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La philosophie et les relations internationales

Introduction :

La fin de la bipolarité et l’incertitude sur notre système international actuel ont


été les causes principales qui ont pousse les acteurs des RI à se remettre en
question, surtout entre positivistes radicaux ( s’efforce a observer le droit tel
qu’il est et non tel qu’il devrait être selon une norme)et philosophes. La science
politique discipline mère des RI peut laisser la philosophie s’exprimer elle aussi
loin des discours sociologistes dont elle regorge, cette dernière a son mot à dire
concernant les mutations internationales et inspire les théoriciens en exerçant
une double fonction qui est de :

1- Clarifier les fondations des théories


2- Orienter la pensée selon les évolutions du contexte international.

Problématique : Comment la philosophie a été développée au fil des siècles ?

I. Relations internationales et philosophie : quête de la légitimité


scientifique
A- L’époque de la certitude positiviste

Le positivisme est associé à une ontologie tributaire du réalisme qui se


concentre sur la réalité des faits empiriques, indépendamment de notre
conscience à leur sujet. Les concepts scientifiques correspondent à des réalités
factuelles. Le but de l’explication en sciences sociales est identique à celui
poursuivi par les sciences naturelles : rechercher des lois invariantes qui
prennent en compte les éléments trouvés dans de nombreuses populations de
cas individuels. Ces explications sont liées à la démarche expérimentale et à
l’analyse quantitative avec des variables statistiquement définies. Le
positivisme s’oppose aussi au postmodernisme. En effet, selon le positivisme, le
monde existe objectivement et les images dans l’esprit de l’homme
représentent la réalité à travers l’observation. Le postmodernisme rejette cette
conception des images comme référents réels. Le monde est textuel, créé par
un entrelacement du discours et du texte. Cela veut-il dire que le
postmodernisme résorbe toutes les béances du positivisme ? Non, bien sûr. Il
n’est pas mieux informé pour offrir une analyse acceptable de la manière dont
les hommes construisent activement un pont entre le signe et le référent, entre
la réalité et la théorie. Ce qui a pour conséquence une oscillation entre une
multiplicité d’agents et une diversité de structures. Ni le positivisme, ni le
postmodernisme n’essaient d’étudier ou de décrypter les luttes humaines afin
de construire leurs relations interactives d’une part, et leurs coexistences avec
la nature d’autre part, via la standardisation des signes, des normes et des
règles. De tels manquements rendent difficile la théorisation, dans la vie
humaine, des régularités qui résultent de l’activité de l’usage des règles

B- Le positivisme n’est plus synonyme de science

Le constructivisme en relations internationales a combiné une épistémologie


positiviste- la réalité existe et un chercheur peut l’étudier- avec une ontologie
post-positiviste- cette réalité n’est ni objective, ni subjective, mais
intersubjective (elle est constituée et reconstituée, formée et transformée, à
travers les actions et interactions des agents ; elle est ce que les croyances
partagées des acteurs en font). Cette approche propose une nouvelle lecture
des relations internationales, comme cela a été souligné par Stephen Walt :
« Alors que le réalisme et le libéralisme tendent à se concentrer sur les facteurs
matériels tels que la puissance et le commerce, les […] constructivistes
soulignent l’impact des idées […] considèrent les intérêts et les identités
comme des produits extrêmement malléables de processus historiques
spécifiques1. Alexander Wendt est un des grands contributeurs à l’approche
constructiviste en relations internationales. Son article « Anarchy is What State
makes of It » a donné un coup de fouet à la perspective constructiviste.

II. Quête du graal (théorie de changement)


A. Le sens de l’histoire

La Théorie critique est loin d’être un corpus théorique figé, elle n’a eu de cesse
de se reformuler, de se confronter à son temps mais aussi à d’autres théories,
en s’en distinguant ou en puisant abondamment dans ces dernières. On peut
même dire que c’est un des courants de pensée issus du siècle passé qui a le
plus montré sa capacité à la remise en cause, aux déplacements, aux

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reformulations, et à l’autocritique. La Théorie critique n’est pas une théorie
fermée, mais ouverte sur l’histoire, ancrée dans le présent et tournée vers
l’avenir ; en ce sens, poser la question de son avenir est presque contradictoire
puisqu’elle accueille l’avenir, en elle-même, dans sa conceptualisation même.
C’est une théorie dialectique, en mouvement et en tension constante avec la
pratique ; elle est inscrite dans l’Histoire et se transforme avec l’Histoire. L’idée
qu’il puisse exister une théorie figée, intemporelle ou hors de l’histoire est
antithétique avec l’idée même de la Théorie critique. Et c’est par ce projet
consistant à être en prise avec l’histoire que la recherche sociale, comme
moyen de mise à jour constante de la conceptualisation au vu des pratiques
effectives et des obstacles à l’émancipation, est constitutive même de la
Théorie critique. Sans ce lien entre philosophie et recherche sociologique, c’est
une dimension essentielle de la Théorie critique qui disparaît. Or, il n’est pas
certain, au vu de l’organisation actuelle de la recherche et du système
académique, que les conditions soient réunies pour mener à bien un tel projet,
à l’heure de la fragmentation disciplinaire, de l’instrumentalisation de la
recherche, de la coupure croissante entre philosophie et sociologie. L’avenir de
la Théorie critique dépendra de la manière dont la génération actuelle et les
générations futures de chercheurs qui s’en réclament parviendront à analyser
leur époque, à interpréter les pratiques et les tendances de leur société, à
développer sans relâche de nouvelles conceptualisations. Cela dépendra de
leur capacité à développer une théorie émancipatrice en prise avec des
pratiques effectives, d’établir des diagnostics nourris par la recherche
empirique, et développer de conceptualisations adéquates rendant compte des
processus sociaux et économiques renforçant la réification et la domination.
B- La question de la morale internationale
La naissance de la discipline peut être associée à la période de l’entre-deux-
guerres alors que le premier débat entre idéalistes et réalistes est en cours.
Même s’il arrive que l’existence historique de ce débat soit parfois mise en
cause, sa valeur académique pour situer le contexte d’émergence du champ
des RI est rarement remise en question (Wilson 1998). Il a en effet contribué à
délimiter les contours d’une discipline naissante en se posant comme mythe
fondateur à l’aube du 20e siècle, l’utopisme gouverne la discipline. Cependant,
malgré le wilsonisme et les efforts mis en œuvre pour mettre sur pied des
institutions qui permettraient d’éviter la recrudescence de guerres, les
événements auront eu raison de l’optimisme partagé qualifié d’utopiste. Les
utopistes sont ceux qui ont «toute opinion selon laquelle un changement
radical peut être provoqué dans le système international par une série de choix
politiques » et qui sont persuadés de notre capacité à influencer le cours des
événements. La possibilité de progrès est au centre de l’histoire de la discipline
des RI et de ses écoles de pensée fait toutefois l’objet de controverse et l’on
soupçonne souvent le champ de souffrir de présentéisme. Néanmoins, si l’on
veut concéder qu’il existe une forme de moralité chez les réalistes, il faut
reconnaître que celle-ci est étroitement liée à Morgenthau qui affirme
néanmoins un certain relativisme temporel et culturel , lorsque certains
principes sont applicables à une période de l'histoire et non applicables à une
autre période de l'histoire, et c'est un relativisme en termes de culture (...) en
ce sens certains principes sont respectés par certaines nations, par certaines
civilisations politiques, et ne sont pas respectés par d'autres» .Par exemple,
Machiavel est parfois vu comme le conseiller des tyrans et parfois comme le
prophète du républicanisme et du nationalisme. L’héritage moral réaliste ne se
retrouve pas dans la volonté d’atteindre un absolu moral qui dépasserait les
États, mais bien dans un absolu moral qui vise la préservation d’États. À juste
titre, Giesen souligne que la prudence ou l’éthique de la responsabilité
constitue l’élément normatif commun des penseurs réalistes. Cela implique
que les décisions morales doivent être prises selon les circonstances d’un
univers caractérisé par la volonté de puissance d’États. À ce chapitre, tout autre
objectif moral ou décision éthique devrait être subordonné à cette nécessité.
La moralité d’État est une conception de la moralité qui permet aux entités
étatiques de développer leur autonomie, dans les limites et le respect des
autres États. Dans un premier temps, il faut se rappeler que les réalistes ont
une vision pessimiste de la nature humaine et ils ne croient pas que celle-ci
puisse s’améliorer. Pour Machiavel, l’État est un outil incontournable dont le
rôle est de catalyser la nature égoïste de l’homme vers des « buts sociaux
désirables » . Sa légitimité repose sur sa capacité à mettre fin à la « guerre de
tous contre tous » et à empêcher les hommes de s’entre-détruire. De ce point
de vue, la survie de l’État est moralement défendable puisqu’en fin de compte,
elle assure l’ordre chez Machiavel et assure la préservation de l’individu chez
Hobbes. Quoi qu’il en soit, la préservation de l’État devient une nécessité.
Comme le souligne Donnelly «quand nous regardons de plus près, nous
constatons que les appels réalistes à l'intérêt national impliquent souvent un
appel implicite à une certaine position morale des États.» Treitschke va dans le
même sens la préservation du principe de souveraineté est garante de la justice
et s’établit : 1) entre les États qui se voient contraints de respecter une forme
territoriale et de limiter leur volonté de puissance; 2) à l’intérieur des frontières
de l’État qui est ainsi libre de délimiter les paramètres de sa conception de la
justice et de la vie bonne sur son territoire. Ainsi, cette conception de la
souveraineté n’exclut pas l’existence de la moralité dans la pensée réaliste,
mais la circonscrit plutôt à l’intérieur du cadre étatique. Cette division fait dire
à Morgenthau qu’il y a une «différence dans les principes moraux qui
s'appliquent au citoyen privé dans ses relations avec les autres citoyens privés
et à la personnalité publique dans ses relations avec d'autres personnalités
publiques» (Morgenthau 1948). L’existence d’une telle forme de justice
délimitée par le concept de souveraineté participe à renforcer la différence
dans le traitement entre les citoyens et des non-citoyens de la part des
décideurs politiques. Gilpin souligne cette caractéristique de la pensée réaliste
qui est pessimiste quant à la possibilité de « progrès moral » et de «
perfectibilité humaine » lorsqu’il affirme que «L'État est en soi une force
éthique et un bien moral élevé». Dès lors, et aussi paradoxal que cela puisse
paraître, ce bien moral peut être préservé par tous les moyens, qu’ils soient
moraux ou immoraux. La conception de la moralité d’États convient
parfaitement bien à l’identification de l’État comme bien moral intrinsèque. La
nécessité de prélever l’État suppose qu’un choix moral a déjà été fait en faveur
de l’auto préservation de la collectivité politique. Cela ne signifie pas pour
autant qu’il n’existe pas de limites à la préservation de l’État, mais plutôt que
celles-ci ne sont pas clairement définies. Cependant, dans la pensée réaliste, les
comportements sont réglés de manière à ce que les États agissent de façon à
préserver cet ordre qui assure leur survie en tant qu’entité morale par
l’intermédiaire de la souveraineté .Il découle de cette conception de la moralité
une nécessité de préserver le principe d’égale souveraineté qui s’établit : 1)
entre les États qui se voient contraints de respecter une forme territoriale et de
limiter leur volonté de puissance; 2) à l’intérieur des frontières de l’État qui est
ainsi libre de délimiter les paramètres de sa conception de la justice et de la vie
bonne sur son territoire.

Hamidi Yassine

Zakaria Lembarki

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