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Nisrine Zammar
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NISRINE ZAMMAR
Au Liban, les organisations non gouvernementales font plus que jamais partie
intégrante de la vie en société. Elles n’ont cessé de multiplier leurs missions et
leurs actions dans le but de faire face aux situations économiques et sociales
difficiles que doit affronter le pays. Cet article visera à cerner dans quelle mesure
la communication externe des associations a participé à la création et à la
consolidation du lien social. Le cas de deux associations libanaises non
gouvernementales est analysé : la première, Kunhadi, s’est dédiée à la
sensibilisation à la sécurité routière au Liban et la deuxième, Kafa, milite contre
la violence domestique. Il est à supposer que ces deux associations ont recours à
des techniques de communication utilisées par les entreprises marchandes
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DOI:10.3166/LCN.13.2.105‐121 2017 Lavoisier
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Introduction
uns les autres. La solidarité organique qui est la forme opposée, est celle qui
caractérise les sociétés modernes. « Ce qui fait le lien social dans ces sociétés,
c’est avant tout l’interdépendance des fonctions, laquelle confère à tous les
individus, aussi différents soient-ils les uns des autres, une opposition sociale
précise » (Mesure et Savidan, 2006, 712).
Pour Katawmbe (2011), il n’existe pas une définition généralement acceptée
du concept de lien social. « C’est une notion qui dénote l’idée que pour vivre
ensemble les individus dans une société ou des acteurs dans une organisation
doivent se lier, dépendre les uns des autres et évoluer à l’intérieur de systèmes
de relations stables et équilibrées qui peuvent prendre plusieurs formes. La
famille, la communauté, le contrat, le mariage, l’appartenance à un groupe ou à
un club (de supporteurs par exemple) sont des formes de lien social »
(Katawmbe, 2011).
Selon Cusset (2007) et Singly (2003), le lien social est, de façon sommaire et
simple, ce qui fait tenir ensemble ou relie l’acteur collectif ou individuel avec le
système dans lequel il évolue ainsi que les acteurs entre eux1.
« Les rapports de communication entre humains dans les sociétés
contemporaines, aujourd’hui le plus souvent médiatisés par des dispositifs
sociotechniques empruntant surtout aux technologies numériques, posent des
interrogations fortes aux sociologues et aux autres spécialistes de la
communication » (Klein et Proulx, 2012). On peut en voir une preuve dans la
multiplication des études menées sur les usages, le concept de capital social,
l’identité, la construction de soi, la vie privée, la rencontre sexuelle et/ou
amoureuse etc. et, plus précisément, les analyses conduites sur les liens sociaux
créés et/ou maintenus sur ces dispositifs socionumériques.
Selon Vidal et Papilloud (2012), les technologies numériques ne se réduisent
pas à leur dimension instrumentale mais délivrent un principe inédit de relation
entre humains et dispositifs susceptible de transformer la vie en société2. C’est
là que se cristallise l’abandon des conceptions pessimistes du virtuel comme
opposition au réel, et s’instaure plutôt le virtuel comme actualisation du réel.
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3. (Lucciardi, 2005).
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se mesure par l’existence d’un projet associatif. Il s’agit dans le cas d’étude de
deux projets : la sécurité routière et la non-violence domestique.
Ces deux associations se caractérisent par la pérennité de leurs actions
collectives et de leurs moyens mis en œuvre qui s’inscrivent dans une logique
temporelle. Selon Laville et Sainsaulieu (2013), ces caractéristiques placent ces
associations dans une dimension institutionnelle, ainsi, « il convient de restituer
la complexité du processus d’institutionnalisation et de mettre au jour ce qui
facilite les coordinations de l’action collective mais aussi ce qui les oriente. La
définition de la dimension institutionnelle adoptée met donc l’accent sur ses
ambivalences : « socialement construite », elle conduit sous ces deux aspects à
« des anticipations des acteurs, des comportements relativement réguliers et
prévisibles » (Laville et Sainsaulieu, 2013). S’ajoute à cette dernière la dimension
organisationnelle, qui est primordiale et qui prend en compte l’ensemble des
défis auxquels elles font face quotidiennement.
Depuis plusieurs décennies, les organisations associatives au Liban ont
développé leurs actions de communication dans le secteur dit « non
marchand », ouvrant le débat entre observateurs. D’un côté, certains reprochent
à certaines associations une communication inadéquate, inspirée des méthodes
de marketing ; de l’autre, ceux qui estiment que seules ces méthodes amènent à
la conscientisation et aux dons des publics, nécessaires au fonctionnement de
tous publics (Carion, 2010). Pour Laville et Sainsaulieu (2013), « une association
naît d’une absence de lien social vécue comme un manque, par des personnes
qui s’engagent pour y remédier, dans la réalisation d’un bien commun qu’elles
déterminent elles-mêmes » (Laville et Sainsaulieu, 2013). Pour ce faire, une
association doit s’accorder une vision claire qui va la distinguer des nombreuses
associations.
Une vision « consiste à formuler en quoi le monde sera transformé lorsque
tous les objectifs de l’association auront été réalisés et qu’elle n’aura ainsi plus
de raison d’exister » (Pierlot et Thomas, 2015). Les missions, quant à elles,
représentent des objectifs stratégiques qui expriment de manière concrète et
planifiée dans le temps, les priorités stratégiques des organisations. Cela s’inscrit
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Dans le cas de Kunhadi, est fait usage des « ils » et « elles » implicites que les
linguistes considèrent comme une « non-personne » (Pierlot et Thomas, 2015,
106). Kunhadi montre dans ces affiches, les causes dramatiques d’une conduite
irresponsable. Elle incite dans ces deux cas, de manière indirecte, à un
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de leurs publics cibles. C’est un moyen gratuit par lequel nos deux associations
peuvent partager leurs affiches, posters, pubs TV, articles et photos publiés
dans des magazines, vidéos filmés lors d’évènements ou de conférences,
interview TV, bref, tous types d’outils utilisés pour leurs communications
externes » explique la coordinatrice de communication de Kafa.
11
11. https://www.facebook.com/kafa.lb/
12. https://www.facebook.com/Kunhadi.org/
13. https://www.youtube.com/watch?v=H9o5hnbSw-0
14. https://www.youtube.com/watch?v=1i-BYuZ9Hik
15. https://www.facebook.com/pg/kafa.lb/videos/?ref=page_internal
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« Est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée
en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial »16. Et donc le bénévolat
est un don de soi librement consenti et gratuit. « Le bénévolat est un choix volontaire
prenant appui sur des motivations et des options personnelles, lesquelles sont
très diverses : être utile à la société, défendre une juste cause... »17. « On le voit,
la dynamique d’une association est composée de permanents et de bénévoles,
contrairement à une entreprise (privée ou publique), où ne travaillent que des
personnes rémunérées. Certaines associations évoluent, au fil du temps, vers
une organisation composée quasi exclusivement de personnel rémunéré »
(Pierlot et Thomas, 2015, 45). C’est le cas de Kunhadi, pour qui le bénévolat ne
cesse de régresser. Kunhadi a essayé d’attirer à travers les RSN de nouveaux
partisans en espérant qu’ils deviennent des bénévoles, mais les responsables
Kunhadi ont constaté que le recrutement de nouveaux bénévoles ne passe pas
par les RSN mais par le biais de conférences que les membres de Kunhadi
effectuent sur l’ensemble du territoire Libanais. Cependant, même « ces
bénévoles sont de plus en plus difficiles à fidéliser », selon Maya Abdouny,
coordinatrice de communication, « qui a fini par stopper tout effort et tout
investissement qui avait pour but de maintenir la fidélité des bénévoles ». De
fait, Kunhadi fonctionne grâce à cinq employés rémunérés par des entreprises
privées libanaises.
Dans le cas de Kafa, vont cohabiter employés et bénévoles intégrés dans
une structure et un programme bien définis. Bénévoles et employés sont
complémentaires dans leurs actions et fonctionnent dans le respect de la
dynamique de l’association. C’est ce qu’affirme en substance la coordinatrice de
communication Maya El Ammar : « suite à l’intensification médiatique (toutes
plateformes confondues) et suite à la multiplication de nos campagnes de
communication nous avons un accroissement de demande de bénévolat envers
notre association, surtout de la part de la jeune génération ». Pour Kafa, il est
également question d’attirer, via les RSN, davantage les sympathisants que les
bénévoles.
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Conclusion
activités de terrain, témoins d’une volonté sans faille pour changer les
comportements.
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Sitographie
http://www.kafa.org.lb/profile
http://www.kunhadi.org/kunhadi/index.php#
https://www.facebook.com/Kunhadi.org/
https://www.facebook.com/kafa.lb/
https://www.youtube.com/watch?v=H9o5hnbSw-0
https://www.youtube.com/watch?v=1i-BYuZ9Hik
https://www.facebook.com/pg/kafa.lb/videos/?ref=page_internal
https://www.associatheque.fr/fr/guides/benevolat/fondements/benevole.html
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