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Chapitre 14.
Chapitre Théorème du point
fixe
Si l’on examine de plus près les méthodes de Lagrange et de Newton, étudiées au chapitre précédent,
elles reviennent dans leur principe à remplacer la résolution de l’équation f(x) = 0 sur un intervalle
a ; b par celle d’une équation équivalente g(x) = x, dont on approxime la solution par une suite
(an), définie par son premier terme a0 a ; b et la relation de récurrence an1 g an , et dont la
limite est .
Cette situation – la recherche et l’approximation d’un point fixe d’une fonction – est suffisamment
générale pour être étudiée pour elle-même. Elle fait l’objet d’un théorème très important d’analyse, le
théorème du point fixe.
Sommaire
Chapitre 14. Théorème du point fixe................................................................... 307
1. Suite récurrente associée à g ................................................................ 308
1.1 Stabilité de l’intervalle de définition ............................................. 308
1.2 Point fixe ......................................................................................... 310
1.3 Sens de variation ........................................................................... 311
1.4 Une condition nécessaire de convergence ............................... 312
2. Convergence d’une suite récurrente..................................................... 314
2.1 Application strictement contractante .......................................... 314
2.2 Un théorème du point fixe ............................................................ 315
2.3 Majoration de l’erreur .................................................................... 316
2.4 L’exemple de l’équation de Fibonacci ........................................ 317
2.5 Calcul de sin 1° par approximations successives .................... 319
3. Nature des points fixes ........................................................................... 321
3.1 Point fixe attractif ........................................................................... 321
3.2 Point fixe répulsif ........................................................................... 322
3.3 Un cas douteux : g ' 1 ......................................................... 323
Précisons les notations que nous emploierons dans ce chapitre. Nous considérerons une fonction g
définie sur un intervalle I.
Moyennant certaines hypothèses, que nous préciserons le moment venu, nous construirons la suite
(un) définie par :
son premier terme u0 I ;
la relation de récurrence, valable pour tout entier naturel n, un1 g un .
Nous pouvons espérer que cette suite, avec des hypothèses convenables, converge vers un point fixe
de g, autrement dit une solution de l’équation g(x) = x.
Le problème est posé : à quelle condition peut-on être sûr que la suite récurrente est définie pour toute
valeur de n ? Tout est affaire de stabilité…
Stabilité de l’intervalle I par g
On dit que l’intervalle I est stable par g lorsque g I I .
Théorème
Lorsque I est un intervalle stable par g, alors la suite définie par :
u0 I
pour tout entier naturel n, un1 g un
est définie pour tout entier naturel n.
Démonstration
On peut démontrer, par exemple par récurrence, que pour tout entier naturel n, un est bien défini et est
élément de I : c’est immédiat.
Définition
Une telle suite est appelée suite récurrente associée à g.
Nous supposerons dorénavant que l’intervalle I est stable par la fonction g, pour garantir l’existence
de la suite (un).
La construction graphique des termes successifs d’une telle suite est donnée ci-après, dans quelques
situations classiques.
Au demeurant, la convergence d’une telle suite semble liée (mais cela ne suffit pas !) à la présence
d’un point d’intersection entre la courbe représentative de g et la droite d’équation y = x, autrement
dit d’une solution à l’équation g(x) = x.
D’un point de vue graphique, les points fixes de g correspondent aux points d’intersection de la
courbe représentative de g et de la droite d’équation y = x.
Démonstration
En effet considérons la fonction f définie sur a ; b par f(x) = x – g(x).
On a par ailleurs :
f(a) = a – g(a) 0
f(b) = b – g(b) 0
car g(a) et g(b), par hypothèse, appartiennent à a ; b .
D’après le théorème des valeurs intermédiaires, on est sûr que l’équation f(x) = 0 possède au moins
une solution1 sur a ; b . Il en est de même de l’équation g(x) = x et on peut affirmer que g possède au
moins un point fixe.
Remarquons que la stabilité de l’intervalle I ne garantit pas l’existence d’un point fixe, hormis le cas
que nous venons d’étudier d’un intervalle fermé borné. Par exemple la fonction exponentielle est une
fonction de I = dans I = , mais on sait bien que l’équation e x x n’a pas de solution dans .
Par conséquent, la suite (un) est bien monotone. Plus précisément, si u1 u0 , alors la suite (un) est
croissante et si u1 u0 , alors la suite (un) est décroissante2.
Théorème
Soit I un intervalle stable par g.
Lorsque la fonction g est strictement décroissante sur I, alors les suites extraites (u2n) et (u2n+1)
ont des sens de variation contraires.
1
Peut-être plusieurs...
2
Et si u1 = u0, la suite (un) est constante.
Démonstration
Posons pour tout entier naturel n, vn u2 n et wn u2 n1 .
Comme gog est strictement croissante sur I – c’est la composée de deux fonctions strictement
décroissantes sur I –, d’après le théorème précédent, les suites (vn) = (u2n) et (wn) = (u2n + 1) sont l’une
et l’autre monotones.
Il reste à prouver qu’elles ont des sens de variation contraires. Comme précédemment, on peut écrire :
signe u2n 2 u2 n signe u2 u0 et signe u2n1 u2n1 signe u3 u1 .
lim un 1 g lim un (car la fonction g est continue sur I)
n n
soit = g()
ce qui prouve que est un point fixe de la fonction g.
Quelques remarques sur l’utilisation de ce théorème
Le théorème précédent énonce une condition nécessaire, malheureusement pas suffisante, pour que la
suite (un) converge : il ne renseigne en rien sur la convergence effective de cette suite. Tout au plus
donne-t-il – c’est déjà un résultat important – une, ou des, valeurs possibles pour la limite.
Par contre, si la fonction g ne possède pas de point fixe sur l’intervalle d’étude, on peut être sûr que la
suite récurrente associée à g diverge.
C’est le cas par exemple de la suite définie
par son premier terme u0 = 1
Remarquons qu’il existe aussi des contre-exemples à ce théorème, avec des fonctions présentant un ou
des points fixes sans que les suites récurrentes associées convergent.
C’est le cas, par exemple, de la fonction définie sur I = [0 ; 1] par g(x) = 1 – x2 : elle possède bien un
5 1
point fixe, solution de l’équation 1 x2 x soit . L’intervalle I est stable par g.
2
Pourtant la suite définie par u0 = 1 et la relation de récurrence un1 1 un 2 n’est pas convergente :
elle prend alternativement les valeurs 0 et 1.
On dit aussi que g est lipschitzienne de rapport K < 1. Remarquons qu’une telle application est
nécessairement continue sur I.
Comment reconnaître une application strictement contractante ?
Théorème
Soit une fonction g dérivable dans un intervalle I, non nécessairement borné.
Si la dérivée g’ vérifie max g '( x) K 1 alors g est une application strictement contractante
xI
sur l'intervalle I.
Démonstration
Soient x et y deux réels de l’intervalle I. D’après la théorème des accroissements finis, on peut écrire :
g x g y g ' x y avec x, y .
Par suite :
g x g y g ' x y K x y
3
Au moins dans les cas les plus classiques.
Démonstration
La stabilité de l’intervalle I montre que la suite (un) est clairement définie.
Nous allons d’abord démontrer que la suite (un) est une suite de Cauchy de nombres réels. Observons
que pour tout entier naturel n :
un1 un g un g un1 k un un1 k 2 un1 un2 ... k n u1 u0 .
Comme Kn tend vers 0 quand n tend vers l’infini (car 0 K 1 ), on en conclut que un p un peut
être rendu aussi petit que l’on veut pourvu que n soit suffisamment grand.
Ceci prouve que la suite (un) est une suite de Cauchy.
La suite (un) converge donc vers un réel qui appartient à I car I est un intervalle fermé de .
Montrons que est un point fixe de g. Comme g est une application strictement contractante sur I, on
en déduit que, pour tout entier naturel n :
g un g K un un
ce qui prouve que la suite g un converge vers g . Comme g un un1 converge aussi
vers , on peut en conclure que g donc que est un point fixe de g4.
Montrons maintenant que ce point fixe est unique. Supposons donc qu'il existe deux points fixes de g,
1 et 2, sur l'intervalle I.
On peut alors écrire :
1 2 g 1 g 2 K 1 2 1 2
ce qui est impossible. En conséquence, le point fixe est nécessairement unique.
Remarquons que l’hypothèse I fermé n’intervient que pour montrer que est bien dans I. Si l’on sait
par d’autres moyens que les points fixes sont déjà dans I, elle devient alors obsolète et peut être
omise.
Par ailleurs, il résulte de la démonstration précédente l’inégalité un K un1 , qui montre que
la vitesse de convergence de la suite (un) vers , si elle existe, est majorée par K : la convergence est
donc, dans le pire des cas, géométrique de rapport K. On mesure donc l’importance qu’il y a à
travailler avec un coefficient K, qui soit le plus petit possible.
Cette dernière majoration permet de faire un calcul d’erreur, essentiel pour estimer la qualité du
résultat renvoyé. On peut raisonner de deux façons différentes.
Tout d’abord, si l’on veut que un , il suffira que l’on ait K n u0 .
Cette inéquation en n se résout facilement en passant aux logarithmes. Elle équivaut alors à :
n ln K ln u0 ln ,
ln ln u0
inégalité qui est réalisée dès que n supérieur ou égal5 à .
ln K
Mais ce dernier calcul présente un inconvénient : elle fait intervenir la valeur … précisément celle
que l’on cherche à calculer…
Lorsque I a ; b , on peut s’affranchir de ce problème en remarquant que u0 b a , d’où l’on
déduit que un dès que :
ln ln b a
n
ln K
On peut aussi obtenir un autre majorant de l’erreur commise, sans faire intervenir la valeur de ,
en reprenant un résultat mis en évidence dans la démonstration du théorème du point fixe :
1
un p un K n u1 u0 pour n et p entiers naturels quelconques.
1 K
4
Nous avons démontré plus haut, et de façon plus « artisanale », que toute fonction g : [a,b] [a,b] possédait au moins un point fixe.
5
On rappelle que K ]0 ; 1[, donc son logarithme est négatif.
Si n est fixé, l’inégalité est valable pour tout entier naturel p ; en faisant tendre p vers l’infini, on en
tire :
1
un K n u1 u0
1 K
C’est une deuxième majoration de l’erreur ne faisant pas cette fois intervenir la valeur de la limite .
20
x
x 2 x 10
2
20
et cette fois, nous poserons g x pour x [1 ; 2].
x 2 x 10
2
On peut constater sur l’écran qui suit7 que cette fonction remplit bien les hypothèses du théorème du
point fixe que nous venons d’énoncer :
l’application est strictement contractante sur l’intervalle [1 ; 2] avec un coefficient K égal à
80
;
169
6
Voir le chapitre précédent, sur la résolution approchée des équations.
7
Il faudrait le confirmer bien sûr par un raisonnement rigoureux.
u0 2
On peut alors définir la suite récurrente associée à g définie par : 20 et demander
un 1 u 2 2u 10
n n
l’affichage des premiers termes de cette suite dans l’application Tableur & Listes :
Cette suite figure dans la colonne B : la fonction g a été définie au préalable dans l’application
Calculs. Dans la colonne C figure le premier calcul d’erreur (ici Kn) ; enfin dans la colonne D, figure
1
le deuxième calcul d’erreur K n u1 u0 , légèrement supérieur au précédent.
1 K
D’après le théorème du point fixe démontré plus haut, on sait que la suite (un) converge vers le point
fixe de f, donc la solution de l’équation de Fibonacci. On remarque bien que la suite extraite des
indices pairs est décroissante, tandis que la suite extraite des indices impairs est croissante.
Malheureusement, le calcul n’est mené de façon exacte que jusqu'au 10e terme de la suite. À partir du
11e terme, on passe en calcul approché.
sin 3 4 x3
g x .
3
8
C’était leur seule ligne trigonométrique, très proche du sinus.
1518910862
Une valeur approchée9 de sin 3° avec 20 décimales exactes est : .
29022319855
Essayons maintenant avec l’application Tableurs & Listes de reprendre le principe des calculs d’al-
Kashi. Tout d’abord définissons la fonction dans une page Calculs :
On constate qu’en quelques itérations, la suite semble converge vers sin 1°.
Le théorème du point fixe s’applique pleinement. Vérifions-en les hypothèses :
la fonction g est clairement strictement croissante sur l’intervalle 0 ; sin1 ;
comme g ' x 4 x 2 , on peut en déduire que : K max g ' x 4sin2 1 qui est clairement
x0;sin1
inférieur à 1.
Remarquons de plus que la convergence sera intéressante car le coefficient K est très proche
de 0 – à peu près 0,00122 –, ce qui explique après coup le grand succès qu’a obtenu al-Kashi.
9
Obtenue avec un logiciel de calcul formel, gérant un nombre illimité de décimales, et un développement en fraction continue.
La plus grande valeur exacte que l’on récupère dans le tableur est u5. Précisons le calcul
d’erreur.
On sait que :
u5 sin1 K 5 u0 sin1 4sin 2 1 sin 2 1 45 sin11 1
5
On peut préciser cette dernière valeur, ne serait-ce qu’avec la valeur approchée donnée par la
calculatrice :
Stockons la « grosse » fraction de la cellule B6 dans une variable a. Notre fonction divex2, créée dans
la bibliothèque div_dec, donne alors :
Démonstration
Plaçons-nous sur l'intervalle J = [ – ; + ] où > 0 est choisi de telle sorte que :
x [ – ; + ], |g'()| < K < 1,
choix toujours possible car g’ est continue sur I = [a ; b].
Montrons que sur cet intervalle, la fonction g vérifie les hypothèses du théorème du point fixe.
On peut donc appliquer le théorème du point fixe dans l'intervalle J et la suite (un) est bien
convergente quel que soit son premier terme x0 situé dans J.
x
2
g x g x g ' g '' c
2!
x
2
g '' c avec c ; x
2!
M
D’où l’on déduit : g x x .
2
2
On a donc pour tout entier naturel n, à condition de choisir u0 dans l’intervalle J :
M
un 1 un .
2
2
Cela indique une convergence dite quadratique, extrêmement rapide. Concrètement, si l’on sait que
M
un 10 p , on peut en déduire que un 1 102 p : concrètement, on peut dire que le nombre
2
de décimales exactes à peu ou prou doublé en une itération. Le point fixe, dans ce cas, est qualifié de
superattractif.
On peut aussi écrire :
2 22 2n
M M M M
un un 1 un 2 ... u0
2 2 2 2
soit
2n
2 M
un u0 .
M 2
Dans ce cas, le point fixe est dit point fixe répulsif. Même si l’on se place très près de , la suite
(un) est toujours divergente. Elle ne peut converger que lorsqu’elle est constante et égale à .
Démonstration
Plaçons-nous sur l'intervalle J = [ – ; + ] où > 0 est choisi de telle sorte que :
x [ – ; + ] |g'()| > 1
(choix possible car g’ est continue sur I = [a, b])
Alors min g '( x) K 1
xJ
Il est possible que la suite (un) ne soit pas définie pour toute valeur de n : dans ce cas, elle ne converge
pas vers .
Sinon on sait que pour tout x dans J, |g(x) – | K |x – |
La suite ne peut pas converger vers car pour tout entier naturel n, |un – | aKn – 1 avec K > 1.
Étudions deux exemples, pour lesquels les conclusions seront différentes : c’est en ce sens que le cas
sera dit douteux. Pour chacun de ces deux exemples, on aura = 0 et g’() = 1.
g x sin x pour x élément de 0 ;
2
La convergence ne fait aucun doute si l’on remarque pour tout x dans l’intervalle 0 ; , sin x < x.
2
Quel que soit son premier terme dans 0 ; , la suite récurrente associée à g est alors décroissante,
2
minorée par 0, donc elle converge vers le point fixe 0, qui est bien attractif.
On a cette fois pour tout x strictement positif, sinh x > x. Cette fois la suite (un) est strictement
croissante et ne peut donc pas converger vers le point fixe 0… qui est donc répulsif.
Bilan :
La notion de point fixe attractif ou répulsif simplifie quelque peu l’approche du problème. Tout
revient finalement à estimer g ' …
10
Le cas a = 0 que nous écarterons de suite ne présente pas un grand intérêt.
11
Pas de quotient, pas de racine carrée… bref aucun risque que le calcul ne puisse se poursuivre indéfiniment !
À quelle condition g est-elle contractante ? On sait que g ' x 2ax dont le maximum de la valeur
1
absolue sur [–1 ; 1] vaut 2a. Ce maximum est inférieur strictement à 1 lorsque 0 a .
2
Enfin les points fixes de la fonction g sont obtenus en résolvant l’équation g(x) = x.
A priori, deux points fixes apparaissent, mais lorsque 0 < a < 2, un seul nous intéresse
4a 1 1 1
. Pour a = 2, les points fixes et –1 sont cette fois tous les deux dans [–1 ; 1].
2a 2
3 1
C’est donc le cas lorsque a 0 ; . Pour a = 2, f ' x 4 x et les deux points fixes et –1 sont
4 2
répulsifs.
1
Lorsque a 0 ; , l’application est strictement contractante et le théorème du point fixe permet
2
de conclure à la convergence de la suite (un) vers le réel , quel que soit le premier terme choisi dans
l’intervalle [–1 ; 1].
1 3
Lorsque a ; , le théorème du point fixe ne peut plus s’appliquer car l’application n’est
2 4
plus strictement contractante. Mais la convergence vers le point fixe – point fixe attractif dans ce
cas – semble cependant encore avoir lieu. Prouvons-le.
Lorsque u0 appartient à [–1 ; 1], on peut remarquer que un est dans l’intervalle [0 ; 1] pour n 1.
Comme la fonction g est décroissante sur cet intervalle, on sait que les suites extraites d’indices pairs
et impairs ont des sens de variation contraires à partir de n = 1. Comme ce sont des suites monotones
et bornées, on peut affirmer qu’elles convergent… Or, ces suites sont aussi des suites récurrentes,
associées non pas à g mais à g2 = gog . On a en effet :
u2 n 2 g 2 u2 n et u2 n1 g 2 u2n1 .
Elles convergent donc l’une et l’autre donc vers un point fixe de g2 ; les points fixes de g2 peuvent être
déterminés avec la TI-Nspire. On retrouve les points fixes de f – c’est immédiat à prouver – et deux
1 4a 3 1 4a 3
autres : et .
2a 2a
Mais ces deux nouveaux points fixes ne sont pas dans l’intervalle [–1, 1] pour des valeurs de a dans
1 3
2 ; 4 . Les suites d’indices pairs et d’indices impairs convergent donc vers le seul point fixe
4a 1 1
attractif qui demeure, comme précédemment.
2a
3
Pour a = , on tombe dans le cas douteux où f ' 1 . Il semble que la convergence vers le
4
point fixe demeure, mais elle se fait de plus en plus lentement (on a mis le nombre d’itérations à 500
sur le graphique suivant…).
3
Un raisonnement semblable au précédent peut être repris. Sachant que a , les points fixes sont –2
4
2
et .
3
Cette fois-ci, les suites constituées des termes d’indices pairs et d’indices impairs, qui sont toujours
2
convergentes, ne peuvent converger que vers .
3
3
Que se passe-t-il pour a ?
4
Le point fixe de g de l’intervalle [–1,1] est répulsif… donc la suite (un) n’est plus convergente… sauf
si son terme initial vaut précisément ce point fixe ; elle est alors constante et égale à ce point fixe.
Éventuellement les points fixes de g2, déterminés plus haut, vont prendre la relève…
À quelles conditions sont-ils attractifs ?
3 5
L’écran suivant montre que c’est le cas pour a .
4 4
3
Si a 1 , on peut encore affirmer que si u0 1;1 , un 0 ;1 pour n supérieur ou égal à 1. Les
4
deux suites (u2n) et (u2n+1) restent donc convergentes.
Mais comme la suite (un) ne peut plus elle-même être convergente12, on peut en conclure que (u2n)
converge vers un des points fixes de g2 et (u2n+1) vers l’autre.
Ce que l’on observe évidemment sur l’exemple ci-dessous : la suite diverge en oscillant autour des
valeurs 0,125 et 0,986, qui correspondent aux points fixes de g2 dont la courbe a été tracée.
On voit donc ici apparaître un cycle de longueur 2 qui correspond aux deux points fixes attractifs p1 et
p2 de g2, qui ne sont pas points fixes de g.
On a donc p1 g 2 p1 et p2 g 2 p2 , ainsi que p1 g p1 et p2 g p2 .
g g p1 g p1 soit g 2 p1 g p1 p1
12
Car elle convergerait nécessairement vers un point fixe de f… mais ce n’est plus possible avec ces valeurs de a…
Apparaît donc une nouvelle situation qui permet de préciser la nature de la divergence de (un) : ou
bien u0 = p1 ou u0 = p2 et la suite (un) est périodique de période 2, ou bien u0 est différent de ces deux
valeurs et la suite (un) diverge en s’approchant alternativement de p1 et de p2.
Comme g ' p1 1 et g ' p2 1 , on dira dans ce cas que le 2-cycle est attractif.
Nous admettrons que la situation est identique tant que le 2-cycle est attractif, c’est-à-dire lorsque a
5 5
est tel que 1 a . Il en est de même aussi pour a .
4 4
5
Au-delà de a , ces points fixes de g2 après ceux de g vont devenir répulsifs. On reprend le même
4
raisonnement qui après g a vu venir g2 : après g2 nous allons considérer les points fixes de (g2)2 = g4, à
condition qu’ils soient attractifs et qu’ils figurent dans l’intervalle [–1 ; 1].
Malheureusement le calcul formel général ne peut plus être mené comme nous l’avons fait jusqu’à
maintenant : l’observation graphique est cependant fructueuse.
Un cycle d’ordre 4 s’est bien mis en place autour de quatre points fixes attractifs de g4, qui ne sont ni
points fixes de g2, ni points fixes de g : –0,336 ; 0,034 ; 0,849 et 0,998.
Une rapide étude permet de constater que ces nouveaux points fixes sont attractifs. On dira que le 4-
cycle est attractif.
ce qui prouve que g p1 est un point fixe de g4. De façon analogue à ce qui a été fait plus haut, on
peut montrer que :
g p1 ne peut pas être un point fixe de g2 (sinon g 2 g p1 g p1 et donc
g 4 p1 g 2 p1 p1 ce qui est absurde car p1 n’est pas un point fixe de g2)
Là encore on peut préciser dans cette zone de valeurs de a la nature de la divergence de (un) : ou bien
u0 est l’une des quatre valeurs du 4-cycle et la suite (un) est périodique de période 4, ou bien u0 est
différent de ces quatre valeurs et la suite (un) diverge en s’approchant alternativement de chacune des
valeurs du 4-cycle.
En augmentant encore un peu la valeur de a, on pourrait mettre en évidence un cycle d’ordre 8,
puis d’ordre 16, 32, etc. Ainsi pour a = 1,4, on peut observer un cycle d’ordre 8 :
On démontre qu'il existe ainsi une suite infinie de valeurs de a (dites catastrophiques) pour lesquelles
se produit un doublement de la période du cycle attracteur. Cette suite de valeurs de a tend vers 1,401
environ (évidemment, les doublements de période ont lieu sur des intervalles de plus en plus petits).
Ensuite, si on continue d'augmenter a, le comportement de la suite devient difficile à prévoir, elle
semble pouvoir prendre toute valeur entre –1 et +1. On dit que son comportement est chaotique, en ce
sens qu’il est particulièrement sensible aux conditions initiales.
Si l’on choisit deux valeurs initiales très proches l’une de l’autre, les valeurs de un s’écartent très
rapidement l’une de l’autre.
Curieusement, au milieu de ce chaos, autour de 1,75 un havre de paix surgit avec l’apparition d’un
cycle d’ordre 3…