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INTRODUCTION
La méthode du coût complet « méthode des centres d'analyse » favorise la détermination d'un
prix normal ou satisfaisant. De même, elle permet d'apprécier la performance de chaque
produit, activité ou prestation dans la performance globale de l'entité.
1. Principe de la méthode
La méthode des centres d’analyse est la méthode traditionnelle française. Développée dans les
années 1920 pour des produits industriels, elle a été formalisée pour la première fois par
Emile Rimailho en 1927, sous la méthode des sections homogènes.
La méthode repose sur une affectation progressive des charges indirectes sur les objets de
couts : Les couts des centres auxiliaires sont d’abord déversés sur les autres centres, ceux
auxquels ils rendent service ; les couts des centres principaux (ainsi augmentés des charges
des centres auxiliaires) sont ensuite imputés aux produits (objets de cout).
Pour effectuer le traitement des charges indirectes, l’entreprise est divisée en centres
d’analyse, qui correspondent généralement à son organisation fonctionnelle.
Exemple : La société Electre a identifié six centres d’analyse : approvisionnement, études et
ordonnancement, atelier usinage, atelier montage, commercialisation et administration. On
remarque que la fonction production, qui comporte des activités très diverses, a été subdivisée
en trois centres d’analyse.
Un centre d’analyse est défini comme « une division de l’entreprise où sont répartis des
éléments de charges indirectes préalablement à leur imputation aux couts des produits
intéressés ».
Les centres d'analyse correspondent en quelque sorte aux fonctions ou sous-fonctions repérées
au sein de l'organisation, par exemple fonction approvisionnement, production . . . Laissé à la
discrétion de l'analyste, le nombre de centres n'est pas figé, il dépend de la complexité de
l'organisation et du besoin en information.
Une unité de P1 consomme deux fois plus d’activité d’usinage mais 20 fois moins d’activité
de réglage. Le principe d’homogénéité n’est pas respecté. Par conséquent l’atelier usinage ne
peut pas être considéré comme un centre d’analyse pertinent pour la détermination du cout de
produits. Il doit être subdivisé en une section usinage et une section réglage.
La répartition primaire
Les charges indirectes retenues en comptabilité de gestion sont ventilées dans les centres
quelle que soit leur nature (centres auxiliaires et centres principaux).
La répartition secondaire
La répartition secondaire consiste à « vider » les centres auxiliaires, prestataires, dans les
autres centres bénéficiaires, les centres principaux.
Il s'agit de répartir le total de la répartition primaire de chaque centre auxiliaire entre les
différents centres auxquels il a fourni des prestations.
Déchets et rebus
Les déchets et les rebuts constituent des produits résiduels. Les déchets sont des résidus de
matière provenant de la fabrication, par exemple les chutes de papier lors de la fabrication de
cahiers, alors que les rebuts sont des produits finis impropres à la vente ou à l'usage prévu, par
exemple, une pièce en acier qui présente un défaut de fabrication.
Le traitement des déchets et des rebuts a une incidence sur le coût des produits selon qu'ils
sont ou non vendables :
- Si les déchets et rebuts sont non vendables, leur évacuation entraîne des frais qui vont être
imputés au coût de production du produit qui les a générés.
- Si les déchets sont vendables, ils sont évalués à partir du prix de marché (ou de la valeur
probable de réalisation s'il n'existe pas de marché) sous déduction d'une décote représentant
des frais de distribution ou une marge. Cette valeur, forfaitaire ainsi obtenue, vient en
diminution du coût de production du produit fini.
Les encours
Ce sont des produits qui n'ont pas atteint un stade final d'achèvement à la fin de la période
considérée. Ce sont des produits inachevés, qui ne sont ni vendables, ni utilisables en l'état où
ils se trouvent en fin de période. Il ne s'agit pas de produits intermédiaires, car ces derniers ont
atteint un stade final d'achèvement et vont entrer dans un nouveau cycle de production.
Ces encours ont consommé des matières premières, un certain montant de main-d'oeuvre
directe et d'autres frais. Ils vont avoir une incidence sur la détermination du coût de
production des produits terminés au cours de la période. En effet, les charges de production de
la période ne correspondent pas aux coûts de production des produits terminés, ces charges
permettent de terminer les encours en début de période (les encours initiaux), de commencer
et de finir des produits pendant la période et d'en commencer en fin de période (les encours
finaux) que l'on terminera à la période de calcul suivante.
Les sous-produits
Les sous-produits sont des produits secondaires obtenus au cours de la fabrication du produit
principal, objet de la production. Ils sont différents des déchets car ils peuvent être fabriqués
par d'autres entreprises à titre principal. Par exemple, le goudron obtenu lors du raffinage du
pétrole, lors de la production des carburants, peut être fabriqué comme produit principal par
d'autres entreprises.
Ainsi dans l'atelier principal où sont produits conjointement le produit principal et le sous-
produit, il convient de différencier les charges de chacun afin de minimiser le coût de
production du produit principal.
Les couts hors production
Les coûts hors production concernent principalement le coût de distribution. Toutefois, selon
l'analyste, le coût d'administration générale peut y être intégré.
Les frais de distribution concernent les emballages, fournitures administratives liées à la
vente, sous-traitance, livraison, entretien des locaux commerciaux, publicité, frais de
transport, frais de personnel, intérêts sur emprunts liés aux investissements commerciaux et
l'amortissement des immobilisations du service commercial.
Le coût de revient peut être défini comme un cumul de charges. Il s'agit du coût obtenu à la
fin du cycle d'exploitation, distribution incluse.
Le coût de revient = le coût de production + les coûts hors production.
Ainsi le résultat analytique est la différence entre le chiffre d'affaires et le coût de revient. Il
permet de mesurer la performance de chaque produit, activité ou service dans la performance
globale de l'entité.
« Dans le calcul d’un coût "complet ”, la totalité des charges indirectes est analysée : celles
qui ne sont pas affectées aux centres sont “ réparties ” entre les centres d’analyse selon une “
clé de répartition ” puis, après cession éventuelle de prestations entre centres dont certaines
font l’objet d’une répartition, “ imputées ” aux coûts recherchés selon une “ clé d’imputation
”. La précision des coûts ainsi obtenus dépend du degré de corrélation qui existe entre les
valeurs à répartir ou à imputer et les facteurs de répartition ou d’imputation retenus.
[…]
Il apparaît ainsi que les coûts calculés ne peuvent être que des coûts approximatifs à tous les
stades de calcul, des coûts conventionnels […].
Cependant, certains impératifs de gestion imposent ces calculs de coûts approximatifs et
conventionnels. »
PCG 1982
Le modèle des centres d’analyse, tel qu’il est appliqué, comporte un certain nombre
d’insuffisances ou d’inadaptations qui mettent en cause la vérité et la pertinence des coûts
calculés.
3.3.1. Le poids des charges indirectes
L’automatisation de la production, le développement des fonctions de support telles que la
logistique, la gestion de la qualité, la recherche développement ont pour effet d’accroître le
poids des charges indirectes dans les coûts de revient des produits (voir schéma page
suivante1). Or, nous avons vu que c’est sur la procédure d’attribution des charges indirectes
que les gestionnaires ont le plus d’incertitudes.
3.3.2. L’hétérogénéité des coûts dans les centres d’analyse
– l’unité d’œuvre retenue ne permet pas une imputation réaliste des coûts de contrôle ;
– elle risque d’attribuer aux accessoires des coûts d’emballage qui reviennent aux tuiles. On
dit alors que les accessoires subventionnent les tuiles.
De plus, du fait du développement des fonctions de support, le poids des sections auxiliaires
s’accroît. Ainsi, les sections principales reçoivent des coûts non homogènes des sections
auxiliaires qui seront eux-mêmes imputés aux produits en fonction d’une unité d’œuvre
unique.
L’hétérogénéité des coûts dans les centres d’analyse génère une inexactitude des coûts de
revient calculés, comportant le risque de décisions de gestion inappropriées.
3.3.3. L’absence de pertinence des unités d’œuvre
Les unités d’œuvre retenues, telles que l’heure de main-d’œuvre directe, l’heure machine ou
l’unité de matière consommée sont relatives à un facteur de production, une ressource
consommée. Or, les centres d’analyse regroupent des coûts dont la relation est faible avec ce
type d’unité d’œuvre. le coût de l’unité d’œuvre « heure de main-d’œuvre directe » de 18,46 €
de l’atelier moulage comporte les amortissements des machines, des coûts de maintenance, de
stockage ou encore de consommation d’énergie. Cette valeur de 18,46 € ne constitue pas un
indicateur pertinent pour les opérationnels de l’atelier car elle ne leur permet pas d’expliquer
le coût du centre d’analyse. Au contraire, elle focalise l’attention sur la productivité de la
main-d’oeuvre– selon le modèle taylorien – au détriment d’autres explications.
Le gestionnaire peut choisir de recourir à un autre modèle de calcul des coûts qui réponde
mieux au problème des charges indirectes. Le modèle de calcul des coûts à base d’activités.
En outre, en fonction du type de décision de gestion, il peut déterminer d’autres coûts, tels que
les coûts d’imputation rationnelle ou les coûts partiels (coût variable, direct, spécifique),
mieux adaptés que les coûts complets.