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net/publication/267268012
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2 authors, including:
Alain Dumon
ESPE d’Aquitaine Ecole Supérieure du Professorat et de l’Éducation
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All content following this page was uploaded by Alain Dumon on 23 October 2014.
RÉSUMÉ
1. INTRODUCTION
Les références au débat concernant le recours à des éléments d’histoire des scien-
ces dans l’enseignement scientifique ne manquent pas. Un article récent de M. MURIEL
et J.-M. DUSSEAU [1] paru dans le BUP en faisait un rapide historique. Les auteurs
s’accordent sur la nécessité de distinguer l’utilisation de l’histoire des sciences selon
qu’elle est destinée à la formation des enseignants de sciences physiques ou qu’elle est
destinée à l’enseignement en direction des élèves. Dans ce travail c’est la deuxième
alternative, et plus particulièrement l’utilisation de textes historiques en classe de
seconde dans le cadre d’une activité de modélisation pour représenter et expliquer les
transformations de la matière, qui est prise en compte.
Cette incitation à recourir à l’histoire des sciences nous paraît extrêmement inté-
ressante : il ne s’agit plus d’instiller dans le cours de chimie quelques anecdotes histori-
ques comme s’il s’agissait d’une simple «cerise d’épistémologie et d’histoire des scien-
ces sur le gâteau de l’enseignement»1,ou pire, comme s’il s’agissait de conférer à
l’enseignement scientifique une dimension culturelle dont il serait par nature dépourvu.
1. MURIEL et DUSSEAU [1] soulignent que ce point de vue va de pair chez les enseignants avec
une certaine conception inductiviste de l’enseignement et un point de vue traditionnel sur le
fonctionnement de la science.
Cette dimension historique de l’enseignement est maintenant conçue dans une perspec-
tive didactique2, il s’agit de donner à nos élèves le moyen de comprendre comment
fonctionne la science, à quelles questions répondent les concepts. En un mot il s’agit de
donner du sens aux connaissances scientifiques.
Nous venons de rappeler au début de cet article l’importance que les IO accordent
à l’activité de modélisation dans l’interprétation des activités expérimentales. Dans le
cas de la transformation chimique cette modélisation est une exigence. Les observables
du niveau macroscopique (changements de couleur, d’état, d’aspect, mesure de quanti-
tés) sont le résultat d’interactions entre des nombres gigantesques d’entités, qui appar-
tiennent au niveau microscopique. Il s’agit de concilier les données de l’observation de
la phénoménologie macroscopique avec le fonctionnement d’une phénoménologie
microscopique qui, échappant à l’observation directe car elle est invisible, ne pourra
pas être déduite logiquement de l’observation. Cette phénoménologie microscopique
devra être inventée et c’est l’activité de modélisation qui le permettra.
Sur la définition du mot modèle les scientifiques ne sont pas toujours d’accord
entre eux. WALLISER (1977) proposait de distinguer les modèles physiques (type boules
colorées liées par des tiges) des modèles symboliques (formels ou numériques) qui font
largement appel au langage mathématique. Mais s’il y a toujours débat sur les différen-
tes sortes de modèles, un consensus existe sur la fonction du modèle, une fonction de
représentation, avec pour finalité expliquer et prédire (WALLISER [5], HALBWACHS [6-7]).
2. N’en déplaise à Gilles de GENNES qui dans son ouvrage Les objets fragiles édité chez Plon
écrit : «la liste est longue des modes qui ont débouché dans l’enseignement sur des catastro-
phes : de mon temps, le marxisme, la psychanalyse, les mathématiques modernes… la plus
récente chez nous, c’est le didactisme».
Figure 1
3. Rappelons ce qu’écrivait Einstein à ce propos : «Les concepts et théories doivent être libre-
ment inventés. Il n’y a pas de pont logique entre les phénomènes et les principes chargés de
les expliquer».
Cette activité de modélisation que nous venons de présenter, déjà difficile en phy-
sique, comporte en chimie une difficulté supplémentaire. Elle s’accompagne d’un chan-
gement dans le niveau d’appréhension des phénomènes et relève de ce que Halbwachs
nomme la causalité bathygène c’est-à-dire une «explication par le niveau plus profond
et par les structures sous-jacentes» [10].
Une analyse de différentes études publiées sur ce sujet confirme cette opinion. C’est
dès l’observation de la transformation chimique que les élèves éprouvent des difficul-
tés. Pour SOLOMONIDOU, un des premiers problèmes que rencontrent les jeunes élèves
réside dans leur incapacité à «appréhender le changement des substances en d’autres
substances à partir du changement de leurs propriétés» [12]. En effet, nombreux sont
ceux qui dissocient une substance de ses propriétés et considèrent que les propriétés des
substances peuvent changer sans affecter leur identité. Ceci est dû à ce que la reconnais-
sance des substances et des phénomènes se fait à partir des perceptions éprouvées face à
ces substances et phénomènes (PFUNDT [13], DE VOS et al [14-15]).
SÉRÉ [21-22] a fait travailler des élèves de 11-12 ans sur l’évolution d’un modèle
quand il s’agit de passer de l’interprétation d’expériences de physique (compression
d’un gaz) à l’interprétation d’une réaction chimique. Pour interpréter une réaction chi-
mique entre des gaz le problème se complique car à ces difficultés, liées à l’interpréta-
tion de l’état gazeux (particules indépendantes, animées de grandes vitesses), s’ajoutent
la division et la reconstruction des particules considérées non plus comme des entités
insécables mais au contraire susceptibles de combinaisons et dont le nombre peut varier
au cours de la réaction chimique. Dans ce cas, la connaissance antérieure (particules
insécables), qui a fait la preuve de son efficacité dans les transformations physiques
doit être abandonnée par l’élève pour une nouvelle connaissance (particules sécables)
afin de pouvoir représenter les transformations chimiques.
Dans tous les cas c’est par le registre symbolique que se fait le lien entre les
niveaux macroscopique et microscopique. Dans ce registre, il y a à la fois des concepts
qui renvoient exclusivement au niveau macroscopique (masse, volume, nom), au niveau
microscopique (représentation d’un atome, d’une molécule) et aux deux niveaux (sym-
bole de l’élément ou de la particule, formule). Cette ambiguïté du registre symbolique
est une source supplémentaire de difficultés pour les élèves et l’équation-bilan cristal-
lise ces difficultés. En 1995 le Ministère de l’Éducation Nationale a publié les résultats
d’une enquête portant sur le niveau des élèves en fin de troisième. Alors que près de la
moitié arrive à distinguer dans une liste d’équations-bilan celles qui sont équilibrées de
celles qui ne le sont pas, ils sont moins de 40 % à connaître la signification des coeffi-
cients placés devant les formules des réactifs et des produits.
Ces quelques résultats doivent suffire à nous convaincre qu’avant de présenter aux
élèves des descriptions plus ou moins sophistiquées de différents modèles particulaires
de la matière, il peut être intéressant pour l’enseignant d’amener ses élèves à se poser
des questions sur ce que signifie modéliser une transformation chimique, sur le lien que
le modèle entretient avec le réel, ou encore sur la façon dont les chimistes «s’y sont
pris» pour construire les modèles. C’était l’objectif de la séquence que nous allons
maintenant présenter.
Ce travail a été effectué dans quatre classes de seconde appartenant à trois lycées
de Bordeaux. Les quatre enseignantes participaient à une recherche soutenue par l’INRP
sur l’expérimental dans la classe, coordonnée au niveau national par Claudine LARCHER
professeur à Paris VII, responsable de l’équipe Didactique des Sciences Physiques à
l’INRP et dont l’aide nous a été précieuse pour élaborer cette séance.
Cette séance d’une heure et demie a lieu pendant une séance de travaux pratiques
avec une demie classe. En début d’année nous avions fait le choix de ne pas utiliser
d’équation-bilan avant d’avoir amené nos élèves à se poser quelques questions qui nous
paraissaient importantes sur ce que la représentation de la transformation chimique par
une équation-bilan pouvait signifier.
En utilisant le schéma de la modélisation que nous avions établi nous avons pré-
cisé quelle était la situation physique expérimentale à laquelle le texte faisait référence,
quels étaient les objets physiques de cette situation (les corps purs étudiés), quelle était
la phénoménologie macroscopique observée (les phénomènes que l’on observe), quels
sont les objets du modèle élaborés par le scientifique, quelles sont les relations entre ces
objets (la phénoménologie microscopique imaginée), quelles sont les relations entre le
champ expérimental et le champ théorique. Ce travail d’analyse préalable est résumé
dans le tableau 1.
Tableau 1
Texte de Lémery
Il ne s’agit plus de représenter un état physique mais de représenter et d’interpréter
des réactions chimiques. Lémery explique les sensations au niveau macroscopique par
une forme particulière des particules. De même c’est la forme des particules qui
explique les propriétés chimiques des corps. Lémery imagine une représentation au
niveau microscopique mais, pour lui, il s’agit de découvrir une réalité cachée en se ser-
vant des perceptions au niveau macroscopique. Sa description n’a pas le caractère
hypothétique du modèle, tel que les scientifiques le conçoivent aujourd’hui. Lémery est
convaincu de décrire la réalité «on ne me contestera pas...».
Son modèle explique la «dissolution» des métaux dans les acides. Il pourrait être
utilisé pour d’autres «dissolutions». Celui de Descartes ne s’appliquait pas aux expé-
riences de Lémery, il avait un domaine de validité plus restreint.
Texte de Gaudin
Gaudin ne fait plus d’hypothèse sur la forme des molécules, il ne cherche pas à
expliquer pourquoi l’eau est liquide, ou pourquoi l’acide pique la langue, ou pourquoi
l’acide fait une effervescence sur les métaux. Sa question est comment est-il possible
d’imaginer au niveau microscopique les assemblages et réorganisations des particules,
afin de rendre compte de ce qui est observé expérimentalement au niveau macrosco-
pique.
3. L’OBSERVATION DE LA SÉANCE
Nous présentons ici la synthèse des observation faites sur quatre demi-classes ce
qui correspond à un effectif de cinquante-cinq élèves présents. Pour chaque texte le
déroulement est le même sur une demi-heure une lecture collective du texte permet de
s’assurer que tout le monde le comprend, ensuite par groupe de deux ou trois les élèves
répondent aux questions de la grille par écrit, font des dessins pour représenter le
modèle décrit dans le texte tel qu’ils le perçoivent. Ensuite une discussion collective est
organisée par l’enseignant pour confronter les différents points de vue.
Nous présentons dans le tableau 2 la synthèse des réactions des élèves rédigées en
petit groupe.
Comprennent le sens général des textes et reconnaissent qu’il s’agit d’imaginer la consti-
55 élèves
tution de la matière au niveau microscopique.
Jugent les textes difficiles. 13 élèves
Ne rentrent pas dans le jeu de la modélisation et se contentent de porter un jugement de va-
18 élèves
leur sur le degré de crédibilité des descriptions proposées.
Si les élèves sont surpris par cette activité ils se prennent très vite au jeu et lors de
la discussion les échanges sont étonnamment vifs et argumentés lorsqu’il s’agit de criti-
quer la validité des modèles de Descartes et de Lémery et de repérer s’il s’agit de trans-
formations chimiques ou non.
d’aspect, l’eau n’est plus pareille. Et puis si elles se resserraient [proposition d’un
élève pour expliquer le changement d’état] ça ferait pas éclater la bouteille ! Malgré
cet argument «imparable» le changement de forme des particules semble trop impro-
bable aux élèves qui vont finir par le rejeter. Cette question de la forme des particu-
les sera définitivement tranchée avec l’étude du texte de Lémery. Ils se demanderont
«mais alors pourquoi les particules s’accrochent ?».
w Dans le texte de Lémery la libération de gaz au cours de la réaction entre l’acide et le
métal est rapprochée par les élèves de l’action des acides sur le calcaire. Elle pose la
question de l’origine de ce gaz. Pour les élèves le gaz devait être déjà présent dans le
métal et le rôle de l’acide et de le libérer par dislocation du métal. Nous retrouvons là
la manifestation d’une conception erronée, rencontrée un mois plus tôt lorsqu’il
s’agissait d’expliquer la formation de gouttes d’eau lors du chauffage de l’hydroxyde
de cuivre préalablement séché en étuve.
Figure 2
Dans les deux cas les élèves n’imaginent pas la réaction chimique la formation de
particules nouvelles par réorganisation, mais comme la libération de micro-gouttes
d’eau ou micro-bulles de gaz emprisonnées dans une substance : la réaction chimique a
pour seul effet de les libérer de la structure dans laquelle elles étaient coincées.
Il est ici impossible de rapporter toutes les questions que vont poser et se poser les
élèves au cours de cette première partie de la séance. Si certaines avaient été prévues
d’autres ont révélé que des connaissances que l’enseignant pensait acquises sont tou-
jours en gestation chez les élèves. Par exemple la question de la distinction changement
d’état / transformation chimique dans le texte de Descartes ainsi que celle de la conser-
vation des éléments sont toujours en débat :
– Non, il n’y a qu’un seul élément, que l’eau soit gazeuse, liquide ou solide c’est tou-
jours le même élément.
– Moi je pense que c’est une réaction chimique parce que justement une réaction chi-
mique c’est la conservation des éléments.
– Dans une réaction chimique les éléments ils partent pas ils se transforment.
– Mais quand même, l’eau ça restera toujours de l’eau. Même si les parties se resser-
rent ou s’écartent ça change pas, on a toujours de l’eau.
Mais cette question du statut de l’élément et de son devenir dans une transforma-
tion chimique va rester récurrente pendant toute la séance et donnera lieu à de nom-
breux échanges.
C’est au cours d’échanges de ce type que peu à peu un des aspects de la modélisa-
tion se précise pour les élèves : le modèle n’est pas une description du réel au niveau
microscopique mais correspond à l’idée que l’on peut s’en faire à partir des transforma-
tions qui peuvent être observées au niveau macroscopique.
Comme nous l’avons déjà signalé, nous avions fait le choix de ne pas écrire
d’équations-bilan depuis le début de l’année. Aujourd’hui avec le travail qui leur est
proposé sur le texte de Gaudin, c’est la première fois que les élèves doivent écrire des
réactions chimiques. C’est une tâche difficile pour les élèves et il y en a peu qui la réus-
siront seuls. Le débat collectif portera sur qu’est-ce qui se conserve ? qu’est-ce qui est
modifié ? comment nommer différemment l’atome et la molécule (par exemple hydro-
gène et dihydrogène) ? que représentent les différents coefficients ? etc.
Il s’agit pour eux d’écrire d’abord ce qui se passe en utilisant le nom des corps qui
réagissent :
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Ce travail sera répété pour chacun des trois exemple fournis par Gaudin. Dans
cette écriture de l’équation-bilan des réactions chimiques en utilisant les symboles ico-
niques proposés par Gaudin, les élèves, seuls face à la tâche, ne sont que 16 sur 55 à la
réussir. Leurs difficultés nous paraissent de deux sortes :
– difficulté à utiliser des représentations iconiques (cercles) qui n’ont aucun rapport
avec un réel possible (ce n’était pas la cas avec les représentations de Descartes et
Lémery) ;
– difficulté à représenter des particules (molécules) correspondant à des concepts
macroscopiques mal maîtrisés (corps pur, élément), et désignés par des noms voisins
(hydrogène et dihydrogène).
Il ne s’agit pas seulement de circuler entre deux niveaux en se situant tantôt dans le
registre de la phénoménologie macroscopique et tantôt dans celui de la phénoméno-
logie microscopique. Il faut également concevoir que, dans ce dernier registre, il y a
deux niveaux d’organisation, d’une part celui de l’atome, particule qui n’existe pas à
l’état isolé, mais qui se conserve, et d’autre part celui de la molécule, particule caracté-
ristique du corps pur, dont les modifications représentent au niveau microscopique les
transformations macroscopiques des corps purs. La distinction entre ces deux concepts
du niveau microscopique et leur organisation dans un réseau avec les concepts de corps
pur et d’élément a représenté un véritable obstacle épistémologique pour les chimistes
du XIXe siècle. La séance se termine par une revue des questions qui ont posé problème
tout au long de la séance.
4. QUELQUES CONCLUSIONS
Cette séance avait pour objectif de faire travailler les élèves sur le statut de l’acti-
vité de modélisation lorsqu’il s’agit de représenter une transformation chimique. Face
au schéma de la modélisation ils devaient circuler constamment entre les deux niveaux,
macroscopique et microscopique, et surtout identifier à chaque fois le niveau où ils se
situaient :
w Les élèves arrivent à identifier la situation physique expérimentale de référence :
états de la matière, action des acides sur les métaux, réactions entre gaz (avec davan-
tage de difficultés car ces réactions leurs sont moins familières que les précédentes).
w Ils reconnaissent la nature des objets du réel auxquels ces textes font référence : l’eau,
l’air, les acides, les métaux, etc.
w Les objets du modèle sont également identifiés facilement dans le cas de la représen-
tation de Descartes et de celle de Lémery. Dans ces deux cas la distinction entre
objets du modèle et objets du réel est facilitée par le côté naïf des descriptions
(anguilles, pointes) des objets du modèle.
Dans le cas de Gaudin les objets du modèle (atome et molécule) ont un caractère
scientifique qui les rend plus crédibles aux yeux des élèves et qui facilite leur confu-
sion avec les objets du réel, tels que les élèves les imaginent. De plus, dans le cas de
la représentation de Gaudin, et à la différence de celles de Descartes et de Lémery,
ils ne sont pas amenés à faire fonctionner le modèle aux limites, celui-ci n’est pas
mis en situation d’échec, il n’est pas invalidé et peut donc être plus facilement assi-
milé à une description correcte du réel.
w La syntaxe théorique qui lie les objets du modèle, est perçue par l’ensemble des élè-
ves, spontanément dans le cas de Descartes et Lémery, car le texte la décrit. Pour le
modèle de Gaudin, elle est simplement suggérée par les dessins proposés dans le
document et les élèves doivent l’expliciter. La conservation des atomes en nombre et
en nature, pour ces exemples là, n’est pas mise en cause au cours de la séance.
Lorsqu’il s’agit de déconstruire des molécules pour en construire d’autres, les élèves
réussissent d’un point de vue «technique». C’est un meccano, il s’agit de modifier
l’arrangement des pièces. Mais le sens de ces opérations fait problème. Ce qui est en
jeu, c’est la nature des relations sémantiques, ce sont elles qui définissent le sens de
Au cours de cette séance les élèves n’ont pas synthétisé l’ensemble du schéma de
la modélisation tel que nous l’avons décrit dans l’analyse a priori de cette séquence,
mais ils ont découvert, à travers les trois textes étudiés, les caractères essentiels de cette
activité : capacité d’explication, caractère hypothétique et révisable, pas de lien direct
avec le réel, domaine de validité limité.
Plus que des réponses, les élèves ont construit des questions dont ils ne soupçon-
naient pas l’existence : comment représenter une transformation de la matière ? qu’est
ce qu’un modèle ? comment le chimiste choisit les objets du modèle ? en fonction de
quelles contraintes ?
REMERCIEMENTS
BIBLIOGRAPHIE
[9] EINSTEIN et ENFELD, L’évolution des idées en physique, Flammarion, Paris, réédi-
tion 1983, p. 34.
[10] F. HALBWACHS, «L’histoire de l’explication en physique» in L’explication dans
les sciences, Flammarion, Paris, (p. 77, 81), 1973.
[11] S. BACHELARD, «Quelques aspects historiques des notions de modèle et de justifi-
cation des modèles» in Delattre. Et M. THELLIER (Eds), Élaboration et justifica-
tion des modèles, Maloine, Paris, 1979.
[12] C. SOLOMONIDOU, Comment se représenter les substances et leurs interactions ?,
Thèse, Paris VII, 1991.
[13] H. PFUNDT, «The atom - the final link in the division process or the first building
block ?», in Chimical Didactica, 7, 75-94, 1981a.
[14] W. DE VOS et A. VERDONK, «A new road to reactions 1», Journal of chemical edu-
cation, 62 (3), 238-240, 1985a.
[15] W. DE VOS et A. VERDONK, «A new road to reactions 2», Journal of chemical edu-
cation, 62 (8), 648-649, 1985b.
[16] H. STAVRIDOU, Le concept de réaction chimique dans l’enseignement secondaire.
Étude des conceptions des élèves. Thèse, Paris VII, 1990.
[17] BEN ZVI, EYLON et SILBERSTEIN, «Student conceptions of gaz and solid. Difficulties
to function in a multi-atomic context», Paper presented in NARST conference,
1982.
[18] W. DE VOS et A. VERDONK, «A new road to reactions 4», Journal of Chemical Edu-
cation, 64 (8), 692-694, 1987.
[19] O. LEE, D. EICHINGER, C. ANDERSON and all., «Changing Middle Schoole Stu-
dents’Conceptions of Matter and Molecules». Journal of Research in Science
Teaching, 30, 3, 249-270, 1993.
[20] M. NAKHLED, «Why some students don’t learn chemistry ?», Journal of Chemical
Education, 69, 3, 191-196, 1992.
[21] M.-G. SÉRÉ, «Guider le raisonnement d’élèves de collège avec des modèles parti-
culaires de la matière», ASTER n° 14, INRP, Paris, 1992.
[22] M.-G. SÉRÉ, Les conceptions de l’état gazeux chez les enfants de 11 à 13 ans,
Thèse de doctorat d’état, Paris, 1985.
Annexe 1
Textes fournis aux élèves
«Je suppose premièrement que l’eau, la terre, l’air et tous les autres corps qui nous
environnent, sont composés de plusieurs petites parties de diverses figures4 et gros-
seurs, ...
En particulier, je suppose que les petites parties dont l’eau est composée sont lon-
gues, unies et glissantes, comme de petites anguilles, qui, quoi qu’elles se joignent et
s’entrelacent, ne se nouent ni ne s’accrochent jamais pour cela en telle façon qu’elle ne
puissent être aisément séparées. Au contraire, presque toutes celles, tant de la terre que
même de l’air, et de la plupart des autres corps, ont des figures fort irrégulières et iné-
gales, en sorte qu’elles ne peuvent être si peu entrelacées qu’elles ne s’accrochent et se
lient les unes aux autres, ainsi que font les diverses branches des arbrisseaux qui crois-
sent ensemble dans une haie ; et lorsque elles se lient en cette sorte elles composent des
corps durs comme de la terre, du bois ou autres semblables»
...Comme on ne peut pas mieux expliquer la nature d’une chose aussi cachée que
l’est celle d’un sel5, qu’en attribuant aux parties qui le composent des figures qui
répondent à tous les effets qu’il produit, je dirai que l’acidité d’une liqueur6 consiste
dans des particules de sel pointues lesquelles sont en agitation, et je ne crois pas qu’on
me conteste que l’acide7 n’ait des pointes puisque toutes les expériences le montrent ; il
ne faut que le goûter pour tomber dans ce sentiment, car il fait des picotements sur la
langue semblables, ou fort approchants, à ceux qu’on recevrait de quelque matière
taillée en pointes très fines...
...l’effervescence des alcalis8 avec les acides, peut faire raisonnablement conjectu-
rer que l’alcali est une matière composée de parties roides10 et cassantes, dont les
9
pores11 sont figurés de façon que les pointes acides y étant entrées, elles se brisent et
écartent tout ce qui s’oppose à leur mouvement, et selon que les parties qui composent
cette matière sont plus ou moins solides12, les acides trouvant plus ou moins de résis-
tance, ils font une plus forte ou une plus faible effervescence.
3. Texte de Gaudin
chimiste français - Annales de Chimie et de Physique. 1833. t. LII, p. 113
Au début du XIXe siècle, à la suite des travaux de l’anglais Dalton, les chimistes
admettent que la matière est formée de particules.
«Nous établirons donc une distinction bien tranchée entre les mots atome et molé-
cule, et cela avec d’autant plus de raison, que si jusqu’à ce jour on est pas parvenu aux
mêmes conclusions que moi, c’est uniquement faute d’avoir établi cette distinction.
Un atome sera pour nous un petit corps sphéroïde homogène, ou point matériel
essentiellement indivisible, tandis qu’une molécule sera un groupe isolé d’atomes, en
nombre quelconque et de nature quelconque.
Afin d’écarter les périphrases, et au lieu de dire une molécule composée d’un, de
deux, de trois, de quatre, ou de plusieurs atomes, nous ferons suivre le substantif molé-
cule de l’adjectif monoatomique, biatomique, triatomique, tétratomique, etc.».
Annexe 2
Grille d’analyse des textes fournie aux élèves
Quelle sont les réactions chimiques étudiées ? (préciser le nom des corps avant la réac-
tion et après la réaction).
Aujourd’hui en chimie désigne-t-on ces corps exactement de la même façon. Pourquoi ?
Représenter chacune de ces trois réactions à l’aide d’un dessin sur lequel vous ferez
apparaître quels sont les atomes qui interviennent, quelles sont les molécules.
Qu’est-ce qui se conserve ? Qu’est-ce qui est modifié ?
Quels sont les symboles utilisés pour représenter les différentes particules ?
Quelle différence faites-vous entre les particules de GAUDIN et celles de DESCARTES et
LÉMERY ?
Annexe 3
Fiche pédagogique fournie aux enseignants