ii'dlnlont pan


ut I'I I'IIHIIIHIVIO, mal» nond'ûiiuotirajjor OltOOt'O UXplolldOSi
In mirossopitr du folios lnrtfi'SsoH, 5. TnultOi De moribiis Oernutnorum,
a. J'tolèmèe utl In HOUIO orthographe lo dit formulluinonl,' On «ait d'ailleurs
OOITOUtO,
y. AIIUHIOII au systômo
'
do
'
Law.
'• h pou pi'6» l'Apoquo do l'ouvorturo do
In plupart duMiitluaH d'Allemagne; Voy,
Dans la promtôro ddltion. Montesquieu Thomas SosrolbdritBi m\r l'oiiglno dos
avait dorlt ! céitmn» systèmes ridicules, mines du Hnrlz, On croît eollos do
4, L'édition do 1748 porto « les mines Saxo niolti& nnoloniios. (A', de M.)
158 OJUNDEUn ET DÉCADENCE DES ROMAINS
qu'il y en avoit très peu en Italie et dans les Gaules,*
que,*depuis les Carthaginois, les mines d'Espagne
n'étoient guère plus travaillées, ou du moins n'étoient
plus si riches 1. L'Italie, qui n'avoit plus que des jar-
dins abandonnés, ne pouvoit, par aucun moyen, atti-
rer l'argent de l'Orient, pendant que l'Occident, pour
avoir de ses marchandises, y envoyoit le sien. L or et
l'argent dévinrent donc extrêmement rares en Europe;
mais le$ empereurs y voulurent exiger les mêmes tri-
buts ce .qui perdit tout.
5 '
Lorsque le gouvernement a une forme depuis long- »

temps établie, et que les choses se sont mises dans


une certaine, situation, il est presque>« toujours, de la
prudence de les y laisser, parce que les rnfsbns, sou-
vent compliquées, et inconnues, qui font qu'un pareil
état a subsisté, font qu'il se maintiendra encore : mais,
quand on change le système total, on ne peut remé-
dier qu'aux inconvénients qui se présentent dans la
théorie, et on en laisse d'autres que la pratique seule
peut fajre découvrir 2, i. .
Ainsi, quoique l'empire ne fût déjà que trop girand,
la division qu on en fit le ruina, parce que toutes les
parties de ce grand corps, depuis longtemps ensemble,
s'étoient pour ainsi dire ajustées pour y rester et
dépendre.les unes deà autres 3.

t. Les Carthaginois, dit Dlodore; tin d'nvolr hftte* ta ruine do l'empire


Auront très bien l'art d'en profiter, el on le transférant à Dyzanco, Mais
les Rontsins «étui d'empêcher que les, n'était-ll pas beau d'aller au devant de
autres n'en profitassent. (N, dé M ) l'ennemi,, de le repousser par une
3, « Maxfmo excellente et qui se. nouvsllo capitale, et de se couvrir du
rddult a ne jamais chang/or rien dans Bosphore quand on perdait le IU1I11Ï
un gotivornoment avant de savoir par La grandeur do cette politique no pn~,
l'exprirleiico co qui pourrait convenir rait-olle pas dans la faiblesse mflme
à la nature de ool Etat ou co nul do cet empiro grec, qui, si ddoréplt et
pourrait lui 6(ro oontrairo i ne se point B1 attaqué, e'ost traîné pourtant jus»
préoccuper pour ou contra ce qui est qu'à la fin du moyen âge et prosquo
'dtablli voir tout par ses yeux, juger jusqu'à nous, tandis que la ville de
par Hol-même et n'Introduire ensuite Homo, ddbarrasarie de l'empire et ne
que 00 que ta raison veut qu'on change gardant que le pontificat, sert do pas-
et qu'on corrige » (Friiiric II), sage de la civilisation antique aux
3. M, Vlllemaln répond à cette aocu- temps mederues î »
tatlou \ « Monteiquleu acouse Gonstiu>
CHAPÏTKE XVI! 159
,
Constantin après avoir aflbibli la capitale, frappa
un autre coup sur les frontières ; il ôta les légions qui
étoient sur le bord des grands fleuves, les dispersa
dans les provinces a; ce qui produisit deuxet
l'unique, la barrière qui contenoit tant de nations maux :
ôtée ; et l'autre, que les soldats vécurent s'amollirentfut
dans le cirque et dans les théâtres 8. et
Lorsque Constantin A envoya Julien * dans les
Gaules, il trouva que cinquante villes le long du Rhin
avoient été prises par les Barbares
; que les provinces
avoient été saccagées ; qu'il n'y avoit plus l'ombre
d'une/armée romaine que le seul que
nom des ennemis
faisoit fuir.
Ce prince, par sa sagesse, sa constance, écono-
mie, sa conduite, sa valeur, et son
une suite continuelle
1. Dans oe qu'on dit de Constantin, riens de Home, même parmi les plus
on ne clioquo point les auteurs ecclé- célèbres, ont, do nos jours, suivi la
siastiques (tut déclarent qu'Ile n'en- mémo autorltéqu'lls récusent d'ailleurs
tendent parler que des actions de tris souvent lorsqu'il s'agit d'empe-
prince qui ont du rapport à la piété, oeet
de celle» qui en ont au gouverne- reurs autres que Constantin, A ceux mil
non veulent connaître la vérllé, et
ment de l'Etat, EUSKBB, Vie de Cons- que les
accusations de Zosime, do Montesquieu
tantin , liv, I, oh, IX | SoctuTB, IlV. I,
oh. 1, {M de if.) et do Duruy auraient Impressionnés!
2. Le but de Constantin fut nous conseillons la lecture du chapitre
d'em- mil termtno le 2» volume de l'Eglise et
pêcher les Insurrections des armées, cl l'Empire romain au IV» siècle, M. le due
d'assuror ainsi l'hérédité de sa cou- de Brogllo rend Justice a Constantin,
ronne. L'empire étolt en proie n tant et conclut i u Constantin ne fut ni
do maux, qu'on ne pouvolt romédler
assez grand ni assez pur pour sa taohe,
aux uns sans' ogravotf les autres i c'est Le contraste, trop visible tous les
ce qui nous oblige & Juger moins sévè- a
yeux, a justement choqué la postérité.
rement ceux qui étoient' a la tête des Toutefois, l'histoire a vu si peu do
affaires. (N, de if.) souverains mottro au service d'une
3. Depuis l'établissement du chris- noble cause leur pouvoir et leur ambi-
tianisme) les combats de gladiateurs tion, qu'elle a droit, quand elle las
devinrent rares, Constantin défendit
d'en donner t Ils furent entièrement rencontre, de réolamor pour eux la
abolis sous Honorlus, comme II pnroit justice des hommes et d'espérer la
miséricorde do Dieu, o
Eflr 'i'Iieodoret et Otlion do Frlslnguo. 4. tën mourant, Constantin laissait
es Romains ne retinrent de leurs an- 3 flls i Constantin II, Constance H
ciens spectaoles que oe qui pouvolt Constant qui se partageront l'omplro, et
affolbllr les courages, et servolt d'at- Constance H fut seul emporeur do 350.
trait a la volupté, {/V. de if.)
Montesquieu, on le Volt, est tiv'la se» a 801 | Il favorisa l'urtantsme,
5, Julien et Oallus, de Cons-
vère pour Constantin. Il a suivi l'his- neveux
torien greo Zoslme oui écrivit
tuntln, avalent survécu au massacre
une
Histoire det empereurs pleine de pr6von> dont les (Ils de Constance-Chlore
lion* n/iti»»» |„ft obrétlous. Des histo- avalent été les victimes et qui nvftU
Inauguré le règne des tf empereur*.
,;
160 OUANOBUH I$T DACADRNCB DRS ROMAIN»
d'actions héroïques, rechassa los Barbares * ; et la
terreur de son nom les contint tant qu'il vécut.
La brièveté des règnes, les divers partis politiques,
les différentes religions, les sectes particulier de
ces religions, ont fait que le caractère des empereurs
est venu À nous extrêmement défiguré 2. Je n'en don-
nerai que Joux exemples. Cet Alexandre, si lâche
dans Hérodion, paroit plein de courage dans Lampri-
diusj ce Gratien, tant loué par les orthodoxes, rhi-
lostorguè le compare a Néron a.
Valentinien * sentit plus que personne la nécessité!
de l'ancien plan *; il employa toute sa vie a fortifier
les bords du Rhin, a y taire des levées, y .bâtir des
châteaux, y placer des troupes, leur donner le moyen
d'y subsister. Mais il arriva dans lé monde un évène-
.-•• ;' Il ,,"
1. LOB Alamans avalent envahi la de Commode à
180 à 238, du règno
Gaule. Julien les repoussa jusqu'à Co- celui de Gordien. On y trouve beau-
logne (350). Les Barbares ne eo tinrent coup de rhétorique, lampridim (vt*
Îias pour pattus, et formèrent lemilieu
pro- siècle) fut un des six autours <lo Vflls-
et n'enlever le jeune César au toirt Auguste, compilation sans mé-
Je ses cantonnements » Ils échouèrent, thode et sans orltique,' qui comprend
Julien prit a son tour l'offensive et les vies des empereurs, de l'avènement
délit les ennemis à Argentoratum d'Hadrien ô la mort do Gnrus <|t de ses
(Strasbourg), L'année suivante (369), fils Numérien et Garln, On attribue a
il pansa le Rhin, ravagea lo pays des Lamprido la biographie de Commode,
Alamans et des Burgondes, et les obll. Antonio, Diadumène, Elagabol et
gea à demander la paix, Si la vie de Alexandre Sévère. Phlhstorge, écri-
ée prince ne comptait pas d'autres vain greo arien (rv'-v* slèole), avait
pages que celle-là, nous ne lu) mar- composé une bl.ilolre ecclésiastique
chanderions pas nôtre admiration, qui allait de l'hérésie d'Arius a l'année
d'autant mieux que son nom est insé- 425,
parable do l'histoire de Paris, Il habi- 4. A .. la mort de Julien, Jovien
tait Lutèce, dont'il conserva toujours n'avait fait que passer sur le trône
Un souvenir, agréable. Les historiens (303-304), mais il avait eu le tompe
qui ont abaisse Constantin se sont plu d'abolir les lois contre les chrétiens.
a exalter Julien t il n'en resté pas Valentinien, dlsgraolé autrefois par
moins marqué du stigmate de l'apos- l'apostat, fut salué empereur, il s'as-
tasie, - ; -' socia son frère Valene. Le premier
3, Voici «ne restriction dont il faut
>
était orthodoxe, le second arien,
savoir gré 4 Montesquieu| mais II «» 6. La garde des frontières fut, 'en
mieux valu Se garder de certains juge- effet, la grande préoooupatlou de Va-
monts trop sévères ou en laisser la lentinien. Il fortifia la ligne du Rhin
/responsabilité a oeux qui les avaient et celle du Danube, et repoussa vlcto~
portés |ee premiers, L'historien, lors- rleusement los Alamans qui, revenus à
qu'il n'est pas sûr de la vérité, peut et la charge, essuyèrent une défaite ter-
doit s'en tenir au vraisemblable, mais rible dans les champs Catàlaunlqués
à condition d'en avertir le lecteur. où plus tard devait venir éohouér
3. lUroiién, historien" greo (tTÔ-
HQ), corapoB» une //('ifeir* qui va de
CÎÏTAPITBH XVII 101
nient qui détermina Valens, son frère, a ouvrir le
Danube, et eut d'effroyables suites.
Dans le pays qui est entre les Palus-Méotides ', les
montagnes du Caucase et la mer Caspienne, il y avoit
plusieurs peuples qui étoiont la plupart de la nation
des Huns ou do celle des Alains *; leurs forros étoiont
extrêmement fertiles; ils aimoient la guerre et le bri-
gandage ; ils étoient presque toujours h cheval, ou sur
leurs chariots, et erroienl dans le pays où ils étoiont
enfermés ; ils faisoient bien quelques ravages sur les
frontières do Perso et d'Arménie; mais on gardoil
aisément les portes Caspiennos :t, et ils pouvoient dif-
ficilement pénétrer dans la Perse par ailleurs, Comme
ils n'imaginoient point qu'il fût possible do traverser
les Palus-Méotides, ils ne connoissoient pas les
Romains; et, pendant que d'autres Barbares rava-
f;eoient l'empire, ils festoient dans les limites que
eur ignorance leur avoit données
Quelques-uns ont dit que le limon que le Tanaîs
avoit apporté avoit formé une espèce de croûte sur le
Bosphore Ciramérien, sur laquelle ils avoient passé;
d'autres, que deux jeunes Scythes, poursuivant une
biche qui traversa ce bras de mer, le traversèrent
aussi *. Ils furent étonnés de voir un nouveau mondo;
1. Aujourd'hui mer d'Azof. sister sur le Danube ot la Prtiili, LSH
j

3. On oroit que les HIMIB étaient «Gots, les premiers envahisseurs de


d'origine mongole ou finnoise, et on l'Empire, se trouvaient maintenant
no sait a quollo époque llfl éralgrèrent entre les Huns ot les Homoins,
voi'8 l'Occident i la soulo chose cer- 3, Les anciens appelaient Pylne
taine, o'ost qu'au moroont où les tribus Cauea$ia« les passages du Caucaso, ils
germaines ou soandinaves descen- on connaissaient trois los /n/lne nlba-
s
daient du Nord au Sud, les hordes » l'en o du côté do la mor Caspienne, les
asiatiques se dirigèrent de l'Est A pijlae snrmaticae au milieu do la chaîne,
l'Ouest, marchant ollos aussi à In con- ot les pylat ibtrica» du côté de In mer
quête du mondo romain, Ce fut au Noire, Le passage prjnclpnl est celui
temps do Valens que las Huns fran- du milieu (aujourd'hui défilé do Da-
chirent l'Oural etf'loVolga. Ils rencon- rlal).
trèrent les Alains établis dans la ré- 4, 11 est étrange do rencontrer do
gion du Caucase, les vainquirent, paroilles fadaises dans un ouvrage do
s'unirent » eux, et tous ensemble so ee genre, Montosquiou aurait mieux
ruèrent sur les Ostrogots oantonnés fait de laisser dans Zoslmo et Joruan-
sur les bords du Don. Ils les défirent dès cos réeits fabuleux, — L>o Tnnaïs
et accepteront leur soumission, puis ost aujourd'hui le Don, et le Bosphore
fl« vinrent se heurter aux WlsrgoU Giminérion le détroit d'Iénikalé.
essayèrent, R>At|f ou vain, de ré-
f62 GJUNDBUH ET DéOADRNCE DBS ROMAINS
et, retournant dans l'ancien',-' ils apprirent à leurs
compatriotes les nouvelles terres» et, si j'ose me ser-
vir de oe terme, les Indes qu'ils avoient* découvertes.
D'abord, des corps innombrables de Huns pas-
sèrent; et, rencontrant les Goths les premiers, ils les
chassèrent devant eux. Usembloit que oes nations se
précipitassent les unes sur les autres, et que l'Asie,
pour peser sur l'Europe, eût acquis un nouveau poids,
Les (Goths eflrayés se présentèrent sur les bords
du Danube, et, les mains jointes, demandèrent une
retraite 3. Les flatteurs de Valons saisirent cette qcca-'
sion, et la lui représentèrent comme une conquête
heureuse d'un nouveau peuple, qui venoi^ défendre
l'empire et l'enrichir,
Valons ordonna qu'ils passeroient sans armes j mais,
pour de l'argent, ses officiers leur eni laissèrent tant
qu'ils voulurent 8, Il leur Ht distribuer des terres}
mais, à la différence des Huns, les Goths n'en culti-
voient point* ; on les priva môme du blé qu'on leur
avoit promis t ils reourôient de faim, et ils'étoient au
milieu d'un pays riche; ils étoient armés, et 0(1 leur
faisoit des injustices. Ils ravagèrent tout depuis le
Danube jusquau Bosphore, exterminèrent Valons et

1, Sur quoi s'appuie Monttequiou vivres se firent rarosi les flots en


pour prétendre que les Huns retour» achetèrent au prix de l'or t puis ils
nèrent annoncer a. leurs compagnons furent réduits ft vendre lours femmes
qu'ils nvalenl (ait une merveilleuse et leurs enfants. Mais, en même temps.
découverte ? Les Barbares n'agissaient Ils se procurèrent des armes. Un jour
pas ainsi, lia allaient devant eux, et ils pillèrent les plaine» de l'Hémus t
alors môme qu'ils étaient vaincus, ils c'était la guerre,
revenaient à la charge jusqu'à la vie 4, Voy. VHisioirt gothiqtu fa Pris-*
tolre ou à l'éobed définitif, élis, où cette différence est bien établie,
-, Lo roi dos Wiaigots, Atbanarle, On demandera peut-être comment
voulait résister, appuyé le Prutb
sur dès nattons qui ne oultivolent point
et les Carpathea, Ses sujets découra- les terres pouvolent devenir si puis-
gés allèrent demander asile à Valeus. santes, tandla que celles do l'Amérique
Colul^oi crut faire un Coup de maîtro sont si petites. C'est que les peuples
'en leur permettant de s'établir dans pasteurs ont une subsistance bien plus
les provinces après avoir livré leurs assurée due les peuples obkèseurs.
armes et un certain nomhtè do leurs " 11 paroit.par Arnmieri Marcollln.qtie
enfants comme otages. les Huns dans leur promiôre demeure
8, Ce ftij la vén'afîté où l'Incurie des ne iàboùrolent point les champs i Ils
gibts impériaux qui perdit tout. Les ne vivotent que de leurs troupeau*dan*
0HA1MTRB XVIII
Bon armée, et ne repassèrent le Danube que pour
abandonner l'affreuse solitude qu'ils uvoient faito '.

CKAP. XVIII. ~ Nouvelles maximes prjsos par


les Romuius,

Quelquefois la 1/lchoté dos emporeurs, souvent la


foiblesse do l'empire, (iront qùo l'on choreba a apaiser
par do l'argent les peuples qui monaçoient d'envahir.
Mais la paix ne peut pas s achetor, parco que colui
qui l'a vendue n'en est que plus en état de la faire
acheter encore,
Il vaut mieux courir le risque de faire une guerre
malheureuse que de donner de l'argent pour avoir la
paixj car on respecte toujours un prince, lorsqu'on
sait qu'on ne le vaincra qu'après une longue résis-
tance.
D'ailleurs ces sortes de gratifications se changeoient
en tributs, et, libres au commencement, devenoiont
nécessaires s elles furent regardées comme des droits
acquis; et lorsqu'un empereur les refusa à quelquos
peuples ou voulut donner moins, ils devinrent de
mortels ennemis. Entre mille exemples, l'armée que
Julien mena contre les Perses fut poursuivie dans sa
retraite par des Arabes a qui il «voit refusé le tribut
accoutumé; et d'abord après, sous l'empire de Valon-

un pays abondant on pâturages, et mains sous les murs de Maralanopo-


arrosa par quantité' de fleuves, comme lls. Orallon arrivait au secours de
font enooro aujourd'hui les potlU Tor- Valons, mais celui-ci* ne voulut pas
tares mil habitent uno partie du mémo l'attondro. Le 0 août 378, la bataillé
pays, Il y a apparenco que cep peuples, s'ongagea près d'Andrinople, <J0.00'0
depuis leur départ, ayant habité dés soldats romains, prosquo tous les gé-
Houx moins propres à la nourriture néraux, 35 tribuns et l'empereur res-
des troupeaux, commencèrent à oultl- tèrent sur le champ do bataille. Les
vor loc terres (N. de M.) .Gots no' puront oopondant s'emparer
1, Valons appela & son aide son ne- d'Andrinople | il s'avancèrent jusqu»(
veu Uratlen qui lui envoya des troupes sous les murs do Constanllnoplo d où
commandées par le Franc Klchomoi-, ils furent repousses par los Sairaslns
Los OoU, conduits par Fritigern, in- qui, pour laproualère fols, venaient M
Uigèruut une premlèro défaite aux ft«« mettre au service de l'empereur, t
iô'l OiUNhtttJl» Ht DRCAnBNCK DB8 ROMAINS
Union, les Allemands ', à qui on avoit offert des pré-
sents moins considérables qu'a l'ordinaire, s'en indi-
ffnôrentj-et ces peuples du Nord, déjà gouvernés par
e point d'honneur, se vengèrent de cette insulte pré-
tendue par une cruelle guerre.
Toutes ces nations, qui entouroient l'empire en
Europe et en Asie, absorbèrent pou a peu les richesses
des Roumains; et, comme ils s'étoient grandis purce
que l'or ,et l'argent de tous les rois étoit porté chez
eux 3, ils s'affaiblirent parce que leur or et leur argent
fut porté chez les autres. i

Les fautes que font les hommes d'Etat ne sont pas


toujours libres ; souvent ce sont des suites rtécessaires
do lu situation où l'on estj et les inconvénients ont
fait naître les inconvénients.
Lu milice, comme on a déjà vu, étoit devenue très
a charge ù l'Etat; les soldats avoient trois sortes
d'avantages : la pave ordinaire, la récompense après
le service 3, et les libéralités d'accident, quidevenoieut

1. Dans l'énumération que Taolte de trésors que possédoit la république


noua a lalsséo dos peuplades de la romaine, il ne reste plus rient et le m al
Oermanlo, nous ne trouvons pas les vient deoeux qui ont oppriti aux princes
Alamans. Ce n'est qu'au m» sièole que à acheter la paix des barbares, clos 11-
nous voyons apparaître les Alamans et nonces sont épuisées, nos villes dé- /
les Franks, Mais, d'après leB auteurs truites, nos provinoes ruinées. Un em-
les plus compétonts, eos noms nou- pereur qui ne eonnoît d'autres biens
veaux no désignent pasdespopulatlons nue ceux de l'âmo n'a pas honte
nouvelles. Fustel do Coulanges y volt d'avouer une pauvreté honnête, H
de simples noms de guerre i « Franks (Ammlen Marcellln, liv. XXIV.) (AT.
et Saxons signifient guerriers) Ala-
mans signlfle hommes de pays dlvors, i 3, Par service, il fout nntondro le
assemblages d'hommes que lo hasard servie» militaire, Le soldat qui avait
ou la guerre avait formas. » Les Ala- reçu son congé (missio), recevait, sous
mans, sous le nom desquels on a de- l'Empire, une sorte do retralto propor-
puis désigna tous les peuples de race tionnée au temps qu'il avait passé SOUB
toutonlque, appartiennent donc a oette les drapeaux, ainsi qu'à son grado
'époquo de l'histoire du monde barbare {praemia milittae), La retraite dos fan-
au'Amédée Thierry appelle l'époque tassins léglonnaires^Jtalt do 12.000
des grandes confédérations. Ils étaient sesteroos (3.000 fr.) ot collo des préto-
établis entre lo Rhin et le Danube, riens de 20.000 (5.000 fr.). Do plus,
menaçant à la fois et l'Italie et la certains privilègosétaient aooordés aux
Gaule, 'étrangers t ces privilèges étaient gravés
2, « Vous voulez des richesses, di- sur dos diplômes en bronze dont
sait un empereurVa son armée qui quelques spéoimons nous sont parve-
murmuroit i voilà le p'ays dos Perses, nus.
allons en chercher. Croyc*-m«l, de tant
(ilIAl'ltllK XVHI 165
très souvent des droits pour des gens qui avaient le
peuple et le prince entre leurs mains.
L'impuissance où l'on se trouva do payor ces chargos
flt tjue l'on prit une milice moins chère V On Ht des
traités avec des nations barbares qui n'avoiont ni le
luxe des soldats romains, ni le môme osprit, ni los
mômes prétentions,
Il y avoit une autre commodité à cola : comme les
Barbares tomboicnttoutà coup sur un pays, n'y ayant
pointà chez eux de préparatifs après la résolution de
partir, il étoit difficile do faire dos levées a temps dans
les provinces. On prenoit dans un autre corps do
Barbares, toujours prêt à recevoir de l'argent, à piller
et à se battre. On étoit servi pour le moment; mais
dans là suite on avoit autant de peine à réduire los
auxiliaires que les ennemis.
Les premiers Romains 3 ne mettaient point dans
leurs armées un plus grand nombre de troupes auxi~
liaires que de romaines; et, quoique leurs alliés
fussent proprement des sujets, ils no vouloient point
avoir pour sujets des peuples plus belliqueux qii eux-
mêmes.
Mais dans les derniers temps, non seulement ils
^'observèrent pas cette proportion des troupes auxi-
liaires, mais môme ils rempliront de soldats barbares
les corps de troupes nationales'*.

1. Go no fut pus pour une «Impie composes do troupes étrangâros veoru*


raison d'éaonamio quo las empereurs tdoB hors do l'Italie, On y trouva dus
élimineront peu a pou do leurs orméos mercenaires orétois et aolllbérions dos
los citoyens romains. Ils voulurent la 2» guurre punlquo (Tite Llvq, XXIV,
surtout onlovor aux légions le désir et 30-41)), Mnrius arma dos gladiateurs
les moyons de disposor tlo l'emplro a et dos osolavos (Plutàrquo, Merlus,
lour gré, 44), A partir do la guorro sociale, la
3, Tournure calquée sur le participe oavalorio détachée do la légion so re-
absolu latin, Nous on avons déjA vu cruta exclusivement ohoz las Gaulois,
plusieurs oxomplos dans Montesquieu. les Espagnols, les Thraoos, los Nu-

8, C'est une observation de Végùoo j mides, les Oormains ; elle lit partie des
et il paroît, par Tito Livo, que; si lo àuxitia, César flt mieux en dépit do la
1
nombre des auxiliaires excéda quel- loi qui n'admettait dans les légions
quefois, oe fut do bien pou (N, <l« M) queues oltoyon» romains, il créa une
4. L'armée romaine comprenait, légion do Gaulois, In fameuse /tfauila
flous la République, dos citoyen», dos [Vafouette), Il ont vrai qu'il tour donna
'jetfet des auxlUa, Ces atïxllm étaient lo droit do olté (Suétono, Gvsar, 24),
166 GIWNDUUU ET DECADENCE DUS ROMAINS
Ainsi, ils établissement des usages tout contraires à
ceux qui les avoient rendus maîtres de tout ; et commo
autrefois leur politique constante fut de se réserver
l'art militaire, et d'en priver tous leurs voisina, ils le
détruisoient pour lors chez eux, et l'établissoicnt
chez les autres.
Voici, on un mot, l'histoire des Romains i ils vain*
quirent tous les peuples pur leurs maximes ; mais,
lorsqu'ils y furent parvenus,.leur république ne put
subsister; il fallut changer de gouvernement; et,des
maximes contraires aux premières, employées dans
ce gouvernement nouveau, firent tomber leur gran-
deur. "'
'
Ce n'est pas la fortune qui domine le monde : on
>

peut le demander aux Romains, qui eurent une suite


continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent
sur un certain plan, et une suite non interrompue'de
revers lorsqu'ils se conduisirent sur un autre. Il y a
des causes générales, soit morales, soit physiques, qui
agissent dans chaque monarchie, l'élevent. la main-
tiennent, ou la précipitent; tous les accidents sont
soumis à ces causes ; et si le hasard d'une bataille,
c'est-à-dire une cause particulière a ruiné un Etat, il
y avoit une cause générale qui faisoit que cet Etat
devoit périr par une seule bataille. En un mot, l'al-
lure principale entraîne avec elle tous les accidents
1 particuliers *'.

L'onrôloracnt des Barbares et princi- l'univers, «t qui, tout puissant par tut*
palement des Germains oontin'ue'sous mime, a voulu, pour établir l'ordre, quo
l'Empire. Tous les empereursen eurent les parties d'un si grand tout dépendissent
à leur solde, et peu & peu, sous les tes unes des autres ; ce même Dteu a voulu
noms de j'aderati, de Laeti, de Gentiles, aussi que le cours des choses eût sa suite et
les Barbares formèrent le plus grande ses proportions t jt veux dire que Itt
parité de l'armée romaine. '.. hommes et les nations ont eu des qualité»
1, Montosquleu se sépare loi do proportionnées a l'élévation a laquelle il»
ceux qui croient quo les peuples sont étaient destiné» t et q*'k la réserve de ter»
poussas par culte force aveugle que les tains coups extraordinaires où Dieu voulut
anolens appelaient le Destin. Le fata- que sa main parût tout» seule, il n'est
lisme en histoire est immoral et Mon- point arrivé de grand changement qui
tesquieu l'a compris. Mais 11 no sait n'ait eu ses causes dans les siècles précé-
pas ou n'oseras conclure. Bossuel est dents.,,,, Encore qu'à ne regarder qut Itt
autrement prcols et afQrmatlf t Ce rencontres particulières, ta fortunt sembl»
4me Uieu qui * fait l'enchaînement de ttult décider de l'itallUstment et de ht
CnAPITRK XVllt 10"?
Noua voyons que, depuis près do deux siècles, los
troupes do terre de Danemark ont presque toujours
été battues par celles de Suède, Il fautqu'indépendam-
meut du~courage des deux nations et du sort dos
armes, il y ait dans lo gouvernement danois, militaire
ou civil, un vice intérieur qui ait produit cot elfot j et
je ne le crois point difficile à découvrir *. '
Enfin, les Romains perdirent leur discipline mili-
taire; ils abandonnèrent jusqu'à leurs propres armes.
Végèco dit que les soldats les trouvant trop pesantes,
ils^ obtinrent do l'empereur Gration de quitter leur
cuirasse et ensuite leur casque a : de façon qu'expo-
sés aux coups sans défense, ils ne songèrent plus qu'à
fuir.
ajoute qu'ils avoient perdu la coutume do fortifier
11
leur camp 3, et que, par cette négligence, lours armées
furent enlevées par la cavalerie dos Barbares.
La cavalerie fut peu nombreuse chez les premiers
Romains : elle ne faisoit que la onzième partie de la
légion *, et très souvent moins; et ce qu'il y a d'ex-
traordinaire, ils en avoient beaucoup moins que nous,
qui avons tant de sièges à faire, oh la cavalerie est
peu utile, Quand les Romains furent dans ladécadonce,
ruint des impires, h tout prendre, il en fortifié, do ne jamais livrer bntnillo
arrive h peu près comme dans le jeu, où le sans avoir derrière eux un camp
pins habile l'emporte h In longue. (Disc, retranché pour lour servir do i-otralto
sur l'hlst. unlv., III' partie, oh, II.) ot runformer leurs magasins, leurs Im-
1. Montesquieu n probablement an gagos et leurs blossés, La nnturn (tas
vue l'oligarchie qui, jusqu'à 1065, jotn armas dans OOB siècles était tollo, quo
le Danemarok dans toutes sortes de dans ce» ramps Ils étaient non seule-
troubles et de révolutions. Mais il fout ment n l'nbrl des lu atiltoa d'uno armée
dire que. pendant ces doux siècles lo égnla, mais mémo d'uno nrméo supé-
Danemarok eut affaire n dos ennomis rieure i ils étaient las maîtres do com-
tels que ûustave Wasa, Gustovo- battra ou d'attendro uno occasion fa-
Adolpho, Charles X ot Charles XII. vorablo. » {Napoléon I",, Précis des
2. Primitivement, les Romains guerres de César.)
avaient un casque ot une cuirasse do (4. La légion comprenait 4.200
cuir (galea, lorica). Mais, dès le temps hommos, et la cavalorlo affectée au
do Camille, on «voit substitué au ouïr aervloo de chaque léglou no comptait
lo casque de bronzo (cassis) ot la cui- que 300 équités, Mais il faut y ajouter
rassa do for ot d'acier. . la cavalerie do» socii, tripla do la cava-
3. « Los Romains doivent In cons- lorlo romaine, ot collo dos attxilia. Cé-
tance do lour succès A la méthode, dont sar avait ainsi 4,000 ot 5,000 cavaliers
ils no se sont jamais départis, do sa et Pompéo jusqu'à 7.000 (Do Bcllo ç(«
camper tous les soirs dans un camp vili, III, 84).
i68 aRANDJRtro BT DftCAftBMK DU* ROMAÎNJI
ils n'eurent presque plus que de la cavalerie, Il me
semble que, plus une nation se rend savanto dans l'art
militaire, plus elle agit par son infanterie; et que,
moins elle lo connoît, plus elle multiplie sa cavalerie :
c'est que, sans la discipline, l'infanterie pesante ou
légère n'est rien $ au lieu que |a cavalerie va toujours,
danSiSon désordre môme. L'action de celle-ci consiste
fdus
F. dans son impétuosité et un certain choc; celle de
'autre, dans sa résistance et une certaine immobilité !
.'c'est', plutôt une réaction 'qu'une action, Kn(lii(1 la
force de la cavalerie est momentanée «l'infanterie agit
plus longtemps} mais il faut de lu discipline pour
qu'elle puisse agir longtemps 8 \- .'
Les Romains parvinrent à commander à tous les
'

peuples, non seulement par l'art.do,la guerre, mais


aussi par leur prudence, leur sagesse, leur constance,
leur amour pour la gloire et pour la patrie, Lorsque,
sous les empereurs, toutes ces vertus s'évanouirent,
l'art militaire leur resta, avec lequel, malgré la fai-
blesse et la tyrannie de leurs princes, ils conservèrent
ce qu'ils avoient acquis j mais, lorsque la qorruptiori
se mit dans la milice môme, ils devirtrent la proie de
tous les peuples.
Un empire fondé par les armes a besoin de se sou-
tenir par les armes K Mais comme, lorsqu'un Elaï est
dans le trouble, on n'imagine pas comment il '.petit en
sortir, de môme, lorsqu'il est en paix et qu'on res-
pecte sa puissance, il ne vient point dans l'esprit corn*
ment cela peut changer il néglige donc laimillcé,
s
dont il croit n'.avoir rien & espérer et tout a craindre,
et souvent même il cherche a l'afibiblir,
î. On entend par réaction en phy- cette arme aura probablement lo prin-
sique, une résistance active a un effort cipal rôle, Mais oo que Montesquieu a
quelconque. dit de l'Infanterie relativement & la oa«
3, L'expérience a démontré, eh effet, valèrlo reste toujours vrai,
Sue l'infanterie est là principale force 8, N'est-ce pas là précisément une
'une .armée, Depuis quetquos animes cause certaine do décadence ? Los ar-
cependant, il sembla se produire une mements sont uno lourde oharge pour!
révolution complète dans l'art mlll- le budget d'un Etat, et le système de
tâlrej tous lee'ei^orts portent sur l'ar- In pal*; armée ne peut être que préju-
tlllerle, et dans le» guerres à vonlf diciable a un pays,
CHAPITRE XVIII 109
ÇMtolt une règle Inviolable des premiors Romains,
quo quiconque avoit abandonné son poste, ou laiasé
ses armes dans,lo combat, étoit puni do mort. Julien
ot Yalontinien nvoient a cet égard rétablUos anciennes
peines. Mais les Barbares pris à la solde dos Romains,
uccouturaés à faire la guerre comme la fonjt aujour-
d'hui les Tartares, a fuir pour combattre encore, à
chercher le pillago plus que l'honneur f, étoient inca-
pables d'une pareille discipline.
Telle étoit la discipline des premiers Romains, qu'on
y avoit vu des généraux condamner a mourir leurs
enfants pour avoir, sans leur ordre, gagné la vic-
toire a ; mais, quand ils furent mêlés parmi les Bar-
bares, ils y contractèrent un esprit d'indépendance
qui (aisoitle caractère de ces nations; et, si l'on lit
les guerres de Bélisaire contre les Goths, on verra
un général presejue toujours désobéi par ses officiers,
Sylla etSertorjus, dans là fureur des guerres civiles,
aimoient mieux périr que de faire quelque chose dont
Mithridate pût tirer avantage ; mais, dans les temps
qui suivireut, dès qu'un ministre ou quelque grand
crut qu'il importoit à son avarice, à sa vengeance, a
son ambition, de faire entrer les Barbares dans l'em-
pire, il lo leur donna d'abord à ravager 3,
Il n'y a point d'Etat ou l'on ait plus besoin de tri-
buts que dans ceux qui s'affoiblissent} de sorte que
l'on est obligé d'augmenter les charges à mesure que
l'on est moins en état de les porter : bientôt, dans les
provinces romaines, les tributs devinrent intolérables.
1, Us ne voulolent pas s'assujettir h se remuer pour ainsi dire, et h branler
commandement au.
aux travaux des soldats romains, tant soit peu sans leDite, H, (/., II1« l\,
Vbyoîs Ammlon Mnroollin, llv. XVIll, général, u Bossuet,
qui dit, comme uno chose extraordi- oh. VI) n'étolt ''.;
naire qu'Us s'y soumirent onuno oc- 3, Cola pas étonnant dasi ce
casion pour plaire à JuHen, qwlTour mélange avoo des nations qui avenant
lôlt mettre des places en état! de dé- été errantes, ; qui no connalasoMnt
ddionso. (iv. </«w.) .;..,,, ,
point de patrie, et où souvent, dos
entière de joipaiwiit
3, « Les lois de ctlvt milict étaient
s
corps troupes so
dures, mais nêmsaires. La"victoire était à l'ennomi qui les àvoll vaincu» cehtre
périlleuse et souvent mortelle h mi» qui la leur nation mémo, Voy, dans Pro>^pet
>gno|«n« tontre lis ordres. Il y allait de ce que ô'otoil que lés Qotbs son* Wti
]vle, non seultmint k fuir, mais eiteore ges. (M *>*(.[ V/
170 ORANDIÎUIl KT pfalADltNCW 1)1Î8 HUMAINS
Il faut lire, dans Salvien \
les horribles exactions
que l'on faisoil sur los peuples, Les citoyens, pour-
suivis par les traitants a, n'avoient d'autre ressource
que do se réfugier chez les Barbares, ou de, donner
leur liberté au premier qui la voulolt prendre,
Ceci servira a oxpliquor, dans notre histoiro fran-
çoise, cotte patience avec laquelle les Gaulois souf-
frirent la révolution qui devoft établir cette différence
aoèablante entre une nation noble et une nation rotu-
rière 8. Les Barbares, en rendant tant de citoyens
esclaves de la glèbe, d'est-à-dire du champ auquel ils
étoient attachés, n'introduisirent guère rien qui n'eût
été plus cruellement exercé vavant eux> /
CIIAP, XIX, -y- Grandeur d'Attila,'-7 Cause de l'étobUsse-
ment dos Barbares. — Raisons pourquoi l'empire d'Oc-
cident fut le premier nbnttu. '

Comme, dans le temps que l'empire s'affoiblissoît,


la religion chrétienne s'établissoit ",i les chrétiens
1, Ecrivain ocolésiastiqué et prêtre valnoue, une population entière assu-
do l'église do Marsoille, Salvien a écrit jettie* Nous possédons d'Innombrables
entre autres ouvrages, un trattô re- écrits do ce temps-là; il» no présentent
marquable sur lo but providentiel des jamais lideo d'un pouple' réduit au
invasions t DoGubernattone Dol, en 8 sorvago.,, On y parle sans ees?6 de
livres, ' seigneurs et de nefs : on n'y dit jamais
%, On appelait traitants, BOUS l'an- que les soigneurs soient (ils des con-
cienne monaruble, ceux qui se char- quérants étrangers ni quo les sorls
geaient du roaouVipmont des impôts soient les Gaulois valnoue,., NI Tos-
sous certaines conditions stipulées clavage, ni lo sorvage do la glèbe ne
dans leurs traités nvoo lo gouvernement' datent do l'InvaBlon Ils sont infini-
Par analogie, Montesquieu ddsigne 1
ment plu» anciens qu'olle, lin n'ont pas
sous 00 nom les agonis impériaux du non plus pesé uniquoinoiit rur In po-
pulation gauloise, Avant l'invasion, il
3, Cotte distinction invontéo au y avait eu dos esclaves chez les Gau-
xvi" siècle a surtout pris favour au lois, il y en avait ou aussi; CJIM.-IOB'
xviii», fustel do Coulangos; qui In Germains. Quant au servage de In,
ûombat» dit qn'olle est née dà I anta- glôbo, forme adoucie do l'esclavage,
gonisme et qu'elle à grandi avoo oot il existait également dos deux côtés du
antagônismo j o!o*t la. haiuo qui Ta on- Rhin. » (Itistoire dès institutions poli-
gendi'oe, et elle perpiStuo la haine. tiques do l'ancienne France, lrt partit),
« Los anciens chroniqueurs, qui étaient. Hv. III, ohàp, XI),
oontmoporaiiis do ('(Hablissainènt ,des 4, Tpuruurè latine exercere a lo

Gei m'et qui l'ont vu do leurs sens rto pratiquer,
1

youx, mentionnent , satis nui doute 5. C'est-à-dlve se fortifiait t staH»


beaucoup do r&va,ges et do violences j lire,
mais Us ne niontront jamais une race
\.-ï • ::. ; '-; .
ClIAPlTItR XIX 171
reprocholent aux patons cotto décadence, et ceux-ci on
dcmandoient compto a la religion chrétîonno. Los
chrétiens disoient que Dioclétion avoit pordu l'empire
en s'associant trois collègues 1, parce que ehaquo
empereur vouloil faire d'aussi grandos dépenses et
entretenir d'aussi fortes armées que s'il avoit été seul ;
que par la lo nombro do coux qui rocevoiont n'étant
f>as proportionné au nombro de ceux qui donnoient,
os charges dovinrent si grandos, que les terres furent
abandonnées par les laboureurs el se changèrent on
for,etsa. Los palons, au contrairo, no cossoiont do
crier contre un culte nouveau, inouï jusqu'alors; ot
comme autrofois, dans Rome florissante, on altribuoit
les débordements du Tibre el les autros oflbts de la
nature à la colère des dieux, de même, dans Rome
mourante, on imputoit les malheurs à un nouveau
culte ot au renversement des anciens autels 3.
Ce fut le préfet Symmaque * qui, dans une lettro
écrite aux empereurs au sujet de l'autel do la Victoire,
fit le plus valoir contre la religion chrétienne des

1. C'ost Lnotanoo, le vigoureux apo- !i Les chrétiuus sont la causo uo


<t
logiste du christianisme, qui, dans tous les désastres, de toutes les oala-
son traité De la mort des persécuteurs, mltés publiquos. Si lo Tibre inondo
fait <io reproche à Dioclétion, Homo, si lo Nil n'inondo pas les cam-
2. Montesquieu, après beaucoup pagnos, si le ciel est formé, si la terre
d'autre», s'appuie pour pnrtor ce Juge- tremble, s'il survient une famino, uno
ment sur un toxto de LAotanco ot de guerre, uno posto, un cri s'éleva aus-
Salvioriv Or, coa deux autours se sitôt i « Les chrétiens aux lions a 1

plaignant moins dos impôts que do la mort les ohrétiens ! « (Tertullien. Ad


façon dont ils sont porous, Sitlvlon Mil., 1. 9 ,• Apohg,, 40).
reprnoho aux agonis du lise do falro do 4. AiireHus Symmnchus (340-410)
la purcoptlon dos Impôts une souroe préfot do Rome on 384 fit partlo de la
do bénéfices partlouliorsi il réclame (Imputation que le sénat onvoya'a Gra-
nusfd oontro l'inégalité do la réparti- tion pour lui demander lo rétablisse-
tion, Au tond, oo Tut toujours la vice ment do l'autol et de là statuo do la
du l'Administration romnlno. Les Victoire dans la salie du sénat. Qra- .
lottros do Cloéron nous ont suffisant tien no voulut pas rcoovoir la députa-
nient édifiés sur los opérations dos tion. Uno socondo tentatlvo fut fallu
publicains, complices dos gouverneurs, auprès do Valontinlenll ot Symmaquo
dans les provinces, Lés impôts furent prit la parole : son plnldoyor nous a
géuéralnmont modérés, mats ils furont été oousorvé. C'est tout co que nous
toujours lo prétoxto a mlllo oxactions, possédons do l'éloquence païenne au
IV. pour eo qui concerne la Gaule, iv* siècle.
'ustol do Goulangee, 1" partie, liv. II,
«h, X.)
172 GRANDRIU» RT DéfiADBNCK DBS ROMAINS
raisons populaires, et par conséquent très capables do
séduire.
« Quelle chose peut mieux nous conduire a la con-
nolssance des dieux, disoit-il, que l'expérience de nos
prospérités passées ? Nous devons être fidèles a tant
de siècles, et suivre nos pères, qui ont suivi si heu-
reusement les leurs. Pense» que Rome vous parle, et
vous, dit \ Grands princes, pères de la pairie, respec-
tez mes années pendant lesquelles j'ai toujours observé
les èéréraonies de mes ancêtres ce culte a soumis 5
l'univers à mes lois; c'est par là qu'Annibal a été
repoussé de mes murailles, et que les Gaulois l'ont été
du Capitole. C'est pour les dieux de la- patrie que
nous demandons la paix ; nous la demandons pour les
diôUx indigèteë V. Nous n'entrons point dans des dis-
putes qui ne Conviennent qu'à de^ gens oisifs; et
nous voulons offrir des prières et non pas dés com-
bats.'» ::' '•]; "

Trois auteurs célèbres ^répondirent § Symmaque,


-

Orose 3 composa son histoire pour^rouvçrj qu'il y


avoit toujours eu dans le monde d'aussi grands mal-
heurs que ceux dont se plaignoient les païens.. SaK
vien * fit son livre, où il soutint que clétoîént les dérè-
glements des païens qui avbiént attiré lés ravages dés

ti Les dieux indigèits (do indu tours ohrétlcuB, qui né pourraient s'ns-
ancienne préposition synonyme de îm «oolor par leur présence à des rites
et geniti) étalent, pour lés; Romains, païens ol menaçait Vuloiitlnlon do lui
des dieux d'ordre inférieur, hérba di- interdire l'accès de l'église, s'il réta-
vinises qui avaient vécu'dans le La» blissait l'autel de la Victoire, j
tlum i nlftsi Pious, Faunus, Jenus, 3. paul Orose, prêtre espagnol qui
Enée, Evandro.., On tes opposait aux vivati au commencement du v» siècle
dlipatrii,dieux que les Troyensavaient a éortt une Histoire tontro tts païens,; en
apportés aveb eux dans leur nouvelle 7 livres. Il y n dnns cette couvre, en
patrie. ..'•' dépit do ses inexactitudes, une idée
2, Le véritable adversaire de Sym- juste ot grande i l'auteur voit dans la
raaquo dans cette question fut saint suite des événements la main do Diou
Àmbroise. évoque do Milan. C'est lui préparant le monde, ir In Venue du
qui Intervint auprès de Oratlèn et lui Messie, C'est le principe même du
fit refuser l'audience sollicitée par les Discours sur l'Hhlolre universfllti, oi <s\\
envoyés du sénat. 'Après ' lo plaidoyer particulier, de la 3« partie Mais 11 y a
de Syrnmaquo, Il adressa à Valontl- entré, lés doux oeuvres l'abîme qui
nion un nionjolro.où il démontrait que séparé lé génie de la médiocrité, r -"•'.'
les dieux n'uvoient empêché aucune !4. Voyea noté 1 page 170, '
"

défaite, réolàmait au nom dès séna-


;
CHAI'ITIU', XIX 17a
Rarbaros ; ot saint Augustin fit voir que la cité du ciel
étoit différonlo de cotto cité do la terro {, oh los anciens
Romains, pour quelquos vortus humaines, avoiont
reçu dos récompenses aussi vainos quo oos vortus a,
Nous avons dit quo dans lespremiors tenips la poli-
tique des Romains fut do diviser toutes les puissances
qui leur faisoient ombrage; dans lasuito, ils n'y purent
réussir. Il fallut souffrir qu'Attila soumît toutos les
nations du Nord : il s'étendit depuis lo Danube jus-
qu'au Rhin, détruisit tous los forts et tous les ouvrages
qu'on avoit faits sur ces fleuvos, ot rendit les doux
empires tributaires 3.
« Théodose', disoit-il insolemment, est fils d'un
pore très noble, aussi bien que moi j mais, ou rno
payant le tribut, il est déchu do sa noblesse, ot ost
devenu mon esclave; il n'est pas juste qu'il dresse
des embûches à son maître, comme un esclave
méchant, »
« Une convient pas a l'empereur, disoit-il dans uno
, ,

autre occasion, d'être monteur. 11 a promis à un do


mes sujets de lui donner en mariage la fille do Satur»
nîlus: s'il ne veut pas tenir sa parole, jo lui déclare
la guerre ; s'il ne peut pas, et qu'il soit dans cet état

1. Datif* non admirable ouvrogo i nor pni' Thdodoso II uuo subvention


la Cité do Dieu, suint Augustin nous fuit anuuollo do 850 livres d'or, et nvnit
voir l'notloii do Dlo'ù sur lo momlo, dtnbli on principo quo In rlvo sopton-
Los 10 premlors llvios sont nmployôs Irlonalo du Dnuubo npparlonnll nus
h roïutor ooux qui prôtoiiilitlent quo lo Huns oommo la riva mdrldionnlo aux
pplythcismo nvnit fnil. In prospérité Homiiins,
dp l'omplro romain : Ion 12 durnlors 4. Thdodoso II ou lo Jouno otnit
sniitconsnoron nux doux oitds, oollu do fils d'Arnadlus, .11 lui suaorida ut l'ut
la terro ot collo du olol ; « C'est, dit omperour d'Oriont do 408 I'I 448, Mnls
M. Villomnln, l'nrntao'n ftinéltro do oo fut sa soeur Puloliorlo qui gnuvnrna
l'finpiio romnin prononodo dnns un HOUB son nom, < G'dlnit, dit Aniodoç
otoîtro.,, Unosrdonto conviction nnimu Thierry, un du OCB Houvorains ddnuoH
tout l'ouvrngo i ot ootto conviction eti do vortus ot do vices qui pordont IOB
l'nri'ot do mort do l'pnolenno ftooiotôY» peuples plus BUromont quo no forniont
{Tableau de l'éloquence chrétienne au iv» dos tyrnns, purco qu'ils lonr commu-
s àele.) nlqut'nt In mollesse do leur ûmo ot
2, G'oat in pousdo bion conmio do .
Jour indilTérqnao pour lo Mou. » (His-
Hoint Augustin i mervedem siuim reço~, toire d'Attila, t, I, oh. III). Los oon- <

pcrtint, t'fliii winam, ' i tonipornlns l'avaient surnomma Cul-


{<>

B.'lloun. roi CIOB Hun», onolo


. ,ot' ligraphe, minoo dlogo pour un onipo-
préddoosscur d'Attlln, s'était fait don,- rou.r,
174 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
qu'on ose lui désobéir, je marche à son secours *. »
11 ne faut pas croire que ce fût par modération qu'At-
tila laissa subsister les Romains; il suivoit les moeurs
de sa pation, qui le portoient à soumettre les peuples,
et non pas à les conquérir a. Ce prince, dans sa mai-
son de bois où le représente Priscus 8, maître de
toutet les nations barbares, et en quelque façori* de
presque toutes celles qui étoient policées, étoit un des
grands monarques dont l'histoire, ait jamais parlé *,
On' Voyoit à sa cour les ambassadeurs des Romain^
d'Orient et de ceux d'Occident B, qui venoient/rece-
voir ses lois, ou implorer sa clémence. Tantôt il
demandoit qu'on lui rendît les Huns transfuges, ou
les esclaves romains qui s'étoient évadés 6, tantôt il
vouloit qu'on lui livrât quelque ministre de l'empereur.
Il avoil mis sur l'empire d'Orient un tribut de deux
cent mille livres d'or "', Il recevoit les appointements'
1, Le message qu'Attila envoya eu le nom d'Attila domine tout le v*
450 eux deux empereurs Théodpse II slèole et l'histoire dqa invasions. « Il
et Valëntlnién III montre eueore doit sa sinistre gloire moins encore au
mieux comment ce ehef do Barbare» mal qu'il a fait qu'à celui hu'il pou-
trnltalt les prétendue maîtres du vait faire, et dont le mondb est resté
monde i « Altda, mon maître et le tien, /épouvanté. » (AI Thierry.) Attila
di»ait le messager, t'ordonne de lui pré' devint le centre d'une légende et le
parer un palais, car il va venir, » héros d'un cycle épique, comme le fut
2, En opposant les'deux mots sou- plus tard Charlemagne. Les légende*!
mettre et conquérir Montesquieu montre latines, les poèmes teutons, les tradi-
assez ee qu'il entend. Attila se con- tions hongroises sont de très faible
tentait de remporter des victoires, Il valeur au point de vue historique,
ne cherchait pas à donner aux peuples mais elles démontrent éloquemmenl
vaincus une organisation et des lois quelle place ee ehel barbare tint danc
Sul les rattaohasMnt k son empire, l'imagination populaire.
'était le contraire de la politique 5. Les deux ambassades, celle
romaine. d'Orient conduite par Maxlmin et
3, Go Prïsous était un savant grec. Prlsous] celle d'Occident ayant a sa
Lorsquo Théodose II .en 440 envoya tête ItomuluB et Romanus arrivèrent
au roi dos Huns une ambassade con- en mime temps a ta bourgade royale
duite pur Maxlmin, ce dernier se fit capitale de toute la llunnie (440), Cette
adjoindra comme collègue, l'historien bourgade était certainement dans In
Priscus qui était son ami. Prlsous Hongrie actuelle, probablement aux
séjourna parmi los Huus, approcha environB do Jaszborény, a proximité
d'Attila, et comme il était homme d'es- des forêts do Matra.
prit et fin observateur 11 a laissé une 6. C'était une des clauses du
relation de cette ambassade qui ost traité de Margus auquel Attila eut si
un des monument» los plus Intéres- eouvent recours pour appuyer se»
sants et los plus Instruotifs do l'his- revendications,
toire au v* siècle. 7. La livre d'or (totidiis) fui IOUI
4, 11 ait a remarqua» «n effet que le Bat-Empire la monnaie la plu* *
CHAPITHIÎ XIX 175
de général des armées romaines. Il envoyoit à Cons-
tantinople ceux qu'il vouloit récompenser, afin qu'on
les comblât de biens, faisant un trafic continuel de la
frayeur des Romains.
11 étoit craint de ses sujets, et il ne paroît
pas qu'il
en fût haï *. Prodigieusement fier, et cependant rusé^,
ardent dans sa colère, mai3 sachant pardonner ou dif-
férer la punition, suivant qu'il convenoit uses intérêts,
ne faisant jamais la guerre quand la paix pouvoit lui
donner assez d'avantages, fidèlement servi des rois
même» qui étoientsous sa dépendance, il avoit gardé
pour lui seul l'uncienne simplicité des moeurs des
Huns. Du reste, on ne peut guère louer sur la bra-
voure le chef d'une nation où les enfants entroient en
fureur au récit des beaux faits d'armes de leurs pères,
et où les pères versoient des larmes parce qu'ils ne
pouvoient imiter leurs enfants.
Après sa mort, toutes les nations barbares se redi-
visèrent 3! mais les Romains étoient si foibles qu'il
n'y avoit pas de si petit peuple qui ne pût leur nuire.
Ce ne fut pas une certaine invasion qui perdit l'em-
pire, ce furent toutes les invasions. Depuis celle qui
fut si générale sous Gallus *, il sembla rétabli, parce

coftinto ot In plus appréciée Kilo resta sur la violence, ot les ostlmnnt davan-
à pou prou tuvni'lnblo Sa vuloui' était tage. Créor dos prétextes, entamer dos
ito 10 tV. 005. C'était donc un tribut do négociations u tout propos, los ouolio-
fl, 183.000 ii'. qu'Attila avait Imposé a vôtror los unas dune los autres, oommo
l'omplro d'Orient. lus maillos d'un Mot trii l'adversaire
1. Il faut consulter sur lo caractère flnlsRait par se prendre, tenir porpé-
do oo 'prlnoo ot los ma'Ui'M do nu cour tuollomohl son onnoml haletant vous
Jopiinitclân ot Prisais, (N, de M.) Jor- la menace, ot surtout savoir atlnndi'o,
nnndèu, Vlslgot d'orlgluo, dovlnt c'était la sa niipiémo habileté. » A,
évéquo do Kuvonno, 11 écrivit uno hls- ïlilorry, Histoire d'Attila, 1.1, oh.(III.
toti'O do ses compatriotes i De data-, 3. Attila avait laissé lo pouvoir
rum tive Gothorum origine et nbusgestis, suprême a son fils Kllnlc, mais SOH
Il y piirla soUvontd'Attila ut dos Huns. autres (ils no voulurent pas rocon-
Il écrivit vers 550, 11 no parla doue nnitro l'autorité do lotir frère. Ils so
pus, oommo PrlsoiiB, do oo qu'il n vu. partageront los nations, ot« d'Illustres
2. « Cot liommo dont lu via un rois, dit Jornnudés, dos ruls pleins do
passa dans les batailles payait rare- bravouro ot do gloire furent tirés au
mont de su porsunno I a a et par la tûto sort avec leurs sujets. » Los Germains
qu'il était général, Aslntlquodans lotis prirent los armes, conduits par Ardn-
ses Instincts, Il no plagalt mémo la rie, nt la lutto entra Diirbnros com- (

guerre qu'après la politique, donnant mença.


toujours lo pas aux on|ouls do |a ri)BO 4, Voyez pa£o 149 noto 2,
I
170 GRANDEUR BT DECADENCE DBS ROMAINS
qu'il n'avoit point perdu do terrain; mais il alla de
degrés en degrés de la décadence à sa chute, jusqu'à
ce qu'il s'affaissa tout à coup sous Arcadius et Hono-
rius.
En vain on avoit rechassé les Barbares dans leur
pays : ils y seroient tout de même rentrés pour mettre
en sûreté leur butin ; en vain on les extermina : les
villes n!étoient pas moins saccagées, les villages brû-
lés, les familles tuées ou dispersées
Lorsqu'une province avoit été ravagée, les Barbares .
qui succédoient, n'y trouvant plus rien, dévoient pas-
ser à une autre. On ne ravagea au commencement que
la Thrace, la Mysîe 2, la Pannoriie!; quand, ces pays
furent dévastés, on ruina la Macédoine, Ta Thessahe,
1

la Grèce de là il fallut aller aux ISforiques 8. L'empire


5
c'est-à-dire le pays habité, se rétré^fssoit toujours, et
l'Italie devenoit frontière. <

La-raison pourquoi il ne se fit point, sous Gallus et


Gallien, d'établissement de Barbares, c'est qu'ilstrou-
voient encore de quoi piller. >

Ainsi, lorsque les Normands, image des conquérants


de l'empire, eurent pendant plusieurs siècles ravagé
la France, ne trouvant plue rien à prendre, ils accep-
tèrent une province qui étoit entièrement déserte, et
se la partagèrent *,
La Scythie dans ces temps-là étant presque toute

1. C'dtolt uno nation blon dostruo- et liitdilonr) élnlont bornds au nonl


tlvo quo collo clos Gotlis i Ils nvolont Sni' lo Dnnubo, nu sud par la Véndtte,
dritrult tous lo» laboureurs dnns In l'est par In Pnnnonlo, n l'ouost par
Tlirnoo, ol oonpô les mains n tous ooux In Hhotlo ot In Vlndôllolo, Cuntaujour-
qui monoloiU los ohovlota. (Histoire d'bui lo duohd do Salzbourg, In
byzantine de Mulchut, dans l'Extrait des Hnuto-Autrloho, In Styrlo et In Cnrln-
ambassades ) (IV. de M.) tlile.
2. Montesquieu n confondu In 4, Ln compnrnlson est Inoxnata,
Mysie province d'Aslo>Mtneuro nvoc Los Normands h'dtnlont quo drs pil-
In Moesw provluoo danubienne bonifia lards qui rançonnaient IOB rlvos dos
nu nord par lo Dnnubo, nu sud pnr In grands fleuves oommo l'Esonut, ln
Tbraco, a l'est par In Pnnnonlo, a Salue et In Loire. Los rois do Franco
l'ouost pni' lo I'ont-Kuxln, G'ost la «uniront bon do Imiter nvoo eux \ mais
Bulgnrlo actuelle. ln Frnnoo n'était pns encore dpnlsôo,
8. LOB Norlquos (rtpeme et méditer' ot les Normands u'otnlent pns dos
ranetim n'eBt-iWllioNvornludu Dnnubo Huns.
cnAPirnB xix 177
inculte *, les peuples y étoient sujets à des famines
fréquentes; ils subsistaient en partie par un commerce
avec les Romains, qui leur portoient des vivres des
provinces voisines du Danube 2, Les Barbares don-
noient en retour les choses qu'ils avoient pillées, les
prisonnierè-qu'ils avoient faits, l'or et l'argent qu'ils
recevoient pour la paix. Mais lorsqu'on ne put plus
leur payer des tributs assez forts pour les faire subsis-
ter, ils furent forcés de s'établir **.
L'empire d'Occident fut le premier abattu : en voici
les raisons.
Les Barbares, ayant passé le Danube, trouvoient à
leur gauche le Bosphore, Gonstantinople, ot toutes les
forces de l'empire d'Orient, qui les arrêtoient : cela
faisoit qu'ils se tournoient à main droite, du cAté de
l'Illyrie, et se poussoienl vers l'Occident *. 11 se fit un
reflux de nations et un transport de peuples de ce
côté-là. Les passages do l'Asie étant mieux gardés,
tout refouloit vers l'Europe; au lieu que dans la pre-
mière invasion, sous Gallus, les forces des Barbares
se partagèrent.
L'empire ayantété réellement divisé 8, les empereurs

1, Les 0otli8, commo nous l'avons Theudério, fils do Ualamer, lo sénat


ûlt, ne cultivaient point la terra. Los consulté répondit que los revenus do
Vandales los appeiolont TrulUs, du l'iïtat n'étolcnt pas suffisants pour
nom d'une petlto incBuroi parce que nouri'ir deux peuples gotha, et qu'il
dans une l'onilno Ils leur vendirent fallolt oholslr 1 amitié de l'un des deux,
fort chor uno piirnlllo niosuro de blé. {Histoire dt Mnkhus, dans YExtrait dtt
Oi.YMi'ioDOiiu, dans ta Bibliothèque de Ambassades,) (M de Ai.)
Photius, livre XXX. (N. de M.) Ohjm- 4. Attila avait détruit lotîtes les
pwdore, historien «roc du y> siècle, fortifications élevées patiemment par
vécut a la oour d'Honorius et écrivit les llomalns ot surtout par Trajan sur
l'histoire du règdo do cet empereur. les rives du Danube. Après lui, la
La Bibtiothiaue de Pliotlue, patriarche route était libre, ot ses succès étaient
do Constantlnople, autour du sohisme pour les Barbares un encouragement
groo, renferme des oxtraits do 380 à suivro ses traces. C'était plus sûr
ouvragos, accompagnés de jugements. que d'aller attaquer Gonstuntlnoploi
9. On volt, dans VHistoire de Prh- et puis Constantinople ce n'était pas
eus, qu'il y avolt dos marches établis pour eux la Romaine, Home IOB atti-
!>ar les traités sur los bords du Danube. rait,
N. de M.) rt' 5, Après la mort do Vulcntlnlen II.
3. Quand '.tes Qoths onvoyèrent ThéodoBU était resté seul maître de
prier Zenon do recevoir dans son l'empire. Il lo partagea entro ses deux
alliance Theudéric. (Ils de Trlurlus, 01s Honorine ot Arcndlus (305). Dès
aux conditions qu'il avolt aeuordée» a lors l'Orient et l'Oooldont formèrent
178 GKANDEUtt ET DECADENCE DES UOMA1N0
d'Orient, qui avoient des alliances avec les Barbares,
ne voulurent pas les rompre pour secourir ceux d'Oc-
cident. Cette division dans l'administration, dit Pris-
eus, fut très préjudiciable aux affaires d'Occident.
Ainsi, les Romains d'Orient refusèrent a ceux d'Occi-
dent une armée navale, à cause de leur alliance avec
les Vandales '. Les Wisigots, ayant fait alliance
avec Arcadius, entrèrent en Occident, et Honorius fut
obligéi de s'enfuir à Ravënne 2. Enfin Zenon 3, pour
se défaire de Théodoric, le persuada d'aller attaquer
l'Italie, qu'Alaric avoit déjà ravagée •*. '
11 y avoit une alliance très étroite entre Attila et ,

Genséric, roi des Vandales. Ce dernier craignoit les


Goths; il avait marié son fils avec la fille du l'oi des
Goths, et lui ayant ensuite fait couper le nez, il l'avoit
renvoyée : il s'unit donc avec Attila. Lqs deux empires,
comme enchaînés par ces deux princes, n'osoîent se
secourir. La situation de celui d'Occident fut surtout
déplorable • il n'avolt point de forces de mer ; elles
étoient toutes en Orient, en Egypte, Chypre1, Phénicie,
doux ompiros distincts. Aussi o'ost h dlus, ot vint se heurter a Pollantla
celte dato quo Unit l'histoire do l'oiii- c&ntro lo général d'Honorlus, Stllicon,
ph'o romain, bton quo l'usago soit (l'on qui lui infligea uno defalto. Mais
marquer le tormo a la ojmto do Romu- bloutôt Slllloon proposa au vaincu,/
lus Augustulo. (476). qu'il ostlmalt d'aillours, do prondro
.

1, Los Vandalos étniont venu» du parti pour Honorius ot l'cmplro d'Oo-


Nord do la Gormnnlo. lift livalont eidont. Alaric nooepla> puiH dos dis-
envohl'lo Pnnnonlo vors 170 et avaiont sentiments a'ôlcvôrontonlro l'omporour
été ropoussés par Mnrc-Aurèlo au delà ot son nouvol aille*. Lus Qolbs mar-
du Dnnubo. Jusqu'au iv° stècto ils obèront sur Homo : doux l'ois lia assié-
étalent restés aux alontours do la forêt gèrent la vllloj ot doux fols on los
lleruynlcnno avoa los Burgondos ot Ion .èaartn en traitant avoa eux. Mais au
Longobards, ; essayant do tomps « ti'oU'èmo. slègo Homo fut prlso ot mise
uutro, ainsi sous Valorlon ot l'robus, a sac, co qui valut a Alarlo lo surnom
d'onvahlr l'ompiro. Mais co fut en 400 do lhmioi' Uibis (400).
qu'ils so dirigeront vors l'ouost, aveu 3, Zenon était omporour d'Oi'Iont
les Alnins ot los Suôvos, franolilront lo (474-491) tandis qu'Odoaoro après
Itliln h Mayonco, traverseront la Gaule, avoir renversé Pomutus Auguslulo
snecageront .l'Aquitaine, passeront los (Hait h la lûto do l'Ooeidoni. Tliéoito-
l'yrénôos ot s'établiront dans la Gallco rio était lo roi dos Ostrogots.
iot la Uetlquo. En 421) ils aborderont 4. Tout eo qui suit, jusqu'à : Jlomê
oii Afrlquo dont lour roi Oonsorlo con- était pour ainsi dire sans defensû, no so
quit lo Nord (420-430). Les (lottes trouve pas dans l'édition do 1734. Co
vandale» commenceront alors h ravager développement nuit d'aillours a l'In-
los eûtos do la Méditerranée». telllgonco do l'ensemble, puisque Mon»
2. Mario fut d'abord' l'allié d'Aroa- tesquleu rovlotit sur lo passé,
CHAPITHIÎ XIX 179
lonie, Grèce, seuls pays où 11 y eût ulors quelque com-
merce. Les Vandales et d'autres peuples attaquoient
partout les côtes d'Occident. 11 vint une ambassade
des Italiens à Constantinople, dit Priscus, pour faire
savoir qu'il étoit impossible que les affaire se sou-
tinssent sans une réconciliation avec les Vandales.
Ceux qui gouvernoient en Occident ne manquèrent
f>as de politique : ils jugèrent qu'il falloit sauver l'ha-
ie, qui étoit en quelque façon la tôle, et on quelquo
façon le coeur de l'empire. On lit passer les Barbares
aux extrémités, et on les y plaça 1. Le dessoin étoit
bien'conçu, il fut bien exécuté. Ces nations ne dernan-
doientque la subsistance : on leur donnoit les plaines )
on se réservoitles pays montagneux, les passages des
rivières, les défilés, les places sur les grands fleuves;
on gardoit la souveraineté 2. Il y a apparence que ces
peuples auroient été forcés de devenir Romains ; et la
facilitéavec laquelle ces destructeurs furent eux-mêmes
détruits par les Francs, par les Grecs, par les Maures,
justifie assez cette pensée. Tout ce systèmo fut ren-
versé par une révolution plus fatale que toutes les
autres: l'armée d'Italie, composée d'étrangers, exigea

1, Montos(|ulou a raison ou ddplt Qu'on Use lo llvro du Goth Jnrnundès!


do l'opinion aocrédltéo au sujet dos on n'y trouvera aucun sentiment hos'
Uarbaros. La looturo dos écrivains lito ft l'empiro t mais on y remarquera
contemporains des Invasions montre uno vlolonto anlmositô contro los
co qu'ils en ponsaiout ot oo que nous Gdpldos, los Vandales, los Hurgondosi
«lovons en ponaor. Ainsi Sldoino Apol- les Huns, » (l'ustol do Gouïongos,
ltnnii'o appollo lo Wlslgot Théodorlo i //. dot Institutions naliUmm de An- i
Kimmiiun voliinwi sulusijiiogonds(Ciiim,, cionnt l<'rmwût t. I. Llv, III, oh. VU).
XXIII, v. 70). Los Ikrbares vendaient Los armées Impôrlalos étalent presque
leurs sorvloos aux Romains, ot lo jour exclusivement composâos do morco-
on Ils croyaient avoir H se plaindre, so nalros ou d'auxiliaires barbares ; mats
rotournnlont contre ouv. Ils rava- la grosso dlflioullô pour le gouverne-
geaient les provinuos ot formaient los ment Impérial était do rolonir chacune
empereurs * de nouvolles concussions. do cos armées duus lo pays qui lui
En un m ils agissaient on sujots avait été assigne-.
1

révoltés ot non on conquérants, « On 2. Souveraineté blon préimlro, car


s'est quelquefois représente' la barba- los IJarbnros étaient on réalité les seuls
rie oonjuroo contre l'oinptro i c'est le maîtres do l'empire t ot le jour ou un
contralro qui se volt dans les chro- cliof do cos rodoutubtes alliés out la
nlquoadu temps, Tous ces barbares so fantaisie do supprimer cette fiction i
combattaient ontro eux, et ils so dis- qu'on appelait l'empiro d'Oooldont,
putaient les faveurs impériales,.. portonno ne s'y opposa.
Î8Q «illANDIiUlt VA' UiîCAbliNCIJ i)liS HOMAtNI-i
qu'on avoit accordé à des nations plus étrangères
V'fE»

encore; elle forma sous OdôaceHune aristocratie qui


se donna le tiers des terres de l'Italie; et ce fut le coup
mortel porté à cet empire.
Parmi tant de malheurs, on cherche avec une ,,: curio- . ,

sité, triste le destin do là ville de Rpme 2. Elle étoit


pour ainsi dire sans défense ; elle pouvoit être aisé-
ment affamée ; l'étendue de ses murailles faisoit qu'il
étoit tirés difficile de les garder. Gomme elle étoit
situéejdans une plaine, on pouvoit aisément la forcer
:
il n'y avoit point de ressource dans le peuple, qui
étoit extrêmement diminué. Les empereurs furent en
obligés de se retirer a Ravenne, ville, autrefois
défendue par la mer,comme Venise l'est aujourd'hui 8.
Le peuple ronjain, presque toujours abandonné de
ses souverains, commença à le devenir'' et a faire
des traités pour sa conservation 8 : ce qui est le moyen
1. Eu 454 lo Suèvo ltlolmcr Innti- tée, de ce nom. Celle nouvelle liabyhno,
gurn «ons lu nom dopntrlekt une yéVi- imitatrice de l'ancienne, comme elle enflée
tablo dlotnturo bnrbnro. Jusqu'oui 472 de ses victoires, triomphante datis ses
il fut lo fibuvornii» absolu do l'ampiro déll'es et dans ses richesses, Aouillée de
d'Occident. Il lit ot défit cinq onipo- ses idolâtries et persécutrice dulpeuple de
l'ours ot oxorça mùmo son pouvoir elle- Dieu, tombe aussi comme elle d'une
tntarlitl poiidout tin (ntorrôgno do doux glande chute, ot suint Jeun'chante
su
min, Apros ltil la Durgoudo Ooiulo- ruine, La gloire de ses coiujuitet, qu'elle'
bnud, pnlolo Pnnuonlon,Oroftn| nnolun attribuait h ses dieux, lut est ilêe : elle-
B.oui'étairo d'Atttln, sa donneront lé est en proie aux Barbares, prise trois ou
tltro et los pouvoirs do mlrloo. Enfin quatre fols, pillée, saccagée, détruite, Lo
Odoaoro, cfiof dos Hérules ou litige», glaive des Barbares ne pardonne qu'aux
rmivoi'tfn Homultm Augtistulo, fils chrétiens, Uno autre Borne toulo chré-
d'Ororito. oi'Jd ompoi'our pnr son p5ro, tienne sort des cendres do la première et
ot ronvoynnt A Cotiatantiiioplo le» orne- c'est seulement après l'inondation ,•des
menta dos Gdsnr» (liîoldi'd plnoor Homo Barbares que s'achève entièrement la vie»
cl los provinces BOUS 1 mttoi'lto do toire de Jèsus-Christ sur les dieux
l'omporour d'Orlont. En480Thôodorlo romains, qu'on voit
lo lun ot pi'lt lo lili'o do roi d'ttnllo. non seulement détruits
mais oubliés (Dise. II, UM III» imrllo,
2. ftossuol n imu'(|ud cloquammont ali. I).
ootto closlltido do In ville dos Césars i 3. Co fui. en 404, sous Honoritis,
Dieu enfin se ressouvint do tant do sim- Ilavonno dovlnt lu résidence oHi-
quo
ulants décrets du sénat contre les fidèles, olollo dos
empereurs d'Occident.
et tout ensemble des cris furieux (tout lo C'était nlors un des plus boaux ports
peuple romain, avide du sang chrétien, do l'Adrlotlquo. Aujourd'hui ollo
avait si souvent fuit retentit' l'amphi- il cinq ou six kilomètres do lit est
théâtre i il livra donc aux Barbares cette mor.
4. Construction hardie. Enten-
ville enivrée du sang dos martyr», comme dez i h devenir souverain,
parle saint Jean, Dieu renouvela sur elle commença
5. Du temps d'Honorlus, Alurlo,
les sensibles châtiments qu'il avait qui usulogoolt Homo, obligea cotte
exer'
CM sur ihibulmie i Home mime est uppo- ville a proiulruson ulllnnuo munie
CHAPITRE XX 181
Je pîus^ légitime d'acquérir la souveraine puissance.
C'est ainsi que l'Armorique et la Bretagne commen-
cèrent à vivre sous leurs propres lois.
Telle fut la fin de l'empire d'Occident. Rome s'étoit *

agrandie parce qu'elle n'avoit eu que des guerres suc-


cessives, chaque nation, par un bonheur inconcevable,
ne l'attaquant que quand l'autre avoit été ruinée. Rome
fut détruite, parce que toutes les nations l'attaquèrent
à la fois et pénétrèrent partout '.

GHAP. XX.
— Des conquêtes de Justinien. — Do son
gouvernement.

Comme tous ces peuples entroient pêle-mêle dans


l'empire, ils s'accommodoient réciproquement; et toute
la politique de ces temps-là fut de les armer les uns
contre les autres : ce qui étoit aisé, à cause de leur
férocité et de leur avaricea. Ils s'entredétruisirent
pour la plupart avant d'avoir pu s'établir; et cela fit
que l'empire d'Orient subsista encore du temps 3.
D'ailleurs, le Nord s'épuisa lui-même, et l'on n'en
vit plus sortir ces armées innombrables qui parurent
d'abord; car, après les premières invasions des Goths
et des Huns, surtout depuis la mort d'Atlila, ceux-ci
et les peuples qui les suivirent attaquèrent avec moins
de forces.

contra l'empereur, qui ne put s'y | contre tes Buraondos el les Burgomlos
opposer. (Proeope, guurro des GolliB, oontro les WlsIgotH, Quand las Wlsl-
llv. 11 voy. Zoslmo, fiv. VI ) [N de M,) gots so révoltaient, il onrôlalt dos
1. C'est tiuo raison ajoutée « toutes Iroupcede HUUH ! quand los Huns vou-
colles que Montesquieu a l'ait valoir au lurentenvahir, Il fil marcher les WisU
chapitre XVIII», «ots » (Fustel de Coulanges, t, 1, Llv.
3, « Ces armées su détestaient mu- III, oh. VII). Ainsi à la bataille des
tuellement. Lee Burgondes ne pou- Champs Catalaunlques Aétlus avait
vaient souffrir le voisinage doe Wlsl- sous ses ordres. à côté des troupes
Kul» qui ne pouvaient souffrir celui romaines dés Wlslgot», des Bur-
des Alalne ni des Suives. Pendant une gondes, des Franks, et des Alalns, et
trcntolno d'années, l'empire se servit Il eut soin d'opposer le» WlsIgotH
des une pouf anYIbllr ou maîtriser les aux Ostrogots do l'arméo d'Attila.
Autres. Lo général do l'emplri* Adtlue 3. Cetto expression équivaut 6 put-
employa tour à tour les Wislgota dant loiigtomp).
182 nnANDEun ET DÉCADENCE DUS ROMAINS
Lorsque ces nations, qui s'étoient assemblées en
corps d armée, se furent dispersées en peuplés, elles
s'afîbiblirent beaucoup; répandues dans lés divers
lieux de^ leurs conquêtes, elles furent elles-mêmes
exposées aux invasions *._ i

Ce fut dans ces circonstances que Juslinien 2 entre-»


prit de reconquérir l'Afrique et l'Italie, et fit ce que
nos François 3 exécutèrent aussi heureusement! contre
lus Wfisigots, les Bourguignons, le» Lombards
/es Sarn'asins.
Lorsque la religion chrétienne fut apportée aux BaiN
bares, la secte arienne * étoit en quelque façon domi-
nante dans l'empjre. Valens leur envoya des prêtres
ariens 8, qui furent leurs premiers apôtres'. C>r, dans
1. Les Barbares réunissaient on Sabbatlusi et'.Upranda prit oe nom
se de Justlnlunus'qu'il a su rendre Im-
effet souvent pour fondre BUI' l'ompire.
Burgondcs, les mortel, (A, Thierry. Histoire tt'At- !
Ainsi les Aloins, les D
Vandales et les Suèves pénétreront lila et de ses successeurs, t. l*r, 11« par*
ensumblo dans les Gaules an 400. Ils lie, ch. IV,) Juslinien régna do 527
à
élnloul environ 200.000. Ils s'Établirent 567. '
Français n'est employé
\ chacun de leur côté, comme jnous 3. Lo mot
l'avons dit. {V. note 1 page 178.) On que depuis lo traité do Vordun (84J).<
comprend qu'uno Pois séparés Ils Jusqu'à Gharlomaguodo ou désigna nos
'étalant beaucoup moins redoutables. ancêtres souq le nom Frttnks.
El do fait qu'esl-ll resté de tous OOB 'Arlus, 4. L'arlnuisme eut pour auteur
reprlsos diffé- pvétro d'Alexandrie. H nlnll l'a
Barbares qui a sept voyait lui
le divinité du Christ, et ne en
rentes, de 250 t\ 451 ravagèrent ter- la première de toutes les créa-
ritoire do la Oaule r... Absolument quo
des rulues. Les Ger- tures. Il commença à dogmatiser vers
rleu, si ce n'oBt
mains qui s'y établirent furent seule- 320. L'émotion tollé que souleva l'hérésie
ment', oomitto l'a démontré M. l'ustel naissante fut que Constantin
qui entrèrent convoqua à Nleéo un concile écume-
de 'Coulanges, ceux y concllo condamna Avlus et
titre de soldats nique. Ce
comme laboureurs ou &
rédigea fameux symbolo (325),
du l'ompire, son
474, pondant lo Mais l'nrlanlMne n'était pas mort 11
2, « Vers l'an et partisans jusque dans les
t

règne do l'empereur Léon, étalent trouva ,dos


(lllyrle) Cons- successeurs du Constantin, Gonstaneo
arrivés do Bédériana a Théodose 'o Grand, après
lantlnoplo trois jeunes paysans qui, et Valens,
do la tenue du concile de Gonslantlnoplo
un bâton & la main, otl'épaule, un sayon
(381), s'employa vigoureusement &
poils de chèvre sur aveo
quelques pains noirs, venaient cher- détruire l'hérésie. Wlslgots avaient été les
cher fortune dans la ville Impériale... 5. Les
d'eux fut l'empereur Justin... premiers parmi les Barbares a embras-
L'un
' Quand Justin eut sa fortune faite, Il ser lo Christianisme, L'évéquo
TJIlUa
lui BégldnlUa, et les prêtres envoyés par ValonB les
appelu près do sa soeur Taurdsluiur gagjièrent l'orlanlsmo. Les Ostro-
femme d'un pnysim do a
lstok, leur fils Upranda, gots, embrassèrent la mémo dootrlno,,
nommé et les Lombards, les Hngos,
qu'il voulut élqvor commo sleni.. ainsi quo Las
Uiigliullïfl devint Ylgl'&utlai Tctok, les Burgondo», les Vaudahis,
CTUPirnF, xx •> 183
l'Intervalle qu'il y eut entre leur conversion <çit leur
établissement, cette secte fut. en quelque façon détruite
chez les. Romains : les Barbares ariens, ayant trouvé
tout le pays orthodoxe, n'en purent, jamais gagner
l'affection; et il fut facile aux empereurs de les trou
bler.
D'ailleurs, ces Barbares, dont l'art et'le génie
n'étoient guère d'attaquer les villes et encore moins
de les défendre, en laissèrent tomber les murailles en
ruines. Procope nous apprend que Bélisaire trouva
celles d'Italie dans cet état. Celles d'Afrique avoicnt
été démantelées par Genséric, comme celles d'Espagne
le furent dans la suite par Vitisa ', dans l'idée de s'as-
surer de ses habitants.
La plupart de ces peuples du Nord, établis dans les
pays du Midi, en prirent d'abord la mollesse, et
devinrent incapables des fatigues de la guerre, Lee
Vandalesa languissoient dans la volupté j une table
délicate* des habits efféminés, des bains, la musique,
la danse, les jardins, les théâtres, leur étoient devenus
nécessaires.
Ils ne donnoient plus d'inquiétude aux Romains, dit
Malchus, depuis qu'ils avoient cessé d'entretenir les
armées que Genséric tenoit toujours prêtes, avec les-
quelles il prévenoil ses ennemis, et étonnoit tout le-
monde par la facilité de ses entreprises.
La cavalerie des Romains étoit très exercée à tirer
de l'arc j mais celle des Goths et des Vandales ne se
servoit que de l'épée et de la lance, et ne pouvoit
combattre de loin : c'est à cette différence que Bélisaire
attribuoit une partie de ses succès.
Les Romains, surtout sous Jusliuien 3, tirèrent de

Franks soûle, parmi los tribu» ger- causa de leur perfidie et du leur
maines, resteront attachas a la vraie IflchctA, Leurs rois (irions, Oensôrio et
fol. llundrlo, persécuteront cruellement
1. Wlttza régna sur los Wlslgoths les catholique?,
d'Espagno (090-710). Il fut l'avant- 8. Apres la mort d'Attila et les
dernier roi de co pauplo, défaites mil furent la conséquenao do
3, LOB Vandales furent toujours leurs divisions, les Huns convinrent
méprises par les autres Barbares, a de se séparer et de laisser à chacun «•
J84 GRANDF.Un ET O^CADENCE DES HUMAINS
grands services des Huns, peuples dont étoient sor-
tis les Purthes, et qui corabattoient comme eux. Depuis
qu'ils eurent perdu leur puissance par la défaite d'At-
tila et les divisions que le grand nombre de ses enfants
fit naître, ils servirent les Romains en qualité d'auxi-
liaires, et ils formèrent leur meilleure cavalerie.
Toutes ces nations barbares se distinguoient cha-
cune par leur manière particulière de combattre et de
s'armer 1. Les Goths et les Vandale» étoient 'redou-
tables 'l'épée ù lu main; les Huns étoient des archers
admirables ; les Suèves, de bons hommes d'infanterie^
les Àlains étoient pesamment armés ; et les Hérules
étoient une troupe légère. Les Romains prerioient
dans toutes ces nations les divers c6rps (de troupes
qui convenoient à leurs desseins, et cômbattoient
contre une seule avec les avantages de toutes les
autres. '<

Il est singulier que les nations les plus foibles aient


été celles qui firent de plus grands établissements. On
se tromperoit beaucoup, si l'on jugeoit de leurs forces
par leurs conquêtes. Dans cette longue'suite d'in-
cursions, les peuples barbares, ou plutôt les epsaims
sortis d'eux, détruisoient ou étoient détruits ! tout
dépendoit des circonstances; et, pendant qu'une
grande nation étoit combattue et arrêtée, une troupe
d'aventuriers qui trouvoient un pays ouvert y faisoienl
des ravages effroyables. Les Goths, que le désavan-
tage de leurs armes fit fuir devant tant de nations,

liberté d'action. Les uns firent sou- roi des Iluna Outlgours, Snndllk, un
mission ou gouvernement impérial, et traite aux termes duquel 11 devait atta«
BOUS lo commandement d'ilcrnalrit quer les Coutrlgours toutes les fol»
s'établirent dans la Petite Soylhlo que oeux-cl enverraient une expédi-
commo hoies et fé'dérds do l'empire. tion du coté du Danube.
Cent du coux-la que parle Montes- t. Un pasange remarquable do Jor-
quieu. Les autres reprirent la vie nandès nous donne toutes ces dlITé-
nomade sous la conduite de Denghl- renecs i o'est il lVonslon de la bataille
' clkh t ce furent IOB Huns Outlgours et 3ne les Gdpides donnèrent aux enfant»
Coulrlgours, Ils habitaient lo» con- 'Attlln (JV. de M.), Cette bataille oat
h'ccs au delà du Dnieper et les steppes celle du Nétad dont les conséquence»
du Caucase, sdparés les uns des autres lurent désastreuses pour las Huns.
sur le Pop, Justlnfen conolut avec le
CïïAlHTnH XX i
185
Rétablirent en Italie, en Gaule et en Espagne; les
Vandales, quittant l'Espagne par faiblesse, passèrent
en Afrique, où ils fondèrent un grand empire '.
Justinien ne put équiper contre les Vandales que
cinquante vaisseaux; et, quand Bélisaire débarqua, il
n'avoit que cinq mille soldats 2. G'étoit une entreprise
bien hardie ; et Léon, qui avoit autrefois envoyé contre
eux une flotte composée do tous les vaisseaux de
l'Orient, sur laquelle il avoit cent mille hommes,
n'avoit pas conquis l'Afrique, et avoit pensé perdre
l'empire 3.
Ces grandes flottes, non plus que les grandes
armées de terre, n'ont guère jamais réussi *. Gomme
elles épuisent un Etat, si l'expédition est longue ou
que quelque malheur leur arrive, elles ne peuvent être
secourues ni réparées ; si une partie se perd, ce qui
reste n'est rien, parce que les vaisseaux de guerre,
ceux de transport, la cavalerie, l'infanterie, les muni-
tions, enfin les diverses parties, dépendent du tout
ensemble. La lenteur de 1 entreprise fait qu'on trouve
toujours des ennemis préparés; outre qu'il est rare
que l'expédition se fasse jamais dans une saison com-
mode on tombe dans le temps des orages ; tant de
s
choses n'étant presque jamais prêtes que quelques
mois plus tard qu'on ne se l'étoit promis.
Bélisaire envahit l'Afrique; et, ce qui lui servit
beaucoup, c'est qu'il tira de Sicile une grande quan-

ti Ce paragraphe manque tout au Bélieniro partit a In tote d'une flotté


moins de précision au point do vue do 000 vaisseaux, 20.000 matelots et
historique. Lee Goths furout sans 15.000 hommes do débarquement.
doute pondant longtemps immobilisas 3, L'expédition envoyée pnr Léon I"
par là politique des empereurs de (454-474) contre Gonsérlo échoua par
(Jonslantlnople et s'enfuirent devant l'incapacité du général on chof Basills-
les Huns i mais II n'en fut pas toujours
ous, Mais Justinien avait dans fiéll-
ainsi ! témoins Alarlo qui prit Home sflire un des plus grands hommos de
et Théodorio qui oonqult l'Italie.— guerre do l'antiquité,
Quent aux Vandales, ils quittèrent 4. Allusion probable a l'expédition
l'Espagne orâee surtout a In trahison malhoureuso do Charles-Quint contra
du comte Bonlfaorqul leur fournit dis Alger (1541). Les raisons que donné
ftllseaux (416). '\ Montesquieu sont précisément eelleé
9. Montesquieu "est mal rensolgné. 5ul expliquent l'éohoo de GliorleM
P'apris la plupart des historiens) ulnt, •
186 GRANDEUR BT DECADENCE DES ROMAIN»
tité de provisions, en conséquence d'un traité fait
avec Amalasonte *, reine des Goths. Lorsqu'il fut
envoyé pour attaquer l'Italie, voyant que les Goths
tiroient leur subsistance de In Sicile, il commença par
la conquérir ; il affama ses ennemis, et se trouva dans
l'abondance de toutes choses. '

Bélisaire prit Carthagc, Rome 2 et Ravenne, et


envoya les rois des Goths et des Vandales captifs à
Constantinople, où l'on vit, après tant de temps, les
anciens; triomphes renouvelés.
On pe.ut trouver dans les qualités de ce grand
homme 3 les principales causes de ses succès. Avec'
un général qui avoit toutes les maximes des premiers
Romains, il se forma une armée telle que le^ anciennes
armées romaines.
Les grandes vertus se cachent ou se perdent ordi-
nairement dans la servitude; mais leigouvernement
tyrannique de Justinien ne put opprimer la grandeur
de cette âme, ni la supériorité de ce génie.
L'eunuque Narsès * fut encore donné à ce règne
pour le rendre illustre, iElevé dans le palais, il avoit
plus la confiance de l'empereur,* car les princes
regardent toujours leurs courjtisans comme leurs plus
fidèles sujets
Mais la mauvaise conduite de Justinien, ses profu- .•
sions, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir,
1, Cette Amalasonte était fille de courtisans qui excitaient sa Jalousie
Théodorlo et gouvernait l'Italie pen- soupçonneuse contre un chef trop
dant In minorité tlo son Dis Athalarlo. heureux. H le rappela au milieu de sa
2. Curieux retour des choses d'Iol- victoire contre les Huns devant Cons-
bns. Go fut Constnnttnople qui délivra ttlnttnoplo. C'était la disgrâce t mais
Home et reconquit Garthago. Bélisaire avougle et mendiant n'est
8. Béllsalro fut en elîet le plus qu'une poétique légende. 11 s'était pré-
frnnd tlo» généraux du Bas-Empire. muni oontre l'avenir. « Malheureuse-
I peut même soutenir le parallèle ment, dit A. Thierry, il fut trop riche
avoo 1ns Illustres capitaines des beaux pour ta pureté de sa gloire. »
temps do Home. Mais, et le soldat est 4. Narsès fut lui aussi un grand
au dossus do tout élogo, l'homme ne général, sans cependant pouroir être
? aurait 6tro proposé comme modèle, et compare a Bélisaire. Ce fat précisé*
n grandeur d'Amo que lui prête Mon- ment ee qui le «aura de la jalousie de
tesquieu, quelques lignes plus bas, Justinien. C'est lut qui mit fin a la
n'était pas sa qualité dominanto. Jus- domination des Ostrogots en liollo
ulon eut la faiblesse de croire les (653) par la défaite du roi Totlla.
CTIAPITnK XX 187
de changer, de réformer, son inconstance dans ses
desseins, un règne dur et foible, devenu plus incom-
mode par une longue vieillesse, furent dos malheurs
réels mêlés à des succès inutiles, et une gloire vaine '.
'Ces conquêtes, qui avoient pour cause non la force
de l'empire, mais de certaines circonstances 'parti-
culières, perdirent tout : pendant qu'on y occupoit les
armées, de nouveaux peuples a passèrent le Danube,
désolèrent l'Ulyrie, la Macédoine et la Grèce; et les
Perses, dans quatre invasions, firent à l'Orient des
plaies incurables.
Plus ces conquêtes furent rapides, moins elles curent
un établissement solide : l'Italie et l'Afrique furent à
peine conquises, qu'il fallut les reconquérir 3,
Justinien avoilpris sur le théâtre une femme qui s'y
étoit longtemps prostituée * : elle le gouverna avec un
empire qui n'a point d'exemple dans les histoires;
et, mettant sans cesse dans les affaires les passions et
les fantaisies de son sexe, elle corrompit les victoires
et les succès les plus heureux.
1. Montesquieu no s'est pas assoï nomades qui parcouraient lés torras
délié dus calomnies dont Procopo s'ont situées au Nord de la mer Caspienne
' fait l'éoho complaisant, Les dernières ol « l'ost do la Volga. Ils avalent été
années do JUBIIUIOU furent attestées vaincus pur les véritables Avnrs, puis
par des attaques haineuses qui rava- avec ces derniors, emmenés en capti-
laient sos conquêtes et ses plus glo- vité par les Tnrks. Un jour, Ils s'en-
rieux travaux. Il commit des fautes, il fuirent nu nombre do 300.000 vers le
ost vrai ; ainsi, découragé, Il llceueia BOIOII couchant. On tos prit pour les
l'armée, on partlo du moins) emporta Avors dont In nom était redouté de
par l'amour du faste, il oontlnuo et toutes l«s tribus barbares, ol ils
étendit onouro sos plans do construc- n'eurent garde de répudier c» nom
tions. Mais beaucoup de ces entre» qui, a lui seul, était une puissance.
prises furent magnifiques ot la plupart Go sont ces faux Avars qui finirent
mémo utiles, Ses contemporains 1 op- pur tomber sous l'épéo de Clinrlo-
pclôront nslitutoi' orbit, ot on offot, Il magno,'
refit pour (juol(|iio temps l'unité do 3. Les conquêtes do néltsnlro no
l'empiro. 11 donna un oado au monde firent pas en offot do longue durée,
romain, ot o'est co grand ouvrais qui tin o08, les Lombards, conduits par
a été le point do départ do toutes nos Albo'i'n, soumettaient la plus grande '
législations modernes. Montesquieu partie de l'Itallo qui, cetto fols, échap.
aurait dû sri souvenir do eps travaux pait définitivement aux empereurs,
qui no sont pas, quoi qu'il en dlso, une Au vu* sièole, l'Afrique tombait au
gloire val ne, pouvoir dos Arabes,
2, Go sont les Avan, ou plus exac- 4. C'était In fameuse Théodora,
tement les Oitar-Kliounl, Los Oimr- fille du montreur d'ours Àkahlos at
"''oitiii étalent des Huns du rameau danseuse de son état.
",W*1 et appartenaient a oes tribut
188 OnANDRtlB ET nECADRNRR DR8 ROMAINS
En Orient, on a do tout temps multiplié l'usage des
femmes pour leur Ator l'ascendant prodigieux qu'elles
ont sur nous, dans ces climats ; mais a Constnntinople
la loi d'une seule femme donna à ce sexe l'empire : 4

ce qui mit quelquefois de la foiblese dans le gouver-


nement,
Le peuple de Gonstantinople étoit de tout temps
divisé en deux factions, celle des bleus et celle des
verts : ejlos tiroient leur origine do l'affection que l'on
prend dans les théâtres pour de certains acteurs plu-
tôt que pour d'autres. Dans les jeux du cirque, les »

chariots J dont les cochers étoient habillés de vert dis-


putoient le prix à ceux qui étoient habillés de bleu ; et
chacun y pronoit intérêt jusqu'à la fureur.
Ces deux factions, répandues dans toutes les villes
de l'empire, étoient plus ou moins furieuses, à propor-
tion de la grandeur des villes, c'est-à-dire de l'oisiveté
d'une grande partie du peuple.
Mais les divisions, toujours nécessaires dans un
gouvernement républicain pour le maintenir* ne pou-
voient être que fatales à celui des empereurs, parce
qu'elles no produisoient que le changement du souve-
rain, et non le rétablissement'des lois et la cessation
des abus 3.
Justinien, qui favorisa les bleus et refusa toute jus-
tice aux verts A, aigrit les deux factions, et par consé-
quent les fortifia.
1. Nous no Bavons «I c'est la loi désigner des voilures do transport.
chrétienne du mnrlago qui, en faUtint Mais nu xvni« slèole In division n'était
In femmo plus: honorée, permit aux pas onoorp faite. Nous Irouvon» ce
impératrices d'acquérir un pouvoir mémo omplol dans Bossue! t ia murs»
parfois prédominant. Il est certain achevai et sur des chariots. (Disc, 11. U.
que les l'ommcs prirent vlto uno très 111" 1'. Ch. V.)
prnndo Inlluonce, nu point do fairo el 3, Bolla théorie sur le gouverne-
do défaire les empereur» a leur gré. ment républicain, Mais l'hlslolro des
Ainsi l'ulohérlo, Artndno, Théodorn, républiques nnoiennes aurait dû mon-
Mnrtlnn, Irèno qui rfgna môme on tror à Montesquieu quo los divisions
son propre nom, ce qui no s'était pas y avalent un tout nutro but quo la ces-
enooro vu, Théophnno dpouso do sation dos abus, '
Phocas, d partir de laquollo le prin- A. Cotte maladie étolt ancienne,
cipe d'hérédité fut reconnu mémo dons ftuétono dit que Caligula, attaché & la
la personne dos Allés,/ faotlon des verts, haïssolt lo peuple
2. Aujourd'hui nous dirions t les ?>aree qu'il applaudissait a 1 autre.
chars, le mot chariot étant réservé pour N.dtM.)
C1IAPITHK XX 180
Elles allèrent jusqu'il anéantir l'autorité des magis-
trats. Les bleus ne craignoient point les lois, parce
que l'empereur les protégeoit contre elles j les verts
cossôrent de les respecter, parce qu'elles ne pouvoient
plus les défendre *.
Tous les liens d'amitié, de parenté, do devoir, de
reconnoissance furent otésj les familles a'entredétrui-
sirent ; tout scélérat qui voulut fairo un crime fut de la
faction des bleus ; tout homme qui fut volé ou assassiné
fut de celle des verts,
Un gouvernement si peu sensé étoit encore plus
crue} : l'empereur, non content do faire à ses sujots
une injustice générale en lès accablant d'impôts excès»
sifs, les désoloit par toutes sortes de tyrannies dans
leurs affaires particulières.
Je ne serois point naturellement porté a croire tout
ce que Procope nous dit là dessus dans son Histoire
secrète a, parce que les éloges magnifiques qu'il a faits
de ce prince dans ses autres ouvrages affoiblissent son
témoignage dans celui-ci, où il nous.le dépeint comme
le plus stupide et le plus cruel des tyrans 3.
Mais j'avoue que deux choses font que je suis pour
YHistoire secrète : la première, c'est qu'elle est mieux
liée avec l'étonnante faiblesse où se trouva cet empire
à la fin de ce règne et dans les suivants.
L'autre est un monument qui existe encore parmi
nous * : ce sont les lois de cet empereur, où l'on voit

1. Pour prendre uns Idée de l'es- Il éorlvit une Histoire qui est un pané-
prit de ces temps-la, il faut voir Théo- gyrique de Justinlon ut une Histoire
{•lianes, qui rapporte une longue con- seeritt où 11 ti'aino l'empereur dans la
versation qu'il v eut, au théfitro, boue. Il faut savoir Be défier dos deux
entro les vrrts et 1 empereur, {/V. d»M.) ouvrages,
— Colio note de Montesquieu visa la 3, Alors pourquoi, s'il suspecte, et
révollo dite Nika, du cri de ralliement h bon droit, l'Impartialité do Pro-
adopté par les émoutior». Justinlon eopo, Montesquieu enroglstrc-l-ll sos
voulait quitter Constantinople i théo- a'cousatlons dans plus d'un pnssago de.
dnrn le retint et Bélisalre le sauva on ce chapitre? Ce qui suit inontro bien
mnpsaoront,. dit-on, 80.000 révoltes que l'écrivain juge loi plutôt d'après
dans le Cirque (13-18 janvier 53a), ses passions personnelles qu'en histo-
2, Procope, d'abord avoeat et rhé- rien consoienoleus.
teur, devint secrétaire de Béllsaire, 4. Ce monument oomprend lo Cod»,
puis préfet de Constantinople (5C2), les Inuilutti, le DlgtSi» ou Paudeclts où
190 ORANDKUR ItTDRtiADKNGR DR8 ROMAINS
dans lo cours do quolquos minées la jurisprudence
varier davantage qu'elle n'a fait dans les trois cents
*

dernières années de notre monarchie 8,


Ces variations sont la plupart sur des choses de si
petite importance cju'on ne voit aucune raison qui
eût dû porter un législateur à les faire, à moins qu'on
n'explique ceci par YHistoire secrète^ et qu'on ne dise
que ce prince vendoit également ses jugements, et ses
lois, j
Mais ce qui fit le plus de tort ft l'état politique du
gouvernement fut le projet qu'il conçut de réduire
tous les hommes à une mém.e opinion sur les matières
de religion, dans des circonstances qui rendoient son
zèle entièrement indiscret 3. l
Gomme les anciens Romains fortifièrent leur empire
en y laissant toute sorte de culte, dan> la suite, on le
réduisit a rien, en coupant l'une après l'autre les sectes
qui ne dominoient pas*,
Ces sectes étoieht des nations entières. Les unes
après qu'elles avoient éjté conquises par les Romains, j
avoient conservé leur ancienne religion: comme les
Samaritains et les Juifs. Les autres s'étoient répandues

«0 trouvent réunis toutou Ion lois 3. Cette immixtion des empereurs


romainos ot los ouvrages dos grand» d'Orient dans les affaires religieuses'
jurisconsultes Ulpien, Paul, Pàplnlen, tenait a l'idée qu'ils avaient do leur
Gaïus... mission, Constantin voulait que l'em-
1, H,y ft des oaB on davantage que, ÎMl'vvêqiie des choses an dehors,
pereur
pour l'harmonie, vaut mieux que iitus l'apôtre armé. Aussi on l'appelait
que (Ragon, § 820). l'hapostolos (semblable aux Apôtres),
2. Justinien avait ajouté h sa légis- et il exerçait un véritable oontrélo sur
lation différents articles, après la le gouvernement de l'Eglise, Lecatlip?
publication do la 2» édition do son 'ïioismo en souffrit plus d'une fois,
Code. Ces lois furent réunies sous le ticulièrement a l'époque de l'Aria- par-
nom de Navettes, ot o'est d'elles que nismo dont lés empereurs Constanee
parle Montesquieu. S'il avait voulu ot Valens se firent les défenseurs et
être plus juste, il au mit mentionné les les propagateurs. Quant a Justinien,
autres travaux législatifs de Justinien, son zèle en ces matières fut certaine-
ot pour les appréoier a leur juste ment indisorett il tranchait souverai-
valeur, Il n'aurait eu qu'a traduire ne nement sur lo do«rrae et la discipline.
même Prooope pour lequel il avoue sa 4. Il y a exagération évidente dans
faibjesse i tegibus prae nimin obscuris les effets attribués par Montesquieu A
mullitudine, et manifesta inter se pusna la politique religieuse de Justinien, Ce
confiisis, admota manu, optima convilia- n'est pas la ce qui réduisit l'empire &
tione', snblato ipsarum dissùlio, jus
con- r}en.
servàvit. (De AedificUs) préface.)
CITAïHTnF. XX 101
dans un pays : comme les sectateurs de Montnn dans *

la Phrygie; los manichéens 9, les sabbatiens 3, les


\
ariens dnns d'autres provinces ; outre qu'une grande
{>arlie des gens de la campagne ôtoient encore ido-
Atres et entêtés d'une religion grossière comme oux-
riomesB.
Justinien, qui détruisit ces sectes par l'épée
^
ou par
les lois, et qui, les obligeant a so révolter, s'obligea a
les exterminer, rendit incultes plusieurs provinces, Il
crut avoir augmenté le nombre des fidèles : il n'avoit
fait que diminuer celui des hommes.
Procope nous apprend que, par 1» dostruction des
Samaritains °, la Palestine devint déserte j et ce qui
rend ce fait singulier, c'est qu'on affaiblit l'empire,
par zèle pour la religion, du côté par où, quelques
règnes après, les Arabes pénétrèrent pour la détruire.
Ce qu'il y avoit de désespérant, c'est que, pendant
que l'empereur portoit si loin l'intolérance, il no con-
venoit pas lui-même avec 7 l'impératrice sur les points
1. .Montnn do Phrygie, trouvant la 4, V. page 182, note4.
dlsolpltne do l'Eglise trop douoo, vou- 5, C'est de là que l'habitude s'Intro-
hit y Introdnlro des pratique» plus duisit de désigner les idolâtres sous lo
sévères. Entro autres ohoses, In» titra de pagani (oampagnnrds) dont
jortnos dovnlonl être plus longs et plus nous avons fait païens et paganisme,
rigoureux. Montan so donnait dnll- mots dont le sens est, comme on lo
leurs modestomont comme lu précur- volt, purement historique
seur du Saint-Esprit dont l'avène- 6, Les Samaritains habltalont los
ment, disait-il, était prooho. Le grand montagnos d'Ephraïm, do la vallée
Tortulllon tomba dans oetto hérésie, d'Esdrélon ô. Bélhol | ilsHOcomposaient
(il* slèolo ) de quelquos Israélites ot do très nom-
2. Afani, appelé Manis par les Oreos breux étrangers, quo Jasèphe nppolle
et Mmiichteiis par les Latins, était pro- Guthéons. Ces Cuthéon» avalant uni
bablement originaire de Babylone, Il dans un monstrueux assomblago le
fonda uno nouvello religion qu'il prft- oulte de Jdhovah et l'idolâtrie do lours
oba en Perso. Lo roi Bahram le fil pères. Les Samaritains formaient dono
écoreher vif et jeter aux bêtes (210- un schisme eu milieu d'Israël ot ils
276). Son système repose' sur In élnlorït traités oommo dos maudits par
oroyanoe a deux prlnoipos, l'un bon, les Juifs. Ils so sont perpétués à tra?
l'autre mauvais, Saint Augustin n vois les âgos et aujourd'hui encore on
dévoilé les turpitudes do potte proton - les rotrouvo à Naplouso, l'ancienne
duo religion et l'a combattue vigoureu- Samnïle.
.
sement. 7, Le xvii» siècle employait très
3. Les sabbatiens appartiennent à volonthirs cotte construction, au sens
OOB hérétiques qu'on a appelés judni- de s'accorder. C'est la traduction directe
sants, parce qulls voulaient unir le du latin i eonvenire.cnm,
christianisme et le judaïsme Les sab-
b*tl«nt observatMt l'ancienne loi du
libbat,
102 ORANDRUR IÏT DROADKNCR DBS ROMAINS
les plus essenoiels i il suivoit lo concile de Chalcé-
doino ' ; ot l'impératrice favorisoit ceux qui y étoient
opposés a, soit qu'ils fussent do bonne foi, ditKvagre !t;
soit qu'ils le fissent à dessein.
Lorsqu'on lit Procopo sur les édifices de Justi-
nien 4t et qu'on voit les places et les forts que co
prince fil élever partout, il vient toujours dans l'es-
prit une idée, mais bien fausse, d'un Etat florissant,
D'abord les Romains n'avoient point de places 8
ils mettaient toute leur confiance dans leurs années,.
qu'ils plaçoient lo long dos fleuves, où ils élevoienl
des tours de distance en distance pour loger les sol-
dats.
Mais lorsqu'on n'eut plus que de mauvaises armées,,
>•

que souvent môme, on n'en eut point du tout, la fron-


tière ne défendant plus l'intérieur, il fallut le fortifier;
et alors on eut plus de places et moins de forces, plus
de retraites et moins de sûreté 6. La campagne n'étant
plus habitable qu'autour des places fortes, on en bâtit
dp toutes parts, Il en étpit comme de la France du
temps dès Normands, qui n'a jamais été si foiblejque
lorsque tous ses villages étoient entourés de murs.
Ainsi toutes ces listes de no'ms des forts que Justi-
rl. Qu concile, lo 4« éuum'énlquo, fut coup do vjllos d'Itnlto, ot Rome la pre»
tonu un 45t ol condamna les hérésies mlère, furent fortifiées, que les fron-
do Noftlorlus ot d'Eulychès. tières furent garnies du camps rotrnn.»
2 Malgré les décisions du Conollo chés et souvent défendues par des
do Glinlcédolnd, los Eutyohions nvatant murnlIloH.
relovo In tête ot étalent oncouragéH 0. Auguste avott établi neuf fron-
Ïnr lo» sympathies de l'Impératrice tières ou marrlicsi sous los ompoi'ours
'héodora, laquollo (lt élever sur lesuivants lo nombre on augmenta. Lps
siège do Constantlnoplo un des lonrn, barbares so montroicnl la où Ils n'a-
lo patriarcho An'thlmus, ol rêva nrfrao
volent point encoro paru. Et Dion,
do falro élire un papo eutyohion, llv, LV, rapporte que do son temps,
8. Syrien, auteur d'une Histoire sous l'empire d'Alexjndio, H y en
ecclésiusliijiie do 431 a 603. avolt treize, On voit par la notice- de
4. Procopo oxalla les grands tra- l'empire, écrlto depuis Aroadlus et
vaux do Justlnlen dans son ouvrage Honortus, que dans lo soûl empira
De Aedificiis, Cet emporour construisit
d'Orient, il y en avait qulnsse. Le
ou, restaura près de 700 forteresses. nombre en augmenta toujours, La
C'est à lui quo l'on doit Sainte-Sophie
Pamphylle, la Lyoadnlo, la Plsldle
de Constantlnoplo, lo ohof-d'oeuvro dodovlnronl des marches, ot tout l'omplre
l'architecture byzantine. fut couvert de fortifications, Aurilien
5, D'abord, dans lesprcmierstemps, avolt été obligé de fortifier Rome. (M
G'est seulement plus lard que beau- <ti M.)
CIIAPITItK XXI 103
nion fit bAHr, dont Procopo oouvro des pages entières,
nu sont quo des monuments de la faiblesse de l'om-
piro ••

CIIA.1». XXI. — Désordres do l'emplro d'Orient.


*
Dans ce temps-là, le? Perses étoiont dans une situa-
tion plusheureuso quo les Romains : ils craignoiout
j)ou les peuples du Nord, parce qu'uno parlio du mont
Taurus, entre la mer Caspienne et le Pont-TCuxin, les
en sôparoit, ot qu'ils gardoient un passage fort étroit,
feiAné par une porte a, qui étoit le seul endroit par où
la cavalerie pouvoit passer } partout ailleurs ces Bar-
bares étoient obligés do descendro par des précipices,
et de quitter leurs chevaux, qui faisoient touto leur
force; mais ils étoient encore arrêtés pnr l'Araxe 3,
rivière profonde, qui coule de l'ouest à l'est, et dont
on défendoit aisément les passages,
De plus, les Perses étoient tranquilles du côté de
l'Orient} au Midi, ils étoient bornés par la mer. Il
leur étoit facile d'entretenir la division parmi les
princes arabes, qui ne songeoient qu'à se piller les uns
les autres. Ils n'avoient donc proprement d'ennemis
que les Romains. « Nous savons, disoit un ambassa-
deur de Hormisdas *, que les Romains sont occupés à
plusieurs guerres, et ont à combattre contre presque
toutes les nations ; ils savent au contraire que nous
n'avons de guerre que contre eux. »
1, Lo raisonnement est assez nlngu- drait-il conclure à l'égard dos nations
llor. Los armées de Rome s'étalent modornes?
aflalbllos insensiblement par lo mé- 2. Los Portes Caspienncs, (N> d« M.)
lange des auxiliaires ot dos merce- V. page 16t, note 3,
naires ot l'élimination progressive des 3. L'Araxo (aujourd'hui Eraskh) ost
citoyens. Mais l'étendue mémo de un affluont du Cynis (Koùra), Il pou- -
l'empire était la prlnoipale oauso do valt offrir un obstacle appréciable aux
cet alTnlblissoment, et nous doutons Barbares venant du Nord par lo Cau-
fort que, mémo si Romooûtpu défondro case, mais on quoi aurait-Il nrrété ootix
ses frontières aveo dos armées ci- 3ul soraient venus par In rive orlentalo
toyennes, elle eût pu se passer do forts e la mer Caspiniino ?
pour protéger les provinces. Si le 4. Fils do Khosroès Ier, régna de
nombre des forteresses prouvait à lui 579 à 592.
•lui la faiblesse d'un empire, que fau-
194 OlUNDRUn RT D^OADRNCR DR8 ROMAIN»
Autant que ' les Romains avoient négligé l'art mili-
taire, autant los Perses l'avoient-ils cultiva, « Les
Perses, disoil Bélisaire a ses soldats, ne vous sur-
passent point en courage j ils n'ont sur vous que l'avan
tage de la discipline, »
Ils prirent dans les négociations la même supériorité
que dans la guerro, Sous prétexte qu'ils tenoient une
garnison aux portes Caspiennes, ils demandoient un
tribut aux Romains, comme si chaque peuple n'avoit
f>as ses frontières à garder ils se faisoient payer pour
5

a paix, pour los trêves, pour les susponsions n'armes,


«

pour le temps qu'on employoit à négocjer, pour celui


qu'on avoit passé àfaire lu guerre, 1- '
Les Avares 8 ayant traversé le Danube, les Romains,
qui la plupart du temps n'avoient point do troupes à
leur opposer, occupés contre les Perses lorsqu'il
auroil latin combattre les Avares, et contre les Avares
quand il auroit fallu arrêter les Perses, furent encore
forcés de se soumettre à un tribut et la majesté de 5
l'empire fut flétrie chez toutes les nations.
Justin, Tibère et Maurice 3 travaillèrent avec soin à
,

défendre l'empire. Ce dernier avoit des vertus j mais


elles étoient tornies par une avarice presque inconce-
vable dans un grand prince. ;
Le roi des Avares offrit à Maurice de lui rendre les
prisonniers qu'il avoit faits, moyennant une demi-
pièce' d'argent par tête; sur son refus, il les fît égor-
ger. L'armée romaine, indignée, se révolta; elles verts
s'étant soulevés en même temps, un centenier, nomnïé
Phocas, fut élevé à l'empire, et fit tuer Maurice et ses
enfants *,
1. On construit aujourd'hui I «•
tant,,, autant, Montesquieu traduit toi
par l'Impératrice Sophie, prépara de
nouveaux malheurs à l'empire, Sophie
exactement la tournure latine quan- trouva moyen d'Insulter Nnrsôs qui,
tum.,, tatw.tm, pendant trelie ans, avait vlotorlpuso-
2. Les faux Avers dont nous avons ment défendu l'Italie. Irrité, le général
parlé plus haut. V. page 187, pote 3. ouvrit la péninsule aux Lombards, et
3. Justin II le Jeune (565-5T8), Ti- Albotn se fit oouronnor A Milan roi
bère H (578-582) et M/turioo (583-603) d'Italie et des Lombards (570),
furent las suooesseurs Immédiats do 4, Maurloe, déchiré par les ramordq,
Justinieu. Justin, quoi qu'en dise se reprochait sans cessa la mort de ses
Montesquieu, en se lalsseut dominer malheureux soldats, et attendait le eh A*
CIlAPITnR XXI 105
L'histoire do l'ompiro grec, c'est ainsi «uo nous
nommerons dorénavant l'empiro romain, n ost plus
qu'un tissu de révoltes, de séditions ot do pcrlkiios.
Les sujets n'avoient pas seulement l'idée do la fidélité
que l'on doit aux princes; ot la succession des empe-
reurs fut si interrompue quo le litre do pprphyrogé-
nète *, o'est-a-diro né dans l'appartement ou accou-
choient les impératrices, fut un titre distinotif que peu
de princes des diverses familles impériales purent
porter.
Toutes les voies furent bonnes pour parvenir à l'em-
pire s on y alla par les soldats, par lo clergé, par le
sénat, par les paysans, par le peuple de Gonstanti-
nople, par celui des autres villes.
La religion chrétienne étant devonue dominante
dans l'empire, il s'éleva successivement plusieurs héré-
sies qu'il fallut condamner. Arius ayant nié la divinité
du Verbe; les Macédoniens a, celle du Saint-Esprit;
Nestorius 8, l'unité de la personne de Jésus-Christ ;

timont qu'il savait avoir mérité, Prônas 9, Las Maoédontons avaient pour
le fit enfuir avoo ses cinq (Ils. Quntre ohnf Macedonlus, évéquo de Constant!»
d'ontro eux furont égorgé» BOUS les noplo, Ils furont condamnés par lo
yeux du père, Lo oinqulèmo allait Atro concilie do Constanllnoplo (381) qui
sauvé par lo dévouement sublimo do compléta lo symbolo da Nlcéo en oo
sa nourrlco qui lui avait substitué son qui eonaorno lo Saint-Esprit I Et in
propre enfant, Maurioe s'en aperçut, Spiritum Sanrlum, Damlnum et vWljlcan-
et il présonta lul-mèmo son dis au tem, oui ex Pâtre Filionue promût, qui
glaive en répétant t Vous êtes juste, vum Pâtre et Filio simili adoratur et con-
Seigneur, et vosjugements sont équitables, glorificatur, qui locutuS est per Piophetits.
puis 11 so livra au bourroau (002), 3, Dlsolplo do Théodoro do Mop-
Corneille a supposé que ce dornlnr IIIs suesto | lorsqu'il fut devonu évflquo do
do Maurioe avait été sauvé, ot il a tiré Constanllnoplo (428), il enseigna la
do oollo prétondue substitution d'on- doctrine do son maître. .11 no rocon-
fants lo sujet do son Indéchiffrable naissait qu'uno union morale entre los
tragédio û'HâraclUis, Il ne faut pas con- deux natures en J.-C,, ce qui l'nmonatt *
fondra le Phooas dont il ost quostlon a concltiro implloilomont qu'il y avait
loi nvoo Nlcépliore Phooas qui régna doux porsonnos on J.-C;, et expressé-
do 983 ù 069. ment quo Mnrle ne doit pas êtro,
1. Les UUR, comme Montesquieu, appelée more de Dieu (QeOT&Wî),
donnent à oe mot lo sons do ni dans la mais souloment mire du Christ
pourpre parce quo la olinmbre do l'Im- (•/ptOITOTtfo'.Os). ko eoncllo douind-
Êératrloo aurait été tenduo do pourpre,
''autres, ot parmi eux, les écrivains nique d'Ephoso (431) proclama la ma«
les plus récents, lo font venir du palais ternité divine de Mario.
de porphyre où devait être né l'héritier
du trône pour être réputé légitime.
196 GIMNDRUn RT DftGAMtNCR ORS ROMAINS
Kutychès ', ses deux naturosj los Monothélites 3, ses
deux volontés, il fallut assembler des conciles contre
eux; mais les décisions n'en ayant pas été d'abord uni»
versellement reçues, plusieurs empereurs séduits
revinrent aux erreurs condamnées. Et, comme il n'y a
jamais eu de nation qui ait porté une haine si violente
aux hérétiques que les Grecs, qui se croyoienl souil-
lés, lorsqu'ils partaient a un hérétique ou habitaient
avec luij, il arriva quo plusieurs empereurs perdirent
l'affectipn, de leurs sujets ; et les peuples s'«coût
li-
mèrent a penser que des princes, si souvent rebelles
a Dieu, navoient pu être choisis par la Providence
pour les gouverner.
Une certaine opinion, prise de cette idéb qu'il ne
<>
.,

lalloit pas répanqre le sang des chrétiens, laquelle


s'établit do plus en plus lorsque les Mahométans
eurent paru 8, fit que les crimes qui n'intéréssoient
pas directement la religion furent faiblement punis : A

on se contenta de crever les yeux, ou de couper le nez


ou les cheveux, ou de mutiler de quelque manière ceux
qui avoient excité quelque révolte ou attenté à lalper-
sonne du prince ; des actions pareilles purent se com-
mettre sans danger et même sans courage.
Un certain respect pour les ornements impériaux
fit que l'on jeta d'abord les yeux sur ceux qui osèrent
s'en revêtir, C'étoit un crime de porter ou d'avoir
chez,soi des étoffes de pourpre; mais dès qu'un
1. Arohimandrlte de Constantlnoplo, nothélhme.'En (180, lo deuzlèmooonoilo
enseignait qu'il n'y avait qu'une naluro de Constantlnoplo confirma et préqlsa
en J.-G,,la nature divine absorbant la ootto condamnation,
nature humaine t d'où le nom do mono» 3, Mflhnmot, nô on 570, sous le.
pht/sités donné aux Eutyohions. Lo régno do Justin II, commenta a pro-
oonoilo éuuinônique do Chaloédolno pager sa dootrlno un pou avant 622
(451) condamna cette nouvelle hérésie (doto do l'hdglro). En 020,11 s'emparait
2. L'oxistonoe do doux natures on do la Mecque, HéroolluK rognait à
J.-C, entraîne l'exlstoneo d'une tfoublo Constantlnoplo,
volonté, Sorglus do Constantlnoplo 4, (i M, de Montosqulou<u appelle
nonsa que l'union hypostatlquo avait falblo punition d'dtro mutilé' ou d'avoir
pour conséquonco 1 oxistence d'uno los yeux orovés t il faut que sa vue
seulo volonté, Il fut soutenu dons son soit fort mnuvalso, sans quoi 11 n'au-
errour par l'oniporaui' Héraoilua, En rait pas traité on bagatelle lo démem-
040, dans un synode ^tonu au Lntran, brement d'organes plus prôoieux que
Martin \" (040-0 5) condamna lo me- la vie mémo, n Frédéric If,
CHAPITMi XXI 107
homme s'en vôtissoit 1, il ôtoit d'abord
suivi, parco
que lo rospoct ôtoit plus attaché a l'habit qu'à la per-
sonne.
L'ambition étoit encore irritée par l'étrango manie
do cos temns-la, n'y ayant guôro d'hommo considé-
rable qui n eût par devers lui quoique prédiction qui
lui promettait l'empire.
Comme les maladios de l'esprit ne so guérissont
guère,( l'astrologie judiciaire 8 et l'art do prédire par
les objets vus dans l'eau d'un bassin avoiont succédé,
chez les chrétiens, aux divinations par los entrailles
do(s victimes ou lo vol des oiseaux, abolios avec lo
f)aganisme. Des promesses vaines furent lo motif do
a plupart des entreprises téméraires dos particuliers,
comme elles devinrent la sagesse du conseil des
princes.
Les malheurs do l'empire croissant tous les jours,
on fut naturellement porté à attribuer les mauvais
succès dans la guerre et los traités honteux dans la
paix à la mauvaise conduite de ceux qui gouver-
noient.
Les révolutions mômes ilrent les révolutions, et
l'effet devint lui-môme la cause. Gomme les Grecs
avoient vu passer successivement tant do diverses
familles sur le trône, ils n'étoient attachés à aucune;
et la fortune ayant pris des empereurs dans toutes
les conditions, il n'y avoit pas de naissance assez

i. Llttré et les plus réoonts gram- 3. Jusqu'où 11° siècle do l'ôro oliré-
mairiens oondnmnont colto conjugal- tlenna, Yitstrologie n'était pas dlstlnoto
son du verbo vêtir. Ils veulent qu'on do l'astronomie, A oetto époquo on
Oiso tje vèls,jo votais.,. Et do fait, o'ost désigna sous lo promlor nom octto pré*
cotto forme qu'employaient Rnbolnls tonduo Bcionoo do l'avonlr fondée stir
ot Amyot. La forrho vètissait a pour l'obsorvntion dos astres, On l'appolalt
ollo l'autorité do Montosqulou, vol- judiciaire préolsémont paroo que BOB
talio, Buflbn, Dollllo, Lnmartlna, On adoptos prétendaient on tlror dos
no saurait nlor qu'il y a dans la conju- jugements sur los évfinomonts futurs,
gaison do oo vorfao une double ton- L'nsti'ologlo prit probablement nais-
daneo rondue évidente par les compo- Banco on Chaldéo t ollo fut ou tris
Bésje revêtais ot j'investissais. L'uno dos grand honnour RU moyen âgo. *
duux finira peut-être par l'emporter.
108 GRANDEUR BT DÉCADENCE ons ROMAINS
basse ni de mérite si minée qui pût ôter l'espé-
rance *.
Plusieurs exemples reçus dans la nation en formèrent
l'esprit général, et firent les moeurs, qui règnont aussi
impérieusement que les lois.
il semble que les grandes entreprises soient parmi
nous plus difficiles à mener que chez les anciens. On
no peut guère les cacher, parce que la communication
est telle aujourd'hui entre les nations, quo chaque
princo a ides ministres dans toutes les cours et peut
avoir des traîtres dans tous les cabinets.
L'invention des postes a fait que les nouvelles volent
et arrivent de toutes parts.
Gomme les grandes entreprises no peuvent se faire
sans argent, et que depuis l'invention des lettres de
change * les négociants en sont les maîtres, leurs

1, Sur 109 omporeurs byzantins, lomont do l'Etat ot dos fonctionnai ras


84 Bonlomont moururent dans lo.ur lit. publios i los partlouliors no pouvaient
En dix siècles, il y oui 65 révolutions. s'en sorvlr que moyennant une auto-
Tout la monde pouvait d'ailleurs arri- risation spéolalo. Charlemagno rétablit
vai* a l'omplre i « Léon I" avatld'abord ohoz nous ootto institution, mais olle
été bouchon Justin 1" était venu a ne lui survécut pas. En 1315, l'.Unl-
Gonstanllnoplo, pieds nus, la bosaoo versité de Paris, pour faciliter les
sur lo dos, do son vlllaa;o do l'Illy- relations dos écollors avoo lours fa-
rloiino» Pliooas était un slniplo oontu- mlllos, orgonlsaun corps do mossngors
rion quand il prit la plane do Maurice t a chovnl qui subsista jusqu'on 1072.
Mon III avait d'abord été artisan ot Lo 10 juin 1464, Louis XI établit de
gngnopollti Léon V était hé de pa- quatre llouos on quatre lieues, sur
rant» arméniens ohassés do leur pays tous los grands ohomins du royaumo,
four lours méfaits. Mlohol II et Basile des maitros do posto au sorvico do
•' avalant été palot'rontors oheii lo l'Etat, Au xv» sléolo, les oourrlors
pntrtoion, Bordantes, Dès lors n'Im- royaux luront autorisés & prendro les
porto quoi avonlurior, n'importo quoi paquets des partlouliors, tandis que
Boldnt heureux pouvait otro roi, Los los lottros étalent portées par los
supplice» ntrooos qui, au Forum Ama- courriers do l'Université, Co fut on
strlanimhdâohiralontlos conspirateurs 1622 rfio lo cnntrô)our dos postes
malhouroux, no déoourRgoaionlpas la» d'Almciros décida do confier las lottroB
autros t on pouvait toujours espérer du publia aux rolals royaux,
filro plus habile ou mloux sorvi par,In 3, La lottro do ohongo ost une lotira
forlutio, » (A, Ramhaud.) par laquelle lo signataire mando h une
2. Xénopbon nous nuprond quo Cy- porsomio résidant on un autro llou de
n\H, lors do son expédition contro lus payor toi jour la sommo iudiquéo à
Scythes, pour so tenir en communica- colui au profit duquel la lottro est
tion nvco Suze, avait établi dos relais souscrite. On croît quo los Lombards
d'hommes et do ohovaux sur touto la ot los Florentins diront los premiers h
routo. Auguato organisa.un systérno sa servir do la lottro do chango, sous
postal régullor sur toutes les grandes sa formo antuollo du moins, oar quol-
routes do l'empire, mais à l'usage sou- ques-uns pensent quo los anciens la
OHAPITM! XXI 100
affaires sont très souvent liées aveo les secrets de
l'Etat; ot ils ne négligent rien pour los pénétrer,
Dos variations Jans lo cliango ', sans une cause
connue^ font que bion des gens la cherchent, et la
trouvent à lailn,
L'invention de l'imprimerie a, qui a mis les livros
dans les mains de tout le monde ; collo do la gravuro 3,
qui a rendu les cartos géographiques si communes;
enfin l'établissement dos papiers politiques 4, font
assez connoîtrc à chacun los intérêts généraux pour
pouvoir plus aisément être ôolairci sur les faits
sebrels.
Les conspirations dans l'Etat sont devonuos diffi-
ciles, parce que, depuis l'invontion des postos, tous
les secrets particuliers sont dans le pouvoir du
public 5.
Les princes peuvent agir avec pronlilude, parce
qu'ils ont les forces de l'Etat dans leurs mains : les
conspirateurs sont obligés d'agir lentement, parce que
tout leur manque; mais, à présent que tout s'écloircit
avec plus de facilité et de pronlitude, pour peu que
ceux-ci perdent de temps à s'arranger, ils sont décou-
verts.

connaissaient, La plus ancionno loi 4. Les Qrees avalent leurs Bphimi-


qui on fasse mention ost un edit do ridts ot los Latins lours Aela diurna.
Louis XI (1462). Les journaux modornoa a publication
1, Il y a un cours du change qui pout régulléro n'ont paru qu'au xvn« sloole,
varier d'une ville a l'nulro ot surtout La premièro fouilla do eo gonro fut,
d'un pays a un autre. Par oxomplo, chez nous, la Ginette du médeoiu
une lotlro de 100 fr. pourra se vendre Théophrusto Rennudol, dont lo pre-
ou exactement 100 (Y,, ou un pou plus mlor numéro parut lo 30 mni 1031,
ou un peu moins, Kilo exlslo oneoro sous son titre do
2, Ce fut ver» 1430 quo Jean Gulon- Galette de France,
berg, do Mayonoo, fit ses premiers 6, Par public 11 faut entendro loi
OBSIlls. l'Etat, lo gouvornemont. C'ost uuq
8. Il no n'agit pas do la gravure on allusion au famoux Cabinet noir où les
creux (jui était connuo dos anciens, lollros suspentes étaient déoaohotées et
mais dos procèdes propres à tirer, au communiquées au gouvarnomont. La
moyen do l'impression, dos éprouves loi du 20 août 1700 supprima lo cabi-
d'uno plunche gravéo. La gravure au net noir. Mais ost-H bien sûr quo le
burin Tut inventée par l'orfèvre flo- Beoïot dos lollros soit devenu iuvlo- ,
rentin Maso Finiguerra, eu 1452. Ublo, couimo l'exige la loi?,,,
200 OllANiH'.UIl \Vt AÉOADRNGB D1Î8 DOMAINS

CIIAP, XXII. — Foiblosso do l'empire d'Orient.


Phocas, daim la confusion des choses, étant mal
affermi, Héraclius * vint d'Afrique, et le Ht mourir; il
trouva les provinces envahies et les légions détruites.
A peine avoit-il donné quelque remède a ces maux,
que les Crabes sortirent de leur pays, pour étendre
la religion .et l'empire que Mahomet avoit fondés d'une
môme main.
Jamais on ne vit dep progrès si rapides : ils con-
quirent d'abord la; Syrie, la Palestine, l'Egypte,
1 Afrique, et envahirent la Perse. '

Dieu permit que, sa religion cessât en tant de lieux


d'être dominante, non pas qu'il l'eût abandonnée,
mais j>arce que, qu'elle soit dans la gloire ou dans
l'humiliation extérieure, elle est toujours également
propre à produire son effet naturel, qui est de sanc-
tifier, j

La prospérité de la religion est différente de celle


des empires. Un auteur célèbre 3 disoiUju'ilétoitmen
aise d'être malade, parce que'la maladie est le vrai
état du chrétien. Ç)n pourroît dire de même que les
1. Mraelius, préteur d'Afrique, li- vIo, éorllo par sn soeur, M™» Porter,
vra CD 010, un vue do Constantlnople, on trouve ces lignos i « Il disait, au
un f.ombat navnl aux soldat» do Pho- plus fort do ses douleurs, quand on
ous. Celui-ci du vaincu, pris et oxo- H'nKllgeaU do les lui voir souffrir i Ne
culO. C'«s( Phocas qui donna le Pan- me plaignes point i la maladie est l'état
théon d'Agrlppa au pape Bonlfaco IV. naturel des chrétiens parce qu'on est par
Sous hon règne/ lus Pocsos avalonl la tomme on devrait toujours être, dans
envahi l'AsIu-MInouro ot s'ilalonl là sou/flanct'des maux, dans la privation
avanças jusqu'à Cliatoédoino. Hôra- de tous les biens et de tout les plaisirs des
olius ontra en campagne on 022, al, sens, exempt de toutes les passions qui
après six ans d'uno lutte aoharnèe, il' travaillent pendant tout le cours de la vie,
triomphait do KhoBroôs, et, pout> prix sans ambition, sans avarice, dans l'attente
Uo sa victoire, il oblonall do son fllacontinuelle de la mort, N'est-ce pas ainsi
Slioès Ja vrnld croix quo les Persos que les chrétiens devraient passer la vie et
avalant amporlèo de Jârusalom l/om- n'est-ce pas un grand bonheur, quand on
poreur voulut rondt'o lul-mômo la se tiouve par nécessité dans l'élut où l'on
loliciuu prcalouse à In vlllo sainte, olest ybligê d'être? » Go sont lus mimes
1 Eglise o Institué une fdlo pour per- sentiments qui lui avaient Inspire, dus
pétuer le souvenir du cet événement l'Age do 24 uns, son admlrablo Prière
glorieux (Exaltation delà sainte Croix, pour demander a Dieu le bon usage des
14 septembre). maladies.
2. Il s'agit ici do Passai. Dans sa
CttAMÎIll! XXtt 201
humiliations do l'Eglise, sa dispersion, la destruction
de ses templos, los souffrancos do sos martyrs, sont
le temps do sa gloire; et que, lorsqu'aux youx du
monde ello parott triompher, o'est le temps ordinaire
de son abaissement.
Pour oxpliquor cet événement fameux de* la con-
quête do tant de pays par les Arabes, il no faut pas
avoir recours «u seul enthousiasme. Los Sarrasins *

étoient, depuis longtemps, distingués parmi les auxi-


liaires des Romains ot des Perses ; los Osroéniens a
et oux étoient les meilleurs hommes do trait qu'il y
eût au monde ; Aloxandre Sévère et Maximin en avoiont
engagé à leur service autant qu'ils avoiont pu, et s'en
ôtoiont servis avoc un grand succès contro los Gor-
mains, qu'ils désoloiont 8 de loin ; sous Valons, los
Goths ne pouvoient leur résister ; enfin ils étoient dans
ces temps-là la meilleure cavalerio du inonde.
Nous avons dit que, chez les Romains, les légions
d'Europe valoient mieux que celles d'Asie; c'étoit tout
le contraire pour la cavalerie ; je parle de cello dos
Parthes, des Osroéniens et des Sarrasins; et c'est co
qui arrêta les conquêtes dos Romains, parco que,
depuis Anliochus 4, un nouveau peuple tartare, (font
la cavalerie étoit la meilleure du monde, s'empara de
la haute Asie.
Cette cavalerie étoit pesante, et celle d'Europe étoit
légère : c'est aujourd'hui tout le contrairo. La Hol-
lande et la Frise n'étoiont point pour ainsi dire encore
faites b, et l'Allemagno étoit pleine de bois, de lacs et
de marais, où la cavalerie servoit peu.
1. Au moyen Age on engloba sous 4. Aiitloohus II Théos, roi do Syrlo,
ce nom tous los musulmans, lîn réa- contro lequel los Parthes' KO soulè-
lité, los Sarrasins n'étalent qu'u'no veront. Ils formeront, dus lors, un
tribu do l'Arablo déserte. royaume indépendant, Arsaoo fut leur
2, Los Osroénlohs habitaient lopord promlor roi (255 av. J.-C). LOH Arsa-
do la Mésopotamie) entre l'Arménie, oldos furent romplnoés, on 220 ap.
la Commagèno et la Syrie, Leur ville J.-C, par les Sassanldos qui régnèrent
prln'oipalo était Edessa ou Orrhoê, jusqu'à la aonquéto arabe (042).
8. Cf. Raolno (Eslher, III, 4.) 0. C'étolent, pour la plupart, des
On verra sous le nom du plus jnsto des terrai submergées^ que l'art a romtuea
? [princes, Îirop'ros a être la demeure dos hommes.
Un perfide étrunçcr désoler vos provinces. N. dt il.)
202 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
Depuis qu'on a donné un cours aux grandes fleuves,
ces marais se sont dissipés, et l'Allemagne a ehangé
de face* Les ouvrages de Valentinien sur le Necker et
ceux des Romains sur le R'nin ont fait bien des chan-
gements ; et, le commerce s'étant établi, des pays qui
ne jjroduisbient point de chevaux { en ont donné et
en ont fait usage.
Constantin, iils d'IIéraclius 2, ayant été empoisonné,
et son fils Constant tué en Sicile, Constantin le Barbu,
son fils aîné, lui succéda. Les grands des provinces
d'Orient s'étant assemblés, ils voulurent couronner
ses deux autres frères, soutenant que, comme il taut
croire en la Trinité, aussi étoit-il raisonnable d'avoir
trois empereurs, !

L'histoire grocque est pleine de traits pareils} et le


petit esprit étant parvenu a fairele caractère de la
nation, il n'y eut plus de sagesse dans les entreprises,
et l'on vit des troubles sans cause et des révolutions
sans motifs.
Une bigoterie 3 universelle abattit lés courages et
(

engourdit tout l'empire. Gonstantinople est,/à propre-


ment parler, le seul pays'd'Orient où la religion chré-
tienne ait été dominante. Or, cette lâcheté, cette
paresso, cette mollesse des nations d'Asie se mêlèrent
dans la dévotion même. Entre mille exemples, je ne
veus que Philippicus, général de Maurice, qui, étant
près de donner une bataille, se mit a pleurer, dans la

1. Jttmentls, quibtts maximt Oallldq~ Constantlnoplo, Ils furont repoussas


ItrUmtur quaeque impenso parant prêtlo, grâoo au fou grégeois récemment
Germant imporiatU non iiluntur, ttd qitae Inventé. .

mut apud eos nota, prava <Hque,deformta, 3. Lo mot bigot, d'orlgluo Inconnue,
hâte quolidmna txtteitallone siimml ut était omnloyé dès lo xit° sloolo. On le
sint taborls efflcituit (César, Do beilo trouvo (tans lo ttott do llobort Waoe
Gallico, llv. IV, oh. 2). Aujourd'hui (III, 4780) comme tormo Injurieux. Au
lot» marchés du Hanovre et du Mec» xv» ut au xvi* slèole il eigùlUait hupo»
klombourg fournirent un trie grand vite. On outond aujourd'hui par biào-
nombro do chevaux. lertc uuo dévotion dtrolto. Or, l'Eglise
:
2. Coimtnntln III no régna quo-trolH n'a jamais oneouragé uno parollla dé-
mois (041-008], al lit jolni' an prison, où votion | ollo n'en ost dono pas ros-
Il mourut, no papo «nlnt Martin, ponsablu. Or, Montesquieu, dans ço
Coiudanlln IV l'ogonut ou lo Barbu singulier paragraphe ho lalsso-t-llpa»
(088-085) vit lot Sarrasin» altaquor supposer le contraire *
xxit
dHAPlTRiî £03
considération du grund nombre de gens qui alloient
être tués *..','
I

I Ce sont bien d'autres larmes, celles de ces Arabes


qui pleurèrent de douleur de ce que leur général avoit
fait une trêve qui les empêchoit de répandre le sang
des chrétiens.
C'est que la différence est totale entre une,, année
fanatique et, une armée bigote. On le vit dans nos
temps 4 modernes, dans une révolution fameuse,
lorsque l'armée de Cromwell étoit comme celle des
Arabes, et les armées d'Irlande et d'Ecosse comme
celle des Grecs a.
Une superstition grossière, qui abaisse l'esprit
autant que la religion l'élève, plaça toute la vertu et
toute lu confiance des hommes dans une ignorante
stupidité pour les images 3} et l'on vit des généraux
lever un siège et perdre une ville, pour avoir une
relique.
La religion chrétienne dégénéra sous l'empire grec,
au point oii elle étoit de nos jours cheîî les Moscovites,
avant que le czar Pierre Ier eût fait renaître celte
nation, et introduit plus de changements dans un ISlat
qu'il gouvernoit, que les conquérants n'en font dans
ceux qu'ils usurpent.
1. Quoi qu'on pense Montesquieu, armées arabos et grecques d'une part,
oelto bigoterie, puisque lo mot lui et colles do Cromwull ot des Irlandais
plaît, eut de oello quo noue admirons i d'autre part ? Les Ecossais prosbyteV
ce l'ut colla do Jeanne d'Are i « Kilo rlens ot los Irlandais aatholiquos dé«
pleure sur tous les morts, sous quolquo fandaieiit lour religion, tout en (soute-
drapeau qu'ils «oient tombés t si ollo nant la causa don Sluarls, Lo leur
apprond qu'ils ont paru dovaut Dieu reprocher est un nonsens,
sans s'être confessés, elle est Inconso- 8. Primitivement les Pérou du l'E-
lable. Ello s'arrêta mémo auprea d'un glise, craignant quo le culto des Imagos
ennemi mourant pour lui parler du no BUBoitÀt une aspèoo d'idolâtriu, lo
elol, et ae capitaine, quo Gondé tout a réprouveront, Mnlslo paganlsmo nyant
Vhoure oât applaudi, n'est plue qu'une complètement disparu, ces oraintos
sertir do charité quo Vincent do Paul n'eurent plus aucun fondomant, L'em-
rooonnaitrait pour sa Allô. » (A. Mou- ploi dos imagos se généralisa do plus
chard, Panégyrique de Jeanne d'Arc, en plus comme moyen d'ombelllr les
1800.) tt Ne me parloss pas, dit quoique temples, d'Instruire ot d'édifier los
Earl uossuct, des héros sans coeur, » (Idoles. Il y eut des abus Incontes-
CM
larmes dos Arabes, quo Montes- tables, surtout on Orlont, ot lus voix
quieu admire, tio valent pas nos larmes- autorisées no manqueront pas pour le»
condamner.
3. Quel rapport y a-t-11 entre les
204 Gl\ANDRUn ET DÊCADRNOG DUS HUMAINS
On peut aisément croire que les Grecs tombèrent
dans une espèce d'idolAlrie. On ne soupçonnera pas
lés Italiens ni les Allemands de ces temps-là d'avoir
été peu attachés au culte extérieur; cependant, lorsque
les historiens grecs parlent du inépris des premiers
pour les reliques et les images, on diroit que ce sont
nos conlroversisles qui s'échauffent contre Calvin
Quand les Allemands passèrent pour aller, dans la
TerH-Sainte, Nicétas ' dit que les Arméniens les
reçurent comme amis, parce qu'ils n'adoroient pas les
images. Or si, dans la manière de penser des Grocs,
les Italiens et les Allemands ne rendoient pas assez
de culte aux images, quelle devoiUêlre l'énormilé du
leur ? \ '

Il pensa bien y avoir en Orient à peu près la même


révolution qui arriva, il y a environ doux siècles, en 1

Occident, lorsqu'au renouvellement dés lollres,2,.


comme on commença à sentir les abus et les dérègle-
ments oh l'on éloit tombé, tout le monde cherchant
un remède au mal, des gens hardis et trop peu dociles
déchirèrent l'Eglise au lieu de la réformer, i
Léon l'Isaurien, Constantin Copronyme, Léon, son
fils, firent la guerre aux images; et après que le culte
en eut été rétabli par l'impératrice Irène, Léon l'Ar-,
ménien, Michel le Bègue et Théophile, les abolirent
encore 3. Ces princes crurent n'en pouvoir modérer
le culte qu'en ,1e détruisant; ils firent la guerre aux
moinesqui incommodoient l'État * et, prenant toujours

1. Nicolas Chonlalos, historien groo oondamna lus Iconoclastes, on distin-


H(S on I'hryglo, a lalsso dan Annalet on
21 livres, allant du la mot'l d'Alexis
guant avoo soin la vénération (tl(AV)TtXr)
ttpo<jvàwloii),dol'adorntion(ù.hfiwr\
Comnùno h oollo do Baudouin (1081-
1205). H mourut on 1216. X(Xtpst«) laquollo n'est duo qu'a Dlou.
2, Costco ronouvcllomonldcslollros 4. Longtomps avant, Valons avoll
quo nous appelons Renaissance. Mon- i'ull uno loi «oui* ION obllgoi d'allor h la
1

tesquieu fait allusion a la pràlenduo uiioii'o, ot lit tuoi' tous ceux qui n'o-
Réforme do Luther ot do Calvin. l)6lronl pas. (Joiiiaiidas, de liegn, suc
a. Tous oos omnoroui's rugnèrout-do vcsSit ot la lui XXVI, ood, i/o DecurA
717 a 842. Co fut donc uuo guorro d'un (N.ttttl.)
ontlor oo.ntro lo oulto dus Initiées,
BIOCIO
Le doiulèmo conollo do Nloou (7H0)
CHAPITRE XXII 205
les voies extrêmes, ils voulurent les exterminer par le
glaive, au lieu de chercher a les régler.
Les moines ', accusés d'idolâtrie parles partisans
des nouvelles opinions, leur donnèrent le change en
les accusant à leur tour do magie} et, montrant au
peuple les églises dénuées d'images et de tomt ce, qui
avoit fait jusque là l'objet de sa vénération, ils ne lui
laissèrent point imaginer qu'elles pussent servir à
d'autre usage qu'a sacrifier aux démons.
Ce qui rendoit la querelle sur les images si vive, et
fit que dans la suite les gens sensés ne pouvoient pas
proposer un culte modéré, c'est qu'elle étoitliée à des
choses bien tendres a t il étoit question de la puis-
sance; et les moines l'ayant usurpée, ils ne pouvoient
l'augmenter ou la soutenir qu'en ajoutant sans cesse
au culte extérieur dont ils faisoient eux-mêmes partie.
Voilà pourquoi les guerres contre les images Curent
toujours des guerres contre eux 3 et que, quand ils 5

eurent gagné ce point, leur pouvoir n'eut plus de


bornes.
11 arriva pour lors co que l'on vit, quelques siècles
après, dans la querelle qu'eurent Barlaam et Àcyn-
dme contre les moines, et qui tourmenta cet empire
•*

jusqu'à sa destruction. On disputoit si la lumière qui


apparut autour de Jésus-Christ sur le Tliabor étoit
créée ou incrééo. Dans le fond, les moines ne se sou-
cioient pas plus qu'ello fût l'un que l'autre; mais
comme Barlaam les attaquoit directement eux-mêmes,
1. Tout 00 qu'on voira loi sur les on ooncllo pour condamnai' los brloatira
moines gi'oo» no porto point sur lour d'Imago». LOB moines nu faisaient dono
état, cor on no pout pas tllro qu'uno (fuo dûl'ondi'O Boa décisions. MOIB 11 est
choso no soit pas bonno pnreo que do réglo quo lusordros religieux portent
dans do oortniim temps, ou dnnR la responsabilité do totiB ION excès ot
quoique» payB,on en n abusé. (JV. deM.) lo poldB do tous los mdcontontcmonlN
9. C'oHt-n-d'i'O h tlé) choses qui
1
doB gouvornomonts. Dans notre société
touchaient h des sentiments bien délicats. modarno on n'en prond aux Jésuites.
3. 13n dépit do In notu du paragraphe 4. Barlaam otAayndlno étalent doux
précédent, Montesquieu lalsso porcor moInoB grnoni Ils ongngèront ootte
lot son vralH BontlmontB, Il no voit daiiB (|uarollo t'utilu contre ION moines du
touto cotto gravo quorollo qu'uno ques- mont Atlios (11)30-11142). Barlaam
tion mosqulna d'ambition, L'Egll«o on était un ami do Pétrarque
]ugon auiromont pulsqu'ulio eo réunit
206 atUNDBun ET DÉCADENCE DES HOMAINS
il fulloit nécessairement que cette lumière fût incréée.
La guerre que les empereurs iconoclastes décla-
rèrent aux moines fit que l'on reprit un peu les prin-
cipes du gouvernement, que l'on employa en faveur du
public les revenus publics, et qu'enfin on ôta au corps
de l'Etat ses entraves *.
Quand je pense à l'ignorance profonde dans laquelle
le clergé grec plongea les laïques 9, je ne puis m'em-
pôcher de le comparera ces Scythes dont parle Héro-
dote, 'qui crevoient les yeux à leurs esclaves afin que
rien ne pût les distraire et les empêcher de battre leur
lait.
L'impératrice Théodora 3 rétablit les jimages, et les
moines recommencèrent à abuser de la piété publique ;
ils parvinrent jusqu'à opprimer le clergé séculier
même; ils occupèrent tous les grands sièges, et
exclurent peu à peu tous les ecclésiastiques de l'épis'-
copat : c'est ce qui rendit ce clergé intolérable ; et si
l'on en fait le parallèle avec le clergé latin, si l'on
compare la conduite des papes avec celle ((es patriarches
de Gonstantinople, on verra des gens aussi sages que
les autres étoient peu sensés.
Voici une étrange contradiction de l'esprit humain.

1, Gomraont la guorro falto aux 3. Il no faut pas confondra eette


m'olnqs n-t-elle pu produira de si Théodora avoo la l'emmo de Justtnton.
merveilleux résultats? Montesquieu Colle dont il est quostion loi régna de
lo luifiBu entendre sans la dire. 842 a 854. Ello rétablit lo culte des
2. L'Iguoranco & eotto époque n'était Imagés, remplaça lo patrluroho icono-
l>nsplus grande ohei les laïquos quo claste par le saint confossuur Méthode
dans le clergé. La haute culture Intol- ot réunit un synodo qui Institua une
looluollo était ohoso rare, et lorsqu'elle
féto oommémoratlvo du rétablissement
existait, o'étaltmflmo et exclusivement do ce oullo. Cette féto, dlto do l'ortho-
daim lo clergé, maie ollo offrait de doxie, se célèbre oncore dans l'église
grandes dlfiloultéa et no pouvait être greoquo, lu premier dlmanoho do oa-
quo lo partage du petit nombre, Commo rémo. Dogorls, roi dos Uulgaros, lui
le dit Montosqufou, quelquos pages lit porter des menaces do guerre t
plus haut, « l'Invention do l'imprlmo» « Dues h votre maître, répondit l'Impd-
rle a mis dos livres dans les mains do rattloe aux envoyés, qu'il me trouverait
tout lo mondo. H II n'en allait pas do la tète des légions romaines pour le punir
mémo au ix» siècle. Rondro le olergé d'attaquer l'empire défendupar une femme
responsable do l'Ignoranoo dos laîquoa et un enfant. Son (ils, Mionel l'Ivrogne,
at pour lo mojlf qu'Indique la compa- lui ravit la ooûronno. Elle so retira
raison employée |>ar l'auteur, estd'uno dans un monastère où ello laissa ut)
évidente mqlvolllanoo, grand renom do sainteté.
CHAPITIllî XXII 207
Les minisires de la religion 1, chez les premiers
Romains, n'élnnt pas exclus des charges et do la
société civile, s'embarassèrent peu de ses affaires;
lorsque la religion chrétienne fut établie, les ecclé-
siastiques 2, qui étoient plus séparés des affaires du
monde, s'en mêlèrent avec modération ; mais lorsque,
dans la décadence de l'empire, les moines furent le
seul clergé, ces gens, destinés par une profession plus
particulière à fuir et h craindre les affaires, embras-
sèrent toutes les occasions qui purent leur y donner
part} ils no cessèrent de faire du bruit partout et
d'agiter ce monde qu'ils avoient quitté.
Aucune affaire d'Etat, aucune paix, aucune guerre,
aucune trêve, aucune négociation, aucun mariage ne
se traita que par le ministère des moines les conseils '.

du prince en furent remplis et les assemblées de la


nation presque toutes composées.
On ne sauroit croire quel mal il en résulta. Ils affai-
blirent l'esprit des princes, et leur Jfh'ent fairo impru-
demment môme les choses bonnes. Pendant que
Basile 8 occupoit les soldats de son armée de mer a
bâtir une église a saint Michel, il laissa piller la Sicile
parles Sarrasins et prendre Syracuse; et Léon, son
successeur, qui employa sa flotte au même usage,
leur laissa occuper Tauroménîe ' et l'île de Lemnos.
Àndronic Paléologue B abandonna la marine, parce
qu'on l'assura que Dieu étoit si content de son zèle
pour la paix de l'Eglise, que ses ennemis n'oseroiont
l'attaquer. Le môme craignoit que Dieu no lui deman-

1. A Romo la religion était BOUS la monde (siiêculnm). Les molnos conutl-


do*pendanoo do l'Etat. Los ministres tuont lo cltrgé régulier, o'ost-a-diro
du outte rooovatont do l'Ktat leurs vivant sous uno riglo oommuno.
pouvoirs t c'étaient simplement dott 3. Basllo lo Maoùdonlon, fondateur
magistrats d'un ordro spécial oliargris dotadynastlomnoiidonlonno (807-880).
d'assurer lo nulle officiel, Il so laissa dupor par los fourborlos do
2, Montosquluu opposo Ici los eoolé- riiotlUN. qu'il nviilt d'abord exile.
sidatiques aux moines. Go mot a un 4. Tuuvominiuin aujourd'hui Tnor»
sons boauaoup plus largo. 11 oût fallu mina au plod du I'KIIHI.
omplover le termo do vlergitêmltii'qui 5. Andi'oul» II Pallologuo rogna de
l'applique au «large vivant dans le ll!8'J a 1338.
208 GtlANDRÛn ET DÉCADENCE DES ROMAINS
qu'il employoît à gouverner son
dât compte du temps affaires spirituelles.
Etat, et qu'il déroboit aux grands disputeurs,
'^es Grecs, grands parleurs,
cessèrent d'embroqiller
naturellement sophistes, ne lés moines
*. Gomme
la religion par des controverses la toujours d'autant
avoient un grand crédit à cour,
qu'elle étoitplus corrompue, il arrivoit que
Î>lus foiblê réciproquement
mejines et la cour se corrompoient
es mal étoit dans tous les deux d'où il suivoit
et que le :
occupée quelp
l'attention des empereurs étoit
que toute irriter des disputes 'théo-
quefois à calmer, souventà
remarqué-devenir frivoles,
logiques, qu'on a toujours
à mesure qu'elles sont plus vives. {-
tant
/
agité par
Michel Palôojogue 3, dont le règne fut
la religion, voyant les affreux ravages
des disputes sur Soupirant le
des Turcsa dans l'Asie, disoit en que
qui, décriant'
zèle téméraire de certaines personnes sujets
en
contre lui,
conduite, avoient soulevé ses
sa d'appliquer tous ses soins (à sa propre
l'uvojt. obligé provinces'
conservation, et de négliger la ruine des 1.

suis contenté, disoit-il, de pourvoir à ces


« Je me le nlinistère des gouverneurs,
parties éloignées par qu'ils
dissimulé les besoins, soit fussent
qui m'en ont appréhendassent d'être
gagnés par argent,' soit qu'ils
punis. »
l'église les Latins. Lo nom do Mlchol Paldô-
1. Cd fut lu grand mol do puis du loguo reste attaché, pour HOU éternelle
la cause dcB UéréBloB lo-
grecque, définitif. honte, aux moHBaoroB connu» BOUS
Bolitumo , nom,do Vêpres tleUteunts (îiO mars
fondateur do
2. Michel Puldologuo, reprit ConB- 1282). Il fournil l'or aux assassins.
lu dynastie do oo nom, étalent depuis long-
tonllnoplo sur llaudouln II ottnlt ainsi 8. LOB TUI'OB
prépondérants on Asie. Ils
fin a l'empire latin (1201). Il envoya temps avalent soumis Ion AvarB ot lu» Huns,
dus umbasuadaurH- au pape pour pro- otB'élolont rendus redoutables t\ toutes
lu réunion do» Oioos a l'égllso oxiilotts do
poser nations barbares. Les
latins, Ces députéB furentlo reçu» a les
Oonuls-Khan avalant étendu laur
Conollo
Lyon par Grégolio X ot vlllo domination. A lu fin du xiii0 siècle,
âuuiuttutqim réuni dans cotte
(I274),otttbjurèi'onllo schisme au nom Otbmnn, chef delà dynustto omplro
ottomuue.
Pruse
Établit lo stage do
do l'omporour. Mata uno grande par- (Brousse) HOU o.
Constanttnoplo.
attaoh6e a et monuua
tie do tu nation demeura dos excès do 4. Ëntundusst eii/o NO/XI» t'occupa'dt
l'erreur. Minitel', malgréJouet d'ailleurs la ruine du province»,
«oie iiiio bluinu la {tapa,
rolo 0<iulvoti>io entre los QreoB et
uu
CHAPIT'ltR XXII 209
Les patriarches de Constantinople «voient
voir immense 1. Gomme dans les tumultes un pou-
les empereurs et les grands de l'Etat retiroientpopulaires
les églises 2, que le patriarche étoit se dans
livrer bu non, et exerçoit droit à maître' de les
ce sa fantaisie, il se
trouvoit toujours, quoique indirectement, arbitre
de
toutes les affaires publiques.
Lorsque le vieux Andronic lit dire patriarcho
qu'il se mêlât des affaires de l'Eglise, au
et le laissât
gouverner! « C'est, lui répondit le patriarche, comme
si le corps disoit à l'Ame Je prétends
i
de commun avec vous, et je n'ai no avoir rien
que faire de votre
secours pour exercer mes fonctions. »
De si monstrueuses prétentions étant iusupportables
aux princes, les patriarches furent très souvent chas-
sés de leurs sièges. Mais chez nation
tieuse, ou l'on croyoit abominables une supersti-
tions ecclésiastiques qu'uvoit toutes les fonc-
pu faire un patriarche
qu'on croyoit intrus, cela produisit des schismes
tinuels, chaque patriarche, l'ancien, le con-
r>lus nouveau, avant chacun leurs nouveau, le
sectateurs.
1. Dèslospromlorstompsdoi'ÉglIso d'Autlocho* Il pi'lt lo titra do
n'étalent établies des juridictions Irianhe, tandis que lus dvéquos fia-
respondant aux diocèses civilscor- de d'Ephèwe, do Gésaréo ot d'Héraolùo
l'Eniph'o, La conollo de Nloûo
ou con- reçurent le titre d'exarques. Léon 1"
sacrant eus juridtoliotiKen parle oomme protesta, mais en vain. Los dvéquos
d'une Institution déjà ttuolonno et do Gonslantinopla devinrent mémo
nomme oxproBBéniont les évéquo» slàolo au
d'Aloxiindrlo, do Home et d'Anlioclio, vl» patriarches ècuminique», Los
SonveroInB-Ponllt'os élevèrent la voix
dont la Itirldlollon s'étendait le du tomps o autre contre
dlouÙHU d Egypte. l'Occident
sur ces prdton-
ot lo dio- tlons, mais los patriarohos n'ouront
cèse d'Oi'ioiil, Il fuit (illusion niiB&l gurdu do Ion écouter, C'était éluvor
aux évôquos d Ephoso, do Cdaaréo on puissance contrepuissance ot prépuror
Cappadooo. ot d'IIérupléo, proposùs lo BoliIsmod'Orlcnti II ont à
aux trois dlouosos d'Anli>. ( Alla pru- d'ailleurs quu Montesquieu,remarquer
mil s'est
eoimilnm) du Pont ot du 'l'hraca. La BI longuement occupé dot! inofnow,
fondation sVo Coiistontliioplu devait dit rlon d'un événement aussi eonsl- nu
donner A l'évéquo du la nouvollo capi- dérablo.
tale un rung m'Ivilégld. Lo concile du 2. Lo droit d'asile est d'origino
GonBlantlnoplo (Ml) lui donnu lu
mlôro plnou après I dvûquo du Homo, pra- gro(|ito, Qulaonquo BU réfugiait dans
ot Ooluf do Clinluédolno lui aaoot'dn la un oiidrolt, tomple ou bols saord...,
jouissant do oo prlvtlègo, était invlo-
droit do consacrer lus métropolitains loblo, Los Homolns avalant reaonnu
dos trois dlouésos do Pont, du Thraoo droit aux tomplos, aux Btatues dos oo
ot d'Asie. L'évéquo do Conslantlnoplo dtoux ot dos omporours. Oonsiantin
fut donc sur lo mémo pkd lus l'flooorda aux égllseï,
évdquos de Homo, d'Aloxandrlo et tiuo
210 ÔnANDBUn BT DECADKNCE DBS ROMAINS
Ces sortes de querelles étoient bien plus tristes que
celles qu'on pouvoit avoir sur le dogme, parce qu'elles
étoient comme une hydre qu'une nouvelle déposition
pouvoit toujours reproduire, j
La fureur des disputes devint un état si naturel aux
Grecs, que, lorsque Gantacuzène 'prit Constantinople,
il trouva l'empereur Jean et l'impératrice Anne occu-
pés unà concile contre quelques ennemis des rnoinesj
quand Mahomet II 1 assiégea, il ne put suspendre
et
les naines théologiques 2} et on y étoil plus occupé,
du concile de Florence 3 que de l'armée des Turcs.
Dans les disputes ordinaires, corrune chacun sent
qu'il peut se tromper, l'opiniâtreté et l'obstination ne
sont pas extrêmes; mais dans celles que:nous avons
la religion, comme par la nature de la chose cha-
sur opinion vraie, /
cun croit être sur que son est nous nous
indignons contre ceux qui, au lieu de changer eux-
mêmes, s'obstinent à nous faire changer.
Ceux qui liront l'histoire de Pachymère * connoî-
tront bien l'impuissance où étoient et ou seront tou-
jours les théologiens par eux-mêmes d'accommoder
jamais leurs différents. Ort y voit un empereur B qui

1. Jean Cantaniueuc usurpa l'em- paroles seraient hypocrites et mentenSei,


pii'o pondant la mlnorllrf do Juan Ils savent que je dis vrai ceux qui pré'
Paléploguo 1" (IMMH55), combattit firent la domination des Turcs a celte
vaillamment lo» Bulgares, IOH Génois des Fran(dh »
etldsTuros, ot romlt tu pouvoir a Jonn 3 Jonn Paléôloguo II, lo patriarche
Paléologuc pour entrât dan» un monau< Jonoph, In métropolitain doNIoéo, plus
tfiro. Il a écrit dos Mémobei uontonnnl tard «ordinal Besmnrlon, ot l'arche-
l'histoire do l'omplro grec da 1820 fi, vêque du Klofi Isidore, s'étatont rendus
1300. fi Florence auprès du pape Eugfcno IV.
2, Constantin XII su voyant monaod Après discussion, le oonollo drossa to
Turcs avait accepté lo décret décret d'union qui fut signé parle Sou-
par IOB
veratn Pontlfo ot les Oreos (fillOit
d'union (oonollo do Florence), mois IOB
moines HdlilHinnlIquoH ot lo peuple no mais lo prince Démétrluu, frère do
voulurentjanialsryfloumottro,« Nous l'empereur, et Marc, archevêque d'E-
n'avons que faire du secours des Lutins, n phèso, refuseront da slgnor. Lo peuple
crlalent-lle. Co qui fait dire au sohls- le repoussa d'ailleurs avec acharne-
mutlquo Duoa», l'hislorton dos der- ment ot cotte nouvelle tentative de
niers Palêologuo» t « 0 peuple farouche, réconciliation resta sans effet.
racine d'orgueil, branche de vaine gloire1; 4. Georges Pachymère a dorlt une
fleur de vanité, $1 un ange descendait du Ithlohc d'Orient on 13 livres, do 1258
etel pour nous diiie t garde» la pâte et fi 1308. Il occupait de hautes fonction!
l'unité et je chasserai 'l'ennemi de la ville, sous lu règne de Michel Pnloologue.
tout n'y conuntirist jamait, ou bien vot ft. Androulo PaUologu»,
CHAPITMÏ XXII 211
passe sa vie à les assembler, à les écouter, a les rap-
procher ; on voit de l'autre { une hydre de disputes
qui renaissent sans cesse; et l'on sent qu'avec la même
méthodo, la même patience, les mêmes espérances, la
même envie de finir, la même simplicité pour leurs
intrigues, le même respect pour leurs haines, ils no se
seroiont jamais accommodés jusqu'à la fin du monde.
En voici un exemple bien remarquable. A la sollici-
tation de l'empereur, les partisans du patriarche
Arsène a firent une convention avec ceux qui wuivoient
le patriarche Joseph, qui portoit que les deux partis
écmroient leurs prétentions chacun sur un papier;
qu'on jetteroit les deux papiers dans un brasier; que,
si l'un des deux demeuroit entier, lo jugement de
Dieu seroit suivi, et que, si tous les deux étoient con-
sumés, ils renonceroient à leurs différents. Le feu
dévora les deux papiers ! les deux partis se réunirent,
la paix dura un jour; mais le lendemain ils dirent que
leur changement auroit dû dépendre d'une persuasion
intérieure et non pas du hasard, et la guerre recom-
mença plus vive que jamais.
On doit donner une grande attention aux disputes
des théologiens; mais il faut la cacher autant qu'il est
possible, la peine qu'on paroît prendre à les calmer
les accréditant toujours, en faisant voir que leur
manière de penser est si imporlante qu'elle décide
du repos de l'Etat et de la sûreté du prince.
Oh ne peut pas plus finir leurs affaires en écoulant
leurs subtilités, qu'on ne pourroit abolir les duels en
établissant des écoles où l'on raffineroit sur le point
d'honneur.
Les empereurs grecs eurent si peu de prudence
que, quand les disputes furent endormies, ils eurent
la rage de les réveiller. Anastase, Justinien, Héraclius,

1. Montesquieu a saue.eulendu tiii, usurpateur, OHHnneln du l'onfunt confié


3. Sous Is régne du Mlotiol Palco- a en fol (Jean Lnecarlu), Michel rem-
loguoi Le patriarche Arsène avait ex- plaça Arsène par Joseph.
commuait le nouvel empereur comme
212 OHANDRUn ET DÉOADBNOE DES ROMAINS
Manuel Comnène, proposèrent des points de fol à
leur clergé et à leur peuple, qui auroient méconnu la
yérité dans, leur bouche, quand même ils l'auroient
trouvée.' Ainsi, péchant toujours dans la forme et
ordinairement dans le fond, voulant faire voir leur
pénétration, qu'ils auroient pu si bien montrer dans
tant d'autres affaires qui leur étoient confiées, ils
entreprirent des disputes vaines sur la nature de
Dieu, hui, se cachant aux savants parce qu'ils sont
orgueilleux, ne se montre pas mieux aux grands de la
terre. i
C'est une erreur de croire qu'il y ait dans le monde
une autorité humaine, à tous les égards, despotique;
il n'y en a jamais eu, et il n'y en aura jamaife : ie pou-
voir le plus immense ' est toujours borné par quelque
coin. Que le Grand Seigneur 2 me^te un nouvel
impôt à Gonstantinople, un cri général lui fait d'abord
trouver dos limites qu'il h'avoit pas connues. Un roi
de Perso peut bien contraindre un fils de tuer son
s père, ou un père de tuer son fils mais obliger ses 5
sujets de boire du vin, il ne le peut pas. Il y a dans
chaque nation un esprit général sur lequel la' puis-
sance môme est fondée : quand elle choque cet esprit,
elle se choque elle-même, et elle s'arrête nécessaire-
ment.
La source la plus empoisonnée de tous les malheurs
des'Grecs, c'est qu'ils ne connurent jamais la nature
ni les bornes de la puissance ecclésiastique et de la
séculière ! ce qui fit que l'on tomba de part et d'autre
dans des égarements continuels.,.,
Cette grande distinction, qui est la base sur laquelle
pose 8 la tranquillité des peuples, est fondée non seu-
lement sur la religion, mais encore sur la raison et ht
nature, qui veulent que des choses réellement sépa-

1. Go mot no g'omplolo ordinaire» trouve dos oxomplns de oot emploi mi


1

mont qu'nu positif. xvn° BIÛOIO Notre cruinte de la mort ne


1
2. Lo Hultnn rlurf l'uvos ottoman». pouvant poser sur rien de certain (MnsdlU
3. Nous dirions dieux i rtpoiê, Ou ' Ion. Caromo, Mort),
CHAPITRE XXIII J 213
rées et qui no peuvent subsister que séparées, ne
soient jamais confondues.
Quoique chez les anciens Romains le clergé ne fît
pas un corps séparé, celte distinction y étoit aussi
connue que parmi nous. Claudius ' avoit consacré ù la
Liberté la maison de Gicéron, lequel, retenu de son
exil, la redemanda : les pontifes décidèrent que, si elle
avoit été consacrée sans un ordre exprès du peuple,
on pouvoït la lui rendre sans blesser la religion. « Ils
ont déclaré, dit Gicéron a, qu'ils n'avoient examiné
que la validité de la consécration, et non la loi faite
par le peuple; qu'ils avoient jugé le premier chef
comme pontifes, et qu'ils jugeroienl le second comme
sénateurs. »
CHAI'. XXIII. — Ruison do la durée de l'empire d'Orient.

8a destruction.
Après ce que je viens de dire de l'empire grec, il
est naturel de demander cornmont.il a pu subsister si
longtemps. Je crois pouvoir en donner les raisons.
Les Arabes l'ayant attaqué et en ayant conquis
quelques provinces, leurs chefs se disputèrent le cali-
fat 3, et le feu de leur premier zèle no produisit plus
que des discordes civiles *,
Les mômes Arabes ayant conquis la Perse, et s'y
1. C'est la famoux advorsalro da colul quj avait dtô ddsignd par lo prô-
Mllon et de Cioérou. Il appartenait à oddtnt 'Oallfo ou par IOB ol'llolors du
la gens Claudia, mais 11 «'était fait palais.
adopter par uno fumlllo plcbdlonuo, et 4, L'Islam avait rounl dos pouplus
pour lo distinguer des mombros do sa do racos différentes i do là naquirent
gens ou dorlt son nom i Ctodius. les soctos, Los anciens oroyants, sur-
2. Lettres h Âttictis, Llvro IV, lottro tout les Arabes, s'en tenaient au Coran
2. (M do M.) oomplétd par In tradition (tunnah)
8, Lo Cttlifo ou commandeur des o'dtalent les sunnites, Los nouveaux
croyants dtnlt lo suooossour do Maho- convertis, Porsnns pour la plupart,
met, Il rdslda d'abord a Modlno, puis rofusùi'out obdisBaneo aux Ommyados ,

a Damas, onlin a Bagdad BOUS IOB après lo meurtre d'Ali | Ils ne reeon-
AbbaHsidos, A oo moment l'omplro so tiolssolent quo lo Cunui i les vieux
ddtnumbra ot 11y oui trois Califes t a oroyants leur donnèrent In nom do
Dngdud pour l'Auto, au Oalru pour citâtes (schtsiuntlquos), l'urini los
l'Afrique, a Cordouo pour l'iîspagno. chiites, los plus Instruits firent do la
Lo Cail'o dovall olro dlu par lo religion do Mahomet une sooto pure-
peuple, main lu peuple ollsalt lunjoius ment philosophique i oo «ont lus 6'ofit
214 GRANDEUR ET DECADENCE DES ROMAINS
étant divisés ou affaiblis, les Grecs ne furent plus.
obligés de tenir sur l'Euphrate les principales forces
de leur empire *.
Un architecte, nommé Gallinique, qui étpit venu de
Syrie à Constantinople, ayant trouvé la composition
d'un feu que l'on souffloit par un tuyau, et qui étoit
tel, que l'eau et tout ce qui éteint les feux ordinaires
ne faisoit qu'en augmenter la violence a, les Grecs,
qui GÏ\ liront usage, furent en possession pendant plu-
sieurs, siècles de brûler toutes les flottes de leurs enne-
mis, surtout celles des Arabes, qui venoient d'AfriquQ
ou de Syrie les attaquer jusqu'à Gonstantinople.,'
Ce feu fut mis au rang des secrets de l'Etat; et Cons-
tantin Porphyrogénète, dans son ouvrage Idédié à
Romain son fi}s, sur l'administration de l'empire,
l'avertit que, lorsque les Barbares ïuidemanderont du
feu grégeois, il doit leur répondre qu'il ne lui est pas
permis de leur en donner, parce qu un ange, qui l'ap-
porta à l'empereur Constantin, défendit de le commu-
niquer aux autres nations, et que ceux qui.avoient osé
le faire avoient été dévorés par le feu du ciel dès qu'ils
étoient entrés dans l'église. /
Gonstantinople faisoit le'plus grand et presque le
seul commerce du monde dans un temps où les nations
gothiques 8 d'un côté, et les Arabes de l'autre *',
do Ptirso, Mets la grande massa s'at- do pompas ou d'armes do jet t dans
tacha aux descoudants d'Ali | ils regar- oo damier cas, lo feu grégeois était
deront lo Calife commo un usurpa- onformé dans des pots qui se brisalont
teur ot suivirent l'imam. Depuis lo dis- on tombant. Malgré las précautions
parition dos dosoondants d'Ail) OOH prises par les Grecs, les Arabes par-
dorulors oi'olcnt a un imam ou Mahdi' vinrent a connaître la composition du
qui doit venir avoo Jésus-Christ réta- terrible engin. Ils y introduisirent
1

blir la justioa. C'est alnBl quo depuis mémo lo salpêtre vers 1235. lin dépit
lo x» slôelo on voit do tempB a autres dos assertions orronéos dont Montes-
les Arabes suivre quelquo Mahdl qulou se fait loi l'éaho, Il n'était pas
(homme conduit par Dieu). impossible do l'étolndroi ainsi l'af»
1. S'ils n'eurent plus a sa défendre Arment Johivlllo et les hlstortons by-
dos Perses, les Qreos eurent h luttor zantins. 4
«antre l'invasion musulmane t on no 3, La dénomination générale appli-
volt pas eo qu'ils y gagnèrent. quée par l'auteur aux nations bar*
12. C'est lo fou grégeois Igroo). Ou- baros ust fausse. Il s'agit des peuples
désignait sous oo nom générique uuo d'origine germanique qui prirent part
foule do mélanges inllammablos com- aux grandes Invasions du v' siècle.
posés ds soufi'o et do substances 4. Los Arabes étalent sortis bar-
grasses ou résineuses, huiles, naphto, bares de leur pays, mats 11M no tar-
goudron, poix. On lo lançait au moyen deront pas à se olvtllser. L'Industrie
GHAPITIU! XXII! 216
avoient ruiné le commerce et l'industrie partout
ailleurs. Les manufactures de soie y avoient passé de
Perse; et depuis l'invasion des Arabes elles furent
fort négligées dans la Perse même : d'ailleurs les
Grecs étoient maîtres de la mer 4. Gela mit dans l'Etat
d'immenses richesses, et par conséquent de grandes
ressources; et sitôt qu'il eut quelque relâche, on vit
d'abord reparoître la prospérité publique.
En voici un grand exemple. Le vieux Àndronic
Gomnène a étoit le Néron des Grecs j mais comme,
parmi tous ses vices, il avoit une fermeté adinirablo
pour empêcher les injustices et les vexations des
grands, on remarqua que, pendant trois ans qu'il régna,
plusieurs provinces se rétablirent.
Enfin, les Barbares qui habitoient les bords du
Danube s'étant établis, ils ne furent plus si redou-
tables a et servirent même de barrière contre d'autres
Barbares.
Ainsi, pendant que l'empire étoit afaissé sous un
mauvais gouvernement, des causes particulières le
soutenoient. C'est ainsi que nous voyons aujourd'hui
quelques nations de l'Europe *. se maintenir, malgré
leur foiblesse, par les trésors des Indes ; les Etats
temporels du pape, par le respect quo l'on a pour le
souverain: et les corsaires de Barbarie u, par l'emnô-
prlt mûmo chez eux un grand dôvo- 3, Los amperours do Conalnntlnoplo
loppamcnt | témoins los verrorios do eurent cependant à lutter longtemps
Bagdad, les armes arabes, les lamea coiitio los llulgaros ot lus Êiorbos.
do Dnmas ot los ûpiios irompeos do 4, L'iidltion do 1734 porto Î « G'ost
Tolôdo, los toi Ion do Damas, los gazos ainsi quo nous voyons aujourd'hui
do Mossoul (moussollnos), los oulrs do 1'Espagno ot lo Portugal HO mainte-
Corclouo, Ion maroquins du Mnroo, nir... »
l'our lo oommoroo, los Araboa avalent 5, On appotatt ainsi lo pays habita
doux grand» porta tlooommorco i Dna- par los pouplos non civilisés do l'A—
soroh sur logolfo Poralquo ot Aloxan- lYlcjua, ou Ihrbbrts I Tunis, Algor ot lo
drlo sur la Mddltorranée i do plus las Mnroo étalantloursrofugos prlnolpatix, •
caravanes rollnlont tous los contras' Go n'ost pas précisément quo Jours
importants. brigandages los rendaient utilos aux
1. Au vm» sloolo IOB Arabes dispu- S rondes nntlons i il était très difficile
teront aux Qroos l'omplro do, la m or. o los ohassor do leurs repaires, Plu-
Ils furont valnous, mata nu ix» sloolo sieurs lontatt vus éohouàront, jusqu'à la
les Oônols et lot vénitiens furont plus gloriouse expédition do 1830 qui nous
heureux. donna notre colonie algérienne.
», Androulo Comnbne (1183-1185),
7*
ôlô GHANIH'.UIt Ut DIÎCAOlîNOtî DBS ROMAINS
chôment, qu'ils mottont au commerce des petites
nations, eu qui les rend miles aux grandes.
L'ompiro dos Turcs est h présont a peu près dans le
mémo degré do foiblesso ou étoit autrefois celui des
Grecs; mais il subsistera longtomps : car, si quoique
princo que ce fût moltoit cet ompire en péril en pour-
suivant ses conquêtes, les trois puissances commer-
çantes de l'Europe connoissent trop leurs affaires pour
n'on |>as prendre la défense sur le champ 1,
C'est leur félicité quo Dieu ait pormis qu'il y ait
dans le monde des nations propres a posséder inutile*
ment un grand empire, .
Dans le temps de Basile Porphyrogénètea, la puis-
sance des Arabes fut détruite en Perse; Mahomet, fils
de SambraBl, qui y régnoit, appela du Nord trois
mille Turcs en qualité d'auxiliaires 3. Sur quelque
mécontentement, il envoya une armée contre ouxy
mais ils la mirent en fuite. Mahomet, indigné contre
ses soldats, ordonna qu'ils passeroient devant lui vêtus
en robes de femmes ; mais ils se joignirent aux Turcs,
qui d'abord allèrent ôter la garnison qui gajrdoit le

1. AIDBI las projets contrôla Turo, (jUuIqiiuB-uus do oos pays, mais l'a
comme cnlul qui fut fait sous le pon- franchissement complet ne saurait
lllicat do Léon, par lequol l'omporaur etro éloigné, — Quant aux trois puis-
devait HO romtro par la Rosnio à Cons- soncos commerçantes dont parle Mon-
InnLlnoplo t la roi do France, par tes(|ulou, oe sont la l'Vanoe, l'Angle»
l'Albanie et la Groooi d'autros prin- torro et la Hollande,
ces, s'embaruuor dans tours portai a, Basile Pnrpliyrogénote (976-
cos projoli), clls-jo, n'étaient pas «é- 1035) soumit les Bulgaros (1010)..
rieux, ou étoient faits par dos gens 3. Los Turcs avalent déjà paru au..
qui no voyoiont pas l'intérêt do l'Eut ix» siècle, appelés par le Callfo ,do
ropo, [N, de M.) C'est oo qu'on appelle Bagdad, Motassom Dillol), 4* fils
la question d'Orient Les grandes na- d'Haroun-al-llasuhid. Ils étaient au
tions d'Europe surveillent aVeo un nombro de 50,000 et formaient sa
soin jalous oo qui so passa sur les farde. C'était se donner des maîtres,
rive» du Dosphoro i et ollos ont tout ls firent et délirent les Califes,
intérêt, comme lo remarqua Montes- comme à Rome los prétoriens, Lès.
quieu, h maintenir l'ompiro ottoman. Turos envahirent peu à pou l'empiro
Cependant l'ancion ' omplro turo a arabe ot s'y établirent. Enfin, en 1058,
beaucoup diminue" et de nouvelles Togrul-Beg, petlt-lils de Seldjouk,
nationalités sont apparues : la Rou- fonda la dynastie dos Seldjoucides qui
manio, la Serbie', lo Monténégro, Fa menaça los Orecs ot Constantlnople
Bulgario, la Grèoe, l'Herzégovineet la mémo : la première croisade les fil
Bosnie. Les sultans de Gonstantlnopls reouler.
exercent encore lo'ur suzoralueté sur
CHAPITM? xxm 217
pont do l'Arnxe, et ouvriront le passage n une multl-
tudo innombrable do lours compatriote».
Après avoir conquis la Perse, ils se répandirent
d'Orient on Occident sur les terres de l'Empire j et
Romain Dlogèwo ' ayant voulu les arrêter, ils le prirent
prisonnier 8, et soumirent presque tout co que les
Grecs avoient en Asie jusqu'au Bosphore.
Quelque temps après, sous le règne d'Alexis Corn-
nône 3, les Latins attaqueront l'Orient. 11 y avoit long-
temps qu'un malhoureux schisme avoit mis uno haine
implacable entre les nations dos deux ritos'', et elle
auroit éclaté plus tôt, si les Italiens n'avoient plus
pensé à réprimer les empereurs d'Allemagne, qu'ils
craignoient, que les empereurs grecs, qu'ils ne fai-
soient que haïr.
On éloit dans ces circonstances, lorsque tout h coup
il se répandit on Kurope uno opinion roligiouse, que
les lieux oh Jésus-Christ étoit né, ceux où il avoit
souffert étant profanés par les infidèles, le moyen
d'effacer ses péchés étoit de prendre les armes pour
les en chasser. L'Europe étoit-pleine de gens qui
aimoient la guerre, qui avoient beaucoup de crimes h
expier, et qu'on leur proposoit d'oxpier en suivant
leur passion dominante : tout le monde prit donc la
croix ot les armes 8.
1, Romain IV, dit Dlogôno, régna Photius et consommé par Michel
do 1008 ft 1071, lutta d'abord victo- Cérulatro, patriarche do Constantl-
rieusement contre les Turcs, mais noplo, qui farmn d'un soûl coup toutes
finit poi' tomber en leur pouvoir. les églises dos Latins danB la vlllo
9, l'Iénnasme dont on trouvo do Impériale (1053) et s'appropria leurs
nombreux exemples au XVIII» siècle. couvents, L'empereur Constantin IX
3. Alexis Comnèno(lii81-1tl8)joua Monomnque, déplora les oxoès do
entre lux Croisés ot les Turcs un rolo l'évoque, mais II n'ont pas la force de
équivoque 11 fit complimcntor los s'y opposer. Le pape Léon IX envoya
Latins A leur entrée dans son o m pi ru Inulilumenl des légats h Constanti-
pt leur refusa de» vivres : co qui noplo. Lo 16 juillet 1054, le décret
amena lo pillage dos palais du BOK- d'excommunication contre Miohel Cô-
plioce. Alors Alexis accorda oo qu'on rulalro fut déposé sur l'autel de
demandait. ' Sainta-Sophle,
4. C'est tout, ot c'est bien peu, sur 6, C'est juger bien légèrement un
le schisme d'Orient. Ce fut copendanl mouvomen! aussi important quo celui
une des principales causes de In chute dos Croisade». Les écrivains les moins
de Conslantlnoplo. Co schisme fut suspects de partialité on faveur de
préparé par )• savaqt mats perfldo l'EplIso roconnaissunt mie, si ces loin-*
.218 OPANDISUn RT nRCADRNCR DKS JlOMAINfl
Los croisés, étant arrivés on Orient, assiégèrent
Nicée, et la prirent; ils la rendirent aux Grès; ot,
dans la consternation des infidèles, Alexis et Jean
Comnône rechassèrent les Turcs jusqu'à l'Euphrate,
Mais, quel que fût l'avantage que les Grecs pussent
tirer dos expéditions dos croisés, il n'y avoit pas d'em-
pereur qui ne frémît du péril de voir passer au milieu
de ses États et se succéder des héros si fiers et de si
grandes armées. »

Ils' cherchèrent donc à dégoûter l'Europe de ces


entreprises} ot les croisés trouvèrent partout des tra-
hisons, de la perfidie et tout ce que l'on peut attendre
d'un ennemi timide.
Il faut avouer, (jue les François, qui avoient com-
mencé ces expéditions, n'avoientrien fait pour se faire
souflVir, Au travers des invectives d'Andronic Corn-
mène ' contre nous, on voit, dans le fond, que chez
une nation étrangère nous ne nous contraignions point,'
tninos expédition» n'ont pas ou los influonoe, cet efTot général des orol-
résultats qu'on sa proposait) loa,' résul- eados sur les esprits d'uno part, sur
tats aux points do vuo polltiquo, la société do l'autre t olles ont tiré 1A
social, intollaotuol, économique, roli- société européenne d'une prnièro très
gloux mémo, ont été considérables, étroito, pour la Jeter dans dos voles
« Toi s Bout las grands, los véritables nouvollos et infiniment plus larges,
ofl'utB itoB croisades i d'uno part, Elles ont commencé ootlo transforma-
l'otunduo dos idiios, l'afranonisse- tion dos divers éléments do la société
tnont dos esprits [ do' l'autro, l'agran- ouropéonno en gouvernements et en
dissement dos existences, uno largo peuples, qui est lo earnotàre do la
BPhùro ouverto à toutes Ion activités i civilisation moderne, H (Guissot. His-
elles ont produit n la fois plus do toire générait de la Civilisation en
liberté individuollo ol plus d'unité "Europe, 8" leçon), Do plus, los Croi-
politique. Kilos ont poussé a l'indé- sades ont arrêté l'invasion musul-
pondanco do l'homme ot a la centrali- mane qui menaçait l'Europo, « Les
sation do la société, On s'est boaucoun grands Papos du moyen âgb oçeléslns- '
enquis des moyens do olvillsntion tique avalant, avec raison, saisi ce
qu'ollos ^ont directement importés lovicr do la Croix pour préoipiter
d'Orlont < on o dit que la plupart des l'Europo au dovnnl de I'ABIO t o'ost
grnndos découvertes qui, dons le cours une de leurs gloires d'avoir usé, sur
dos xiv" ot xv 8 siàoles, ont provoque* les pointes de 1 onthouslnsmo ohrétion,
lo dévoloppomont do la civilisation la barbarie asiatique qui rovonnlt, de
ouropéonno, In boussolo, l'imprlmorlo, temps à autre, sur l'Europo, » (J. Zol-
In poudra & canon, étaiont connues de 1er. Entretiens sur l'Histoire du Moyen-
l'Orient ot quo los Croisés avoient pu Age, Tome III. Livre XIII.)
les on rapporte*1. Cela est vrai jusqu'à 1 Montesquieu veut sans doute par»
un oortnlii point. Cependant quelques- 1er d'Anne Comnène, fille d'Alexis I"'»
unoB de cos assortions sont contes- 3ul a raconté l'histoire de son père,
tables, Go qui ne l'est pas, c'est eette ans VAUxiade.
GIIAPITWt XXII! 219
et que nous avions pour lors les défauts qu'on nous
reproche aujourd'hui '.
Un comte françois alla so mettre sur le trAne de
l'empereur; le comte-Baudouin a le tira par lo bras et
lui dit t «vVous devez savoir que, quand on est dans
un pays, il faut en suivre los usages. -— «Vraiment,
voila un beau paysan, répondit-il, do s'assoir ici,
tandis que, tant do capitaines sont debout! »
Les Allemands, qui passèrent ensuite 8, et qui
étoient les meilleures gens du monde, firent une rude
pénitence do nos étourderies, et trouvèrent partout
dos'esprits que nous avions révoltés.
Enfin la haine fut portée au dernier comble, et
quelques mauvais traitements faits à des marchands
vénitiens, l'ambition, l'avarice, un faux zèle, détermi-
nèrent les François et les Vénitiens à se croiser contre
les Grecs 4,
Ils les trouvèrent oussi peu aguerris que dans ces
derniers temps les Tartares trouvèrent les Chinois 8.
Les François se moquoient de leurîs habillements effé-
minés : ils se promenoient dans les rues de Constan-
tinople, revêtus de leurs robes peintes; ils portoient
à la moin une écritoire et du papier, par dérision pour
cette nation, qui a voit renoncé à la profession des
armes; et, après la guerre, ils refusèrent de recevoir
dans leurs troupes quelque Grec que ce fût.
Ils prirent toute la partie d'Occident 6, et y élurent
1. Passe pour los défauts i mais los quieu a signalé IOB défiances et la per-
Croisés montrèrent aussi, et au plus fidie dos Gi'oos t o'est là qu'il faut
haut degré, les qualités qui honorent ohurohor In vraie raison de leur oon-
notre race. D'ailleurs, il ne s'agissait dullo à l'égard dos soldats do Conrad III.
Jias en tout oola de Français ni d'AI- 4, C'est la 4» oroisade qui aboutit à
emands, mais de Latins que les Grecs la oonquéto do Constantinoplo et à
tenaient déjà en suspicion, l'établissemont do l'Empiro latin, VII-
9, Frôro de GodolYoy de Bouillon. lahardouin nous a laissé une très Inté-
8, lies Allemands qui prirentpart & rossante relation do cette oroisade dont
la 3« oroisade (1147) étalent conduits Il fut un dos ohefs,
par Conrad III, Les Grecs les tra- 5, Les Tartnrcs avaient envahi la
hirent et ils périront en grande partie, Chine vers 1035.
Nous ne savons pas en quoi les Alle- 6, Ctist-a-diro la partie do l'Empire
mands payèrent pour les Français, greo située qu'degfc du Uospbore,
Quelques lignes plus haut, Montes-
220 GRANDEUR HT DECADENCE DES ROMAINS
\
emporour le comte de Flandres dont los Etats éloi-
gnés nopouvoiont donner aucune jalousie aux Italiens.
Los Grecs so maintinrent dans l*Orient, séparés des
Turcs par les montagnos, et des Latins par la mor.
Les Latins',--' qui n'avoiont pas trouvé d'obstacles
dans leurs conquêtes, en ayant trouvé une infinité
dans leur établissement, les Grecs repassèrent d'Asie
on Europo, reprirent Gonstantinople et presque tout
l'Occident.
Majs co nouvel empire ne fut que le fantôme du
premier, et n'en eut ni les ressources ni la puissance.
Il *ne posséda guère en Asie que les provinces qui
sont en deçà du Méandre et du Sangare : la plupart
de celles d'Europe furent divisées en dé petites sou-
verainetés.
De plus, pendant soixante ans que Gonstantinople
r"sta entre les mains des Latins, les vaincus s'étant
dispersés, et les conquérants occupés à la guerre, le
commerce passa entièrement aux villes d'Italie 2 et
Constantinople fut privée de ses richesses.
Le commerce même de l'intérieur se-fît) par les
Latins. Les Grecs, nouvellement rétablis et 'qui crai-
gnoient tout, voulurent se'concilier les Génois, en leur
accordant la liberté de trafiquer sans payer de droits 8,
et les Vénitiens, qui n'acceptèrent point de paix, mais
quelques trêves, et qu'on ne voulut pas irriter, n'en
payèrent pas non plus.
Quoique avant la prise de Gonstantinople Manuel
Comnène * eût laissé tomber la marine, cependant,
comme le commerce siïbsistoit encore, on pouvoit
facilement la rétablir ; mais quand dans le nouvel
1. Baudouin I°r, oomto do Planche, 3. Miohel PaléolbKuo fit plus en*
fut oôuronnâ emporour a Sainte- cnro t 11 leur accorda le quartier dp
Sophio, lo 23 mal 1204. L'Empirelntln Pdra pour y vivre selon les lois de
no dura que 57 ans. Baudouin II on lour pays.
fut In cinquième et dornlor empereur 4. C'est eo Manuel Comnèno qui
(1201). > trahit Conrad III et Louis VII, Il
2. Venise, Gênes et Plse envoyaient rdgtta dé 1143 à 1180.
louis navires dans les ports do Pales-
tine ou aboutissaient les caravanes
de Damas et do Bagdad.
CHAPJTlUi XXIa 221
empire on l'eut abandonnée, lo mal fut sans remède,
parce que l'impuissance augmenta toujours.-
Cet Etat, quidominojt sur plusiours
plusieurs îlos, qui étoit
partagé par la rnor, et qui on étoit environné on tant
d'endroits, n'avoit point de vaisseaux pour y naviguer.
Les provinces n'euront plus do communication entro
elles ; on obligea les peuples do se réfugier plus avant
dans les terres, pour évitor les pirates; ot quand ils
l'eurent fait, on leur ordonna de se rotiror dans les
forteresses, pour se sauver des Turcs.
Les Turcs faisoient pour lors aux Grecs uno guorro
singulière : ils allaient proprement a la chasse des
hommes; ilstraversoient quelquefois doux cents lieues
de pays pour faire leurs ravages. Gomme ils étoient
divisés sous plusieurs sultans, on ne pouvoît pas, par
des présents, faire la paix avec tous, ot il étoit inutile
de la faire avec quelques-uns, Ils s'étoient fait maho-
métans% et le zèle pour leur religion les engageoit
merveilleusement à ravager les terres des chrétiens.
D'ailleurs, comme c'étoient les peuples les plus laids
de la terre, leurs femmes étoient affreuses comme
eux 8, et dès qu'ils eurent vu les Grôques, ils n'en
purent souffrir d'autres 8. Gela les porta à des enlè-
vements continuels. Enfin, ils avoient été de tout
temps adonnés aux brigandages ; et c'étoient ces

l.Turos, Mahométnns, Musulmans, nation des Huns, « Genus feroeissi-


c'est aujourd'hui tout un pour nous au mmn, quod fuit piimum inter palmles
point de vuo religieux. Mai» il faut su minutum, totivm, utqu» exile nec alla
souvenir que les Turcs Tenus do Tur- voce notttm, iiisi <juoe humant sermo-
kestan avaient elmssô les califes nis imaginent lissignubitt, » (JV. de M.)
arabes, s'étaient établis A leur place ot 3 Micliol Duoas, Histoire de Jean
(jue ce fut alors qu'ils ombrassôrent la Manuel, Jean et Constantin, cliap. IX,
religion de Mahomet, Constatitin Porphyrogénète, au com^
%, Cela donna lieu a cette tradition mencoment do son Extrait des ambas-,
du Nord rapporloo par lei Ooth Jor- sades, avertit que, quand los barbares
nandes, que Philimer, roi des Uotlis, viennent a Constantinople, les Ro-
entrant dans les terres gotiques, y mains doivent bien se garder de leur
ayant trouvé des femmes soroièros, il montrer la grandeur de leurs richesses
.les chassa loin de son armée ; qu'elles ni la beauté de leurs femmds.
errèrent dans les déserts, où les {N,deM.)/,
'démons s'unirent à elles, d'où vint la
222 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS
mômes Huns qui avoient autrefois causé tant do maux
à l'empire romain 4.
Les Turcs inondant tout ce qui rostoit à l'empire
grec en Asie, les habitants qui purent leur échappe;'
fuirent devant eux jusqu'au Bosphore; et ceux'qui
trouveront dos vaisseaux so réfugièrent dans la partie
de l'empire qui étoit en Europe Î CO qui augmenta con-
sidérablement lo nombre de ses habitants. Mais il
diminuja bientôt, Il y eut des guerres civiles si
furieuses, que les deux factions appelèrent divers sul-
tans turcs, sous cette condition, aussi extravagante'
2ue barbure, que tous les habitants qu'ils'prendraient
ans les pays du parti contraire seroient menés en
esclavage, et chacun, dans la vue do ruiner ses enne-
mis, concourut à, détruire la nation..
Bajazet a ayant soumis tous les autres sultans, les
Turcs auroient fait pour lors ce qu'ils firent depuis
sous Mahomet II, s ils n'avoient pas été eux-mêmes
sur le point d'être exterminés par les Tartares.
Je n ai pas le courage 3 de parler des misères qui
,
I
1. Uten n'est moins prouva que civilisation oooidentalo, On a flétri du
cetto identité des Huns et dos Turos. nom de Bas-Eroplro le gouvernement
Los origines do tous ces peuples sont dos ompereurs de Constantinoplo, et
fort obscures et tout co qu'on peut nouo ne voulons pas lo réhabiliter,
dire est qu'ils appartenaient a la race mais, comme lo remarque H. Mous» '
mongole ou finnoise. soye, « on no compto guère moins de
2, Bajazot I"> surnommé Ildérim conspirations, do soulèvements tumul-
(lu Foudre), s'empara de la Bulgarie, lualros, de meurtres d'emporours à
do la iThessalte et de la Macédoine. 11 Rome qu'à Constantinoplo, et ni les
remporta la vlcloiro do Nieopolis sur actes, ni les moeurs dos Tlbàro, des
le roi do Hongrio Slglsmond et les Callgula, des Messallne, des Néron, et
chevaliers français (1300). L'invasion ,dos Domillon ne sauraiont 01 ra propo-
dos Tortures ou Mongols sauva Cons- sés en exemple. Cos rognes do sang ot
tantinoplo. Bajazot voulut les arrêter. do bouo, selon l'oxpresslon do Sué-
Mais il fut vaincu et fait priBonnior tono, o'est pourtant ce quo l'Impar-
par Tnmorlan a la bataillo d'Anoyre tiale histoire appelle le Haut-Emplra,
(1401). tandis qu'elle flétrit sous lo nom do
S). Singulière- conclusion d'un ou- Bas-Empire les règnos des Justlnion,
vragé commo celui-ci, Il est vrai do des Héraollus, dos Pavphyrogénèto,
diro que Montesquieu n'avait auoune dos Manuel Gomneno, des Jean Zt-
(raison de prolonger ces pou Intéres- miscès ot des Constantin XIII, ce
santes notos, car ce n'est quoeela, sur dernier empereur grop qui, vaincu
l'empiro d'Orient, Nous eussions pré- -après avoir repoussé les Turos dans
féré, à ces bribes de l'histoire byzan- quatro assauts, s'éorlalt au moment
tine quelques aperçus sur la civilisa- do tomber mort d'un coup do cime-
tion orientale, et son influence sur la terre i « La ville est prise, et je yl».
!
CHAPITRE XXIII 223
uityiront ; jo dirai soulemont que, sous les derniers
fcmporours, l'ompiro, réduit aux faubourgs do Cons-
tantinoplo, finit comme lo Rhin, qui n'est plus qu'un
ruissoau lorsqu'il so perd dans l'Océan.
oncorol... n Co qu'il faut cllro OUBHI,
o'oBt quo co gouvornomont si corrup
tour, co pouplo HI corrompu, ootto
administration n\ mniivaiso, cotto nr-
mio ttl mlHôinlilo, ont fait duvoi< l'Em-
plro pondant plu a do neuf OOIUH ans,
»lTABLK DES MATIERES

Préface ^«—-' V UH*»< X D* la corruption


Pages.
Notice sur Montesquieu al des Romains.
•«• 83
ouvres, XI.
Poriralida Montesquieu parlai* «il — De Sylla, Do Pom-
mémo, pée et de César. 85
Elude sur les Cotmdirationt, XVII ~. Ml. De l'élst de Rome
GoflSIDiiBAtlONB SUU mil •près la mort de
LKi OAOBRI OR Ce sur, 01)
LA aiUNUBUH PHD ROMAINS »t D« XIII.Auguste,
— 107
I.BUR OHOADBNCB.
— XIV. Tibère. 117
CHAPI II Cmiimenoemenlsde
.
XV, De» empereurs de»
Honie.SeH guerres —
1 puis Caïus Call-
— Il, De l'art do In guerre gula Jusqu'à Anto-
eliei IUH Romains. 10
« iit. Comment Ion Uo-
raalns purent s'a-
nio.
— XVI. Del'élatdol'empire
123
depuis Antonio
grandir. 17 jusqu'à Probus. 130
— IV, Des Gaulois. Du XVII. Changement dans
Pyrrhus. Paral- —
l'Elat.
lèle de Carthage 161
— XVIII. Nouvelles ma xi mu»
•l de Rome.Guerre prises par les Ro-
d'Aunlbal. 80 mains.
0» l'étal du la 103
•» V, ~ XIX. Grandeur d'Attiln
Grèce, de la MA< CSUBOS de l'ota-
cédoitte, du la Sy- bluaemoiit des
rie et de l'Egypte Barbares. Raisons
•près l'abaisse- pourquoi l'empire
ment des Carlka- d'Occident fui le
giuoi». 3» premier abattu. 170
M VI. De la conduite que
— XX. Dos conquêtes de
les RomaluB tin» Juslinlen. De Bon
rent pour soumet" gouvernumunt. 181
tre tous les peu»
pies. — XM Désordres de l'em-
41) pire d'Orient, I9.'l
— VU. Comment Mlibrl- XXII. Foibleesû de l'em-
daie put leur ré- —
pire d'Orient,
sister. SOI)
03 XX1U. Raison de la durée
— Vlli. Des divisions qui —
de l'empire d'O-
lurent toujours rient. 6a' deslruo-
dans I» ville. Ml tl«o.
IA, Dsu* naine» 'd« la '' 913
.'» •


' pert» d» Aon*. H
TABLE ANALYTIQUE

A Anarchie, Rogno à Ror.io, pondant les


guorros civiles, 110,'
Acnrnantens, Ravagés par la Maoédolno ANimo.sm PAi,i!ot.oaun. Abandomio la
ot l'Jitollo, pago 38, marina i par quollo rdlson, 207.
Aiiinicns. IJtat do» nfl'iilraa do oo Réponsp insolente d'un putrlaroho
pouplo, 37. do Constanttnople au vloux Andro-
Artium (batnlllo d'L Oagnéo par Au- nio, 200, Pasao sa vie h dlsouter des
gusto BUT Antolifo, 100. subtilités tliéologiques, 210.
AOYNDINR ot UAUI.AAM. Leur quorollo
.
ANDIIOMO. COMNRNK, Lo Néron de*
conlro los molnos gi'oos, 205, Gro'os, 215,
Adresse, Sa définition, 11, Angleterre, Sagesse do son gouverne*
ADIUKN (l'omporour). Abandonno los mont, 70, ,
conquêtes de Trajan, 135, On on ANNJDAI.. A quoi il dut ses victoires
murmuro, 135, Rétablit la disolpllno contre les Romains, 28. Obstaoles
.militaire 145, ; sans nombre, qu'il eut h surmonter.
Affranchissement dos esclaves, Auguste 31. Justifia du roprooho qu'on lui
y mat dos bornos, 114, fait communément da n'avoir pas
Affranchissements, Motifsquilesavolcnt assiégé Homo immotiiatomont uprès
rondus fi'équonls, 115, r la botnlllo, (do Cannes), ot d'avoir
Afrique (vlllos cl'). Dépendantes dos laissé amollir sos troupes a Capoue,
Carthaginois,, 20, 33, Co furent sos conquêtes mémos
Agriculture (V) ot la guorro dtolont los qui changeront sa fortune, 33, Cri»
doux seules professions dos citoyons tlquo do l'auteur sur la façon dont
romains, 85, Tito-Live fait parler oo grand oapi»
AOIUPI'A, général d'Ootavo, Vient a taino, 34, Réduit par Solpion a une
bout do Sextus'Pompéo, 107, guorro défenslvo, Il perd une ba-
AIRXANMIK, successeur d'Héliogabalo. tnlllo oontro le général romain, 35,
Tué par les soldats romains, 140, ANTIOOIIUS. Sa mauvaiso conduite dans
AI.BXIS COMNBNB, Uvônomonls arrivés la guerre qu'il fit aux Romains, 45.
sous son rogno, 218, ' Traité déshonorant qu'il fit. avec
AI.RXIB ot JBAN COMNBNB, Ropotibscnt olix, 40. ' .,'
los Turcs jusqu'à l'EuphrotO, 218, ANTOINB. S'emparo du livre do raison
AixnMAotiK. Ses forêts élaguéos, ses do César, 101, Faltl'oralson funèbrs
marais dosséohéa, 202,' do César, 102, Veut se faire donner
Allemands croisés, Paient ohor los fautes le gouvernement de la Caulo Cisal-
dos croisés franools,219, pine au préjudice de DMmu» Bru-
Allié (le litro d') du pouplo . romain, tus, qui en est levOlu, 103, Défait 4
très recherché, quoi qu'il emportât Modôno, 105, Se joint oveoLéplde et
avoo soi, un véritable csolnvago, 53, Octave,105, Jure de rétablir la repu» ;
AMAI.ASONTE,reine des Ooths, Fournit
,
blique, perd la bataille d'Aotlum,
dos vivras & BéliBaire, 180, 109. Une troupe de gladiateurs lui

AmliassJdettrs romains, Parlolont par- reste fidèle dans sos désastres, 10».';
tout avec hauteur, 51, A'.TO.MNO (les deux). Empereurs chéris.'
Ambition, Mal très commun dans l'em- '•'et respectas, 130. " ; : ^
pire grec i pourquoi» 197,
tAIIMt ANALYTIQUE W
APUBNI Historien de» guorros do Ma- Attiohgie judiciaire, Port «n vogua
rluset deSy)la,85, /
Ai'Pius Ci.Auniua, Dlstribuo lo
dans l'empire greo, 107.
peuple do Rom a dana Ion quatre tri- / et l'Etoile,Ravagés
monu Athamanes, par la Macédoine
bus do la vlllo, 75, 38,
Arabes, Loues conquêtes rapides, 201. / los
Athéniens, Etat do tours afTairos après
Etoient los mofllours hommoB do ATTILA, guorroa puniques, 38.
trnlt, 201, Dons oavallors, 201. Lotira
/ Soumet tout lo.nord, et rend
los doux empiras tributaires. 170. Si
divisions favorables a l'omplro d'O-
rlont, 218, Leur pulssnnoo détruite oo Tut par modération qu'il laissa
subsistor los RornnlnB, 174. Dans
en Perse. 214, quoi asservissement il tenott loodoux
AnoADiu», Fait alliance aveo los Wlsl- «mpiros,174,8on portrait, 170, Sou
goths, 17^. union aveo Qonsério, 178,
Archers crétois. AutrofoU los plus cuti- Avares (los),
/ Attaquont l'omplro d'O-
mie, 17. rient, 104.
Arianime, Etolt la «cote dominante AUOUSTB, i Surnom d'Ootavo, 110, Corn-
dos Barbares dovonuB chrétiens, 182.
Sooto qui domino quulquo temps monao a dtabllr une formo do gou-
dans l'omplro, 182. Quollo on dtolt la vornomont nouvollo, 111. Ses motifs
dooti-lno, 105,' secrets ot lo plan do son gouverne-
Aristocratie, Succède dans Homo n la mont, 112, Parallèle do m conduite
monaroblo, 08. So transforme aveo oello do César, 112. S'il a jamais
pou a au vdi'itublomant lo donsoin do
pou on dômooratlo, 00, démettra de l'omplro, 112, Pnrnllclo HO
Armas navales, Autrefois plus nom- -d'Auguste do Sylln, 113,
breuses qu'ollos no te sont, 30. ol Est Iras
réuoi'vâ \ nooordor lo droit do bour-
Armées romaines, NMtolont fort gooisio, 114, Mat un gouvornour ot
pas
nombreuses, 15, LOB mieux disci-
plinées qu'il y eut, 10, Dans los uno garnison dans Homo, 110, As-
signa dos Tonds pour lo payomout
guerres civiles do Homo, n'avoient dos troupos do torro ot do mer, 110,
auounobjet déterminé, 100, No s'nt- Fait dos établissements fixes
taoholont qu'A In fortune du ojtof, la marlno, 117. Avoit ôté au peuple pour
100. Sous los emporours, exerçaient la puisunneo do foiro dos lois, 120,
la magistrature suprême, 148. Dlo- AimusTiN i (saint), Réfuto la lollro de
clélien diminue leur puissanoo par Symmaquo, 173,
i
quolv moyens, 151. Les grandes or- Autorité, Il n'on est pas da plus absolut)
méos, tuntdo torro que de mer, plus /
que celle d'un prince qui suooède k
embarrassantes que propres a faire une république, 120.
réussir une outreprlse, 185,
Armes, Les soldats romains lassent
do Jeurs armes, 107, Un soldatse Il
main éloit puni de mort pour avoir ro-
abandonné ses armes, 100. .'BAMZBT. Manque la conquête de Vem-
AnaÈNB et JOBBI'II, So disputont le piro d'Orient i pa<- quollo raison, 222.
siège do ConsUatlnople t aobarne- Baléares i (les). Etoient estimés d'oxool-
ment de leurs partisans, 311. leuts frondeurs, 17.
Arts, Comment Ils so sont introduits jBarbares, Devenus redoutables aux
ohoz los différents peuples, 18. Romains, 148. Inourslons do Bar-
Etoient réputés, comme lo bares sur les torros do l'empire
chez com- romain, sous GaUtis, 1401 ot sui
merce, ICB Romains, dos occu- oolul d'Allemagne qui lui a auooddd,
pations servilos, 85,
Asie, Région que n'ont jamais quittée 150) Rome los repousse, 151. Leurs
loluxeot lu mollosse, 45, irruptionssous Conutantius, 150. LOB
Association, Do plusieurs villes empereurs los dloignont quelquefois
groo- avoo do l'argent, 103, Epulsolont
ques, 871 — de plusieurs princes do ainsilos rioliossos dos Romains, 104,
, l'emplro
romain, 161. Rogardée, par Employés dans los arméos romaines
les onréllens, commo une des causes
-
de l'affbiblUsement do l'empire, 171. a titre d'auxiliaires, 105. Ne veulent '
pas se aoumettre • la dlsofplino
228 TAïH.rc ANAI.YtfQIIR
romaino.lOO, Obtiennent on Oonldent
des terres nux extrémités do l'om-
Bu tin. Comment II
los Romains, 0,
n pnrtagoott ohoi
plro, 170. Auraient |m devenir Ho-
m ni nu, 178. S ontredétruUont In plu-
part, 181. En dévouant ohréllons,
embrassent l'arlnnlsmo, 183, Lour
politique, lotira moeurs, 183. Dllïé- OAMOULA, Portrait do col omperour,
rontoa manibroB do combnttro des Il rétablit les comlqes, 124, Bup-
dlvarsos nations barbares, 184, Ce no primo los accusations du'crime do
furonl uns los plus forts qui liront Use-majestê, 124. BUarrorlo dans sa
In» meilleurs établissements, 184, cruauté, 124. Il ost tué. Claudo lui
Une fojs établis en devonoiont moins suooèdo, 128.
redoutables, 183, CAU.INIQUB, Inventeur du fuu gré-
HAFU.AAM et ÀovNniMK. Luur querelle
geois, 'il'1.
oonlre les moines grecs, 305, Campante, Portrait dos peuplas qui
DABII.H (1'omporour). Laisse pordro la riiablloiant, 8,
Slollo par sa faute, 207. Caimos (batnillo do), Porduo par los
BASIL» l'oiu'itYUOiiâNfvrii,Iîxttnotlon Romains contrn los Carthaginois,
do la puluHimoodos AraboBen Perso 31, Formaté du sénat romalu mal-
sous non règne, 910, gré nette porto, 31, •
Bataille perdue. Plus funosto par lo Capauans. Pouplo oisif ot volup-
déooiiragomonl qu'ollo occasionne
<
tuoux, 8,
Cappadoce, Origlno do oo royaume, 43.
quo parla porto réelle qu'ollo causa, CAHACAU.A, Carnotèro et conduite do
32» '
Batailles navales, Dépondent plus, h oot omperour, 142. Aug.mouto la
préBont, dos gens do mot* quo dos pnlodas soldats, 142. Mot Qétu, son
soldats, 30. frère, qu'il a tué, au rang dés
BAUDOUIN, comte do Flandre, Cou- dloux, 145, Il ost mis aussi au rang .
ronna empereur par los Latins, 220, dos dieux par l'omporour Muorln,
DÈi.iBAitin. A quoi il attrlbuo BOB SUO- son suucossour ot son niourtrlar,
CÔ8, 180, Dduarquo en Afrique pour 145, Effet des .profusions do-col
attaquer los Vandnlos, n'ayant quo omporour, 145, Los soldats
!
lo re-
cinq mille soldats, 185, Ses exploits _
grettent, 145,
ol BON victoires. Portrait do ee génd» Caiihage, Portrait de cotte république,
ml, «80, ' lors do la promlèro guorro punique,
22, Parallèle do cotto république
Béotiens, Portrait do ce pouplo, 97.
Bigotismo. Enerve le courage des aveo oollo do Home,' 23. N'avoit
Grecs, 202. Effets( contraires du bi- quo des soldats empruntés, 25 Bon
got tome o,t du fanatisme, 203, établissomont moins solido quo
Biihynto. Origlno do oo royaume, 43. celui do Homo, 26, Sa mauvaise
litè (Distribution do) dans los sioolos conduite dans la guerre, 20, Son
' do In république cl sous les empe- gouvornemont dur, 27, La fonda-
rour»,157. tion d'Aloxundrlo nuit a son coin-
Meus et verts. Faatlons qui divisent moroo, 27. Reçoit la paix dos Ro-
l'ompiro d'Orient, 188, Justlulon jfa- mains, après la seconde guorro'
vorisoi los bleus, 188, punique, a do duros conditions, 35,
Bourgeoisie romaine (le droit de),
, Une dos causes do la rulno do cott?
Accorda à tous los alliés de Rome, république, 70,
70, Inconvénients qui en résultent, CASSIUS et RnuTus, Font uno fauto
70. funosto à la république, 03. So don-
Boussole (l'Invention do la). A porté nent tous deux la mort, 105.
1» marlne.àuuo grande porfaotion, CATON, Son mot sur lo promiar trium-
20. virat, 00, CoiiHoilloit. «pris la ba»
Brigue, Introduite a Rome, surtout taille do Pbarsalo, do trninor lo
guorro on longueur, 03,, Parallèle
,
pendant les guerres civiles, 111.
BRUTUS et CASSIUB, Font une faute do Caton avoo Cloéron, 104,
funesto a. la république, 03, So Cavalerie, A moins besoin d'étro dis
donnent tous/deux la mort, 105, eiplinée que l'infanterio, 108,
TA11M? ANAï.YTÏQUB 220
Cavalerl* d'Atl*. Etolt mollluuro quo l'AsIo et do l'Afrique, 200. Pour,
oollo d'Europe, 201, quoi Dlou pormlt qu'il s'ôtolgiilt
Cavalerie numide, Paseo au Borvlco de» dans tant d'endroits, 200.
Romains, 38, ' GiorinoN. Sa conduilo après la mort do
Cavalerie romain*, Devonue aussi bonno Cd H ni', 103, Travaille o l'élévation
qu'auouno autre, 10, Lors ilo In d'Octave, 104. PorolIMo do Clcdro»
guorro oonlro lus Gnrtliaglnots, ollo avec Galon, 104.
étolt Inférieure n colla do oollo Civiles (giiarros), CUIIOB do Homo
nation, 28, N'ololt d'abord nus l'on. n'vmpcubont point son agrandisse-
*l6mo prtlo do obaquo légion t ment, 01, Kn gdm!ral, ullo.i rontlon*
multipliée, dans In suite, 107, Exor- un puiiplo plus Tu.'lltiiuoux ut plu»
odo n tirer do i'uro, 183, formidable a ses voisins, 04, ',o
Censeurs, Quel étolt lo pouvoir do cas doux sorlo» on Franco, 110,
magistrats, 73, No pouvolont desti- Ci.Aunii, omnorour. Donna a sas offl»
tuer un magistral, 74, Leurs fonc- dors lo droit d'administrer la jus«
tions, par rapport nu cens, 75, lioo, 128,
Centurie», Servius Tulliufl dtvjBo lo Clémence, SI oollo d'un usurptitour hou-
peupla romain par conturios, 74, roux inôrlta do grands éloges, 05,
GiÎHAn, Parallàlo do César nvoo Pom- Gi.ânPATnH, Fuit a la bntaillo d'Ao-
pée ol Crassus, 80. Donna du dos- tiuni, 100, Avolt sans doulo nn vue
BOUS a Pompéo, 00. Go oui lo mot on do gagner lo crcurd'Oelnvo, 100.
état d'ontropromlrc sur la llborté do Colonies romaines, 20.
sa pntrlo, 01, EtlYayo autant Homo Cornues, Dovonus lumultuoux, 80,
qu'nvoilfaitAnnibal,02, Sos grandes Commerce, Unifions pourquoi la puis-
cmnIltdB liront plus pour eau ôlôvn- sauna où 11 filàvo uno nation n'ont
tion quo an fortuno tant vantéo, 03, pas toujours do longuo durée, 27,
Poursuit Pompéo on Qrôoo, 03, SI ïitolt réputé, oommo los arts, olioi
BII clémonoa mérita do grands los Homains, uno occupation ser-
élogos, 05, SI l'on a ou raison da vilo, 85.
vantor sa djllgonco, 05, Tonto do «o GOMMODR, Suocèdo a Moro»Aurole,
fnh'o mollro lo dladèmo sur In této, 138.'
00, Méprisa lo sénat, ot fuit lui- COMNKNH, Voyoa ANDUONIC, Autxia,
mémo dos sénalus-oonsultcs, 07, JUAN, MANIIHI,.
Conspiration contro lui, 08, Si l'as- Conjuration oonlro César, 08,
sassinat do César fut un vrai nrimo, Conquêtes, Colles dos Humains Icntos
08. Tous les actos qu'il avolt fnits, dans los commencements, mais con-
confirmas par lo sénat, après s» tinues, 8, Plus difficiles a con-
... mort, 100, Sos obs&ques, 101. Su*
conjurés finissont prosquo tous lour server qu'A fati'o, 34.
Conspirations, Fréquentes dans les
Ylomalhourousomcnt, 105, Pnrallùlo commencements du roguo d'Au-
do César avoo Auguste, 111. Kx- giislo, 00, Dovcnuos plus difficiles
tinotion total» do su maison, 130. qu'elles nu Tutoient clioz les anciens t
Champ (le Mars, 12. pourquoi, 100.
Change (variations dans lo). On on CONSTANT, pulil-Ots d'IIéraollus pua
tira des inductions, 10U. Conslanlin. Tué on Sicile, 202.
Chemins publics, Dion entretenus cliu/ CONSTANTIN. Transporta lo sbvgo do
los Homains, 15. l'omplro on Orient, 155, Distribua
Chevaux, On en <516va duna beaucoup du blod n Gonstuntinoplocl&Roiue,
d'endroits qui n'en avoiont pas, 202. 150. ltotlre les légions romaines,
Chrétiens, Opinion où l'on étolt, dans placéas sur les frontières, dans l'in-
.
l'ompii'o groo, qu'il no fallait pas térieur dosprovIncuA. suitosdooolto
vorsor lo sang dus obrétlpns, 100, Innovation, 150.
Christianisme. Co qui facilita son éla- CONSTANTIN, Dis d'IIéraclius, Empoi-
'
blissomant dans l'ornpiro romain, «inné, 202.
,141, «»Los païens In rognrdoionl CONSTANTIN LD DAHRU, .

fils do Con-
.
commo la causo do la chuto do l'om- stant, Succède a son père, 202,
piro romain, 171, Fait plaoo nu'ma- Consluntinople, Ainsi nommée du noin,
liomitlwmo dan»
une partie de de Constantin, 155. Dlvlbéo en doux
230 TAIiLtt ANALYTIQUE
factions, 18t'i. Pouvoir immense du Démôtrius do ceux d'Athônos, 19,
Bas patriarches, 200. Sa eoutonoit, On on Infère quolloa étoiont, loru
floUB les doriiiors empereurs groos, de cos dénombrements, les forces de
par son commerce, 214, Prise l'uno et do l'autre ville, 19.
par les croisés, 210. Reprise par los Désertions, Pourquoi ollos
sont com-
Orées, 320, Sou commerce ruiné) munes dans nos armées) 'pourquoi
220. i elles étoient rares dans oellos dos
GONBTANTIUS, Envoie Julien dans les Romains, 15.
Gaules, 150. Despotique. S'il y a une pulssanoe qui
Consuls annuels. Leur établissement A le soit & tous égards, 212.
Rome, 5, Despotisme, Opèro plutôt l'oppressiou
OORIOI<AN. Sur quoi ton le sônat traite des sujets que lour union, 81.
avoojlul, 31. ' Dictature. Son établissement, 72.
Courage guerrier. Sa définition, 10, DIOOUITIBN, Introduit l'usage d'asso-
Croisades,', 217, cier plusieurs princes. à l'omplçe,
Croisés. Font laguerre aux Qroas et 151.
couronnent empereur lé comte do Discipline militaire. Les Romains,
réna-'
Flandre, 220. Possèdent Constant!» roientleurs pertes en la rétabllsmnil
nople pendant soixante ans, 220. dans toutd sa vigueur, 13. Adrlon
Cynocéphales (Journées dos). Oii Phi- la rétablit t Sévèrola laisse so rclA-
lippe est vaincu par lea Etollona ehor, 145. Plusieurs omporourH
unis aux Romains, 41. massacrés pour avoir tenté do la
rétablir, 140. Tout k fait anéan-
D tlo clioz les'Romains, 103. Los Bar-
bare» inoorporés dans los armées 1

romaines no voulont pas n'y sou-


Danoises (troupoBde terre). Presquo mettre, 104, Comparaison du Non
toujours battues par oolles de Suède, anotonno rigidité aveo son rolâolie-
depuis près de doux siècles, 167. mont, 105,100, ,
Danse. G boa les Romains, n'étolt point Disputes, Naturelles aux Grecs, 203.
.

un oxercloe étranger h. l'art mili- Opinldtrcs on matlèro dw religion,


taire, 13, 210, Quels égards ollos méritont du
Décadence de la grandeur romaine, Sos la port clos souverains. 211, ,
,
causes. I. Les guerres dans les Divination par l'eau d'un bassin i en
pays lointains, 77. II. La conces- usngo dons l'omplro greo, 107.
sion du droit do bourgoolsio ro- Divisions, S'apaisent plus alsémunt /
maine a tous los alliés, 79. Ht, L'in- dans un état monarehlquo quo dans
Bui'Asanao de BOB lois dans son état un état républicain, 23. Divisions -
de, grandeur, 82. IV. Dépravation dans Rome, 08 et suiv.
des moeurs, 83 et ouly. V. L'aboli- DOMITIUN, omperour. Monstro du
tion dos triomphes, 113. VI, Inva- cruauté, 132.
sion des Barbares dans l'em- DiiosiiiLB, L'omporour Callgula, «nit
pire, 148. VII, Troupes de Bar- frère, hit tait déoofnor lu» honnourtf .
bares auxiliaires incorporées on divins, 127.
trop grand nombre dans los armées DUILMUB (lo consul). Gngno ba-
romaines, 105. Comparaison des une
taille navale sur los Carthaginois,
eauses générales do la grandeur de 80.
Rome aveo colles de an décadence, DunoNius (le tribun M.). Chassé du
165,160. sénat t pourquoi, 74,
Décadence de Rome. Imputée par les
obrétlcns aux païens, et par ooiix-oi
.
aux ohrétlons, 171,172. D
Décemvirs. Préjudiciables a l'agrandis-
sement do Rome, 0. Ecole militaire dos Romains. 12,13,
Deniers. Distribués par las triompha-' Egypte, Idée du gouvornomont do
ou
tours, 181, royaume après la mort d'Alexandre,
Dénombrement des'habitants dt Rome. 44. Mauvaise conduite do sos rois,
Compara «v«o celui qui Ait fait par 47. Conquise par Auguste, 157,
TABLE ANALYTIQUE 231
égyptiens. En quoi consistaient leurs voient dû so conduire dans la
firlneipalcs forces, 48. Los Romains s con-
privent dos s queto du Moxiquo, 62,
os troupes auxiliairess Etoliens,
£ Portrait do ce peuplo, 37,
qu'ils tlrolont de la Grôoe, 48. S'unissent avoo los Romains contre
limpereurs romains, Etoiont chefs nés
s Philippe, 40. S'unissent Anllo«
des armées, 114, Lotir puissanceo avoo
ohus. oontre los Romains, 42,
grossit par (logrés, 117. Los pluss EuTYdiiiîs,
E Héréslorquo t quollo était
orutils n'étoiont point baïe du bas doctrine, 100.^
s
peupla I pourquoi, 127, Etoiontt Exemples, sa
E Il y on a do mauvais, d'une
proclamés par les armées romnlnos, plus dangorouso oonséquoucq
180, Inoonvéntents do ootto formai les crimes, quo
d'éleollon, 130, Tâeliont on valu doo Exercices 78,
faire raspoolor l'autorité du sénat, o E du corps. Avilis parmi
nous»
131. Successeurs do Néron jus-, quolqtto tris utiles, 12,
qu'à Vespaslon, 133. Leur puls-
Banoo pouvoit paraître plus tyran-
niquo quo oollo dos prlncos do
,
Jours i pourquoi, 130. Souvent noss
étrangers i pourquoi, 140. Mourtro t F
Fautes (les) quo commettent ceux qui
du plusieurs empereurs de suite,0 gouvornonl sont quelquefois dos
oflols néoossalros do la situation dos
depuis Aloxandro jusqu'à Doco In-, affairas, 104,
,
clusivement, 140, 147, Qui réta- Femmes /•' (par quoi motif la pluralité
bllssont l'empire olinnoolnnt, 151, .-
des) est en UBago en Orient, 188.
Leur vlo oommonoo à ôtro plus , Festins.
on 1 F Loi qui on bornolt los dépenses
«uroté, 152, Mànont une vie pluss à Homo, abrogée parla tribun Duro-
mollo ot moins appllqudo aux af- nlus, 74,
falros, 153. Veulent so faire adorer, F
104, Points do différentes couleurs,, Feu grégeois, Défense, par les ompo-
milvnnt les passions de lours histo-, rotirs grées, d'en donner la con-
riens, 100 i Plusieurs empereurs Fie/'i, nnlssanoo aux Barbares, 214.
haïs /' SI los lois dos fiefs sont,
ollos-mâmos, préjudiciables la par
H
groos do lours sujets, pourr
uause do religion, 180. Dispositionss a du*
dos peuplas a leur égard, 107. Ré- Flottes, réo d'un omplra, 03,
veillent les disputes Idéologiques, - F Portolont autrofots un bien
milieu do les assoupir, 211. Lalssontt plus grand nombre do soldats qu'a
présent. Pourquoi, 30. Uno flotta on
lotit a fait périr la marine, 220. état du tenir la mer no so fait pas
Empire romain. Son établissement, 112,
stilv, on pou da fomps, 80,
et Comparé au gouvernementt Fortune,
,
F Co n'est pus olto qui décide
d'Alger, 147. Inondé par divers du sort des empiras, 100.
peuples barbares, 140, Los repousses Français croisés, Leur mattvnlso
o /<'
et s'en débarrasse, 151, Association
i dullo Orient, 218.
oon-
do plusieurs nrinoos l'ompiro, 151. on
a
Partage do l'ompiro, 155, No futt Frise .
F et Hollande, N'étalent autrefois
Jamais plus fotble quo dans le Frondeurs ni habitées, ni habitables, 201.
o F butéares, Autrefois 'os plus
temps quo ses frontUreB étotentt ostlméB, 17,
le mieux fortifiées, 102.
Empires, Voyez Orient, Occident, Orées, FrontihesF do l'ompiro, fortifiées par
, Jiiullnlen, 102.
Turcs,
Entreprises (les grandes). Plus difficiles
à mon or parmi nous que. oh 6a less ™
nnolons i jiourquol, 108,
fîpéo, Les Romains qulllont la tour, G ÛAMMUS, Vient demander io triompha
pijur en prondro a l'espagnole, 10, ,
lipkuflêm», Introduit a Rome , après uno guerre qu'il a entreprise
sur laa malgré la peuple, 111.
fin do la république y produit la OAI.UA Q (l'omporaur) no tient l'omplre
corruption des moeurs, 83. a
/l'r/'iM. Peuplo belliqueux, 8, que pou do temps, 132,
lUpagnols modtm«$, Comment Un au-'
G
GAM.US, Incursions dos Dnrbares sur
-' les terres de l'empire, sous
son
232 TABLE ANALYTIQUB
régne, 149, Pourquoi Ils no s'y éta- sies fréquentes dans cet empire,
blirent pas alors, 176, ibitl, ot sulv. Envahi en grande par-
Onwffl (gouvernementdo In), tant Cisal- tlo par les Latins orolsés, 217 ot
plno que Transalpine, confié & sulv. Repris par los Grecs, 220. Par
César, 1)1, ,| qucllo vole II sosoutlnt onroro nprùs
Gaulois, Parallèle do co peuple aveoles I éclioo qu'y ont donné les Latins,
Romains, 20. 220. Clinlo totnlo do cet omplro, 222.
Généraux des armées romaines, Causes Giècc (Etal do la) aprôs la conquête
do l'aoorolssemoht do leur autorité) do parthnge par les Romains, 37 ol
77. sulv,
OtJNséniù, roi dos Vandales, 178, 183, Grande Grèce, Portrolt dos habitants
ÛURMANIOUS, Lo pouplo romain la qui la peiinloioti!,, 8,
pleltro, 132, 133, Grecques (vlllos). Los Romains los
Gladfctettrs. On en donnait le spéc- rendent indépendantes des prince*
iale 'aux soldats romains, pour las a. qui elles nvolent appartenu,,42.
aoooutumorà voir coulorlosanif, 10. Assujetties, par IOB Romains, 6 no
OonoiENs (tes omporeurs) sont assas- fallu, sans leur oonsontomont, lit
sinés tous les trois, 147, guerres, ni alliances, 48, Mettent
Goihs, Reçus par Valons sur los terres leur coriflanuo dqns Mlthrldato, 05,
de l'empire, 162, Grecs, No passolcnt pas pour voliploux
Gouvernement libre, Quoi II doit ûtre obsorvolours du sormont, 83, Nation
pour so pouvoir malntonlr, 70, la plus annomlo dos hérétiques
Gouvernement de Home, Son excellence,
.
qu'il y jqût, 190. — (Empereurs).
en ce qu'il contenait dans son sys- Haïs détours sujets pour cause de
tème les moyens do oorrlgor les t'ollglon. ibitl. No cassèrent d'o'rji-
abus, 81, brquillcr 1a religion par des contra»
Gouvernement militaire, S'il est préfé» vorses, 212,
rablo au civil, 137, Inconvénients Guerres, Perpétuelles sous les rois de
d'en changer la forme totalement, Romo, 3, Agréables au pouplo par
168. !
le prollt qu'il on rotlrolt, 5, Avec
Grandeur (la Romains, Causes do son quollo vivacité los consuls romains
tcorols&oment, I. Les triomphes, 2. la falsoleitt, 0., Presque continuelles
Il, L'adoption qu'ils folsolont des aussi sous les COIIHUIS, 7, Effets
usages étrangers qu'ils jugeolenl do celte continuité, ibld, Peu déol-
préférables aux leurs, 2. III, La ca- slvos dans los commorVcemonts de
pacité do ses rois, 3, IV, L'Intérêt Romo t pourquoi, 7, 8, La guorro ot
Su'avolent les consuls do NO eon- l'agrloulturo élotont los deux soutes
ulre on gens d'honneur pondant professions dos citoyens romains,
leur coriBiilal, 5. V. La dlstribu- 8ï. Colle do Marlus et do Syllai 8ï
i
lion du butin nux soldais et dos ot sulv. Quoi on étolt lo principal
terros conquises aux citoyens, 0, motif, ibid,
VI, Continuité des guerres, 7, VIL Guerres punitiitcs, 22 et sulv, Première^
Leur aonstanoo a toute épreuve nul 22, Buooiuto, 20-34, Kilo est termU.
les préservait du découragement, 31, néo par un» paix faito a dés condi-
VIII, Leur habileté a détruira lours tions hlcu duras pour los CarthagU
ennemis les uns par los autres, 40. unis, 35.
ol suiv, IX. L'cxoollonoo du gou- Guerrières (les vertus) restèrent a Rome
vernement, dont lo plan fbumtssoll iiprès qu'on eut perdu toutes les
les moyens do corriger les abus, 75, autres, 8J.
Grandeur de Home, lîsl la vraie causa
de sa rulno, 82, Comparaison dos
causes générales de son accroisse-
Il
ment nveo celles do sa déoodonco,
105 et sulv. Ui'iMouABAtiB, Veut substituer se*.
Gravure, Utilité do eet nrt pour ,les dieux a ceux de Rome, 141. Est tué
oartos géographiques, 100. par seB Soldats, 140,
Om (emplie). Qupllas sortes d'évèuo- IIHiiAOLtus. l'ait mourir Phoottsct èe
monts offro son histoire, 195 Héré- mot on possession de l'empire, 200.
TABLR ANALYTIQUH 233
Htrniquet, Poupto bolllquoux, 8.
Histoire romaine, Mo:ns fournlo do
faitn depuis IOH empereurs I pnr RoohassciU
quollo raison, 117.
JUAN et ALIÎXIB CoMNÎiNn,
les Turos jusqu'à l'TCuplirnto, 218,
Hollande et Frise, N'étalant autrofols Josni'ii ot AnsKNK, Su disputent le slopo
ni hnbltéos, ni hnbltablet», 201. do Constantlnoplo t opinlétroté de
Homère, Justifia conl.ro les oonscurs» leurs partisans, 220;
qui lui roprocliont d'avoir loua BOB JuouitTiiA, Les Romains lo somment
héros do loin' forco, do loui< adresse, do 8o livrer lut-mémo h leur discré-
nu do lotir nglllté, 13. tion, 50.
.tlonneuis div.'ns. Quelques omnorours JUMHN (DIIIIUB), Proolamé omporonr
HO los arropront par dos 6 dit A for-
mols, 164. par sos soldats, ost ensullo assas-
siné, 138.
Hoxonius, Obligé d'abandonner Homo JUMHN, surnommé l'Apostat.' Hommo
et do s'enfuir a Ravonne, 178. flimplo ot modosto, 154. Sorvlco quo
Huns Iles). Pansent lo Bosphoro olm- roudlt à l'omplro sous
indrlon, 101, 102. Servent los Ito- oo prlncd
Constantin, 150. Hon nrméo pour»
j moins on qualité d'auxiliaires, 184, suivie par los Arabos t pourquoi,
103.
I Jurisprudence, Sos variations BOUS lo
Iconoclastes. Font la guerro auxlmogos, vôgno do Justinlon, 100, D'où poù-
204. Accusas do mnglo pnr los voiont provenir oos variations, 100.
Justice (lo droit do rendre In). Confié
molnos, 205,
Ignorance profonde ou lo olorgé groc pnr l'omporour Clnudo à sos offi-
ciers, 128.
plongoolt los laïques, 200. JDSTINIBN, omporonr, lïntroproml do
Itli/rie (Vols d'), Extrêmement abattus reconquérir sur los Barbares l'A-
par los llomatns, 38, frique ot l'Itallo, 182. Kmplolo uti-
Images (culto dos). Poussd a un oxoos lement les Huns, 184. Ne peut équi-
ridlouto sous (os empereurs groos,
203, Eflots do cocultosupovstitioux, per contre lus Vandales quo cin-
203,204, Los Iconoclastes déolnmont quante vnlssonux, 185. Tableau de
contre oo oullo, ib'uL Quoique» cumc- son règno, 180. Sos conquête* no
font qu'affaiblirl'omplro,l 87, Epousa
rours l'nbollsseiit. L'impdrati'loo uno l'omiiio prostituée : oinplro
Thdodoralo rétablit, 206, qu'elle prend sur lui, 187, Idée que
Impériaux (nrnrtmimts), Plus rospoctds
chou los Oroos quo In porsonno mômo nous on cloimo Proeopo, 180, Dos-
soin imprudent qu'il conçut d'ax-
do l'empereur, 100, tornilnor les hétérodoxes, 100, Di-
Imprimerie, Lumloros qu'ollo a répan- visé da.sentlmont nvoarinipériiti'lco,
dues partout, 101),
101. Fait construira uuo quantité
tnfnnierio, Dons les armons romnlnos, prodigieuse do forts, 102,
étolt, pur rapport h la oavalorlo,
coniino do dix a un i II arrive, pnr K
la sulto, tout I» cotttralro, 108.
Invasion (Us Barbares du nord dans KOUM-KAN. Sa conduite h l'égard de
l'omptre, HO, Causas do OOH
Invasions, 140, Pourquoi II no s'en ses soldats, après lu conquête dos
Indus, 33.
fait plus do pnrolllas, 150.
'Italie, Portraits do sos divers habi- Ii
tants lors do la naissance do Homo,
8, Dépeuplée par lo transport du Lacédémmte, Etat das affaires do «cita
nlôgo do l'omplro ou Orlmit, 150, république, après la défitlta dus
L'or et l'argent, qui y nvolont élô Carthaginois pnr tes Homalns, 38,
en abnndanoo, y deviennent très Latines (villes), Colonies d'Alho t par
rares, f)8. Cependant les empereurs <|ul fondées, 0,
en exlucnl toujours los mémos tri- Lutins, Poupto belliqueux, 8.
buts, 158, L'armée d'Italie s'appro- Latins croises, Voyn/, Croisés,
prie lo tiers do eotto région, 180, Légion romninr.. Comment elle étolt
234 TABLE ANALYTIQUE
armée, 11, Comparée avoo la. pha- MAHOMET. Sa religion et son empira
lange macédonioimo, 41, Quaranto- font des progrès rapides, 200.
sept légions établies parSylla, dans MAIIOMKT, flls de Snmbrabl, Appelle
divers endroits do l'Italie, 87. Celles trois mille Turcs on Perso, 210.
d'Asie toujours votneues par celles Perd la Perse, ibid.
d'Europe, 140. Levons dans les Mahomet II, Eteint l'empire d'Orient,
provinces t oo qui fl'onsuivit, ibid, 222, 223, ';
Retirées, par Constantin, des bords Majesté (loi de). Son objet t applica-
dcR grands fleuves, dans l'intérieur tion qu'on fait Tibère, 117. Crime
dos provinces i mauvaises suites de do lèse-majesté étott, sous oetompo
eo ohangemont, 150. rouv, le crime do coux à qui on n en
LéW. Soh entreprise contre les Van- avolt point a imputer, 118. Si ce-
dales éohouo, 185, pendant ICH accusations, fondées jur
LKON. ^ueocBseur de Dastle, perd, par eotto imputation, étaient toutes aussi
sa faute, Tauroménlo et l'ilo de frivolos qu'elles nous le parotssent,
Losbos, 207. 122. Accusations de ce crime sup-
Lih>ii)i!. Parolt en armes dans la place primées par Callgula, 124„
publiquo do Home, 100. L'un des Maladies de l'esprit. Pour l'ordinaire
membres dusooond triumvirat, 105. incurables, 197.
Exolu du triumvirat par Octave, 107. Malheureux (los homme» les plus) ne
Ligues contro les Romains t rares; laisson* pas d'ûtre encore suscep-
pourquoi, 48. tibles de crainte, 123.
Limites. Poados par la nature marne a MANMUB; Fait mourir son fils pour
cortains Etats, 44, avoir vaincu sans ordre, 13,
Livius (le censeur M,), Nota trente-
;
MANUEL CoMr<]';M! (l'empereur) néglige
quatre tribus tout à la fois, 74. la marine, 220. '
Lois, N'ont jamais plus do force que MUnc-AunÙLi!, Eloge de cet empe-
quand elles secondont la passion reur, 137.
dominante do la nation pour qui Marches des arméesromaines prompte*
elles sont faites, 25, : et rapides, 15. i
Loi) de Rome, No purent provenir sa MAKOUS, Ses représentations aux Ro-
perte I pourquoi, 82, Plus prnprns mains, sur co qu'ils fatsolent dé-
h son agrandissement qu'i\ HU cou- pondra do Pompée toutes leurs res«
survntlon, ibid. > souraoH, 88.
LtiGuAod. Violdo par Soxtus Tarquln i Marine des Carthaginois, Molllouro que
suite do oot attentat, 3. Ce viol est oelle des Romains t l'une et l'outra
pourtant moins la' cause, que l'oo- assez mauvaises, 28, 29,
easlon de l'expulsion des rois, 3, Marine, Porfeotionnéo par l'invention
LUOULLUS. Chaeso Mitliridata do l'A- do la boussole, 20.
sie, 00, MAIUUS. Détourne des tleuves, dans
( i
son expédition contre les Clrabres
M et les Teutons, 14, Rival de Sylla,
85.
Macédoine *t Macédoniens, Situation du'
Mars (Champ do), 12. '
MABBINIBSB. Tenolt son royaume ,
des
pays icaroolore de la nation et Romains, 53, Protégé par los Ro-
do sus rois, 30, mains, pour tenir les Carthaginois
Macédoniens (Secte dos). Quollo étolt on rospoat, 30, et pour subjuguer
luiir doctrino, 105. Philippe et Antloohus, 50.
Machines de guerre, Ignordos en Italie, MA mu ai; (l'empereur) et ses enfants
dans tes premières années de Homo, mis a mort par Phooas, 194,
7. Mth'BLMjs. Rétablit la dlsolplluo mili-
Magistratures romaines. Comment, a taire, 14.
qui, pour qui, et pour quel tomps Meurtres et confiscations, Pourquoi
elles sa oonférolont, lors (lu la vinu-. moins communes parmi nous que
bliqtio, 88, Par quelles voies OIIOH sous los empereurs romains, 120,
s'obtinrent sous las empereurs, 120, MICIIBL pAt.iiouuiuH, Plan do son gou»
131, ' vernement, 208,
,
TAHT-W ANAï/VTÏQUK 235
Milite romaine, 76 et sutv. A cbnrgo a Ni'mo.v.Distribue do l'argent aux
l'état, 164, tronpns, niomo cil pnlx, 132.
Militaire (nrt), So porfoottonno ohez les NKUVA. (l'oniporour), Adonto Trajau,
Romains, 7, Application conti- 133.
nuelle des Romains a oat nrt, 10,17. Nestoiianisme, Quollo 6tolt la doolrlno
SI )o gouvomomont milltalro est do cotte soetc, 105.
préférable au civil, 137. Nobles, Los nobles do Rome no KO
MmihinATK, Le BOUI l'ol qui so soit lalssonl pas entninor pur lu bus
défendu avoo courago contra los pouplo coinino los palricloiiH, 71),
Romains, 63. Situation do ses états, Commont s'introduisit; duns lus
608 foroos, on conduite, 04 et Oaulos la distinction du noblos et
suiv. Grée des logions, ibid. LOB dis- do roturiers, 170.
sensions doa Romolns lui donnent Nord (invasion dos peuplas du) dans
)o temps do so disposer o lour miiro, l'ompiro, Voyez Invasions,
64. Ses guerres contre les Romains, Normands (anciens), Comparas aux
Intéressantes par le grand nombre Barbares qui désoleront
.
l'ompiro
de révolutions dont elles présenlont romain, 170,
( le spootaolo, 65, Valnou à plu- Numide (cavalerie), Autrefois la plus
siourfl reprises, 66, Trahi par son renommée, 17, Des corps do cetto
fils Maoebarès, ifciW., ol par Phar- cnvalorlo passent au service des
naco, son autre (Ils, 07, Meurt en Romains, 28.
roi, ibid, 'ûtmulio, liés soldats romains y passent
Mesura romaines, Dépravée» par l'opl- sous lojoug, 14,
curisme, 831 par la rlohesse d'-s
particuliers. 84,
Moines grecs, Accusent les ioonoclastos
do magie, 205. Pourquoi ils pre-
naient un intérêt si vii au oullo des Occident, Pourquoi l'ompiro d'Oooident
Imuges, 205. Abusent la pouplo et fut le premier abattu, 177. Point
oppriment le clergé séculier, 200, secouru par celui d'Oriont, 178 ot
8 immiscent dans los affaires du MIIV, Los Wislgotlis l'inondont.
slèolo, ibid, Suite do oas abus, 207, Trait do bonne politique de la part
Se grttoiont a la eour, ot gâloiont lu de ceux qui le gouvorholont, 170.
cour oux-mômos, ,308. Sa ohuto totale, ibid,
Monarchie romaine, Remplacée par un OuTAVB. Flatte Cicéion, ot lo consulte,
gouvornomenl aristocratique, 08, 104, Le sdnat so met on devoir de
Monarchie, Suietto à moins d'Incou- l'abaisser, 105. Oclavo et Antoine
vénlonts, mémo quand les lots fon- poursuivant Brulus ol Gassius, ibid,
damentales on sont violéoB, quo Dôfiitt Sextus Pompée, 107. Exolut
l'état républicain on pareil oas, 211. Lépldo du triumvirat, 107, Gagne
Los divisions s'y apaisent plus niso- l'niïocijon dos soldats sans être
mctttt ibid. brava, 108, Surnommé Auguste,
Monarchique (Etat), Excite moins l'nni- Voyoï AUOUSTB,
bttlousojalousiodesparticuliers, 09, OimN>T, prince do Patmvro, Chassa
Monothétites. Hérétiques I quelle etolt los Perses de l'Asie, 151,
leur doctrine. 100. OnoAuiin. Porto lo dornlor coup k
Multitude {la) fait la força de nos l'ompiro d'Oooidont, 180,
armées I la force dos soldats foisoit Oppression totale de Homo, 80,
celle des armées ramalnas, 10, Ops (toniplo d'), César y avait déposé
dos sommes Immenses, 101.
Orient, Etat do l'Orient lors do là dé-
faite ontlôro dos Carthaginois, 87 ot
NARSBB (l'ennuquo). Favori de Justi- suiv, — Empire (d') subsiste encore
nlen, 180. * épris celui d'Oooidont i pourquoi,
Nation» (ressources do quelques) d'Eu- 177, Los conquêtes do Justlnlon ne
rope I folblos par ollos-mûmos, 218, font qu'avancer sn porlo( 187. Pour*
Négociants, Ont quelque part dans les quoi, do tout temps, la pluralité dès
affaires d'Etat, 100, femmes y » été en usage, 188,
230 TADLE ANAT.YTIQUIÎ
Pourquoi 11 subsista si longtemps Sn rotratte sur lo mont flnord, 70 et
après oolul d'Ocoldont, 213 ot suiv, sulv, Obtient dos tribuns, 70. Dovonu
Go qui lu soutonolt, malgré In foi- trop nombroux, on on tiroit dos
blceso do son gouvernement, 215, colonies, 110. Perd,' joua, Au-
Gliuto totale do cot empiro, 223. ?uslo, lo pouvoir défaire des lois,
Onosis, Répond a In lottro do Sym- 20) et, sous Tiboro, oolul d'élire
mnquo, 172, • los magistrats, iliid. Caractère du
Osroénieiis. Kxoellonts hommes de bas ponplo sous los'omporours, 127,
trait, 201, Abâtardissement du pouple romain
OTIION (l'empereur) no tlont l'omplro aotiH les empereurs, 12fr,
quo pun do tompH, 132, Phalange macédonienne. Comparée oveo
la légion romaine, 41,
l - V Pharsale (bataille de), 93, .
, PIIIMPPB do Macédoine. Donne de
faillies socours aux Carthaginois,
Paix, Ntf s'nohotc point nvoo de l'ar- 30, Sa conduite avec ses alliés, (40.
gent • pourquoi, 163. Inconvénients Les sucoès des Romains fsontro lui
d'uno conduito oontrnlro à. cotte les mènent A la oonquéte générale,'
maxlmo, 104, 42, S'unit aveo les Romains oontro
Partage do l'omplro romain, 15'*. En Antloohus, 45.
onuso In ruina i pourquoi, 160,
<
Pmt.tt'i'ious. Trait de. bigotlsme de ce
Partîtes, Vainqueurs do Homo t pour- général, 202.
quoi, 44. Ouorro contre les Pnrthos, PnncAs (l'omporeur), Substitué a Mau-
projotéoparCésar, 100, Exéoutéo par rlno, 194, lléraollus venu d'Afrique
Trajan, 133. Difficulté do ootto le fait mourir, 200.
guorro, 134. Apprennont dos Ro- Pillage, Lo soûl moyen quo les anciens
mains réfugiés, sous Sévère, l'art Romains oussont pour s'onriehir, 0,
militaire ot s'en servent dans In suite PI,AUTIBN, Favori de l'empereur S6-
oontro Rome, 140. vèro, 130.
Patriarches de Constnntinople. Leur pou- PNbêitns.Mmln aux magistroturos, 00.
voir Immoneo, 218, Souvont chassés Lours égards forcés pour los patri-
dolour stôgo parles empereurs, 218. ciens, 71, Distinotiononjtrooos deux
Patriciens, Lotir prééminence, 08. A ordres, nbollo par lo temps, 72,
quoi lo tomps In réduisit, 72. - POMI'ÉK. Loué par Snllusto pour sn
Patrie, L'amour do lapntrlo otoit, oho* force ot son odroflBo, 13. Ses Im-
ICB Romains, une espace do senti- menses conquêtes, 67. Par quelles
ment religieux, 84', voles il gagno l'affection du poujSÏo,
Paye. Eu quoi temps las Romains 87. Avec quel étonnant suooès il y
commenceront a. l'accorder aux sol- réussit, 88. Maître d'opprlmor In
dats, 0. Quelle elle étoit duns les liberté do Romo, il s'un abstient
différents gouvernements do Rome, doux fois, 89. Parallèle do Pompée
143. avec César, 89. Corrompt lo pouple
Ptinescontrôles soldatslâohost renou- pnr argont, 00. Aspire nia dictature.,
velées par los omporours Julien et Go (tu! onuso sa porto, 00. Son folblo'
Vnlontlnlon, 100. ''' est de vouloir étro npplitndl du tout,
Pergame, Origine do uo royaume, 43. 93. Défait a Phnrsnlo, 03.
Pertes. Enlevant la Syrlo aux Ro- PoMPita (SBXTUB). Fait tôte a Ootavo,
mains, 140, Prennent Vnlérlon pri 107. "

souiller, 150. Odennt, prlnoo do Pal- Porphyroginet», Signification do ee
_ .

myre, les chasse do l'Asie, 151, nom, 105.


Slluatlon avantageuse de leur pays, Poste. Un soldat romain était puni do
103. N'avolent do guorro quo contre mort uour avoir abandonné son.
los RomnlnB, 103. Aussi hons négo- posto, 100.
ciateurs quo lions soldats, 104. Postes, Leur utilité, 100.
PRHTINAX (l'emptreur], Succède ,n Prédictions (faiseurs do). Très communs
Commode, 138, sur In fin do l'omplro grec, 107.
Peuple de Home, Vont pnrtngor l'auto- Pi'êftts du prétoire. Comparés nus
rité du gouvernement, 00 et sulv, grands vUlrs, 152,
TABBE ANALYTIQUE 237
PnoiopB. Gréamio qu'il mérite dans l'art mllllntro t oomment ils l'no-
son Histoire secrète du règne do qulront, 7. Les rincions llomnlns
Justlnten, 189. regardoiont l'nrt militaire comma
Proscriptions romaines. EnrlchlsBolout l'oit unique, 10, Soldats romains
le» Etats do Mfthl'idnto do beaucoup d'une t'orco plus qu'humaine, 11,12,
do Romains réfugiés, 04. Invuutéos Gomment on los forniolt, 12, Pour-
par Sylla, 80, Pratiquées par los quoi ou 1ns saignolt quand Ils avolent
omperours, 139. Effets do COIIOB do tait quulquos fiiulcs, 14. Plus
Sévère, 130. sains ot moins maladifs que los
PiottisiiSna (trésors dos]. Apportés à nôtros, 14, 8o rendent pro|>rcs les
Homo | quols effets ils y produi- avantages de toutes les nations, 10.
sirent, 157. Leur application continuelle à la
Puissaiice romaine. Tradition, h oo BU- Holonca do la guerre, 10. Comparai-
jot, 180. son des anciens llomnlns nvoo les
Puissance ecclésiastique et séculière. Dis- peuples d'à présont, 17. Punill&lo
tinction ontro l'uno ot l'autra, 312, des anciens Romains nvoo les Onu-
213, Los anciens Romain» connnts- lots, 20, 21, N'allototit point cher-
I soioiit ootlo distinction, 213, cher do soldats ohosi leurs voisins,
Punique (guorro). La promiùro, 22, La 25, Leur conduite a l'égard do leurs
Booando, 20, Ella est tormlnéo par ennemis et de leurs alliés, 41) et sulv.
iino paix faite a dos conditions bien No l'alsoiont'jamais la paix de bonuo
duras pour lus Carthaginois, 35, foi, 5t. Etabliront, comme une loi,
PYIUUHIS. Los Romains tirent do lui qu'aucun roi d'Asio n'entrât on
dos legons sur l'art militaire I Por- Europe, 55, Lottrs maximes do poli-
trait do oo prinoe, 21, tique constamment gardéos dans
tous los temps, 50, Une do leurs
II principales éto.lt do diviser les puis-
snneos alliées, 50, Empire qu'ils
exorcoiont mémo sur les rois, 57.
Résilie (lao), Viotoiro remportée sur les No falsoleut point do guurroH éloi-
' Latins par los Romittug près do oo gnées sans y ûtro secondés pur un
lao i fruit qu'ils tireront do cette allié voisin do l'onuuml, 57, lnlur-
victoire, 02, prétolont les traités avoo subtilité
Riîaut.us. Battu par tes Carthaginois nour les tournera tour avantage, 58,
dans In première guorro punique,28, No so croyoiont point liés par les
Religion chrétienne. Oo qui lui donna traités que la nécessité nvolout forcé
' In facilité do s'établir dans l'omplro leurs généraux de souscrire, 58,
romain, 141, Insérolont dans leurs traités avoo tes
Reliques (oulto dos). Poussé A un excès vatnous des conditions Impraticables
ridicule dans l'empire greo, 203, Ef- pour so ménager dos occasions do
fûts do eo culte superstitieux, 203. reoommoncor la guorro, 51). S'érl-
'.' République. Quoi doit Ôtro sou plan do Soolont onjugos dos rois mémos, 50,
gouvernement, 78. N'ost pas vrai- époullloient les vainotis du tout,
ment libre, si l'on n'y volt pas arrl- 50. Comment Ils faisaient arriver
ver dus divisions, 81, N'y rendre a Rome l'or ot l'argent do tout l'uni-
.
LUI ou n
citoyen trop puissant, 80, vers, 00. Respect qu'ils Imprimaient
République romaine, Son entière oppres- h toute la torro, 01. No s'appru-
sion, 05, Consternation des premiers prlolont pus d'abord las pays qu'ils
hommes do la République, 07. Sans avolont soumis, 01. Devenus moins
liberté, mémo «près la mort du ty- lldàles a lours serments, 83, L'amour
ran, 09. do la patrie étoit, oliost eux, une
Républiques modernes il'ttalùu Vices do sorte du sentiment religieux, 84,
jour gouvornomont, 70, Conservant leur Valeur au soin
Rois de Rome. Lotir expulsion, 5, mémo do la mollesse ot do la volupté,
Rois, Go qui les vendit tous Attjets do 85. Rogardoiont tes arts ot lu coin»
Rome, 61. inoroo aommo dos ocaupatlans,d'es-
Romain», Religieux observateurs du claves, 85, lia plupart d'origine «or-
serment, 0,83, Leur habileté dm>v vile, 110, Plouront Qormanlous, 121),
238 TAULE ANAtiYTIQl'B
Rendus féroces parleur éducation ol
par leurs usages, 125, Toute leur
pulssniico aboutit à devenir les es-
claves d'un maîtro barbare, 128,
Appauvris par les Barbares qui los Satins. Leur union aveo Home, I,
environnolont, 103. Dovonus maîtres Pouplo belliqueux, 2,
du monda par leurs maximes de Saignée. Par quelle raison on snlgnolt
politique : déchus pour on avoir les soldats romains qui nvoicut
change, 106. So lassont do leurs commis quoique foute, 14,
armes et los ohangont, 107, Soldats SALVIBN. Réfute la lettre doSymraaqus,
romains, môles aveo IOB Barbares, 172. '
oontrnotont l'osprlt d'indépendance Samnitu, Peupla le plus belliqueux de
de ceux-ci, 160. Aucablds do tri- toute l'Italie, 10, Alliés oie Pyrrhus,
buts, 1169, 22, Auxiliaires des Romains contre
Rome naissante. Comparée avoo los los Carthaginois ot contre les Gaulois,
villes de la Crimée, 1. Mnl construite 25. Accoutumés a la domination ro-
d'abord, sans ordre et sans symé- mnlno, 20,
trie, 1. Sou union avec les Sabine, 2. Schisme ontrs l'Eglise latine et la
Adopte los usages étrangers qui lui grooquo, 217,
?aralbSont préférables aux slons, 2, Snii'ioN EMIMBN. Comrucn) il traite se»
6, No s'agrandit d'abord que lente- soldats, après la [défaite près Nu*
ment, 8. Se perfectionne dans l'art mance, 14.
militaire, 9, Nouveaux ennemis qui Soii'ioN, Entèvo aux Carthaginois leur
se liguent contre elle, 10. Prise pur cavalerie numide, 28,
les Gaulois, ne perd rien de ses Scylhie. Etat do eotto contrée lors des
forces, 10. La ville de Rome fournit invasions do ses pouples dans l'em- '
seule dix légions contre les Latins, pire romain, 176.
20, Etat do Rorao lors do la promièro Sè)Mt. Favori do Tibère, 119,189.
guerre punique, 22, Parallèle de Siii.Hunua, Fondateur do l'empire de .

cette république aveo ocllo do Car- Syrie, 48,


tilage, 22 et sulv. Etat do ses forces Senm romain, Avolt , la direction des
lors do la seconde guerre punlquo,2G niïalroB, 24, Sa mnxlrue constante de
Sa constance prodigieuse malgré les no jamais composer aveo l'onnoml,
échecs nombreux qu'ello reçut dans qu'il no fut softi dos états de la
uctte guarro, 31, Etoit comme la tête , république,
,
31. Sa fermeté après la
(lui oommandoit a tous les peuples défaite do Cannes t sa oonduita sin-
du l'univers, 0" N'empâohoitpas les gulière à l'égard do Térontlus Var*
vaincus do so gouvornor par leurs l'on, 32, Sa profonde politlquo, 49,
lois, 63. N'acquiert pas de nou- Sa oondulto avoo le pouplo, 71. Son
velles foraes par les conquétos de avilissement, 00. Après la mort de
Po'mpdo, 68. Ses divisions intes- César, confirme tous les actes qu'il
tihos, 08 ot suiv, Exccllonoo do son avait faits, 100. Aocordol'amnistia à
gouvernement, en ce qu'il fouruis- son meurtriers, 100. Sa basBo servi-
solt los moyens de corriger los obus, tude sous Tlbèro ! cause do ooltè
75, Il dégénère en anarohio t par' servitude, 119, Quel parti Tibère en
quelle raison, 80. Sa grandeur causa tlro, 130. No peut so relovor.de son
sa ruine, 82, N'avolt cessé de s'a- abaissement, 131,
grandir, par quolquo forme do gou- Sonnent, Los Romains on étalent ralt-
vernemont qu'ello eut été régloi 82, gioux observateurs, 6, 83, Los Oroos
Par quelle voie on la pcuplolt d'ha- no l'étolont point du tout, 83, Los
bltunts, 115, 110, Abandonnée pur Romains devinrent, par la suite,
«os souverains, doviont indépen- moins oxaots sur cot nrtiolo, 88, 84,
dante. 180. Causo de sa destruction, Siiviinn (l'emporour), Défait Niger et
181. Albin, BOB compétiteurs a l'empire,
HoMui.ua, Toujours en guerre aveo sas 138, Gouverné par Plautlon, «ou
voisins, 2. Il adopte I usage du hou-' favori, 130, Ne peut prendre la villa
aller subln, 2, d'Atra an Arabia t pourquoi, 140,
Rubteon. ïïlouve de la Gaule Cisal- AmaBBo des trésors Immenses I par
pine, 01. quelles voles, 143, LalsHe tomber
VAMJK ANALYTtQtfi 230
dans lo relâchement la disoipllno TuâononA (l'Impératrice) rétablit lo
militaire, 145. oulle des imagos détruit par las ico-
Soldais, Pourquoi In fatigue les fait noclastes, 200.
périr, 11, Co qu'una nation en four- Tin'ionosn t.n JHUNK (l'emporourj. Avoo
nit à présont, ce qu'ollo on fournls- quollo insoloneo Attila ou parle, 173.
eoit autrefois, 17,18. Théologiens, Incapables d'aocordor ja-
Sto'icismo, Favorlsoit lo suicide ohoz mais leurs différends, 210,
les Romains, 100, Eu quoi tomps il Thessaliens, Assorvls par los Macédo-
(It plus do progrès parmi eux, 130. niens, 38,
Suffrages, A Homo, so rocuetlloiont Trasimèiie (batnlllot du). Porduo par los
ordinairomant par tribus, 75, Romains, 31,
Suicide. Raisons qui on faisaient, ehoz TtnÈitK (l'omporeur). Ktond sa puls-
las Romains, uno action héroïquo, saneosouveraine, 117, Soupçonneux
108. et défiant, 118, Sous sou emplro, lo
SYM.A. Exorcio sos soldats a des tra- sénat tomho dans un état do hnssossa
vaux pénibles, 14, Vainquour do qu'on no saurolt exprimer, 119. Il
MlthHdato, 66, Porto uno nttolnto ôto au peuple la droit d'élire los
I irréparable a la liberté romaino, 80. magistrats pour lo transporter a lui-
Est lo premier qui soit entré on mémo, 120. S'il faut Imputer a Ti-
armas dans Rome, 80. Futl'invon- bère l'avilissement du sénat, 121,
tour dos prosoriptions, 80. Abdtquo TITU (l'omporour), Fait los délioos du
volontairomont la dlotaturo, 87. Pa- puuplc rontnlii, 132.
rollolo do Sylla aveo Auguste, 113, TwK-Livii. Critique do l'autour sur la
8vi,vius (LATINUS). Fondntour clos villas façon dont oot historien fait parler
latinos, 9, Amiibal, 34,
SYMMAQUK, Sa lottro auxomporours Toscans. Peuplo amolli par les richesse*
sujet de l'autel do la Victoire, 171,nu et lo luxo, 8.
Sùm, Pouvoir et étouduo do cot em- TitAJAN (l'omporour), La prinoo lo plus
pire, 42 ot suiv. Les rois do Syrie aeoompll dont l'histoire ait jamais
ambitionnant l'Egypte, 43, Moeurs parlé, 133, Portrait do co prince i 11
et dispositions dos peuples, 44, fait la guerre aux Parthus, 134.
Luxe at mollesse do la cour, 44, Traité déshonorant, N'est jantes oxou-
sable, 46,
IT Tribies ( bataille de), Porduo par las
Romains, 31,
Tatmtint, peuple oisif et voluptueux, Triton amassés par los prlnoos, fit—
8, Descendus dos Lacédémonlous, 23, nostos h leurs successeurs t pour-
TAUQUIN. Gommont il monta quoi , 142. Trésors des Ptoldméos
sur lo
Irôno i oommont llrèguo, 3, Son dis apportés a Homo i offats qu'ils y
violo Luorcoo t sutto do cul attentat, produisirent, 157.
3, 4, Prinoo plus estimable qu'on Tribuns, Lour nréntlon, 70. Kmpo»
ne croit communément, 5,
.

Tartans (un peuplo do) arrête tes pro- reurs rovétus do la puissance dot
tribuns, 121.
groB dos Romains, 201, Tribus, Division du peuple par tribus,
Terres, Galles des valnous confisquées 75,
S ai les Romains au profit du peuple, Tributs, Romo ou ost déchargée, 144,
1
Cessation do oot usogo, 10. Ils sont rétablis a Rome, 144, No
,
Partogo égal des torres uhua les deviennent jamais plus nécessaires
anciennes républiques, 18. Gom- ,
quo quand un état s'affaiblit, 100,
-

mont, parsuaoosslon do lumps, elles Portés, par los empereurs, a un


rotombolont dans lus mains do,non excès intolérable 161), 170.
de personnes, 18, Ce partngo rétablit Trinité (par allusion à In), los ûroos

la rdpubllquo do Sparte, déchuo do sa
mirent on loto qu'ils dévoient avoir
son anaionna puissance, 11). Co trois empereurs, 202.
môme moyen tiro' Uomo do sou Triomphe, Sou origlno combien 11
t
abaissement, 20, »» Influa sur l'aecrolssomaut des gran-
Téaln (Journée du). Malhourouso pour deurs romaines, 2, A quai titra II
; lui Romains, 31 | a'ueoordolt, 6, L'usago du triompha
|
240 TABLE ANALYTIQUE
aboi! BOUS Augimto t par qtiolle rot- côtoyer les terres, 28. Depuis l'In-
aon, 118. vention do la boussole, ils voguent.
:

Triumvirat, Premier, 90, Second, 105, en pleine mor, 29,


TULMUS (Simvius). Compara à Henry VALBNs(l'omporeu.r), Ouvro le Dnnubo,
VII, roi d'Angleterre, 4. Clmonle suite do cet dvènembnt, 101,' 102.
l'union dos villes latines aveo Homo, Reçoit les Ooths dans l'ompiro, 162,
9, Divise le peuple romain par cen- Vlctlmo de son imprudente l'aoilito,
turie», 75, 75, 163, -.
I

Turcs. Leur empire a pou prfcs aussi VAI.BNTMBN. Fortifie los bords du
faible a promit qu'otoit oalul dos Ithin, 100. Essuie une guorro do la
Grecs, 310', De quello manière ils part dos Allemands, 104,
conqutrorit In Perso, 217, Ropoussds VAu'mtuN (l'amperour). Pris par les
jusqu'à l'Guphrato parlos empereurs Perses, 1")0, ''
grcoB, 218. Gomment ils fatsotent In VAtmoN (TénaNTius). Sa fuite bon-
guorro;nux Oroos, et par quols mo- touno,32.
tifs, 221, Eteignent l'ompiro d'O- Viits («loge do), 0,10.
rient, 222, Vélites, Go que o'otolt quo cotte sdrto
ryrai)$ (meurtre dos). Passolt pour do troupe, 10, ' ',
«no aotlon vortuoitao dnris les répu- Verts (.( biens, Fnotions qui dlvlsolont
bliques do Grôoo ot tl'ltnllo, 08, Quel l'ompiro (l'Orient, 188t Justlnien et
otolt leur sort a Home, 140, ddolaro contre bis vorts, 188.
.yrannic, La plus ornollo est oollo qui VUSPASIBN (l'empereur). Travaillât
s'oxoi'oo a 1 ombrojdos lois. 118, pondant son règne, a rétablir l'om>
pire, 132.'
V VITEM.IUS. No tlont l'ompiro que pou
do temps, 132. ,
Union d'un corps politique t en quoi 'Cliques. Peuplo belliquoux, 8, 10.
ollo consiste, 81,
se

Zama (bntnillo do). Oagnfio par los


Vaisseaux rtwdicns, Autrefois les plus Romains coutro los Gniijiaglnols, .T).
estimas, 17. ZÛNON (l'empereur), l'orsjndu Thdodo»
Vaisseaux, Autrefois no faisoiuut que rlo d attaquer l'Itallo, 178.

TABLE DES NOTES 1

Arlrt diurnti, 100-4. Alexandrie, sous las Ptolomdos. 97*4,


Affranchissement, 11B-3, Alliis, 63-3,
Ayer oceuutitoriui, 18-4. Ambitus, 111-8.
Ager publiais. 0-3. — 18-4. Amiibnl, h fJnpouo. 32-2, —83.1,2,
A^rU'itltme, 15(1-2, Annonae aura, uraofeetux, 160-3.
Agrippa, 107-2. Apothéose impériale. 103-1.
Amman), lfi't-1. Annie romaine, Réformes do Camille

1. Cotte table ronvolo aux notes,.qnl ont paru los plus utllos i\ oonsulto),|
soit qu'elles complotant pu rectillent les apprdulatlons do Montesquieu, suit
qu'elles ronfortnont dos détails Importants au point do vuo de l'hlstoiiâ 11
dus Institutions, La premier chiffre Indique la page, le second lu non, '
TADLIJ DUS N0T1Î8 241
9-6, Recrutement ot effeutlf, 15-2.— D/«M«, Son tomplo 'l'Aventin, 9-3.
! sur
70-4, HéformoB do Marlus,77-3. Su Dieux indigèles, \l%-\,
composition,140-3,— 105-4. — 170- DU mânes, 10-13. '
1. Armement, 107-2. Diplômes militaires. 101-3.
/fc.7« (droit d'). ?00-a. Distributions do blé, 150-3.
Astrologi» etastronomie. 107-2. do terros aux
, 'Atrin\n, 103-2. — votent n».
131-4,
.;')" AUtn, 175-2.
:

Divinités , romaines, 141-5 142-1.


.Auguste* et Césars, 161-3. Donatlva, 132-1. —
Vii/reus, 143-1, Drachme, 148-1. *
'} Auxilia, 140-3. 165-4. — 107-4. /W< (/W/e. 200-2.
Avu)s. 187-2. —
Droit do cité, Son extension. 70'3.
Barbares dans lu» nrmoCB romaines, AVttd. 5-3,
105-4. Loui'B dispositions ill'éKarddo alertions, Montra électorales,
Home î leurs onimosiles, 170-1. 00-1.
181-2. — Eloetlons validées par lo sénat, 72-
; déférées nu oollogo dos nuuuios,
1
Bas Empire, 222-3. 72-1. Proclamation
Belisaite, 180-3. dos élus, 120-4.
(V, Comices,)
/WtfHC 110-3. Empereurs d'Orient, 100-3,
*/(/«. 5-4, — 131-3, Enceinte de Borne. 1655.
Camille, SOB réformes militaires, 0-0, Upleure et Epicurismc, 83-1,
Camps permanents, 135-1, Etats de l'Eglise. 25-2.
Candidats, 120-3.
CV*.) <m<*. 74-4,
- 77-1.
Fédération latine, 78-4.
Carthnge. Sa puissimco, 22-4. Son gou- Feu (/régeois. 214-2.
/'7s<v08-l.
vernement, 22-4. — 24-1. — Ses Flottes flottilles
divisions, 23-2. — 34-1. et pornianoutos, 117-1,
Castor et J'oltux (lomplo de). 0-4. Frank». 104-1.
Cattut stutlvu, 135-1. FrUmentattons, 150-3,
— 110-1. Funérailles, 102-1.
Cavalcilo romnlno. 11-2. — 28-1.
— des ulltÔB et dos auxiliaires. Garde prétorienne, 140-3, lt>2-2.
107-4, —
Gaulois,Leurs luttes oontro Homo. 21-
Censuie, 73-1. 1,2.-25-3.
Centuries, 74-4. Gladiateurs (combats do) abolie, 160-
Césars ot Auguste}, 151-3. 3.
Chemins dn Char, 15-3. (lladius htsptmus, 1(1-7,
Chevaliers, 73-4. Gratifications aux soldats, 132-1,
Civttus sine su/fraglo, 53-2. Guerre sociale, 70-2.
Civitatts fwderatae, litioiae, stlpendlarlae,
53-2. llastali. 11-2, — 414,
Classes, 74-4. Homme nouvcau.12-4,
Clientèle, 110-4. Huns, Lour origine 101-2. Après In
' Cloacaitaxima, 4-2. mort d'Attila, 183-3.
Code de Justinteii, 180-4. tmperlum, 124-4.
Coercition, 70-3, Intervessto, 7o-3.
Comices ccutttriates et tributs,1\-'A, Interrègne, 3-3,
CommeMum, 78-4,'
Concilia plebis, 70-3, ./«iv/to.9 i/o CrW. 102-2.
(?OM#/, 104-3. ,/ctw de la Grèce, 48-2, 127-2.

Juifs* Leur Irnllô nveo Homo, 52-5..
Connublum, 78-4,
Constantin, 158-3, 160-3, Jux uuxllli. 70-3,

ConttiU. 5-2, 3. — 00-1. — edlcendi, 70-3.
Corbeau, 17-1. — ««HCH»I. 78-4.
, £7o«i- impériale do Dloitlôtion.
154-1, — irtirt. 78-4.
"Croisades, 217-5. Justinlen, 187-1,
GryptoportiqM, 128-3. A7i«/rf/d, 213-3. '
bmarius, 83-0, Lararium, 103-2.
242
tABLl! .DES NOtEff
Largltio. 111-3. /
Plébiscites. 70-3.
Latifundia. 18-4.
/
Postai, 108-2. *

.
Latins. Leurs sacrifices
2.
, . ,
communs, 0- //•/«//"o/ 5-3.
Praeda.
"
Légion. Son/effectif, 11-2, / de Rome. 116-1.
.
— -4.
107-4.
'Son ordre de bataille, 41-4. Gamnoo /
Préfets du prétoire. i&2-3,
aux frontières, 135-1. poo l
Préteur. 5-3.
Lèse-majesté, 117-4. /
Principes. 11-2.—41-4,
Lettre de change. 108-2, , /
Prisci Latini.-9-i, '
/
Procurateurs. 120-1. 128-7.
Levées de troupes. 16-2.
Liber, libertimis. llM. — 70-4. /
Procuratio renirn prlvatarum, 142-3,
l
Publicains, 171-2.
Libertés municipales, 61-2,
Liburn'es, 20-4,
i •

//
Puissancepaternelle, 125-4.
Pyrrhus, 21-3. "
Ligué étolienne ot ligue aehéenne, iït-i.
M
| item rf«
I
Quaestiones
raison, 101-1, ' ï .. perpetuae, 111-3,
£i'wa d'or BOUS l'cmplro, 174-7 ', Quaestor propraetore, 47-1,
' Livre romaine. 12-4.

^5
Questeur, 6-3, l
LoicuriaU. 84-1.
IOM I/H/('« ot Plautia Papiria
ii
Raison (livras do). 101-1. '
droit do oltô, 70-3. sur lo Renmttiatio,
./? 120-4,
Lois Liciniennes. 72-3. Responsabilité
R de/> magistrats. 79-4,
Retraite
R (pension do) faits aux soldats
Magister offieiorum. 154-1, 104-3. •]
Magistrat de l'interrègne, 3-3, "„
Rubicon, 01-3. '
Magistrats curules, (10-3. Sab'nis,
ordinaires. 6-3. J( Lour origine, leur oaraotère,

Jl/aniufdtoux), 103-1.
Mamtbtae. 5-4,
Marc-Attrcle. 137-1,
Marins, Sos réformes mllitalros, 77- 77-
Sacrosancta potestas, 70-8.
J(
5,
SeHn
Si
r«mf/«. 00-3.
iftnal.
.'*'•.
Ses pouvoir» sur,les élections,
3. 72-1. Gardien de la Constitution,
Mercenaires dans les armée» romalnos, 118-3. >

140-3. —105-4. os, Service


£1 militaire, 85(8. .

JI/.'W«, militaire, 12-3»


Servius,
S, Sa popularité, 4-1,
Mimicipcs, B3-2, £
Sesterce, 8.3-0.
/ Socii
tf, Ilulici, 53-2.
Ma. 180-1, £'
Solde hlipendium). 7-2.
~ 148-3,
AM/MS«. 72-4.. £5WMw. 174-7.
JVom«i latinum. 53-8,'
"
Stoïciens. 130-2, / .
iVo/e d'infamie, 74-2. •fytVn,
y.
!
Ses réformes, 8f-l.
0/tt (tomplo d'). 101-3. 7W«Mi. 354.
.
Ornements triomphaux. 113-3, rw«j
Y, a/fermées
(
par l'Elat, 18-4.
I
Testament
7\ d'Auguste, 144-0,
Païens. Etymologlo do 7V<I/<M. 133-1.
co mot, 101-6.
Palatin (mont), Elymologlo, 1-3, "'
B »,'
Trente
',' Tyrans Romains. 160-3,
Panii gfadilit. lbO-B, ' Trésor enrichi par la coiiquûlo. 50-8,
,(,'
Panthéon d'Agripp». 107-2. 'Vrinril.
'£' 11-9, — 41-4,
Partage des terres, 18-2, Tribtnmlccmtéi'i aux (imporeurs,
i,' . 121-J,
Patriarches do Coimtontlnoplo, 200-1, . -'
Tribune à Athènes. 38-4,
Patriciens. Leur pulssanoo, 08-6, ','
7V/&IM*. 0-8, — 70-B. .
..,,"''
Pmiaitole, 47-1. 7W«w.
*/ 74-4. — 80-3.
Perdueltio, 117-4. £'
Tribmiimexcensu, 144-3.
Phalange macédonienne. 41-8, Triomphe. Ses* conditions, 0-4. Le»
*'
/>///«£«. fl-2, éoriloauxj 07-4, V.
Plébéiens. Au sénat, 71-1. Leurs
quotas volittquos, con-
ii- ft
Vètites, 11-2. — 41^C»^>>^
72-3.
,. M i'-

MAÇON, PHOTAT PllfeliBB. IMPMlMËtmsï

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