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Université Catholique d’Afrique Centrale – Faculté des Sciences Juridiques et Politiques

Cours de Justice Alternative – M 1 – Année académiques 2021/2022


Pr Banamba

COURS DE JUSTICE ALTERNATIVE

M1
Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
Université Catholique d’Afrique Centrale

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Université Catholique d’Afrique Centrale – Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
Cours de Justice Alternative – M 1 – Année académiques 2021/2022
Pr Banamba

Introduction

Nul ne peut se faire justice lui-même, nous rappelle l’adage. C’est la raison pour laquelle le
monopole de la justice appartient à l’Etat. Ainsi, dans la société, lorsqu’il y a un litige, sa solution
est normalement recherchée devant les tribunaux de l’Etat, parce que le rétablissement de la paix
sociale passe par la procédure judiciaire.

C’est l’État qui organise la manière de gérer les litiges, de trancher les prétentions (demandes)
respectives des parties quand elles estiment que leurs droits ont été violés. La fonction de juger est
assurée par un service public, car la justice sert à satisfaire un intérêt général. Il s’agit bien de la
justice étatique.

La justice étatique que l’on vient de décrire est celle qui tranche les litiges en droit, mais il y a
d’autres manières de trancher les litiges. Cette tolérance correspond à une vision libérale de la
justice ; l’État admet que certains litiges puissent être tranchés par les particuliers eux-mêmes : c’est
dans ce cas qu’on parle de ‘’Justice Alternative’’ ou de ‘’Modes Alternatifs de Règlement des
Litiges’’ (MARL). L’expression renvoie à une variété de techniques, de plus en plus nombreuses et
les locutions (expressions) sont nombreuses pour désigner ces techniques. On parle aussi de modes
alternatifs de règlement des conflits (MARC) ou de modes alternatifs de règlement des différends
(MARD). En Common law, on les désigne sous l’expression Alternative Dispute Resolution (ADR)

Les parties peuvent généralement résoudre un différend de trois façons.


 Elles peuvent régler l'affaire entre elles en échangeant sur les diverses façons de mettre fin
au différend.
 Elles peuvent demander à une tierce partie de les aider à trouver la meilleure solution.
 Elles peuvent demander à une tierce partie de prendre la décision à leur place.

Les deux premières stratégies de règlement donnent aux intéressés la possibilité de trouver une
solution ensemble, parfois avec les conseils de leurs avocats. Les parties elles-mêmes dirigent le
processus décisionnel et leur accord reflète le plus souvent leurs besoins et intérêts. Il s'agit du
règlement des conflits par consensus, ou d’un règlement amiable. Chacune des parties peut y
trouver son compte. C’est de la justice amiable qu’il s’agit. On parle aussi de modes amiables ou de
modes non juridictionnels de règlement des litiges (Première Partie)

Lorsque les parties demandent à un tiers de prendre la décision pour elles, par exemple, dans un
processus d'arbitrage ou un procès, chacune des parties soutient qu'elle a raison et que l'autre a tort.
Ici, on est en présence d’un mode juridictionnel de règlement des litiges. On vise ici essentiellement
l’arbitrage, considéré comme un mode alternatif (Deuxième partie).

Ière Partie : La justice alternative amiable ou non juridictionnelle


On étudie ici d’une part, l’ensemble des modes ou processus amiables de règlement des conflits.
Certains ont été organisés par la loi (Titre 1) ; d’autres restent entièrement conventionnels (Titre 2)

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Titre 1. Modes organisés par la loi

Il y a d’une part la médiation (Chap. 1) et d’autre part, la transaction (Chap. 2).

Chapitre 1. La médiation

Grâce à l’Acte uniforme relatif à la Médiation du 23 novembre 2017, l’espace OHADA vient de
s’enrichir d’un nouvel instrument de régulation des rapports juridiques et comble un vide par
l’introduction de la médiation dans l’arsenal juridique de l’organisation

Ce texte définit et délimite le champ d’application de la médiation (Section 1), aménage les formes
et les modalités de la médiation (Section 2) et enfin, en précise les règles relatives à la mise en
œuvre de la médiation (Section 3).

Section 1. La définition et le domaine de la médiation


L’AUM nous propose une définition large de son champ d’application matériel ou rationae
materiae.

En effet, aux termes de l’article 1, la médiation est regardée comme <<tout processus, quelle que
soit son appellation, dans lequel les parties demandent à un tiers de les aider à parvenir à un
règlement amiable d’un litige, d’un rapport conflictuel ou d’un désaccord (ci-après le différend)
découlant d’un rapport juridique, contractuel ou autre ou lié à un tel rapport, impliquant des
personnes physiques ou morales, y compris des entités publiques ou des Etats>>.

De la lecture de l’article 1 de l’AUM on peut déduire que le nouveau texte s’appliquerait à toutes
les matières. Il semble libéral en admettant que tous les différends, quelle que soit la matière et
quelle qu’en soit la source peuvent faire l’objet de médiation. Et a priori l’on ne saurait, sans
trahir la lettre du texte, limiter le domaine matériel de l’AUM à quelques matières seulement.
Cela impliquerait par conséquent, les différends en matière civile, commerciale et financière, en
matière sociale pour les litiges individuels de travail, en matière de divorce, de filiation, de
succession, en matière pénale…

Cependant, contrairement à ce que semble laisser croire le texte, le domaine de la médiation ne peut
être sans limite. Il sera donc nécessaire de définir de façon précise les types de différends pouvant
faire l’objet de médiation.

On peut d’abord recourir au Traité OHADA qui, contrairement à l’article 1er de l’AUM, semble
délimiter son champ d’application aux matières que le Traité désigne comme faisant partie de son
domaine de compétence. A ce titre, le traité OHADA vise <<l’harmonisation du droit des affaires
dans les Etats membres>> (article 1er du traité). Et selon l’article 2 qui dresse la liste des matières,
il s’agit des matières qui entrent dans le domaine du droit des affaires, notamment, le droit des
sociétés et le statut juridique des commerçants, le recouvrement des créances, les sûretés, le régime

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du redressement des entreprises, le droit de l’arbitrage, le droit du travail, le droit comptable, le
droit de la vente et des transports … <<toute autre matière que le Conseil des Ministres déciderait, à
l’unanimité, d’y inclure, conformément à l’objet du Traité …>>.

Ensuite, une conception large du domaine de la médiation s’oppose au principe général selon lequel
les MARC ne sont admis que dans les matières où les individus ont la libre disposition de leurs
droits. Enfin, il existe des matières d’ordre public dont le règlement des différends ne peut en aucun
cas être laissé au bon vouloir des parties. Par conséquent, ces matières doivent être exclues du
domaine de la médiation.

Il en est ainsi des litiges en matière pénale ; celle-ci constitue la matière de souveraineté par
excellence. Le recours à une justice privée dans ce domaine n’est en principe pas possible. Il en est
de même en principe de la matière sociale pour des litiges individuels de travail. Le principe est
admis dans la plupart des systèmes juridiques de recourir à un autre organe (juge ou inspecteur de
travail).

L’inspecteur de travail est tenu de tenter une conciliation avant d’entamer la phase contentieuse.
C’est le même principe qui s’applique, en matière de divorce, la conciliation étant un préalable
obligatoire auquel sont assujettis juges et parties.

On peut aussi recourir, pour limiter le domaine de l’arbitrage, à l’article 2 de l’AUM. Selon ce
texte, sont exclus du champ de la médiation les <<cas dans lesquels un juge ou un arbitre, pendant
une instance judiciaire ou arbitrale, tente de faciliter un règlement amiable directement avec les
parties>>. En fin, il convient d’ajouter les matières pour lesquelles le législateur OHADA a prévu
une compétence exclusive (art. 12 al 1 AUPSRCVE qui prescrit en matière d’injonction une
tentative de conciliation préalable ; ou encore art. 179 du même texte, qui prévoit une procédure
identique pour la saisie des rémunérations).

Il y a donc un besoin de circonscrire le domaine d’intervention de la médiation.

Section 2. Les règles fondamentales de la médiation et la typologie des


médiations

Paragraphe 1. Les règles fondamentales de la médiation


Il s’agit des principes qui gouvernent la médiation et qui sont considérés comme principes de base
de la médiation. Ainsi, plusieurs principes rappelés par l’article 8 AUM fondent la médiation. A ce
titre, l’indépendance, l’impartialité des médiateurs, l’obligation de secret et de la confidentialité, le
respect de la volonté des parties et enfin, l’efficacité du processus de médiation, constituent la
fondation de cette procédure.

La procédure de médiation est efficace en ce sens que la force obligatoire de la clause de médiation
fait naître pour les parties deux types d’engagements : celui de recourir à la médiation
préalablement à la saisine du juge et celui de concourir à la mise en place de la médiation.

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Le législateur communautaire a accordé une certaine force à la clause de médiation ainsi qu’au
compromis de médiation. Par conséquent, lorsqu’un juge est saisi d’un litige sur une question où les
parties ont prévu de recourir préalablement à la médiation, ledit juge (étatique ou arbitral) doit
déclarer l’irrecevabilité de cette demande jusqu’à épuisement de la procédure de médiation (ou
expiration du délai de la médiation).

Dans la mesure où cette clause contient un engagement réciproque, faute de renonciation commune,
la clause doit donc, en toute logique, recevoir exécution. En cas de non-respect de la clause de
médiation, le juge sanctionne la demande en prononçant une fin de non-recevoir.

C’est le sens implicite de l’article 15 AUM qui précise : <<Lorsque les parties sont convenues de
recourir à la médiation et se sont expressément engagées à n’entamer, pendant une période donnée
ou jusqu’à la survenance d’un évènement spécifié, aucune procédure arbitrale ou judiciaire relative
à un différend déjà né ou qui pourrait naître ultérieurement, il est donné effet à cet engagement par
le tribunal arbitral ou la juridiction étatique…>>. En fait le législateur ne prévoit pas expressément
une telle sanction. Dans ce cas, faute d'autres remèdes compatibles avec le droit positif, c'est bien
l'irrecevabilité ou la fin de non-recevoir qui s'impose comme la sanction de l'inexécution d'une
clause de médiation préalable.

Paragraphe 2. Les cas de médiation et les modalités de recours à la médiation


On distingue deux types de médiation (A), qui peuvent donner lieu à des combinaisons (B).

A. Le choix entre médiation ad hoc et médiation institutionnelle


La médiation ad hoc est une médiation qui est organisée par les parties elles-mêmes, éventuellement
avec l'appui de leurs conseils. Lorsque les parties choisissent de mettre en œuvre une médiation ad
hoc les parties décident de ne pas recourir à un centre de médiation. La médiation institutionnelle
est celle qui est organisée sous l’égide d’un centre ou d’une institution de médiation.

B. La combinaison avec la médiation judiciaire (ou arbitrale)


Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, la médiation judiciaire (ou arbitrale)
n’est pas imposée par le juge, mais ordonnée par ce dernier suite à l’accord des parties (article 1
al.2 ; article 4 al. 3. article 12 al. 3 et article 13).

Elle consiste notamment devant le juge du fond, à régler le litige de manière amiable et par un
tiers alors même que l’affaire est pendante. Elle est ordonnée par le juge dans le cours d’une
instance. Cette possibilité peut être mise en œuvre soit à la demande des parties, soit à l’initiative du
juge (article 12 al. 3) qui apprécie la nécessité de faire tenir une médiation, et ce, tant qu’une
décision au fond n’a pas été rendue. Pourtant, même d’origine judiciaire, la médiation reste, par
nature, consensuelle, dans la mesure où elle ne peut se dérouler qu’avec l’accord des parties. C’est
en accord avec les parties que la juridiction étatique (ou la juridiction arbitrale) suspend la
procédure pendante devant elle <<pour les renvoyer à la médiation>> (article 4 al. 3).

Quel sera alors le rôle du juge en pareille circonstance ?

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Le juge apporte sa contribution pour le règlement du conflit, mais à la fin, ce sont les parties qui
décident de la voie à suivre. Mais le juge ne délègue pas ses pouvoirs et ses devoirs. La procédure
se déroule sous son contrôle. Même d’origine judiciaire, la médiation reste, par nature,
consensuelle, dans la mesure où elle ne peut se dérouler qu’avec l’accord des parties

La médiation ne dessaisit pas le juge, qui peut proposer ou ordonner la médiation acceptée par les
parties à tout moment de la procédure. Il désigne le médiateur et prescrit un délai au médiateur pour
remplir sa mission, fixe la rémunération du médiateur. Il est tenu informé des difficultés rencontrées
par le médiateur dans l’accomplissement de sa mission et peut mettre fin à la médiation à tout
moment, Enfin, il juge l’affaire en cas de non-accord ou homologue éventuellement l’accord
intervenu.

Section 3. Mise en œuvre de la médiation


Elle concerne le processus de la médiation (Parag 1) et les voies de recours prévues en cette
matière (Parag 2).

Paragraphe 1- Le processus de la médiation

Il s’agit des différentes étapes de la médiation : comment est engagée la médiation (A), comment se
déroule la médiation (B) et comment se dénoue la médiation (C)

A- Comment engager une médiation


Les parties ont la possibilité de recourir à la médiation à différents moments. Elles peuvent en effet
venir en médiation dès les premières manifestations d’un différend afin d’éviter que le désaccord ne
s’aggrave. Elles peuvent aussi recourir à la médiation au cours d’une instance juridictionnelle ou
tout simplement après la survenance du litige.

L’Acte uniforme a prévu la conclusion d’une convention de médiation écrite ou non par les
parties. Lorsqu’elle écrite, cette convention de médiation prend la forme d’une clause de médiation
qui insérée par les parties dans le contrat qui fait l’objet du différend. Les parties ont également la
possibilité de conclure une convention de médiation après la naissance du litige. On parle dans cette
hypothèse d’un compromis de médiation. Un tel compromis peut aussi être conclu au cours d’une
instance déjà engagée par les parties devant une juridiction (article 4 al. 3).

B- Déroulement de la procédure
Il faut d’abord procéder à l’organisation de la médiation

La médiation débute par la mise en place de celle-ci. Mais la question à résoudre est, comment
concrètement déclencher une médiation ?

Normalement le début du processus de médiation paraît simple. En pratique, elle est déclenchée par
l’une des parties (la plus diligente, dit l’article 4 al. 1) qui décide de mettre en œuvre la convention
de médiation. Le processus n’est encadré par aucune règle. On peut penser que la partie
demanderesse peut le faire par tout moyen, tout en s’assurant qu’elle détient des preuves. Elle
informera son adversaire de sa décision de faire jouer la clause de médiation, et selon les modalités
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convenues dans la clause, invitera son adversaire à participer à la désignation du (ou des) médiateur
(article 5).
Le médiateur peut être choisi de plusieurs manières :
- soit par les parties directement, si elles désignent un médiateur sur l'identité duquel elles
sont d'accord,
- soit par l'intermédiaire de leurs conseils qui peuvent choisir entre eux un (ou plusieurs)
médiateur sur lesquels les parties seraient d’accord,
- soit par l'intermédiaire d'une autorité (juge étatique, Président de la Chambre de commerce
…) qui peut recommander ou nommer des médiateurs sur une liste de médiateurs.

Lors de la mise en place de la médiation, les parties prévoient les règles d’organisation du processus
de médiation. Pour la médiation ad hoc, l’accord est établi et signé par les parties et le médiateur.
Peuvent y figurer, les questions telles que le lieu de la médiation, les modalités de convocation, de
représentation, de communication des parties, le rappel de l’exigence de confidentialité ou encore la
rémunération du médiateur. Pour la médiation institutionnelle, les règles de procédure sont établies
par les organismes de médiation.
Selon le législateur communautaire, à défaut de règles prévues, le médiateur mène la médiation
<<comme il l’estime approprié>>. Il s’appuie sur les circonstances de l’affaire et tient compte des
attentes formulées par les parties et la nécessité de parvenir rapidement à une solution du différend
(article 7 al. 2). Il peut entendre les parties ou les rencontrer séparément ou ensemble. Dans tous les
cas, le médiateur n’impose pas aux parties une solution au différend. Il peut simplement faire des
suggestions, en vue du règlement du différend (article 7 al. 4).

C- Dénouement de la médiation
La fin de la médiation peut prendre des formes variées, soit lorsqu’elle s’est soldée par un échec,
soit qu’elle a réussi.

Dans le premier cas, elle peut prendre fin à l’initiative des parties, soit par la volonté de l’une
d’elles qui ne participe plus aux réunions malgré les relances du médiateur ou qui a fait une
déclaration écrite indiquant qu’il est mis fin à la procédure de médiation, soit par déclaration écrite
conjointe des parties indiquant qu’elles mettent un terme à a médiation (article 12 al. 1-b-d et c).

Elle peut encore prendre fin à l’initiative du médiateur qui a décidé de mettre un terme à sa mission
par déclaration écrite, indiquant que de nouveaux efforts de médiation ne se justifient plus à la date
de la déclaration (article 12 al. 1-b).

Elle peut enfin s’achever, à l’expiration du terme imparti pour la médiation, sauf décision conjointe
des parties de le proroger (article 12 al. 1-e)..

A l’inverse, il y a réussite lorsque la médiation a abouti à un accord signé par les parties (article 12
al. 1-a). L’AUM précise non seulement que l’accord de médiation doit être écrit, mais aussi qu’un
tel accord à l’égard des parties <<est obligatoire et les lie (et) est susceptible d’exécution
forcée>> (article 16 al. 1). Toutefois, il est important de ne pas se méprendre sur ce texte. Pour y
parvenir, l’efficacité pleine de l’accord doit être renforcée, et cela peut se faire de deux manières.
L’accord intervenu peut, à la requête conjointe des parties <<être déposée au rang des minutes
d’un notaire … (qui) en délivre une grosse ou copie exécutoire>> (article 12 al. 2), Les parties

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peuvent saisir le notaire, que la médiation soit judiciaire ou purement conventionnelle. Mais le
recours au notaire suppose le consentement de toutes les parties.

L’accord de médiation peut aussi être soumis à l’homologation ou à l’exequatur du juge qui statue
sur ordonnance (article 16 al. 3). Dans ce cas, la requête d’une seule partie suffit. L’article 16 al 5
reconnait la possibilité au juge de refuser d’homologuer ou d’exequaturer l’accord de médiation en
cas de non conformité à l’ordre public. Mais il n’a pas le pouvoir d’en modifier les termes (article
16 al. 3)

Le législateur prévoit un régime particulier pour le cas où l’accord de médiation intervient alors
qu’une procédure arbitrale est en cours. Les parties peuvent demander au tribunal arbitral de
constater l’accord survenu dans une sentence d’accord parties (article 16 al. 8).

Une question se pose : quelle est la nature de l’accord de médiation ?

Le législateur communautaire décrit cet accord comme un accord écrit dont l’objet est de régler le
différend entre les parties. Cet accord est obligatoire et les lie. Il est susceptible d’exécution forcée.
Il n’y a donc aucune précision sur la nature de l’accord. Il pourra s’agir d’une transaction, d’une
novation (remplacement d’un ancien contrat par un nouveau), de la dation en paiement (convention
en vertu de laquelle les parties décident de substituer une obligation nouvelle à une obligation
ancienne), d’une remise de dette (un créancier renonce volontairement à ses droits à l’encontre de
son débiteur). Les parties peuvent à l’issue de la médiation aboutir à un accord de compensation…

Paragraphe 2- Les voies de recours

Le premier recours est celui qui peut être introduit lorsque le juge de l’homologation ou de
l’exequatur saisi n’a pas respecté le délai de 15 jours qui lui est imparti par le législateur pour
répondre à la demande d’homologation ou d’exequatur. Aux termes de l’alinéa 6 de l’article 16, à
défaut de décision dans le délai de 15 jours, <<l’accord bénéficie automatiquement de
l’homologation ou de l’exequatur>>. Le greffier en chef ou l’organe compétent est saisi pour
l’apposition de la formule exécutoire. Mais il reste à la partie adverse, sur le fondement de la
contrariété de l’accord à l’ordre public, la possibilité de saisir la CCJA d’un <<recours contre l’acte
d’homologation ou d’exequatur automatique>>. La CCJA a 06 mois pour rendre sa décision. Ce
recours est suspensif.

Le second recours est le pourvoi devant la CCJA contre la décision qui refuse l’homologation ou
l’exequatur, la décision accordant l’exequatur n’étant susceptible d’aucun recours. Aucune
précision n’est donnée sur le caractère suspensif ou non de ce recours. Rien n’interdit alors au
bénéficiaire de l’accord d’en exiger l’exécution malgré le recours.

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Chapitre 2. La transaction

La transaction est un contrat par lequel les parties terminent une contestation née, ou préviennent une
contestation à naître » (art. 2044 al. 1er C. civ.). La transaction est un contrat, plus précisément un
contrat synallagmatique. Il a un objet bien précis : mettre fin à un litige né ou à naître.

Toutefois, la définition légale, considérée comme insuffisante, a été complétée par la jurisprudence.
Désormais la transaction est définie comme « un contrat par lequel les parties terminent une
contestation née ou préviennent une contestation à naître » moyennant des concessions réciproques ».

Section 1. Les conditions de la transaction

On sait que, traditionnellement, pour qu’une transaction puisse valablement mettre fin à un litige, un
certain nombre de conditions sont nécessaires tant du point de vue du fond (Parag. 1) que de la forme
(Parag. 2)

Paragraphe 1. Conditions de fond

Trois conditions, cumulatives doivent être réunies :


- l’existence d’une contestation ou d’un litige ;
- la volonté d’y mettre fin ;
- chacune des parties doit faire des concessions réciproques.

A- Existence d'un litige

C'est l'existence ou la possibilité d'un différend ou d’un conflit.

En l'absence de conflit, il est impossible de transiger. Lorsque la transaction est conclue afin de mettre
fin à un litige né durant l'exécution du contrat, elle n'est valable que si elle porte sur un litige. Il est
donc conseillé de faire figurer dans l'acte transactionnel le motif du différend ou le litige éventuel que
l'on a entendu régler, avec les points de vue respectifs des parties.

B- La volonté de mettre fin au litige

L'objet de la transaction est unique : régler par la voie contractuelle un litige existant ou éventuel afin
d'éviter un contentieux. Le litige est un différend, un désaccord ou un conflit ou une contestation
susceptible de donner lieu à un procès.

C- L’existence de concessions réciproques

En se faisant de concessions réciproques, chacune des parties abandonne une parcelle de ses
prétentions ou de ses droits

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La jurisprudence fait de l'existence de concessions réciproques une condition de validité de la
transaction : la transaction est un contrat par lequel les parties mettent fin à une contestation en se
consentant des concessions réciproques (Cass. Soc., 13 oct. 1988, affaire Loubèle).

Les juges appelés à se prononcer sur la validité d'une transaction doivent faire apparaître les
concessions réciproques (Cass. soc., 25 oct. 1990, affaire Saladin). Faire des concessions signifie
classiquement que l'on abandonne une partie de ses prétentions initiales. L'objet de la renonciation
de chacune des parties est large, elle peut en effet porter sur des droits, des prétentions ou des actions.
Mais selon la jurisprudence, il n’est pas nécessaire que les concessions soient d’égale valeur. Mais, si
l’une des parties abandonne ses droits pour une contrepartie pratiquement dérisoire, l’acte conclu ne
vaut pas transaction (Ch. sociale de la Cour de cassation, 28 nov. 2000, arrêt publié).

Constitue une concession, la renonciation à un droit ou à une demande.

Il y a encore concessions réciproques lorsque :

- l'employeur s'engage à verser, outre les indemnités de rupture conventionnelle, une somme
correspondant à deux mois de salaire et que le salarié accepte une clause de non-concurrence (Cass.
soc., 5 janv. 1994, affaire Sté de distribution des eaux minérales de France c/ Mulon);

- le salarié abandonne un droit éventuel à des dommages et intérêts contre la renonciation par
l'employeur à se prévaloir d'une faute grave ;

A l'inverse, l'accord conclu entre un employeur et son salarié ne constitue pas une transaction valable
lorsque :

- l'employeur ne s'engage qu'à verser les indemnités normalement dues au salarié en cas de
licenciement (Cass. soc., 29 mai 1991, affaire Sotrabois c/ Alquier-Lanuque) ou une indemnité d'un
montant dérisoire (Cass. soc., 18 mai 1999, affaire Cayla c/Sté Sofeb);

- l'employeur verse une indemnité forfaitaire qui est égale à ce que le salarié aurait perçu en cas de
licenciement, alors qu’aucune faute grave n'a été invoquée à l’encontre du salarié (Cass. soc., 17 oct.
1996, affaire SARL Soprodem c/Chiry).

Les concessions ne sont pas nécessairement égales. Elles doivent cependant être
appréciables.

Les concessions ne doivent pas nécessairement être d'ampleur équivalente. Elles doivent,
toutefois, représenter un sacrifice réel et appréciable pour chacune des parties (Cass. soc. 19 février
1997 : Bull. V n° 74 ― Cass. soc., 7 février 2007, n° 05-41.623, inédit).

C’est ainsi que le juge vérifie la réciprocité et l'équilibre des concessions et sanctionne les transactions
ne comportant manifestement pas d'équilibre dans les concessions réciproques des parties. Les
engagements ne doivent pas nécessairement être équivalents et peuvent ne pas être de même nature.

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Une partie peut renoncer à percevoir une indemnité accordée par le juge contre l'engagement de l'autre
partie d'accomplir elle-même les travaux que cette indemnité devait financer.

Il n’est pas obligatoire que ces concessions soient réalisées au profit direct de l’autre partie.
Concrètement, des concessions peuvent éventuellement être faites par une partie à la transaction au
profit d’une personne qui n’est pas l’auteur de la concession réciproque, dès lors que cette personne en
tire un avantage, même indirect.

Paragraphe 2. Conditions de forme

Selon l’article 2044 C. civ., le contrat de transaction doit être écrit (A) et signé par les parties (B).

A. Nécessité d'un écrit

Aux termes toutefois d'une jurisprudence constante, l'écrit ne constitue pas une condition de validité de
la transaction, mais uniquement un moyen de preuve.

Celui qui invoque la transaction doit rapporter la preuve de son existence par écrit et, à défaut, justifier
d'un commencement de preuve par écrit pour que le témoignage ou la présomption qu’il invoque
puisse être admise. La rédaction d'un écrit est donc sinon indispensable, du moins fortement conseillée.

B. Signataires de l'accord

La transaction, lorsqu'elle est établie par écrit, doit être signée par l'employeur et le salarié. Toutefois,
l'employeur peut se faire représenter. Une transaction transmise par le conseil de l'employeur à un
salarié engage l’employeur. Si le salarié l'accepte, le contrat est formé et l'employeur ne peut retirer
son offre (Cass. soc., 14 déc. 1995).

De même, une société ne peut s'opposer à la demande d'application d'une transaction que le salarié a
signée avec le directeur des ressources humaines, qu'il pouvait légitimement considérer comme
mandaté à cet effet (Cass. soc., 12 juil. 1995).

Section 2. Les effets de la transaction

La transaction intervenue a autorité de la chose jugée (Parag 1) et en principe, elle n’est susceptible
d’aucun recours (Parag. 2)

Paragraphe 1. Autorité de la chose jugée

La transaction remplace le jugement et en produit les effets. La transaction, rédigée par écrit et signée
des parties, éteint le litige. Toute autre action relative au litige tranché par la transaction devient
irrecevable. Cette exception d'irrecevabilité s'impose au juge et à l'arbitre.

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Si la transaction intervient en cours d'instance judiciaire, le juge est dessaisi du litige quel que soit le
stade de la procédure. Cet effet extinctif de la procédure par la transaction ne concerne toutefois que
les seuls droits qui ont été expressément évoqués dans la transaction.

En vertu de l'article 2052 du Code civil, la transaction a « autorité de la chose jugée en dernier ressort
» et met fin irrémédiablement à toute contestation. On parle « d'autorité de chose transigée ».

Cependant, il ressort d’une décision de la cour de cassation que la transaction n’a pas entre les parties
l’autorité de chose jugée en dernier ressort, autrement dit ne met pas fin au litige, en raison du
manquement de l’une des parties à ses engagements.

En d’autres termes, la transaction n’éteint l’action en justice et met fin au litige uniquement sous
réserve de son exécution. A défaut, le juge pourra soit en prononcer la résolution ou son exécution
forcée, soit indemniser la partie victime de l’inexécution d’obligations conventionnelles.

Paragraphe 2. Les voies de recours


La transaction a autorité de la chose jugée en dernier ressort. Cette expression n'est pas très claire car
elle semble ouvrir la voie à un pourvoi en cassation. En fait, il vaut mieux dire que la transaction n'est
susceptible d'aucune voie de recours : en d’autres termes, elle est irrévocable.

La seule action qui pourrait être envisagée contre un contrat de transaction serait une nullité
contractuelle, pour vice de consentement. La transaction est un contrat dont la validité dépend de la
validité du consentement de chacune des parties. Elle peut donc être annulée pour erreur, le dol et la
violence.

Par exemple, il a été admis que la transaction doit être annulée lorsqu'elle est signée par un salarié qui
ne lit pas le français et n'a pu comprendre la portée de la transaction (Cass. soc., 14 janv. 1997, affaire
Compagnie France d'ElectroChimie).

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Titre 2. Modes ou processus purement conventionnels

I- Les modes de régulation des contrats

Il s’agit de la perfection des contrats et de l’expertise

La perfection des contrats : Ce mode d’intervention d’un tiers dans un contrat est distinct de
l’arbitrage, car le tiers n’intervient que pour compléter ou modifier le contrat. Le tiers, généralement
appelé « expert », intervient en dehors de tout litige. On est dans un processus de perfectionnement ou
d’adaptation du contrat, et non d’un arbitrage. Ici, le tiers agit comme mandataire des parties et n’a pas
de pouvoirs juridictionnels. Exemple : les parties confient à un tiers le soin de fixer un prix de vente ou
d’un loyer…

L’expertise : Elle consiste en une mission purement technique : l’expert n’a pas pour mission de
régler les conséquences juridiques d’un contrat. Il intervient pour éclairer les parties avant tout
différend. La tâche de l’expert est purement technique et n’a aucun caractère juridique. Et son rapport
ne lie pas les parties, ni les juges.

Cependant, il peut arriver que les parties confient à l’expert une tâche à caractère juridique : par
exemple situer les responsabilités, ou encore tirer les conséquences juridiques d’une situation. Dans
ces cas il y a lieu de considérer le caractère obligatoire ou non obligatoire de l’avis rendu par l’expert.
Dans le premier cas le tiers aura départagé les parties, on est alors en présence d’un expert ayant été
investi de fonctions juridictionnelles, contrairement au second cas. Au regard du rôle joué par l’expert
dans le premier cas, on peut s’interroger sur le point de savoir s’il n’y a pas un glissement de
l’expertise vers l’arbitrage : arbitrage-expertise, arbitrage contractuel.

II- Le mini-trial ou mini-procès (minitrage)

Le mini trial est une procédure d’arbitrage simulée, un mini jugement. Il s’agit d’une simulation
d’instance arbitrale destinée à favoriser la conclusion la conclusion d’un accord de transaction entre les
équipes de direction des sociétés en litige. La procédure ici se déroule en deux phases :
- Dans une première phase les avocats et conseils des parties échangent les pièces et les mémoires et
présentent leurs arguments respectifs, en présence des parties, devant un tiers neutre, l’observateur, qui
les écoute. Cette phase s’apparente à une instance judiciaire. Elle permet aux équipes de direction
d’avoir une vision différente de leurs positions respectives. Dès ce stade, les parties peuvent provoquer
une discussion pour parvenir à un accord.

-Dans une seconde phase, d’accord parties, on arrête toute la procédure et les représentants des parties
négocient en vue d’aboutir à un règlement amiable. Si elles ne sont pas parvenues à un accord, le tiers
neutre rend une décision non-obligatoire, mais qui pourrait préfigurer la décision que rendrait
effectivement un juge ou un arbitre, s’il était saisi

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Ainsi, on aura bien négocié parce qu’on est bien informé sur la teneur du litige. Il s’agit donc d’une
conciliation qui est éclairée par une instance simulée en vue d’informer les parties sur le litige et sur
les droits respectifs.

III- Les Dispute Boards

Les Dispute Boards sont apparus dans les contrats de construction qui font référence notamment aux
règles de la Fédération Internationale des Ingénieurs Conseils (FIDIC).

En effet, dans les contrats à exécution successive sur une longue durée, il est probable que des
difficultés surgissent de façon régulière. Afin de régler ces difficultés, qu’elles soient techniques ou
juridiques, les parties s’accordent pour instituer un organe permanent dénommé Dispute Board et qui
est indépendant des parties. Cet organe a pour mission de les accompagner ou de les assister dans le
règlement des litiges éventuels en émettant des recommandations ou en proposant des décisions. Dans
tous les cas, cet organe peut être sollicité par les parties pour leur fournir une assistance informelle,
pour rendre une décision ou pour formuler une recommandation.

Le Règlement ADR (2001) de la Chambre de Commerce Internationale propose plusieurs formes de


Dispute Boards :
o Les Dispute Boards inspirés des pratiques américaines, sont les plus utilisés. Ils émettent des
recommandations que les parties sont libres d’accepter ou de rejeter dans un délai de 30 jours.
Si la recommandation vient à être rejetée ou en l’absence d’accord, les parties pourront recourir
au règlement de leur litige par voie contentieuse devant un tribunal arbitral ou la justice
étatique. Le rejet de la recommandation suspend l’exécution de celle-ci. On dit que le rejet
produit un effet suspensif.
o Les Dispute Adjudication Boards apparus au Royaume-Uni sont, pour leur part, plus
contraignants. Concrètement, le Board rend une décision que les parties peuvent accepter ou
rejeter dans un délai de 30 jours. A l’inverse de l’hypothèse précédente, le rejet de la décision
ne produit pas d’effet suspensif. En d’autres termes, celle-ci est mise en application
immédiatement jusqu’à ce que le tribunal arbitral se soit prononcé.
o Les Combined Dispute Boards sont une synthèse des deux précédentes formules. Le Board
rend simplement une recommandation, sauf si l’une des parties demande que soit rendue une
décision. Dans ce cas, le Board rend une décision, qui devra être mise en application
immédiatement, en attendant qu’un arbitre ou un juge se prononce.

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2èmePartie. La justice alternative de nature juridictionnelle

Introduction

L’arbitrage est un mode de régulation des relations juridiques, un mode alternatif de règlement des
litiges aussi bien commerciaux que civils, qui consiste à faire trancher un litige par de simples
particuliers et la décision rendue appelée sentence arbitrale a néanmoins la même autorité qu’un
jugement rendu en première instance par un juge étatique. Dans les relations commerciales les
opérateurs internationaux préfèrent généralement le règlement des litiges par la voie de l’arbitrage. En
effet, ce mode de règlement des litiges présente un double avantage :
 D’abord sa rapidité car toute la procédure se déroule sur une période relativement courte,
quelques mois (voir infra), par rapport aux délais généralement longs qu’il faut aux juridictions
étatiques pour trancher un différend ;
 Ensuite sa confidentialité : toute la procédure, les actes et les délibérations sont revêtus du
sceau du secret.
C’est incontestablement un mode qui convient mieux aux relations d’affaires ; d’autant plus que
l’efficacité de la sentence qui en découle est garantie par des mesures d’exécution auxquelles les
parties ne peuvent se soustraire.
Cependant, il ne s’agit pas d’un mode de règlement à l’amiable car l’arbitrage est fondamentalement
juridictionnel.
Il convient donc de le distinguer des autres modes de règlement des différends(I) avant d’en
déterminer les caractères (II) et d’étudier ses sources (III)

I. L’arbitrage et les autres modes de règlement des litiges

L’arbitrage est souvent confondu à un certain nombre de notions qui lui sont voisines (A), ce mode de
règlement des différends n’est pas très éloigné de la justice étatique (B).

A. L’arbitrage et les notions voisines


Ces méthodes voisines constituent ce que l’on considère comme la "justice douce, les MARL, qui
permettent de régler les conflits sans en passer par le jugement.

L’arbitrage se distingue ainsi de la médiation. Il se distingue aussi des modes de régulation des
contrats, tels que la perfection des contrats ou l’expertise. Enfin, l’arbitrage se distingue du mini
trial. Ces derniers modes ont en commun qu’il s’agit de procédures non juridictionnelles qui les
distinguent de l’arbitrage. Cependant, leur nature contractuelle les rapproche de l’arbitrage.

Voir Supra

B- L’arbitrage et la justice étatique

Par rapport à la justice de l’Etat l’arbitrage a une double nature. Ainsi les arbitres tout en disposant
d’un certain nombre de pouvoirs sont soumis à un certain nombre de règles. En cela, ils exercent
comme les juges une mission juridictionnelle c'est-à-dire qu’ils décident en disant le droit. Ce sont
donc des homologues du juge étatique parce qu’ils ont des pouvoirs et des devoirs. Cependant,

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l’investiture des juges arbitraux, l’étendue de leur mission et surtout la majorité des règles qui
président à l’accomplissement de cette mission dépendent de la volonté des parties. C’est une
différence fondamentale entre la justice arbitrale et la justice étatique ; en d’autres termes l’arbitrage
tire sa source et sa force essentiellement dans la volonté des parties. Pourtant, même si les arbitres sont
choisis par les parties, ils doivent à l’occasion de leur mission se comporter de manière impartiale
comme le juge étatique (même si le choix d’arbitres est fonction de certains éléments on ne désigne
jamais au hasard un arbitre).

Enfin de compte, l’originalité de l’arbitrage repose sur sa double nature. D’abord une nature
contractuelle, ensuite une nature juridictionnelle. L’arbitrage peut connaître plusieurs nuances : on peut
ainsi opposer l’arbitrage ad hoc à l’arbitrage institutionnel. On peut aussi opposer l’arbitrage interne et
l’arbitrage international.

II. Caractères de l’arbitrage

Ils apparaissent à travers la spécificité de ce mode de règlement de litiges (Parag 1) et à travers la


distinction entre les différents types d’arbitrage (Parag 2)

A- La spécificité de l’arbitrage

L’arbitrage est un mode juridictionnel de règlement des litiges sans intervention du juge étatique. Il
s’agit d’un mode alternatif assimilé à une sorte de « justice privée » dont les caractères le distinguent
des autres modes de règlement des différends. L’arbitrage a un double caractère :

*- Caractère contractuel
L’arbitrage est fondamentalement contractuel en ce sens qu’il tire sa raison d’être de la convention
d’arbitrage. Dans cette procédure, les parties règlent leur instance comme elles l’entendent ; leur
volonté, exprimée dans la convention d’arbitrage, est prédominante.

Ce caractère se manifeste aussi dans le pouvoir de juger reconnu aux arbitres et dans la liberté des
parties de régler le déroulement et la procédure de l’arbitrage. Rappelons, néanmoins que cette
autonomie de la volonté des parties est propre aux contrats en général.

*- Caractère juridictionnel
La procédure d’arbitrage est une procédure juridictionnelle par son objet : elle met fin à un différend.
Au terme de la procédure d’arbitrage, les arbitres rendent une sentence qui est un acte juridictionnel
revêtue de l’autorité de chose jugée.

En raison de ce caractère, certains principes juridictionnels doivent être respectés. Sur le plan
procédural, la sentence ne peut être rendue qu’au terme d’une procédure qui doit fournir des garanties
aux parties (par exemple, le tribunal arbitral doit respecter le principe du contradictoire).

B. Distinction entre les différents types d’arbitrage

On distingue généralement plusieurs types d’arbitrage : l’arbitrage interne et l’arbitrage international,


l’arbitrage ad hoc et l’arbitrage institutionnel enfin, l’arbitrage OHADA et l’arbitrage CCJA. Chacun

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de ces types obéit à des règles qui lui sont propres nonobstant l’existence de quelques règles
communes et la prééminence de l’autonomie de la volonté qui caractérise chaque type.

1. Arbitrage interne et l’arbitrage international


L’arbitrage interne peut être défini comme étant celui qui ne présente aucun élément d’extranéité, tant
en ce qui concerne les parties en présence que le contrat principal objet du différend.

Toutefois des difficultés existent essentiellement quand il s’agit de cerner la notion d’arbitrage
international. Nous tenterons de nous livrer à cet exercice travers sa définition juridique, qui met en
œuvre plusieurs critères et sa conception économique, qui privilégie la nature du litige. Toutefois, nous
verrons que dans le cas de l’OHADA, cette distinction pose la question de son utilité ou de son
inutilité.
*- Définition juridique de l’arbitrage international : L’arbitrage international « désigne celui qui
met en présence des sujets de droit international. Il s’agit donc de l’arbitrage de droit international
public » ; il s’agit aussi de l’arbitrage régi par une convention internationale ou un Règlement d’une
institution internationale (exemples : arbitrage OHADA ; arbitrage mis en place par la Convention de
Washington du 18 mars 1965 au sein du CIRDI).

*- La conception économique, quant à elle, est inspirée de la « jurisprudence Matter », et adoptée tant
en France que dans certains pays africains (Côte d’Ivoire, Mali) avant la réforme OHADA : « est
international l’arbitrage qui met en cause des intérêts du commerce international ».

Le critère de distinction réside dans la nature du litige soumis à l’arbitrage : s’agit-il d’un litige de droit
interne ou de droit international privé ? Ainsi, l’arbitrage sera interne ou international, selon qu’il
tranche un litige de droit interne ou de droit international privé.
Aujourd’hui cette notion désigne l’arbitrage de droit privé, international par son objet.

*- Utilité ou Inutilité de la distinction ? : Dans le droit OHADA cette distinction, arbitrage


interne/arbitrage international, n’a pas a priori d’intérêt car le droit OHADA est un droit uniforme
(interne et international) et l’AU/DA s’applique aux deux types d’arbitrage. Ce système permet de
supprimer tout risque de conflit de lois. C’est la position d’une doctrine majoritaire fondée sur l’idée
que le législateur OHADA n’ayant pas fait de distinction entre l’arbitrage interne et l’arbitrage
international, celle n’aurait pas de raison d’être. Pourtant la CCJA vient de prendre une position non
équivoque en consacrant in fine dans l’espace OHADA l’existence d’un arbitrage interne à côté d’un
arbitrage international. Il s’agit d’un arrêt du 17 juillet 2008 rendu par la CCJA à la suite d’un recours
en contestation de validité d’une sentence rendue dans une affaire opposant 2 entreprises béninoises.

Assemblée plénière Arrêt N° 045/2008 du 17 juillet 2008


(Recours en contestation de validité de sentence arbitrale)
Affaire : Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) C/ Société des Huileries
du BENIN (SHB)
Sur le troisième moyen pris en ses quatre branches
Attendu qu’il est également reproché à la sentence attaquée une violation de l’ordre public international pour
mauvaise interprétation de la clause de règlement amiable, mauvaise application de l’article 274 de l’Acte uniforme
portant sur le droit commercial général notamment la prescription en matière de vente commerciale, mauvaise

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interprétation de la notion de force majeure et violation du principe du contradictoire ; que ladite violation de l’ordre
public international ainsi caractérisée expose la sentence attaquée à l’annulation ;

Mais attendu qu’aux termes de la clause compromissoire en vertu de laquelle le litige opposant la SHB à la
SONAPRA a été soumis à l’arbitrage, le droit applicable au fond du litige est le droit béninois  ; que ledit litige, qui
oppose deux sociétés de droit béninois relativement au commerce interne, relève de l’arbitrage interne ; que dès lors,
c’est à tort qu’est invoquée la violation de l’ordre public international comme moyen d’annulation de la sentence
rendue dans un tel arbitrage et qu’il échet de rejeter ledit moyen ;

2. Arbitrage ad hoc et l’arbitrage institutionnel


*- L’arbitrage est dit institutionnel lorsqu’il est administré par une institution permanente
d’arbitrage, un centre d’arbitrage. Les centres d’arbitrage sont des organismes spécialisés. Ils
procèdent, sur proposition des parties, à la désignation des arbitres, arrêtent les règlements applicables,
assurent le secrétariat de l’arbitrage, perçoivent les frais, collectent les honoraires des arbitres, etc (V.
J.-J. ARNALDEZ, Un centre international, la Chambre de commerce internationale, Rev. arb. 1990, p
249; V. Cour internationale d'arbitrage de la chambre de commerce internationale, chronique des
sentences arbitrales, Journ. Dr. intern. 2006 p 1407). Ce type d’institution qui organise l’arbitrage
n’est pas une juridiction et ne prend donc que des décisions de nature administrative et non pas de
nature juridictionnelle (Cass. civ. 1e, 20 février 2001, arrêt Cubic, préc.; même pour les décisions
rendues en matière de récusation, Cass. civ. 2e, 7 octobre 1987, Rev. arb. 1987, p 479 note E.
MEZGER).

L’arbitrage institutionnel présente donc trois caractéristiques :


- Existence d’une institution chargée d’administrer l’arbitrage : à cet égard, la CCJA est aussi un
Centre d’arbitrage (comme la Centre de Médiation et d’arbitrage du GICM (CMAG) encore la CACI
en Côte d’Ivoire). Cependant, elle ne fait qu’administrer, encadrer la procédure d’arbitrage, le tribunal
arbitral étant distinct.

- L’existence d’un Règlement d’Arbitrage qui régit l’instance : l’institution permanente d’arbitrage
doit disposer d’un Règlement d’Arbitrage (un code de procédure) qui détermine les règles de
procédure applicable devant elle. Ces règles de procédure doivent être suivies par les tribunaux
arbitraux rattachés au Centre.

- L’existence d’un Secrétariat chargé des tâches techniques et administratives (comme le Secrétariat
Général de la CCJA). Dans l’arbitrage institutionnel, le tribunal arbitral bénéficie de l’appui logistique
de l’institution permanente.

*- L’arbitrage est dit ad hoc lorsque le tribunal arbitral fonctionne en dehors de toute institution
permanente. L’ensemble de la procédure repose sur la collaboration des juges arbitraux et les parties.
Dans cette procédure, le tribunal arbitral n’a pas le soutien d’une institution ; il est en prise directe avec
les parties.
3. Arbitrage OHADA et arbitrage CCJA
En organisant l’arbitrage, le législateur OHADA a mis en place deux types de réglementations : une
réglementation considérée comme le droit commun de l’arbitrage et une autre réglementation
considérée comme le droit spécial de l’arbitrage.

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*- L’Arbitrage OHADA est celui qui est régi par l’AU/DA. C’est le droit commun de l’arbitrage. Il
est contenu dans l’Acte Uniforme portant droit de l’arbitrage. Grâce à cet Acte Uniforme, désormais
tous les pays membres de l’OHADA ont la même réglementation applicable à l’arbitrage. Et pour tous
ces pays le droit de l’arbitrage issu de l’acte uniforme doit être considéré comme le droit interne.

*- L’arbitrage CCJA, quant à lui, est celui qui fonctionne dans le cadre du Centre permanent
d’arbitrage qui fonctionne au sein de la CCJA. Celle-ci administre l’arbitrage et, à la différence des
autres Centres d’Arbitrage, a des pouvoirs juridictionnels.

Comme tout Centre permanent d’arbitrage, la CCJA dispose d’un Règlement d’Arbitrage. Cet
arbitrage n’est pas régi par l’AU/DA. Il se distingue aussi par son champ spatial. En effet, il résulte
des termes de l’article 21 du Traité OHADA que cet arbitrage n’est ouvert que dans le cas de litiges
dont l’une des parties, au moins, a soit son domicile soit sa résidence habituelle dans un Etat partie à
l’OHADA ; ou encore de litiges nés de contrats dont l’exécution se déroule, ou est prévue pour se
dérouler, intégralement ou partiellement, sur le territoire d’un Etat partie. Cette limitation spatiale
de l’arbitrage CCJA se comprend aisément car il est encadré, administré, par la CCJA et doit, donc,
être circonscrit dans le champ de compétence territoriale de ladite Cour.

Une autre originalité du système d’arbitrage institutionnel de la CCJA et qu’il se fonde sur une
convention internationale, le Traité de l’OHADA du 17 octobre 1993.

Finalement, le système d’arbitrage de la CCJA est totalement autonome et international. Cependant, la


CCJA n’a pas le monopole de l’arbitrage dans l’espace OHADA, c’est un arbitrage facultatif.

III. Sources du droit d’arbitrage

Il convient de distinguer ici les sources OHADA (A) des sources internationales du droit de
l’Arbitrage (B).

A- Les sources OHADA

Elles sont constituées de certaines dispositions du Traité du 17 octobre 1993 portant création de
l’OHADA, de l’Acte Uniforme sur le Droit de l’Arbitrage (AU/DA) et du Règlement d’Arbitrage de la
CCJA, tous deux, en date du 11 mars 1999.

1- Le Traité : deux dispositions dont la portée est différente sont à distinguer :


- L’Article 2 du Traité inclue le droit de l’arbitrage dans les matières qui relèvent du domaine du droit
des affaires ;

- Le titre IV (articles 21 à 26) du Traité est consacré à l’arbitrage. Ces règles constituent le
fondement de l’arbitrage organisé au sein de la CCJA.

2- L’AU/DA : il instaure la législation commune des Etats membres de l’OHADA en matière


d’arbitrage. Aux termes de son article 1er, l’AU/DA a vocation à s’appliquer à tout arbitrage, ad hoc
ou institutionnel, dont « le siège du tribunal arbitral se trouve dans l’un des Etats parties ». Cette
disposition très générale, concerne aussi bien les arbitrages commerciaux que civils, internes

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qu’internationaux. Le dispositif juridique qu’instaure l’AU/DA s’impose aux Etats parties ; toutefois,
les caractères obligatoire et abrogatoire de cet A.U. souffrent de certaines limites en la matière : en
effet, l’AU/DA n’abroge pas les normes internes qui organisent des procédures spécifiques d’arbitrage
institutionnel ; « l’effet abrogatoire ne concerne que les lois générales sur le droit de l’arbitrage » ; les
textes qui organisent l’arbitrage dans les Cours ou Centres d’arbitrage existants, subsistent.

3- L’arbitrage CCJA : Le Règlement d’Arbitrage (RA) et le Règlement de Procédure (RP) de la


CCJA organisent l’arbitrage institutionnel mis en place au sein de la CCJA. Il ne s’applique qu’aux
arbitrages portés devant le Centre d’Arbitrage de la CCJA.

Les litiges concernés doivent être de caractère contractuel, d’une part, et, d’autre part, ils doivent être
nés d’un contrat principal ayant un lien avec un Etat partie (lieu d’exécution, domicile ou résidence de
l’une des parties). L’arbitrage CCJA paraît être un prolongement de la justice étatique des Etats
membres.

Le RA/CCJA est différent de certains autres, notamment de celui de la CCI, par les fonctions
juridictionnelles qu’il confère à la CCJA (Ex : le recours en contestation de validité des sentences et
l’exequatur). Outre la CCJA, de telles fonctions ne sont assurées que par le CIRDI. Ces fonctions
juridictionnelles ont été reconnues à la CCJA en raison du fait qu’elle est une juridiction internationale
des Etats membres de l’OHADA ; mais ces fonctions ne lient que lesdits Etats, tandis que les Etats
tiers ne sont pas liés par l’exequatur accordé par la CCJA.

Il en est également ainsi de la décision rendue par la CCJA en ce qui concerne la validité de la
sentence : les Etats tiers peuvent connaître des recours contre la sentence dans les conditions et selon
les modalités de leur propre législation sur l’arbitrage.

B- Les sources internationales


Certaines sources sont d’origine conventionnelle (1), d’autres sont d’origine privée (2).

1- Les sources d’origine conventionnelle


Celles-ci sont, pour l'essentiel, constituées par les conventions internationales relatives à l'arbitrage.
Leur nombre étant important, nous ne citerons ici que les principales conventions multilatérales.
- La Convention de Genève du 26 septembre 1927 pour l'exécution des sentences arbitrales
étrangères
Elle est entrée en vigueur le 25 juillet 1929 (a été ratifiée par la France. On peut supposer que le
Cameroun en fait partie). Elle détermine les conditions de reconnaissance et d'exécution des
sentences arbitrales "étrangères". Son champ d'application est limité et les conditions d'exécution
des sentences qu'elle détermine sont rigoureuses.

Cette convention, si elle est toujours en vigueur, est aujourd'hui d'application très restreinte
puisqu'elle ne concerne plus que les rapports d'Etats qui ne sont ni l'un ni l'autre partie à la
convention de New York
- La Convention de New York du 10 juin 1958 pour la reconnaissance et l'exécution des
sentences arbitrales étrangères

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Elle a été ratifiée par un très grand nombre d'Etats, dont le Cameroun. Si, comme son intitulé
l'indique, elle énonce les règles pour la reconnaissance et l'exécution des sentences, son objet est
plus large puisqu'elle fixe les grands principes sur lesquels repose l'arbitrage international : principe
de validité des conventions arbitrales et affirmation de l'autonomie de l'arbitrage international.

- La Convention de Washington du 18 mars 1965, créant le CIRDI.


Elle est entrée en vigueur le 14 octobre 1966.

Le CIRDI est le Centre International de Règlement des Différends relatifs aux Investissements. Ce
centre arbitre les conflits entre un État et un investisseur originaire d’un autre État. L’investissement
étranger est l’opération par laquelle une personne physique ou morale établit son capital sur le
territoire d’un autre État aux fins d’assurer sa production. L’opération d’investissement suppose un
mouvement économique par lequel une personne va placer ses biens sous la juridiction d’un autre
État. Quelles sont les procédures de règlement des différends devant le CIRDI ?

Il y a deux procédures de règlement des différends devant le CIRDI. Il s’agit de l’arbitrage et de la


conciliation. L’arbitrage est le mode le plus utilisé.

La compétence du CIRDI s’étend aux différends d’ordre juridique qui sont en relation directe avec
un investissement conformément à l’article 25 de la convention de Washington. En ce sens, le
CIRDI est le centre de référence en matière de règlement des différends relatifs aux investissements
(1). Il est plus privilégié par les parties car les solutions de ce centre semblent unanimement
admises.  Les investisseurs ont depuis une vingtaine d’année une préférence pour le CIRDI. Il
demeure en charge de plus de la moitié des requêtes en ce qui concerne le contentieux de
l’investissement.  Il est même devenu incontournable.

Les conflits surviennent le plus souvent entre investisseurs provenant de pays développés et
gouvernements de pays en développement. En général, la résolution de ces conflits tourne en faveur
de ces derniers.

2- Les sources privées


Ces sources, qui ont une efficacité moins apparente que les précédentes mais réelle, sont également
nombreuses. Parmi les plus importantes l'on trouve :

Les conventions d'arbitrage-type qui sont rédigées soit unilatéralement par les centres d'arbitrage,
soit par plusieurs centres dans le cadre d'accords inter-institutionnels.

Les règlements d'arbitrage des institutions permanentes d'arbitrage, notamment ceux de la C.C.I.,
l'A.A.A., la London Court of Arbitration, la Chambre de commerce de Stockholm, l'A.T.A. etc.
La jurisprudence arbitrale, qui est constituée par les sentences arbitrale. Cependant, cette source
reste minime : les sentences ne sont normalement pas publiées et, même lorsqu’elles le sont, les
arbitres ne sont pas liés par les précédents.

- Les normes anationales ou transnationales, les usages du commerce : la lex mercatoria.

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Titre 1 - Les règles de base de l’arbitrage

La base de l’arbitrage est constituée d’une part de la convention d’arbitrage (Chap.1) et d’autre part
des règles propres à la justice arbitrale (Chap. 2).

Chapitre 1- La convention d’arbitrage


La convention d’arbitrage désigne l’accord par lequel les parties décident de soumettre un litige qui les
oppose à des arbitres. Les termes convention d’arbitrage, et clause compromissoire ou compromis sont
ici interchangeables.

Le compromis d’arbitrage est une convention d’arbitrage conclue après la naissance du litige. La
clause compromissoire ou compromis d’arbitrage, est une clause insérée dans le contrat, donc
antérieure à la naissance du différend.

Seuls le Traité OHADA et le Règlement d’Arbitrage de la CCJA parlent des deux notions, tandis que
l’AU/DA ne parle que de « Convention d’arbitrage » sans en préciser les conditions de validité.

L’étude de la convention d’arbitrage suppose l’examen de trois préoccupations : celle qui concerne la
nature juridique de cette convention (Section 1), son domaine (Section 2) et enfin les effets attachés à
cette convention (Section 3).

Section 1- La nature juridique de la convention d’arbitrage


La convention d’arbitrage est considérée comme une décision d’arbitrage c'est-à-dire une décision
par laquelle les parties s’engagent à soumettre leur litige pour un règlement à la justice arbitrale avec
pour effet d’enlever à la justice étatique le différend qui les oppose ; et la compétence des arbitres est
justement fondée sur la décision d’arbitrage.

Les parties peuvent choisir d’aller à l’arbitrage alors qu’il n’y a pas encore de litige (clause
compromissoire ou après la survenance d’un litige (compromis). L’article 3 AU/DA précise que la
clause compromissoire doit être rédigée par écrit, sans pourtant en faire la condition unique, puisque le
même texte admet qu’elle peut résulter de <<tout autre moyen permettant d’en administrer la preuve,
notamment par référence faite à un document la stipulant>>.

On pense à une clause qui figure dans les conditions générales de l’une des parties, auxquelles le
contrat conclu se contente de renvoyer, ou par un contrat-type élaboré par une organisation
professionnelle de la branche d’activité à laquelle se rattache le contrat conclu. La clause d’arbitrage
peut aussi faire référence à un Règlement d’arbitrage d’une institution (CCJA ; GICAM ou la CCI…).
Ex. : « Tous les litiges auxquels le présent contrat, sa formation, son interprétation ou son exécution
pourrait donner lieu, seront tranchés par voie d’arbitrage par un (ou trois) arbitres conformément au
Règlement de la CCJA ».

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Mais la CCJA ne va pas jusqu’à admettre qu’il y a eu une clause d’arbitrage dans un échange de lettres
ou un échange de télégrammes, s’il n’y a pas eu acceptation expresse par une partie des lettres valant
compromis. A défaut, le tribunal arbitral saisi doit se déclarer incompétent. Elle annule ainsi une
sentence arbitrale parce qu’il n’y a pas eu de convention formelle entre les parties. C’est dans ce sens
qu’il faut comprendre l’arrêt de la CCJA, N°039/2014 du 17 avril 2014 (Affaire Etat du Mali c/
Société CFAO) dans lequel la CCJA annule une sentence pour défaut de convention d’arbitrage :
<<Attendu qu’il résulte de l’examen des pièces versées au dossier, dont notamment la
sentence arbitrale, que la compétence du Tribunal arbitral avait été contestée in limine litis par
l’Etat du Mali ; qu’il est incontesté et incontestable qu’aucune convention formelle ne lie les
deux parties ; que le tribunal qui, reconnaissant « l’absence de convention expresse entre les
Parties » (paragraphe 253 page 50), n’a retenu sa compétence qu’en raison du silence observé
par l’Etat du Mali aux courriers du 19 avril et du 13 juillet 2011 adressés par la société CFAO
pour conclure à un renoncement de son déclinatoire de compétence pourtant réaffirmé et plaidé
par l’Etat du Mali lors de l’audience de plaidoiries ;
Attendu que le consentement à la saisine du tribunal arbitral sous l’égide de la CCJA ne se
présume point et qu’aucune disposition ni du Traité fondateur de l’OHADA, ni du Règlement de
procédure de la CCJA, ne permet de tirer de la non réponse à une lettre reçue dans le cadre
d’une procédure arbitrale, une renonciation à un déclinatoire écrit et plaidé de compétence ;
Attendu au surplus que CFAO ne prouve pas le consentement verbal que lui aurait donné le
conseil de l’Etat du Mali ;
Qu’ainsi, le Tribunal arbitral ayant statué sans convention d’arbitrage, sa sentence doit donc
être annulée sans qu’il soit besoin de statuer sur le second moyen ;
Attendu que la Sentence arbitrale ainsi annulée pour absence de convention, il échet de dire
qu’il n’y a pas lieu à reprise dudit arbitrage sous l’égide de la CCJA>>

Dans tous les cas, la convention d’arbitrage doit être efficace. Exemple de clause pathologique : Une
clause prévoyant que « pour le règlement des contestations qui peuvent s’élever à l’occasion de
l’exécution ou du règlement du marché, les parties contractantes doivent se consulter pour soumettre
leur différend à un arbitrage, ou pour refuser l’arbitrage » n’est pas une clause d’arbitrage efficace car
elle n’oblige pas les parties à se soumettre à un arbitrage en cas de différend. (Cass. Civ., 30 octobre
2006).

En cas de doute, il est recommandé de stipuler « Tout différend au titre du présent contrat sera soumis
à arbitrage conformément au Règlement d’arbitrage de (de la CCJA ou du GICAM ou de la CCI…) ».

Cependant l’élément le plus important relatif à la nature juridique de la convention d’arbitrage est son
caractère autonome. Le principe de l’autonomie ou de la séparabilité » de la clause
compromissoire consacré par l’arrêt « Gosset ».

Dans l’arrêt « Gosset », la Cour de cassation décida qu’un arbitre avait pu rendre une décision valable,
alors que sa compétence était fondée sur une clause compromissoire figurant dans un contrat dont la
nullité était alléguée, dès lors qu’« en matière d’arbitrage international, l’accord compromissoire, qu’il
soit conclu séparément ou inclus dans l’acte juridique auquel il a trait, présente toujours, sauf
circonstances exceptionnelles (…), une complète autonomie juridique, excluant qu’il puisse être
affecté par une éventuelle invalidité de cet acte ».

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Il existe néanmoins des cas dans lesquels la nullité du contrat devrait entraîner la nullité de la clause
compromissoire. L’hypothèse la plus évidente est celle dans laquelle le contrat est inexistant. En effet,
la Cour de cassation a admis dans L.B. Cassia du 10 juillet 1990 une certaine limite à l’autonomie de
la clause compromissoire, qui réside dans l’existence en la forme du contrat principal. Cela signifie
que si le contrat principal est inexistant, la clause compromissoire l’est aussi

Le RA/CCJA consacre cette règle de manière implicite : « si l’arbitre considère que la convention
d’arbitrage est valable et que le contrat liant les parties est nul ou inexistant, l’arbitre est compétent
pour déterminer les droits respectifs des parties et statuer sur leurs demandes et conclusions »

L’AU/DA (article 4) affirme expressément l’autonomie de la convention d’arbitrage à l’égard du


contrat principal et à l’égard du droit applicable audit contrat.

En raison de l’autonomie dont elle jouit, la convention d’arbitrage est détachable du contrat principal
et obéit à un régime juridique qui lui est propre. Selon l’article 4 de l’AU sur l’arbitrage « la validité de
la convention d’arbitrage ou de la clause compromissoire n’est pas affectée par la nullité du contrat
principal.

Cette autonomie se justifie par le fait qu’elle ne doit pas souffrir des aléas éventuels dudit contrat ; elle
n’est pas affectée par l’invalidité dudit contrat. La CCJA considère ainsi que la résiliation de la
convention contenant la clause compromissoire n’a pas d’effet sur la validité de ladite clause. (CCJA,
2ème ch., Arrêt N°082/2014 du 22 mai 2014. Affaire Société CANAC Sénégal S.A., et Société CANAC
R S Inc c/ Société Transrail S.A).

Le principe de l’autonomie de la convention d’arbitrage permet de renforcer et de favoriser le recours à


l’arbitrage d’une part et, d’autre part, il permet de ne pas se retirer facilement d’une procédure
d’arbitrage. Cependant, il ne faut pas confondre autonomie de la clause compromissoire et
indépendance de la clause compromissoire.

L’indépendance de la convention d’arbitrage vise le régime juridique auquel est soumise la


convention d’arbitrage. A cet égard, l’article 4 AU/DA dispose que la validité de la convention
d’arbitrage « est appréciée d’après la commune volonté des parties, sans référence nécessaire à un
droit étatique ». C’est ce régime qui est appliqué à la convention d’arbitrage dans le système
d‘arbitrage dans l’espace OHADA

Section 2 – Le domaine de l’arbitrage


C’est la question de l’arbitrabilité du litige. On désigne sous cette appellation l’aptitude d’un litige à
faire l’objet d’un arbitrage ratione materiae et ratione personae. On distingue ainsi le domaine matériel
l’arbitrage (Parag 1) de son domaine personnel (Parag 2).

Paragraphe 1– Le domaine matériel

Après avoir posé le problème (A), il y lieu d’indiquer la solution (B)

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A– La position du problème

Parler du domaine matériel de l’arbitrage c’est résoudre la question de l’objet du litige arbitrable. Pour
être valable la convention d'arbitrage doit porter sur un litige pouvant faire l'objet d'une procédure
arbitrale, ce qui n'est pas toujours le cas.

Résoudre la question du domaine matériel de l’arbitrage, c’est répondre à la question de savoir


quelles sont les questions susceptibles d’être soumises à la justice arbitrale : c’est le problème
important de l’arbitrabilité (matérielle ou objective) du litige. Il s’agit de dire si le litige peut ou non
être résolu par la voie de l’arbitrage. L’arbitrabilité « exprime la qualité qui s’applique à une
matière, à une question ou à un litige, d’être soumis au pouvoir juridictionnel des arbitres » (P.
LEVEL, L’arbitrabilité, Rev. arb. 1992, p 213). Elle constitue « la faculté attachée à un litige d’être
résolu par la voie de l’arbitrage » (J.-B. RACINE, L’arbitrage commercial international et l’ordre
public, avant-propos de L. BOY, préf. Ph. FOUCHARD, Bibl, dr. privé T 309 LGDJ 1999 n°35 p
25).

Déclarer qu’un litige est arbitrable veut dire qu’il relève potentiellement à la fois de la compétence
des arbitres et des juges étatiques. En revanche, le litige inarbitrable ne peut pas être résolu par la
voie de l’arbitrage, il relève de la compétence exclusive de la justice étatique. Il faut donc
considérer que la question de l’arbitrabilité d’un litige est un préalable à la saisine d’un tribunal
arbitral. C’est la raison pour laquelle il est donc important de dégager les critères ou principes
directeurs de l’arbitrabilité.

Le premier réflexe consiste à s’interroger sur les rapports qui existent entre l’arbitrabilité et l’ordre
public. Ce sont des relations complexes ; et la question est de savoir si l’arbitre peut trancher la
contestation concernant une question d’ordre public ou doit-il, au contraire, se déclarer incompétent ou
surseoir à statuer ?

On peut d’abord penser que la limite de l’arbitrabilité est l’ordre public et que tout ce qui relève d’une
règle d’ordre public est inarbitrable. En effet la loi édicte parfois des impossibilités de recours à
l'arbitrage, eu égard aux droits concernés, à l'ordre public, et indirectement, à l'existence d'une
attribution impérative de compétence (aux juridictions étatiques). C’est la raison pour laquelle on a
considéré dès le départ que le litige inarbitrable était celui qui pouvait être considéré comme contraire
à l’ordre public ou relatif à une matière protégée par l’ordre public. Désormais il faut renoncer à cette
idée sommaire selon laquelle l’arbitrage n’aurait pas droit de cité dans les matières d’ordre public

B- La solution admise

En réalité ces rapports se présentent plus entre la sentence arbitrale et l’ordre public. C’est au niveau
de la sentence arbitrale que la notion d’ordre public apparaît très souvent et peut jouer son rôle, car
l’ordre public peut s’opposer à l’efficacité de la sentence arbitrale en ce sens que le bénéficiaire de la
sentence peut se voir refuser l’exequatur au nom de la violation de l’ordre public par les arbitres ou
encore parce que ceux-ci n’ont pas respecté les impératifs de l’ordre public.

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On ne reprochera pas à un arbitre d’avoir statuer sur une matière d’ordre public. On lui reprochera
éventuellement de n’avoir pas respecté dans sa sentence les impératifs de l’ordre public. C’est le
sens d’un arrêt de la CCJA (CCJA, Assemblée plénière, Arrêt N° 104/2015 du 15 octobre 2015,
Affaire : Etat du Bénin c/ Société Commune de Participation et Patrice TALON).

Le 10 octobre 2008, l’Etat du Bénin et un homme d’affaires béninois, concluent une convention
pour la création d’une société. Le 18 novembre 2013, un décret du gouvernement béninois suspend
ladite convention. Saisi par le partenaire privé, le tribunal arbitral déclare le décret « nul et de nul
effet sur la convention de création de la SODECO en date du 10 octobre 2008 » tout en condamnant
l’Etat au paiement des dommages et intérêts. Cette sentence sera annulée pour violation de l’ordre
public international. Selon la cour, s’il est normal qu’un tribunal arbitral connaisse des litiges
engendrés par l’exercice par un Etat de ses prérogatives de puissance publique, cette compétence
doit se limiter à la question des réparations des dommages causés par l’exercice de ces prérogatives,
et en aucun cas sur la validité des actes pris par l’Etat. En se prononçant sur la validité d’un acte
relevant de l’exercice par l’Etat de ses prérogatives de puissance publique, la juridiction arbitrale a
violé l’ordre public international.

De manière générale, on ne peut soumettre à l’arbitrage une question d’état ou d’ordre public, ou
sur les droits personnels qui ne sont pas dans le commerce ; mais on peut soumettre à un tribunal
arbitral un intérêt pécuniaire résultant d’une question d’état ou d’un délit ou encore d’un acte de
gouvernement.

Il faut reconnaître que l’évolution s’opère d’abord dans l’affaire Tissot : l’arbitrage ne sera pas
interdit du seul fait que la matière touche à l’ordre public ; en revanche, s’il y a une violation
effective de l’ordre public, l’arbitre devra se déclarer incompétent. Le changement est total dans les
affaires Ganz, Labinal et Toulosy : il ressort du principe compétence/compétence que l’arbitre a le
pouvoir de constater la violation de l’ordre public et d’en tirer les conséquences en droit, en
prononçant par exemple l’annulation du contrat ou en sanctionnant la violation par une partie des
engagements contractuels (CCJA, Assemblée plénière, Arrêt N° 104/2015 du 15 octobre 2015,
Etat du Bénin c/ Société Commune de Participation et Patrice TALON). Désormais, l’arbitrabilité
n’est pas commandée par l’ordre public. Elle n’est pas conditionnée par l’application d’une
réglementation d’ordre public ou tout au moins par l’existence d’une exigence d’ordre public.

La question de l’arbitrabilité ne peut être conditionnée que par la matière du litige ou l’objet du
litige, c’est-à-dire ce qu’on donne réellement aux arbitres à juger, et non par l’ordre public. En
d’autres termes, l’arbitrabilité suppose que le litige dont l’arbitre est saisi, peut être soumis à la
connaissance de l’arbitre et que l’inarbitrabilité ne concerne pas la violation de l’ordre public.

La question posée à ce niveau est : quels sont les litiges qui sont susceptibles d’être soumis à
l’arbitrage ?

Selon l’article 2 de l’AU/DA dans son alinéa 1 « toute personne physique ou morale peut recourir à
l’arbitrage ou compromettre sur les droits dont elle a la libre disposition ». Ce qui a contrario veut
dire qu’elles ne peuvent recourir à l’arbitrage pour régler un litige mettant en cause des droits
indisponibles. Le nouvel Acte uniforme ajoute à l’alinéa 2 <<Les Etats, les autres collectivités

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publiques territoriales, les établissements publics et toute autre personne morale de droit public
peuvent être parties à un arbitrage, quelle que soit la nature du contrat…>>.

Cet article constitue une limite au droit de recourir à l’arbitrage. Le litige doit porter sur un droit
dont les parties ont la libre disposition (al. 1). Il s’agirait exclusivement de litiges d’ordre
contractuel (al. 2). Il aurait été plus simple de prévoir que seuls les litiges d’ordre contractuel
seraient arbitrables.

Du fait de l’absence de précision dans ce texte, on note que l’arbitrabilité ou non d’un litige est
déterminée par la législation de chaque pays. Au Cameroun, pour déterminer que la matière est
arbitrable, il faut se référer l’article 2 alinéa 1 de l’Acte uniforme sur l’arbitrage. Et cette disposition
doit être complétée par les articles 576 et 577 du Code de Procédure Civile et Commerciale
(CPCC). Aux termes des articles 576 du CPCC et 2 alinéa 1, l’on ne peut compromettre que sur les
droits dont on a la libre disposition. Ces textes énoncent donc un principe directeur ou un critère
d’arbitrabilité du litige.

Selon l’article 577 du CPCC, on ne peut compromettre sur les dons, les aliments, le logement et les
vêtements, sur la séparation entre mari et femme, le divorce, les questions d’état des personnes en
général, ni sur aucune contestation qui serait sujette à communication au ministère public. Ainsi, le
texte ne définit pas la notion de litige insusceptible d’arbitrage mais énumère un nombre de
matières qui échappent à l’arbitrage. On voit bien que l’interprétation de ce texte peut faire
problème ; après une énumération de matières de l’arbitrage, suit l'annonce d'une prohibition plus
générale qui concerne "toutes les matières qui intéressent l'ordre public". C’est cette généralité de la
formule qui a soulevé de sérieuses difficultés d'interprétation en jurisprudence. Désormais, il est
nettement établi que cette disposition ne soustrait pas à l'arbitrage toute contestation à laquelle est
applicable une réglementation d'ordre public. Il en résulte d'une part, qu'il n'existe pas d'interdiction
générale et d'autre part, qu'il faut procéder à une étude casuistique des principales matières
susceptibles d'être concernées par l'arbitrage.

Concrètement, ce texte vise les droits familiaux, plus généralement les droits liés au statut
personnel ; les parties n’en ont pas la « libre disposition », dès lors, ils sont indisponibles. Dans ces
conditions, on ne peut recourir à l’arbitrage pour régler des litiges nés de l’exercice desdits droits.
Cependant, il y a lieu de noter une exception pour les pays qui envisagent ces droits sous un angle
contractuel, notamment les USA où l’on peut divorcer par contrat.

Une question se pose pour les litiges relatifs aux droits sociaux. La solution la plus courante est
qu’une clause compromissoire n’est pas valable, mais un compromis d’arbitrage est valide,
notamment dans le cas de licenciement et des conséquences juridiques qui en découlent. Selon la
Cour de cassation, (Cass. soc. 4 mai 1999), la clause compromissoire insérée dans un contrat de
travail international n'est pas opposable au salarié qui a saisi régulièrement la juridiction française
compétente en vertu des règles applicables, peu important la loi régissant le contrat de travail.

L’arbitrabilité des litiges doit être distinguée de l’arbitrabilité subjective, qui est celle de la capacité
et du pouvoir de contracter (v. P. ANCEL, JCL Proc. civ. Fasc. 1022 ; v. aussi O. CAPRASSE, Les

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sociétés et l’arbitrage préf. E. KENTCHEN, Bruylant – LGDJ 2002 spéc n°36, 318-319 ; D.
COHEN, Arbitrage et sociétés LGDJ 1993 p36).

Paragraphe 2– Le domaine personnel


Il y a un principe qui proclame la prohibition de l’arbitrage par les personnes morales de droit
public c'est-à-dire l’Etat et ses démembrements (Etablissements publics, collectivités
territoriales…). La raison de cette prohibition tient au fait que l’Etat est détenteur de la puissance
publique et du pouvoir de juger qu’il délègue à ses tribunaux et il n’est pas acceptable pour lui de
porter les litiges qui l’intéressent devant des juges privés. Ce principe présente des inconvénients.

Le premier inconvénient apparaît lorsque le principe est respecté c'est-à-dire la personne morale de
droit public n’accepte pas en raison des limitations qui s’imposent à ces personnes ; lorsqu’elles
participent aux opérations du commerce international, la personne morale de droit public n’accepte
pas de convenir dans une clause d’arbitrage qui lui est souvent proposée de soumettre un éventuel
litige à la justice arbitrale.

Le deuxième inconvénient apparaît lorsque le principe n’est pas respecté, c'est-à-dire lorsque l’Etat
ou la personne morale de droit public après avoir accepté de signer un contrat contenant une clause
compromissoire se retranche par la suite derrière la prohibition de compromettre qui lui est faite
pour tenter de se soustraire à l’arbitrage convenu. Sur cette question l’Acte uniforme pour certains
auteurs a opéré une véritable révolution qui avait déjà été amorcé quelque temps avant quand le
droit positif avait admis que l’Etat ou la personne morale de droit public pouvait être partie à
l’arbitrage ou pouvait compromettre lorsqu’il se trouvait dans le cadre du commerce international.
En d’autres termes seuls les contrats internationaux pouvaient permettre à l’Etat d’accepter une
clause compromissoire (cf. Aff. Galakis, Civ., 02 mai 1966, Grands Arrêts du DIP n°44 p.401).

L’acte uniforme semble aller beaucoup plus loin puisqu’il pose dans son article 2 alinéa 2 le
principe selon lequel l’Etat et les personnes morales de droit public peuvent être parties à un
arbitrage sans pouvoir invoquer leur propre droit pour contester la capacité à compromettre la
validité de la convention d’arbitrage.

Section 3 – Les effets de la convention d’arbitrage


L’efficacité de la convention d’arbitrage doit être appréciée à l’égard des parties (Parag 1), à l’égard
du tribunal arbitral (Parag 2), et enfin à l’égard des juridictions étatiques (Parag 3).

Paragraphe 1- Efficacité entre les parties


L’effet obligatoire suppose que par la conclusion de la convention d’arbitrage, les parties s’obligent
à soumettre leur litige à l’arbitrage. C’est la nature contractuelle de la convention d’arbitrage. C’est
dans ce sens que le Cour de cassation admet consacre la règle selon laquelle "il est loisible aux
parties de renoncer à l’exécution d’une convention d’arbitrage" (Cour de cassation, arrêt du 7 juin
2006) et que selon la CCJA une telle renonciation <<ne peut résulter que d’une manifestation de
volonté des parties dépourvue d’équivoque>> (CCJA, Arrêt n° 097/2015 du 23 juillet 2015). Les

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deux juridictions confirment ainsi la nature contractuelle de la clause compromissoire. Les parties
conservent le droit de renoncer par consentement mutuel à l’arbitrage.

De même, l’effet obligatoire s’oppose aux blocages au fonctionnement de l’arbitrage. C’est ainsi
que l’effet obligatoire est mis en œuvre dans l’arbitrage CCJA en ce sens que « si l’une des parties
refuse ou s’abstient de participer à l’arbitrage, celui-ci a lieu nonobstant ce refus ou cette abstention
» (hypothèse d’une sentence <<par défaut>>.

Cette obligation est consacrée par l’arbitrage OHADA. L’article 5 AU/DA permet d’éviter le
blocage du recours à l’arbitrage. En effet :

- Si l’on est dans un cas d’arbitrage ad hoc : si l’une des parties ne désigne pas d’arbitre, il le sera
par le juge étatique à la demande de l’autre partie ;

- Dans le cas d’un arbitrage institutionnel : si l’une des parties ne désigne pas d’arbitre, il sera
désigné par le Centre d’arbitrage.

S’agissant du droit reconnu aux parties de renoncer par consentement mutuel à l’arbitrage, il faut
noter la position plutôt singulière et étonnante que la CCJA a eue. Dans un arrêt (CCJA, arrêt
N°012/2012 du 08 mars 2012. Affaire Société EICB C/ Société GROUPE EOULEE, Rec. Jur
N°18, janv.- janv. 2018, p 114 p. 174), elle consacre dans l’espèce citée la faculté reconnue aux
parties de rompre unilatéralement la convention d’arbitrage.

Selon la cour <<s’il est vrai que l’autonomie de la volonté des parties légalement exprimée à
travers la clause compromissoire tient lieu de loi à ces parties, cette autonomie ne doit être
respectée que si elle repose sur la loyauté des parties qui ne peuvent se contredire lorsque, par son
comportement empreint de mauvaise foi, l’une des parties fait perdre confiance à l’autre
partie>> ;

Que <<la renonciation expresse, certaine et non équivoque de la Société EICB à l’application de
la clause compromissoire ne peut s’analyser qu’en une juste sanction au comportement
unilatéral de la Société GROUPE EOULEE qui est demeurée indifférente à toutes les démarches
entreprises par la Société EICB dans le cadre justement défini par (leur contrat) ; … c’est à bon
droit que le tribunal a retenu sa compétence…>>.

Trois ans plus tard, (CCJA, Arrêt n° 097/2015 du 23 juillet 2015 (Affaire SODIMA SA devenue
SANIA-Cie SA C/ DRAMERA Mamadou précité), elle revient à la solution traditionnelle
fermement établie, à savoir, que la renonciation à une clause compromissoire ne se présume pas ;
elle<<ne peut résulter que d’une manifestation de volonté des parties dépourvue d’équivoque>>.

Paragraphe 2– Effet à l’égard du tribunal arbitral

C’est le fondement de la compétence du tribunal arbitral. Dès que la convention d’arbitrage est
signée par les parties, aucune d’elles ne peut désormais se soustraire à la compétence du tribunal
arbitral sauf renonciation commune des parties. Il existe même un autre effet lié à la convention

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d’arbitrage, c’est la reconnaissance de la compétence du tribunal arbitral d’apprécier sa propre
compétence. En effet, lorsque les arbitres sont saisis, ils restent compétents pour déterminer les
limites de leur compétence.

L’hypothèse est la suivante : deux personnes sont liées par un contrat et dans le contrat a été insérée
une clause compromissoire ; par la suite une des parties soulève la nullité du contrat principal pour
éviter la saisine du tribunal arbitral. La question que l’on pose est de savoir s’il est possible de
paralyser la compétence du tribunal arbitral du seul fait que le contrat principal est estimé nul ?
Selon l’Acte uniforme, il revient aux arbitres d’apprécier cette question c'est-à-dire en fait
d’apprécier leur compétence. On dit dans ce cas que les arbitres sont compétents pour apprécier leur
propre compétence : c’est le principe compétence-compétence.

Malgré l’incompétence du juge étatique qui est proclamée, le droit pour l’arbitre de se prononcer
sur sa propre compétence engendre deux séries de conséquences : d’une part au niveau de la
compétence du juge ; d’autre part au niveau du contrôle de la sentence arbitrale par le juge étatique

- Conséquence au niveau de la compétence du juge étatique : On considère dès le départ qu’il est
anormal de confier concurremment au juge étatique et à l’arbitre le pouvoir de statuer sur la
compétence du juge arbitral. C’est la raison pour laquelle le juge étatique est obligé, lorsqu’il est
saisi d’un litige survenant entre des parties apparemment liées par une clause d’arbitrage, de
renvoyer les parties à se pourvoir devant les arbitres afin que ceux-ci puissent se prononcer sur leur
propre compétence. Cela signifie que la présence d’une convention d’arbitrage prive le juge étatique
non seulement de sa compétence sur le fond du litige, mais aussi du pouvoir de juger le litige relatif
à la compétence des arbitres. Il y a une seule exception admise c’est celle qui donne pouvoir au juge
étatique de statuer sur la question de la compétence des arbitres lorsque la convention d’arbitrage
est manifestement nulle ou manifestement inapplicable (article 13 de l’Acte uniforme) et à la
condition que le tribunal arbitral n’ait pas encore été saisi. Il s’agit bien de la nullité de la
convention d’arbitrage (nullité manifeste - article 13 (Acte uniforme du 23 novembre 2017)

Lorsqu'un différend faisant l'objet d'une procédure arbitrale en vertu d'une convention d'arbitrage
est porté devant une juridiction étatique, celle-ci doit, si l'une des parties en fait la demande, se
déclarer incompétente.

Si le tribunal arbitral n'est pas encore saisi ou si aucune demande d'arbitrage n'a été formulée, la
juridiction étatique doit également se déclarer incompétente à moins que la convention d'arbitrage
ne soit manifestement nulle ou manifestement inapplicable à l'espèce. Dans ce cas, la juridiction
étatique compétente statue sur sa compétence en dernier ressort dans un délai maximum de quinze
(15) jours. Sa décision ne peut faire l'objet que d'un pourvoi en cassation devant la Cour Commune
de Justice et d'Arbitrage dans les conditions prévues par son règlement de procédure.

En tout état de cause, la juridiction étatique ne peut relever d'office son incompétence.

Toutefois, l'existence d'une convention d'arbitrage ne fait pas obstacle à ce qu'à la demande d'une
partie, une juridiction étatique, en cas d'urgence reconnue et motivée, ordonne des mesures

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provisoires ou conservatoires dès lors que ces mesures n'impliquent pas un examen du différend au
fond pour lequel seul le tribunal arbitral est compétent.

- Conséquence au niveau du contrôle de la sentence arbitrale : La question de la compétence des


arbitres peut surgir au début du procès arbitral c’est l’hypothèse qui vient d’être examinée et qui
consiste à appliquer la règle de la compétence/compétence. Mais la question de compétence des
arbitres peut encore surgir au moment de la procédure en exequatur ou encore à l’occasion du
recours en annulation et à ce niveau, l’incompétence du tribunal arbitral peut être invoquée comme
l’une des causes de l’action ou du recours en annulation de la sentence arbitrale. En effet
l’exequatur peut être refusé par le juge étatique à une sentence arbitrale si l’arbitre à statuer sans
convention d’arbitrage ou sur la base d’une convention nulle ou expirée (article 26 AUA).

Par ailleurs, l’une des parties pourra soutenir un recours en annulation fondé sur les mêmes raisons.
En définitive on remarquera que la véritable décision sur la compétence des arbitres revient au juge
étatique lorsqu’il statue comme juge de l’exequatur ou juge de l’annulation.

Paragraphe 3 – L’efficacité de la convention d’arbitrage à l’égard des juridictions étatiques

Lorsqu’un tribunal arbitral est déjà saisi d’une procédure d’arbitrage, le juge étatique qui serait saisi
par la suite doit se déclarer incompétent. En effet, aux termes de l’article 13 de l’AU/DA « si le
tribunal arbitral n’est pas encore saisi, la juridiction étatique doit également se déclarer
incompétente à moins que la convention d’arbitrage ne soit manifestement nulle ou manifestement
inapplicable ». Traditionnellement, la nullité manifeste résulte d’un examen de l’apparence de la
convention et non de son analyse ; elle résulte d’un examen extrinsèque de la convention. En
d’autres termes, elle doit être constatée prima facie, sans que le moindre doute ne subsiste sur la
nullité. C’est le caractère manifeste qui doit être démontré par la partie qui entend s’opposer à
l’arbitrage

La nullité d’une clause d’arbitrage est difficile à démontrer. Dans le droit français de l’arbitrage, le
juge étatique est compétent lorsque la clause est simplement manifestement inapplicable. La Cour
de cassation a jugé que la clause était manifestement inapplicable alors que le contrat comprenait
bien une clause compromissoire, mais stipulait aussi que ledit contrat serait annulé et remplacé par
les dispositions d’un document futur.

Toutefois, il s’agit d’une incompétence relative car « en tout état de cause, la juridiction étatique ne
peut relever d’office son incompétence ».

Le contrôle de la validité de la convention d’arbitrage qui est demandé au juge doit se limiter à
l’apparence de la convention d’arbitrage. Le juge étatique n’est pas systématiquement privé de toute
compétence : il peut prendre des mesures provisoires ou conservatoires (article 13 AUA). Il peut
même être saisi durant l’instance arbitrale pour prononcer une telle mesure. Exemple, il peut
autoriser une saisie conservatoire ; il peut désigner un expert… L’AUA consacre expressément la
compétence du juge étatique qui à la demande d’une partie et en cas d’urgence reconnue et motivée
peut ordonner des mesures provisoires et conservatoires.

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Chapitre 2 - Les règles propres à la justice arbitrale


Il s’agit d’un ensemble de principes qui touchent aux acteurs de la justice arbitrale (Section 1), au
règlement du litige (Section 2) et à la portée de la sentence arbitrale (Section 3).

Section 1- Les règles relatives aux acteurs de la justice arbitrale

En matière d’arbitrage, il y a deux acteurs : l’arbitre qui est l’acteur principal (parag.1) et le juge
étatique qui est l’acteur d’appui (parag.2).

Paragraphe 1- L’arbitre acteur principal


Par rapport à sa mission, le juge arbitral se présente d’abord comme un juge puisqu’il est investi
d’une fonction juridictionnelle, et ensuite comme un prestataire (c’est-à-dire un fournisseur de
services), parce qu’il est lié aux parties contractuellement.

Mais c’est sa fonction juridictionnelle que nous allons retenir. Ainsi, comme juge, il a des
pouvoirs : le pouvoir d’apprécier sa propre compétence, de vérifier l’étendue de son investiture, de
vérifier que sa compétence est conforme à son investiture (sa nomination ou sa désignation) telle
qu’elle résulte de la convention d’arbitrage. En effet, les arbitres tirant leur pouvoir de juger de la
convention d'arbitrage, celle-ci fixe également les limites de ce pouvoir. Il appartient donc aux
arbitres de vérifier que leur investiture est conforme à l'objet du litige tel qu'il résulte de cette
convention.

De même, l’arbitre a le pouvoir d’apprécier l'étendue de ses pouvoirs d’arbitre par rapport aux
règles applicables au litige. S’il a été désigné comme amiable-compositeur, ses pouvoirs sont plus
étendus quant au droit applicable alors qu’ils sont moins étendus lorsqu’il est désigné comme
arbitre en droit.

L’arbitrage en droit oblige l’arbitre à appliquer les règles de droit en vigueur. L’arbitre en droit doit
appliquer les règles de droit compétentes comme le ferait un juge étatique alors que l’amiable-
compositeur jouit d’une grande liberté. En tout état de cause, qu’il statue en droit ou comme
amiable- compositeur, l’arbitre a l’obligation de motiver sa sentence ; il a l’obligation de respecter
les règles d’ordre public.

Le juge arbitral a des obligations. Principalement, il doit mener à bien sa mission jusqu’à son terme
et ne peut mettre fin par anticipation à ses fonctions sous réserve des cas où il est empêché par une
cause légitime. Il est tenu au respect du secret des affaires dont il a connaissance. Il doit observer un
traitement égalitaire de toutes les parties : c’est la base de l’obligation d’impartialité et
d’indépendance de l’arbitre.
L’arbitre bénéficie d’une protection, il est ainsi exposé à la rancœur et au mécontentement des
personnes insatisfaites par sa décision. C’est la raison pour laquelle une immunité est reconnue à
l’arbitre avec quelques limites cependant. Ainsi l’arbitre répondra des comportements qui ne sont

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pas ceux d’un juge normal ce qui est le cas lorsqu’il a révélé des faits, des circonstances de nature à
faire douter de son impartialité.

Paragraphe 2- Le juge étatique comme acteur d’appui


On reconnaît à l’arbitrage un large degré d’autonomie par rapport à la justice étatique. Mais il y a
des hypothèses dans lesquelles l’Acte uniforme a prévu que l’arbitre peut solliciter le concours du
juge. Par exemple, pour l’administration (gestion) de la preuve.

On trouve d’autres possibilités d’immixtion du juge étatique dans l’arbitrage, non pas pour juger,
mais pour apporter un complément d’appui à l’activité de l’arbitre dans sa mission. Il y a ainsi trois
niveaux d’intervention du juge étatique : lors de la mise en place du tribunal arbitral (A), au cours
de l’instance arbitrale (B) et à l’occasion du recours contre la sentence arbitrale (C).

A– Intervention dans la mise en place du tribunal arbitral

Une telle intervention est possible lorsqu’il existe des difficultés dans la composition du tribunal
arbitral. L’art 17 de l’Acte uniforme sur l’arbitrage donne compétence au juge de l’Etat membre
dans lequel le siège du tribunal arbitral est fixé pour statuer.

Cela peut arriver quand il y a récusation d’un arbitre par une partie qui soupçonne le juge arbitral
d’être partial et de manquer d’indépendance. Il peut s’agir d’une difficulté dans la constitution du
tribunal arbitral qui surgit lorsque les délais fixés pour la désignation d’un arbitre n’ont pas été
respectés par les parties ou l’une d’elles. L’Acte uniforme dans ce cas donne compétence au juge
étatique pour nommer l’arbitre à la demande de l’autre partie.

B– Intervention au cours des opérations d’arbitrage (c’est-à-dire au cours de l’instance


arbitrale)
Ce sera le cas par exemple lorsqu’il faudra remplacer un arbitre ou lorsqu’il sera utile de proroger
les délais de l’arbitrage (lorsque le délai imparti aux arbitres par les parties risque d’être dépassé).
En effet, l’art 14 al. 7 de l’AU autorise la saisine du juge étatique pour régler ces questions.

C– Intervention à l’occasion d’un recours contre la sentence arbitrale


Le juge étatique sera sollicité pour le contrôle de la régularité de la sentence arbitrale et ce contrôle
s’effectue soit à l’occasion d’une procédure de reconnaissance de la sentence arbitrale, ou d’une
procédure en exequatur de la sentence, soit à l’occasion du recours en annulation de la sentence
arbitrale. Concrètement, le juge étatique, saisi d’une demande de reconnaissance ou d’exequatur de
la sentence, vérifie que le document qui lui est présenté a l’apparence d’une sentence arbitrale. Pour
cela, le juge étatique a un certain nombre d’indices qu’il peut vérifier comme, la présence des
arbitres, leur signature, la référence dans la sentence à la convention d’arbitrage …

Il s’agit d’opérations que le juge étatique effectue au moment de la demande d’exequatur ; lorsque
l’exequatur est admis, le juge prononce une ordonnance d’exequatur. Dans la pratique, l’exequatur
se résume à l’apposition de la formule exécutoire sur la sentence arbitrale. L’ordonnance accordant
l’exequatur n’est pas soumise à l’obligation de motivation ; en revanche, en cas de refus de
l’exequatur, l’ordonnance du juge doit être motivée.

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Section 2- Les règles applicables au règlement du litige


En réalité au cours de l’instance arbitrale destinée à résoudre un litige, il y a deux catégories de
règles juridiques : le droit applicable à la procédure arbitrale (Parag 1) et le droit applicable au fond
du litige soumis au tribunal arbitral (Parag 2).

Paragraphe 1 - Le droit applicable à la procédure arbitrale


Selon l’article 14 AUA, les parties peuvent directement ou par référence à une Institution
d’arbitrage, régler la procédure arbitrale. Elles peuvent encore soumettre la procédure d’arbitrage à
la loi de procédure de leur choix qui peut être la loi d’un Etat. Il existe en matière une très grande
liberté qui est accordée aux parties.

Il peut arriver que les parties aient oublié de réglementer la procédure arbitrale. L’AUA prévoit
expressément qu’en cas de silence des parties sur la procédure arbitrale, le tribunal arbitral peut
procéder à l’arbitrage en suivant une procédure du juge appropriée. Cependant la faculté reconnue
aux arbitres de désigner les règles applicables à la procédure connaît quelques limites.

La première limite se trouve dans la présence des règles impératives. Cela veut dire que les parties
peuvent choisir les règles applicables à la procédure à condition de respecter les règles impératives
qui sont contenues dans l’AUA. La même obligation s’impose aux juges arbitraux lorsqu’il leur
revient le soin de désigner le droit applicable à la procédure. Exemple : l’annulation de la sentence
arbitrale peut être fondée sur le non-respect du principe du contradictoire ou encore en cas
d’absence de motivation de la sentence arbitrale.

La deuxième limite est constituée par le respect de l’ordre public. Il s’agit au sens de l’AUA de
l’ordre public international des Etats parties. Voir, CCJA, Arrêt 17 juillet 2008. Affaire : Société
Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) C/ Société des Huileries du BENIN, précité.
Paragraphe 2- La loi applicable au fond du litige
Il s’agit de litiges qui sont nés du contrat principal et pour lesquels le tribunal arbitral a été
constitué. Cette loi est normalement la loi choisie par les parties. En cas de silence des parties c’est
aux arbitres de désigner la loi applicable. Mais au-delà des principes qui viennent d’être rappelés, il
est important de préciser l’objet du choix de la loi applicable (A) et les modalités de ce choix (B).

A– L’objet du choix

Ce que les parties et les arbitres choisissent c’est la loi applicable au fond du litige. Mais la
question qui se pose est de savoir quelle est cette loi ? Les parties sont-elles libres de ne choisir
qu’une loi étatique ?

En réalité, une telle conception est discutable, car le terme « loi »  doit être compris dans son sens
plus large. En fait on devrait dire que les parties sont libres de choisir le droit applicable. Cette
dernière expression est plus large puisqu’elle peut désigner une loi étatique ou un droit qui ne se

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rattache pas forcément à un Etat. C’est ainsi que le choix des parties peut porter sur les usages du
commerce international c’est à dire la lex mercartoria (loi des marchands).
C’est la solution qui a été consacrée par l’AUA.

Lorsque les arbitres sont appelés à choisir les règles applicables au fond du litige en cas de silence
des parties, ils jouissent de la même liberté que les parties.

B– Les modalités de choix

Trois questions méritent d’être résolues à ce niveau : comment s’exprime le choix ? A quel moment
le choix doit-il intervenir ? Suivant quelle méthode la loi appliquée est-elle trouvée ?

1- La question du moment du choix

Les parties peuvent désigner la loi applicable dès la signature de la clause compromissoire. Si elles
n’ont pas effectué le choix à ce moment, elles peuvent le faire au moment où s’ouvre l’instance
arbitrale. En général ce sera dans la demande d’arbitrage ou dans la réponse à la demande
d’arbitrage.

Concrètement le demandeur formule la proposition sur la loi applicable et attend une réponse du
défendeur à ce sujet. Si les parties ne se sont pas toujours prononcées sur la loi applicable, l’arbitre
tranchera cette question avec les parties lors de rédaction de l’acte de mission des arbitres ou dans le
procès-verbal constatant la procédure d’arbitrage.

2- La question de la méthode de la désignation du droit applicable au fond

Les parties ont le choix entre la méthode conflictuelle classique et la méthode des règles matérielles
ou méthode directe.

La méthode de conflit de lois ou méthode indirecte consiste à utiliser une règle de conflit pour
déterminer la loi applicable. Dans la méthode conflictuelle l’arbitre reste libre d’appliquer la loi
qu’il juge appropriée à l’affaire qui lui est soumise.

Par ailleurs les parties peuvent directement désigner la loi applicable : c’est la méthode directe ou
méthode des règles matérielles ou substantielles qui consiste à désigner la loi applicable au fond
sans le recours d’une règle de conflit.

L’article 15 AUA semble accorder sa préférence à la méthode matérielle en disposant qu’à défaut
de choix par les parties des règles applicables au fond du litige les arbitres choisissent les règles de
droit qu’ils considèrent les plus appropriées, en tenant compte le cas échéant des usages du
commerce international.

Section 3 – Les règles relatives à la portée de la sentence arbitrale

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Même avant l’exequatur, la sentence arbitrale est investie (revêtue) de l’autorité de la chose jugée.
De plus, une fois qu’elle est rendue, la sentence arbitrale dessaisit le juge arbitral.

Paragraphe 1 - L’autorité de chose jugée de la sentence arbitrale

La sentence arbitrale est une décision qui produit des droits en dehors de toute participation de
l’autorité publique. Elle constitue un titre privé. C’est la raison pour laquelle elle présente des
faiblesses par rapport à titre obtenu devant une autorité publique comme le juge. L’autorité de la
chose jugée accordée à la sentence arbitrale signifie que la même affaire entre les mêmes parties et
concernant le même objet ne peut plus être soumise à la même juridiction. Si une partie tente de
faire rejuger l’affaire, sa demande doit être déclarée irrecevable.

L’autorité de la chose jugée couvre toutes les sentences qui ont été rendues à propos de la même
affaire, aussi bien les sentences définitives que les sentences partielles, à la condition que ladite
sentence tranche une contestation. C’est ainsi qu’une sentence ADD (avant dire droit) ne tranche
pas une contestation au fond parce que l’arbitre n’est pas dessaisi.

Dire qu’une sentence arbitrale a l’autorité de la chose jugée permet à une partie de se prévaloir de
cette sentence arbitrale et ainsi de l’invoquer comme défense au fond au cours d’une instance
engagée par la suite par son adversaire (La défense au fond est un moyen de défense par lequel le
défendeur contredit directement la prétention du demandeur est mal fondée ; par exemple le
contrat qui le lit au demandeur est nul ?).

De plus, la sentence arbitrale en vertu de l’autorité de la chose jugée peut servir de base au soutient
d’une prétention de compensation. Elle peut même servir de base à une saisie conservatoire ; en
effet selon l’article 54 de l’AU sur les voies d’exécution, l’une des conditions exigées pour
pratiquer une saisie conservatoire est que la créance paraisse fondée en son principe. On peut dire
qu’une créance constatée par une sentence arbitrale est beaucoup plus qu’une créance fondée en son
principe.

Les arbitres ont même la possibilité de prononcer l’exécution provisoire de la sentence, c'est-à-dire
que la sentence peut être exécutée avant l’exercice des voies de recours. Cela ne veut pas dire que la
loi dispense la sentence arbitrale de la formalité de contrôle préalable ou d’exequatur sans laquelle
elle ne peut pas devenir un titre exécutoire. Aussi, dès qu’il faut passer à la phase de l’exécution
forcée, le titre exécutoire devient indispensable et dans cette hypothèse, la sentence a besoin de
l’exequatur.

Paragraphe 2 - Le dessaisissement de l’arbitre

Comme toute décision de justice la sentence arbitrale une fois rendue dessaisit l’arbitre. C’est un
principe que l’on comprend aisément. En effet, à partir du moment où l’arbitre a rendu la sentence,
sa mission est terminée, mais à la condition que sa sentence ait tranché effectivement une
contestation (article 22 de l’AUA).

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Ce principe n’est pas violé lorsque le juge est sollicité pour les formalités postérieures à la sentence,
puisque ces formalités incombent aux arbitres. De même il revient aux arbitres de statuer après la
sentence en cas d’erreur dans la rédaction de la sentence ou en cas d’omission de statuer sur un
point précis qui a été demandé aux arbitres. Enfin, c’est à l’arbitre qui a rendu la sentence de revenir
sur celle-ci pour résoudre un problème d’interprétation de la sentence (article 22 alinéa 2).

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Titre 2 – Le déroulement de l’arbitrage

Il concerne l’instance arbitrale (Chapitre 1) et la phase post-arbitrale (Chapitre 2).

Chapitre 1- l’instance arbitrale

Dans cette phase nous mettrons l’accent sur la constitution du tribunal arbitral (Section 1), le
déroulement de l’instance arbitrale (Section 2) et la sentence arbitrale qui fixera les droits des
parties (Section 3).

Section 1- La constitution du tribunal arbitral

Le tribunal arbitral constitue la pierre angulaire de la procédure arbitrale. Sa constitution doit être
minutieuse aussi bien dans le droit commun de l’arbitrage OHADA que dans l’arbitrage CCJA. Elle
obéit à certaines règles (Parag. 1) auxquelles on peut avoir recours pour le règlement des incidents
liés à la mise en place du tribunal arbitral (Parag. 2).

Paragraphe 1- Les règles de constitution du tribunal arbitral

Selon l’article 5 AU/DA, les parties sont libres de constituer le tribunal arbitral comme elles
l’entendent. Toutefois, le principe de la liberté des parties dans la constitution du tribunal arbitral
souffre de certaines limites, contenues dans deux règles :

- 1ère règle : Le nombre des arbitres est régi par l’exigence de la règle de l’imparité. Le
différend peut ainsi être tranché par un arbitre unique ou par trois arbitres au maximum. En tout
cas , le nombre doit être impair. Cette exigence du nombre des arbitres peut poser problème dans le
cas d’un arbitrage multipartite (plus de deux parties), puisqu’une telle limitation pourrait mettre en
cause le principe d’égalité de droit des parties. Pour résoudre cette difficulté, il conviendrait
d’interdire aux parties de nommer les arbitres. Dans ce type d’arbitrage, en cas de difficulté de
constitution du tribunal, la Cour nomme la totalité des arbitres.
- 2ème règle : L’égalité de droit des parties dans la nomination des arbitres, Elle est clairement
affirmée par l’article 9 AU/DA en ces termes : « les parties doivent être traitées sur un pied
d’égalité et chaque partie doit avoir toute possibilité de faire valoir ses droits ». La violation de cette
règle est sanctionnée par l’invalidité du tribunal arbitral.

Pour constituer le tribunal arbitral, tout dépend du type d’arbitrage. Il y en effet une différence entre
l’arbitrage ad hoc et l’arbitrage institutionnel.

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Dans l’arbitrage institutionnel (exemple la CCJA), lorsqu’il s’agit d’un arbitre à juge unique, il est
désigné d’accord parties ; tandis que lorsqu’il s’agit d’un arbitrage à trois arbitres, chaque partie en
désigne un et le troisième est désigné par les deux premiers.

Lorsque les parties ne s’entendent pas pour la désignation de l’arbitre unique, dans le délai imparti,
l’arbitre sera nommé par la Cour.

Il en est également de même lorsque les deux premiers arbitres ne s’entendent pas pour la
désignation du troisième arbitre à compter de leur assignation. En effet, aux termes de l’article 3.1
RA/CCJA, « le troisième arbitre, qui assure la présidence du tribunal arbitral.

Enfin, dans un arbitrage CCJA, lorsque les parties n’ont pas fixé le nombre des arbitres, la Cour
peut nommer un arbitre unique à moins que l’importance de l’affaire ne justifie la désignation de
trois arbitres. Dans ce cas les parties disposent d’un délai de 15 jours pour désigner les arbitres.

Dans un arbitrage ad hoc, il est normalement procédé conformément à la volonté des parties. Si
celles-ci n’ont rien prévu, leur arbitrage sera régi conformément à l’AU/DA. L’arbitre unique est
nommé par le juge compétent dans l’Etat du siège de l’arbitrage, en cas d’absence d’accord entre
les parties (art. 5 AU/DA).

Paragraphe 2- Les incidents à la constitution du tribunal arbitral

Des blocages, à la constitution initiale du tribunal arbitral, peuvent intervenir en cas d’incapacité, de
décès, de démission. L’incident le plus difficile à résoudre est la récusation d’un arbitre (A) qu’il
faut remplacer (B).

A-. La récusation d’un arbitre

Elle peut intervenir pour diverses causes : pour défaut d’impartialité, d’indépendance, ou encore
pour des motifs techniques. La liberté du choix de l’arbitre n’est pas absolue et connait certaines
limites imposées par la loi (Cass. Civ. 1ère 20 octobre 2010, n° 09-68.131). Dans cet arrêt, il a été
reproché à l’arbitre désigné de ne pas avoir révélé qu’il avait participé à 34 arbitrages antérieurs
pour l’une des parties. La Cour de cassation a considéré cette espèce que :« le caractère
systématique de la désignation d’une personne donnée par les sociétés d’un même groupe, sa
fréquence et sa régularité sur une longue période, dans des contrats comparables, ont créé les
conditions d’un courant d’affaires entre cette personne et les sociétés du groupe parties à la
procédure de sorte que l’arbitre était tenu de révéler l’intégralité de cette situation à l’autre partie
à l’effet de la mettre en mesure d’exercer son droit de récusation ».

En ce qui concerne la procédure de récusation, il faut distinguer selon qu’il s’agit d’un arbitrage ad
hoc ou d’un arbitrage institutionnel.

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Lorsqu’il s’agit d’un arbitrage institutionnel (comme dans l’arbitrage CCJA) la procédure de
récusation est généralement organisée par le Règlement d’arbitrage de l’institution concernée. La
demande est portée et tranchée par ladite institution conformément à son Règlement. Dans ce cas, le
juge national n’est pas compétent.

Dans le cas d’un arbitrage OHADA. Aux termes de l’article 7 in fine de l’AU/DA, « la récusation
d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa nomination ». En effet, avant sa
nomination, l’arbitre qui suppose en lui l’existence d’une cause de récusation est tenu d’en informer
les parties et ne doit accepter cette mission qu’après avoir recueilli leur accord unanime et écrit.

Il est procédé suivant la convention d’arbitrage. Lorsque les parties n’ont pas réglé la procédure de
récusation dans la convention d’arbitrage, la demande peut aussi être portée devant le juge
compétent, c’est-à-dire le juge du siège (le juge du for). La procédure de récusation d’un arbitre a
été revue par l’Acte uniforme de 2017 modifiant celui de 1999 (Article 8 al. 1, 2 et 3). En effet, la
partie qui entend récuser un arbitre doit désormais engager son action dans un délai <<n’excédant
pas 30 jours à compter de la découverte du fait ayant motivé la récusation>>. Au Cameroun, cette
action s’exerce devant le président du tribunal de 1ère instance, qui statue dans un délai de 30 jours.
Auparavant insusceptible de recours, la décision de la juridiction peut désormais faire l’objet d’un
pourvoi devant la Cour Commune.

B- Le remplacement d’arbitre

La question de remplacement d’un arbitre se pose non seulement en cas de récusation, mais aussi en
cas d’incapacité, de décès, de démission ou de révocation d’un arbitre.

Dans les arbitrages ad hoc, pour solutionner des difficultés à naître, il convient de prévoir des
mécanismes d’assistance judiciaire (assistance judiciaire, ou assistance par une institution
permanente d’arbitrage). A cet égard la procédure à suivre est identique à celle relative à celle de
l’assistance judiciaire pour la composition du tribunal constitué en nombre pair. L’intervention d’un
autre organe est toujours subsidiaire de la volonté des parties.

Dans l’arbitrage CCJA. En cas de démission, la Cour apprécie discrétionnairement la demande de


démission au regard des motifs invoqués ; elle peut accepter ou rejeter la démission.

Dans le cas d’un tribunal avec trois arbitres, la CCJA « apprécie s’il y a lieu à remplacement,
compte tenu de l’état d’avancement de la procédure et de l’avis des deux arbitres qui n’ont pas
démissionné ». Le remplacement n’est donc pas automatique à moins qu’il s’agisse de la démission
de l’arbitre unique ou du Président du Tribunal. Cette règle permet d’empêcher le dilatoire qui sera
l’œuvre d’un arbitre qui démissionne pour faire obstruction.

La Cour peut aussi procéder au remplacement d’un arbitre empêché d’accomplir sa mission. Dans
ce cas, la Cour peut procéder au remplacement de l’arbitre en cause après avis de la partie qui l’a
désigné, sans que cet avis ne lie la CCJA.

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Dans les différentes hypothèses (nomination, confirmation, récusation ou remplacement d’un
arbitre) « la Cour statue sans recours ».

Dans les arbitrages institutionnels, d’une manière générale, le Règlement d’Arbitrage de


l’institution permanente prévoit souvent les modalités de remplacement des arbitres.

Section 2- La saisine du tribunal arbitral


La saisine du tribunal arbitral se réalise par une demande d’arbitrage (Parag. 1) ; le destinataire de
la demande répond par la réponse à la demande d’arbitrage. (Parag. 2). Par la suite le procès
arbitral peut alors se dérouler (Parag. 3)

Paragraphe 1- La demande d’arbitrage

Dans le cadre d’un arbitrage OHADA, l’AU/DA ne fixe aucune forme pour la saisine du tribunal. Il
peut être saisi par une partie ou conjointement par les deux parties. La saisine commune se
matérialise par un document commun ou compromis signé par les deux parties ou par un procès-
verbal signé des arbitres et des parties et par lequel il est constaté la saisine du tribunal et
l’acceptation de leur mission par les arbitres.

Aux termes de l’article 10 alinéa 2 de l’AU/DA « l’instance est liée dès le moment où l’une des
parties saisit le ou les arbitres conformément à la convention d’arbitrage, ou, à défaut d’une telle
désignation, dès que l’une des parties engage la procédure de constitution du Tribunal arbitral ».

Le tribunal peut aussi être saisi par une seule partie qui expose ses prétentions et fait un exposé des
circonstances de l’affaire. Copie de la demande doit être adressée à la partie défenderesse afin
qu’elle ait la possibilité de présenter ses prétentions et ses moyens.

Il est recommandé que la demande soit datée ou envoyée sous la forme d’un pli recommandé afin
de constituer la preuve de la date à laquelle le tribunal a été saisi.

Dans le cadre d’un arbitrage CCJA, la demande d’arbitrage est introduite au moyen d’une requête
adressée au Greffier en Chef de la CCJA (le Secrétaire Général de la CCJA). Elle doit contenir un
certain nombre de mentions obligatoires.

Une copie de la requête est adressée par le demandeur, accompagnée de toutes autres pièces, à la
partie adverse.

Paragraphe 2- La réponse à la demande d’arbitrage

Dans le cadre de l’arbitrage CCJA, la partie défenderesse dispose d’un délai de 45 jours pour
répondre à la notification qui lui a été faite par le Secrétaire Général de la CCJA et informer le
demandeur de cet envoi, sauf lorsqu’il s’agit d’un tribunal arbitral composé d’un seul arbitre sur la
nomination duquel les parties ne se sont pas entendues ; dans ce cas la réponse doit être faite dans
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un délai de 30 jours. Les arbitres et les parties peuvent alors se réunir pour fixer la mission des
arbitres. CCJA, ARRET N° 098/2014 du 30 octobre 2014. Affaire : SCP PYRAMIDION c/
Agence d’Exécution des Travaux d’Infrastructure du Mali (ETIER-Mali)
<<Mais attendu que la mission de l’arbitre est délimitée par l’objet du litige ; que celui-ci
est déterminé par les prétentions et demandes des parties telles qu’exposées dans le procès-verbal
constatant l’objet de l’arbitrage … sans qu’il y ait lieu de s’attacher au seul énoncé des questions
litigieuses fait par la demanderesse elle-même dans ses diverses écritures>>.

Paragraphe 3- Le déroulement de l’instance arbitrale

Le déroulement du procès arbitral est dominé par la question de la conduite du procès arbitral.

L’affaire est instruite par le tribunal arbitral qui procède à l’examen des pièces, aux auditions des
parties et des témoignages, enquêtes, consultations, descentes sur les lieux… ; le tribunal peut aussi
recourir à l’expertise aux fins d’instruction. Mais le tribunal arbitral peut solliciter le concours du
juge étatique pour l’administration de la preuve (A) ou pour la prise de mesures conservatoires (B).

A- L’administration de la preuve

L’arbitre n’ayant pas l’imperium du juge, peut recourir à l’assistance du juge étatique compétent.
Celui-ci peut par une décision de référé faire comparaitre une personne étrangère à l’arbitrage pour
administrer une preuve. En effet, « si l’aide des autorités judiciaires est nécessaire à
l’administration de la preuve, le tribunal arbitral peut d’office ou sur requête requérir le concours
du juge compétent dans l’Etat partie ». Par ce moyen le juge peut obtenir la production forcée de
pièces détenues par une partie ou un tiers.

Le juge arbitral doit veiller à la communication des pièces entre les parties.

Pendant les différentes étapes de la procédure d’instruction, les principes du contradictoire et de


l’égalité des parties doivent être respectés. Selon la CCJA, [CCJA, Arrêt N°102/2015 du 15 octobre
2015. Société Nationale d’Hydrocarbures (SNH)]
<<le principe du contradictoire suppose que chacune des parties ait été mise en mesure
de discuter l'énoncé des faits et les moyens juridiques que ses adversaires lui ont opposés ; qu’en
l’espèce, il résulte des pièces de la procédure que la lettre du notaire leur a été communiquée
durant les débats et qu’ils se sont même librement prononcés sur ladite pièce ; qu’ainsi,
contrairement aux affirmations des requérants, il ne résulte pas des pièces de la procédure qu’il y
ait eu soustraction des pièces ou que les parties n’ont pas été mises en état de faire connaitre tout
ce qui est nécessaire au succès de leur demande ou de leur défense ni que la sentence contestée a
été rendue sur la base exclusive de la lettre du notaire>>.

B- Les mesures conservatoires ou provisoires


Il s’agit de mesures destinées à préserver les droits des parties ou une situation en attendant la
décision au fond. En effet, à quoi servirait de demander à l’arbitre la condamnation du débiteur qui
a tout loisir pendant le procès arbitral d’organiser son insolvabilité ? L’utilité des mesures
conservatoires apparaît dès lors évidente.
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Pour cela, l’arbitre, avec l’assistance du juge étatique compétent, peut prendre une mesure
conservatoire. Par exemple il peut confier le patrimoine litigieux à un séquestre chargé d’assurer sa
garde, Il peut désigner un mandataire (administrateur judiciaire) chargé d’en assurer la gestion.

L’assistance du juge étatique sera obligatoire pour autoriser une saisie conservatoire qui peut porter
sur les biens mobiliers du débiteur, ou pour accorder une sûreté judiciaire (hypothèque judiciaire
provisoire sur un immeuble). Aux termes de l’article 13 alinéa 4 AU/DA ces mesures ne doivent
pas conduire à un examen du litige au fond, pour lequel le tribunal arbitral est seul compétent (voir
aussi article 10.5 du RA/CCJA).

Les mesures conservatoires sont prises dans le cadre de sentences partielles ou provisoires. Ces
sentences peuvent faire l’objet d’exequatur pour permettre leur exécution en cas de difficulté, dans
le cas contraire il n’est pas besoin d’exequatur.

Le tribunal peut même recevoir des demandes nouvelles ou reconventionnelles.

Section 3- La sentence arbitrale


Nous nous attèlerons ici à l’examen de la sentence définitive, même si il existe d’autres types de
sentences.

Ainsi, on a :
- La sentence partielle : sur la compétence ou sur certaines prétentions des parties.
- La sentence d’accord parties : « si les parties se mettent d’accord au cours de la procédure
arbitrale, elles peuvent demander à l’arbitre que cet accord soit constaté en la forme d’une
sentence rendue d’accord parties ».
- La sentence définitive : elle met fin au litige.
- La sentence additionnelle. Il y en a 3 trois catégories : les sentences en rectification, les
sentences en interprétation et les sentences complémentaires d’une précédente sentence.

S’agissant de la sentence définitive, selon le règlement CCJA : « Toute demande en rectification


d’erreurs matérielles d’une sentence, ou en interprétation de celle-ci, ou en complément de la
sentence qui aurait omis de statuer sur une demande qui était soumise à l’arbitre, doit être adressée
au Secrétaire Général de la Cour dans les 45 jours de la notification de la sentence ». Pas de
versement de nouveaux honoraires, sauf si un nouvel arbitre est désigné. Le prononcé de la sentence
est subordonné à l’examen préalable de la CCJA.
Paragraphe 1- L’élaboration de la sentence
A l’effet de rédiger la sentence, le tribunal peut se réunir ou non ; mais souvent, le tribunal nomme
un secrétaire auquel le Président du tribunal remet le projet de sentence.

A- Conditions de fond

Il faut qu’il s’agisse d’une sentence définitive, c’est – à – dire qui tranche un litige. L’AU/DA67 et
le RA/CCJA obligent les arbitres à motiver toutes les sentences qu’ils rendent. Cependant, cette

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règle comporte une atténuation : le RA/CCJA permet aux parties de convenir que la sentence ne soit
pas motivée ; mais cet accord doit être acceptable au regard de la loi applicable.

B- Conditions de forme

Dans l’arbitrage de droit commun, aux termes de l’article 19 AU/DA, la sentence est rendue
suivant la procédure et la forme convenues par les parties ; à défaut, elle est rendue à la majorité des
arbitres. Toutefois, les parties peuvent obliger le tribunal à statuer à l’unanimité ; bien que cela
risque de transformer l’arbitrage en conciliation.
En outre, en vertu de l’AU/DA, « La sentence arbitrale doit contenir l'indication :
o des nom et prénoms de ou des arbitres qui l'ont rendue,
o de sa date,
o du siège du tribunal arbitral,
o des noms, prénoms et dénomination des parties, ainsi que leur domicile ou siège social, le cas
échéant,
o des nom et prénoms des avocats ou de toute personne ayant représenté ou assisté les parties,
o de l'exposé des prétentions respectives des parties, de leurs moyens ainsi que des étapes de la
procédure ».

La sentence est signée par le ou les arbitres ; en cas de refus d’un arbitre, il doit en être fait mention
et la sentence n’en est pas moins valable.

La sentence doit être secrète ; mais l’AU/DA est muet sur la sanction encourue en cas de violation
du secret des délibérations. On peut alors penser que la sanction frappera l’auteur de la violation du
secret et non la sentence. Dans ce cas, la responsabilité contractuelle dudit auteur peut être engagée,
surtout lorsque la violation porte préjudice à l’une des parties.

La sentence doit être rendue dans le délai de l’arbitrage. Dans le droit OHADA, ce délai est de six
(6) mois à compter de la date d’acceptation par l’arbitre de sa mission. Toutefois, souvent le délai
de six mois court à dater de la dernière signature de l’acte de mission.

Dans l’arbitrage CCJA : lorsque la sentence est rendue par un tribunal comptant trois arbitres, elle
est rendue à la majorité. A défaut de majorité et en cas de désaccord des arbitres, le Président est
habilité à statuer seul ; dans ce cas, il est seul à signer la sentence qui n’en demeure pas moins
valable.

En outre, si la sentence est rendue à la majorité, le refus de signature de l’arbitre minoritaire


n’affecte pas sa validité. Enfin, l’arbitre minoritaire peut émettre une opinion dissidente qu’il remet
au Président afin qu’elle soit jointe à la sentence.

Les différentes formes de sentences sont soumises à l’examen préalable de la CCJA avant leur
signature. Toutefois la sentence d’accord parties n’est pas soumise à cet examen, elle est transmise
à la CCJA pour information et la Cour ne peut proposer que des modifications de pure forme.

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Paragraphe 2- Les effets de la sentence arbitrale

La sentence dont l’exécution n’est pas conditionnée par l’exequatur produit plusieurs effets.

A- Le dessaisissement des arbitres : effet décisoire

Une fois rendue, la sentence dessaisit l’arbitre, cela même si elle est annulée à la suite d’un recours
en annulation.

Cependant, l’interprétation et la rectification sont possibles ; cette dernière vise la correction


d’erreurs matérielles, sans modification de la sentence. Cette hypothèse suppose qu’il n’y a pas de
contestation de l’omission ; le juge arbitral rendra alors une sentence additionnelle.

L’article 22 alinéa 2 de l’AU/DA fixe des limites au dessaisissement : l’interprétation et la


rectification d’erreurs matérielles de la sentence pourront être faites par le tribunal à la demande
d’une partie adressée au tribunal dans un délai de 30 jours à dater de la notification de la sentence.
Dans ce cas le tribunal dispose d’un délai de 45 jours pour statuer. A défaut pour le tribunal de
pouvoir se réunir à nouveau, ce pouvoir revient au juge compétent dans l’Etat partie.

Dans l’arbitrage CCJA, la demande en rectification doit être adressée au Secrétaire Général de la
Cour dans un délai de 45 jours de la notification de la sentence. Le Secrétaire Général communique
la demande à l’arbitre et à la partie adverse qui dispose d’un délai de 30 jours pour formuler ses
observations à l’arbitre et au demandeur.

Si le Secrétaire Général ne peut saisir l’arbitre qui a statué, la Cour, après observations des parties,
désigne un nouvel arbitre.

L’arbitre saisi dispose d’un délai de 60 jours pour adresser son projet de sentence à la CCJA pour
examen préalable.

B- La reconnaissance de la sentence : autorité de la chose jugée

La sentence constitue un titre qui fixe des droits. L’autorité de la chose jugée implique que l’affaire
tranchée ne peut être portée devant un juge, faute de quoi il peut se voir imposée l’exception de
chose jugée.

L’autorité de chose jugée se manifeste à l’autorité devant laquelle on la présente (ex : l’autorité
devant laquelle on revendique un droit, cas du syndic). L’autorité de chose jugée doit être reconnue,
elle doit faire l’objet d’une reconnaissance par une autorité. Les conditions de fond de cette
reconnaissance sont identiques à celles de l’exequatur.

Arbitrage ad hoc : Aux termes de l’article 23 AU/DA, « la sentence arbitrale a, dès qu’elle est
rendue, l’autorité de la chose jugée relativement à la contestation qu’elle tranche ».

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Arbitrage CCJA : Aux termes de l’article 17 RA CCJA, «les sentences rendues…ont l’autorité de
la chose jugée sur le territoire de chaque Etat partie au même titre que les décisions rendues par
les juridictions de l’Etat».

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Chapitre 2- La phase post-arbitrale

Lorsqu’elle a été signée puis notifiée aux parties, la sentence arbitrale doit être efficace en ce sens
qu’elle doit être exécutée (Section 1), sous réserve de recours dont elle peut faire l’objet (Section
2).

Section 1- L’efficacité de la sentence arbitrale

La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une exécution provisoire sous certaines conditions.
L’exécution provisoire peut être volontaire ou forcée. Elle peut être accordée par le juge arbitral, si
elle a été sollicitée, de même qu’il peut la refuser par une décision motivée. Les conditions de cette
exécution relèvent de l’appréciation souveraine des arbitres.

La sentence arbitrale peut faire aussi l’objet d’exécution volontaire. L’exécution volontaire ne
nécessite pas l’exequatur de la sentence arbitrale. Généralement les parties exécutent
volontairement la sentence ; mais en cas de réticence de l’une des parties, l’exécution forcée peut
être recherchée.

L’exécution forcée de la sentence nécessite son exequatur. Il convient de distinguer l’exequatur


prévu par l’AU/DA de l’exequatur communautaire CCJA.

Paragraphe- L'exequatur OHADA


Les sentences concernées sont :
o Celles qui sont rendues sur le fondement de l’AU/DA quel que soit le lieu de situation du
siège du tribunal ;
o Et celles qui sont rendues sur le fondement de règles autres que l’AU/DA, « mais qui ne
peuvent être ni reconnues, ni exequaturées dans un Etat de l’OHADA sur la base d’une
convention internationale ».

En effet, aux termes de l’article 34 AU/DA, « les sentences arbitrales rendues sur le fondement de
règles différentes de celles prévues par le présent acte uniforme sont reconnues dans les Etats parties
dans les conditions prévues par les conventions internationales…, et à défaut dans les mêmes
conditions que celles prévues aux dispositions du présent acte uniforme ». Cependant, il faut exclure
de ces sentences celles qui sont rendues dans le cadre d’un arbitrage CCJA qui, elles, sont soumises à
des règles spéciales pour leur reconnaissance et leur exequatur.

Les conditions de fond de l’exequatur et de la reconnaissance sont de deux ordres : la preuve de


l’existence de la sentence et la non contrariété à une règle d’ordre public international des Etats
membres de l’OHADA.
o La preuve de l’existence de la sentence est établie par la production de l’original de la
sentence accompagné de la convention d’arbitrage. Les copies certifiées conformes sont
également admises.

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o La sentence ne doit pas être contraire à l’ordre public international des Etats parties : cela
nécessite l’examen du contenu de la sentence. Ici, la notion d’ordre public doit être
appréhendée d’un point de vue communautaire, il s’agit donc de l’ordre public régional. Cette
acception se justifie par les termes de l’AU/DA, d’une part, et, d’autre part, par le fait que le
pourvoi en cassation est de la compétence de la CCJA.

- Compétence juridictionnelle
o L’AU/DA dispose qu’elle relève d’une décision « du juge compétent dans l’Etat partie ». Dès
lors, la procédure et les délais de l’exequatur relèvent de la législation nationale de chaque Etat.
Au Cameroun, c’est la loi de 2007 qui organise l’exéquatur.

- Mode de saisine et rôle du juge de l’exequatur


o Dans le cadre de l’AU/DA, l’exequatur est acquise après production de l’original de la sentence
arbitrale accompagné de la convention d’arbitrage ou de copie certifiée conforme à l’original.

o Le juge ne peut refuser l’exequatur que dans le cas de contrariété à l’ordre public international
des Etats membres. Ainsi, le pouvoir du juge est limité, il s’agit d’une compétence
superficielle.

o En vertu de l’AU/DA, « la décision qui accorde l’exequatur n’est susceptible d’aucun recours
» direct ; réserve étant faite dans le cas de recours en annulation contre la sentence. Cette règle
s’explique par le fait que « le recours en annulation de la sentence emporte de plein droit
recours contre la décision ayant accordé l’exequatur »

Paragraphe- 2 L’exequatur CCJA

En raison de l’autorité de la chose jugée dont elles sont revêtues, les sentences arbitrales rendues sous
l’égide de la CCJA peuvent faire l’objet d’exécution forcée sur le territoire de chacun des Etats
parties.

- La compétence juridictionnelle
Les sentences rendues sous l’égide de la CCJA « peuvent faire l’objet d’une exécution forcée en
vertu d’une décision d’exequatur » accordée par ordonnance du Président de la CCJA ou du juge
délégué à cet effet.

« La Cour Commune de justice et d’Arbitrage a seule compétence pour rendre une telle décision».
Le juge se prononce dans le cadre d’une procédure non contradictoire.

L’article 30 AU/DA règle l’exequatur des sentences CCJA dans les Etats membres de l’OHADA et
ne s’applique pas à l’exequatur de sentence CCJA dans les Etats tiers. « L’exequatur d’une sentence
arbitrale rendue sur la base du Règlement d’Arbitrage de la CCJA dans un Etat tiers à l’OHADA
relèvera de la législation nationale de l’Etat où l’exequatur est requis ou, le cas échant, des
conventions internationales pertinentes en particulier la convention de New York du 10 juin 1958 ».

Ainsi, l’exequatur de sentences CCJA dans un Etat tiers à l’OHADA relève de la législation nationale
de l’Etat où l’exequatur est demandé.

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- mode de saisine et décision du juge de l’exequatur


L’exequatur est demandé par requête adressée à la CCJA. Dans la phase post-arbitrale, la CCJA
intervient comme institution judiciaire. Désormais, on s’adresse au Secrétaire Général de la CCJA en
sa qualité de Greffier en Chef de la Cour.

L’exequatur est accordé par ordonnance du Président de la Cour ou du juge délégué à cet effet. Le
Secrétaire Général de la CCJA délivre à la partie la plus diligente une copie de la sentence sur
laquelle figure une attestation d’exequatur.

Lorsque la sentence est exequaturée, l’autorité nationale désignée dans chaque Etat doit apposer la
formule exécutoire telle qu’elle est en vigueur dans ledit Etat. Ladite autorité nationale n’est pas
compétente pour vérifier la régularité de la sentence ; elle ne peut que vérifier l’authenticité du
document produit.

Lorsque l’exequatur est accordé par la CCJA, la sentence est susceptible d’exécution forcée dans tous
les Etats membres de l’OHADA ; alors que dans le droit OHADA, la sentence exequaturée ne peut
être exécutée que dans l’Etat du juge qui a donné l’exequatur.

L’exequatur confère la force exécutoire à la sentence, car le juge arbitral n’a pas l’imperium du juge
national auquel l’arbitre doit recourir pour l’exécution forcée de la sentence.

- refus d’exequatur
Le juge CCJA, saisi d’une demande d’exequatur peut refuser de l’accorder dans quatre (4) cas :
o - si l’arbitre a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou expirée ;
o - si le juge a statué sans se conformer à la mission qui lui avait été confiée ;
o - lorsque la sentence est contraire à l’ordre public international.
o - lorsque le principe du contradictoire n’a pas été respecté ;

Il faut également ajouter que l’exequatur ne sera pas accordé « si la Cour est déjà saisie, pour la
même sentence, d’une requête en contestation de validité. Dans ce cas les deux requêtes seront
jointes d’autant que les points de contrôle sont identiques ». CCJA, Assemblée plénière, Arrêt N°
104/2015 du 15 octobre 2015. (Affaire : Etat du Bénin c/ Société Commune de Participation et
Patrice TALON).

- les recours contre la décision de la CCJA


Il faut envisager deux hypothèses :
- En cas de refus d’exequatur, le requérant peut saisir la Cour de sa demande dans les 15 jours du
rejet de sa requête ; il notifie sa demande à la partie adverse.

- Lorsque l’ordonnance du Président de la Cour ou du juge délégué accorde l’exequatur, elle est
notifiée par le requérant à la partie adverse qui peut former opposition dans les 15 jours de cette
notification ; l’opposition est jugée contradictoirement lors d’une audience juridictionnelle ordinaire

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de la Cour, conformément au Règlement de Procédure de celle-ci. A l’issue de la procédure
contradictoire la Cour devra rendre un arrêt.

Section 2- Les voies de recours

Comme on l’a déjà signalé, dans cette phase la CCJA intervient comme organe juridictionnel et
certains recours peuvent être exercés contre les sentences arbitrales. Cependant, celles-ci ne sont
susceptibles ni d’opposition, ni d’appel, ni de pourvoi en cassation. Elles ne peuvent faire l’objet de
voies de recours propres à l’arbitrage (Parag 1) et de quelques voies de recours du droit commun
(Parag 2).

Paragraphe 1- Les voies de recours propres à l’arbitrage

Ce sont, le recours en annulation pour l’arbitrage de droit commun OHADA (A) et le recours
contestation de validité pour l’arbitrage CCJA (B)

A- Le recours en annulation

Sur le plan spatial, l’AU/DA ne précise pas les sentences qui peuvent faire l’objet de ce recours ;
aussi convient-il de se référer à l’article 1er de l’AU/DA qui détermine le champ d’application de la
législation OHADA en référence au siège du tribunal arbitral. « Ceci permet d’affirmer que seules les
sentences rendues par un tribunal arbitral dont le siège est situé dans un Etat partie peuvent faire
l’objet du recours en annulation prévu par l’article 25 ».

En outre, le recours n’est recevable que dans les cas cités par l’article 26 de l’AU/DA, à savoir que :
o Le tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou expirée ;
o Le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique irrégulièrement désigné ;
o Le tribunal a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
o Lorsque le principe du contradictoire n’a pas été respecté ;
o Lorsque le tribunal a violé une règle d’ordre public international des Etats membres de
l’OHADA ;
o Lorsque la sentence arbitrale n’est pas motivée.

Lorsqu’il s’agit d’un arbitrage OHADA, le recours en annulation doit être introduit dans le mois de
la signification de la sentence revêtue de l’exequatur, ou dès le prononcé de la sentence, devant le «
juge compétent dans l’Etat partie » en l’occurrence, la cour d’appel.

La décision du juge compétent n’est susceptible que d’un pourvoi en cassation devant la CCJA. Cette
compétence dévolue à la CCJA, permet d’assurer l’uniformisation de l’interprétation et de
l’application du droit uniforme de l’arbitrage.

Le recours en annulation a un effet suspensif, sous réserve de l’exécution provisoire qui a pu être
ordonnée par le tribunal arbitral ; dans ce cas, le juge étatique est compétent pour statuer sur le
contentieux de l’exécution provisoire. Le nouvel acte uniforme a apporté quelques innovations sur ce

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point, dans le sens de l’accélération de la procédure. Ainsi, les délais encadrant les recours contre la
sentence sont très fortement circonscrits. Tout en maintenant le délai pour intenter un recours contre
la sentence à un mois, désormais la juridiction étatique saisie du recours doit statuer dans un délai de
trois mois. À défaut, le recours sera porté devant la Cour Commune sous 15 jours, celle-ci disposant
ensuite de six mois pour statuer. De plus, comme en droit français de l’arbitrage international, les
parties peuvent désormais convenir de renoncer par avance au recours en annulation contre la
sentence à intervenir (Article 27 AU/DA, al. 2).

Selon l’article 29 AU « En cas d’annulation de la sentence arbitrale, il appartient à la partie la plus


diligente d’engager, si elle le souhaite, une nouvelle procédure arbitrale… », sauf s’il s’agit d’une
annulation pour défaut de convention d’arbitrage. En cas de rejet du recours en annulation la sentence
arbitrale devient exécutoire de plein droit.

B- Le recours en contestation de validité


Dans l’arbitrage CCJA ce recours n’est ouvert que dans les mêmes cas que ceux qui peuvent
motiver un refus d’exequatur. CCJA, Arrêt N°102/2015 du 15 octobre 2015. Société Nationale
d’Hydrocarbures (SNH)
<<Attendu enfin que, la violation de la loi et la contrariété des motifs de la sentence ne rentrent
pas dans les cas d’ouverture du recours en contestation de validité des sentences tels que prévus
aux articles 25 du Traité et 30 du règlement d’arbitrage susvisé>>.

En outre, le recours n’est recevable que si les parties n’y ont pas renoncé dans la convention
d’arbitrage. Il faut que les parties aient renoncé expressément. (CCJA du 15 octobre 2015. Société
Nationale d’Hydrocarbures (SNH) précité)
<<Mais attendu qu’il ne résulte pas des termes de l’article 45 des statuts que les parties
aient renoncé expressément à tout recours en contestation de validité ; qu’en effet le seul usage
du vocable « en dernier ressort »n’est pas suffisant pour traduire une renonciation expresse
audit recours ; qu’il échet dès lors de déclarer ledit recours recevable>>.

La Cour statue conformément à son Règlement de Procédure. Lorsqu’elle refuse l’autorité de chose
jugée à la sentence, elle procède à son annulation.

La demande peut être déposée dès le prononcé de la sentence, et cesse d’être recevable deux mois
après la notification de la sentence. La CCJA instruit la cause et statue conformément à son
Règlement de Procédure. Pendant cette procédure l’exequatur ne peut être accordé, la requête à cette
fin est jointe à la requête en contestation de validité.

Si les parties en font la demande, la CCJA évoque et statue sur le fond ; la Cour rendra alors un
arrêt. Si les parties n’ont pas demandé l’évocation, la procédure est reprise à la demande de la partie
la plus diligente à partir, le cas échéant, du dernier acte de l’instance arbitrale reconnu valable par la
Cour.

Paragraphe 2- Les voies de recours du droit commun

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Outre le recours en annulation ou en contestation de validité, la sentence arbitrale peut faire l’objet
d’une tierce opposition (A) ou d’un recours en révision (B).

A- La tierce opposition

- AU/DA : La tierce opposition peut être introduite « devant le tribunal arbitral par toute personne
physique ou morale qui n’a pas été appelée et lorsque la sentence préjudicie à ses droits». Les
personnes concernées sont celles qui n’ont été ni parties ni représentées à la convention d’arbitrage
et/ou à la sentence.

Le tiers opposant doit justifier d’un préjudice que lui cause le dispositif de la sentence.

Le droit uniforme ne prévoit ni le délai, ni la procédure, ni les effets de la tierce opposition ; à cet
égard, il convient de se référer à la législation civile du siège de l’arbitrage. En ce qui concerne la
forme de l’introduction de la tierce opposition, elle doit être faite selon les mêmes formes que la
demande d’arbitrage.

La tierce opposition n’a pas d’effet suspensif mais a un effet dévolutif. S’il est fait droit à la tierce
opposition, le tribunal rétracte la sentence à l’égard du tiers opposant.

- La tierce opposition contre une sentence arbitrale CCJA est portée devant cette Cour conformément
à l’article 47 de son Règlement de Procédure. En effet, « la tierce opposition contre les sentences
arbitrales et contre les arrêts de la Cour lorsqu’elle a statué au fond (évocation prévue par l’article
29.5 du règlement) est ouverte, dans les cas et sous les conditions prévues par l’article 47 du
règlement de procédure ».

Ce recours n’est soumis à aucun délai et la CCJA rend un arrêt au terme d’une procédure
contradictoire.

B- Le recours en révision
- Aux termes de l’article 25 alinéa 5 de l’AU/DA, la sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours
en révision devant le tribunal arbitral « en raison de la découverte d’un fait de nature à exercer une
influence décisive et qui, avant le prononcé de la sentence, était inconnu du tribunal arbitral et de la
partie qui demande la révision ». Ce fait peut résulter d’une fraude de l’une des parties, ou d’une
cause qui ne lui est pas imputable.

La législation uniforme ne précise ni la procédure de ce recours, ni le délai, ni les effets du recours en


révision.

Dans le silence de l’AU/DA, il convient de retenir qu’à défaut de pouvoir réunir le tribunal arbitral, il
soit fait recours à l’assistance du juge étatique.

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Cependant, ce recours a nécessairement un effet dévolutif puisque la chose jugée par le tribunal
arbitral est remise en cause et qu’il sera encore statué en fait et en droit.

Enfin, il faut aussi admettre que la sentence qui a fait l’objet d’un rejet du recours en annulation
puisse faire l’objet d’un recours en révision et réciproquement le recours en annulation ne devra pas
être examiné qu’après le recours en révision.

- Le recours est porté directement devant la CCJA conformément à l’article 49 de son Règlement de
Procédure de la CCJA, et non devant le tribunal arbitral.

Comme dans l’AU/DA, le recours est introduit en raison de la découverte d’un fait de nature à
exercer une influence décisive et qui était inconnu du tribunal arbitral. Le délai est de trois mois à
compter du fait susceptible de fonder la révision ; une demande est irrecevable à l’expiration du délai
de dix ans suivant le prononcé de la sentence ou de l’arrêt (si la Cour a statué au fond dans le cas de
l’évocation prévue à l’article 29.5 RA/CCJA).

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