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BA N QUES

D I G I TA L & C AP I TAL HUMAI N ,


S ÉSA M ES D E L’EXC ELLEN C E R ELATIONNE L L E
www.wavestone.com

Wavestone est un cabinet de conseil, issu du rapprochement de Solucom et des activités européennes de Kurt
Salmon (hors consulting dans les secteurs retail & consumer goods en dehors de France).
La mission de Wavestone est d’éclairer et guider ses clients dans leurs décisions les plus stratégiques en s’appuyant
sur une triple expertise fonctionnelle, sectorielle et technologique.
Fort de 2 500 collaborateurs présents sur 4 continents, le cabinet figure parmi les leaders indépendants du conseil
en Europe et constitue le 1er cabinet de conseil indépendant en France.

2
ÉDITO

Les professions où le conseil représente fonctionnement des start-ups, les banques


une forte valeur ajoutée (expertise comp- ont toutes les clés en main pour réussir leur
table, avocats, banques…) semblaient transformation digitale…
jusqu’alors épargnées par les effets de
Un mouvement d’envergure qu’il convient
l’ubérisation, conservant le monopole de
d’accompagner de la meilleure façon, au
la relation-client. Une époque aujourd’hui
plus près du terrain.
révolue avec l’arrivée d’acteurs 100% digi-
taux, de We Claim pour les métiers juri- Nous avons réuni une vingtaine de profes-
diques à Yomoni dans le domaine bancaire. sionnels issus de la majorité des enseignes
Cette révolution numérique bouleverse les bancaires (Banque Populaire, BNP Paribas,
comportements-clients et les modes de Caisse d’Épargne, Crédit Agricole, La
consommation dans un contexte de forte Banque Postale, Société Générale) autour
pression sur les marges. de la transformation digitale de la relation
entre le client et sa banque. Une réflexion
Pour mieux comprendre ces évolutions,
ensuite nourrie par les témoignages de
Wavestone, en partenariat avec l’insti-
nos clients (Philippe Poirot – BPCE ; Eric
tut de sondage Opinion Way, a interrogé
Campos – Crédit Agricole ; Xavier Berbain
2000 Français durant l’année 2015 sur leur
- Société Générale) et d’Olivier Goy,
rapport aux banques à l’ère du digital. Des
Président de Lendix, à retrouver dans cet
résultats aux allures d’avertissement pour
ouvrage. Cette publication est également
les banques traditionnelles, qui soulignent
le fruit des travaux que Wavestone mène
la nécessité d’une réaction urgente.
sur cette transformation.
Face à un « consom’acteur » toujours plus
Bonne lecture !
connecté et à un paysage concurrentiel
bouleversé, les banques s’interrogent sur
les orientations à prendre pour répondre
aux enjeux de demain : comment propo-
ser une expérience-client à la hauteur des
attentes des nouveaux consommateurs ?
Quelles conditions sont nécessaires pour
faire du digital un levier de performance ?
Quelle place va jouer le conseiller de
demain ?

Nos convictions ? En exploitant davan-


tage la richesse des données-client, en
digitalisant les processus, en valorisant
l’agence et en s’inspirant des modes de

LOÏC CARPENTIER,
Directeur associé Wavestone

3
AUTEURS

EMMANUEL ARNAUDIN LOïC CARPENTIER


Avec près de 20 ans d’expérience dans Spécialiste de la banque de détail,
le conseil, Emmanuel Arnaudin mène Loïc Carpentier intègre Trend
des projets autour de la transformation Consultants en 2000 et en devient
digitale au sein des grands comptes associé en 2006. Suite à l’acquisition
(cadrage et mise en œuvre de nouvelles de Trend Consultants par Wavestone
offres et de nouvelles stratégies relation- en 2014, il devient directeur associé et
nelles, création de structures d’innova- membre du comité de direction du cabi-
tion, conduite de schémas directeurs net Wavestone, dont il rejoint le terrain
SI). Il est senior manager (Financial d’excellence Financial services.
services).
loic.carpentier@wavestone.com
emmanuel.arnaudin@wavestone.com

JEAN-MARC MULLER OLIVIER SCHMITT


Doté de 20 ans d’expérience, dont 10 Initialement consultant dans le milieu
dans le conseil auprès des banques, industriel, il opte dès les années 80 pour
Jean-Marc Muller accompagne les le conseil à destination du tertiaire finan-
clients du cabinet sur des projets de cier. Il fonde Trend Consultants, spécia-
transformation de la relation-client et lisé dans le conseil dans le secteur de
des dispositifs de distribution. Senior la banque en 1986. Suite à l’acquisition
manager, il est spécialiste de la distribu- de Trend Consultants par Wavestone
tion bancaire et de la performance des en 2014, il devient directeur associé et
réseaux bancaires. membre du comité de direction du cabi-
net Wavestone (Financial services).
jean-marc.muller@wavestone.com olivier.schmitt@wavestone.com

4
SOMMAIRE

06

L’avènement du « consom’acteur »

10 L es banques traditionnelles bouleversées


par leur univers concurrentiel

18 La valorisation de la donnée :
clé d’une relation solide et durable

24 Vers une expérience omnicanale maîtrisée

30 L e
digital, un booster pour répondre
aux 3 enjeux majeurs des agences

34 Quel conseiller demain ?

40 B anques : réussissez votre transformation digitale !

5
L’AVÈNEMENT DU
« CONSOM’ACTEUR »

Derrière le néologisme « consom’acteur », se cache une réalité nouvelle, celle d’un


client bancaire maître de son parcours, qui peut comparer, questionner, choisir, ache-
ter de façon autonome et à distance, grâce aux ressources offertes par le digital. Une
nouvelle donne qui modifie le champ des possibles et impacte l’ensemble des secteurs
d’activité. Face à des clients hyper-connectés 1 et suréquipés 2 , les enseignes bancaires
traditionnelles voient leur business models et leur relation-client se transformer.

6
1 .1 . LE N UMÉRIQUE : PREMIER Une volatilité amplifiée par l’arrivée
de nouveaux entrants
CATA LYS EUR DE L’ÉVOLUTION
Selon l’enquête Wavestone-Opinion Way,
DES COM P O RTEM ENTS-CLIENTS
1 Français sur 4 a envisagé de quitter sa
Le développement des supports mobiles, banque au cours des 12 derniers mois.3 Les
des réseaux sociaux et des technologies du principaux facteurs d’abandon ? Le prix et
numérique ont en effet des impacts sur l’ac- la qualité. Une volatilité qui prend encore un
cès à l’information, les modes de communi- peu plus de relief, lorsque l’on constate que
cation et la façon de consommer la banque. près de la moitié des clients voit d’un bon
œil l’arrivée de nouveaux acteurs et que
Le e-commerce leader et influenceur 2/3 des répondants jugent positivement
en expérience-utilisateur le développement de banques 100% digi-
Les consommateurs attendent que leur tales. Si l’on se penche sur les améliorations
banque soit à l’image des entreprises-stars attendues, nous observons que les clients
du web : expérience fluide, contenu compré- souffrent d’un déficit d’attention de la part
hensible par tous, accès facilité et relation de leur banquier. Les banques doivent
personnalisée. Ils souhaitent retrouver ces remettre le client au centre de leurs préoc-
principes sur l’ensemble des canaux d’inte- cupations et progresser en premier lieu,
ractions liés à leur banque. Les sites Internet pour 83% des Français, sur la valorisation
des enseignes doivent aujourd’hui être de la fidélité. Nul doute que le web joue un
configurables, en fonction des usages et rôle d’accélérateur de la volatilité, qu’il soit
de la personnalité des utilisateurs, intuitifs, le déclencheur via les comparateurs, l’ins-
conçus pour répondre aux mêmes normes tigateur par les commentaires postés sur
et logiques que les sites de e-commerce les réseaux sociaux, le moteur en raison du
grand public actualisés en permanence. faible coût des services bancaires proposés
par les pure players ou le facilitateur par
la possibilité d’ouvrir un compte en ligne.

82% des Français passent en moyenne, tous motifs confondus, 17 heures par semaine sur le web. (Source : Etude CREDOC,
1

Diffusion des TIC chez les Français, 2014)


Si l’équipement en micro-ordinateur a tendance à stagner, les supports mobiles en revanche progressent sensiblement
2

avec 29% de Français équipés en tablette (+ 12 points en 1 an) et 46% en smartphone (+ 7 points en 1 an). (Source : Etude
CREDOC, Diffusion des TIC chez les Français, 2014).
Sauf mention contraire et à l’exception des témoignages, tous les chiffres utlisés dans cette Synthèse proviennent de l’en-
3

quête Wavestone - Opinion Way.

7
Des canaux online omniprésents Le paradoxe de l’agence bancaire
dans la relation bancaire
Si la fréquentation des points de vente dimi-
Les canaux online (site web, application nue, le client reste néanmoins très attaché à
mobile de l’enseigne) poursuivent leur son agence : près d’un Français sur deux se
montée en puissance et les qualités mises dit prêt à changer de banque si l’agence à
en avant par les clients sont assez complé- proximité de son domicile venait à fermer.
mentaires de celles de l’agence : autonomie, Cela confirme le caractère fidélisant de ce
facilité d’usage, rapidité… Après avoir cou- canal. Des attraits qui ne laissent pas non
vert dans un 1er temps des activités à faible plus insensibles les clients des banques en
valeur ajoutée dans le domaine de l’après- ligne, dont 55% d’entre eux aimeraient que
vente, comme les virements, ces canaux se leur banque se dote d’une agence ou d’un
sont positionnés sur les activités d’avant- relais près de chez eux.
vente telles que la simulation de prêt ou
Mais la proximité géographique ne suffit
l’élaboration de budget. Avec aujourd’hui
plus : les clients attendent encore plus.
la possibilité de souscrire à des produits en
L’heure est à la flexibilité, avec des horaires
ligne, ce sont les activités de vente elles-
d’ouverture étendus (souhaités par 51% des
mêmes qui sont concernées par le phéno-
Français), la mise en place de supports
mène. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
digitaux (borne d’accueil, tablette…) et
//  5 % des clients réalisent des simu-
2 la possibilité de rencontrer son conseiller
lations sur Internet avant de prendre sans rendez-vous, souhaitée par la moitié
contact avec leur banque de l’échantillon interrogé.

//  3% utilisent l’application mobile de


3 Être conseillé et orienté :
leur banque les rôles attendus du canal physique
Devançant Internet, le conseiller est tou-
Certains experts estiment que 25% des pro-
jours considéré comme la première source
duits bancaires pourraient être souscrits en
d’information sur les produits bancaires.
ligne d’ici 2 ans.
Les clients attendent une très forte valeur
ajoutée de l’échange lorsqu’ils se rendent
1 . 2 . DES CLIEN TS CO NNECTÉS en agence, alors que pour les relations au
M A IS TO UJO UR S ATTACHÉS quotidien, ils sont prêts à échanger avec
À UNE R ELAT IO N DE PROXIMITÉ leur conseiller par SMS (50%) et par web
conférence (25%).
Néanmoins, si l’autonomie offerte par les
canaux digitaux est largement plébisci- Face à des clients plus avertis et à une
tée, les clients restent attachés au contact palette d’offres toujours plus étendue, la
« humain » et à la proximité. L’accès à une question de la spécialisation des conseil-
agence ou un conseiller reste une attente lers est devenue légitime. Mais pour l’heure,
majeure. 73% des Français préfèrent disposer d’un
conseiller généraliste plutôt que d’avoir
accès à une équipe d’experts.

8
Quant à l’initiative de la prise de contact, Français restent attachés à leur conseiller
près de 3 Français sur 4 souhaitent contac- bancaire, ils n’en expriment pas moins le
ter d’eux-mêmes leur conseiller, lorsqu’ils souhait d’être encore plus acteurs de cette
en ont besoin, plutôt que d’être sollici- relation client-conseiller.
tés régulièrement par leur banque. Si les

1 . 3 . MO IN S DE 35 ANS :
18 / 34 ans 35 ans et +
LE N OUVEAU V ISAGE DE LA CLIENTÈLE BANCAIRE *
DES JEUNES PLUS SENSIBLES AU DIGITAL QU’À LA PROXIMITÉ

Êtes-vous Possibilité d’effectuer ses opérations soi-même 45% 41%


sensible à la… Proximité de l’agence bancaire 39%
32%

DES JEUNES PLUS CRITIQUES SUR LE NIVEAU DE MATURITÉ DIGITALE DE LEUR BANQUE
MAIS CONFIANTS DANS SA CAPACITÉ À ÉVOLUER

Selon vous, À la pointe des nouvelles technologies 63% 70%


les banques sont... Capables de se réinventer 46%
50%

DES JEUNES ENCORE PLUS OUVERTS QUE LEURS AINÉS À L’ARRIVÉE DE NOUVEAUX ENTRANTS

Souhaiteriez-vous Banques 100% en ligne 66% 59%


le développement de... Nouveaux acteurs (GAFA, acteurs de la grande distribution…) 45%
50%

DES JEUNES PLUS MOBILES MAIS PAS FORCÉMENT MOINS UTILISATEURS DU PHYSIQUE

Selon vous, à l’avenir Vont plus utiliser le smartphone 33% 17%


les utilisateurs... Vont moins en agence 41%
39%

LE CHAT DOIT FAIRE PARTIE DES OUTILS DE COMMUNICATION DE DEMAIN


Pour échanger avec votre banque, Web-conférence 28% 23%
seriez-vous intéressés
par le développement de... Chat 43% 25%

* Pourcentage des sondés ayant répondu positivement à la question.

9
LES BANQUES TRADITIONNELLES
BOULEVERSÉES PAR LEUR UNIVERS CONCURRENTIEL

À l’heure du 2 .0, le client n’a jamais été aussi prêt de céder aux sirènes des nouveaux
acteurs du marché bancaire. Une concurrence favorisée notamment par un assouplis -
sement des barrières réglementaires. Le phénomène a commencé avec l’ouverture du
marché des paiements en 2009, suivi ensuite par la directive sur les établissements
de monnaie électronique en 2013 et plus récemment, par l’ordonnance de mai 2014
sur le financement participatif ou crowdlending. Des géants du web rassemblés sous
l’acronyme GAFA aux plus discrètes FinTech, jusqu’alors peu prises au sérieux par
les acteurs bancaires traditionnels, le paysage concurrentiel des enseignes s’élargit
et c h a q u e b r è c h e p e rc é e l a i s s e e nt revo i r u n e n o u ve l l e m e n a ce. Fa ce à l ’ u rg e n ce,
la riposte des enseignes prend forme.

10
2 .1 . GA FA  : données, leur cible réelle, qui leur permet-
tront de personnaliser davantage l’expé-
LA DO N N ÉE EN LI GNE DE MIRE
rience-client, de développer le cross-sel-
L’influence des GAFA – Google, Amazon, ling et les activités génératrices de revenus
Facebook, Apple - dans l’économie et dans sur lesquelles ils sont imbattables. Ils trans-
notre quotidien ne cesse de croître. La valo- posent ainsi leur vision customer-centric,
risation boursière de ces 4 géants est supé- qui fait leur force, aux métiers de la banque.
rieure à celle de l’intégralité du CAC 40 et,
selon l’étude Fabernovel Gafanomics, ils
2 . 2 . FINT EC H  : DE N OU V E AUX
détiennent 55% de notre parcours digi-
tal à travers les différentes applications,
STANDARDS E N T E R ME S D’ E X P É -
sites web, devices… Dans cette conquête RIENCE-C L I E N T
des métiers de la banque, les moyens de Aujourd’hui les FinTech, ces start-ups qui
paiement représentent pour ces géants du combinent finance et technologie, font le
web le point d’entrée idéal, concentrant une buzz. Un phénomène qui n’est pas nou-
part importante des revenus d’une banque. veau puisqu’il naît Outre-Atlantique, dans
Naissent alors dans un même mouve- le sillage de la crise de 2008. Ces FinTech
ment Google Wallet, Apple Pay, Amazon ciblent chacune un maillon de l’offre ban-
Payments et Friend-to-Friend Payment. caire pour proposer des services alterna-
D’autres domaines sont touchés : le crédit tifs et innovants en s’appuyant sur le digi-
(Amazon Lending), les solutions de suivi tal et les nouvelles technologies. Elles sont
des finances personnelles… Un objectif aujourd’hui présentes sur l’ensemble des
commun pour les GAFA : cibler avec des offres et des segments de clientèle.
approches innovantes des services assez //  estion de compte : les agrégateurs
G
peu contraints par la réglementation et de compte forment une catégorie à
répondant à des besoins-client. part entière. Ils s’interfacent entre la
Néanmoins, il n’est pas certain que la banque et le client, captent les flux et
menace vienne de la création d’une banque les valorisent par un reporting ergo-
Google. Même si leur capacité financière nomique et une optimisation des
est considérable, le ticket d’entrée rend comptes.
l’aventure peu attrayante pour les GAFA. // Paiement :  plateforme de vente de
Ils ciblent plutôt certains services finan- devises, paiement mobile, transfert
ciers considérés comme des produits d’argent, solution d’encaissement
d’appel. Il est bien plus profitable pour eux par carte bancaire accessible aux
de proposer, gratuitement ou presque, un TPE, sans oublier les établissements
porte-monnaie mobile, un outil de gestion de monnaie électronique, la palette
budgétaire… afin de capter encore plus de d’offre est large.

11
// Crédit : crédit à la consommation, Mais globalement, le phénomène est appelé
prêt immobilier, aux start-up ou à se développer, compte tenu des valeurs
aux PME, affacturage… les FinTech affichées : réactivité, transparence, simpli-
proposent des nouvelles alterna- cité, collaboration, pédagogie… S’il prend le
tives dans un contexte où l’accès même essor qu’aux Etats-Unis, nous pou-
aux crédits est aléatoire et contraint vons imaginer la naissance de quelques
par des exigences sur les fonds acteurs réellement crédibles. Ainsi, la plate-
propres des banques. forme Lending Club affiche aujourd’hui un
// P lacement : hier réservé aux CSP total de 9 milliards de dollars de prêt, dont
supérieures, le placement s’engage 1,6 réalisé au cours du premier trimestre
aujourd’hui dans la voie de la démo- 2015. Des chiffres que l’on ne saurait néan-
cratisation, avec l’arrivée de robot moins transposer directement sur le mar-
advisors proposant la gestion auto- ché européen, le fonctionnement bancaire
matisée d’un portefeuille. Un service américain faisant appel, depuis toujours,
à faible coût pour les clients qui fait à beaucoup moins d’intermédiaires que le
couler beaucoup d’encre. nôtre.

Même si elles ont investi l’ensemble des Le réel risque pour les banques tradi­
métiers de la banque, les FinTech ne repré- tionnelles ? Une habitude des clients à ces
sentent qu’une part très marginale du nouveaux standards, en termes de coût, de
business. Par exemple, les plateformes de délais de traitement, de personnalisation…
crédit représentent moins de 1% des prêts et donc un sentiment de frustration en cas
octroyés. Il faut préciser que la plupart d’expérience contradictoire.
sont dépendantes des infrastructures des
acteurs traditionnels.

12
3 QUESTIONS À
OLIVIER GOY, Président de Lendix

Quels sont vos différenciateurs Chez Lendix, nous avons opté pour le
par rapport aux autres plateformes « gris ». Nous prêtons rapidement, en met-
de crowdlending et aux banques tant l’accent sur l’expérience utilisateur et
en proposant un produit simple : pas d’as-
traditionnelles ?
surance, de caution ou de covenant. En
Aujourd’hui, nous sommes la 1ère plate­forme contrepartie, on prête à un taux plus élevé
française de crowdlending. Nous permet- que celui d’une banque.
tons à des PME d’emprunter directement
auprès de prêteurs particuliers mais aussi, En termes de réactivité, vous affichez
à la différence d’autres plateformes, auprès des délais de déblocage extrêmement
d’institutionnels. Travailler avec des investis- rapides. Comment faites-vous ?
seurs institutionnels impose des contraintes
Depuis le lancement, nous avons étudié
juridiques mais nous offre une base de
5600 dossiers pour financer 60 d’entre eux.
prêteurs plus large. Pour les emprunteurs,
70% des demandes sont éliminées par un
cela signifie plus de rapidité pour clore le
premier filtre automatique via notre site
financement d’un prêt conséquent et l’as-
Internet, les autres dossiers passent entre
surance que leur demande aboutira. Nous
les mains d’analystes-crédits. Globalement,
avons signé quatre dossiers à 1M€ depuis
le délai est de moins de 15 jours entre la
le lancement de Lendix.
demande initiale et le versement des
Pour les banques, le crédit aux profession- fonds. Pour respecter ce niveau de service,
nels et aux PME n’est pas une activité très nous avons supprimé des étapes généra-
rentable, elle est plutôt le point d’entrée trices de délais, en particulier la prise d’as-
pour capter des flux et de l’épargne. D’une surances ou de garanties. Ensuite, nous
manière simplifiée, les banques ont une sommes accessibles en ligne et non-sou-
approche relativement binaire en termes de mis à une temporalité de banque : nous
financement des entreprises. C’est « blanc sommes dédiés à un seul métier. Dans une
ou noir » : soit elles prêtent à un taux bas, banque traditionnelle, les comités-crédits
soit elles ne prêtent pas. Le processus est sont hebdomadaires, alors que chez Lendix
relativement long et complexe pour l’em- le comité-crédit est permanent. Ce délai est
prunteur, avec la nécessité de souscrire une donc rendu possible grâce à la combinaison
assurance, de mettre en place des garanties de notre organisation, nos outils, nos pro-
et, de plus en plus, des covenants… cessus et notre offre.

13
Comment imaginez-vous banques, cela leur permet d’enrichir le cata-
la cohabitation à moyen terme avec logue d’offres, de capter de nouveaux flux,
les banques traditionnelles ? de bénéficier d’une meilleure rentabilité sur
les crédits, de partager les risques, de conti-
Étant assez complémentaires, nous nuer à financer les PME en limitant l’impact
sommes convaincus que les deux modèles sur les fonds propres… Pour nous, c’est une
peuvent coexister. Les banques ont très opportunité de capter une nouvelle clien-
récemment pris conscience du phéno- tèle, de gagner en visibilité, de bénéficier
mène FinTech. Aujourd’hui, les effets d’an- des infrastructures des banques… Enfin, les
nonce doivent faire place à davantage de clients peuvent quant à eux diversifier leurs
réalisations concrètes dans une logique sources de financement et bénéficier d’un
gagnant-gagnant. accès facilité au crédit.
Le partage d’opération de crédit avec les
banques est bénéfique pour tous. Pour les

14
Les Fintech : de nouveaux acteurs ultra -spécialisés
et innovants à l’assaut des métiers de la banque

CRÉDIT PAIEMENT

ÉPARGNE SERVICES

15
2 . 3 . BA NQ UES EN LIG NE : ses positions en relevant de nouveaux défis :
U N MODÈLE LOW-COST À DÉPASSER // S’appuyer sur un modèle écono-
mique plus robuste : les banques en
Alors que les GAFA et les FinTech repré-
ligne font état d’une rentabilité encore
sentent une concurrence exogène, la posi-
fragile, le modèle low-cost obligeant
tion des banques en ligne est plus nuancée.
à atteindre un certain seuil en matière
Développées par les acteurs traditionnels
de fonds de commerce. Une stabilité
comme une réponse aux attentes de la
qui passera par une palette de pro-
clientèle en termes d’autonomie et de
duits plus large. Les acteurs engagent
coût, elles devaient permettre de faire face
cette transition d’une banque de niche
à l’arrivée de nouveaux entrants. Elles n’en
vers une banque universelle. Le « tout
demeurent pas moins une forme de concur-
gratuit » pourrait évoluer en une
rence endogène. Présentes sur le marché
tarification ajustable en fonction du
depuis plus de 15 ans, une première prise
niveau de consommation des services
de recul est possible, afin d’identifier leurs
bancaires.
axes d’amélioration.
//  roposer un modèle opération-
P
Leur notoriété s’appuie sur une offre
nel plus agile et 100% digital : d  es
tarifaire compétitive rendue possible
contraintes liées au papier subsistent,
grâce à l’absence de coûts liés à l’ex-
notamment sur le crédit et les moyens
ploitation d’un réseau physique et à
de paiement. Pour contourner la diffi-
une clientèle généralement plus auto-
culté certains jouent « l’effet Groupe »,
nome et donc « moins coûteuse ».
comme Hello Banque qui donne la
Le coût de revient d’un client de banque
possibilité à ses clients de déposer
2.0 se situe autour de 150 € / an contre
leurs chèques dans les agences BNP
450 € / an pour une banque traditionnelle.
Paribas. Mais demain, ces banques se
Si aujourd’hui ces banques sans guichet devront de proposer du 100% digi-
ne représentent que 5% du marché, elles tal et de minimiser les interventions
affichent néanmoins une forte progres- humaines. Au programme : une digi-
sion. Leurs clients jouent volontiers le rôle talisation des processus renforcée et
d’ambassadeurs de leur banque en ligne, des plateformes « relation-client » plus
avec un taux de promotion de 36% contre accessibles et proposant des réponses
23% pour les clients des banques tradi- instantanées.
tionnelles. Séduits avant tout par le faible //  ffrir une relation-client haute-
O
coût, ils attribuent plus d’importance à la ment personnalisée : e  n l’absence de
compétitivité des frais bancaires - qui est de contact humain, la proximité relation-
loin le 1er levier de satisfaction, à 46% contre nelle doit être incarnée par un niveau
19% pour les clients des banques classiques de personnalisation accru et à tous les
- qu’à la qualité de conseil (8% contre 15%). niveaux : page d’accueil personnali-
sée, pré-alimentation des données en
Mais si la banque en ligne a su s’installer par
amont d’opérations bancaires, conseil
le low-cost, elle doit maintenant renforcer

16
prédictif en comparant des profils de digitaux, les banques traditionnelles
clients similaires… Un premier niveau doivent progresser sur l’innovation
de personnalisation doit être possible numérique et mettre en avant leurs
dès l’entrée en relation, à l’image de
différenciateurs. Un impératif qu’il
est possible de rassembler en trois
Moven, banque 100% en ligne qui
objectifs-clés :
propose à ses nouveaux clients cinq capitaliser sur leurs atouts, en valo-
questions permettant de dresser un risant les agences au sein du dis-
premier profil. positif multicanal, viser l’excellence
en matière d’expérience digitale en
CO N CLUS IO N fluidifiant les parcours-client entre
les différents canaux mais également
Outre la montée en puissance des réinventer le modèle relationnel grâce
acteurs digitaux, le secteur se voit à une exploitation intelligente des
bouleversé par l’arrivée de technolo- données-client, le « nouvel or » de ce
gies disruptives comme la Blockchain siècle numérique.
qui transforme la chaîne de valeur.
Face à ces transformations et acteurs

ZOOM SUR…
LA BLOCKCHAIN
La technologie Blockchain, rendue célèbre
par la monnaie virtuelle Bitcoin, permet d’enregistrer
et de vérifier en temps réel des transactions,
de manière distribuée et infalsifiable.

Elle invite à repenser la manière dont nous concevons la vérification


des transactions.
Elle supprime en particulier la nécessité de faire intervenir un « tiers
de confiance » : une banque, un notaire, un opérateur de marché ou
une administration.
En effet, la Blockchain est une base de données partagée par ses
utilisateurs ; chaque utilisateur peut alors vérifier la validité de la
transaction.
Le champ d’application potentielle de cette technologie est im-
mense : vote en ligne, brevets, cadastre, diplômes, monnaie, trans-
ferts d’argent ou de titres, etc.

17
LA VALORISATION DE LA DONNÉE :
CLÉ D’UNE RELATION SOLIDE
ET DURABLE

3 .1 . LA D ONNÉE, UN VASTE CHAMP //  onnées de navigation (parcours


D
web et mobile), par exemple les
Q UI REST E À EXP LORER
mesures du trafic web & mobile, les
Compte tenu des spécificités de leur métier, étapes du parcours-client, les retours
les banques ont l’avantage de disposer d’un des agences publicitaires sur les cam-
gisement très riche de données internes sur pagnes menées…
leurs clients. Par ailleurs, le Big data apporte
//  onnées externes provenant des
D
un ensemble de nouvelles technologies
réseaux sociaux ou des partenaires :
permettant de dépasser les contraintes
activité sur les réseaux sociaux, ini-
habituelles face à l’évolution des données
tiatives Open data de tiers, achat de
(volumétrie, variété, vitesse) et d’en tirer de
données à des partenaires.
la valeur. Un atout qui devrait permettre aux
• Données des partenaires :les don-
enseignes de réinventer leur modèle rela-
nées recueillies permettant de croi-
tionnel en allant au-devant du client, en
ser des informations entre la banque
anticipant ses besoins, en personnalisant
et un partenaire dans le cadre d’un
le conseil et en améliorant son expérience.
accord commercial. Certaines
Cette connaissance-client se construit au banques nouent déjà des partena-
travers de trois grandes catégories de don- riats avec des entreprises proposant
nées, dont la typologie a évolué ces der- des biens immobiliers.
nières années :
• Données tiers ou « third party » : il
//  onnées de gestion et d’équipe-
D s’agit de données anonymisées que
ments telles que les données conte- la banque peut acquérir auprès de
nues dans les référentiels-clients tiers afin de renforcer sa connais-
(profil, scoring…) et les données sance d’une population donnée.
d’équipements (produits, services
• Open data : ce sont des données
souscrits…).

18
« ouvertes » d’origine publique ou 3. 2 . DES C AS D’ U SAG E S P ORT E U R S
privée mises à disposition de tous.
DE VALEU R DAN S L E S DOMAI N E S
Elles sont diffusées de façon structu-
rée selon une méthode et une licence
DU MARKE T I N G E T DE LA V E N T E
ouverte garantissant de ce fait son Face à cet afflux de données, le secteur
libre accès et sa réutilisation par tous, bancaire en France est en effet plutôt en
sans aucune restriction technique, phase d’amorçage sur la valorisation qu’il
juridique ou financière. est possible de réaliser. Il est donc intéres-
sant de faire un détour par d’autres sec-
Ces différentes sources de données consti-
teurs et d’étudier les cas d’usage qu’ils ont
tuent pour les banques un formidable levier,
mis en œuvre. Nous avons identifié chez
pour mener des actions personnalisées de
nos clients des projets de valorisation des
conquête, recommandation, fidélisation…
données dans six grands domaines d’ap-
Une opportunité qui en est aujourd’hui
plication de la vente, du marketing et de
encore à ses prémices.
la relation-client. Tous ces cas d’usages
ne sont évidemment pas transposables
en l’état ou pertinents dans le contexte de
la banque de détail, mais peuvent donner
matière à réflexion :

19
CONQUÊTE : GÉOLOCALISATION :
achat et croisement de bases de données externes, évolu- stratégie et services basés sur la cartographie, optimisa-
tion du catalogue en fonction des usages sur les applications tion d’implémentation de points de vente, performance
mobiles, transformation d’un configurateur en générateur géolocalisée des ventes, optimisation des ventes en
de contacts, analyse de l’e-réputation fonction de données géographiques et externes

ANALYSE PRÉDICTIVE : POLITIQUE DE PRIX :


prévision des ventes, optimisation de la supply chain, étude de sensibilité au prix, modèle de prévision tarifaire,
impact des médias sur le trafic des points de vente, ajustement du prix en temps réel
analyse de l’influence de facteurs externes sur les ventes

FIDÉLISATION ET RÉDUCTION DE L’ATTRITION :


analyse des facteurs créateurs d’attrition,
UP-SELL & CROSS-SELL : anticipation de l’attrition, analyse des paniers abandonnés,
analyse de panier d’achat, recommandations de produits optimisation des programmes de fidélisation
en fonction des préférences et parcours d’achat, cross-sell et segmentation comportementale
en fonction du score de fidélisation

3 . 3 . MIEUX CO N N A ÎTRE un accompagnement bancaire pour


le prospect et le client : déménage-
SO N CLIEN T P OUR MIEUX
ment, démarrage d’études supé-
L E S E RV IR rieures, entrée dans la vie active…
Compte tenu des enjeux spécifiques de Plus la banque parviendra à capter
la banque, deux domaines nous semblent en amont et avec précision les évé-
intéressants à explorer en priorité : nements-client dits « exogènes »,
c’est-à-dire, ceux qui ont lieu en
//  ’optimisation de la gestion du
L
dehors de la relation entre le client
cycle de vie des clients (conquérir,
et sa banque, plus la différence
conseiller et équiper, fidéliser). Les
face à la concurrence sera forte.
banques doivent parvenir à saisir les
Parmi ces évènements, le besoin-
moments-clés de vie nécessitant
client en crédit immobilier est un bon

20
exemple puisque c’est l’un des seuls et d’enrichir la vision traditionnelle et d’ap-
leviers déterminants pour faire chan- porter une vision en temps réel. Ceci garan-
ger un client de banque. En améliorant tit une cohérence du discours commercial
l’utilisation de la donnée-client, les et marketing sur l’ensemble des canaux.
banques pourront identifier un besoin
Il s’agit d’une plateforme technolo-
de financement grâce aux « traces »
gique (basée sur les technologies Big
que le client ou prospect aura lais-
data) qui collecte les données sur des
sées sur l’ensemble des réseaux
profils anonymisés, pour les segmen-
numériques afin de lui proposer une
ter puis lancer des actions marketing
offre adaptée de manière proactive.
ciblées. Elle apporte donc des éléments
//  ’amélioration de l’expérience-
L de réponse dans l’écosystème digital
client  : les données recueillies pen- aux enjeux suivants :
dant la navigation permettent de
définir différents types de compor- //  cquisition de nouveaux clients :en
A
tements et d’utilisateurs. Des infor- découvrant les meilleurs prospects et
mations précieuses pour améliorer en améliorant les taux de conversion ;
en priorité les parcours omnicanaux //  etargeting personnalisé grâce à des
R
en les rendant plus fluides, sans cou- mécanismes de cookies permettant la
ture et pour, dans un second temps, conversion des anonymes ;
personnaliser les interfaces web //  idélisation des clientsen améliorant
F
et mobiles en fonction du profil la valeur du client dans le temps et
et des habitudes de chaque client. en augmentant la part de son panier
moyen ;
3 . 4 . DE N OUVEAUX SOCLES
//  ohérence des actionsgrâce à l’op-
C
TECHN OLO GIQUES PERMETTANT timisation des dépenses digitales
DE SOLIDIFIER U NE STRATÉGIE et la proposition d’une expérience
RELATIO N N ELLE BASÉE SUR cross-canal homogène et adaptée au
L’ UTILISATIO N DE LA DONNÉE profil défini .
Des outils plus attendus, comme un CRM,
La cohérence et la qualité de l’expé-
des outils de gestion de campagne marke-
rience-client dépendent de la capacité
ting ou une « vision-client 360 », structurée
d’enrichir la connaissance-client à partir
et unifiée autour de la connaissance-client
de l’analyse des données. Un socle de sys-
viennent compléter ce modèle SI.
tème d’information adapté doit permettre
de collecter, enrichir et exploiter ces don-
nées. Ainsi, quatre briques principales
constituent le socle SI nécessaire pour
répondre aux enjeux du digital de demain.
Parmi ces quatre éléments, le DMP (Data
Marketing Plateform) permet de compléter

21
Échanges
CRM

Porte les fonctions de GRC et restitue


la fiche client avec les motifs de contact

Crée des contacts

OUTIL DE GESTION
DE CAMPAGNE MARKETING

Active les audiences


traditionnelles (internes)
et réalise un suivi
des campagnes menées

Ciblage Retour des campagnes

VISION CLIENT 360°

Porte la vision de référence et la plus exhaustive


possible du client, calcule des données marketing, etc.

Alimentent

Données de gestion Données de navigation


Clients & Equipements Parcours Web & Mobile

22
AUDIENCES

On-boarding
Enrichit
Mieux adresser
le client en interne

Mieux adresser
les clients
ET les prospects
en externe

DMP
Alimente
Agrège et réconcilie les cookies
Crée des segments
Active des audiences
Suit l’activation des audiences

Alimentent

Données externes

23
VERS UNE EXPÉRIENCE
OMNICANALE MAÎTRISÉE

Le digital ouvre les frontières entre canaux. Le sans couture est devenu la norme,
ce q u i o b l i g e l e s b a n q u e s à re fo n d re l e u rs p ro ce s s u s . Pa r a i l l e u rs , l e d i g i t a l fa i t
ex p l o s e r l e s p o i nt s d e co nt a ct ce q u i i m p o s e d e m a î t r i s e r ce s n o u ve a u x f l u x a f i n
d’être en capacité de viser l’excellence en matière d’expérience-client.

24
DIGITA LIS ER LES PROCESSUS,
CO N D IT IO N S INE QUA NON POUR UNE EXPÉRIENC E OMN I C AN AL E
Alors que la dématérialisation et la signa- rôles et un pilotage de chaque canal
ture électronique permettent de proposer deviennent nécessaires. Ces différents
aux clients un échange d’informations canaux doivent être orchestrés entre
et une contractualisation affranchis des eux.
contraintes physiques, la digitalisation des //  ’autoriser les rebonds d’un canal
D
processus fait bénéficier l’ensemble des à un autre au cours d’un processus.
participants de l’apport des nouvelles tech- Ceci concerne aussi bien les rebonds
nologies du numérique, du coffre-fort élec- entre différents canaux digitaux que le
tronique aux notifications push envoyées passage d’un canal digital à un canal
par une application mobile. Un mouvement physique.
qui permet ainsi d’élargir le champ des pos-
//  ’assurer le transfert de contexte
D
sibles, d’améliorer l’expérience-client en
et la visibilité sur l’ensemble des
lui offrant plus de choix et de gagner en
canaux. Le conseiller clientèle ne
souplesse et simplicité. Pour proposer un
doit ainsi pas être dépourvu d’infor-
environnement omnicanal à ses clients, les
mation. La cohérence du parcours et
banques doivent avoir à cœur :
du discours associé est primordiale. En
//  e penser « mobile first » et de
D effet, les clients ne tolèrent plus et ne
redéfinir les objectifs par canal de comprennent pas un éventuel silotage
contact. À
 l’heure du phygital et du des canaux.
web-to-store, une clarification des

« À l’heure du phygital et du web-to-store,


une clarification des rôles et un pilotage
de chaque canal deviennent nécessaires.  »

25
3 questions à PHILIPPE POIROT,
Directeur Développement Digital,
Transformation et Qualité du Groupe BPCE

Quels sont les enjeux dématérialisation, la signature électronique


de la digitalisation des processus ou les espaces de partage sécurisés…
sur le secteur de la banque ? Comment le groupe BPCE
C’est avant tout l’expérience-client qui doit a -t-il appréhendé le sujet ?
nous animer. Nos clients vivent des expé-
Le processus est clé, il supporte l’expé-
riences dans d’autres secteurs et ils attendent
rience-client, c’est l’image de l’entreprise,
la même chose de la part de leur banquier.
et notre promesse. Nous sommes par-
En l’espace de quelques années, nous avons
tis de la relation client–conseiller, avec
assisté à la transformation de certains sec-
comme objectif de ré-enchanter celle-ci.
teurs, comme par exemple le tourisme,
Le développement de la signature élec-
où nous sommes passés d’une relation
tronique a été pour nous un réel accélé-
physique avec des agences de voyages à
rateur. Elle permet de créer un contrat
l’explosion du e-commerce et maintenant
numérique et de l’archiver dans l’espace
à des business models basés sur l’économie
web bancaire du client. Nous avons tiré
de partage.
le fil vers les activités de gestion puisque
Faciliter les usages de la banque et la signature électronique est un fort levier
répondre aux nouvelles attentes de nos à la digitalisation « end-to-end » de nom-
clients impliquent de nouveaux processus, breux processus.
permettant d’aller vers plus de simplicité,
Les valeurs d’usage sont indéniables à la
de réactivité et de transparence. Ce sont
fois pour l’entreprise avec une meilleure
ces principes qui doivent guider nos choix.
maîtrise des risques, pour le front-office
Les clients souhaitent également une rela- avec un accroissement du temps commer-
tion omnicanale, et pour cela il faut des cial, pour le back-office avec un recentrage
processus puissants pour y répondre sans sur de l’expertise et bien évidement pour le
coutures d’un canal à l’autre et sans perte client avec une expérience enrichie.
de contexte. Il faut pouvoir ajuster et adap-
Aujourd’hui chez BPCE, 80% de l’offre
ter son SI pour favoriser les passages. Les
est éligible à la signature électronique
technologies du numérique constituent
sur le marché des particuliers (épargne,
un socle incontournable permettant une
assurance et crédit hors habitat) et 80%
relation à distance, avec notamment la

26
le sera prochainement sur le marché des
professionnels.

Quels sont selon vous les principaux


facteurs de réussite de ce type « Faciliter les usages
de projet ?
C’est d’abord, notre capacité à impli­quer,
de la banque et répondre
dans une structure projet complétement
transversale, l’ensemble des parties pre-
aux nouvelles attentes
nantes dans la réflexion et la réalisation,
notamment le déve­loppement, l’informa-
de nos clients impliquent
tique, les risques et les opérations.
de nouveaux processus
Nous nous sommes appuyés sur la courbe
d’apprentissage des premières réalisations
afin d’améliorer les suivantes.
permettant d’aller vers plus
Enfin, nous croyons également beaucoup de simplicité, de réactivité
aux vertus de la symétrie des sentiments.
Si nos collaborateurs sont satisfaits, nos et de transparence  »
clients le seront également. La digitalisation
des processus va permettre à nos conseil-
lers de s’axer davantage sur les activités
à valeur ajoutée et sur les besoins de nos
clients. Les collaborateurs convaincus par
les apports du digital deviennent des pres-
cripteurs de ces changements auprès de
leurs collègues et de leurs clients.

27
4 . 2 . MIEUX MA ÎT RIS ER // Augmentation de la part des rela-
tions à distance entre les clients et
L E S F LUX DA N S UN CONTEXTE
leur conseiller :ce dernier va ainsi se
D E M ULTIP LICATIO N DES POINTS réapproprier progressivement une
D E CO N TACT partie des flux d’appels et de mails
L’ominicanalité a pour conséquence entrants qui étaient jusque-là souvent
une multiplication et une complexifica- orientés vers les centres d’appels. Une
tion des flux entrants. La qualité de leur attente correspondant à un besoin
prise en charge et leur exploitation com- exprimé des clients. Afin de relever
merciale constituent des enjeux clés. ce pari, une attention particulière doit
L’organisation retenue permettant de être portée à :
maîtriser ces nouveaux flux sera forcé- • la construction des schémas de
ment propre à chaque établissement. Elle distribution et de prise en charge
doit être conçue en cohérence avec les des appels dans les agences afin
enjeux de développement prioritaires, le de garantir la disponibilité et la
modèle de relation-client privilégié, les réactivité,
caractéristiques du fonds de commerce…
• l’accompagnement des change-
Quelques tendances se dessinent sur l’évo-
ments de comportements des col-
lution du rôle des réseaux physiques et des
laborateurs : installation de pratiques
centres de relation-client (CRC) dans la
par la formation (préparation d’ap-
prise en charge des flux entrants.
pels, ventes au téléphone…), pilotage
par le manager. Il est également
indispensable de se doter de la capa-
cité de piloter les flux en agence.

// Évolution du rôle des CRC vers plus


de valeur ajoutée : ils limitent ainsi
leur mobilisation sur les appels / mails
entrants généralistes en se position-
nant en back-up des agences ou en
rebond commercial sur du flux online.
L’objectif ? Assurer la continuité de la
relation et développer de l’expertise
et de la proactivité pour accompagner
et fluidifier les parcours multicanaux
des clients.

28
Au-delà de l’amélioration de l’accessibilité et de la disponibilité de la banque, qui constituent
une priorité, les enjeux sont nombreux et significatifs :

ACCROÎTRE LA SATISFACTION DES CLIENTS :


renforcer la proximité et la personnalisation de la relation, améliorer l’accessibilité sur des horaires élargis, raccourcir
et fluidifier les parcours-client, garantir l’homogénéité et la qualité de réponse quel que soit le canal et l’interlocuteur,

DÉVELOPPER L’EFFICACITÉ COMMERCIALE ET LA VALEUR AJOUTÉE DE LA RELATION MULTICANALE :


développer les opportunités de contact pour le réseau, améliorer l’efficacité commerciale du réseau sur les canaux distants,
augmenter le taux de transformation digitale avec un meilleur accompagnement du parcours numérique,
augmenter les rebonds commerciaux en CRC,

AMÉLIORER LA PRODUCTIVITÉ ET MAÎTRISER LES COÛTS :


o ptimiser les investissements, éviter de sur-solliciter les conseillers,
réduire et lisser la charge de travail globale, adapter le temps de traitement des demandes en fonction des enjeux,

MAÎTRISER LE PILOTAGE DE LA RELATION-CLIENT :


mesurer et piloter l’ensemble des flux entrants et évaluer la productivité, appliquer les engagements-client
et mesurer la satisfaction, suivre les engagements et piloter l’activité multicanale des conseillers,

MAÎTRISER ET RÉDUIRE LES RISQUES :


maîtriser le contenu des réponses mails et appels-client afin de réduire les risques juridiques de conformité et d’image.

CO N CLUS IO N
Les banques ont encore des progrès à faire du management est naturel, il est toutefois
afin d’être à la hauteur des espérances de vital pour elles de cerner les transforma-
leurs clients en matière d’omnicanal (54% tions à effectuer en priorité. Les agences
des Français estiment que des progrès et les conseillers, indissociables du business
restent à accomplir sur ce sujet). Si un model des banques traditionnelles, vont
temps d’adaptation des processus, des ainsi devoir être mieux intégrés au cœur
structures SI ainsi que de l’organisation et du dispositif omnicanal.

29
LE DIGITAL, UN BOOSTER
POUR RÉPONDRE
AUX 3 ENJEUX MAJEURS DES AGENCES

Conscientes de la révolution des usages des consommateurs, mais aussi de la place


essentielle de l’agence dans la relation-client, les banques ont entrepris de repenser
l’agence en s’appuyant sur le digital. Sans être l’unique réponse, le digital peut être
un réel levier pour répondre aux 3 enjeux majeurs des réseaux physiques.

30
5.1 . A MÉLIO R ER identifié lorsqu’il rentre dans son agence,
son conseiller reçoit l’information par mail
L’ EXP ÉRIENCE-CLIENT
lui permettant ainsi de venir au-devant du
Aujourd’hui, les banques se mettent au client ou de lui transmettre un message
diapason d’autres secteurs sur la com- afin de lui signaler un léger retard. Cette
mercialité de leurs points de vente. L’enjeu technologie offre un réel apport à la fois en
est double : donner envie d’entrer dans les termes de valorisation du client mais aussi
agences (évolution des façades, vitrines, en termes de qualité de la prise en charge
accueils…) et donner envie d’y revenir du client en agence.
(évolution des aménagements, création
d’ambiance, organisation d’événements…).
5 . 2 . ACC R OÎ T R E LA VAL E U R AJ OU T É E
L’intégration du digital au cœur du fonc-
tionnement de l’agence va permettre L’accroîssement de la valeur ajoutée de
d’introduire un aspect ludique, des outils l’agence, vis-à-vis des autres canaux, consti-
intuitifs mais aussi de valoriser davantage tue un enjeu majeur pour les banques. Notre
le client. Deux aspects qui servent ainsi l’ob- enquête le confirme, le client attend de
jet premier : rendre l’expérience-client plus son agence un apport de conseil, élément
satisfaisante. différenciateur par rapport à l’application
mobile ou au site web. Grâce au digital, le
Les banques essaient ainsi d’introduire de
conseiller peut maîtriser une gamme pro-
plus en plus une notion de plaisir, à travers
duit toujours plus complexe (aide en ligne,
des outils plus intuitifs, plus conviviaux,
réponse semi-automatique…) ou encore
et des offres plus ludiques. L’enjeu est
accéder à de nouvelles expertises, via la
de motiver, informer et faire adhérer par
vidéo-conférence. Une technologie qui a
un usage « récréatif » de la banque. Bien
d’abord permis de dialoguer à distance
entendu, la gamification est plus aisée
avec des spécialistes-métier et qui élargit
dans certains domaines comme l’épargne.
maintenant son champ d’action puisque la
À titre d’illustration, les tables interactives
banque s’ouvre à des partenaires comme
disposent d’un réel potentiel sur le volet
les notaires, permettant des rendez-vous
co-construction et convivialité. Leur coût
tripartites particulièrement utiles lors des
élevé entraîne néanmoins un usage fait
processus de crédits ou de succession.
encore avec parcimonie par les banques,
qui optent pour une approche différenciée Par ailleurs, la proximité jusqu’alors carac-
en les déployant principalement au sein de téristique de l’agence évolue. Les banques
leur agence cathédrale ou de leur concept offrent à leurs clients une nouvelle forme
store. de proximité : le conseiller vient chez le
client, l’agence va au-devant du client, le
Enfin, l’expérience-client progresse par
client rencontre des experts depuis son
une meilleure prise en compte des besoins
agence… Une relation client-conseiller donc
de ce dernier. La technologie iBeacon est
en pleine évolution, mais aussi renforcée.
une belle illustration des apports du digi-
Certains établissements ont poussé assez
tal dans la personnalisation de la relation.
loin le principe de « la banque où je veux,
Grâce à une application mobile, le client est

31
quand je veux », en proposant des applica- pour plus de convivialité, de partage et de
tions de géolocalisation. Ils permettent, en co-construction.
fonction du lieu ou de la nature du besoin,
Le repositionnement du conseiller sur les
d’identifier une agence et un conseiller
activités créatrices de valeur est également
capables de recevoir le client. Derrière ce
un levier-clé vers une plus grande perfor-
gadget, se cachent des choix de modèle
mance. Dans cette optique, différentes
distributif très marqués : des objectifs col-
démarches se poursuivent : automatisation
lectifs, un niveau de service homogène…
des tâches à faible valeur ajoutée, transfert
Enfin, l’agence doit surtout progresser sur vers d’autres acteurs ou vers le client… Le
ce qui fait aujourd’hui la force des canaux développement des automates a été entre-
online : la réactivité. C’est notamment le pris avec succès depuis de nombreuses
cas des réponses aux mails-client, dont années et se poursuit aujourd’hui avec les
le flux ne cesse de croître. Les moteurs nouveaux supports digitaux ; les solutions
sémantiques de 3ème génération, au-delà de de dématérialisation et de signature élec-
reconnaître des mots-clés, ont la capacité tronique entraînent des gains de charge de
à comprendre la signification des phrases 20% à 30% ; les bornes interactives fleu-
et les sentiments associés. Les usages rissent et permettent de multiples usages,
sont multiples : industrialisation des traite- à adapter en fonction du type d’agence.
ments, avec des propositions de réponses Des solutions qui comportent néanmoins
automatiques, pilotage et priorisation des des risques. Si l’effet bénéfique peut être
flux, exploitation marketing des conte- réel pour accroître la performance, les
nus avec l’identification d’opportunités enseignes doivent néanmoins veiller à ne
commerciales… pas déshumaniser l’agence et à accompa-
gner le client dans ces changements.
5 . 3 . O PTIM IS ER LA PERFORMANCE
CO M MERCIA LE DU R É SEAU CONCLUSION
Au-delà des questions de dimension- Face à ce foisonnement de nouvelles
nement et de maillage, les réseaux phy- technologies, qui sont à des niveaux de
siques doivent encore progresser en maturité différents, le maître mot pour une
termes de performance commerciale en digitalisation réussie reste la cohérence.
jouant à la fois sur l’intensité et sur l’effi- Certaines innovations comme la biométrie
cacité : les marges de manœuvre existent permettent dans certains pays de retirer
en repensant les méthodes de vente et la de l’argent avec son pouce quand d’autres
posture du conseiller, et le digital est un réel partent d’idées incrémentales, comme le
vecteur dans ces évolutions. La tablette est camion banque 2.0. Parmi les multiples
un outil emblématique des transformations technologies offertes par le marché, il est
en cours. Outre la qualité des applications donc essentiel de faire des choix en fonc-
embarquées, le succès de ce nouveau tion du contexte de l’établissement, des
support passe par l’évolution de la pos- parcours-client prioritaires et de la nature
ture du conseiller, du rendez-vous « face à du fonds de commerce.
face » vers le rendez-vous « côte à côte »

32
EXPÉRIENCE

Biométrie
Table
interactive
iBeacon

Tablette Client
en agence
QR Code

Affichage dynamique WIFI


Tablette Conseiller
Application
géolocalisation

Borne
d’accueil Outil Chat
de mesure
des flux Camion
banque 2.0
Web
Dématérialisation Conférence

Signature
électronique Visio
Tablette Directeur
PERFORMANCE d’Agence Mobilité VALEUR
Conseiller
AJOUTÉE

33
QUEL CONSEILLER
DEMAIN ?

34
6.1 . UN CONS EILLER AVEC UNE distance à partir de l’agence, plus confor-
table pour les clients, plus efficace pour les
DIM ENS IO N RELATIONNELLE RENFOR-
collaborateurs.
CÉE ET TO UJO UR S PLUS DE VALEUR
A JOUTÉE L’évolution de l’environnement de travail
et les outils digitaux modifient par ailleurs
Le conseiller demeure encore le pivot de les codes de l’entretien. Le conseiller n’est
la relation-client. Interlocuteur et point plus uniquement dans son bureau et der-
d’entrée pour le client, tiers de confiance, il rière son poste de travail, il est à l’aise dans
est au centre de la nouvelle relation-client, des formats d’entretien qui se multiplient :
mais ce n’est plus le seul interlocuteur. Les ventes à 3, entretiens côte à côte, entretien
impératifs de continuité de la relation, de rapide / semi-assis en zone d’accueil...
réactivité et d’apport d’expertise amènent
en effet à construire une relation plus par-
6. 2 . UN CON S E I L L E R « COAC H
tagée avec d’autres conseillers de l’agence
et des acteurs à distance (experts, middle FINANCI E R  » E T AN I MAT E U R
office, CRC…). Il devient le coordinateur DE COMM U N AU T É
et le facilitateur de cette nouvelle relation
Pour renforcer la satisfaction et la fidélité,
physique et digitale, au cœur de parcours
les banques ancrent dans leurs réseaux
multicanaux. Son portefeuille n’est plus sa
cette démarche commerciale orientée sur
propriété mais un territoire de responsabi-
les besoins des clients plutôt que sur la
lité partagée.
vente de produits : une approche « solution
Le rôle du conseiller est amené à évoluer et projet » qui vise notamment à apporter
vers plus de conseil et de relation-client de façon proactive un conseil personna-
au détriment des activités à plus faible lisé. Cette nouvelle approche commerciale
valeur ajoutée. Son degré d’expertise et sa nécessite de mettre en œuvre dans les
polyvalence sur la capacité à traiter les dif- réseaux les différentes conditions néces-
férents sujets augmentent afin de délivrer saires à son succès :
un conseil personnalisé à valeur ajoutée. Il
// Développement et amélioration de
répond mieux aux besoins-client grâce à sa
la proactivité commerciale :l’exploi-
capacité à mobiliser toutes les ressources
tation intel­ligente et automatisée de
mises à sa disposition, à travailler en mode
la connaissance-client peut permettre
collaboratif et à faire le lien avec les experts
d’analyser, de comprendre et d’antici-
et les autres acteurs de la relation-client.
per les besoins. Le conseiller a donc la
C’est également un conseiller multicanal possibilité d’identifier les clients appé-
et digital, qui intègre et maîtrise les canaux tents sur un sujet précis à un moment
numériques et les nouvelles technologies donné : besoin de financement, entrée
au service de sa mission au quotidien. d’un enfant dans les études supé-
L’arrivée progressive de la signature élec- rieures, etc.
tronique et de la dématérialisation des // Formalisation et ancrage chez les
contrats rendent possible une relation à commerciaux d’une méthode de

35
conduite d’entretien orientée sur les 6. 3. LE CLIEN T AU C E N T R E
besoins du client,qui met notamment
DES NOUVEAUX DI S P OS I T I F S
l’accent sur la préparation des entre-
tiens et la phase de découverte. Face
D’ÉVALUATIO N DE LA P E R FOR MAN C E
à des clients de plus en plus informés, L’essor des parcours-client multicanaux
la valeur ajoutée du conseiller passe et l’évolution du rôle du conseiller dans la
par l’écoute et la compréhension du relation-client nécessitent d’adapter les
besoin et des solutions pré-identifiées systèmes de pilotage commercial actuel-
par le client. Le conseiller est alors lement en place dans les réseaux d’agences,
souvent amené à se placer dans une autour desquels s’articulent les dispositifs
démarche de déconstruction du choix de rémunération de la performance. De
initial du client pour ensuite lui four- nouveaux indicateurs doivent être intégrés
nir des informations supplémentaires, pour remettre le client au centre des priori-
lui apporter un conseil pour l’aider à tés, mieux prendre en compte la dimension
repositionner ses choix, lui vendre un de plus en plus composite et collégiale des
service additionnel auquel il n’aura pas parcours-client et intégrer l’activité multi-
pensé, et donc reconstruire avec lui la canale des conseillers :
solution correspondant à son besoin.
// Intégrer la mesure à chaud et à froid
// Évolution de l’animation des porte- de la satisfaction,de la fidélité, de la
feuilles :le conseiller réalise réguliè- recommandation-client ;
rement une revue de son portefeuille
// Mesurer l’intensité de la relation
afin de construire des plans d’ac-
commercialeet le taux de visite du
tions proactifs. Il anime son porte-
portefeuille ;
feuille comme une communauté. De
nouveaux outils lui permettent de // Suivre des indicateurs autour
gérer des relations communautaires, du développement de l’équipe-
d’animer des échanges et de pous- ment et de l’évolution du PNB des
ser du contenu. Par ailleurs, il déve- portefeuilles ;
loppe son portefeuille et son activité // Suivre l’efficacité de l’activité et
commerciale en s’appuyant sur les la qualité de la prise en charge des
réseaux sociaux tels que LinkedIn ou conseillers en mode multicanal ;
Facebook, qui peuvent être envisa-
// Intégrer la contribution des canaux
gés comme des leviers de conquête
au développement du portefeuille
efficaces pour rechercher des influen-
// Piloter l’intensitéet l’efficacité de la
ceurs, étendre son réseau, diffuser du
proactivité.
contenu promotionnel…

36
Les banques ne pourront pas non plus faire d’en assurer la cohérence avec le nouveau
l’économie d’une remise à plat des sys- modèle de relation-client et les règlemen-
tèmes de rémunération de la performance tations à venir.
de leurs collaborateurs commerciaux, afin

Les 5 tendances majeures

UN CONSEILLER AVEC UNE DIMENSION


RELATIONNELLE ACCRUE

UN CONSEILLER AU SERVICE UN CONSEILLER DIGITAL


DU COLLECTIF READY

UN CONSEILLER FAISANT DE UN CONSEILLER VECTEUR


LA CONFORMITÉ UNE FORCE DE PLUS DE VALEUR AJOUTÉE

37
3 questions à ERIC CAMPOS,
Directeur Général Adjoint du Crédit Agricole
Sud Rhône Alpes

Pourquoi les banques ont-elles Comment le Crédit Agricole Sud Rhône


besoin, plus que jamais, de réinventer Alpes a -t-il mené cette transforma -
leur modèle relationnel ? tion ?
La relation à la banque se fragmente, les Avant de s’engager sur des choix straté-
évolutions sociales, technologiques et giques structurants, nous avons mené une
l’agilité des nouveaux entrants en sont les étude sur une longue période auprès de
principaux catalyseurs. Le phénomène n’est 600 000 clients pour comprendre com-
pas nouveau, il a touché d’autres secteurs ment ils animaient leur relation à la banque.
bien avant le nôtre. La révolution numé- Cette étude a confirmé que le client est
rique entraîne des mutations profondes et naturellement multicanal quel que soit
durables des usages. Les clients vont avoir l’âge. Certains clients sont ultra-connectés,
tendance à s’adresser de plus en plus à de d’autres le sont dans une moindre mesure
nouveaux fournisseurs de solutions venus mais tous utilisent au moins deux canaux
de la nouvelle économie. Le mouvement a dans leur relation bancaire. L’intensité
démarré par les moyens de paiement qui relationnelle passe clairement par le lien
représentaient traditionnellement 15% du à l’agence. Nos clients, quels que soient
PNB de la banque de détail. Il se poursuit les usages de consommation, le profil
et dans un pays déjà bancarisé à 99%, les socio-professionnel, l’âge, lient l’intensité
ouvertures importantes de comptes dans de leur relation à la qualité de la presta-
les banques en ligne ou auprès de marques tion de conseil proposée par les conseil-
commerciales aux antipodes des codes de lers en agence. Le contact humain dans un
la banque doivent nous interpeller. contexte de présomption de compétences
reste donc incontournable, pour autant qu’il
Longtemps anesthésié par son business
soit au niveau d’exigence attendu. Ainsi,
model construit sur une gestion de stock,
plus de 75% des clients placent l’agence
le secteur bancaire est en train de réagir.
au cœur de la relation : plus l’intensité rela-
Entre établissements bancaires, les orien-
tionnelle est forte, plus l’usage de l’agence
tations stratégiques peuvent être radicale-
est élevé.
ment différentes mais en revanche, tout le
monde se retrouve sur le fait qu’il ne s’agit Concernant la refonte de l’organisation,
plus de faire de la cosmétique mais bien nous nous sommes appuyés sur des tra-
de se transformer en profondeur, de se vaux d’analyse et de nombreux groupes de
métamorphoser. travail pluridisciplinaires. Compte tenu des

38
tendances d’évolution et de la révolution Le conseiller généraliste a disparu. Le client
des usages, nous avons conclu à l’impé- se voit désormais proposer les expertises
rieuse nécessité de reconstruire en pro- complémentaires d’une équipe de spécia-
fondeur un nouveau modèle de distribution listes (services bancaires, assurances, habi-
autour de la compétence du conseiller, de tat et financements de projets, épargne et
l’organisation commerciale et des espaces placements financiers) regroupés au sein
de vente. d’une unité commerciale. Ces équipes,
au service de tous nos clients, sont coor-
Dans ce contexte d’incertitude, nous avons
données chacune par un responsable de
partagé nos constats le plus largement pos-
relation clientèle. Les services bancaires du
sible en interne. Puis nous sommes partis
quotidien, 65% des besoins de notre clien-
d’hypothèses de travail en adoptant une
tèle, sont délivrés par tous nos conseillers,
approche pragmatique de type « test and
en plus de leur domaine d’expertise. Le
learn ». C’est donc l’expérimentation qui
client a le choix du canal et du conseiller.
a structuré notre pensée. Cette période
Le design de nos agences a été repensé en
d’expérimentation a débuté en juin 2012
fonction des principes de notre nouveau
et s’est achevée en mai 2015. Elle nous a
modèle relationnel : des agences ouvertes
permis d’élaborer un nouveau modèle,
avec des zones « thématiques », des salons
porté et adopté par le corps social et de
et des coins conseil. Des espaces collabo-
préparer un dispositif de déploiement
ratifs favorisent la fluidité des échanges
fortement inspiré du processus d’incuba-
au sein de l’unité commerciale mais plus
tion des start-ups. Ce modèle continue
généralement participent de la diffusion
de s’enrichir avec les résultats que nous
du principe de l’architecture-client totale-
obtenons dans notre laboratoire de R&D
ment ouverte aux expertises de la Caisse
en excellence relationnelle que nous avons
Régionale (conseiller en gestion patrimo-
installé au sein de l’agence « Le Store »,
niale, gestion conseillée, partie profession-
à Grenoble.
nelle…). Les objectifs ne sont plus indivi-
Quels sont les principes portés par le duels : la performance de chacun n’a de
modèle adopté par le Crédit Agricole sens que si elle sert le collectif.
Sud Rhône Alpes ? Après près de quatre années de vie
Conscients de la révolution des usages mais pour les premières agences, les résultats
aussi de la place essentielle de l’agence sont au rendez-vous : la production de
dans la relation-client, nous déployons nos nouvelles agences a augmenté de
aujourd’hui ce nouveau modèle de banque 7%, notre Indice de Recommandation
multicanale de proximité dans laquelle le Client a progressé de 14  points et
client est sûr de trouver empathie, compé- nos collaborateurs ont pleinement
tences et excellence relationnelle. adopté ce nouveau modèle.

39
BANQUES :
RÉUSSISSEZ VOTRE TRANSFORMATION
DIGITALE !

40
7.1 . S’ IN S P IR ER DU MODE Faire travailler ses équipes en mode
start-up peut être également une voie.
DE FO N CT IO N N EMENT
Les démarches d’innovation interne
DES STA RT-UP S permettent de dénicher des talents, de
Les banques perçoivent aujourd’hui l’inno- développer la culture entrepreneuriale
vation comme essentielle pour enrichir la et de créer de la transversalité. Toutes les
relation-client et rester dans la course. Les enseignes organisent régulièrement des
start-ups deviennent une source d’inspi- Hackathons, réunissant sur deux jours des
ration grandissante et les enseignes n’hé- équipes pluridisciplinaires pour imaginer de
sitent plus à travailler comme ou avec elles. nouvelles solutions pour leurs clients.

Nous voyons ainsi se développer des Acquisition, incubation, capital-risque,


dispositifs de veille et de soutien à un partenariats commerciaux, ou encore
écosystème de start-ups. Le Village du démarches d’innovation en interne… Pas
Crédit Agricole propose du conseil et des de réponse unique pour les banques tradi-
infrastructures ; BNP Paribas combine sou- tionnelles, mais des initiatives à combiner
tien aux start-ups et promotion de l’innova- pour ne pas se laisser distancer.
tion collaborative dans les ETI avec son pro-
gramme « Innove & Connect » ; La Banque 7. 2 . ACCÉ L É R E R L’OU V E RT U R E
Postale associe des clients à ses réflexions
DE SON SYST È ME D’ I N FOR MAT I ON
sur les services de demain dans le cadre du
Lab. L’écosystème peut également intégrer Omnicanal, collecte et traitement des don-
la recherche, à l’image de l’association entre nées… Les chantiers SI sont naturellement
BPCE et Telecom ParisTech pour travailler au cœur de cette transformation. Plusieurs
sur le Big data et les cas d’usage autour de axes majeurs se dégagent :
la gestion des risques.
//  aire émerger un SI orienté donnée.
F
Bien sûr, les banques vont également plus L’ouverture du SI notamment vers le
loin en investissant sur des pépites. Un pro- canal mobile et demain vers les objets
cédé existant depuis longtemps, de façon connectés impose de revoir le mode
indirecte via les fonds d’investissement. d’exposition des données. Alors qu’au-
Des stratégies qui se font aujourd’hui plus jourd’hui, la norme correspond à un
directes avec de purs et simples rachats environnement mainframe, infrastruc-
(Boursorama, Fiduceo...). Le groupe Crédit ture lourde et centralisée, sur lequel
Mutuel Arkea est le plus actif sur le sujet une surcouche orientée services a été
avec des partenariats de différentes formes : ajoutée, c’est une nouvelle architec-
Fortuneo, sa banque en ligne, s’appuie sur la ture applicative qu’il convient de faire
technologie de Linxo pour son application émerger.
budget. Le groupe propose également des // Sécuriser le SI.Cette exposition des
prestations en marque blanche. La cagnotte données s’accompagne naturelle-
en ligne Leetchi utilise par exemple la plate- ment d’un besoin croissant de mieux
forme du Crédit Mutuel Arkea. contrôler les accès et les autorisations.

41
3 types de réponses face à la puissance d’innovation de ces nouveaux entrants

ANIMER UN ÉCOSYSTÈME

// Open Innovation
// Partenariats
// Incubation

INVESTIR

// Acquisition
// Participation
// Recrutement

INNOVER EN INTERNE

// Culture
// Méthode Agile
// Événements

42
La sécurité périmétrique doit s’accom- 7. 3. S’AP P U YE R S U R U N DI S P OS I T I F
pagner d’un contrôle des applications
DE CONDU I T E DU C H AN G E ME N T E N
renforcé. De même, une gestion des
authentifications basée sur les risques,
PRISE DI R EC T E AV EC L E T E R RAI N
avec un niveau de sécurité graduel, Poursuivre l’acculturation, la formation des
devient incontournable. L’identité équipes aux outils et aux usages digitaux
numérique peut toutefois s’avérer être est bien sûr essentiel. Des initiatives inno-
un chantier périlleux dans des groupes vantes voient le jour comme le TANu (Test
où, bien souvent, chaque producteur d’Agilité au Numérique) porté par le Crédit
dispose de son propre identifiant. Agricole Pyrénées Gascogne et l’agence
// Développer les socles de connais- Immersive Lab. Ce « Toeic » du numérique
sance-client.La connaissance-client s’adresse aux candidats à l’embauche et
étant primordiale, il convient pour aux salariés afin d’évaluer leur capacité
la DSI de se doter de ces nouveaux d’adaptation aux nouvelles technologies.
socles orientés Big data afin d’autori- Outre l’identification de besoins spéci-
ser le traitement de données toujours fiques, ce dispositif peut permettre d’iden-
plus volumineuses et variées. C’est à tifier des « champions du numérique » sur
la fois de nouveaux systèmes de stoc- lesquels l’entreprise peut s’appuyer pour
kage, mais également d’intégration, transmettre les connaissances et contribuer
d’analyse et de restitution qu’il faut aux projets de transformation.
appréhender et industrialiser.
// Inventer l’environnement de travail
du collaborateur au regard des nou-
veaux usages côté client.Si de nou-
velles applications plus simples et plus « Poursuivre
intuitives doivent être proposées aux
clients, il est également nécessaire de l’acculturation,
revoir l’environnement de travail des
conseillers (digitalisation des proces- la formation des
sus, usage de nouveaux devices, etc.)
pour faciliter l’interaction avec le client
mais aussi pour gagner en producti-
équipes aux outils
vité sur les actes les plus simples.
et aux usages
digitaux est bien
sûr essentiel.  »

43
La transformation digitale est également
humaine et comportementale. Le manage-
ment de proximité joue un rôle déterminant
dans l’appropriation du changement. C’est
le Directeur d’Agence qui embarque les
équipes et donne du sens à la transforma-
tion au quotidien. Pour adopter cette pos-
ture, il doit se sentir légitime et « à l’aise ».
Plusieurs leviers existent afin d’atteindre ce
but. Il s’agit à la fois de lui donner systémati-
quement une longueur d’avance en l’impli-
quant dans le projet de transformation mais
aussi de le rendre acteur du changement
en lui laissant des marges de manœuvres
dans la déclinaison opérationnelle sur son
point de vente. Dans une logique d’exem-
plarité, il peut être pertinent d’introduire le
digital dans la fonction même du Directeur
d’Agence, en intégrant par exemple des
outils de pilotage sur tablette.

L’utilisation des outils numériques et de


démarches innovantes peut constituer un
facilitateur, par exemple :

// S’appuyer sur des méthodologies de


co-construction et d’embarquement :
ateliers de créativité, serious play…
// Utiliser des outils collaboratifs, favo-
risant l’interactivité :réseau social
d’entreprise, plateforme collabora-
tive, chat…
// Introduire du ludique : concours,
boîte à idée en ligne avec système de
« like »…

44
3 questions à XAVIER BERBAIN,
Directeur Conduite du Changement,
Organisation, Optimisation des Processus et COO
de BDDF, Société Générale

Quels sont les changements majeurs Quelle place doit-on donner


observés au sein des réseaux à la conduite du changement ?
physiques ?
Nous assistons à des transformations pro- Très souvent, la conduite du changement est
fondes et largement boostées par le digital. traitée de façon unitaire au sein de chaque
Les attentes des clients et les modes d’inte- projet en se concentrant sur les volets
ractions avec leur banque évoluent. Cela se méthodes et outils. Cette approche en silo,
manifeste notamment par une intensifica- combinée à un effet volume exponentiel
tion des contacts via le mobile et une baisse peut entraîner un phénomène d’empilement
de la fréquentation des agences. L’agence des évolutions, sans réelle cohérence d’en-
reste cependant le lieu privilégié pour accé- semble. Une situation qui peut être vécue
der à des services à valeur ajoutée. de façon négative par les collaborateurs.
Les changements engagés doivent suivre
Les réseaux seront vraisemblablement
un fil rouge, s’inscrire dans une histoire
dotés d’un peu moins d’agences mais
globale et cohérente, avec une lecture
rassembleront des agences plus consé-
commune pour les collaborateurs et les
quentes. Les clients pourront ainsi dispo-
clients. Il faut donner du sens, expliquer que
ser de plus d’expertises. L’enjeu est d’être
ces évolutions apportent aux collaborateurs
présent au bon endroit avec les bonnes
plus de valeur dans la relation avec leurs
compétences. Le digital sera davantage
clients. La perception des conseillers se
au cœur des points de vente, apportant
répercute sur la clientèle, et une fois embar-
modernité et enrichissant l’expérience du
qués, ils deviennent le premier vecteur du
client, mais aussi celle du collaborateur avec
changement auprès de leurs clients.
par exemple l’utilisation de tablettes.

Les changements sont donc à la fois orga-


nisationnels, technologiques mais aussi
« humains », puisque les compétences, les
postures sont amenées à évoluer.

45
Quels moyens mettre en œuvre 7.4 . PILOTER LA T RAN S FOR MAT I ON
pour conduire efficacement
La mise en place de dispositifs de pilotage
le changement ? constitue un réel facteur de réussite dans la
Chaque projet doit penser le chan­ transformation des modèles distributifs et
gement, définir les impacts et la façon relationnels. Nous parlons bien de plusieurs
de le conduire, en s’appuyant sur une systèmes de pilotage, car différents en
méthodologie commune. Le cadence- fonction des sujets adressés, des moments
ment et le rythme quant à eux doivent du projet et des populations visées.
être pilotés à un niveau inter-projets afin
Comme dans tout programme, les moyens
d’être cohérents avec l’histoire globale.
mis en œuvre sont pilotés, les résultats le
Pour des déploiements de grande
sont de plus en plus. Des indicateurs sont
ampleur et sur une multitude d’enti-
choisis afin de les rendre tangibles. Lorsque
tés géographiques, il est préférable
l’on déploie une tablette, on va suivre
d’impliquer des acteurs locaux plutôt
l’appropriation des usages : fréquence
que de mobiliser des équipes hors-sol.
d’utilisation, fonctionnalités utilisées... On
Des acteurs qui disposent d’une réelle
va également piloter la traduction de ces
légitimité, connaissent le contexte
nouveaux usages dans les indicateurs de
et sont capables d’ajuster les actions
performance : niveau de satisfaction-client,
en fonction des réalités du terrain :
taux de concrétisation des ventes, taux de
spécificités du fonds de commerce,
multi-vente…
de l’organisation interne…
En complément de donnés quantitatives,
En ce qui concerne les leviers, soyons
le niveau d’appropriation est appréhendé
pragmatiques en s’appuyant sur des
par des systèmes d’écoute et d’informa-
dispositifs déjà existants. Des leviers qui
tions-terrain. L’objectif est triple : capter les
ont fait leurs preuves, connus et accep-
signaux faibles en s’appuyant le plus sou-
tés par les collaborateurs. Nous pou-
vent sur le management de proximité et les
vons y associer quelques nouveautés,
pratiques de management déjà existantes
comme une plateforme collaborative
comme le coaching individuel ou le brief
pour embarquer les équipes en les met-
hebdomadaire des équipes ; s’assurer que
tant dans un mode de co-construction,
les collaborateurs adoptent les nouvelles
et créer des marqueurs forts.
pratiques et postures ; incarner tous les
changements.

Le dispositif de pilotage est activé dès les


premières expérimentations afin d’adapter
« en temps réel » les actions d’accompagne-
ment du changement : mesures spécifiques
sur une population, ajustement des cibles
organisationnelles…

46
Ces transformations impliquent égale- concierges des grands hôtels, la pédagogie
ment de repenser le dispositif de pilo- et l’agilité digitale des conseillers Apple, la
tage relationnel, avec des impacts pou- connaissance intime de ses clients, tel le
vant être importants pour les points de médecin de famille et la maîtrise du cadre
vente : redéfinir la contribution à la per- réglementaire propre aujourd’hui aux
formance commerciale des conseillers juristes. Enfin, au sein d’une équipe, il se
et aligner leur système de stimulation concentrera sur un but unique, à l’image
et de rémunération. des brigades des grands restaurants : viser
l’excellence, collectivement et sans relâche.
CO N CLUS IO N Empathique et à l’écoute, le conseiller doit
Tirer parti du Big data, maîtriser les par- incarner l’aspect émotionnel de la rela-
cours-clients omnicanaux, dynamiser les tion bancaire. C’est grâce et à travers lui
agences grâce aux nouvelles technolo- que la banque ne sera plus vue comme
gies… Plus qu’un passage obligé pour être une contrainte administrative mais bien
dans l’air du temps, le digital s’impose aux comme un partenaire de vie, présente à
banques comme un levier de performance, chaque moment clé. La confiance reste un
un accélérateur face à une concurrence élément primordial dans la relation ban-
nouvelle. La vague numérique déferle caire, elle doit s’entretenir en développant
aujourd’hui sur l’ensemble du secteur la proximité sous toutes ses formes, en fai-
bancaire. Au-delà des tablettes dans les sant évoluer les postures des conseillers et
réseaux ou des outils de CRM, elle laisse en apportant toujours plus de valeur… En
aussi entrevoir des mutations plus pro- 2016 ou en 2020, l’excellence relationnelle
fondes : intelligence artificielle, robotique… naît d’un savoureux mélange entre le digital
À l’heure où les clients de la banque japo- et le capital humain.
naise Mizuho sont accueillis et conseillés
en agence par des humanoïdes – sur des
domaines simples, essentiellement de la
présentation de produits – comment pen-
ser la place de l’humain dans la relation
bancaire ? Les conseillers seront-ils demain
remplacés par des robots ?

Notre conviction va au contraire dans le


sens d’une réaffirmation de l’humain, d’une
valorisation du rôle du conseiller bancaire, à
qui le digital va bien entendu offrir un éven-
tail de possibles encore plus large.

Demain, s’ils seront moins nombreux, les


conseillers auront néanmoins de multiples
visages. Le conseiller bancaire réunira à la
fois un sens du service accru, à l’image des

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www.wavestone.com

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