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Introduction
Le droit pénal général est une subdivision du droit pénal. Nous verrons la définition juridique
du droit pénal et le fondement théorique du droit pénal.
I. Définition du droit pénal
Le droit pénal peut être défini comme l’ensemble des règles de droit ayant pour but la
sanction des infractions. Il incrimine et sanctionne les comportements qui portent atteinte à
l’organisation de la vie sociale et aux valeurs essentielles de la société. Ces comportements
peuvent épouser des formes diverses à des degrés différents. La loi définit strictement chacun
de ces comportements considérés comme contraire à l’ordre social, à la sécurité publique ainsi
que les sanctions. C’est l’application du principe de La légalité pénale selon lequel « Il n’y a
pas de crime il n’y a pas de peine sans loi ». Du point de vue juridique, le droit pénal
général peut être considéré comme l’étude du phénomène criminel i.e. l’étude des
comportements considérés comme contraire à un ordre social donné.
II. Le fondement théorique du droit pénal
La société éprouve le besoin de sanctionner ceux qui ne respectent pas les normes qu’elle
édicte. Il y a lieu de se demander le sens que la société donne à la peine. Les réponses à cette
préoccupation peuvent être différentes selon que l’on adhère au libre arbitre ou au
déterminisme. Mais de façon générale, la peine remplit plusieurs fonctions parmi lesquelles
on peut citer la fonction moralisatrice, la fonction dissuasive et la fonction afflictive.
Concernant la fonction moralisatrice, la loi considère que le délinquant a délibérément choisi
d’enfreindre la loi et le délinquant doit être puni parce qu’il a connu une faute qu’il doit
expier.
Quant à la fonction dissuasive, on considère que la peine remplit cette fonction parce que
l’existence d’une peine constitue une menace de nature à dissuader celui qui se trouve
confronter à la ternative de commettre une infraction punie d’une peine ou de respecter la loi
et de s’abstenir.
Quant à la fonction afflictive, la peine a pour but de punir, de sanctionner et selon la définition
même du droit pénal. Il est défini comme ensemble des règles de droit ayant pour but la
sanction de l’infraction.
III. Les subdivisions du droit pénal
Il existe des subdivisions à l’intérieur de cette discipline. Ainsi le droit pénal est divisé en
plusieurs branches parmi lesquelles on trouve le droit pénal spécial, le droit pénal des
affaires, la procédure pénale et le droit pénal général.
A. Le doit pénal spécial
Le droit pénal spécial établit un catalogue d’infractions. Il étudie les différentes incriminations
et des sanctions applicables, infractions par infractions. Il définit les différentes catégories
d’infractions mises en place par le législateur. Ces différentes catégories d’infractions sont :
les infractions contre les personnes, les infractions contre les biens, les infractions contre
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la nation, l’Etat et la paix publique, toutes les contraventions de la première à la
cinquième classe.
B. La procédure pénale
La procédure pénale est destinée à mettre en œuvre le droit pénal en définissant les règles
applicables à l’organisation, à la compétence des juridictions et au déroulement du procès.
Ainsi la procédure pénale peut se définir comme l’ensemble des règles relative à la poursuite
et au jugement des délinquants devant les tribunaux. Elle constitue une sorte de trait d’union
entre l’infraction et la sanction et porte sur l’étude des opérations qui vont se dérouler entre le
moment où les faits délictueux ont été commis et le moment où le délinquant va exécuter la
peine infligée en cas de condamnation. En principe il n’y a pas de droit pénal sans procédure
pénale à la différence du droit civil où les règles de droit peuvent s’appliquer en dehors de
toute implication de la procédure civile.
C. Le droit pénal des affaires
Le droit pénal des affaires est un droit pénal spécial appliqué aux affaires. La recherche et le
jugement des infractions économiques et financières seront le domaine de prédilection du
droit pénal des affaires. Le droit pénal des affaires aura comme source le code pénal et tous
les textes qui régissent la matière en droit pénal des affaires.
D. Le droit pénal général
Le droit pénal général édicte les règles communes à toutes les infractions et les règles
communes de fixation des peines. Il fixe les règles générales de la responsabilité pénale dans
ses tenants et ses aboutissants.
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1ère partie : L’infraction
L’infraction peut être définie comme un comportement positif ou négatif, une action
ou une omission dont la loi frappe l’auteur d’une peine au cours desquelles elle lui impose
une mesure de sureté. La définition juridique de l’infraction implique donc l’étude de ses
éléments constitutifs ainsi que la classification desdits infractions.
Titre 1 : Les éléments constitutifs de l’infraction
La commission d’une infraction engage la responsabilité pénale de son auteur et pour
que cette responsabilité pénale soit engagée en plus des conditions spéciales propre à chaque
infraction, les conditions générales doivent être remplies à savoir : les conditions d’élément
légal, d’élément matériel et de l’élément intentionnel.
CHAP 1 : L’élément légal de l’infraction
La légalité i.e. conforme à la loi. Ainsi la légalité de délit et de peines est un principe
fondamental du droit pénal. Selon ce principe de légalité « Nul ne peut être puni pour un
crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi ». Cela signifie que nul
ne peut être puni d’une peine qui n’est prévue par la loi si l’infraction est un crime ou un délit
ou par un règlement si l’infraction est une contravention. C’est la loi seule qui détermine ce
qui est infraction et les peines qui sont applicables. A contrario, ce principe implique que le
juge ne peut pas créer d’infractions ni infliger des peines non prévues par la loi. La loi doit
indiquer ce qui est interdit et ce qui ne l’est pas et les sanctions qui s’attachent aux
comportements interdits. C’est pour cette raison que le principe de légalité est considéré
comme un rempart contre l’éventuel arbitraire du pouvoir. Un comportement n’est punissable
que s’il est défini et puni par la loi. Et selon la jurisprudence « Commet un excès de pouvoir
le juge qui condamne un prévenu pour un délit qui au jour du prononcé du jugement
n’est plus prévu par la loi au nombre des infractions » (Cf Cour Suprême, arrêt n°26 et
27 du 29 Octobre 1968). Toute infraction doit être définie en des termes clairs et précis.
Ainsi, la loi détermine les crimes et les délits et fixe les peines applicables à leurs auteurs. La
loi dans le sens strict désigne les textes édictés par le pouvoir législatif. On entend donc par
loi une règle écrite, générale, permanente élaborée et votée par le parlement. Elle constitue
donc la principale source du droit pénal. Elle seule définit et réprime les crimes et délits.
Dans le sens large du terme, la loi englobe aussi les actes qui émanent du pouvoir
exécutif. En effet, les contraventions sont établies et punies par un décret du pouvoir exécutif.
Il s’agit à ce niveau des règlements qui déterminent ces contraventions. La définition de la loi
dans son sens large indique donc que le droit pénal a d’autres sources en plus de la loi. Cela
implique non seulement les conflits de loi pénale dans le temps et dans l’espace mais
également le problème d’interprétation de celles-ci.
Section 1 : Les sources du droit pénal
I. La notion de la règle de droit
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La règle de droit est écrite. La coutume et les usages ne peuvent créer ni les
infractions, ni les peines. La règle de droit révèle trois formes à savoir : celle d’une loi, celle
d’un règlement et celle d’une convention internationale.
A. La loi, source fondamentale du droit
Deux catégories de disposition entrent dans la notion de la loi. Il s’agit des lois
proprement dites et certains textes émanant du pouvoir exécutif.
Les lois proprement dites sont votées par le pouvoir législatif. Ces lois se retrouvent
dans le code pénal divisé en deux livres. Le premier livre contient l’application de la loi
pénale, les peines et les mesures de sureté, la responsabilité pénale et des lois fédérées. Dans
le deuxième livre, on trouve les crimes et délits contre la chose publique, les crimes et délits
contre l’intérêt général et les crimes et délits contre les particuliers.
Concernant les textes émanant du pouvoir exécutif, certains ont une valeur de loi en
l’occurrence les décisions présidentielles prises en vertu de la constitution, les délégations du
pouvoir opérées par les nations en vertu de la constitution.
En tenant compte de tous ces textes, l’Art 17 exprime le principe de légalité en ces
termes « Les peines et les mesures sont fixées par la loi et ne sont prononcées qu’à raison des
infractions légalement prévues ». Ainsi en dehors de cette loi proprement dite, le pouvoir
exécutif peut jouer un rôle dans l’édiction du droit pénal par le biais des ordonnances et des
règlements administratifs.
B. Les règlements
Le règlement est la règle de droit de caractère général qui émane du pouvoir exécutif.
Il faut distinguer deux catégories de règlements : les décrets pris par le 1er ministre après avis
du Conseil d’Etat. Ces décrets peuvent édicter les incriminations contraventionnelles et les
peines correspondantes dans les limites fixées par la loi.
Les autres règlements sont pris par les autorités ayant un pouvoir de police (préfets et
maires). Ceux-ci (les autres règlements) peuvent compléter ou prévoir les incriminations mais
pas de peines.
C. Les traités et conventionnelles internationales
Certains textes ont une valeur supérieure à la loi. Les traités internationaux ont une
autorité supérieure aux textes nationaux et selon les dispositions de l’article 02 du Code Pénal
« Les règles de droit international ainsi que les traités dument promulgué et publié
s’imposent au présent code ainsi qu’à toutes dispositions pénales ». Le juge ne peut donc
pas appliquer les lois contraires à l’un des traités ayant une autorité supérieure. En d’autres
termes, les dispositions internes ne peuvent pas être appliquées lorsqu’elles sont en désaccord
avec un traité dument promulgué et publié.
II. La légalité de la règle de droit pénal
Le problème de droit qui se pose ici est de savoir si une personne poursuivie peut demander
au juge pénal de constater l’irrégularité de la règle de droit pénal qu’on veut lui impliquer ?
Trois situations se présentent :
- Le juge n’a pas le droit d’en apprécier la conformité, il ne peut que l’appliquer ;
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- S’il s’agit d’un règlement, la régularité d’un règlement peut d’abord être contrôlée par
voie d’action devant les tribunaux administratifs. Cette régularité du règlement peut
également être contrôlée par voie d’exception par le juge répressif lui-même car le
juge est autorisé à examiner la légalité du règlement avant de l’appliquer. Il s’agit de
la régularité formelle i.e. va vérifier la compétence de l’autorité qui a pris ce
règlement, il va vérifier ensuite le vice de forme, la violation de la loi, le détournement
de pouvoir etc. Si le juge conclut à l’irrégularité du règlement, il en écarte
l’application dans l’affaire en cours ;
- S’il s’agit d’une convention internationale ou d’un traité la personne poursuivie peut
soulever directement une exception fondée sur le traité afin d’écarter la loi interne. Si
le juge constate qu’il a contrariété entre le traité et la loi interne, il doit écarter
l’application de la loi interne.
Section 2 : L’interprétation de la loi pénale
Le passage de l’abstrait au concret de la loi pénale crée souvent des insuffisances et des
incompréhensions appelées vides juridiques. Le juge est donc appelé à rechercher le sens
exact de la loi afin de permettre une application correcte au cas qu’elle doit régir. Mais la loi
pénale obéit au principe d’interprétation stricte. Ce principe d’interprétation stricte est le
corollaire du principe même de la légalité. Ainsi le juge n’a pas le droit de créer des
incriminations et des peines. Il ne doit non plus élargir le texte pénal qu’il doit appliquer ou
bien l’étendre à des cas que le texte n’a pas prévu ou même dont le régime juridique relève
d’un texte particulier. Lorsque le texte est clair, le juge ne doit pas s’en écarter donc il y a
interdiction de recourir au raisonnement par analogie. Lorsque le texte n’est pas clair, le juge
doit en retrouver le sens exact et de faire prévaloir l’esprit sur la lettre.
Section 3 : L’application de la loi pénale
[La loi du 01 février 1915 condamne toute atteinte à l’intégrité physique de la personne
(coups et blessures) par un emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 100 000
à 500 000 XAF. Lors d’une bagarre, monsieur Brisetout blesse monsieur Portet à l’aide
d’une arme blanche le 06 juin 1916. Monsieur Brisetout est donc poursuivi devant les
tribunaux pour atteinte involontaire. Le 08 aout 1917, une nouvelle loi en abrogeant
l’ancienne loi et selon la disposition légale réprime toute atteinte à l’intégrité physique par
un emprisonnement de 15 à 20 ans et d’une amende de 600 000 à 1 million XAF. Les juges
saisis voudraient appliquer la nouvelle loi à Monsieur Brisetout. Monsieur Brisetout vous
saisit en tant que juriste pour demander l’application de l’ancienne loi
Ici, le problème juridique est : Peut-on appliquer la nouvelle loi à M. Brisetout alors que
son infraction a été commise sous le régime de l’ancienne loi ?
A ce titre, il y a conflit de loi dans le temps. (Il faut donc définir ce qu’on entend par conflit
de loi dans le temps en présentant le principe et l’exception s’il y en a).
Le plan se décline comme suit :
I- Principe de non-rétroactivité
II- L’exception].
Il s’agit ici de l’application de la loi pénale dans le temps et dans l’espace.
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I. L’application de la loi dans le temps
En principe, la loi pénale s’applique à tous les actes commis après son entrée en vigueur.
Inversement, la loi pénale ne s’applique pas aux actes commis et irrévocablement jugés avant
elle. L’application de ces deux règles débouchent sur un conflit de loi lorsqu’un acte commis
sous l’empire d’une loi déterminée n’a pas été jugé irrévocablement au moment où entre en
vigueur une nouvelle loi. On parle alors du conflit de loi pénale. Afin de résoudre ce problème
de conflit de loi pénale dans le temps, le législateur prévoit un principe et une exception. Le
principe c’est la non-rétroactivité de la loi pénale tandis que l’exception c’est l’application
de la loi moins rigoureuse.
A. Le principe de non-rétroactivité
Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale a été dans l’article 03 du code pénal.
Et selon cet article : « Ne sont pas soumis à la loi pénale des faits commis antérieurement à
son entrée en vigueur où ceux qui n’ont pas été jugés après son abrogation expresse ou
tacite ». Et selon la jurisprudence dans l’arrêt de la Cour suprême du 17 janvier 1961 « La loi
ne dispose que pour l’avenir et n’a point d’effets rétroactifs sauf exception prévue par la loi
elle-même ». Et dans l’arrêt du 04 mai 1965, les juges suprêmes décident que « Le juge ne
peut prononcer une peine que la loi ne prévoyait pas à l’époque où les faits ont été perpétrés ».
Le même principe de rétroactivité se retrouve également dans différentes dispositions
internationales en l’occurrence la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Il en
résulte qu’un acte non réprimé par la loi ne peut faire l’objet de sanction. Ainsi si une loi
intervient postérieurement à la commission d’un acte, elle ne peut s’appliquer en vertu du
principe de non-rétroactivité.
B. L’application de la loi moins rigoureuse
Selon l’Art 04(1) du Code pénal « Toute disposition pénale nouvelle et moins
rigoureuse s’applique aux infractions non définitivement jugé au jour de son entrée en
vigueur ». La loi pénale dispose également dans l’art 04(1) du Code pénale que « Si la
disposition nouvelle est plus rigoureuse, les infractions commises avant son entrée en vigueur
continuent à être jugées conformément à la loi ancienne ». Ainsi pour éviter l’arbitraire du
juge, le principe de non-rétroactivité ne s’applique que dans certains cas. Lorsque la loi
postérieure est plus favorable à la personne ayant commis l’acte réprimé, celle-ci peut
s’appliquer. Dans le concours de deux lois pénales, l’une ancienne sous l’empire de laquelle
une infraction punissable a été commise et l’autre nouvelle promulguée depuis la date de
l’infraction et avant que soit intervenu un jugement définitif on doit appliquer la loi nouvelle
si elle édicte une peine moins sévère. En définitive, une disposition pénale nouvelle ne
s’applique aux infractions non définitivement jugées au jour de son entrée en vigueur qu’à
condition d’être moins rigoureuse que la disposition ancienne sous l’empire de laquelle les
faits ont été commis.
II. L’application de la loi pénale dans l’espace
Il s’agit ici du principe de territorialité et celui de la compétence universelle de la loi
pénale.
A. L’application du principe de territorialité
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Cela concerne les infractions commises sur le territoire national. Selon l’art 07(1-2) du
Code Pénal « La loi pénale de la République s’applique à tous faits commis sur son territoire.
Sont compris dans le territoire de la République les zones territoriales et l’espace aérien au-
dessus de ce territoire et de ses eaux ainsi que les navires et aéronefs immatriculés dans la
République ».
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Une infraction consommée est un acte totalement accompli de façon irréversible ou
encore une omission en violation de la loi établie. Ainsi, l’élément matériel des infractions
consommées consiste soit dans un ajustement positif : infraction de commission ; soit dans un
comportement négatif : infraction d’abstention ou d’omission.
I. Les infractions de commission
L’infraction de commission suppose la réunion de trois éléments à savoir l’initiative physique,
le résultat et le lien de causalité entre l’initiative physique et le résultat.
1. L’initiative physique
L’initiative physique peut être définie comme l’accomplissement de l’acte d’exécution décrit
par la loi. Selon les cas, il peut s’agir d’un geste meurtrier. Il peut s’agir aussi d’une parole (la
parole de celui qui se rend coupable de diffamation) ou d’un écrit.
2. Le résultat
Le résultat est constitué par les suites des conséquences, les faits de l’initiative physique. Ce
résultat peut être tantôt matériel comme dans le meurtre tantôt immatériel comme dans la
diffamation. Le résultat peut aussi se traduire par un préjudice au détriment d’une victime.
Certaines infractions n’entrainent pas forcément un préjudice. Ex : les contraventions au code
de la route n’ayant pas engendré l’accident. Par ailleurs le résultat et le préjudice peuvent se
confondre. En principe, la responsabilité pénale est indépendante de l’ampleur du résultat. En
revanche, l’importance et le degré de gravité du dommage peuvent guider le législateur dans
la qualification de l’infraction.
3. Le lien de causalité entre l’initiative physique et le résultat
Le lien causal dépend de la théorie que l’on adopte. Deux thèses jurisprudentielles se
présentent à savoir : la thèse dite de l’équivalence des conditions et la thèse restrictive de la
causalité adéquate.
a. La thèse dite de l’équivalence
Lorsque plusieurs conditions ont contribué à la réalisation d’un dommage, toutes sont
considérées comme causales puisque si l’on en retire une seule, le dommage ne se serait pas
produit.
b. La thèse de la causalité adéquate
Selon cette thèse, on ne retiendra comme causal que les conditions dont il était dans la nature
des choses qu’elles produisent le résultat et non celles qui y ont contribué par suite d’un
concours de circonstances. Ainsi selon cette thèse, l’auteur d’un dommage indirect n’engagera
sa responsabilité que s’il a joué un rôle prépondérant dans la production dudit dommage.
La loi et la jurisprudence privilégie la thèse de l’équivalence des conditions.
[Le chauffeur de taxi X en violant le feu rouge bouscule le piéton Y qui se blesse. Arrivé à
l’hôpital aux urgences, le docteur Z consulte le patient Y et le met en observation en
donnant des instructions à l’infirmière B. l’infirmière B s’occupant plus de son téléphone
néglige le patient Y. Le cas du patient s’aggrave qui finalement décède. Les proches du
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patient Y vous consultent afin de poursuivre le chauffeur de Taxi. Envisagez les
responsabilités pénales en tenant en compte les trois éléments étudiés ci-haut.]
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Elle développe deux thèses : l’une objective et l’autre subjective. Selon la thèse
objective, il y a commencement d’exécution lorsque le comportement de l’agent correspond à
l’une des opérations matérielles figurant parmi les éléments constitutifs de l’infraction. Ex en
matière de vol, cela est constitutif de l’exécution le fait de poser la main sur l’objet convoité
ou encore de se livrer à une infraction.
Et selon la thèse subjective de la doctrine, il y a commencement d’exécution lorsque l’acte
accompli révèle la volonté de l’agent de commettre l’infraction. Ainsi sera constitutif de
commencement d’exécution le fait de tendre la main vers l’objet ou d’éprouver la solidité
d’une porte. La conception subjective est davantage préoccupée par la perversité de l’agent et
qui tend à exiger moins de matérialité dès lors que ladite perversité est décelable.
L’inconvénient de cette thèse subjective c’est la difficulté d’apprécier ni révocabilité d’une
intention.
2. La jurisprudence
La jurisprudence donne du commencement de l’exécution une définition mixte. Dans son
entendu de principe du 29 décembre 1970 la chambre criminelle définit le commencement de
l’exécution comme « L’acte tendant directement au délit accompli avec l’intention de le
commettre ». Et dans un autre arrêt du*** la chambre criminelle décide que le
commencement d’exécution peut être défini comme « L’acte devant avoir pour conséquence
directe et immédiate de consommer l’infraction ». Ainsi dans plusieurs arrêts, la jurisprudence
a considéré que constitue un commencement d’exécution :
- Le fait de suivre un encaisseur dans sa tournée
- Le fait de fracturer la porte ou de briser la vitre d’une voiture ;
- Le fait d’inspecter les alentours de l’immeuble à cambrioler et de***
Toutes les législations positives répriment la tentative, les unes s’inspirant de la
conception objective et les autres de la conception subjective.
B. Absence de désistement volontaire
Le désistement qui est le résultat d’une volonté libre de l’agent assure l’impunité.
Ayant commencé à exécuter, l’individu n’est punissable que s’il ne s’arrête pas à temps
volontairement. Donc la loi décide que l’agent, même s’il a franchi le seuil de commencement
de l’exécution échappera à toute sanction s’il s’est volontairement désisté. La question qui se
pose ici est de savoir quand est-ce que le désistement peut assurer l’impunité de l’individu ?
1. Le moment du désistement
Pour que l’agent ne soit éventuellement punissable, il doit se désister i.e. s’arrêter
avant la consommation de l’infraction. Une attitude plus ou moins noble postérieure à cette
consommation ne sera qu’un repenti tardif laissant intacte la responsabilité de l’agent.
Exemple : restituer la chose voler ou porter secours au blessé constitue un repenti tardif. Le
désistement doit intervenir avant que l’infraction soit consommée. Il est nécessaire de
déterminer le moment exact où l’infraction est consommée et ce moment diffère selon qu’il
s’agit d’une infraction matérielle ou d’une infraction formelle.
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Les infractions matérielles sont celles que seul un résultat consomme. Ainsi en matière
de meurtre, cette infraction est consommée quand le décès s’est produit de telle sorte que le
désistement est possible tant que le décès n’est pas intervenu.
Concernant les infractions formelles, celles-ci sont consommées indépendamment du
résultat. C’est le cas par exemple de l’empoisonnement. L’infraction d’empoisonnement
réside dans le fait de faire absorber à quelqu’un des substances pouvant donner la mort. Cette
infraction est considérée comme consommée dès que ce fait a eu lieu même si la mort ne se
produit pas. Si l’auteur de l’empoisonnement fait ensuite absorber à sa victime un contre-
poison avant que le décès ne soit survenu, cette attitude ne constitue pas un désistement
antérieur mais un repenti tardif.
En définitive, il faut que le désistement intervienne avant la consommation.
2. Le caractère volontaire du désistement
Pour que l’agent ne soit pas punissable, il faut en outre que son désistement soit volontaire
pour qu’il soit pris en considération. Le désistement doit reposer sur une cause interne que ce
soit le mobile, des remords, des peurs, de la pitié…L’agent reste punissable si son interruption
est due à une cause externe ou à un élément étranger à sa volonté. Ex : résistance de la
victime, l’arrivée de la police. Lorsque l’agent s’interrompt pour des raisons internes et
externes, la jurisprudence considère que la tentative demeure punissable. Ex donné par la
Chambre Criminelle du 15 mai 1946 « L’avortement interrompu à raison de la douleur
affligée par la patiente demeure punissable. »
C. L’intention coupable
Pour que la tentative soit punissable, il faut avoir l’intention de commettre l’infraction. La
tentative est donc inconcevable à propos des infractions non-intentionnelles.
II. La répression de la tentative
La tentative est punissable comme l’infraction consommée. Ainsi la tentative de crime ou de
délit est punie comme le crime ou le délit lui-même.
Section 3 : Les situations voisines de la tentative
Selon l’Art 94(2) du CP « La tentative est punissable alors même que le but recherché ne
pouvait être atteint à raison d’une circonstance de faits ignorés de l’auteur ». Ainsi nous avons
comme situations voisines l’infraction manquée et l’infraction impossible.
I. L’infraction manquée
Dans cette hypothèse, l’action criminelle n’a manqué son effet qu’en raison des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur. A la différence de l’infraction tentée, ici l’action
n’a pas été suspendue. Elle s’est développée en totalité mais l’acte ou les actes volontairement
accomplis n’ont pas procuré le résultat recherché par l’agent en raison par exemple de sa
maladresse ou de son étourderie. Ex : l’agent tire un coup de feu sur sa victime laquelle n’est
pas atteinte soit que le coup a été mal ajusté soit que la personne visée ait esquivé la balle par
un brusque mouvement du corps. Dans cette hypothèse, l’agent a accompli tous les actes qui
dépendaient de lui et n’a pas été arrêté en cours d’exécution.
II. L’infraction impossible
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Il y a infraction impossible lorsque le résultat n’est pas atteint et ne pouvait l’être. Deux
situations se présentent à ce niveau :
- Soit parce que l’objet de l’infraction n’existait pas. Ex : le voleur plonge la main dans
une poche vide ou encore le meurtre sur un cadavre. Ici l’infraction est irréalisable ;
- Soit parce que les moyens employés étaient inefficaces. Ex : empoisonnement par
administration de substances non toxiques ou encore le meurtre avec un fusil non
chargé.
Le résultat ici était objectivement impossible à atteindre. En définitive la jurisprudence
n’hésite pas à assimiler le délit impossible au délit tenté sans faire aucune distinction entre les
diverses sortes de possibilités.
[Monsieur X et Y, deux convoyeurs de fonds décident de braquer une banque. Pour mener
à bien ce projet, ils empruntent leur véhicule de service, se masquent et à la suite d’un plan
finement élaboré décident de passer à l’acte. Monsieur X dépose son collègue devant la
banque et l’attend. Monsieur Y entre avec une arme et à l’aide de celle-ci prend une vieille
femme en otage. Monsieur Z, vigile de cette banque qui rentrait chez lui après la garde est
informé de cette prise en otage. Avec son arme, il tire une balle dans l’épaule de monsieur
Y afin de l’immobiliser. Monsieur X s’étant rendu compte que leur plan a échoué prend la
fuite mais il est rapidement rattrapé par les services de BIR. Identifier les différents
éléments d’infraction.
En pénal on ne condamne jamais en bloc (procédure pénale). Dans ce contexte on étudiera
cas par cas.
- Monsieur X :]
Résolution des cas
- Cas de M. Y
Problème droit : M. Y peut être poursuivi pénalement pour vol tenté ? Après avoir défini ce
qu’on entend par tentative, il sied de rechercher si les actes de Y remplissent les conditions
de la tentative. Les conditions étant remplies, M. Y est de plein droit responsable pénalement
de l’infraction tentée.
- Cas de M. X :
Problème de droit : Peut-on engager la responsabilité pénale de M. X pour complicité d’un
vol tenté ? Pour ce faire, il faudra que les actions de M. X remplissent les conditions d’une
complicité en l’occurrence l’élément légal, l’élément matériel et l’élément intentionnel. Etant
donné que les conditions sont réunies, M. X peut être condamné sur le plan pénal pour
complicité de vol tenté.
- Cas de M. Z
Problème de droit : M. Z pour justifier son acte/suivi pour infraction de blessure peut
invoquer la légitime défense ? Après avoir défini ce qu’on entend par légitime défense, il sera
question d’étudier ses éléments afin de l’appliquer au cas d’espèce. Etant donné que toutes
les conditions sont réunies, M. Z peut aisément invoquer la légitime défense pour justifier son
acte.
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CHAP 3 : L’élément moral
L’élément moral est nécessaire pour le comportement du délictueux lui soit imposable.
L’agent qui a matériellement adopté le comportement réprimé par la loi engage sa
responsabilité que s’il est reconnu coupable i.e. qu’il a commis une faute. C’est la question de
culpabilité et la culpabilité peut être définie comme la situation d’une personne qui se voit
reprocher l’élément moral d’une infraction. L’intention criminelle ne doit pas être confondue
avec le mobile qui est le motif qui a incité l’agent à commettre l’infraction. Le mobile n’a
aucune incidence sur la qualification et la répression de l’infraction. L’élément moral n’est
pas le même pour toutes les inactions. Il se manifeste par des formes et à des degrés
différents.
Section 1 : Les formes de l’élément moral
L’élément moral d’une infraction suppose la culpabilité de l’auteur. Il se confond avec l’idée
de faute. Ainsi, pour être pénalement responsable, il faut avoir commis une faute et le droit
pénal retient deux catégories de fautes à savoir : faute intentionnelle et faute non-
intentionnelle.
I. La faute intentionnelle
Il y a faute intentionnelle ou encore appelée dol lorsque le prévenu a voulu clairement toute à
la fois l’acte et le résultat obtenu ou tout au moins, il a recherché le résultat. Ainsi l’intention
fautive exige la réunion de trois éléments à savoir : la volonté de commettre l’acte, la volonté
d’obtenir le résultat et la volonté des deux premiers éléments en connaissance du caractère
illégal de ce qui est accompli.
- Concernant le premier élément i.e. la volonté de commettre l’acte, c’est la nécessité
d’une correspondance entre les faits tentant d’accomplir l’agent et les faits exposés par
la loi. L’agent doit avoir voulu pratiquement ce qui est prohibé par la loi. Ex : vouloir
l’acte d’où découle le décès.
- La volonté d’obtenir le résultat : c’est une disposition psychologique qui consiste à
prévoir et à désirer le résultat. Ex : l’agent doit avoir voulu et désiré la mort de sa
victime ;
- La volonté de commettre l’acte et d’obtenir le résultat en connaissance de cause
implique que celui qui a voulu l’acte ait eu conscience d’enfreindre une disposition
légale. Il est parfois difficile de démontrer que l’agent a eu une telle connaissance mais
cette connaissance est présumée d’où l’adage « Nul n’est censé ignorer la loi ». C’est
pour cela que le législateur emploie dans certains cas des termes tels que :
frauduleusement, sciemment, volontairement, à dessin, avec connaissance pour
incriminer un agissement.
La faute intentionnelle est donc une exigence permettant de retenir la responsabilité pénale de
l’agent d’un acte incriminé.
II. La faute non-intentionnelle
Pour sanctionner les infractions non-intentionnelles, le législateur emploie différentes fautes.
Il s’agit de la faute d’imprudence, de négligence, d’inattention, de maladresse, de
14
manquement à une obligation de prudence et de sécurité prévue par la loi ou les règlements, la
mise en danger délibéré d’autrui. Ce qui est reproché à l’agent c’est de n’avoir pas accompli
les diligences normales compte tenu de la nature, des missions ou de ses fonctions, de ses
compétences, du pouvoir et des moyens dont il disposait. Le délit sera donc retenu contre le
prévenu qui n’a pas pris toutes les précautions nécessaires pour empêcher le dommage
survenu. Dans les différentes infractions non-intentionnelles, le résultat survenu n’a pas été
désiré. On parle alors d’infraction involontaire ou non-intentionnelle.
Pour que la faute non-intentionnelle soit retenue contre l’agent, le lien doit exister entre la
faute et le dommage causé. On parle alors de lien de causalité car la faute doit être la cause du
dommage. La faute peut être la cause directe ou indirecte du dommage.
1. La faute non-intentionnelle comme cause directe du dommage
Le législateur tient compte du résultat de l’acte délictueux. Ainsi, l’auteur sera poursuivi et
réprimé que si son comportement fautif a produit le résultat matériel prévu par la loi et le
règlement i.e. un dommage. Et selon la jurisprudence constante « Il n’y aura causalité directe
que lorsque la personne en cause aura soit elle-même frappé ou heurté la victime soit initiée
pour contrôler le mouvement d’un objet qui aura heurté ou frappé la victime ». Une simple
faute d’imprudence ou de négligence est suffisante pour engager la responsabilité pénale de
l’agent en cas de causalité directe.
2. La faut non-intentionnelle comme cause indirecte du dommage
Pour que la faute soit considérée comme cause indirecte du dommage, il faut qu’elle soit
caractérisée (nettement marquée) ou délibérée. Toute personne physique qui n’a pas causé
directement le dommage mais qui a créé ou contribué à créer la situation qui a permis la
réalisation du dommage ou qui n’a pas pris de mesure permettant de l’éviter est responsable
pénalement. Mais il faut qu’il soit établi que cette personne a soit violer de façon
manifestement délibérée une obligation particulière de prudence et de sécurité prévue par la
loi et le règlement soit commis une faute caractérisée qui exposait autrui à un risque d’une
particulière gravité qu’elle ne pouvait ignorer. Lorsque le lien de causalité est indirect, deux
théories sont susceptibles d’être appliquées afin de retenir la responsabilité pénale de l’agent.
Section 2 : Les degrés de l’élément morale
Il s’agit du dol indéterminé, du dol éventuel, du délit praeter intentionnel.
- Le dol déterminé : On parle de dol déterminé lorsque l’agent a prévu et déterminé un
résultat.
- Dol éventuel : Il y a dol éventuel lorsque l’agent a voulu un acte sans vouloir
expressément le résultat mais a pu le prévoir comme possible. Ex : un automobiliste
qui vole un feu rouge et tue quelqu’un. L’infraction ici n’est pas intentionnelle parce
qu’il n’a pas désiré la mort du piéton. Cependant c’est la faute qui est intentionnelle
parce qu’il a voulu l’acte.
- Le dol indéterminé : il y a dol indéterminé lorsque tout en recherchant un résultat
l’agent n’a pas voulu de façon précise le résultat dommageable obtenu ou n’a pas
déterminé l’étendu du résultat avec précision. La peine est généralement proportionnée
à la gravité du préjudice subi par la victime. Ex : le cas d’un individu qui administre
des coups à une personne sans savoir d’emblée qu’il en résultera des blessures et
15
même de la mort. On parle aussi de dol indéterminé lorsque l’indétermination porte
sur l’identité de la victime. Dans cette hypothèse une simple circonstance de fait n’a
aucune influence sur la répression.
- Le délit praeter intentionnel : on parle de délit praeter intentionnel lorsque l’infraction
produit un résultat plus grave que celui prévu ou désiré par l’agent. Ex : l’individu qui
donne des coups à une femme enceinte sans connaître son état et provoque ainsi son
avortement ou encore des violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention
de la donner.
- La préméditation : la préméditation est le dessin formé avant l’action de commettre
une infraction. La préméditation est considérée comme une circonstance qui aggrave
les peines attachées à certaines infractions. Ex : l’assassinat est un meurtre commis
avec préméditation puni de peine de mort alors que le meurtre est puni d’un
emprisonnement à perpétuité. La préméditation est établie par l’examen des faits
antérieurs à la commission de l’infraction.
En présence des formes et des degrés de l’élément morale de l’infraction, certains cas sont
inopérants quant à la répression de l’infraction. Il s’agit de l’erreur sur le résultat, de
l’erreur sur la personne et de l’erreur de coups.
- L’erreur sur le résultat est qualifiée d’erreur accessoire. Elle laisse intacte la
responsabilité de l’agent ;
- L’erreur sur la personne est retenue telle qu’elle car la jurisprudence retient sur la
victime effective l’infraction telle qu’elle avait été prévue et désirée. Même
application sur l’erreur de coup. Ex : X voulait tuer Y se trompe de personne et tue Z
(erreur sur la personne).
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2ème partie : La responsabilité pénale
Titre 1 : La détermination des personnes punissables
Les responsables pénales sont des personnes qui ont commis un acte interdit par la loi pénale.
Ainsi, selon l’Art 74(1) « Aucune peine ne peut être prononcée qu’à l’encontre d’une
personne pénalement responsable ». Et selon l’Art 74(2) « Est pénalement responsable
celui qui volontairement commet les faits caractérisant les éléments constitutifs d’une
infraction avec l’intention que ces faits aient pour conséquence la réalisation de
l’infraction ». En matière contraventionnelle, la responsabilité pénale existe alors même que
l’acte ou l’omission ne sont pas intentionnelles et que la conséquence n’en a pas été voulue.
Pour le Code Pénal, l’auteur n’est pas uniquement celui qui commet les délits incriminés mais
aussi celui qui dans les cas prévus par la loi tente de les reconnaitre. Lorsqu’il y a entente
préalable durable, l’appartenance au groupement est susceptible de constituer en elle-même
une infraction. La responsabilité pénale s’applique aux personnes physiques ainsi qu’aux
personnes morales par l’intermédiaire des mandataires sociaux qui les représentent.
CHAP 1 : La responsabilité pénale des personnes physiques
L’infraction est en principe le fait d’un seul individu. Mais, elle peut aussi être le fait de
plusieurs personnes physiques. Afin de retenir la responsabilité pénale de chaque participant à
la commission d’une infraction, le droit distingue selon qu’il avait entente préalable ou non
entre les protagonistes. C’est pour cela que le droit fait la différence entre les participants
directs à l’infraction et les participants secondaires.
Section 1 : Les participants directs à l’infraction
Ce sont l’auteur et le co-auteur de l’infraction.
I. L’auteur de l’infraction
Le droit pénal considère que l’auteur est la personne qui a réalisé le fait infractionnel et dont
le comportement est la cause principale du trouble social et du dommage occasionné à la
victime. En d’autres termes, l’auteur de l’infraction est la personne qui commet les faits
incriminés ou qui tentent de les commettre à condition que la tentative soit punissable. On
distingue donc l’auteur matériel et l’auteur moral ou intellectuel.
A. L’auteur matériel ou auteur principal
Lorsqu’il s’agit d’une infraction de commission, l’auteur matériel ou principal est la personne
qui accomplit les différents éléments constitutifs de l’acte réprimés par la loi surtout l’élément
matériel de l’infraction. Ex : Dans le cas de meurtre, l’auteur matériel c’est celui qui tire le
coup de feu mortel.
Dans l’hypothèse d’une infraction d’omission, l’auteur principal sera celui sur qui pesait
l’obligation d’agir.
B. L’auteur moral ou auteur intellectuel
L’auteur moral ou intellectuel est celui qui fait commettre l’infraction par quelqu’un d’autre.
Il n’accomplit pas lui-même les actes matériels de l’infraction mais il est directement à
l’origine de l’infraction. Dans certains cas la loi considère l’auteur moral comme un complice
17
surtout en matière de complicité par provocation ou par impulsion donnée. Dans d’autres cas,
la jurisprudence le considère comme un véritable auteur de l’infraction.
II. Le co-auteur de l’infraction
Deux ou plusieurs personnes sont considérées comme co-auteur lorsqu’elles accomplissent les
actes matériels constitutifs d’une infraction. Et selon l’art 96 du CP « Un co-auteur est celui
qui participe avec autrui et en accord avec lui à la commission d’une infraction ». Ainsi, le co-
auteur doit participer matériellement à l’action criminelle au côté de l’auteur principal.
Section 2 : Les participants secondaires à la commission de l’infraction : Le complice
Hormis les cas de participation à un groupement criminel ou à une bande organisée, une
personne peut décider d’apporter à un agent une aide en vue de faciliter la réalisation d’une
infraction déterminée. Ex : Fournir le fusil permettant la commission d’un délit. Il devient
complice dès lors que celui qui fournit le fusil ne prend pas part de façon directe à l’exécution
des éléments constitutifs de l’infraction. Il s’est associé que de manière incidente ou
accessoire à l’action. Donc le complice n’est qu’un coopérant qui sans accomplir
personnellement l’infraction en favorise l’accomplissement par l’auteur. Et selon l’art 97 du
CP « Est complice d’une infraction qualifiée crime ou délit a- celui qui provoque de
quelque manière que ce soit la commission d’une infraction ou donne des instructions pour
la commettre b- celui qui aide ou facilite la préparation ou la commission de l’infraction ».
I. Les conditions de la complicité
Trois conditions doivent être remplies pour que la complicité soit punissable. Il s’agit de
l’élément légal qui est le fait principal punissable, d’un élément matériel défini par la loi et
d’un élément intentionnel.
A. L’élément légal de la complicité
L’élément légal de complicité c’est le fait principal punissable. La participation du complice
doit être rattaché à un fait principal punissable. Le fait principal punissable est une condition
nécessaire et suffisante. D’abord, il est nécessaire en ce sens qu’il n’y aura pas de complicité
possible si le fait principal n’est pas sanctionné par la loi pénale. Ainsi, le complice ne peut
être poursuivi en l’absence d’un fait principal punissable. Et selon le tribunal de Dschang dans
son jugement du 26 Janvier 1962 « La complicité suppose une infraction punissable à
laquelle elle empreinte sa criminalité et ses pénalités. Il ne saurait y avoir de complicité
sans délit principal ». Ainsi, le complice ne sera pas punissable si l’auteur principal du crime
envisagé n’a pas franchi le seuil du commencement d’exécution qui caractérise la tentative
punissable. Par ailleurs, le fait principal punissable est une condition suffisante parce qu’il
n’est pas nécessaire que l’auteur de l’infraction soit effectivement puni et selon la Cour
Suprême dans son arrêt du 05 mars 1963 « Le complice peut être poursuivi même lorsque
l’auteur principal est resté inconnu, dès lors que le fait justifiant la poursuite est établi ».
Et selon l’art 97(2) du CP « La tentative de complicité est considérée comme la complicité
elle-même ».
[Celui qui avait payé un tueur à gage pour commettre un assassinat peut-il être poursuivi
ou puni si le présumé tueur se contentait d’empocher l’argent sans passer à l’acte ?]
18
Pour être punissable, la complicité suppose une participation matérielle répondant à une des
formes prévues par l’Art 97(1). Selon cet art, les actes matériels de participation punissable au
titre de complicité sont : la provocation, la fourniture des instructions, la facilitation, l’aide. Il
suffit qu’un seul de ses actes existent pour que les juridictions retiennent la complicité.
D’après l’art 97(1) -a « Est complice d’une infraction celui qui provoque de quelque manière
que ce soit à la commission de l’infraction ». Le provocateur est celui qui incite l’auteur de
l’infraction à commettre celle-ci. La provocation pour être punissable dans le cadre de la
complicité doit être accompagnée de certains procédés à savoir : le don, la promesse, la
menace, l’ordre, l’abus d’autorité, l’abus de pouvoir etc…La provocation doit ensuite être
individuelle i.e. adressée à une personne déterminée. Elle doit être enfin directe i.e. le
provocateur doit suggérer l’infraction. Il arrive au législateur et à la jurisprudence de faire du
provocateur l’auteur de l’infraction. Ex : Faire enlever quelqu’un c’est se rendre coupable de
l’enlèvement (Cf Chambre Criminelle du 03 décembre 1974).
b. La fourniture d’instructions
« Est complice celui qui…donne les instructions pour commettre une infraction » Art 97(1) -
a. d’après la jurisprudence « Il y a complicité par instruction donnée chaque fois que l’inculpé
aura donné à l’auteur principal des renseignements de nature à faciliter la commission de
l’infraction » (Cf Cour Suprême dans son arrêt du 15 février 1973). Il n’est pas nécessaire que
les instructions soient données directement par leurs auteurs pour que la complicité de celui-ci
soit légalement constituée. Les renseignements peuvent direc***
c. L’aide ou la facilitation
Selon l’Art 97(1) -b « Est complice d’une infraction celui qui aide ou facilite la préparation ou
la commission d’une infraction ». Il n’est pas nécessaire que les moyens de participation
fournis par le complice soient effectivement utilisés par l’auteur de l’infraction.
Les différents actes matériels de complicité impliquent des faits positifs antérieurs ou
concomitants à la réalisation de l’infraction par l’auteur.
a. Un acte positif
La complicité punissable suppose un acte positif car il n’y a pas de complicité par abstention.
La responsabilité de l’individu qui assiste en spectateur à la commission d’une infraction alors
qu’il aurait pu s’opposer à sa réalisation ne saurait être engagé au titre de la complicité. Mais
la jurisprudence condamne des témoins d’infractions qui ne sont neutres qu’en apparence car
celui qui assiste en spectateur à la commission d’une infraction n’est pas nécessairement un
témoin passif et indifférent. La présence de certains témoins implique une adhésion morale à
la commission d’une infraction et constitue une aide à l’égard de son auteur.
19
Ex : Le fait d’arracher un criminel des mains de la police ou, le fait de chargé le produit d’un
vol dans un véhicule. Mais, selon la jurisprudence, certains faits postérieurs peuvent être
punissables au titre de la complicité s’ils résultent d’un accord antérieur à la réalisation de
l’infraction.
C. Elément intentionnel
Pour être punissable la complicité suppose de son auteur la volonté de participer à l’infraction
commise par autrui i.e. qu’il ait connaissance du fait délictueux et la volonté d’y participer. Le
complice ne sera punissable que s’il avait réellement connaissance de l’infraction projetée. Il
doit avoir agi de manière intentionnelle. Cette intention doit exister chez le complice au
moment même où il fournit les moyens et les instructions ou prête son concours facilitant
l’accomplissement de l’infraction. Une personne qui aurait donné des informations sans le
vouloir n’est pas sanctionnée i.e. elle donne de bonne foi ces informations, sans connaître les
enjeux de ses réponses, elle ne sera pas considérée comme complice. En définitive, le
complice doit savoir que l’acte envisagé est pénalement réprimé et doit s’engager
volontairement à aider l’auteur de manière plus ou moins directe. Trois situations se
présentent lorsqu’il y a discordance entre l’infraction commise par l’auteur et l’intention du
complice :
Selon l’Art **(2) « Les co-auteurs et complices sont passibles de la même peine que l’auteur
principal sauf dans les cas où la loi en dispose autrement. Les circonstances personnelles d’où
résultent exonération de la responsabilité, exemption, atténuation ou aggravation de peines
n’ont d’effets qu’à l’égard de l’auteur ou du complice en la personne de qui elles se
rencontrent ». C’est donc l’application du système de Criminalité d’emprunt qui veut que le
complice soit puni au même titre que l’auteur principal.
20
I.
***
La loi impose que l’infraction soit commise par une personne physique afin de rendre
responsable la personne morale pour le compte de laquelle les faits ont été réalisés. Toutefois,
la cour de cassation a admis depuis 2006 « Qu’il n’était pas indispensable d’identifier la
personne physique quand l’infraction ne pouvait être imputable à la personne morale ou
quand celle-ci ne pouvait résulter que de la politique commerciale de la société » (Cf
Chambre Criminelle du 26). Cette haute juridiction a ainsi créé une présomption de
commission de l’infraction par un organe ou représentant. La responsabilité des personnes
morales s’apparente ainsi à une responsabilité par ricochet dont la faute pénale de l’organe ou
du représentant suffit à engager la responsabilité pénale de la personne morale à condition
qu’elle soit commise pour le compte de celle-ci sans que soit établie une faute distincte. Le
principe de la responsabilité pénale est maintenu quelle que soit la gravité de la faute lorsque
le lien entre celle-ci et le dommage est direct. En revanche lorsque le lien entre la faute et le
dommage est indirect, seule une faute caractérisée ou la violation délibérée des règles de
sécurité justifie la mise en cause de la responsabilité pénale.
II. Les infractions commises pour le compte des personnes morales
Pour engager la responsabilité pénale de la personne morale, il faut non seulement que la
personne morale commette des agissements délictueux mais encore que ces agissements aient
été commis pour la personne morale i.e. dans son intérêt. Toutefois, cette responsabilité
pourra également être engagée lorsque les actes répréhensif de l’organe ou du représentant
auront été commis dans l’exercice d’activités ayant pour objet d’assurer l’organisation et le
fonctionnement de la personne morale.
III. Le cumul des poursuites
La responsabilité pénale des personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques
auteurs ou complices des faits mais le législateur laisse le soigne aux tribunaux de se
déterminer selon les circonstances de l’espèce.
IV. La responsabilité pénale du représentant
La responsabilité pénale du représentant d’une personne morale peut être engagée y compris
s’il n’a pas personnellement participé à l’infraction et même si aucun préjudice n’est constaté.
Le seul fait d’enfreindre un texte pénal suffit pour que la responsabilité pénale du représentant
soit mise en cause. Le représentant peut être mis en cause pour plusieurs types d’infractions
en l’occurrence en cas de fraude fiscale, de faux et usage de faux en écriture, de détournement
de fonds, de négligence des règles de sécurité, d’infractions douanières, infractions
environnementales en cas de tromperie sur la qualité du produit vendu.
21
irresponsabilité pénale sera retenue soit en présence des causes objectives qui s’attachent à
l’acte commis par l’auteur soit en présence des causes subjectives qui s’intéressent à la
psychologie de l’auteur.
CHAP 1 : Les faits justificatifs
Les faits justificatifs désignent les circonstances objectives qui empêchent de retenir la
responsabilité pénale de l’agent, auteur de l’infraction. Elles suppriment sous certaines
conditions le caractère délictueux d’un comportement. L’acte contraire à la loi pénale cesse
d’être une infraction. Un acte incriminé peut devenir licite i.e. conforme au droit, lorsqu’il est
légitimé par un fait justificatif qui fait disparaitre la responsabilité pénale de l’agent. Ainsi,
bien que tous les éléments constitutifs de l’infraction soient réunis et que celle-ci ait eu un
résultat dommageable, son auteur peut ne pas être pénalement responsable s’il avait le droit
ou le devoir de l’accomplir. L’établissement des faits justificatifs se traduit par un non-lieu au
stade de l’instruction et par un acquittement au stade du jugement. La loi pénale énumère
quatre faits justificatifs qui sont : l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime,
la légitime défense, l’état de nécessité et le comportement de la victime.
Section 1 : L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime
Plusieurs législations disposent que « N’est pas pénalement responsable la personne qui
accomplit un acte prescrit ou autorisé par les disposition législatives ou réglementaires. N’est
pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité
légitime sauf si cet acte est manifestement illégal ».
I. L’ordre de la loi
Selon l’Art 76 du CP « Ne constitue aucune infraction le fait ordonner ou autorisé par la loi et
accompli conformément à la loi ». L’ordre de la loi justifie à lui seul une infraction. Ex : le
médecin qui ferait une déclaration de maladie contagieuse ne sera pas coupable de violation
de secret professionnel car la loi l’y oblige. De même, une simple autorisation de la loi
constitue un fait justificatif. Ex : L’exercice des professions médicales et chirurgicales
autorisé par la loi justifie le délit de blessure commis par un chirurgien lors d’une opération.
Par ailleurs, l’autorisation de la coutume et de l’usage peut aussi constituer un fait justificatif
lorsque les coutumes et usages sont appelés à jouer un rôle indirect en matière pénale. Ex :
Les sports violents pourvus que les participants restent dans les limites de l’usage.
II. Le commandement de l’autorité légitime
L’autorité légitime doit remplir trois conditions : le pouvoir légal, la compétence et le lien de
subordination.
- Le pouvoir légal : L’autorité légitime est celle qui dispose légalement du pouvoir de
commander l’exécution des lois. Il peut s’agir d’une autorité civile, militaire ;
- La compétence : Il faut que cette autorité agisse dans le cadre de sa compétence ;
- Le lien de subordination : Il faut qu’il y ait un lien de subordination entre cette autorité
et celui à qui l’ordre est donné.
Section 2 : La légitime défense
La légitime défense est un acte considéré comme une infraction qui permet de riposter par la
violence à une agression actuelle et injuste dirigée contre les personnes ou les biens. Elle
constitue un fait justificatif prévu par la loi au profit de celui qui riposte à une agression
illégitime. Selon l’Art 84(1) du CP « La responsabilité pénale ne peut résulter d’un acte
commandé par la nécessité immédiate de la défense de soi-même ou d’autrui ou d’un droit
22
appartenant à soi-même ou à autrui contre une atteinte illégitime à condition que la défense
soit proportionnée à la gravité de l’atteinte ». Pour que la légitime défense soit considérée
comme un fait justificatif, elle doit remplir des conditions relatives tant à l’agression qu’à la
défense.
I. L’acte d’agression
L’agression peut provenir d’une personne, d’un animal voire d’une chose placée ou maniée de
manière dangereuse. Quel que soit l’objet de l’agression, celle-ci doit présenter certains
caractères. Elle doit être injuste et actuelle.
A. Le caractère injuste de l’agression
L’agression injuste est caractérisée par l’existence d’acte non autorisé ou non ordonné par la
loi. A contrario, une agression juste serait une agression ordonnée par la loi et commandée par
l’autorité légitime. Ex : Le voleur n’est pas en état de légitime défense vis-à-vis du policier
qui l’arrête. Par ailleurs, l’agression est injuste même si l’infraction de l’agresseur ne lui est
pas juridiquement imputable. Ex : L’agresseur en état d’aliénation mentale.
B. Le caractère actuel ou imminent de l’agression
L’agression doit être actuelle i.e. immédiate, instantanée, présente. Ainsi, la personne qui
réagit après une agression déjà consommée ne peut invoquer la légitime défense.
[Un individu qui pour assurer sa sécurité personnelle et celle de ses biens installent dans sa
propriété des engins destinés à exploser automatiquement si un intru vient à y pénétrer
sans autorisation peut-il invoquer la légitime défense en cas d’un intru blessé ou tué ?]
Résolution du cas
Monsieur X installe les engins explosifs pour assurer sa sécurité et monsieur Y vient entre
dans la propriété de monsieur X sans sa permission et y trouve la mort.
A cet effet, monsieur X peut être poursuivi pour assassinat de monsieur Y ? Monsieur X
peut invoquer la légitime défense pour justifier son acte ?
Par légitime défense, il faut entendre un acte considéré comme une infraction qui permet
de riposter par la violence à une agression actuelle et injuste dirigée vers les personnes ou
les biens.
En outre, la légitime défense pour être m obilisée doit remplir un certain nombre de
conditions tenant tant à l’acte d’agression que de défense.
Plan possible
- Acte d’agression
Caractère injuste de l’agression
Le fait pour Y d’entrer dans la propriété de X sans autorisation.
Le caractère actuel de l’agression
L’acte d’agression n’était pas actuel.
- Acte de défense
L’acte était nécessaire
La défense n’est pas proportionnée
La défense n’était pas concomitante
23
En conclusion, Monsieur X ne peut invoquer la légitime défense.
D. L’intentionnalité de la défense
La défense doit prendre le caractère d’un acte intentionnel. Celui qui évoque la légitime
défense doit avoir agi en connaissance de causes. L’idée de défense est incompatible avec
celle d’imprudence.
Section 3 : L’état de nécessité
L’état de nécessité est un fait justificatif qui exclut la responsabilité pénale de celui qui s’est
trouvé dans l’obligation d’accomplir un acte interdit pour neutraliser un péril. On peut
considérer que la personne est déplacée sous l’empire d’une contrainte réelle l’ayant conduit à
commettre un acte délictueux pour sa survie. Et selon l’Art 86 du CP « Indépendamment de la
légitime défense prévue à l’Art 84, la responsabilité pénale ne peut résulter de l’atteinte faite à
un bien dans le but de détourner de soi-même ou d’autrui ou d’un bien appartenant à soi-
même ou à autrui un péril grave, imminent et non autrement évitable à condition qu’il n’y ait
pas disproportion entre le mal à écarter et la mesure prise pour le prévenir ».L’état de
nécessité est soumis à des strictes conditions relatives au péril et à l’acte justifié.
I. Le péril actuel ou imminent
Le péril doit menacer l’agent ou un tiers ou une chose. Le péril doit être actuel et imminent et
l’acte doit être réellement nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien. Le péril peut
être physique, moral, matériel pour soi-même ou pour autrui. Ex : Un automobiliste qui
franchi un feu rouge pour éviter un piéton peut invoquer l’état de nécessité. Le péril ne doit
pas être dû à une faute antérieure de l’agent.
II. L’acte justifié
Pour que l’acte soit justifié, il faut qu’il soit nécessaire. Il cesserait de l’être si le délinquant
avait à sa disposition d’autres moyens de sauvegarder les intérêts menacés. L’acte doit aussi
être proportionnel à la gravité du mal évité. L’infraction n’est justifiée que dans la mesure où
elle a permis de sauvegarder un bien ou un intérêt de valeur supérieure ou équivalente à celle
du bien ou de l’intérêt sacrifié. L’état de nécessité ne supprime que l’infraction pénale i.e. la
responsabilité pénale mais, la responsabilité civile subsiste.
Section 4 : Le comportement de la victime
Le comportement de la victime qui peut se traduire par un consentement peut dans certaines
conditions justifié l’acte délictuel de l’agent.
I. Le consentement de la victime
Pour des raisons personnelles et variées, la victime peut accepter de subir une infraction ou
même peut inviter l’agent à la commettre. Ex : le malade demande qu’o abrège ses
souffrances en cas de maladie incurable. En principe, le consentement de la victime n’est pas
un fait justificatif. L’infraction commise avec le consentement de la victime est réprimée par
la loi. En effet, le consentement de la victime ne supprime pas la responsabilité de l’agent et la
victime consentante est coupable soit à titre d’auteur soit à titre de complice. Le législateur
réserve quelques atténuations à ce principe et de manière exceptionnelle le consentement de la
victime peut exonérer la responsabilité pénale dans trois séries de cas :
25
- D’abord que la responsabilité suppose l’absence de consentement ;
- Lorsque la responsabilité pénale est subordonnée à la plainte ;
- En matière médicale
26
volonté libre. Dans certains cas, l’individu n’a pas atteint le seuil de compréhension. Dans
d’autres, la volonté de l’agent n’a pas été libre. Pour qu’une personne soit coupable i.e. que la
faute lui soit imputable, il faut qu’il jouisse de toutes ses facultés intellectuelles. Ainsi ne sera
pas responsable pénalement l’agent qui a commis une infraction sous l’empire entre autres
d’un trouble psychique ou d’une contrainte. Les causes de non-imputabilité produisent un
effet exonératoire à l’égard des personnes chez qui elles se trouvent. Une infraction ne peut
être reprochée à un individu que si au moment des faits il avait une conscience claire et une
volonté libre.
Section 1 : L’absence d’une conscience claire
D’après le droit pénal, la conscience claire suppose un développement concret et normal des
facultés intellectuelles. Ce développement de facultés intellectuelles fait partiellement défaut
chez le mineur parce qu’il est incomplet et chez l’aliéné parce qu’il est anormal.
I. La minorité pénale
La minorité en générale c’est l’état de celui ou celle qui n’a pas encore atteint l’âge fixé par la
loi i.e. la majorité légale. La minorité pénale est donc un état de l’auteur d’une infraction qui
n’a pas encore atteint l’âge de 18 ans. Seulement le régime de responsabilité pénale varie
selon l’âge du mineur. La législation fixe la majorité pénale à 18 ans en considérant que c’est
l’âge par lequel l’individu est supposé avoir toute ses facultés intellectuelles développées
complètement et donc pleinement responsable. Il est à noter que la minorité s’apprécie au jour
où l’infraction est commise et non au jour de sa comparution en justice. Et d’après l’Art 80 du
CP « Le mineur de 10 ans n’est pas pénalement responsable. La responsabilité pénale est
retenue pour les mineurs de 10 à 14 ans. Cependant ils ne peuvent faire l’objet que de l’une
des mesures spéciales prévues par la loi. Le mineur âgé de plus de 14 ans et de moins de 18
ans est pénalement responsable tout en bénéficiant de l’excuse atténuante. Le mineur de 18
ans est pleinement responsable ».
II. L’aliénation mentale cause de non-imputabilité
Les troubles mentaux peuvent être de gravité variable. Il en résulte de l’obscurcissement
complet ou partiel des facultés intellectuelles. La loi pénale retiendra la responsabilité pénale
de l’agent selon que cet obscurcissement était partiel ou complet
A. L’obscurcissement complet des facultés intellectuelles
Il s’agit ici de l’aliénation mentale totale. La personne qui était atteinte au moment des faits
d’un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes n’est pas
responsable. Ce qui compte c’est l’obscurcissement des facultés mentales complètes de
l’agent peu importe le régime de l’aliénation. Elle peut être innée ou acquise. Pour avoir les
effets de non-responsabilité pénale, l’aliénation doit être prouvée.
1. La preuve de l’aliénation mentale
L’aliénation mentale ne se présume pas donc il n’existe pas de présomption d’aliénation
mentale en matière pénale. Sa preuve doit toujours être rapportée par une expertise médicale.
2. Les effets de l’aliénation mentale
Deux situations se présentent. D’abord l’aliénation mentale totale lors de la commission de
l’infraction et l’aliénation mentale totale après la commission.
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Concernant la première situation, celle-ci supprime la responsabilité pénale. L’aliéné
échappera totalement à la justice pénale par une décision de non-lieu ou d’acquittement. En
revanche, sur le plan civil, l’aliéné sera tenu des réparations.
Concernant la deuxième situation, si l’aliénation mentale totale survient après la commission
de l’infraction mais avant le jugement, les poursuites seront suspendues. Si celle-ci survient
après le jugement, elle fait obstacle à l’exécution des peines. L’aliéné sera interné dans un
local spécial de l’administration pénitentiaire parce que les peines privatives de liberté
deviennent incompatibles avec l’aliénation mentale.
B. L’obscurcissement partiel des facultés intellectuelles
C’est l’aliénation mentale partielle qui se traduit par l’obscurcissement moins total des
facultés intellectuelles. Peu importe son origine, il s’agit ici du cas d’une personne atteinte au
moment des faits, d’un trouble psychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle
de ses actes. Cette personne demeure donc punissable. Les juridictions pénales admettent la
responsabilité pénale en tenant compte de la part de clairvoyance et accordent des
circonstances atténuantes au nom de l’obscurcissement partiel des facultés intellectuelles. Les
personnes concernées sont punissables mais le juge doit tenir compte de leur situation mentale
pour déterminer leurs peines.
C. L’obscurcissement passager des facultés intellectuelles
L’obscurcissement passager des facultés intellectuelles est dû à la consommation d’alcool ou
de drogue. Il s’agit donc de l’ivresse. En droit pénal spécial, l’ivresse fait l’objet d’une
répression spécifique. Ex : Répression de la conduite en état d’ivresse et contravention
d’ivresse***. En droit pénal général, l’ivresse a une influence sur la responsabilité pénale car
il faut tenir compte en plus de la volonté dans la source de l’ivresse en plus de
l’obscurcissement des facultés mentales au moment des faits.
1. L’ivresse recherchée pour commettre l’infraction
Si l’individu a recherché l’ivresse pour commettre l’infraction, il sera pleinement responsable.
Et dans ce cas, l’obscurcissement n’aura aucune influence sur la responsabilité de l’agent.
2. L’ivresse fortuite
Si l’individu s’est enivré de manière fortuite, il sera irresponsable totalement ou partiellement
selon que son ivresse était complète ou partielle.
3. L’ivresse recherchée sans le désire de commettre l’infraction
C’est le cas d’un individu qui s’est enivré sciemment mais sans le désire de commettre une
infraction qu’il commet néanmoins par la suite. Deux solutions jurisprudentielles sont
possibles :
- Selon la première solution, la jurisprudence applique l’impunité ou l’atténuation de la
responsabilité pénale. Cette solution tient compte de l’obscurcissement des facultés
mentales au moment des faits. Les juridictions répressives peuvent retenir la
responsabilité pénale de l’agent. La responsabilité pénale de l’agent sera retenue en
matière d’infraction par imprudence. La faute d’imprudence qui engage sa
responsabilité pénale consiste dans le fait de s’être enivré au préalable.
- La jurisprudence récente décide que l’incidence de l’ivresse sur la responsabilité
pénale est une question de fait qui doit être résolue au cas par cas.
Section 2 : L’absence d’une volonté libre
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Selon la loi pénale, n’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire
d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister. Ainsi la responsabilité pénale
de l’agent ne sera pas retenue s’il a commis l’infraction sous contrainte. La contrainte est
analysée comme une force irrésistible, imprévisible et extérieure. Ainsi cette contrainte doit
anéantir ou annuler la volonté et la liberté d’un individu et l’obliger à commettre une
infraction. La contrainte peut revêtir deux formes à savoir contrainte physique et contrainte
morale.
I. La contrainte physique
Il s’agit d’une force physique qui agit sur le corps et sur le mental et rend inopérante la
volonté de l’individu. Pour entrainer l’irresponsabilité de l’agent, la contrainte physique doit
être externe, irrésistible et imprévisible.
- Concernant l’extériorité de la contrainte physique, il peut s’agir d’une force naturelle,
animale ou humaine. Par exception, la jurisprudence admet une force interne à
l’individu. Ex : La maladie, le sommeil.
- Concernant l’irrésistibilité de la contrainte, la force externe doit être irrésistible i.e.
elle doit avoir anéanti totalement la volonté et supprimé la liberté. L’agent doit être
dans l’impossibilité absolue de se conformer à la loi. Et selon la jurisprudence
permanente, la simple difficulté d’observer la loi n’est pas une cause de non-
imputabilité ;
- Concernant l’imprévisibilité de la contrainte physique, pour produire ses effets, la
contrainte physique doit également être imprévisible. Et la jurisprudence apprécie avec
rigueur le caractère imprévisible de la contrainte. Ainsi la chambre criminelle dans un
arrêt du 04 décembre 1958, elle a écarté le caractère imprévisible de la contrainte dans
une défaillance mécanique. Et selon son attendu de principe « Une défaillance
mécanique n’excuse l’immobilisation d’un véhicule sur la route car le conducteur
aurait dû le prévoir par une vérification préalable ».
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[M. PROFITETOUT désire embaucher une secrétaire médicale. Après avoir regardé les
CV, il trouve M. LABEAUTE, l’une des candidates particulièrement à son goût. Lors de
l’entretient d’embauche, il l’a fait entrer dans son bureau et lui demande de se déshabiller.
Il lui fait croire qu’il est dans l’obligation de lui faire passer un examen médical
préalablement à son recrutement. Elle s’exécute mais au dernier moment comprenant qu’il
voulait la violer, elle s’échappe en courant. M. PROFITOUT profite alors du départ
précipité de LABEAUTE pour fouiller dans la poche de son manteau car il lui avait en
effet demander d’enlever tous ses bijoux pour l’examen médical et avait vu qu’elle les avait
glissés dans la poche. Il est surpris de voir que les bijoux ne s’y trouvaient plus]
Cas 3
[M. PROFITOUT est dépité. Il décide d’aller se changer les idées et d’aller boire un verre
dans un bar proche de son lieu de travail. Au bout de quelques minutes, il voit entrer
LABEAUTE qui avait candidaté auparavant. Celle-ci le menace de porter plainte. M.
PROFITOUT fait mine de s’en aller attend M. LABEAUTE discrètement à l’extérieur du
bar. Lorsqu’elle se trouve au volant de sa voiture, il lui tire plusieurs coups de feu dessus
avant de s’enfuir. Le lendemain, il est interrogé par les services de police puis arrêté à la
suite de la découverte chez lui d’une arme en feu. Mais l’autopsie révèle qu’au moment des
coups de feu, LABEAUTE était déjà décédé par suite d’un arrêt cardiaque]
Résolution des cas pratiques
Lorsque l’on a à faire à plusieurs protagonistes, la meilleure attitude à avoir est de traiter cas
par cas en autant de protagonistes plusieurs. Pour ce faire, on évoquera le nom du protagoniste
que nous étudierons.
Ex : Cas de Pierre
Introduction
- Résumé des faits ;
- Problème droit ;
- Définition du problème
- Plan
Daignez revenir chaque fois à la ligne.
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