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DROIT

DROITDE
DELA
LAPROPRIETE INTELLECTUELLE
PROPRIETE INTELLECTUELLE

Maitre Ekani Françoise

La propriété intellectuelle s’insère dans un vaste ensemble dont le socle repose sur le droit de propriété
tel que régi par le Code de Napoléonien. C’est ainsi, qu’au même titre que le propriétaire d’un bien
matériel, au sens du droit civil, le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle jouit de tous les attributs
essentiels du droit de propriété, à s’avoir : l’usus, le fructus et l’abusus. Toutefois, à la différence de la
propriété au sens civiliste du terme, la propriété intellectuelle quant à elle porte sur une catégorie de
biens qui est fondée sur l’appropriation du savoir dans tous les domaines de l’activité humaine,
notamment de l’industrie, de l’agriculture, de l’artisanat et des sciences. C’est ainsi que la propriété
intellectuelle occupe une place de choix dans l’économie mondiale en ce début de millénaire. Et du fait
qu’elle crée des richesses, la propriété intellectuelle participe au développement économique des
Etats.
La propriété intellectuelle apparait ainsi comme un ensemble de règles spéciales qui contribuent à la
réservation des droits portant sur des choses immatérielles. C’est ainsi que les objets de propriété
intellectuelle obéissent à un régime spécifique dérogatoire du droit commun bien qu’ils s’en inspirent
sur divers points. Une classification ancienne permet de scinder les droits de propriété intellectuelle en
deux catégories, à savoir : ceux qui relèvent de la propriété industrielle et ceux qui relèvent du droit
d’auteur et des droits voisins.
Les droits qui relèvent de la propriété industrielle peuvent être regroupées en 3 catégories qui portent
respectivement sur les créations industrielles , et les signes distinctifs d’autre part et enfin la protection
contre la concurrence déloyale.
C’est ainsi que les inventions, les dessins et modèles industriels relèvent des créations industrielles,
alors que les marques, les noms commerciaux sont classés dans la catégorie des signes distinctifs.
Par ailleurs, les droits qui relèvent de la propriété littéraire et artistique comprennent les droits d’auteur
dans ses différentes composantes, notamment le droit des artistes musicien, le droit des auteurs de
roman et le droit des auteurs d’œuvres cinématographiques.
Pour les droits voisons du droit d’auteur, on peut citer le droit des artistes interprètes et exécutants
ainsi que les droits des producteurs de phonogrammes ou vidéogrammes.
Notre étude portera principalement sur le droit des brevets et sur le droit des signes distinctifs que sont
les marques, les noms commerciaux, les dessins et modèles industriels. Nous allons dans un premier
titre étudier le cadre institutionnel de la propriété industrielle et nous y verrons les sources de l’OAPI
d’une part et d’autre part les organes de l’OAPI.
TITRE I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PROPRIETE INDUSTRIELLE

CHAPITRE I : LES SOURCES DE L’OAPI


L’organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), trouve son origine dans la Convention de
Paris portant sur la protection de la propriété industrielle datée du 20 Mars 1883 notamment dans son
Article 12 (1) et (2).
Alinéa 1er : « chacun des pays de l’Union s’engage a établir un service spécial de la propriété
industrielle, et un dépôt central pour la communication au public des brevets d’invention, des dessins
ou modèles industriels et des marques de fabrique ou de commerce »
Alinéa 2  : « Ce service publiera une feuille périodique officielle »
La Convention de Paris fonde la création d’un service spécial de la propriété industrielle en ce qui
concerne les pays africains qui ont fraichement accédé à leur indépendance. C’est ainsi que l’accord
de Libreville du 13 Septembre 1962 verra la création d’un office centralisé de la propriété industrielle
pour les Etats regroupés au sein de l’office africain et Malgache de la propriété industrielle (OAMPI).
Cette même disposition de la convention de Paris à savoir l’Art 12, trouve également application dans
l’accord de Bangui du 02 Mars 1977 qui remplace l’accord de Libreville. Cette même disposition
fondera la révision de l’accord de Bangui du 24 Février 1999, ce dernier ayant connu une révision le 14
Décembre 2015. Nous allons étudier en 2 points le régime de l’accord de Libreville et l’accord de
Bangui et ses différentes révisions.

SECTION I : LE REGIME DE L’ACCORD DE LIBREVILLE


Cet accord a été fondé sur 3 principes fondamentaux dont le 1er des principes étant que les Etats
membres ont adopté une législation uniforme pat la mise en œuvre de l’application des procédures
administratives communes qui découlent d’un régime uniforme de protection de la propriété industrielle .
Le 2e des principes étant celui de la création d’un office commun aux Etats membres . Et enfin le 3e des
principes étant celui de la centralisation des procédures, de telle sorte qu’un titre qui est délivré par
l’office puisse couvrir tous les Etats partis à l’accord de Libreville .
Les Etats partis à l’accord de Libreville regroupent les territoires des pays africains d’expression
française suivant : La République Fédérale du Cameroun ; La République Centrafricaine ; La
République du Congo ; La République de Côte d’ivoire ; la république du Dahomey ; la République de
la Haute Volta ; la République Malgache ; La République Islamique de Mauritanie, la République du
Niger, la République du Sénégal, la République du Tchad.
SECTION II : L’ACCORD DE BANGUI DU 02 MARS 1977 ET SES REVISIONS

A- L’ACCORD DE BANGUI DU 02 MARS 1977 


Le retrait de la compétence de la République Malgache pour des raisons d’appréciation
souveraines, également le besoin de couvrir tous les objets de propriété intellectuelle
principalement la propriété littéraire et artistique et enfin le souci de mieux impliquer la
propriété intellectuelle dans le développement des Etats membres fondateurs ont amenés à la
révision de l’accord de Libreville et à la création de l’OAPI par l’adoption d’un nouvel accord et
signé à Bangui le 02 Mars 1977. L’accord de Bangui du 02 Mars 1977 visait principalement le
renforcement du système de protection de la propriété industrielle. Cela se traduit notamment
par un découpage de la durée de protection en tranches d’années à savoir pour le brevet la
durée de protection étant de 20 ans, pour la marque la durée de protection étant de 20 ans,
pour le nom commercial la durée de protection étant de 10 ans, pour les dessins ou modèles
industriels durée de protection étant de 15 ans. Cela se traduit également par la déchéance
des titres qui sont délivrés pat l’OAPI en raison de non exploitation ou de la non utilisation au
bout d’un certain temps à compter de la délivrance du titre. Enfin cela se traduit par le refus du
droit de poursuivre en contrefaçon tant que le droit n’est pas exploité ou utilisé. Depuis l’entrée
en vigueur de l’Accord de Bangui du 02 Mars, l’environnement juridique mondial beaucoup
évolue et de nombreuses conventions internationales ont été signées qui visaient pour
l’essentiel à simplifier la procédure de délivrance des titres dans les divers offices à travers le
monde. Egalement de réduire les entraves au commerce international en tenant compte de la
nécessité de promouvoir une protection efficace et suffisante des droits de la propriété
intellectuelle. Dès lors, une révision de cet accord s’imposait afin de le rendre conforme au
nouvel environnement juridique mondial notamment au regard des dispositions de l’accord sur
les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce encore appelés
accord ADPIC issue de l’accord de Marrakech de 1994 (crée l’OMC). L’accord ADPIC a pour
but d’harmoniser les normes de protection de la propriété intellectuelle au niveau mondial et
c’est l’organisation mondiale de la ppté intellectuelle (OMPI) à Genève qui administre cet
accord au niveau mondial. L’accord ADPIC établie l’obligation générale pour les Etats
contractant de prévoir dans le cadre de leur système judiciaire des procédures loyales et
rapides d’application des droits de propriété intellectuelle en cas d’atteinte à ses droits. Cette
obligation générale est assortie de règles spécifiques faisant obligation aux Etats partis de
prévoir des mesures provisoires ainsi que des mesures aux frontières en cas d’atteinte au droit
de propriété intellectuelle.

B- ACCORD DE BANGUI DU 24 FEVRIER 1999 


Le 24 Février 1999, les plénipotentiaires des Etats membres de l’OAPI, ont apposé leurs
signatures sur l’accord portant révision de l’accord de Bangui du 02 Mars 1977 au cours d’une
conférence diplomatique qui a été organisée à cet effet. Ce nouvel accord dont les travaux de
révision ont débuté en 1994 se divise en deux grandes parties : la 1ere partie qui constitue le
traité à proprement parlé et qui contient des dispositions d’ordre général. La 2 e partie comporte
des annexes (10 annexes) qui renvoi aux différents objets de propriété intellectuelle qui sont
protégés à l’OAPI. L’annexe 1 : concerne les brevets d’invention ; l’annexe 2 : les modèles
d’utilité ; l’annexe 3 : les marques de produits ou services ; l’annexe 4 : les dessins ou modèles
industriels ; l’annexe 5 : les noms commerciaux ; l’annexe 6 : les indications géographiques ;
l’annexe 7 : propriété littéraire et artistique, l’annexe 8 : la protection contre la concurrence
déloyale, l’annexe 9 : les schémas de configuration topographique des circuits intégrés ;
l’annexe 10 : des obtentions végétales. C’est l’ensemble constitué par les dispositions
générales et les annexes de l’accord de Bangui qui constituent le code de propriété
intellectuelle directement applicable dans les Etats membres de l’OA¨PI en matière de ppté
intellectuelle. A ce jour, le territoire de l’OPAI recouvre 17 Etats membres à savoir : le Benin,
Burkina F, CMR, Centrafrique, Les Comores, Congo Brazzaville, Cote d’Ivoire, Gabon, Guinée
Conakry, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.
L’accord de Bangui a créé sur l’espace territoriale de l’OAPI un service central commun à tous
les Etats membres dont le siège se trouve à Yaoundé au CMR. Toutefois, il faut retenir que les
décisions judiciaires qui sont devenue définitives et qui sont rendus sur la validité des titres
dans l’un des Etats membres de l’OAPI font autorité dans tous les autres Etats membres,
excepté celles fondées sur l’ordre public et les bonnes mœurs.

C- LA REVISION DU 14 DECEMBRE 2015


Signée à Bamako, est entrée en vigueur le 14 Novembre 2020, uniquement pour les
dispositions générales ainsi que pour les annexes 6, 7,8 et 10. L’entrée en vigueur des
annexes restantes se fera selon, un calendrier établi par l’OAPI. Il va s’en dire que les annexes
qui concernent notre étude ne sont pas encore entrés en vigueur à savoir les annexes 1, 3,
4,5. L’on peut néanmoins retenir au titre des innovations majeures de l’accord de Bangui du 14
DEC 2015, au regarde de l’accord proprement dit qu’aux 15 Etats signataires de l’acte de
1999, ce sont ajoutés la Guinée Equatoriale et l’Union des Comores. Au rang des annexes,
des modifications substantielles de fonds ont été apportées dans le cadre des procédures
d’examen des titres délivrés par l’OAPI. Mais il faut retenir que cette révision n’a pas remis en
cause les principes de base du système OAPI à savoir une législation uniforme, un office
commun et des procédures centralisées.
CHAPITRE II : LES ORGANES DE L’OAPI

L’OAPI comprend 3 organes d’une part le conseil d’administration, d’autre part la commission
supérieure de recours et enfin le Directeur Général.

SECTION I : CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’OAPI


Nous allons l’étudier à travers sa composition et attributions
Sa composition : Le conseil d’administration est composé des représentants des Etats membres à
raison d’un représentant pat Etat. Tout membre peut le cas échéant, confier au représentant d’un autre
Etat membre sa représentation au conseil. Toutefois, aucun membre du conseil ne peut représenter
plus de deux Etats
Ses attributions : Elles sont définies dans les dispositions générales de l’accord de Bangui à l’Art 29  :
«  le conseil d’administration est la plus haute instance de l’organisation. Outre les taches qui lui sont
confiées, en vertu d’autres dispositions du présent accord, le conseil d’administration arrête la politique
générale de l’organisation, règlemente et contrôle l’activité de cette dernière, et notamment :
a) établi les règlements nécessaires à l’application u présent accord et de ses annexes ;
b) établi le règlement financier et les règlements relatifs au taxes, à la commission supérieure des
recours, aux statuts générales du personnel et à la profession de mandataire ;
c) contrôle l’application des règlements vises sous a)et b) ;
d) approuve le programme et vote annuellement le budget et éventuellement les budgets modificatifs
ou additionnels et en contrôle l’exécution ;
e) vérifie et approuve les comptes et l’inventaire annuel de l’organisation ;
f) approuve le rapport annuel sur les activités de l’organisation ;
g) nomme aux postes hors catégories et désigne le commissaire aux comptes de l’organisation ;
h) statue sur les demandes d’adhésion en qualité de membre ou d’admission en qualité d’Etat associé
de l’organisation ;
i) fixe le montant de toute contribution des Etats membres et de celle des Etats associés ;
j) Décide en cas de besoin de la création de comité Ad Hoc sur des questions précises ;
k) arrête la ou les langues de travail de l’organisation. »
SECTION II : LA COMMISSION SUPERIEURE DE RECOURS
Nous allons l’étudier à travers sa composition et attributions
Sa Composition : Elle est composée de 3 membres titulaires et de 3 membres suppléants choisis par
tirage au sort sur une liste de représentants désignés par les Etats membres à raison d’un représentant
pat Etat. Ses membres sont de hauts magistrats qui sont supposés avoir une bonne connaissance des
questions de propriété intellectuelle. La durée du mandat de ses membres est de 5ans renouvelable
une fois. Les audiences de la commission supérieure de recours sont arrêtées par un calendrier établi
par le président de la commission et communiqué aux partis concernés à travers son secrétariat qui
tient lieu de Greffe.
Les Attributions : C’est l’Art 33(2) de l’accord de BANGUI ainsi qui le règlement portant organisation et
fonctionnement de la commission supérieure de recours de 1998 qui fixe les attributions.
Art 33 (2) : «  la commission sup de recours est chargée de statuer sur les recours consécutifs :
a) au rejet des demandes de titre de protection concernant la ppté industrielle ;
b) au rejet des demandes de maintien ou de prolongation de la durée de protection ;
c) au rejet des demandes de restauration ;
d) au rejet des décisions concernant les oppositions ».

SECTION III : LE DIRECTEUR GENERAL DE L’OAPI


Il est nommé par le Conseil D’administration en même temps que le DGA et le contrôleur financier qui
constituent les 3 cadres hors catégorie de l’organisation. La durée du mandat du DG de l’OAPI ainsi
que celle du DGA et du contrôleur financier est de 5 ans renouvelable une seule fois.
Le DG est le plus haut fonctionnaire de l’organisation qu’il représente dans tous les actes de la vie
civile. Le DG est responsable de la gestion de l’organisation devant le Conseil d’Administration auquel
il rend compte et aux directives duquel il se conforme en ce qui concerne les affaires intérieures et
extérieures de l’organisation. Il est d’office le secrétaire de toutes les cessions du Conseil
d’Administration auquel il prend part sans aucun droit de vote. Le personnel de l’organisation est
recruté, nommé révoqué ou licencié par le DG à l’exception des cadres hors catégorie.

SECTION IV : STRUCTURE NATIONALE DE LIAISON


Cette structure relève en principe du Ministère en charge de la ppté industrielle de chaque Etat
membre. Elle a pour but de servir de relais entre les utilisateurs nationaux des Etats membres et le
siège de l’organisation. Elle a pour obligation de transmettre au siège tous les actes qui ont été
déposés en son sein dans les cinq jours ouvrables.
TITRE II : LES TITRES DE PROPRIETE INDUSTRIELLE

Nous étudierons tour à tour les brevets d’invention, les marques, les noms commerciaux, les dessins
ou modèles industriels.

CHAPITRE I : LES BREVETS D’INVENTION


Nous étudierons tour à tour les conditions de fonds et formes de la protection d’un brevet. Dans les
conditions de fonds nous verrons d’abord les définitions, ensuite nous verrons la protection de
l’invention et enfin nous verrons la protection à travers le brevet.

SECTION I : LES CONDITIONS DE FONDS


La définition est posée à l’annexe 1 de l’accord de Bangui 1999  : « une invention s’entend d’une idée
qui permet dans la pratique la solution d’un problème particulier dans le domaine de la technique. Le
brevet s’entend du titre délivré pour protéger une invention. » Il y a lieu ici de relever que les définitions
qui y sont proposées sont vagues mais ont néanmoins le mérite d’exister bien qu’étant controversé par
de nombreux auteurs. On retient qu’elles ont toutes des notions liées au progrès car en effet, il y a
invention chaque fois qu’une solution technique est apportée à un problème technique. Ceci revient à
dire en d’autres termes qu’une invention est le résultat d’une action volontaire contrairement à la
découverte qui est l’observation d’un phénomène naturel préexistant. Cette définition de l’invention met
en évidence les caractéristiques fondamentales de l’invention à savoir d’une part des moyens de mise
en œuvre pratique et non pas l’énonciation d’une simple idée. Et d’autre part dans le domaine de la
technique c’est-à-dire précisément dans le domaine de l’industrie quel qu’en soit le genre y compris
l’agriculture. La dernière caractéristique étant la solution d’un problème particulier. En effet, l’invention
doit apporter une solution à un problème donné. Il ne faut pas pour autant en déduire que l’invention ne
concerne que des techniques promises à un développement très important ou de haute portée
scientifique. La réalité en effet est que la très grande majorité des brevets concerne des
perfectionnements de technique simple qui conduisent à des gains de productivité ou à des
améliorations de qualité. La protection des inventions est une nécessité économique, car les inventions
sont très souvent le produit de recherche longue et méthodique Du reste, ces recherches exigent des
investissements notamment en faisant appel à des chercheurs et en mettant à leur disposition des
laboratoires qui doivent être équipés de matériel dont le cout est certain. Il est par conséquent juste et
nécessaire pour encourager les investissements indispensables à la recherche qu’une fois les
inventions réalisées, leur exploitation soit réservée pendant une certaine durée au profit de la personne
qui en est l’auteur ou alors au profit de l’entreprise pour laquelle elles ont été réalisées.
La protection des activités intellectuelles de l’Homme notamment en ce qui concerne ses créations
peut être envisagée de deux manières : d’abord d’une manière active qui s’exprime sous la forme d’un
droit de ppté affirmé par un droit exclusif qui permet à son titulaire de s’opposer à toute usurpation ou
d’une manière défensive qui implique le recours à des techniques juridiques telles que le contrat ou le
secret. On distingue ainsi deux types de protection à s’avoir d’une part la protection de fait à travers le
secret et d’autre part la protection de droit à travers le brevet.
La protection de fait : permet à un inventeur de garder son invention secrète en évitant toute forme de
divulgation afin de préserver le secret de son invention. Dans cette hypothèse, l’inventeur s’arroge un
monopole de de fait. Ce type de protection est triplement critiquable. D’abord, il est souvent impossible
et toujours précaire. En effet, lorsqu’une invention porte sur un produit qui est caractérisé par sa
structure, l’exploitation de l’invention implique la commercialisation du produit qui de ce seul fait détruit
immédiatement le secret. Par ailleurs, le système du secret nous donnes ne protection de fait qu’à
l’inventeur lui-même. En effet, ce système ne permet pas à l’inventeur de négocier l’exploitation de son
invention par une cession ou une concession de droit. Enfin, le système du secret s’oppose au progrès
scientifique et technique en privant les générations futures de cette connaissance qui peut servir de
base à l’essor de nouvelles inventions.
La protection de droit : le brevet est le titre principal de protection des créations techniques, mais il
existe néanmoins d’autres titres secondaires notamment le modèle d’utilité. Selon le système du
brevet, l’inventeur divulgue son invention et l’apporte ainsi à la connaissance du public. En échange,
l’inventeur reçoit pour une durée limitée le droit exclusif d’exploiter cette invention ou d’en autoriser
l’exploitation à son profit sur le territoire soumis à la législation utilisée. Le système de brevet est très
ancien. Il remonte au 15e Siècle, à l’époque ou Venise était la puissance commerciale dominante dans
la méditerranée. Et c’est à cette époque en 1474 qu’a été créé la PARTE VENEZIANA. Elle visait en
réalité à retenir les entrepreneurs vénitiens sur leur territoire, en leur assurant un monopole
d’exploitation temporaire. Egalement, elle visait à attirer d’autres entrepreneurs de toute l’Europe afin
que ceux-là introduisent à Venise de nouvelles techniques jusque-là inconnues. Elle allait jusqu’à
sanctionner de peine de mort tout entrepreneur qui tenterait de quitter le territoire avec un savoir-faire
qui faisait la renommée de Venise. Par la suite et sous la pression de la bourgeoisie industrielle, le
souverain Britannique Jacques Ier a pris la 1ere loi sur les brevets. Cette loi exigeait que non
seulement l’invention soit nouvelle mais également que l’invention présente un caractère inventif et
qu’un homme du métier puisse la reproduire. Ces critères président jusqu’à nos jours à la brevetabilité
d’une invention. Il est à noter que dès la fin du 19 e Siècle, tous les grands Etats industriels se sont
dotés de système de brevet qui ne diffère guère au fonds de ce qui existe aujourd’hui. C’est notamment
le cas de la France qui a instauré la 1ere loi de brevet le 07Janvier 1791 intitulé «  Sur la propriété des
auteurs d’invention et découvertes en tout genre d’industrie ». Le décret d’application fut signé le 21
Mai 1791. C’est également sous la pression de la bourgeoisie industrielle que ce sont créés les
grandes conventions internationales, notamment la convention de Paris du 20 Mars 1883. En tout état
de cause, toute invention qui correspond au critère défini par la législation en vigueur peut faire l’objet
d’un brevet et c’est précisément le cas à l’Art 2 r et à l’alinéa (1) et (2) de l’accord de Bangui 1999.
Art 2 (1) : « peut faire l’objet d’un projet d’invention, l’invention nouvelle impliquant un activité inventive
et susceptible d’application industrielle ».
Art 2 (2) : « l’intention peut consister en, ou se rapporter à un produit, un procédé, ou à l’utilisation de
ceux-ci. »
SECTION II : ACQUISITION D’UN BREVET
A- LES CONDITIONS DE FONDS
Elles sont au nombre de 04 :
Seule une invention est brevetable. En cela, l’article 6 de l’annexe 1 de l’accord de Bangui de
1999 définit ce qui ne peut pas être breveté :

a) l’invention dont l’exploitation est contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs, étant
entendu que l’exploitation de ladite invention n’est pas considérée comme contraire à l’ordre
public ou aux bonnes mœurs du seul fait que cette exploitation est interdite par une disposition
légale ou réglementaire

b) les découvertes, les théories scientifiques et les méthodes mathématiques ;


c) l’invention qui a pour objet des variétés végétales, les races animales, les procédés
essentiellement biologiques, d’obtention de végétaux ou d’animaux autres que les procédés
microbiologiques et les produits obtenus par ces procédés ;
d) les plans, les principes ou méthodes en vue de faire des affaires, de réaliser des actions
purement intellectuelles ou de jouer ;
e) les méthodes de traitement du corps humain ou animal par la chirurgie ou la thérapie, ainsi
que les méthodes de diagnostic ;
f) les simples présentations d’informations ;
g) les programmes d’ordinateur ;
h) les créations de caractère exclusivement ornemental ;
i) les œuvres littéraires, architecturales et artistiques ou toute autre création esthétique.
[f, g, i font l’objet de l’objet de protection intellectuelle et artistique]

Seule une invention nouvelle est brevetable (la nouveauté) : Ce critère de nouveauté est
contenu dans les dispositions de l’article 3 de l’annexe1 de l’accord de Bangui de 1999. Alinéa
1er « une invention est nouvelle si elle n’a pas d’antériorité dans l’état de la technique »
Alinéa 2 « l’état de la technique est constitué par tout ce qui a été rendu accessible au public
quel que soit le lieu, le moyen, ou la manière, avant le jour du dépôt de la demande de brevet
ou d’une demande de brevet déposée à l’étranger et dont la priorité a été valablement
revendiquée ».
Alinéa 3 « la nouveauté d’une invention n’est pas mise en échec si dans les douze (12) mois
précédant le jour visé à l’alinéa 2, cette invention a fait l’objet d’une divulgation résultant :
a) D’un abus manifeste à l’égard du déposant de la demande ou de son prédécesseur en
droit ;
b) Ou du fait que le déposant de la demande ou son prédécesseur en droit l’a exposée
dans une exposition internationale officielle ou officiellement reconnue »
De manière générale, la notion de nouveauté signifie la nouveauté totale, c’est-à-dire quel que
soit le lieu, quel que soit la manière, écrite, visuelle ou orale, et quel qu’en soit l’origine. En
somme, toute divulgation de l’objet de la demande de brevet détruit la nouveauté et partant,
détruit la brevetabilité. C’est à tort que de nombreux chercheurs publient les résultats de leurs
recherches avant de penser à la protection par le brevet, et toute publication préalable rend
impossible toute protection ultérieure par le brevet. S’agissant de l’abus manifeste, il
correspond en réalité au non-respect d’une convention ou d’une clause de confidentialité.
S’agissant enfin des expositions internationales officielles ou officiellement reconnues, il faut
être extrêmement prudent avant d’exposer le résultat d’une invention non protégée par le dépôt
d’une demande de brevet.
[Ne pas confondre nouveauté et originalité. L’originalité porte sur le fond et la forme, la façon
dont elle se présente].

Seule une invention nouvelle impliquant une activité inventive est brevetable (l’activité
inventive) : Ce critère est contenu dans l’article 4 annexe 1 de l’accord de Bangui de 1999  :
« une invention est considérée comme résultant d’une activité inventive si pour un homme du
métier ayant des connaissances et une habileté moyenne, elle ne découle pas d’une manière
évidente de l’état de la technique à la date du dépôt de la demande de brevet ou bien si une
priorité a été revendiquée à la date de la priorité valablement revendiquée pour cette
demande ». La définition de l’homme du métier est fonction du développement technologique
d’un pays, et on peut ainsi admettre la définition suivante. L’homme du métier est l’homme du
métier moyen vis-à-vis de qui l’activité inventive s’apprécie, c’est une personne spécialisée
dans le domaine considéré. Toutefois, il ne s’agit pas du meilleur expert dans ce domaine,
comme l’indique d’ailleurs l’emploi de l’adjectif « moyen ». De plus, pour juger de l’évidence ou
de la non-évidence, il faut considérer les moyens par lesquels l’homme du métier peut parvenir
à une invention. Ce sera notamment à travers des indices, à travers l’utilisation d’une
découverte, ou souvent alors le caractère subit d’une invention. En règle générale,
l’appréciation de l’activité inventive est plus objective qu’elle n’y parait à travers la notion de
« l’homme du métier ».

Seule une invention nouvelle impliquant une activité inventive susceptible d’application
industrielle est brevetable (application industrielle) : Le critère d’application industrielle est
contenu dans l’article 5 de l’annexe 1 de l’accord de Bangui de 1999 «  une invention est
considérée comme susceptible d’application industrielle si son objet peut être fabriqué ou
utilisé dans tous genres d’industrie. Le terme industrie doit être compris dans le sens le plus
large. Il couvre notamment l’artisanat, l’agriculture, la pêche et les services  ». Ce critère est
fondé sur la reproduction à une échelle industrielle de l’invention. Il ne s’agit nullement d’un
prototype de l’invention.
Ces conditions sont cumulatives.
B- CONDITIONS DE FORME
Il s’agit du lieu du dépôt et du lieu de la demande

S’agissant du lieu du dépôt : Les dispositions générales à l’article 6 de l’accord de Bangui de


1999 donnent deux options possibles pour un dépôt de brevet à l’OAPI. Alinéa 1er « les dépôts
des demandes des brevets d’invention, les demandes d’enregistrement des marques de
produits et de service, de dessins et modèles industriels ou de noms commerciaux,
d’indications géographiques, ainsi que les dépôts de demandes de certificats d’obtentions
végétales, sont effectuées directement auprès de l’Organisation ».
Alinéa 2 « nonobstant l’alinéa 1er, tout Etat membre peut exiger que lorsque le déposant est
domicilié sur son territoire, la demande soit déposée auprès de l’administration nationale de cet
Etat. Un procès-verbal dont un exemplaire est remis au déposant est dressé par
l’administration nationale constatant chaque dépôt et énonçant le jour et l’heure de la remise de
pièces. L’administration nationale transmet la demande à l’organisation dans un délai de 5
jours ouvrables à compter du dépôt ».
Alinéa 3 « les déposants domiciliés hors du territoire des Etats membres effectuent les dépôts
par l’intermédiaire d’un mandataire choisi dans l’un des Etats Membres. L’exercice de la
profession de mandataire auprès de l’Organisation est régie par un règlement particulier
adopté par le Conseil d’Administration »
Alinéa 4 « les dépôts effectués auprès de l’Organisation ou de l’administration nationale
peuvent être transmis par voie postale ou par tout autre moyen légal de communication »
[Les mandataires représentent les demandeurs qui ne sont pas ressortissants des pays OAPI.
Les ressortissants des pays de l’OAPI peuvent déposer directement, ou recourir aux services
de mandataires agréés]
Revendication : les éléments que l’inventeur souhaite protéger

S’agissant du dépôt de la demande : C’est l’article 14 de l’annexe 1 de l’accord de Bangui de


1999 qui donne les détails de ce que doit contenir un dossier de demande de brevet : Alinéa 1er
« quiconque veut obtenir un brevet d’invention doit déposer ou adresser par pli postal
recommandé avec demande d’avis de réception à l’organisation ou au ministère chargé de la
propriété industrielle :
a) Sa demande au Directeur Général de l’Organisation en nombre d’exemplaires
suffisant ;
b) La pièce justificative du versement à l’Organisation de la taxe de dépôt et de la taxe de
publication ;
c) Un pouvoir sous seing privé sans timbre si le déposant est représenté par un
mandataire ;
d) Un pli cacheté renfermant en double exemplaire :
 Une description1 de l’invention faisant l’objet du brevet demandé, effectuée d’une
manière claire et complète, pour qu’un homme du métier ayant des connaissances et une
habileté moyenne puisse l’exécuter ;
 Les dessins qui seraient nécessaires ou utiles pour l’intelligence de l’invention ;
 La ou les revendications définissant l’étendue de la protection recherchée et
n’outrepassant pas le contenu de la description ci-dessus visée ;
 Et un abrégé descriptif résumant ce qui est exposé dans la description, la ou les
revendications visées ci-dessus, ainsi que tout dessin à l’appui dudit abrégé. »

C- LES DROITS CONFERES PAR LE BREVET


En vertu de l’article 7 de l’annexe 1 de l’accord de Bangui de 1999, le breveté jouit des
prérogatives suivantes :
Alinéa 1er « sous les conditions et dans les limites fixées par le présent annexe, le brevet confère à son
titulaire le droit exclusif d’exploiter l’invention brevetée »
Alinéa 2 « sous les conditions et dans les limites fixées par le présent annexe, le titulaire a le droit
d’interdire à toute personne l’exploitation de l’invention brevetée »
Alinéa 3 « aux fins de la présente annexe, on parle d’exploitation d’une invention brevetée lorsque l’un
quelconque des actes suivants est posé :
a) Lorsque le brevet a été délivré pour un produit :
 Fabriquer, importer, offrir en vente, vendre et utiliser le produit ;
 Détenir ce produit aux fins de l’offrir en vente, de le vendre, ou de l’utiliser ;
b) Lorsque le brevet a été délivré pour un procédé :
 Employer le procédé ;
 Accomplir les actes mentionnés au sous-alinéa a) à l’égard d’un produit résultant
directement de l’emploi du procédé ».
Alinéa 4 « le titulaire a aussi le droit de céder, ou de transmettre par voie successorale des brevets, et
de conclure des contrats de licence ».
Alinéa 5 « en sus de tous autres droits, recours ou actions dont il dispose, le titulaire du brevet a le droit
d’engager une procédure judiciaire devant le tribunal du lieu de la contrefaçon contre toute personne
qui commet une contrefaçon du brevet, accomplissant sans son consentement, l’un des actes
mentionnés à l’alinéa 3, ou qui accomplit des actes qui rendent vraisemblables qu’une contrefaçon sera
commise ».
La limite aux droits conférés par le brevet : elles sont prévues par l’article 8 de l’annexe 1 de l’accord
de Bangui de 1999.
Alinéa 1er « les droits découlant du brevet ne s’étendent pas :
a) aux actes relatifs à des objets mis dans le commerce sur le territoire d’un Etat membre par le
titulaire du brevet ou avec son consentement ; ni

1
Décrire la solution technique au problème posé.
b) à l’utilisation d’objets à bord d’aéronefs, de véhicules terrestres ou de navires étrangers qui
pénètrent temporairement ou accidentellement dans l’espace aérien, sur le territoire ou dans
les eaux d’un Etat membre, ni
c) aux actes relatifs à une invention brevetée accomplis à des fins expérimentales dans le cadre
de la recherche scientifique et technique ;
d) aux actes effectués par toute personne qui, de bonne foi, à la date du dépôt, ou lorsqu’une
priorité est revendiquée, à la date de priorité de la demande sur la base de laquelle le brevet
est délivré et sur le territoire d’un Etat membre, utilisait l’invention, ou faisait des préparatifs
effectifs et sérieux pour l’utiliser, dans la mesure où les actes ne diffèrent pas dans leur nature
ou leur finalité de l’utilisation antérieure effective ou envisagée »
Alinéa 2 « le droit de l’utilisateur visé au sous-alinéa 1 d) ne peut être transféré ou dévolu qu’avec
l’entreprise ou la société, ou la partie de l’entreprise ou de la société dans laquelle ont eu lieu
l’utilisation ou les préparatifs en vue de l’utilisation »
L’article 9 fixe la durée de protection du brevet à 20 ans à compter de la date de dépôt de la demande
de brevet. Cette durée prend effet à partir de cette date de dépôt. Chaque année, il faut payer une taxe
pour conserver le brevet jusqu’à l’expiration (il est accordé un délai de grâce de 6 mois).
CHAPITRE II : LES MARQUES

SECTION I : DEFINITION


La marque individuelle : L’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999 en son article 2 alinéa 1 er donne
une définition de la marque. « Sont considérés comme marque de produit ou de service, tout signe
visible utilisé ou que l’on se propose d’utiliser et qui sont propres à distinguer les produits ou services
d’une entreprise quelconque et notamment les noms patronymiques pris en eux-mêmes ou sous une
forme distinctive, les dénominations particulières, arbitraires ou de fantaisie, la forme caractéristique du
produit ou de son conditionnement, les étiquettes, enveloppes, emblèmes, empreintes, timbres,
cachets, vignettes, liserés, combinaison ou dispositions de couleurs, dessins, reliefs, lettres, chiffres,
devises et pseudonymes. »
Cette définition exclue d’emblée la protection à l’OAPI des marques sonores, gustatives ou olfactives.
En droit comparé, la loi française du 1er juillet 1992 fixant code de la propriété intellectuelle en son
article L 711-1 définit la marque comme suit : « la marque de fabrique, de commerce ou de service est
un signe susceptible de représentation graphique, servant à distinguer les produits ou services d’une
personne physique ou morale ».
D’après une opinion générale, la marque est définie comme étant « un signe servant à distinguer les
objets de l’industrie ou du commerce d’une entreprise, et plus généralement, les objets provenant de
l’activité économique ou sociale d’une personne ». En tout état des choses, la marque permet de
différencier les produits ou services proposés par une entreprise d’avec ceux des autres entreprises ou
des concurrents.

La marque collective : La marque collective est une variante de la marque simple telle que définie à
l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999 en son article 2 alinéa 2   : « Est considérée comme marque
collective, la marque de produit ou de service dont les conditions d’utilisation sont fixées par un
règlement approuvé par l’autorité compétente et que seuls les groupements de droit public, syndicats
ou groupements de producteurs, d’industriels, d’artisans ou de commerçants peuvent utiliser pourvu
qu’ils soient reconnus officiellement et qu’ils aient la capacité juridique  ».
La marque collective dans l’espace OAPI a un caractère hybride, car elle tient à la fois de la marque
collective simple et de la marque collective de certification. D’après Paul Mathely, la marque collective
simple appartient non pas à une seule entreprise, mais à plusieurs entreprises ou à un groupement
d’entreprises. Elle a pour fonction de désigner les produits ou les services provenant de chacune des
entreprises considérées, et en cela, elle revêt les mêmes caractéristiques que la marque de droit
commun qui peut être définie comme étant « un signe distinctif dont l’usage est réservé par la loi à une
personne pour la désignation dans le commerce des produits ou services visés dans
l’enregistrement ».
La marque de certification quant à elle, elle est une marque qui exerce une fonction de garantie dans
l’intérêt général. En effet, cette marque garantit que le produit ou service auquel elle est appliquée
présente certains caractères quant à sa nature, à ses propriétés, ainsi qu’à ses qualités qui sont
précisées dans son règlement. La marque collective trouve sa source dans le titre V de l’annexe 3 de
l’accord de Bangui de 1977, précisément dans les articles 31 à 36, et dans les accords de Bangui de
1999 en son titre V annexe 3 articles 31 à 35
Il convient de relever que la marque collective est peu connue dans l’espace OAPI, c’est ainsi que les
statistiques de l’OAPI montrent qu’entre 2000 et 2007, seulement 68 marques collectives enregistrées,
dont 47 venant de l’étranger. A titre indicatif, pour l’année 2005, l’OAPI a reçu 2031 demandes
d’enregistrement de marques simples, contre 10 demandes de marques collectives.
En résumé, la marque collective est celle dont les conditions d’utilisation sont fixées par un règlement
approuvé par l’autorité compétente.

La marque notoire : Une marque est qualifiée de notoire lorsqu’elle est connue d’une large fraction du
public, ce qui veut dire qu’il ne suffit pas que la marque soit connue d’un public spécialisé, notamment
dans un cercle de professionnels. Le plus souvent, il sera exigé que cette marque soit connue d’une
grande partie du public, c’est-à-dire l’ensemble de la population. C’est ainsi que pour qu’il y ait une
marque notoire, il est nécessaire que le public, à l’énoncé de ladite marque, ait le reflexe quasi-
automatique de penser au produit ou au service qu’elle représente. A titre d’illustration, quand on parle
de la marque « Hilton », on pense aux hôtels répandus dans le monde. Selon la lettre de l’article 6 bis
de la convention de Paris, la notoriété doit être constatée dans le pays où la protection est demandée.
Sans doute, n’est-il pas nécessaire que la marque soit utilisée dans ce pays. En revanche, il est
nécessaire qu’elle y soit connue. La notion de notoriété est une question de fait, car en réalité, il n’est
pas possible de fixer un nombre de consommateurs capables d’apprécier la marque notoire, tout
comme il n’est pas possible de fixer un nombre de produits à partir duquel on pourra affirmer qu’une
marque est notoire. L’article 6 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999 régit la marque notoire
dans l’espace OAPI et dispose « le titulaire d’une marque notoirement connue au sens de l’article 6 bis
de la convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle, et l’article 16 alinéas 2 et 3 de
l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC ) peut
réclamer l’annulation auprès des tribunaux des effets sur le territoire national de l’un des Etats
membres, du dépôt d’une marque susceptible de créer une confusion avec la sienne. Cette action ne
peut plus être intentée après l’expiration d’un délai de cinq ans à compter de la date de dépôt, lorsque
celui-ci a été effectué de bonne foi ».
Contrairement aux marques ordinaires, la marque notoire n’a pas besoin de faire l’objet d’un dépôt
pour bénéficier d’une protection légale. On se demande d’ailleurs si la notoriété d’une marque qui fait
voler en éclat le principe du caractère nécessaire du dépôt ne devrait pas également faire éclater le
principe de la spécialité de la marque. Le principe de la spécialité, applicable seulement en matière de
marque, signifie que le titulaire d’une marque ne peut s’opposer à l’utilisation de son signe que pour les
produits ou services identiques ou similaires à ceux visés dans l’enregistrement. En vertu donc de ce
principe, la marque ne peut faire l’objet d’appropriation que pour les produits ou les services qui sont
désignés dans l’acte de dépôt.
De façon générale, la doctrine est assez favorable à la disparition de l’application du principe de la
spécialité pour les marques notoires. En effet, l’emploi d’une telle marque, même dans un autre
secteur, procède souvent d’une volonté parasitaire et tend à faire profiter à une tierce personne, de la
notoriété de la marque. En outre, l’emploi de la marque notoire dans d’autres secteurs aboutit à une
certaine banalisation de celle-ci au préjudice de son titulaire.

La marque figurative : encore appelée marque emblématique. C’est tout simplement un signe qui
s’adresse d’abord à la vue. Dans l’art 2 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999, on reconnait deux
types distincts de marque à savoir d’une part les marques nominales ou verbales, qui sont celles qui
peuvent s’écrire ou se prononcer et d’autre part les marques figuratives, qui sont constituées par des
dessins ou modèles, des logos, des graphismes ou des couleurs. Il existe un lien étroit entre la marque
figurative et la marque nominale correspondante. C’est ainsi par exemple que le titulaire d’une marque
constitué par un dessin représentant un éléphant pourrait faire condamner un concurrent qui utilise
comme marque le mot éléphant. A l’inverse, celui qui a déposé la marque nominale éléphant doit
pouvoir s’opposer à ce qu’un concurrent utilise une marque représentant un éléphant. Car en effet, le
consommateur ne peut pas ne pas faire le rapprochement et être ainsi amené à une conclusion. Parmi
les formes figuratives on trouve les dessins, l’étiquette, cachet, logo, forme caractéristique du produit
ou de son conditionnement, disposition ou combinaison de couleurs et tant entendu que les marques
de service peuvent également être figuratives. Les marques figuratives, les dessins ou les formes sont
protégés à la fois par la législation sur les marques et c’est l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999 et
la législation sur le droit d’auteur, c’est la loi camerounaise du 14 Décembre 2000. Le problème va se
poser en l’espèce lorsque le déposant n’est pas la même personne que celui qui est le titulaire du droit
d’auteur sur le dessin ou sur la forme. Le déposant dans ce cas d’espèce ne pourra exploiter sa
marque qu’avec l’autorisation du titulaire du droit d’auteur. Dans la pratique, il serait judicieux pour un
commerçant qui a commandé un dessin, un graphisme ou un logo d’en être le propriétaire.
La marque complexe : les marques nominales comme les marques figuratives peuvent constituer des
marques complexes lorsqu’elles se combinent entre elles. Une marque peut être complexe parce
qu’elle est constituée par la réunion d’éléments dont aucun n’est protégeable isolément et seul
l’ensemble constitue une marque valable. La marque complexe peut également être constituée par une
combinaison d’éléments protégeables et d’éléments non protégeables. Elle peut enfin panacher des
éléments nominaux avec des éléments figuratifs et en toute fin elle peut combiner plusieurs éléments
figuratifs protégeables ou non protégeables.

SECTION II : LES CARACTERES GENERAUX DE LA MARQUE

Le caractère individuel : le droit sur la marque est en principe individuel. Elle est la propriété d’une
personne physique ou morale. Cependant certains évènements juridiques peuvent créer des situations
de copropriété, d’usufruit ou d’indivision de marque. C’est notamment le cas de la marque collective
telle que prévu aux articles 32 à 34 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999.
Le caractère facultatif : c’est l’art 1er de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 qui pose le principe du caractère
facultatif de la marque. Toutefois, d’après cette disposition, les Etats membres peuvent à titre
exceptionnel déclarer une marque obligatoire pour les produits ou services qu’ils déterminent. Le
caractère facultatif d’une marque veut dire que le titulaire de la marque est libre de l’utiliser ou non pour
ses produits ou services. Tout comme à l’inverse, il est libre d’offrir au publique des produits ou
services sans utiliser de marque. S’agissant des cas ou une marque est obligatoire, de tels cas
correspondent en réalité à des impératifs d’ordre public de sécurité ou de santé. Dans la pratique, ces
marques obligatoires ne sont pas véritablement des marques dans la mesure où elles n’ont pas pour
vocation la conquête de la clientèle.
Le caractère d’indépendance de la marque par rapport au produit : la validité d’une marque est
indépendante de la licéité des produits ou des services auxquelles elle s’applique. On veut en effet
éviter que l’interdiction d’un produit dans sa fabrication ou sa vente à un moment donné et dans un
pays donné puisse avoir de l’influence sur la validité d’une marque. On prendra pour exemple une
marque portant sur les boissons alcoolisées lesquels produits sont fabriqués et vendus dans un pays
régi par une loi islamique interdisant la fabrication et la vente des produit alcoolisés sur le territoire.
C’est notamment le cas de la République Islamique de Mauritanie pays membre de l’OAPI. Il va s’en
dire que si l’interdiction de fabriquer ou vendre les produits alcoolisés et prescrits par la loi, la marque
quant à elle ne sera pas frappée d’une telle interdiction dès lors que les conditions de fonds et de
formes prévus pour sa protection ont été remplies. Au demeurant, le principe de l’indépendance de la
marque par rapport à son objet ne va pas jusqu’à permettre que la marque serve à réaliser des
fraudes. C’est ainsi que l’art 7 de la Convention de Paris prévoit : « la nature du produit sur lequel la
marque de fabrique ou de commerce doit être apposée ne peut dans aucun cas faire obstacle à
l’enregistrement de la marque. »
Le caractère territorial : comme tous les droits de propriété intellectuelle, le droit sr la marque est
soumise au principe de territorialité. Ce principe signifie que le monopole conféré par le droit de
propriété intellectuelle a une portée limitée dans le ressort territorial de l’Etat qui les a conférés. En
dehors de cet Etat, les droits en cause peuvent être librement et en toute légalité exploités par des
tiers. Le principe de la territorialité comporte plusieurs implications à savoir d’une part que le droit sur la
marque ne produit d’effet au profit de son titulaire, que sur le territoire sur lequel il a été accordé par
l’autorité administrative compétente en vertu d’une prérogative de puissance publique. C’est ainsi que
la marque qui est protégée à l’OAPI couvre le territoire de 17 Etats membres. Et elle est considérée
comme une marque nationale dans chacun de ces Etats. D’autre part, le principe de la territorialité a
pour corollaire le principe d’indépendance des droits nationaux en vertu duquel l’annulation d’un titre de
propriété intellectuelle dans l’espace OAPI n’emporte pas ipso facto l’invalidation du même titre qui est
déposé en dehors de cet espace. Il faut relever que les marques notoires sont également soumises au
principe de la territorialité.

SECTION III : L’ACQUISITION DE LA MARQUE


Qui se fera aussi bien au regard de la marque individuelle que de la marque collective.

A- ACQUISITION DE LA MARQUE INDIVIDUELLE


Nous l’apprécierons au regard des conditions de fonds et de formes

1) Les conditions de fonds

La licéité : c’est l’art 3 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 qui énumère les cas où une marque ne
peut pas être enregistrée : « une marque ne peut être valablement enregistrée si :
a) elle est dépourvue de caractères distinctifs notamment du fait qu’elle est constituée de signes
ou d’indications constituants la désignation nécessaire ou générique du produit ou de la
composition du produit

b) elle est identique à une marque appartenant à un autre titulaire et qui est déjà enregistré, ou
dont la date de dépôt ou de priorité est antérieure pour les mêmes produits ou services ou pour
des produits ou services similaires, ou si elle ressemble à une telle marque au point de
comporter un risque de tromperie ou de confusion.

c) Elle est contraire à l’ordre public, aux bonnes mœurs ou aux lois

d) Elle est susceptible d’induire en erreur le public ou les milieux commerciaux, notamment sur
l’origine géographique, la nature ou les caractéristiques des produits ou services considérés ;

e) Elle reproduit, imite ou contient parmi ses éléments des armoiries, drapeaux ou autres
emblèmes, abréviations ou sigles ou un signe ou poinçon officiel de contrôle et de garantie
d’un Etat ou d’une organisation intergouvernementale crée par une convention internationale,
sauf autorisation de l’autorité compétente de cet Etat ou de cette organisation »

Cette disposition reprend les dispositions de l’article 6 ter de la Convention de Paris. En


conclusion, il faut retenir que la sanction de illicéité de la marque c’est sa nullité.

La distinctivité : la marque doit permettre de distinguer les produits ou services d’entreprises


concurrentes et c’est la raison pour laquelle elle doit présenter un caractère distinctif.
Conformément à l’article 3 alinéa (a)susmentionné annexe 3 de l’ABR de 1999 (conf article
susmentionné). La marque donc, pour être distinctive doit être non seulement originale mais
également disponible. D’abord l’originalité de la marque, le but ici est que la marque choisie ne
doit pas relever du domaine public et des signes qui sont nécessaires à tous les commerçants
qui exercent des commerces de même nature pour présenter leurs marchandises ou pour offrir
leurs services au public. Lorsque ces signes constituent la désignation même du produit vendu
ou du service offert, on est alors en présence des marques dites génériques ou banales et qui
sont nulles à cet effet. Si ces signes sont composés exclusivement par un terme indiquant la
qualité essentielle du produit ou du service ou la composition du produit, on est alors en
présence des marques dites descriptives et qui sont nulles à cet effet. Le caractère générique
ou banal, ainsi que le caractère descriptif est apprécié souverainement par le juge.

La disponibilité de la marque : Une marque est disponible si elle est nouvelle, c’est-à-dire qu’un
tiers n’est pas déjà acquis des droits sur elle. Pour constituer une antériorité, de nature à
rendre un signe indisponible comme marque, il est nécessaire que l’antériorité existe dans le
même secteur commercial que celui dans lequel on veut déposer la marque. Du reste, une
marque ne constitue une antériorité que pour les produits ou services qui figurent dans l’acte
de dépôt. C’est ce qui est appelé le principe de la spécialité.

2) LES CONDITIONS DE FORME


On verra tour à tour le lieu du dépôt, la procédure de dépôt et enfin les effets du dépôt.
Le lieu du dépôt : l’article 6 des dispositions générales de l’accord de Bangui de 1999 et des
dispositions générales de l’art 8 de l’accord de Bangui de 2015 qui disposent : « 
Alinéa 1er les dépôts des demandes de brevet d’invention, des marques de produits ou
services, des dessins ou modèles industriels, des noms commerciaux, sont effectués
directement auprès de l’organisation
Alinéa 2 nonobstant l’alinéa 1 er, tout Etat membre peut exiger que lorsque le déposant est
domicilié sur son territoire, la demande soit déposée auprès de l’administration nationale de cet
Etat qui doit transmettre la demande à l’organisation dans un délai de 5 jours ouvrables à
compter du dépôt. »
Cette disposition ne concerne que les personnes physiques ou morales domiciliées sur le
territoire de l’un des Etats membres. En effet, les déposants domiciliés hors du territoire des
Etats membres doivent pour effectuer le dépôt passer par l’intermédiaire d’un mandataire
agrée auprès de l’OAPI conformément à l’article 6(3) des dispositions générales de l’ABR de
1999 et de l’article 8(4) des dispositions générales de l’accord de Bangui de 2015.
La procédure de dépôt de la marque : Cette procédure passe d’abord par le dépôt du dossier
de la demande, de la revendication de priorité s’il y a lieu et d’un examen à proprement parlé
de la demande suivi de son enregistrement et de sa publication. D’abord le dépôt du dossier de
la demande c’est l’article 8 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 qui prescrit les pièces qui doivent
être fournies dans le cadre du dossier de la demande : «  quiconque veut obtenir
l’enregistrement d’une marque doit déposer ou adresser par pli postal recommandé avec
demande d’avis de réception à l’organisation ou au ministère chargé de la propriété
industrielle :
a) Sa demande adressée au DG de l’organisation en nombre d’exemplaires suffisants
b) La pièce justificative du versement à l’organisation de la taxe de dépôt

c) Un pouvoir sous seing privé, sans timbres, si le déposant est représenté par un
mandataire
d) La reproduction de la marque comportant l’énumération des produits ou des services
auxquels s’applique la marque et des classes correspondantes de la classification
internationale des produits et services aux fins de l’enregistrement des marques (arrangement
de Nice ; le nombre de reproduction de la marque devant être fourni et fixé par le règlement
d’application de la présente annexe.)
L’article 10 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999 prescrit l’établissement d’un procès-
verbal de dépôt et de la transmission des pièces dans les termes suivants : « 
Alinéa 1er : un PV dressé par l’organisation ou le ministère chargé de la propriété industrielle
constate chaque dépôt en énonçant le jour et l’heure de la remise des pièces
Alinéa 2 : une expédition du PV est remise au déposant.
Alinéa 3 : le ministère chargé de la propriété industrielle transmet les pièces à l’organisation
dans un délai de 5 jours ouvrables à compter du dépôt de sa demande. »
La revendication de priorité est contenu à l’article 11 de l’annexe de l’ABR de 1999 : « 
Alinéa 1er : quiconque veut se prévaloir de la priorité d’un dépôt antérieur est tenu de joindre à
sa demande d’enregistrement ou de faire parvenir à l’organisation au plus tard dans un délai de
3 mois à compter du dépôt de sa demande :
a) une déclaration écrite indiquant la date et le numéro de ce dépôt antérieur, le pays
dans lequel il a été effectué et le nom du déposant
b) une copie certifiée conforme de ladite demande antérieure
Alinéa 2 : le demandeur qui entend se prévaloir pour une même demande de plusieurs droit de
priorité doit, pour chacun d’eux observer les mêmes prescriptions que ci-dessus ; il doit, en
outre, acquitter une taxe par droit de priorité invoqué et produire la justification du paiement de
celle-ci dans le même délai de 3 mois tel que visé à l’alinéa 1 précédent.
Alinéa 3 : Toute revendication de priorité parvenue à l’organisation plus de 3 mois après le
dépôt de la demande est déclarée irrecevable. »

L’examen de la demande : dans cet examen nous aurons plusieurs étapes : la recevabilité,
l’examen de forme, l’examen de fonds, la notification des irrégularités, l’enregistrement
proprement dit et enfin la publication dans le bulletin officiel
a) La recevabilité : L’examen de la recevabilité est effectué au bureau d’accueil et de
renseignement de l’OAPI au siège aux fins d’attribution d’un numéro et d’une date de dépôt au
siège. L’instruction administrative n°402 précise : « le dossier de demande de certificat
d’enregistrement de marque est jugé recevable s’il comporte : a) les indications concernant le
nom, l’adresse selon les exigences usuelles, la nationalité et le domicile du déposant  ; b) la
signature ; s’il s’agit d’une personne morale, l’identité et la qualité du signataire doivent être
indiqués ; c) les produits ou les services auxquels s’appliquent la marque en cause ; d) des
indications relatives au paiement de la taxe de dépôt ; e) s’il y a constitution de mandataire, la
demande doit le déclarer et indiquer ses noms et adresses. »
b) L’examen de forme : est effectué auprès du service des signes distinctifs de l’OAPI aux fins
d’enregistrement de la marque. C’est l’article 14 aux alinéas 1, 3, 4 de l’annexe 3 de l’ABR de
1999 qui dispose : « 
Alinéa 1er : pour toute demande d’enregistrement d’une marque, l’organisation examine si les
conditions quant à la forme visées aux articles 8 et 9 e la présente annexe sont remplies et si
les taxes exigibles ont été acquittées.
Alinéa 3 : toute demande dans laquelle n’ont pas été observées les conditions de forme visées
à l’article 8 à l’exclusion de la lettre b) de l’alinéa 1 et à l’article 11 est irrégulière. Cette
irrégularité est notifiée au déposant ou à son mandataire, en l’invitant à régulariser les pièces
dans le délai de 3 mois à compter de la notification. Ce délai peut être augmenté de 30 jours en
cas de nécessité justifié sur requête du demandeur ou de son mandataire. La demande ainsi
régularisé dans ledit délai conserve la date de la demande initiale.
Alinéa 4 : dans le cas où les pièces régularisées ne sont pas fournies dans le délai imparti, la
demande d’enregistrement de la marque est rejetée.
c) L’examen de fonds : est effectué auprès des services de signes distinctifs de l’OAPI aux fins
d’enregistrement de la marque. C’est l’article 14 de l’alinéa 2 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999
qui dispose : «tout dépôt qui ne satisfait pas aux prescriptions de l’article 3 alinéa c) et e) est
rejeté. » Pareillement l’article 3 alinéa c) ; d) et e) de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 dispose : « c)
une marque ne peut valablement être enregistrée si elle est contraire à l’ordre public, aux
bonnes mœurs ou aux lois ; d) elle est susceptible d’induire en erreur le public ou les milieux
commerciaux notamment sur l’origine géographique, la nature ou les caractéristiques des
produits ou des services considérés ; e)elle reproduit, imite ou contient parmi ses éléments des
armoiries, drapeaux ou autres emblèmes, abréviations ou sigles, ou insignes ou poinçons
officiels, de contrôle et de garanti d’un Etat ou d’une organisation intergouvernementale… »
d) La notification d’irrégularité : résulte des dispositions de l’article 14 alinéa 3, 4, 5 de l’annexe
3 de l’accord de Bangui de 1999 (dans le cours plus haut)
e) L’enregistrement de la marque : C’est l’article 14 aux alinéas 7et 3 de l’ABR de 1999 qui en
donne les prescriptions et dispose à l’alinéa 7 : « lorsque l’organisation constate que les
conditions visées à l’alinéa 1 précédent sont remplies, elle enregistre la marque et publie
l’enregistrement. ». En outre, l’instruction administrative n°410 précise : « la décision
d’enregistrement de marque est prise en la forme d’arrêté par le DG. L’arrêté mentionne  : a) le
nom et l’adresse du déposant, b) le numéro et la date de dépôt ; c) le numéro et la date
d’enregistrement de la marque ; d) la priorité revendiquée et attribuée le cas échéant. »
Conformément à l’article 16 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999  « une fois l’enregistrement
effectué, il est délivré au déposant un certificat d’enregistrement contenant notamment les
renseignements suivants tels qu’ils apparaissent sur le registre : a) le numéro d’ordre de la
marque ; b) la date de dépôt de l’enregistrement de la demande ; la date de l’enregistrement
ainsi que la date de priorité, si celle-ci est revendiquée ; c) le nom commercial ou les noms et
prénoms du titulaire de la marque ainsi que son adresse ; d) une reproduction de la marque ;e)
l’indication des classes de produit ou de service sur lesquelles portent l’enregistrement  ». Il faut
savoir qu’au regard de l’article 17 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de 1999, l’organisation
publie pour chaque certificat d’enregistrement effectué les données visées à l’article 16
précédent et ces données sont publiées au registre des marques spéciales des marques.
f) La publication : est le dernier élément de la procédure d’enregistrement d’une marque à
l’OAPI. Elle déclenche dès lors l’opposabilité au tiers de l’enregistrement publié et dans le
même temps, elle permet de déclencher certaines procédures contentieuses à l’OAPI, dont la
procédure d’opposition à l’enregistrement de la marque (article 18 annexe 2 de l’ABR de 1999)
et la procédure de revendication de la propriété de marque (article 5 alinéa 3 de l’annexe 3 de
l’accord de Bangui révisé).

Les effets du dépôt : il s’agit de l’étendue des droits conférés et les limitations à ces droits.
S’agissant de l’étendue des droits conférés, l’enregistrement de la marque confère à son
titulaire un droit d’exploitation et d’autre part un droit d’opposition
Le droit d’exploitation, c’est un droit exclusif d’utiliser la marque ou un signe lui ressemblant
pour les produits ou services pour lesquels elle a été enregistrée ainsi que pour les produits ou
services similaires.
Le droit d’opposition quant à lui est le droit exclusif d’empêcher tous les tiers agissant sans le
consentement du titulaire de la marque d’en faire usage au cours d’opérations commerciales
sous peine qu’un tel usage entraine un risque de confusion. En cas d’usage d’un signe
identique, pour des produits ou services identiques, le risque de confusion est présumé exister.
S’agissant des limites de ce droit, les droits qui découlent de la marque peuvent s’analyser de
la manière négative suivante : d’abord que les tiers peuvent librement faire usage de bonne foi
de leurs services ou de leurs produits pour autant qu’il s’agisse d’un usage limité à des fins de
simple identification ou d’information et qui ne puisse induire le public en erreur sur la
provenance des produits ou des services ; ensuite les tiers peuvent également faire usage de
la marque en relation avec les produits qui ont été licitement vendus sous la marque sur le
territoire national d’un Etat membre et dans lequel le droit d’interdiction est exercé à la
condition que les produits ou services n’ai subi aucun changement.

La durée du dépôt : contenu dans l’Art 19 annexe 3 de l’ABR 1999 , « l’enregistrement d’une
marque n’a d’effet que pour 10 ans, à compter de la date de dépôt de la demande
d’enregistrement ; toutefois, la propriété de la marque peut être conservée sans limitation de
durée par des renouvellements successifs pouvant être effectués tous les 10 ans ».

B- L’ACQUISITION DE LA MARQUE COLLECTIVE


La marque collective doit remplir une double exigence au regard des conditions de fonds et au
regard des conditions de forme.

1) Les conditions de fonds


Au rang de ces conditions de fonds nous verrons tour à tour l’objet de la marque collective
d’une part et les personnes ayant qualité pour déposer une marque collective d’autre part.
L’objet : Il est contenu dans l’art 32 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999   « Dans un but d’intérêt
général, et afin de faciliter le développement du commerce, de l’industrie, de l’artisanat et de
l’agriculture, l’Etat, les groupements de droit public, les syndicats ou groupement de syndicats,
les associations et groupement de producteurs, d’industriels, d’artisans et de commerçants
peuvent posséder des marques collectives de produits ou services pour autant qu’ils soient
reconnus officiellement et qu’ils aient la capacité juridique ». Il est à préciser que l’objet de la
marque collective tel quel contenu dans cet article concerne la marque collective simple.
D’après un auteur, Jérôme Passa « la fonction de la marque collective est d’indiquer que les
produits ou services proviennent de professionnels appartenant à un même groupement et
permettant de les distinguer dans le commerce, de se proposer par les concurrents qui
n’appartiennent pas à ce groupement ». A y regarder de près, la législation de l’OAPI combine
aussi bien la marque collective simple, que la marque collective dite de certification. En effet, le
dépôt du règlement d’usage tel qu’il est exigé par l’ABR de 1999 pour la protection de la
marque collective atteste en réalité de la volonté du législateur communautaire de donner à la
marque collective le caractère de certification de la qualité. Ainsi, d’après Jérôme Passa, «  la
marque collective de certification garantie dans l’intérêt général la conformité des produit ou
des services à des exigences et caractéristiques prédéterminées ». L’objet tel que défini à l’art
32 trouve tout son intérêt dans les pays membres de l’OAPI. En effet, la marque collective tel
qu’instaurée dans l’accord de Bangui et les instructions administratives ne peut que contribuer
au développement économique des Etats membres de l’OAPI. En effet, une telle marque
favorise le regroupement des producteurs et autres opérateurs économiques à l’instar des
industriels, des artisans ou des agriculteurs. Surtout, une telle marque permet en fait aux
consommateurs d’identifier plus facilement l’origine des produits et de procurer de la sorte une
certaine garantie quant à la qualité des produits.
Les personnes ayant qualité pour déposer une marque collective : dans un but d’intérêt
général, seuls les personnes morales ou les collectivités telles qu’énuméré à l’art 32 de
l’annexe 3 de l’ABR de 1999, peuvent prétendre à la protection d’une marque collective. Cet
article énumère de manière limitative les personnes habilitées à se prévaloir d’une marque
collective à savoir l’Etat, les groupements de producteurs, d’industriels, artisans et
commerçants. Sont donc exclus de cette liste les personnes physiques. En revanche, en ce qui
concerne les personnes morales retenues, elles peuvent être de droit privé comme de droit
public. Toutefois, ces personnes morales doivent être reconnues officiellement et doivent avoir
la capacité juridique. Etre reconnu officiellement veut dire que ces personnes morales doivent
être reconnues par les administrations concernées notamment le Ministère du Commerce, de
l’Industrie, de l’Agriculture ou par les différentes chambres consulaires. En principe, seuls les
groupements qui relèvent des droits nationaux des pays membres de l’OAPI peuvent se
prévaloir de la protection des marques collectives. Ce point de vue est conforté par l’Art 36
alinéa 4 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999,  « prévoit la reprise d’une marque collective suite à
une annulation ou à une déchéance à l’expiration du délai de 10 ans par un groupement pour
autant que ce groupement ait la même nationalité que le groupement qui en était
précédemment titulaire ». Tout porte à croire que le Législateur à travers le critère de la
nationalité a voulu protéger les consommateurs de l’espace OAPI en les mettant à l’abri des
risques de confusion quant à l’origine des produits. Les groupements doivent avoir la capacité
juridique revient à dire qu’ils peuvent ester en justice au nom et pour le compte des personnes
qu’ils représentent que ces personnes soient prises individuellement ou en groupe.

2) Les conditions de forme


Au rang des conditions de forme nous verrons tour à tour l’apposition de la marque, ensuite la
surveillance du groupement et enfin les effets de l’acquisition de la marque collective.
Le formalisme prescrit par l’art 33 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999, concerne davantage la
marque collective dite de certification. En effet, cet article règlemente l’usage de la marque
collective comme suit : « les marques collectives sont apposés soit directement par les
groupements, visé à l’art 32 précédent, à titre de contrôle, soit par les membres desdits
groupements sur les produits ou objets de leur commerce ; en tout état de cause, cette
apposition se fait sous la surveillance du groupement concerné et conformément aux
conditions fixées par les dispositions des textes régissant les marques collectives en cause  ».
Ce texte pose deux conditions concernant l’usage de la marque collective à savoir d’une part
l’apposition de la marque sur les produits ou objets et d’autre part la surveillance du
groupement concerné.
L’apposition de la marque sur les produits ou objets : l’apposition de la marque collective sur
les produits peut se faire de deux manières conformément à l’art 33 de l’ABR de 1999. L’une
consistant en ce que la marque collective soit apposée directement par le groupement sur les
produits. On peut penser à priori que c’est un contrôle purement formel qui est fait pour
permettre aux groupements de vérifier la conformité des produits aux critères contenus dans le
règlement. Mais en réalité, ce contrôle permet de vérifier l’authenticité des produits qui
émanent du groupement. C’est en quelque sorte un contrôle qui s’apparente à une certification
des produits. L’autre manière énoncée à l’art 33 précédemment cité consiste en ce que la
marque collective soit apposée par les membres desdits groupements sur les produits ou
objets de leur commerce.

La surveillance du groupement concerné : l’apposition de la marque collective sur les produits


se fait sous le contrôle ou la surveillance du groupement. Toutefois, les dispositions du
règlement vont permettre dans bien des cas de fixer les modalités d’utilisation de la marque
collective par les membres du groupement ainsi que les sanctions en cas d’usage contraire par
les membres du groupement conformément à l’instruction administrative n°403 qui précise : « 
Alinéa 1 : par le terme règlement, il faut entendre un texte adopté par le propriétaire de la
marque collective et approuvé par l’autorité nationale compétente
Alinéa 2 : le règlement fixe les modalités d’utilisation de la marque ainsi que les sanctions en
cas d’usage contraire par les associés ».

Les effets de l’acquisition de la marque collective : Ils s’analysent à travers l’étendue de la


protection de la marque collective d’une part (a) et les procédures ayant traits à sa défense en
cas d’atteinte d’autre part (b).
a) L’étendue de la protection de la marque collective : Nous allons tour à tour évoquer les
dispositions de l’ABR de 1999 et les instructions administratives
L’art 34 annexe 3 de l’ABR de 1999 « le dépôt d’une marque collective comprend le règlement
approuvé qui fixe les conditions d’utilisation de ladite marque. Si ledit règlement est contraire
aux dispositions de l’art 3 ou si les taxes prescrites n’ont pas été acquittées, la demande
d’enregistrement est rejetée. Sont également rejetés les modifications apportées au dit
règlement si elles sont contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ».
On verra tour à tour l’instruction administrative n°403 susmentionné (on peut retenir en
substance de cette disposition qu’elle définit et précise le rôle du règlement lié à la marque
collective. Il est intéressant de relever à cet égard que le règlement est un texte d’origine privé
car il est élaboré par le propriétaire de la marque collective. Egalement, que le règlement doit
être approuvé par l’autorité nationale, c’est dire qu’il doit revêtir un caractère officiel et que par
conséquent il ne peut être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs). Au demeurant, le
règlement fixe les modalités d’utilisation de la marque collective ainsi que les sanctions en cas
d’usage contraire par les membres du groupement. L’exigence d’un tel règlement ne s’explique
alors que si l’on est en présence d’une marque collective de certification. D’après Jérôme
Passa « dès lors qu’une marque collective tant à assurer une fonction de garantie, il est
indispensable que l’objet de cette garantie soit déterminé à l’avance et porté à la connaissance
du public et des opérateurs du marché concerné à travers un règlement.
L’instruction administrative n°418 : « 
Alinéa 1er : le dépôt, les conditions de recevabilité et les modalités d’examen d’une demande
d’enregistrement de marque collective sont soumis aux mêmes dispositions règlementaires
que les autres marques.
Alinéa 2 : toutefois, une taxe de dépôt du règlement d’utilisation de la marque collective est
exigée ».
Cette disposition précise que les conditions de recevabilité et que les modalités d’examen
d’une demande d’enregistrement de marque collective sont soumises aux mêmes dispositions
règlementaires que les autres marques en plus du paiement d‘une taxe de dépôt, du règlement
d’utilisation de la marque collective. En réalité, ceci revient à dire que la marque collective n’est
pas différente de la marque simple à savoir que chacune de ces marques doit être conforme à
l’art 3 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 s’agissant précisément du caractère distinctif que doit
revêtir une marque . Egalement la marque collective a une durée de 10 ans qui peur être
maintenu par des renouvellements successifs tous les 10ans comme c’est le cas pour la
marque simple conformément à l’art 19de l’annexe 3 de l’ABR de 1999.
b) les sanctions en cas d’atteinte : C’est l’article 35 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de
1999 qui régit l’exercice des actions judiciaires par tout membre du groupement. En effet, « tout
membre du groupement titulaire de la marque collective peut exercer des poursuites civiles et
pénales prévues par la présente annexe pour autant qu’il prouve l’inaction du groupement
titulaire de ladite marque, et qu’il le mette en demeure d’agir ». Ce texte donne la possibilité
aux membres d’un groupement d’agir au nom et pour le compte dudit groupement ou alors
d’agir à titre personnel aux conditions suivantes :
 D’abord, il faut que le membre lésé prouve l’inaction du groupement titulaire de la
marque collective ;
 Il faut ensuite que le membre lésé ait mis le groupement en demeure d’agir.
Une telle mesure nous semble équitable au plan juridique dans la mesure où les membres du
groupement ne sauraient subir l’inertie du groupement dans le cas où les droits sur la marque
collective viendraient à être violés.
L’article 36 du même texte consacre l’existence de la marque collective dans l’espace OAPI
comme étant une marque de certification et par conséquent cette marque collective est
incessible et intransmissible. En cas de fusion dans le cadre d’un contrat de transfert de
propriété de la marque collective, le Ministère chargé de la Propriété industrielle peut autoriser
la transmission de la marque collective au nouveau groupement issu de la fusion. L’intervention
du ministère ici atteste à suffir que l’on est en présence d’une marque collective de certification
qui doit remplir les exigences d’ordre public ou de bonnes mœurs. Il est à relever que la nullité
de la marque collective a pour effet que cette dernière ne pourra plus être appropriée pour les
mêmes produits ou services par un nouvel enregistrement et ni même être utilisé à un titre
quelconque. Toutefois, à l’expiration du délai de 10 ans, à compter de la décision définitive
prononçant la nullité ou la déchéance, ma marque collective peut à ce titre faire l’objet d’un
enregistrement par un groupement pour autant que ce dernier ait la même nationalité que le
groupement qui en était précédemment titulaire. Le critère de la nationalité ici permet un
meilleur contrôle par les ressortissants des Etats membres de l’OAPI de la marque collective
tant au regard des administrations concernées qu’au regard des consommateurs. Ce critère
renforce de manière non équivoque le statut de la marque collective de certification dans les
Etas membres de l’OAPI.
Toujours sur les sanctions, nous avons l’article 45 de l’annexe 3 de l’accord de Bangui de
1999. Ce texte renvoie dans son préambule à des dispositions générales contenues dans le
titre VI de cet article qui traite précisément des pénalités. Ce texte dispose également dans son
corpus d’une réglementation spécifique des pénalités en matière des marques collectives : « 
a) Ceux qui font sciemment un usage quelconque d’une marque collective dans les
conditions autres que celles définies par le règlement fixant les conditions d’utilisation fixées à
l’article 34 ;
b) Ceux qui vendent ou mettent en vente un ou plusieurs produits revêtus d’une marque
collective irrégulièrement employée au regard de la réglementation des marques de produits et
de services ;
c) Ceux qui font sciemment un usage quelconque dans un délai de 10 ans à compter de
la date d’annulation d’une marque collective, d’une marque reproduisant ou imitant ladite
marque collective ;
d) Ceux qui dans un délai de 10 ans à compter de la date d’annulation d’une marque
collective, sciemment vendent ou mettent en vente, fournissent ou offrent de fournir des
produits ou services sous une marque reproduisant ou imitant ladite marque collective ».

C- LES CONTRATS DE TRANSFERT DE LA MARQUE


Nous allons donc étudier deux types de contrat : le contrat de licence de la marque et le contrat
de cession de la marque.

1) Le contrat de licence de marque


Nous verrons tour à tour la définition, les conditions générales du contrat de licence de
marque et ses effets.

La définition : Le contrat de licence de marque est un contrat par lequel le titulaire d’un
droit de propriété industriel concède à un tiers en tout ou partie la jouissance de son droit
d’exploitation moyennant le paiement d’une redevance. L’accord de Bangui révisé de
1999, n’organise pas le régime juridique des licences contractuelles s’agissant des titres
de propriété industrielle et c’est le droit commun des Etats membres de l’OAPI qui est
applicable en l’espèce sous réserve des dispositions spéciales qui sont prévues par
l’accord de Bangui de 1999 et qui sont relative à la durée de ce type de contrat qui ne peut
être supérieur à la durée de vie de l’objet considéré, à l’exigence d’un écrit, à la publication
et à l’interdiction des clauses abusives. En d’autres termes, le contrat de licence de
marque est celui par lequel le titulaire d’une marque confère à un tiers le droit d’apposer sa
marque sur ses produits ou services et d’en faire un usage commercial moyennant le
paiement d’une redevance. En réalité, on est en présence d’une forme de louage limitée
dans le temps. La définition généralement admise par la doctrine se trouve confirmée dans
les dispositions de l’art 29 de l’alinéa 1 er de l’ABR de 1999 « le titulaire d’une marque peut,
par contrat, concéder à une personne physique ou morale une licence lui permettant
d’utiliser ladite marque pour tout ou partie des produits ou des services pour lesquelles la
marque a été enregistrée ».
Les conditions générales du contrat de licence de marque : Nous allons passer en revue
aussi bien les conditions de forme que les conditions de fonds

a)Les conditions de fonds


Elles sont au nombre de 3 : la forme de la licence, l’objet de la licence et enfin la limitation
territoriale de la licence

La forme de la licence 
Nous verrons tour à tour la licence exclusive ou non exclusive, ensuite la licence partielle
ou totale, enfin licence à titre gratuit ou à titre onéreux
La licence exclusive ou non exclusive : Art 29 (6), (7) annexe 3 ABR de 1999. Art 29 (6)
« sauf stipulation contraire du contrat de licence, la concession d’une licence n’exclut pas,
pour le concédant ni la possibilité d’accorder des licences à d’autres personnes sous
réserve qu’il en avise le concessionnaire de la licence, ni celle d’utiliser lui-même la
marque ». Art 29 (7) « la concession d’une licence exclusive exclut que le concédant de la
licence accorde des licences à d’autres personnes et, en l’absence de stipulation contraire
du contrat de licence, qu’il utilise lui-même la marque ». L’alinéa 6 de l’art 29 énonce une
présomption de non exclusivité et dans le même temps précise que le concédant devra
aviser le concessionnaire initial de la conclusion de licences ultérieures. En revanche à
l’’alinéa 7 de l’art 29 le concédant renonce à consentir d’autres licences au profit des tiers
et il s’interdit même d’exploiter personnellement la marque en cause. Toutefois et d’après
la jurisprudence, si le concédant avait précédemment commencé cette exploitation et en
l’absence de stipulation contraire du contrat, on ne peut lui interdire de continuer cette
exploitation.
La licence partielle ou totale : conformément à l’article 29 alinéa 1 er de l’annexe 3 d l’ABR
de 1999 « la licence peut porter sur la totalité des produits et services pour lesquels la
marque a été déposée ou sur une partie seulement. Dans ce dernier cas, le licencié ne
doit pas exploiter la marque pour les autres produits sous peine de devenir contre facteur
de ceux-ci »
La licence à titre gratuit ou à titre onéreux : la licence à titre onéreux suppose que le
bénéficiaire de la licence verse une contrepartie financière au profit du donneur de licence
sous la forme d’une redevance. La licence à titre gratuit quant à elle exclut toute
contrepartie financière au contrat de licence.

L’objet de la licence
On verra la licence simple d’une part et d’autre part la licence complexe.
La licence simple : le titulaire de la marque transfert la seule jouissance de celle-ci sans
imposer aucune norme de fabrication. Cependant, ce dernier prend le risque que sa
marque désigne les produits de qualité inférieure.
Pour la licence complexe : la concession de la marque est assortie d’un savoir-faire et
c’est notamment le cas lorsque la marque dispose d’une certaine notoriété permettant dès
lors au licencié de produire des objets de qualité égale à ceux du concédant.

La limitation territoriale
A la différence de la cession d’une marque, la concession d’une licence peut comporter
une limitation territoriale. Ainsi la licence peut être consentie sur la totalité du territoire ou
alors sur une partie seulement de ce territoire.

b) les conditions de forme


En vertu de l’art 29 alinéa 3 et 4 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999, nous pouvons retenir : « 
Alinéa 3 : le contrat de licence est établi par écrit et signé par les parties sous peine de
nullité.
Alinéa 4 : le contrat de licence doit être inscrit au registre spécial des marques de
l’organisation. Le contrat de licence n’a d’effets envers les tiers qu’après inscription au
registre susvisé et publication dans les formes prescrites par le règlement d’application de
la présente annexe ».
La jurisprudence décide qu’est irrecevable à intervenir dans une action en contrefaçon
intentée par l titulaire d’une marque, aussi longtemps que le contrat de licence n’a pas fait
l’objet d’une inscription au registre des marques tenu par l’organisation. S’il est vrai que la
régularisation d’un tel contrat est possible en cours d’instance, néanmoins l’intervention du
licencié n’aura d’effets que pour la période postérieure à la date d’inscription du contrat.

Les effets du contrat de licence : qui vont s’apprécier tantôt au regard du titulaire (a) ou
bénéficiaire de la licence de marque (b).
a) Au regard du titulaire de la marque  
Le titulaire de la marque est encore appelé le concédant de la licence et les obligations
d’un concédant de licence sont en réalité celles de tout bailleur à savoir délivrer la chose,
entretenir la chose et enfin assurer la jouissance paisible de la chose.
S’agissant de la délivrance de la chose, elle implique pour le concédant, d’être titulaire
d’une marque enregistrée dont il a l’obligation de donner toutes les caractéristiques au
licencié. Par ailleurs, le concédant s’engage à ne pas exercer d’action en contrefaçon à
l’égard du licencié.
S’agissant de l’entretien de la chose, le concédant a l’obligation de renouveler le dépôt en
temps utile et en payant les taxes correspondantes auprès de l’OAPI
S’agissant de la jouissance paisible de la chose : le concédant est assujetti à un certain
nombre de garanti dont notamment la garantie contre le vice caché, la garantie du fait
personnel et enfin la garantie du fait des tiers -D’abord la garantie contre les vices cachés
(le concédant doit garantir au licencié que la marque est valable. Si la marque venait à
être déclarée nulle, notamment pour absence de caractère distinctif ou du fait du caractère
trompeur, le contrat de licence n’aurait plus de raison d’être et serait par conséquent nul.
De ce fait le licencié pourrait demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi et
éventuellement demander le remboursement des redevances qu’il aurait versé. Toutefois,
si le concédant peut démontrer que le licencié a tiré profit de leur licence, il ne sera pas
tenu de rembourser lesdites redevances). –la garantie du fait personnel (une telle garantie
n’existe qu’en cas de licence exclusive et dans une telle hypothèse, la garantie trouve son
application dans le respect par le concédant de cette exclusivité). –la garantie du fait du
tiers (c’est le cas où le licencié est attaqué en contrefaçon par un tiers et le titulaire de la
marque a l’obligation de défendre la marque contre les contrefacteurs. C’est aussi le cas
où le licencié lui-même troublé par les actes de contrefaçon commis par un tiers.
Traditionnellement, seul le titulaire de la marque peut agir pour la défense de celle-ci.
C’est ainsi que l’art 46 alinéa 1 er de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 dispose « l’action civile
en contrefaçon d’une marque est engagée par le titulaire de la marque. Toutefois, le
bénéficiaire d’un droit exclusif d’usage peut agir en contrefaçon sauf stipulation contraire
du contrat, si après une mise en demeure, le titulaire n’exerce pas ce droit ».

b) A l’égard du bénéficiaire de la licence de marque  


Le bénéficiaire de la licence est assujetti à une double obligation, celle d’exploiter et de
payer des redevances
Obligation d’exploiter : le licencié doit s’engager à … et en ne le faisant pas il mettrait en
danger la validité de la marque. En effet dans de nombreux pays, une marque non
exploitée est susceptible d’être déchu passe un délai de 5ans. Dans la zone de l’OAPI art
23 annexe 3 de l’ABR de 1999
Alinéa 1er : «A la requête de tout intéressé, le tribunal peut ordonner la radiation de toute
marque enregistrée qui, pendant une durée ininterrompue de 5ans précédant l’action, n’a
pas été utilisé sur le territoire national de l’un des Etats membres, pour autant que son
titulaire ne justifie pas d’excuse légitime. La radiation peut être appliquée à tout ou partie
des produits ou des services pour lesquelles ladite marque a été enregistrée. » Il appert
de cette disposition que le licencié doit exploiter la marque dans les formes du dépôt pour
éviter une éventuelle déchéance. En outre, le licencié doit exploiter la marque pour les
produits qui lui sont concédés et dans le cas contraire il devient un contrefacteur. A cette
obligation d’exploiter, une clause de contrôle de la qualité des produits peut être prévue
conformément à l’art 30 alinéa de l’annexe 3 de l’ABR « ne sont pas considérés comme
des limitations visées à l’alinéa 1er précédent :
a)les restrictions concernant la mesure, l’étendue, ou la durée d’usage de la marque ou la
qualité des produits et services pour lesquels la marque peut être utilisée ;
b) l’obligation imposée au concessionnaire de la licence de s’abstenir de tous actes
susceptibles de porter atteinte à la validité de l’enregistrement de la marque ».
Dans le cadre du contrôle de la qualité des produits, le contrat de licence s’accompagne
très souvent d’une sorte de cahier de charge, qui prévoit des caractéristiques minimales à
la charge du licencié même si une qualité égale à celle des produits du titulaire de la
marque est pratiquement impossible.
L’obligation du paiement des redevances : le licencié a l’obligation d’acquitter le prix de la
licence. Le paiement des redevances prend la forme des redevances proportionnelles
généralement au chiffre d’affaires ou aux bénéfices avec un minimum de garantie. Bien
évidemment une avance sur redevance au minimum garantie sera prévue ce qui permet
au concédant d’avoir la certitude que le licencié va exploiter la marque. Du reste, une
somme forfaitaire peut également être versée en lieu et place de l’avance sur redevance.
Quoiqu’il en soit, l’obligation du paiement des redevances disparait à l’extinction du
contrat. En cas de contentieux sur le paiement des redevances, la compétence ratione
materiae est attribuée aux juridictions de l’ordre judiciaire conformément à l’art 47 alinéa
1er de l’annexe 3 de l’ABR de 1999.

2) LA CESSION DE LA MARQUE
Contrairement à la licence qui accorde un droit d’usage sur un titre de propriété industrielle
au bénéficiaire, la cession d’un titre de propriété industrielle entraine le transfert de celui-ci
au cessionnaire de la marque. La cession est soumise à une double exigence dans la
mesure où elle doit d’une part être constatée par écrit sous peine de nullité et d’autre part
qu’elle doit être inscrite au régime spécial de l’OAPI pour être opposable aux tiers. Sous
cette réserve, le régime juridique de la cession relève des dispositions du code civil
national sur la vente. En effet, la cession d’une marque correspond à la vente de celle-ci et
le contrat de cession permet au cédant de transmettre définitivement la propriété de la
marque au cessionnaire qui pourra l’utiliser à sa guise.

Conditions de fonds
Sont de deux ordres : le problème de la cession libre et les modalités de la cession

Le problème de la cession Libre : un débat juridique a longtemps eu cours sur le point de


savoir si une marque peut être cédée, indépendamment du fonds lui-même. En effet, si on
considère que la marque constitue la garantie juridique d’une constance dans la qualité
des produits marqués, il pourrait y avoir une incidence fâcheuse sur la qualité des produits
marqués au cas où des changements viendraient à se produire dans l’entreprise.
Juridiquement, la marque garantie l’origine des produits. Et la garantie de la qualité des
produits relève de la police économique. L’article 26 de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 qui
traite de la transmission des droits est muet sur la question. Tout porte à croire d’après la
législation de l’OAPI que la marque peut être cédée isolément ou concurremment avec
l’entreprise. Une autre question juridique qui peut surgir est de savoir si les marques
détenues par une entreprise en cas de cession du fonds de commerce sont comprises ou
non dans la cession. Et en cas de silence de l’acte de cession, le juge devra interpréter la
volonté des parties. En tout état de cause, la réponse est le plus souvent positive en
application du principe l’accessoire suit le principal.

Les modalités de la cession : nous verrons tour à tour l’objet de la cession et les limitations
de la cession.
S’agissant de l’objet, l’art 26 alinéa 1 er de l’annexe 3 de l’ABR de 1999 dispose : « les
droits attachés à une marque sont transmissibles en totalité ou en partie ». Lorsque le
contrat ne donne aucune précision sur ce point, la cession est réputée porter sur toutes les
classes dans lesquelles la marque a été déposée. Toutefois, il est possible de restreindre
la cession à certaines classes voir même à l’intérieur d’une même classe, à certains
produits. Mais encore faut-il le prévoir expressément.
S’agissant de la limitation territoriale de la cession, c’est l’article 26 alinéa 3 de l’annexe 3
de l’ABR de 1999 dispose : « les transmissions de propriété et les concessions de droit
d’exploitation peuvent être effectuées pour tout ou partie des produits ou services
auxquelles s’applique la marque. Seules, les concessions de droit d’exploitation peuvent
comporter une limitation de leur validité sur le territoire nationale de l’un des Etats
membres ».

Conditions de forme et les effets

Au rang des conditions de forme, nous aurons d’abord l’exigence d’un écrit et ensuite
l’inscription au registre spécial des marques.
S’agissant de l’exigence d’un écrit , en vertu de l’art 26 alinéa 2 annexe 3 de l’ABR de 1999
« les actes comportant soit transmission de propriété, soit concession de droit
d’exploitation ou cession de ce droit, soit gage ou main levée de gage relativement à une
marque doivent, sous peine de nullité, être constatés par écrit ». L’exigence d’un écrit est
une formalité ad valida tem exigée à peine de nullité de l’acte lui-même. Généralement un
tel acte se présente sous seing privé et il peut revêtir la forme authentique.
S’agissant de l’inscription au registre spécial des marques , l’article 27 alinéa 1 er de
l’annexe 3 de l’ABR de 1999 dispose « les actes mentionnés à l’article 26 précédent ne
sont opposables au tiers que s’ils ont été inscrits a registre spécial des marques tenu à
l’organisation ». Cette inscription telle que prescrite dans l’ABR de 1999 est une condition
nécessaire pour l’opposabilité aux tiers de l’acte de cession.

Au rang des effets de la cession de marque, nous avons les effets à l’égard du cédant et
du cessionnaire

A l’égard du cédant : le cédant est soumis à 3 obligations à savoir la délivrance de la


chose, l’obligation de la garantie du fait personnel et l’obligation de la garantie des vices
cachés
- Obligation de la délivrance : dans la mesure où nous sommes en présence de droits
incorporels, la remise de la chose objet de la cession consiste en réalité en la remise
du titre de propriété. Il peut s’agir d’une marque, d’un brevet notamment.
- Obligation de la garantie du fait personnel consiste en ce que le cédant doit s’abstenir
de tout fait ou de tout acte de nature à empêcher l’exploitation. En revanche, le cédant
n’est tenu d’aucune obligation de non concurrence sous une autre marque.
- Obligation de la garantie des vices cachés : cette hypothèse vise le cas où la marque
serait annulée postérieurement à la vente. Dans de tels cas, le cédant doit restituer le
prix de la cession. Toutefois, les juges admettent de réduire le montant du
remboursement, si le cessionnaire a jouit pour un certain temps et de manière paisible
de la marque.
A l’égard du cessionnaire : le cessionnaire est tenu de payer le prix de cession contenu. Il
s’agit généralement d’une somme forfaitaire qui est payée au jour de la signature du
contrat. Et c’est dès cet instant que la cession entraîne le transfert de propriété et les
actions y relatives.
CHAPITRE III : LE REGIME OAPI DU NOM COMMERCIAL
La présentation du régime OAPI du nom commercial va se faire en trois points   à savoir d’une part un
point réservé aux préliminaires, un deuxième point réservé au régime de droit commun et enfin un
troisième point réservé au régime de l’enregistrement du nom commercial.

SECTION I : LES PRELIMINAIRES


Nous verrons tour à tour le fondement du régime et la nature et caractère du régime.
A- LE FONDEMENT DU REGIME
Nous allons l’aborder à travers les textes applicables et les sources

1) Les textes applicables


La convention de Paris dans son article 8 consacre le nom commercial comme suit : « le
nom commercial sera protégé dans tous les pays de l’union sans obligation de dépôt ou
d’enregistrement qu’il fasse ou non partie d’une marque de fabrique ou de commerce ».

L’annexe 5 de l’ABR de 1999qui traite des noms commerciaux.

2) Les sources
La loi française du 28 juillet 1824 qui réprime certaines infractions en matière de noms
commerciaux.

La jurisprudence et la doctrine française qui sont élaborées autour du nom commercial.

A la lumière de ces fondements, on peut aborder la question de la nature et du caractère du régime


OAPI du nom commercial.

B- CARACTERE ET NATURE DU REGIME

1) Nature du régime
Le régime OAPI du nom commercial a une nature hybride, car le droit sur le nom
commercial prend essence tantôt de l’usage tantôt de l’enregistrement
S’agissant de l’usage, traditionnellement, le droit sur le nom commercial naît du seul fait de
l’usage. C’est ce qui explique du reste qu’en France en particulier, il n’existe aucun texte
portant régime du nom commercial contrairement aux brevets ou aux marques. Cette
tradition a d’ailleurs été suivie par l’accord de Libreville du 13 septembre 1962 qui laissait
le nom commercial hors du champ de ses préoccupations. Certes il existe en France et
dans les Etats membres de l’OAPI le registre de commerce avec l’obligation pour les
commerçants de s’y inscrire mais en réalité, le droit sur le nom commercial ne résulte pas
de cette inscription, mais il résulte plutôt de l’usage. Ceci en application de l’article 8 de la
convention de Paris précédemment citée. Il n’était pas question pour l’ABR de 1999 de
remettre en cause cette tradition mais plutôt de la respecter tout en l’améliorant en vue de
répondre à d’autres préoccupations d’où les dispositions de l’article 3 alinéa 1 er de l’annexe
5 de l’ABR de 1999 « sous réserve des dispositions ci-après, le nom commercial appartient
à celui qui, le 1er, en a fait usage ou en a obtenu l’enregistrement ». L’ABR de 1999 a donc
conservé la tradition tout en ouvrant une seconde possibilité d’acquisition du droit sur le
nom commercial et cette tradition apparait comme le droit commun d’acquisition du droit
sur le nom commercial conformément à l’article 3 alinéa 1 er de l’annexe 5 suscité et qui
place l’usage avant l’enregistrement, lequel enregistrement lui-même ne faisant entraîner
certains effets particuliers déterminés et limités.

S’agissant de l’enregistrement, il constitue l’élément original qui a été introduit par l’ABR de
1977 et celui de 1999. L’enregistrement tel qu’il est perçu, a été introduit pour des besoins
d’information et de recherche d’antériorité en matière de noms commerciaux. En effet, les
agents économiques ont besoin des savoirs si le signe qu’ils se proposent d’adopter en
tant que nom commercial est disponible. La question qui se pose ici est de savoir si un tel
enregistrement est conforme aux dispositions de l’article 8 de la convention de Paris. La
réponse est sans nul doute affirmative, dans la mesure où l’usage comme moyen
d’acquisition du nom commercial est conservé.

2) Le caractère du régime
Le régime OAPI du nom commercial se caractérise par une grande souplesse qui lui
permet de se conformer à la convention de Paris : Tout d’abord en ce que l’enregistrement
n’est pas obligatoire en vue de la protection du nom commercial, l’usage restant le mode
de droit commun d’acquisition du droit sur le nom commercial. Il s’agit en réalité d’une
option, qui est offerte aux agents économiques qui peuvent procéder à leur convenance à
l’acquisition soit par l’usage, soit par l’enregistrement du nom commercial. Ensuite, en ce
que l’option est ouverte aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers sans aucune
discrimination conformément aux dispositions de l’article 2 de la convention de Paris. Il va
s’en dire que l’option n’a de sens et d’intérêt que dans la mesure où l’enregistrement
présente certains avantages particuliers par rapport au régime de droit commun qui est
constitué par l’usage.

SECTION II : REGIME DE DROIT COMMUN DU NOM COMMERCIAL


Ce régime va s’analyser en deux points : l’existence du nom commercial d’une part et de l’autre les
droits sur le nom commercial et enfin un troisième point qui sera réservé à la protection du nom
commercial.
A- L’EXISTENCE DU NOM COMMERCIAL
Que nous allons étudier d’une part à travers la définition et d’autre part à travers les conditions
de validité

1) La définition
C’est l’Art 1er de l’annexe 5 de l’ABR de 1999 qui définit le nom commercial comme étant
« Au sens de la présente annexe, constitue un nom commercial, la dénomination sous
laquelle est connue et exploitée un établissement commercial, industriel, artisanal ou
agricole ». Cette définition retient l’attention quant à la liaison du nom commercial avec le
fonds et quant à la forme que revêt cette liaison.
La liaison du nom commercial avec le fonds : le nom commercial est la dénomination qui a
pour fonctions d’identifier et de désigner un fonds, ce qui le distingue parmi les autres
noms mais également par rapport à la marque et autres signes distinctifs. Parmi les autres
noms, certains désignent des personnes physiques, ce sont des noms patronymiques ou
pseudonymes. D’autres noms désignent des personnes morales, ce sont des
dénominations sociales. La marque quant à elle a pour fonctions de garantir les objets
quant à leur origine qui est soit une entreprise, soit un agent économique social ou culturel
quelconque. En réalité le nom commercial peut valablement constituer en même temps
une marque ou une dénomination sociale. La confusion est d’autant moins à craindre dans
le cadre de l’OAPI, dans la mesure où les uns et les autres sont réglementés séparément.

La forme que revêt cette liaison : la définition du nom commercial ne retient pas seulement
l’attention quant à l’objet qu’il sert à désigner mais également quant à sa forme, car il
s’agit-là d’une dénomination ou d’un mode. Ceci exclut contrairement à la marque, les
couleurs, les formes, les desseins, les volumes notamment. En revanche, les mots ou la
dénomination, qui sont choisis pour constituer un nom commercial peuvent être de
fantaisie tout comme ils peuvent être puisé dans le domaine public. De plus le nom
commercial peut être un patronyme ou un pseudonyme voir même des chiffres ou une
abréviation.

2) Les conditions de validité


Elles sont les mêmes que celles des marques, car il s’agit de signes distinctifs. Il y a
d’abord la validité intrinsèque qui repose sur une seule condition à savoir le caractère
distinctif. Cette condition exclut d’office le caractère banal ou nécessaire ainsi que le
caractère générique et caractère descriptif du nom commercial. La validité extrinsèque
quant à elle exclut les noms contraires à l’ordre public, aux lois ou aux bonnes mœurs.
Egalement sont exclus les noms commerciaux non disponibles du seul fait qu’ils sont déjà
occupés. Enfin, sont exclus les noms commerciaux déceptifs, c’est-à-dire qui sont
susceptibles d’induire en erreur le public.

B- LE DROIT SUR LE NOM COMMERCIAL


Ce droit, nous allons l’étudier d’abord à travers sa naissance et sa durée, également à travers
les négociations auxquelles elle peut donner lieu et enfin la perte sur le droit au nom
commercial.

1) La naissance du droit sur le nom commercial


Le régime du droit commun du nom commercial est fondé sur l’usage qui est le mode
d’acquisition normale du droit sur le nom commercial et comme le relève Paul Mathély «  
c’est en exerçant sa fonction que le signe distinctif acquiert la protection et la fonction
s’exerce par l’usage. Par conséquent, à partir du moment où un nom est employé à l’égard
du public pour identifier une entreprise, ce nom devient au sens du droit un nom
commercial, et il acquiert la protection ». Bien évidemment il ne s’agit pas de n’importe
quel usage. Cet usage doit non seulement être public et effectif mais il doit également être
fait à titre de nom commercial. Quant à l’usager, il doit s’agir du propriétaire du fonds
désigné. La preuve de l’usage est établi par les dispositions de l’article 3 alinéa 2 de
l’annexe 5 de l’ABR de 1999 « l’usage d’un nom commercial ne peut être prouvé que par
des écrits, imprimés ou documents, contemporains des faits d’usage qu’ils tentent à
établir ». La nature du droit sur le nom commercial a été définit par la jurisprudence comme
étant un droit de propriété qui est généralement considéré comme ayant une portée
territoriale nationale. S’agissant de l’OAPI, le territoire est celui couvert par l’ABR de 1999,
et les droits reconnus ou conférés sont des droits uniques. L’appropriation du nom
commercial est régie par la règle de la spécialité et elle n’est acquise qu’à l’égard des
activités qu’elle couvre.

2) La durée du nom commercial


Etant acquis par l’usage, le droit sur le nom commercial dure autant que l’usage et se perd
avec lui. En effet, seule la cessation de l’usage entraîne la perte du droit sur le nom
commercial.

3) Négociations auxquelles le nom commercial peut être l’objet


Nous verrons tour à tour les règles de fonds ainsi que les règles de forme et de publicité

Règles de fonds
La règle ici est que le nom commercial peut faire l’objet d’une cession, mais cette cession
ne peut être faite qu’à titre de complément à la cession du fonds et non pas séparément.
Tel qu’il résulte des dispositions de l’article 15 alinéa 1er de l’annexe 5 de l’ABR de 1999 « 
le nom commercial ne peut être cédé ou transmis qu’avec l’établissement commercial,
industriel, artisanal ou agricole, ou la partie dudit établissement désigné sous ce nom  ».
Bien évidemment, le transfert du nom commercial s’il peut s’opérer par voie de cession, il
peut aussi avoir lieu par voie de fusion ou par absorption. Il en est de même pour le gage,
qui ne peut porter séparément sur le nom commercial mais plutôt sur le fonds qui entraîne
le nom commercial.

Règles de forme et de publicité


La cession du nom commercial doit être faite par écrit et signée des parties. Tandis que la
transmission par fusion ou par toute autre forme de transmission peut être faite par tout
autre document qui prouve cette transmission. Le contrat signé, l’écrit ou tout autre
document est signé à titre de preuve conformément à l’article 15 : « 

Alinéa 2 de l’annexe 5 de l’ABR de 1999 «  les actes portant sur le nom commercial ne
sont opposables aux tiers que s’ils ont été inscrits au registre spécial des noms
commerciaux conformément à l’article 15 alinéa 3
Alinéa 3 de l’annexe 5 de l’ABR de 1999 « les actes visés à l’alinéa 1er ci-dessus ne sont
opposables aux tiers que s’ils ont été inscrits dans le registre spécial des noms
commerciaux tenus par l’organisation et publié dans les formes prescrites par le règlement
d’application de la présente annexe. Un exemplaire de cet acte est conservé par
l’organisation ».

4) La perte du droit sur le nom commercial


Cette perte du droit peut être soit de manière volontaire, soit de manière judiciaire

S’agissant de la perte volontaire , elle résulte de la cession de l’usage du nom à titre


commercial. Ce résultat est naturel, puisque c’est de l’usage que naît le droit au nom
commercial. Toute autre forme volontaire de perte est exclue. Il en est ainsi notamment de
la renonciation ou de la tolérance, qui ne peuvent avoir d’incidence qu’au niveau de
l’évaluation du préjudice à réparer.

S’agissant de la perte judiciaire, elle résulte de l’annulation du nom commercial. Elle


sanctionne le non-respect des conditions de validité du nom commercial conformément à
l’article 2 annexe 5 de l’ABR de 1999 « ne peut constituer un nom commercial, le nom ou
la désignation qui, par sa nature ou l’usage qui peut en être fait, est contraire aux bonnes
mœurs ou à l’ordre public et qui, notamment, pourrait tromper les milieux commerciaux ou
le public sur la nature de l’établissement commercial, industriel, artisanal ou agricole
désignés par ce nom ».

C- LA PROTECTION DU NOM COMMERCIAL


Il s’agit d’une part l’action en référé et les actions civiles au fonds de l’autre.

1) L’action en référé
C’est l’article 16 alinéa 1 er annexe 5 de l’ABR de 1999 qui dispose : « lorsque les droits
attachés au nom commercial sont menacés de violation, le titulaire de ces droits peut
intenter toute action judiciaire destinée à prévenir cette violation ». Cette disposition
présente l’action en référé qui permet au Président du Tribunal d’Instance de prendre un
certain nombre de mesures au regard de la violation du droit commise ou qui menace
d’être commise. Le président de la juridiction va notamment ordonner toute mesure en cas
d’urgence et en l’absence de contestations sérieuses. Il va également prescrire des
mesures conservatoires lorsqu’il s’agit de prévenir un dommage imminent ou de faire
cesser un trouble manifestement illicite.

2) Les actions civiles au fonds


Les actions civiles au fonds c’est principalement l’action en concurrence déloyale. Cette
action est engagée sur le fondement des articles 1382 et 1383 du Code Civil.

SECTION III : LE REGIME DU NOM COMMERCIAL ENREGISTRE


Le régime du nom commercial enregistré emprunte beaucoup au régime de la marque tant en ce qui
concerne les formalités pour ce qui est de ses effets.
A- LES FORMALITES
On verra d’abord l’enregistrement et le renouvellement

1) L’enregistrement
Elle passe par deux phases : une 1ere phase dite de dépôt et une deuxième phase dite
d’examen.

Le dépôt : qui appelle le commentaire sur des pièces requises d’une part et sur la
procédure à proprement parlé du dépôt

S’agissant des pièces, le dossier doit comprendre : une demande d’enregistrement


émanant du propriétaire de l’entreprise comprenant ses noms, prénoms, adresse et
nationalité. Egalement référence est faite au nom que l’on souhaite faire protéger sous la
forme d’un nom commercial. Autre pièce, c’est la pièce justificative du paiement de taxe de
dépôt et de publication. Enfin, en cas de représentation par un mandataire agrée de
l’OAPI, un pouvoir sous seing privé.

S’agissant de la procédure, elle peut être directe ou indirecte. La procédure est directe
conformément à l’article 6 de l’annexe de l’ABR de 1999 « tout propriétaire d’une
entreprise commerciale, industrielle, artisanale ou agricole située sur le territoire nationale
de l’un des Etats membres, qui veut obtenir l’enregistrement du nom commercial attaché à
son établissement doit déposer ou adresser par pli postal recommandé avec de demande
d’avis de réception à l’organisation au greffe du tribunal civil de son domicile ou au
Ministère chargé de la propriété industrielle ». En substance de l’art 6 cité, le dossier est
déposé ou adressé par pli postal avec avis de réception et le greffier doit déposer un
procès-verbal qui constate chaque dépôt en énonçant le jour et l’heure de la remise des
pièces. Et le greffier doit à l’issue remettre une expédition au déposant. Egalement dans
les cinq jours de la réception, le greffier doit transmettre le pli à l’organisation en y joignant
un exemplaire de la demande, une copie certifiée conforme du procès-verbal de dépôt, le
justificatif du versement des taxes. Quant à la procédure de dépôt indirecte, elle concerne
les personnes domiciliées hors des Etats membres de l’OAPI, qui doivent adresser leurs
dossiers à l’organisation par l’intermédiaire d’un mandataire agrée de l’OAPI
conformément à l’article 6 (c) annexe 5 de l’ABR de 1999. Dans ces deux cas, à savoir le
dépôt direct ou indirect, c’est à l’organisation qu’il revient de procéder à l’examen des
dossiers.

L’examen : dans le cadre de l’examen, l’organisation doit s’assurer que le nom commercial
n’est pas contraire aux dispositions de l’article 2 de l’annexe 5 suscité. En effet, le nom
commercial est contraire aux dispositions de l’article 2 de l’annexe 5 de l’ABR de 1999
lorsque par sa nature ou l’usage qui peut en être fait, il est contraire aux bonnes mœurs ou
à l’ordre public et qu’il pourrait tromper les milieux commerciaux ou le public sur la nature
de l’établissement commercial industriel, artisanal ou agricole désignée par ce nom. De
surcroît, le dépôt est rejeté par l’organisation s’il n’est pas conforma aux dispositions de
l’article 2 susmentionné. En cas d’irrégularité matérielle, un délai de 30 jours est accordé
pour la régularisation et faute de régularisation dans ledit délai, le dépôt est rejeté.
Toutefois, aucun dépôt ne peut être rejeté si les observations du déposant n’ont pas été
recueillies et le rejet est passible d’un recours devant la commission supérieure de recours
dans les 30 jours à compter de la date de la notification. Les dépôts réguliers sont
enregistrés selon l’ordre de leur réception et les effets remontent à la date du dépôt.
L’organisation envoie au déposant un exemplaire du modèle du nom commercial revêtu de
la mention d’enregistrement à titre de certificat de dépôt.

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