marché
Les bonnes décisions sont celles qui produisent les conséquences les plus favorables. Mais elles sont rarement prises
par hasard: Elles doivent être fondées sur des informations fiables et valides. Tour à tour, les outils d'études de
marchés et les techniques d'analyse se sont enrichis. Les potentialités d'internet, la sophistication des données de
panel, la montée en puissance des bases de données clients et du data mining ont repoussé les limites des études de
marchés traditionnelles, favorisant l'émergence d'une information marketing de grande qualité et d'analyses
explicatives ou prédictives des comportements. Ce premier chapitre présente les grandes familles d'études de
marchés et pose les bases de l'analyse de données.
En fait, les études qualitatives sont utilisées dans une logique essentiellement exploratoire afin, par exemple, de
comprendre en profondeur des comportements de consommateurs. Même si elles ne permettent pas de généraliser
les résultats qu'elles produisent, elles permettent d'étudier de manière approfondie les processus liés aux
comportements de consommation, grâce notamment aux entretiens et aux réunions de consommateurs, et d'accéder
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Voir les travaux de Kurt Lewin.
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plus profondément à l'explication de ces comportements, dévoilant des facteurs inconscients (le non verbal, le « non-
dit »), en d'autres termes le monde interne des consommateurs et notamment leur rapport aux marques.
Les études qualitatives sont souvent considérées comme un préalable à l'étude quantitative.
Les techniques quantitatives, auxquelles ce module (analyse des données) est essentiellement consacré, consistent à
mesurer, à quantifier et à généraliser les résultats à partir d'un échantillon. Ce type d'étude repose généralement sur
un grand nombre d'observations et sur des informations structurées (valeurs numériques, échelles ou valeurs
nominales) par opposition aux informations non structurées (discours, texte libre/questions ouvertes, etc.).
Plus précisément, trois types d'études quantitatives peuvent être distingués, en fonction du contexte de découverte
de l'information: décrire, expliquer, prédire.
Les études descriptives sont fondées sur des mesures dont le but est de collecter des données brutes afin de créer des
structures décrivant les caractéristiques d'une population cible ou d'un marché. Elles peuvent être utiles, entre
autres, pour faire la photographie d'un marché, de la satisfaction des consommateurs, de la notoriété d'une marque.
La dimension descriptive est l'objectif premier traditionnellement assigné aux études marketing. Cette étape
importante a par exemple pour objet de mesurer la force d'association entre deux variables. Elle permet de poser un
cadre d'analyse nécessaire aux études explicatives et prédictives.
Les études explicatives ont pour objet de transformer des données brutes en structures expliquant des relations de
causalité entre deux ou plusieurs variables. L'approche explicative est utile lorsqu'il s'agit de comprendre les causes
directes d'un phénomène. Ce type d'étude peut permettre, par exemple, de modéliser l'impact de la publicité sur les
ventes (se référer au cours d’économétrie, chapitre III : Régressions et analyse de la variance). L'approche explicative
est particulièrement utile dans un contexte d'aide à la décision, où le but assigné à l'étude n'est plus simplement de
décrire mais aussi de comprendre, de la manière la plus fiable et la plus valide, les déterminants sur lesquels le
décideur doit jouer pour améliorer la performance.
Les études prédictives, quant à elles, ont notamment pour objet de transformer les données brutes collectées sur les
caractéristiques comportementales des consommateurs ou des entreprises/marchés pour créer des modèles prédisant
certaines variables. Il s'agit par exemple de prédire une probabilité de réachat ou au contraire d'interruption de la
relation. Dans ce module, nous nous concentrerons principalement sur les deux premiers types d'étude.
Les données primaires sont des données qui ont été collectées dans le but de résoudre le problème managérial
propre à l'étude. Il s'agit de données brutes, qui doivent être préparées, analysées puis interprétées. Dans ce cas, les
cinq étapes de la démarche d'étude doivent être respectées. Ce chapitre est consacré à l'étape de la collecte des
données, les chapitres suivants abordent l'analyse et l'interprétation des résultats pour une série de tests pouvant être
mis en œuvre dans une démarche d'étude ou de recherche marketing.
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2.2. L'échantillonnage
Se référer au cours de statistique appliquée.
A mentionner que la précision statistique d'un test s'exprime en calculant l'intervalle de confiance, qui indique la
marge d'erreur lorsqu'on généralise une estimation obtenue sur un échantillon à l'ensemble de la population
représentée. La longueur de l'intervalle diminue lorsque la taille de l'échantillon augmente.
Qualitatives: Leurs modalités, c'est-à-dire les valeurs qu'elles peuvent prendre, ne peuvent être qualifiées par
une quantité mesurable. Nous pouvons distinguer les variables qualitatives ordinales, celles dont les modalités
peuvent être ordonnées (par exemple la mention obtenue en master), des variables nominales, celles pour
lesquelles les modalités ne peuvent être rangées (par exemple la couleur des cheveux).
Quantitatives ou métriques: Les occurrences qu'elles prennent sont des quantités mesurables. Elles
peuvent être continues si elles peuvent prendre n'importe quelle valeur à l'intérieur d'un ensemble (par exemple,
la surface de l'appartement) ou discrètes si seules certaines valeurs sont possibles (par exemple, le nombre de
pièces de l'appartement est forcément un nombre entier).
Le marketing et plus largement les sciences sociales s'intéressent également à la mesure de phénomènes
mentaux, telles les opinions, les attitudes ou encore les préférences, au travers d'indicateurs: Les échelles de
mesure. Ces dernières ont pour objet de fournir au répondant un support d'expression de ces phénomènes
abstraits, complexes à observer, le plus souvent sous la forme d'échelles de notation:
L'échelle nominale a pour principe d'utiliser les nombres comme des étiquettes pour coder les
modalités d'une variable qualitative nominale. Dans l'échelle nominale, par définition, chacune des modalités
de la variable est équivalente aux autres.
Exemple:
Êtes-vous 1. Un homme 2. Une femme?
L'échelle ordinale est une échelle de classement. Elle a pour principe d'affecter des nombres aux
modalités dans le but de refléter un ordre sous-jacent. nous pouvons, par exemple, utiliser une échelle ordinale
pour classer des préférences de marques.
Exemple: Notez de 1 à 5 la qualité gustative du chocolat X (l : Très mauvais; 2 : Mauvais; 3 : Moyen; 4:
Bon; 5: Très bon).
L'échelle métrique possède les propriétés des échelles nominale et ordinale, mais elle permet
également de comparer les distances entre les objets, les modalités étant séparées par des espaces équidistants.
L'exemple le plus courant est celui du thermomètre, la différence entre 0 °C et 1 °C étant la même qu'entre l °C
et 2 °C, etc. L'échelle métrique est la plus couramment utilisée en marketing. Pour les mesures d'attitudes, on
fait l'hypothèse que les intervalles sont équidistants.
Exemples d’échelles :
Échelle d'Osgood
Avez-vous trouvé que le goût du produit X était ?
Mauvais 1 2 3 4 5 Bon
Échelle de Likert
Le chocolat X a bon goût
Pas tout d’accord 1 2 3 4 5 Tout à fait d’accord
Échelle d'intention
Si la marque M lançait ce type de produit:
Je n’achèterai certainement pas ce produit 1 2 3 4 5 J’achèterai certainement ce produit
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En général, les variables sont utilisées dans la formulation de modèles. Dans sa forme la plus simple, un modèle vise
à définir une relation de cause à effet entre une variable indépendante et une autre dépendante.
Relation causale simple.
X Y
D'autres variables peuvent intervenir dans cette relation directe entre la (ou les) variable(s) indépendante(s) et la (ou
les) variable(s) dépendante(s).2 Dans le premier cas, l'effet de la variable indépendante X sur la variable dépendante Y
se mesure par l'intermédiaire d'une troisième variable dite « médiatrice ». L'association ou la causalité observée entre
X et Y résulte du fait que X influence Z qui à son tour influence Y. Cette variable Z -le goût pour les aliments sucrés
par exemple - peut intervenir dans la relation entre la gourmandise et le montant d'achat annuel de friandises. Dans
le second cas, l'intensité et/ou le signe de la relation entre la variable indépendante et la variable dépendante peut
être influencé par une variable modératrice. Si cette variable modératrice est le sexe, on peut par exemple chercher à
vérifier que l'effet de la gourmandise sur le montant d'achat annuel de friandises est plus fort chez les femmes que
chez les hommes. Dans ce cas, cet effet peut être mis en évidence en décomposant la population en sous-populations
(les hommes d'un côté, les femmes de l'autre) et en testant la relation dans les sous-groupes.
X Y X Y
Z Z
2
Théâtre et al. 1999, p. 339.
3
Voir le chapitre : Construction d’une échelle de mesure en étude de marché ; semestre six.
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3.2. Le concept de mesure
L'acte de mesurer un phénomène est l'opération par laquelle on fait correspondre à une donnée collectée une
grandeur censée représenter le phénomène. Cette opération est perturbée par des éléments qui éloignent la mesure
idéale, qui représenterait exactement le phénomène, de la mesure obtenue. Le modèle de la vraie valeur (Evrard et al.
2009) consiste à décomposer le résultat d'une mesure en ses différents éléments: la vraie valeur (censée représenter la
mesure parfaite) et les termes d'erreur (erreur aléatoire et erreur systématique), comme le montre l'équation suivante:
M (mesure obtenue) = V (vraie valeur) + Es (erreur systématique) + Ea (erreur aléatoire).
La vraie valeur est la mesure « idéale », c'est-à-dire celle qui correspondrait parfaitement au phénomène étudié. Elle
est le plus souvent impossible à atteindre. L'erreur systématique (ou biais) provient du fait que l'instrument de
mesure peut présenter un écart systématique avec le phénomène étudié (par exemple, un biais lié au manque de
clarté de l'échelle, à la longueur excessive du questionnaire, etc.). L'erreur aléatoire provient du fait que le
phénomène mesuré par l'instrument peut être affecté par des aléas tels que la fatigue du répondant, l'humeur, etc.
Ces termes d'erreur ajoutent du « bruit» aux variables observées; la mesure obtenue contient donc à la fois la « vraie
valeur» de la mesure et le « bruit ». Par exemple, une corrélation ou une moyenne peuvent être artificiellement
renforcées ou diminuées par l'erreur de mesure.
L'analyste doit donc s'interroger sur la qualité de l'instrument de mesure qu'il construit et met en œuvre. La
validation d'un questionnaire, par exemple, consistera donc à tester les instruments de mesure utilisés. Ces outils de
mesure doivent répondre à deux critères principaux: la fiabilité et la validité. La fiabilité renvoie à la cohérence entre
les indicateurs censés mesurer le même concept, alors que la validité désigne la capacité d'un instrument de mesure à
appréhender un phénomène.
La validité: Les instruments de mesure choisis doivent permettre d'appréhender le mieux possible le phénomène à
mesurer. Il s'agit de répondre à la question suivante: « Mesure-t-on bien ce que l'on cherche à mesurer? »
La fiabilité: De façon générale, elle fait référence à la régularité de la mesure. Si l'on mesure un même phénomène
plusieurs fois avec le même instrument, on doit obtenir le même résultat. Ce problème est concerné par l'erreur
aléatoire. On parle aussi de fiabilité de cohérence interne pour des mesures qui comportent plusieurs items. Il s'agit
alors de s'assurer, grâce à des indicateurs comme le coefficient alpha de Cronbach, que les items sont suffisamment
homogènes entre eux, c'est-à-dire qu'ils partagent assez de Variance.
L'analyse univariée consiste à examiner la distribution des modalités de réponse pour une variable. Dans le cas d'une
variable qualitative, par exemple, il s'agit d'un tri à plat, c'est-à-dire le dénombrement des observations correspondant
à chaque modalité de la variable.
L'analyse bivariée consiste à étudier les relations entre deux variables. Dans le cas de variables qualitatives, il s'agira
d'un tableau croisé dénombrant les nombres d'observations correspondant à chaque combinaison possible des deux
variables. Plus généralement, l'analyse bivariée consiste à mesurer la force de l'association entre deux variables (grâce
par exemple au coefficient de corrélation pour des variables métriques).
L'analyse multivariée permet de dépasser les techniques précédentes. Elle laisse notamment de côté la parcellisation
de l'information induite par l'analyse bivariée. En effet, en se focalisant sur la relation entre deux variables, on
néglige le fait que cette relation peut être influencée par la présence d'autres variables. En outre, lorsque le nombre
de variables est important, il est difficile de prendre en compte l'ensemble des combinaisons possibles. L'analyse
multivariée permet donc le traitement simultané de plus de deux variables. L'ambition du chargé d'étude qui utilise
des analyses multivariée peut se situer à deux niveaux: décrire les données à sa disposition ou expliquer des
phénomènes grâce aux données à sa disposition. On peut chercher à expliquer soit des différences (par exemple,
entre les hommes et les femmes, les clients et les non-clients d'un magasin), soit des relations entre variables.