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Ce cours vise à initier les étudiants à la réflexion scientifique et à la méditation en mettant à leur disposition les outils nécessaires à cet exercice
et à les accompagner à leur maniement dans les exercices précis. Dans la perspective de la spécialisation à partir d’un certain degré de formation
académique, il est indispensable que les étudiants aient une idée des diverses sciences du champ social, que l’accent soit mis sur leur capacité à
penser leur sujet plus qu’à réciter leur cours et au chercheur lambda qu’il devient progressivement à aller au-delà de la simple description ou
restitution d’une situation ou une réalité pour la méditer. Il s’agit de le mettre en contact avec des outils qui facilitent l’étude objective et neutre
des faits sociaux et de leurs déterminismes et qui permettent de découvrir les constances et les régularités qui en découlent (thééories
scientifiques). Ce cours vise à susciter auprès des étudiants des moyens et outils leur permettant d’expliquer les faits c’est-à-dire d’observer et de
décrire minutieusement l’objet à expliquer, d’analyser, en établissant des liens intelligibles, cohérents et logiques entre les élément constitutifs de
les faits constitutifs de cet objet pour dégager les lois qu’ils dégagent, que ce soit dans le but de rédiger un devoir académique ou dans celui
d’apporter une réponse à un cas pratique. Il portera sur trois parties, l’épistémologie de la science, la méthodologie de la recherche et l’écriture
scientifique.
Plan du cours
Introduction
jg1
La tri-articulation de la simplification méthodologique : l’épistémologie, la méthodologie et l’expression scientifique des résultats de la
recherche
jg2
SII- La restitution des travaux de la recherche scientifique
- Les supports d’expression : Les supports académiques : le mémoire, la thèse et les articles
- Les supports professionnels : revues scientifiques,
Conclusion
Bibliographie sélective :
BOURDIEU, Pierre, CHAMBOREDON, Jean Claude, PASSERON, Jean Claude : le métier de sociologue, paris, Mouton, 1963
CHAMPAGNE Patrick, LENOIR Rémi, MERLLIE Dominique, PINTO Louis : Initiation à la pratique sociologique, paris, Dunod, 1996
COMTE Auguste :
DURKHEIM, Emile : Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF 1967, 1895
FREYSSINET-DOMINJON J. : Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Administration économique et sociale, paris, Montchestien,
1997 ;
GRAWITZ, madeleine : Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 10ème édition, 1996,
jg3
QUIVY, Raymond, CAMPENHOUDT, Luc Van : Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, DUNOD, 1995
LONBET DEL BAYLE, Jean Louis : Initiation aux méthodes ses sciences sociales, Paris - Montréal : L’Harmattan, Éditeur, 2000, 272 p.
PHARO, Patrick : Le sens objectif des faits sociaux : problèmes sémantiques de la sociologie compréhensive, Revue européenne des sciences
sociales, T XXXVIII, n° 119 (2000), Pp. 139-157 ; en ligne revue.org
Introduction
Poincaré disait que la science est un processus de connaissance destiné à permettre à l'homme de « commander à la Nature tout en lui obéissant »
La science lui fournit les moyens nécessaires de parvenir à cet objectif dans la mesure où elle a pour but d'établir adaptation et harmonie entre
l'homme et la nature dans la perspective pour celui-là, de contrôler et d'influencer son environnement. Mais, pour exercer ce contrôle, pour
commander, il faut aussi comprendre, analyser, respecter les lois naturelles, donc leur obéir. La science, n'est au fond, rien d'autre que ce
perpétuel va-et-vient entre le savoir humain et les questions-énigmes de la nature pour la comprendre, connaitre afin de mieux la transformer en
fonction des objectifs que l’homme se fixe. Le désir d’apprendre, le plaisir de comprendre et la joie de connaitre sont au fondement de l’activité
intellectuelle sous toutes ses formes profanes et savantes. L’homme exprime un sentiment d’épanouissement et d’accomplissement quand il sait.
Pourtant, ces puissants ferments de la pensée ne sont ni spontanés, ni suffisantes à rendre ces connaissances automatiquement efficaces, elles sont
acquises par un exercice rigoureux au regard des obstacles auxquelles elles sont confrontées. Dans les processus d’acquisition de la connaissance,
et de participation, même modeste à leur élaboration se fait sentir un impérieux et constant besoin de méthode au fur et à mesure que se
complexifie l’objet à connaitre. Ceci est vrai dans les sciences en général et plus particulier dans les sciences sociales, d’où l’importance des
méthodes des sciences sociales dans le cycle de formation des étudiants qui aspirent à l’étude scientifique des faits sociaux. En effet, l’expression
méthodes des sciences sociales est un intitulé devenu classique et simple en apparence mais qui, pourtant, renvoie à des notions qui ne font pas
toujours 1’unanimité et à propos desquelles subsistent encore parfois des controverses entre spécialistes. Il en est ainsi d’abord de la définition
jg4
même de ces disciplines scientifiques particulières que sont les sciences sociales et de la détermination de l’objet de leur recherche. Par ailleurs,
le terme de science appliqué à l’étude des faits sociaux n’est pas sans soulever des difficultés. Enfin, il est nécessaire de préciser ce que l’on
entendra par les termes
méthode.
Sciences sociales ;
fait social
action sociale
La science est connaissance, mais connaissance jamais achevée. C'est un processus critique constant et permanent de questionnement de la réalité
et de construction de nos savoirs pour mieux maitriser et expliquer les objets qui constituent notre environnement. Mais toute connaissance n'est
pas science et ne peut l'être qu’après avoir rempli les conditions d’objectivité, d’exactitude, de neutralité et pouvant être communicable et
évolutive.
Au regard de ces qualités que sont les sciences, il est assez curieux de comprendre que la société ainsi que tous ses éléments constitutifs
peuvent se prêter à une étude scientifique. Le fait social est l’ensemble de phénomènes qui ont trait à l’existence de l’homme dans la société, le
rapport que l’homme entretient avec son milieu de vie. Ces faits font de plus en plus partie des objets de la science. Les sciences sociales sont
donc la branche de la science qui a pour objet l’étude des rapports qu’entretient l’homme avec son environnement social. Elle ne peut être
effective que si elle s’emploie avec méthode à sa connaissance. On peut donc s’interroger sur la pertinence de la méthode dans l’analyse
scientifique du fait social. La méthode s’est imposée comme outil nécessaire de l’analyse des faits sociaux dans la mesure où elle dispose de la
capacité de simplifier la compréhension de la complexité et de prévoir son apparition si certaines conditions sont réunies. Pour mieux étudier
scientifiquement ces faits, l’homme a besoin d’un ensemble d’outils performants qui favorisent une approche simplifiée de la complexité sociale
en ce sens que sur l’objet à étudier, elle articule parfaitement les trois qualités de la science qui sont l’esprit scientifique, la méthodologie de la
recherche et la restitution des travaux scientifiques. En effet, il s’agit d’une ingénierie de la maitrise du fait social qui s’appuie sur un triptyque
de l’épistémologie, de la méthodologie et de l’expression scientifique de la connaissance
jg5
L’épistémologie est la philosophie de la science, celle qui étudie de manière critique la méthode scientifique, la forme logique et les modes
d’inférence utilisés en sciences de même que les principes et concepts fondamentaux, les théories et les résultats afin de déterminer leur origine,
leur valeur et leur portée objective. Dans ce sens, l’épistémologie affirme le caractère scientifique des connaissances issues de la recherche en
sciences sociales et elle atteste donc qu’elle est une science qui comme toutes les autres, répond aux principes fondamentaux de la science. Il
s’agit d’une manière rigoureuse d’appréhender les faits de la nature dans leur intelligibilité afin de mieux les organiser et éventuellement
influencer le cours de leur évolution. C’est donc un esprit qui se construit progressivement en fonction des enjeux de la connaissance scientifique.
Dans cette perspective, l’épistémologie rend compte des qualités de l’esprit humain qui respecte principes communs dans l’activité de la
recherche scientifique. Deux auteurs ont mis en exergue de manière forte cette spécificité de l’esprit scientifique dans sa quête de la nature,
notamment Auguste Comte et Max Weber ; L’un fait état des trois états par lesquels l’esprit humain est passé pour arriver à la science tandis que
l’autre cite les principes fondamentaux de cet esprit. L’épistémologie de la science est capitale dans la mesure où elle est la traduction pratique
d’un jeu de l’esprit à la mesure des enjeux de la connaissance scientifique.
jg6
L’objet en science sociale est difficile à connaitre. C’est bien ce que rappelle Platon dans le mythe de la caverne lorsqu’il décrit l’attitude des
esclaves condamnés à admirer du fonds de la caverne les silhouettes qu’ils prennent pour la réalité, celle-ci ne se laissant pas saisir au premier
abord du fait de l’existence à chaque niveau de la progression vers elle des obstacles. Ces obstacles sont fonction du niveau de connaissance
auquel le chercheur est parvenu, puisque la montée est rude et escarpée.
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Ainsi s’agissant du domaine juridique, la connaissance commune peut être acquise par un homme arpentant chaque jour les
couloirs de la justice et acquérant par-là certaines connaissances à force d’écouter, de voir …sans véritablement s’interroger sur ces acquis. Il en
est de même des impressions qu’ont la majorité des citoyens de connaitre la politique et d’être spécialistes de la science politique à force de se
frotter aux activités politiques et de suivre les débats politiques pour finalement s’en faire une idée. Dans les deux cas, on peut dire que ces
praticiens du droit et de la politique ont des connaissances illusoires ou approximatives de leur domaine d’intérêt. Aussi, faire des lectures des
livres de droit ou de politique ne transforme pas nécessairement le profane dont les connaissances demeurent limitées. C’est la connaissance
acquise par les anciens faisant d’eux des sages.
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Lorsque l’homme va au-delà du sens commun pour s’interroger sur la vérité des faits observés en vue de satisfaire la curiosité intellectuelle, il
amorce une orientation vers la connaissance scientifique
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Maitrise des lois de la société
La connaissance scientifique est un ensemble de lois de la nature, c'est-à-dire les constances et les régularités des rapports entre les faits et qui
forment la trame de la réalité sociale dans les différents domaines de la vie en société. Elle a pour finalité de réduire les frontières de l’ignorance
de l’homme sur lui et sur son environnement, de connaitre les logiques de structuration de l’ordre des choses et de favoriser la prévention et la
maitrise des événements sociaux. Il s’agit donc d’établir les lois de la nature qui sont différentes selon le type d’objet.
- Les mêmes causes produisent les mêmes effets :
- Les constances et les régularités
Rationalisation de l’activité de l’homme sur la société
La connaissance de la nature pousse l’homme à agir intelligemment sur elle pour la transformer positivement ou négativement. Il s’agit de penser
l’action publique, c’est-à-dire de fonder sur la raison les liens structurant la réalité. La science a donc pour objet de fonder la maîtrise de l’objet
sur les liens intelligibles et cohérents.
Libération de l’homme
On parle de plus en plus de la connaissance scientifique aujourd’hui, parce qu’elle crée des conditions de la libération de l’homme de l’ignorance
et de la pression de son environnement en mettant à sa disposition des éléments lui permettant de comprendre le fonctionnement de son cadre de
vie et des conditions de vie. Grâce aux machines, de produits, d’appareils de toute sorte qui sont des applications de connaissances scientifiques,
l’homme peut devenir maitre et possesseur de l’univers.
La science permet à l’homme de découvrir qu’il peut juger par lui-même de la vérité d’une connaissance et elle l’amène à comprendre la force de
la pensée à redéfinir son environnement dans le sens de ses besoins et de ses intérêts. Le premier trait de la pensée scientifique, c’est qu’elle n’a
de valeur que si elle est librement reconnue et elle rend libre le penseur qui ne se reconnait d’autres limites que celle de sa capacité de penser sa
relation avec son environnement. Elle ne peut être imposée d’aucune façon: c’est moi qui suis juge et seul juge, en dehors de toute obéissance ou
allégeance d’aucune sorte.
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Dire que l’homme pense en vérité, c’est dire qu’il cherche l’accord libre sur la base des idées, avec n’importe quel autre homme pensant aussi
comme lui, et cela va aussi loin que les relations entre eux forment une communauté scientifique. Cela implique non seulement l’interlocuteur
qui est là et discute avec moi, mais aussi, tous les interlocuteurs potentiels, quelles que soient leurs prétendues races, couleurs, langues, cultures,
racines. C’est dans ce sens que pascal Henri affirme que « La communauté scientifique n’a pas de limites, ni dans l’espace ni dans le temps ; elle
inclut tous les savants du passé, si anciens soient-ils ; elle attend tous les savants du futur... Elle conduit à l’idée de l’unité de la pensée… » 1.
C’est cette quête de l’unité de la pensée qui est à la base de l’évolution de la connaissance scientifique.
1
PASCAL Henri, L’homme, auteur de la science ; CONFERENCE-DEh&é »’(BAT ; l’Université de Nice ; 6 octobre 2009
jg11
Le chercheur en droit ou en politique a une conscience malheureuse (conscience douteuse) dans la mesure où non seulement la connaissance
qu’il a de ces objets sociaux le conduit à mesurer en permanence le niveau de son ignorance de l’objet en question (je sais une chose, c’est que je
ne sais rien), mais aussi à savoir jusqu’où il peut aller dans la recherche des éléments nécessaires à sa connaissance (construction des théories)
pour établir sa responsabilité sur l’état de cette nature et accompagner l’action de transformation (recherches appliquées). La première action de
celui qui connait, c’est le questionnement c'est-à-dire une interrogation sur ce qu’est la nature et sur les ressources dont il dispose pour agir sur
elle aussi bien dans le sens de ses intérêts que dans la préservation de cette nature. C’est ainsi que c’est l’activité scientifique qui rappelle à
l’homme sa responsabilité dans le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement.
L’homme ne connait que pour mieux se rendre compte et mesurer l’étendue de son ignorance de ce qui lui reste à connaitre et plus il connait
plus il prend conscient de son ignorance, ce qui le met dans une situation qui le pousse à connaitre davantage. Le niveau de connaissance auquel
il est parvenu lui sert à mieux mesurer l’étendue de son ignorance et l’effort qui lui reste à fournir pour connaitre davantage.
B- Le caractère évolutif de la connaissance scientifique : la dynamique de la connaissance scientifique
La connaissance a une histoire qui se construit progressivement à partir du moment où l’homme s’interroge sur la réalité de son environnement.
Elle doit être toujours envisagée sous l'angle de sa genèse comme un processus continu, jamais achevé et toujours entretenu. C’est ainsi que
Piaget considère toute connaissance comme « relative à un certain niveau de développement et toujours susceptible d'être dépassée par une
connaissance plus élaborée ». Cette élaboration se situe soit au niveau de la diversification des champs de connaissance, soit au niveau de
l’affinement de la problématique de la recherche avec pour objectif l’amélioration de la qualité de la connaissance ou de la théorie.
En ce qui concerne la diversification des champs de connaissance, les sciences sociales sont constituées de plusieurs disciplines plus ou moins
diversifiées et spécialisées au fur et à mesure que de nouveaux enjeux sociaux s’imposent et font naitre de nouveaux objets de recherche. En
fonction de l’originalité de l’objet, il y aura soit la densification de la science existante, soit la création d’un nouveau champ scientifique. C’est
ainsi que l’informatique hier et l’internet aujourd’hui sont de nouveaux enjeux qui restructurent le champ politique et juridique que le chercheur
analyse en engageant de nouvelles recherches.
En ce qui concerne la qualité de la production scientifique, elle est fonction de l’importance des connaissances accumulées et de l’amélioration
de l’outil méthodologique : la combinaison de ces deux éléments contribue à affiner la problématique et à poursuivre la recherche pour le
développement de la science et le renforcement de la connaissance de l’homme sur son environnement. C’est ainsi que si le même sujet est posé
aux étudiants des niveaux d’étude différents, il est attendu des réflexions conséquentes. Ensuite, l’affinement des outils de recherche augmente la
capacité de la réflexion, enrichit la qualité de la connaissance et élargit l’horizon de la pensée.
jg12
En effet, Bachelard et Piaget centrent leur analyse sur les phases de transition et de restructuration qui caractérisent le passage d’une moindre
connaissance à une connaissance supérieure ou améliorée.
La connaissance scientifique s’inscrit donc dans un processus continu de changement évolutif retraçant l’état du savoir à une période donnée en
intégrant les savoirs antérieurs et en constituant en même temps la base pour les recherches futures. Trois observations sont faites à cet effet :
D’abord, le chercheur fait l’état de la connaissance de départ et s’en inspire comme base pour les recherches futures ;
Ensuite, il questionne la connaissance actuelle et disponible soit pour la confirmer soit pour l’infirmer et participer à l’évolution de la
connaissance ;
La science ne fige donc pas la connaissance, elle la soumet à un processus évolutif discontinu que thomas Kuhn qualifie de « révolutions
scientifiques »2. Par conséquent, les résultats scientifiques ne sont pas définitifs et ne prétendent qu'à une vérité transitoire, le temps de les
soumettre à l’épreuve de la validation ou de la réfutation. Juignet patrick
Dans cette perspective, Karl Popper insiste sur la nécessité pour le chercheur d'être en permanence vigilant en questionnant la qualité de la
connaissance scientifique. C'est grâce à cette vigilance qu’il déjoue les obstacles qui empêchent l’évolution de la connaissance vers plus de
scientificité.
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on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique ». C’est Platon qui
exprime ces difficultés à travers le mythe de la caverne. En effet, pour parvenir jusqu’à la lumière de la connaissance scientifique, le chercheur
est appelé à remonter les abimes de la caverne, et cette montée est rude et escarpée. Dans Les règles de la méthode sociologique, Emile
Durkheim identifie plusieurs types d’obstacles qui rendent l’accès à la connaissance scientifique incertaine.
Paragraphe I : typologie d’obstacles à la connaissance scientifique
En disant en substance que «Avant donc toute autre opération, avant de s’occuper des obstacles interposés par le monde empirique, il s’agit de
traiter les entraves et errances incorporées à la démarche de l’esprit scientifique», il identifie deux types d’obstacles, les obstacles liés à la
recherche elle-même ou l’acte de connaitre et ceux qui sont induits par l’environnement de la recherche.
A- : Les obstacles liés à l’acte de connaitre : « les entraves et errances incorporées à la démarche de l’esprit scientifique »
C’est dans l’acte même de connaitre que l’on trouve de véritables obstacles à la connaissance scientifique. Il s’agit des obstacles intrinsèques à
l’acte de connaitre, c'est-à-dire le chercheur lui-même qui développe un type de comportement, de pratiques et de croyances qui structurent sa
manière de penser et freinent la recherche. Le premier obstacle à surmonter est l’acte même de connaitre vraiment, c’est la difficulté de
construire cette volonté autonome et neutre de connaitre ; il affirme que « c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par
une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression,
c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques »3.
Le premier obstacle est le chercheur lui-même qui, dans les activités de connaissance, développe des résistances pour continuer à s’attacher aux
opinions et à la connaissance vulgaire qui le mettent en harmonie avec son environnement et dans le confort de la paresse. Ce sont des obstacles
épistémologiques qui sont les causes de la stagnation, de la régression et d’inertie. Ces obstacles sont les plus dangereux de la science puisqu’ils
figent la connaissance, s’opposent à la remise en cause des certitudes du sens commun ou instrumentalisent le processus pour se donner une
fausse assurance. Ce sont des obstacles intrinsèques qui créent des dysfonctionnements dans l’entreprise de connaissance et qui plombent les
activités de la recherche. Dans les deux cas, le chercheur est tenté par
- La paresse
- Le confort intellectuel ou la résistance au changement
- L’ignorance
3
BACHELARD G. :
jg14
- La naïveté
Le deuxième obstacle est ce qu’il appelle les troubles : c’est des croyances et des illusions qui perturbent la vue du chercheur et qui s’interposent
à la connaissance qu’il appelle sens commun, l’illusion
« La subjectivité du chercheur, son intérêt pour ou sa familiarité avec l’objet de la recherche, le regard qu’il porte sont autant de facteurs pouvant
obstruer la recherche et qui sont considérés comme des biais qu’il faut si oui éliminer, du mois en réduire l’impact sur la recherche pour ne se
consacrer qu’aux obstacles induits par l’environnement de la recherche.
B- : Les obstacles liés à l’environnement de la recherche : « des obstacles interposés par le monde empirique »
Emile Durkheim cite « les obstacles interposés par le monde empirique » que Gaston BACHELARD considère comme étant « des obstacles
externes ». Ces obstacles sont liés à l’objet à connaitre et aux outils de la connaissance.
- Les obstacles liés à l’objet de la connaissance :
L’objet de la connaissance en sciences sociales est l’homme et tout ce qui se rapporte à lui dans son existence dans la société et répondant à cette
réalité que Emile Durkheim appelle fait social et que Max weber appelle action sociale. Pour ces deux auteurs qui ont défini différemment l’objet
en science sociale, il existe un point commun sur lequel ils sont d’accord, à savoir que ces faits sont caractérisés par leur complexité et leur
fugacité. C’est pour résumer le caractère complexe et fugace des phénomènes sociaux que Michel Eyquem de Montaigne a qualifié l’homme
d’ondoyant et divers « C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme. Il est malaisé d’y fonder jugement constant et
uniforme »4 ( Essais , I, 1).
La complexité de l’objet de la recherche : l’objet de la recherche est complexe dans ce sens qu’il est un faisceau de tendances
contradictoires, l’aboutissement de plusieurs intérêts ou l’objet de plusieurs interprétations contradictoires. C’est cette complexité qui fait la
différence entre les faits sociaux et les faits naturels. Ainsi, un fait social est le plus souvent formé de plusieurs forces contradictoires et dont le
4
Michel de Montaigne , Essais Traduction par Michaud, Firmin Didot, 1907 (Livre I, p. 17-23)
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sens ne peut être défini qu’après une analyse rigoureuse permettant non seulement d’interpréter les faits dont il est constitué, mais aussi de
comprendre l’esprit de ceux qui l’animent.
Quant à la fugacité de l’objet, il traduit le caractère mouvant du fait social, sa capacité de subir des changements en fonction du temps, de
l’espace et son instantanéité qui fait que l’objet ne se reproduit pas exactement de la même manière au même moment à des endroits différents ou
au même endroit à des moments différents, il n’est pas reproductible.
L’homme est buté à l’outil de connaissance
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On peut définir la recherche scientifique comme un effort analytique, rigoureux, progressif et systématique d'éclaircissement d'une situation, d'un
fait ou d'un ensemble de faits à l'aide d'outils et de techniques spécifiques. Cet effort va de l'identification et la définition du problème jusqu'à
l'aboutissement à une ou plusieurs solutions ou possibilités de dépassement de la situation initiale (meilleure connaissance, correction,
amélioration, transformation ...). C'est donc ainsi un travail qui se fait avec le temps et la patience à l’occasion d’un lent processus d’essai-
erreurs. Néanmoins, quel qu'il soit, il se base toujours sur des pré-requis nécessaires à l’explication.
— Unité et clarté du sujet traité : ce qui est soumis à l'étude ou à l'analyse doit être bien individualisé et identifié. L’intitulé du sujet doit
être sans équivoque. Ce qui se conçoit clairement s’énonce aisément et les mots pour le dire arrivent facilement.
— Rigueur de la démarche : méthode et techniques conformes aux normes scientifiques.
jg17
— Logique de la démarche : la rigueur ne suffit pas toujours, encore faut-il que les différentes étapes et parties de la recherche
s'articulent les unes aux autres selon une logique explicite et évidente.
— Justification des outils, techniques, instruments ... qui sont retenus, de la pertinence des types de données recueillies par rapport au
problème traité, du choix des lieux, personnes ... auprès de qui ces données sont recueillies.
— Preuves des résultats avancés, de leur authenticité, leur exactitude ...
La recherche scientifique, que ce soit dans le cadre d'un mémoire, d'une thèse ou toute autre forme de travail à caractère académique, consiste à :
1) formuler une interrogation à partir d'une énigme, d'une insuffisance de compréhension d'un phénomène, d'un vide dans une théorie...
2) construire une articulation complète de cette interrogation de façon à la traduire dans une hypothèse de travail qui peut être renseignée et
traitée dans le cadre d'un champ de connaissance précis.
3) Vérifier cette hypothèse en la confrontant aux faits
La recherche est donc une contribution, aussi petite ou modeste soit-elle, à l'édifice des connaissances générales sur les différents aspects de la
réalité. Elle a pour objet général l’explication des faits sociaux
b) L’explication des faits sociaux
L’explication est l'analyse des faits, dans le cadre d'une ou de plusieurs théories connues, à l'aide de concepts déterminés, afin de dégager des lois
permettant de construire un ou plusieurs modèles rendant compte du réel étudié et de ses mécanismes, ses particularités, ses dysfonctions... et, par
la même occasion, enrichissant le champ de connaissances mis en œuvre. C'est la mise en évidence de constances et d'invariants liés à un
problème donné qui intéresse le chercheur. Le fugace ou le conjoncturel ne peut constituer une base de connaissances et ne peut prétendre ni à
l’explication, ni à la généralisation qui caractérisent nécessairement le travail scientifique. « Il n'y a de science que du général », se plaît-on à
répéter depuis Aristote.
L’explication est l’utilisation d’un vocabulaire précis et adapté pour établir des rapports intelligibles entre les faits constitutifs de l’objet à
expliquer.
La science a pour objectif de rendre compte d’un objet et cette activité peut être menée à des niveaux différents : soit une observation-description
qui est le premier niveau de l’activité scientifique, la classification qui est un niveau intermédiaire servant à ranger les faits observés selon des
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critères bien définis, et le niveau explicatif qui consiste à établir des rapports de causalité entre les faits décris et classés. Expliquer renvoie à trois
préoccupations ou tâches précises:
- Exhiber les causes d’un phénomène de façon claire et suffisante pour permettre la prévision ;
- Etablir les relations ou liens intelligibles entre les phénomènes observés et les causes établies (entre les variables qui permettent de décrire
le phénomène ou une classe de phénomènes ;
- Vérifier expérimentalement la pertinence d’hypothèses ou de modèles construits in abstracto.
Les trois moments sont interdépendants et constituent à la fois les buts et les moyens de l’explication. Expliquer c’est répondre à la question du
pourquoi (mise en évidence de la causalité du phénomène) et du comment (déterminer la multiplicité des facteurs influençant sur le phénomène).
L’explication n’est pas l’enchainement chronologique des faits (histoire) ni la description en détail des circonstances de leur déroulement
(journalisme), mais la construction rationnelle de l’intelligibilité de leur production et de la déduction de leur continuité. La sociologie est donc
l’étude aussi approfondie et complète de la réalité dans tous ses détails en cherchant à trouver entre les faits constitutifs de cette réalité non pas
des rapports de simple succession, mais des relations intelligibles pour la raison. Elle a pour ambition de montrer comment les faits sociaux se
sont produits, quelles sont les forces dont ils résultent et quelles sont les conséquences qui en découlent du point de vue d’un modèle d’analyse
choisi par le chercheur en fonction de la problématique qu’il a dégagée à cet effet. Elle doit donc rendre compte des faits définis par leurs causes
déterminantes, prochaines et immédiates, et être capable de les reproduire dans les mêmes circonstances. Il ne s’agit pas des causes générales
sans rapport avec les faits, l’explication procède en allant d’un phénomène social à un autre de manière intelligible, cohérente et logique.
L’explication est menée en fonction de la façon dont l’objet est défini. La science est basée sur deux manières de définir son objet, à savoir le
fait de conscience ou l’action sociale (Max Weber) et le fait social (Emile Durkheim). Ce double aspect influence l’explication qui peut être
menée dans le sens de la compréhension ou dans celui de l’interprétation
L’interprétation est une opération intellectuelle de reconstruction du sens de l’objet à partir de l’établissement entre les faits constitutifs des
relations intelligibles et significatives au regard de la problématique soulevée. Pour être qualifiée de scientifique, une opération d’explication doit
répondre aux critères suivants : 1) s’appuyer sur des matériaux empiriques ; 2) livrer aussi précisément que possible les principes théoriques de
sélection puis les modes de production de ces matériaux ; 3) clairement désigner les contextes spatio-temporellement situés de la « mesure » (de
l’observation) ; enfin, 4) expliciter les modes de fabrication des résultats à partir des matériaux produits (modes de traitement des données et, si
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possible, choix du type d’écriture scientifique). Expliquer c’est le fait pour un chercheur de donner un sens aux relations qu’il établit de manière
rigoureuse entre les faits constitutifs d’un objet qu’il analyse.
- La compréhension de l’action sociale
C’est la plausibilité d’un enchaînement de tâches individuelles qui seul peut conférer un sens à la mise en relation de grandeurs agrégées. En ce
sens, comme le note Dominique Schnapper, la compréhension sociologique remplace la confusion du réel « par un ensemble intelligible,
cohérent et rationnel ». Le phénomène est expliqué lorsque la logique de l’acteur devient accessible au chercheur, non que celui-ci admette
nécessairement le bien-fondé de la conduite adoptée ni qu’il en accepte les justifications mais qu’il puisse au moins en imaginer le déroulement
sans éprouver un sentiment d’incohérence ou d’absurdité. Ici, c’est l’auteur qui donne un sens à son action.
L’opération de reconstruction de sens que nous appelons « compréhension » présuppose qu’une attitude de décentrement combinée à une
recherche adéquate d’informations pertinentes doit permettre au sociologue de surmonter la distance sociale ou culturelle, voire même la distance
historique, pour se situer mentalement dans une logique d’action et permettre au chercheur de comprendre les mobiles de l’acteur par projection
de raisons d’agir qui transcendent les époques et les cultures.
Par « l'esprit scientifique », on entend esprit critique, esprit qui se rapporte (qui se réfère à) et qui, dans une discipline scientifique de n'importe
quelle obédience, a rompu ou doit chercher à rompre avec toute tendance subjectiviste et/ou sentimentaliste, en fonction d'une tendance
ascétique, entendu comme possibilité pour tout homme d'être austère devant une expérience scientifique tout en mettant de côté tout
préjugé7.L’esprit scientifique n’est pas inné et lié à l’existence de l’homme, il est acquis à la suite d’un exercice rigoureux auquel l’homme
soumet la raison et des défis qu’il réalise en surmontant les difficultés liées à la connaissance scientifique. L’épistémologie rend compte de cette
dynamique de l’esprit humain qui respecte les principes communs dans l’activité de la recherche scientifique. Deux auteurs ont mis en exergue
de manière forte cette spécificité de l’esprit scientifique dans sa quête de la nature, notamment Auguste Comte et Max Weber ; L’un fait mention
des trois états par lesquels l’esprit humain est passé pour arriver à la science tandis que l’autre cite les principes fondamentaux de cet esprit
scientifique.
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La loi des trois états est un concept énoncé par Auguste comte fondateur du positivisme, selon lequel chaque branche des connaissances
humaines passe par trois états théoriques successifs : théologique, métaphysique et positif, que ce soit dans l'évolution de l'esprit humain en
particulier ou de l’esprit de l’humanité en général. En ce qui concerne l'histoire individuelle de l’homme, chacun se souvient, lorsqu'il s'agit
d'expliquer un phénomène, avoir été théologien dans sa jeunesse, métaphysicien dans son adolescence et enfin scientifique dans sa maturité. Il en
est de même de l’évolution de l’humanité en général.
L’état théologique dans lequel l'homme recherche, d'une manière presque exclusive, l'origine de toutes choses, la cause essentielle des divers
phénomènes qui l'affectent. L'état théologique, aussi appelé état féodal, correspond au Moyen Âge et à l'Ancien Régime. Les relations sociales y
sont analysées comme le résultat de l'idée surnaturelle de droit divin.
L'état métaphysique, aussi appelé état abstrait, désigne le siècle des Lumières et notamment les encyclopédistes qui raisonnent à partir de la
supposition abstraite et métaphysique d'un contrat social primitif et à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux
idées de liberté et de souveraineté du peuple.
Dans l'état scientifique, aussi appelé état positif, l'esprit humain renonce temporairement à comprendre l'origine ou l'éventuelle destination de
l'univers, jusqu'à plus ample informé. Il renonce de ce fait à la question du « pourquoi ? » chère à Aristote (et source de plusieurs de ses erreurs
en physique) et recherche par l'usage unique du raisonnement et de l'observation les lois effectives de la nature « c’est-à-dire leurs relations
véritables de succession et de similitude ». Parvenu à l’étape scientifique, l’esprit adopte une démarche rigoureuse fondée sur des étapes précises
de la recherche
1° La conquête sur les préjugés ou la rupture avec les préjugés: de la réalité sociale à la réalité sociologique
Le chercheur commence sa recherche par une rupture objectivante: Réflexions sur l’objectivation de l’objet en prenant conscience de ses
propres valeurs et de ce qu’elles induisent comme effets dans notre recherche. C’est le doute cartésien qui autorise à ne prendre pour acquis que
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les faits qui sont passés au crible de la raison critique ; c’est une conquête que le chercheur a à gagner sur les préjugés, sa libération de la prison
du sens commun étant à ce prix, rupture qui consiste à distinguer la réalité sociale du sens commun de la réalité sociologique en construction.
Deux étapes structurent cette opération importante.
- la distance objet-observateur par un doute sur ce qui est communément accepté. Remise en cause de la connaissance commune et
immédiate en situant la recherche dans un contexte précis ;
- recherche de l'objectivité, statut du sociologue par l’établissement de la relation au sujet de recherche à travers une redéfinition des
concepts. C’est dans cette perspective que l’étape de la définition des concepts est importante en sciences sociales.
La rupture est une opération par laquelle le chercheur s’inscrit dans un champ de recherche donné pour redéfinir les concepts fondamentaux qui
structurent son sujet de recherche. Cette rupture donne au chercheur des éléments nécessaires pour une bonne observation, une description et une
classification des données observées sous forme de concepts qu’il applique à la réalité pour la questionner.
La construction de l’objet est un des points majeurs mais le plus difficile de la recherche. Elle nécessite intuition, rigueur, connaissances,
imagination, sens du réel et de l’abstraction… La construction de l’objet suppose que la problématique soit clairement posée. Autrement dit on
sait précisément ce que l’on cherche mais il faut maintenant introduire le caractère opérationnel de la construction qui va désormais servir de
guide à l’observation et à l’ordonnancement des données. A cette problématique, le chercheur doit apporter une réponse provisoire appelée
hypothèse de travail. Il s’agit de reconstruire l’objet déconstruit à l’étape de la rupture en s’assurant de son caractère intelligible et cohérent pour
tout esprit s’inscrivant dans la logique de cette recherche.
Vérification par les faits. Cette mise à l’épreuve des faits est appelée constatation ou expérimentation. C’est une opération qui est structurée
autour de trois éléments :
- Systématisation qui consiste par des techniques disponibles à collecter les faits et à les traiter ;
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- Réflexions sur l'usage de l'outil scientifique qui permet d’expliquer en établissant entre les faits des liens intelligibles (liens de causalité
ou liens de régularité) au regard de l’hypothèse avancée
- Validation par la communauté scientifique : falsifiabilité et révocabilité lois et théories
La méthodologie peut se définir comme l’ensemble d’outils opérationnels d’analyse et de collecte des données et de leur bon usage dans le
déroulement concret de la recherche. Il ne suffit pas de les connaître, encore faut-il savoir les utiliser comme il se doit, c'est-à-dire savoir
comment les adapter le plus rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de la recherche ou de l'étude envisagée, et d'autre part aux
objectifs poursuivis.
Autrement dit, les méthodes et techniques retenues dans une recherche donnée doivent être les plus aptes à rendre compte du sujet étudié et à
mener le chercheur vers les buts qu'il s'est fixés en termes d'aboutissement de son travail. Il est inutile de préciser que cela doit faire l'objet de
justifications et d'argumentations serrées de la part du chercheur : pourquoi choisir telle méthode, telles techniques, tels instruments...
Pour mieux circonscrire sa méthodologie, le chercheur doit définir, formuler et élaborer « au plus fin » son problème (on appelle « problème » en
recherche le point précis, et ses composantes, que le chercheur veut étudier, il constitue alors « son » problème). Plus les données du problème
seront précisées et plus facile sera l'élaboration de la méthodologie. Il y a un interconditionnement nécessaire entre le problème, la façon de le
poser, la méthode adoptée et les techniques retenues. La coordination, la combinaison et la synthèse de es deux outils dans un exercice constitue
sa méthodologie.
C'est la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en œuvre pour que le cheminement de ses
démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable. Selon Jean Louis Laubet Del BAYLE, elle est « l’ensemble des opérations
intellectuelles permettant d’analyser, de comprendre et d’expliquer la réalité étudiée » (initiation aux méthodes des sciences sociales, paris
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l’Harmattan, 2000, p. 230) et Madeleine GRAWITZ précise que c’est par ces opérations intellectuelles qu’une discipline cherche à atteindre les
vérités qu’elle poursuit, les démontre et les vérifient » (madeleine GRAWITZ, 2001, p. 254). La méthode est constituée d'un ensemble de règles
rigoureuses qui, dans le cadre d'une science donnée, sont relativement indépendantes des contenus et des faits particuliers étudiés en tant que tels.
Elle se traduit, sur le terrain, par des procédures concrètes dans la préparation, l'organisation et la conduite d'une recherche. Elle peut être
assimilée à l'approche dans ce sens que les deux sont une démarche intellectuelle qui n’implique ni étapes, ni cheminement systématique, ni
rigueur particulière. Lorsqu’on parle de la méthode ou du modèle d’analyse, il s’agit d’une attitude concrète et rigoureuse du chercheur vis-à-vis
de l’objet. Elle prescrit des façons concrètes d’envisager et d’organiser la recherche, de structurer les faits observés pour leur donner un sens.
C’est la structure du raisonnement et les règles de cohérence qui gouvernent la pensée dans sa quête de connaissance. C’est l’instrument
contingent et partiel visant à dévoiler le sens caché du réel. Elles se présentent sous la forme des dispositifs, des grilles de lecture qui aident le
chercheur à établir les liens de causalité entre les faits constitutifs de l’objet à analyser. La science sociale a identifié et élaboré plusieurs cadres
explicatifs de l’objet. On retient trois variantes selon la configuration de l’objet, celle qui explique l’objet dans une perspective holiste,
individualiste ou interactionniste.
- Le holisme méthodologique
Une société existe par la somme des individus qui la composent. Mais pour les sociologues holistes la société dépasse ses composantes ce qui
signifie pour eux que le tout est plus que la somme de ses parties. Donc l'individu est déterminé par la société, il est manipulé, conditionné par les
structures de la société et ne possède pas de libre arbitre. Le délinquant ne pouvait pas devenir honnête, son milieu social le déterminait donc à
devenir délinquant dirait un sociologue holiste. Les déterminismes sociaux qui agissent sur les individus sont énumérés, ce sont les groupes
sociaux, les pratiques sociales et les représentations collectives, ainsi on ne pourrait comprendre un comportement individuel sans prendre en
compte le groupe social, les croyances, coutumes, etc... de l'individu étudié. Les méthodes de cette étude sont :
a) le structuralisme,
Les tenants de cette approche sont Ferdinand de SAUSSURE, Marcel Mauss, Robert Lowie et Lévi-Strauss qui systématisent et popularisent le
paradigme structuraliste en France comme aux États-Unis, à l'UNESCO à partir des années 1960.
Le structuralisme envisage d’étudier la société ou l’objet comme un système dans lequel chacun des éléments n’est définissable que par les
relations d’équivalence ou d’opposition qu’il entretient avec les autres. Cet ensemble de relations forme la structure. Dans les années 1950, les
analyses de LEVI-STRAUSS des systèmes de parenté permettent de montrer que la structure est une organisation logique et implicite ayant un
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fondement objectif en deçà de la conscience et de la pensée (structure inconsciente). Par conséquent, le structuralisme vise à mettre en évidence
ces structures inconscientes par-delà les formes variables et changeantes que ces organisations peuvent prendre concrètement.
Pour les structuralistes, les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui demeurent le plus souvent inconscientes et invisibles.
Ainsi, l’organisation sociale génère certaines pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent. S’inspirant de cette
méthode, le structuralisme cherche à expliquer un phénomène à partir de la place qu’il occupe dans un système, suivant des lois d’association et
de dissociation (supposées immuables). "Si l’activité inconsciente de l’esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces formes sont
fondamentalement les mêmes pour tous les esprits, anciens et modernes, primitifs et civilisés comme l’étude de la fonction symbolique, il faut et
il suffit d’atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque institution et à chaque coutume, pour obtenir un principe d’interprétation
valide pour d’autres institutions et d’autres coutumes" (LEVI-STRAUSS).
C’est grâce au structuralisme qu’il est possible d’identifier dans la forme d’une concession la structure politique ou sociale de la famille ou d’une
organisation. Exemple à l’Ouest du Cameroun, c’est en voyant la manière dont les cases sont disposées qu’on repère la case du chef de famille,
qu’on identifie le statut d’une case dans l’organisation sociale… la structure d’une société se dévoile à travers le mode vestimentaire, les
pratiques, la manière de se comporter…
Malgré la différence entre les divers courants structuralistes, ceux-ci ont influencé les sciences humaines d’aujourd’hui et notamment la
sociologie. Ainsi, Pierre BOURDIEU invente la notion d’habitus, qui correspond à une capacité acquise socialement par un individu et qui lui
permet d’avoir la réaction immédiate et appropriée à un environnement. Ainsi, lorsque l’habitus est acquis, tout semble naturel à un individu ce
qui lui permet d’effectuer les choix corrects au regard de ce que la société attend de lui, c’est-à-dire ceux conformes à son ethos (la culture de son
groupe). L’habitus s’apparente à une partie de la structure sociale, inconsciente à l’individu et déterminé par les échanges entre les individus dans
le maintien et la stabilité du groupe.
b) le fonctionnalisme
L’analyse fonctionnaliste met l’accent sur la contribution de chaque élément au maintien ou à la reproduction de l’organisme dont il fait
partie. Le postulat de base du fonctionnalisme repose sur certains éléments importants comme l’homologie de la société et du corps humain, la
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recherche de la fonction des organes. C’est un paradigme holiste car il tend à expliquer un phénomène social en montrant la fonction qu’il
remplit et son utilité sociale. C’est donc par la société qu’un phénomène existe et c’est la société qu’il sert en remplissant une fonction précise.
On cherchera alors la contribution d’un organe ou d’un de ses éléments au maintien de la société politique. Pour le fonctionnalisme,
expliquer un fait c’est dire ce à quoi il sert en établissant un lien entre l’existence de cet organisme et le besoin auquel il répond. Il faut distinguer
le fonctionnalisme absolu critiqué par Robert K. Merton qui développe le fonctionnalisme relatif.
Le fonctionnalisme absolu a été développé par des anthropologues comme Malinowski et Radcliffe-Brown qui l’ont développé en se fondant sur
3 postulats :
- le postulat de l’unité fonctionnelle de la société : chaque élément ou structure concourt de par son activité à la cohérence et à la
stabilité de la société.
- le postulat de l’universalité des fonctions selon lequel chaque structure remplit une fonction et une seule fonction de manière
universelle.
- Postulat de la nécessité fonctionnelle qui montre que chaque croyance, coutume remplit une fonction vitale.
Robert King Merton critiquera ce fonctionnalisme comme étant rigoureux et pas très pertinent dans l’analyse de la réalité. Il milite pour une
approche plus relative fondée sur d’autres notions explicatives comme la notion d’équivalent ou de substitut fonctionnel, de dysfonction, de
fonction latente et de fonction manifeste, d’effets pervers. En sciences sociales, l’analyse fonctionnelle est particulièrement adaptée à rendre
compte de la différenciation et de la spécialisation des organes, de la division du travail et des dysfonctionnements que cela peut engendrer pour
la cohésion sociale.
c) L’analyse systémique.
L’analyse systémique encore appelé structuro-fonctionnalisme se propose d’expliquer l’objet en le considérant comme un ensemble constitué de
plusieurs éléments entretenant entre eux des liens d’interdépendance conformément aux lois du système. C’est David Easton qui développera
mieux et rendra célèbre ce schéma d’analyse destiné à éclairer un problème essentiel des sociétés politiques celui de savoir comment un système
politique peut arriver à se maintenir et à se reproduire malgré les perturbations venant de son environnement. Ce modèle est transposé dans le
domaine de la société pour rendre compte des interactions du système social et de son environnement et insister sur la notion de persistance et de
reproduction de la société. A cet effet, l’analyse systémique considère l’a société comme un système constitué de plusieurs organes, entretenant
entre eux des relations fonctionnelles dans le maintien de l’équilibre de l’ensemble et de sa reproduction. Il insiste sur les concepts de boite noire,
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fonctions manifestes et les fonctions latentes, les dysfonctions, les canaux de circulation des informations, les boucles de rétroaction, des inputs
et outputs, de surcharges structurels et culturelles…
L'analyse systémique apporte un cadre méthodologique pour modéliser le fonctionnement de toute société et apporter des réponses à de
nombreuses questions managériales qu’elle pose en tant qu’organisation dont le fonctionnement est complexe au regard des nombreuses
interactions internes et externes. Elle est baignée dans un environnement dynamique, rendant la compréhension des processus très difficile.
Considérer l'objet d'étude (une organisation, un processus, un état stratégique...) comme un système facilite le diagnostic en intégrant l'ensemble
des variables, qui plus est, sont interdépendantes.
L’hypothèse de l’Individualisme méthodologique réside dans le fait que les phénomènes sociaux sont les produits des actions des individus et
de leurs croyances. De plus, il faut prendre en compte le contexte social.
Pour Boudon, « le principe de l’individualisme méthodologique énonce que, pour expliquer un phénomène social quelconque – que celui-ci
relève de la démographie, de la science politique, de la sociologie ou de toute autre science sociale, il est indispensable de reconstruire les
motivations des individus concernés par le phénomène en question, et d’appréhender ce phénomène comme le résultat d’agrégation des
comportements individuels dictés par ces motivations ».
Les sociologues faisant usage de l'individualisme méthodologique estiment que la société n'est pas plus que la somme des individus qui la
composent et qui possèdent chacun leur libre arbitre. Il en découle deux conséquences :
- un phénomène social résulte de l'action d'individus raisonnables, c'est-à-dire n'agissant pas par instinct, mais adoptant un comportement
rationnel consistant à optimiser leur utilité c’est-à-dire maximiser leurs plaisirs et minimiser leur peine comme dit l'utilitariste Jeremy Bentham.
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- les interactions entre les individus aboutissent à des effets qui ne sont pas délibérés, on parle d'un phénomène d'émergence que l'on peut
décrire par le principe selon lequel des actions chaotiques résultent en un ordre supérieur. Par exemple le chaos de la recherche par chacun de son
intérêt personnel dans un système de marchés permet de satisfaire les besoins de chacun.
L’explication de ces différents phénomènes se fait grâce à deux approches compréhensives, à savoir l’approche stratégique et l’approche
interactionniste.
L'analyse stratégique se propose d’analyser le comportement des acteurs donnés comme stratégiques au regard des obstacles ou de leur
rationalité limitée et en fonction des objectifs visés. L'acteur au sens de Crozier-Friedberg est « celui dont le comportement (ie. L’action)
contribue à structurer un champ, c'est-à-dire à construire [des] régulations. On cherche à expliquer la construction des règles (le construit social)
à partir du jeu des acteurs empiriques, calculateurs et intéressés.
Quant à l'interactionnisme, elle considère que les phénomènes sociaux résultent de l'interaction entre des individus à l'intérieur de jeux dont les
règles sont fixées. L'individu possède alors bien son libre arbitre, mais ses actions sont influencées par celles des autres, on parle là de
dépendances réciproques. La similitude de la vie sociale avec un jeu découle du fait que toute action engendre une réaction de la part d'autres
individus.
Le chercheur a besoin des données de terrain pour mener cette explication. Il a besoin des techniques pour obtenir ces données.
B – Les techniques
Les techniques sont les aspects tactiques de la méthode, des outils mis à sa disposition du chercheur pour manipuler concrètement les faits
observés, les collecter et les traiter. C'est un moyen précis pour atteindre partiellement un résultat, à un niveau et à un moment précis de la
recherche, celui de l’observation des données. Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du fait observé, de l'étape pratique de la
maitrise des faits. Les techniques sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir les opérations limitées dans le temps et dans l’espace
(alors que la méthode est plus de l'ordre de la conception globale coordonnant les données de plusieurs techniques). Ce sont ces techniques qui
informent les modèles d’analyse, c'est-à-dire qui donnent au chercheur des informations dont il a besoin pour argumenter ses prises de position et
développer la structure construite par le raisonnement et les modèles d’analyse. Ces technique sont bien contenues dans ce qui est appelé le plan
d’exploration qui indique les différentes phases de la collecte des données
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Ces informations sont des données collectées et analysées par des techniques appropriées.
La technique est un outil mis à la disposition de la recherche et organisé par la méthode. Sous cet angle, elle représente les étapes des
opérations liées à des éléments pratiques concrets adaptés à un but défini. (GRAWITZ et al.1971 :287). On distingue deux grandes techniques de
collecte des données, les techniques documentaires et les techniques vivantes.
1- Techniques documentaires
La technique documentaire est celle qui est orientée vers une fouille systématique de tout ce qui est écrit en rapport avec le domaine de la
recherche c'est-à-dire tout ce qui constitue la source écrite d'un thème de recherche. Elle consiste en l'utilisation des documents écrits ayant une
liaison avec le sujet choisi. La technique documentaire enrichit la revue de la littérature d'un domaine (GRAWITZ, M., 1990 : 358) dans la
mesure où pendant la recherche, le chercheur peut consulter les ouvrages dans les différentes bibliothèques des universités et dans les villes, les
rapports et les comptes rendus des documents officiels ou personnels, les mémoires, les sites internet et autres documents relatifs à son sujet. Ce
sont ces techniques qui renseignent si le sujet a fait l’objet d’un traitement et sur le sens de ce traitement par d’autres auteurs ou professionnels.
Elle met à la disposition du chercheur des données secondaires c'est-à-dire des productions faites pour d’autres raisons qu’il doit adapter à son
sujet. C’est bien elle qui indique aussi l’existence d’une communauté scientifique propre à un champ scientifique donné.
Les données prises dans les documents le sont par la technique de la prise des notes sous forme des fiches, chaque fiche renvoyant à un
document consulté. Pour le faire, on respecte les critères suivants :
Nom et prénom de l’auteur, titre de l’ouvrage, bibliographie de l’auteur si possible, définition des concepts fondamentaux, objet de l’étude,
résumé de l’ouvrage, théories mobilisées, les citations, …
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2- Techniques vivantes
Ces techniques sont celles qui permettent au chercheur de recueillir directement auprès des populations cibles des informations pertinentes sur le
sujet en question. Elles permettent au chercheur d’obtenir des données primaires, qui, sont collectées dans le cadre de sa recherche. Pour les
obtenir, il peut adopter deux solutions, soit élaborer un questionnaire ou mener un interview.
La première technique consiste à élaborer un questionnaire destiné à une population cible, plus précisément à un échantillon représentatif de cette
population qui répond par écrit en remplissant le formulaire. Ce formulaire doit être bien étudié à l'avance et devra laisser suffisamment de place
entre les questions pour des réponses et commentaires éventuels des personnes interrogées.
L’interview quant à lui est une technique qui permet au chercheur d’obtenir de l’enquêté des données en menant avec lui un entretien sur la base
d’un guide d’entretien qui peut être directif ou non directif.
Les données collectées font l’objet d’un traitement systématique à l’aide des techniques précises qui les transforment en informations utiles au
chercheur.
B) Les techniques de traitement des données ou analyse du contenu.
Les données de terrain ne sont pas immédiatement exploitables. Il faut d’abord qu’elles soient traitées. La valeur des données collectées est
fonction de la qualité du traitement dont elles font l’objet. Selon les professionnels, 40 % à 50 % du coût d'une étude sont consacrés à la collecte
de l'information et seulement 10 à 15 % au traitement des données. Or, quelles que soient les techniques d'enquête utilisées, les informations
brutes obtenues ne peuvent servir que si elles sont «traitées». L'objectif du traitement de données est généralement d'extraire une information de
plus haut niveau et de meilleure qualité contenu dans un ensemble de données plus ou moins désordonnées pour offrir à une meilleure utilisation.
D’après Berelson, l’analyse de contenu est « une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu
manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter »5. L’analyse de contenu consiste donc au traitement de données contenues
dans un ensemble ; il renvoie à une série de processus qui permettent d'extraire de l'information ou de produire du savoir à partir de données
brutes.
5
Berelson, B. : content analysis in communication research, Grencoe, III, The Free Press, 1952.
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Le traitement commence par la saisie des données. Les données sont saisies sous forme de chiffres ou de caractères qui représentent des
observations (ex., nombre de chômeurs et quantité de pluie). Une donnée renvoie à une observation qualitative ou quantitative. Une fois les
données saisies, leur ensemble est analysé. Il s’agit d’exploiter le contenu de ces données collectées
L’analyse consiste à structurer le tout à l'aide d'algorithmes qui dérivent, déduisent ou infèrent pour trouver la cohérence et la logique
d’ensemble. Selon que les données sont le discours ou le texte, le traitement consistera à l’analyse de ce qui est contenu dans le discours ou dans
le texte :
- L’analyse du discours
- L’analyse du texte
Dans les deux cas, l’objectif consiste en la fusion de données, l'extraction d'information ou de la transformation de la représentation. Par
exemple, la fusion peut consister à combiner plusieurs sources de données afin de les compiler en une information plus sûre et l'extraction peut
être un traitement destiné à synthétiser ou classer les données pour exclure les répétitions, les redondances, ….
La technique de traitement consiste à combiner ces données pour ressortir celles qui reviennent de manière constante et régulière au regard de la
problématique et de l’hypothèse de travail d’une part et d’autre part celles qui sont de nature à illustrer le plan de rédaction.
La recherche de l’information entre une floraison des données est une technique appliquée dans tous les secteurs où l’homme développe des
stratégies de fuite ou de dissimulation des informations (crime, politique…) C’est le cas des enquêtes policières lorsque les enquêteurs procèdent
d’abord par la collecte des données à travers les techniques de l’audition, de la confrontation, de la déposition des témoins, de la reconstitution
des faits pour enfin repérer dans le flot des données après de multiples combinaisons des indices sur lesquels se concentrer pour construire le fil
des événements et découvrir la vérité.
Une fois le traitement terminé, le système doit produire de l'information utile pour répondre à une question. L'ensemble des processus de
traitement des données d'un système compose le système d'information étant donné que l’idée centrale de la recherche aura établi un lien
cohérent entre toutes ces données pour leur donner un sens bien cohérent et logique. Ce processus peut être mené manuellement ou par
ordinateur.
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Pendant longtemps, le traitement des données était manuel, le dépouillement consistant en une opération facile lorsque les données sont réduites
et comportent peu de paramètres. Il est de plus en plus automatisé c’est-à-dire fait à l'aide d'ordinateurs à la faveur de la révolution informatique
et de la complexité des paramètres de recherche. Les logiciels les plus courants aujourd’hui pour exploiter les données et que les étudiants sont
susceptibles d’utiliser aussi facilement sont ACCESS pour les bases de données et EXCEL pour les statistiques et pour la cartographie. Il s’agit
là des deux logiciels très accessibles dans le champ universitaire. Il est question du passage des sources aux données, c’est-à-dire ce qu’il
convient d’appeler la méta-source, le contexte, les archives, … dont les structures très différentes les unes des autres permettent de passer en
revue l’ensemble des règles à observer et des pièges à déjouer dans la phase initiale d’une recherche historique ayant recours à l’informatique.
D’où la nécessité d'insister sur l'importance d'opérations préalables au traitement proprement dit qui en assurent la qualité et la fiabilité. Parmi
ces étapes figurent la vérification des questionnaires afin de contrôler l'exhaustivité et la cohérence des données qu'ils contiennent ; la
codification des réponses aux questions ouvertes pour qu'elles soient traitées informatiquement, via une grille de codage ; la vérification du
fichier des données afin d'éliminer les erreurs de saisie ; et enfin l'élaboration du plan de traitement qui spécifie les traitements nécessaires pour
répondre au problème posé. Le traitement est une part importante d'une étude, la base de notre profession; il permet de tirer de bonnes
conclusions.
De façon plus générale, le terme « traitement de données » renvoie à tout processus qui convertit des données d'un format textuel ou discursif à
un autre qui est logique et cohérent, ce qui devrait s'appeler « conversion de données » en informations. Selon cette vue, les données peuvent être
converties en information et vice-versa, les informations contenues dans un travail de recherche constituant des données pour une autre
recherche. La conversion de données n'a pas pour but de répondre à une question, seulement de faciliter l'exécution d'algorithmes, d’illustrer une
réponse. Par exemple, l'information peut être une chaîne de caractères qui forme une phrase intelligible à l'humain et qui lui permet de
comprendre les paramètres du matériel qu'il observe, paramètres le plus souvent constitués de suites de chiffres.
En conclusion, qu'il n'y a pas de travail scientifique possible sans méthode (esprit scientifique, doute cartésien) et méthodologie (modalités
concrètes de la conduite de la pensée). Il s’agit de faire un usage méthodique (Descartes, Bachelard) de la méthodologie (Merton, Easton …) de
la recherche pour expliquer un objet. C'est en fait ce qui distingue par exemple le journaliste ou le reporter du chercheur. Le second se
caractérise par une rigueur explicite, absolue et systématique dans sa quête de la connaissance neutre et objective à partir du traitement des
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informations recueillies à l’occasion, c'est là qu'il doit faire preuve de méthode et c'est par là qu'il s'apparente à la communauté scientifique.
Encore faut-il qu’il soumette les résultats de ses recherches à la connaissance et à la critique de cette communauté, d’où l’exigence de la
restitution scientifique des résultats de la recherche.
Méthode ;
Sciences sociales ;
Fait social
Action sociale
Question 2 (5pts):
Qu’est-ce que la connaissance scientifique
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Quels sont les différents types d’obstacles à la connaissance scientifique que vous connaissez et donnez des exemples pour chaque type
Quels obstacles sont facteurs explicatifs du sous-développement dans la recherche scientifique ?
Question 3 (5pts) :
Qu’est-ce que la recherche scientifique ?
Quelles sont les étapes de la recherche scientifique ?
Qu’est-ce que la hiérarchie des actes épistémologique ?
Présentation 2Pts.
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