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UNIVERSITE CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE


FACULTE DE SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
MASTER 1 DROIT DES AFFAIRES

DROIT DE LA CONCURRENCE.
THEME : LE JUGE DE LA CONCURRENCE ILLICITE

PRESENTE PAR :. BENGONE IV JORDANE ARVYS


. FOKA MENAMTE BRUSIL KELLINE( chef de
groupe )
. MBIDA BOUT THÉRÈSE JOHANNE
. NDZIGUI BABAN VICTOIRE THERESE
. NGASSIA KADESSOU TOUSSAINT
. SEUWOUO KAYEU AARON
. SOUSSE OUANGA

ENSEIGNANT : DR BATOUAN BOUYOM


JOSEPH-ALAIN

Année académique 2021-2022


De nos jours, à l’ère de la mondialisation, les échanges se font de plus en plus
fréquents et entrainant de ce fait une hausse des activités commerciales, ce qui consacre le
principe de la liberté de commerce. Par ricochet, la multitude d’échanges commerciaux
permet l’existence de la concurrence, et pose ainsi le principe de la libre concurrence
comme une réalité affirmée. Toutefois cette liberté se heurte à des pratiques qui entravent
sa saine émulation, qualifiées sous le nom de concurrence déloyale, ce sont des pratiques
anticoncurrentielles mais qui sont régies par des textes. Aussi, il existe une deuxième
catégorie de pratiques néfastes au principe de libre concurrence, désignées sous le nom de
concurrence illicite. La liberté de commerce est une réalité de plus en plus affirmée et c’est
ainsi que les entreprises tendant à se développer se retrouvent la plupart du temps dans des
situations dites de concurrence. Bien que la concurrence soit assez réglementée tant sur le
plan national que sur le plan communautaire, certains commerçants dans l’optique de faire
fructifier leurs entreprises procèdent à des pratiques de concurrence déloyale et d’autres
vont plus loin en procédant à des pratiques de concurrence illicite. C’est dans ce sens
qu’intervient le juge de la concurrence illicite qui a pour mission de sanctionner ces
pratiques anticoncurrentielles.
La concurrence illicite est donc définie comme tout acte contraire aux lois, décrets,
règlements ou usages commerciaux et modifiant les conditions normales de la concurrence.
Des lors, le juge de la concurrence illicite est donc cet organe qui est compétent pour
trancher les litiges d’ordre concurrentiel.
Au regard de la réglementation sur la concurrence , les justiciables subissant des pratiques
anticoncurrentielles peuvent intenter des actions en justice.
De ce fait, quelle est la juridiction compétente en matière de concurrence illicite ?
Ce sujet revêt un intérêt à la fois théorique, car il permet de mieux cerner la notion de
concurrence illicite et pratique dans la mesure où il nous permet de savoir comment réagir
face à des actes de concurrence illicite
Répondre à notre interrogation sur le juge de la concurrence illicite reviendrait donc dans
un premier temps à parler des juridictions nationales (I) et dans un second temps des
juridictions communautaires (II).
I / les juridictions nationales

Sur le plan national, la réglementation de la concurrence est organisée par la loi


Camerounaise du 14 juillet 1998 fixant le régime de la concurrence. C’est cette loi qui crée la
Commission Nationale de la concurrence dont la composition et les modalités sont fixées par
voie réglementaire.
Du fait que les pratiques de concurrence illicite découlent des relations civiles et
commerciales, on ne saurait écarter les organes judiciaires qui sont dès lors compétents
pour des questions de concurrence illicite.
Dans les juridictions nationales, nous pouvons donc évoquer la Commission Nationale de la
Concurrence ( A) et des juridictions de droit commun ( B).

A- La Commission Nationale de la concurrence


D’après la loi n•98/013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence en son article 22, La
Commission Nationale de la Concurrence est un organe rattaché au Ministère chargé des
problèmes de concurrence ayant pour missions :
- d’examiner et d’émettre un avis sur toutes les questions relatives à la politique de la
concurrence au Cameroun notamment, sur les projets de textes législatifs et réglementaires
susceptibles d’influencer l’exercice de la concurrence sur le marché intérieur ;
- de rechercher, contrôler et, le cas échéant, poursuivre et sanctionner les pratiques
anticoncurrentielles définies dans la présente loi ;
- d’apporter l’expertise et l’assistance nécessaires à la prise des décisions de justice en
matière de concurrence.
La commission nationale de concurrence a été créée en 1998 mais n'a été effectivement
mise en place qu'en novembre 2006. C'est la police chargée de concurrence au Cameroun.
En effet, elle est compétente pour connaître de toutes les pratiques anticoncurrentielles,
entendues comme pratiques ayant pour effet, d'empêcher, de fausser ou de restreindre de
manière sensible l'exercice de la concurrence sur le marché intérieur. Il s'agit de toutes celles
principalement énumérées par la loi relative à la concurrence autant que de celles réprimées
par celle régissant l'activité commerciale.
La Commission, outre le pouvoir d'auto-saisine, est ouverte à l'actio popularis. Elle peut être
en réalité saisie par toute personne physique ou morale, publique comme privée, qui
s'estime victime d'une pratique anticoncurrentielle, ainsi que par tout organisme ou toute
administration concernée. La Commission est saisie par une requête adressée à son
président. Elle se réunit aussi souvent que les circonstances l'exigent et au moins deux fois
par trimestre sur convocation du président.
Les pouvoirs de la Commission, au regard de la loi, sont d'une double nature. La Commission
détient un pouvoir de décision et un pouvoir de sanction. En termes de décisions, la CNC, à
travers ses résolutions, peut émettre des injonctions de mettre fin aux pratiques incriminées
conformément à l'article 13 (2) du décret. Pour ce qui est des sanctions, l'article 13 prévoit
que la Commission peut donner des amendes prévues par les articles 27 et 28 de la loi
n°98/013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence197. Ces injonctions peuvent également
être assorties d'astreintes ou du paiement des dommages et intérêts, suivies de la
publication des résolutions de la Commission dans les délais du recours dans deux journaux
nationaux à fort tirage et par voie de radio, aux frais du contrevenant. Le recours contre les
décisions du Comité peut être, le cas échéant, fait en appel auprès du Tribunal de Première
Instance ou de Grande Instance sans effet suspensif de l'exécution des résolutions de la
Commission.
La Commission Nationale de la Concurrence est également compétente lorsque les effets
des pratiques concurrentielles causés par des entreprises situées hors du territoire national
se font sentir sur le marché intérieur, sous réserve des accords et traités liant le Cameroun
aux pays d’accueil desdites entreprises.
 Cette commission agit comme un gendarme pour que les règles présidant le marché
intérieur soient observées avec une grande attention. C’est un organe rattaché au ministère
en charge de la concurrence qui dans le contexte Camerounais est le ministère du
commerce.

B- Les juridictions de droit commun


Les juridictions nationales de droit commun connaissent des recours contre les décisions
rendues par les autorités nationales de la concurrence ( article 24 du Règlement CEMAC
relatif à la concurrence).
Ces juridictions agissent à la fois sur le plan administratif, civil, et pénal.
S’agissant des juridictions civiles, lorsqu’il s’agit de pratiques anticoncurrentielles, en matière
de concurrence illicite, le lieu où se rendre afin d’obtenir réparation est la juridiction civile. Il
s’agit ici du tribunal compétent pour connaitre des litiges dans le domaine de la concurrence
illicite, lorsqu’on souhaite obtenir réparation du préjudice subi par la partie adverse. Le
fondement de la réparation ici sera l’article 1382 du Code Civil qui dispose : « Tout fait
quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer ». Les dispositions de cet article vont conduire à une réparation par le
concurrent fautif en dommages et intérêts pour le préjudice subi, ainsi qu’une injonction de
mettre fin aux pratiques incriminées et éventuellement une astreinte, au bénéfice du
concurrent victime (article 24 Loi N° 98/013 du 14 Juillet 1998 relative à la
concurrence). D’après les textes portant règlementation et contrôle des pratiques
contractuelles anticoncurrentielles dans les pays de l’espace OHADA, les organes judiciaires
sont des tribunaux de droit commun, c’est-à-dire les tribunaux de l’ordre judiciaire ou
administratif appelés à connaitre entre autre des recours contre des décisions rendues par
les commissions de concurrence ou les autorités ayant compétence en matière de
concurrence.  
Concernant la juridiction pénale, il s’agit ici du tribunal compétent en matière de
concurrence illicite, mais qui, contrairement à la juridiction civile qui condamne à la
réparation du dommage, elle, va sanctionner les actes de concurrence illicite au travers de
peines et amendes. D’après l’article 27 de la loi N° 98/013 du 14 Juillet 1998 relative à la
concurrence, les personnes qui posent des actes de concurrence illicite sont passibles d’une
amende égale à 50% du bénéfice ou à 20% du chiffre d’affaires réalisé sur le marché
Camerounais au cours de l’exercice précédant l’année durant laquelle l’infraction a été
commise. En cas de récidive, l’amende visée à cet article est doublée (article 28). D’après
l’article 30, lorsqu’une pratique anticoncurrentielle concerne plusieurs entreprises, les
amendes visées aux articles sus cités sont calculées pour chaque entreprise ayant pris part à
l’infraction. L’application des amendes peut s’appliquer aux infractions qui ont cessé de
courir (article 29). 
En matière administrative, les autorités compétentes sont les commissions ou conseils de
concurrence, leur particularité est qu’elles cumulent très souvent des pouvoirs d’enquête,
d’instruction et de sanction. Il existe également d’autres organes et personnalités tels que :
fonctionnaires de l’administration des prix, de la douane, de la direction générale de la
concurrence et de la consommation, des officiers de police judiciaire, des experts. Le
ministre de tutelle (de l’économie, du commerce selon les cas) peut dans certains cas avoir
des compétences propres.

II/ les juridictions communautaires

Au niveau communautaire, les organes compétents pour les litiges d’ordre concurrentiel
sont présentés dans Le Règlement n°1/ 99 /UEAC/CM/639 du 25 juin 1999 portant
réglementation des pratiques commerciales anticoncurrentielles tel que modifié par le
règlement n° 12/05 –UEAC-639 du 25 juin 2005 et le Règlement n°4/99/UEAC/CM/639 du 18
août 1999 portant réglementation des pratiques étatiques affectant le commerce entre les
Etats membres.
Dès lors, nous pouvons évoquer la Commission de la CEMAC (A) et la Cour de justice de la
CEMAC ( B).

A- La Commission de la CEMAC
La commission de la CEMAC collabore avec les autorités nationales et applique le droit
communautaire lorsque les pratiques en cause ont pour objet ou pour effet de restreindre,
d’empêcher ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du territoire national.
Elle est substituée au Secrétariat Exécutif. Outre ses compétence en d'autres domaines, elle
est investie, en matière de concurrence, du pouvoir d'enquête et d’instruction et surtout du
pouvoir de sanction. Celui-ci consiste, après enquêtes et instruction, à adopter une décision
formelle condamnant ou non la pratique incriminée.
Lorsque la Commission estime, sur la base des documents en sa possession qu’il n’y a pas
lieu d’intervenir à l’égard d’une décision, d’un accord ou d’une pratique en vertu des articles
3 et 16 du Règlement n° 1/99, elle doit délivrer une «attestation négative» aux entreprises
incriminées.
Par contre, lorsqu’il y a effectivement une atteinte sensible à la concurrence, elle doit
prendre une décision établissant l’infraction et prononçant une sanction (nullité, amendes,
dommages-intérêts) éventuellement assortie d’une injonction qui permet efficacement de
mettre fin à la pratique anticoncurrentielle. La Commission a également le pouvoir de
délivrer des exemptions individuelles.
La Commission peut déclarer irrecevables, les saisines qui lui sont adressées lorsqu’elles
n’entrent pas dans le champ du Règlement ou lorsqu’elles ne sont pas accompagnées
d’éléments suffisants. Elle peut prononcer un non‐lieu à poursuivre la procédure lorsqu’elle
considère au terme de l’instruction que les faits ne sont pas avérés. Elle peut ordonner aux
entreprises concernées de mettre fin aux infractions, par injonction, assortie le cas échéant
d’astreintes, dans un délai imparti. Les sanctions sont déterminées individuellement et pour
chacune des entreprises lorsque plusieurs sont concernées. Il peut être tenu compte de la
coopération de l’entreprise à établir la réalité de la pratique prohibée ainsi qu’à l’absence de
contestation de sa part.

B- La Cour de justice de la CEMAC


Le Traité de la CEMAC a créé intialement une Cour de Justice communautaire composée de
deux chambres : la Chambre de Justice chargée d'assurer le respect du droit dans
l'interprétation et dans l'application du Traité et des Conventions subséquentes par les États
membres, les institutions et les organes de la communauté,et la Chambre des comptes
chargée du contrôle des comptes de la CEMAC.
Elle est composée de 13 juges élisant parmis eux un président assisté de deux juges élus
présidents des chambres. Le premier président a une fonction de représentation de la Cour
de justice.
Les articles 106 à 110 du règlement CEMAC évoquent le rôle de la Cour de justice
communautaire CEMAC. Cette Cour connait essentiellement du recours contre les décisions
de la commission de la concurrence. Elle rend une décision en annulation ou en réparation.
Il ressort également des articles 23 et 31 du Traité révisé de la CEMAC de 2009 que la Cour
est juge en appel et en dernier ressort des recours formés contre les décisions rendues par
les organismes à compétence juridictionnelle.
Or, la Commission de la CEMAC, en matière de concurrence exerce des compétences
juridictionnelles puisqu'elle prononce des sanctions.
Ces recours sont faits par les entreprises, les associations ayant été dûment agrées, les
commissions nationales, etc. dans un délai de deux (2) mois. Ces recours ne sont pas
suspensifs mais, cependant le président de la cour de justice peut prendre des mesures
comme le sursis à exécution en vue d’atténuer ou d’éviter les conséquences dommageables
ou excessives d’une décision. 
Toutes les demandes en réparation des dommages causés par les pratiques illicites de
concurrence sont portées par devant la juridiction nationale et aussi la juridiction fixe les
amendes et les astreintes en statuant avec pleine juridiction.
Avec ce rôle qu’elle joue en dernier ressort, la Cour de justice CEMAC a certainement des
devanciers en matière de litige contractuelle.
La procédure devant la Cour appelée à connaître des questions de concurrence est celle de
droit commun; le contentieux de la concurrence ne présente aucune particularité sur le plan
procédural.

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